Discographie
COULEUR REGGAE
MEDIATHEQUES DU PAYS DE ROMANS ESPACE MUSIQUE
FEVRIER 2010
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SOMMAIRE
I) PRESENTATION DE BRUNO BLUM II) PRESENTATION DE DREADLYON III) L’HISTOIRE DU REGGAE Les racines du reggae Les années 60 et les prémisses du reggae
IV) LA REVOLUTION REGGAE 1) Petite chronologie 2) Early reggae et soul reggae 3) Skinhead reggae 4) Roots reggae 5) Le Dub 6) Dancehall : 1980-1984 7) Ragga ou raggamuffin 8) Les années 90
V) LES FIGURES MARQUANTES 1) Des interprètes (1960-1980) 2) Des DJ's et du dub (1970-1979) 3) Dancehall (1980-1984) 4) Des producteurs et des labels
VI) LE REGGAE DANS LE MONDE 1) En Angleterre 2) En Afrique 3) En France
VII) DISCOGRAPHIE SELECTIVE VIII) SOURCES DOCUMENTAIRES
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I ) PRESENTATION DE BRUNO BLUM
Bruno « Doc Reggae » Blum est un chanteur, guitariste, musicien et producteur, dessinateur, illustrateur, écrivain, photographe et réalisateur. Il est notamment reconnu pour son travail sur les trois albums reggae de Serge Gainsbourg, dont il a effectué de nouveaux mixages ( dont l’album en public au théâtre Le Palace en 2006), des versions dub et des versions DJ en 2003. Il part vivre à Londres en 1976, où il vit la vague punk de l'intérieur avec son groupe Private Vices. En 1977, il devient correspondant à Londres du magazine de rock « Best », en tant que reporter, photographe, illustrateur et chroniqueur. On lui doit une centaine d'articles parus dans le « Dictionnaire du Rock » de Michka Assayas, et la première biographie de Lou Reed en français. Tout en collaborant à « Best » dans les années 80, il contribue à l'émission de télévision « Les Enfants du rock » en tant que reporter. Il forme Les Amours en 1983 et enregistre avec eux en 1985-86. En 1989, avec les musiciens de Ziggy Marley, il enregistre un 45 tours en Jamaïque, « Des Couleurs ». Après avoir été illustrateur des mensuels « Backstage », « Actuel » (sous le nom de Kronik le Kritik), « Hara Kiri Hebdo », chroniqueur à Radio Nova (sous le nom du Docteur Blum) et avoir dirigé le film « Get Up Stand Up l'histoire du reggae » diffusé en 1995 sur Canal +, il conçoit et réalise avec le spécialiste américain Roger Steffens une série de 10 albums de Bob Marley & the Wailers (une centaine de titres rares ou inédits, il en mixe 8) sur la période méconnue 1967-72. Ces disques sont publiés avec succès par le label Jad qu'il fait revivre. Bruno Blum fonde en 1997 le label jamaïcain Human Race Records et son incarnation française Rastafari Records qui publieront des 45 tours reggae de Hailé Sélassié Ier, Marcus Garvey, Big Youth, King Stitt, Buffalo Bill, et Blum lui-même. « The War Album » est enregistré avec des membres des Wailers survivants. Un 45 tours du duo virtuel Sélassié-Bob Marley « War/Selassie Is the Chapel » se classe au n°1 des ventes reggae anglaises dans le magazine « Echoes » en avril 1998. Après « The War Album » (2000) avec les Wailers sur lequel il joue de la guitare et interprète deux titres, il publie en 2001 son deuxième album « Nuage d'Éthiopie » pour son label Disques De Luxe distribué par Culture Press dont est extrait le single « Si je reste » 3
(adaptation reggae francophone de « Should I Stay or Should I Go » de Clash) où il est remarqué comme parolier. Outre ses chansons, ses textes pour disques, ses écrits dans « Best », « Rock & Folk », « Actuel », « Hara-Kiri », « Nova Magazine », Bruno Blum publiera par la suite une douzaine de livres dont : « Lou Reed - Electric dandy »* (Le Serpent à Plumes 2001), « Punk, Sex Pistols, Clash et l'explosion punk » (Hors Collection 2007), « Cultures Cannabis » (Scali 2007), « L'histoire de toutes les musiques africaines » (Scali 2007)
Mais il est surtout connu pour ses livres sur la Jamaïque et le reggae : « Le Reggae » (Librio 2001) « Couleur reggae » coffret de 20 planches photographiques (Tana 2001) « Le Ragga » (Hors Collection 2005) « Jamaïque, sur la piste du reggae »* (Scali 2007) « Bob Marley, le reggae et les rastas »* (Hors Collection 2004) « Les 100 plus grands tubes du reggae à télécharger » (Fedjaine 2008) « Le Rap est né en Jamaïque »* (Castor Astral 2009) a été salué par la presse : Dans son livre très complet, Bruno Blum s’attache à démontrer que le rap a vu le jour à Kingston, et non pas en Amérique. (Libération) Il rend ici justice aux nombreux pionniers jamaïcains méconnus qui, dès les 60's ne cessèrent de mettre au point des nouvelles techniques d'enregistrement et d'interprétation pour rendre dingues les pistes de danse de l'île. Un éclairage inédit et remarquablement documenté. (Soul Bag)
http://www.docreggae.com
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II ) PRESENTATION DE DREADLYON
Présentation du label Label créé en 2001, sous la forme associative, le DREADLYON RECORDS a pour principal objet, l'aide au développement de nouveaux talents de la scène underground REGGAE-DUB locale et nationale. Son but : proposer des projets à productions limitées (production sous format vinyles essentiellement) en associant certains artistes. • •
« PirateDub meets U-Brown » (2001) = rencontre entre un musicien français PirateDub et le deejay vétéran jamaïcain U-Brown. « Ras Hassen-Ti meets Munky Lee » (2004) = rencontre entre le nouveau duboperator de la scène roots-stepper française Munky Lee et le chanteur new-roots Ras Hassen-Ti issu de la scène locale (Romans-sur-Isère).
Voilà deux exemples des productions proposées par le label.
Les membres du label • • • •
JAHSTEF : Fondateur et président de l’association, selector du sound system. MC K RIDDIM : Co-président de l’association, deejay du sound system. PIRATEDUB : membre actif, ingénieur du son, dubmaster. KING MILOUZ : Membre fondateur, selector.
Les artistes du label •
PirateDub : dubmaster, il bidouille en direct avec son echochamber analogique, son ordinateur portable et sa console à la façon de Mad Prof, Adrian Sherwood et Lee Perry.
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Munky Lee : Dub Operator qui compose un dub plutôt influencé par le style anglais steppa, tout en gardant un esprit roots reggae.
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Ras Hassen-Ti : Originaire de Romans-sur-Isère, ce chanteur s’impose par un talent vocal certain ainsi qu’un style roots particulièrement traditionnel (digne des plus grands chanteurs jamaïcains). Il débute en 1995 avec le groupe Iwa.
Présentation du DreadLyon Hi-Fi Parallèlement à son objectif de production, le DreadLyon par l’intermédiaire de sa structure live « Sound System » le DreadLyon Hi-Fi assure la promotion de sa musique et des artistes ainsi produits. Ils organisent régulièrement des manifestations dans la Drôme, comme les Dub Meetings (Mistral Palace à Valence) qui permettent d’inviter des artistes issus du milieu underground reggae-dub national et international (Vibronics, Ras Muffet, Junior Cony…). Pour cela le DreadLyon s’est équipé d’un mur de son fabriqué sur mesure par leurs soins, conçu selon les traditions jamaïcaines et anglaises :
www.myspace.com/dreadlyonrecords
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III ) L ' HISTOIRE DU REGGAE Le reggae est un phénomène social et économique unique. Né dans les années 60 en Jamaïque, avec des musiciens aussi célèbres que Bob Marley, Burning Spear ou Jimmy Cliff, il a pris une place de choix dans les années 70 sur la scène musicale internationale et dans l'industrie du disque, depuis les Etats-Unis jusqu'à la Grande Bretagne, en passant par les pays européens et l'Afrique, terre symbolique pour la philosophie rastafarienne. C’est un genre musical qui n'est pas apparu du jour au lendemain. Cette musique est le fruit du mélange de traditions ancestrales (venant d'Afrique) liées aux sons ruraux et urbains découlant d'Amérique du Nord. Le reggae se nourrit encore de son passé pour en tirer sa toute puissance et c'est en cela que ses traditions, ses racines, sont encore plus essentielles que dans n'importe quel autre genre musical.
1 ) Les racines du reggae Les origines du reggae se retrouvent dans la forme traditionnelle de la musique jamaïquaine : le mento et le nyahbinghi. a) Le mento Musique folklorique jamaïcaine, le mento apparut au XIXe siècle. Il s’agit du croisement d’influences européennes, ouest africaines et bantoue. Proche du calypso de Trinidad, le mento s’en différencie de par son rythme plus chaloupé que celui du calypso, et de par son répertoire original (même si de nombreux airs de calypso furent adaptés en mento au fil du temps).
Les thèmes abordés par les chansons de mento sont simples et tirés de la vie des gens de la campagne. Les thèmes favoris sont la Jamaïque, ses plats et ses recettes (il en existe énormément parlant de fruits), les rapports entre les hommes, entre l’homme et la nature. L'humour est également un élément clé des paroles de mento. Cette tradition est à l’origine du courant de musique slackness qui traverse toutes les époques de la musique jamaïcaine. Plus tard, des artistes célèbres du ska et du reggae reprendront des classiques mento en les adaptant à la tendance musicale du moment (Derrick Morgan, Yellowman). Reggae et talk-over sont les héritiers directs de cette tradition. Témoin le sobriquet de Big Youth, un DJ très populaire, surnommé le gleaner humain, du nom d'un des grands quotidiens jamaïcains. b) Le nyahbinghi Il s’agit de musique jouée par des groupes de percussions et employée par les rastafaris, principalement pour accompagner leurs chants traditionnels liturgiques. Il s’agit également d’un ordre rastafari, à l’image des Douze Tribus d’Israël (Twelves Tribes of Israel) ou de l’ordre des Bobo Shantis.
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Mais contrairement aux autres ordres, ce mouvement n’est pas hiérarchiquement organisé mais communautaire (il n’y a donc pas de chef). C’est à un rastaman, Count Ossie, que l’on doit l’invention du style nyahbinghi. Né en 1926, il fonda en 1951 un camp rasta à l’est de Kingston, la capitale de la Jamaïque. Mêlant alors l’héritage africain des rythmes burrus, appris auprès d’un maître du genre, et ses connaissances personnelles, il créa ce style si particulier. À cette époque, l’île était en pleine effervescence musicale. De nombreux musiciens allèrent au camp de Count Ossie et apprirent avec lui le style nyahbinghi. Parmi ces musiciens, les futurs Skatalites : Tommy Mc Cook (saxophone), Don Drummond (trombone), Ernest Ranglin (guitare), Johnny Moore (trompette) ou Roland Alphonso (saxophone). Les percussions nyahbinghi se mariaient très bien avec les influences jazzy des cuivres. Cette formule fut d’ailleurs employée par les Mystic Revelation of Rastafari, l’un des groupes du maître Count Ossie. Le style nyahbinghi reste toujours présent dans la musique jamaïcaine et de nombreux chanteurs et DJ’s rastas contemporains en incluent un morceau sur leurs albums.
c) Le mouvement rastafari Marcus Garvey Le mouvement rastafari commence en partie avec Marcus Garvey. Jamaïcain installé à Harlem, il préconisait une doctrine nationaliste noire et radicale qui souhaitait unifier les Noirs du monde entier. Le thème rasta du rapatriement en Afrique, considérée comme la vraie patrie des noirs, était une de ses théories. Il prédit également qu’un roi noir serait couronné en Éthiopie. En 1930, Ras Taffari fut couronné en Éthiopie et prit le titre de Haïlé Sélassié (qui signifie puissance de la trinité). Selon des écrits anciens, il serait le descendant du roi Salomon, personnage biblique mythique. Les premiers rastas Il existait à l’époque de nombreuses sectes éthiopianistes en Jamaïque. L’une d’elles, dirigée par un certain Leonard Howell (considéré comme le père du mouvement), vit dans le couronnement de Haïlé Sélassié la réalisation de la prophétie de Marcus Garvey. Il fonda alors la première communauté rasta. Ces premiers rastas ne portaient pas encore de dreadlocks, ces nattes noueuses qui deviendront leur image de marque. Par contre, ils fumaient du chanvre, appelé ganja en Jamaïque. Cette herbe fut introduite sur l’île par les colons britanniques qui la ramenèrent d’Inde. Les rastas la considéraient comme une herbe biblique, dont la consommation était un sacrement. Dans les années 40, la communauté rasta de Howell avait pris de l’ampleur. Elle s’installa alors aux abords de Kingston et y construisit un bidonville qui prit le nom de Back-a-Wall. Il fut rasé dans les années 60. La plupart des rastas allèrent alors se réfugier dans le tout proche quartier de Trenchtown.
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La visite de Haïlé Sélassié En avril 1966, Haïlé Sélassié, empereur d’Éthiopie, se rendit en Jamaïque pour une visite diplomatique. Celui que les rastafaris considéraient comme un dieu vivant et appelaient Jah fut accueilli à l’aéroport de Kingston par les percussions nyahbinghi de Ras Michael et par des milliers de rastas en transe. Sa visite marqua les esprits et fit décupler la ferveur de la communauté rasta. Beaucoup se convertirent à la suite de cette visite. La scission Le mouvement rasta finira par se scinder en plusieurs mouvements dont les plus connus sont les Twelve Tribes Of Israël dont fit partie Bob Marley, et les Bobo Shantis, qui croient en la divinité de leur leader, Prince Emmanuel, autoproclamé troisième branche de la sainte Trinité. Les DJ’s modernes, Capleton, Anthony B ou encore Sizzla, sont tous issus de cette communauté. Mais l’immense majorité des rastas n’appartiennent à aucun mouvement et vivent leur foi comme ils l’entendent.
d) Les sound systems L’influence des USA Après la Deuxième Guerre mondiale, les soldats américains en poste en Jamaïque apportèrent avec eux des disques de jazz, de rhythm & blues et de country. Les premiers émetteurs radio apparaissant en Jamaïque à cette époque, on pouvait également y capter les programmes musicaux en provenance de Floride, de Louisiane et du Tennessee, ce qui renforça l’intérêt des Jamaïcains pour la musique américaine. Les premiers orchestres locaux À cette époque apparurent en Jamaïque de grands orchestres populaires comme ceux de Val Bennett et de Eric Dean, qui jouaient du jazz, du swing et des airs de Broadway. Ces big bands reprenaient du Count Basie, du Louis Amstrong, du Glenn Miller, du Benny Goodman ou encore du Duke Ellington. L’orchestre de Eric Dean compta parmi ses membres le brillant guitariste de jazz Ernest Ranglin et plusieurs futurs Skatalites, parmi lesquels le tromboniste Don Drummond. De nombreux musiciens de Jamaïque se passionnèrent pour le jazz et partirent faire carrière aux USA. Beaucoup étaient issus de l’Alpha School, une école catholique mettant l’accent sur l’éducation musicale et par où passèrent de nombreux futurs Skatalites. Apparition des sound systems (littéralement « système de sonorisation ») Dans la plupart des lieux publics, une radio était constamment allumée afin d’attirer les clients. Au début des années 50 apparurent les premiers sound systems (sortes de discothèques ambulantes) : les DJ’s chargeaient un camion avec un générateur, des platines vinyles et des haut-parleurs et s’installaient dans les rues de Kingston.
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Parmi ces sound systems les plus importants étaient ceux de Duke Reid et de Tom the Great Sebastian. Ceux-ci jouaient principalement du boogie et de la musique de la NouvelleOrléans, deux genres musicaux qui donnèrent plus tard naissance au rock’n’roll. Louis Jordan et Fats Domino, deux musiciens issus des styles précités, étaient par exemple très appréciés. En 1954, Clément « Coxsone » Dodd lança son sound system, Downbeat. Bien qu’il posséda moins de matériel que ses rivaux Duke Reid et Tom The Great Sebastian, il bénéficiait de contacts avec les USA qui lui permettaient de se procurer en premier (voire en exclusivité) les dernières nouveautés américaines, ce qui fit grimper la cote de popularité de son sound par rapport à ses deux concurrents précités. Un monde très compétitif Le monde des sound systems est un monde compétitif où chaque patron de sound veut être le numéro un, considérant que c’est son honneur qui est en jeu. La plupart des propriétaires s’affublent d’ailleurs de titres glorieux tels que Duke, Count, Great, etc. Pour être numéro un, tous les coups sont permis. Certains selecters (chargés de sélectionner les disques pour les DJ’s) arrachaient les étiquettes de leurs disques (labels) pour que leurs concurrents ne puissent jamais connaître le nom des morceaux et se les procurer. D’autres, comme Duke Reid employèrent des voyous pour briser l’ambiance et dégrader le matériel de leurs concurrents lors de leurs soirées. Les premiers DJ’s En plus de posséder les meilleurs disques, Coxsone vola à Tom the Great Sebastian son selector Count Machuki. Lors d’une soirée, Machuki commença à rimer dans le micro et à faire des jeux de mots en parlant dans le rythme plutôt que simplement par-dessus. Le succès fut immédiat et poussa ce dernier à développer ce style. Il devint ainsi le premier DJ. Car en Jamaïque d’où ce terme est originaire, le DJ, loin de la conception occidentale, n’est pas celui qui passe le disque mais celui qui tient le micro. Littéralement, il est celui qui chevauche le rythme de sa voix. Le succès de Machuki propulsa Downbeat comme sound system n°1. Depuis cette époque, chaque sound se doit d’avoir son DJ. Premiers enregistrements de musique jamaïcaine Vers la fin des années 50, les goûts du public américain s’éloignèrent du rhythm & blues pour se diriger vers une soul plus sophistiquée, qui ne plaisait que moyennement aux Jamaïcains. Cette évolution créa en Jamaïque une demande pour un rhythm & blues plus dur que ce qui se faisait alors aux USA. Chris Blackwell, un Jamaïcain blanc, y vit le potentiel commercial du marché du disque et produisit le 45 tours du chanteur Laurel Aitken « Boogie in My Bones », un succès en Jamaïque. En 1959, Coxsone et Duke Reid commencèrent à enregistrer et produire des disques de musiques jamaïcaines. Il s’agissait principalement de R’n’B lent interprété par Alton Ellis, Derrick Morgan ou les Blues Busters. Les musiciens, tels Don Drummond, Johnny Moore (tous deux futurs Skatalites) ou Ernest Ranglin, qui participaient à ces premières sessions de studio, continuèrent pour la plupart à enregistrer lors des périodes ska, rocksteady ou reggae.
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2) Les années 60 et les prémisses du reggae L’émergence du jazz, du R’n’B, du mento et de tout un tas de musiques provoque la naissance du ska d’abord appelé staya staya. Les Skatalites vont être les meilleurs représentants du style qui va faire le tour du monde.
a) Le ska Le ska consiste en un mélange jamaïcain de boogie, de shuffle, de jazz, de mento et de rhythm & blues. Le groupe de ska typique comprend une guitare, une batterie, une contrebasse, une section cuivres au complet (trompette, trombone et saxophone) et souvent un piano ou un orgue. C’est un style musical rythmé et reconnaissable au contretemps marqué par la guitare, les claviers et une section de cuivres imposante. Très populaire en Jamaïque de 1960 à 1966, le ska est redécouvert en Angleterre le temps d’une mode de 1978 à 1985 (avec Madness notamment). C’est grâce au nutty sound ultra vitaminé de Madness qu’un très large public a pu découvrir à la fin des années 1970, les rythmes endiablés et ambiances festives du ska. L’histoire de Madness démarre en 1976, lorsque Mike Barson (organiste), Cathal Smith (chanteur et trompettiste), Lee Thompson ( saxophoniste), Chris Forman (guitariste) décident de fonder un groupe de ska, le chanteur étant particulièrement fan du grand chanteur jamaïcain Prince Buster. Toots & The Maytals, Desmond Dekker & The Aces et The Skatalites ont été pionniers de ce style musical.
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b) Le rocksteady Il correspond à un nouveau son, plus lent et davantage influencé par la soul américaine. La basse électrique remplace la contrebasse, élément central du ska. Une seconde guitare est rajoutée, doublant la ligne basse en utilisant un son étouffé. L’orgue et le piano s’imposent petit à petit comme les nouveaux points centraux du groupe.
De façon générale, le rocksteady délaissa les influences jazz et le tempo soutenu du ska pour des harmonies proches de la soul et un rythme plus syncopé. Cette musique régna sans partage sur le paysage musical jamaïcain de 1966 à 1968. Au fur et à mesure, la basse se fit de plus en plus présente dans le son du rocksteady. Il s’agissait également d’un signe avant-coureur de l’arrivée du reggae.
A partir du succès international de Bob Marley (1975), le mot reggae deviendra le terme générique de toute la musique jamaïcaine. Il regroupera le ska, le rocksteady, la période rapide « early reggae » de 1968-1971 et les nombreuses phases qui ont suivi.
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IV ) LA REVOLUTION REGGAE Pour l'anecdote, le reggae s'appelait à ses débuts le streggae, ce qui désignait une fille facile, qui s'offre à tous les hommes. Jugé trop péjoratif par les radios de l'époque, le streggae est devenu le reggae. En 1968, tandis que les dancehalls vibrent au son du rocksteady, Desmond Dekker chante son « Israelites » sur un rythme innovant, plus rapide que le rocksteady, le reggae est né. Cependant beaucoup de morceaux de 1968 se disputent le titre de premier reggae.
1) Petite chronologie : • •
1968 : naissance du Reggae 1968 -1970 : Early reggae prédominé par la basse et joué sur un tempo plus rapide, dû aux influences du mento local encore très rythmé et à l'importance du texte. • 1969-1970 : Skinhead reggae naît en Angleterre, suite au mélange des Mods et des Rudies jamaïcains fans de reggae. • 1969-1979 : Roots reggae • Les années 70 : le Dub, des morceaux de reggae sont remixés par des ingénieurs du son. La voix est partiellement enlevée, des effets d'écho ou de reverb sont ajoutés. • Les années 80 : - Dancehall reggae tire son nom du Dance hall (littéralement salle de danse) désignant le lieu où l'on danse à l'intérieur comme à l'extérieur et où se produisaient les sound systems. Il est né au tout début des années 80 (où il se confond avec le rub-a-dub jusqu'à la disparition de celui-ci en 1985). - Reggae digital ou Raggamuffin (1985 –1995) : genre musical issu du mouvement dancehall caractérisé par une diction répétitive rappelant les toasters. • Les années 90 : New Roots, Dancehall, Ragga
2) Early reggae et soul reggae Ce nouveau style se démarquait du rocksteady par un tempo plus rapide, un skank (accord joué par la guitare rythmique et / ou le clavier) à l’orgue souvent doublé et une influence funk dans le jeu de basse. La batterie, elle, marquait le troisième temps d’une mesure de quatre temps, à la façon du rocksteady (dans le ska, il s’agissait des deuxième et quatrième temps). Ce style fut également influencé par le mento traditionnel, influence que l’on peut retrouver dans le skank dédoublé et dans certaines lignes de basse que l’on peut rapprocher du jeu d’une rumba box. Ce reggae, très nerveux et mené par le jeu de l’organiste, connut beaucoup succès en Angleterre auprès des skinheads anglais. Les artistes dominants de cette époque furent les Maytals, Desmond Dekker, Laurel Aitken et The Pioneers. On leur doit de nombreux hits rentrés dans les charts en Jamaïque et en Grande Bretagne. L'album « Long Shot » (sorti en 1969 au label Trojan) compile leurs principaux titres de chez Beverley's Records dont le célèbre « Long Shot Kick The Bucket ».
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L’influence du mouvement rastafari commençait à se faire sentir dans les textes de certains chanteurs. L’association reggae et rasta ne devint la norme qu’après 1972, quand les tempos commencèrent à ralentir. Ainsi de nombreux hits de cette première période du reggae, souvent appelée early reggae, furent d’influence soul. Au début des années 70 le reggae moderne est en train d'éclore. Les thèmes rastas sont de plus en plus présents dans les chansons et le nombre de personnes se convertissant à cette culture rebelle explose. Entre 1970 et 1972 le rythme évolue encore, devenant plus lent, au tempo medium, appelé le reggae one-drop. De 1975 à 1980, le roots prend une nouvelle forme : le rockers, caractérisé par une accentuation de chaque temps à la grosse caisse emprunté au disco et développé par Sly Dunbar.
3) Skinhead reggae Nom de baptême du early reggae en Angleterre. À l’époque, de nombreux Jamaïcains émigrèrent à Londres. Dans le Royaume-Uni de la fin des années 60, en particulier grâce au label Trojan Records qui publie alors la majeure partie des disques de reggae, les skinheads, jeunes des banlieues ouvrières de Londres descendant des Mods, raffolent particulièrement de ce nouveau rythme. Là-bas, la vie était plus dure et le racisme bien présent. Mais les jeunes Jamaïcains avaient une grande culture de la rue qui attira les jeunes Blancs prolétaires. Blancs et Noirs se réunirent sous la barrière d’un nationalisme exacerbé qui les opposa tout d’abord aux Pakistanais et aux Asiatiques, réputés ne pas vouloir s’intégrer. Les premiers skinheads étaient Blancs ou Noirs, ce n’est que par la suite qu’une partie du mouvement devint ouvertement raciste. Ils se faisaient appeler skinheads en référence à leur crâne rasé. Rejetant la musique rock et les hippies, ils se passionnèrent pour le rythme reggae naissant et plus particulièrement pour les morceaux les plus rapides et les plus durs. Une vingtaine de morceaux de reggae entrèrent dans les charts anglais et l’instrumental « Double Barrel » devint l’hymne du club de foot de Chelsea, un club très apprécié des skinheads. Vers 1971, lorsque les tempos ralentirent et que les textes se tournèrent vers le rastafarisme, les skinheads se désintéressèrent du reggae.
4) Roots reggae Le roots reggae est enraciné dans la culture rastafari, alors que le ska, le rocksteady et le early reggae étaient davantage une expression de la culture rude boy (en Jamaïque), mod et skinhead (en Angleterre). Avec des textes engagés et une nouvelle approche rythmique dotée d'encore plus de basses fréquences, le reggae roots est né de la rencontre entre le trio vocal The Wailers (Bob Marley, Peter Tosh et Bunny Wailer), la section rythmique formée des frères Barrett et du producteur Lee Perry. Ensemble, la formation s'est métamorphosée : le trio vocal a évolué pour devenir la force la plus puissante du reggae, influençant tout ce qui est arrivé par la suite...
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Les Wailers
C'est en signant avec Chris Blackwell (fondateur des labels Island et Trojan) que Bob Marley sera connu dans le monde entier. Parmi ses albums les plus marquants, on peut citer : « Catch a fire » (1973), « Natty Dread » (1974), « Exodus » (1977), « Survival » (1979). Burning Spear, le groupe Culture et Dennis Brown ont eux aussi marqué ce style musical.
5) Le dub A la fin des années 60, les Jamaïcains réclament des nouveautés et des innovations musicales. Les artistes remixent alors les morceaux destinés aux dancehalls, il s'agit du dub. Ces morceaux sont alors testés dans les sound-systems. Pour cela, on pressait des dubplates (disques gravés dans de l’acétate en un unique exemplaire). Le DJ improvise en parlant ou en chantant : le toasting est né. Précurseur du rap, il se caractérise par la mise en avant du couple rythmique basse-batterie et l'utilisation massive d'effets appliqués aux autres instruments et/ou générés par des machines. En 1967, Ruddy Redwood, propriétaire d’un important sound fit graver un dubplate à partir d’un succès rocksteady de Duke Reid. Par erreur, l’ingénieur du son omit d’inclure les vocaux. Redwood le joua tout de même, et le disque remporta un vif succès. Il recommença avec d’autres chansons, et perfectionna le procédé en ajoutant plusieurs fragments des pistes vocales originales. Le concept fut rapidement repris par d’autres sound systems. Parmi ceux-ci, Hi-Fi Hometown dont le propriétaire, Osbourne Ruddock, allait bientôt être connu comme l’inventeur du dub sous le nom de KING TUBBY. King Tubby
Il ajouta aux vocaux, des effets sonores comme de la réverbération ou de l’écho, se servant ainsi de la table de mixage de manière créative, entraînant ainsi une petite révolution. C'est ainsi qu'il raffina le dub et en fit un véritable art. Il remixa des versions du producteur Lee Perry qui furent regroupées dans « Blackboard Jungle Dub », un des premiers albums de dub (1973). Rapidement développé par des artistes tels que Lee Scratch Perry, Bunny Lee ou Jah Shaka, le style va se caractériser par une accentuation rythmique lourde et dépouillée, sur une mélodie squelettique et une ligne de basse mise en valeur à l'aide d'effets qui vont alors permettre au DJ de faire un spectacle sonore très captivant. D'autres artistes signeront des compositions intégralement dub qui achèveront de populariser le mouvement, tels Linton Kwesi Johnson, fer de lance de la dub poetry, ou Augustus Pablo qui, dans un album produit par King Tubby, fit connaître le melodica au monde entier. Quant à Errol Thompson, il enregistra le premier disque de reggae intégralement instrumental en 1970. Il faut également citer The Revolutionaries, Prince Jammy et Scientist qui multiplient les effets (notamment l'equalizer) sur leurs morceaux. Le célèbre couple rythmique Sly and Robbie fut également à l'origine des rythmes rockers qui donneront les steppers du dub des années 1990. Enfin Prince Far I qui restera comme l’ une des grandes voix du reggae, Yabby You et U-Roy.
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Il existe différents styles de dub, parmi eux, on peut citer : • le dub poetry ou spoken voice qui regroupe le dub et la poésie. C'est un peu le retour des partitions vocales dans le dub. Initialisé par Prince Far I, Michael Smith, Sister Breeze, Oku Onuara.... c'est avec Linton Kwesi Johnson que le mouvement trouve son véritable représentant. Cette poésie dub a su s'implanter dans les milieux culturels et intellectuels et contribua à élever le niveau du reggae et de la culture jamaïcaine. Des artistes comme Benjamin Zephaniah ou The Last Poets participent à l'évolution du style en l'orientant vers le hip-hop et l'electro. • Le dub instrumental: reggae exclusivement sans paroles, avec ou sans écho (dont les précurseurs furent The Crystalites). • Le dub stepper : le pied ou beat est nettement mis en valeur. La grosse caisse marque chacun des 4 temps de façon cyclique (le britannique Mad Professor). • Le dub ambient ou abstract-dub : souvent produit par un artiste seul aux machines. Avec un gros apport d'électronique, l'ambiance sonore est planante. (un précurseur : The Orb). • Le novo dub : joué par des instruments en live (par opposition au remix) avec beaucoup d'effets. Ce son est en plein essor (dont une scène française très développée avec Le Peuple de l'Herbe, High Tone).
6) Dancehall : 1980-1984 Durant les années 80, la Jamaïque traversa l’une des pires périodes de son histoire : une véritable guerre urbaine précéda les élections ; gangs, police et armée s’affrontaient tous les jours dans les rues de Kingston. À la même période, Bob Marley décéda, Lee Perry incendia son studio de Black Ark et se retira de la musique. Ces deux évènements marquèrent la fin du reggae roots. Dans ce contexte très tendu, les thèmes rastas et contestataires reculèrent petit à petit dans les textes de reggae. Les gens voulaient se divertir et oublier leurs problèmes. Apparut alors une nouvelle vague de DJ’s dont les chansons traitaient de sujets légers. Le style slack chargé d’allusions sexuelles revint en force. Lorsque ces DJ’s traitaient de la violence, c’était plus pour glorifier leur force que pour s’inquiéter du sort de la Jamaïque. La musique aussi changea de visage. Les tempos se ralentirent et surtout, l’ensemble se dépouilla de toute subtilité. La prédominance des DJ’s entraîna un changement dans le processus de création des riddims. Le terme riddim provient du patois jamaïcain. C'est une déformation de l'anglais « rhythm ». Un riddim est une séquence musicale formant la base d'une chanson, tel un échantillon réutilisé à maintes reprises. Le chanteur pose sa voix sur le riddim, souvent constitué d'une série de mesures à la basse ou au clavier. Le DJ choisissait une ancienne rythmique. Celle-ci était revisitée par les musiciens, puis le DJ se posait dessus.
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Cette période a été marquée par le groupe Roots Radics, les producteurs Henry Junjo Lawes (dont l’ingénieur du son Scientist était un élève de King Tubby), Linval Thompson, et surtout Prince Jammy ; sans oublier DJ Yellowman, les chanteurs Barrington Levy et Sugar Minott (l'un des principaux fondateurs du early dancehall) et enfin Elephant man, une des figures incontournables du dancehall.
Certains vétérans s’adaptèrent très bien au nouveau son : Gregory Isaacs, Ken Boothe, Alton Ellis... De nombreux DJ's et chanteurs se révélèrent à l’époque : Eek-A-Mouse, Frankie Paul, Cocoa Tea ou le duo Clint Eastwood et General Saint.
7) Ragga ou raggamuffin (reggae digital 1985 - 1995) Apparu en Jamaïque à la fin des années 80, il est issu de l'héritage vocal laissé par les vieux DJ’s roots et par les DJ’s se rapprochant des consonances hip-hop. On y trouve surtout des thématiques sociales ou encore sexuelles. Le raggamuffin ou ragga a pour but de véhiculer des messages. Au début c'était un moyen de communication : au travers des textes, les gens racontaient des anecdotes faisaient passer des idées. C'est le militantisme des textes qui lui a donné cette popularité. Dès 1985, la révolution digitale remplaçant les instruments acoustiques s'amorce. Grâce à l'utilisation de boîtes à rythmes, le tempo est plus rapide et très dansant. L'efficacité des sons bricolés est irrésistible ! Ce terme désigne donc à la fois une catégorie d'individu et un genre musical. Le ragga comprend 2 sous-catégories complémentaires (le slackness, aux textes paillards, voire sexistes, et le lover, plus romantique et pacifique) ; et il est basé sur le rythme Sleng Teng : premier riddim entièrement numérique de la musique jamaïcaine réalisé par Prince Jammy en 1985. La création de ce riddim revient cependant à deux chanteurs Wayne Smith et Noël Daley. Le ragga constitue, par opposition au rub-a-dub, la version électronique du dancehall. Le raggamuffin est une musique dure, rapide et injurieuse. Des artistes tels que Shabba Ranks, Beenie Man et Bounty Killer débitent des récits défiant la rectitude politique et faisant l'apologie de la violence sur des rythmes électroniques, influençant ainsi le hip hop naissant.
Beenie Man
Les autres producteurs importants de l’époque furent Donovan Germain (qui créa son label Penthouse en 1987), Bobby Digital et Steelie & Clevie (qui quittèrent Prince Jammy à la même époque), Gussie Clarke et son studio Music Work dont le son accompagna DJ’s Ninjaman, Cutty Ranks et Shabba Ranks. Parmi les chanteurs, citons : Cocoa Tea, Wayne Wonder, Sanchez ou Pliers. À cette époque apparurent aussi les premiers signes annonciateurs du retour des influences rastas et du reggae culturel qui aura lieu au début des années 90.
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8) Les années 90 Garnett Silk peut être considéré comme le précurseur du retour du roots dans le reggae. Avec l'aide de Tony Rebel et des Christian Soldiers, il remit les influences rasta au goût du jour dès le début des années 90. A cette époque, les grands artistes étaient les DJ's Shabba Ranks, Ninjaman...ils seront suivis par de jeunes DJ's comme Buju Banton ou Bounty Killer. Le point commun de ces DJ's était leur voix grave et rauque, et leurs textes traitant de la vie dans le ghetto. A cette époque, le grand producteur est Donovan Germain (et son label Penthouse). Dans son équipe il compte le chanteur Beres Hammond, Beenie Man et Capleton. En 1992 apparaît un nouveau rythme, le bogle (qualifié par ses détracteurs de rythme « boum boum »). Buju Banton lança le terme avec son single « Bogle dance » un des plus grands hits de l'année. Les artistes importants de cette période sont Sean Paul, Mr Vegas, Sizzla... Au début des années 2000, un riddim fait danser toute la planète « Diwali ». Créé en Jamaïque, il fut repris par des artistes américains de hip-hop. Sizzla
Du côté des producteurs, la scène fut dominée par Don Corleon grâce à plusieurs riddims dancehall révolutionnaires, sur lesquels se posèrent les grands artistes de l'île comme : Elephant Man et Vybz Kartel, deux ex-élèves de Bounty Killer, qui dominent encore les dancehalls ainsi que les groupes Ward 21 et T.O.K. En 2004 Don Corleon participa au renouveau du rythme reggae grâce à sa rythmique « Drop Leaf ». Ce renouveau reggae fut baptisé nu-roots et se caractérisait par un mix très radiophonique, mettant guitares acoustiques et claviers en avant. De nombreux chanteurs et DJ's apparurent, parmi eux Chezidek, Turbulence, I-Wayne, Natty King.
Après 50 ans d'existence, le reggae est toujours aussi productif. La scène se renouvelle avec de nouveaux artistes ou se poursuit avec des talents confirmés : • du côté New roots de nouveaux reggaemen : Gentleman, Luciano, Gyptian, Michael Rose, Ziggy et Damian Marley et des groupes captivants comme Groundation ou Morgan Heritage. • du côté dancehall, ragga : Bounty Killer, Buju Banton, Capleton, Sean Paul, Sizzla. • Du côté jazz : né à Kingston en Jamaïque, Monty Alexander est un pianiste de jazz renommé. Parallèlement à sa carrière de jazzman, il a revisité les plus célèbres morceaux de musique reggae, notamment avec le guitariste Ernest Ranglin dans le fameux « Rocksteady ».
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V ) LES FIGURES MARQUANTES DU REGGAE JAMAÏCAIN 1) Des interprètes (1960-1980) : Early reggae et roots : Desmond Dekker , c'est une voix phénoménale et cristalline, des mélodies inspirées au service d'un rocksteady engagé et positif. Jusqu'en 1967 il produira un son tourné vers un large public puis suivra la mode Rude boys, dont les textes sont parfois violents, sans atteindre les mêmes extrêmes. Desmond Dekker est d’ailleurs connu pour ses textes engagés : « Unity » (1967), « Sabotage » et « Pretty Africa » (1967). En Angleterre, grâce à ce succès et au soutien des skinheads, la musique jamaïcaine devient de plus en plus populaire.
Desmond Dekker
Toots & the Maytals, initialement appelé The Maytals, est l'un des groupes vocaux de ska et de reggae les plus connus. Leur son est une combinaison unique et originale de musique gospel, ska, soul, reggae et de rock. Au début des années 1970, Chris Blackwell, également responsable de la découverte de Bob Marley, signe les Maytals sur son label Island. Et, durant toute la décennie, ils connaissent un succès international grâce aux albums « Funky Kingston », « Reggae got soul », « Pass the pipe », à leur participation au film culte « The Harder they come» et aux tournées à guichet fermé. Issu des ghettos de Kingston, Bob Marley fonde les Wailers en 1963 avec Peter Tosh et Bunny Livingston sous la houlette du producteur Clement Coxsone Dodd. Ils enregistrent leur premier hit « Simmer Down » la même année, devenant ainsi l'un des premiers groupes de la Jamaïque. En 1965, Bob Marley crée Tuff Gong (situé au 56 Hope Road qui est actuellement le siège du Musée de Bob Marley) afin de faire ses propres enregistrements. Lee Perry produit ensuite le groupe de 1970 à 1972, avec l'aide de ses fameux Upsetters. Le groupe va gagner enfin sa reconnaissance internationale après avoir signé chez Island Records de Chris Blackwell, à Londres : en 1973, ils sortent leur premier album « Catch a Fire », qui fait découvrir le reggae au monde entier. Le groupe se sépare en 1974 ; Bob Marley reforme les Wailers avec d'autres musiciens et enregistre alors une série d'albums intemporels, devenant le prophète et le poète de toute une île. Il meurt d'un cancer le 11 mai 1981, laissant derrière lui un héritage énorme dont le succès ne se dément pas. Figure transcendante et icône universelle, Bob Marley est devenu la première superstar du reggae. Burning Spear enregistre dès 1970 des morceaux inspirés et magnifiés par des rythmes entêtants et une voix profonde. Après la mort de Bob Marley, il reste une des dernières figures mythiques du reggae à avoir traversé les époques, diffusant un message de paix, d’unité et de fraternité. Burning Spear
Peter Tosh, guitariste et chanteur talentueux, se joignit à Bob Marley et Bunny Livingstone pour former les Wailers, avant de démarrer une carrière solo en 1974. Rastaman pratiquant, il dénonce la corruption, le mensonge et toutes les inégalités (ses messages pessimistes et très engagés 19 1
rejoignent ceux du nigérian Fela Kuti). De sa tournée avec les Rolling Stones naîtront les 2 disques « Bush Doctor » et « Mystic Man ». Musicalement, il pouvait chanter sur du reggae roots comme sur du ska ou du rocksteady. Le groupe Culture a su trouver un savant dosage entre roots, culture et engagement politique. Leur single « Two sevens clash » (1977) produit par Joe Gibbs, donna son nom à un album entré définitivement dans les classiques du roots reggae. Dennis Brown surnommé le Prince du reggae par les Jamaïcains, enregistra à l'âge de 12 ans son premier tube « No man is an island » ; et Bob Marley le cita comme son chanteur préféré. En 1979 « Money in my pocket » est un succès international. Citons deux autres titres références « Here I come » et « Promised land » dans son immense discographie. Jimmy Cliff est remarqué à 16 ans par le patron d’Island et connaît rapidement le succès. Et sa performance en 1972 dans le film « The Harder they come » le consacrera leader du mouvement reggae. L'album « The Harder they come » (1972) est un des albums reggae les plus vendus au monde. Acteur essentiel de la tradition musicale jamaïcaine, l'auteur et créateur de « Many Rivers to Cross » aura été l'un des pionniers du reggae à travers le monde. Jimmy Cliff
Horace Andy : sa voix de ténor claire et puissante en fit un des artistes les plus demandés dans les studios de Kingston dans les années 70. Enregistrant à tour de bras des 45 tours à destination des sound systems jamaïcains, il quitte l'île en 1977 pour aller travailler à New York avec le producteur Da Silva, collaboration fructueuse dont sortira quelques mois plus tard l'incontournable « In the Light » qui fera sa renommée internationale. En 1990, Horace revient en pleine lumière en compagnie du groupe électro Massive Attack. Leur atmosphère planante lui convient totalement et il s'ouvre alors à un nouveau public qui le découvre ainsi. Il interviendra sur presque tous leurs albums. Enregistré en 1999, l'album « Living in the Flood » sonne moderne et acoustique, à la fois traditionnel et expérimental. Il fait aussi une apparition sur l'album de Pierpoljak « Tuff Gong Blues ». Il a su développer un style unique, entre dancehall et roots. Son timbre unique et son phrasé impeccable continuent d'étonner et de séduire. Horace Andy
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Skatalites : Leur nom est né de l'actualité de l'époque, un jeu de mot en rapport avec le lancement des satellites autour de la Terre. Leur musique plaît très rapidement : leur premier disque « Ska Authentic » sera un des premiers succès du label, et contribuera à lancer l'industrie du disque en Jamaïque. Don Drummond écrira la plupart des morceaux. La Jamaïque était à l'époque en pleine quête d'identité musicale, et les Skatalites tombèrent à pic pour lancer celleci : leur son était nouveau et 100 % jamaïcain. La Jamaïque avait trouvé le son jamaïcain : le ska. Identité qui ne l'a toujours pas quittée : bien que le reggae et le ragga, entre autres, soit aujourd'hui très présents, tous les Jamaïcains savent que leur musique vient du ska, et que celuici vient en grande partie des Skatalites : depuis quelque 30 ans, le ska survit, passe de mode, revient sur le devant de la scène... les Skatalites sont toujours là. Gregory Isaacs : Dans les années 70, il se révèle être l'un des artistes les plus populaires et prolifiques de Jamaïque. Il sort de nombreux albums pendant cette période dite digitale. C'est l'un des rares chanteurs de l'époque roots des années 70 et 80 à avoir su évoluer vers ce nouveau son de style très minimal. Il apparaît dans le film « Made in Jamaica » (2007). Gregory Isaacs
2) Des DJ’s et du dub (1970-1979) : King Tubby découvre en 1964 comment supprimer les voix sur les morceaux inventant ainsi le dub. Il travaille dès lors avec de nombreux producteurs (Augustus Pablo, Yabby You) et chanteurs (Horace Andy). U Roy éclate vraiment en 1968 sur les dubs de King Tubby : il improvise et ajoute toutes sortes de sons, inventant le toast. Succès fulgurant dans les dancehalls. Prince Buster est d’abord DJ dans le sound system, crée le Blue Beat, la production jamaïcaine de ska. Il élabore un style vocal fondé sur celui des toasters, sur fond de cuivres et de basses très amplifiées.
Prince Buster
Big Youth devient le rival de U Roy, son modèle, en 1972. Son image est d’abord fondée sur celles des rude boys, puis il aborde des thèmes plus graves comme la justice sociale et raciale. Le message rasta, rythmé par les percussions, accroche. Linton Kwesi Johnson écrit et récite ses poèmes en créole jamaïcain sur des rythmes de reggae fortement accentués, ouvrant la voie au dub poetry, ce nouveau mouvement qui lie fortement la musique aux poèmes essentiellement récités en patois jamaïcain. Il est le premier à se démarquer des messages bibliques jamaïcains.
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Sugar Minott (l'un des principaux fondateurs du early dancehall) est un artiste aux multiples facettes : chanteur, producteur, musicien. Il contribua grandement au renouveau du label Studio One avec des titres comme « Vanity » (son premier hit, en 1978). Sa carrière solo avec des morceaux originaux, commence réellement avec le titre « Hard Time Pressure » en 1979 qui connaît un fort succès en Angleterre. Il s’installe à l’époque au Royaume-Uni où il contribue à développer le reggae.
3) Dancehall (1980-1984) : Yellowman : a choisi ce pseudonyme car il est albinos, ce qui est mal vu en Jamaïque. Célèbre dès le début des années 1980 avec l'émergence du style dancehall, il devient le n°1 à Kingston de 1982 à 1985. Il marquera le pas à l'arrivée du son digital au milieu de la décennie. Yellowman
Elephant man : DJ de dancehall, contribue à alimenter la polémique entre le message pacifique rasta et les histoires d'argent, d'armes et de sexe, controverse appréciée du public. Elephant Man a été critiqué pour ses paroles appelant à la violence contre les personnes homosexuelles (« Murder music »). En 2003 plusieurs stars du dancehall dont Elephant Man, Bounty Killer et Beenie Man ont été poursuivies pour violation des lois sur les crimes de haine.
Les années 90 voient apparaître une nouvelle génération avec des sons renouvelés : New Roots, Dancehall, Ragga, puis Reggae digital ou Raggamuffin (1984-1995) A cette époque, le grand producteur est Donovan Germain (et son label Penthouse). Dans son équipe il compte le chanteur Beres Hammond, Beenie Man et Capleton. Shabba Ranks : né en 1965, ce DJ domine la jeune scène reggae dès la fin des années 80. Buju Banton, émerge sur la scène dancehall dans le début des années 1990. Loin du reggae tranquille et moralisateur, il appelle comme Shabba Ranks à l'homophobie, de la même voix grave et rauque. Il signe en 1993 chez Mercury et sort l’album « Voice of Jamaica ». Puis, les thèmes qui l’inspirent se font plus culturels et ouverts, critiquant la violence, les guerres de gangs, les politiciens jamaïquains. C’est en 1996 avec l’album « Til Shiloh » qu’il acquiert une dimension internationale : l’album est un succès aux quatre coins de la planète. Beenie man, le beau DJ, lui, se spécialise dans des histoires sexuelles ou de cœur.
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Luciano est un jeune auteur-compositeur qui veut éveiller les consciences contre la violence et le problème de la drogue.
Luciano
Petra est considérée comme la version féminine de Shabba Ranks. Son style souvent provoquant et très sexy oscille entre toasts et chansons d’amour. Sizzla : en 1996, sa carrière prend un tournant décisif, puisque cette année marque le début de sa longue et toujours actuelle collaboration avec Phillip Fattis Burrel, patron du label Xterminator. 1997 sera l’année de sa révélation internationale avec la sortie de son troisième album « Black Woman And Child », aujourd’hui devenu culte et qui déjà à l’époque avait fait l’effet d’une bombe : il lui a même valu une première nomination pour le MOBO award du meilleur artiste reggae international en 1998. A partir de l’année 1999, Sizzla devient l’artiste qu’il est toujours depuis : c’est-à-dire un chanteur complet, productif et polyvalent : ragga, dancehall.
4) Des producteurs et des labels : Coxsone Dodd a l’idée de produire des groupes jamaïcains de rythm & blues, de ska puis de rocksteady, et ces hits seront le fondement du ragga. Il multiplie les collaborations avec des DJ de talents (Lee Perry, Prince Buster), crée son propre studio (Studio One), et dès 1960 produit un nombre impressionnant d’artistes (The Wailers, The Maytals, The Heptones, Burning Spear). Lee scratch Perry a commencé comme chanteur ska à Studio One avant de créer son propre label (The Upsetters Records) et un son caractéristique : nouvelles technologies et instrumentations, rythmes lents, lignes de basses très amplifiées. Dans son Black Ark Studio, il va produire grands noms du reggae et nombreux hits au milieu des années 70. Laurel Aitken a d’abord enregistré du mento et du calypso dans les années 1950. Il fut l'un des pionniers de la musique ska jamaïcaine durant les années 60, et connut un franc succès auprès des amateurs de musique ska, reggae et rocksteady. La période 1950-1970 verra sortir ses plus grands tubes, enregistrés chez Blue Beat Records et Trojan Records. En 1960 il s'exile en Angleterre. Egalement producteur, il joua un rôle important dans la reconnaissance du ska et du reggae par le public anglais. Laurel Aitken
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Le producteur anglais Chris Blackwell fonde le label Island Record en 1962, puis Trojan Island, et contribue au formidable essor de la musique jamaïcaine dans le monde. Il produit le film « The Harder they come » en 1972, enregistre « Catch a fire » en 1973 de Bob Marley. C’est le début d’une fructueuse collaboration. Yabbi You crée le label Prophets dans les années 70, soucieux de faire passer le message rastafarien. Authentique créateur de roots reggae divin, il est devenu au fil du temps une icône absolue.
Yabby You
Qu’ils soient interprètes, producteurs (éventuellement les deux) ou DJ ils ont tous contribué à l'éclosion, l’évolution et la reconnaissance universelle du reggae.
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VI ) LE REGGAE DANS LE MONDE Avec les succès de Bob Marley & The Wailers, Jimmy Cliff, Peter Tosh, Burning Spear...le reggae prend une dimension internationale. Dès lors, il pourra non seulement continuer à évoluer en Jamaïque, mais aussi reprendre son métissage à travers le monde.
1) En Angleterre Dans les années 60 et 70, l'Angleterre a participé à la diffusion du reggae en Europe, par le biais d'une importante communauté jamaïcaine installée à Londres : une scène foisonnante apparaît. On surnomme l'Angleterre la marraine du ska en référence à la période de Ska Revival (19781985) qui a vu naître des grands noms anglais comme Madness. Madness : groupe anglais créé en 1976 qui fut, avec UB40, à la base du revival ska. Leur carrière discographique débute avec le tube « The Prince » en 1979. Leur premier album, « One step beyond » contient trois titres, celui qui donne son nom à l’album, « My Girl », et « Night boat to Cairo », qui vont faire exploser leur côte de popularité. Aswad : premier groupe de reggae anglais à signer chez un grand éditeur, Island. Ils combinent dans leurs textes des thèmes d'inspiration rastafarienne avec les préoccupations quotidiennes auxquelles sont confrontés les jamaïcains vivant à Londres. Linton Kwesi Johnson : né en Jamaïque, LKJ vit en Angleterre depuis l'âge de 11 ans. Après un diplôme de sociologie, il commence par publier des recueils de poésie, puis enregistre des albums dans lesquels il s'insurge contre les traitements infligés aux immigrés jamaïcains en Angleterre. LKJ deviendra la figure de proue du dub poetry. Linton Kwesi Johnson
Steel Pulse : groupe créé en 1975 par une bande de copains rastas. Avec Aswad, Steel Pulse fait partie des deux groupes phares de la scène anglaise. En 1978 ils sortent leur premier album, condensé de textes engagés, instrumentaux massifs et voix envoûtantes. UB40 : le groupe se forme à Birmingham en 1978. Leur premier single sort en 1980. Sur le titre « One in Ten », UB 40 s’en prend à la politique de lutte contre le chômage de Margaret Thatcher.
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2) En Afrique Le continent africain a toujours occupé une place particulière dans l'histoire de cette musique. En effet, nourri par ses racines africaines, le reggae fait de multiples références au continent mère. L'appropriation de cette musique par les musiciens africains s'est faite de façon évidente. Alpha Blondy : né en Côte d'Ivoire, il commence la musique dans un groupe de rock. En 1977, le concert de Bob Marley et Burning Spear à New York est une révélation. Il se plonge alors dans la culture jamaïcaine, et enregistre en 1982 son premier album « Jah Glory ». Lucky Dube : Icône du reggae africain, il est né en Afrique du Sud et débute lui-aussi dans un groupe de rock. Il découvre le reggae lors d'une tournée africaine de Peter Tosh et Jimmy Cliff en 1981. Son premier album « Rasta never die » est censuré dans son pays. Ses albums suivants rencontrent un succès mondial. Il a été tué en octobre 2007. Tiken Jah Fakoly : est un chanteur de reggae engagé, né en Côte d'Ivoire, aujourd'hui connu en France et en Afrique. Issu d'une famille de griots, Tiken Jah Fakoly saura défendre l'histoire de son pays et l'identité de sa culture dans ses chansons. A partir de 1993, il enregistre « Djelys » et « Missiri » qui lui vaudront un grand succès auprès des jeunes de tout le continent africain.
3) En France Lors de son passage en France en 1976, Bob Marley séduit le public français. En 1979, Serge Gainsbourg enregistre l'album « Aux armes et cætera » à Kingston aux côtés de Sly Dunbar, Robbie Shakespeare, et des chœurs de Bob Marley. Il sera suivi dans cette voie par Bernard Lavilliers avec « Stand the ghetto » et « Kingston » (1980). Il faudra attendre les années 90 pour voir les premiers enfants de la scène reggae. On découvre alors un reggae engagé et très vivant. La Ruda Salska : Depuis sa création en 1993, le groupe originaire de Saumur sillonne les routes de France. C'est au cours de ces tournées incessantes que le groupe forge sa réputation. En 1995 le groupe se stabilise et réunit désormais huit musiciens. Après 4 albums studio La Ruda Salska est devenu l'un des représentants majeurs de la scène reggae-ska française. Sinsemilia : Disque d'or avec son second album « Résistances » (1998), Sinsemilia est le premier exemple de ces groupes reggae, ignorés par le circuit traditionnel des majors, à avoir su fidéliser un public. En 1996, ils proposent leur « Première récolte », un CD auto-produit. Adolescents de la fin des années 80, influencés tant par les classiques reggae (Bob Marley, Gladiators, Steel Pulse, Burning Spear...) et ska que par le rock alternatif de cette époque (Mano Negra en tête).
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Pierpoljack : Le succès commercial de Sinsemilia a ouvert la voie à d'autres artisans du reggae français, dont Pierpoljak. En 1989, on le retrouvait déjà sur la compilation « Earthquake ». La culture reggae, spirituelle et humaniste a visiblement participé à structurer sa personnalité. Tryo : ce groupe de reggae acoustique auto-produit son premier album « Mamagubida» en 1998. Soutenu par des radios locales, il connaît un véritable succès. En 2005, ils sortent un live « De bouches à oreilles » qui marque leur réussite auprès du public jeune. L'anti-mondialisation et la fraternité font partie de leurs thèmes de prédilection. Massilia Sound System est un groupe de reggae d'expression occitane fondé à Marseille en 1984. Connu pour avoir su développer dès sa création une version provençale du reggae jamaïcain à travers des thèmes typiquement marseillais (paroles chantées en occitan, emprunt de sonorités folkloriques), le groupe Massilia Sound System s'est ouvert par la suite à de nouvelles sonorités. Massilia Sound System
et aussi : Zenzile, K2rRiddim, Orange Street, Saï Saï, Jehro, Kana, Improvisators Dub...
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VII ) DISCOGRAPHIE SELECTIVE • Sélection de cd disponibles à l'espace musique Anthologies Anthologie ska
(Trojan)
Anthologie dub
(Trojan)
Anthologie dancehall
(Trojan)
Gangs of Kingston : jamaïcan rudeboy ska (Jah Slams) Dans l'histoire du reggae se côtoient gangsters, producteurs de musique, skinheads, musiciens, l'Angleterre, la Jamaïque et une musique : le ska. Dans les années 50, ce genre musical « Made in Jamaica » est issu d'une volonté d'indépendance et de cet esprit de révolte né dans les bas-quartiers de l'île. Dans les années 60 , les rudeboys font leur apparition, et les DJ des sound systems commencent la transition entre le ska et ce qui deviendra le reggae. Un magnifique panorama et un must de morceaux et de musiciens. The story of Jamaican music
( Island)
Trojan rocksteady box set
(Trojan)
Trojan explosion : anthology reggae classics
(Trojan)
Roots with quality : reggae anthology
(VP Records)
Interprètes Alpha Blondy : « Jerusalem » Anthony B : « Street knowledge » Banton Buju : « Til shiloh » Beckford Stanley : « Stanley Beckford plays Mento » Bounty Killer : « Ghetto dictionary » Burning Spear : « Marcus Garvey » Capleton : « Praises to the king » Cliff Jimmy : « Jimmy Cliff » Culture : « Too long in slavery » Dekker Desmond : « Desmond Dekker & the Aces » Drummond Don : « Greatest hits »
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Ellis Alton : « Collectorama : story of Mister Soul » Alton Ellis, disparu en 2008 à l'âge de 70 ans, a fait l'objet d'un « Collectorama Story of Mister Soul » chez JahSlams. Cette compilation de 20 titres retrace la carrière du parrain du rocksteady, de « Girl I've got date » à « My willow tree » en passant par « Why did you leave » avec Phyllis Dillon. Un hommage mérité à l' un des meilleurs chanteurs jamaïcains de sa génération. A découvrir. Fakoly Tiken Jah : « Francafrique » Farah Samia : « The Many moods of Samia Farah » Ces many moods en disent long sur les univers de cette chanteuse d'origine tunisienne. Car si le dub transcende cet album, Samia flirte aussi avec le jazz et la soul. Elle façonne textes et musiques, munie d'un accordina (sorte d'accordéon de bouche), qui donne à l'ensemble un ton merveilleusement désuet. En 2 albums et de nombreuses collaborations, Samia Farah s'est fait un nom dans le monde des musiques actuelles. Groundation : « Here I am » Attention, ils sont de retour ! Le combo californien célèbre pour sa formidable capacité d’improvisation, revient avec un nouvel album. Mêlant un son roots à l’ancienne aux envolées jazz, aux longs solos instrumentaux, et aux sons hypnotiques, « Here I Am » est sans conteste un grand crû. Une place plus importante est laissée aux voix féminines avec la présence de Stephanie Wallace et de Kim Pommel. Improvisators Dub : « Rrumble » Isaacs Gregory : « Cool ruler » Israel Vibration : « Israel Vibration » Pendant près de 20 ans ce trio vocal nous a envoûtés grâce au savant tissage de reggae traditionnel et de son hypnotique : ces 3 rescapés de la polio ont puisé leur force spirituelle dans la religion rastafari. Associant bande dessinée et musique, ce coffret permet de découvrir leur parcours chaotique, avec l’excellent album studio « Fighting soldiers » ainsi que le concert « Live & Jammin' » enregistré à l’occasion de leur tournée en France. King Jammy (Prince Jammy) : « King Jammy essentials hits 1985 – 1989 » King Tubby : « Majestic Dub », « Jesus dread 1972-1977 » Linton Kwesi Johnson : « LKJ in dub », « Forces of victory » Luciano : « Best of Luciano » Madness : « Complete Madness »
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Marley Bob & The Wailers : « Burnin' », « Survival », « Exodus », « Kaya », « Rebel 67/72 », « Legend, the best of » Bob Marley est un nom reconnu mondialement dans la musique reggae. Certains de ses morceaux font plus ou moins partie de la culture populaire internationale. Cette compilation renferme les chansons les plus capitales du musicien jamaïquain. De « Is This Love ? » à « Jamming », en passant par « Get Up Stand Up », il n’y a pas un titre inutile, pas un seul temps mort, pas un seul moment d’ennui. Un album à mettre entre toutes les mains ! Massilia Sound System : « Aïhollywood »
Max Romeo : « War ina Babylon » En 1976, Max Romeo (chanteur à la voix magnifique) sort un des grands chefs-d’œuvre du roots reggae : « War ina Babylon ». Cet album constitue le sommet de sa carrière, de par la qualité des titres et, bien sûr, grâce à la production exceptionnelle du génial Lee Perry. Ce disque a propulsé l’artiste sur la scène internationale et on comprend pourquoi. Un album indispensable à tout amateur de reggae ! The Maytals : « Funky Kingston », « From the roots ». Morgan Heritage : « Protect us Jah » Mystic Revelation Of Rastafari : « The Roots of Reggae » Pablo Augustus : « This is Augustus Pablo » Papa Style et Baldas : « Arnaque légale » En 2002, Yohann et Christobal créent le groupe « Papa Style & Baldas ». Sur scène, leurs improvisations permanentes mélangées à une forte complicité avec le public apportent à leurs concerts une impression unique. Multi instrumentiste aux voix complémentaires, ce duo a de l’énergie à revendre et des textes sans concessions. Haut en couleur, dynamique et chaleureux, ce nouvel album s’impose déjà comme un renouveau dans le reggae français. Paul Sean : « The Trinity » Prince Far I : « The Golden years 1977-1983 » Perry Lee Scratch : « Arkologie » Cette compilation nous permet de découvrir le travail de Lee Scratch Perry au sein du label Black Ark : scratch, dub, chant... Il peut tout faire, ou du moins s'adapte à chaque artiste. On y trouve notamment l'indémodable « War ina Babylon » de Max Romeo, ou « Police and thieves » de Junior Murvin. A la suite des titres originaux on peut écouter des dubs ou des inédits. Un disque incontournable et indispensable ! Ranks Shabba : « Rough and ready » La Ruda Salska : « L'Art de la joie » Sizzla : « Da real thing »
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Skatalites : « On the right tracks », « Foundation ska » Sinsemilia : « Première récolte » The Specials : « More Specials » Toots & The Maytals : « From the roots », « Funky Kingston » Tryo : « Grain de sable » Wailer Bunny : « Bunny Wailer sings The Wailers » Yellowman : « Going to the chapel » • Sélection de DVD disponibles à l'espace musique Bob Marley : « Live at the Rainbow », « Music in review » Made in Jamaica Ce documentaire-fiction ( avec des acteurs jouant leur propre rôle) a été réalisé par Jérôme Laperrousaz. Sans voix off pour commenter les images, c'est sur eux que se repose le réalisateur pour véhiculer son discours, par les chansons et aussi par les interviews. «Made in Jamaica» fonctionne comme un patchwork, entrechoque les générations et les thèmes. « Un véritable chef-d'œuvre, la référence ultime sur le reggae, un pur diamant » (Wim Wenders) Israel Vibration : « On the strength of trinity, live in Paris Zenith 95 »
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VIII ) SOURCES DOCUMENTAIRES 1) Livres - Discographie « 50 ans de musique jamaïcaine » réalisée par la médiathèque de Camponac / Pessac - « Le Reggae » / Bruno Blum - « Jamaïque sur la piste du reggae » / Bruno Blum - « L’Encyclopédie du reggae » / Yannick Maréchal - « Le Reggae » / Michèle Mira Pons - « Reggae spirit » / Hervé Crespy
2) Sites internet www.lamediatheque.be (Dossier sur le reggae réalisé par la médiathèque de Belgique) www.lesinrocks.com/musique/musique-article/article/la-jamaique-de-a-a-z/ www.reggae.fr/ www.reggaefrance.com www.mediatheque-casa.fr (médiathèque de la communauté d’agglomération Sophia Antipolis)
Un petit plus si vous aimez le reggae : vous pouvez écouter une émission de radio entièrement consacrée au reggae : Dance Hall Style présentée par Prince Thierry sur Radio Méga (99.2) : le lundi de 21h à 22h30 (rediffusion de l’émission le mardi à partir de 16h00 et le samedi à partir de 00h30). pagesperso-orange.fr/dancehallstyle/acceuil.htm
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