CULTURE expo
Edouard Dermit Portrait de Jean Cocteau, 1958 Huile sur toile, 100 x 81 cm Collection Stéphane Dermit © Photographie Jean Bernard
Jean Cocteau
ou la fuite du temps
Propos recueillis par Fabien Franco
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L’amateur d’art est convié à une orgie d’images dont il n’est pas sûr qu’il en ressorte indemne. Au Palais Lumière à Evian, une exposition tente de cerner l’insaisissable. Quelques 450 œuvres exhibées forment un inconcevable imagier signé Jean Cocteau. Interview de Robert Rocca, commissaire d'exposition.
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Kaële : L’exposition Cocteau réunit plus de 400 œuvres. Comment ne pas se perdre parmi un tel nombre de créations ? Robert Rocca : Avec Cocteau, il est
difficile de ne pas faire autrement. La structure de l’exposition se décompose en trois parties, elle suit la chronologie des créations. Nous n’avons sélectionné qu’une faible partie de l’œuvre globale, quelques grains de sable sur une plage... La base de cette exposition est la collection de Stéphane Dermit, fils d’Édouard Dermit(1) compagnon de Jean Cocteau et son légataire universel. La colonne vertébrale de l’exposition est le dessin, c’est-à-dire que toutes les créations s’articulent autour du dessin. K : Plus largement comment appréhender l’œuvre ? R.R. : Il faut l’approcher par l’intui-
tion et non par la réflexion. C’est ainsi que j’ai tenté de percer le mystère Cocteau : en écoutant mon intuition. Il est évident que c’est une œuvre traversée par la mort. Cette dernière est présente dans presque chaque ouvrage, chaque film. Nous avons traité Michel Bepoix et moi la partie artistique seulement, en mettant de côté les aspects de la vie privée alors même que je n’ai pas connaissance d’un artiste qui est autant mêlé ses vies privée et professionnelle. En effet, ses amis, ses amants sont dans ses films, dans ses livres. K : Selon vous, la mort a été un moteur de création. R.R. : Sans vouloir faire de psychana-
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explorer à fond les territoires récemment conquis. Roman, théâtre, peinture, cinéma, tout devait être fait avec cette faim que l’inexorable temps qui passe ne faisait qu’exacerber. Son insatiable curiosité n’était pas celle d’un dilettante, loin de là. Il investissait le plus profondément possible ces nouvelles contrées. L’ampleur de son œuvre témoigne d’un réel besoin de créer qui pourrait conjurer l’inéluctable fin. C’est ainsi que j’imagine un Cocteau assoiffé d’expériences, de rencontres. Tout au long de sa vie, il a écrit de la poésie, des pièces de théâtre. Sur le cinéma, on compte plus de 220 textes ! K : Un homme fasciné par l’image.
Il est totalement fasciné par l’image. C’est un rêveur qui a essayé de mettre en pratique ses rêves ! Sont exposées aussi les céramiques... R.R. : Oui, elles représentent un mo-
ment heureux de sa vie. Toucher la matière, une sorte de sculpture rapide... Il n’avait jamais expérimenté auparavant la sensation tactile.
Jean Cocteau • Œdipe ou Le carrefour des trois routes. • Projet de rideau pour Oedipux Rex, 1952 • 96 x 130 cm Collection Stéphane Dermit • © Photographie Jean Bernard • © ADAGP, Paris 2010
K : Cocteau n’est-il pas un artiste « aérien » jusque dans sa façon de créer ? R.R. : Les images d’archives que j’ai
pu voir montrent un Jean Cocteau qui semble survoler la terre plus qu’il ne la foule. C’est aussi une silhouette fine, gracieuse. Son costume d’académicien est étonnant de ce point de vue là : peu d’entre nous pourrait y passer le bras. L’élégance morale et intellectuelle caractérise sa personnalité. C’est aussi ce dandy parisien qui courait les réceptions durant l’entre-deux guerres. C’est l’une des facettes les plus passionnantes du métier de commissaire d’exposition : on connaît parce qu’on a vu, lu et entendu mais quant à appréhender l’artiste plus concrètement, cela demande davantage d’immersion. Cocteau est très surprenant : un trait créatif, qui part dans tous les sens, remis en question en permanence... C’est une œuvre pleine de liberté ! J’ai découvert un artiste très libre et aérien. K : Les œuvres exposées rendent-elles compte de toutes les facettes de l’artiste ?
R.R. : Oui en grande partie. La mode,
lée Opium, qui marque une période très dure vécue par Cocteau, après la mort de Radiguet, durant laquelle l’artiste s’abîmera dans la consommation d’opium. Fasciné par l’image, il n’en reste pas moins que Cocteau était doté d’une personnalité forte. Son œuvre est à la fois profonde et légère. Insaisissable pourrait être l’adjectif qui le qualifie le mieux.
K : On remarque que l’artiste évolue au rythme de son époque, de son siècle comme s’il parvenait plus qu’un autre à capter l’air du temps. R.R. : C’est une éponge, là réside son
K : Insaisissable comme le temps qui passe.
la publicité, la chanson ne sont pas présentes. Lorsque l’on arrive à 300 dessins, il y a un moment donné où il faut bien dire stop. Nous ne pouvions embrasser en une seule fois une création si foisonnante. En revanche, elles traversent toutes les époques, du début du XXe siècle à 1963, année de son décès.
K : Il n’a pas hésité à franchir les frontières. R.R. : C’est un homme curieux qui va
génie. Il est d’une extrême sensibilité, et il perçoit tous les moments de la société. À partir des années cinquante, cette capacité extraordinaire se fait moins prégnante. Sans doute est-ce plus compliqué à un âge où l’on cède aux ors des lambris. À l’instar des marchands d’art dont l’apogée dépasse rarement deux générations, les facultés d’absorption de Jean Cocteau se sont quelque peu taries à partir d’un certain âge. Il était moins en phase avec la société, mais en revanche, il ne manquait pas de se faire plaisir et ses créations reflètent ce changement profond. Il se sentait vieillir, son entourage avait changé. K : Y a-t-il un Cocteau auquel vous êtes plus attaché ? R.R. : En vérité, non. C’est l’ensemble
(1) EN JUILLET 1947, Jean Cocteau fait la connaissance d’un jeune peintre venu de Lorraine, Edouard Dermit. Il l’embauche comme aide-jardinier puis comme chauffeur. En juillet 1950, les premières démarches de Cocteau pour l’adoption d’Edouard Dermit ont lieu mais le projet d’adoption n’aboutira pas avant sa mort. En 1951, Jean Cocteau commence un nouveau journal, Le Passé défini, à l’instigation d’Edouard Dermit. En août, ce dernier devient son légataire universel. Edouard Dermit expose pour la première fois ses peintures à la galerie Montmorency à Paris en 1959. Fils adoptif, légataire universel et amant de Jean Cocteau, c’est lui qui achèvera en 1965, la Chapelle NotreDame-de-Jérusalem à Fréjus dessinée par Cocteau et que celui-ci avait laissée inachevée à sa mort. Edouard Dermit meurt à Paris en 1995. (source : Comité Jean Cocteau)
(2) SIMPLES RENCONTRES, amours ou amitiés durables, voici quelques uns de ceux qui ont croisé son chemin : Léon Daudet, Maurice Rostand, Serge de Diaghilev, Proust, Jacques-Emile Blanche, François Mauriac, Alain Fournier, Charles Péguy, Stravinski, Gide, Roland Garros, Erik Satie, Picasso qui l’introduira à Montparnasse, Darius Milhaud, Paul Morand, Appolinaire, (à sa mort il se déclare son héritier spirituel), Marie Laurencin, Tzara et Picabia, les dadaïstes, Raymond Radiguet (un ami dont la mort l’affectera beaucoup), Auric et Poulenc, Coco Chanel, Jean Marais (avec lequel il nouera une relation amoureuse), Sacha Guitry, Max Jacob, Colette, Matisse, Manolete et Dominguin, Dali, Jean Delannoy, Piaf, Trenet, Kisling, Man Ray, Andy Warhol, Lucien Clergue etc ...
de l’œuvre qui est fascinant. Traité séparément les créations est quelque chose de très difficile à réaliser. Il me semble inutile de vouloir disséquer le travail d’un créateur tel que lui. Toutefois, certaines œuvres m’ont bouleversé plus que d’autres. Par exemple, Le mystère de Jean l’oiseleur est une série qui m’intéresse beaucoup. Cocteau s’est retrouvé dans une pièce avec un miroir et son reflet, et il a donné naissance à une quarantaine d’autoportraits dans lesquels les textes écrits à l’envers et les dessins sont étroitement liés. Il me semble que cette série symbolise assez bien son auteur : fasciné par sa propre image, son identité, son reflet, Cocteau fait appel encore une fois au miroir, symbole du temps qui passe et de la mort que l’on retrouve dans toute son œuvre. Et puis, il y a également cette série de dessins intitu-
Exactement. K : Le titre de l’expostion est Cocteau sur les pas d’un magicien. Est-ce un artiste de l’illusion ? R.R. : Non, pas du tout. Quand nous
avons commencé à travailler sur l’exposition, je suis tombé par hasard dans le dictionnaire sur le mot magicien. Cocteau surprend là où on ne l’attend pas. Les magiciens ne sont pas là pour tromper les gens, ils sont là pour les faire rêver. On sait très bien qu’il y a des mécanismes derrière qui vont donner vie à la création, mais l’objectif est le rêve. K : Né au XIXe siècle, Cocteau est-il selon vous représentatif du XXe siècle ? R.R. : Totalement. Dans la première
partie du XXe siècle, il a croisé tous les plus grands créateurs (2) , tous les courants artistiques sans jamais en devenir membre. Il a toujours été très libre, il s’est immergé dans plusieurs cercles. L’esprit français a du mal à cerner ces artistes qui traversent différentes techniques et approchent plusieurs modèles de création : il faut que l’on puisse classer, poser des étiquettes et avec Cocteau c’est compliqué. Peintre, dessinateur, poète, écrivain, cinéaste, scénariste, comment définir Cocteau ? K : Que reste-t-il de Cocteau aujour d’hui ? R.R. : Dans le grand public, c’est
avant tout l’homme de cinéma, le réalisateur de La Belle et la Bête dont on se souvient. Puis il y a ses dessins, et quelques pièces de théâtre. Par ailleurs cet esprit de liberté qui l’animait n’a pas à ma connaissance facilité d’éventuels artistes qui se seraient inscrits dans la continuité de son approche artistique. Il a, sans aucun doute, beaucoup plus inspiré le milieu cinématographique que le suite page 8 milieu de l’art contemporain.
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lyse bon marché, lorsque son père se tue d’une balle dans la tête, Jean a huit ans. Très tôt confronté à la mort, il est vraisemblable que celleci ait laissé des traces sur l’enfant. La mort mais aussi le temps font partie intégrante de l’œuvre. C’est aussi une manière de créer dans le mouvement, la vitesse, avec une certaine impatience. D’ailleurs, je remarque que Cocteau a fait très peu de sculpture, art de la lenteur par excellence. Le cinéma demande du temps mais les gestes qu’il requiert n’ont pas la lenteur de ceux de la sculpture. Peutêtre est-ce l’une des raisons pour lesquelles peu d’objets sculptés sont nés des mains de l’artiste. Il avait ce sentiment que rien ne dure, que le
temps file à toute allure.
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Sommaire février 2010
Marie Paule Kneip
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Édito
Vendu en Kiosque Arnold Newman Portrait de Jean Cocteau, 1960 Photographie, 34 x 27 cm Collection Carole Weisweiller © Photographie Jean Bernard
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CULTURE Jean Cocteau ou la fuite du temps
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CULTURE Actu culturelle Cd et dvd Livres Galeries d'art
www.kaele -magazine.com
Théâtre Philoctète, Christian Schiaretti : le nouveau son de la tragédie
21 à 22
SCIENCE Neuropathie Orexine, le mystérieux messager
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ÉCONOMIE, LE CAHIER Investissement immobilier Le neuf gagne aux points Panorama des principaux crédits et réductions d'impôts en faveur des particuliers
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ENVIRONNEMENT La société à 2000 W objectif suisse d'un monde durable
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INTERNATIONAL Istanbul 2010 La nouvelle capitale européenne de la culture
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KALÉIDOSCOPE
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LA TABLE DU CHEF Bernard Binaud chef du Pré d'Antoine à FILLINGES
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JEUX
Kaële 1 rue de l'Industrie - 74000 Annecy Tél. : +33 (0)4 50 46 90 62 Fax :
+33 (0)4 50 57 46 99 l Directrice de la publication Marie Paule Kneip kaele@kaelemagazine.com +33 (0)4 50 46 91 05 l Courriel de la rédaction redaction@kaelemagazine.com Rédacteur en chef Fabien Franco +33 (0)6 15 02 49 18 Rédacteurs Caroline Depecker, Tahar Houchi, Benjamin Müller, Aurélie Noailly, Yannick Perrin, Caroline Rabourdin, Daniel Cohen, Elie Rouas, Raphaël Sandraz l Maquette Alain Levy-Valensi/pao@kaele-magazine.com l Kaële Publicité Courriel de la publicité pub@kaele-magazine.com Chef de publicité Frédéric Franco 06 15 02 48 86 Attachée commerciale Flore Franco 06 15 02 48 91 l Kiosques Haute-Savoie. l Éditeur MPK Éditions. Sarl au capital de 15 300 € RCS Annecy. TGI 452 569 221. Siège social 1 rue de l'Industrie - 74000 Annecy. Gérante majoritaire Marie Paule Kneip l Imprimé en France Imprimerie Chirat - 42540 Saint-Just-la-Pendue l Dépôt légal : à parution.
ISSN 1768-4471. AIP 0000835 l Distribution : MLP
De l’absurde
injustice Les images bouleversantes s’accrochent à notre pensée et l’on frémit d’horreur. Les corps recouverts de poussière s’agrippent aux plaques de béton qui les ont engloutis. Un bras, une tête, une jambe, un morceau de vêtement. Autour, des passants hagards, complètement déboussolés, le regard porté au loin de peur qu’il ne s’arrête sur ces lambeaux de chair exposés au soleil. Le carnage est total, inimaginable. Port-au-Prince s’est écroulé en quelques secondes. En Haïti les morts se ramassent à la pelleteuse pendant que les survivants hurlent leur douleur complètement désarmés. Deux jours plus tard, ce qui surprend le plus vu d’ici, c’est le calme et le sang-froid des rescapés. Bien sûr, il y a eu quelques débordements mais pour se nourrir que ferions-nous, nous les nantis, les biens portants, les enfants gâtés de l’existence ? Une image vient se superposer par je ne sais quel truchement : l’ouverture des portes d’un grand magasin le premier jour des soldes et ces hommes et ces femmes qui se bousculent dans une course effrénée et absurde pour acquérir les premiers un objet convoité au plus bas prix. Ou cette autre : les millions de doses de vaccins contre la grippe H1N1 commandées pour protéger des Français récalcitrants, puis remisées dans les coffresforts de l’État français faute de réelle pandémie. D’un côté une société de surconsommation et de surprotection, de l’autre un peuple, le plus pauvre de la planète, une nouvelle fois tragiquement éprouvé. Que se passerait-il chez nous si nous étions confrontés à un séisme de cette ampleur ? Si d’une minute à l’autre nous nous retrouvions et dans le meilleur des cas, dans la rue au milieu des gravats, complètement démunis ? Une autre question intervient aussitôt. Pourquoi aucune des stations de mesures sismiques les plus proches d’Haïti n’a enregistré de mouvements particuliers ? À quoi servent donc les spécialistes et les plus récentes technologies s’ils ne peuvent sauver des vies humaines ? Juste à constater l’irréparable ? À noter pour la postérité que le 13 janvier 2010 un séisme de magnitude 7 a ravagé la ville de Port-au-Prince en HaÏti et enseveli des milliers de personnes ? La compassion m’emporte. Mais comment rester stoïque devant un tel désastre ? Envoyé spécial sur France 2 s’est rendu sur place et les reporters ont suivi une équipe de sauveteurs français. Le reportage est bouleversant et il sera difficile d’oublier cette mère recherchant avec eux son fils, l’appelant dans un ultime espoir « Stéphane mon chéri, c’est maman, répond. Tape avec un bâton. » Les sauveteurs le découvriront sous le béton : « Madame, il est décédé » murmura l'un d'eux. La jeune femme les remercia et s’en alla dignement, seule avec son désespoir. En Haïti, il n’existe pas de « cellule psychologique. » février 2010
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CULTURE expo
ROBERT ROCCA EN QUELQUES MOTS
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C’est en 1979 que Robert Rocca (1949), alors directeur financier au sein de la maison d’édition La différence, fait la connaissance de Francis Bacon, de Gilles Deleuze... autant de rencontres qui vont bouleverser le cours de son existence. « Dans la vie, il faut tomber du côté où l’on penche » résumet-il, avec philosophie. Une autre vie commence pour cet homme qui a décidé de se vouer à l’art. Désormais commissaire d’exposition, il organise les rétrospectives de peintres emblématiques du XXe siècle. Notons les expositions consacrées à George Braque et Toulouse-Lautrec à Dinan, celle de Fernand Léger au Salon du livre de Genève, et durant deux ans celles du centre d’art de l’abbaye d’Auberive. De 1999 à 2004, Robert Rocca assume la direction de l’espace Paul Rebeyrolle (19262005) à Eymoutiers, ville natale de l’artiste. Lors de l’accrochage de La Ruche (Palais Lumière, Évian, février-mai 2009), l’exposition consacrée à la cité des artistes située dans le XVe arrondissement de Paris, Robert Rocca apprend lors d’une conversation avec Denis Écuyer, adjoint au maire chargé de la culture, que les extérieurs maritimes du film L’éternel retour (réalisé par Jean Delannoy, écrit par Jean Cocteau, sorti en France en octobre 1943 avec Madeleine Sologne et Jean Marais) ont été tournés à Évian. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée d’une exposition sur Cocteau au Palais Lumière voit le jour. Les commissaires d’exposition, Michel Bepoix qui en hommage à Jean Cocteau a déjà organisé des rétrospectives entre autres à Bilbao, à Athènes et à Marseille, et Robert Rocca ont souhaité rendre compte de la diversité de l’œuvre. Ils permettent ainsi aux visiteurs d’approcher au plus près la réalité d’une création artistique vive et ancrée dans son siècle.
Jean Cocteau Portrait de Joséphine Baker, 1920 Encre sur papier, 26,2 x 20,5 cm Collection Stéphane Dermit © Photographie Jean Bernard © ADAGP, Paris 2010
Jean Cocteau Autoportrait n°13 du Mystère de Jean l’Oiseleur, 1923 Encre de chine 27 x 21 cm Collection L&E de Saint-Georges © Photographie Jean Bernard © ADAGP, Paris 2010
Nadar fils et Jean Cocteau Profil et dédicace de Jean Cocteau Photographie, 24 x 18 cm Collection Dominique Bert © Photographie Jean Bernard
EXPO
Jean Cocteau
Sur les pas d’un magicien
MUSIQUE
Du 20 février au 23 mai 2010 Palais Lumière, ÉVIAN. Ouvert tous les jours de 10h30 à 19h sauf le lundi de 14h à 19h. Plein tarif 10 €, tarif réduit 7 €. Visite commentée tous les jours à 14h30 (4 € en plus du billet d’entrée).
+33 (0)4 50 83 15 90 / 83 10 00 www.ville-evian.fr
DIALECT MUSIC
Jean Cocteau Affiche « Le Testament d’Orphée », un film de Jean Cocteau, 1960 67 x 48,7 cm Collection Lucien Clergue © Photographie Jean Bernard © ADAGP, Paris 2010
Mercredi 3 mars 2010 Le Brise Glace - ANNECY
Dialect Music c’est l’alchimie du rap qui percute un jazz teinté de funk. Résultat, une formule magique : le Hip-Hop Organique. Ils présentent leur nouvel album, des morceaux de vie quotidienne avec recul et humour, où les mots flirtent avec les mélodies.
+33 (0)4 50 33 65 10 www.le-brise-glace.com février 2010
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CULTURE l'actu
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1/ Richard III - ©Dan Ramaën 2/ The Original Wailers 3/ Where Were We
MUSIQUE THE ORIGINAL WAILERS Mardi 23 février - 20h30 L’Atelier - CLUSES
Décédé en 1981, Bob Marley aurait fêté en février 2010 son soixante-cinquième anniversaire. Son groupe légendaire The Wailers, toujours emmené par Al Anderson et Junior Marvin (les cautions historiques de la nouvelle formation), revisite les standards de leur ancien leader mort prématurément. Crée en septembre 2008, The Original Wailers perpétue Marley sans Bob mais avec une joie évidente. +33 (0)4 50 98 97 60 www.atelier-cluses.fr
CHOPIN
Lundi 1er mars - 20h30 Victoria Hall - GENÈVE
À l’occasion de la célébration du 200e anniversaire de la naissance de Frédéric Chopin (1er mars 1810 17 octobre 1849), vingt-quatre pianistes interprètent les vingt-quatre études de Chopin (les 12 études opus 10, et les 12 études opus 25). La soirée est présentée par Emmanuelle Gaume, animatrice sur France Musique et Arte. +41(0)22 418 35 00 - Fnac.ch
THÉÂTRE MUSICAL RICHARD III
d’après William Shakespeare Vendredi 12 février - 20h30 Espace Novarina - THONON
Richard III revisité ; une manière de montrer que le théâtre de Shakespeare traverse les siècles et se prête à toutes les variations. Le spectacle se déploie avec des acteurs en chair et en os, des acteurs filmés et des effets spéciaux. Et ils sont trois à se partager le rôle de Richard : un acteur, un mu10 kaële
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sicien et un rappeur. Par la Cie l’Unijambiste, mise en scène de David Gauchard. +33 (0)4 50 71 39 47 www.mal-thonon.org
THÉÂTRE SOUPÇONS
d’après Jean-Xavier de Lestrade Du 2 au 21 février La Comédie - GENÈVE
Décembre 2001, Caroline du nord : une femme est retrouvée morte en bas de l’escalier de son manoir. Crime ou accident ? Son mari, un écrivain célèbre, est aussitôt accusé de meurtre. Une machine judiciaire imparable se met en marche. Où est le vrai ? Où est le faux ? Où commence la fiction et où s’arrête la réalité ? L’écrivain estil la victime ou le monstre ? La presse s’empare de l’affaire. Les pistes se brouillent. Au-delà du procès et du fait divers, ce qui fascine ici, c’est la transformation d’un fait en croyance, d’une croyance en récit et d’un récit en réalité. Ou l’inverse. Le réalisateur JeanXavier de Lestrade filme les audiences, la défense au travail, l’accusation, l’écrivain dans l’intimité de sa famille. Il fait de ce procès un véritable polar du réel. C’est à partir de ce documentaire que Dorian Rossel construit sa nouvelle création, troublé par le statut de la réalité qui se dérobe, insaisissable, interpellé par la lutte insensée de la raison contre l’émotion. +41 (0) 22 320 50 01 - www.comedie.ch
WHERE WERE WE
de Phil Hayes Du 4 au 7 mars Théâtre de l’Usine - GENÈVE
Where Were We commence à la manière d’une histoire policière. Un homme et une femme repartent en arrière, à la recherche de ce qu’ils ont oublié.
Les deux personnes reconstituent par la mémoire des lieux dans lesquels se sont passées des choses importantes. Alors qu’elles commencent à les décrire, à les cartographier et à les reconstruire pour y retourner, elles découvrent du nouveau, explorent ce qu’elles n’avaient pas remarqué, y ajoutent d’autres éléments. Dans Where were we, des lieux et des espaces réels lancent un processus de recherche sur le fonctionnement de la mémoire. Sur la façon de vivre l’oubli, sur ce qui distingue le passé du présent. +41(0)22 328 08 18 www.theatredelusine.ch
FESTIVAL BLACK MOVIE
Du 12 au 21 février Maisons des Arts du Grütli - GENÈVE
Parmi les neuf sections de cette année, qui mettent à l’honneur des réalisations de 30 pays d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique : Les Liaisons Dangereuses recèlent de nombreux films troublants des trois continents, fictions vénéneuses et charnelles dédiées aux rencontres passionnelles de tout type ; La Nada y la Rabia propose les regards neufs posés sur le monde par des cinéastes d’Amérique Latine ; Made In China regroupe de nombreux documentaires indépendants du pays de l’Empire du milieu ; La Fièvre de l’Or traite des difficultés économiques et du diktat de l’argent dans les sociétés africaines ; Mauvais Genre, programme de films ; Queer, questionne les genres et les choix de sexualité, d’Argentine jusqu’en Israël. Les films de cette section illustrent la grande diversité des possibles en termes d’amour. Black Movie demeure un festival ouvert sur le monde qui puise sa singularité dans des pépites cinématographiques rarement diffusées en dehors des festivals. www.blackmovie.ch
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CULTURE cd et dvd
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Bande son grandiloquente d’un film expérimental sur la seconde guerre mondiale, ce double album fut l’opportunité de revisiter les Beatles avec un certain brio. Accompagné du London Symphony Orchestra, Elton John, les Bee Gees, Leo Sayer, Peter Gabriel, Keith Moon, Tina Turner, Brian Ferry ou encore Rod Stewart vont, en 1976, réaliser les meilleurs « cover » des Fab Four. Un enregistrement jusque-là inédit en CD. Réédition classieuse en digipack cartonné. Hip-O Select, p. p. c. : 22€.
Pour son nouvel effort studio, Peter Gabriel s’invite chez les autres. Des chansons de Bowie, Talking Heads, Lou Reed, Randy Newman, Paul Simon et Radiohead ici revisitées sans rythmiques ni guitares, juste les arrangements de John Metcalfe (RealWorld), la production de Bob Ezrin (Pink Floyd), des chœurs, un orchestre classique et sa voix aérienne. La tournée mondiale est d’ores et déjà en route. EMI, p. p. c. : 17, 95€.
ARIOUS ARTISTS
ALL THIS AND WORLD WAR II
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ELECTRO
Yannick Perrin
MASSIVE ATTACK Heligoland
C D
Depuis la fin des années 80, le collectif de Bristol n’a cessé de renouveler ses genres en passant aisément de la soul au trip hop jusqu’aux musiques électroniques. Précurseur et pilier dans son domaine, Massive Attack accueille pour ce nouveau projet Horace Andy, Hope Sandoval et Martina Topley-Bird à faire quelques vocalises. Le tout frissonne sur un beat impeccable et des séquences tendues. Virgin, p. p. c. : 15€.
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OCK
PETER GABRIEL Scratch my back
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CHANSONS
GAGARINE Chansons tombées du ciel
En orbite autour de la belle bleue, Bruno Garcia choisit l’apesanteur en déclinant ses chansons vers les étoiles. Regard d’humain ordinaire sur notre existence, amertume cosmique et tendresse lunaire sur le fil de sa quarantaine. L’écriture est sensible, les notes fraîches et le voyage à travers l’espace comme une parcelle de vie. Gagarine traverse le temps entre Houston et Baïkonour à la recherche d’un monde meilleur, d’une vie rêvée. Une voix dix doigts, p. p. c. : 10€.
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Un peu de sang neuf pour le seixième festival de Gérardmer. L’horreur qui venait du froid, de Suède. Poétique, macabre, une enfance abusée et les mythes et légendes d’un pays en proie à d’effroyables meurtres en série. Oppressant et terriblement beau, « Morse » est une approche nouvelle de l’épouvante, une plongée dans la peur et le sang, au plus profond d’une âme meurtrie par la différence, l’indifférence et le désir d’amour. Seven7, p.p.c. : 20€.
Trois jours de musique et de paix... Mais juste avant, la genèse de l’événement mythique vu du côté des riverains et d’un petit hôtel qui va jouer un rôle décisif pour le déroulement de l’événement. Une histoire vraie bien sûr, intelligente et amère. Les cultures s’y entrechoquent sous fond de musique rock, de liberté et d’une très belle nostalgie. Universal. Studio Canal Video, p.p.c. : 16€.
ORSE
De Tomas Alfredson Avec Kare Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar
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N PROPHÈTE
De Jacques Audiard Avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif
Dans l’enfer du monde carcéral, Malik subit et apprend. Analphabète, violence quotidienne et six ans à purger. Le film noir français aurait-il trouvé son nouveau souffle ? La réponse est forcément dans cette silhouette abîmée, ces cadrages sur le fil du rasoir et cette moiteur nauséabonde d’une cellule insalubre. Bande son au couteau, caméra coup de poing, le grand prix du jury de Cannes 2009 est décroché. Gie Spe-Tf1, p.p.c. : 20€.
ÔTEL WOOSTOCK
De Ang Lee Avec Henry Goodman, Edward Hibbert, Imelda Staunton
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U AS TU FAIT À LA GUERRE APA ? (1966)
De Blake Edwards Avec James Coburn, Dick Shawn, Aldo Ray
Du très grand Black Edwards (The Party, La panthère rose...) avec cette comédie épique sous fond de seconde guerre mondiale. Un petit village de Sicile, des Américains qui débarquent, une population plutôt complaisante et puis de l’alcool, les femmes, et surtout l’alcool. On fait alors semblant de se faire la guerre, l’armée et les valeurs héroïques en prennent pour leur grade et le casting se régale de gags visuels. Un été 43 pas comme les autres. Carlotta Films, p.p.c. : 20€.
Yannick Perrin
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CULTURE livres
ROMAN
Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates De Mary Ann Shaffer & Annie Barrows
Ni livre de cuisine ni récit historique, ce roman épistolaire drolatique relate la rencontre de deux mondes éloignés. 1946, Juliet, jeune écrivain londonienne talentueuse mais en mal d’inspiration cherche le sujet de son prochain roman. Dawsey Adams fermier sur l’île de Guernesey et membre du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, trouve un recueil de poèmes de Charles Lamb, poète gallois du XVIIIe siècle ayant appartenu à Juliet. S’engage bientôt une correspondance des plus fortuites entre cette jeune femme vive et libérée et cet homme discret, que les autres membres du Cercle ne tardent pas à rejoindre. Il naît alors une amitié merveilleuse entre ces amoureux des mots, des histoires d’amour et des tourtes aux épluchures de patates. Jusqu’au jour où Juliet se rend à Guernesey. Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, auteures américaines tracent un tableau truculent de l’île de Guernesey pendant et après l’occupation allemande. Avec cet humour anglais pince-sans-rire les deux auteurs montrent comment les pittoresques habitants ont survécu à l’invasion et à la réquisition totale de leur espace, quelle somme d’ingéniosités a été mise en œuvre pour garder force et optimisme et comment est né cet incroyable Cercle littéraire au nez et à la barbe des Allemands. Le passage sur la subtilisation, la préparation et la dégustation du cochon rôti est tout simplement délicieux. « Le cochon d’Amélia a fait un excellent diner [...] Avec les rideaux tirés (pour nous soustraire à la vue de la batterie allemande), la bonne chère et les amis, nous pouvions faire semblant de croire que rien n’avait changé. » À déguster sans modération. Catherine Chappaz. Éditions NiL, 2009, 19 €
JOURNAL
Journal de deuil de Roland Barthes
Lors du deuil de sa mère, avec laquelle il partageait un appartement parisien, Roland Barthes a consigné au jour le jour des fragments de vie sur de petites fiches, décrivant les aléas de son chagrin et de son désarroi. Ils sont aujourd’hui publiés de façon posthume et donnent un témoignage tout en simplicité, en véracité et en finesse de l’« abandonnite ». Il est nostalgique de l’innocence de sa mère, de cette façon qu’elle avait, d’après lui, de s’oublier et de ne jamais faire souffrir ceux qu’elle aimait ; elle avait l’intelligence, « tout ce qui permet de vivre souverainement avec un être », pourtant son fils n’occulte pas l’ambivalence qui lui fait miroiter une forme de liberté, même si elle est sans rivages. Victime d’« ataraxie », il regarde comme de loin les petits jeux de miroir et de reconnaissance : « recueillement si vrai, que les petites batailles inévitables, les jeux d’images, les blessures, tout ce qui arrive fatalement dès lors que l’on survit, ne sont qu’une écume salée, amère, à la surface d’une eau profonde... » Il habite son chagrin, l’ « intègre » grâce au pouvoir thérapeuthique du langage et de l’écriture. On trouve dans ce texte de nombreux renvois, notamment à la « présence de l’absence » ou à la « peur de la catastrophe qui a déjà eu lieu » de Donald Winnicott, autant de petites fenêtres pour donner un horizon au deuil, à la « certitude du Définitif ». Roland Barthes a écrit ces fragments pour lui-même, et l’on retrouve un côté « arraché », comme de petits lassos jetés depuis l’épreuve, ce qui donne à l’œuvre une forme de pureté, loin du peaufinage de l’écriture discursive. Ce n’est pas un monument érigé à la gloire de la défunte, c’est un témoignage où des sentiments profondément humains, y compris dans leur humilité ou leur ambivalence sonnent, en justesse, la simple désolation : personne « à qui pouvoir téléphoner (dire) : voilà, je suis rentré », écrit-il ; « désormais et à jamais je suis à moi-même ma propre mère ». M. P. Éditions du Seuil, 2009, 18,90 €
TÉMOIGNAGE
L’Inconcevable Jean Cocteau de Jean Marais
La troublante candeur de Jean Marais, dévoué à celui qui « l’a fait naître une deuxième fois », décrit la nature du poète avec l’émotion des souvenirs que l’on se remet en mémoire. À travers les mots du comédien décédé en 1998, l’artiste apparaît étrangement divin, tel un ange gracile descendu sur terre pour donner à ceux qui l’ont croisé la preuve qu’une existence humaine est elle-aussi sacrée. Le mysticisme de Jean Marais apporte des réponses à sa ferveur toute religieuse. On pénètre dans un monde raffiné et élégant, jamais hautain, chaleureux fait d’amour et d’amitié. Lire Marais c’est aussi regarder derrière le miroir et voir Cocteau. Au fur et à mesure que les caractères se dessinent l’un par rapport à l’autre, le tableau singulier de la relation qui unit jadis le poète et le comédien prend relief et profondeur, ombres et lumières. Jean Marais écrit : « J’ose dire que Jean Cocteau avait l’âme artiste et que tout son art, sous quelque forme qu’il se présente à nous, se ramène à des confidences et à des mises en garde de son âme. » À la parole de Marais succède le texte Cocteau-Marais, le spectacle conçu et réalisé par Jean Marais et Jean-Luc Tardieu d’après l’œuvre de Jean Cocteau et représenté pour la première fois à Paris en septembre 1983 au théâtre de l’Atelier à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du poète. C’est alors la plume enchantée de Cocteau qui court sur le papier traçant les grandes lignes de sa vie et de sa mort. « Un monde va finir. Un monde commence. Il est entre vos mains de décider s’il sera ténèbres ou lumières. Il n’y a pas une minute à perdre. » F.F. Éditions du Rocher, 1983, réédition en 2003, 18,5 € 14 kaële
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CULTURE l'actu des expos
CHRISTOPHE MIRALLES
Jusqu’au 13 février - Galerie Chantal Mélanson - ANNECY
Explosions chromatiques, visages sans regard, force des lignes, matière épaisse chargée de colère, d’énergie brute, folle et problématique. Miralles, le peintre annécien, expose ses corps blessés qui apparaissent sur la toile plus qu’ils ne se montrent. Ouvert du jeudi au samedi de 10h30 à 12h30, de 15h00 à 19h00 et sur rendez-vous. +33 (0)4 50 45 22 78 - www.art-chantal-melanson.com
THE MORNING AFTER THE BIG FIRE DE SARA BARKER ET MICHAEL SAMUELS PNEUMA, SOMNAMBUL DE KERIM SEILER
Cures minceur MONTIGNAC personnalisées
Jusqu’au 27 février 2010 - Villa du Parc - ANNEMASSE
Les sculptures et les pièces murales de Michael Samuels, réalisées à partir d’éléments de mobilier récupérés ou achetés sur eBay, feront écho aux fragiles volumes dessinés par Sara Barker qui se caractérisent par l’utilisation de matériaux pauvres issus du monde urbain : carton, bois, tissu, etc. Les constructions de Kerim Seiler ressemblent à des corps étrangers. Pneuma, Somnambul, installé sur la terrasse du centre d’art, est un virus urbain. Du mardi au samedi de 14 h à 18h30 et sur rendez-vous, entrée libre. +33 (0)4 50 38 84 61 - www.villaduparc.com
PASCAL BORDARIES, JEAN-PHILIPPE HAUSEY-LEPLAT, ROBERT MANSCOUR Du 6 février au 13 mars 2010 - Galerie Au-delà des apparences - ANNECY
Le galeriste Christian Guex ouvre la nouvelle année avec une exposition placée sous le signe de la rencontre et du partage. Sont réunis trois univers tendres et ludiques, plutôt réjouissants. Pascal Bordaries travaille la matière en y révélant à chaque strate un nouveau secret ; Jean-Philippe Hausey-Leplat sculpte au plâtre à partir d’une armature métalique son animal recouvert de toile de jute de toutes provenances ; Robert Manscour est un forgeron du verre qui fait naître du feu de curieux personnages aux airs de démons moqueurs, hilares, et espiègles. +33 (0)4 50 52 94 34 - www.galerie-audeladesapparences.com
ESTAMPAGES DE DRAGONNIER D’ELISABETH BEURRET Jusqu’au 13 mars 2010 - Galerie 29 - ÉVIAN
L’artiste Élisabeth Beurret, grenobloise domiciliée à Genève, fabrique ses propres papiers. Ses papiers-tableaux mêlent écorces et fibres végétales, collectées sur des territoires choisis en fonction de ce qu’ils représentent. Les tableaux racontent les pérégrinations de l’artiste dans un paysage découvert au rythme de la marche, l’énergie reçue et traduite dans une expression sensible à la matière végétale. Entrée libre du mardi au samedi de 14h30 à 18h et sur rendez-vous. +33 (0)4 50 75 29 61 - www.galerie29.org
QUELLE QUE SOIT LA MINUTE DU JOUR D’OLIVIER MASMONTEIL Jusqu’au 14 mars - Chapelle de la Visitation - THONON
Depuis plusieurs années, Olivier Masmonteil s’est engagé dans un projet exclusif de relecture du genre du paysage tel qu’il s’est développé dans l’histoire de l’art. Il s’est récemment lancé à la réalisation de 1000 petits tableaux, de 25 x 37 cm. Chacun, en vue d’épuiser tous les clichés possibles du paysage au cours d’un voyage à travers le monde. Cette série intitulée « Quelle que soit la minute du jour » fait l’objet de l’exposition. Ouvert du mercredi au dimanche de 14h30 à 18h00. Entrée libre et visite commentée gratuite. +33 (0)4 50 70 69 49 - www.ville-thonon.fr
BERIT, SCULPTURES ET LOUIS TRESSERAS, PEINTURES
Du 20 février au 20 mars 2010 - Galerie Sylvie Platini - VEYRIER-DU-LAC
Les petites filles de Berit, belles et vulnérables, évoquent l’enfance, sa fraîcheur, ses joies et ses tristesses. Des bronzes graciles, graves ou légers, un désir d’absolu. Les peintures de Louis Tresseras racontent une féminité sublimée, chérie, un regard bienveillant sur des nus aux traits aiguisés. Vernissage de l’exposition le vendredi 19 février 2010 à partir de 18h30 et jusqu’à 21h, en présence des artistes. +33 (0)4 50 60 16 08 - www.galerie-platini.com
Nouveaux soins anti-âge
Création graphique : phonnyorth@yahoo.fr
CelluM6 Drainages Enveloppements
TERRE/EAU D’EMMANUELLE BLANC
Jusqu’au 17 avril 2010 - La chambre claire - ANNECY
Cette exposition assemble et fait dialoguer deux séries d’images réalisées entre 2005 et 2008 au Burkina Faso et en France. Images d’habitats traditionnels Kassena, au sud du Burkina Faso, dans la région de Tiébélé, images du complexe aquatique Les Bains des Docks du Havre, œuvre des Ateliers Jean Nouvel. Ouvert du jeudi au samedi de 14h30 à 19h et sur rendez-vous. +33 (0)4 50 33 02 53 - www.chambreclaire.fr 16 kaële
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CULTURE théâtre © Christian Ganet
CULTURE théâtre
lui demande de museler ce genre au bénéfice d’une écriture imagée et minérale faite d’âpreté, de roc, de maigreur, en bref tout ce qui constitue la parabole de l’île. Il crée ainsi un mode lyrique auquel les ailes de complaisance sont reniées en raison de la psychologie du personnage. Le lyrisme des personnages est impossible et quand il est exercé, il est suspect. Dans cette œuvre poétique par définition, on interroge la langue du côté des poètes, le langage du côté de la sémantique. K : La pièce s’ouvre avec la figure d’un homme sauvage. C.S. : Philoctète est retourné dans un
Philoctète
Christian Schiaretti : le nouveau son de la tragédie Dès sa création au théâtre de l’Odéon, la variation poétique de Jean-Pierre Siméon revue par l’œil et l’oreille de Christian Schiaretti a piqué la curiosité des spectateurs. Pour triompher de Troie, Ulysse et Néoptolème doivent s’emparer de l’arc et des flèches d’Héraclès détenus par Philoctète. Acteur mythique, Laurent Terzieff prête sa voix à la polyphonie du texte. Travail sur le verbe, le rythme, la musicalité. Le chant des acteurs s’écoute bouche bée, regard écarquillé. L’écho visuel du texte résonne à travers l’épure de la mise en scène. Christian Schiaretti revient sur cette aventure en déclinant l’alphabet de ses convictions. Propos recueillis par Aurélie Noailly Kaële : Troisième variation autour de Philoctète. Pourquoi revisiter ce héros particulier à travers les mots de Jean-Pierre Siméon ? Christian Schiaretti : Au théâtre de
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qu’il allait lui donner. K : Jean-Pierre Siméon écrit en vers libre. C.S. : Il propose donc à l’acteur une
scansion riche de citations théâtrales qui font référence à mon propre parcours. Si vous écoutez bien, vous pourrez entendre des citations de Péguy, Rilke ou Nietzsche... autant de références que nous partageons. Par la souplesse même qui est la sienne, Jean-Pierre Siméon s’inscrit et dans le scénario proposé par Sophocle, et dans la variation langagière de son écriture. S’il ne renâcle pas au lyrisme, la théâtralité
K : Vérité, mensonges ... Qui dit quoi ? C.S. : Le mensonge d’Ulysse comme
il est avoué est fondateur. C’est un mentir vrai, son mensonge est une vérité. Chez Philoctète, sa vérité est un mensonge. Finalement, on ne sait
K : Comment avez-vous accordez les timbres des comédiens ? C.S. : Si on considère que la poésie
est une variation entre musique et liquescence, vous accepterez avec moi que les comédiens sont des musiciens et des acteurs, c’est-à-dire des instruments d’abord et des instrumentistes ensuite. Donc la qualité des voix n’est pas une qualité subie mais une qualité voulue. Ainsi la qualité modulatoire de Laurent Terzieff peut amener de la flûte et du tuba et le registre baryton/basse de Johan Leysen (Ulysse) crée une sorte de métaphore strictement sonore de l’action de la pièce. Ulysse ne change pas, sa voix est la basse continue du spectacle. K : Une conception symphonique et instrumentiste du théâtre ? C.S. : Je suis particulièrement sensi-
ble au fait de me dire que diriger un acteur c’est parfois lui demander de raccourcir un « e » muet, d’accentuer sa cadence, de respecter la métrique. K : L’écho visuel de cette symphonie s’illustre par une mise en scène en deux dimensions. C.S. : Le théâtre antique est une
sorte de nostalgie pour tout le théâtre occidental depuis maintenant 2 400 ans ! Au temps heureux d’Eschyle et de Sophocle, l’acteur avait le sentiment de fonder la qualité de la démocratie grecque au travers de son art d’acteur. Un comédien grec c’était un chanteur puisque les tragédies étaient chantées avec des masques et des porte-voix. Il venait pour dire. La tragédie grecque n’est pas un théâtre de l’illusion, de la perspective ou de l’image. C’est un théâtre de la convocation à la poésie, au chant et au débat civique collectif. Pour que la parole soit l’objet principal de la représentation, il faut bannir l’image et l’événement tout en éclairant la salle. Par ce refus de la perspective en plaçant les acteurs devant un rideau métallique,
aucun contrat n’est passé avec le spectaculaire. K : Comme à Reims, vous avez très rapidement constitué une troupe au TNP en instaurant dès 2002 une étroite collaboration avec L’EnSATT (l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon). C.S. : Je ne comprends pas ce qu’est
un théâtre sans acteurs. Je ne comprends pas comment on peut diriger sans eux. Ce n’est pas une condition suffisante de diriger en étant assis dans un bureau. Ça voudrait dire se mettre à un gouvernail et piloter, c’est complètement idiot ! Sur un bateau, il y a évidemment une équipe qui le fait fonctionner. Diriger, c’est sentir le vent, ce n’est pas organiser des plannings ! Être directeur d’une institution signifie pour moi : être chef de troupe. À l’heure actuelle, c’est évidemment une cause désespérée ! Depuis toujours, je revendique la troupe, l’alternance et une obligation de répertoire national. Mon ambition : mettre des feuilles sur les arbres, des poissons dans la mer et des acteurs dans les théâtres ! K : Vous souhaitez vous inscrire dans un entre-deux, entre les fonctionnements allemands et français. C.S. : Les Allemands fonctionnent en
troupe depuis longtemps. Le danger d’une troupe, c’est le risque de fossilisation mais le génie de ça, c’est aussi l’espace de travail quotidien. Les Français fonctionnent avec des institutions vides et des acteurs dits indépendants qui sont en réalité complètement dépendant de notre capacité d’emploi. Idem pour les compagnies. Moi je suis indépendant. Ma proposition c’est d’avoir une équipe d’acteurs permanents qui sont tous les jours à l’épreuve du plateau et qui ont une conception lente et articulée de la transmission du métier. K : La preuve par l’exemple avec Philoctète ? C.S. : Pour les deux tiers de la dis-
tribution, j’ai choisi des acteurs extrêmement entraînés au verbe et ça s’entend ! Ils rencontrent les voix contrastées de Laurent Terzieff, Johan Leysen (Ulysse) et Christian Ruché (le marchand) qui a fait un parcours remarquable dans la décentralisation. Cette rencontre fonde, autour de va-
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Reims comme à l’Odéon, j’avais choisi de m’intéresser à Philoctète (et Ajax) à travers le sémantisme du texte en questionnant les traductions de Leconte de Lisle puis de François Rey. Cette fois, j’ai commandé ce texte à Jean-Pierre Siméon pour deux raisons. Premièrement, j’ai opté pour une version poétique plus que pour une traduction sémiologique. Le poétique laisse un dépôt opa-
que qui est un endroit d’expression plus large. Parfois, l’interprétation d’un modèle dit plus de choses sur le modèle que le modèle lui-même. Deuxièmement, comme je suis l’initiateur de son dialogue avec le théâtre, je trouvais juste et opportun de lui proposer une matière dont la théâtralité avait été résolue antérieurement pour que lui n’ait plus qu’à se préoccuper du verbe. Pourquoi systématiquement rechercher l’originalité dans le récit alors que certaines histoires merveilleuses ont déjà été écrites ? En résumé, je lui ai demandé de modifier le récit par la langue
état antérieur au langage. Des personnages viennent le visiter pour le séduire et obtenir son aide. Et par quoi est-il séduit ? Par le son, donc la langue d’abord et avant tout comme agencement sonore. En sortant de sa grotte, Philoctète naît une deuxième fois. Comme l’enfant, il entend la langue comme un son qui est plénitude et réconfort, ce qu’on appelle la langue maternelle. Dès que la langue s’inscrit dans l’âge adulte, elle devient un mensonge pervers en corollaire de l’idée selon laquelle la poésie est le mot qui se souvient avoir été son. De la même façon, le langage se souvient avoir été musique. Une fois que le langage vous est donné, il est positivement pervers. Si je reprends la question de la traduction, je propose bien les deux questions à JeanPierre : d’un côté la poésie, de l’autre la suspicion systématique de la parole dite. C’est bien ce qui se passe dans la pièce. Néoptolème, Ulysse et Philoctète sont tous les trois dans l’exercice du mensonge. L’intérêt de la pièce finalement, c’est la suspicion et la délectation de l’ambiguïté. Quand le spectateur jubile du fait de ses incertitudes, c’est ce qui déclenche le rire. Ce qui évidemment peut paraître bizarre dans une tragédie mais le malheur n’empêche pas le rire et la gaieté, quand elle existe, n’est pas le bonheur.
pas si sa blessure au pied est vraie ou pas, s’il joue la comédie ou pas. En tout cas, cette situation ambiguë permet de mettre Néoptolème à l’épreuve du remord. Il n’y a pas de vérité chez Philoctète, il y a des masques.
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leurs communes, une espérance que la République n’a plus. Aujourd’hui, je relève plutôt du zoo ou de la sociologie que du politique. Avec Pardessus Bord et Coriolan j’ai fait jouer 36 acteurs dans un cas de figure pour 7 heures de spectacles et 34 dans l’autre pour 3 heures et demi de spectacle. En même temps, nous avons monté 7 heures avec 7 pièces de Molière. Comment j’ai pu faire ça ? En faisant des économies de fou. On régule nos énergies non pas en fonction des 35 heures mais en fonction de notre plaisir ! L’année dernière les jeunes acteurs du TNP ont salué 110 fois ! À l’Odéon, au Théâtre de la Colline aussi bien que dans des petites salles de spectacle. Pour nous ce n’est pas incompatible, c’est génial de rencontrer autant de spectateurs différents ! K : Une déferlante de prix ! Coriolan a été salué par le Prix Georges-
Lerminier (2007), le Prix du Brigadier (2008), le Molière du metteur en scène et le Molière du théâtre public (2009). Quant à Par-dessus bord, il a reçu le grand prix du Syndicat de la Critique, pour le meilleur spectacle de l’année 2008. C.S. : Oui ! J’avais l’impression d’être
en laiton tellement j’avais de couronnes ! (rires) Pour les intelligents, c’est ringard parce que la distinction fonctionne sur le syllogisme de la méconnaissance comme preuve de son génie. Donc je suis forcément devenu suspect à ce moment-là. On oublie que mon discours n’a pas changé depuis 35 ans, tout le monde s’en fout. Du côté de l’intelligentsia, il y a une grosse suspicion et du côté du ministère de la culture, il y a curieusement une suspicion démocratique. En choisissant le théâtre public, j’ai toujours prôné l’exigence et l’ouverture maximum ! Je suis autant directeur
PHILOCTÈTE : LE TUMULTE DES MOTS Christian Schiaretti dirige les acteurs sur la crête des sons. Fidèle à sa vision radicale et dépouillée de la mise en scène, il propulse le verbe au centre des sens. L’illusion du théâtre vole en éclat : Sophocle est donné rideau fermé. Le public, éclairé du début à la fin, se heurte à la vision d’un mur métallique qui s’entrouvre parfois, en dévoilant à demi la caverne de Philoctète. L’Oracle a parlé : pour mettre fin au siège de Troie, il faut s’emparer de l’arc et des flèches d’Héraclès détenus par Philoctète. C’est dans cet objectif qu’Ulysse et Néoptolème accostent sur l’île du vieil homme. Il y vit en reclus depuis son abandon. Dix ans auparavant, les Grecs l’avait laissé sur ce roc inhospitalier en raison de la puanteur de sa plaie. Laurent Terzieff est Philoctète. Sa voix fissure le silence, son visage irradie les ténèbres. Naufragé involontaire, l’acteur minéralisé expulse sa plainte. De sa bouche, les mots malaxés, craquelés, ciselés s’extirpent pour crier son destin. Jeu de ruses, jeu de dupes, vérités, mensonges ; les masques virevoltent. Philoctète est-il réellement blessé, a-t-il mérité son châtiment ? Timbres contrastés. Les voix des acteurs deviennent la métaphore sonore de l’action de la pièce. Laurent Terzieff et ses intonations complexes disent le relief de l’île et la survie déchiquetée de Philoctète. Ecoutez le chant d’Ulysse : « toutes les péripéties, toutes les montagnes et les vallées, tous les bosquets sont tendus sur le sol plat de sa voix. » Une variation poétique à voix multiples... février 2010
K : Comment faire venir ce public non averti au TNP ? C.S. : En jouant longtemps ! Comme
on a raccourci les temps d’exploitation, tout le monde l’a oublié. Sur les affiches mensuelles des théâtres publics, il y a parfois jusqu’à six ou sept titres. Ce n’est plus une affiche mais le programme d’un festival dédié à une élite constituée par les abonnés. Au TNP, les gens peuvent se décider sur la longueur. À Lyon, Philoctète a été donné dans nos murs du 18 novembre 2009 au 6 janvier 2010 et je ne compte pas les dates en tournée !
Neuropathie Orexine, le mystérieux messager
Le hasard des découvertes médicales présente plus d’une originalité, celle qui a permis d’identifier la molécule hypocrétine, également dénommée orexine, n’y échappe pas. Impliquée dans de nombreuses régulations cérébrales, cette molécule gagne à mieux être identifiée pour son rôle dans l’addiction et l’insomnie. Par Raphaël Sandraz
Laurent Terzieff
PHILOCTÈTE de Jean-Pierre Siméon, d’après Sophocle Mise en scène Christian Schiaretti, avec dans le rôle titre, Laurent Terzieff Création TNP CAROUGE Du 18 février au 7 mars 2010 Théâtre de Carouge, salle François Simon - 57, rue ancienne. +41 (0)22 343 43 43 - www.theatredecarouge-geneve.ch
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dentifiée quasi simultanément en 1998 par le laboratoire d’Anthony Van den Pol (université de médecine de Yale, New Haven, Connecticut), le professeur Luis De Lecea (The Scripps Research Institute, California) et Takeshi Sakurai (Université de Tsukuba, Institut de Médecine, Japon), l’orexine-hypocrétine ouvre des voies nouvelles aux recherches thérapeutiques contre l’addiction et l’insomnie. Le premier de ces scientifiques s’intéressait à la perception douloureuse, le second cherchait à identifier des gènes pré-
férentiellement exprimés dans l’hypothalamus (d’où l’intitulé d’hypocrétine dérivé d’hypothalamus et de sécrétine), le dernier s’interrogeait sur le contrôle de l’appétit (et les propriétés orexigènes, stimulatrices de l’appétit). Bien plus récemment, le docteur Sophie Schwartz de la faculté de médecine et du centre de neurosciences de l’UNIGE a révélé un lien entre l’orexine et les comportements « addictifs » induits par la chaîne de la récompense et le plaisir du gain. Dans chacune des études conduites, les équipes de recherche
ont observé qu’une maladie était particulièrement liée à cette hormone : la narcolepsie. Tous les patients narcoleptiques sont en effet dépourvus d’orexine. Caractérisée par une somnolence diurne excessive, la survenue anormale de manifestations empruntées au sommeil paradoxal comme la cataplexie (accès de faiblesse musculaire déclenchés par les émotions), des hallucinations hypnagogiques et des paralysies du sommeil, la narcolepsie apparaît souvent entre 20 et 30 ans. « Une destruction rapide de ces neurones par un
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que metteur en scène et animateur, ce qui ne se dit plus aujourd’hui ! Ce que je propose est simple, faisable et permet de créer un vrai théâtre populaire. Le public qui m’intéresse le plus, ce sont les gens qui ne vont pas au théâtre.
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Docteur Sophie Schwartz de la faculté de médecine et du centre de neurosciences de l’UNIGE.
processus auto-immune pourrait expliquer les caractéristiques cliniques de cette affection » souligne Emmanuel Mignot, directeur du centre de narcolepsie et professeur de psychiatrie à l’université de Stanford. Les recherches engagées depuis cinq ans ont successivement montré que l’orexine-hyposécrétine était localisée en un espace infime de l’hypothalamus latéral. « Ce neurotransmetteur est sécrété par un très petit nombre de neurones de l’hypothalamus, pas plus de 2 000 dans chaque hémisphère » souligne le Dr Schwartz. Les études neuroanatomiques ont découvert deux formes du neurotransmetteur (hcrt-1 = orexine A et hcrt-2 = Orexine B), capables d’activer, sans doute via des protéines de type G, deux types de récepteurs à distance. Car l’action de l’hormone se caractérise par des projections diffuses au sein du système nerveux central, en particulier vers l’amygdale, le noyau accumbens, le septum, la bande diagonale et tous les groupes de neurones dits « monoaminergiques » : locus creruleus (noradrénaline), noyau tubéromamillaire (histamine), noyaux du raphé (sérotonine) et substance noire/aire tegmentale ventrale (dopamine). Ainsi réceptionnée sur divers sites du cerveau, l’hypocrétine semble favoriser l’ouverture de canaux calciques et, par conséquent, une augmentation de la fréquence des courants postsynaptiques dans les cellules cibles. La molécule influence ainsi une somme de régulations biologiques. C’est justement l’une d’elles : l’addiction, qui a éveillé l’équipe de Sophie Schwartz. Sur la base d’observations cliniques et des connaissances morphologiques, le chercheur a constaté que les patients narcoleptiques, gros consommateurs de drogues « addictives » nécessaires au maintien de l’éveil, ne développaient aucune dépendance. « Les médecins sont toujours surpris que les personnes n’abusent pas de leurs traitements » éveille-t-elle. Consciente du lien entre les crises de cataplexie des patients narcoleptiques et le ressenti des émotions po-
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sitives (jeux à gain, nourriture...), la scientifique a mis en évidence le rôle de l’hypocrétine dans la chaîne de la récompense, donc de l’addiction. « Dès que le corps reçoit un bien-être, il nourrit le désir d’en avoir encore. Chez les patients narcoleptiques, l’étape de l’apprentissage de la sensation agréable est altérée. » Alors que les joueurs « normaux » combinent les coups et réagissent vivement à l’annonce de gains élevés, l’équipe de l’UNIGE, en collaboration avec des chercheurs zurichois, a découvert que le signal n’existait pas chez les patients narcoleptiques. Introduits dans un appareil à imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, quatorze patients narcoleptiques et autant de témoins ont en effet vu leur activité cérébrale enregistrée minute par minute lors d’un jeu d’argent. Sur le principe simpliste d’appuyer sur une touche à l’apparition d’une image pour cumuler davantage de points en fonction de la rapidité de réponse, les scientifiques ont constaté que les régions impliquées dans la chaîne de la récompense ne s’activaient pas normalement chez les narcoleptiques. L’aire tegmentale ventrale de l’hypothalamus, responsable en partie de la libération de dopamine, enregistre même une baisse significative d’activité. Les travaux menés en parallèle chez les rats ont révélé que la manipulation de leur orexine influence leur addiction aux drogues. Sans le neurotransmetteur, les animaux résistent à la dépendance. « L’orexine joue un rôle dans la plasticité neuronale et le passage du signal d’annonce à celui d’appréciation même du plaisir physique ou physiologique, générée par la dopamine. L’orexine contribuerait donc à l’apprentissage de la récompense, à l’expérience. Sans apprentissage, le corps ne se souvient pas de l’intérêt du gain » dépeint Sophie Schwartz. Les dosages effectués après une ponction lombaire dans les cas de narcolepsie avec cataplexie ont confirmé un taux d’hypocrétine-1 très faible dans le liquide céphalorachidien. L’analyse anatomo-pathologique post-mortem du cerveau rapporte même une dispa-
rition quasi-complète des neurones concernés. La découverte du docteur Schwartz vient compléter celles réalisées sur le rôle de l’orexine dans le cycle veille/sommeil. Ce dernier dépend en effet d’interactions réciproques entre systèmes monoaminergiques et cholinergiques au niveau du tronc cérébral. Les projections des neurones à hypocrétine sur les groupes monoaminergiques semblent influencer fortement le sommeil et la vigilance. Les neurones du locus creruleus (noradrénaline), du noyau tubéromamillaire (histamine) et du raphé (sérotonine) sont en effet actifs durant la veille. Leur tonus diminue par contre pendant le sommeil lent pour disparaître presque complètement en sommeil paradoxal. Les projections des neurones à hypocrétine vers le locus creruleus, le noyau tubéromamillaire et le raphé pourraient donc contrôler l’activité des systèmes monoaminergiques durant le cycle veille/sommeil. L’administration intra-cérébro-ventriculaire d’hypocrétine-1 chez le rat adulte a par exemple induit l’éveil. Insomnie et addiction pourraient donc être implicitement liées. Ces découvertes ouvriraientelles de nouvelles perspectives thérapeutiques ? Le Dr Schwartz se veut prudent. « Les traitements restent très difficiles car même si elle franchit la barrière hémato encéphalique, l’orexine doit être transportée jusqu’aux endroits exacts d’utilisation par le cerveau. Ce fonctionnement très régulé relève d’un système hyper ciblé. Les prises d’orexine par des sujets sains sont d’ailleurs sans effets notoires, notamment en matière d’addiction ». L’aventure « orexinique » n’est donc pas finie, d’autant que la création désormais maîtrisée de « bloqueurs » des récepteurs d’orexine en divers sites du cerveau a confirmé, par des tests sur les animaux, que l’absence de l’hormone facilite l’endormissement. Le précepte d’un médicament contre l’insomnie s’esquisse, avec l’avantage de ne pas perturber la composition des cycles nocturnes à la différence des narcoleptiques qui génèrent des instabilités de l’état de vigilance et influencent les phases de sommeil.
ÉCONOMIE
le cahier INVESTISSEMENT IMMOBILIER 26 Le neuf gagne aux points à 28 PANOR AMA DES PRINCIPAUX CRÉDITS 30 et réductions d'impôts en faveur des particuliers février 2010
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ÉCONOMIE immobilier
Investissement immobilier
le neuf gagne aux points Annecy la vieille ville
Annecy Courier
La crise financière et les secousses qu’elle a engendrées ont traumatisé indubitablement des pans entiers de notre économie. Comme on le sait, l’immobilier, littéralement sur un nuage depuis le début des années 2000, a vu son activité très émoussée sans pour autant perdre de son aura. Laquelle a été dopée toute l’année 2009 par le fameux dispositif Scellier, la prime à la casse de l’immobilier, qui a mis sous l’éteignoir l’immobilier locatif dans l’ancien. Par Élie Rouas
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aujourd’hui avec défiscalisation. Ces dernières années, ils ont été des milliers à se jeter sur du Besson, du De Robien, du Demessine, sans se soucier, en déconsidérant même, la notion fondamentale de l’emplacement, en négligeant les potentialités locatives et en déconsidérant l’étape de la revente. Une vraie gabegie pour des contribuables éperonnés par la seule carotte fiscale, qui ont oublié - benoîtement - qu’ils s’engageaient avant tout sur une acquisition immobilière pour au moins 10, 15, 20 voire 25 ans. De l’inconscience avouent même aujourd’hui certains notaires qui évoquent des particuliers qui ont acheté des appartements en De Robien, sur une zone où la demande locative était quasi inexistante, alors qu’ils n’étaient pas imposables. Des aberrations qui se sont multipliées ces dernières années et qui laissent bien des séquelles dans le budget de nombre de contribuables - ou non français qui ont acheté de la pierre comme ils jouent à l’Euromillion. Investir dans la pierre de nos jours doit inciter avant tout à la réflexion. L’un des fondamentaux sans cesse martelé par les experts de l’immobilier c’est l’emplacement, dont on
ne peut pas résolument se départir. Un fondement qui peut nous inciter à nous pencher vers l’immobilier ancien « dont le choix est plus large, et les localisations souvent bien identifiées affirme Me Trivier Tarpin, notaire à Annecy, qui estime que l’offre dans l’ancien bien situé est beaucoup plus large que pour le neuf. » Un préambule qui réaffirme, s’il était besoin, l’impérieuse nécessité d’acquérir un bien en fonction de sa localisation. L’ancien possède une patrimonialité qui reste incontestable et constitue encore selon Me Trivier Tarpin « un investissement où la négociation n’est pas dictée par un promoteur mais bien réelle. » Dans le centre-ville d’Annecy, il faut compter en moyenne 3 457 € du m2 dans l’ancien lorsque dans le neuf le prix moyen/m2 pratiqué oscillerait en moyenne à 3 986 €. Encore faut-il que des programmes neufs puissent être érigés. Il s’agit bien souvent d’une opération ponctuelle réservée à un nombre restreint de copropriétaires, les lots étant peu nombreux et donc souvent intouchables pour le commun des Annéciens. Localisation, choix plus large (75% du parc immobilier est ancien), des prix souvent inférieurs à ceux du neuf, une entrée
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L’INVESTISSEMENT IMMOBILIER DANS L’ANCIEN GARDE SES ATOUTS. Le dispositif Scellier a beau enthousiasmé les foules de primo-investisseurs ou d’investisseurs éprouvés, l’ancien n’en reste pas moins attractif. Une dimension patrimoniale plus forte eu égard à la qualité des emplacements, des rentabilités locatives plus élevées, et le levier du déficit foncier qui n’est pas négligeable. Happés par la force de frappe, des rouleaux compresseurs, que sont les établissements bancaires, les promoteurs constructeurs, les assureurs, les agents immobiliers et consorts, les primo-investisseurs sont aujourd’hui appâtés par le dispositif Scellier et ses incomparables atouts. Au point de mettre sous l’éteignoir tout type d’investissement et de renvoyer l’investissement immobilier locatif dans l’ancien - moins fructueux pour les intermédiaires et moins médiatisé - aux calendes grecques. Un raccourci auquel les pourfendeurs de l’immobilier neuf ne sont pas prêts d’adhérer. L’Histoire immobilière de ces dix dernières années accrédite leurs légitimes réticences vis-à-vis de l’immobilier neuf qui rime presque systématiquement
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en jouissance immédiate, l’ancien peut s’appuyer aussi sur un argument non négligeable : des charges de fonctionnement moins élevées, l’immeuble offrant souvent moins de « services », mais également des taxes foncières et d’habitation moins lourdes, parce que calculées sur la valeur cadastrale non réévaluée depuis 1970. Un autre élément qui revêt aussi une importance capitale, l’ancien permet aussi de bénéficier de prêts aidés, de subventions auprès de l’ANAH, ou de crédits d’impôt pour des travaux importants ou spécifiques. L’ancien, moins cher que le neuf est a priori, aussi, plus rentable. L’investisseur bénéficie, entre autres, de deux atouts pour améliorer sa rentabilité, puisque les intérêts d’emprunts et les travaux de réfection sont déductibles des recettes locatives. Les rentabilités brutes (rapport entre le loyer annuel perçu et le prix d’achat) sont plus importantes d’un ou de deux points. Comme pour le neuf, l’immobilier locatif ancien permet de déduire chaque année de ses revenus locatifs les intérêts d’emprunts contractés pour son financement. Le procédé permet de minorer l’impôt foncier (le Code général des impôts précise qu’il n’y a pas de limitation de montant ni de durée à cette règle. Le total des intérêts bancaires payés chaque année est donc déductible des recettes locatives, jusqu’à l’épuration de la dette. Les frais liés au crédit, constitués des frais de dossier de prêt, d’inscription d’hypothèque et les cotisations d’assurance décès-invalidité, sont également déductibles des revenus fonciers. Tout propriétaire peut déduire de ses revenus fonciers les travaux engagés dans le logement loué). Le mécanisme « idéal » si l’on peut dire consiste donc à acheter un bien à rénover au-dessous du prix du marché et de le remettre en état tout en diminuant sa facture fiscale. Si les dépenses excèdent le montant des loyers perçus dans l’année, le solde est imputable sur le revenu global à hauteur de 10 700 €. L’ancien ne manque donc pas d’atouts, et on néglige souvent, aussi, ses rentabilités supérieures à celles du neuf. C’est le cas des murs de boutiques. C’est le
cas également de l’investissement dans les garages et emplacements de parkings qui peuvent apporter un bon rendement, à condition de ne pas les surpayer. L’INVESTISSEMENT IMMOBILIER NEUF DOPÉ PAR LE MIRACLE « SCELLIER » Une carotte fiscale sans précédent, des arguments écologiques incontestables, le dispositif Scellier mis en place début 2009 rallie unanimement tous les suffrages. Encore faut-il qu’il ne tombe pas dans les travers de ses prédécesseurs Besson et De Robien qui en leur temps avaient souvent occulter les fondamentaux de l’investissement immobilier, oblitérant la notion d’emplacement, et pis encore de marché locatif. Même Me Trivier Tarpin ne peut omettre d’évoquer le dispositif Scellier. Celui qui permet, en achetant un bien immobilier éligible en Scellier, et en vous engageant à le louer pendant une durée allant de 9 à 15 ans, d’obtenir une réduction d’impôt à hauteur de 25% ou 37% du prix d’achat de votre logement neuf, dans la limite de 300 000 €. Ce qui peut représenter pour votre investissement dans l’immobilier neuf une réduction d’impôt pouvant aller jusqu’à 75 000 € répartis sur 9 ans, ou 111 000 € sur 15 ans. Depuis un an tout le monde s’est généreusement engouffré dans cette nouvelle brèche qui a permis à l’immobilier de retrouver des couleurs. Lorsqu’on évoque la loi Scellier on pense mécaniquement au neuf « ce qui n’est pas la seule voie », souligne Me Trivier Tarpin. Le notaire avance que le dispositif Scellier « même si c’est confidentiel, est applicable sous certaines conditions aux logements anciens. En effet, le dispositif s’applique dans les mêmes conditions que le dispositif Scellier neuf, aux locaux affectés à un usage autre que l’habitation et que le contribuable transforme en logements, ainsi qu’à des logements qui ne satisfont pas aux caractéristiques de décence et qui font l’objet de travaux de réhabilitation définis par décret permettant aux logements d’acquérir des performances techniques voisines de celles des logements neufs. » Me
Jean-Louis Le Boulc’h, avocat associé au sein du cabinet Agik’a, qui était il n’y a pas si longtemps la référence du statut de Loueur en meublés professionnels ne peut s’empêcher lui aussi, de louer les atouts indéniables du dispositif Scellier. Il s’est même fait volontiers l’avocat de l’investissement locatif dans le neuf qui aujourd’hui focalise tous les regards sur le Scellier. « Techniquement, les bâtiments neufs sont très performants au niveau thermique et acoustique. Si l’on peut corriger l’isolation thermique dans des immeubles anciens, il est en revanche beaucoup plus difficile d’améliorer l’isolation acoustique. Habiter du neuf, c’est aussi jouir d’une place de parking sous l’immeuble, profiter d’un balcon ou d’une terrasse. C’est également bénéficier de surfaces optimisées dans le sens où, compte tenu du prix du mètre carré, il n’est pas question d’en perdre un millimètre dans des couloirs qui ne servent à rien. Enfin, c’est avoir la chance d’avoir un appartement écoperformant « sur mesure » et de bénéficier durablement de charges faibles. » Pas de travaux lourds à prévoir dans les dix ans, des frais d’acquisition réduits (de 2 à 3 % contre 7 % dans l’ancien), une exonération de taxe foncière pendant deux ans, des constructions aux normes qui prennent en considération les exigences de la Réglementation thermique 2005 et parfois BBC (Bâtiment basse consommation). Des programmes qui se font extrêmement rares que ce soit sur Annecy-nord secteur toujours très coté ou Annecy-sud entre 4 000 et 5 000 euros du m2 selon Me Jean-Louis Le Boulc’h, qui évoque les arguments du Scellier Bouvard, l’extension du dispositif Scellier pour les résidences de services de type EPHAD, seniors et résidences étudiantes. « Tout dépend de ce qu’on recherche. Si c’est la patrimonialité ou la rentabilité locative. », insiste Me Le Boulc’h. À son tour, il met en garde sur les déviances des dispositifs fiscaux insistant sur l’importance « d’acquérir des biens situés dans des zones où il existe une réelle tension locative » et de vérifier « la pertinence économique ».
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ÉCONOMIE L'analyse des experts-comptables
Nouveauté
Panorama des principaux crédits et réductions d’impôt en faveur des particuliers Les mesures d’incitation fiscale offertes au contribuable personne physique. Au fil des années, la fiscalité est devenue un outil au service de la politique économique de notre pays. Les mesures d’incitations fiscales se sont multipliées tant en faveur des entreprises que des particuliers. De nombreux dispositifs sont aujourd’hui offerts au contribuable personne physique qui souhaite réduire le montant de son impôt sur le revenu à travers certains investissements. La fiscalité incitative peut revêtir différentes formes. On distingue aujourd’hui d’une part, les déductions du revenu, qui affectent directement la base imposable et qui peuvent prendre la forme de déductions du revenu catégoriel ou de déductions du revenu global, et, d’autre part, les réductions et crédits d’impôt qui viennent directement minorer le montant de l’impôt dû, étant précisé que les crédits d’impôt sont restituables contrairement aux réductions d’impôt. Qu’il s’agisse d’une déduction du revenu catégoriel ou d’une déduction du revenu global, l’avantage en impôt va dépendre de la tranche d’imposition du contribuable. La solution est différente en présence d’une réduction ou d’un crédit d’impôt pour lequel l’avantage fiscal est identique quel que soit le montant des revenus du contribuable et donc sa tranche d’imposition. Les réductions d’impôt sur le revenu sont aujourd’hui nombreuses. Elles doivent résulter de l’application d’un texte spécifique. Le taux de la réduction d’impôt détermine directement le montant de l’avantage fiscal octroyé qui sera identique pour tous les contribuables ayant investi la même somme, quel que soit le montant de leurs revenus. L’existence d’une réduction d’impôt ne modifie ni l’assiette des prélèvements sociaux, ni le montant du revenu à prendre en compte 30 kaële
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pour le calcul du bouclier fiscal. Il est fréquent que le législateur prévoie l’application d’un plafond spécifique en limitant le montant des dépenses à prendre en compte ou en limitant directement le montant de la réduction d’impôt. Ces différents plafonds sont notamment fonction de la situation personnelle et familiale du contribuable. Si la réduction d’impôt paraît plus juste que les mécanismes de déduction du revenu, chaque contribuable disposant du même avantage en impôt, il n’en demeure pas moins que seuls les contribuables imposables en bénéficient. Cette situation conduit le législateur à substituer au mécanisme de la réduction d’impôt, celui du crédit d’impôt qui présente pour le contribuable un caractère restituable. Le crédit d’impôt fonctionne généralement comme la réduction d’impôt : nécessité d’un texte spécifique, avantage fiscal identique pour tous les contribuables et existence de mesures de plafonnement. Le caractère restituable du crédit d’impôt permet d’assurer une parfaite équité à l’égard de l’ensemble des contribuables. Cependant il constitue systématiquement un coût pour l’Etat et a été qualifié « d’impôt négatif ». L’existence d’un crédit d’impôt ne modifie ni l’assiette des prélèvements sociaux, ni le montant du revenu à prendre en compte dans le cadre du bouclier fiscal. En revanche, l’avantage fiscal résultant d’une réduction ou d’un crédit d’impôt est, sauf exception, pris en compte pour le plafonnement des avantages fiscaux. Au cours de ces dernières années, le législateur a multiplié les dispositifs incitatifs poursuivant ainsi différents objectifs : favoriser les économies d’énergie, la politique environnementale, ou encore l’investissement dans les entreprises.
Aujourd’hui, le contribuable a le choix entre plusieurs réductions d’impôts aux objectifs différents. Il peut obtenir des réductions d’impôts en matière d’IR et d’ISF pour la souscription au capital d’une PME ou encore une réduction d’IR au titre du mécénat des particuliers. Les mécanismes de déduction des revenus fonciers au titre de l’amortissement sont supprimés à compter du 1er janvier 2010. Une nouvelle réduction applicable aux investissements concernés par les dispositifs supprimés a été instaurée : la réduction « Scellier ». Le dispositif « Malraux » a été transformé en réduction d’impôt au lieu d’une imputation du déficit foncier sans limitation sur le revenu global des dépenses engagées pour les opérations de restauration immobilière dans certains secteurs. Enfin, le régime des loueurs en meublé professionnels a été profondément modifié. Depuis le 1er janvier 2009, une réduction d’impôt en faveur des investissements locatifs dans des résidences meublées a été mise en place. Concernant les crédits d’impôt en faveur des particuliers, on peut distinguer ceux afférents à l’habitat, tels que le crédit d’impôt au titre des intérêts d’emprunt souscrits pour l’acquisition de la résidence principale ou encore le crédit d’impôt en faveur du développement durable, et ceux relatifs à la personne tels que le crédit d’impôt pour frais de garde de jeunes enfants ou le crédit d’impôt en faveur de l’aide aux personnes. Une particularité, cependant, est à signaler concernant l’avantage accordé pour l’emploi d’un salarié à domicile. L’avantage fiscal unique prend la forme, selon le cas, d’un crédit d’impôt ou d’une réduction d’impôt.
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La société à 2000 W objectif suisse d’un monde durable
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ENVIRONNEMENT
Afin de respecter la finitude de notre planète, l’ensemble des économies mondiales doivent opérer une nouvelle transition énergétique. Consommer moins d’énergies fossiles et développer le renouvelable. La Suisse s’est fixé un objectif : celui de diminuer sa consommation d’énergie à 2000 watts ...pour 2050. Par Caroline Depecker
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e confort de notre vie moderne pourrait nous faire croire que si mère nature nous offre ces bienfaits avec largesse, cette prodigalité pourrait continuer impunément. Au lendemain de Copenhague, le réveil est brutal et force est de constater que les choses ne sont pas si simples : l’exploitation mondiale des combustibles fossiles jusqu’à leur tarissement s’apparente à un danger climatique. La question du recours à d’autres solutions énergétiques n’a jamais été aussi prégnante comme la nécessaire baisse de la consommation d’énergie. Pour y arriver, les Suisses ont adopté un modèle : celui de « La société à 2000 watts ».
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rappelle enfin que la politique la plus efficace reste l’amélioration de l’efficacité énergétique afin de freiner rapidement la consommation des pays développés tout en « favorisant l’accès des populations des pays pauvres à l’électricité ». Car sans électricité, il n’est pas de développement économique possible. 500 W EN ETHIOPIE, 6000 W EN EUROPE « L’énergie est aujourd’hui très mal répartie entre les régions et les individus, et mal utilisée dans la plupart des applications. » explique Claude-Alain Roulet, chercheur en physique du bâtiment. Ce professeur à la retraite de l’école polytechnique de Lausanne présentait une communication sur le thème de l’efficacité énergétique lors du colloque Les défis énergétiques du XXIe siècle qui s’est tenu à Chambéry en novembre dernier. Un Américain moyen consomme actuellement 105 000 kilowattheures (kWh) d’énergie par an, il béné-
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Le message délivré par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans son dernier rapport (1) , a le mérite de la constance : il faut réduire l’empreinte carbone du secteur de l’énergie et instaurer « un « new deal » des énergies propres. » Pour les pays de l’OCDE et les nations émer-
gentes, poursuivre leur développement économique selon la tendance actuelle, c’est-à-dire à moindre coût, met la planète sur une « trajectoire dangereuse. » D’après les calculs de l’AIE, dans un scénario « business as usual », l’augmentation globale des besoins mondiaux en énergie se chiffrerait à 40% en 2030, le charbon, le pétrole et le gaz représentant 80% de la consommation à cette date. Ces perspectives correspondraient aux pires évaluations du GIEC : + 6° d’augmentation de la température moyenne à la surface du globe en 2100. Limiter cette hausse à deux degrés (soit une concentration atmosphérique en CO2 de 450 ppm) reste toujours d’actualité. En mettant en place une politique énergétique vertueuse et concertée, axée sur le développement de l’éolien, du solaire, des agro-carburants, du nucléaire et du captage-stockage du CO2, la consommation mondiale énergétique avoisinerait alors les 20% d’ici une vingtaine d’années. L’agence
ENVIRONNEMENT
Les études menées par ces scientifiques estiment, qu’en couvrant la production d’énergie correspondante avec 75% d’énergie renouvelable, les 25% issus d’énergies fossiles seraient écologiquement supportables. s
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(1) www. worldenergyoutlook. org/docs/weo2009/ WEO2009_es_french.pdf (2) 105 120 kWh / 24 heures x 365 jours = 12 kW soit 12 000 watts par personne et par an.
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ficie d’une puissance moyenne (2) de 12 kw. Pour l’Européen, ces chiffres se trouvent divisés par deux. En Ethiopie, la consommation d’énergie moyenne par personne est, elle, de 500 W et 1,5 milliard d’êtres humains restent encore privés d’électricité. « La puissance moyenne en énergie primaire dont bénéficie l’humanité est aujourd’hui de 2 400 W par personne. Or des calculs montrent que si cette puissance était mieux répartie à la surface de la planète et abaissée à 2 000 W par personne, alors nous pourrions soutenir un développement de nos sociétés qui soit durable. » La société à 2 000 W est un projet de l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich, né en 1998 dans l’esprit des chercheurs. Il vise à uniformiser la consommation totale d’énergie de chaque habitant de la planète à 17 500 kWh ou 2 700 litres de pétrole par an, soit 2 000 W de puissance continue, tout en assurant à tous les habitants le même confort et la même qualité de vie que ceux acquis maintenant dans les pays développés. Les études menées par ces scientifiques estiment, qu’en couvrant la production d’énergie correspondante avec 75% d’énergie renouvelable, les 25% issus d’énergies fossiles seraient écologiquement supportables. La « société à 2 000 W » est ainsi devenue le principe directeur du programme énergétique suisse, la région de Bâle ayant été désignée région pilote du projet. EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE ET ÉNERGIES RENOUVELABLES : LE PARI GAGNANT « Cet objectif est techniquement réali-
sable... d’ici 2050 » explique ClaudeAlain Roulet « et repose grandement sur une amélioration de notre efficacité énergétique. » Cette efficacité est définie par la quantité et la qualité des biens et services que l’on peut obtenir en consommant une quantité donnée d’énergie primaire. Son amélioration s’appuie sur le progrès technique (en thermique notamment) et sur la diminution du gaspillage : l’énergie de veille des appareillages (correspondant à la production de deux usines de 1 000 MW en Europe), des modes d’éclairage non performants (la diffusion de la lumière depuis les lampadaires de ville se fait en grande partie inutilement vers le haut et l’espace, donnant lieu à de magnifiques photos satellitaires nocturnes), l’utilisation massive du transport routier en lieu et place du rail pour le transport des marchandises en sont quelques exemples simples. Des gains dans le bâtiment sont facilement atteignables en améliorant son isolation thermique, sa ventilation et son mode de chauffage. L’efficacité globale en énergie primaire d’un logement moderne, en tenant compte des déperditions de chaleur, du transport et du raffinage est aujourd’hui de 58%. D’après le physicien, en raccordant ce logement à une installation de cogénération, permettant de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur pour le chauffage. Et si l’installation consomme des déchets (biomasse par exemple), l’efficacité devient alors totale. Une vue de l’esprit ? Pour l’instant, ce type d’installation, trop cher est quasi inexistant. ClaudeAlain Roulet de poursuivre : « Selon un rapport de l’Académie suisse des
sciences techniques, la production suisse d’électricité à partir de sources renouvelables (hydraulique solaire, biomasse, géothermie) pourrait pratiquement satisfaire en 2050 la consommation nationale. Par contre, il y a un gros effort d’efficacité à faire pour que les bâtiments suisses puissent être chauffés à partir de sources exclusivement renouvelables. Cet effort est techniquement possible, mais passe par la rénovation ou la reconstruction de la quasi-totalité du parc immobilier.» Actuellement, le stock de bâtiments suisses anciens, à haute consommation, représente 70% de la surface de plancher totale du pays. Le défi est de taille mais ce projet sociétal est-il réaliste ? Les objectifs du paquet énergie-climat français, eux, sont plus modestes et reprennent ceux de la réglementation européenne : à l’horizon 2020, atteindre 20% d’énergie renouvelable dans la consommation d’énergie et améliorer de 20% l’efficacité énergétique. Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, l’Ètat français s’est encore fixé comme objectif une réduction de la consommation d’énergie du bâtiment de 38% en 2020 puis de 70% en 2050, soit une rénovation complète de 400 000 logements par an dès 2013. De belles ambitions qui auront fort à faire avec les limites du système actuel. Qui sont tout d’abord économiques : investissements lourds pour le développement des énergies renouvelables, inertie des schémas de production industrielle, obéissance du prix de l’énergie aux lois d’un marché fonctionnant à très court terme et ne reflétant pas le coût réel, environnemental notamment. Mais aussi politico-sociales : résistance au changement et déni de la réalité environnementale, planification à court terme omettant les gains à long terme. Espérons que ces intérêts divergents n’empêcheront pas les mentalités de continuer à évoluer dans le bon sens.
MICHEL CHAVANNE L I T E R I E / TA P I S S E R I E / S I È G E S / FA U T E U I L S R E L A X
50, avenue de Genève - ANNECY - +33 (0)4 50 67 60 58 www.literie-chavanne.com
INTERNATIONAL
Istanbul 2010
la nouvelle capitale européenne de la culture
Feux d’artifice magnifiques, invités de marque, concert de Tarkan... c’était la grande fête à Istanbul le samedi 16 janvier dernier pour célébrer l’inauguration officielle d’Istanbul 2010 : capitale européenne de la culture. Derrière les paillettes, les enjeux de l’évènement dépassent de très loin le simple domaine culturel. Par Clément Girardot*
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Photo La gare d’Haydarpasa à Istanbul depuis 101 ans Comme toujours à sa place (Série d’affiches décalées, ici la gare asiatique se trouve à la place du centre culturel Ataturk, publiée à l’occasion de la manifestation Istanbul 2010 capitale européenne de la culture) *Journaliste, auteur du blog : http://lebainturc.blogspot.com/
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a soirée d’ouverture a joué sur les symboles : les festivités se sont déroulées dans sept lieux différents en référence aux sept collines sur lesquelles a été fondée Constantinople au IVe siècle, à l’image de Rome. Cette manifestation fut aussi hautement emblématique au niveau politique. Depuis 2005, la Turquie a entamé des négociations en vue d’adhérer à l’Union européenne. Ce processus doit affronter à la fois des oppositions internes et externes, de la part de nombreux pays membres dont la France. Istanbul 2010 capitale européenne de la culture est la caisse de résonance de la candidature turque et une vitrine du pays. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan l’a réaffirmé lors de l’ouverture : « Istanbul est une ville européenne. Avec son cœur, sa culture, sa civilisation, ses gens, son passé et son futur, elle a toujours tourné son visage vers l’Europe. [...] Au-delà d’Istanbul, cela montre que la Turquie est un pays européen, un pays ayant vocation à être membre de l’UE. » Istanbul est-elle européenne ? Un vaste débat tant l’identité de la ville est fragmentée. Aujourd’hui, c’est une mégalopole de 12 millions d’habitants officiellement, 18 millions officieusement, à cheval entre les continents européen et asiatique séparés par le détroit du Bosphore. Les deux rives sont connectées par une myriade de bateaux élancés, les
vapur, et deux ponts. « Je pense que la métaphore du pont correspond très bien à Istanbul, estime Reha Öztunali le coordinateur des musiques actuelles pour la saison de la Turquie en France (jusqu’en mars 2010), car de toute manière le pont n’appartient à aucune rive. Istanbul a sa propre identité. On n’est ni Européen ni Oriental. » Istanbul n’est pas la première ville située dans un pays non-membre de l’UE à recevoir ce titre. « À la différence des autres villes, la candidature stambouliote a été un projet de la société civile, note Asu Aksoy de l’Université Bilgi d’Istanbul. C’était une opportunité pour la démocratisation. » Depuis les débuts de l’initiative civile en 2000, la nomination officielle en 2006 et jusqu’à aujourd’hui, Istanbul 2010 n’a pas été un long fleuve tranquille. La plupart des dirigeants initiaux ont démissionné. Avec l’arrivée des soutiens politiques et économiques, le projet a été quasiment vidé de toute ambition culturelle pour servir les intérêts du secteur touristique et légitimer la gentrification des quartiers historiques : « C’est un projet radical, commente l’urbaniste Orhan Esen. On ne veut plus de pauvreté à l’intérieur du périphérique. Chaque monument devient un noyau pour la gentrification. » En effet, sur les 467 projets retenus, 70% sont consacrés à la restauration du patrimoine historique et architectural de la cité,
dont le célèbre palais de Topkapi et Sainte-Sophie. De nombreux artistes ne se reconnaissent pas du tout dans le programme d’Istanbul 2010, qui n’est pas à la hauteur de l’effervescence créative qui anime la ville depuis une dizaine d’années. Pour l’artiste turque Sükran Moral : « La scène culturelle et artistique stambouliote est très vivante, vraiment meilleure que dans de nombreuses cités européennes où règne l’esprit de clocher. À Istanbul, tu ne t’ennuies jamais. » Malgré le manque de soutien étatique et de structures, les initiatives novatrices se développent dans de nombreux domaines. Les artistes turcs proposent souvent des œuvres fortes qui remettent en cause nos certitudes. L’art contemporain est particulièrement corrosif et provocateur, le tout avec humour comme cette photographie de Burak Delier devenue célèbre : il s’agit d’un portrait de femme portant un tchador cousu dans le drapeau de l’Union européenne. Le cinéma turc est aussi très dynamique. À côté des grosses productions locales qui surpassent largement les films américains au box office, le cinéma d’auteur se porte à merveille. Une nouvelle génération de réalisateurs se fait remarquer dans les grands festivals internationaux, dont Nuri Bilge Ceylan : prix de la mise en scène au festival de Cannes 2008 avec Les Trois singes.
février 2010
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KALÉIDOSCOPE
LES CONFÉRENCES DE L’ECOLE SUPÉRIEURE EUROPÉENNE D’INGÉNIERIE DE L’ESPACE RURAL
SÉISMES - VIVRE AVEC LE RISQUE EN HAUTE-SAVOIE
DANS VOS AGENDAS LES CONFÉRENCES D’ARCHAMPS
EMPLOI D’ÉTÉ À L’ÉTRANGER DEUX POSTES À POURVOIR AU QUÉBEC
Les étudiants de l’ESE IER de Poisy organisent dans le cadre de leur formation des conférences sur différentes thématiques. À noter, le 10 mars : Crise laitière, quel avenir pour notre lait ? ; le 16 mars : Plantes médicinales : Quelles places pour la médecine douce ? ; le 31 mars : Homme et réchauffement climatique : Quels impacts ? Infos : 33 (0)4 50 46 38 24 - www.ecole-ier.com
Vendredi 26 février à 20h30 : Franz Olivier Giesbert, directeur de l’hebdomadaire Le Point, « L’amour, le cancer, la presse et la vie » à propos de son dernier roman Un très grand amour ; Vendredi 5 mars à 20h30 : Jean Ziegler, sociologue, écrivain, ancien rapporteur spécial à l’alimentation auprès des Nations unies, « La Haine de l’Occident » titre de son dernier essai . Conférences publiques suivies de dédicaces. Centre de Convention, Site d’Archamps. Entrée : 8 € (Tarif réduit à 6 € pour étudiants et Technopole). Point de vente chez Virgin Megastore Archamps et au Domaine de Chosal (en face de l’hôtel Ibis). Pré-inscription et abonnement possibles. +33 (0)4 50 31 50 00 www.technopole-archamps.com
EXPO LE CORPS À L’ŒUVRE, L’ŒUVRE AU CORPS Avec des installations video de Phillipe Astorg, Virginie Bailly, Ali Kazma, Mark Lewis, Géraldone PY. Forum Expo Bonlieu, du 5 au 28 fevrier. Finissage samedi 27 à 17H avec projections vidéo.
Jusqu’au 28 février à La Turbine. Cette exposition du Palais de la Découverte présente des témoignages de populations au Japon, au Chili, en Polynésie... pour sensibiliser les visiteurs aux risques que représentent les séismes par rapport aux installations humaines, mais aussi des dispositifs interactifs qui permettent de mieux appréhender les phénomènes fondamentaux. L’occasion d’en savoir plus sur les failles, le bâti, le phénomène de résonance, la magnitude et l’intensité etc. Ces supports conçus par le Palais de la Découverte sont complétés par la présentation d’informations sur les évolutions réglementaires en cours (nouveau zonage sismique national et nouvelle réglementation parasismique) en Haute-Savoie et en particulier sur le bassin annecien. Une sortie géologique à la faille du Vuache de Poisy avec l’université J. F. de Grenoble, le samedi 20 février à 15h, (RDV au miroir de faille à Sillingy) est également prévue. Du mardi au dimanche, de 14h à 18h (jusqu’à 19h le vendredi) Pour en savoir plus : CCSTI 04 50 08 17 00 - www.ccsti74-crangevrier.com
L’association France-Québec et la ville de Cluses reconduisent pour l’été 2010 le programme d’échanges d’emplois d’été rémunérés avec la ville de Lachute, Québec. Deux postes sont proposés par la mairie de Lachute (aide animateur). Ils sont proposés en priorité aux jeunes clusien(ne)s pour une durée de 6 semaines. Une période de deux à trois semaines après le contrat permet à l’étudiant de visiter « la belle province » en toute liberté. Hébergement chez l’habitant durant la période du contrat de travail. Les conditions sont les suivantes : être Clusien(ne) ou des environs le cas échéant, de nationalité française, être étudiant(e) âgé(e) de 19 à 30 ans, être disponible à partir du 21 juin et jusqu’à fin août, si possible détenir le permis de conduire. Les frais de voyage sont à la charge du stagiaire. Pour être candidat à l’un de ces postes, vous devez envoyer une lettre de motivation et un CV avant le 10 février 2010 au maire de Cluses Ressources Humaines, BP 99 – 74302 Cluses Cedex ou à déposer en mairie. +33 (0)4.50.96.69.25 ressources.humaines@cluses.fr
CHÔMAGE EN HAUTE-SAVOIE ET À GENÈVE (CANTON)
juin 2009
Comme en attestent ces articles, l’hôpital Clinic de Barcelone est un des leaders espagnols dans le domaine de la laparoscopie. Le point commun de ces interventions : leur faible invasivité. Par de petites incisions pratiquées dans l’abdomen (laparoscopie) ou par les orifices naturels, elles permettent des suturassions ou des ablations à moindre traumatisme. C’est cet hôpital qui a fait à nouveau parler de lui en réalisant ce qui est présenté comme une première mondiale : l’ablation d’un cancer du colon par l’anus. Dans une phase préparatoire, la patiente de 76 ans avait été soumise à une chimio/radiothérapie pour réduire la tumeur maligne qui avait envahi toutes les couches de l’intestin. Durant l’opération réalisée en collaboration avec l’Hôpital General de Massachusetts (Université de Harvard), l’unique incision pratiquée l’a été au niveau de la zone affectée, elle-même extraite avec la tumeur de trois centimètres. La laparoscopie est déjà pratiquée pour ce genre de problème mais avec un inconvénient : elle nécessite obligatoirement une incision de plusieurs centimètres afin de pouvoir sortir le morceau de colon malade. Lors de la présentation aux médias de cette première Antonio de Lacy, chef de chirurgie gastro-intestinale de l’hôpital Clinic et fervent pratiquant de la chirurgie NOTES (Natural Orifice Transluminal Endoscopic Surgery), a notamment fait valoir que la réussite de cette opération par l’anus (et non par le vagin) permet d’envisager son utilisation future chez l’homme comme chez la femme. (BE Espagne n° 89 (4/01/2010) - Ambassade de France en Espagne / ADIT Voir la vidéo disponible à la page : www.bulletins-electroniques.com/actualites/61726.htm)
3e SALON DES ÉTUDES SUPÉRIEURES D’ANNECY L’ABÉCÉDAIRE INTERACTIF
À l’occasion des vingt ans de la Convention des droits de l’enfant, l’illustratrice pour la presse (Le Monde, Le Monde diplomatique) Christine Lesueur et la maison d’édition Le Sorbier associée à Amnesty International ont publié un abécédaire interactif à l’attention des enfants. Les jeunes lecteurs sont invités à colorier, compléter, dessiner sur les pages de droite les illustrations rattachées aux lettres, toutes initiales d’un mot faisant référence aux articles de la Convention. C’est ludique, drôle, vivant, ou comment apprendre et réfléchir en s’amusant. En fin d’ouvrage, la Convention relative aux droits de l’enfant est reproduite dans son intégralité. Dès 7 ans. Éditions du Sorbier, octobre 2009, 10€
Avec 137 chômeurs de plus en décembre 2009, le canton de Genève connaît une faible hausse du chômage (+0,9%) et compte 15 930 chômeurs à la fin du mois. La Suisse est par contre touchée par une hausse du chômage nettement plus conséquente (+5,4%). Le taux de chômage à Genève s’établit à 6,6%. La Confédération annonce un taux de 4,4% au niveau suisse. En Haute-Savoie, à la fin du mois d’octobre les demandeurs d’emploi étaient de 30 934 en catégorie A (personnes tenues de faire des actes positifs de recherche d’emploi sans avoir travaillé une seule heure dans le mois) et de 40 550 en incluant ceux ayant exercé une activité réduite. La courbe du chômage se rapproche du « plus haut » enregistré il y a 15 ans (31 845 en octobre 1994). Les motifs d’inscription à Pôle Emploi ont été pour 43% des fin de contrat ou de mission d’intérim, 14,3% des licenciements (dont la moitié des licenciements pour motif économique), 6,2% des reprises d’activité (femmes revenant sur le marché), 5,6% des premières entrées sur le marché du travail (pour la plupart les jeunes de - 25 ans), 3,7% des démissions et le quart restant d’autres cas. Les évolutions mensuelle (+ 5,9 % soit + 1 721 inscrits) et annuelle (+ 44.7 % soit + 9 563 inscrits) ravivent la crainte d’un retour de flamme du chômage comme le département en a connu en début d’année. (source : Office cantonal de l’emploi et Pôle Emploi).
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CHIRURGIE NON INVASIVE : UNE PREMIÈRE MONDIALE
Le monde de l’enseignement supérieur ouvrira bientôt ses portes aux futurs bacheliers de Haute-Savoie (près de 23 000 dans l’académie de Grenoble en 2009). Ils rejoindront les quelques 83 000 étudiants du département. Leur préoccupation majeure à tous : l’orientation. Quelle voie choisir : l’université, une école, une formation en alternance, un cursus à l’étranger ? Quelle formation pour quel métier ? Que faire après un Bac + 2 : poursuivre ses études ou entrer dans la vie active ? Comment se réorienter après une année d’échec ? Afin de répondre à toutes les questions des jeunes (et de leurs parents) en matière d’orientation et de les accompagner dans leur démarche, Studyrama organise la troisième édition du salon des Etudes Supérieures d’Annecy, le 6 mars 2010. Samedi 6 mars 2010, 10h – 18h - Espace Rencontre à Annecy-le-Vieux. www.studyrama.com - 0891 36 05 28 (0,225€/min
MOBIALP LES STATIONS À VOTRE PORTE !
Comme chaque hiver, le Conseil général de la Haute-Savoie vient renforcer les services de son réseau de transport à destination des stations de sport d’hiver. Dans le but de limiter les déplacements automobiles, les navettes Balad’Aulps Bus et Colombus dans le Massif du Haut Chablais, et les Eco-Navettes «Praz de Lys / Sommand» dans le Massif du Haut Giffre, reprennent du service pour la saison hivernale 2010 (1 € le trajet). L’opération Mobilalp Aravis est également reconduite depuis le bassin annécien vers le massif des Aravis. Offre combinée (transport en autocar+forfait de ski journée) à 25 € (18 € pour les moins de 15 ans), à partir de la gare routière d’Annecy, navettes directes (35 minutes de trajet). Du nouveau avec Mobilalp Glières. Pour 5 € l’Aller/Retour (3 € pour les moins de 16 ans), les passionnés de ski nordique pourront se rendre sur le Plateau des Glières depuis la gare routière d’Annecy, et se verront délivrer, sur présentation de leur titre de transport, un forfait nordique au tarif préférentiel de 3€ la journée (forfait gratuit pour les moins de 16 ans). Infos : www.cg74.fr rubrique informations transports.
LA TABLE du chef
Bernard Binaud
Chef du Pré d’Antoine
La table est aussi vive, curieuse et inspirée que l’homme est sympathique. En 34 ans de carrière, Bernard Binaud a évolué au rythme de la société, de ses évolutions techniques et gustatives. Sa carte, tout en douceurs, milite pour la paix des papilles... Comment devient-on cuisinier ?
Après la troisième, j’avais choisi l’électricité. Lors du test d’orientation, on décèle une forme de daltonisme, ce qui peut être dangereux dans ce domaine d’activité. Je propose alors la cuisine. Fils de paysan, c’est moi qui préparais les repas pour la famille à l’heure de la traite ; nous étions six à la ferme. Après mon CAP, j’ai rencontré des chefs qui m’ont transmis leur passion. À leur contact, l’amour du métier n’a fait que se renforcer. Ils m’ont fait grandir, m’ont appris la rigueur, la discipline. Cette rigueur essentielle qu’il faut apprendre jeune au risque qu’elle ne parte avec l’âge. Sans elle, on devient vite médiocre. Le Pré d’Antoine Menus à 36, 42, 47 et 52 € Menu du marché (le midi seulement) à 19,5 €, et formule du marché (plat et dessert) à 17 € Pont de Fillinges 74 250 FILLINGES +33 (0)4 50 36 45 06 www.lepredantoine.com
Pouvez-vous définir votre cuisine ?
Je suis classique rénové, c’est-à-dire que je mets en avant le produit que j’assaisonne à l’air du temps. Le monde avance et nous avançons avec. Je n’associe jamais plus de trois éléments, trois saveurs. Le palais ne doit pas être déstabilisé. Mon inspiration se nourrit des rencontres, des conversations, des clients, des lectures et des sorties chez mes confrères éloignés. J’ai toujours entendu les vignerons dire que « Le meilleur d’entre eux est devenu le plus mauvais parce qu’il n’a jamais voulu goûter le vin de son voi(1)Saké doux sin. » Il est important de se situer par rap(de 12° à 18°) utilisé port à ses collègues. C’est avant tout un dans la cuisine japonaise. métier de rencontres.
(2) Riz noir cultivé dans la plaine du Pô (Piémont). À l’origine cultivé en Chine, les Empereurs l’appréciaient pour son goût, ses valeurs nutritionnelles et aphrodisiaques (d’où son surnom de riz interdit). (3) Fève de cacao broyée et torréfiée.
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février 2010
Comment voyez-vous l’avenir du métier ?
Entre la pénurie de personnel et l’inflation des normes réglementaires, je me demande comment, demain, l’indépendant pourra parvenir à ouvrir son restaurant. Je ne suis pas pessimiste pour autant, je pense seulement qu’il n’y a plus de place pour l’amateurisme. Quelle entrée nous proposez-vous ?
Des noix de saint-jacques au gingembre confit au mirin(1) et tartare de cèpes.
Le gingembre est épluché, taillé en bâtonnets et blanchi trois fois. Puis je le recouvre de mirin, de sauce soja, d’un peu de sucre et je laisse confire. Le sirop obtenu est monté au beurre. Je mets de côté ce jus parfumé au gingembre. Pour le tartare, les cèpes sont coupés en brunoise, sautés à l’huile d’olive, auxquels sont ajoutés une pointe d’ail et du persil haché. Les saint-jacques sont cuites dans une poêle à sec : colorées à l’extérieur, très tendres à l’intérieur. Je dresse à l’emporte-pièce le tartare sur lequel je pose les noix, je dessine un cordon de jus de mirin, je parsème de zestes de gingembre confit, et décore avec des bâtonnets de citronnelle. À l’œil, c’est élégant et en bouche nous avons la terre et la mer. Nous voyageons avec les saveurs doucereuses et poivrées du gingembre. L’agressivité vient de la persillade des champignons. Tous les sens sont en éveil. Poursuivons avec le dos de saumon.
Il est accompagné de chapelure d’amandes et de parmesan, et d’un riz vénéré(2) aux abricots. Je commence par faire revenir le riz dans une tombée d’oignons, je mouille avec du bouillon de volaille jusqu’à cuisson complète. Avant de servir j’ajoute une brunoise d’abricots secs. Le saumon est poêlé. Une fois cuit des deux côtés, mais encore tendre à cœur, je mets dessus une chapelure de poudre d’amandes et de parmesan, et je finis la cuisson au four afin de gratiner. J’accompagne d’une émulsion préparée à partir d’un bouillon de volaille crémé et infusé aux fèves Tonka. Là-encore, c’est un sucrésalé des plus agréables. Insolite : le pigeon au grué...
Je marque à la poêle cuisses et suprêmes levés du pigeon. Colorés de chaque côté, les morceaux sont enduits,
côté peau, d’une chapelure de beurre, de grué(3) et d’éclats d’amandes. La cuisson se termine au four. Cela apporte une saveur grillée et une texture croquante. En bouche, il y a du grain, il faut que ça craque. La sauce est une réduction d’échalotes et de vinaigre balsamique, de jus de pigeon préparé avec les carcasses, liée avec une cuillère à café de cacao en poudre qui apporte sa note d’amertume. J’accompagne de petits pois et de maïs revenus au beurre. L’harmonie règne : en bouche les saveurs douces et amères, dans l’assiette les tons vert, jaune et brun. Et pour le dessert ?
Un pain perdu trempé dans un mélange jus de pamplemousse, lait de coco et œufs : une véritable surprise...
Le chef
Benjamin Müller
Bernard Binaud Né le 10 janvier 1957 à Senomne (Mayenne), marié et père de trois enfants. À Laval, il obtient en 1976 son CAP, il est alors apprenti à l’hôtel de l’Ouest. Le jeune diplômé débute comme commis à l’Abbaye de Royaumont à Asnière-sur-Oise. En 1978, il est chez Maxim* à Orly, l’année suivante chez Bocuse*** à Collonges au Mont d’Or. En 1981, il découvre la région en intégrant les cuisines du Chat Botté* (hôtel Beaurivage, Genève) alors sous les ordres de Louis Outhier. En 1983, il est chef responsable du Gentilhomme*, (hôtel Richemond), à deux pas de son ancien employeur. En 1985, il devient second de cuisine à La perle du Lac, sur les rives du lac Léman. Il épouse Laurence Hominal, tous deux achètent La crémaillère à Taninges. En 1991, le couple fait construire un restaurant sur le terrain à Fillinges du grand-père de Laurence, Antoine. En 2009, la salle du restaurant est entièrement rénovée.
MOTS CROISÉS N° 64 André Gastal
SUDOKU N° 38 jouez avec
M o b i l i e r D é c o r a t i o n C o n s e i l e t é t u d e d ’a g e n c e m e n t
HORIZONTALEMENT 1.Les amours de deux sauvages dans le désert – Le premier venu. 2.Ancienne ville, dans le Péloponnèse, sur l’Eurotas. 3.Quadrupède ou simple bipède – Un des neuf d’Héliopolis. 4.Général d’armée – Capitaine du Nautilus. 5.C’est quelqu’un – Son exposition n’est pas la meilleure – Il rapporte énormément. 6.Obstructions d’un canal naturel. 7.Pied-deveau – Sont en couches. 8.Commencera par l’entrée – Fit un déplacement. 9.Raspoutine par exemple. 10. Nom d’un pétard – L’agrément de la botte. VERTICALEMENT 1.Un fort au cinéma – Le savoir vivre dans le monde Arabe. 2.Capitale au cœur de l’Imerina. 3.Ne permettent aucun échange – Pièce de réception. 4.S’étale contre le mur – Sous tension. 5.Touche une pièce sans la jouer – Droit au repos. 6.Se fait en remontant – Coup de main offensif. 7.devenue moins importante – Ses caresses ont fait rougir Cléopâtre. 8.Donne du brillant – Fauteur de troubles. 9.De mauvaises grippes. 10.C’est un pion – Mise en Inde.
© Solange de La Panouse
NIVEAU : FACILE Compléter toute la grille avec des chiffres allant de 1 à 9. Chaque chiffre ne doit être utilisé qu'une seule fois par ligne, par colonne et par carré de neuf cases.
Solution du n° 63 / janvier 2010
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SOLUTION DU SUDOKU N° 37
Solution des jeux dans le prochain numéro.
Matière et couleur vous invite à découvrir son nouvel espace de 240 m 2 au 9, rue Sommeiller - Annecy +33 (0)4 50 51 28 30
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