DÉLÉGATION NORMANDIE
RAPPORT D’ACTIVITES
2020 p. 1
REMERCIEMENTS En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, les programmes de Médecins du Monde à Rouen et Caen et la délégation Normandie ont pu continuer d’être mis en œuvre grâce au soutien financier de : L’Agence Régionale de Santé Normandie La Ville de Rouen La Direction Départementale de la Cohésion Sociale de Seine Maritime La Délégation aux droits des femmes et à l’égalité hommes-femmes de Seine Maritime Le Comité normand contre les maladies respiratoires Les actions ont pu être conduites et se développer grâce à ces aides et à la générosité des donateurs de Médecins du Monde.
2020, année pandémique. Le 30 janvier, l’Organisation Mondiale de la Santé déclare la Covid-19 comme une urgence de santé publique de portée internationale. S’en suit une année de confinements, couvre-feu et autres mesures successives de gestion sanitaire qui a rappelé à tous que la santé publique était un bien commun et essentiel dont personne ne doit être exclu. Or la gestion de de la crise auprès des populations précaires a été marquée par des disparités fortes sur le territoire français et au sein d’une même région. En Normandie, les temps de réactivité des institutions et les solutions déployées n’ont pas été les mêmes partout, mais Médecins du Monde (MdM) peut témoigner d’une large prise en considération des publics précaires là où l’association est implantée. A Rouen, dès le début du premier confinement en mars, l’Agence Régionale de Santé a sollicité MdM pour aider à mettre en place avec les services hospitaliers du CHU (PASS) une Equipe sanitaire mobile, dispositif destiné à aller vers les publics précaires en rue pour les informer sur la Covid-19, les tester et les accompagner auprès des autres acteurs de prise en charge mis en place alors (accueil en centre de desserrement, etc.). Fort de cette expérience extrêmement positive, MdM demande depuis la pérennisation, dans le droit commun, d’un tel dispositif d’aller vers (type PASS mobile) qui a tant porté ses fruits pendant le 1er confinement mais qui s’est pourtant arrêté depuis.
A Caen, comme partout ailleurs, MdM a salué le maintien de l’hébergement durant et après l’état d’urgence sanitaire, mettant à l’abri des centaines de personnes en détresse. Un centre d’hébergement supplémentaire a même été mis en place à Tailleville pour abriter la soixantaine de jeunes exilés qui étaient alors en campement informel à Ouistreham. Ces mesures montrent les capacités d’agir de nos institutions quand la volonté est là et que les moyens sont mis. Pour autant, la fin 2020 n’a pas été aussi positive, voyant nombre de ces dispositifs ne pas se pérenniser malgré le retour de l’état d’urgence sanitaire en octobre. Malgré tout, MdM porte beaucoup d’intérêt et d’espoir envers le Ségur de la Santé, notamment sa mesure 27 sur la réduction des inégalités sociales en santé. L’avenir nous dira si notre espoir trouvera récompense, en Normandie et partout en France. Il est en tout cas indispensable de ne pas revenir en arrière au vu des besoins immenses en termes de santé, de ses déterminants, et de l’accès aux droits, besoins qui ne vont faire qu’augmenter avec l’impact à long terme de la crise sanitaire. En 2020, malgré les bouleversements générés par la pandémie de Covid-19, MdM a maintenu ses 4 programmes d’action sur le territoire normand : •
En tant que lieu d’accueil, le Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation (CASO) de Rouen a fermé ses portes lors du 1er confinement, amenant à
repenser les modalités de contact du programme avec le public, inspirées de la médiation en santé (permanences téléphoniques, développement de l’aller vers, actions hors les murs, etc.). Les permanences ont rouvert au mois de mai et jusqu’à la fin de l’année, l’expérience acquise au début de la pandémie ayant permis de continuer à accueillir du public grâce à des protocoles sanitaires et des équipes mieux outillées. •
•
Le programme en réduction des risques auprès des travailleuses du sexe (TDS) et son public ont été les plus négativement impactés par la pandémie. Le confinement puis le couvre-feu mis en place en octobre ont mis à mal l’activité des personnes TDS, générant des situations de détresse d’un niveau jamais atteint en termes de besoins de première nécessité (accès à l’alimentation particulièrement). Nos équipes ont dû faire preuve d’inventivité et de persévérance pour réussir à maintenir le contact avec les personnes autrement qu’au travers de nos maraudes habituelles, suspendues une grande partie de l’année en raison de l’absence des TDS en rue. Le programme Soins Pour Tous à Rouen a été au cœur de nos actions en 2020 en étant en première ligne dans la réponse à l'épidémie auprès des personnes à la rue. Ce sont en effet les
moyens matériels et humains de Soins pour Tous qui ont permis à une Equipe sanitaire mobile Covid de voir le jour si rapidement après l’annonce des premières mesures gouvernementales. •
A Caen, l’accueil de jour de MdM pour les jeunes exilés isolés a fermé ses permanences physiques pendant les phases les plus critiques de la pandémie. Néanmoins notre programme en santé mentale a continué d’œuvrer à distance pour montrer l’importance du soutien psychosocial auprès des Mineurs Non Accompagnés et jeunes adultes dont la santé psychique, déjà fragilisée par des parcours migratoires et d’intégration difficiles, a été mise à mal tout au long de l’année par l’isolement et la poursuite par ailleurs par l’Etat d’une politique oppressante à leur égard.
Malgré la sidération première et les bouleversements générés par la pandémie, MdM a continué de militer tout au long de 2020 pour que les dispositifs d’accès aux soins, aux droits ainsi qu’aux dispositifs de lutte contre la Covid-19 (tests, vaccins…) puissent s’ouvrir et fonctionner pour tous de manière optimale.
UN GRAND MERCI AUX EQUIPES SANS QUI LA RÉALISATION DE NOS ACTIVITÉS NE SERAIT PAS POSSIBLE.
AME : Aide Médicale d’État APV : Auto-Prélèvement Vaginal ARS : Agence Régionale de Santé ASE : Aide Sociale à l'Enfance ASTI : Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés CAARUD : Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues. CASO : Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientations CCAS : Centre Communal d’Action Sociale CCU : Cancer du Col de l’Utérus CDAG : Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit CeGIDD : Centre Gratuit d’Information de dépistage et de diagnostique CH : Centre Hospitalier CHU : Centre Hospitalier Universitaire CIMADE : Comité Inter Mouvements Auprès Des Évacués CISP : Classification Internationale des Soins Primaires CLAT : Centre de Lutte Anti-tuberculeuse CMS : Centre Médico-social CMU : Couverture Maladie Universelle CMU-C : Couverture Maladie Universelle Complémentaire COREVIH : Comité de Coordination Régional de lutte contre l'Infection par les Virus de l'Immunodéficience Humaine CPAM : Caisse Primaire d'Assurance Maladie CPEF : Centre de Planification et d’Education Familiale CSS : Complémentaire Santé Solidaire DDCS : Direction Départementale de la Cohésion Sociale DEJEPS : Diplôme d'État de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et du Sport DRDFE : Direction Régionale du Droit des Femmes et de l’Égalité EGM : Etats Généraux de la Migration EPSM : Etablissement Public de Santé Mentale ESM : Equipe Sanitaire Mobile
ETP : Equivalent Temps Plein FCU : Frottis cervico-utérin FIA : Femmes Inter-Associations Normandie HPV : Papillomavirus Humains IST : Infections Sexuellement Transmissibles INCA : Programme de recherche sur le cancer du col réalisé avec l’Institut du Cancer ISM : Inter Service Migrant (Interprétariat par téléphone) IVG : Interruption Volontaire de Grossesse JMS : Journée Mondiale de lutte contre le Sida LDH : Ligue des Droits de l’Homme MdM : Médecins du Monde MNA : Mineurs Non Accompagnés OMS : Organisation Mondiale de la Santé ONG : Organisation Non Gouvernementale ONU : Organisation des Nations unies PASS : Permanence d’Accès aux Soins de Santé PHI : Pharmacie Humanitaire Internationale PMI : Protection Maternelle et Infantile PSN : Promotion Santé Normandie (ex-IREPS) PUMa : Protection Universelle Maladie RESF : Réseau Education Sans Frontière RdR : Réduction des Risques RM : Responsable de Mission RSM : Réseau Solidarité Migrants SEMNA : Service d’Evaluation des Mineurs Non Accompagnés SIDA : Syndrome d'immunodéficience acquise SMIT : Service des maladies infectieuses et tropicales SSR : Santé Sexuelle et Reproductive STRASS : Syndicat du Travail Sexuel TPE : Traitement Post-Exposition TDS : Travailleu-r-ses du sexe TROD : Test Rapide d’Orientation Diagnostique UMAPPP : Unité Mobile d’Action Psychiatrique pour les Personnes Précarisées VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine
Extrait du rapport moral 2020 du Président de MdM :
«
»
En 2020 en France, MdM a mené 56 programmes sur 29 sites : -
13 CASO (Centres d’accueil de soins et d’orientation) et 1 CAOA (Centre d’accueil d’orientation et d’accompagnement) 38 programmes hors les murs 1 programme transversal Prévention : Réduction des risques / droits et santés sexuels et reproductifs 3 programmes dans les départements d’outre-mer
Ces actions ont été menées par 1 517 bénévoles, 123 salarié.e.s sur les régions et 18 salarié.e.s en appui à la Direction des opérations France au siège à Paris.
Actions auprès des travailleurs.euses du sexe
En 2020, Médecins du Monde a mené 4 programmes à Rouen et à Caen, portés par 111 bénévoles et 6 salariés. En 2020, le travail des professionnels bénévoles correspond à plus de 11 586 heures de bénévolat.
1 CENTRE D’ACCUEIL DE SOINS ET D’ORIENTATIONS (CASO) A ROUEN 548 personnes enregistrées dans la file active dont 450 nouvelles personnes : 496 consultations médicales et 415 entretiens d’accueil social ont été assurés à l’occasion de 82 permanences, 69 entretiens individuels de prévention (TROD + santé sexuelle reproductive) Chiffres 2019 : 994 personnes enregistrées 880 consultations médicales et 744 entretiens d’accueil lors de 134 permanences 228 entretiens de prévention
2 PROGRAMMES MOBILES A ROUEN 1 action de réduction des risques auprès des travailleuses du sexe : 124 personnes ont été accueillies lors des maraudes pour 396 contacts (602 contacts incluant activités hors maraude) Chiffres 2019 : 147 personnes accueillies (639 contacts)
1 action auprès des personnes en situation de rue (sans logement ou mal logées, désocialisées, en transit) : Environ 280 personnes ont été accueillies lors des maraudes Chiffres 2019 : 400 personnes accueillies
1 PROGRAMME DE SANTE MENTALE ET SOUTIEN PSYCHOSOCIAL AUPRES DES ADOLESCENTS EXILES ET ISOLES A CAEN 60 personnes bénéficiaires dont 11 MNA – Mise en suspens des interventions mobiles notamment dû à la fermeture des squats par la Préfecture. Nouvelles interventions mobiles réalisées pendant le 1er confinement sur les lieux de mise à l’abri des bénéficiaires (centres d’hébergement temporaire) Chiffres 2019 : 60 personnes bénéficiaires dont 11 MNA – Mise en suspens des interventions mobiles excepté pendant le confinement sur les lieux de mise à l’abri des bénéficiaires
En 2020 le programme « Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation » (CASO) a accueilli, à l’occasion de 82 permanences (contre 134 permanences en 2019 et 130 en 2018), 548 patients1, mené 496 consultations médicales généralistes, 415 entretiens sociaux, 69 entretiens de prévention, 54 accompagnements vers les structures. Lors de la 1ère phase de la crise sanitaire, la délégation a fait le choix de fermer le CASO – entre mi-mars et fin mai – et de mettre en place des permanences téléphoniques ; puis de rouvrir sur une fréquence réduite à deux permanences par semaine à partir de juin afin de développer davantage les activités de médiation en santé hors les murs. Responsable de Mission :
Dr Michel REDONNET
Nombre total de bénévoles dédiés Nombre d’heures de bénévolat dédiés en 2020 Pôle médical Médecins Pharmaciens Pôle prévention (RdR et SSR)
46 2 014
Nombre Pôle Accueil-Accueil social 8 Chargés d’accueil et d’accueil social 2 6
Salariés en appui : Coordinatrice du programme Assistante de délégation Chargé d’accueil et de prévention
Cécilia NGUYEN Sophie BENEGIS Samy SLIMANI
Budget réalisé 20202 : 128 555 €
1 2
Ce chiffre correspond à la file active de l’activité soit le nombre de patients différents Cf rapport financier 2020
Nombre 31
Les Centres d’Accueil de Soins et d’Orientation – CASO - ont été une des premières actions de Médecins du Monde en France, le premier ouvrant à Paris en 1986. Créé en 1987, le CASO de Rouen est situé depuis 1992 au cœur du quartier Saint Sever sur la rive gauche, dans des locaux appartenant à la Ville de Rouen. C’est un quartier qui est historiquement populaire, avec une forte présence de populations immigrées. Actif depuis bientôt 30 ans dans ce quartier, Médecins du Monde est très bien identifié par l’ensemble de la population et les partenaires. Le sens de notre action. Nous constatons aujourd’hui une forte précarité des conditions de vie des personnes exilées, ayant pour conséquence une détérioration de leur état de santé. L’adoption de la réforme fin 2019 sur l’accès aux soins des étrangers, avec notamment l’instauration d’un délai de carence de trois mois pour les demandeurs d’asile, ainsi que de nombreuses restrictions de l’accès à l’Aide Médicale d’Etat accentuent les inégalités d’accès aux soins. La PASS de Rouen, depuis 2014, offre un accueil médico-social pour les personnes précarisées. Néanmoins, des difficultés subsistent : l’absence de visibilité de cette structure auprès de la population, l’absence d’antenne de la PASS sur la rive gauche, l’accès compliqué aux soins dentaires, la barrière de la langue etc. Médecins du Monde milite pour mettre en place dans le droit commun un accueil inconditionnel respectant les droits fondamentaux des personnes, dont leur sécurité et leur intégrité physique et psychique. L’association demande le développement de lieux identifiés, accessibles à tous, pour une meilleure prise en charge des populations, avec ou sans couverture maladie, confrontées à de multiples vulnérabilités en santé. Pour cela, les différents dispositifs existants – Permanences d’Accès aux Soins de Santé (PASS), Equipes Mobiles Psychiatrie-Précarité (EMPP), Centres Médico Psychologiques (CMP)… doivent être renforcés et leur offre de soins adaptée aux populations précaires et migrantes. Ainsi, tout en continuant d’offrir un espace d’écoute, d’orientation et de soin au sein de son CASO, Médecins du Monde œuvre à améliorer l’accès de ces populations à des dispositifs de droit commun mieux identifiés et plus accessibles sur la métropole rouennaise afin, à terme, de ne plus avoir à se substituer à ces derniers.
Le CASO est un dispositif de facilitation de recours aux soins, à la prévention et d’accès au droit pour les personnes en grande difficulté qui ne connaissent pas leurs droits ou qui ne parviennent pas à les faire valoir. Le centre offre un accueil médical et sociale inconditionnel comprenant des consultations médicales et de prévention, un accueil social ainsi qu’un un accompagnement dans leurs démarches administratives afin d’obtenir une couverture maladie. Nous avons aussi un rôle d’information et d’orientation vers les structures médico-sociales du territoire (Permanences d’Accès aux Soins de Santé, Centre de Planification et d’Education Familiale, Centre Communale d’Action Sociale etc.).
NOTRE ACCUEIL Nos permanences sont ouvertes deux jours par semaine, sans rendez-vous, le mardi et vendredi, de 14h00 à 17h00. Il est très important pour des personnes en situation d'exclusion, parfois désorientées ou en errance, de trouver, si ce n’est une réponse immédiate, une écoute bienveillante.
Coordonnées CASO Rouen Adresse : 5 rue d’Elbeuf à Rouen Tel : 02.35.72.56.66 Ouvert les mardis et vendredis de 14h à 17h sans rdv Mail : normandie@medecinsdumonde.net
Depuis juin 2020, la permanence du mercredi après-midi a été retirée afin d’augmenter nos autres modalités d’actions. Voir Chapitre sur la Médiation en Santé.
Le pôle accueil et accueil social : Le premier accueil est fait par un à deux bénévoles, qui offrent aux personnes accueillies une écoute attentive à leurs difficultés. Ces accueillant.e.s sont pour certain.e.s des personnes issues de la communauté des personnes concernées, en ce sens qu'ils ont eux-mêmes dû faire face à des difficultés d’accès aux soins et aux droits dans leur parcours personnel. Outre leur empathie, ils ont ainsi une expertise précieuse sur les questions d'accès aux droits et aux soins et Une partie de l’équipe d’accueil du CASO (janvier 2020) peuvent dispenser aux personnes de précieux conseils, tout comme servir d’interprète pour un premier accueil, en confiance.
L’accueil social est ensuite assuré dans un bureau, elle consiste en un premier entretien individuel pour faire le point sur la situation sociale et administrative de la personne. Un dossier patient informatisé (DPI) est rempli (cf. recueil de données). L’entretien permet de mieux orienter la personne dans une approche globale de sa santé - accès à une couverture sociale, à un logement, à l’hygiène, à l’alimentation, à une régularisation etc. Le pôle médical et pharmacie : Assurée par un médecin, la consultation médicale permet au-delà des soins de premier recours d’offrir une première évaluation de la santé globale du patient, et de l’orienter éventuellement le jour-même ou sur rendez-vous vers le droit commun. Si les soins médicaux nécessitent une deuxième consultation, une consultation spécialisée ou des examens complémentaires, la personne est réorientée vers les structures de droit commun, la plupart du temps la PASS du CHU de Rouen, mais aussi les centres médico-sociaux, le centre de lutte antituberculeux, le centre de dépistage des IST entre autres structures. Concernant la pharmacie, deux pharmaciens sont en supervision et assurent le suivi, l’inventaire et la qualité des pratiques de MdM. Elle est approvisionnée régulièrement par Pharmacie Humanitaire International (PHI avec des compléments ponctuels réalisés auprès d’ une pharmacie partenaire du quartier (Pharmacie DUVEY) pour certains médicaments adaptés aux pathologies et besoins des patients. Le pôle prévention : Cet espace propose des entretiens de prévention diversifiée alliant réduction des risques et santé sexuelle et reproductive aux personnes qui le souhaitent. Nous proposons aussi l’accès à un dépistage rapide VIH/VHC. Elles sont assurées par des bénévoles de profils médicaux et non médicaux habilités à la réalisation des TROD.
Février 2020
La permanence d’ouverture de droits AME/CMUc : elle est assurée par un agent de la CPAM, tous les mardis après-midi. Cette permanence a lieu directement dans les locaux de MdM et a pour objectif d’informer les personnes sur la possibilité d’entreprendre des démarches pour l’ouverture de leurs droits à une couverture maladie. En 2020, les agents de la CPAM ont réalisé 28 permanences et plus de 140 contacts avec les usagers du CASO de MdM (certaines personnes revenant plusieurs fois), MdM comptabilise 65 dossiers (AME essentiellement, 5 CSS) déposés lors des permanences.
LA FILE ACTIVE ET L’EVOLUTION DEPUIS 2017 File active du CASO
Consultation médicale
Consultation prévention
1148 1164
Consultation sociale (1er entretien) 812 934
191 316
Nombre moyen de consultation par patient 2,75 2,03
2017 2018
1043 1265
2019
994
880
744
228
2.14
2020
548
495
415
69
1.91
En 2020, étant donné la fermeture liée au COVID, notre file active a considérablement chuté par rapport à l’année précédente (548 contre 994). En sachant que 82% de notre file active correspond à de nouvelles personnes reçues, et un nombre de consultation moyen par patient inférieur à 2, notre centre constitue une structure relais vers les partenaires du droit commun.
PROFIL SOCIO-DEMOGRAPHIQUE Notre file active est à 98% de nationalité étrangère (en légère augmentation depuis 2018), avec notamment plus de la moitié venant des trois pays du Maghreb. Les cinq nationalités les plus représentées sont : l’Algérie (36%), la Guinée (9%), la Tunisie (9%), le Maroc (7%), le Nigéria (5%). C’est aussi une population majoritairement masculine, composée à 72% d’hommes et à 26% de femmes et 2% de personne transgenre. Nous constatons aussi des difficultés d’hébergement : 80% des personnes sont dans un logement temporaire ou instable. Parmi ces personnes, 60% sont hébergées par de la famille ou des amis et 16% sont à la rue.
Les personnes sont dans des conditions de vie très précaires : absence de logement, de ressources financières, de suivi médico-social ou encore de droit à une couverture sociale. Toutes ces conditions ont un impact direct sur la santé des personnes.
L’ACTION DE MDM ENVERS L’ENFANCE VULNERABLE : LES MINEURS NON ACCOMPAGNES (MNA) Nous continuons à accueillir les mineurs non accompagnés au sein du CASO, correspondant à 12% de la file active en 2020.
Evolution file active MNA depuis 2016 300
Accueil au CASO
Accueil de jour MNA 250
257
200
209
150
Pandémie Covid-19
130
100
105
66
50 0 2016
2017
2018
2019
2020
L’accueil des mineurs est essentiellement de deux ordres : 1. L’information et orientation des jeunes vers les différents dispositifs : En fonction de leur situation nous informons les jeunes sur les démarches qui s’offrent à eux : présentation au service d’évaluation des mineurs non accompagnés (SEMNA) pour les primoarrivants ; orientation vers les dispositifs d’hébergement d’urgence, distribution de repas, autres associations etc. pour ceux qui en sont déboutés et ne savent à qui s’adresser d’autre. Aujourd’hui la difficulté principale est l’absence de réponse institutionnelle à la mise à l’abri immédiate pour les mineurs non accompagnés en cours d’évaluation, malgré l’obligation légale de l’’Aide Sociale à l’Enfance à l’assurer dès la première présentation du jeune à ses services, et l’hébergement d’urgence étant dans l’incapacité légale d’héberger des mineurs en cours d’évaluation. Face à cette lacune du droit commun, un réseau d’hébergement s’est mis en place depuis quelques années mais est totalement saturé face à l’ampleur des besoins et aux répercussions de la pandémie de Covid-19 qui démotive nombre de familles à ouvrir leur porte.
Il est d’autant plus important que les autorités compétentes assurent leur devoir de mise à l’abri des jeunes se déclarant mineur.e.s.
Témoignage d’un bénévole J'accompagne S. et G., deux jeunes bangladais arrivé il y a deux jours sur Rouen, en cours d'évaluation et n'ayant pas d'endroit pour dormir. Ils ne parlent pas un mot de français ni d'anglais. Ils attendent leur évaluation, et pendant cette période, le SEMNA ne propose pas d'hébergement. Le SEMNA ainsi que le SIAO que nous avons interpellé nous disent d'aller au commissariat pour qu’ils soient abrités pendant ce temps. Nous arrivons au commissariat, un policier nous accueille à l'entrée. Nous lui exposons le problème et les raisons de notre venue. Après discussion avec ses collègues, il revient avec un post-it sur lequel est marqué l'adresse de l'ASE au 23 rue de Crosne (ancien lieu d'accueil pour les MNA, qui depuis plusieurs années a déménagé rive gauche). Il nous dit ne rien pouvoir faire pour nous, qu'il n'est pas possible d'accueillir les jeunes à l'intérieur, "d'autant plus qu'ils sont en situation irrégulière". Je vais alors leur chercher des duvets, après leur avoir montrer la Place des Emmurées où ils pourront manger ce soir. Ils dormiront au parc pour la troisième nuit d'affilée. Je leur dis de revenir à Médecins du Monde demain matin, pour que l'on puisse les accompagner à la préfecture, ne sachant pas où cela se situe. Ils ont passé le weekend dehors, jusqu'au lundi - soit 5 jours à la rue - où ils auront leur deuxième rendez-vous au service d'évaluation. 10 septembre 2020
2. Une première évaluation de l’état de santé des jeunes et une orientation vers les structures de droit commun pour la réalisation d’un bilan de santé global Nous avons aussi construit avec des étudiants en service sanitaire une séance d’éducation complète à la sexualité en mars 2020 auprès d’une trentaine de mineurs non accompagnés suivis par l’association Réseau Solidarité Migrants.
Début mars 2020
• FERMETURE DU CASO DU 17 MARS AU 1er JUIN 2020 Face au confinement Atelier de prévention généralisé en santé mis en sexuelle place et par reproductive le gouvernement réalisée par desleétudiants mardi 17 en mars dans tout service sanitaire (début mars 2020) le pays, la délégation a fait le choix de fermer le CASO pour ne pas encourager les personnes à se déplacer. Nous avons mis en place deux dispositifs afin que les personnes puissent continuer à avoir accès à nos services : un rappel téléphonique des personnes vues au CASO les 6 mois précédant le 1er confinement, ainsi qu’une permanence téléphonique avec possibilité d’un avis médical. Ainsi, sur 538 personnes à rappeler, il y a eu 232 personnes contactées dont 5 prescriptions médicales auprès de notre pharmacie partenaire. Voir page suivante le détail du dispositif.
Rouen pendant le 1er confinement, mars 2020 (source : Tendance Ouest)
Mesures de maintien du contact avec le public mises en place pendant le premier confinement : Un rappel téléphonique de l’ensemble des personnes vues au CASO de septembre 2019 à mars 2020
Une permanence téléphonique médicale et sociale Nous avons mis en place une permanence téléphonique sur laquelle nous avons communiquée au niveau de la porte du CASO ainsi que lors de nos appels téléphoniques. A noter que la permanence a été très peu utilisée, nous n’avons reçu que quelques demandes d’avis médical.
Nombre de dossiers d’Aide Médicale d’Etat accompagnés par MdM
Les freins à l’accès à cette permanence téléphonique semblent être multiples : -
Les thématiques qui sont ressorties principalement lors de ces entretiens : > En lien avec le COVID et le confinement : comment remplir les attestations dérogatoires de déplacement, le fait d’être isolé, ou encore la peur de se déplacer. En effet, nous avons eu plusieurs témoignages de personnes qui ne sortaient plus par peur des contrôles de police. Cela a pu dans certains cas conduire à des renoncements aux soins. > Demande d’état d’avancement des dossiers d’AME. L’agence CPAM n’était plus accessible aux personnes physiquement. Les bénéficiaires de l’AME n’ayant pas de compte AMELI, l’accès aux informations et aux services était restreint aux appels du 3646, numéro payant lors du premier confinement. > Demande d’hébergement, alimentaire, santé dentaire, stress liés aux conditions de vie lors du confinement. Toutes les structures se sont réorganisées au fur et à mesure afin d’adapter l’accueil du public. Cela a entrainé des difficultés de compréhension et d’accès à ces différents services. Une revue de l’accessibilité aux structures a été réalisée en amont des appels téléphoniques afin de bien orienter les personnes
-
méconnaissance de l’existence de cette ligne – en effet la grande majorité des personnes vues au CASO viennent par bouche à oreille-, l’incapacité financière ou matérielle d’appeler par téléphone, ou encore le besoin de santé autre que le COVID relégué au second plan.
Préparation à la réouverture du CASO (mai-juin 2020) ➢ Protocole sanitaire : Nous avons élaboré un protocole sanitaire en concertation avec la référente médicale du siège de Médecins du Monde, et avec l’appui du Docteur MERLE, médecin spécialiste de santé publique au CHU de Rouen. Parmi les principales mesures, nous pouvons citer : la mise en place d’un préaccueil extérieur, l’accès limité à 6 personnes dans la salle d’accueil, et le respect des mesures protectrices de base (mise à disposition de masques, solution hydroalcoolique, et distanciation physique de plus d’un mètre). Nous avons aussi limité à un seul accueil social, ce qui a permis d’avoir une pièce où isoler les personnes ayant des symptômes COVID. Nous avons réduit de 3 à 2 permanences par semaine.
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File active de 548 personnes 495 consultations médicales 415 entretiens d’accueil social (1er entretien) 69 consultations de prévention 91 orientations effectives et comptabilisées vers la PASS du CHU de Rouen 54 accompagnements physiques réalisés 3 séances d’analyse de pratiques par une psychologue de l’UMAPP 82 permanences CASO réalisées (3 permanences semaine de janvier à mi-mars puis réduction à 2 permanences semaine à partir du 1er juin)
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Nombre de consultation au Centre d'Accueil de Soins et d'Orientation de Rouen en 2020 250 200 150
Fermeture du CASO lors du premier confinement*
100 50 0
*Fermeture du 17 mars au 1er juin lié au premier confinement
LA MEDIATION EN SANTE EN EXPERIMENTATION Depuis 2019, nous développons d’autres modalités d’actions visant : • •
d’aller vers les publics les plus éloignées du soin, d’améliorer nos indicateurs d’activité et de s’assurer de l’effectivité du parcours de santé de la personne
FOCUS SUR LE SUIVI DES ORIENTATIONS Depuis juin 2020, nous avons développé une nouvelle modalité de suivi que nous appelons le « suivi des orientations ». Concrètement, cela consiste, à la suite d’une orientation et avec l’accord de la personne, à rappeler la personne afin d’une part de s’assurer de l’orientation effective vers la structure, d’autre part de collecter de la matière en termes de plaidoyer. De juin à décembre 2020, 32 suivis d'orientation ont été réalisés par téléphone, parmi lesquels 19 personnes ont pu être jointes. 11 personnes sur 19 se sont bien rendues au rendez-vous. Parmi les motifs de non venue, nous avons noté : • La personne est partie de Rouen (2). Certaines personnes n’ont pas de lieu fixe de résidence, font des allers-retours entre Paris et Rouen, compliquant ainsi un parcours de soins sur le long terme. • L’absence d’accompagnatrice interprète (2). L’interprétariat n’est pas toujours proposé au sein des structures, notamment pour un premier accueil de la personne, malgré son importance cruciale pour la suite de son parcours de soins.
• •
• •
Pas de possibilité de garde d’enfants (1). A peur de retourner à l’hôpital car a reçu une facture hospitalière (1). Nous avons souvent des renoncements aux soins pour ce motif. Il y a souvent méconnaissance de la prise en charge des soins hospitalières, et souvent pas d’orientation vers le service de la PASS, encore méconnue au sein même des services dont les urgences. N’avait pas compris qu’il fallait se rendre là-bas (2). N’avait plus de douleurs dentaires (1).
FOCUS SUR LE SUIVI DES DOSSIERS D’AIDE MEDICALE D’ETAT Nous avons mis en place un rappel téléphonique pour les personnes ayant déposé un dossier d’Aide Médicale d’Etat (AME) auprès de la permanence CPAM qui vient tous les mardis à Médecins du Monde. Cela nous permet de réaliser une veille sur les principaux obstacles à l’obtention de l’AME. Suite à la centralisation des caisses de traitement de l’AME fin 2019, le traitement des dossiers a été allongé. Nous constatons plus de pièces complémentaires demandées et des problèmes liés à la fabrication de la carte d’AME. Cela retarde considérablement les délais d’obtention effective de la carte d’AME. Par ailleurs, le suivi des dossiers est beaucoup plus difficile car il n’y a pas d’interlocuteurs au niveau du service AME gérant les dossiers de Seine-Maritime. Données extraites des dossiers AME déposés entre le 27/10/2020 et le 19/01/2021 à la date du 20/04/2021 (soit entre 3 et 6 mois après la date de dépôt)
FOCUS SUR LES ACCOMPAGNEMENTS PHYSIQUES Nous continuons les accompagnements physiques lors de besoins spécifiques : En 2020, 54 accompagnements physiques ont été réalisés, parmi des structures de type : - Administrative : vers le Service d’Evaluation des Mineurs Non Accompagnés, le service Parcours
de sortie de prostitution du CAPS, CCAS, CPAM, Accueil de jour EPHETA, Hôtel de police pour dépôt de plainte… - Santé : PASS, centre dentaire, UNACOR, Maternité, Hôpital CHU… - Foyers hébergement - Structures d'aides alimentaires (Restos du cœur, SPF76) ou de soutien aux migrants (RSM, Pastorale…)
FOCUS SUR LES ACTIONS HORS LES MURS ➢ Droits Santé L’équipe du CASO est parti d’un constat simple : d’après une enquête de 2013, 50% des personnes éligibles à l’Aide Médicale d’Etat n’en bénéficient pas. Ces résultats suggèrent que la plupart des migrants ont peu de connaissances de l’AME et n’ont pas la capacité à se saisir d’un dispositif complexe. Par ailleurs, au sein de notre centre, nous constatons chaque semaine que des personnes présentes en France depuis plusieurs mois voire années n’ont jamais demandé l’Aide Médicale. Un deuxième constat est le manque d’information sur l’accès à l’AME adaptée au public ciblé. C’est pourquoi nous avons constitué une petite équipe de bénévoles polyglottes afin de réaliser de l’information sur le droit à la santé pour tou.te.s sur les lieux de vie des personnes. Nous avons réalisé quatre actions de médiation santé sur l’accès au droit à la santé sur l’année 2020 au niveau du quartier Saint Sever, du marché Petit Quevilly et du marché de Saint-Etienne du Rouvray pour sensibiliser et informer sur l'accès aux droits, notamment l’AME.
Quelques chiffres sur l’année 2020 : > 4 actions réalisées
3
Enquête IRDES n°245 Novembre 2019. Le recours à l’Aide Médicale d’Etat des personnes en situation irrégulière en France : premiers enseignements de l’enquête Premiers Pas
> 152 personnes ont été sensibilisées > 158 flyers distribués > 37 orientations vers la CPAM pour de l’information à l’ouverture de droits.
Les médecins du CASO utilisent une classification internationale des soins de santé primaires pour coder les pathologies diagnostiquées (CISP, outil reconnu par l’OMS). Selon cette classification, les pathologies les plus fréquemment diagnostiquées en 2020 sont : Dermatologiques Respiratoires Digestifs Ostéo-articulaires
12,1% 11,69% 15,93% 9,07%
Cardiovasculaires Psychologiques Oreille, œil
6,45% 2.62% 4%
Neurologique Urinaire Grossesse, accouchement Système génital femme homme Pathologie aigüe Pathologie chronique Métabolique, nutritionnel, endocrinien
2,42% 2,62% 1,81% 1,41% 0,2% 16,33% 14,52% 3,63%
Focus sur la santé bucco-dentaire des patients MdM fait le constat d’un important problème d’accès aux soins dentaires pour les personnes les plus vulnérables, qu’elles soient sans droits ouverts, ou détentrices de l’AME. Une grande partie des personnes qui viennent à MdM ont des problèmes dentaires aggravant leur état de santé général. En raison de l’usure du matériel dentaire et du transfert dans le droit commun grâce à l’ouverture d’une PASS dentaire qui puisse prendre pleinement le relais dans la prise en charge des patients, MdM a fermé sa consultation dentaire hebdomadaire en juin 2019. Aujourd’hui, l’intervention de MdM consiste en une évaluation médicale par le médecin, et d’une orientation vers la PASS pour la suite des soins. Pour les personnes sans couverture sociale, les difficultés d’accès aux consultations dentaires de la PASS sont essentiellement de deux ordres : • •
Un parcours rallongé : les personnes doivent d’abord se rendre à la PASS du CHU de Rouen, qui se charge alors de prendre rendez-vous avec le centre dentaire de Saint-Julien. Des plages horaires encore insuffisantes par rapport à la demande : une seule demijournée par semaine est dédiée aux consultations dentaires. C’est insuffisant par rapport aux besoins. De ce fait, les délais de rendez-vous restent à plusieurs semaines voire mois.
Concernant les personnes bénéficiant de l’Aide Médicale d’Etat, la majeure difficulté est la non prise en charge des frais dentaires concernant les couronnes, bridges et prothèses dentaires. En effet, la prise en charge de ces frais dentaires est essentiellement liée aux complémentaires santé, or l’Aide Médicale d’Etat ne rentre pas dans ces dispositifs.
La mise en place du reste à charge 0 sur les soins dentaires, débutant en janvier 2020 pour les couronnes et bridge reste une grande avancée vis-à-vis des bénéficiaires de la couverture santé solidaire.
L’ACTIVITE DE LA PHARMACIE La pharmacie est supervisée par deux bénévoles pharmaciens (dont une nouvelle depuis septembre 2020) : ils assurent l’inventaire, les commandes, le suivi des stocks, le réapprovisionnement ainsi que la qualité des pratiques. En 2020, sans surprise, on notera une baisse notable du nombre de boîtes dispensé de par la fermeture du CASO, de la suspension des maraudes SPT et de la diminution du nombre de jours de permanences/maraudes. Les antalgiques/antipyrétiques sont les médicaments les plus délivrées : Paracétamol, Tramadol. Viennent ensuite les anti-inflammatoires, sous formes orales (Ibuprofène, Naproxène) ou locales (Acide niflunique, Diclofénac). Autres classes thérapeutiques : ✓ ✓ ✓ ✓ ✓
Antibiotiques (Amoxicilline, Fosfomycine) ; Antifongiques et Antispasmodiques Gastro-entéro-hépatologie (Oméprazole, Gaviscon®, Macrogol, Xolaam®) Antitussifs (Hélicidine®, Carbocystéïne) Sphère ORL (Rhinofluimucil®, Pivalone®, Thiovalone®) Dermatologie : essentiellement du Dexeryl®, antifongique (Econazole…), antiparasitaire (Stromectol®, Topiscab®, A PAR®), Diprosone® ✓ Dentaire : Paroex®, Birodogyl® Maladies chroniques : ✓ Antidiabétiques : Metformine ✓ Antihypertenseurs
Témoignage de bénévole Mr A.M, vu au CASO en novembre 2020 : « [l’absence de dent] me fait trop mal, je ne peux pas manger. J’ai été au centre dentaire, mais on m’a dit qu’il fallait payer plus de 800 euros. Mais moi je ne peux pas, je n’ai pas d’argent, j’ai l’aide médicale. »
Lors des permanences médico-sociales, une information est faite sur la possibilité de réaliser une consultation de prévention. Elle consiste en un entretien individuel avec si besoin une proposition d’un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) VIH et/ou hépatite C. Chaque dépistage effectué s’accompagne d’une orientation vers les CeGIDD, avec si besoin, un accompagnement physique par un membre de l’équipe.
2020 BILAN PROGRAMME PREVENTION VIH-HEPATITES-IST DEPISTAGES PAR LE TROD Données pour la période de janvier à décembre 2020 (année de crise COVID)
File active Nbr contacts (comptabilisés) Nbr TROD réalisés Résultats Genre Tranche d’âge Nbr orientation Nationalité
68 personnes vues en consultation de prévention au CASO (+ 15 personnes lors d’une action hors les murs du CeGIDD au CASO) File active CASO 2020 – 548 55 VIH et 54 VHC à 109 TROD 0 VIH positif ; 0 VHC positif Ratio Homme/Femme/Transgenre : 70/30/0 50+ : 1 | [18-24] : 16| [25-49] : 42 | -18 ans : 8 26 orientations réalisées vers le CeGIDD Afrique subsaharienne : 26 Guinée (5), Cameroun (5), Côté d’Ivoire (3), Angola (2), Congo Brazza (2), Nigéria (2), Sénégal (2), Afrique du Sud (1), Gabon (1), Madagascar (1), Mali (1), Sierra Leone (1) Europe hors UE : 1 Serbie (1) Maghreb : 32 Algérie (17), Tunisie (10), Maroc (4) Asie : 1
Durée de séjour Droits sociaux / Couverture maladie Facteurs de risques identifiés
Nbr de préservatifs Flyers et documents Outils développés
Evénements hors les murs
Chine (1) Union Européenne : 8 France (6), Bulgarie (1), Italie (1) < 3 mois : 20 | >= 2 ans : 18 | [12-24 mois] : 3 | [3-6 mois] : 8 | [6-12 mois] : 5 | Indéterminée : 14 Aucune couverture : 48 ; AME : 4 ; Couverture de base européenne : 1 ; PUMA + CS ou complémentaire : 8 ; PUMa : 1 ; Ne sait pas : 1 .Rapport sexuel non protégé/accident de préservatif : 44 .Aucun facteur identifié : 15 .Autres : 1 En lien avec : le travail du sexe (2) ; multipartenaires (2) ; HSH (0) En libre-service en fonction des besoins des patients Fiches de liaison ; fiches information CeGIDD ; brochures VIH-IST… Mise en place Bobette (sexe féminin pour démonstration pose préservatif interne) ; Deux clitoris 3D ; Réaménagement espace prévention CASO >> santé sexuelle reproductive avec outils en conséquence sur contraceptions ; vaccinations ; cycle menstruel ; IVG/désir grossesse… .CeGIDD/PASS CHU hors les murs au CASO (mars 2020) Organisation : un pôle entretien de prévention et prélèvement classique par le CeGIDD au CASO, déambulation en rue information-sensibilisation et animation jeu de la brigade de prévention en rue. Participants : 15 dépistages réalisés par le CeGIDD
Autres actions .Plaidoyer sur l’accès à la prévention/soins – prise en charge MNA Formation/Habilitation 1 temps d’échanges de pratique TROD à MdM suite à la formation habilitante de 4 bénévoles réalisée en 2019-2020. 8 intervenants MdM habilités TROD (dont 2 salariés) Cette année a été marquée par l’épidémie COVID, qui a impacté l’activité de prévention au sein du CASO, fermé pendant plus de 4 mois. En effet, l’étude d’un protocole sanitaire renforcé ne nous a permis de reprendre les activités de prévention qu’au début de la période estivale. De la même manière, les actions de prévention prévues à l’extérieur ont été reportées à l’année 2021. L’année 2020 a néanmoins permis à l’équipe de développer l’approche globale de prévention incluant la réduction des risques et la santé sexuelle. Perspectives 2021 Les résultats d’un protocole d’amélioration du dépistage du cancer du col de l’utérus réalisé sur plusieurs programmes Médecins du Monde France, ont montré une amélioration de la complétude du dépistage du cancer du col de l’utérus en proposant l’autotest HPV. Par conséquent, l’objectif pour 2021 est de pouvoir proposer un entretien de santé sexuelle et reproductif avec proposition de l’autotest HPV à l’ensemble des femmes concernées venant au centre. La fin d’année 2020 a également permis d’initier un groupe de travail sur la précarité menstruelle au niveau métropolitain, animé par le Réseau Santé Précarité, auquel MdM participe activement. Un autre objectif est de continuer à développer des actions hors les murs auprès de publics prioritaires, par exemple auprès de l’ASTI, de RSM etc.
Lors des permanences, les intervenants remplissent systématiquement les dossiers sociaux, médicaux communs à l’ensemble des CASO de MdM (DPI) ainsi que les fiches spécifiques pour chaque intervenant (sociales, médicales, etc.). Les données anonymisées sont saisies par les bénévoles sur le logiciel informatique « Maïa ». C’est grâce à cet outil que, chaque année, Médecins du Monde publie au niveau national son Rapport de l’Observatoire de l’Accès aux Soins et aux Droits. C’est aussi grâce à ce recueil de données que MdM peut : ▪ Connaître le profil des patients accueillis (données sociodémographiques, conditions de vie, situation administrative, état de santé…) ▪ Adapter ses pratiques et modalités de prise en charge en fonction des besoins ou problèmes exprimés ▪ Témoigner des difficultés d’accès aux soins et aux droits rencontrées par les patients, à l’échelle locale comme à l’échelle nationale.
Etant donné l’origine diverse des personnes accueillies, un service d’interprétariat est indispensable afin d’avoir des entretiens de qualité. Plusieurs types de recours à l’interprétariat sont utilisés : ✓ L’interprétariat téléphonique (ISM Interprétariat) : En 2020, recours à ISM interprétariat 10 fois sur l’accueil social, 7 fois sur l’espace prévention. ✓ L’interprétariat par des intervenants Médecins du Monde : Quotidiennement, MdM dispose dans ses équipes de bénévoles parlant l’Arabe, Kabyle, Géorgien/Russe ou encore l’Anglais.
✓ L’interprétariat par une tierce personne : Des personnes accueillies peuvent venir accompagnées à Médecins du Monde. Concernant les entretiens d’accueil social, il arrive que la personne accompagnante puisse réaliser la traduction avec l’accord du patient, qui le demande parfois. Néanmoins, pour les entretiens médicaux ou de prévention (voire d’accueil social), nous privilégions les autres types de recours à l’interprétariat pour des questions de confidentialité.
Fonction/qualific ation
Organis me
Planning familial
Centre de planification du CHU
PMI
CHU
Rôle effectif prévu dans le projet Santé maternoinfantile
Santé maternoinfantile
Santé maternoinfantile
Intervention prévue à quelle phase du projet ? Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem ents (suivi de grossesse, prévention médicale, éducation à la santé de la mère et l’enfant…) Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem ents (suivi de grossesse, prévention médicale, éducation à la santé de la mère et l’enfant…) Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem
Rôle et intervention rééllement tenus dans le projet Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem ents (suivi de grossesse, prévention médicale, éducation à la santé de la mère et l’enfant…) Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem ents (suivi de grossesse, prévention médicale, éducation à la santé de la mère et l’enfant…) Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem
Temps de travail (heure ou ETP)
Lien assuré tout au long de l’année par équipe bénévoles sur chaque permanences (3 x 3h soit 9h par semaine + les éventuels accompagnem ents physiques) Lien assuré tout au long de l’année par équipe bénévoles sur chaque permanences (3 x 3h soit 9h par semaine + les éventuels accompagnem ents physiques) Lien assuré tout au long de l’année par équipe bénévoles sur chaque
115 et CHRS
Intervena nts sociaux
ents (suivi de grossesse, prévention médicale, éducation à la santé de la mère et l’enfant…) Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem ents (Hébergement d’urgence)
ents (suivi de grossesse, prévention médicale, éducation à la santé de la mère et l’enfant…) Partenaire opérationnel lié à nos nombreux orientations et accompagnem ents (Hébergement d’urgence)
permanences (3 x 3h soit 9h par semaine + les éventuels accompagnem ents physiques) Lien assuré tout au long de l’année par équipe bénévoles sur chaque permanences (3 x 3h soit 9h par semaine + les éventuels accompagnem ents physiques)
L’accès au droit à la santé restreint Entre 2019 et 2021, le gouvernement a mis en œuvre le projet4 de restreindre l’accès aux droits et aux soins des personnes étrangères vulnérables en : • • •
Imposant un délai de trois mois avant l’accès à la sécurité sociale pour les demandeurs.euses d’asile Repoussant de trois mois supplémentaires l’accès à l’Aide Médicale d’Etat pour les personnes sans papiers entrées en France avec un visa Restreignant à six mois le délai de maintien des droits à l’assurance maladie pour les étrangers-ères titulaires d’un titre de séjour précaire.
Nous commençons à voir certains impacts de ces mesures sur notre activité : par exemple, des personnes en demande d’asile, ayant besoin de soins suite à leur parcours migratoire, et pour lesquel.les les soins sont retardés à cause d’un délai de carence de trois mois.
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https://www.lacimade.org/reforme-de-lacces-aux-soins-des-etrangers-des-mesures-fondees-sur-un-rapportsans-substance
Par ailleurs, l’accès à l’AME a été allongé à la fois par la crise COVID et la fermeture des lieux de dépôts, et à cause de l’allongement des délais d’obtention de l’AME (cf Chapitre Suivi des Dossiers AME). Nous demandons la fusion du dispositif d’Aide Médicale d’Etat au sein du dispositif PUMa, et la suppression du délai de carence de trois mois pour la couverture maladie des demandeurs d’asile.
L’accès aux soins dentaires Comme vu dans le chapitre sur la santé buccodentaire des personnes vues au CASO, malgré l’ouverture des consultations dentaires à l’hôpital Saint Julien, des difficultés d’accès aux soins dentaires persistent. Nous demandons : - une augmentation des créneaux de consultations dentaires de la PASS de Rouen. - que les personnes bénéficiant de l’AME avec d’importants problèmes dentaires impactant leur sante globale et nécessitant un remplacement dentaire puissent être pris en charge.
Témoignage CASO, octobre 2020 « C.M, 21 ans. C. avait un rendez-vous chez le cardiologue suite à la détection d’un souffle au cœur au centre de Soins de Médecins du Monde. Son rendez-vous était programmé juste après le début du second confinement. Quelques jours après, nous recevons un appel de C., qui nous explique qu’il ne s’est pas rendu à son rendez-vous car il ne pensait pas qu’un rendez-vous médical était un motif de déplacement valable. Lorsqu’il a essayé de reprendre un rendezvous avec le cardiologue, celui-ci a refusé de le prendre car il avait manqué le premier. Nous l’accompagnons afin qu’il puisse trouver un nouveau cabinet de cardiologie où il pourra réaliser ses examens. »
L’accès aux structures d’accueil reste parfois difficile L’épidémie COVID a accentué la peur de se déplacer, notamment lors des confinements et couvre feux respectifs, comme en témoigne ces renoncements aux soins. L’accueil conditionnel au sein de certains lieux restreint l’accès aux besoins primaires :
Nous demandons : • •
L’accès à l’interprétariat téléphonique et physique au sein de l’ensemble des structures médico-sociales. Le respect d’un accès inconditionnel aux besoins fondamentaux - pour se nourrir, avoir un toit ou avoir une adresse de domiciliation
Témoignage CASO, 26 août 2020. M vient d’Irak. Il vient d’être débouté de sa demande d’Asile. Il loge chez des amis temporairement. Il n’a plus aucune ressource depuis plus de six mois. Il a été dans un centre alimentaire pour bénéficier de colis alimentaires. La personne à l’inscription lui a demandé une quittance de loyer, alors que M n’a pas de logement fixe, mais a une adresse administrative. Il ne mange parfois pas pendant un jour, ou une seule fois par jour. »
Témoignage CASO, juin 2020. C.O. 45 ans. « Aujourd’hui je suis venue à Médecins du Monde, mais j’ai vraiment peur de sortir de chez moi. J’ai peur de me faire contrôler par la police et qu’on m’emmène. Du coup je reste à la maison, là-bas je suis en sécurité. »
Témoignage CASO, 29 mai 2020. Nous arrivons au centre social avec M. (Péruvienne) dans l'optique de réaliser une domiciliation administrative. Une personne nous reçoit, et s'aperçoit que M. avait déjà eu une domiciliation, et qu'elle n'était pas venue chercher son courrier. M. lui dit ne pas avoir compris cela, car elle ne parle pas bien français. La personne lui rétorquer "Vous êtes en France, il faut s'adapter au pays et parler français". Après avoir demandé, le centre social n'a pas recours à l'interprétariat téléphonique pour ce type de demande.
MdM se doit de continuer à renforcer l’action de transfert du Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation vers le droit commun. Plusieurs axes de travail nous permettent d’envisager des pistes d’évolution de ce programme dans les années à venir : -
-
Le développement d’activités de médiation en santé Le souhait de développer les relations avec la médecine de ville L’évaluation de l’ensemble des programmes de MdM en Normandie à la lumière de la nouvelle Stratégie France votée par le Conseil d’administration de MdM en 2020 et déclinée à partir de 2021 sur les terrains La relance d’un groupe de travail sur l’accès aux soins pour tous sur le territoire métropolitain, dans la suite du comité de pilotage impulsé par MdM en 2018 et relayé au Réseau Santé Précarité en 2020
En 2020 le programme a accueilli 124 travailleurs.euses du sexe (TDS) soit plus de 396 contacts (602 contacts avec les activités « COVID »). Elles font parties des populations particulièrement vulnérabilisées et ont dû faire face, dès le début de cette crise sanitaire, à des conditions de vie fortement dégradées mettant en danger leur santé. Les confinements et couvre-feux successifs ont signifié un arrêt brutal de leur activité entraînant une perte drastique de leurs revenus. Un grand nombre ne parvient plus à subvenir aux besoins primaires et aux nécessités de la vie quotidienne : se nourrir, se loger, se laver, se soigner. A Rouen, l’équipe s’est fortement mobilisée dans cette phase difficile en développant des activités de distribution d’aides financières et d’accès à l’aide alimentaire. Sur le plan des opérations, MdM a effectué 27 sorties avec l’unité mobile (dont 4 en journée), 4 permanences de distribution d’aides financières au CASO, 8 accompagnements physiques et 45 entretiens téléphoniques. En 2020 environ 544 heures de bénévolat. Le matériel de prévention distribué : 6 236 préservatifs externes, 18 préservatifs internes, 356 tubes de gel lubrifiant, 13 démonstrations d’outils de prévention ; 582 masques chirurgicaux et du gel hydroalcoolique. Responsable de Mission :
Delphine MARAVAL (IDE) + 3 co-référents en appui Lucille ANGELERI, Marie-Hélène PERONNE et Sebastian RODRIGUEZ
Nombre total de bénévoles dédiés à cette action en 2020 : Bénévoles soignants Médecins + Internes Infirmiers, Sage-Femmes
Nombre 1+4 6
25
Bénévoles non soignants Chargés d’accueil Travailleuse paire
Nombre 13 1
Salariés en appui Coordinatrice de programmes Coordinatrice régionale Chargé de projet accueil/prévention
5
Cf. rapport financier 2020
Cécilia NGUYEN Marine LOUVIGNY Samy SLIMANI
Budget réalisé 2020 5: 74 691 €
Ce programme était initialement un projet intitulé « Information Prévention Santé auprès des personnes prostituées », mené par l’équipe de bénévoles de la Mission Banlieue de MDM qui intervenait auprès des populations de quartiers défavorisés situés sur les Hauts de Rouen pendant les années 90. C’est à partir de décembre 1998, à l’occasion de la journée mondiale du SIDA, que l’équipe de la Mission Banlieue décide d’aller vers les personnes se prostituant dans les lieux connus de prostitution en centre-ville pour réaliser un premier contact. L’équipe cherche à mieux connaître leurs difficultés et à identifier leurs besoins en matière de santé. Les objectifs initiaux étaient de promouvoir la santé auprès de ce public, de les réinsérer dans le système général de soins et de réaliser des actions de prévention et de réduction des risques. C’est en septembre 2000 que le projet est officialisé et que l’équipe débute ses sorties nocturnes bimensuelles aux côtés de l’association AIDES. Le 13 avril 2016, la France adopte la loi « visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées », devenant ainsi le deuxième pays de l’Union européenne à sanctionner les clients des travailleur.se.s du sexe. Cette loi repose sur trois dispositions principales qui sont : l’abrogation du délit de racolage, l’interdiction d’achat sexuel (pénalisation des clients) et la création d’un parcours de sortie de prostitution (volet social). A cause de ces mesures, les personnes qui se prostituent se cachent, se rendent dans des lieux plus reculés et sont donc plus isolées et exposées aux violences. Lorsqu’elles sont migrantes, elles subissent également la répression contre les étrangers et sont confrontées aux mêmes difficultés que tout migrant vivant en France rencontre pour accéder aux soins et à une protection maladie. Selon une enquête de 2018 menée par deux chercheurs [Le Bail et Giametta], en coopération avec un réseau d’associations communautaires et de terrain dont MdM, 63% des TDS ont connu une détérioration de leurs conditions de vie et d’exercice de leur activité depuis l’adoption de la loi et 78% ont été confrontés à une diminution de leurs revenus. Les résultats de cette enquête ont mis en évidence une augmentation des violences multiformes : insultes dans la rue, violences physiques et sexuelles, vols, braquages dans les appartements. 2015 : Ouverture d’un accueil de jour dans les locaux de MdM Rouen. 2016 : Démarrage d’un projet de modélisation en vue de créer un programme RdR sur la ville de Caen en partenariat avec l’IREPS et l’ARS. 2017 : Validation d’un document cadre-positionnement national et international de MdM-France sur le travail du sexe intitulé Santé et Droits des TDS de MdM. 2018 : Fin de l’accueil de jour TDS dédié, accueil des TDS intégré aux permanences CASO. 2019 : Armada, maraudes inter-associatives auprès des TDS et concrétisation de l’arrivée d’une nouvelle travailleuse paire nigériane dans l’équipe, première maraude (a donné une interview sur FR3 en décembre 2018). 2020 : Impact crise sanitaire COVID sur les conditions de vie et exercice des TDS (suspension de 4 mois de maraudes et développement de nouvelles activités).
Sources : https://www.medecinsdumonde.org/fr/actualites/publications/2017/12/14/sante-et-droits-des-travailleuses-ettravailleurs-du-sexe
1. Soigner, témoigner et plaider, accompagner les communautés dans leur volonté de changement social 2. Promouvoir la réduction des risques Médecins du Monde - France promeut les principes de la Réduction des risques (RdR), une approche fondée sur la santé publique et les droits humains. Au-delà de leur pertinence en termes de santé publique, les programmes menés auprès de et avec les personnes ont pour objectif principal de contribuer au développement d’une réponse communautaire. C’est-à-dire qu’ils visent l’accès des personnes à la citoyenneté, la reconnaissance de leur expertise profane, le renforcement de leurs capacités (empowerment) via leur participation active, à la fois pour développer des réponses de santé et pour lutter contre la marginalisation, l’exclusion, la criminalisation et les autres formes de violation de leurs droits dont elles sont l’objet […] La RdR place au cœur de son éthique d'intervention le postulat que les personnes concernées ne veulent pas ou ne peuvent pas toujours modifier leur mode de vie et qu'aucune condition préalable ne doit être posée à l'exercice de leur citoyenneté ou à leur accès à la santé et aux droits. MdM-F réfute ainsi toute approche victimisante au sujet des travailleuses-eurs du sexe, c’est-à-dire qui part du principe qu’elles sont toutes des victimes et doivent être protégés-ées, y compris d’euxelles-mêmes. Pour MdM-F, considérer les TDS comme étant par nature des délinquant-e-s, des malades ou des victimes ne conduit qu'à dénier le respect de leur existence, de leur humanité et de leur droit à être traité-e-s comme des citoyen-ne-s à part entière. 3. Garantir un accès inconditionnel à la santé et aux droits Médecins du Monde - France pose comme principe fondamental la promotion de la capacité des personnes à prendre soin d’elles-mêmes et à disposer de moyens individuels et communautaires d’agir sur leur santé, leur vie et leur environnement. MdM-F se positionne par conséquent contre tous les acteurs, systèmes, organismes publics ou privés qui limitent la possibilité des personnes à se protéger elles-mêmes. Dans de très nombreux contextes, les travailleuses-eurs du sexe sont socialement stigmatisés et marginalisés. Comme d'autres groupes de population, tel que les personnes qui consomment des drogues, les communautés LGBTI, elles-ils peuvent difficilement faire valoir leurs droits pour accéder aux services de santé, à cause de ce qu’elles-ils sont ou de ce qu’elles-ils font. C’est en ce sens qu’elles sont plus vulnérables et plus exposées à des risques de santé que d’autres […] Dans ce cadre et au même titre que toutes les personnes en situation de vulnérabilité, MdM-F plaide pour la réforme des lois et réglementations ainsi que des politiques qui criminalisent et sanctionnent les pratiques et les modes de vie de travailleuses-eurs, en faveur d’approches fondées sur la santé publique et les droits humains.
Une partie de l’équipe de bénévoles du programme en février 2020
File active pour cette année 2020 (basée sur les maraudes seulement) : 124 personnes → 61,3% de femmes et 38,7% de personnes transgenres → 97,6 % sont de nationalité étrangère → 52,9% ont entre 18 et 34 ans ; 44,6% ont entre 35 et 54 ans ; 2,5% ont >55 ans → 55,6% sont sans couverture maladie déclarée
A noter que sur le 2ème confinement entre novembre et décembre, les maraudes ont été quasiment suspendues. Également, la majorité des TDS roumaines sont rentrées en Roumanie à partir du 1er confinement.
Nationalités représentées en 2020 2,4%
4%
10,6%
28,2%
37,9%
16,9% Roumanie
Nigéria
Pérou
France
Espagne
Autres
En 2020, la crise sanitaire liée au COVID-19 a été le facteur majeur de réorganisation et réorientation des activités du programme RdR auprès des travailleuses du sexe à Rouen. Il y aura eu 4 mois (mi-mars à mi-mai puis novembre à décembre) de suspension de maraudes nocturnes, la majorité des TDS est restée confinée ou a cessé l'activité durant les périodes de confinement ou de couvre-feu imposé à 18h00 notamment. Ce qui a provoqué lors du 1er confinement une rupture brutale des liens du jour au lendemain avec la majorité d’entre elles, car l’équipe ne demandait pas systématiquement le numéro de téléphone des personnes lors des maraudes (sauf si besoin d’accompagnement). • Au début du 1er confinement, MdM a organisé 2 maraudes en équipe légère en voiture en soirée pour explorer les rues et voir si les TDS continuaient de travailler. •
L’équipe a réalisé un travail d'accompagnement à la RdR-COVID : information sur l'épidémie et la prévention du COVID-19, les modalités liées aux confinements/couvre-feu, la question des attestations, que faire en cas de symptômes, la distribution de masques et de gel hydroalcoolique. Nous avons également partagé des conseils de RdR-COVID aux rares TDS continuant d’exercer l’activité malgré tout.
•
Il y a eu 2 maraudes en équipe légère en voiture en journée, sur des lieux fixes (Saint Sever, Saint-Hilaire, Boulingrin, Théâtre des arts) en donnant RDV aux quelques TDS dont nous avions le numéro de téléphone, pour échanger sur leur situation, leurs difficultés et leurs besoins, distribuer du matériel de prévention (masques essentiellement).
•
L’équipe a mis en place des permanences téléphoniques (relevé systématique des numéros de téléphone suite à la leçon du 1er confinement où le contact n'a pu être maintenu qu'avec 15 personnes). Une quarantaine d’entretiens ont été réalisés notamment lors du 2ème confinement, basé sur un questionnaire. Il était possible pour les TDS de nous joindre à tout moment par le
téléphone dédié. Ont été développés d’autres moyens de communication comme les conversations via WhatsApp.
FOCUS SUR LA DISTRIBUTION DES AIDES FINANCIERES En local, cette réflexion a commencé lors du 1er confinement par la proposition du Samu Social l’Autobus de donner des chèques services aux associations qui en auraient besoin, aide octroyée par la DDCS 76 pour soutenir initialement les populations à la rue. Médecins du Monde a accepté tout d’abord une vingtaine de carnets (d’une valeur de 35 euros chacun) en mars, puis une nouvelle fois en mai. Ces chèques services ont grandement soutenu les quinzaines de TDS bénéficiaires qui étaient alors coupées de toutes sources de revenus du jour au lendemain. Au national, le STRASS (syndicat des travailleurs.euses du sexe) ainsi que plusieurs associations communautaires – Acceptess-T, Grisélidis, Cabiria, Autres Regards… – ont organisé des cagnottes solidaires pour aider les TDS à tenir dans ce contexte exceptionnel. Le STRASS a ainsi collecté courant mai, 66 704 euros. MdM Rouen a bénéficié de 2 200 euros de dons du STRASS en complément des chèques services, afin de soutenir en liquide, les TDS qui se sont retrouvées à avoir des dettes vis à vis des loyers impayés de leur sous-location ou appartement. A la sortie du 1er confinement fin mai, la DDCS 76 a sollicité MdM afin de soutenir directement les TDS avec le dispositif de chèques services, 3 vagues de dons successifs le long de 2020 ont permis d’obtenir 338 carnets au total. MdM a alors organisé plusieurs sessions de distribution de ces chèques services au sein du CASO, ce qui permettait à la fois de faire le point sur la situation des personnes (sociale, santé, administrative…) et d’identifier d’éventuelles problématiques afin de les accompagner. La reprise progressive des maraudes et le bouche à oreille a permis d’élargir le soutien à des personnes qui n’avaient alors bénéficié d’aucune aide financière depuis le 1er confinement (42 contacts au CASO). Ces permanences dédiées ont été l’occasion de projeter des vidéos de Jasmine (programme MdM national de lutte contre les violences faites aux TDS) et d’informer sur l’existence du site internet : https://projet-jasmine.org/ En parallèle, un plaidoyer au niveau national durant l’été a permis d’obtenir de la DIHAL (délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement) un renfort pour les associations accompagnant les TDS en France ce qui a permis de rajouter 27 carnets de chèques service supplémentaires pour Rouen : un total qui s’est élevé à 365 carnets, soit 14 065€. La redistribution des aides financières a également été réalisée en partenariat avec le Service d’Accueil et d’Orientation (SAO) du Carrefour des Solidarités de Rouen entre août et octobre 2020, qui a accepté de soutenir MdM pour ne pas continuer à être opérateur direct. Cela a permis
de faire le point sur les besoins d’hébergement avec plusieurs TDS. 30 personnes ont été orientées vers le SAO pour les chèques services (6 en demande d’hébergement).
FOCUS SUR L’ACCOMPAGNEMENT VERS LES AIDES ALIMENTAIRES Une des demandes les plus importantes d’ordre primaire a été l’aide alimentaire. MdM à Rouen n‘avait jamais reçu autant de demandes d’orientation vers ce type d’associations de la part des travailleuses du sexe qui ne pouvaient s’alimenter correctement (voire pas du tout). Les orientations ont été réalisées principalement vers les sites de distribution de colis alimentaire rue Desseaux et à Saint-Hilaire des Restos du cœur, ainsi que vers le site du Secours Populaire rive gauche de Rouen. Lors du 1er confinement l’équipe a réalisé 1 livraison à domicile d’un colis alimentaire (pour éviter aux TDS d’avoir une amende, ce qui a été le cas de l’une d’elle qui se rendait aux Restos du cœur justement). Par la suite, MdM a fonctionné en réalisant des fiches de liaison pour les personnes – sur le 2ème confinement en novembre et décembre, nous comptabilisons 25 orientations pour des aides alimentaires.
IMPACT SUR LES POPULATIONS La crise sanitaire a eu des conséquences alarmantes et désastreuses sur la situation des TDS (conditions de vie et d'exercice) : précarisation encore plus grave, difficultés au niveau des besoins de première nécessité (hébergement et alimentaire principalement) avec des menaces d’expulsion en fin d’année6. Le projet a dû être réadapté, ce qui a généré des effets positifs (ex : face au désespoir et aux difficultés communes, la mobilisation des TDS pour s'impliquer dans les actions de plaidoyer a été grandement facilitée de par leurs nombreuses revendications, certaines ne craignant plus que les institutions aient connaissance de leur activité…) et négatifs (ex : le fait que MdM soit opérateur des distributions de chèques services, expansion du bouche à oreille des demandes difficiles à maitriser, justification à prévoir sur les critères d'éligibilité…). En 2020, l'impact de la crise sanitaire sur les TDS a attiré une attention accrue de la part des institutions en local et au national. A Rouen, outre la DRDFE qui continue de permettre à MdM de prendre part aux espaces d'échanges possibles concernant la thématique de la prostitution, c'est la DDCS 76 qui a apporté son soutien aux activités de M dM via l'octroi de chèques services à destination des TDS. Le contexte a permis d'être contacté par un TDS homme, Français, qui désirait aider ses pairs d’une quelconque manière, une piste pour élargir le travail du programme aux TDS indoor / Internet et hommes.
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Autres effets du projet sur les médias locaux : Article du Paris Normandie édition du dimanche, 28 juin 2020 page 12 : cliquer ici.
File active 2020 : environ 124 pour 396 contacts (27 maraudes réalisées) Actions de prévention, d’accueil, d’écoute, d’information et d’orientation avec recueil de témoignages et de données en vue d’alimenter le plaidoyer local et national. Description : cette action a lieu les vendredis soir et permet un accueil à bas seuil et d’aller vers une population pour la plupart isolée et stigmatisée, en circulant sur les grands axes de l’agglomération rouennaise mais aussi dans les quartiers éloignés du centre-ville et les lieux qui nous sont signalés où les personnes pratiquent l’activité en rue. La mission de l’équipe composée de trois bénévoles, est d’accueillir les personnes à bord de l’unité mobile et de créer un espace d’échange libre qui permette d’établir des liens de confiance et de faire émerger leurs paroles, sans juger. Les sujets abordés sont représentés par le parapluie rouge ci-contre. Les entretiens de prévention sont accompagnés de
démonstration de pose du préservatif externe et interne (Bobby – verge plastique – et Bobette – vagin en plastique) et de distribution de matériels pour contribuer à la réduction des risques liés à l’activité des personnes. Une tablette permet de diffuser en roumain et pidjin (dialecte nigérian) des court-métrages de prévention autour de la rupture de préservatif et du dépistage réalisés par l’association Cabiria sur Lyon. Nous notons un soutien entre paires notamment au travers de l’interprétariat pour les personnes non-francophones. Le lien le reste de l’année 2020 avec les personnes a surtout été maintenu par téléphone ou via les accompagnements réalisés lors des permanences CASO, que les personnes identifient d’autant mieux depuis les distributions de chèques services.
Les tableaux représentent le pourcentage des sujets abordés avec les TDS en 2020
Tableau 1 : thèmes autres concernant le champ de la prévention primaire Tableau 2 : thèmes autres concernant le champ de la prévention secondaire Tableau 3 : thèmes autres concernant le champ du juridique
Tableau 4 : thèmes autres qui n’entrent dans aucun champ : l’absence de travail et le besoin d’aides financières ressortent principalement. Tableau 5 : thèmes autres concernant le champ du social : les pratiques du TDS, la famille et les problématiques de loyer/aides financières également ressortent des besoins sociaux.
Le lien avec les associations et institutions a un double objectif : d’une part améliorer et adapter au mieux l’orientation et l’accompagnement des personnes vers les structures existantes dans une logique de non-substitution au droit commun ; et d’autre part, d’informer les interlocuteurs sur l’accueil de jour en les sensibilisant sur le positionnement de l’association par rapport au travail du sexe. Ces deux axes ont contribué à améliorer la prise en charge des personnes que nous rencontrons.
Structure
Mission/Réponse Apportée AIDES (partenaire de l’action de nuit « sortie de l’unité mobile ») • Orientation pour accompagnement social et juridique (DASEM), accueil CAARUD / Prévention et RdR Agence régionale de santé / Service prévention – santé publique • Partenaire financier de MdM Association de solidarité avec tous les immigrés • Orientation pour les demandes d’accompagnement social et juridique (droit des étrangers) et pour les cours de français Direction de la sécurité publique / Sûreté départementale + Service régional Police judiciaire • Orientation pour les demandes de dépôt de plainte pour toutes les formes de violences subies, pour les demandes de protection Caisse primaires d’assurance maladie (CPAM) • Accompagnement pour les demandes d’ouverture de droits – aide médicale d’Etat (AME) et couverture santé solidaire (CSS) Carrefour des Solidarités • Orientation pour les demandes d’hébergement et accompagnement social/insertion. Centre communal d’action sociale (Rouen et Saint Sever) • Orientation principalement pour les demandes de domiciliation administratives, l’accompagnement social si la personne est en situation régulière Centre d’Accueil Spécialisé pour les Agressions (CASA) • Orientation pour les victimes de violences, faciliter le parcours médical et judiciaire des victimes, bénéficier d’une consultation par un médecin légiste et d’un entretien avec une assistante sociale et une psychologue CHU – CeGIDD • Orientation pour les demandes d’informations et besoins de dépistage des IST, VIH-Sida, Hépatites / questions santé sexuelle Comité d’action et de promotion sociale (CAPS) • Orientation pour demandes de sortie de prostitution : personnes victimes de traite et procédure de « mise à l’abri » [acsé] + parcours de sortie de prostitution [loi 13/04] Direction de la tranquillité publique/Ville de Rouen • En lien principalement lorsqu’il y a des doléances de riverains ou de structures de quartier pour assurer en fonction des situations de la médiation vis-à-vis des TDS (avant intervention de la Police municipale)
Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) Partenaire financier (en soutien en 2020 sur le dispositif de chèques services) Centre de Planification et d’Education Familiale (CPEF) • Orientation pour les demandes d’information et de prise en charge pour les IVG et les méthodes de contraception France Terre d’Asile • Orientation pour les personnes qui souhaitent demander l’asile en France (suivi de MdM qui intervient en général lorsque la personne – surtout Nigériane – a déjà une procédure en cours, est en recours ou déboutée de sa DA) Maison de la justice et du droit • Orientation pour les demandes d’information et aide juridique sur les droits des étrangers Permanence d’Accès aux Soins de Santé (PASS) • Orientation pour les demandes de consultations médicales, accompagnement pour l’ouverture de droits, la mise en lien avec les différents services spécialisés du CHU (examens, radiographies…) Planning Familial • Consultations et examens gynécologiques (frottis etc.) • Informer et accompagner sur : les interruptions volontaires de grossesse (IVG), les violences, les moyens de contraceptions, les infections sexuellement transmissibles PMI (protection materno-infantile) • Consultations et examens gynécologiques (frottis etc.) ; Suivi des grossesses • Accompagnement social/conseillère conjugale Préfecture - Délégation aux droits des femmes et à l’égalité homme-femme • Partenaire financier Restaurants du Cœur • Orientation pour les demandes alimentaires sur les sites de distribution ou le camion Secours Populaire • Orientation pour les cours de français, les demandes alimentaires et le vestiaire
ACCUEIL-SERVICE A EVREUX | JANVIER Médecins du Monde a été convié en janvier par le CCAS d’Evreux et l’association Accueil Service à un groupe de réflexion sur l’accompagnement des travailleurs.euses du sexe (TDS) dans l’Eure. Une dizaine de représentants de structures étaient présents. La particularité du travail du sexe sur ce département par rapport à Rouen, étant l’exercice sur des routes départementales et la présence de TDS russophones. MdM a pu présenter son expérience d’accompagnement des TDS dans une démarche de réduction des risques en santé ainsi que plusieurs outils élaborés par des associations communautaires ou le programme Jasmine.
RESEAU SANTE PRECARITE METROPOLE – GROUPE RDR | ANNEE 2020 Il y a eu en 2020 environ 7 réunions du groupe de travail RdR avec l’initiation de deux chantiers : un sur le plaidoyer RdR auprès des élus – qui a démarré fin 2019 par la rencontre des partis politiques candidats aux Municipales – et un sur la formation et sensibilisation des professionnels sur la RdR. Le groupe de travail a réalisé un questionnaire à destination des professionnels pour évaluer leurs connaissances et pratiques de la RdR (une centaine de retours). Le groupe a réalisé également une grille d’entretien de focus group et une grille d’entretien individuel qui a été difficile à mettre en place de par les confinements successifs. Un travail de capitalisation des dispositifs RdR a également été initié par le RSP sur le territoire métropolitain. Enfin, une rencontre partenariale avec 3 élus de la Municipalité de Rouen le 22 octobre 2020 afin de leur présenter les travaux en cours et réfléchir aux perspectives de co-construction et de soutien de la Ville de Rouen, sachant qu’il y a le souhait de remettre en place un Contrat Local de Santé. Une dernière rencontre le 07 décembre 2020 a été réalisée avec les élus cette fois-ci de la Métropole de Rouen Normandie dans une même démarche du RSP, qui nous présente également l’intention de mettre en place une Stratégie Santé au sein de la MRN.
PROJET REGIONAL SUR LA PROSTITUON DES JEUNES EN NORMANDIE | 2019-2021 Médecins du Monde a participé activement depuis 2019 aux groupes de travail (COPIL et COTECH, ateliers « formation » et focus group) de ce projet porté par la DRDFE et Promotion Santé Normandie (PSN). En juin 2020 MdM a été convié à intervenir sur une conférence en visio (80 personnes) par PSN à laquelle une TDS nigériane paire a témoigné en présence d’une interprète anglophone de FIA sur son parcours, ses pratiques, sa perception de l’accompagnement, les problématiques qu’elle a rencontré et ses aspirations. MdM a également participé en juin aux ateliers d’échanges sur les besoins de formation et ce qui semblait fondamental en termes de thématiques et d’approches dans l’accompagnement des jeunes/mineurs. Enfin, ces ateliers se sont traduits par des COTECH formation où les structures intervenantes pressenties ont été réunies pour contribuer à la coconstruction des modules de formation à destination des professionnels qui accompagnent des mineurs/jeunes concernés par la vente de services sexuels (sept. et décembre). Toutes les interventions de la conférence du 08/06 : https://www.promotion-santenormandie.org/prostitution-jeunes-normandie-juin2 Intervention de MdM : https://www.youtube.com/watch?v=PRy9D7TIaf4
DRDFE : COMMISSION DEPARTEMENTALE ET PREFECTURE 76 Médecins du Monde a été convié à 2 commissions départementales en mai et en novembre 2020 qui s’intitulent « lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle ».
✓ La première rencontre à la sortie du 1er confinement a été pour MdM l’occasion de présenter un état des lieux des situations et des besoins des travailleurs.euses du sexe (TDS) et de l’impact de ce premier confinement sur les populations vulnérabilisées et précarisées qui exerçaient en rue avec un rappel du positionnement de l’association sur le travail du sexe (non-abolitionniste, non répressif, en faveur de la réduction des risques en santé et une approche pragmatique par les droits humains). ✓ La deuxième pendant le 2ème confinement a été de contribuer à la réflexion sur une stratégie départementale d’accompagnement des TDS – la mise en place d’un parcours coordonné d’accompagnement pluridisciplinaire non conditionné par la sortie de prostitution. L’occasion pour la DRDFE de présenter le rapport d’évaluation de la loi du 13 avril 2016 faisait état des constats mais aussi des limites concernant notamment les parcours de sortie de prostitution. L’occasion pour MdM de rappeler les conséquences délétères de mesures répressives telles que la pénalisation des clients et l’existence du shadow report : une réponse au rapport gouvernemental co-rédigé par des chercheurs et sociologues en lien avec les associations communautaires de TDS et MdM. Cliquer ici.
PROJET MACADAM AND CO | OCTOBRE Le CCAS de Rouen a sollicité MdM pour participer au projet les Cris du Macadam en partenariat avec la compagnie Chiendent. L’idée étant de permettre aux TDS de s’exprimer sur leur vie, leurs pratiques, le travail du sexe, leurs difficultés, leurs revendications. L’équipe a alors organisé en août dans un premier temps un atelier en présentiel au local lors duquel 3 TDS ont participé. Puis dans un second temps les artistes de la compagnie ont rejoint la responsable de mission bénévole pour une maraude spéciale « témoignages Macadam » en rencontrant environ 15 personnes. Ces témoignages ont été « hurlés » ou « cités » à l’occasion d’un podcast sur la radio HDR (cliquer dessus) le 29 octobre. Initialement un événement sur la place publique à Saint-Marc était prévu pour mettre en scène les témoignages de toutes ces personnes invisibilisées. Les personnes étaient ravies de s’être senties écoutées, prises en considération, valorisées dans leur participation, durant une période de crise sanitaire qui a amené certaines à avoir ce sentiment de ne plus rien avoir à perdre.
IDEFHI | NOVEMBRE L’IDEFHI a sollicité Médecins du Monde pour sensibiliser les équipes éducatives d’Adoseine, concernant les mineur.e.s qui vendent du sexe/se prostituent et résident ou fréquentent les MECS et foyers gérés par l’institution. L’objectif étant un échange d’expériences entre l’expertise de MdM concernant l’accompagnement des TDS et l’expertise de protection de l’enfance et les
réalités et difficultés que vivent les éducateurs, infirmiers, psychologues et cadres de l’IDEFHI. Une première intervention à SOCOA à destination de 6 personnes a été riche d’apprentissage.
LETTRE OUVERTE A LA PREFECTURE | NOVEMBRE Suite au 2ème confinement, Médecins du Monde a mobilisé plusieurs TDS (6 au total, représentant les diverses nationalités des personnes accompagnées par l’association) afin de rédiger ensemble une lettre ouverte à l’attention du Préfet sur l’impact considérable de la crise sanitaire sur leurs conditions de vie et d’exercice. Cela a pris forme avec 2 temps d’échanges au local de MdM avec les personnes nigérianes et d’entretiens par téléphone avec les personnes de d’origine roumaine et péruvienne (naturalisée française d’ailleurs)7. Les témoignages ont été consolidés et transmis à la Préfecture, la DRDFE, la DDCS, l’ARS, la Ville de Rouen et notre délégation a été reçue en janvier 2021 par le directeur du cabinet du Préfet (à suivre dans le prochain rapport d’activités 2021…).
CAMPAGNE DU 17/12 LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX TDS | DECEMBRE Une campagne nationale de MdM a été réalisée à l’occasion du 17 décembre. MdM Rouen a pu mobiliser une TDS connue de l’équipe pour témoigner sur les questions de discriminations et l’impact de la loi du 13 avril en termes de violences multiformes et l’exposition aux risques pour leur santé que cela peut générer « Avec la loi qui instaure la pénalisation des clients, on ne peut pas choisir comme avant les clients, qui nous paraissent agressifs, ou avec des démarches étranges, malheureusement on doit prendre ce qui arrive vers nous, et ces problèmes nous amènent à nous confronter à avoir des rapports sans préservatifs et ils choisissent les prix des prestations, c’est dur pour nous » Rétrospectives en vidéo sur les 5 ans de Jasmine, programme national MdM de lutte contre les violences faites aux TDS : ici
Le recueil de la parole et du ressenti des travailleuses-eurs du sexe est une activité constante : on ne peut agir qu’avec les personnes concernées. Ce recueil se fait essentiellement par le biais des entretiens (individuels et collectifs) au cours des sorties nocturnes, des permanences en journée au CASO, des permanences téléphoniques ou lors de discussions
informelles. La période du COVID a mis à mal les liens avec les TDS et créé une rupture quasi du jour au lendemain. La stigmatisation dont elles font l’objet et les préjugés à l’égard de leur activité consistent également des freins d’accès aux soins et à leurs droits. Les personnes peuvent aussi ressentir de la timidité, de la honte et la peur de l’inconnu ou du regard éventuellement jugeant des professionnels et structures administratives sur leur activité (déclarée ou non). La discrimination notamment vis-à-vis des TDS transgenres aggrave encore plus cette situation. Le nombre de violences relatées a incontestablement augmenté depuis le passage de la loi du 13 avril 2016 qui instaure la pénalisation des clients, et l’enquête effectuée entre 2016 et 2018 pour mesurer l’impact de cette loi a bien mis en évidence cette conséquence. « Un client m’a amenée sur son lieu de travail puis a renégocié le prix ce que j’ai refusé, je lui ai rendu son argent, il a refusé de me laisser partir, m’a empêché de me rhabiller de telle sorte que j’ai dû accepter un rapport pour qu’il me ramène » O. Roumanie « Je suis obligée de faire des tarifs bas pour des « gros cochons » car il n’y a vraiment pas de clients…je suis fatiguée, j’aimerais arrêter » M. Roumanie S. nous fait part du décès d’une TDS péruvienne au bois de Boulogne renversée volontairement par une voiture ; nous montre un article relatant les faits. Paraît très affectée. L nous raconte pour S : « S a subit un viol il y a 2 jours. C’est une personne apparemment qui s’attaque aux filles avec un couteau pour les forcer à avoir un rapport. Il aurait déjà agressé 5 TDS péruviennes ». S ; en replis encore très bouleversée par l’agression, nous explique : « je ne veux pas porter plainte, j’ai peur que mon mari le sache. J’aimerais que vous restiez discrets. L. a décrit le profil de l’agresseur à la BRP lors de leur prise de contact, ne pourrons rien faire si pas de dépôt de plainte. L & S, Pérou Certaines personnes rencontrées manifestent une profonde méfiance pour les forces de l’ordre. Peu d’agressions font d’ailleurs l’objet de dépôt de plainte, du fait de la situation irrégulière de la plupart des personnes ou par peur de représailles. En 2020, plusieurs témoignages avec sentiment de fichage par la Police : « On a eu un contrôle de la police et ils nous ont pris en photos, on est inquiètes on ne sait pas si c’est dangereux pour nous ou pas ce fichage est-ce que c’est normal ? Quels sont nos droits ? » J & J, Nigéria ; « En janvier et en février, on nous a demandé de quel pays on vient, notre nom, prénom, âge, horaires de sortie/retour, ont pris des photos. Quelqu’un nous a donné son numéro… » L & S, Pérou La démarche communautaire au cœur des principes de la réduction des risques (voire projet Macadam et lettre ouverte à la Préfecture). Evidement des témoignages en lien avec l’impact du COVID en 2020 : le confinement et les couvrefeux ont été vécus comme difficiles à cause de l’absence de ressources, avec l’arrêt du travail du sexe du jour au lendemain qui a été compliqué à gérer.
« C’est dur psychologiquement, car on n’a pas eu le temps de s’y préparer (pas pu faire des économies), c’est difficile, on ne sait pas comment ça va se passer avec le travail à la fin du confinement » V. Equateur « Je dois payer 250 euros tous les 10 du mois, je ne peux plus payer mon loyer alors ma logeuse me menace. Il n’y a pas de clients…j’ai une chambre dans l’appartement mais ma logeuse me menace de ne plus avoir accès à la salle de bain » M. Nigéria 28 ans
Les points forts de ce programme résident dans plusieurs aspects : ➔ la démarche de réduction des risques, véritable éthique d’intervention dans une approche pragmatique par les droits et en santé publique (non répressive, non idéologique, non victimisante), incluant une posture indispensable de non jugement, d’écoute active et de prise en considération des ressources et des capacités de la personne, est une démarche reconnue et valorisée par les institutions (ARS, DRDFE, Ville…) et partenaires en Normandie. Une réelle volonté institutionnelle s’instaure et l’expertise de MdM en la matière est reconnue. Cette démarche permet d’être au plus proche des besoins de la population. En 2020, la capacité d’adaptation de l’équipe face à la crise sanitaire, le développement de nouvelles activités et mobilisation communautaire très active (implication des personnes concernées) ont été des dimensions très positives et fortes du programme. ➔ Expertise forte de MdM sur la RdR et le travail du sexe grâce aux programmes MdM en France et aux partenaires associatifs communautaires (par et pour les TDS) et alliées (AIDES, Planning Familial…) permettant de porter un plaidoyer national fort malgré les difficultés d’être entendu par le gouvernement. A Rouen, il existe une reconnaissance forte de l’expérience de terrain de MdM sur le travail du sexe, ce qui multiplie les sollicitations et consultations extérieures depuis ces dernières années. ➔ Un aller vers et un accueil à bas seuil depuis 20 ans qui a permis de tisser des liens de confiance indispensables pour mener nos actions. ➔ Une équipe de bénévoles pluridisciplinaires motivés, engagés, formés régulièrement et en phase avec le positionnement de MdM sur la santé et les droits des TDS. En 2020, la vie associative de cette équipe a énormément été impactée de par les alternances de suspension d’activités et la mobilisation des soignants sur la réponse au COVID. Points à améliorer : le développement de l’exploration du travail du sexe indoor et sur internet…mais manque de ressources humaines pour le faire. Il faudrait également une meilleure structuration des réponses face aux nombreuses demandes d’accompagnement formulées via les entretiens par téléphone ou dans les comptes rendus de maraude (outils de la médiation en santé) et le besoin d’appui sur les enjeux concernant la question des mineurs qui vendent du sexe/protection enfance.
La particularité de l’année 2020 pour ce programme aura été le déploiement sur l’Equipe Sanitaire Mobile (ESM) pilotée par la PASS du CHU de Rouen de mi-mars à fin mai, suspendant les maraudes nocturnes de Soins pour Tous (SPT) sur cette période. Hormis cela, l’équipe SPT a réalisé 54 maraudes (avec une réduction à un rythme hebdomadaire entre juin et mi-septembre) auprès des personnes à la rue. Sont comptabilisés une file active* de 280 personnes (dont 11 mineurs) pour 429 consultations médico-sociales. L’activité mobile s’inscrit dans une dynamique partenariale forte avec les autres associations de maraudes et les institutions accompagnant le public en rue en faisant partie de la coordination des équipes de rue pilotée par le SIAO. Il y aura eu 842 heures de bénévolat effectuées cette année. Responsable de Mission :
Bruno TANCRE (jusqu’en juillet 2020) ; Tony PUGIBET (interim) Co-Responsable de Mission : / Nombre total de bénévoles dédiés à cette action en 2020 : 25 (15 actifs) Bénévoles médicaux paramédicaux Médecins/Interne médecine Infirmiers
et Nombre 8 7
Bénévoles non Nombre médicaux Accueillants 9 Travailleurs sociaux 1
Salariés de la Délégation Régionale en appui : Coordinatrice de programmes Chargé de projet accueil/prévention Coordinatrice régionale Assistante de délégation
Cécilia Nguyen Samy Slimani Marine Louvigny Sophie Benegis
Budget réalisé 2020 : 52 686 €8 (*) Ce chiffre correspond à la file active de l’activité soit le nombre de patients différents.
« Soins Pour Tous », était une association fondée en 1997 à Rouen par des médecins et paramédicaux interpellés par les problèmes d’accès aux soins des personnes précaires et sans logement. En réponse à un paysage associatif en évolution, « Soins Pour Tous » s’est rapprochée de l’antenne de Médecins du Monde Rouen en novembre 2012 et est devenue depuis une mission MdM. L’activité de l’unité mobile a pour vocation à favoriser l’accès aux soins, à la prévention et aux droits des personnes en rue. Elle s’inscrit dans une dynamique partenariale qu’est la coordination des équipes de rue pilotée par le SIAO, aux côtés des Restos du Cœur, de l’Autobus (Samu social), de la Croix-Rouge (Samu social), de la Boussole, de l’UMAPP, du Lien/Emergence.s etc. en allant vers les personnes en vulnérabilités sociales, vivant en rue ou dans des conditions de vie très précaires.
La file active de SPT (hors ESM) est de 280 personnes en 2020 pour 429 contacts comptabilisés lors des consultations médico-sociales (ne sont pas comptées ici les personnes vues à l’extérieur). Le creux sur le 2ème semestre s’explique par la suspension des maraudes nocturnes SPT au profit de l’Equipe Sanitaire Mobile 5 jours sur 7 en journée (voir page suivante).
En 2020, le profil par sexe et tranche d’âge de la population « en rue » est de : ✓ 80% hommes ; 20% de femmes – l’âge moyen est de 40 ans. ✓ 47,5% de personnes de nationalité française et 52,5% de nationalité étrangère.
FOCUS SUR L’EQUIPE SANITAIRE MOBILE (ESM) A la demande de l’ARS et de la PASS du CHU de Rouen, MdM a contribué à la mise en place de l’équipe sanitaire mobile pour la prévention, le repérage et l’orientation des personnes à la rue particulièrement fragiles et exposées aux risques de contamination au COVID-19, à partir de mi-mars 2020. L’objectif de cette action est d’aller vers les personnes sans domicile, en situation de rue ou en centre d’hébergement d’urgence (collectif). •
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Pour informer sur les mesures de prévention vis-à-vis du virus et les consignes sanitaires à respecter. Pour repérer les éventuels cas de COVID19 : évaluation clinique rapide des personnes rencontrées en rue ou en centre d’hébergement, sur le lieu de rencontre pour identifier et orienter les cas probables et les cas confirmés de COVID19 Pour orienter sur les lieux de confinement possibles si absence de symptômes mais sans solution d’hébergement ou de prise en charge en cas de symptômes et assurer un suivi ambulatoire en centre de desserrement (CHS-CD). o Une orientation était proposée à toute personne à la rue sans symptômes désirant une mise à l’abri vers le centre d’hébergement temporaire (l’Archipel) mis en place par la DDCS à Petit Couronne depuis le 20 mars (soixantaine de places) et géré par le CAPS. o Une orientation était proposée à toutes personnes en rue présentant des symptômes COVID-19 probables ou avérés : soit vers le CHS-CD mis en place dès le 02 avril à St Etienne du Rouvray (80 places), géré par l’association Emergence.s avec un suivi médical de l’ESM. Soit si besoin d’hospitalisation vers le CHU de Rouen ou le CH Saint Julien.
L’équipe sanitaire mobile pilotée par la PASS du CHU de Rouen était composée de plusieurs structures actives principalement : la
Boussole, Promotion Santé Normandie, l’UC-IRSA et MdM. Les fonctions s’articulaient autour d’un poste médical, d’accueillant (pour le recueil de données et assister le médecin) et de chauffeur. Un suivi médical était assuré : • Pour les personnes maintenues à la rue dits « cas probables » ou « cas confirmés COVID19 » ne nécessitant pas d’hospitalisation et sans médecin traitant. • Pour les personnes classées « cas confirmés COVID19 » non hospitalisées et pour lequel un confinement est proposé dans un lieu dédié ou au sein de la structure d’hébergement d’origine (centre d’hébergement d’urgence, foyers, pensions de famille). Le rôle de l’ESM a également été de sensibiliser et accompagner les équipes des structures d’hébergement pour assurer la mise en place des consignes sanitaires (appui à l’organisation des lieux de vie, conduites à tenir) et le suivi de leur public. Du côté de Médecins du Monde, le soutien apporté s’est effectué à plusieurs niveaux : ✓ Mise à disposition du camion de maraude MdM 5 jours par semaine. ✓ Coordination opérationnelle et institutionnelle (au niveau des conventions) avec la PASS. ✓ Coordination médicale avec la PASS, participation à l’élaboration des protocoles. ✓ Mobilisation des bénévoles MdM, notamment les médecins et les chauffeurs habilités à conduire le camion de maraude et de temps salarié. ✓ Logistique, approvisionnement de certains matériels. ✓ Animation du lien avec les membres de l’équipe. ✓ Elaboration des outils de recueil de données, saisie et analyse des données. L’équipe sanitaire mobile avait pour vocation à tourner 5 jours/7, de 9h00 à 17h00. Selon l’intensité de l’épidémie et les moyens humains disponibles, l’équipe se réserve la possibilité de tourner 7 jours/7 si nécessaire afin d’assurer une continuité de présence médicale auprès des personnes à la rue. Une astreinte était réalisée par le CHU les weekends. En résumé, dans le cadre de cette Equipe Sanitaire Mobile, ont été réalisés : • • • •
40 journées d'intervention sur 7 lieux d'hébergement et en rue (implication d'intervenants MdM sur 30 journées) entre le 16 mars et le 28 mai 2020. 538 personnes rencontrées. 206 CS médicales (123 axés COVID), 38 tests-PCR réalisés, 57 admissions en CHS-CD. 55 consultations sociales.
Sur les aspects qualitatifs de l’ESM/urgence COVID : •
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Travail en partenariat avec des structures permettant de faciliter le parcours de soin et accès aux droits des personnes (ex : Protection Maternelle Infantile (PMI) à Colette Yver pour la santé d’enfants en bas-âge/bébés ; UMAPP au foyer Abbé Bazire pour groupe de paroles ; CASA à l’Archipel pour des faits de violences faites aux femmes). 5 structures parties-prenantes : CHU/PASS, La Boussole, Promotion Santé Normandie, UCIRSA, MdM) avec 3 réunions partenariales permettant de réadapter les réponses du dispositif.
54 maraudes SPT en 2020 (dont 2 en journée et 4 avec maraudes à pieds). 17 lieux d’intervention - agglo Rouen. File active de 280 personnes (environ 8 à 10 vues en entretien sur le camion, variable à l’extérieur du camion). 429 consultations médico-sociales. 7 accompagnements demandés. 18 appels au 115 (très sous-comptabilisés), 9 ont abouti à une solution de mise à l’abri. Matériels de prévention distribués : 200 préservatifs ; 30 gels lubrifiants ; 500 masques chirurgicaux ; 20 kits+ à injection usage unique et des produits d’hygiène distribués.
Crédit photo : Marie-Hélène LABAT
Description : cette activité se déroule généralement les lundis et jeudis soir (les horaires ont été modifiées avec la crise sanitaire, de 18h30 à 22h30). En 2020, les maraudes ont été suspendues entre mi-mars et fin mai au profit de la mobilisation de l’équipe sur l’Equipe Sanitaire Mobile (ESM) et réduite à un rythme hebdomadaire au premier déconfinement sur la période estivale de juin à mi-septembre. L’unité mobile se rend auprès des personnes les plus vulnérables, souvent désocialisées et éloignées du système de santé. L’équipe de 3 bénévoles (dont un soignant - médecin ou à défaut, infirmier) réalise un premier accueil-écoute à la fois à l’extérieur du camion et à l’intérieur du camion. En fonction des différents besoins, elle propose un entretien médico-social et des soins de premier recours à bord du camion – consultation médecine générale et soins infirmiers, délivrance de médicament ; délivre des informations et des orientations vers les différentes structures sociales, de soins et pour les besoins primaires. L’équipe distribue si une demande est formulée, des produits d’hygiène (brosses à dent, dentifrices, savons, protections périodiques…) et du matériel de réduction des risques (kit+ seringues à usage unique, roule ta paille, kit base/pipe à crack, préservatifs…). Spécificités de l’année 2020 (notamment 2ème semestre 2020) : • •
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Départ du responsable de mission le Dr Bruno TANCRE courant juillet – relais pris par le Dr Tony PUGIBET, sans être officiellement RM. Mise en place d’un protocole sanitaire et de matériels de protection individuelle. Les maraudes ont mis l’accent sur la prévention et la sensibilisation sur le COVID-19 (gestes de protection, attestation dérogatoire, lieux de dépistage…). Création d’une nouvelle dynamique pour refédérer l’équipe de bénévoles, mise au point téléphonique avec les anciens, recrutement de nouveaux bénévoles. Renforcement et appui important sur rôle des accueillants/accueil social : formations, briefings, accompagnement renforcé. Développement du lien avec la délégation (lieu fixe) pour les besoins d’accompagnements post-maraudes.
Voici un panorama des lieux d’intervention, l’équipe se déploie également sur sollicitation des associations partenaires qui signalent leur des situations ayant besoin d’une attention médicale :
(Lieux principaux : place Saint Marc, place des Emmurés, gare de Rouen, rue Lecat, place du Vieux marché. Lieux ponctuels : les quais bas rive droits et rive gauche, Ile-Lacroix, Cathédral/rue du Gros Horloge, centre commercial d Bois Cany (Grand-Quevilly), place Saint Vivien, rond-point des Bruyères, gymnase Graindor, St-Léger-du-Bourg-Denis…)
En 2020, un partenariat avec l’association Emma, la Ligue contre le cancer et Dragons Ladies a été initié dans le cadre du mois Octobre Rose, afin d’aborder avec les populations précarisées rencontrées sur les programmes mobiles, le dépistage des cancers du sein, du col de l’utérus et colo-rectal. Les bénévoles de MdM ont été formés-sensibilisés par le Dr BENHAMOUDA et Mme BENHAROUN. Témoignage recueilli lors d’une maraude : « Oh non me parlez pas de cancer…ma femme N. est décédée il y a un an d’un cancer du sein et ma mère a eu un cancer du sein également. Ma femme avait 59 ans, elle a eu une mammographie vers 55 ans, c’était déjà trop tard. Elle était suivie à Becquerel, puis elle a été à la clinique de XXX où elle s’est faite charcutée. Je vous jure qu’ils l’ont charcuté. Elle a eu une ablation du sein. Je suis restée à ses côtés, elle a fait la chimio, elle avait des cheveux longs comme ça qu’elle a perdu. Sa santé s’est détériorée…elle est partie, on a galéré à trouver un prêtre, à trouver une église sur les HDR où elle vivait. Elle a été enterrée au cimetière du nord. Ma mère, elle a fait une mammo là, et ils ont découvert qu’elle avait peut-être un 2ème cancer…j’vous jure si elle part je pourrais pas continuer à vivre, j’me foutrai en l’air ».
En 2020, les types d’actions réalisées se déclinent de la manière suivante (aide à la lecture : % par rapport au nombre de contacts (429)) : 87,4% de consultation médicale ; 35,9% des cas avec délivrance de médicaments, 24,2% d’entretien d’aide et d’écoute et 29,1% de soins infirmiers. Concernant les droits santé, 75,8% des personnes de nationalité française ont une couverture santé solidaire (CSS) et 54,3% des personnes de nationalité étrangère sont sans droits ouverts (les autres ayant souvent une AME – aide médicale d’Etat).
Les problématiques de santé et orientations réalisées en 2020 : On dénombre des problématiques liées aux conditions de vie en rue : - en dermatologie, les problèmes sont liés aux piqûres d’insecte parasite, poux, sècheresse, ongle incarné, mycose. - en traumatologie, cela peut être lié à des morsures de chien, des plaies infectées etc. - les céphalées sont aussi fréquentes. - Le dentaire représente le 2ème principal motif de consultation. Les difficultés sont l’accès à des soins dentaires, notamment pour les personnes n’ayant pas de droit ouvert. En effet, il faut que ces personnes se rendent d’abord à la PASS du CHU de Rouen, pour ensuite prendre un rendez-vous au centre dentaire de St Julien à Petit-Quevilly. Généralement, suite à une prescription d’antalgique, les personnes ont tendance à reporter les soins qui n’est plus une priorité. Parmi les problématiques dénommées « autres », on retrouve : des douleurs (genoux, pieds, poignets…), anxiété, insomnie, proctologie/urologie… Nous avons réalisé 74 soins locaux au sein du camion, par le personnel soignant (infirmier ou médecin). Pour beaucoup, pas d'orientation car pas nécessaire. Au niveau des orientations en 2020 : cela corrobore au 60% de personnes avec droits ouverts, on oriente la plupart vers leur médecin traitant et vers la PASS+CASO pour les personnes sans droits ouverts.
➔ Des conditions de vie, à la rue, qui exposent fortement les personnes au vol ou à la perte de papiers. C’est souvent l’argument avancé pour expliquer le fait qu’ils n’aient pas de CSS : « Je l’ai perdue, on me l’a volée. » ➔ La complexité des démarches administratives en cas d’absence (perte, vol etc.) de carte d’identité ou de justificatifs de domicile.
Crédit photo : Marie-Hélène LABAT
Parmi les structures « autres » : dentiste de ville ou via PASS (23,3%), la Boussole (14%), le CeGIDD (4,7%), les structures de prise en charge psychologique/psychiatrique (UMAPP, CHR…) (7%), le Carrefour des solidarités et CCAS (9,3%)...
➔ Le problème de la barrière de la langue. L’absence de recours à l’interprétariat dans le droit commun est une importante barrière à l’accès aux droits ou aux soins ➔ Le déplacement des priorités. Les questions centrales pour la majorité des personnes rencontrées sont : « où dormir et où manger », la santé passe donc après. ➔ La perte de l’estime de soi, et la peur d’être jugé : les personnes n’osent pas de rencontre dans des structures « institutionnelles » par méfiance, crainte de l’accueil. L’équipe fait souvent le constat que malgré 60% de personnes ayant des droits ouverts, de nombreuses personnes continuent de venir voir MdM pour diverses raisons : facilité d’accès le soir, car travaillent tardivement donc trop tard pour aller voir leur médecin traitant (MT), perte de papier de sécurité sociale, MT en vacances ou pas disponibles (délais de RDV trop longs).
NOM DU PARTENAIRE TYPE D’ORIENTATION (liste non exhaustive)
Restos du cœur
En contact régulier et hebdomadaire sur les sorties du soir Réunions mensuelles de coordination
Autobus SAMU social
En contact régulier et hebdomadaire sur les sorties du soir Réunions mensuelles de coordination
Croix-Rouge SAMU social En contact régulier et hebdomadaire sur les sorties du soir Réunions mensuelles de coordination La Boussole/La Boutik En contact régulier et hebdomadaire sur les sorties du soir Réunions mensuelles de coordination Emergence.s/Le Lien Réunions mensuelles de coordination PASS UMAPPP SIAO et 115
Réunions mensuelles de coordination Orientation sur la PASS, de la nuit vers le jour Liens sur les maraudes pour orientation de personnes en souffrance psychologique Coordination des équipes de rue et dispositif de mise à l’abri
En étant au cœur de la réponse à la pandémie de Covid-19 via son action d’Aller vers, le programme Soins Pour Tous a porté plusieurs axes de plaidoyer durant l’année 2020. Nous avons : - Assuré une veille pour garantir que le dépistage Covid-19 était accessible pour toute personne y compris les personnes sans droits ouverts (interpellation ARS, veille auprès des laboratoires et centres de dépistage). -
Plaidé en faveur de la création d’une PASS mobile permettant d’aller vers les personnes en rue, dans la continuité de l’expérience réussie de l’Equipe sanitaire mobile (ESM) mise en place en collaboration avec la PASS du CHU de Rouen pendant le premier confinement. En effet l’ESM a démontré à la fois un réel besoin et une véritable capacité de synergie entre la PASS, les associations venant en aide aux personnes à la rue ou aux migrants (qui sont parfois les mêmes) et les acteurs du médico-social hébergeant des personnes précaires ou les accompagnant via des travailleurs sociaux. La PASS mobile ou hors les murs, qui hériterait de cette mission d’aller vers les structures et les personnes, permettrait de combler un espace non pourvu aujourd’hui. Les maraudes Soin pour Tous de Médecins du Monde vont continuer de leur côté car une présence en soirée en rue nous semble indispensable pour être auprès des personnes sans domicile les plus isolées socialement et éloignées du soin, à moins que soit donnés à la PASS les moyens de se déployer également en nocturne.
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Alerté sur le risque lié à la fin de l’état d’urgence sanitaire le 10 juillet 2020 et la remise à la rue d’un grand nombre de personnes précaires, notamment les Mineurs non accompagnés maintenus en mise à l’abri pendant le premier confinement. Cette mobilisation a pris la forme d’un évènement d’interpellation du grand public et des médias baptisé « La rue tue » sur les quais Rive Gauche ;
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Initié un travail de dénonciation de la réforme, par la Préfecture et la DDCS, du Plan départemental d’action pour l’hébergement et le logement des personnes défavorisées en Seine-Maritime (PDAHLPD) modifiant drastiquement les dispositifs Accueil Hébergement Insertion et remettant en cause le principe d’inconditionnalité de l’accueil dans ces structures : o Interpellation de M. le Préfet par courriers o Rencontre avec la Préfecture o Coalition de cause commune avec la FAS, la Cimade et les acteurs associatifs militants autour de la question de l’hébergement
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Réintégré les instances de démocratie sanitaire locales à commencer par la Conférence Régionale Santé Autonomie (CRSA), dans le cadre de laquelle des consultations pour le Ségur de la Santé ont été réalisées
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Appuyé l’Observatoire citoyen du Centre de Rétention (CRA) de Oissel dans leur travail de veille sur les aspects sanitaires et médicaux. Cet appui a donné lieu à une interpellation de l’ARS et du cadre de santé du Chu sur les questions de mise en œuvre de protocoles
sanitaires appropriés pour protéger les personnes retenues et les problématiques de santé mentale liés à l’enfermement et aux conditions de rétention particulièrement dures dans ce CRA. -
Continué à témoigner, de manière générale, des phénomènes de précarisation et d’exclusion. En alertant notamment sur l’apparition de « nouveaux précaires », personnes qui, faute d’un emploi ou de ressources suffisantes, ne peuvent accéder à un logement, à une mutuelle complémentaire ou dont le reste à vivre ne permet ni de s’alimenter correctement ni de se soigner.
Témoignage de Jordi, nouveau bénévole en novembre 2020 : « Il s’agissait de ma première maraude pour SPT - ma deuxième avec Médecins du Monde, en tant que chauffeur-accueillant (j’adore conduire ce camion !). J’avais déjà une petite expérience des maraudes et des soins de rue avec le samu social en Guyane, ce qui m’a permis d’être envoyé au front rapidement (mais sans précipitation aucune), et que dire !… si ce n’est que la bienveillance, l’écoute active et la disponibilité de Cécilia (& de Samy sur la maraude TdS) m’ont redonné foi en l’humanité (rien que ça). Ils m’ont accompagné et fait confiance, en restant toujours patients et disponibles envers la tonne de questions que j’ai pu leur poser. Les bénévoles que j’ai eu la chance de rencontrer (Sebastian, Adèle et Corinne) ont tous su faire preuve de cette même bienveillance & d’un vrai professionnalisme envers les personnes rencontrées. Je me suis tout de suite senti à ma place et épaulé si bien dans les moments de rush que dans les moments d’échanges et de débriefings post-intervention. Il est parfois difficile d’orienter efficacement les personnes et de satisfaire leur(s) demande(s) lorsque nous n’avons pas tous les réflexes et les connaissances des différents acteurs sociaux / de soins. Mais les bonnes réponses sont toujours à portée de main dans les différents classeurs et documentations. En tant que nouveau bénévole, je me suis senti acteur de nos actions et libre d’apporter certaines idées. Mes collègues se sont toujours montrés soucieux de mes ressentis & de mes interrogations, qualités malheureusement trop rares même dans le secteur médico-social & humanitaire. Je suis vraiment heureux d’avoir eu l’opportunité d’intégrer vos équipes, et j’espère pouvoir réitérer l’expérience jusqu’à ce que vous en ayez marre de moi. Merci encore ! »
Témoignage des personnes rencontrées en maraude : P. 56 ans, Français. En rue depuis ses 17 ans. Signalement des Restos du coeur qui nous demandent de passer le voir pour soins médicaux. Il nous apprend suite à un RDV au CHU (semaine dernière) qu’il devra probablement se faire amputer du pied. A un prochain RDV au CHU la semaine prochaine avec son chirurgien qui aimerait lui éviter l’amputation ; doivent essayer de trouver une autre alternative. Il nous parle de ses expériences de vie, de ses anciens emplois (forain, agriculture, petits jobs, …). A connu la rue dans beaucoup de différentes villes du pays (Orléans, Paris, Montpellier, Amiens, …). Bon contact, jovial, blagueur, agréable. Il s’intéresse beaucoup aux nouveaux bénévoles MdM et à leur vie personnelle « où est-ce que tu les trouves ces p’tits nouveaux ? ». Nous l’avons prévenu d’un prochain passage MdM avec médecin ce jeudi 05/11 pour changer son pansement. Le Lien essaie de lui trouver rapidement une place en LHSS.
Maraude du 9 novembre 2020, parc de l’Hôtel de Ville
La délégation a ouvert le programme de santé mentale et soutien psychosocial en direction des jeunes exilés et isolés en mars 2016 à Rouen (fermé fin 2018) et en juin 2016 à Caen. Responsable de Mission : Co-Responsable de Mission
Thierry CHOUBRAC (depuis 2016) Dominique DUMAND (depuis 2020)
Nombre total de bénévoles dédiés à cette action en 2018 :
Bénévoles médicaux et paramédicaux Psychologues, infirmiers, médecins
10
Bénévoles non médicaux 3
Chargés d’accompagnement, 7 prévention, soutien psychosocial
Salariés de la Délégation Régionale en appui : Coordinateur programme (depuis mai 2019) Travailleur social (depuis mars 2017) Coordinatrice régionale (depuis décembre 2019) Assistante de Délégation
Nicolas Foucher Nicolas Martine Marine Louvigny Sophie Benegis
➔ Budget 2020 : 131 037 €9 (7) Ce chiffre correspond à la file active de l’activité soit le nombre de patients différents
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Suite à une mission exploratoire menée sur l’agglomération caennaise fin 2015, les jeunes exilés isolés et en particulier les Mineurs Non Accompagnés (MNA), sont apparus comme une population vulnérable dont l’accès aux soins et aux droits de santé n’étaient pas pleinement effectifs. En 2016, Médecins du Monde a donc ouvert un programme de promotion de la santé auprès de ces jeunes, et l’accueil de jour appelé ici le « Local » a vu le jour au mois de juin de la même année. Le Responsable de mission bénévole, Thierry CHOUBRAC, et la première Coordinatrice du programme, Adeline TREHUDIC, ont eu à cœur d’initier une approche en santé communautaire où « le statut d’expert doit s’effacer au profit d’une posture de coproducteur de savoirs »10. Le programme s’est doté d’un deuxième salarié, professionnel du travail social en mars 2017 et d’une co-Responsable de mission en septembre 2019. Les actions en Santé Mentale et Soutien Psychosocial (SMPS) développées ici visent à amenuiser le mal-être de jeunes qui cumulent un sentiment de déracinement inhérent à leur situation d’exil, un parcours migratoire souvent émaillé de violences subies ou ressenties à quoi vient désormais s’ajouter une situation de rejet des dispositifs d’accueil de protection de l’enfance signifiant une mise à l’arrêt du projet d’installation. Les notions de souffrance psychique et de détresse psychologique sont ici au cœur des préoccupations de l’équipe et les passages à l’acte d’auto ou d’hétéro-agressivité, ainsi que toutes les formes de glissement vers une situation d’errance en rue sont les stades de gravité qu’elle cherche absolument à prévenir. L’arrivée croissante à partir de 2017 de très jeunes exilés en campement sur le littoral et en squat sur l’agglomération sera l’élément déterminant de la nécessité de se réinventer. L’équipe de Médecins du Monde de Caen commence alors un travail « d’aller vers » auprès des exilés aux conditions de vie précaires. Les objectifs de cet Aller-vers sont : -
le repérage des situations de danger l’information sur les droits l’intermédiation avec les dispositifs sanitaires et sociaux.
Le programme s’équipe à la même période d’un véhicule 9 places, ce qui rend concrètement possible l’activité mobile. Partenaires et institutions repèrent rapidement Médecins du Monde comme l’un des acteurs majeurs sur un champ d’intervention qui est principalement couvert par des collectifs d’initiatives solidaires et/ou militants. Sur cet axe, Médecins du Monde endosse alors un rôle d’interface entre les collectifs militants et les pouvoirs publics. Après cinq ans d’existence, le programme est au bout d’un cycle et a besoin de se resituer par rapport à son environnement et par rapport à ses objectifs de départ. C’est pour cela qu’une démarche de diagnostic est pensée dès fin 2019, avec comme visée la réécriture d’un programme qui se sent un peu à l’étroit dans son appellation commune de « Programme MNA de Caen ». La crise sanitaire va repousser la concrétisation de cette démarche qui ne verra finalement le jour qu’en 2021.
10
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Etude_Planete_publique_05_Sante_communautaire.pdf
✓ L’année 2020 se caractérise par une forte discontinuité dont nous pouvons classer les facteurs en deux catégories que voici : • Des facteurs endogènes : les mouvements de personnel au niveau de l’équipe salariée • Des facteurs exogènes : les mesures gouvernementales prises suite à la pandémie mondiale du COVID 19. Cette discontinuité est figurée ci-dessous à travers trois frises chronologiques :
Nicolas FOUCHER jusqu'au 31/09
Nicolas MARTINE jusqu'au 28/02
Avant COVID jusqu'au 17/03
•local ouvert en continu en semaine •permanen ces d'accueil 10-12h / 14-16h
vacance de poste du 01/10 au 10/12
Louis THEBAULT du 08/03 au 15/07 à 80%
1er confine ment du 17/03 au 25/05
•Fermeture du local •création d'un groupe What's App et de "l'aller vers"
Entre les périodes de confine ment
Nicolas MARTINE à partir du 10/12
Nicolas MARTINE du 01/08 au 08/12 à 80%
•Local ouvert avec protocole sanitaire strict •Accueil des jeunes sur rendezvous
2nd confine ment du 30/10 au 15/12
•Fermeture du local •Reprise de "l'aller vers" avec des binômes de bénévoles
Le « Local » n’a pu ouvrir que 21 semaines sur l’année 2020 au lieu de 46 semaines les années précédentes. Des modalités alternatives de lien auprès des bénéficiaires du programme ont du être inventées pour palier à la fermeture de l’accueil de jour, comme la mise en place de groupes de discussion sur l’application Whatsapp, encore actifs aujourd’hui. Le programme a compté entre 7 et 10 bénévoles de janvier à septembre, dont 5 bénévoles très actifs (« noyau dur »). Le 25 septembre a été organisée une réunion de recrutement de nouveaux bénévoles. Il y a eu 20 participants, 10 personnes intéressés et 5 d’entre elles ont intégré l’équipe.
Celle-ci était constituée de 12 bénévoles au 31 décembre 2020. Tableau des heures de bénévolat
Permanences + Aller vers accompagnements
Lien téléphonique
924h
162h
108h
Participation Responsables aux réunions de mission du programme 288h 440h
TOTAL
1922h
Pot de départ d'un des salariés au "Local" en février 2020, avant la pandémie de Covid-19
En termes de vie associative sur le programme, l’année 2020 a été marquée par une démarche d’auto-évaluation initiée et réalisée par les bénévoles (disponible sur demande), dans la continuité de l’approche participative promue sur l’ensemble du programme.
✓ En plus de l’intervention auprès des MNA, le programme s’est adapté aux problématiques des jeunes majeurs et à celles des migrants installés sur le littoral du Département et qui cherchent à rejoindre le Royaume Uni. 1. LES MNA La baisse des arrivées de MNA dans le Calvados, amorcée en 2019, s’est nettement accrue en 2020, suivant ainsi la tendance nationale. Tableau comparatif des MNA confiés aux CD en France et dans le Calvados
Années
Nombre de MNA confiés Nombre de MNA Nombre de MNA orientés aux Conseils confiés dans le Calvados dans le Calvados par la Départementaux Cellule de Répartition
2018 17 022 184 70 2019 16 760 176 49 2020 9 524 100 NA (sources : Rapports Annuel d’Activité de la Mission MNA – Ministère de la Justice) Cette baisse notable a des explications multifactorielles, mais nous pouvons présumer que la limitation de déplacement en lien avec la crise COVID en est la principale. Nous pouvons tout de même citer d’autres facteurs tels que le blocage des routes migratoires grecques puis italiennes ainsi que l’application en 2019 du Fichier d’Appui à l’Evaluation des Mineurs. 2. LES JEUNES MAJEURS EXILES Depuis fin 2018, les refus d’admission au séjour des MNA devenus majeurs sont très nombreux dans le Calvados. Lorsque ce n’est pas l’état civil qui est remis en cause par les services préfectoraux, le refus est justifié par des liens avec des membres de famille restés aux pays remettant en question l’isolement. Le refus d’admission au séjour est presque toujours accompagné d’une Obligation de Quitter le Territoire (OQTF). Les jeunes de nationalité guinéenne et malienne sont les premiers à faire les frais de cette politique de rejet. Ils voient alors leurs apprentissages en alternance s’arrêter en raison de la perte de l’autorisation de travail. Les autres peuvent poursuivre leur formation initiale, mais avec une pression énorme sur les épaules. La Plateforme MNA du Conseil Départemental fait le choix de poursuivre l’accompagnement de ces jeunes majeurs jusqu’au délibéré du recours devant le Tribunal Administratif, voire jusqu’à celui de la Cour d’Appel de Nantes. Nous estimons qu’au moins une vingtaine de jeunes sont dans cette situation fin 2020. Le 24 mars, les sorties des dispositifs de prise en charge sont suspendues par Adrien Taquet, secrétaire d’état chargé de l’enfance et des familles11. Elles le seront tout le reste de l’année 2020.
11
https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/covid-19-protection-de-lenfance
3. LES JEUNES EN TRANSIT Depuis 2017, plusieurs dizaines d’exilés, majoritairement de nationalité soudanaise et cherchant à rejoindre le Royaume Uni, se sont installés en campement informel sur la commune de Ouistreham et en squat sur l’agglomération de « Caen-La-Mer ».
Rassemblement en soutien aux migrants à Ouistreham, 6 novembre 2019 (Source : Ouest France) Le groupe oscille entre 50 et 150 individus avec un tiers d’entre eux que nous évaluons mineurs mais ne souhaitant pas se voir reconnus comme tels en France. En 2020, le nombre d’individus s’est maintenu sur la fourchette basse. Suite à l’annonce du 1er confinement, la Préfecture du Calvados a ouvert un centre d’hébergement dédié sur la commune de Tailleville, à 12 km de la zone portuaire. La Croix Rouge Française a été désignée comme opératrice de ce lieu et les jeunes n’ont pas vraiment eu d’autres choix que de le rejoindre (déploiement important de forces de l’ordre sur place avec bus spécialement affrétés). Ce centre a fermé en mai suite à la levée des mesures de confinement. Il a réouvert en novembre avec le second confinement. La gestion du lieu a été à ce moment confiée à l’opérateur Coallia. Les jeunes de Ouistreham refusent cette fois de s’y rendre, amenant l’équipe du centre à développe un travail de veille et à instaurer une relation de confiance. Quelques jeunes acceptent d’y être hébergés fin 2020. Le dispositif de passage légal des mineurs relevant de la procédure « DUBS » s’est arrêté fin 2019 et celui relevant de la réunification familiale s’est interrompu fin 2020 avec le Brexit. Parallèlement, pendant l’été 2020, le Préfet du Calvados a mobilisé les forces de l’ordre pour expulser les occupants de 12 squats sur Caen et ses environs12. Le collectif militant Assemblée Générale de Lutte Contre Toutes les Expulsions, à l’origine de ces occupations, a vu ici ses marges de manœuvre nettement entamées.
12
https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/autour-de-caen-deux-squats-deja-expulses-d-autres-cet-ete-6898028
✓ Environ 60 bénéficiaires uniques ont fréquenté notre accueil de jour sur l’année et y ont trouvé un service ou une information. C’est moitié moins qu’en 2019, cependant cet accueil n’a pu être ouvert que 21 semaines au lieu de 46 habituellement. En 2020, nous avons orienté 2 MNA primo-arrivants sur la Plateforme d’Accueil des MNA du Calvados, les arrivées ayant été drastiquement ralenties en raison de la pandémie de Covid et des mesures de confinement dans de nombreux pays d’Europe. Seulement 9 nouveaux MNA sortis de cette Plateforme nous ont été orientés en 2020 suite à un non-lieu à assistance éducative ou une fin de mise à l’abri, ce qui est un chiffre plus de 4 fois inférieur à celui de l’année précédente. Ces jeunes nous ont été directement orientés par la Plateforme ou par son opérateur qui gère la mise à l’abri. 4 de ces jeunes ont entamé un recours juridique en saisissant le Tribunal Pour Enfant (TPE) et 2 ont fait une demande d’asile en tant que majeurs. Les 3 autres ont quitté le département. 7 MNA que nous suivions déjà en 2019 ont eu une audience auprès du Juge Des Enfants en 2020 et 4 d’entre eux ont été rétablis dans leur minorité à l’issue de celle-ci. Les 3 autres sont devenus majeurs sans jamais avoir été pris en charge. Nous avons aidé 27 jeunes majeurs ayant tous eu un lien avec la Plateforme MNA à un moment de leur parcours. C’est parmi ces jeunes que nous avons remarqué les formes les plus graves de détresse psychologique, notamment chez deux d’entre eux dont nous reparlerons plus bas. Nous avons continué de suivre deux jeunes majeurs rencontrés sur des squats et campements d’exilés en transit vers l’Angleterre en 2018-19 et dont le niveau de détresse psychologique avait nécessité des soins hospitaliers en santé mentale. Un jeune de 14 ans que nous avions rencontrés sur le campement de Ouistreham et orienté vers le Plateforme MNA en 2019, a bénéficié de la dernière place permettant le passage légal vers l’Angleterre au titre de l’amendement DUBS. Il a rejoint une famille d’accueil anglaise en février 2020.
✓ Tout jeune qui se déclare MNA dans le département passe un entretien de mise à l’abri qui aboutit très souvent à une prise en charge dans un des trois établissements dédiés à cet effet et qui sont situés en milieu rural. Le plus éloigné est à 1h30 de route de Caen. L’évaluation débute alors et va durer d’un à trois mois en fonction de la capacité du jeune à se procurer des documents d’état civil et de la Brigade Mobile de Recherche à analyser ces derniers. 1.
LES DISPOSITIFS DEDIES A L’EVALUATION
En 2019, la Plateforme MNA du Conseil Départemental du Calvados, qui travaillait avec deux opérateurs sur la mise à l’abri des jeunes en évaluation, a lancé un nouvel appel à projet sur son centre le plus important13. Les structures dédiées à la mise à l’abri des MNA en évaluation :
13
http://www.infomie.net/IMG/pdf/cahier-des-charges-appel-a-projets-mise-a-l-abri-mna-avec-annexes.pdf
Sites : Nombre places : Opérateur :
Missy de 76 places
Perrou
Clinchamps
38 places CD14 et 50 12 CD61
AROEVEN puis PEP 50 à partir PEP 50 de février 2020
AROEVEN puis PEP 50 à partir d’octobre 2020
Le faible nombre d’arrivées en 2020 et le manque de places sur les services de prise en charge des jeunes reconnus MNA (Service d’Accompagnement des mineurs isolés étrangers de FTADA), ont eu pour conséquence qu’une de ces structures, celle de Missy, s’est progressivement transformée en lieu de prise en charge, alors qu’elle n’était pas prévue à cet effet. A noter que ces structures disposent d’un temps infirmier et d’un psychologue et que le dépistage des maladies infectieuses y est systématiquement pratiqué. Lors des premiers jours de prise en charge, les jeunes mis à l’abri ont donc accès à une radio pulmonaire, souvent à l’hôpital de Flers qui est le plus proche du site de Perrou, ainsi qu’à des dépistages sérologiques VIH et VHB. L’Infirmier Diplômé d’Etat de chaque site coordonne les soins lorsque c’est nécessaire. Le psychologue peut être mobilisé sur demande des jeunes. 2. LE FICHIER D’APPUI A L’EVALUATION DES MINEURS (AEM) Le recours au relevé d’empreintes en Préfecture dans le cadre de l’AEM est effectif dans le Calvados depuis septembre 2019. Moins d’un jeune sur dix apparait dans les fichiers consultés (AGDREF et VISABIO). Le seul fichier qui révèle des éléments est celui des visas. Environ 2/3 des jeunes concernés apparaissent avec un visa de majeur ; dans ce cas il est directement prononcé une fin de mise à l’abri. Nous avons suivi 2 de ces jeunes sur 2020 dont une jeune fille. Ils ont finalement été rétablis dans leur minorité suite à une saisine au Juge Des Enfants. Dans l’un des cas, le Juge a reconnu un haut niveau de compétences en matière de production de faux documents, et a établi que le jeune avait bien l’âge qu’il déclarait et non celui figurant dans VISABIO. 3. LES DROITS A L’ASSURANCE MALADIE Des droits à l’Aide Médicale d’Etat (AME) sont ouverts dès les premiers jours de mise à l’abri pour les jeunes qui se déclarent MNA. La Plateforme MNA et la CPAM 14 ont signé une convention qui permet d’ouvrir des droits en urgence en moins d’une semaine. Si le jeune n’a pas reçu sa carte avant la fin de son évaluation, nous arrivons à la récupérer auprès de la CPAM. Nous avons effectué huit renouvellements d’Aide Médicale d’Etat (AME) au cours de l’année. Le traitement des dossiers a pris entre 1 et 2 mois. La centralisation des caisses a amené un changement de pratiques par le refus des dossiers des personnes se déclarant sans ressources, chose qui n’existait pas auparavant.
Le 16 mars 2020 les permanences de l’accueil de jour de MDM14 ont été suspendues en raison du contexte sanitaire et des mesures gouvernementales. 14
Voir en annexe l’article de la Newsletter MDM Normandie par Thierry Choubrac
1. LES ACTIVITES MENEES •
Plan de continuité
Mise en place d’un suivi social individuel des jeunes par téléphone avec comme souci premier l’accès à l’hébergement et à la nourriture. Poursuite de l’accompagnement des jeunes dans leurs parcours de soins. Poursuite de l’intermédiation entre jeunes et les avocats pour la constitution des dossiers de recours ou d’appel. Lien avec les enseignants pour transmettre le « travail à la maison ». Lien continu avec l’Equipe Mobile de Psychiatrie Précarité (EMPP) et discontinu avec les équipes de l’Etablissement Public de Santé Mentale (EPSM) sur deux situations décrites en annexe (voir vignette sur Kamara et sur Farshid). Mise en place d’un groupe WhatsApp pour le maintien du lien et de la dynamique de groupe.
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Nouvelles activités
Développement de l’« aller-vers » une à deux fois par semaine afin de maintenir un minimum de lien physique, rompre l’isolement social, répondre aux besoins matériels les plus urgents (vêtements, produits d’hygiène…) et évaluer leur niveau de bien-être/mal-être. Les membres de l’équipe apportent un soutien psychosocial ou font le lien avec des structures de santé mentale si nécessaire. Ces interventions mobiles sont réalisées par un binôme socio-médical (travailleur social accompagné par un bénévole médecin et/ou professionnel de la santé mentale). Mise en place d’une permanence téléphonique « santé mentale » pour les jeunes du programme par Thierry Choubrac (Psychiatre) et Marie Thomas (Psychologue) pour soutien et orientation si besoin.
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Coalitions de causes communes
Liens plus étroits avec la Croix Rouge Française pour ce qui concerne la prise en charge des jeunes de Ouistreham sur le site de Tailleville. Intervention sur site rendues possibles pour informer les jeunes sur leurs droits sur le territoire français. Point régulier fait avec les militants intervenants sur les squats pour mieux comprendre les enjeux sanitaires.
2. L’IMPACT DU PREMIER CONFINEMENT •
Sur les bénéficiaires
Pour les jeunes en cours d’évaluation de minorité au moment, le Conseil Départemental assure une continuité de la mise à l’abri. La sortie des dispositifs en cas de contestation de la minorité ne se fera qu’à la sortie du confinement. Parallèlement, très peu de jeunes sont arrivés sur cette période. Pour les MNA en général, il y a une crainte d’être ralentis dans les démarches consulaires ou la formation professionnelle avec des conséquences irrémédiables sur la délivrance de titre à la majorité. L’hébergement d’urgence a vécu une véritable révolution lors de ce premier confinement : le système de rotation, vecteur de contamination et de stress chez les personnes, a été abandonné. L’hébergement est également devenu continu tout au long de la journée sans remise à la rue le matin. L’AME a été prolongée pour les personnes dont les droits étaient arrivés à échéance pendant la période de confinement et les Caisse Primaires d’Assurance Maladie (CPAM) ont rendu la télétransmission possible afin d’éviter les rendez-vous en agence. Quelques jeunes hébergés sur ces structures ont été transférés en centre de desserrement et l’ont vécu assez violemment pour certains. Les jeunes souhaitant rejoindre le Royaume Uni ont dû mettre un coup d’arrêt à leur projet, car les traversées en Ferries étaient tout bonnement interrompues. •
Sur le programme
Décision de changer de local, car le lieu ne permettait pas de réunir les conditions requises pour minimiser les risques de contagion. Le préavis sera donné au propriétaire du « local » historique en septembre 2020. Démonstration de la grande adaptabilité de l’équipe : Pour échanger entre nous : développement des outils numériques de communication de type téléréunions Pour conserver le lien avec le public visé : réseaux sociaux, équipes mobiles.
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Sur l’environnement extérieur
Pendant le premier confinement, une dizaine de squats subsistent dans la région caennaise : depuis la mise en place des mesures gouvernementales, la plupart des associations qui intervenaient en squats ont suspendu leurs activités. Seuls subsistent l’intervention de Trait d’union, le service de Maraude de l’ACSEA et celle des collectifs citoyens, avec des moyens et des effectifs très variables et peu coordonnés
L’équipe sanitaire mobile locale a été mise en place par la PASS de Caen (Clinique de la Miséricorde) avec l’appui d’une association locale de médecins bénévoles intervenant régulièrement en renfort sur les permanences de la PASS
Tableau des orientations et des accompagnements : Domaines
SANTE
Nombre 21 d’orientations Nombre 92 d’accompagnements
JURIDIQUE
SCOLARITE
15
7
DEMARCHES ADMINISTRATIVES 26
8
26
49
>> FOCUS SUR LES BESOINS PRIMAIRES L’HEBERGEMENT Presque tous les jeunes qui participent au programme n’ont pas leur propre logement. Certains profitent de l’internat scolaire en semaine et cherchent des solutions les week-ends et vacances. La fermeture des établissements scolaires pendant les confinements a contraint ces jeunes à trouver des solutions d’hébergement tous les jours de la semaine. D’autres profitent de l’hébergement de jeunes qui sont pris en charge sans que cela ne soit autorisé. D’autres encore sont chez des hébergeurs solidaires qui hébergent plusieurs jeunes en même temps ou chez des personnes qu’ils ont rencontré en ville ou à l’école ou chez des membres de leur communauté installés sur Caen. Quelques jeunes ont également trouvé refuge dans les squats en 2020, même si ces derniers étaient principalement proposés à des familles avec enfants (sauf celui d’Hérouville qui abritait des jeunes de Ouistreham). Lorsque tout cela n’est pas possible, les jeunes nous sollicitent pour être orientés sur les Centre d’Hébergement d’Urgence par le biais du 115. Pendant les périodes de confinement, l’accueil sur ces structures a été continu tout au long de la journée et continu tout au long du confinement. Le Centre du Plan Hivers appelé « Vanier » avec une capacité de 60 places est resté ouvert tout au long de l’année 2020. Parmi ces jeunes, ceux qui ont été testés positifs au COVID ou désignés comme cas contacts ont été transférés sur un centre le desserrement de Carpiquet. L’ALIMENTATION Le CCAS dispose d’un restaurant social dont l’accès pour nos jeunes se fait par l’accueil de jour du même CCAS appelé « La Boussole ».
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3106 kg de denrées dites « produits secs », c’est-à-dire produits non frais provenant de la Banque Alimentaire 14, ont été distribués aux personnes fréquentant le local MdM 60 shampoings ainsi que des produits d’hygiène 60 savons 50 dentifrices 176 couches bébés (produits manquant cruellement aux familles exilées vivant en squat et rencontrées lors de nos aller vers)
Petite épicerie gratuite en accès libre jusqu’au 1er confinement et en accès limité après en raison des risques sanitaires. Denrées distribuées sous forme de colis pendant les périodes de confinement avec des masques, du gel hydroalcoolique et des attestations de déplacement.
>> DES MODALITES D’ACTION EN EVOLUTION 1. LES REUNIONS DE SITUATION Les réunions de situation regroupent tous les membre de l’équipe une fois par semaine sur le temps du midi pendant 1h30. Elles ont vu le jour fin 2019 à l’initiative à l’issue d’une série de séances d’Analyse des Pratiques (ADP) et en réponse à un manque flagrant de temps d’échange collectif sur les situations rencontrées. Dès le début, elles ont fait l’objet d’une note écrite qui encadre la teneur des échanges, leur visée et précise les garde-fous, notamment ceux autour de la sensibilité des informations échangées et de l’éthique de discrétion qui en découle. La dizaine de séances qui s’est tenues jusqu’à début 2020 a rencontré un vif intérêt et un fort taux de participation. La crise COVID et les mouvements en ressources humaines ont mis un coup de frein à ces temps d’échange et ils ne sont réapparus qu’en août 2020 avec la réouverture progressive de l’accueil de jour. Ces réunions s’apparentent fortement à des réunions cliniques dans le sens où, outre les mises à jour nécessaires sur les situations des jeunes, elles cherchent surtout à ouvrir un espace de partage d’observations et de ressentis. L’intersubjectivité ainsi rendue possible va permettre un bon niveau de compréhension des problématiques rencontrées et ainsi une meilleure élaboration des axes de travail au sein de l’équipe ou dans une dynamique d’orientation ou d’intermédiation avec les services existants. Les salariés sont souvent organisateurs de ces temps de réunions par leur connaissance plus régulière et plus techniques des situations des jeunes qui fréquentent le programme. Le Responsable de Mission Thierry Choubrac, pédopsychiatre de métier, est systématiquement présent à ces réunions. Il refuse d’intervenir en tant qu’“expert” ou “sachant” en matière de santé mentale, mais nourrit indubitablement les échanges de son expérience et de ses connaissances.
2. LE SUIVI PAR BINOMES : L’intégration dans l’équipe de cinq nouveaux bénévoles en octobre a été suivie de peu par l’annonce du second confinement et donc de la re-fermeture de l’accueil de jour. Forte de l’expérience du premier confinement, l’équipe s’est vite mise en “ordre de bataille” et des binômes constitués d’un nouveau et d’un ancien bénévole se sont formés pour permettre une transmission par des pairs et pour aller à la rencontre des jeunes à l’endroit où ils se trouvaient confinés. L’effet dynamique de ce fonctionnement doublé du retour régulier des observations lors des réunions de situation, a donné lieu à la constitution d’un groupe soudé qui a permis de
dépasser les difficultés (vacance du poste de coordinateur et re-fermeture de l’accueil de jour) du moment et aussi d’amorcer une volonté seine et durable de valoriser et formaliser son action en matière de Santé Mentale et de Soutien Psychosocial Vignettes de jeunes en situation de grande détresse psychologique (les prénoms ont été modifiés): Kamara est un ancien MNA sierra léonais de 20 ans arrivé en France à 15 ans. Il a eu un CAP en cuisine et fréquente MDM depuis un an et demi de manière très régulière, quasi-quotidienne. Il dort en squat depuis sa fin de contrat jeune majeur fin 2018. Il tente d’introduire une demande d’admission au séjour auprès de la Préfecture du Calvados, mais l’absence de passeport gêne cet enregistrement. Kamara semble assez autonome dans ses démarches et ne sollicite pas d’aide. Fin 2019, nous observons un changement de comportement chez lui avec un espacement de ses passages, avec un langage parfois confus et une agitation psychomotrice accompagnée de montées d’agressivité. Il pense que la Mairie a sa carte d’identité française et que la Préfecture « joue » avec lui. Deux passages à l’acte vont alors déclencher des problèmes administratifs et judiciaires en cascade : Kamara ira consommer nourriture et alcool dans un supermarché, jusqu’à intervention du vigil puis de la police. Il se justifie de la sorte : « vu que je n’ai pas le droit de travailler et que j’ai besoin de manger, je ne devrais pas avoir à payer mes courses ». Les marques sur son corps reflètent la violence de l’interpellation. Il s’en sortira avec une comparution immédiate et un rappel à la loi. Peu après, Kamara obtient enfin un récépissé d’enregistrement de sa demande de titre de séjour. Il se rend compte que ce document ne l’autorise pas à travailler et décide derechef de repartir à la Préfecture. Nous ne le reverrons pas avant 4 mois et apprendrons qu’il avait eu un comportement agressif au bureau du séjour, qu’il avait à nouveau comparu devant un magistrat et avait été déféré pour 3 mois en maison d’arrêt à Caen. Entre temps, la Préfecture du Calvados, échauffée par ces troubles à l’ordre public, a émis un refus d’admission au séjour avec OQTF assortie d’une IRTF. Kamara sera donc transféré en Centre de Rétention Administrative (CRA) à sa sortie d’incarcération. Au bout de quelques jours, Le CRA ferme ses portes pour cause de pandémie. Kamara se retrouve alors en errance dans les rues parisiennes. Une prise en charge médicale aura lieu et se terminera par une hospitalisation sous contrainte en établissement de santé mentale. Le médecins psychiatre fera le lien avec nous et Kamara reviendra à Caen en juin. Après la prison, le CRA et l’hospitalisation en psychiatrie, Kamara vivra un nouvel épisode délirant sur une structure de mise à l’abri en octobre et les professionnels du centre demanderont une nouvelle hospitalisation sous contrainte à Caen. Au niveau du suivi en santé mentale, MDM fait de l’intermédiation entre l’EMPP, le CMP et le jeune. La question de l’adhésion à la prise en charge et au traitement demande énormément d’investissement. Au niveau administratif, MDM a fait une demande de kit de protection contre l’éloignement auprès du collège de médecins de l’OFII avec l’appui technique de la juriste de l’ASTI14. Cette demande est d’ailleurs revenue avec un avis favorable. Au niveau de l’hébergement, MDM fait des demandes de prise en charge hôtelière au 115 à partir de novembre 2020. Au niveau de l’assurance maladie, MDM tente de rétablir des droits a posteriori pour effacer la dette hospitalière liée à l’absence de couverture maladie sur la période de la première hospitalisation. Au niveau psychosocial, MDM a un rôle majeur pour ce jeune qui commence à montrer des signes de marginalité et d’errance en rue.
Farshid est un jeune Afghan arrivé avec ses 3 frères mineurs fin 2018. Seul à ne pas être reconnu mineur, Farshid était en effet en possession d’un passeport qui lui conférait l’âge de 18 ans. La structure d’évaluation des MNA qui l’avait accueilli nous a remis une copie de dossier de prise en charge en établissement santé mentale en Serbie. La mère est arrivée avec trois mois de décalage et ses 3 enfants mineurs lui ont été remis. Farshid les a rejoints et la famille a réussi à intégrer un grand squat où résidaient plusieurs centaines de personnes, faute de place sur des structures pour demandeurs d’asile. Nous avons été interpellés à plusieurs reprises par les militants et habitants du squat pour des faits de violence de Farshid sur sa mère. Thierry Choubrac, en tant que psychiatre est venu constater l’état de détresse psychologique de Farshid et recueillir les témoignages de sa mère et de ses frères. Cela l’a conduit à demander des Soins Psychiatriques à la Demande d’un Tiers (SPDT) en 2019. En 2020, la famille de Farshid est prise en charge dans un CAO à 20km de Caen mais Farshid en a été exclus au bout de 24h pour cause d’agressivité. Farshid dort alors au 115 mais se fait renvoyer de deux foyers pour incompatibilité et de faits de violence. Il se retrouve alors à la rue et sa mère en est effondrée. MDM interpelle l’OFII pour lui signifier l’extrême précarité de la situation ainsi que la mise en danger du jeune homme. L’OFII consentira alors à débloquer des nuitées d’hôtel. La situation va ainsi perdurer une bonne partie de l’année 2020 avec un service social, la SPADA qui craint Farshid et qui passe par nous pour gérer le dossier (retrait de courrier, rdv Dublin, retards d’ADA, récit d’asile…). Le lien de notre programme avec l’EMPP sur cette situation a encore une fois été très resserré, autant pour suivre Farshid que pour soutenir sa mère. Par contre, l’adhésion aux soins a été rapide et continue de la part du jeune. La situation semblait à peu près stable jusqu’à une journée de septembre où nous apprenons par la presse qu’un jeune Afghan a fait une chute de 12m des remparts du château de Caen. Nous retrouvons Farshid au CHU avec de multiples fractures. Il pourra nous dire que ce sont des voix intérieures qu’il entend depuis l’enfance qui lui ont commandé de sauter. Une longue convalescence va alors débuter et les séquelles physiques seront finalement minimes. Nous serons entendus par la police lors de l’enquête pour déterminer les causes de cette chute.
La gouvernance au niveau régional s’articule autour de différentes instances locales.
LA DELEGATION REGIONALE La Délégation Régionale de Médecins du Monde est une entité statutaire représentant l’association sur un territoire. Elle est garante de ses valeurs et elle est responsable des actions développées sur son territoire. Son rôle est de : Déployer ses actions sur le territoire, en fonction des axes stratégiques retenus pour son projet territorial et en lien avec la politique nationale de l’association MdM Coordonner les activités de l’association sur l’ensemble de la région Représenter MdM auprès des bailleurs de fonds, des décideurs politiques et des sièges associatifs etc. Animer la vie associative Mener des actions de plaidoyer et de témoignage Rechercher des fonds ainsi que de gérer le budget régional.
LE COLLEGE REGIONAL Il est élu, tous les trois ans, par tous les adhérents du territoire pour assurer le travail de la délégation. Il est composé de 7 membres maximum, qui élisent en son sein les membres du bureau, à savoir : le délégué régional, le trésorier et le secrétaire. Ces derniers se réunissent toutes les semaines. Le collège régional quant à lui se réunit une fois tous les deux mois.
LE RESPONSABLE DE MISSION (RM) C’est un bénévole adhérent. Son mandat est approuvé par le siège sur validation du collège régional. Le Responsable de Mission partage la coresponsabilité d’un projet avec le coordinateur régional ou général. Sur
le projet, il va participer au recrutement et à la formation de l’équipe bénévole, coordonner les actions et s’assurer de leur cohérence. Le RM s’engage à participer à la vie associative et à respecter les axes stratégiques de la délégation à qui il doit rendre compte de l’évolution et du développement de son programme.
LES BENEVOLES ADHERENTS Ils paient une cotisation annuelle d’un montant de 35€. Ils peuvent participer aux différentes instances décisionnelles et de réflexion de l’association, tels que l’Assemblée Générale, l’Assemblée Régionale (l’élection des membres du Collège Régional), les différents Groupes de travail etc.
Un Collège Régional élu en avril 2019 par les adhérents normands de l’association • • •
Bernard VIGIER, Délégué Régional Pascal LISSOT, Secrétaire Régional Corinne LUSSAULT, Trésorière régionale
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Nadine FEUILLOLAY Mireille VACHE-PICAT Marie THOMAS
4 Programmes en Normandie et leurs responsables de mission bénévoles (RM) •
Réduction des risques auprès des travailleurs-euses du sexe à Rouen, Delphine MARAVAL
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Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation à Rouen avec des actions transversales de prévention, Michel REDONNET et Nadine FEUILLOLAY
111 bénévoles sur la Normandie ayant effectué environ 5056 heures de bénévolat (contre 11 586 en 2019).
• Veille sanitaire auprès des gens de la rue (Soins Pour tous) à Rouen, Bruno TANCRE (jusque juillet) puis interim provisoire Tony PUGIBET Santé mentale et soutien psychosocial à Caen auprès des adolescents exilés et isolés, Thierry CHOUBRAC et Dominique DUMAND
Parmi ces bénévoles nous comptons une grande diversité de compétences : médecins, infirmiers, pharmaciens, étudiants en médecine ou IDE, chargés d’accueil, travailleurs sociaux, animateurs de prévention, interprètes, professionnels de l’information et de la communication etc. Et aussi des personnes issues des communautés, bénévoles paire.s
En 2020 l’équipe permanente était constituée de 6 salariés et 1 stagiaire : • • • •
Sophie BÉNÉGIS Assistante de délégation Cécilia NGUYEN Coordinatrice de programmes CASO, SPT et RdR-TDS (Rouen) Nicolas FOUCHER Coordinateur du programme adolescents exilés et isolés Nicolas MARTINE Travailleur social auprès des adolescents exilés et isolés puis Coordinateur de programme (Caen)
• • •
Marine LOUVIGNY Coordinatrice régionale Samy SLIMANI Chargé de projet accueil social et prévention (Rouen) Laëtitia LECOMTE Stagiaire en communication
NOS COMPETENCES PLURIDISCIPLINAIRES D’HUMANISTES ENGAGES Les missions reposent sur l’engagement non rémunéré de professionnels : Des soignants : médecins généralistes et spécialistes, dentistes, infirmiers-ères, psychologues. Des non soignants : professions paramédicales, enseignants, étudiants en sciences humaines, formateurs, interprètes, sans emplois, fonctionnaires de l’État etc. Et des personnes concernées par nos actions et qui deviennent acteurs de la santé de leur communauté en s’engageant : demandeurs d’asile, migrants, personnes en situation de précarité, etc. En vue de faciliter le travail en équipe, des réunions hebdomadaires sont programmées à Rouen, dans le but de faire le point sur nos actions en cours et à venir.
LE RECRUTEMENT DES EQUIPES Le bénévolat à Médecins du monde est encadré par un processus de recrutement visant à garantir que les personnes rejoignant les équipes partagent les mêmes valeurs et qu’ils adhèrent au projet associatif. L’exigence dans le recrutement est aussi un gage de professionnalisme. Réunion d’information : elle est organisée dans nos locaux tous les trimestres une réunion d’information destinée à toutes personnes intéressées par un investissement bénévole au sein de MdM. Cette dernière est animée en général par deux membres du Collège afin de présenter l’association, les valeurs, les principes de travail et les différentes actions. Cette rencontre est l’occasion de déterminer les attentes et les motivations du bénévole tout en étant vigilant à ce que leur projet de collaboration corresponde au plus près aux valeurs de MdM. Guide du bénévole : Suite à cette première réunion un guide du bénévole est remis à chacun, ainsi que la Charte du bénévole, à signer pour symboliser l’adhésion aux valeurs de l’association. Par ailleurs, les coordonnées de la personne et ses disponibilités sont enregistrées dans une fiche de « demande de bénévolat ». L’inscription sera définitive une fois la période de parrainage écoulée. Parrainage : La personne qui souhaite s’engager comme bénévole dispose tout d’abord d’une période de « parrainage » allant de deux à trois mois. Pendant cette période, la personne est encadrée et formée sur un ou plusieurs programmes par un bénévole confirmé, le plus souvent le Responsable de Mission. Cette période arrivant en terme, un entretien individuel permet de vérifier les motivations et l’engagement du professionnel et de confirmer son inscription comme bénévole de notre structure.
NOS FORMATIONS 2020 Pour l’année 2020, plusieurs formations ont eu lieu à Rouen et à Caen. Les méthodes utilisées sont inspirées de l’éducation populaire pour animer la majorité des formations. Chaque session dure environ 3 heures et est animée soit par des intervenants externes pour des thématiques spécifiques, soit par des ressources internes.
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Intitulé de la formation
Objectifs et déroulé
Formation sur les pratiques Echanges sur le cahier des charges et les pratiques des TROD des TROD et prévention - Mise en pratique du TROD (révision) SSR pour le CASO - Retours d'expériences sur l'espace de prévention diversifiée au CASO 18 février 2020 (6 bénévoles) Formations Accueil social Echanges de cas pratiques concernant le pôle Accueil social au CASO 27 janvier 2020 (10 bénévoles) et 26 février (7 bénévoles) Formation « Sans papiers - Révision de la terminologie mais pas sans droits » - Passage en revue de l’ensemble des droits possibles ou non pour 30 septembre et 2 octobre les personnes sans-papiers (droit au séjour, à la santé, à déclarer 2020 (10 participants) ses impôts, à la scolarité, à la domiciliation, aux minima sociaux, à -
un compte bancaire, au travail…) Les structures d’orientation et d’accompagnement sur le territoire
Formation Octobre rose sur le dépistage organisé des cancers (animée par asso Emma 76) 6 octobre 2020 (12 bénévoles) Formation Accueil social Dispositifs orientation et droits santé 25 octobre et 2 novembre 2020 (12 participants)
Info-sensibilisation sur les dépistages des cancers du sein, du col de l’utérus et du colon
Formation sur les bases de la RdR et les dispositifs d'orientation
- Comprendre le positionnement de MdM sur la santé et les droits des TDS - S'approprier les bases de la RdR - Mieux connaitre les dispositifs sur le territoire : orientation et information
25 février 2020 (10 part) Formation sur les droits et travail du sexe animée par le programme Jasmine 12 décembre 2020 (8 participants)
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Info-sensibilisation sur les dispositifs d’orientation (vers quelles structures orienter en fonction des demandes) Info-sensibilisation sur les droits à la santé (système de protection sociale, couvertures maladie…)
Rappel des différents positionnements idéologiques (réglementariste, abolitionniste, prohibitionniste…) Régime juridique français Positionnement de MdM, l’impact de la pénalisation du proxénétisme et des mesures répressives (au-delà de la pénalisation)
En 2020 les temps de réflexion qui ponctuent habituellement l’année et permettent de réunir les forces vives de la délégation n’ont pas pu avoir lieu en raison des mesures de lutte contre la pandémie. Une journée annuelle était prévue le 12 septembre mais a dû de l’être annulée du fait de la 2eme vague.
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JOURNEES THEMATIQUES DE MOBILISATION CITOYENNE Organisation d’une soirée débat sur les enjeux de santé sur le territoire rouennais avec les candidats à l’élection municipale, Février 2020
Manifestation devant la Préfecture de Seine Maritime en faveur de la régularisation des Sans-papiers, mai 2020
Manifestation en soutien à l’hôpital public, Juin 2020
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Mobilisation « La rue tue » en dénonciation des remises à la rue suite à la fin de l’état d’urgence sanitaire, Juillet 2020
Marche des Solidarités, octobre 2020
CHANTIERS INTERNES AUTOUR DE L’ENGAGEMENT CITOYEN ET DU PARCOURS BENEVOLE Le bénévolat et l’animation de la vie associative interne à Médecins du Monde est une part importante de l’action de la délégation tout au long de l’année. En 2020 la pandémie et les mesures de lutte contre cette dernière (confinements, couvre-feu, mais aussi mise en application de gestes barrières et de protocole sanitaire) ont grandement impacté la vivacité du bénévolat dans tout le secteur associatif, y compris chez Médecins du Monde. Outre les craintes liées à la transmission, qui ont amené certains bénévoles à préférer se mettre en retrait, l’évolution incertaine de l’épidémie tout au long de l’année a mis à mal l’organisation des temps fort habituels qui entretiennent et animent le bénévolat à titre individuel et collectif. Toutefois en 2020 la délégation Normandie a avancé sur plusieurs chantiers de fond en matière de vie associative et militante : ➢ Refonte du parcours bénévole pour améliorer l’intégration et le suivi des nouveaux bénévoles (et optimiser la durée de vie du bénévolat à MdM) dans une optique de décloisonnement entre équipes : mise à plat des différentes étapes du parcours et de la 97
répartition des rôles dans le suivi des bénévoles, harmonisation du parcours pour tous les bénévoles quel que soit le programme sur lequel ils s’impliquent, points d’étape, renouvellement des outils de suivi… ➢ Renouvellement des canaux de recrutement de bénévoles : o
Travail sur le recrutement plus régulier de bénévoles sur la base de besoins (recherches de profils plus spécifiques : médecin, communicant, chauffeur, etc). o Déploiement de nouvelles plateformes de recrutement de bénévoles ▪ Bénévolt ▪ Citizens : plateforme issue d’une initiative rouennaise mettant en lien des salariés d’entreprises implantées sur le territoire et des associations locales o Tentative d’aller vers le public étudiant lors de la rentrée universitaire mais avec le Covid les forums étudiants ont été annulés ou se sont déroulés à distance
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Rapports financiers par programme Bilan Covid TDS Lettre ouverte co-rédigée par des TDS adressée à la Préfecture