Odyssées joaillères Mehdi Ben Temessek 2021
Odyssées joaillères Sur la route de la soie déferlante sur la toile, des mains prodigieuses s’affairent et égrènent une parure d’étoiles. Des doigts de fée à l’œuvre, conjuguant l’art d’un géomètre à la rigueur de l’orfèvre, distillent, d’un ton sur ton heureux, des traînées de rayons iridescents d’un moiré vacillant et précieux. De fil en aiguille, s’entame et s’émiette la serpentine trajectoire d’une nuée d’échevettes, ciselée en filature sur l’épure de la soie. Un lacis de parcours kaléidoscopique y trouve sa voie, mais il suffit de tirer un fil et l’ensemble de la pelote cosmique s’effile. Du bout des doigts sur le liseré du seuil, s’entrouvre, dans le coin de l’œil, l’échancrure crépusculaire vers une odyssée joaillère, de laquelle s’évasent en douceur des filaments d’éclat interstellaire aux reflets en profondeur. S’élancent et s’enlacent en filigranes, cursives et fines, des stries de lumières en vrilles, qui ligne par ligne, s’esquissent en dessin immatériel, enjambant une rivière d’interstices en ribambelle. Autour des balises lumineuses en orbite, des géométries angulaires gravitent et tracent les contours synaptiques de graphies en constellation. Toutes les formes à l’unisson se festonnent de fractales et rivalisent de complexité dans la trame maillée et sidérale. Ces effets d’optiques ne sont que les prémices d’un voyage douillet et onirique vers des Cieux étoilés. Dans cet écrin galactique, portez votre regard sur les déclinaisons chromatiques, où se mélangent, sur le voile lacté, des accents métalliques et émaillés avec des modulations de gemmes tantôt empourprées tantôt jaspées ou ambrées. Dans le tourment de l’ombre, la lumière se console, et la lune éclaire, par son auréole, d’un mystérieux halo argenté, les quelques lucioles sur les crêtes des flots, le long des murmures des ondes ébranlées par les étincelles rayonnantes et perlées. Au loin, le dôme triomphant, de l’astre impérial au cuivre rougissant et au teint hâlé, inonde de son geyser l'immensité bleutée, où semblent s'épouser les azurs violacés et l'horizon noyé de cumulus de perles opalines, ondulant leurs sinuosités cristallines, et projetant des arcs-en-ciel d’iridescence, comme pour jalouser les vagues dans leur évanescence. La nuit, ainsi, s’illumine et se pare de milliers de paillettes, scintillant de lueurs en fête, fugaces et nomades, qui se déversent en cascade, comme un feu d'artifice en son bouquet final, et en ricochet, diffusant sa magie au matin virginal. Une traversée des cartographies imaginaires telle une nébuleuse qui s'étale filante dans l’étreinte de la robe fluide et incontinente soyeuse de reflets, sillonnant les mondes de contes de fées. Il est alors une nuit, une vie et des cosmologies en séries, à qui veut les voir et s’en émouvoir, entre lesquelles des plénitudes et des passerelles se renvoient en miroir, au fil de l’étoffe du rêve éveillé, qu’il suffit de broder, sur les coussins du doux sommeil où chaque détail recèle sa part de merveille.
Mehdi Ben Temessek
Collection de coussins brodés
AHMED TALFIT X YCR STUDIO
Crédit Photo : histudiotn
