MUSIQUES ET VOIX DU MONDE De l’Océan Indien au Moyen-Orient De la tradition au monde d’aujourd’hui
Médiathèque Simone-de-Beauvoir
SOMMAIRE
Introduction
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I Rencontre avec les musiques de l'Océan Indien .1. Les musiques de l'Ile de la Réunion : le maloya, le séga .2. Les instruments de musique .3. Danyel Waro et ses albums .4. C-D de l’Ile de la Réunion (disponibles à l’espace musique)
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II Rencontre avec les musiques du Moyen-Orient .1. Les musiques en Palestine .2. Les instruments de musique .3. Kamilya Jubran,Werner Hasler et leurs albums .4. C-D de Palestine (disponibles à l’espace musique)
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III Rencontre entre les musiques traditionnelle et contemporaine .1. Antiquarks .2. Jean-François Vrod
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Sources documentaires
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De la musique traditionnelle à la musique contemporaine, et de l'Océan Indien au Moyen-Orient, nous vous invitons au voyage en partageant les univers musicaux du duo Kamilya Jubran-Werner Hasler, du violoniste Jean-François Vrod, du groupe Antiquarks et du percussioniste réunionnais Danyel Waro.
Ces artistes participent à l'édition 2008 de « Musiques et voix du monde » à Romans, et nous offrent des rencontres originales et passionnantes : - Kamilya Jubran, une des plus belles voix de Palestine, s'unit à la musique électronique du compositeur suisse Werner Hasler. - Jean-François Vrod, un des meilleurs interprètes du violon traditionnel, est aussi un « chercheur musical » mêlant tradition et modernité au sein de son trio. - Les deux musiciens lyonnais du groupe Antiquarks créent une musique hybride qui conjugue vielle à roue amplifiée et percussions. - Danyel Waro, figure emblématique de l'Ile de la Réunion, est aussi luthier. Héritier du maloya, il donne à entendre une musique généreuse et authentique.
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I RENCONTRE AVEC LES MUSIQUES DE L’OCEAN INDIEN .1. Les musiques de l’Ile de La Réunion a) Le maloya Le maloya est un style musical, chanté et dansé, de l’île de la Réunion. Ses origines remontent au temps de l’esclavage mais le style lui-même s’est développé durant le XIXè siècle. A l'époque, il est interdit par certains maîtres planteurs, parce qu'il incarne, selon eux, le lieu du complot, le point de départ du marronnage. La réalité est que, dans un créole incompréhensible pour les colons Blancs, les Noirs réduits en esclavage disent leur pénible quotidien, critiquent le maître et, surtout, rendent hommage aux ancêtres. Le maloya fait en quelque sorte partie d’un rituel sacré qui est à la fois culte des ancêtres et séance de guérison. Ce rituel s’appelle kabaré et le maloya en est la phase finale et le côté profane. Les réunionnais pratiquaient ce culte pour rester en contact avec les esprits des ancêtres, puis se mettaient à chanter et danser le maloya. Considéré comme subversif et rebelle, il est interdit au cours de la seconde partie du XXè siècle par l’administration française. Les joueurs sont arrêtés et sanctionnés. Une partie des Réunionnais abandonne ainsi cette pratique, privilégiant les musiques modernes comme le séga et, plus tard, les chansons occidentales. Mais au début des années soixante-dix, certains refusent que ce genre musical tombe dans l’oubli et, avec lui, une partie de l’identité de leur peuple. Des musiciens de maloya décident alors de le sortir du « fé noir », c’est à dire de l’ombre dans lequel il fut plongé. Ils se remettent à jouer dans toute l’île, revendiquant fièrement une culture négligée parce qu’ héritée de l’esclavage, bravant ainsi l’interdit du pouvoir.
Ainsi, Lo rwa kaf, Zelindor, Ramouche, Granmoun Lélé, et Firmin Viry, tous fils du petit peuple créole de l’île, deviennent-ils célèbres. A partir de 1975, le maloya s’affiche à nouveau et le pouvoir autorise sa pratique. Dans la droite ligne de ces prédécesseurs, Danyel Waro et le groupe Ziskakan remettent le maloya au goût du jour en le valorisant avec des textes plus revendicatifs et poétiques.
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Le maloya se joue sur accompagnement de percussions : le roulèr, le kayam, le bobre, le piker et plus récemment le djembé. Sur des rythmes ondulants, lancinants, parfois même mélancoliques, mais toujours dansants et chaloupants, le chanteur entonne un chant en créole que reprennent en chœur les participants. Le chant parle en images savoureuses de la vie quotidienne, des amours, du pays, du travail, voire d’un engagement social et politique comme le fait le chanteur Danyel Waro. Aujourd’hui, même si les rites traditionnels sont toujours honorés, le « Service kabaré » signifie plutôt une invitation à la réjouissance, au concert et au rassemblement festif. La musique réunionnaise ne manque pas de créateurs et d’artistes inspirés, à l’instar des groupes Baster, Salem Tradition, El Diablo, et Nathalie Natiembé qui empruntent le chemin des aînés en métissant leur musique d’influences africaines et malgaches, de sega, de reggae, de rap ou de ragga. Fidèles à l’esprit du maloya, ces formations assument l’identité créole, doublée d’une grande ouverture sur le monde.
b) Le séga A l’inverse du maloya, le séga était à l’époque de l’esclavage largement diffusé. Entraînante, cette musique reflète en effet un esprit de légèreté et de bonne humeur. Les autorités de l’époque préféraient voir le peuple s’adonner à ce genre de musique plus que le maloya qui faisait craindre à des formes de révolte. Le séga a pris racine au cœur de la société coloniale. Il est une musique qui tire ses origines des danses traditionnelles d’Europe comme la polka et la valse associé à une rythmique d'origine afro-malgache. A la fois danse lascive, sensuelle et rythmée, le séga est devenu la danse qui identifie les créoles de l’Océan Indien à partir du moment où des orchestres comme celui de Loulou Pitou l’ont joué dans tous les grands salons de bal de la Réunion. Il faut aussi noter l’importance d’un artiste comme George Fourcade qui a écrit et chanté les airs les plus populaires du séga réunionnais dont « P’tite fleur aimée », qui a autant de valeur symbolique à la Réunion que la Marseillaise en France métropolitaine.
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Lorsqu’on fait allusion au séga, quelques grands noms viennent immédiatement en mémoire : Georges Fourcade, Jules Fossy, Jules Arlanda, Maxime Laope, Loulou Pitou, et bien d’autres encore qui ont écrit les premières pages de la musique populaire créole. On cite ces artistes puisqu’ils ont été les premiers à laisser les traces sonores du séga grâce aux enregistrements réalisés sur des 78 tours et lus sur des pathéphones ou grammophones entre les deux guerres. Les premiers enregistrements de cette musique datent de cette période. Après des débuts timides et hésitants la production discographique réunionnaise connaîtra une première étape importante au cours des années 60’s et 70’s, avec l’arrivée des plus grands noms du séga comme les Jokarys, A. Philippe, Jules Joron, Luc Donat, Michel Admette, Michel Adélaïde, Gaby Laïkun et bien d’autres.
Aujourd’hui le séga a toute sa place dans la vie des réunionnais et une nouvelle génération d’artistes a pris le relais en le transformant, en le faisant évoluer sous diverses appellations : séga pop, soul séga, jazz séga, seggae, séga love, etc… Les réunionnais le qualifient de « séga crazé » ou « séga piqué » pour bien conforter l’idée de convivialité, de bonne ambiance, de danse à caractère sensuel. Ce style de musique se retrouve sur les îles voisines : Maurice, Rodrigues et les Seychelles. Dans n’importe quelle île de l’Océan Indien, on pratique le séga en invitant tous ceux qui le découvrent à se lancer, car son rythme exprime irrésistiblement la proximité et le partage.
.2. Instruments de l’Ile de la Réunion Le Bobre / Bob / Berimbao : Autrefois, surtout utilisé par les conteurs, il est aujourd’hui dans le maloya, la voix de cet esclave qui murmure sa complainte. De la famille des cordophones le bobre se compose de trois parties : le bobre lui-même, la baguette, le cascavelle ou cascavielle. Il s’agit d’un arc musical fait de bois tendu anciennement de nylon ou de petit câble d’acier. La caisse de résonance reliée à l’arc et à la corde est faite d’une calebasse, que l’on éloigne ou que l’on rapproche jusqu’à compression sur le ventre suivant le son que l’on veut obtenir. Le bobre même s’il possède un son original et joli, est tout de même un instrument monocorde qui ne sert qu’à démarrer les chansons, et qui est bien vite couvert par les autres instruments plus bruyants.
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Le Caïamb ou Kayamb : Le kayamb ou maravanne (à Maurice) est un instrument de musique utilisé dans les Mascareignes pour jouer le séga et le maloya. C' est un instrument de percussion idiophone. Formé de roseaux ou de tiges de fleurs de canne à sucre liés, le kayamb est rempli de graines de cascavelle ou de conflore qui produisent un son caractéristique lorsqu'elles s'entrechoquent, quand on les secoue. Le joueur de kayamb secoue son instrument horizontalement avec l'aide des deux mains en se cambrant légèrement vers l'avant. Le mouvement doit être relativement énergique afin que les graines contenues à l'intérieur frappent les parois simultanément et produisent un son homogène.
Le piquer ou piker : Il accentue la syncope du rythme ternaire, et apporte au maloya cette cadence qui lui est si particulière. Autrefois petit bambou fait d’un fût en bambou tendu de peau. Le piquer actuellement, se contente d’être un petit bidon de fer blanc (huile, boîte de lait en poudre) que l’on frappe à l’aide de deux petites baguettes de bois. Cet instrument est encore appelé « Courti » (peut-être à cause du son aigu qu’il donne, son semblable au cri de l’oiseau du même nom).
Le houleur / rouleur / Oulér : Il est la basse et la base du maloya. Il a une puissance de son qui pénètre celui qui l’écoute, il est le coeur du maloya. Initialement tam-tam fait d’un tronc d’arbre creux recouvert d’une peau, le houleur élément essentiel pour son rythme sourd, est confectionné à l’aide d’une petite barrique recouverte de peau de bœuf. Le joueur est assis à califourchon sur le tonneau et frappe la membrane des deux mains.
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.3. Danyel WARO et ses albums Figure emblématique de la Réunion Danyel Waro est aujourd'hui l'un des plus dignes représentants de la culture réunionnaise, symbolisée par la culture maloya, rythme traditionnel sur lequel les travailleurs des plantations chantaient leurs joies et leurs peines. L 'ancienne musique des esclaves est restée fidèle à elle même : une force d'insoumission politique. Pour moi le maloya, c'est d'abord le mot... je cherche la cadence, l’image, le rythme dans le mot. Grâce au maloya, j’ai pris du recul par rapport à la philosophie cartésienne, aux jugements trop conceptuels. Le maloya m’a remis en accord avec La Réunion, notre langue, et notre bâtardise. Sur les hauteurs de Saint-Paul, il fabrique ses instruments. A la manière des premiers bluesmen du Mississippi, la voix de Danyel Waro sait faire chanter le créole dans des textes très engagés et avec une émotion intense. Sa voix de tête provoque les premiers frissons, les saccades des percussions lancent les premières danses. En un jeu hypnotique et sensuel, les choeurs et les rythmes répondent aux phrases scandées par ce poète extatique de la Batarsité, cet éloge de métissage. Stéphane Doucet (Le Monde)
CD : Foutan fonker (1999)
CD : Bwarouz (2001)
CD : Grin n syèl (2006) Dans cet album, Danyel Waro, artiste phare de la Réunion, a enregistré des chansons composées entre 1979 et 2003 qui nous racontent l’histoire de son île : ses luttes, son quotidien, ses métissages. Son maloya, véritable « blues réunionnais », n'a rien perdu de sa force émotionnelle, sa voix est toujours aussi poignante et les textes sont là pour dire un sentiment, une rage, un amour, une solidarité . Une musique festive, une voix puissante empreinte d'émotion, un disque à (re)découvrir. CD bientôt disponibles à l’espace musique: Batarsité (1994) Gafourn
(2004)
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.4. C-D d'autres artistes de la Réunion disponibles à l'espace musique
a) musiques traditionnelles Musiques métisses de l'océan indien (2006) Timardé : musique traditionnelle de l'île de la Réunion (1998) Namounimam : musique traditionnelle de l'île de la Réunion (1993) Rest'la maloya : hommage à Alain Peters (2003) La Famille Gado, entre romances et maloyas (2007) Zelvoula / Granmoun Lélé (2003)
b) interprètes Salem tradition / Fann (2005) Davy Sicard / Ker maron (2006) René Lacaille / Petampo et Mapou (1999 & 2004) Luc Donat / Le Roi du sega (2004) Nathalie Natiembé / Sanker (2005) Ti Fock / Swit lozik (1990) Ziskakan / Saley glasé (1996) Salangane / Bardzour (2006)
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II RENCONTRE AVEC LES MUSIQUES DU MOYEN-ORIENT .1. Les musiques en Palestine Plus encore qu’ailleurs, la musique populaire qui a rythmé les mariages et les funérailles, les fêtes de rues et les après-midi sur les plages de Gaza, est difficile à définir. Au début du XXè siècle, la plupart des Palestiniens vivaient dans les zones rurales, que ce soit les nomades ou les agriculteurs (fellahs). Ils chantaient en accomplissant leurs tâches comme la pêche, le travail de berger, la récolte d’huile d’olive. Juste avant la création de l’état d’Israël en 1948, une multitude de peuples d’origines et de religions diverses cohabitaient dans une paix relative en Palestine Britannique. Les musiciens se trouvaient au carrefour d’influences variées : byzantine, grecque, issue du folklore des tribus nomades de la région, des pays du Golfe, juive séfarade, libanaise, arabo-andalouse, égyptienne, turque… La musique accompagnait la noce chrétienne, juive ou musulmane où se croisaient parfois les musiciens, notamment à Jérusalem. Les anciens se souviennent encore de la liesse de la dabka (« taper du pied »), une danse populaire palestinienne pratiquée par une chaîne de danseurs, sautant et frappant du pied. Pour soutenir la danse, les chanteurs propageaient les airs traditionnels de village en village en s’accompagnant d’instruments traditionnels comme le shababi (flûte de berger), le ney, le rebab( photo) et le oud.
Les chansons les plus communes étaient les daluna et meyjana. Les chanteurs qui improvisaient souvent autour de thèmes populaires, étaient jugés et appréciés pour leur talent vocal et leur habileté à trouver le bon mot en rapport avec la situation, compétences qu’exigent également le qawaali, le zajal ou le msaman (un genre de « rap » folklorique). Actuellement, les Palestiniens prêtent plus d’importance aux affaires politiques et à la vie quotidienne, bien plus qu’aux choses de l’Art. La vie est trop difficile pour accorder de l’importance à la musique, à la peinture ou toute forme d’art. » souffle Moneim Adwan. Après la création d'Israël en 1948, la plupart des Palestiniens ont fui vers la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les centres pour la musique palestinienne étaient dans les villes israéliennes de Haïfa et Nazareth. Au cours de cette période, une nouvelle vague d'artistes palestiniens apparut avec distinctement des thèmes en rapport avec le rêve d'un État et l'importance croissante du sentiment nationaliste. 11
En Palestine, avant 1993-1994, il n’existait aucun conservatoire de musique. Et le manque de studios et d’occasions de jouer et les conditions de guerre et d’occupation ont poussé beaucoup de musiciens à émigrer aux Etats-Unis, en Russie, Angleterre ou France. Puis, l’Autorité nationale palestinienne a été formée, et l'expression culturelle palestinienne a commencé à se stabiliser. De retour de Jordanie, de Lybie, du Liban ou d’ailleurs, les musiciens de la diaspora palestinienne ont commencé à renforcer l’hétérogénéité de « la » musique palestinienne. Depuis le début des années 1980, le sextet Sabreen incorpore des influences jazz et indiennes, entre tradition arabe et « pop-world », Asie et Méditerranée. Depuis 1996, Natacha Atlas, ex-chanteuse du Trans Global Underground, marie avec élégance « néo-dub », trance music et rythmes arabes, en se réclamant de Gaza. D'origine proche-orientale au sens large, avec de la famille et des ancêtres venant notamment d'Égypte, de Palestine et du Maroc, elle s'est fixé pour mission de rapprocher l'Orient et l'Occident sur le plan musical, en saupoudrant d'Orient, la chanson française, la pop, le rap et d'autres styles.
Et ces dernières années, de nouvelles personnalités apparaissent comme le chanteur Moneim Adwan, Adel Salameh, les frères Joubran virtuoses de l'oud… A l’origine d’un réseau de festivals de musique arabe, Yabous Productions milite pour la défense de la culture palestinienne à Jérusalem. La structure soutient la production d’artistes palestiniens, programme des concerts et prévoit en 2008 l’ouverture d’un Centre Culturel à Jérusalem Est. Pour sa 9ème édition en 2007, le festival a été organisé dans un lieu prêté par le Consulat de France : le Tombeau des Rois, un lieu magique et chargé d’histoire. Les frères Joubran, habitués du festival, y ont présenté leur nouvel album « Majâz », affirmant ainsi la vitalité d’une culture.
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.2. Instruments de musique de l'Orient L’ oud Instrument phare du monde arabo-persan, c’est l’ancêtre du luth européen. Apparu en Egypte et au Proche-Orient il y a sans doute plus de 3000 ans, il se répand à partir du Moyen Age dans tout le sud du bassin méditerranéen et le Moyen-Orient. Luth à caisse piriforme et à 5 cordes doubles pincées avec un plectre, son manche court ne comporte pas de frettes, ce qui permet à l’oud des effets de glissando caractéristiques. (Les frettes sont de petites barres généralement métalliques placées perpendiculaires aux cordes, subdivisant la touche en demi-tons.)
Le qanun (Proche-Orient) Cette cithare psaltérion gagna l' Europe au Moyen-Age. C’est un trapèze en bois , qui compte habituellement 78 cordes groupées par 3, et qui se joue au moyen de deux onglets portés sur les index, comme des bagues.
Le nay (ou kawala) Flûte oblique, ouverte des deux côtés, elle comprend généralement 6 trous à l'avant et 1 à l'arrière.
Le rebab Instrument cordophone répandu dans les pays de culture ancienne islamiques, son corps est taillé d'un seul bloc. Il comporte un manche rond relativement long (qui peut être recouvert d'une feuille de laiton) et deux cordes, très écartées du manche. Sa table d'harmonie est faite d'une peau tendue. Il se joue généralement posé verticalement à terre ou sur un genou, soit avec un archet très courbé, soit en pinçant les cordes (Afghanistan, Inde). Cet instrument se retrouve sous différentes variantes. (photo p. 10) 13
.3. Kamilya JUBRAN, Werner HASLER, et leurs albums Kamilya JUBRAN Compositrice-interprète, cette chanteuse palestinienne est née en 1963 à Aakka en Galilée. Elias Jubran, son père est un fabricant d'instruments traditionnels et enseigne la musique. Il a été sa première source d'éducation musicale. Dès l'âge de quatre ans, elle commence l'apprentissage et l'interprétation du répertoire arabe classique. A la maison, il y avait tout le temps de la musique. Mon père fabriquait des ouds et des cithares qanoun.. il m'a enseigné les notes, les gammes, les intervalles, mais c'est toute seule que j'ai commencé à jouer du oud et du qanoun. Pour apprendre de nouvelles chansons, nous écoutions la radio : nous étions de fidèles auditeurs de l'émission égyptienne La Voix des Arabes. En 1982, Kamilya Jubran rejoint Sabreen, un groupe de rock palestinien. Elle devient à 19 ans l'interprète de couplets ancrés dans la réalité politique. D'abord sur fond de batterie et de guitares électriques, puis sur des instruments orientaux qui suscitent l'enthousiasme lors de tournées effectuées dans les centres culturels et les écoles. En 1997 elle obtient une bourse d'études à l'Alliance française de Paris. Un an plus tard, à l'occasion d'une collaboration à un enregistrement du groupe de rap marseillais IAM -jamais paru-, elle signera enfin sa première composition, Ghareeba (c'est à dire « étrangère »), à partir d'un poème de Khalil Gibran. Cette chanson sera d'ailleurs le point de départ du travail amorcé en Suisse, en 2002, avec les sons electro de Werner Hasler. Cette même année, elle quitte Sabreen, et se dirige vers un registre musical différent, explorant de nouveaux horizons. Werner HASLER Werner Hasler est né en 1969 et vit à Berne. Il étudie la musique (trompette). En 1997, il enregistre et fonde son groupe Manufactur. Il y développe son propre style et ses recherches en musique électronique. Il joue comme soliste lors de l'Exposition universelle à Hanovre en 2000.
Le duo Kamilya JUBRAN-Werner HASLER Kamilya Jubran et Werner Hasler se sont rencontrés en mai 2002 à l'occasion d'une résidence à Berne. Lui, venait du jazz et avait expérimenté, sur un support électronique, des sons auparavant explorés à la trompette. Elle, sortait d'une longue collaboration avec le groupe Sabreen.
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J'aime cet échange avec Werner, car je me sens libre, tout en étant enfermée dans les structures que j'ai créées avec lui... Nous venons de cultures si différentes que la collaboration musicale est parfois compliquée, mais ça ne l'empêche pas d'être d'une rare intensité. De ces échanges électro-acoustiques est né un premier album en 2005 Wameedd, la trace enregistrée du spectacle qu'ils présentent.
CD : Wameedd (2005) Wameedd (l'étincelle, la lueur) dit bien le travail sur les mots, étirés, accélérés, qui s'articule sur la poésie arabe contemporaine. Leur parti pris est exigeant, radical, d'un minimalisme très moderne et pourtant fortement ancré dans les traditions orientales. C'est sensuel, sans fioritures, une danse intérieure en ondulations volatiles qui invitent à la rêverie. Un disque envoûtant.
.4. C-D d’autres artistes de la Palestine disponibles à l'espace musique
a) musiques traditionnelles Tamaas : musique traditionnelle de Palestine / Samir Joubran, Wissam Joubran (2003) Majâz / Trio Joubran (2005) Kanza / Adel Salameh, Naziha Azzouz, Barbaros Erköse, Abdel Ghani( 2002) Gaza : musique traditionnelle de Palestine / Ensemble musical de Palestine (2006)
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Il était une fois en Palestine / Moneim Adwan (2005 Ce musicien palestinien s’inspire des chants traditionnels de la région de Gaza et du répertoire classique arabe. Il a déjà participé à 3 albums (dont « Nawah » avec Françoise Atlan). Passionné par les arts, notamment le théâtre et le cinéma, il a composé ce 1er album solo comme une série de petites fictions cinématographiques, sur des textes écrits exprès par 5 jeunes poètes palestiniens. Arrangés et orchestrés avec des musiciens arabes, israéliens, égyptiens, ces chants parlent d’amour, d’espoir et d’harmonie. Autour de son oud, violon et qanoun, darbouka et ney, passent du songe à la danse ; et la voix chaleureuse, puissante et tendre de Moneim Adwan, est la plus belle façon de faire passer un message humain au milieu de la guerre et de la destruction.
b) interprètes Sabreen / Here comes the doves (1994) Saïd Murad (flûte, oud et percussions) est à l'origine du groupe Sabreen fondé à Jérusalem en 1980. Les textes liés aux épisodes dramatiques de l'histoire palestinienne depuis le début des années 1980 sont d'abord des poèmes signés Mahmoud Darwish, Samih Al-Qassem, Hussein Barghouti... Les arrangements et les compositions utilisent les ressources conjuguées des instruments traditionnels orientaux et classiques occidentaux. Enfin la voix, cristal et velours de Kamilya Jubran achève de donner à Sabreen cette originalité qui en fait l'ensemble palestinien le plus intéressant et le plus célèbre à l'étranger.
Natacha Atlas / Halim (1997) / Gedida (1998) Née en 1964 à Bruxelles, Natacha Atlas est d’origine proche-orientale (avec des ancêtres égyptiens, marocains et palestiniens). Elle marie avec élégance néo-dub, transe music et rythmes arabes.
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III RENCONTRE ENTRE LES MUSIQUES TRADITIONNELLE ET CONTEMPORAINE
.1. ANTIQUARKS Révélation du printemps de Bourges 2007, ce groupe est formé de deux musiciens immergés dans un laboratoire de musiques actuelles. Sébatien Tron dissèque sa vielle à roue et conçoit la mélodie, le rythme, le bourdon et les cordes comme quatre instruments différents. Richard Monségu est au chant, à la batterie et aux percussions venues de tous les horizons ( calebasse, darbouka...). Les compositions d'Antiquarks naissent de la fusion de différents courants musicaux, les musiques méditerranéennes et africaines électrifiées, le rock des années 70, le jazz, le funk. Le chant est à la fois un mélange de kabyle, d'espagnol, d'anglais qui se frottent à un langage imaginaire.
CD : Le Moulassa (2006) Antiquarks est un OWNI (Objet World Non Identifiable), inventeur de « musiques de l’interterrestre ». Ce duo lyonnais est composé d’un chanteur batteur percussionniste et d’un vocaliste, joueur de vielle électroacoustique. Il propose une musique aux confins des époques et des genres oscillant entre ethno-trad, musique expérimentale et world music. Pour aller de l’avant, il ne faut pas refaire l’histoire mais innover. Nous devons ajouter quelque chose à l’héritage de nos ancêtres. Un album extraterrestre, planant, futuriste…
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.2. Jean-François VROD Jean-François Vrod est né en 1959 dans une famille d'auvergnats de Paris. A la fin de son adolescence, il est happé par la vague folk et commence à jouer du violon en autodidacte. Il entreprend ses premières collectes sur les musiques de tradition orale en Auvergne. En 1981 il forme avec Marc Anthony (vielle à roue) et Dominique Paris (cabrette) le groupe Café-Charbons. En 1989, ils co-fondent La Compagnie chez Bousca, collectif de musiciens qui crée des spectacles et des enregistrements. Il aborde dans une création avec Dominique Pifarely, Jacky Molard, Philippe Deschepper, Bruno Chevillon..., la question de l'improvisation. Il crée en 1996 « De mémoire de violon », son premier spectacle solo. En 2000, il réalise un CD « Faire l'idiome pour avoir du son ». En 2003, à l'occasion d'une résidence, il crée « La Soustraction des fleurs », un spectacle en trio avec Frédéric Aurier, violoniste et Sylvain Lemêtre au zarb. J'ai hérité de ma famille et, grâce à quelques singulières rencontres, d'un attrait pour le monde ancien, mais ma sensibilité m'a toujours poussé vers les formes de l'art d'aujourd'hui. Mon travail se nourrit de cette polarité.
CD : La Soustraction des fleurs (2006) C'est en côtoyant les anciens de l'archet traditionnel auvergnat qu'il s'est forgé un style, un répertoire. La richesse de son travail est de faire vivre et vibrer les traditions à l'aune de sa sensibilité. Cet album est l'enregistrement d'un spectacle avec Frédéric Aurier au violon et Sylvain Lemêtre au zarb. Alors, avec ce que nous sommes, comme d'autres racontent un rêve, nous chercherons à montrer notre vision de la tradition qui parle de notre réalité, celle que Picasso évoque quand il dit : « Ce qui est le plus abstrait est peut-être le comble de la réalité ». Un album magique.
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Sources documentaires
Livrets des CD disponibles à l'espace musique Dossier de presse réalisé par La Cordonnerie (Romans-sur-Isère) Mondomix (n°24 - sept-oct 2007) Petit atlas des musiques du monde (Mondomix, 2006) Le Dico des musiques de Jean-Marie Leduc (Seuil, 1996) Télérama (n° 2928 - 22 février 2006 ) Les musiques du monde de François Bensignor (Larousse, 2002) Dictionnaire thématique des musiques du monde d’Etienne Bours (Fayard, 2002)
Sites internet :
http://www.afrik.com http://www.amta.com.fr/fr/musiciens http://www.france-palestine.org http://www.kamilyajubran.com http://www.label-bleu.com http://www.mondomix.com http://www.musiques.rfo.fr http://www.rfimusique.com http://www.runmusic.com http://www.wernerhasler.com http://www.wikipedia.org
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