Rapport Moral de Médecins du Monde - Édition 2018

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Édition 2018



SOMMAIRE 4. 8. 10. 12.

LE MOT DU PRÉSIDENT EN CHIFFRES AXES PRIORITAIRES PLAIDOYER ET CAMPAGNES

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PROGRAMMES INTERNATIONAUX 20. AFRIQUE DU NORD ET MOYEN-ORIENT 24. AFRIQUE SUBSAHARIENNE 30. AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES 34. EURASIE 40. OPÉRATION SOURIRE

42. OPÉRATIONS FRANCE 44. OBSERVATOIRE DE L’ACCÈS AUX SOINS 46. ACCÈS AUX DROITS ET AUX SOINS ANTÉ DES PERSONNES À LA RUE ET MAL LOGÉES 50. S 52. MIGRATION 54. SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE 55. RÉDUCTION DES RISQUES 56. ENFANCE VULNÉRABLE 58. OUTRE-MER 60. DÉLÉGATIONS RÉGIONALES 62. 64. 70. 72. 74. 76.

ADOPTION RÉSEAU INTERNATIONAL FINANCEMENT RELATIONS INSTITUTIONNELLES ORGANISATION REMERCIEMENTS


LE MOT DU PRÉSIDENT

Dr Philippe de Botton Président Médecins du Monde

Comment raconter la nécessaire adaptation d’une ONG médicale dans un monde soumis à de puissantes forces contradictoires ? Un monde tiraillé entre un libéralisme débridé, producteur d’immenses richesses pour certains, et l’abandon de groupes entiers de populations, contraints de renouer avec des stratégies de survie d’un autre temps. En 2018, la scène internationale est marquée par le retour en force des autocrates, au Brésil récemment. Par la montée de l’extrême-droite en Autriche, en Italie, en Bulgarie et la présence de gouvernements ultra nationalistes en Hongrie ou en Pologne. Aux États-Unis, le président Trump poursuit l’exercice brutal, imprévisible et unilatéral du pouvoir. D’autres pays sont touchés par la dérive autoritaire, à l’exemple de la Tanzanie ou des Philippines. Trop souvent,

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le repli sur soi est revendiqué par les pouvoirs politiques qui s’appuient sur des mouvements ethniques et religieux, à l’instar de l’Inde ou de la Birmanie, ou sur la migration présentée comme une dangereuse invasion justifiant le rejet et l’érection de murs. Pour la plupart des acteurs au pouvoir, la paix, la réduction de la fracture sociale ou la lutte contre le dérèglement climatique semblent secondaires. Certes, 2018 a vu la signature de l’accord de réconciliation entre l’Érythrée et l’Éthiopie, la dépénalisation de l’homosexualité et de l’adultère en Inde, la légalisation de l’avortement en Irlande ou la poursuite du groupe Lafarge pour crime contre l’humanité en Syrie. Certes, une prise de conscience politique

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et citoyenne émerge. Mais elle n’est pas encore suffisante pour infléchir les stratégies dominantes. Année deux du quinquennat Macron, 2018 restera comme la consécration de la rupture du contrat social à la française. Entre ceux qui comptent et ceux de peu. Ceux qui valent et ceux qui coûtent. En 2018, 566 personnes sans abri (soit 1,5 personnes par jour) sont mortes dans les rues françaises. D’autres connaissent le dénuement absolu et l’errance. Des années de vie sont perdues. Des enfants voient leurs droits élémentaires et essentiels bafoués : logement, alimentation en quantité et qualité, scolarisation, soin, sécurité, justice, dignité. Des adultes sont relégués à la marge de la société. Ils doivent s’accommoder de halls d’entrée, de tentes

ou d’abris dérisoires. Des familles trouvent refuge dans des squats, des bidonvilles, des véhicules, des hôtels de misère. Chacun improvise une survie quotidienne. Tous vivent des humiliations répétées, l’exclusion, le harcèlement. Face aux enjeux de santé qui dans ces contextes injustes, violents, douloureux, ne cessent de se multiplier et de se complexifier, Médecins du Monde évolue, se réorganise et porte toujours obstinément ses combats, en France et dans le monde.

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» DES CAUSES COMMUNES En France, le centre d’accueil, de soins et d’orientation de Médecins du Monde à Saint-Denis, avec 14 000 consultations par an et une file active de 6 000 personnes, reste le symbole des difficultés majeures d’accès aux soins et aux droits d’une population en situation de grande précarité. Malgré un partenariat étroit avec de nombreux hôpitaux et maisons de santé, son transfert vers le droit commun demeure actuellement illusoire. Sur quasiment tous nos terrains d’intervention, la question fondamentale du logement et de l’habitat est prépondérante, conditionnant nos actions de soins et de soutien psychologique. Dans beaucoup de délégations régionales nous accompagnons des collectifs militants d’hébergeurs et des expériences d’habitat communautaire et participatif. Partout, nous dénonçons les effets négatifs des expulsions à répétition sans solutions pérennes de mise à l’abri et de logement. Mais de nouveaux acteurs apparaissent, des citoyens se mobilisent, des collectifs plus ou moins formels s’emparent des sujets de société, apportent une aide directe de proximité et pallient à leur échelle le dysfonctionnement institutionnel. Imaginatifs, utopiques, parfois chaotiques, ils nous bousculent, nous interpellent. Ces coalitions de causes communes, nous y participons pour infléchir les lignes politiques, modifier les comportements et les représentations et faire valoir les droits essentiels, que ce soit à Calais, Grande-Synthe, Paris, Briançon, ou dans la vallée de la Roya, par exemple.

LA VIOLENCE DU MONDE À l’international, parmi l’ensemble de nos projets, notons l’ouverture à Abidjan du premier drop-in center d’Afrique autogéré par les usagers de drogues. Mais aussi la mobilisation massive de Médecins du Monde pour assurer les soins post-chirurgicaux des nombreux blessés à Gaza, lors de la grande marche du retour en commémoration de la Nakba, le travail remarquable de soutien aux centres de santé mené avec Médecins du Monde Turquie en Syrie, le projet de promotion de la santé et de prévention des risques environnementaux auprès des recycleurs de déchets à Katmandou. Enfin, citons le programme d’urgence de soins de santé primaires développé dans des conditions extrêmement difficiles auprès des personnes déplacées, épuisées et dénutries dans le nord du Yémen. Dans de nombreux territoires, la frontière est érigée en totem, définissant le « eux » et le « nous ». En Europe, en Amérique,

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en Asie, nous déployons nos actions auprès des personnes en migration pour garantir un minimum d’accès aux soins, défendre leurs droits lorsqu’ils existent, éviter l’effondrement des projets de vie adossés à ces parcours. Nous résistons, avec les sociétés accueillantes, aux manipulations simplistes et aux discours politiciens prompts à instrumentaliser la migration et à réactiver les peurs.

LE PRIX DES MÉDICAMENTS Le médicament est une nécessité de plus en plus onéreuse pour les uns et une marchandise lucrative pour les autres. Nous avons mobilisé de nombreuses associations de la société civile et rédigé un livre blanc pour dénoncer et démontrer, preuves à l’appui, l’opacité et le manque de concertation quant à la fixation du prix des médicaments innovants, tout particulièrement les anti-cancéreux. Ces pratiques sont dangereuses pour notre système de protection solidaire. Nous avons aussi œuvré pour questionner l’obtention des brevets qui, au fil du temps, sont devenus des instruments de spéculation au service des laboratoires pharmaceutiques.

AGIR POUR LE CHANGEMENT Médecins du Monde est né il y a bientôt quarante ans. Nous ne pouvons envisager notre transformation qu’en réaffirmant nos valeurs et notre combat contre l’injustice sociale, contre le non-accès aux soins des personnes vulnérables en tous lieux du monde. Notre action de soin est une « interférence transformative » entre un individu et la société. Elle se veut un acte humanitaire et politique qui nous imposerait d’aller plus loin dans nos revendications. Comment, malgré les données accumulées, les rapports étayés, les preuves et les témoignages d’atteintes réelles à l’état de santé des personnes, réussir à modifier ces politiques néfastes et stopper l’incessante dégradation de la situation des plus vulnérables ? Comment interrompre la persistance des comportements illégaux des autorités et la violence institutionnelle ? De plus en plus, nous utilisons les outils juridiques pour porter nos combats. Nous ne sommes jamais certains de gagner. Cependant, le 6 juillet, le Conseil constitutionnel a consacré la valeur constitutionnelle du principe de fraternité dont découle « la liberté d’aider autrui dans un but humanitaire sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ».

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Sans cesse, nous devons travailler avec les bénéficiaires de nos programmes et les acteurs des sociétés civiles engagées dans la lutte contre les inégalités de santé, accompagner les personnes directement concernées et nos partenaires dans la définition de leurs intérêts en matière de santé et dans leur plaidoyer. Nous le faisons en France, à Nantes, Rouen, Caen et Paris, auprès des mineurs non accompagnés qui demandent une protection et la reconnaissance de leurs droits et de leur dignité. Nous le faisons avec l’ONG Mukikute en Tanzanie, qui lutte pour l’accès à des services de prévention et de soins pour les usagers de drogues, dans un contexte politique répressif. Nous le faisons en Russie, à Moscou, auprès des travailleuses du sexe, pour rompre leur isolement, combattre leur criminalisation rampante et leur donner la possibilité d’accéder à une prise en charge médico-sociale adaptée. Nous le faisons dans de nombreux pays africains (en République démocratique du Congo, en Ouganda, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Burkina Faso) et au Pakistan pour permettre aux femmes d’accéder à des interruptions volontaires de grossesse fiables et sécurisées.

Organisation non gouvernementale indépendante et militante, forte de l’engagement de 4 000 acteurs bénévoles et salariés nationaux et internationaux, riche de ses 350 000 donateurs, Médecins du Monde a plus que jamais un rôle à jouer dans l’action humanitaire. Aujourd’hui et pour l’avenir.

CONSTRUIRE LE MONDE DE DEMAIN Alors que le réseau international des associations Médecins du Monde a achevé sa structuration – doté d’un conseil des présidents et d’un conseil des directeurs généraux pour une gouvernance plus transparente, il partagera un code de conduite, des modalités opératoires, des plaidoyers, des actions de communication et des ressources mieux réparties – d’autres chantiers sont en travail. Notamment la réforme des statuts afin de renforcer la démocratie participative et la régionalisation qui devrait consacrer l’autonomie des délégations régionales dans un cadre stratégique partagé, offrant ainsi un potentiel politique et opérationnel pertinent. Nous participons au monde dans lequel nous agissons. Or l’écosystème humanitaire est en pleine mutation, et si des réformes profondes sont nécessaires, chaque organisation, la nôtre y compris, devrait s’interroger sur la tension entre la « bonne intention » et la « bonne pratique », questionner les processus décisionnels et bureaucratiques complexes, les enjeux de représentation et de pouvoir futiles sur une scène internationale en totale métamorphose. Le Grand Bargain est une piste. Notre capacité à nouer des partenariats avec les organisations issues des sociétés civiles émergentes en est une autre.

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EN CHIFFRES BUDGET

BUDGET MDM FRANCE

99,2 M€ RESSOURCES HUMAINES 1 805 ACTEURS SUR NOS PROGRAMMES INTERNATIONAUX » 1 616 salariés nationaux sur les terrains d’intervention » 4 volontaires de la solidarité internationale » 116 salariés sur les missions internationales » 69 salariés de la DOI au siège

4 117

ACTEURS MDM

2 140 ACTEURS SUR NOS PROGRAMMES EN FRANCE » 2 016 bénévoles actifs (dont les bénévoles cadres associatifs) » 108 salariés sur le terrain et en délégations régionales » 16 salariés de la DOF au siège

422 ACTEURS EN SUPPORT AUX OPÉRATIONS » 250 cadres bénévoles associatifs » 172 salariés au siège

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Rapport moral / En chiffres


PROGRAMMES FRANCE

62 PROGRAMMES SUR 32 SITES 15

CASO ET CAOA 23 programmes Santé et environnement 4 programmes Migration, droits et santé

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6 programmes de Réduction des risques 2 programmes programmes de Santé sexuelle et reproductive

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PROGRAMMES HORS CENTRES

2 programmes en milieu carcéral 4 programmes Enfance vulnérable (auprès des MNA et parrainage des enfants hospitalisés) 3 programmes d’accès aux soins en zones rurales et urbaines 3 programmes dans les départements d’outre-mer

PROGRAMMES INTERNATIONAUX

60 PROGRAMMES DANS 38 PAYS 2 800 000 BÉNÉFICIAIRES DE NOS PROGRAMMES RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES PROGRAMMES

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES DÉPENSES OPÉRATIONNELLES » 18 % France » 82 % International dont :

18 programmes dans 11 pays en Afrique subsaharienne 13 programmes dans 8 pays en Afrique du Nord et Moyen-Orient 10 programmes dans 7 pays en Amérique latine et Caraïbes 19 programmes dans 12 pays en Eurasie

0 % en Afrique 3 subsaharienne 44,5 % en Afrique du Nord et Moyen-Orient 6 % en Amérique latine et Caraïbes 17 % en Eurasie 2 % Projets divers (Opération Sourire, missions internationales régionales, projets transversaux et missions exploratoires)

0,5 % Adoption

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LES AXES PRIORITAIRES THÉMATIQUES PRINCIPALES

APPROCHES TRANSVERSES

SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE La santé sexuelle et reproductive concerne différents aspects de la santé des femmes et du couple. Nos programmes de SSR s’articulent autour de trois priorités : prévention et prise en charge des grossesses non désirées (GND), réponse aux besoins de SSR en situation de crise et prévention du cancer du col de l’utérus.

SANTÉ MENTALE ET LE SOUTIEN PSYCHOSOCIAL La santé mentale, au sens de la capacité d’un individu à mener une vie épanouissante, fait partie intégrante de la santé. MdM s’intéresse aux déterminants de la santé mentale en visant des situations de vulnérabilité psychique. Nous souhaitons impliquer les communautés dans les conceptions des réponses de santé publique.

RÉDUCTION DES RISQUES Médecins du Monde développe, avec les personnes concernées, des programmes de réduction des risques liés à l’usage de substances psychoactives d’une part, et aux pratiques sexuelles d’autre part. MIGRATION, DROITS ET SANTÉ Médecins du Monde accompagne les migrants à chaque étape de leur parcours jusque dans les pays où ils espèrent trouver accueil et protection. Nos projets soutiennent les coalitions d’acteurs et les mobilisations communautaires. URGENCES ET CRISES Les conflits et catastrophes naturelles provoquent souvent une rupture brutale de l’accès aux soins. En vue d’améliorer nos interventions dans les contextes de crises chroniques, nous développons des actions complémentaires de préparation aux urgences, et de renforcement des capacités des institutions et des communautés en réduction des risques de catastrophes.

ENFANCE VULNÉRABLE Aux actions traditionnelles (adoption, parrainage, Opération sourire) qui évoluent, s’ajoutent de nouveaux défis, à savoir : les mineurs non accompagnés, les enfants en habitat indigne et bidonvilles, les violences liées au genre et les grossesses précoces ou non désirées. GENRE Le genre évoque les rôles déterminés socialement, les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et pour les femmes. La prise en compte des inégalités de genre doit être intégrée à chaque étape de nos projets.

ENVIRONNEMENT NOCIF POUR LA SANTÉ Médecins du Monde intervient sur les lieux de vie, y compris les bidonvilles et ghettos dans les contextes d’urbanisation intense. Sur les lieux d’activités polluantes, nous aidons les personnes à se protéger et à réduire leur exposition aux substances toxiques.

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Rapport moral / Les axes prioritaires


Rapport moral / Les axes prioritaires

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PLAIDOYER ET CAMPAGNES FRANCE RÉCLAMONS JUSTICE Le 6 décembre 2018, Médecins du Monde lançait sa campagne de fin d’année. Un spot vidéo et trois visuels pour porter les combats de l’association, insuffler un élan d’espoir et affirmer la santé en tant que droit universel. Le spot, réalisé par Matthieu Tribes et porté par la voix de Gilles Lellouche, traduit la nécessité de continuer à défendre nos valeurs et à ne pas baisser les bras. Car dans un monde où l’injustice et l’inégalité demeurent, où les crises et la violence, quelles que soient leurs formes, continuent de faire des ravages, le découragement peut gagner chacun de nous. Pourtant le combat pour la justice sociale et l’accès universel à la santé n’est perdu que si l’on arrête de se battre, que si l’on arrête d’y croire. C’est lorsque l’on se rassemble autour d’un objectif commun que (re)naît notre capacité à changer l’histoire. Les trois visuels de la campagne saluent l’engagement des acteurs humanitaires. Ils abordent chacun un axe d’intervention différent de Médecins du Monde, en France comme à l’étranger. Ses cliniques mobiles qui à la rue soignent aussi l’injustice. Son plaidoyer qui fait avancer les droits à la santé de tous. Ses actions de formation d’équipes médicales et de soutien matériel partout où cela est nécessaire. Jamais la mission de Médecins du Monde n’a été aussi importante. C’est ce que dit cette campagne. « Parce que la santé est un droit universel, réclamons justice », continuons à lutter, à innover et à participer à la construction d’un monde plus juste.

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Rapport moral / Plaidoyer et campagnes


Rapport moral / Plaidoyer et campagnes

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FRANCE TRÊVE DE PROMESSES À l’occasion de la fin de la trêve hivernale, le 31 mars 2018, Alors que reprenaient les expulsions locatives et les expulsions de bidonvilles, Médecins du Monde s’est mobilisé pour sensibiliser l’opinion publique et faire réagir le gouvernement sur la condition des mal-logés en France. L’association a notamment rappelé les engagements d’Emmanuel Macron. Le 27 juillet 2017 à Orléans : « Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, ou perdus. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité là aussi. » Le 31 décembre 2017, lors de ses vœux aux Français : « Je veux que nous puissions apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui sans abri. » Dans la réalité, à ces discours

empreints d’humanité répondent des actes contradictoires. Expulsions, politique répressive à l’égard des migrants, désengagement, inaction, etc. La situation des mal-logés en France ne fait que s’aggraver. Face à l’inaction du gouvernement, Médecins du Monde a lancé deux opérations parallèles. Mardi 27 mars, un avis de non-expulsion a été envoyé au président de la République pour lui rappeler que sa promesse de fournir un toit à tous n’est pas compatible avec la reprise des expulsions, lui rappeler l’urgence de la situation de milliers de personnes. Des personnes en danger, des personnes qu’il a le pouvoir d’aider. Le 29 mars, une mobilisation a été organisée sur les marches de la basilique du Sacré-Cœur à Paris ainsi qu’à Angoulême, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes et Toulouse. Avec un mot d’ordre : les belles paroles ne suffisent pas à sauver les personnes de la rue.


SANTÉ MENTALE LA SOUFFRANCE PSYCHIQUE DES EXILÉS

difficile à une couverture maladie et sur l’offre insuffisante de prise en charge.

De Grande-Synthe, Calais, Nantes, Paris, de tous nos programmes remontent des témoignages sur l’état psychique dégradé des personnes exilées et des difficultés à les faire prendre en charge par notre système de santé. Nous faisons face à une urgence, à un enjeu de santé publique. Les équipes du Centre Primo Levi et de Médecins du Monde ont donc travaillé ensemble sur la base de constats partagés sur les souffrances psychiques aggravées par les conditions de vie indignes lors des parcours d’exil mais aussi en France, sur les spécificités de l’accompagnement psychosocial, sur l’accès

Sorti en juin 2018, le rapport « La souffrance psychique des exilés : une urgence de santé publique » a été lancé lors d’une conférence de presse organisée au siège de Médecins du monde et largement relayée par les médias. Par la suite, nous avons porté conjointement nos recommandations et largement diffusé le rapport auprès des autorités publiques de santé, des ministres concernés et de leurs cabinets, des parlementaires. Avec un seul objectif : sensibiliser à ces enjeux pour améliorer la prise en charge médicale en santé mentale des personnes exilées.

SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE LES AVANCÉES DES DROITS EN AFRIQUE FRANCOPHONE Le continent africain possède l’un des instruments juridiques les plus progressistes et inclusifs au monde : le Protocole additionnel à la Charte des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes. Plus connu sous le nom de Protocole de Maputo, il est entré en vigueur en 2003. Il contient notamment des dispositions explicites concernant le droit à la santé dont la santé sexuelle et reproductive et le droit à l’avortement médicalisé dans des conditions assez larges. Médecins du Monde, après avoir réaffirmé son engagement en faveur du droit à l’avortement, travaille activement aux côtés de la société civile dans plusieurs pays d’Afrique francophone – Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Madagascar et République démocratique du Congo – ayant signé ou ratifié ce protocole, afin de rendre son application effective. Ainsi, en RDC, après de nombreuses actions de plaidoyer, le Protocole a été publié au journal officiel, le rendant effectif et poussant les autorités judiciaires et sanitaires du pays à tout mettre en œuvre pour permettre aux femmes un accès à l’avortement sécurisé. Au Burkina Faso, c’est le Code pénal qui a été modifié pour se rapprocher des dispositions du Protocole, grâce à l’action du groupe de plaidoyer « Stop grossesses non désirées », appuyé par Médecins du Monde. En Côte d’Ivoire, l’association agit au niveau local et national aux côtés de coalitions d’associations locales, lesquelles militent pour une intégration pleine et entière des dispositions du Protocole de Maputo dans l’avant-projet de loi sur la santé reproductive, actuellement en cours de discussion. Rapport moral / Plaidoyer et campagnes

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PROGRAMMES INTERNATIONAUX EN 2018, MÉDECINS DU MONDE A DE NOUVEAU RÉPONDU AUX DÉFIS HUMANITAIRES POSÉS PAR L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE AVEC 60 PROGRAMMES DANS 38 PAYS, DANS LE RESPECT DES PRIORITÉS OPÉRATIONNELLES ET PRINCIPES D’ACTION DE SON PROJET ASSOCIATIF.

EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE Au Burkina Faso, le cancer de col de l’utérus (CCU) est la première cause de mortalité par cancer chez la femme. En 2018, nous avons lancé le premier programme de prévention et de prise en charge de cette pathologie en Afrique, dans le cadre d’un projet pilote sur quatre ans. En Côte d’Ivoire, de nombreux jeunes n’ont pas recours aux services de SSR existants. En 2018, nous avons ouvert à Soubré, dans l’ouest du pays, un programme pour améliorer la prévention et la prise en charge des grossesses non désirées chez les jeunes, en appui au système public de santé. Au Nigeria, le conflit armé entre Boko Haram et les forces gouvernementales a provoqué une crise humanitaire majeure. Présents depuis 2016 au nord-est du pays, nous gérons en direct cinq centres de santé pour améliorer l’accès aux soins des milliers de personnes déplacées et nous répondons aux urgences dans la crise, notamment aux épidémies de choléra. L’Ouganda est devenu une terre d’accueil pour des milliers de réfugiés sud-soudanais, entraînant d’immenses besoins sanitaires, notamment dans le nord du pays. Depuis 2018, Médecins du Monde dispense des soins de santé primaires et de santé sexuelle et reproductive, des consultations sur les violences liées au genre, des soins en santé mentale et un soutien psychosocial dans le camp de Bidibidi, au nordouest du pays.

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Depuis fin décembre 2018, nos activités de réduction des risques en Tanzanie ont été transférées à notre partenaire Mukikute que nous accompagnerons pendant deux ans encore. Médecins du Monde se concentre sur son centre de ressources et de formation ainsi que sur ses activités de plaidoyer. EN AMÉRIQUE CENTRALE ET DU SUD Nos activités en Colombie ont été réorientées pour répondre à la forte augmentation des violences entre groupes armés dans les territoires anciennement sous tutelle des FARC. Une attention particulière est portée à la prise en charge des violences liées au genre. Notre programme régional « Migration et déplacements forcés » – au Honduras, au Salvador, au Guatemala et au Mexique – a répondu aux besoins humanitaires des caravanes de migrants, dès fin 2018, en fournissant des moyens de réhydratation, des médicaments, et en mettant du personnel médical à disposition des refuges dépassés par l’afflux de population.

Rapport moral / Programmes internationaux


EN ASIE Au Népal, où nous avons réalisé une enquête avec l’Université de Sheffield pour évaluer les caractéristiques sociodémographiques et les risques pour la santé de la gestion informelle des déchets dans la vallée de Katmandou, nous agissons auprès des travailleurs informels en partenariat avec une ONG népalaise. Aux Philippines, nous avons développé un autre programme Santé et environnement avec une approche communautaire dans l’un des quartiers pauvres et surpeuplés de Manille, le « Barangay 775 ». EN EUROPE Depuis la baisse conséquente des arrivées de migrants par la mer en Italie, du fait des politiques européennes hostiles, nous avons réorienté nos opérations et concentré nos efforts sur Rome, où le nombre de migrants vivant en centre d’accueil ou dans des lieux informels reste constant. Le nombre d’exilés empruntant la route des Balkans pour rejoindre l’Europe du Nord ayant également fortement diminué, nous avons fermé nos activités en Serbie et transféré la veille sanitaire dans les centres de réception de Bulgarie à un partenaire.

AU MOYEN-ORIENT Au Liban, nous sommes mobilisés depuis 2012 pour l’accès aux soins des réfugiés de la crise syrienne et de la population libanaise vulnérable. Après avoir participé à l’ouverture de la première unité de santé mentale dans un hôpital général public à Beyrouth, nous avons poursuivi nos actions pour que soit développé, à terme, un service public de soins de santé mentale accessible à tous. En Palestine, nous avons pu intervenir rapidement afin d’améliorer la prise en charge médicale des victimes de la répression des manifestations de la « Grande marche du retour » au printemps 2018. Au Yémen, où nous sommes présents depuis 2016, nous avons récemment ouvert un bureau à Aden afin d’étendre nos activités au sud de ce pays dévasté par trois années de conflit.

Rapport moral / Programmes internationaux

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OCÉAN ATLANTIQUE

MEXIQUE

HONDURAS

HAÏTI

GUATEMALA SALVADOR VENEZUELA COLOMBIE OCÉAN PACIFIQUE

Programmes d’urgence Programmes long terme

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Rapport moral / Programmes internationaux


RUSSIE

SERBIE ITALIE

BULGARIE

GÉORGIE

TURQUIE SYRIE LIBAN PALESTINE

IRAK PAKISTAN NÉPAL

ALGÉRIE ÉGYPTE

BIRMANIE BANGLADESH YÉMEN

BURKINA FASO

CÔTE D’IVOIRE

VIÊTNAM NIGERIA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE OUGANDA

ÉTHIOPIE

PHILIPPINES OCÉAN PACIFIQUE

SRI LANKA

SOMALIE KENYA

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE TANZANIE DU CONGO

MADAGASCAR

OCÉAN INDIEN

Rapport moral / Programmes internationaux

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AFRIQUE DU NORD ET MOYEN-ORIENT

Rapport moral / Afrique subsaharienne


SLOVAQUIE FRANCE

AUTRICHE

HONGRIE

SUISSE

MOLDAVIE

CROATIE

ROUMANIE

BOSNIE ITALIE

SERBIE MER NOIRE

BULGARIE

MONTÉNEGRO

GÉORGIE

MACÉDOINE ESPAGNE

ARMÉNIE

ALBANIE GRÈCE

RTUGAL

AZERBAÏDJAN

TURQUIE

TUNISIE

CHYPRE

MER MÉDITERRANÉE

SYRIE

ISRAËL PALESTINE

MAROC

IRAN

IRAK

LIBAN JORDANIE

ALGÉRIE ÉGYPTE LIBYE

ARABIE SAOUDITE

NIGER

MER ROUGE

MALI

ÉRYTHRÉE

TCHAD

YÉMEN

SOUDAN BURKINA FASO NIGERIA

ALGÉRIE ÉGYPTE IRAK LIBAN PALESTINE SYRIE TURQUIE YÉMEN

ÉTHIOPIE

SOMALIE

Retrouvez les fiches détaillées des différents programmes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sur medecinsdumonde.org

Rapport moral / Programmes internationaux

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PALESTINE

L’URGENCE GAZA Lancées le 30 mars 2018 par les Palestiniens de Gaza, les manifestations de la Grande marche du retour, le long de la bordure de séparation avec Israël, ont été réprimées dans le sang. D’après les Nations unies, 195 Palestiniens ont été tués, dont 41 enfants et trois membres du personnel soignant. Plus de 29 000 Gazaouis ont été blessés. 7 000 d’entre eux, touchés par balles réelles, ont dû être opérés d’urgence. Fort de son programme de préparation aux urgences mené depuis quatre ans dans la bande de Gaza, Médecins du Monde a pu intervenir rapidement afin d’améliorer la prise en charge médicale des victimes. Car le blocus de Gaza limite fortement l’accès aux moyens de subsistance et aux services les plus élémentaires des habitants, notamment en matière de santé. Et face à l’afflux de blessés provoqué par les violences, les hôpitaux se sont vite retrouvés débordés.

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Des médicaments et consommables médicaux ont été fournis aux structures de soins et nos équipes ont organisé le triage des patients. Les cas les plus grave étant transportés au bloc opératoire, d’autres soignés provisoirement sous une tente et d’autres référés vers les centres de santé équipés par Médecins de Monde de services d’urgences. L’association a également soutenu des organisations communautaires de la bande de Gaza afin qu’elles puissent dispenser des soins de premiers secours. Afin de dénoncer la violence contre les acteurs de santé, Médecins du Monde a également publié un rapport mettant en lumière les conséquences des graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises par la force occupante (Médecins du Monde, La violence contre les acteurs de santé à Gaza, 2018).

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LIBAN

SANTÉ MENTALE ET SOUTIEN PSYCHOSOCIAL 1,5 million de Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis 2011. Ils représentent près d’un quart des habitants de ce petit pays certes rompu à l’accueil de populations déplacées, mais submergé par un tel afflux. La grande majorité d’entre eux sont condamnés à vivre dans des camps de fortune – bâtiments désaffectés, garages aveugles, logements insalubres – et manquent cruellement de moyens de subsistance. Des familles entières souffrent de la faim, du dénuement, d’une profonde détresse. Cinq années d’un douloureux exil n’ont fait qu’aggraver leur souffrance. Fort de plus de trente ans d’expérience au Liban, Médecins du Monde mène depuis le début de la crise syrienne un combat essentiel pour l’accès aux soins des réfugiés. Dans la vallée de la Bekaa, nous soutenons cinq centres de soins et une clinique mobile. Au-delà des soins de base, Médecins de Monde propose des consultations de santé mentale pour prendre en charge les souffrances psychologiques des populations syriennes.

Des psychothérapeutes donnent des consultations et assurent un suivi thérapeutique dans les centres, les cas de troubles mentaux graves étant orientés vers des services spécialisés. Médecins du Monde a participé à l’ouverture de la première unité de santé mentale dans un hôpital général public à Beyrouth. Un travail de fond est également réalisé avec le ministère de la Santé publique pour la création d’un service public de soins de santé mentale accessible à tous sur l’ensemble du territoire libanais. Médecins du Monde collabore également avec des institutions académiques régionales et internationales pour étendre la recherche en santé mentale au Moyen-Orient. Deux projets de recherche sont mis en œuvre en collaboration avec des institutions locales et internationales.

YÉMEN

DÉVELOPPEMENT DES ACTIVITÉS Entré dans sa troisième année en 2018, le conflit qui fait rage au Yémen entre le pouvoir et les Houthis n’en finit pas de menacer la vie de millions de personnes. La moitié des quelque 30 millions de Yéménites ont ainsi un besoin urgent d’aide humanitaire. En juin 2018, la coalition d’États arabes qui soutient le gouvernement, dirigée par l’Arabie saoudite, a notamment lancé une campagne militaire sur la côte ouest afin de reprendre la ville d’al-Hodeïda aux Houtis. En décembre, les pourparlers de paix organisés par l’ONU ont abouti à la signature d’un accord de cessez-le-feu pour permettre le redéploiement des troupes en dehors de ce port stratégique et favoriser l’acheminement de l’aide humanitaire. Mais son application est retardée. La situation sanitaire et le contexte sécuritaire ne s’améliorent pas. Or le conflit a dévasté le système de santé. Selon l’évaluation de 2018, 49 % des établissements de santé ne fonctionnent pas ou tournent au ralenti alors même que le pays est

touché par une importante épidémie de choléra. Au sud comme au nord, l’accès aux soins est compromis, en particulier dans les zones rurales en raison de l’éloignement, de l’insécurité, du manque de personnel, des coûts élevés et de la pauvreté. Médecins du Monde, qui intervient dans le nord du Yémen en soutenant onze établissements de santé des gouvernorats de Sanaa, Ibb et Amanat al-Asimah, a ouvert fin 2018 un bureau à Aden, dans le sud du pays, afin d’y étendre ses activités. Nos équipes soutiennent actuellement le système sanitaire dans le nord en fournissant des services de santé primaires pour que les populations puissent accéder à des consultations curatives, des consultations prénatales et postnatales, des accouchements assistés, la vaccination, la prise en charge nutritionnelle, des séances d’éducation à la santé et un soutien psychosocial. L’objectif des discussions entre Médecins du Monde et les autorités d’Aden est de lancer rapidement des activités similaires dans le sud.

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AFRIQUE SUBSAHARIENNE


ALGÉRIE

SAHARA OCCIDENTAL

LIBYE

ÉGYPTE

MAURITANIE NIGER

MALI SÉNÉGAL

ÉRYTHRÉE

TCHAD

GAMBIE GUINÉE

GUINÉE BISSAU SIERRA LEONE

LIBERIA

BURKINA FASO

SOUDAN

BÉNIN TOGO

CÔTE D’IVOIRE

NIGERIA

ÉTHIOPIE RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

GHANA CAMEROUN

SOMALIE

GUINÉE ÉQUATORIALE

OUGANDA KENYA

GABON RWANDA CONGO

BURUNDI

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

TANZANIE

OCÉAN ATLANTIQUE

OCÉAN INDIEN ANGOLA MALAWI ZAMBIE

MOZAMBIQUE

BURKINA FASO CÔTE D’IVOIRE ÉTHIOPIE KENYA MADAGASCAR NIGERIA OUGANDA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO SOMALIE TANZANIE

MADAGASCAR

ZIMBABWE NAMIBIE BOTSWANA

SWAZILAND

LESOTHO AFRIQUE DU SUD

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BURKINA FASO

FACE À LA CRISE SÉCURITAIRE La situation sécuritaire s’est largement dégradée dans l’ensemble du Burkina Faso en 2018. Particulièrement dans la région du Sahel, à l’est et au nord du pays, où se trouvent les provinces du Soum et de l’Oudalan dans lesquelles Médecins du Monde mène un programme de santé sexuelle et reproductive. L’accès à Djibo et Gorom Gorom, où se trouvent nos bases, est de plus en plus compliqué. Des attaques sont menées par différents groupes terroristes envers les forces de défense et de sécurité, les édifices publics, les écoles et parfois les centres de santé. Les voitures, notamment les 4x4, sont régulièrement volés, des humanitaires burkinabés et des occidentaux sont enlevés, certains assassinés. Fuyant la violence et les intimidations, des familles fuient leurs villages. Autre conséquence désastreuse, le système de santé tourne au ralenti, des centres étant fermés et d’autres fonctionnant en service minimum.

d’intervention dans le nord du Burkina Faso. Les ambulances tout-terrain des centres de santé, exposées au car-jacking, ont dû être remplacées par des tricycles motorisés. Les séances de sensibilisation publiques réalisées par des relais communautaires ne peuvent plus être organisées en raison de l’interdiction des rassemblements de population et du couvre-feu. Les circuits d’approvisionnement en contraceptifs se sont réorganisés pour limiter les déplacements des équipes locales de Médecins du Monde. Quant au suivi des associations partenaires, il est assuré à distance, par téléphone. De même, le travail mené dans les clubs scolaires pour la diffusion d’informations sur la santé sexuelle et reproductive est restreint aux plus grosses villes et le plaidoyer est recentré sur la capitale, Ouagadougou. Autant de mesures pour tenter de préserver notre action tout en garantissant la sécurité des acteurs impliqués et des habitants.

Face à cette crise sécuritaire majeure qui restreint l’accès aux populations, Médecins du Monde a dû revoir sa stratégie

CÔTE D’IVOIRE

PRÉVENIR LES GROSSESSES NON DÉSIRÉES Depuis 2017, Médecins du Monde mène dans la zone de Soubré, au sud-ouest de la Côte d’Ivoire, un programme de prévention et de prise en charge des grossesses non désirées chez les jeunes. C’est à la suite d’une étude sur les facteurs sociaux et culturels de ces grossesses précoces qu’il a été décidé d’améliorer l’offre de services de santé sexuelle et reproductive à destination des adolescents et de mieux les informer. Une démarche essentielle quand on sait que l’âge moyen du premier rapport sexuel est de 16 ans et qu’à peine une jeune fille sur cinq utilise une méthode contraceptive moderne. Afin de limiter les risques liés aux grossesses non désirées et aux avortements clandestins, Médecins du Monde anime des séances d’information en milieu scolaire et des consultations

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dans le cadre d’événements publics. Ce sont ainsi des milliers de jeunes, filles et garçons, qui sont sensibilisés à la contraception ou encore aux risques d’infections sexuellement transmissibles. De nombreux jeunes particulièrement vulnérables bénéficient également d’un accompagnement psychosocial. Par ailleurs, des formations aux droits sexuels et reproductifs sont organisées pour les prestataires de santé, les professeurs, les travailleurs sociaux et les décideurs. Et grâce au plaidoyer national sur l’accès aux services de planification familiale porté notamment par l’association et co-construit avec les acteurs locaux et internationaux, le gouvernement ivoirien s’est engagé à accroître les financements alloués aux contraceptifs de 10 % par an. Il a également débloqué 500 millions de francs CFA pour l’achat des produits contraceptifs en 2018.

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Rapport /Moral 27 / Afrique subsaharienne



OUGANDA

SOIGNER LES RÉFUGIÉS

La guerre civile qui fait rage au Soudan du Sud depuis cinq ans a poussé des centaines de milliers de personnes à fuir, notamment vers l’Ouganda. C’est ainsi que s’est constitué au nordouest du pays l’un des plus grands sites de réfugiés au monde, Bidibidi. Si aujourd’hui le nombre de Sud-soudanais traversant la frontière tend à décroître, les quelque 220 000 personnes qui sont installées à Bidibidi ont toujours besoin d’assistance humanitaire. La pauvreté, la rareté des ressources en période de sécheresse, le traumatisme de la guerre, la violence subie dans leur pays d’origine ou bien dans le camp, entraîne d’immenses besoins sanitaires. Médecins du Monde coordonne les consultations externes du centre de santé Bolomoni, créé par l’ONG Médecins Sans Frontières pour le camp.

Près de 50 000 réfugiés et 15 000 Ougandais peuvent y bénéficier de soins de santé primaires et mentale, d’un suivi ante- et postnatal, d’activités de planning familial ou de la prise en charge des violences liées au genre. Environ 4 000 consultations y sont données chaque mois. Une attention particulière est portée aux maladies endémiques comme la malaria, ainsi qu’aux risques d’épidémies liées à l’eau dans un contexte où l’approvisionnement du site par camions citernes demeure difficile. Les équipes du centre s’appuient également sur un réseau de bénévoles communautaires pour identifier et référer les personnes ayant besoin de soins. Notamment les victimes d’agressions, de viols collectifs et les familles traumatisées par le meurtre ou la torture de leurs proches.

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

VIOLENCES LIÉES AU GENRE En Centrafrique, Médecins du Monde développe depuis 2015 une approche innovante de prise en charge des survivantes et survivants de violences liées au genre. Elle leur permet de bénéficier de soins médicaux, d’un soutien psychosocial et d’une assistance judiciaire au sein de six centres de santé de la ville de Bangui et de sa proche périphérie. Depuis la mise en place de ce service, ce sont ainsi plus de 4000 personnes qui ont été accompagnées dans le cadre de ce programme. Médecins du Monde intervient en République centrafricaine depuis 2014, en réponse à la crise politique, sanitaire et sociale que traverse le pays depuis le coup d’État du 24 mars 2013. Afin de restaurer l’accès aux soins des plus vulnérables, Médecins du Monde a d’abord mis en place des cliniques mobiles dans différents camps de déplacés, avant de s’orienter vers le soutien et la réhabilitation de structures de santé. Parmi les services

proposés, des consultations spécifiques sont dédiées aux survivants et survivantes de violences liées au genre. Un soutien essentiel pour une population traumatisée par les affrontements. Les consultations de santé mentale sont ouvertes à toute personne en détresse psychologique. Des sages-femmes, des agents juristes et des conseillers psychosociaux offrent une prise en charge aux victimes en fonction de leurs besoins, en partenariat avec deux associations locales, l’AFJC (Association des femmes juristes de Centrafrique) et le CIAF (Comité interafricain de lutte contre les pratiques traditionnelles). Afin de lutter contre la stigmatisation et d’encourager la fréquentation des centres de santé, Médecins du Monde s’appuie sur un réseau de relais communautaires pour l’organisation de séances de sensibilisation dans différents quartiers de Bangui.

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AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES


ÉTATS-UNIS

BAHAMAS CUBA

MEXIQUE

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

JAMAÏQUE BELIZE GUATEMALA SALVADOR

HAÏTI

HONDURAS OCÉAN ATLANTIQUE

NICARAGUA

COSTA RICA

VENEZUELA GUYANA

PANAMA

GUYANE FRANÇAISE

SURINAME

COLOMBIE

ÉQUATEUR

PÉROU

BRÉSIL

BOLIVIE

OCÉAN PACIFIQUE PARAGUAY

CHILI

URUGUAY

COLOMBIE GUATEMALA HAÏTI HONDURAS MEXIQUE SALVADOR VENEZUELA

ARGENTINE

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AMÉRIQUE CENTRALE

MIGRATION, DROITS ET SANTÉ Les caravanes de migrants qui tentent de fuir la violence politique, la crise économique ou des systèmes de santé défaillants en Amérique centrale se sont multipliées en 2018. Refoulés à la frontière américaine, rapatriés ou sommairement installés dans des camps de fortune, ils ont été plusieurs milliers à prendre la route depuis le Honduras, le Salvador, le Venezuela. Sur la route de l’exil, hommes, femmes, enfants, jeunes ou vieux, manquent d’eau, de nourriture, de soins. Les affections et les blessures causées par le voyage – l’épuisement, la déshydratation, les coups de soleil – s’ajoutent à d’autres problèmes de santé et à des troubles psychologiques liés à l’anxiété, au manque de sommeil. Au Mexique, dernière étape de leur périple avant l’eldorado américain qui s’obstine à leur fermer ses portes, le système de santé est au bord de la crise. Dans le Chiapas, au sud du pays, le personnel médical débordé s’est mis en grève pendant deux mois, fin 2018. En collaboration avec Médecins du Monde Espagne, Médecins du Monde France, qui intervient dans cette région du Mexique mais également sur la route qu’empruntent ces migrants à travers le Honduras, le Salvador et le Guatemala, répond aux besoins de ces personnes extrêmement vulnérables. Une équipe médicale mobile est chargée de fournir des soins de santé primaires dans des abris formels et informels. Nos équipes y proposent également des séances de sensibilisation à la santé et à l’hygiène. Médecins

du Monde fournit par ailleurs du matériel de soins aux institutions sanitaires et participe à l’observation des zones de passage aux frontières, afin d’identifier les besoins des migrants et dénoncer les violations des droits de l’homme.

CRISE AU VENEZUELA Depuis 2014, le Venezuela est touché par une crise humanitaire majeure. Le pays, dont l’approvisionnement dépend principalement des importations, notamment pour les médicaments, manque de tout. Le marché noir se développe et le bolivar, la monnaie vénézuélienne, ne cesse de perdre de la valeur. La population est asphyxiée. Plus de 3 millions de personnes ont fui vers d’autres pays d’Amérique latine ou les États-Unis. Parmi eux, de nombreux personnels médicaux. Dans ce contexte tendu, face à des indicateurs de santé extrêmement inquiétants, Médecins du Monde a lancé en 2018 un programme de soutien à différentes organisations humanitaires vénézuéliennes et internationales. L’objectif est d’améliorer l’accès aux soins de santé primaires pour les populations affectées. Notamment en accompagnant la mise en place de cliniques mobiles autour de Caracas. Outre des formations professionnelles et une aide structurelle, Médecins du Monde appuie le recrutement de personnel et fournit des médicaments essentiels à ses partenaires.


COLOMBIE

LUTTER CONTRE LES VIOLENCES Malgré les accords de paix signés le 24 novembre 2016 entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie, leur mise en œuvre reste incertaine. Pendant plus de cinquante ans, le conflit armé a contribué à nourrir un climat de méfiance et de peur, alimenté par des disparitions, des assassinats de leaders des droits de l’homme, des menaces, des détentions arbitraires, des viols. L’année 2018 a été marquée par une forte recrudescence des violences, avec par exemple plus de 33 000 personnes déplacées de force, soit 83 % d’augmentation par rapport à 2017. Des luttes de territoire entre groupes armés continuent de menacer la stabilité du pays et des exactions sont régulièrement commises par les paramilitaires, la dissidence FARC ou l’ELN, deuxième groupe rebelle en Colombie. Par ailleurs, la Colombie est devenue le premier pays d’accueil de la population migrante vénézuélienne. En trois ans, les flux migratoires sont passés de 39 000 à plus de deux millions de personnes, déstabilisant un peu plus un système de santé largement fragilisé par le conflit armé.

Depuis les accords de paix, Médecins du Monde a fait évoluer son action en Colombie. L’association a notamment réorienté ses activités en zone rurale pour répondre aux flambées de violence. En partenariat avec Plan International et Alianza por la Solidaridad, Médecins du Monde déploie une équipe de réponse rapide composée de médecins, de psychologues, de travailleurs sociaux, de spécialistes de la protection de l’enfance, de la nutrition, de l’hygiène et de l’assainissement. L’objectif consiste à établir un diagnostic situationnel dans les 72 heures qui suivent une urgence, notamment les déplacements massifs et les confinements de population. Un programme de protection des victimes de violences sexuelles est également développé. Médecins du Monde accompagne les femmes dans la création de groupes d’auto-support et œuvre à garantir une prise en charge complète et respectueuse des droits dans les établissements sanitaires du Meta, du Guaviare, du Nariño, de la Cauca, de Valle del Cauca et de Chocó. Des activités de prise en charge sanitaire et psychosociale des migrants vénézuéliens sont également prévues.

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EURASIE


SUÈDE

FINLANDE RUSSIE ESTONIE LETTONIE LITUANIE BIÉLORUSSIE

POLOGNE

UKRAINE KAZAKHSTAN MOLDAVIE

MONGOLIE

ROUMANIE BOSNIE SERBIE

BULGARIE

GÉORGIE

ITALIE GRÈCE

TURQUIE CHYPRE

OUZBÉKISTAN

ARMÉNIE AZERBAÏDJAN

TURKMÉNISTAN

KIRGHIZISTAN

CORÉE DU NORD

TADJIKISTAN

SYRIE LIBAN

AFGHANISTAN

IRAK

JORDANIE

IRAN

ISRAËL

CORÉE DU SUD

CHINE BHOUTAN

PAKISTAN NÉPAL

ARABIE SAOUDITE

E.A.U

INDE BANGLADESH

OMAN

TAÏWAN

BIRMANIE LAOS THAÏLANDE

YÉMEN

PHILIPPINES

CAMBODGE VIÊTNAM

BANGLADESH BIRMANIE BULGARIE GÉORGIE ITALIE NÉPAL PAKISTAN PHILIPPINES RUSSIE SERBIE SRI LANKA VIÊTNAM

OCÉAN INDIEN

SRI LANKA MALAISIE

INDONÉSIE

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ENVIRONNEMENTS NOCIFS

PHILIPPINES

NÉPAL

Dans le district Barangay 775, à Manille, quelque 13 500 personnes vivent et travaillent dans un quartier parmi les plus densément peuplés de la capitale des Philippines. Elles sont exposées à différents dangers liés à leur environnement, parmi lesquels le risque d’incendies, perçu comme une grave menace, ainsi que l’accumulation des déchets dans certains passages étroits du quartier qui provoque d’importantes inondations lors de la saison des pluies.

La vallée de Katmandou – qui concentre plus d’un quart de la population urbaine népalaise, soit plus de 6 millions de personnes – fait face à différents problèmes environnementaux tels que l’accumulation de déchets solides, l’augmentation de la pollution et des eaux usées et la libération de polluants toxiques. La mauvaise gestion des déchets solides aggrave des conditions sanitaires déjà déplorables. Elles ont un impact désastreux autant sur l’environnement local que sur la santé des personnes qui ramassent les déchets informels et, plus largement, des habitants de la capitale.

Afin d’aider la population à améliorer la qualité de son environnement, Médecins du Monde a lancé en 2018 un nouveau programme de prévention. Les équipes de l’association ont mené diverses activités au sein des communautés, en lien avec les pompiers ou les autorités, pour apprendre les bons gestes à adopter afin de limiter les départs de feu ou l’obstruction des canaux de drainage. Visites à domicile, discussions de groupe, évaluation des risques dans les foyers, jeux pour enfants, concours de fabrication d’affiches ou encore élaboration de matériel avec un artiste philippin ont permis d’établir des liens de confiance avec les habitants, de les rassembler autour d’une cause commune et de développer un réel élan au sein des communautés en leur donnant le pouvoir d’agir par euxmêmes sur leur qualité de vie. Médecins du Monde entend également travailler avec le centre de santé et la communauté afin de réduire les facteurs de risques environnementaux du lieu de vie – la promiscuité, la mauvaise ventilation, le manque d’eau, etc. Ils sont en partie responsables des pathologies les plus fréquemment observées, à savoir les infections respiratoires, notamment la tuberculose, et cutanées comme la gale ou l’impétigo.

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Depuis 2017, Médecins du Monde intervient en partenariat avec l’association PHASE pour prévenir les accidents et les maladies provoqués par le travail sur la décharge. Sont notamment menées des activités de prévention et de sensibilisation et des équipements personnels de protection tels que des gants, des chapeaux, des chaussures, des vestes de sécurité et des masques avec filtres sont distribués. Les équipes interviennent également dans les centres de santé pour mieux traiter les problèmes de santé liés à ces activités professionnelles et améliorer l’accès aux services de soins. Une enquête a été réalisée en partenariat avec l’Université de Sheffield pour évaluer les caractéristiques sociodémographiques et les risques pour la santé de la gestion informelle des déchets dans la vallée de Katmandou. Les analyses et publications qui en découleront permettront, entre autres, de nourrir le plaidoyer de Médecins du Monde.

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SRI LANKA

SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE Après trois ans d’un programme de santé sexuelle et reproductive dans la province du Nord – districts de Kilinochchi, Mullaitivu et Jaffna – et dans les plantations de thé du Centre, Médecins du Monde France s’apprête à accompagner Médecins du Monde Japon dans la reprise de ses activités au Sri Lanka. À l’origine du projet, un constat : les femmes, particulièrement lorsqu’elles sont seules ou jeunes, n’ont pas connaissance de ces questions de santé qui les concernent pourtant au premier chef. Elles manquent d’information sur leurs droits, la planification familiale et la prévention, la législation en matière de violences liées au genre ou de violences domestiques. En résulte un taux élevé de grossesses non désirées, souvent précoces, une augmentation des infections sexuellement transmissibles, un nombre élevé d’avortements non médicalisés et des traumatismes qui ne sont pas pris en charge. Les activités de l’association et de ses partenaires ont donc largement consisté à organiser des séances de sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive à destination de la population.

33 communautés ont ainsi été touchées et six événements sportifs et culturels ont été organisés, rassemblant 1 800 personnes autour des questions de sexualité. Nous avons également renforcé le système de soins existant et les compétences des professionnels de santé, des enseignants, des étudiants et de volontaires communautaires. 200 membres du corps enseignant et 300 personnels de santé ont été formés à la santé sexuelle et reproductive. Deux modules de formation pour les sages-femmes et un autre pour le corps enseignant ont notamment été développés. En outre, un documentaire a été réalisé afin de mieux comprendre les barrières d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et les actions qui ont été menées afin de les surmonter. D’après les études menées par Médecins du Monde au début du projet et avant son transfert, le niveau général de connaissance en matière de santé sexuelle et reproductive des populations touchées par ces activités a augmenté. Quelque 20 000 personnes en ont bénéficié.

VIÊTNAM

RÉDUCTION DES RISQUES Depuis 2013, la prise en charge des usagers de drogues au Viêtnam est davantage considérée comme une question de santé publique. C’est dans ce contexte que Médecins du Monde a initié à Hanoï un programme pilote de lutte contre le virus de l’hépatite C à destination de ces personnes. Lancées en 2015, les activités se sont terminées en décembre 2018. Les résultats seront diffusés en 2019. En l’absence de programme public de prévention, de dépistage et de soins pour les usagers de drogues, avec des traitements à des prix prohibitifs – 5 500 $ en moyenne – et alors que la possession de stupéfiants est toujours passible de la peine de mort, notre action visait à promouvoir l’accès aux tests, diagnostics et médicaments contre l’hépatite C pour ce public spécifique. Un modèle innovant, basé sur l’accompagnement

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de pairs éducateurs du Réseau vietnamien des usagers de drogues à chaque étape. Médecins du Monde a également soutenu la mise en place d’une cohorte de traitement au sein de l’hôpital de district de Nam Tu Liem. Au total, ce sont 107 patients qui ont bénéficié d’un traitement à base de médicaments génériques, beaucoup moins chers que ceux disponibles sur le marché. Nos équipes ont formé le personnel de la clinique où ils sont soignés à l’accueil et au suivi de ces personnes stigmatisées et marginalisées. Par ailleurs, Médecins du Monde a sensibilisé les acteurs de la société civile aux problématiques du VHC et plaidé auprès des institutions pour un meilleur remboursement des traitements et l’importation de médicaments génériques à bas prix au Viêtnam.

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ITALIE

MIGRATION, DROITS ET SANTÉ Depuis la signature d’accords avec la Libye en juillet 2017, les arrivées massives de migrants par la mer ont fortement diminué en Italie. En septembre 2018, un décret est adopté visant à réduire le nombre de demandeurs d’asile, limiter le recours aux protections internationales et réorganiser les centres d’accueil. Ils sont désormais prévus pour recevoir uniquement les mineurs non accompagnés et les migrants dont la demande d’asile a été acceptée. Dans ce contexte changeant, la stratégie opérationnelle de Médecins du Monde en Italie s’est adaptée, avec un maintien de ses activités en Calabre et une extension du projet à Rome fin 2017, où le nombre de migrants reste constant. Afin de faciliter l’accès aux soins des migrants, qu’ils vivent en centre d’accueil ou dans des lieux informels de la capitale, Médecins du Monde

intervient auprès du personnel de santé et des travailleurs sociaux, en partenariat avec différents acteurs de la société civile et des institutions sanitaires. Nos équipes accompagnent et appuient les acteurs locaux – collectifs citoyens, associations – pour améliorer la prise en charge médicale et psychosociale des mineurs non accompagnés et des femmes vulnérables, avec une attention particulière portée sur la santé sexuelle et reproductive. Des volets spécifiques sont développés sur le renforcement et l’harmonisation des normes de protection de l’enfance pour les enfants migrants et sur l’identification et la prise en charge des violences liées au genre. Un plaidoyer pour lever les barrières à l’accès aux soins est également développé en lien avec les réseaux existants.

Rapport moral / Plaidoyer et campagnes


OPÉRATION SOURIRE En 2018, l’Opération Sourire de Médecins du Monde France a organisé des missions de chirurgie plastique et reconstructrice en Asie et Afrique. Ce programme vise à redonner le sourire à des personnes – particulièrement des enfants et des jeunes adultes – atteintes de pathologies congénitales ou acquises. L’Opération Sourire est portée par trois autres associations du réseau : MdM Allemagne, MdM japon et MdM Pays-Bas. À travers l’acte médical, les équipes contribuent à redonner confiance aux patients en favorisant leur réinsertion sociale et physique au sein de leur communauté. Toutes les équipes travaillent dans la durée et en lien avec des partenaires (hospitaliers, associatifs, spécialisés dans la réinsertion, etc.). En 2018, plus de 50 bénévoles français (chirurgiens, anesthésistes, infirmiers) se sont mobilisés pour opérer plus de 400 patients au cours de onze missions chirurgicales organisées dans cinq pays : Bénin, Cambodge, Madagascar, Mongolie et Pakistan. Les équipes ont principalement pris en charge des patients souffrant de fentes labio-palatines, de séquelles de brûlures ou de tumeurs et malformations faciales très handicapantes.

PROFIL DES 419 PATIENTS OPÉRÉS PAR MDM FRANCE EN 2018

La grande majorité des patients opérés a moins de 15 ans. À Madagascar, les équipes interviennent principalement auprès des enfants. Les moins de 5 ans représentent plus de 50 % des 154 patients opérés au cours des cinq missions. Les équipes sont spécialisées dans les opérations de fentes labio-palatines et les pathologies viscérales. Des interventions nécessitant une grande technicité ont également été réalisées auprès de patients souffrant de méningoencéphalocèles (Cambodge) et de patients victimes de brûlures domestiques (Mongolie, Bénin) ou intentionnelles (Pakistan).

29 ANS D’OPÉRATION SOURIRE À TRAVERS LE MONDE Depuis 1989, les équipes médicales bénévoles offrent des interventions de chirurgie réparatrice à ceux qui n’y ont pas accès. En 29 ans, près de 17 000 patients ont été opérés dans une dizaine de pays différents. L’Opération Sourire demeure un programme de chirurgie humanitaire qui conserve sa pertinence au regard des besoins qui restent à couvrir et des résultats obtenus (transfert de techniques, prise en charge de pathologies complexes, suivi et réinsertion des patients).

RÉPARTITION DES PATHOLOGIES PRISES EN CHARGE : 1,5 % : pathologies congénitales (fentes, malformations, 3 méningocèles) 31 % : séquelles cicatricielles (brûlures) 17,6 % : pathologies tumorales 13,6 % : chirurgie viscérale

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PERSPECTIVES ET ENJEUX En 2019, dix missions de chirurgie sont planifiées par MdM France. Une évaluation des missions (Cambodge, Madagascar, Pakistan) aura lieu cette année, sur les différents terrains. Enfin, en lien avec le réseau de Médecins du Monde, l’Opération Sourire bénéficiera d’une campagne de communication pour les 30 ans du projet. Un focus sera fait sur la prise en charge des patients et de leurs familles.

Rapport moral / Programmes internationaux


RESPONSABLES Associatif : Dr Isabelle Barthélémy, Dr François Foussadier, Dr Frédéric Lauwers Siège : Sophie Poisson

BUDGET 250 000 euros PARTENAIRE Fondation d’entreprise L’Oréal

PAYS D’INTERVENTION Bénin, Cambodge, Madagascar, Mongolie, Pakistan

Rapport moral / Programmes internationaux

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OPÉRATIONS FRANCE L’ANNÉE 2018 A ÉTÉ MARQUÉE PAR UN NIVEAU DE TENSION SOCIALE IMPORTANT. DES MOUVEMENTS DE CONTESTATION – REPRÉSENTÉS PAR LES « GILETS JAUNES » – ONT TOUCHÉ TOUTE LA FRANCE À PARTIR D’OCTOBRE. CES TENSIONS EXPRIMAIENT DIVERSES CRAINTES, DONT CELLES D’UNE PROTECTION SOCIALE EN RETRAIT ET D’UNE PRÉCARITÉ TOUCHANT UN PLUS GRAND NOMBRE DE PERSONNES.

Ces peurs, nous les entendons notamment dans le cadre des programmes en zones rurales en Auvergne et dans la Haute-vallée de l’Aude (Occitanie), où le désengagement progressif des services publics rend l’accès aux droits et aux soins plus difficile.

UNE PLUS GRANDE PRÉCARITÉ De fait, les personnes que nous recevons au cours de nos interventions à travers la métropole et les départements d’outremer (en Guyane, à La Réunion et à Mayotte) font partie des populations les plus fragilisées, souvent par divers facteurs : difficultés financières, absence de travail, rupture de parcours de vie, etc. Ces fragilités sont exacerbées lorsque ces personnes sont dépourvues de logement, vivent dans la rue ou dans des hébergements précaires, à l’hôtel, etc. Elles font alors partie des 140 000 personnes sans abri officiellement comptabilisées par l’INSEE1 en 2012. Nombre dont on peut penser qu’il a augmenté depuis malgré la promesse du président Macron qui déclarait en juillet 2017 : « Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues. » Nous dialoguons régulièrement avec les services de l’État. Pendant la première partie de l’année 2018, nous avons notamment apporté avec d’autres représentants de la société civile nos contributions au « plan de lutte contre la pauvreté »

voulu par le gouvernement. Mais à la fin de l’exercice, nous constatons que la question de l’accessibilité aux soins des populations les plus précaires n’est toujours pas abordée à la hauteur des enjeux. Ainsi, nous n’avons pas été entendus sur la nécessité d’améliorer notre système de soins en passant par un accès simplifié et sans obstacle à l’assurance maladie pour tous. Cela signifierait notamment la disparition de l’aide médicale d’État (AME) au profit d’un régime général de la Sécurité sociale accessible et étendu à l’ensemble des personnes résidentes en France.

DES PARCOURS MIGRATOIRES DOULOUREUX Dans le même temps, nous observions la dégradation de l’état de santé des personnes après des parcours migratoires éprouvants auxquels s’ajoutent des conditions d’accueil déplorables sur notre territoire. Conditions dénoncées par le Défenseur

1. INSEE « L’hébergement des sans-domicile en 2012 ».

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Rapport moral / Opérations France


des droits dans son bilan paru en décembre 20181. Il dresse « un constat préoccupant » et souligne des « atteintes inédites aux droits fondamentaux », notamment des entraves persistantes à l’entrée dans la procédure d’asile, la chasse au point de fixation et « l’usage de la force parfois injustifié ». Il déclare également qu’« à défaut d’une politique nationale assurant un véritable accueil des primo-arrivants, les collectivités locales et les associations caritatives sont contraintes d’agir seules, dans un contexte où se maintient une pénalisation de certains actes de solidarités ». Des situations que nos équipes ont constatées dans les Hauts-de-France mais aussi à la frontière franco-italienne et à Paris et qu'elles ont dénoncées pendant toute l’année. À nouveau, nous déplorons que la réponse de la France et de l’Europe sur l’enjeu de la migration reste strictement sécuritaire, au détriment du droit et de la solidarité.

Plus positif, l’année 2018 a permis de renforcer plus encore les liens et la cohérence des actions entre les acteurs associatifs et de la solidarité, les collectifs de citoyens et les personnes concernées, aboutissant à une dynamique de coalition de causes communes. Ces partenariats montrent leur efficacité auprès des institutions en régions, à l’exemple des améliorations de prise en charge des mineurs non accompagnés en Gironde et dans le Calvados. Cette dynamique se confirme à un niveau national avec des actions de plus en plus coordonnées avec nos partenaires dans la défense du principe d’inconditionnalité de l’accueil dans les structures d’hébergements d’urgence ou dans la lutte contre le refus de soins par exemple. Les combats ont été nombreux en 2018 et nous continuerons à les porter au nom de Médecins du Monde et avec d’autres dans les prochaines années.

1. Défenseur des droits, Exilés et droits fondamentaux, trois ans après le rapport Calais, décembre 2018.

Rapport moral / Opérations France

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CALAIS

DUNKERQUE LILLE BASSIN MINIER

V HP V HP

ROUEN

SAINT-DENIS

CAEN

METZ

PARIS V HP

NANCY

STRASBOURG

BESANÇON NANTES

POITIERS V HP

COMBRAILLES

LYON

ANGOULÊME GRENOBLE FRONTIÈRE FRANCO-ITALIENNE

BORDEAUX V HP

LA-FARE-LES-OLIVIERS BAYONNE

TOULOUSE

NICE

MONTPELLIER MARSEILLE

PAU

HAUTE-VALLÉE DE L’AUDE

AJACCIO

Actions en milieu rural, dans la rue, les bidonvilles, auprès des migrants... SAINT-PAUL

Centres d’accueil, de soins et d’orientation

MAMOUDZOU

Parrainage des enfants hospitalisés Actions auprès des personnes se prostituant

SAINT-LOUIS LA RÉUNION

Actions auprès des usagers de drogues

MAYOTTE

Actions auprès des personnes incarcérées Actions auprès des mineurs isolés étrangers

CAYENNE

V HP

Amélioration d’accès au dépistage du cancer du col de l’utérus Prévention VIH / Hépatites / IST / Tuberculose

GUYANE

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Actions mobiles

Actions dans les locaux de MdM

Rapport moral / Opérations France

Programmes transversaux


OBSERVATOIRE DE L’ACCÈS AUX DROITS ET AUX SOINS L’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins de la mission France a été créé en 2000 pour témoigner des difficultés d’accès aux dispositifs de droit commun des populations accueillies dans les programmes de l’association. L’Observatoire constitue ainsi un outil de connaissance des populations vulnérables, par ailleurs ignorées des statistiques publiques, mais également un outil de pilotage des programmes et d’aide au plaidoyer. Il permet d’élaborer des propositions au regard de données objectives et de l’expertise de terrain, à partir desquelles Médecins du Monde interpelle les acteurs politiques, institutionnels et professionnels de santé pour améliorer l’accès aux droits et aux soins des populations précaires ou en situation d’exclusion. NOTRE ACTION L’Observatoire apporte un appui à l’ensemble des programmes menés en France pour recueillir des données permettant de communiquer et témoigner sur une base objective. Chaque année, l’Observatoire publie un rapport à l’occasion de la Journée internationale du refus de la misère le 17 octobre. L’occasion d’alerter et d’interpeller l’ensemble des acteurs et des pouvoirs publics sur les besoins et les dysfonctionnements dans l’accès aux droits et aux soins de ces personnes. Il vise ainsi à apporter un éclairage précis et documenté sur les problématiques de santé des personnes reçues dans nos programmes, leurs difficultés pour se soigner dans notre système de santé et sur les obstacles qu’ils rencontrent pour que leurs droits soient effectifs.

Il est élaboré à partir des données et des témoignages recueillis sur l’ensemble des programmes par les équipes de terrain, d’observations sur les dispositifs d’accès aux soins et difficultés existantes, du suivi des dispositifs législatifs et réglementaires.

EN CHIFFRES En 2018, les 15 centres d’accueil, de soins et d’orientation ou centres d’accueil, d’orientation et d’accompagnement (CASO et CAOA) ont reçu au total 24 056 personnes.

26 507

consultations médicales (généraliste ou spécialiste)

1 939

consultations dentaires

7 721

consultations paramédicales et de prévention

14 499

consultations sociales

L’âge moyen des patients est de 32 ans.

14,8 %

de la file active est composée de mineurs

Rapport moral / Opérations France

97,3 %

des personnes sont d’origine étrangère

98 %

vivent sous le seuil de pauvreté

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ACCÈS AUX DROITS ET AUX SOINS CENTRES D’ACCUEIL, DE SOINS ET D’ORIENTATION Les Centres d’accueil de soins et d’orientation (CASO) sont des structures qui offrent un accueil médico-social à toute personne en difficulté d’accès à la santé en France. En 2018, Médecins du Monde compte 14 CASO. Ce sont des dispositifs de facilitation de recours aux soins et à la prévention et d’accès aux droits pour les personnes en grande difficulté ou en situation d’exclusion qui ne connaissent pas leurs droits ou qui ne parviennent pas à les faire valoir. Elles y sont accueillies gratuitement, y rencontrent différents professionnels de santé pour une consultation ou une évaluation médicale avant d’être orientées vers les structures médico-sociales du territoire. Elles peuvent également être accompagnées dans leurs démarches administratives par des professionnels de l’action sociale afin d’obtenir une couverture maladie. Médecins du Monde leur propose des soins infirmiers, des consultations médicales, de l’information sur la prévention des maladies infectieuses ou du dépistage spécifique pour certaines pathologies. Pour les personnes nées à l’étranger, les parcours d’exil pouvant générer souffrances physiques et psychiques, une prise en charge psychosociale et de santé mentale se développe progressivement. Pour témoigner des obstacles rencontrés dans l’accès aux soins et plaider auprès des acteurs de santé, Médecins du Monde documente les situations. Les données médico-sociales des personnes reçues sont complétées par des récits qui illustrent l’impact sur la santé de la vie à la rue ou en logement précaire, de l’absence de mesures d’accompagnement – telles l’interprétariat, la médiation en santé – ou encore de la grande fragilité des mineurs non accompagnés. Médecins du Monde défend auprès des institutions l’accueil et l’insertion de ces personnes dans des structures de droit commun adaptées (Permanences d’accès aux soins de santé, structures de Protection maternelle et infantile, Centres

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médico-psychologiques, etc.). L’association milite pour un accueil digne et la simplification de l’accès aux droits (levée des contraintes de domiciliation, fusion AME-CMU) et à la santé pour tous, indépendamment de la régularité de leur statut. En 2018, les centres participant au recueil des données ont : reçu 24 056 personnes, réalisé 50 707 consultations au cours de 45 764 visites. Par rapport à l’année 2017, on note une diminution de 1,1 % pour la file active et de 4,3 % pour les consultations. Les trois quarts (76,8 %) des consultants en 2018 n’avaient jamais été reçus avant par Médecins du Monde France, ce qui représente 18 470 nouveaux patients. La grande majorité des consultants (8 sur 10) se sont rendus pour la première fois dans un CASO grâce au bouche-à-oreille, sans orientation préalable par une autre structure. 5 % ont été orientés par une structure de soins et 2 % par un autre programme de Médecins du Monde. Enfin, 15 % ont été adressés par une autre structure telle qu’une institution ou une association.

ACTIONS EN MILIEU CARCÉRAL Depuis 2011, Médecins du Monde s’intéresse aux enjeux de santé pour les personnes placées sous main de justice. La dernière étude de l’Institut de veille sanitaire (2014) montre une surreprésentation de certains problèmes de santé tels que les pathologies psychiatriques, les addictions, les maladies infectieuses (VIH et hépatites), les handicaps et déficiences et les actes auto-agressifs. Médecins du Monde est à l’initiative de deux projets, l’un en amont de l’incarcération et l’autre qui promeut la santé dans une démarche communautaire, respectivement à Marseille et à Nantes. Ils nourrissent un plaidoyer national et une potentielle modélisation d’ampleur globale.

Rapport moral / Opérations France


Médecins du Monde défend :

Une équivalence des dispositifs de santé en prison (RdR), comme le prévoit la loi du 18 janvier 1994.

a mise en place d'alternatives à l'incarcération qui L visent, plutôt que l'enfermement, le renforcement des compétences des personnes présentant des troubles psychiatriques sévères. n accompagnement des personnes favorisant l’emU powerment via le logement. ne promotion de la santé en milieu carcéral dans U toutes ses composantes.

a reconnaissance de l’expression des personnes déteL nues et la possibilité de mobilisations collectives pour la mise en place de dispositifs améliorant la santé. a considération des enjeux de santé dans un contexte L centré sur la sécurité. Cela implique une articulation entre les professionnels de santé et le personnel pénitentiaire qui, en respectant les cadres d’intervention de chacun, permettrait d’améliorer la santé des personnes détenues.

»

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» ACTIONS EN ZONES RURALES ET URBAINES Le recul progressif de l’accès aux soins en France, la crise économique, l’augmentation de la précarité et l’aggravation de la pauvreté ont amené Médecins du Monde à conduire des actions dans des territoires touchés par ces phénomènes. epuis mars 2016, des actions sont menées pour favoriser D l’accès aux droits et soins en zone urbaine au sein du quartier de Lille-Sud. L’objectif est de mieux appréhender ces « précarités invisibles » dans une démarche de promotion de la santé, en s’attachant notamment à améliorer les capacités individuelles et collectives des habitants dans les domaines de l’éducation à la santé, de la prévention et des pratiques de santé. La précarité n’est plus la particularité des grandes villes. Aujourd’hui, ce phénomène prend plus d’ampleur en milieu rural où s’ajoutent des difficultés inhérentes au territoire. Depuis 2013, Médecins du Monde s’intéresse aux problèmes d’accès aux soins en zone rurale à travers deux programmes : ESCORDA, basé en Auvergne dans les Combrailles : R il s’agit d’un dispositif d’accès aux soins et de coordination à destination des personnes en situation de précarité rencontrant des difficultés d’accès aux droits et aux soins. Construit dans une démarche « d’aller-vers », le programme se veut au plus près des réalités des personnes pour établir un diagnostic social et de santé et construire un accompagnement adapté et soutenu jusqu’au droit commun. ans la Haute-vallée de l’Aude, Médecins du Monde facilite D l’autonomie des personnes en situation de précarité dans leur accès à la santé. L’équipe y propose des permanences médico-sociales accessibles à tous au sein de structures partenariales ainsi que des actions mobiles vers les personnes les plus éloignées de la santé, notamment auprès des consommateurs de produits psychoactifs. Ces trois programmes incluent des postes de médiateurs en santé et font la promotion de cette démarche adaptée aux personnes éloignées du système de santé.

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SANTÉ DES PERSONNES À LA RUE ET MAL LOGÉES PROMOUVOIR LA SANTÉ DES PERSONNES À LA RUE

FAVORISER LE SUIVI SANITAIRE EN SQUATS ET BIDONVILLES

Nos missions mobiles auprès des personnes sans abri rencontrent de plus en plus de jeunes, de femmes et d’enfants en situation d’extrême précarité. Certaines sont aussi vues dans nos CASO, où 91 % des patients déclarent ne pas avoir de logement personnel. Les dispositifs d’hébergement d’urgence connaissent une saturation inédite, et beaucoup de personnes à la rue se découragent et renoncent même à composer le 115. La vie à la rue renforce l’exclusion et a de graves conséquences sur la santé.

Les équipes intervenant en squats et bidonvilles constatent les conséquences de l’habitat ultra précaire et de la pratique répétée des expulsions sur la santé des personnes. Les expulsions sans relogement jettent les habitants des bidonvilles dans l’errance, les éloignent du système de santé, brisent la continuité des soins et rendent difficile la prévention et la lutte contre les épidémies. Pour pouvoir bénéficier de l’aide médicale d’État ou de la Protection universelle maladie, ces personnes doivent se confronter à la barrière de la langue, à la méconnaissance du système de santé français, à de multiples obstacles dans le parcours d’accès aux droits et à des délais d’instruction très longs.

NOTRE ACTION À la rue ou dans les centres d’hébergement et d’accueil de jour, nos équipes mobiles proposent divers services : Accompagnement dans les démarches administratives. Consultations médicales, soutien psychosocial, médiation en santé. Information et sensibilisation des acteurs médicaux et sociaux sur la problématique de l’habitat et de la précarité. Veille sanitaire. À travers ses actions, Médecins du Monde révèle l’effet du sansabrisme sur la santé et témoigne des difficultés rencontrées par les personnes concernées pour faire valoir leurs droits et accéder aux soins. En plus de ses interventions sur le terrain, l’association témoigne auprès des institutions pour promouvoir des dispositifs d’hébergement et de logement adaptés, mais aussi des dispositifs mobiles pour permettre aux personnes les plus exclues d’avoir un contact médico-psychosocial et un accès aux soins effectif et pérenne.

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L’instruction du 25 janvier 2018, axée sur la résorption des bidonvilles, est un signe positif d’évolution de l’action publique en faveur de solutions durables. Cependant, elle n’a pas encore fait significativement évoluer la pratique sur le terrain et les expulsions en 2018 ont été encore plus nombreuses qu’en 2017. NOTRE ACTION Médecins du Monde intervient dans les squats et bidonvilles pour proposer un accès aux soins et aux droits aux habitants ou les orienter vers des structures de santé – avec une attention particulière portée à la santé des femmes et des enfants. La médiation en santé est particulièrement adaptée. Les médiateurs en santé de l’association travaillent avec des partenaires associatifs et de droit commun pour améliorer la prise en charge des habitants des bidonvilles et renforcer

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leur capacité à recourir aux soins et aux droits de façon autonome. Favorable à une politique de résorption des bidonvilles qui tient compte de la participation des personnes concernées, Médecins du Monde insiste sur l’importance de solutions concertées, conçues bien en amont des expulsions, et de propositions de relogement adaptées et pérennes. En l’absence de propositions dignes et le temps que celles-ci soient élaborées avec les habitants, l’association milite pour une stabilisation temporaire des personnes et une sécurisation sanitaire des lieux de vie.

SANTÉ ET ENVIRONNEMENT NOCIF Pour les personnes en bidonvilles, la santé passe aussi par l’environnement de vie. Les équipes de Médecins du Monde Marseille ont décidé de mettre ce sujet au cœur de leur action, et mènent un programme qui inclut une approche dédiée à l’amélioration des conditions de vie dans le bidonville. De nombreux facteurs liés à l’environnement peuvent être nocifs pour la santé : l’eau, les toilettes, la gestion des déchets, le bois utilisé pour se chauffer, le travail de ferraillage, la pollution de l’air dans des lieux sans aération et particulièrement exposés, la présence de nuisibles, etc. Nous interpellons les pouvoirs publics afin que l’accès à l’eau, qui est fondamental, mais aussi à des sanitaires et au ramassage des déchets soit effectif, quel que soit le lieu de vie.

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MIGRATION Selon le rapport annuel du Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) paru en juin 2018, le nombre de personnes déracinées dans le monde a atteint le seuil historique de 68,5 millions fin 2017. En France, les demandes d’asile ont augmenté de 22 % en 2018. 122 743 demandes ont été enregistrées à l’OFPRA. 46 700 personnes, mineurs inclus, ont été placées sous protection. Médecins du Monde travaille auprès de migrants dans la plupart de ses programmes en France. En centre de soins ou en intervention mobile, nos équipes proposent des soins infirmiers, des consultations médicales, des actions de prévention. Les souffrances physiques et psychiques générées par les parcours d’exil sont également prises en compte. Au plus près des personnes, sur leur lieu de vie, l’association témoigne et dénonce leurs conditions de vie sur le territoire : mise à l’abri insuffisante voire inexistante, pas d’accès à l’eau, violences policières, etc. Médecins du Monde milite pour un accueil digne de toutes les personnes, quelle que soit leur situation de migration, pour le respect de leurs droits fondamentaux et une prise en charge inconditionnelle et de qualité. FRONTIÈRE FRANCO-ITALIENNE L’Italie est l’un des principaux axes migratoires empruntés par les exilés souhaitant poursuivre leur parcours en Europe. Depuis la reprise des contrôles aux frontières par la France en juin 2015, des milliers de personnes sont restées bloquées à Vintimille dans des conditions d’accueil non respectueuses des droits fondamentaux. Les personnes tentent alors par tous les moyens de contourner les verrous représentés par les postes aux frontières, d’abord par la vallée de la Roya puis, plus récemment, par les cols de l’Échelle et de Montgenèvre pour rejoindre Briançon. Les espaces transfrontaliers sont devenus des lieux d’entrave aux droits des personnes : refoulement, non-respect du droit d’asile et du droit à la protection des mineurs, usage de violence et d’intimidation. Plusieurs habitants de ces zones ont été placés en garde à vue, voire poursuivis pour « aide au séjour irrégulier », le délit de solidarité.

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Malgré la mobilisation citoyenne, les capacités d’accueil deviennent insuffisantes et les besoins en santé sont importants. Nous soutenons les initiatives portées par les acteurs de santé, par les collectifs citoyens de la vallée de la Roya et du Briançonnais et par des acteurs italiens. À Briançon, environ 5 600 personnes sont passées par le Refuge Solidaire dont Médecins du Monde est partenaire. Nous intervenons en complémentarité des dispositifs de soins et d’accueil existants en collaboration avec les acteurs locaux, pour proposer dans les lieux d’accueil un bilan de santé, des premiers soins et une orientation si nécessaire, ainsi qu’une écoute pour les exilés comme pour les aidants et bénévoles. PARIS À Paris, la situation s’est encore dégradée en 2018 malgré la mise en place de trois accueils de jours et de quatre Centres d’accueil et d’examen de situation (CAES) par la Préfecture d’Île-de-France. En effet, ces nouveaux dispositifs restent très largement sous dimensionnés par rapport au nombre d’exilés à la rue et conditionnent l’hébergement à la situation administrative des personnes, ciblant ainsi les demandeurs d’asile dit « primo-arrivants » et laissant sur le côté les « dublinés », les déboutés et les personnes sans papiers, malgré leur immense vulnérabilité. En parallèle, la situation à la rue s’est durcie : mise en place d’obstacles et de barrières sur les sites habituels des campements, forte présence policière visant à disperser systématiquement les exilés et créant une véritable « politique d’invisibilisation ». Les lieux de regroupements et de campements se sont alors retrouvés dans des quartiers plus reculés, isolés, sous l’emprise de passeurs et de différents trafics. Face à cette situation, l’action de veille sanitaire mobile a connu une augmentation importante de son activité (+ 57 %, passant de 2 209 à 3 467 consultations médicales). Elle s’est par ailleurs renforcée avec la mise en place d’une permanence d’accueil et d’écoute psychologique et juridique, spécifique pour les exilés des campements, et d’une coordination des différents acteurs impliqués sur le terrain pour interpeller les pouvoirs publics sur la situation.

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CALAIS, GRANDE-SYNTHE, DUNKERQUE Depuis le démantèlement de la « jungle » de Calais en octobre 2016 et l’incendie du camp de Grande-Synthe en février 2017, la situation continue de se dégrader à la frontière franco-britannique. Période sombre, régie par un concept aussi simple que brutal de « tolérance zéro », de refus de tout point de fixation ou campement, qui condamne les personnes exilées à une errance précaire et permanente, sans aucun recours au moindre espace refuge personnel ou familial. Démantèlements répétés, mesures d’éloignement inadaptées, destruction systématique des biens et des abris, accès entravé aux droits les plus élémentaires, ultra sécurisation des infrastructures, grillages et barbelés pour empêcher tout nouveau lieu de vie se multiplient. Pendant l'été 2018, jusqu'à 3 000 hommes, femmes et enfants étaient bloqués à la frontière, en attente d’une solution ou d’un passage vers le Royaume-Uni, dans des conditions indignes et dégradantes, causes de souffrances caractérisées, somatiques et psychiques. Médecins du Monde a poursuivi ses efforts pour maintenir le maximum de ses capacités opérationnelles, à savoir trois sorties en clinique mobile par semaine, et développer une approche en santé mentale et soutien psychosocial pour venir

en aide aux plus vulnérables. Des accompagnements vers les structures de santé et des distributions de biens de première nécessité ont également été réalisés. Au cours de l’année 2018, 171 sorties ont été réalisées et plus de 3 000 personnes ont été rencontrées par une équipe de 40 bénévoles et salariés.

CAFFIM Face aux violations des droits fondamentaux des personnes migrantes et réfugiées à la frontière franco-italienne, les associations Amnesty International France, La Cimade, MSF France, Secours Catholique et Médecins du Monde France se sont rapprochées pour renforcer leur appui aux acteurs locaux français et italiens. L’objectif de cette Coordination des actions à la frontière franco-italienne auprès des migrants (CAFFIM) est d’apporter un soutien aux acteurs locaux des deux côtés de la frontière, afin de répondre à l’urgence de protéger et de défendre les droits des personnes réfugiées et migrantes.

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SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE Médecins du Monde participe au pilotage de la feuille de route de la Stratégie nationale de santé sexuelle 20182030. Elle vise à améliorer la prise en charge en SSR, en garantissant à chacun et chacune une vie sexuelle autonome, satisfaisante et sans danger, ainsi que le respect de ses droits en la matière. Elle a également pour but d’éliminer les épidémies d’infections sexuellement transmissibles, problème majeur de santé publique.

PROJET PRÉVENTION VIH - IST - TUBERCULOSE Nos équipes rencontrent des patients en situation de précarité, essentiellement des étrangers, venant de régions à fortes prévalences du VIH, des hépatites B & C et de tuberculose. NOTRE ACTION Renforcer la prévention : équipement des programmes en matériel de prévention (flyers, préservatifs, matériel d’injection), entretiens individuels ou animations collectives. Améliorer l’accès au dépistage : information, orientation et dépistage des IST, des hépatites B & C et de la tuberculose, en partenariat avec les institutions publiques et des laboratoires de ville. Des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) pour le VIH, le VHC et la syphilis sont proposés. Faciliter l’accès aux soins : partenariats avec les structures de droit commun, accompagnement physique et psychologique des patients. Témoigner de la situation des personnes au regard de ces pathologies. CHIFFRES CLÉS 88 professionnels socio-sanitaires formés sur les techniques du counseling et de l’utilisation des TROD. Plus de 1 800 entretiens individuels de prévention réalisés en 2018. ENJEUX Développer l’accès au dépistage de manière adaptée et innovante.

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PRÉVENTION CANCER DU COL DE L’UTÉRUS Le dépistage du cancer du col de l’utérus (CCU) par frottis cervico-utérin a permis de réduire de moitié le nombre de décès en France. Cependant, le CCU touche toujours plus de 3 000 femmes chaque année. NOTRE ACTION Le projet de recherche interventionnelle mené en partenariat avec l’Institut national du cancer a continué son implémentation jusqu’en décembre 2018. L’objectif était d’améliorer l’accès au dépistage du CCU et de favoriser le suivi gynécologique dans les structures de droit commun par la mise en œuvre de consultations de prévention dédiées, associées ou non à la proposition d’un auto-prélèvement vaginal pour la réalisation d’un test de détection du papillomavirus humain (HPV) et une éventuelle orientation pour la réalisation d’un frottis cervico-utérin. CHIFFRES CLÉS 7 programmes concernés (CASO, CAOA, squats et travail du sexe) dans 4 villes (Bordeaux, Lyon, Paris et Rouen). 23 centres partenaires (PMI, CPEF, CMS et médecins de ville). 32 bénévoles et salariés formés dans les programmes. 398 femmes ont participé à la consultation de prévention dédiée. 166 femmes ont été orientées vers les structures partenaires pour la réalisation du frottis. 185 femmes ont pu réaliser un auto-prélèvement, puis être orientées pour la réalisation d’un frottis. ENJEUX Améliorer l’accès au dépistage du CCU. Renforcer les actions de prévention en SSR. Faciliter l’accès aux soins en plaidant et renforçant les partenariats avec les structures de droit commun.

Rapport moral / Opérations France


RÉDUCTION DES RISQUES La stratégie de réduction des risques (RdR) 2017-2021 s’appuie sur les principes fondamentaux de Médecins du Monde : soigner, témoigner, plaider, accompagner les communautés dans leur volonté de changement social. Elle prolonge le combat politique auprès de et avec les personnes usagères de drogues, les travailleurs et travailleuses du sexe et les minorités sexuelles et de genre. L’objectif général est d’améliorer la santé ainsi que l’accès aux droits des personnes et de faire tomber les barrières légales, normatives et sociales qui marginalisent ces populations et les écartent des services de santé.

USAGE DE DROGUES Malgré la reconnaissance de la RdR et son inscription dans la loi en 2004, Médecins du Monde continue de se heurter aux limites posées par le cadre légal qui maintient la criminalisation et la stigmatisation des personnes qui consomment des drogues. NOTRE ACTION Nous menons un programme « XBT » de coordination nationale du dispositif d’analyses de drogues porté avec un réseau de partenaires repartis sur la métropole. Le projet s’inscrit dans une démarche de connaissance des produits et de leurs effets en vue de limiter les risques liés à leur usage. CHIFFRES CLÉS Plus de 1 000 produits collectés et analysés par Médecins du Monde et son réseau de 40 partenaires.

TRAVAIL DU SEXE Médecins du Monde et un collectif interassociatif s’est mobilisé afin d’étudier l’impact de la loi n°2016-444 sur la santé et les droits des travailleurs du sexe. En effet, une étude réalisée sur deux ans, publiée en avril 2018, a permis de démontrer un accroissement de la précarité et de la clandestinité, un moindre accès aux services de santé, une mise à mal des stratégies de prévention et une augmentation des situations de violences. NOTRE ACTION L’association a pour objectif l’amélioration de la santé des personnes par la réduction des risques liés à la pratique ainsi que la prise en compte de leurs besoins par les structures de soins et de prévention. CHIFFRES CLÉS En 2018, plus de 120 bénévoles se sont investis dans les quatre programmes (Montpellier, Paris, Poitiers, Rouen), ont enregistré près de 18 000 contacts et accompagné près de 1 800 personnes. ENJEUX Une question prioritaire de constitutionnalité a été portée au Conseil d’État en novembre 2018 afin de mettre en lumière les conséquences néfastes de la loi n°2016-444 sur la santé et la protection des personnes.

ENJEUX En 2018, à l’occasion de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi Justice qui propose d’instaurer une amende forfaitaire délictuelle pour le délit d’usage de stupéfiants, plusieurs organisations dont Médecins du Monde, Aides, la Fédération Addiction, la Ligue des droits de l’Homme et le Syndicat de la magistrature notamment se sont mobilisées pour dénoncer, à travers la publication d’un livre blanc, les conséquences néfastes de ce projet de réforme sur la santé et les droits des personnes qui consomment des drogues. Rapport moral / Opérations France

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Rapport moral / Plaidoyer56 et campagnes /


ENFANCE VULNÉRABLE En France, on estime que plus de 3 millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, plus de 30 000 seraient sans domicile et 9 000 vivraient en bidonvilles1.

PARRAINAGE

ENFANTS ET ADOLESCENTS NON ACCOMPAGNÉS

Lancé en 1988 à l’hôpital Necker-Enfants malades de Paris, le programme Parrainage des enfants hospitalisés s’est développé dans plusieurs centres de santé en région parisienne, en Guyane (jusqu’en juillet 2016) et à la Réunion.

La moitié des 68,5 millions de personnes exilées dans le monde sont des enfants. Parmi eux, certains sont seuls, sans leurs parents. Fuyant la guerre, les violences ou les discriminations pour trouver un avenir meilleur, ils mettent leur vie en danger lors de parcours migratoires périlleux. Ainsi la plupart des mineurs non accompagnés (MNA) sont victimes de violences physiques et psychologiques, d’abus sexuels et de trafics d’êtres humains.

Cette mission a permis de développer des pratiques uniques dans le domaine de l’accompagnement et la prise en charge des enfants en situation de vulnérabilité extrême dans des établissements hospitaliers. Il s’agit d’un dispositif spécifique qui a permis d’accompagner près de 2 600 enfants hospitalisés depuis sa création.

Alors qu’ils devraient être protégés en tant qu’enfants en danger, ils sont d’abord considérés comme migrants. Leur identité et leur parole sont remises en question dans le cadre d’évaluations sommaires, subjectives et brutales. Ainsi, près des trois quarts des jeunes se présentant comme MNA sont exclus de toute protection et se trouvent dans une situation inextricable. Contraints de vivre à la rue, sans protection ou accompagnement aux droits, ils sont encore plus exposés aux violences.

Après avoir été soutenue par Médecins du Monde pendant trente ans, la mission parrainage s’est préparée pendant deux ans au transfert à l’association « Chaîne de l’espoir », qui a repris l’activité d’accompagnement des enfants hospitalisés au 1er janvier 2019.

Médecins du Monde s’engage auprès des MNA exclus de la protection de l’enfance. Nos équipes les accompagnent pour leur offrir une écoute bienveillante, un accès aux soins et une aide à la reconnaissance de leurs droits. Par ailleurs, nous plaidons pour qu’ils soient reconnus comme des enfants en danger avant d’être des jeunes migrants et que soient prises toutes les mesures nécessaires pour les protéger, leur permettre d’accéder à la santé et à l’éducation et assurer leur bien-être et leur avenir, en vertu de l’intérêt supérieur de l’enfant.

1. UNICEF 2015.

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OUTRE-MER L’année 2018 a été contrastée dans les Outre-mer, avec une situation très compliquée dans l’Océan Indien et un retour au calme en Guyane après les évènements de 2017 qui avaient paralysé Cayenne durant de nombreuses semaines.

OCÉAN INDIEN MAYOTTE L’année a démarré avec un blocage généralisé de Mayotte pendant près de deux mois. Les revendications ont beaucoup porté sur la situation sécuritaire et migratoire de l'île, entretenant dangereusement un amalgame entre délinquance et migrants. Médecins du Monde, en partenariat avec d’autres associations, a mis en garde les autorités – via des rencontres avec le préfet et le ministère des Outre-mer – sur les risques de tels amalgames et a rappelé l’ampleur des besoins en services publics de santé à Mayotte.

GUYANE L’embolie des services publics de santé en Guyane s’est résorbée en partie en 2018 et les délais d’ouverture de droits ou d’obtention de rendez-vous médical à la Permanence d’accès aux soins de santé (PASS) ont fortement diminué. Pour l’équipe, ce retour à une certaine stabilité a permis de consolider le projet de promotion de la santé et d’accompagnement social dans les quartiers d’intervention de Cayenne et de poursuivre l’activité de prévention avec le réseau de partenaires. Une équipe mobile médicalisée a aussi été mise en place une fois par semaine.

La situation sécuritaire s’étant dégradée pendant cette période, l’équipe de Médecins du Monde a dû mettre en suspens ses activités pendant plusieurs semaines car il était impossible de circuler. Ces évènements internes à Mayotte se sont accompagnés de fortes tensions diplomatiques entre la France et les Comores. Mayotte subit par ailleurs depuis des mois des secousses sismiques quasi quotidiennes qui ont fortement inquiété les habitants et les autorités. Malgré ces problèmes, l’activité médicale, en plus des actions sociales et de prévention en santé environnement – séances de ramassage de déchets – a pu être déployée dans le bidonville de Kaweni. LA RÉUNION Sur l’île de la Réunion, l’équipe a poursuivi son diagnostic sur Saint-Louis et a pu démarrer des sorties médicalisées avec un nouveau camion. En fin d’année, les équipes régionales se sont fortement mobilisées pour assurer l’accès aux droits et aux soins de dizaines de migrants venus en bateau depuis le Sri Lanka.

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Rapport moral / OpĂŠrations France

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DÉLÉGATIONS RÉGIONALES UNIVERSITÉS D’AUTOMNE

TRAVAIL SUR LA RÉGIONALISATION

Les Universités d’automne de Médecins du Monde se sont déroulées du 13 au 14 octobre 2018 à Nancy sur le thème : « Quelle posture et quelle résistance pour Médecins du Monde dans les milieux hostiles ? »

Un important travail a été réalisé tout au long de l’année 2018 pour clarifier les rôles et responsabilités au sein des délégations régionales en France. Ce travail a mobilisé l’ensemble des délégués et des coordinateurs régionaux, les secrétaires généraux et membres du Conseil d’administration référents pour le secteur France et la direction des opérations France. Il a été réalisé avec l’appui méthodologique de l’équipe Horizon 2025 (service en charge de l’appui aux chantiers de transformation de l’association) et d’une société coopérative à intérêt collectif (SCIC).

Les 89 participants (acteurs du terrain et du siège France et internationaux) ont réfléchi et travaillé sur l’espace que peuvent occuper les ONG en France et dans le monde face au durcissement des politiques françaises et internationales. Trois ateliers ont été organisés pour aborder différentes approches et interroger nos pratiques : Interassociatif et réseaux : Comment investir des espaces d’influence ? Outils juridiques : Quelle judiciarisation ? Comment transformer une victoire juridique en action concrète ? Être plus audible, impactant, réveiller les consciences via la mobilisation citoyenne : un outil pour Médecins du Monde ?

Le résultat de ce travail a permis de définir très clairement les responsabilités des membres des collèges régionaux ainsi que celles des coordinateurs régionaux à travers la mise à jour des mandats des délégués, secrétaires, trésoriers et collèges régionaux. Ces nouveaux mandats ont été validés par le Conseil d’administration.

A été mis en avant l’exemple réussi du combat pour les droits sexuels et reproductifs qui a permis de développer notre mobilisation et notre capacité d’influence au niveau local et au niveau international. Le renforcement des capacités d’agir et la mobilisation des personnes concernées dans le champ de la militance et du plaidoyer a été un moment fort des discussions. En somme, malgré un constat assez accablant sur les difficultés d’accès aux soins et aux droits à l’international et en France, émergent des perspectives via les mobilisations citoyennes qui se développent, certaines avancées obtenues par le contentieux juridique et le réflexe plus évident pour les acteurs associatifs de travailler en réseau et en partenariat. Des axes qu’il faudra évidemment continuer à renforcer dans l’avenir.

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Rapport moral / Opérations France


ANNUAIRE DES DÉLÉGATIONS RÉGIONALES ALSACE / FRANCHE-COMTÉ 24, rue du Maréchal-Foch, 67000 STRASBOURG T : 03 88 14 01 00 alsace@medecinsdumonde.net

MIDI-PYRÉNÉES 5, boulevard de Bonrepos, 31000 TOULOUSE T : 05 61 63 78 78 midi-pyrenees@medecinsdumonde.net

AQUITAINE 2, rue Charlevoix-de-Villers, 33300 BORDEAUX T : 05 56 79 13 82 aquitaine@medecinsdumonde.net

NORMANDIE 5, rue d’Elbeuf, 76000 ROUEN T : 02 35 72 56 66 normandie@medecinsdumonde.net

CORSE 6, boulevard Danielle-Casanova, 20000 AJACCIO T : 04 95 51 28 93 corse@medecinsdumonde.net

OCÉAN INDIEN 22, rue Saint-Louis, 97460 SAINT-PAUL T : 02 62 21 71 66 ocean-indien@medecinsdumonde.net

HAUTS-DE-FRANCE 129, bd Montebello, 59000 LILLE T : 09 83 85 54 78 hauts-de-france@medecinsdumonde.net

PACA 4, avenue Rostand, 13003 MARSEILLE T : 04 95 04 59 60 paca@medecinsdumonde.net

ÎLE-DE-FRANCE 15, bd de Picpus, 75012 PARIS T : 01 43 14 81 99 ile-de-france@medecinsdumonde.net

PAYS DE LA LOIRE 33, rue Fouré, 44000 NANTES T : 02 40 47 36 99 pays-de-la-loire@medecinsdumonde.net

LANGUEDOC-ROUSSILLON 18, rue Henri-Dunant, 34090 MONTPELLIER T : 04 99 23 27 17 languedoc-roussillon@medecinsdumonde.net

POITOU-CHARENTES 169, rue Saint-Roch, 16000 ANGOULÊME T : 09 51 13 57 16 poitou-charentes@medecinsdumonde.net

LORRAINE 13 B, rue de la Ravinelle, 54000 NANCY T : 03 83 27 87 84 lorraine@medecinsdumonde.net

RHÔNE-ALPES / AUVERGNE / BOURGOGNE 15, Boulevard Marius Vivier Merle, 69003 LYON T : 04 72 92 49 25 rhone-alpes@medecinsdumonde.net

Rapport moral / Opérations France

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L’ADOPTION L’ANNÉE 2018 A ÉTÉ DÉDIÉE À L’ACCOMPAGNEMENT ET LA GESTION DE LA CESSATION DE L’ACTIVITÉ D’ADOPTION INTERNATIONALE PAR MÉDECINS DU MONDE. TOUTES LES ÉTAPES PRÉVUES AU CALENDRIER DE CESSATION D’ACTIVITÉ ONT ÉTÉ FRANCHIES, SELON LE CALENDRIER ÉTABLI ENTRE MÉDECINS DU MONDE ET LA MISSION ADOPTION INTERNATIONALE (MAI). 2018 EST L’ANNÉE CHARNIÈRE ENTRE LA FIN DES APPARENTEMENTS FAMILLES/ENFANTS ET LA POURSUITE DES SUIVIS DES ENFANTS ACCUEILLIS VIA MÉDECINS DU MONDE, QUI SE TERMINERA FIN 2019.

LES ACTIONS 2018

L’EXPERTISE

4 237 enfants ont été accompagnés par Médecins du Monde en tant qu’organisme autorisé pour l’adoption entre 1990 et fin 2018.

À l’heure des derniers bilans d’activité, il apparaît que l’OAA de droit privé Médecins du Monde a occupé une place importante et particulière, celle d’un organisme adapté et légitime durant trois décennies, se spécialisant dans l'accompagnement des enfants les plus vulnérables : les enfants à besoins spécifiques. Il demeure reconnu par tous les acteurs de l’adoption pour son éthique, son accompagnement des familles, son professionnalisme et son expertise.

En 2018 : 14 enfants sont arrivés en France pour une adoption. 179 enfants ont été suivis par les équipes des antennes régionales et du siège. Cette année a été marquée par la fin du Contrat d’objectif et de moyens (COM) signé le 8 juin 2015 entre Médecins du Monde et le ministère des Affaires étrangères et européennes. Les relations avec les autorités centrales des pays d’origine des enfants ont été maintenues, notamment par le biais d’une mission en Haïti. Malgré une diminution conséquente de l’activité de l’équipe en place, celle-ci se mobilise encore pour respecter les engagements et les tâches programmées, avec une équipe restreinte, tant en bénévoles qu’en salariés.

Responsable de la mission : Zohra Clet Directeur général : Joël Weiler

Les actions de communication se sont poursuivies : Diffusion du documentaire « Roman d’une adoption » sur France 2 (Infrarouge). Publication dans la revue Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (Elsevier Masson) d’une analyse portant sur le devenir de 230 adolescents adoptés via MdM entre 2001 et 2012.

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Membres du Comité d’adoption représentant le conseil d’administration : Dr Philippe de Botton (médecin endocrinologue), Alexandre Kamarotos (directeur de l’association Défense des enfants International). Effectif : 3 salariées et 78 bénévoles travaillent pour la mission adoption, réparties entre le siège et les antennes régionales.

Rapport moral / L’adoption



LE RÉSEAU INTERNATIONAL EN 2018, OUTRE LA STRUCTURATION DE SA GOUVERNANCE ET LE RENFORCEMENT DE SON IMPACT, VIA LE PARTAGE D’EXPÉRIENCES ET LA MISE EN ŒUVRE DE PROGRAMMES ET DE PLAIDOYERS COMMUNS, LE RÉSEAU INTERNATIONAL DE MÉDECINS DU MONDE A NOTAMMENT ACCUEILLI UN NOUVEAU MEMBRE, PORTANT À SEIZE1 LE NOMBRE D’ASSOCIATIONS QUI LE COMPOSENT.

RENFORCEMENT DU RÉSEAU En 2018, Médecins du Monde France s’est fortement investi dans la structuration et le renforcement du réseau international. Les services de la formation ont ainsi formé une trentaine de personnes issues de sept différentes associations Médecins du Monde. Ces personnes ont suivi la formation d’introduction à Médecins du Monde ou encore des formations sur la logistique, la sécurité et la planification de projets. Ce renforcement de capacités a également pris la forme de missions d’appui, de mises à disposition de ressources humaines ou encore d’échanges d’expériences au siège ou sur les programmes de Médecins du Monde France. L’objectif de cet investissement est de renforcer l’identité de Médecins du Monde à travers les seize membres du réseau, d’améliorer la cohérence et la complémentarité entre nos projets.

FINALISATION DE LA FEUILLE DE ROUTE Du 1er au 3 octobre 2018, les présidents et directeurs généraux du réseau Médecins du Monde se sont réunis à Berlin en Assemblée générale. Cette rencontre a marqué la fin de la feuille de route du réseau, projet de deux ans ayant comme objectif de structurer le réseau et d’améliorer l’impact de nos actions. Au terme de cette feuille de route, une nouvelle gouvernance a été adoptée, plus structurée et partageant davantage le pouvoir.

Les directeurs et présidents ont également validé un ensemble de procédures et principes destinés à mieux coordonner nos prises de parole et notre communication externe. Ils ont également entériné un document présentant des objectifs et des mécanismes financiers et de fundraising pour le partage des ressources financières au sein du réseau. Les participants se sont également engagés à mettre en œuvre dans les deux prochaines années une initiative commune autour des violences liées au genre.

ADHÉSION DE MÉDECINS DU MONDE TURQUIE Au terme d’un processus d’adhésion de près d’un an, Médecins du Monde Turquie est devenu en octobre 2018 le seizième membre du réseau Médecins du Monde. Créée initialement par Médecins du Monde France pour pouvoir mettre en œuvre des programmes en Syrie via la frontière turque, la structure s’est peu à peu émancipée et est devenue une organisation non gouvernementale turque à part entière, avec des instances associatives, une stratégie et des projets qui lui sont propres. La structure appuie également Médecins du monde France en tant que base arrière pour la mise en œuvre des projets au nord de la Syrie. Avec un budget d’environ 10 millions d’euros, elle compte en son sein plus d’une centaine de personnes.

1. Allemagne, Argentine, Belgique, Canada, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Japon, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie.

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Rapport moral / Le réseau international


Depuis le début des crises irakiennes et syriennes, de nombreuses personnes ont traversé les frontières turques. Cet afflux a provoqué des tensions dans les services publics du pays et tout particulièrement dans les services de santé auquel l’accès est très réduit pour les populations migrantes et réfugiées. Ainsi, Médecins du Monde Turquie met en œuvre des projets d’amélioration des services de santé (soins de santé primaires, santé sexuelle et reproductive, santé mentale et référencement) pour les populations réfugiées et migrantes dans les provinces turques de Hatay, Izmir et Istanbul.

RÉPONSE À L’URGENCE À GAZA Depuis mars 2018, des milliers de palestiniens manifestent chaque vendredi dans le cadre de la « Grande marche du retour », revendiquant leurs droits sur les terres dont ils ont

été expulsés et demandant la fin du blocus de Gaza. Avec plus de 29 000 blessés et 195 morts, la réponse israélienne a été violente et a mené le fragile système de santé de Gaza au bord de la rupture. En appui au ministère de la Santé, Médecins du Monde France et Espagne ont mis en place une réponse commune pour désengorger le système de santé, notamment les hôpitaux, grâce à un soutien au personnel de santé (formations au triage et à la gestion des flux de patients, accompagnement sur les soins post-opératoires) et à un approvisionnement en médicaments et intrants médicaux. Une équipe chirurgicale orthopédique a également aidé à soulager la longue liste de patients et des services d’appui psychosocial ont été intégrés au département d’urgence à l’hôpital Al-Aqsa.

Rapport moral / Le réseau international

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LUTTE POUR L’ACCÈS AUX MÉDICAMENTS

CHIFFRES CLÉS

Depuis 2014, le réseau Médecins du Monde est mobilisé sur le prix et l’accès aux médicaments. Cette mobilisation s’est organisée autour des traitements contre l’hépatite C dont le sofosbuvir de Gilead Sciences, introduit en Europe à des prix pouvant aller jusqu’à 50 000 € par personne. Ces prix ont contraint les États à organiser des dispositifs de rationnement. Face à cette rupture de l’universalisme, le réseau Médecins du Monde a plaidé pour des prix plus bas et la fin des rationnements. Pour ce faire, l’association a fait le choix de questionner la légitimité même de la propriété intellectuelle sur le sofosbuvir, et donc du monopole comme barrière à l’accès à la santé, par des oppositions devant l’Office européen des brevets.

Au total, le réseau international de Médecins du Monde a mené 373 programmes dans 73 pays. 155 programmes internationaux dans 57 pays : Afrique

79 programmes dans 26 pays

Amériques

29 programmes dans 9 pays

Asie

20 programmes dans 10 pays

Moyen-Orient

16 programmes dans 5 pays

Europe

11 programmes dans 7 pays

218 programmes nationaux dans les 16 pays du réseau : En 2018, les onze Médecins du Monde européens se sont associés à Médecins sans Frontières et à des associations nationales pour attaquer la validité du brevet sur le composant de base (base compound) du sofosbuvir. Le jugement a été rendu à Munich en septembre 2018. Cette opposition a contraint Gilead Sciences à modifier son brevet. Elle a permis de fournir des éléments décisifs sur deux autres oppositions au Brésil et en Chine. Si elle n’a pas permis de faire tomber le brevet et d’obtenir des génériques à des prix raisonnables, elle a inscrit les enjeux de propriété intellectuelle sur le médicament dans le débat public européen. Cette mobilisation commune a enfin permis aux Médecins du Monde européens de prolonger ce plaidoyer sur le prix du médicament à l’échelle nationale.

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Amériques

12 programmes dans 3 pays

Europe

204 programmes dans 12 pays

Asie

2 programmes dans 1 pays

Rapport moral / Le réseau international


LES ASSOCIATIONS MÉDECINS DU MONDE ALLEMAGNE www.aerztederwelt.org Président : Pr Heinz-Jochen Zenker

MÉDECINS DU MONDE JAPON www.mdm.or.jp Président : M. Gaël Austin

MÉDECINS DU MONDE ARGENTINE www.mdm.org.ar Présidente : Mme Jimena Marro

MÉDECINS DU MONDE LUXEMBOURG www.medecinsdumonde.lu Président : Dr Jean Bottu

MÉDECINS DU MONDE BELGIQUE www.medecinsdumonde.be Président : Dr Ri De Ridder

MÉDECINS DU MONDE PAYS-BAS www.doktersvandewereld.org Président : Dr Awj Teunissen

MÉDECINS DU MONDE CANADA www.medecinsdumonde.ca Président : Dr Nicolas Bergeron

MÉDECINS DU MONDE PORTUGAL www.medicosdomundo.pt Président : Dr Fernando Vasco

MÉDECINS DU MONDE ESPAGNE www.medicosdelmundo.org Président : Dr José Félix Hoyo Jiménez

MÉDECINS DU MONDE ROYAUME-UNI www.doctorsoftheworld.org.uk Président : M. Tim Dudderidge

MÉDECINS DU MONDE ÉTATS-UNIS www.doctorsoftheworld.org Président : Pr Ron Waldman

MÉDECINS DU MONDE SUÈDE www.lakareivarlden.org Présidente : Dr Hanna Ingelman-Sundberg

MÉDECINS DU MONDE FRANCE www.medecinsdumonde.org Président : Dr Philippe de Botton

MÉDECINS DU MONDE SUISSE www.medecinsdumonde.ch Président : Dr Dominik Schmid

MÉDECINS DU MONDE GRÈCE www.mdmgreece.gr Président : Dr Nikitas Kanakis

MÉDECINS DU MONDE TURQUIE www.dunyadoktorlari.org.tr Président : M. Hakan Bilgin

Rapport moral / Le réseau international

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CANADA

ÉTATS-UNIS

OCÉAN ATLANTIQUE

MEXIQUE HAÏTI HONDURAS GUATEMALA SALVADOR

NICARAGUA VENEZUELA COLOMBIE

OCÉAN PACIFIQUE

BOLIVIE

ARGENTINE

Programmes nationaux Programmes internationaux

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Rapport moral / Le réseau international


RUSSIE SUÈDE

ROYAUME-UNI

BELGIQUE

PAYS-BAS LUXEMBOURG ALLEMAGNE

UKRAINE

FRANCE SUISSE CROATIE SERBIE

MONGOLIE

GÉORGIE

BULGARIE PORTUGAL

ESPAGNE

ITALIE GRÈCE TUNISIE

MAROC ALGÉRIE

SAHARA OCCIDENTAL MAURITANIE SÉNÉGAL SIERRA LEONE

MALI

PAKISTAN

NÉPAL BANGLADESH BIRMANIE

NIGER

LAOS VIÊTNAM

YÉMEN

CAMBODGE

NIGERIA CÔTE D’IVOIRE

JAPON

ÉGYPTE

BURKINA FASO BÉNIN TOGO

TURQUIE

LIBAN SYRIE IRAK PALESTINE

CAMEROUN

RCA

RDC

SUD SOUDAN

PHILIPPINES

ÉTHIOPIE

SOMALIE OUGANDA KENYA

SRI LANKA

TANZANIE ANGOLA MOZAMBIQUE MADAGASCAR

OCÉAN INDIEN

Rapport moral / Le réseau international

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FINANCEMENT MÉDECINS DU MONDE S’ENGAGE SUR DES PRINCIPES DE GESTION FINANCIÈRE.

RIGUEUR DE GESTION ET TRANSPARENCE FINANCIÈRE

LE COMITÉ DES DONATEURS

Médecins du Monde est agréé par le Comité de la charte – Don en confiance et s’attache tout particulièrement à respecter les principes de ce comité, dont la rigueur de gestion et la transparence financière.

CONTRÔLES PAR DES ORGANISMES EXTERNES Médecins du Monde est soumis au contrôle de la Cour des comptes et les comptes de l’association sont certifiés par le commissaire aux comptes (cabinet Deloitte). Des audits approfondis sont menés par les bailleurs de fonds publics français (notamment l’Agence française de développement), européens (DG Echo - agence humanitaire de la Commission européenne, par exemple) ou internationaux (comme les Nations unies).

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Médecins du Monde s’appuie sur un comité des donateurs indépendant qui analyse et interroge régulièrement le travail de l’association.

LE PÉRIMÈTRE FINANCIER Le périmètre financier de MdM France comprend également les flux financiers avec certaines associations du réseau international de Médecins du Monde : MdM-Allemagne, MdM-Belgique, MdM-Canada, MdM-Espagne, MdM-États-Unis, MdM-Japon, MdM-Pays-Bas, MdM-Royaume-Uni, MdM-Suède… Le rapport financier détaillé de l’association est accessible sur le site internet : medecinsdumonde.org

Rapport moral / Financement


DÉPENSES/RESSOURCES MDM-FRANCE* Dépenses** 81,9 % missions sociales 14,7 % recherche de fonds 3,4 % fonctionnement

Ressources** 48 % générosité du public 47,5 % subventions publiques 3,2 % subventions privées et mécénat 1,3 % autres

* CER nouvelle méthode. ** Hors variations de provisions et fonds dédiés.

Rapport moral / Financement

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RELATIONS INSTITUTIONNELLES INTERNATIONALES Les liens avec les institutions internationales sont indispensables pour les ONG actives dans le domaine humanitaire. Ces institutions sont à la fois des bailleurs importants et des instances politiques de premier plan. Médecins du Monde développe des partenariats avec certaines institutions lui permettant d’influencer les politiques internationales. L’association participe par ailleurs à différents collectifs d’ONG facilitant l’accès aux instances de décision internationales afin de développer un plaidoyer au nom de ces ONG.

L’UNION EUROPÉENNE Parmi les différents organes de l’Union européenne, les deux principales institutions de solidarité de la Commission européenne sont l’Office d’aide humanitaire (DG ECHO) et le programme d’aide au développement et à la coopération (DG DEVCO), dont les financements sont assurés par les instruments d’EuropeAid (AIDCo). Depuis 2015, via son réseau européen, Médecins du Monde est également financé par la DG Santé et son Agence exécutive pour les consommateurs, la santé et l’alimentation, pour ses projets d’aide aux migrants. En 2018, Médecins du Monde, en lien également avec son réseau européen, a obtenu un financement de la DG Justice pour ses projets d’aide aux migrants en Europe. Enfin, en 2017 et 2018, Médecins du Monde a été sous-récipiendaire du Fonds fiduciaire d’urgence (Trust Funds) de l’Union européenne. Le mandat de la DG ECHO consiste à porter assistance et secours d’urgence aux victimes de catastrophes naturelles ou de conflits en dehors de l’UE. La DG ECHO intervient à travers près de 200 partenaires (ONG européennes, réseau Croix-Rouge, agences spécialisées des Nations unies). En 2017, Echo a consacré 2,2 milliards d’euros au financement de projets humanitaires, dont 31 % est attribuée aux ONG. La mission de la DG DEVCO via EuropeAid est de mettre en œuvre les instruments d’aide extérieure de la Commission européenne, un des principaux contributeurs en matière d’aide publique au développement.

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Depuis plusieurs années, MdM est une ONG majeure du collectif VOICE (Voluntary Organisations in Cooperation in Emergencies), basé à Bruxelles, interface entre les ONG européennes humanitaires et les institutions de l’UE (Commission européenne/ DG ECHO, Parlement européen, États membres). VOICE regroupe plus de 80 ONG européennes dont les plus importantes en taille et en influence. MdM France, au nom du réseau MdM, est actif dans différents groupes de travail de VOICE (« FPA Watch Group », « suivi du Grand Bargain », etc.). MdM intervient auprès de la DG DevCo par l’intermédiaire de CONCORD (Confédération européenne des ONG d’urgence et de développement) via le collectif français des ONG Coordination SUD, qui assure un lobbying auprès des institutions de l’Union et participe à l’élaboration de positions communes sur la politique de développement européenne et les grands enjeux des relations Nord-Sud. Le Conseil de l’Europe (COE) regroupe 46 États européens. Le réseau international de MdM bénéficie du statut consultatif auprès du COE et fait partie d’OING Service, une plateforme de liaison et d’animation des ONG ayant ce statut.

LES NATIONS UNIES Le Conseil économique et social (Ecosoc) est l’organe principal de coordination des activités économiques et sociales de l’ONU et de ses organismes et institutions spécialisés. Le réseau international de MdM dispose du statut consultatif de rang 1 lui permettant de mener des actions de lobbying, notamment auprès de la Commission des droits de l’homme. Il a le statut d’observateur dans cet organe subsidiaire de l’Ecosoc. Le réseau international de MdM assure une représentation au sein du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Rapport moral / Relations institutionnelles internationales


epuis début 2018, MdM a été admise en tant que parteD naire officiel de l’OMS et nous sommes membres actifs du groupe de référence de la société civile travaillant sur les recommandations de l’OMS concernant les hépatites virales. MdM est membre du Conseil international des agences bénévoles (ICVA), réseau d’ONG qui concentre ses efforts sur les questions humanitaires, basé à Genève. ICVA regroupe plus de 100 ONG internationales. Ce réseau a pour mission de promouvoir et de plaider pour une action humanitaire plus efficace et plus éthique. Il intervient auprès des instances onusiennes, en abordant différents dossiers thématiques tels que l’articulation entre humanitaires et militaires ou la protection des civils dans les conflits armés, ainsi que l’augmentation des fonds alloués aux ONG, internationales et nationales.

LE FONDS MONDIAL Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est une institution financière internationale multilatérale créée en 2002 qui alloue des subventions pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds mondial collecte et investit près de quatre milliards de dollars US par an. Depuis 2002, le Fonds mondial a fourni un traitement antisida à 8,6 millions de personnes, un traitement antituberculeux à 15 millions de personnes et 600 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide destinées à la prévention du paludisme dans 150 pays pour soutenir des programmes de prévention, de traitement et de soins à grande échelle de ces trois maladies. À noter que MdM bénéficie également de subventions de l’Initiative 5 % (géré par Expertise France), soutien supplémentaire de la France au Fonds mondial.

L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT Institution financière, l’Agence française de développement (AFD) fait partie du dispositif français de l’aide publique en faveur

LA CONVENTION DE PARTENARIAT PLURIANNUEL ENTRE L’AFD ET MÉDECINS DU MONDE

des pays pauvres. Sa mission est de participer financièrement à des projets de développement. Depuis 2009, l’AFD a le mandat de financer les ONG françaises par le biais de la Division du partenariat avec les ONG (DPO), qui pilote le partenariat avec les ONG et assure le suivi des initiatives portées par celles-ci. En tant que membre de Coordination SUD, MdM participe aux différentes discussions entre les ONG françaises et l’AFD, tant sur la stratégie de l’AFD que sur ses modalités de financement. Par ailleurs, MdM a été partenaire de l’AFD sur deux projets de santé sexuelle et reproductive (« fonds Muskoka » de la France), en Haïti et à Madagascar dans le cadre de deux consortiums d’ONG dont MdM est chef de file.

LE CENTRE DE CRISE ET DE SOUTIEN Le Centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères et du Développement international gère les crédits publics français destinés aux actions humanitaires d’urgence (Fonds humanitaire d’urgence : FUH, Fonds de stabilisation). En dehors des financements, MdM est en lien stratégique et institutionnel avec le CDCS au travers de la Commission humanitaire de Coordination SUD.

COOPÉRATIONS BILATÉRALES En dehors des fonds publics français, Médecins du Monde bénéficie du soutien de coopérations bilatérales. Grâce à la participation active de son réseau, MdM est un partenaire de DFID (via MdM Grande-Bretagne depuis Londres), du ministère des Affaires étrangères allemand (via MdM Allemagne depuis Munich), de la DGD (via MdM Belgique depuis Bruxelles), des Affaires mondiale Canada (via MdM Canada depuis Montréal) et de USAID/ OFDA (via MdM États-Unis depuis New York). Par ailleurs, MdM est régulièrement soutenu par la DDC (Direction développement et de la coopération) suisse et SIDA (coopération suédoise) via un financement géré par le FNUAP en RDC.

transversales pour développer les connaissances, le plaidoyer et la notoriété sur les thématiques sélectionnées. Ce projet a pour but d’améliorer l’accès à la santé et aux droits des populations clés ainsi que la prévention du cancer du col de L’Agence française de développement (AFD) a soutenu MdM l’utérus en alliant réponse de santé publique et approche comdepuis 2010 à travers un outil de financement appelé « Convention munautaire fondée sur les droits humains. Pour cela, l’enjeu est programme » / CP, centré sur les thématiques prioritaires que d’une part d’améliorer la santé des consommateurs de drogues sont la santé sexuelle et reproductive, déclinée en « grossesses par la diffusion de programmes modèles et de promouvoir leur non désirées » en 2017, et réduction des risques, déclinée en mise à l’échelle, de renforcer l’accès aux droits et aux soins des « accès aux traitements de l’hépatite C » en 2016. Depuis 2018, travailleurs du sexe et d’autre part de réduire de la morbidité et MdM a signé avec la DPO/ Division du partenariat avec les ONG de la mortalité dues au cancer du col de l’utérus. À travers cela, une Convention de partenariat pluriannuel, nouvel instrument de MdM entend renforcer les systèmes de soins et leurs accès dans quatre ans (2018-2021) qui a été proposé à quatre ONG françaises. les zones d’intervention du programme ainsi que le renforcement Cette CPP permet de cofinancer une dizaine de projets dans une des et capacités d’agir des titulaires de droits. première phase de deux ans, tout en développant des activités Rapport moral / Plaidoyer campagnes / 73


ORGANISATION

CONSEIL D’ADMINISTRATION L’assemblée générale élit pour trois ans les membres du conseil d’administration (CA), au nombre de douze, auxquels s’ajoutent trois suppléants. Le CA élit en son sein, pour un an, le président et le bureau de l’association : les vice-présidents, le trésorier adjoint, le secrétaire général et le secrétaire général adjoint. Le CA, organe exécutif de l’association, se réunit mensuellement et prend toutes les décisions d’orientation de l’association. À l’issue de l’assemblée générale du 9 juin 2018, l’association a élu son conseil d’administration : Président Docteur Philippe de Botton, médecin endocrinologue et diabétologue Vice-présidents Catherine Giboin, consultante en Santé publique Fyras Mawazini, responsable de programmes d’aide au développement et d’appui aux sociétés civiles Secrétaire général Christian Laval, sociologue Secrétaire générale adjointe Docteur Florence Rigal, médecin interniste - praticien hospitalier Trésorier Bernard Juan, entrepreneur Trésorier adjoint Docteur Joël Le Corre, médecin généraliste

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Sont membres du conseil d’administration : Sophie Alary, directrice de programmes - Association Aurore Docteur Patrick Bouffard, médecin - cardiologue en centre de santé Alexandre Kamarotos, directeur de l’association Défense des Enfants International Thierry Malvezin, éducateur spécialisé Docteur Françoise Sivignon, médecin radiologue Sont membres suppléants au conseil d’administration : Anne Guilberteau, sociologue Mehdi Lahmar, directeur de projets en biologie de la santé Professeur Antoine Lazarus, médecin - professeur honoraire en Santé publique et médecine sociale

Rapport moral / Organisation


DIRECTION DE MÉDECINS DU MONDE Directeur général : Joël Weiler Directeur des opérations internationales : Docteur Jean-François Corty / Marina Benedik Directeur des opérations France : Yannick Le Bihan Directrice financière et des systèmes d’information : Catherine Desessard Directrice des ressources humaines : Florence Hordern / Fanny Martin-Born Directeur de la communication et du développement : Jean-Baptiste Matray Direction santé et plaidoyer : Sandrine Simon Secrétaire général du réseau international : Féli Ibanez

Rapport moral / Organisation

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NOUS REMERCIONS NOS PARTENAIRES PRIVÉS LES FONDATIONS ET ENTREPRISES 1000mercis, Fonds de dotation Agnès B., Fondation CHANEL, Air France, American Express Japon, Arkea, Association Ouest-France Solidarité, Fonds Aubrac géré par la Fondation Roi Baudoin, The Big Lottery Fund, Bred, CIC, Caisse Régionale du Crédit Agricole de la Réunion, Fondation Crédit Agricole, Fondation Crédit Agricole Nord, Crédit Coopératif, Crédit Mutuel, Elton John AIDS Foundation, FONDATION GROUPE EDF, Fondation de France, Fonds Inkermann, Fondation Seligmann, Fonds de dotation Barreau de Paris Solidarité, Fondation du Grand Orient de France, Ivoire-Voeux solidaires.com, Lilo, Fondation Macif, Fondation d’entreprise Michelin, Fondation d’entreprise Groupe Optic 2000, Fondation d’entreprise L’Oréal, Fondation Orange, Fondation Peters, Fondation Sanofi Espoir, Fondation Sternstunden, Fondation d’entreprise Veolia Environnement, The Tolkien Trust, the ELMA relief foundation, Open Society Foundation, the David and Lucile Packard Foundation, Queen Mary University of London, La chaîne de l’espoir, Penny Appeal, Fondation JM.Bruneau, Rotary Club de Longwy, Eglise Valdese, Amercian Jewish World Service, Citizen (Fondation UP),

NOS PARTENAIRES PUBLICS ORGANISMES MULTILATÉRAUX Union européenne (DG Echo, DG DevCO/EuropeAid, DG Santé, DG Justice), agences des Nations unies (PNUD, FNUAP, HCR, UNICEF, OCHA, PAM, OMS), Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Banque mondiale, 3 Diseases Fund (3DF), Advanced Family Planning, Amplify Change Fund ORGANISMES BILATÉRAUX En Europe : ministère des Affaires étrangères allemand (GFFO), Coopération britannique (DFID et Ambassade de Grande-Bretagne), Coopération monégasque (DCI), Coopération suisse (SDC), Coopération belge (DGD), Coopération suédoise (SIDA), Coopération Néerlandaise.

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n France : Agence française de développement (AFD), E Centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères (CDCS), Ambassades de France, Expertise France/ Initiative 5% Autres : Coopération américaine (USAID, OFDA), Coopération canadienne (GAC). Collectivités françaises : conseil régional Île-de-France, région Rhône-Alpes, Safer de l’Île-de-France, conseil général de la Réunion, conseil général du Val-d’Oise, conseil général de Haute-Garonne, conseil régional d’Alsace, conseil régional Paca, conseil régional NordPas-de-Calais, les communautés d’agglomération du bassin d’Aurillac et du Grand Angoulême. Les mairies : Aressy, Aubervilliers, Aubiac, Amilly, Bazelat, Begaar, Bellevigne-en-Layon, Bengy-surCraon, Bergerac, Biarrotte, Bischoffsheim, Bournezeau, Bullecourt, Brie, Cagny, Castelneau-Pegayrols, Castelnau-de-Mandailles, Charny, Confort, Cormellesle-royal, Crolles, Descartes, Echirolles, Exincourt, Fessenheim, Guitrancourt, Grenay, Groisy, Hagondange, Jarnac, Keskastel, La Rochefoucault, L’Hôpital, Leers, Lespinasse, Limoges, Locoal-Mendon, Lurcy Levis, Neuilly-Sur-Marne, Mauregard, Neure, Montoir-deBretagne, Morlaas, Mundolsheim, Neure, Obersaasheim, Rainneville, Rilhac Rançon, Rougemont, St-Georges-deLuzençon, St-Georges-Les-Landes, St-Martin-d’Uriage, La-Celle-sur-Nièvre, Heimsbrunn, Saint-Laurent-desVignes, Soyaux, Sulniac, Rarecourt, Rennes, Reyrieux, Vannes, Vendays-Montalivet DE NOS MISSIONS FRANCE Agences régionales de santé (ARS), conseils départementaux, conseils régionaux, mairies, Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), caisses d’allocations familiales (CAF), caisses maladie régionales (CMR), caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), caisses régionales d’assurance maladie (CRAM), centres communaux d’action sociale (CCAS), Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD),

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Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé), direction générale de la santé (DGS), direction générale de la cohésion sociale (DGCS), directions régionales de la jeunesse et de la cohésion sociale (DRJCS), directions départementales de la cohésion sociale (DDCS), Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), Institut National du Cancer (INCa), Permanences d’accès aux soins de santé (Pass), Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé (Dases), Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), unions régionales des caisses d’assurance maladie (Urcam), centres hospitaliers, caisse générale de sécurité sociale de la Guyane (CGSS), la Mutualité sociale agricole (MSA), Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), Centre de détention et Maison d’arrêt de Nantes.

NOS PARTENAIRES ASSOCIATIFS Act up-Paris, Aides/Coalition Plus, Amnesty International, Association nationale d’assistance aux frontières des Etrangers (Anafé), APLEAT, Association des familles victimes du saturnisme (AFVS), Association d’autosupport et de réduction des risques des usagers de drogues (Asud), Bizia, Sida Paroles, Gaïa Paris, ATD Quart-Monde, Bus 31/32, Cabiria, centre Primo Levi, Emmaüs Solidarité, Coordination française pour le droit d’asile (CFDA), Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement, Cimade, collectif Romeurope, collectif Migrants outremer (MOM), collectif Alerte, Comede, Coordination française pour le droit d’asile (CFDA), Droit au logement (DAL), Emmaüs, Fondation Abbé Pierre (FAP), Fédération Addiction (FA), Fédération des associations pour la promotion et l’insertion par le logement (Fapil), Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Fédération parapluie rouge, Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), IPAS, Keep smiling, Médecins Sans Frontière France, Ordre de Malte, La Case, les Amis du bus des femmes, les Restos du cœur, Les Roses d’Acier, Association PALOMA, PHASE Nepal, Ligue des droits de l’homme (LDH), Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE), Observatoire international des prisons (OIP), Pathfinder international, Association Penelope, Pharmacie humanitaire internationale (PHI), Plateforme contre la traite des êtres humains, Plateforme de service aux migrants (PSM), Secours catholique, Solidarité Sida, Sidaction, SOS Drogue international (SOS DI), le syndicat du travail sexuel (Strass), Techno Plus, Uniopss, Acceptess-T, ARCAT, le Collectif des Femmes de Strasbourg-SaintDenis, Association SAFE, International Network of People who Use Drugs (INPUD), Harm reduction international (HRI), International Drug Policy Consortium (IDPC), Médecins sans frontières, Autres Regards, Cabiria, Grisélidis, Equipop, le Mouvement français pour le planning familial, ainsi que de nombreux partenaires locaux.

NOS PARTENAIRES EUROPÉENS PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ European Public Health Association (EUPHA), Comité Permanent des Médecins Européens (CPME), Andalusian School of Public Health, Adapting European Health Services to Diversity (ADAPT), WHO Europe, Fédération européenne des médecins salariés (FEMS), Association européenne des médecins des hôpitaux (AEMH), Union européenne des médecins spécialistes (UEMS), Conseil européen des Ordres de médecins (CEOM), European Nurses Federation (EFN), European Board and College of Obstetrics and Gynaecology (EBCOG), Eurohealthnet, European TB coalition, Global Health Advocates, The Royal College of Midwives (UK). AUTRES PARTENAIRES Platform for International Cooperation on Undocumented Migrants (PICUM), European Patient Forum (EPF), European Anti-Poverty Network (EAPN), Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abris (FEANTSA), European AIDS Treatment Group (EATG), Association européenne des Droits de l’Homme (AEDH), ATD Quart Monde, European Network against Racism (ENAR), Confédération des organisations familiales de l’Union européenne (COFACE), International Lesbian Gay Association (ILGA), European Policy Center (EPC), Health Action International (HAI), Social Platform, Eurochild, EPIM / NEF, Women Political Leaders (WPL) global forum et Migreurop. TOUS NOS AUTRES PARTENAIRES AINSI QUE CEUX QUI NOUS ONT SOUTENUS PAR L’INTERMÉDIAIRE D’UN LEGS OU D’UNE ASSURANCE-VIE DANS NOS ACTIONS EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER AU COURS DE L’ANNÉE 2018, SANS OUBLIER NOS DONATEURS PARTICULIERS.

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COORDINATION Thomas Flamerion

SECRÉTARIAT DE RÉDACTION Pauline De Smet

DESIGN CommeQuoi ?

PRODUCTION Le Révérend

PHOTOS Olivier Papegnies (couverture, p. 5, 15, 27, 39, 41, 43, 47, 49, 51, 53, 56, 63, 75), Nicolas Moulard (p. 4), Sébastien Duijndam (p. 11), Vincent Nageotte (p. 14), Arnaud Finistre (p. 17, 71), Reuters (p. 22, 37), Christophe Da Silva (p. 28), MdM (p. 32), Quentin Top (p. 33, 65), Olivier Borson (p. 59).



MÉDECINS DU MONDE 62 rue Marcadet - 75018 Paris Tél. 01 44 92 15 15 Fax. 01 44 92 99 99 medecinsdumonde.org MdM_France

C : 100 M : 60 J:0 N:0 Médecins du monde - Identité visuelle FRANCE

08/07/2009


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