Memoire - Teste

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source de l'image de couverture: Lizianne Torres


Les enjeux de l’intégration du patrimoine industriel dans les stratégies de développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole

Lizianne TORRES OLIVEIRA Mémoire de recherche

Master Histoire, Civilisations et Patrimoines 2, parcours METIS (Management, conservation et réhabilitation des patrimoines matériels et immatériels, métissés de la modernité).

Année universitaire 2019-2020. Enseignant référent : Robert BELOT soutenance : juillet 2020


REMERCIEMENTS La liste de remerciements pour ces deux dernières années en master est grandiose et cela dénote que je suis entourée de personnes qui sont essentielles pour mon développement personnel. Dans ce rang je cite ma famille qui est toujours accueillante et encourageante et tous les amis qui sont des vrais supporteurs de mes réussites. Pour ce travail, plus spécifiquement, je souligne le support remarquable de Clodoaldo Castro et Swan Larchevêque. Mes remerciements s’adressent aussi à deux institutions qui ont été fondamentales pour mon murissement professionnel durant ce semestre. D’abord, Saint-Etienne Métropole, spécialement à M. Charbonnier, mon tuteur de stage qui me donne un soutien précieux dans mon expérience actuelle à l’agence d’urbanisme stéphanoise, Epures. A cette dernière j’exprime ma gratitude pour la véritable immersion dans la pratique professionnelle qui a été précieuse pour ma formation. L’équipe de l’agence, surtout celle qui compose le pôle Aménagement et Cadre de vie durable, représente une source inépuisable de connaissances sur le territoire. Ensuite je tiens à mettre en exergue, l’excellence de l'Université Jean Monnet, institution qui m’a fourni les meilleures conditions possibles durant ces deux années de formation en Master en France notamment à travers le support financier de la Fondation Jean Monnet pour la première année et de l’IDEX pour la deuxième. Au niveau du cadre personnel et professoral, je remercie M. Rojas qui est un référent toujours gentil et bienveillant pour mes travaux. Enfin et surtout, je remercie M. Belot qui a grandement encouragé mon projet professionnel et avec qui je dessine le rayonnement et suite des réflexions de ce travail.


Source : Lizianne Torres


RESUME Ce travail prétend être une réflexion sur le rôle du patrimoine industriel dans la ville contemporaine pour les territoires dont l'histoire est intimement liée à cette activité si importante pour la société actuelle. Les questionnements ici posés partent du principe que le legs de l'activité industrielle n'a pas été toujours intégré aux dynamiques urbaines après le processus désindustrialisation. En outre, ce patrimoine présente une typologie complexe et qui possède des fortes potentialités d’articulation urbaine. Il peut ainsi être un important vecteur de développement territorial. Pour mieux comprendre ces enjeux, nous prenons comme cas d'étude l'agglomération de Saint-Étienne en raison de son passé indubitablement lié à l'industrie. La métropole vit aussi des transformations urbanistiques importants, ce qui rend notre analyse pertinente en ce qui concerne l’étude de la relation entre patrimoine industriel et les politiques urbaines contemporaines. Mots-clés : patrimoine industriel, architecture, urbanisme, patrimoine, métropole, réhabilitation.


ABSTRACT This work is a reflection of the role of industrial heritage in the contemporary city: especially for territories shaped by the said activity, hence important for the current society as well. The questions addressed to in this research are based on the principle that the legacy of industrial activity has not always been reintegrated into urban dynamics after the deindustrialization process. Similarly, this heritage presents a complex typology which has strong potential for urban articulation. It can thus be a dominant vector of territorial development. Given its industrial history, the agglomeration of Saint-Etienne has been chosen as the subject of the case study. The metropolis is also undergoing major urban transformations, which makes our analysis relevant to the study of the relationship between industrial heritage and contemporary urban policies.

Keywords: industrial heritage, architecture, urban strategies, heritage, rehabilitation.


TABLE DES MATIERES I.

La place du patrimoine industriel dans la ville contemporaine .......... 16 1.1.

La corrélation entre le patrimoine industriel et la ville ..................................18 1.1.1. Patrimoine industriel et mémoire urbaine : L’importance de l’activité industrielle dans la configuration des villes et l’hétérogénéité de ses empreintes dans le monde. ................................................................................................................. 19 1.1.2. L’évolution de la pensée actuelle sur la conservation et la mise en valeur du patrimoine industriel dans son échelle urbaine ..................................................... 25

1.2. La place de l’héritage industriel dans la ville d’aujourd’hui : les différentes méthodes et procédures ...................................................................................................36 1.2.1. La difficile consécration du patrimoine industriel et les enjeux de sa réhabilitation ...................................................................................................................... 37 1.2.2. Y a-t-il des règles précises pour la réhabilitation des biens industriels ? 38 1.2.3. Que faisons-nous de ce patrimoine aujourd'hui ? ...................................... 42

II.

L’empreinte industrielle dans physionomie du territoire stéphanois et

sa genèse .................................................................................................................... 48 2.1.

L’ampleur et la complexité de l’héritage industriel de la région stéphanoise 50 2.1.1 – les débuts de l’activité industrielle dans le territoire ................................... 50 2.1.2 – L’essor industriel, ses empreintes sur l’espace urbain et typologies ..... 52

III.

L’évolution des politiques urbaines portant sur le patrimoine industriel

de Saint-Étienne et ses enjeux actuels................................................................. 64 3.1. Les premières expériences de réhabilitation et leur rapport avec les valeurs patrimoniales .......................................................................................................................66 3.1.1. La réhabilitation du parc Giron ....................................................................... 66 3.1.2. Le Musée de la Mine ........................................................................................ 68 3.2.

De la ville industrielle à la ville Design .............................................................71


3.2.1. La reconversion de la Manufacture d'armes de Saint-Étienne (MAS) en Cité du Design .................................................................................................................. 73 3.2.2. Les projets en cours ......................................................................................... 74 3.3.

Les enjeux actuels ..................................................................................................77 3.3.1. Les défis de la métropolisation....................................................................... 77 3.3.2. Connaitre pour agir : L’importance de l’inventaire ...................................... 78

IV.

Conclusion........................................................................................................ 85

V.

Bibliographie ................................................................................................... 87

VI.

Annexes ............................................................................................................ 91


AVANT-PROPOS Cette recherche vise à consolider plusieurs réflexions stimulées par ma formation actuelle. Au cours des différents disciplines qui composent le programme pédagogique du Master Histoire, Civilisations et Patrimoine de l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, nous avons été encouragés à comprendre le rôle du patrimoine dans notre société ainsi que ses principaux enjeux. En effet, le souci pour les questions actuelles nous concerne directement en tant que professionnels liés à ce domaine. Il s’agit donc d’un complément important à la formation d’architecte et urbaniste car ce Master permet un échange constant avec d’autres domaines. Le choix d'étudier le patrimoine industriel a été fait dès le début de la formation. La motivation pour étudier ce type de patrimoine a été renforcée par l’expérience du vécu dans deux villes industrielles par l’excellence : Saint-Étienne et Firminy. Ensuite, nous considérons que ce type de patrimoine vit le paradoxe d'être omniprésent dans des différents territoires du monde, mais encore mal compris et mal valorisé. Ce travail prétend également affiner les questions soulevées en première année lors d’une recherche développée dans le deuxième semestre ayant comme thème "Les mutations de l´héritage industriel européen". Cette première expérience sur ce sujet présente un caractère plutôt exploratoire. Elle visait la compréhension générale du patrimoine industriel bâti, l'identification des principales typologies et la recherche des lacunes autour de ce sujet. Ainsi, cette recherche a pour but d’apporter des réflexions visant une meilleure prise en compte des qualités de ce leg dans le contexte urbain actuel.


"C’était une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d’où se dressait la silhouette d’une cheminée d’usine ; de rares lueurs sortaient des fenêtres encrassées, cinq ou six lanternes tristes étaient pendues dehors, à des charpentes dont les bois noircis alignaient vaguement des profils de tréte aux gigantesques ; et, de cette apparition fantastique, noyée de nuit et de fumée, une seule voix montait, la respiration grosse et longue d’un échappement de vapeur, qu’on ne voyait point." Emile Zola, Germinal


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole

INTRODUCTION L’activité industrielle a joué un rôle important dans la constitution des villes dans des diverses réalités géographiques et historiques. L’échange de techniques et de savoir-faire a permis, surtout pendant la Révolution Industrielle, une intégration entre ces divers territoires. Le patrimoine hérité de cette activité, reste, malgré son importance, mal compris et très vulnérable aux mutations urbaines auxquelles les villes contemporaines sont confrontées. Cet héritage est aussi très hétérogène dans une dimension macro, si nous prenons en compte la totalité des continents mais aussi dans une échelle locale comprenant les villes individuellement et les agglomérations de communes. De cette façon, la pratique industrielle a forgé un passé commun dans plusieurs territoires du monde entier et représente donc un important élément pour la formation urbaine de ces territoires. Reconnaissant la forte influence du patrimoine industriel dans la formation des villes, nous choisissons comme délimitation pour ce travail, une analyse sur la relation entre ces deux domaines. Analyser ces deux univers est une tâche assez complexe car le patrimoine industriel est souvent considéré comme une enclave urbaine. C’est pourquoi plusieurs biens qui appartiennent à cette catégorie ont été négligés et ignorés durant des décennies, ayant comme conséquence la disparition ou la dégradation avancé de certains cas. C'est ainsi que cette recherche a choisi comme délimitations l'insertion du patrimoine industriel dans les politiques urbaines actuelle. Pour ce faire nous proposons une analyse sur les tendances mondiales et aussi sur celles appliqués dans le territoire de Saint-Etienne, sans son échelle métropolitaine. Cette région a un passé très lié à l’activité industrielle et vit actuellement des transformations importantes en termes urbanistiques. C’est donc pour cela que cet exemple


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole peut nous apporter des réflexions pertinentes sur la thématique que nous proposons dans ce travail. Nous nous intéressons également à la façon dont le rapport entre l’urbanisme et le patrimoine industriel a évolué au fil du temps puisque ces deux thématiques sont relativement récentes dans la discussion scientifique. L’observation de ces questions à partir de l’expérience stéphanoise nous permettra de voir sur place tous les enjeux de notre thématique. Une fois exposée la complexité de ce sujet, nous proposons avec cette recherche des clés pour mieux comprendre ce patrimoine et les questions à prendre en compte lors d’une intervention dans sa dimension matérielle. Pour cela nous suscitons des réflexions préalables issues de veilles bibliographiques, des discussions en classe et aussi dans les divers événements thématiques qui ont enrichi le semestre académique. Ce mémoire prétend alors, révoquer plusieurs questions et lacunes soulevées lors des expériences académiques, lectures et observations des expériences locales.

Réflexions préalables, hypothèses et question centrale La configuration urbaine actuelle de la métropole de Saint-Étienne est inséparable de son histoire. Son passé minier, métallurgique et textile est perçu non pas seulement par ses traces architecturales, mais aussi par la mémoire collective. Néanmoins, cet héritage apporte une image négative pour ses habitants. L’image de ville noire est encore relayée par plusieurs habitants et visiteurs malgré de nombreux efforts de la part des divers acteurs qui forgent le devenir du territoire. Ce ressenti est né suite aux premières conséquences des premières conséquences de la désindustrialisation vécue par le territoire à partir des années 60. Néanmoins, dans les années qui ont succédés le déclin de l’activité industrielle, le territoire mené des stratégies diverses dans le but de transformer ce passé rejeté. Ainsi, diverses actions de réhabilitation ont été menées, telles que le Parc Giron, la Manufacture d’armes, Manufrance et le site Couriot, entre autres, pour les premières décennies de désindustrialisation. A partir de ces premières expériences, nous pouvons susciter des réflexions sur l’efficacité de cette action puisque certains de ces sites sont de nouveau désaffectés. Les


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole raisons de l’échec d’une opération peuvent être divers mais sont souvent symptomatiques et peuvent indiquer la négligence de certains aspects importants. Le territoire parie également sur l'obtention de plusieurs labels. La ville de Saint-Etienne, par exemple est membre des réseaux Villes Créatives UNESCO depuis 2010, Ville d’Art et d’Histoire depuis 2000. Actuellement, le territoire envisage le label Pays d’Art et d’Histoire. Ce fait constitue un grand avancement pour l’ensemble de communes puisque cela permettra de travailler le patrimoine en réseau, augmentant ainsi l’échange entre les territoires. Parmi les autres actions récentes, nous repérons aussi le projet de rénovation de deux régions importantes : les quartiers Châteaucreux et Monthieu. Situés dans l’entrée de la ville, ces deux cas sont aujourd’hui un chantier où nous voyons surgir des bâtiments de forte provocation architecturale et qui modifient considérablement l’aspect de la ville. Le territoire est donc en pleine mutation. Parallèlement à ces travaux en cours, le territoire investi dans l'image d’une ville créative, évoquant son passé industriel. Cette stratégie est en fait, utilisée par diverses autres villes. La communication est actuellement un outil très puissant pour renforcer l'attractivité des territoires. Ainsi, la première question que nous nous posons porte sur les aspects du rapport entre patrimoine industriel et urbanisme au milieu de ces nouvelles procédures de compétitivité territoriale. Une hypothèse que nous formulons (avant de faire une analyse plus approfondie sur cette question) est que, dans de plusieurs cas, le patrimoine apparaît dans des projets politiques comme un argument sans qu’il y ait des réelles actions envers la protection et conservation. Ainsi comme pour l'environnement et les questions sociales, le patrimoine peut devenir un objet d'instrumentalisation. Dans le cas spécifique du territoire stéphanois, d'autres enjeux ressortent. L'agglomération, qui compte actuellement 53 communes, vit le défi de traiter le patrimoine de façon articulée entre ces villes. Néanmoins, l'héritage industriel y est complexe et hétérogène. Nous nous attelons donc à mieux comprendre les enjeux de la place du patrimoine comme un vecteur de développement de la métropole. À partir des réflexions et hypothèses ici exposées et considérant que les expériences de réaffectation des sites industriels sont des pratiques récentes et pas encore consolidées, nous aboutissons alors à la question centrale de cette recherche : quels sont les défis actuels auxquels


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole sont confrontés les acteurs politiques de Saint-Étienne en matière d'intégration du patrimoine industriel dans le développement urbain ? Ainsi, nous essayerons de comprendre des enjeux complexes à partir d'un cas d’études très riche et actuellement actif sur ces questions. Nous sommes également conscients que, dû aux limitations de ce mémoire de recherche, les réponses à ces questionnements peuvent ne pas se présenter exhaustives. Néanmoins les réflexions apportées sur les problématiques ici posées prétendent contribuer à une prise en compte de la richesse de ce territoire de la façon la plus respectueuse de son histoire.

Démarche méthodologique Pour répondre à la problématique centrale et aux questions secondaires posées à partir de réflexions ci-dessus, il sera nécessaire l'établissement de la démarche méthodologique diverse selon chaque objectif. D'abord il est nécessaire de connaître l'objet : l’héritage industriel et ses dimensions historiques, urbaines et typologiques. Pour ce faire nous présenterons de réflexions issues de l’état de l’art sur les deux grands axes qui composent cette recherche de points le patrimoine industriel et l'urbanisme.

Nous illustrerons quelques-unes de ces réflexions à partir des exemples d

réhabilitation industrielle menée dans des diverses réalités historiques géographiques. Nous ne prétendons pas dresser une analyse exhaustive, étant donné que ce patrimoine est qualitatif et quantitativement abondant. Nous avons alors sélectionné des exemples représentatifs et qui permettent d'avoir des éléments de référence pour la compréhension des concepts. Pour cela nous avons établi un modèle d’analyse en forme de fiches-résumé qui concentre certaines informations essentielles pour répondre aux questionnements spécifiques de cette recherche, ces tableaux seront dans les annexes de ce document. Ces fiches ont aussi pour but de guider la collecte d'informations, même si dans certains cas il existe une quantité abondante d'informations alors que pour d'autres il est possible de ne pas trouver toutes les données recherchées. Ce modèle a été appliqué lors de la première étape de ce travail qui a abouti dans le mémoire de recherche de la première année du master en cours.


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole En ce qui concerne la compréhension du processus d'industrialisation de notre cas d'étude, la métropole de Saint-Étienne, ainsi que des actions de réhabilitation de son patrimoine, nous utiliserons des ouvrages et articles qui traitent de cet aspect du territoire. De plus, pour mieux comprendre la logique des politiques actuelles, la méthodologie sera aussi exploratoire grâce à l’expérience de stage concomitante à l’élaboration du mémoire à l'agence d'urbanisme de Saint-Étienne, Epures. La mission exercée consiste à la suite de l'inventaire architectural, un travail qui intègre l'ensemble des actions visant à obtenir le label Pays d'Art et d'Histoire. Parmi les activités principales de cette expérience, nous avons réalisé un recensement du patrimoine bâti existant sur des communes de la métropole 29 communes peu ou pas inventoriées selon la méthodologie mise au point par l’Agence et ses partenaires. Ainsi, cette expérience rapportera beaucoup à la connaissance du territoire é aux réflexions ici prétendues.


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Structure de la recherche Pour résumer la structure de cette recherche, nous présentons le tableau ci-dessous qui montre l'articulation entre les hypothèses, les objectifs, la méthodologie et le plan de travail.

STRUCTURE DU TRAVAIL Quels sont les défis actuels auxquels sont confrontés les acteurs politiques de Saint-Étienne en matière d'intégration du patrimoine industriel dans le développement urbain ?

QUESTION CENTRALE

- la prise en compte du patrimoine industriel dans les politiques urbaines est - L'héritage industriel de RÉFLEXIONS une question récente et, Saint Etienne est complexe PRÉALABLES donc, pas encore hétérogène. consolidée.

OBJECTIFS

- Comprendre le rapport entre urbanisme et patrimoine industriel

- Comprendre l’objet - Analyser l’évolution d’étude : l’héritage industriel des politiques de l’agglomération urbaines touchant le stéphanoise patrimoine industriel. - veille bibliographique - visite des lieux

- Stage à l’agence d’urbanisme de SaintÉtienne : EPURES

- Stage à l’agence d’urbanisme de SaintÉtienne : EPURES

- Observation sur place de projets finis et en cours.

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2

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La place du patrimoine industriel dans la ville contemporaine

L’empreinte industrielle dans L’évolution des physionomie du territoire politiques urbaines stéphanois et sa genèse portant sur le patrimoine industriel de Saint-Étienne et ses enjeux actuels

- veille bibliographique MÉTHODE

CHAPITRES

- Quel est le rôle du patrimoine industriel dans l’ensemble de politiques urbaines menées dans la région ? Quels sont les enjeux actuels ?

- observation des cas pratiques dans des différentes réalités

Tableau 1 : structure du travail. Source : l’auteur.


CHAPITRE I

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Source : Lizianne Torres

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I. La place du patrimoine industriel dans la ville contemporaine Ce travail propose une analyse de l'insertion de l’héritage industriel dans les dynamiques de l'espace urbain d'aujourd’hui. Avant de développer tous les enjeux qui nous amèneront à répondre à la problématique posée, il est nécessaire d’aborder quelques notions qui seront fréquemment citées tout au long de ce mémoire. Cette étude a, donc, deux axes principaux : le patrimoine industriel et l'urbanisme. Nous discuterons ainsi de la façon dont cette relation s'est créée et aussi des caractéristiques actuelles des projets urbains qui prennent en compte l'histoire urbaine en général. Pour assimiler les principaux points de notre premier axe, nous essayerons de mieux comprendre la complexité du leg industriel, en nous intéressant à sa diversité, ses empreintes et ses séquelles dans la constitution des villes touchées directement ou indirectement par cette activité. Ensuite, nous allons considérer le passage de l’héritage au patrimoine, c’est-à-dire : quels sont les débuts de la reconnaissance des vestiges de l’industrialisation comme un bien qui mérite d’être préservé et transmis aux générations futures. En ce qui concerne la dimension urbaine, nous démontrerons que la prise en compte du patrimoine bâti dans l'échelle urbaine est un enjeu assez récent, tout comme la reconnaissance des valeurs du patrimoine industriel. De cette façon nos deux vecteurs sont deux éléments dont la discussion est en cours de développement. Néanmoins, il existe déjà un chemin parcouru qui nous permet donc d’avoir un certain recul analytique. Nous observerons, ainsi, les premières expériences d’intégration du patrimoine industriel dans les politiques urbaines. Puis, nous nous pencherons sur les débouchées qu’offrent l’association de ces deux univers à partir des exemples des modèles les plus courants de politiques urbaines qui touchent en quelque sorte le patrimoine urbain en général et, plus précisément l’industriel. Enfin, nous enrichirons notre regard à fin d’avoir une meilleure compréhension du modèle de gestion actuels employés par le territoire ici étudié.


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1.1.

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La corrélation entre le patrimoine industriel et la ville

Le choix de la délimitation de cette recherche pour le patrimoine industriel nous amène à reconnaître que la découverte des qualités de ce type de patrimoine est à la fois difficile et passionnante. Certaines sortes de biens matériaux sont plus facilement acceptables par la population en général, par exemple les châteaux, le patrimoine religieux, les œuvres d'art, etc... A l’inverse, l’esthétique des usines n'est pas encore comprise et reconnue. Cela rend encore plus difficile une mobilisation pour sa conservation et sa mise en valeur, surtout dans la société contemporaine où les politiques urbaines sont intrinsèquement liées à la promotion du territoire à partir de stratégies de marketing. Dans ce travail, il est proposé d'analyser deux univers qui, à première vue, ne se connectent pas : l'héritage architectural et urbain, l'industrialisation et les politiques urbaines actuelles. L'antagonisme de ces deux domaines peut s'expliquer par les phénomènes contemporains qui sont très peu liés aux modes de vie anciens. La société contemporaine a bouleversé les modes de consommation, d’habitation et de déplacement. C’est pour cela que la gestion urbaine doit être sensible au tissu urbain ancien et donc, aux immeubles, qui sont difficilement adaptables aux fonctions contemporaines. Pour cette raison, de nombreux exemples des patrimoines peu reconnus sont négligés et soumis à la dégradation et à l'action prédatrice de la spéculation immobilière. Cette étude vise à analyser le patrimoine industriel à partir d'une vue agrandie de l'objet lui-même (lieux, bâtiments, équipements). Il est destiné à le voir dans sa dimension urbaine en tenant compte de sa relation avec la formation des villes. Nous considérons donc que ces deux éléments : la ville et le site historique, sont indissociables. Par conséquent, avant d’analyser des phénomènes contemporains, il nous est nécessaire de revenir à la ligne évolutive des concepts que nous nous approprions et aussi à des exemples expérimentés dans d’autres territoires. Pour ce faire, nous verrons un aperçu du rôle de l’industrie dans la formation de ses différents territoires. Cette analyse, qui se prétend brève, nous permet d’avoir une sensibilité pour la singularité de chaque territoire. Nous conduirons, ensuite, le raisonnement de la recherche vers la compréhension de l’évolution de la protection du patrimoine urbain jusqu’aux modèles contemporains.


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1.1.1.

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Patrimoine industriel et mémoire urbaine : L’importance de l’activité industrielle dans la configuration des villes et l’hétérogénéité de ses empreintes dans le monde. L’activité industrielle a été présente de façon homogène dans presque tous les territoires

à l’échelle mondiale. Cela signifie que cet héritage est, en quelque sorte, un dénominateur commun dans plusieurs contextes socio-spatiaux. Néanmoins, l’histoire de tous les processus d’industrialisation dans le monde entier a été hétérogène, générant ainsi un legs qui traduit les spécificités de chaque territoire. L’industrialisation a créé des divers flux entre les territoires. Le déplacement de populations, de marchandises et de savoir-faire a fortement contribué à la formation et à la mutation des villes dans le monde entier. Par exemple, une concentration populationnelle dans un centre urbain est, dans plusieurs cas, le résultat de la fuite, d’une population liée à l’activité agricole, vers la ville, durant des cycles d’industrialisation. De même, la fermeture des ateliers des particuliers au profit des usines, a provoqué la croissance de la vie citadine au détriment de la vie de campagne. L’activité industrielle a donc entraîné des transformations urbaines importantes et cet aspect est fondamental pour les projets de réhabilitation industrielle. Il est très important aussi d'observer comment la transformation urbaine s’est développée de façon différente selon les époques et les espaces. Tout cela mène à des particularités qui sont à l’origine d’un patrimoine industriel riche et propre à chaque culture. Nous illustrerons, ainsi, ces spécificités à partir de l’étude de certains territoires afin de mieux exemplifier cette diversité typologique. De cette façon, nous prendrons comme exemple une analyse brève du contexte historique du continent européen en le comparant avec celui américain. Cependant, il est important de remarquer que l’activité industrielle a été également variée dans les autres continents. L’expérience industrielle a été particulièrement riche dans d’autres territoires, générant des richesses patrimoniales remarquables. Nous ne prétendrons donc pas faire une analyse exhaustive de toutes les expériences de ce secteur dans le monde. Nous proposons, plutôt, des repères ponctuels qui serviront d’exemples pour illustrer l’ampleur de ce patrimoine à partir de l’expérience européenne et américaine. Le continent européen a son importance dans l'histoire de l'industrialisation tout comme le continent américain, qui est une référence dans cette activité surtout en raison de l’expérience Etatsunienne. Ce


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contraste nous permettra de comprendre comment le patrimoine industriel est riche et de quelles façons il peut générer des nouvelles idées pour son devenir.

Les dissemblances du patrimoine industriel dans le continent européen Nous prenons comme premier exemple le continent européen, berceau de la Révolution Industrielle. Certes, l’évolution des industries peut être perçue dans plusieurs cultures du monde et à différentes périodes de l’histoire. Toutefois, le continent européen a été l’un des protagonistes principaux de cette pratique dans plusieurs cas, ce qui fait de cette activité, un marqueur important de l’identité du continent. Nous pouvons observer que dans ce continent, les disparités internes sont assez évidentes. L’industrialisation du territoire européen s’est développée différemment en fonction des régions et au fil du temps et c’est pourquoi les biens hérités sont souvent hétéroclites en typologie architecturale puisqu’ils sont témoins de différentes histoires. Ce contraste est encore plus remarquable entre les pays de l’Ouest qui partagent les expériences de la Révolution Industrielle et de la désindustrialisation, et les pays de l’Est récemment sortis du communisme1. Ces derniers sont passés d’une économie majoritairement agraire, à une industrialisation très rapide à partir de la Révolution Russe, surtout avec les plans quinquennaux. Avec la chute du communisme et la dissolution de l’URSS, plusieurs usines ont été désaffectées, laissant des parcs industriels vastes et très pollués dans la plupart des cas. Dans les pays de l’Ouest européen, l’intérêt pour les vestiges industriels est plus expressif quantitativement en termes de sites réaffectés et classés. L’héritage industriel y est multiforme et très marqué par des périodes où l’industrialisation développée dans certaines régions, a provoqué des bouleversements importants à l’échelle mondiale. La Révolution Industrielle, qui a commencé dans les années 1750 en Angleterre, a apporté des avancements techniques importants au fil du temps grâce à la découverte de nouvelles énergies tel que l’exploitation du charbon ou encore la maîtrise de l´électricité, des changements intempestifs jusqu´à aujourd’hui.

Constat présenté dans le rapport de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe du 15 Février 2013 intitulé « LE PATRIMOINE INDUSTRIEL EN EUROPE » 1


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Ces transformations ont touché divers secteurs de la société. En ce qui concerne les moyens de locomotions, l'arrivée des locomotives à vapeur a facilité le transport des marchandises, de l’élite sociale pour ensuite devenir des moyens transport de masse. La révolution industrielle a entraîné la création d'une multitude de routes et de chemins de fer qui font encore partie intégrante du paysage même si quelques-unes ont été abandonnées. Les révolutions industrielles ont également permis, (notamment grâce à l’utilisation de la vapeur) de rendre accessible le transport de personnes par la voie maritime, un moyen de locomotion qui sera remplacé au fur et à mesure par l’aviation. En outre, les moyens de communication se développent aussi à cette époque, diminuant les coûts et pouvant ainsi toucher un plus grand nombre. De ce fait, cette évolution des moyens de transport et de communication a permis de créer un développement en réseau qui a dépassé les frontières des pays, créant ainsi une certaine identité commune avec le partage des techniques. Cet aspect transnational est un des arguments les plus forts de ce mémoire dans la défense de ce patrimoine en tant que marqueur de l’identité européenne. L’avancement économique promu par l’Union Soviétique dans les pays de l’Est a construit un modèle industriel propre. Ces pays ont calqué leurs systèmes économiques sur celui de l'Union Soviétique, aux cours des années qui ont immédiatement suivi la deuxième guerre mondiale (Shaffer, 1971). Le passage abrupt d’une économie de prédominance à une puissance économique ne s’est pas fait sans laisser des cicatrices urbaines et des problèmes sociaux. Étant donné que l'industrialisation forcée a conduit à une accélération du processus d'urbanisation, les conditions de vie des travailleurs n'étaient pas parmi les meilleures, le nouveau paysage urbain créé étant loin des standards d'espaces urbains sains. En Roumanie, par exemple, les mesures prises par les politiques de développement socialistes ont généralement entraîné une augmentation du nombre de personnes qui s’installaient dans des petites villes, sans toutefois que des conditions urbaines adéquates au nouveau flux soient mises en place. Ces nouvelles villes étaient également confrontées à des problèmes d'infrastructure de transport,

d'insuffisance

des réseaux d'égouts et

d'approvisionnement en eau. Les réseaux et le faible confort propre aux immeubles résidentiels nouvellement construits, sont devenus expressifs dans la période post-communiste après la


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fermeture de la plupart des activités industrielles. Le caractère mono industriel pose également des problèmes en ce qui concerne la reconversion de ces zones, même 20 ans après la chute du régime communiste. S'agissant d’un fait relativement récent, il existe encore plusieurs lacunes et carences sur un bilan de l’état actuel de ces sites et leurs avenirs. Ainsi, l’héritage de l’industrialisation des pays post-soviétiques est un élément composant de leur identité mais qui possède, en plus des difficultés de reconnaissance des valeurs inhérentes à ce type de patrimoine, une mémoire difficile à traiter, à conserver et à valoriser. Ce territoire a comme défi actuel de trouver une réconciliation avec un passé composé de conflits, de régimes totalitaires et plusieurs autres expériences qui ont laissé un héritage difficile à assumer et à valoriser. Ainsi, il est important de considérer que l’héritage industriel européen est généré à partir de divers moments de l’histoire. Il serait donc évident d’estimer que nous pouvons y retrouver des exemples qui témoignent de technologies diverses, des savoir-faire liés à sa situation géographique et qui sont surtout porteurs d’une mémoire propre et indissociable de l’espace.

La particularité du continent américain et ses contrastes Ainsi comme en Europe, l'histoire de l'industrialisation dans le continent américain présente aussi des réalités différentes dans son territoire. De géographie plutôt verticale, les singularités de ce continent s’expriment surtout à travers les différences existantes entre l’industrialisation de l’Amérique du Nord et de celle des Amériques Centrale et du Sud. Pour illustrer ce fait, nous prendrons comme exemple le processus d'industrialisation Etats-unien, pays toujours expressif dans cette activité2, en le comparant avec les pays latino-américains. Au cours du XIXe siècle, les Etats-Unis passent par un processus expressif de mécanisation de l'agriculture et des manufactures. C'est donc dès ce moment que le territoire vit d’importantes

2 Le pays, malgré une période de recul de l’industrie dans le PIB depuis les années 1970, demeurent le premier producteur mondial de biens manufacturés (21 %). Ils sont également le troisième exportateur mondial derrière l’Union européenne et la Chine (Daziano 2013).


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innovations techniques et technologiques. En effet, à partir de 1860, l'industrie nord-américaine est en plein essor, engageant de la main d'œuvre immigrante attirée par l'activité, le pays devient ainsi une puissance économique mondiale. Internement, des différences entre les régions du territoire sont aussi observées : alors que l’industrie lourde s’est développée dans la région nordest du pays, connue comme Manufacturing Belt 3, on retrouve l’industrie de transformation au sud. Comme mentionné auparavant, ces flux populationnels sont à l’origine d’une urbanisation intensifiée, surtout avec la vague immigratoire internationale. C’est ainsi que les grands centres métropolitains du pays se sont développés, et cela renforce la forte influence de l’activité industrielle dans la configuration urbaine états-unienne 4. Comme en Amérique Latine, les États-Unis, en raison de leurs dimensions territoriales, le patrimoine industriel y est fortement marqué par les structures liées au système de transport. La construction de grandes structures y a été nécessaire pour relier les territoires et pour déplacer la production. Ces biens sont donc très représentatifs du patrimoine industriel de ces territoires et se présentent dans des formes diverses telles que : ponts, chemins de fer, gares, canaux et de fait, d’importantes structures portuaires. Il est aussi pertinent d’accentuer que les banlieues nord-américaines sont très différentes de celles du contexte européen. Ces espaces post-industriels sont bien connus internationalement. Après avoir vécu une dévalorisation pendant la période après-guerre, ils se sont transformés depuis les années 70 et actuellement passent par un dur processus de gentrification. Ces espaces ont la particularité d’être moins denses. On y retrouve des maisons implantées dans des grandes parcelles, possédant grandes surfaces de jardin. Cette zone est aujourd’hui occupée par des fonctions tertiaires au-delà de partie résidentielle qui vit un lourd processus de gentrification. Afin de mieux comprendre le contexte américain, analysons le processus d'industrialisation latino-américain qui a été différent non seulement par sa colonisation mais 3 La Manufacturing Belt, la ceinture de rouille ou La Rust Belt, c’est une zone où se concentrait l’essentiel des hauts fourneaux, mines et industries sidérurgiques américaines jusque dans les années 1970. Elle s’étend de Chicago jusqu’à l’océan Atlantique, longeant la frontière canadienne (Daziano 2013). 4 Louis Bergeron et Maria Teresa Maiullari-Pontois ont écrit dans un ouvrage sur la richesse des vestiges de l’industrialisation nord-américaine tels que : les moulins à eau de la Nouvelle-Angleterre, les énormes complexes sidérurgiques de Pennsylvanie et les usines automobiles de Detroit, en passant par les gisements miniers de l'Alaska et les équipements portuaires de Buffalo ou New York (2000).


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aussi par son processus historique très particulier par rapport au contexte étatsunien mentionné ci-dessus. L'héritage industriel latino-américain est, encore de nos jours, très liée à l’époque coloniale. Cette période a été longue et difficile pour plusieurs pays mais néanmoins, déterminante pour la configuration actuelle des villes et de ses hiérarchies sociales. Considérant que l’histoire urbaine de ces pays s’est développée plutôt au XVIe siècle et que ces territoires ont été dévastés lors du processus de colonisation, il ne reste que très peu des villes précolombiennes. Le modèle d’exploitation des pays colonisateurs visait plutôt la maximisation des profits de ces territoires surtout à partir de l’agriculture pour l’exportation et d’extraction des ressources minières. Ainsi, la colonisation portugaise et espagnole dans l’Amérique latine a dessiné les villes sous modèle de domination territoriale et le contrôle fiscal des flux de marchandises (Godoy, 2011). Au Brésil, par exemple, l'exploitation de la canne à sucre a été une activité très marquante dans les premières décennies de la colonisation portugaise jusqu’au XVII siècle. Ainsi, cette exploitation et toutes les structures qui ont été érigées pour son bon développement, sont intimement liées à la constitution des villes les plus importantes du pays. Cette exploitation a été également responsable du trafic d'esclaves africains le plus important (quantitativement) du monde entier. Ce fait a donc été déterminant dans la hiérarchie sociourbaine actuelle de ce pays. Après le déclin de cette activité, des cycles de production d’autres marchandises s’en sont suivis, tels que le café, l’élevage bovin, l’exploitation minière, etc. Cette structure est donc responsable de la configuration urbaine des principales villes et explique aussi l’importance de leur positionnement toujours favorable à l’activité portuaire (Bergeron, Maiullari-Pontois, 2000). Ce type d’activité s’est répété dans d’autres pays, y compris les colonies françaises de l’Amérique centrale, Cuba, etc. Ce n'est qu'au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, que la fin de l'exploitation coloniale est observée. Une vague d’industrialisation arrive dans plusieurs pays de l’Amérique latine avec la première guerre mondiale. La production reste donc liée à la transformation des matières premières (exploitation bovine, minoteries, sucrerie, textile, affinage des métaux, etc). Cette dynamisation a changé le visage des grandes villes, surtout par l’augmentation de l'agglomération urbaine qui a eu comme conséquence la pression sur


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l'utilisation des sols (Godoy, 2011). Néanmoins, dans la plupart des cas, ces activités se sont développées en profitant de la structure existante. L’héritage industriel urbain de cette activité reste donc très marqué par l’époque coloniale. Ainsi, nous pouvons constater l’expressive disparité entre l'industrialisation nordaméricaine et celle de l'Amérique latine. Evidemment, cet écart historique a engendré un patrimoine industriel très distinct. Comme nous l'avons observé sur le continent européen, l'industrialisation de ces régions s'est déroulée dans un temps différent et cela reflète bien le traitement du patrimoine dans sa conservation et mise en valeur.

1.1.2.

L’évolution de la pensée actuelle sur la conservation et la mise en valeur du patrimoine industriel dans son échelle urbaine

Ainsi comme les monuments, les bâtiments et tous les autres biens matériels, la dimension urbaine est aussi reconnue en tant que patrimoine et protégée par des dispositifs réglementaires divers. Néanmoins, cette reconnaissance est assez récente et résulte d’un processus d’évolution qui est parti de la reconnaissance du monument de façon isolée, suivi d’une extension aux ensembles urbains, pour finalement arriver à un modèle qui intègre le patrimoine à l’administration de la ville et des collectivités. Le patrimoine industriel, de son coté, est aussi une catégorie qui a eu une reconnaissance récente. De cette façon, ces deux éléments fondamentaux pour cette étude, partagent le fait d’être des sujets de discussion récents et qui ne bénéficient pas encore de consignes et procédures bien définis et consolidées. Il est ainsi nécessaire d’observer cette évolution du processus de reconnaissance, protection et gestion de ces deux éléments pour mieux interpréter les phénomènes actuels sur lesquels nous nous pencherons dans les prochaines parties de cette étude.


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La difficile consécration du patrimoine industriel L’intérêt pour l’héritage industriel s’est approfondi dans les années 50 en Angleterre. À cette époque-là, l’expression archéologie industrielle apparaît de façon interdisciplinaire. La discussion s’est intensifiée dans les années 60 lors de la démolition d’exemples emblématiques (comme la station Euston à Londres) et les manifestations contre la démolition du Coal Exchange initiée pour permettre l’élargissement d’une avenue. En France le débat s’est renforcé dans les années 70, surtout après la démolition des Halles de Baltard qui n’a pas eu, pour autant, des manifestations contraires immédiates. Dans cette même décennie, il y eut, néanmoins, des exemples positifs, comme la préservation des salines de Chaux et du complexe Le Creusot. La discussion a aussi gagné de la force avec d’importants ouvrages comme « L’Archéologie Industrielle en France » de Maurice Daumas et la dénonciation des démolitions faites aussi par Emmanuel de Roux (Khul, 2009). Depuis ces ouvrages, l’archéologie industrielle est devenue une discipline fondamentale pour l’identification. Elle s’appuie sur des critères scientifiques montrant l’importance de ces vestiges. Elle permet de sélectionner les éléments que nous irons conserver et transmettre aux générations futures, les plaçant alors dans la catégorie de patrimoine. Malgré cette prise de conscience des dernières décennies, on continue de détruire d’importants éléments industriels. Les démolitions du patrimoine industriel peuvent être expliquées par plusieurs facteurs : le manque de sensibilisation par les élus, le rejet du passé, les difficultés de réanimation ainsi que la spéculation immobilière. Les discussions actuelles évoluent tout comme les productions scientifiques et les nouvelles expériences en matière de réhabilitation. Nous pouvons remarquer le rôle du TICCIH 5

(The International Committee for the Conservation of the Industrial Heritage) qui est une

organisation internationale très active concernant cette thématique. Dans un congrès international réalisé en 2003, le TICCIH adopte, à Nizhny Tagil (ancienne ville-usine de l’Oural en Russie), une charte définissant le patrimoine industriel et ses méthodes. Ce document

5 TICClH a été fondé en 1973 après la première Conférence internationale pour la conservation du patrimoine industriel dans Ironbridge, Angleterre. Cette organisation est dédiée à l'étude de l’archéologie industrielle et la protection, la promotion et l’interprétation du patrimoine industrie. Il est reconnu par le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) en tant que consultant désigné dans tous les domaines liés à l'étude et à la préservation du patrimoine industriel.


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apporte des contributions pertinentes dans le sens de la préservation du patrimoine industriel et aussi des directives pour l'intervention sur ce genre de bien. La charte reprend des principes de la charte de Venise en les adaptant aux spécificités de ce type de patrimoine. En France, nous avons une association nationale également très importante, le CILAC – Comité d’information et de liaison pour l’archéologie, l’étude et la mise en valeur du patrimoine industriel, fondée en 1978. Sa mission est de promouvoir la réflexion et la protection du patrimoine français de l’industrie (sous toutes ses formes et) dans tous ses aspects 6. Dans le cas du patrimoine industriel, nous sommes confrontés à d’autres difficultés majeures comme la taille des sites et leur localisation qui attire la spéculation foncière peu soucieuse de sa restauration. Les projets d’intervention dans les sites impliquent des décisions peu attrayantes pour les acteurs et qui demandent des efforts politiques et diplomatiques. Les contraintes liées à ce type de patrimoine sont diverses, plusieurs bâtiments se trouvent dans un état de dégradation avancé, ce qui implique des coûts importants pour leur restauration. Dans les cas des bâtiments constitués de fer, le problème de la restauration s’avère encore plus difficile par rapport aux bâtiments des matériaux constructifs considérés classiques. En plus, comme mentionné dans d’autres questions abordés par ce rapport, l’identification des éléments physiques qui doivent être conservés pose un réel problème aux acteurs. De cette façon, nous renforçons la vulnérabilité du patrimoine industriel, surtout en ce qui concerne les bâtiments qui se trouvent au cœur des villes, dans des régions de valeur foncière considérable. Dans ces cas, la protection nécessite une militance des acteurs, d’où l’importance de stimuler le débat de l’insertion de ce patrimoine dans la vie contemporaine de façon respectueuse. Même avec cette prise de conscience des dernières décennies, on continue de détruire d’importants éléments industriels. Les démolitions du patrimoine industriel peuvent être expliquées par plusieurs facteurs : le manque de sensibilisation par les décideurs, le rejet du passé, des difficultés de réanimation ainsi que la spéculation immobilière. Pour illustrer l’actualité des destructions qui ont pour but de changer complètement l’image d’un site par l’architecture contemporaine, nous pouvons citer la démolition il y a quelques années 6 Selon informations tirées de leur site: https://www.cilac.com/presentation-ticcih. Consultation le 15 mai 2020.


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d’anciennes usines Renault sur l’Ile Seguin, à Boulogne-Billancourt (figures 1, 2 et 3). La destruction des anciennes usines Renault se repose sur plusieurs intérêts : les apports financiers présentés par des nouveaux bâtiments et aussi pour la dynamisation de la ville par un projet culturel contemporain, la Seine Musicale (figure 11), un complexe de typologie architecturale très différente de ce qui existait avant et recréant totalement la vocation initiale du secteur.


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Figure 1 (en haut et à gauche): Usines Renault vers 1929. Source http://fr.topic-topos.com/usinesrenault-boulogne-billancourt. Consultation le 27 dez 2019. Figure 2 : La Seine Musicale. Source : https://www.anousparis.fr/lieu/la-seinemusicale/ . Consultation le 10/08/2019. Figure 3 et 4 : Vestiges des usines Renault sur l'ile Seguin. Photo : Lizianne Torres. Mai 2015.


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L’évolution de la protection du patrimoine jusqu’à l’échelle urbaine La compréhension du tissu urbain comme un élément patrimonial est relativement récente. Cette reconnaissance représente une évolution du concept de patrimoine au fil du temps. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on considérait en tant que monuments historiques les biens de l'Antiquité, le patrimoine religieux du Moyen Âge et les châteaux. Ainsi, bien que la discussion sur la conservation et la restauration des monuments historiques ait avancé, de même que la liste des monuments classés, les réflexions n'ont pas pris en compte la dimension urbaine. C’est donc vers la moitié du XX siècle que, la nature des objets reconnus comme patrimoine a commencé à englober de nouvelles formes telles que les architectures populaire et rurale dite “architecture mineure”, ainsi que l'architecture vernaculaire et industrielle, les ensembles bâtis et le tissu urbain (Choay, 1999, p 10). La discussion sur l’importance historique du paysage urbain ne s'est pas développée de façon linéaire. Nous voyons apparaître ce discours chez les écrivains du XIX siècle, défenseurs de la nostalgie de la ville ancienne, surtout en réaction au projet d’Haussmann. John Ruskin (18191900), écrivain, poète et dessinateur anglais de la période victorienne, avait une inclination remarquable pour la question de l’architecture. Il fut l'un des principaux théoriciens de la conservation des monuments du XIXe siècle. La pensée de Ruskin sur le sujet est principalement exprimée au chapitre VI, "La lampe de la mémoire", de son livre Les sept lampes de l'architecture, écrit en 1849. L’écrivain y a exprimé des idées pionnières défendant l’architecture résidentielle comme un élément essentiel du tissu urbain. Il propose donc de valoriser ces éléments citant également que l'importance de l'architecture ne dépend pas de ses dimensions (Ruskin, 2008, p. 59). Le sujet revient de façon plus technique des décennies plus tard, dans d'autres contextes socio-spatiaux. L'architecte et historien viennois Camilo Sitte (1843-1903) reconnaissait les mutations urbaines en même temps qu’il défendait l’importance du tissu ancien. Pour cet auteur, les biens anciens et les modernes sont incompatibles, d’où la nécessité de protéger le tissu urbain historique. Dans son ouvrage L'art de bâtir les villes, il démontre une certaine conscience de la nécessité des transformations de la ville qui accompagnent les progrès dans la société industriel. Néanmoins, il questionne la valeur esthétique de la ville contemporaine (Sitte, p. 7). Selon lui, la ville ancienne peut donner des leçons à la ville moderne à partir de sa morphologie, son rapport plein/vide, l’aménagement des espaces verts, etc. (p. 179). Son ouvrage apporte donc des


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questionnements importants sur l'opposition binaire entre la ville du passé et la ville qui se construit. Compatriote de Sitte, Aloïs Riegl (1858-1905), historien de l'art autrichien, est l’auteur d'un ouvrage d'une grande importance pour la conservation et la tutelle des monuments historiques : Le culte moderne des monuments (1903). Cet auteur est l’un des plus cités dans le domaine du patrimoine, notamment en raison de sa contribution à la définition de plusieurs termes utilisés dans ce champ. Comme le titre de son travail l’évoque, l’auteur analyse la vision de son temps par rapport aux monuments. Il définit également les différentes valeurs qu'un monument peut présenter, par rapport à son expression historique, son esthétique et son utilisation contemporaine, entre autres. De telles significations entrent en conflit dans une éventuelle intervention de réhabilitation car elles peuvent être en conflit. Riegl, cependant, ne fournit pas de formule absolue pour résoudre ces conflits. Il propose une analyse à distance pour évaluer quelle dimension doit être considérée comme prioritaire et comment ne pas négliger les autres valeurs. Pour lui, la définition de la valeur artistique d'un monument dépend des interprétations e tu goût de l'époque où elle est discutée, ce sont des valeurs qui satisfont la volonté de l'art moderne, le kunstwollen, étant, par conséquent, une valeur flottante et relative. La valeur historique est celle d'une création qui ne peut plus être reproduite, un maillon de la chaîne, le développement (Ibid., p. 37) ne dépend donc pas directement du jugement moderne. Riegl distingue également les valeurs de l'ancienneté et historiquement la valeur d'ancienneté est définie comme l'aspect non moderne, où la dégradation de l'action du temps lui donne un effet positif (Ibid., p. 66, 67). En termes de valeur historique, ce qui compte, c'est l'intégrité formelle car son rôle principal c’est celui d’un témoignage. Donc les interventions qui visent à restaurer l'intégrité du bien sont acceptables (Ibid., p. 86). Aloïs Riegl aborde également le débat sur le faux historique en mentionnant que, dans le cas d'un monument qui cesse d'exister sous sa forme intégrale, sa reconstruction doit avoir des limites. Pour lui, une éventuelle copie qui n'apparaît pas comme une aide à la recherche scientifique, mais comme un équivalent de l'original, recherchant la même reconnaissance historique et esthétique, génère un conflit irrémédiable entre l'antiquité et les valeurs historiques (Ibid., p. 84). À titre d'exemple, l'auteur mentionne le Campanile de San Marco à Venise qui s'est effondrée en 1902 et a été reconstruite dov'era com'era (tel comme et où était). Ainsi, malgré son positionnement réfléchi et relativiste par rapport aux valeurs d'un monument, Riegl est contre la reconstitution des éléments perdus de l'œuvre.


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Gustavo Giovannoni, ingénieur de formation et spécialisé dans les beaux-arts, est un auteur important pour l’évolution des théories de conservation du patrimoine, surtout à l’échelle urbaine. Ayant agi dans un contexte influencé par les théories de Camilo Boito, la contribution de ce dernier à son travail était fondamentale. Ses écrits ont constitué pour Giovannoni, une base solide en ce qui concerne les concepts de lisibilité, d’intervention minimale et la condamnation du faux historique dans les interventions. Giovannoni a déclaré que les vieux centres urbains ont des spécificités morphologiques, des échelles compositionnelles et des qualités historiques et esthétiques qui nécessitent d’être réfléchies afin de prendre des décisions appropriées les concernant. Ainsi, il a proposé une séparation entre les formes anciennes et les nouvelles formes, chacune d’entre elles devant assumer des fonctions qui lui sont compatibles. L'intégration de l'ancien dans la vie contemporaine se ferait par des adaptations limitées aux bâtiments afin de les rendre sains, mais avec des interventions non radicales (GIOVANNONI, 2013, p. 157, 170). Il a été aussi le premier à utiliser le terme “patrimoine urbain”, il croit aux valeurs historiques du tissu urbain ainsi qu’à sa valeur pédagogique. Cet auteur est une référence centrale pour ce travail, parce qu’il est à l'origine de la pensée actuelle, celle qui défend que les tissus urbains anciens puissent absorber les fonctions liées à la société actuelle, à condition qu'elles soient compatibles avec la morphologie existante. Ainsi, pour lui, on est autorisés à insérer de nouveaux bâtiments dans leurs formes anciennes tout en respectant leur agencement urbain. En somme, pour Giovannoni, le fragment urbain ancien doit être intégré dans un plan d'aménagement local régional et territorial qui symbolise sa relation avec la vie présente. Il doit être également articulé avec le réseau primaire de l'aménagement tout en respectant le maintien du caractère social de sa population (Choay, 2007 p. 150). La charte d'Athènes7 a donc été fortement influencée par les idées de cet auteur italien. Il s'est distingué lors de la Conférence d'Athènes de 1931 pour la défense du patrimoine en échelle urbaine dans, mais aussi pour sa défense de l'inséparabilité entre monument et environnement. Il soutient que les grandes architectures et celles dites mineures sont complémentaires. Gustavo Giovannoni catalyse, donc, dans son discours, l’idée d’une intégration entre le patrimoine et la vie économique de la ville. Ses idées résumaient, en fait, les discussions qui se

La charte d'Athènes est un document issu du IVe Congrès international d'architecture moderne (CIAM), tenu entre Marseille et Athènes en 1933. Urbanistes et architectes y ont débattu d’une extension rationnelle des quartiers modernes. Cette discussion a contribué aux concepts actuels d’urbanisme. 7


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développaient à l’époque. Cet auteur a eu aussi une expérience pratique importante pour la consolidation de ces concepts. Le Plan régulateur de Bergame de 1936 qui a été conçu selon les idées de Giovannoni, par exemple, propose une fragmentation de la ville basse (récente) qui accueille les nouvelles fonctions et la ville haute historique, suivant les concepts présentés dans son ouvrage Vecchie Città ed Edilizia Nuova8. De cette façon : « la ville historique y est maintenue, dans sa dimension patrimoniale et artistique, et aussi comme lieu de résidence bourgeoise et aristocrate, tandis que les nouvelles fonctions urbaines, l’administration publique, le cœur des affaires et de la vie moderne trouvent place sur les espaces vierges de la périphérie » (Ingold, 2006).

Ainsi nous considérons que cet auteur préconise les notions de conservation intégrée, pratique défendue dans plusieurs recommandations et chartes internationales récentes et qui est la base de plusieurs politiques publiques comme nous le verrons dans les chapitres qui suivent.

Ville, patrimoine et économie : la conservation intégrée comme une nouvelle approche Comme vu précédemment, l’intégration du patrimoine aux politiques urbaines ainsi qu’à l’économie de la ville s’est développé à partir du début du XXe siècle. Pendant des décennies jusqu’à nos jours, ces idées se sont développées et ont souvent été définies par le terme conservation intégrée, expression qui sera présente dans plusieurs documents issus de diverses conventions internationales. Selon Wassenberg, l'idée de conservation intégrée apparait en 1970 au sein de l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe qui recommande au Comité des Ministres d'élaborer une convention-cadre sur la conservation du patrimoine dont les principes seraient de rapprocher le patrimoine aux politiques culturelles et à celles de l’aménagement du territoire. Ainsi, ces principes sont donc définis par la Charte européenne du patrimoine architectural 9 (2013, p. 106). Ce document affirme que :

Gustavo, Giovannoni. "Vecchie città ed edilizia nuova." Unione Tipografica di Torino. Turin (1931). Cet ouvrage issu d’un article de 1913 est considéré comme l'une des premières contributions critiques sur la relation entre les bâtiments historiques, les centres-villes, l'expansion urbaine et sa réorganisation fonctionnelle. 8

9 Adoptée en 1975 par le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe. Le document la valeur commune de l'architecture pour le continent européen. Disponible sur : https://www.icomos.org/fr/chartes-et-normes/179-articles-


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« La planification urbaine et l'aménagement du territoire doivent intégrer les exigences de la conservation du patrimoine architectural et ne plus la traiter de façon fractionnelle ou comme un élément secondaire, comme ce fut souvent le cas dans un passé récent. Un dialogue permanent entre les conservateurs et les aménageurs (planificateurs) est dès lors devenu indispensable ».

La charte affirme aussi qu’on ne doit pas se borner à superposer, sans les coordonner, les règles ordinaires de la planification et celles spéciales de protection des édifices historiques. Elle insiste également sur la nécessité de faire un inventaire de ces biens, qui fournirait ainsi, une base réaliste à la conservation en tant qu'élément qualitatif fondamental pour la gestion des espaces. Concernant l’articulation entre les centres anciens et les nouvelles zones, la Charte affirme que la politique d'aménagement régional « peut en particulier inciter les activités nouvelles à s'implanter dans des zones en déclin économique afin d'enrayer leur dépeuplement et partant d'empêcher la dégradation des édifices anciens ». Il est recommandé aussi que le développement des périphéries des agglomérations soit pensé de façon à atténuer les pressions qui s'exercent sur les quartiers anciens. Pour cela, tout peut être articulé à ce but : les politiques concernant les transports, les emplois et les pôles d'activité urbaine. La conservation intégrée est également traitée par la Résolution 7610. Ce dernier document définit la conservation intégrée comme un ensemble de mesures qui ont pour finalité d'assurer la pérennité du patrimoine culturel immobilier, de veiller à son maintien dans le cadre d'un environnement approprié (bâti ou naturel), ainsi qu'à son affectation et son adaptation aux besoins de la société. Ainsi le document recommande, parmi d’autres mesures, la mise en œuvre d’opérations de restauration, de revitalisation, de mise en valeur et surtout l'intégration des monuments, des ensembles architecturaux et des sites dans le cadre de vie de la société actuelle. La résolution met, ainsi, un accent sur la dimension sociale des biens architecturaux possédant des valeurs patrimoniales. Elle rajoute ensuite la nécessité de leur attribuer une fonction sociale éventuellement différente de leur usage originel dans la condition de leur compatibilité.

en-francais/ressources/charters-and-standards/427-charte-europeenne-pour-le-patrimoine-architectural-1975. Consultation le 20 mai 2020. 10 Sur l'adaptation des systèmes législatifs et réglementaires aux exigences de la conservation intégrée du patrimoine architectural, adoptée par le Comité des Ministres le 14 avril 1976, lors de la 256e réunion des Délégués des Ministres. Disponible sur « https://search.coe.int/cm/Pages/result_details.aspx?ObjectId=09000016804d1892 ». Consultation le 20 mai 2020.


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Ces documents commencent donc par l'argument sociétal pour, quelques décennies après, inclure l'argument économique. Nous pouvons le constater dans La Convention pour la sauvegarde du patrimoine architectural de l’Europe de 198511. Les politiques de conservation y sont traitées dans les Articles 10, 11, 12 et 13. La convention renforce les définitions des documents antérieurs rajoutant des précisions pratiques. Pour éviter les protections restrictives, le texte reconnaît que l'insertion des biens dans la vie contemporaine est une façon efficace de valoriser ces biens. Pour cela, il reconnaît que des adaptations pour réhabiliter les bâtiments anciens à un nouvel usage sont nécessaires, comme par exemple, l’utilisation des nouvelles technologies et l’insertion de structures d’accueil (parking). Le texte de cette convention renforce également le potentiel du patrimoine à contribuer à l'économie et aux questions sociales, étant source d’emplois et revenus. Ainsi nous avons vu à partir de l’évolution de la discussion sur l’insertion du patrimoine dans les politiques urbaines que ce sujet est, en quelque sorte, une question récente et gradative. Elle ne s'est consolidée qu'à partir du début du XXe siècle, au rayon des premières évolutions, jusqu'aux instruments de régulations qui sont des références actuelles. Dans ce domaine, nous avons les cadres réglementaires adoptés dans chaque pays mais aussi les recommandations issues des conventions internationales. Il est important donc de souligner que cette relation n’est pas totalement bénéfique pour le patrimoine. Françoise Choay révèle les points faibles de ce type de pratique, en affirmant que le patrimoine acquiert une double fonctionnalité : il est à la fois un témoin de l'histoire mais aussi un produit culturel ayant un potentiel économique dans l'ingénierie culturelle 12. Il est fondamental donc que la plus-value des biens patrimoniaux ne surpasse pas les enjeux de sa conservation et ses valeurs principales. De cette façon, après avoir pris connaissance de l'expérience d'autres villes, nous aurons des clés cardinales pour une meilleure compréhension des enjeux du territoire stéphanois (région sélectionnée pour une analyse plus approfondie pour les chapitres suivants). Au cours des

Ce document est résultat de plusieurs discussions menées à partir de 1963 par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe qui avait comme but initial de promouvoir une coopération européenne intergouvernementale en vue de la sauvegarde et de la mise en valeur du patrimoine culturel immobilier. Disponible sur « https://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/treaty/121 » Consultation le 20 mai 2020. 11

Françoise Choay présente une analyse critique de ce terme sous l’optique qu’on mobilise des divers agents dans le but d’exploiter les monuments afin dans il multiplier indéfiniment les visitations à partir d’un parcours biaisé que risque de bloquer l’interprétation personnelle des visiteurs. (2007, p. 157). 12


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chapitres et sous-parties qui suivent, nous verrons quelques exemples grâce auxquels nous pourrons mieux constater comment cette relation s’articule dans les faits.

1.2.

La place de l’héritage industriel dans la ville d’aujourd’hui : les différentes méthodes et procédures

Nous avons évoqué précédemment que l’industrialisation est à l’origine de la configuration actuelle de plusieurs territoires ainsi que de son déclin. La fragmentation du tissu urbain généré à partir de ce mouvement de l’activité industrielle laisse des cicatrices qui sont des véritables enclaves pour les décideurs. D'un autre côté, la prise en compte du patrimoine dans l’échelle urbaine est une pratique en cours de mûrissement. Berens affirme que les friches industrielles deviennent souvent un intrus incongru dans la vie contemporaine. Par exemple, les fronts de mer autrefois dominés par des activités de transport de marchandises bloquent désormais les vues et entravent les loisirs. Dans les centres des villes, les quartiers d'usines abandonnés deviennent dangereux et incriminants, à cause de leur rappel au passé industriel souvent tenu comme négatif (2010, p. 43). Malgré toute l’hétérogénéité du patrimoine industriel exposé auparavant, les villes partagent donc ce chalenge de changement de ressenti auprès la population. Depuis les premiers processus de désindustrialisation, nous observons des exemples de réhabilitation de l’espace urbain et des bâtiments de façon ponctuelle, surtout dans des villes essentiellement industrielles dans leur passé. Il est alors intéressant de comprendre comment ces expériences ont évolué et quelles sont les tendances actuelles. Cette observation nous donne quelques clés pour comprendre ce qui peut fonctionner ou non lors d’une prise de décision pendant l’élaboration de projets. Il est donc important de comprendre qu’il existe déjà un répertoire de projets assez intéressant qui peut nous servir comme référence. Nous aborderons aussi de façon brève quelques modèles de stratégies urbaines déjà appliqués par certaines villes. Il ne s’agit donc pas de dresser un catalogue exhaustif de toutes ces initiatives. En effet, nous prendrons comme exemples surtout les cas qui peuvent s’approcher le


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plus de la réalité stéphanoise, qui sera observée dans les deux chapitres suivants. Avant cela, nous discuterons quelques questions heuristiques autour de la réhabilitation de ces biens.

1.2.1.

La difficile consécration du patrimoine industriel et les enjeux de sa réhabilitation Les premières réutilisations des espaces industriels abandonnés se sont produites durant

les décennies qui ont suivi la désindustrialisation. En fait, l’arrivée de l’industrie et son déclin ont eu lieu dans des différentes phases selon les territoires du monde entier. Emmanuelle Real réaffirme cette idée exemplifiant qu’en Grande-Bretagne l'acceptation de ces biens s'est produite à partir des années 50 alors qu'en France les premières réactions basculaient entre le rejet et les démolitions (2015). C'est donc dans ce contexte hétérogène que nous avons vu apparaître des réactions variées face à ces vestiges qui ont témoigné dans la plupart des cas d’une sorte de déni envers ces biens. De plus, il est utile de souligner qu’à cette époque-là (nous pourrions dire qu’actuellement cela se produit encore) l'esthétique industrielle n'était pas reconnue. Ainsi, nous proposons un petit aperçu de quelques réactions ponctuelles à propos de l'héritage industriel et plus précisément, de sa réintégration aux usages contemporains, tout en soulevant quelques questions déontologiques concernant les interventions sur les aspects matériaux de ces types de biens. Nous avons abordé les discussions théoriques sur l'insertion du patrimoine industriel dans la dimension urbaine d’après des auteurs importants dans ce domaine et aussi à partir des documents générés par des discussions internationales. Ces mêmes auteurs et textes sont essentiels pour la constitution d’un ensemble de procédures qui nous rapprochent d’une intervention sur le patrimoine bâti plus respectueuse en ce qui concerne ses valeurs fondamentales. Néanmoins, tous ces textes ont été pensés, dans la plupart des cas, pour des biens architecturaux qui ont des typologies très différentes de celles dont nous discutons dans ce travail. Le patrimoine industriel présente des complexités spécifiques qui exigent que quelques concepts et directives soient adaptés.


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Cela peut aussi s’expliquer par le fait que l'architecture industrielle est un ensemble qui dépasse la question matérielle. Nous ne voulons pas pour cela négliger l'aspect typologique qui présente des particularités singulières dont l’esthétique est en train de retrouver son acceptation. En somme, le départ de l'activité industrielle pose non seulement un problème physique dans l'espace urbain mais laisse aussi une cicatrice sociale qui est, en quelque sorte, difficile à comprendre. C'est pour cela donc que on a assisté à certains cas de démolition de ces types de biens qui ont entraîné des réactions de la part de la population. Ce fait renforce l’importance de la prise en compte de la dimension sociale dans un projet de réhabilitation. C’est donc à partir de ce point de vue que ce travail revient souvent à l'aspect social de la patrimonialisation. Il est fondamental que la procédure ait le soin de réduire les conflits entre tous les acteurs, principalement la population concernée.

1.2.2.

Y a-t-il des règles précises pour la réhabilitation des biens industriels ? Dans l’univers de l’architecture et de l’urbanisme, projeter dans le préexistant n’est pas

une procédure récente. Néanmoins, la prise de conscience des effets de la conception contemporaine et les structures héritées de plusieurs époques est encore une pratique qui entraine des conflits entre les acteurs. Cette thématique est débattue depuis des siècles et le corpus théorique autour de la restauration des bâtiments et son insertion dans la vie contemporaine est assez vaste. Toutefois, on ne peut pas établir des normes de conduite pour la création de l’architecture contemporaine dans le patrimoine bâti. Les approches sont diverses ainsi que les degrés de dénaturation des valeurs patrimoniales. La législation qui protège le patrimoine bâti varie selon les régions et pays. Des normes générales inspirées de ces théories sont établies, mais l’interprétation de ces textes par les différents acteurs peut mener à des actions complètement irrespectueuses du patrimoine. C’est pour cela que, malgré la législation restrictive, d’importants biens sont démolis. Dans les discussions sur les postures d’intervention sur un objet d’intérêt patrimonial ou artistique, il est courant de souligner trois grands points : la lisibilité des interventions, la réversibilité et l’intervention minimale.


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Ces questions ont été débattues par plusieurs auteurs mais on retrouve une consolidation de la discussion à partir des écrits de Cesare Brandi

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. Cet auteur insiste sur la nécessité d'une

perception à l'œil nu de toutes les interventions qu’on prétend faire sur un bien d’intérêt patrimonial. Cela signifie que dans un travail de réintégration de parties manquantes où d’ajouts, ces nouveaux éléments doivent s’intégrer à la structure préexistante quand on la voie de loin, mais que lorsque nous nous approchons, la partie réintégrée doit être perceptible (2001, p. 38). En ce qui concerne la réversibilité des interventions, Brandi estime qu’il est conseillé que les éléments insérés dans une œuvre soient indépendants, permettant leur enlèvement sans endommager la structure préexistante. C’est ainsi que la suppression de structures existantes est déconseillée car la réversibilité de cette action s’avère plus complexe (2001, p. 38). Quant à la défense d'une intervention minimale, l’auteur défend que l'œuvre d'art est un circuit fermé sur lequel nous ne devons intervenir que pour la conserver intacte ou pour renforcer sa structure si celle-ci est en péril. Cette opération doit rester tout de même exceptionnelle (2001, p. 81). Si nous respectons ces principes, nous nous rapprochons d’une action plus respectueuse des valeurs patrimoniales du bien. Dans ce cas, dans une situation future, si nous jugeons que l’intervention a été mal menée, l’usure du bâtiment peut être minimisée. C’est donc en se basant sur ces principes que plusieurs actions de réhabilitation prennent comme choix de projet celui de préserver les structures existantes en rajoutant un nouvel élément, de façon contrastante. Ainsi, on intègre ces nouvelles structures sous le justificatif de donner une touche contemporaine au projet. Ces gestes patrimoniaux empruntent une touche expressive à l’ensemble grâce au contraste des structures. Néanmoins, ce choix doit être tout de même très bien réfléchi pour qu’il ne nuise pas à la lisibilité historique des structures préexistantes. Cette préférence aux nouveaux bâtiments d'expressivité contemporaine provoque des conséquences souvent désastreuses sur le patrimoine : l'insertion peu soucieuse ou même la démolition. Les polémiques donnent de la visibilité aux projets, et c'est parfois le but à atteindre.

Italien de la ville de Sienne, a commencé à travailler dans le domaine de la conservation et de la restauration des œuvres d'art dans les années 1930 dans un contexte historique où l'Europe discutait de la restauration des œuvres détruites par la Seconde Guerre mondiale. Fort de son expérience, il a produit de nombreux travaux théoriques dont l’un des plus importants en matière de conservation et de patrimoine : Théorie de la restauration, de 1963 13


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Pour tout cela, il est très important de respecter les limites imposées par la préexistence pour éviter de faire de la ville, un défilé de marques d’intérêt divers. Le choix des éléments à conserver, est un des points les plus complexes à traiter lors d’une intervention sur un bien industriel. Dans la plupart des cas, l’ensemble qui compose un parc industriel présente une complexité structurelle et d’équipements qui rend difficile la conservation de tous les éléments sur place. Pour lui donner une nouvelle fonction, il est parfois nécessaire de déplacer certains éléments ou même de démolir des parties, bien que ces actions doivent être exceptionnelles et très bien réfléchies. A ce sujet-là, nous pouvons rappeler Alois Riegel, auteur déjà cité antérieurement, quand il définit les différentes valeurs qu'un monument peut présenter, en relation avec son expression historique, son esthétique, son utilisation contemporaine, entre autres. De telles significations entrent en conflit lors d'une éventuelle intervention, car le respect d'une certaine valeur implique l'ingérence d’une autre. Riegel, cependant, ne présente pas une formule absolue pour la résolution de ces conflits. Il suggère une analyse à distance pour ensuite déterminer quelle dimension devrait être considérée comme une priorité et comment ne pas négliger les autres valeurs. (2014) En ce qui concerne les discussions internationales, nous pouvons citer la Charte de restauration de 1972, établie par le ministère de l'Instruction publique de l'Italie et qui étend les principes directeurs en matière de restauration aux œuvres de toutes sortes. Ce document, renforce tous les concepts ici discutés et condamne dans son article 6 le faux historique et stylistique, ainsi que les suppressions et démolitions d'éléments importants de l'œuvre, sauf lorsqu'il s'agit d'ajouts qui nuisent aux valeurs historiques de l'œuvre (IPHAN, 1972). La Charte de Burra, issue du Conseil international des monuments et des sites, tenue en Australie, ajoute que les adaptations de l'usage dans les bâtiments ne doivent pas détruire leur signification culturelle et que les changements d'utilisation doivent être compatible avec la structure préexistante (ICOMOS, 1988). Pour illustrer cette discussion, analysons quelques cas pratiques à partir des réhabilitations observées et documentées dans les annexes de ce travail. Un exemple qui illustre l’ampleur de


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points tels que la lisibilité de l’intervention est la réhabilitation de la Manufacture d'armes de SaintÉtienne (annexe V)14 qui sera mieux discutée dans le chapitre III. A la même époque, un des exemples les plus célèbres du genre est le musée Tate Modern à Londres, réaménagé dans une centrale électrique désaffectée (annexe IV) et où les nouveaux bâtiments s’intègrent aux préexistants respectant le principe de la lisibilité mais qui ne cherchent pas de contrastes intempestifs. Nous retrouvons aussi des exemples issus des premières expériences de réhabilitation dans les années 70 et 80 qui sont des références pour ce type d’opération. Un exemple analysé dans ce travail et qui représente une bonne référence de respect des principes de lisibilité, d’intervention minimale et de réversibilité est le SESC Pompéia (annexe V). Ce projet a cherché une harmonie dans l’insertion des nouveaux bâtiments, qui, malgré l’insertion de volumes proportionnellement expressifs, n’a pas créé un conflit avec les volumes préexistants. Cette intervention était ponctuelle au départ, c’est-à-dire, elle n’avait pas eu la prétention de changer la dynamique du quartier. Néanmoins, grâce à sa réussite et à son acceptation sociale, elle a eu comme conséquence la transformation du quartier de son quartier en lui empruntant une vocation culturelle qui est toujours vivante. Un autre projet de cette époque qui reste toujours une référence, est la réhabilitation des usines Fiat à Lingotto en Italie (annexe III). Dans cet exemple, il est intéressant de l’analyser en tant qu’une des premières réactions dans le choix de la mixité d’usage, stratégie très utilisée actuellement et qui permet de redynamiser le parc industriel. Cette diversité d’usage attire un public divers qui fréquente le site de manières multiples. Cette procédure peut être un important outil de projet dans les sens où nous avons plus de possibilités d'utiliser la structure existante sans la remanier excessivement. Ces exemples et les autres que nous avons analysé nous amènent à la réflexion que la meilleure façon de réanimer le patrimoine bâti est d’en faire un élément actif de la vie moderne.

Cet exemple sera mieux discuté dans le chapitre deux, quand nous analyserons les principales interventions menées dans le territoire stéphanois. À l'occasion nous essayerons de comprendre les effets positifs et négatifs du choix de ce projet qui a suscité des polémiques. 14


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L'architecture est d’ailleurs un outil très puissant pour attirer le tourisme, les capitaux, des résidents. C’est pourquoi elle est souvent utilisée comme moyen de marquer une gestion politique. Dans les sites industriels il est souvent commun que les bâtiments n’aient pas une valeur esthétique remarquable. Toutefois, leur conservation a un intérêt historique et symbolique. C’est pour cela que le projet de restauration doit avoir le souci de ne pas dénaturer le complexe à travers de démolitions et substitutions arbitraires. De même, les extensions peu réfléchies nuisent également à la composition de l’ensemble. Enfin, Il ne s’agit pas de tout conserver, mais d’identifier les éléments qui caractérisent l’œuvre et ensuite trouver un moyen de les travailler de façon respectueuse. De plus, fa restauration du patrimoine industriel doit être faite dans sa totalité et pas de façon morcelée, la conscience de son aspect général est donc fondamentale pour une bonne lecture de ce qu’on doit préserver ou pas.

1.2.3.

Que faisons-nous de ce patrimoine aujourd'hui ? Plusieurs sites industriels désaffectés sont situés dans des régions en mutation, cela

implique que ces espaces se retrouvent souvent en situation de vulnérabilité face aux transformations urbaines provoquées par la dynamique en cours. Il est nécessaire aussi de réfléchir aux cas des structures diverses telles que le chemin fer et d'autres équipements dont la typologie ne permet pas une réaffectation simple. Les sites qui s’inscrivent dans cette situation doivent donc être inscrits dans une approche plus globale intégrant les stratégies urbaines locales et intercommunales. Ainsi nous verrons à partir de l'observation de quelques exemples, quels sont les tendances pour l'insertion du patrimoine industriel dans les dynamiques urbaines contemporaines.

Les nouveaux médias la valorisation de l’esthétique industrielle Un phénomène actuel qui touche le patrimoine industriel de façon assez intrigante est l’intérêt pour son esthétique à partir de la photographie diffusée sur Internet et les réseaux sociaux.


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Sur des plateformes telles qu’Instagram et Facebook, nous pouvons remarquer que le patrimoine industriel est, en quelque sorte, contemplé par le public à partir de la prise des clichés présentant souvent des points de vue originaux. Ces images cherchent à mettre en valeur des détails et surtout l’aspect vétuste des bâtiments en tant qu’éléments qualifiants la photo. Plusieurs de ces clichés présentent des gros plans des couleurs et textures des briques ; de la rouille des surfaces ; des détails des équipements et structures métalliques et aussi la végétation qui reprend sa place dans les bâtiments souvent abandonnés. Les photos ci-dessous témoignent de cette réflexion. Il est intéressant aussi d'observer que ces photos révèlent non pas des exemples de patrimoine industriel emblématiques mais plutôt au contraire, des endroits peu connus.


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Figures 5, 6 et 7 : captures d’écran des publications sur Instagram ayant comme hashtags #industrialheritage et #patrimoineindustriel. En haut de chaque image nous retrouvons les usagers auteurs de chaque photo ainsi que sa localisation. Consultation le 05 juin 2020.


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Un autre outil contemporain qui révèle ces aspects du patrimoine industriel est l’urbex (exploration urbaine). Il s'agit d'une activité d'exploitation d’endroits insolites de l'espace urbain, surtout les espaces abandonnées de toutes sortes. La catégorie patrimoine industriel y est une des principales. Les pratiquants accèdent aux espaces de façon autorisée ou non, non seulement pour le registre photographique mais aussi pour la pratique d’activités comme l'escalade, la randonnée, etc. Il s’agit donc d’une certaine façon, d’une lecture alternative du patrimoine urbain et du tourisme, vu qu’il existe déjà des flux de personnes qui se déplacent pour exploiter des espaces insolites d’ailleurs. Les registres de ces expériences sont également diffusés sur Internet et réseaux sociaux, expositions ou même sur des ouvrages qui regroupent ces clichés. Ces nouvelles pratiques, malgré le fait d’être dans la plupart des cas clandestines, représentent un moyen original et utile pour la diffusion de la diversité typologique et géographique d'exemples de l’héritage industriel. Une autre conséquence de ce phénomène pourrait être la dénonciation de l’état de dégradation d’importants exemplaires du patrimoine bâti en général.

La reconversion en lieux culturels L’usage culturel dispose aussi de techniques de mise en valeur diverses et élargies par le numérique. Dans les exemples analysés nous avons remarqué qu’il est souvent commun la mise en place d’un projet d’éclairage des équipements qui restent sur place. Cette alternative permet une mise en valeur actualisée et qui ne nécessite pas de grandes modifications dans la structure des bâtiments et outils. Néanmoins, quand ces projets ne prévoient pas une intégration de l’héritage matériel et immatériel, cela risque de signifier une intervention vide de sens et non engagée pour la valorisation. Analyser ces transformations est une tâche assez complexe mais on peut toutefois souligner des aspects importants, comme la compatibilité des typologies, c'est-à-dire, comment les espaces antérieurs peuvent servir à la nouvelle fonctionnalité. C’est pourquoi la fonction culturelle se présente comme une des réaffectations les plus utilisées grâce à sa facilité d’adaptation. Les opérations de reconversion peuvent varier selon la fidélité au bâtiment d'origine, on trouve des interventions conservatrices où l'architecte essaie de comprendre la logique spatiale de l’édifice ou celles des changements radicaux. Même dans les interventions plus conservatrices,


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des changements minimums sont nécessaires. Or, les fonctionnalités actuelles sont différentes et exigent une adaptation aux normes actuelles de sécurité, d’accessibilité, elles doivent accueillir les systèmes actuels de climatisation, de stationnement, d'accueil du public et dans les cas des musées, par exemple, la billetterie, et la boutique.

L’influence des acteurs et ses conflits Le devenir de l'héritage industriel est étroitement lié aux acteurs qui sont concernés directement ou indirectement. L'intervention sur un bien de cette catégorie peut entamer des grands conflits entre les partis concernés. Le défi du réaménagement des zones anciennement industrielles se trouve aussi dans le fait que ces projets doivent aligner les répercussions économiques à court et long terme, les possibilités des mutations du secteur véhicule en plus de l'appellation esthétique du projet. La dimension économique du projet est un des facteurs les plus déterminants. C’est pour cela que les acteurs jouent un rôle important. Berens affirme que l’opinion populaire opte souvent pour les parcs plutôt que pour les usages privés, mais cette utilisation publique implique des dépenses non seulement au moment de la construction mais aussi l’entretien (2010, p. 43). Les divers intérêts varient aussi selon chaque acteur.

Ces disparités peuvent être

observées selon les divers degrés de compromis avec les questions patrimoniales, sociales, économiques et surtout sur le choix du nouvel usage. C'est pour cela, donc, que l'appartenance du site est un facteur qui joue un rôle important pour son avenir. En général les acteurs privés s’impliquent dans des initiatives qui demandent un grand investissement mais qui peuvent rapporter un profit compensateur. D’un autre côté, les actions menées par les pouvoirs publics ont, généralement, des configurations plus stratégiques. Etant responsable dans la plupart des cas, des parcs qui ont une influence plus importante en échelle urbaine, les administrations locales et collectives ont une tendance à mener des projets de grande complexité. Ces actions se basent sur la mixité d’usage et regroupent ainsi plusieurs activités de caractère culturel, commercial, bureautique, de logement et surtout intègre dans le projet des


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aménagements extérieurs qui permettent l'accès de toute la population au site. Cette intégration de ces espaces dans la vie urbaine est important pour garantir un retour social à la population. Dans ce contexte, les associations diverses se révèlent être aussi, des actrices importantes pour la régulation des valeurs patrimoniales de ces lieux. En fait, elles sont des véritables défenseuurs volontaires de la mémoire. Dans ce domaine, nous prenons comme un exemple concret le cas de l’Emscher Park qui a compté avec une multitude d’associations dans le domaine de l’architecture et du patrimoine (annexe II). La restauration de certains types de structure en état de dégradation avancé (surtout celles en métaux) nécessite dans ces cas l’initiative de plusieurs acteurs au-delà des pays car les contraintes budgétaires de ce type d’opération sont importantes.


CHAPITRE II

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Source : Lizianne Torres

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II. L’empreinte industrielle dans physionomie du territoire stéphanois et sa genèse À partir des réflexions précédentes, nous avons observé que l'héritage industriel est un enjeu majeur pour plusieurs territoires ayant un passé expressif dans ce domaine. Nous avons aussi remarqué que la reconnaissance de la valeur de cette activité dans l'espace urbain est un enjeu assez récent et en cours de développement. La complexité du patrimoine industriel de l’agglomération stéphanoise se présente sous plusieurs formes : dans la façon dont ces territoires ont été dessinés suivant l'évolution de l'industrie ; dans la transformation du paysage que chaque secteur d’activité a imposé (comme par exemple, les crassiers, les voies ferrés) ; le bâti qui est une des expressions les plus éloquentes et qui comprend des équipements d’expression significative tels que les puits, les cheminées parmi d’autres éléments qui constituent des marqueurs urbains ; les équipements plus endogènes dans le sein des bâtiments et surtout l’héritage dit immatériel, présent dans la mémoire ouvrière et dans le savoir-faire et sa transmission. Ainsi, une analyse plus ciblée d’un territoire nous permettrait de mieux comprendre ces phénomènes. C'est pourquoi le territoire de Saint-Étienne - le contexte géographique où cette recherche se développent - est un laboratoire privilégié pour ces types d'observations. Nous proposons une réflexion sur ces aspects du territoire qui est marqué par diverses empreintes de l'activité industrielle et qui vit des transformations urbaines importantes. Pour ce faire, nous observerons dans ce chapitre les principaux points qui déterminent l’identité de la région en ce qui concerne le patrimoine industriel. Nous essayerons donc de comprendre les bases de la vocation industrielle du territoire. Comme méthodee, nous analyserons des ouvrages et des articles qui traitent de l'histoire industrielle du territoire et des premières politiques urbaines qui touchent le type de patrimoine sur lequel nous nous concentrons. Nous intégrons aussi dans la construction de notre point de vue, des visites de terrain faites tout au long des deux années universitaires correspondantes à ce master ainsi que les visites réalisées pour le stage en cours dans la mission de l'inventaire patrimonial de la commune.


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2.1.

L’ampleur et la complexité de industriel de la région stéphanoise

l’héritage

Pour comprendre les aspects urbains et sociaux actuels de la ville de Saint-Étienne (ainsi que de toute la métropole), il est nécessaire de revenir à son processus d’industrialisation et désindustrialisation. Ces deux mouvements sont fortement responsables de la genèse de la ville telle comme on la connaît après des successives transformations subies depuis ses premiers tracés. Il est pertinent de souligner que nous n'avons pas la prétention de présenter l’histoire complète de l'industrialisation du territoire. Cependant, nombreux sont les ouvrages qui le font de façon honorable et même illustrée de précieux registres iconographiques. Nous nous limiterons, dans ce travail, à commenter de façon non linéaire des aspects importants pour la construction de l’héritage industriel du territoire et ses vestiges dans une échelle étendue au complexe urbain qui compose la métropole. Le but est donc de renforcer l'importance des industries pour la configuration de la région. Nous nous intéresserons à quelques marqueurs urbains importants de ces activités diverses qui sont présents dans l'actualité des villes de la métropole.

2.1.1 – les débuts de l’activité industrielle dans le territoire L’histoire industrielle de la métropole de Saint Etienne est fortement liée aux conditions naturelles. Les cours d'eau, le relief du territoire et des ressources de qualités telles que la houille et le charbon ont créé des conditions favorables au développement d’activités diverses qui ont eu leurs débuts avant même la Révolution Industrielle. C’est donc pour cela que la délimitation historique de ce travail est étendue à ces registres des multiples productions développées dans le territoire. Placé entre le Rhône et la Loire, le bassin trouve les origines de son caractère productif bien avant la Révolution Industrielle. Le territoire relie trois grandes vallées (Gier, Furan et Ondaine) et leurs principales -vallées les adventices (Couzon, Dorlay, Cotatay et Semène). A partir du XV siècle, dans ces endroits on voit surgir des ateliers métallurgiques dont la


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole production était diverse. Ces produits étaient réputés pour leur qualité et bénéficiaient justement de la production charbonnière et de la houille. La région est aussi une position stratégique de communication avec les principaux ports sur les façades méditerranéennes et atlantiques lors des échanges liés au commerce ou à la guerre. La présence du charbon, par exemple, a été déterminante pour le développement de l’activité minière qui a été une des principales de la région. L'exploitation du charbon de qualité est attestée dès le XIV siècle et au XVIIIème siècle, Rive-de-Gier devient le principal bassin minier de la France. L’exploitation de la houille se développe dans la vallée de l’Ondaine autour de Rochela-Molière (Peyre, 2006, p. 14). Mais, cette activité n’a pas été la seule responsable de l’essor industriel du territoire. Il s’agit aussi d’un des bassins houillers les plus importants du pays dont l’exploitation date de plus de cinq siècles. Selon Philippe Peyre, ces ressources ont été attestés dès le XIVème siècle, son exploitation connaîtra son apogée à la fin de la première moitié du siècle de l'industrie. La houille va attirer et fixer sur le territoire des grandes industries de la métallurgie et verrerie (Ibid., p. 13). Dans les centres urbains de fond de vallée nous voyons apparaitre précocement les ateliers de production de textile et d’armes. Ce fait est aussi lié à la proximité du marché lyonnais de la soie. Par exemple, l'arrivée du premier métier à filer la soie à la bolognaise arrive en 1536 à Pélussin. Donc, les activités développées dans le territoire ont été diverses. Tandis qu’autour de Saint-Etienne, la manufacture d’armes a fait en sorte que cette activité soit une des principales de l'Ancien Régime, les fonderies s'installent dans les vallées du Gier de l’Ondaine. Le textile a été également une activité fondamentale de la métropole dont on voit les traces dans l'espace urbain à partir des ateliers passementiers qui marquent le tissu urbain de plusieurs communes. Du travail de la soie on voit surgir des activités de moulinage au long du Dorlay. De la métallurgie, nous pourrons aussi citer d’autres productions importantes, telles que la papeterie dans la vallée de la Semène et la verrerie à la houille entre Givors et Rive-de-Gier, la quincaillerie à Sorbiers (Ibid., p. 14). La présence de gisements d’argile dans le Fores a aussi rendu possible la production de tuiles et de briques plus au nord du territoire, à Saint-Bonnet-Les-Oules et Andrézieux-Bouthéon.


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole C'est ainsi que, le territoire se développe avec ces conditions géographiques qui seront déterminantes pour son urbanisation (voir figure 8). C’est justement cette confluence d’éléments qui ont forgé le genius loci du territoire.

Figure 8 : Le rapport entre les cours d’éau, le paysage et l’occupation du territoire de la métropole. Source : EPURES, agence d’urbanisme stéphanoise.

2.1.2 – L’essor industriel, ses empreintes sur l’espace urbain et typologies Suite à cette période que l'on pourrait appeler préindustrielle, nous assisterons au grand essor de l’activité industrielle du territoire. La production qui se développait au cours des derniers siècles s’intensifie alors avec la Révolution Industrielle, phénomène qui a bouleversé plusieurs autres pays. Le territoire stéphanois va donc s’affirmer dans les activités qui se sont développées au cours des siècles précédents. C’est justement à partir de cette époque qu’on voit des transformations plus importantes de l’espace urbain et du paysage. Le développement de l’industrie a eu, comme conséquence directe, des influences sur le traçage des voies et surtout sur le conditionnement de l’espace naturel dans le but de vaincre certaines contraintes telles que le relief accidenté, les cours d’eau, etc. Dû au développement de plusieurs activités industrielles différentes telles que la manufacture, l’exploitation minière et la production textile, nous retrouvons dans le milieu urbain du territoire stéphanois plusieurs traces de ces activités. Ces vestiges s’expriment non seulement dans la maille urbaine et viaire du territoire mais aussi dans le paysage et l’architecture. Nous


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole illustrerons donc quelques éléments représentatifs de l’activité industrielle de la région à partir de quelques exemples emblématiques selon les principaux secteurs d'activité et aussi selon les morphologies architecturales les plus courantes et marquantes dans les milieux urbains de la zone ici étudiée.

L’activité textile Considérée comme une des activités principales du territoire, la production passementière et d’artisanat du textile de haute qualité a beaucoup contribué au développement des centres urbains de la métropole. La production se retrouve dispersée dans des centres urbains à partir des ateliers passementiers présents dans plusieurs des quartiers de Saint-Étienne et aussi dans d’autres communes telles que la Fouillouse, Saint-Jean-Bonnefonds, Fontanès, Saint-Genest-Lerpt, etc. Ces immeubles sont donc des empreintes très marquantes pour l’identité de ces quartiers. Sur le plan typologique, ils sont normalement identifiables par leur implantation, généralement jumelés avec d’autres bâtiments de même fonction, formant des enfilades alignées au bord de la route (voir figure x). La façade est généralement sobre, ordonnancée en travées rythmées. Au fond de la parcelle nous retrouvons des jardins-terrasses. Un des éléments le plus important de l’arrière des bâtiments est la hauteur des baies verticales des parements. Ces éléments indiquent des espaces intérieurs volumineux et qui permettaient l’installation des métiers à tisser de l’époque qui faisaient plus de trois mètres de hauteur. Ces grandes ouvertures étaient aussi fondamentales pour l’entrée de la lumière à l’intérieur du bâtiment. Or l’activité exigeait le maximum de clarté de l’aube au crépuscule. La plupart d’entre eux sont situés sur des territoires collinaires de la ville, ce qui les rend d’importants points de repérage du paysage (voir figures 9 et 10). Malgré leur présence marquante dans les centres urbains de la métropole ces bâtiments, dans la plupart des cas, ne font pas objet d'une protection plus restrictive qui empêche des remaniements intempestifs. Plusieurs exemplaires de cette typologie sont actuellement modifiés pour les adapter aux exigences actuelles des logements mais de façon très nuisible à leur lisibilité historique.


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole À l’industrie textile nous pouvons associer plusieurs typologies architecturales selon l'activité est aussi l’échelle de la production. Les industries peuvent être des grands complexes architecturaux ayant des typologies facilement intégrées à l'espace urbain, comme par exemple le parc Giron 15. Associé à cela, nous pouvons aussi citer divers autres immeubles dont l'architecture est remarquable dans la ville et qui sont destinés aussi à la négociation de la production des rubans et de la soie (voir figures 11 et 12). Également, des immeubles ayant la même destination sont très repérables dans l’espace urbain grâce à leur styles art nouveau et art déco. Les immeubles se retrouvent dispersés dans les centres urbains surtout à Saint-Étienne.

Cet exemple sera mieux discuté ultérieurement dans ce chapitre, lors de l’observation des premières activités de réhabilitation menées dans le territoire. 15


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Figure 9, enfilade d’ateliers passementiers rue de la République, à Saint-Genest-Lerpt. Photo : Lizianne Torres. / base inventaire EPURES. Juin 2020.

Figure 10 : enfilade d’ateliers passementiers rue de Saint-GenestLerpt vue de Roche-la-Molière. Photo : Lizianne Torres / base inventaire EPURES. Juin 2020


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Figures 11 (à gauche) : Immeuble rue Saint-Jean à Saint-Etienne. Photo : Lizianne Torres. Mai 2020.

Figure 12 (à droite) : Immeuble rue de la République à Saint-Genest-Lerpt. Photo : Lizianne Torres / base patrimoine EPURES. Juin 2020.


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Les grandes structures industrielles de l’activité textile peuvent aussi présenter des typologies diverses, comme par exemple la toiture en shed. Cette typologie est un véritable cliché des bâtiments industriels et peut se retrouver dans plusieurs types de production. Ces structures permettent l’installation des points d’éclairage et de ventilation naturels dans les espaces intérieurs de façon plus hétérogène que les ouvertures placées dans les murs. Ces propriétés spéciales permettent une relative facilitée lors d’une opération de réaffectation. La typologie en shed est un signe architectural remarquable et peut être source d’idées créatives pour des projets contemporains. Le shed joue un rôle important dans l’aspect extérieur des édifications et c’est une solution très intéressante pour distribuer l’illumination naturelle dans l’intérieur des bâtiments de larges espaces. Le fait de permettre une ouverture en hauteur provoque aussi l’effet d’exhaustion de l’air chaud. Malgré ces aspects, ces structures méritent encore une meilleure reconnaissance de leurs valeurs patrimoniales, évitant ainsi leur disparition (voir figures 13 et 14).

Figures 13 et 14: Démolition des ateliers en shed et de la cheminée de l’usine Giron. Source : Archives municipales de Saint-Etienne (apud BESSE, 2005).

L’exploitation minière Certaines activités industrielles impliquent d’importantes modifications urbaines et paysagères ainsi que des structures et bâtiments bien caractéristiques, permettant ainsi une identification immédiate du secteur d’activité. C’est le cas des industries minières. Cette activité produit une interférence d‘échelle urbanistique et un grand impact naturel. Il s’agit d’un ensemble d’éléments principaux et secondaires de la production composé de voies, de


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole chemins de fer, de crassiers et de bâtiments divers liés à la production, à l’administration et à la vie ouvrière. À partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, l’exploitation minière commence son expansion. Ayant ses débuts à Rive-de-Gier et Genilac, elle se développe ensuite sur SaintEtienne et les villes voisines comme Villars, Saint-Genest-Lerpt, Roche-la-Molière, Saint-JeanBonnefonds, Saint-Priest-en-Jarez, Sorbiers, La Talaudière. L’activité a été aussi importante dans la vallée de l’Ondaine. L’activité minière dessine dans l'espace urbain un complexe qui dépasse les limites de l'endroit où l'extraction se déroule. Au-delà de tout l’ensemble de machines et équipements nécessaires pour son exploitation et son transport, nous citons aussi toute une gamme de structures complémentaires qui peut être à la proximité des sites ou pas. De même nous rappelons le remaniement du paysage à partir de la construction de voies ferrées et de la formation des crassiers. Ces derniers sont le résultat de l’entassement des schistes issus du lavage du charbon et deviennent donc des éléments remarquables dans l’entourage de ces zones d’exploitation minière (voir figure 16). Un des équipements les plus marquants du paysage est le chevalement (figure 15). Pierre Fluck le définit comme une structure verticale qui coiffe l’orifice d’un puits dont la fonction principale est de supporter les molettes, « c’est-à-dire les énormes poulies à gorge qui supportent et guident les câbles de traction des cages, actionnés par la machine d’extraction généralement placée dans un bâtiment à part » (2017, p. 271). Selon cet auteur, on dénombrait 916 puits dans le seul bassin de la Loire, autour de Saint-Étienne et Rive-de-Gier (Ibid., p. 271). Malgré l’importance des mines dans la conformation urbaine des villes qui ont vécu ce type d’exploitation, plusieurs d’entre elles sont actuellement désaffectés et leurs structures sont en état de dégradation avancée. En fait, il est toujours difficile de réaffecter ces types de structures pour des fonctions contemporaines en raison tout d’abord, de leur typologie mais aussi à cause des conditions sanitaires très contraignantes pour l’adaptation aux nouvelles exigences de sécurité et aux contraintes techniques actuelles.


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Figure 15 : Chevalement du site Couriot à Saint-Etienne. Photo : Lizianne Torres. Juillet 2019.

Contrairement à cela, des bâtiments « secondaires » tels que les cités ouvrières et les bâtiments administratifs, sont facilement réaffectées surtout dans des villes en situation économique difficile qui subissent des crises de logement. Dans ces cas, le problème se trouve dans les conditions sanitaires de ces bâtiments. Même en ayant des configurations propices à de nouveaux usages, ces bâtiments nécessitent certaines adaptations.

Figure 16 : Crassier vu du quartier Bergson à Saint-Etienne. Photo : Lizianne Torres. Juin 2020.


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L’activité sidérurgique Ainsi comme l'exploitation minière, la sidérurgie représente tout un complexe très important pour le territoire surtout grâce à la diversité de ce type de production. Comme écrit auparavant, le développement de cette activité est intimement lié la disponibilité de la houille et du charbon de haute qualité dans la région. Ainsi, ces deux conjonctures sont complémentaires et cela peut justifier leur force dans la métropole. Parmi les grandes structures de productions sidérurgiques, nous retrouvons des éléments qui représentent les clichés les plus répandus de l’activité industrielle en général, comme les fours et les cheminées. La présence de ces éléments souvent verticaux renvoie à l’existence d’une activité industrielle même si nous ne pouvons pas identifier dans un premier moment sa nature. Ils sont proéminents sur les photos des anciennes cartes des paysages industriels et normalement sont accompagnés de l’image de la fumée et de la pollution, ce qui impose une impression négative sur ces éléments. Quant à leur typologies et matière primaire, elles sont diverses et accompagnent l’évolution des techniques. Elles sont présentes dans plusieurs secteurs d’activité et c’est pourquoi il existe une multitude de formes pour ces éléments. Parmi les structures datant des dernières décennies, les halles représentent une typologie largement utilisée dans l’industrie. Elles peuvent abriter des diverses sortes de production. Les halles évoluent aussi selon la technique de construction de l’époque. D’après Fluck « les formes sont très simples, à toiture en bâtière quelquefois rehaussée d’un lanterneau sur toute la longueur de l’arête, pour procurer de la lumière et/ou de l’air » (Ibid., p. 230). Il s’agit des structures à volume unique qui permettent, grâce au grand espace à l’intérieur en largeur et hauteur, une grande variété d’affectations industrielles. Ces types de bâtiment permet une réaffectation assez facile sans le besoin de grandes modifications de la structure originale.


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Figure 17: Ancienne Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt. Photo : Lizianne Torres. Février 2020.

Dans la région ici étudiée, l’activité sidérurgique a été donc responsable pour un grand nombre des structures industrielles du territoire. Certaines sont toujours en activité, d’autres ont retrouvé une nouvelle affectation et beaucoup d’entre elles sont désaffectés ou en état de friche. Qu'il s'agisse de petits ateliers ou de bâtiments imposants dans l’échelle urbaine, dans le niveau matériel, cette activité a beaucoup marqué l’espace urbain du territoire. Comme des représentants emblématiques situés dans la métropole, selon EPURES (2020), nous pouvons citer : •

La compagnie des forges et aciéries de la Marine et des chemins de fer fondée en 1882 par Pétin et Gaudet, qui deviendront aciéries de la Marine et d’Homécourt avec la guerre de 14-18, puis Giat à Saint-Chamond. Il s’agit de l’une des plus puissantes firmes Françaises du 19ème siècle et début du siècle suivant (voir figure x) ;

L’usine des étaings à Châteauneuf par les frères Marrel en 1853, à la confluence du Guièse et du Gier à la place d’anciens moulins ; La Compagnie des forges et fonderies de la Loire et de l’Ardèche à Terrenoire (qui fournira en 1840 la moitié des rails Français), les Aciéries de Firminy (1854) assurant la production de rails et matériel ferroviaire ;


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole Les usines Fourneyron et Claudinon (première aciérie de la région Stéphanoise en 1815) à Trablaine au Chambon-Feugerolles, Les grandes aciéries Holtzer et Verdié, créées par J. Holtzer maître étireur à Unieux (EPURES, 2020). L’héritage industriel de l’activité sidérurgique est surement beaucoup plus vaste que les exemples énumérés ci-dessus. Ce travail ne prétend pas faire une citation exhaustive des biens industriels de la région. Pour cela nous rappelons que les ouvrages de Peyre (2006) et Sodezza (2014) fournissent un répertoire assez vaste pour l’ensemble de ces biens. En ce qui concerne les grandes manufactures de la région il est nécessaire de citer l’importance de la Manufacture d'armes de Saint-Étienne (MAS) et de la Manufrance dû à leur importance non seulement pour la région mais aussi à échelle nationale voire mondiale. Ces deux industries ont été fortement représentatives dans le territoire et représentent aujourd’hui d’importants marqueurs urbains dans la ville de Saint-Etienne. Nous traiterons de leur réhabilitation dans le chapitre 3 de ce travail. Nous n’oublions pas plusieurs autres structures très importantes pour le territoire et qui ont contribué à la configuration urbaine du territoire tout autant que celles qui ont été cités dans ce texte. En bref, nous pouvons citer également l’importance des habitats ouvriers et sociaux sous la forme des cités ouvrières et minières, les cités jardins (voir figure 18) 16. Comme d’autres types de constructions liées à l’activité industrielle et qui ont des typologies plus intégrées dans les centres urbains, nous pouvons citer les hôtels particuliers, les maisons patronales mais aussi, les bâtiments servant à l’assistance des ouvriers en ce qui concerne la santé, les loisirs, la culture, l’alimentation, l’hygiène, les caisses, l’éducation, les lieux de culte, etc... Ce travail traite plutôt des aspects matériels de l’activité industrielle. Néanmoins, il est nécessaire aussi de considérer les phénomènes sociaux liés à l’industrialisation. Nous reconnaissons que le patrimoine matériel est inséparable de ses aspects immatériels. En termes

« Le modèle «Cottage Stéphanois» date des années proposant de remplacer l’apport en argent, en apport en travail, permettant à des salariés modestes, sans apport initial d’accéder à la propriété. Mais le plus connu d’entre eux est celui des sociétaires «Castors» dont tous les membres sont solidaires, chacun d’entre eux construisant tour à tour, la maison de chacun des membres » (EPURES, 2020). 16


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développement territorial : Le cas de Saint-Etienne Métropole de mémoire ouvrière, le lègue industriel présente une complexité aussi diverse que les bâtiments et équipements. Plusieurs conflits sociaux que nous connaissons aujourd'hui sont aussi le fruit de l’industrialisation. En effet c'est durant cette époque ouvrière que naît le syndicalisme et la mise en place, enfin, du suffrage universel donnant la voix petit à petit aux classes sociales les plus basses. En bref, nous avons traité dans cette section plusieurs éléments qui sont notables dans l’architecture industrielle. Cependant, les structures ici évoquées représentent juste une petite partie du vaste univers formel de cet héritage. C’est pourquoi nous ratifions l’importance du patrimoine industriel bâti de la région stéphanoise comme un important déterminant de la conformation du territoire.

Figure 18 : Les « Castors » de Combeplaine à Saint-Joseph. Photo : Lizianne Torres / base inventaire EPURES. Février 2020.


CHAPITRE III

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Source : Lizianne Torres

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III. L’évolution des politiques urbaines portant sur le patrimoine industriel de Saint-Étienne et ses enjeux actuels Le territoire de Saint-Étienne métropole a un rapport paradoxal avec son passé qui bascule entre le rejet et la fierté. L’appellation de ville noire est toujours très forte mais il est clair que nous voyons de plus en plus d'initiatives qui vont dans le sens contraire, abordant le passé fondateur de ces communes comme une trait identitaire. Nous reconnaissons que ces défis sont complexes dû à la mémoire négative et aux cicatrices urbaines que les industries ont laissé dans le paysage et dans l'espace urbain. Nous rajoutons à ces aspects de façon non exhaustive le fait qu’il est toujours difficile de mettre en valeur les patrimoines plus récents. Après une période d’essor de l'activité industrielle, plusieurs pays ont été confrontés au processus de désindustrialisation. Ce déclin a été résultat de plusieurs phénomènes qui ont bouleversé l'économie mondiale et, par conséquence l’espacer urbain. Selon Françoise Choay : “l’héritage industriel désaffecté pose deux types de questions, de nature et d’échelle différentes. D’une part, les bâtiments individuels, souvent de construction solide, sobre, et d’entretien facile, sont aisément adaptables aux normes d’utilisation actuelles, et se prêtent à des usages, publics et privée, multiples […]. En revanche, ces marques anachroniques que sont les friches industrielles, les puits et carreaux de mines désertés, les terrils, les docks et les chantiers navals abandonnés, ont d’abord une valeur affective de mémoire pour ceux dont, depuis des générations, elles étaient le territoire et l’horizon, et qui cherchent à ne pas être dépossédés. Pour les autres, elles ont valeur de document sur une phase de la civilisation industrielle ». (1999, p. 164)

C'est ainsi que qu'à partir des années 70 nous voyons resurgir les premières expériences de réhabilitation de l'héritage industriel - ou même avant pour eux des territoires comme l’Angleterre. Il est important de souligner que la reconnaissance des qualités patrimoniales de ces legs n'était pas encore mûre lors de ces premières années qui ont suivi le déclin de l’activité industrielle. C'est alors dans ce contexte que ainsi que le territoire de Saint-Étienne a commencé à mener ses premières expériences de reconversion du patrimoine industriel. Après avoir réfléchi sur les principaux éléments qui rendent le territoire de Saint-Étienne une référence dans son expérience industrielle. Nous proposons une évaluation de l’évolution des menées par ce territoire à la suite du déclin de l'industrialisation.


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3.1.

Les premières expériences de réhabilita tion et leur rapport avec les valeurs patrimoniales

Suite au déclin de l’activité industrielle, d’importants sites de l’agglomération stéphanoise n’ont pas été épargnés des conséquences du départ de l’activité industrielle (Creusot Loire, Manufrance et Manufacture Chantegrillet). Les années 80 marquent aussi la fin définitive de l’exploitation du bassin minier de la Loire. Nous pourrions dire que les décideurs ont été assez réactifs lors des premiers projets de réhabilitation de certains sites qui ont démarrée au début des années 80, comme nous verrons dans la suite de ce chapitre. De plus, un bon nombre d’activités industrielles ont survécu à la période, d’autres ont changé de niche de production comme pour le textile médical ou encore l’optique militaire. Grâce aussi au tissu productif, riche de très nombreuses PME et PMI et d’un savoir-faire préservé, le territoire a pu chercher une nouvelle dynamique (EPURES, 2020) Néanmoins, l’efficacité de certaines actions méritent d’être réfléchies une fois que nous avons quelques décennies de recul et certains résultats sont donc évidents. A partir de l'expérience mais dans le territoire nous pouvons faire ressortir des réflexions autour de l'art réussite où les points faibles de ces projets de réhabilitation. Comme des premières expériences de réaffectation menées dans le territoire, prenons l’exemple de ma Manufrance et le site Giron (annexe VII) Ces deux exemples ont été très important, dû à leur positionnement dans la ville et aussi pour l’importance de ces industries durant leur fonctionnement. Selon Nicolas et Zanetti, ces opérations signifient un changement de stratégie urbaine « qui coïncide avec l’élection d’une maire entrepreneur, passe par l’identification de leviers inédits pouvant permettre à l’agglomération de se relancer dans la course à la réussite métropolitaine. » (Nicolas et Zanetti 2013).

3.1.1.

La réhabilitation du parc Giron

Lors de la première année du Master dont ce mémoire est présenté comme évaluation finale de la deuxième année, nous avons effectué une recherche qui portait justement sur


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l’évaluation d'une des réhabilitations les plus importantes pour ses premières années de réaction à la désindustrialisation. Nous avons donc réfléchi sur la reconversion du site Giron, ancien parc industriel dédiée à l’activité textile dans la ville de Saint-Etienne. Ce projet datant des années 80 est un bon exemple pour comprendre le modus operandi des premières initiatives de réaffectation des friches industrielles. La manufacture Chantegrillet a été fondée par les frères Antoine et Marcellin Giron, fils de passementiers a fonctionné entre 1867 et 1980 à Saint-Etienne. L’usine a été alors l’une des plus grandes entreprises textiles de région stéphanoise. A l’époque de sa fermeture, le complexe qui faisait au total 42000m ² était composé de l’espace dédiée à la production, d’une maison de maître, et aussi d’une aire de repos pour les ouvriers. Le site s’articulait autour de trois ailes selon un plan en U (Besse, 2005). Selon Vant et Thomas, le morcellement et la dégradation de la structure originale du site commencent à partir des années. En 1974, la société de promotion immobilière S.A.D.E.C. achète 15 000 m² pour y édifier les résidences du Parc de Fourneyron. En 1978, le supermarché Intermarché s'installe dans un bâtiment de 2 400 m² (l'entreprise I est toujours présente actuellement). En 1982, l’action municipale préempte trois lots de 12 238 m² dont le plus important est rétrocédé en location-vente à un groupement d’entreprises graphiques. En 1984, une partie du terrain est préemptée et transformée en ZAC (Zone d’Aménagement Concertée) et on y installe une galerie d'antiquaires, d’une salle des ventes, et de bureaux, des zones destinées à la restauration et aussi des logements (1991, p. 123). L’approche du projet a été celle de la mixité d’usage. Cette pratique toujours une approche voulue dans les projets de réhabilitation de sites patrimoniaux. L'avantage de ce type de projet se trouve dans le fait que, en insérant des activités diverses dans une même zone, on attire des différents flux en matière de public et aussi d’horaires de fréquentation. C'est-à-dire, l’usage d’habitation garantit un flux pérenne et local alors que l'usage commercial et culturel créent d'autres types de dynamiques qui varient selon les jours de la semaine et les horaires dans la journée. Une autre conséquence directe est que cette dynamique touche non seulement la population de l’entourage immédiat mais aussi celle venue d'autres zone de la ville. Néanmoins, dans le cas ici étudié, le projet n'a pas tenu les résultats prétendus pour longtemps. La plupart du site a subi un deuxième processus de désaffectation qui s’est déroulé de façon morcelée. La plupart de ces espaces sont actuellement vacants depuis des années et le


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lieu est devenu une véritable enclave dans le quartier. En fait le site a été beaucoup modifié avant même sa réaffectation et aussi par le projet d’adaptation aux nouvelles fonctions. Sa lisibilité historique n’est donc plus claire. Lors d’une enquête faites auprès de la population par un travail fait dans le cadre de cette formation, nous avons constaté que la plupart de la population riveraine ne connaît pas l’histoire du site et ne le reconnais pas non plus ses qualités patrimoniales. Il était juste vu comme un lieu déserté et qui attire une fréquentation indésirable (Brawers et al., 2019). Il est donc difficile de définir exactement les facteurs qui ont mené cette deuxième désertification du lieu. Cela pourrait s'expliquer par une somme de plusieurs processus. Nous pourrions citer, par exemple son positionnement par rapport à la ville qui relativement éloigné des centres plus dynamiques de la ville. De plus, nous rajoutons comme un possible facteur, le manque de sensibilisation sociale sur les qualités patrimoniales du lieu, élément qui renforcerait le sentiment identitaire et d’appartenance. Cette sensibilisation contribue fortement à la vision des usagers envers le site et, conséquemment, contribue à sa réintégration aux les dynamiques actuelles. Pour conclure la discussion sur cette reconversion menée lors des premières années ont suivi l'industrialisation, nous pourrions dire que la dénaturation des aspects physiques du bâtiment qui l’identifient par rapport à sa fonction d’origine, a fortement nuit sa lisibilité historique. Comme nous avons vu dans le deuxième chapitre, dans les années 80 et 90, l’acceptation des signes industriels était faible et pour cela des symboles importants comme les cheminées et ateliers en shed ont été démolis dans la plupart de site comme rendre ces lieux plus palatables à la société de l’époque. Le site en question vit actuellement une deuxième réhabilitation qui sera citée ultérieurement lors de la discussion sur des projets en cours et qui concernent ma thématique ici discutée.

3.1.2.

Le Musée de la Mine

La reconversion de sites industriels pour des fonctions culturelles a toujours été une option très adoptée lors des premières années des réhabilitations industriels. L’option de muséaliser les sites apparaît donc comme une option moins invasive pour les biens, surtout dans les cas des musées qui témoignent de l’activité originale du bâtiment. C’est le cas du Parc Musée de la Mine


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à Saint-Étienne (annexe VI). Installé dans l’ancien Puits Couriot, fermé en 1973, la reconversion en Musée a eu lieu en 1991. Ayant le but de mettre en valeur l’histoire de l’exploitation des mines à travers de son structure, telle comme elle était lors de sa fermeture. C’est pour cela que le projet a permis la conservation de l’ensemble bâti dans l’état où il était, laissant même des équipements sur place (figure 19). Ce type de procédure s’approche le plus du respect pour les valeurs patrimoniales des biens. Néanmoins, pour d’autres types de reconversions, selon les nouveaux usages, il est très difficile de retrouver le même respect pour le principe de moindre intervention.

Figure 19 : Intérieur du Musée de La Mine, à Saint-Etienne. Photo : Lizianne Torres. Novembre 2019.

L’usage culturel dispose aussi d’astuces élargies par le numérique. Dans les exemples analysés nous avons remarqué qu’il est comme un projet d’éclairage des équipements qui restent sur place. Cette alternative permet une mise en valeur actualisée et qui ne nécessite pas de grandes modifications dans la structure des bâtiments et outils. Néanmoins, quand ces projets ne prévoient pas une intégration de l’héritage matériel et l’immatériel, ça risque de signifier une intervention vide de sens et non engagée avec la valorisation. Un des atouts les plus importants du projet du Parc Musée de la mine est le fait que le projet a permis de laisser sur place les équipements liés à son activité d'origine puisqu’ils renforcent


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le récit du site. C'est pour cela donc que la transformation d'un site en musée de lui-même est une des interventions les moins nuisibles aux caractéristiques fondamentales de son patrimoine. Les machines et équipements sont donc une question complexe dans le champ des réaffectations surtout quand ils présentent des intérêts patrimoniaux. Ces outils sont fortement liés à leurs emplacements et c’est pourquoi il est nécessaire qu’on évalue judicieusement les projets du besoin de les déplacer. Pour une éventuelle réaffectation, il est parfois compliqué de réaménager les espaces si nous laissons tous les équipements sur place avec toutes les procédures nécessaires pour leur conservation. Quand il s’agit de grandes machines, le déplacement est, dans certains cas, impossible à cause de la taille, poids et état de conservation. Néanmoins, il serait impossible d’espérer que toutes les reconversions laissent tous les équipements sur place. Pour certaines réaffectations, l’intégration des équipements dans la nouvelle utilisation est une tâche difficile. Dans la plupart des cas, ces structures n’offrent pas des possibilités de réutilisation et deviennent donc des objets étranges dans l’espace. La réaffectation et l’élément n’ont rien à dire l’un à l’autre et le récit historique se perd. Un exemple intéressant pour réfléchir à cette relation est le projet de reconversion d’une ancienne centrale EDF, actuellement Cité du Cinéma à Saint-Denis, Franc. Dans cette reconversion assez récente, le cabinet d’architectes Reichen et Robert (très reconnu par ses projets liés aux sites industriels) a laissé dans le hall principal une turbine qui, repeinte, a été rebaptisée de « Machine à rêves » (figure 20). Ce type de posture suscite la discussion quant à la valorisation ou la banalisation des propriétés de l’équipement.


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Figure 20 : Intérieur de la Cité du Cinéma, ancienne centrale EDF, à Saint-Denis, France. Photo : Lizianne Torres. Mai 2015.

C'est donc pour toutes ces questions que le Parc Musée de la Mine représente un bon exemple pour analyser certains aspects de la réhabilitation du patrimoine industriel. À partir de son choix de projet de préserver l'aspect vétuste des équipements et des surfaces de ses parements, nous pouvons rappeler des questions suscitées lors du chapitre un de ce travail où nous avons évoqué l'acceptation de l'esthétique industrielle par la société actuelle.

3.2.

De la ville industrielle à la ville Design

Depuis les deux dernières décennies, le territoire véhicule l’image d’une ville créative qui se réinvente. Cet argument est un outil très puissant pour renforcer l'attractivité de la région à travers l'innovation et la recherche. Cette approche, largement utilisée par d'autres territoires dans l'industrie joue un rôle important dans la mise en valeur de leur passé. En effet, il est commun pour les stratégies de marketing territorial de chercher à créer une nouvelle identité à la ville à partir d’une spécificité historique ou actuelle. L’argument historique et patrimonial apparait donc comme un atout important.


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Dans les discours des acteurs politiques1 de Saint-Etienne, nous retrouvons fréquemment des allusions à ces mots-clés qui témoignent d’un alignement avec cette stratégie de promotion territoriale. De même, nous voyons souvent apparaître l'argument environnemental (à partir des actions caractérisées comme vertes), l'aspect social - souvent évoqué à partir de la mixité sociale présente dans les projets actuels. Mais l’un des plus véhiculés est l'argument de ville créative comme une re signification la vocation industrielle de la ville en ce qui concerne son apogée de productions d’armes, du cycle du textile. En effet, l’approche de s'appuyer sur le design comme un prolongement du genius loci créatif du territoire est une bonne stratégie. La vocation créative du territoire n’est donc pas fausse. Les produits développés par l'activité industrielle de Saint-Étienne dans son apogée sont, sans doute, reconnus pour leur beauté et leur qualité. Cela renforce l’excellence industrielle du territoire. Ainsi, l'idée de continuité de cette vocation n'est pas infondée. Il serait donc pertinent de veiller à ce que cette approche de transposition du passé industriel à l’expérience Design, ne soit pas juste un argument superficiel. L'idée du design dans la ville apparaît donc sous plusieurs formes. L’une d’entre elles est la labélisation, renforcée par le label ville créative UNESCO2 obtenu en 2010. Les biennales internationales (la 11ème a eu lieu en 2019) sont aussi des évènements importants pour le rayonnement de la production récente du territoire. En ce qui concerne l’architecture, l’approche est très expressive. Dans les derniers projets de réhabilitation et aussi de redynamisation des quartiers, les constructions de style contemporain sont souvent un atout important du projet. Dans la ville de Saint-Étienne, nous repérons deux exemples de projet de rénovation dans des régions importantes : Les quartiers Châteaucreux et Monthieu. Situés dans l’entrée de la ville, ces deux cas sont aujourd’hui un chantier où nous voyons surgir des bâtiments de forte provocation architecturale et qui modifient considérablement l’aspect de la ville. Parallèlement aux réhabilitations, l’agglomération mène aussi des diverses stratégies de marketing territorial pour améliorer son image à partir de la communication.


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3.2.1.

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La reconversion de la Manufacture d'armes de Saint-Étienne (MAS) en Cité du Design

En ce qui concerne le patrimoine industriel revenons sur un projet qui a marqué les débuts des stratégies envers l’argument du design : la création de la Cité du Design (annexe VI). La construction de l’ensemble architectural de la MAS a démarré en 1964. L’objectif était de réunir l’ensemble des ateliers de la production qui appartenait à l’État depuis 1838 et qui étaient dispersés dans de plusieurs endroits de la ville. Les composantes avaient des fonctions différentes : lieux de productions (usines, ateliers), lieux de vie et d’habitation (cantine, dortoirs, réfectoire), bâtiments réservés à l’administration (Zanetti 2010). L’activité de MAS atteint son apogée durant la Première Guerre Mondiale. À cette époque-là la structure accueillait 16 000 ouvriers, passant à 10 000 en 1940. La production commence à décliner à la fin de la Deuxième guerre mais la manufacture produit encore des armes légères. (Zanetti 2010). La production ne survit pas à la crise de l’industrie de l’armement due au contexte politique de l’époque. La fermeture définitive aura lieu donc en 1990. La composition architecturale de l’époque de sa fermeture est donc un témoin d’une activité qui a été représentative de son genre. La Manufacture, était la plus importante du pays et ses produits étaient également une référence de qualité et de beauté. Le projet de reconversion architecturale de la MAS en Cité du Design a été complexe. Parmi les actions requises pour cette réhabilitation nous remarquons trois postures différentes d’intervention qui ont été significatives pour la transformation de l’ensemble : la simple réutilisation de certains volumes de l’ensemble des bâtiments (nécessitant de quelques restaurations) ; la destruction de volumes préexistants ; et la construction d’un nouveau volume d’expression contemporaine, la Platine. Il est donc important de confronter ce choix de projet à l’argument de la mise en valeur de son patrimoine. Tout d’abord, comme nous l’avons abordé lors du premier chapitre de ce travail, la démolition des biens patrimoniaux doit être un acte exceptionnel et a évité à cause de son caractère non réversible. Même si nous considérons que les bâtiments détruits ne possèdent pas des valeurs architecturales exceptionnelles, ces volumes contribuent possiblement à la cohérence de l’ensemble, surtout dans une hiérarchie des fonctions et des flux de la production industrielle.


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Ensuite, il est très pertinent de souligner que le volume récent, la Platine, nuit considérablement à la lisibilité du portail principal et du bâtiment principal de l’entrée, classés Monument Historique3. Le résultat visuel du projet est une superposition d’informations visuelles qui ne permettent pas la bonne lecture des éléments fondamentaux de l’ensemble. De plus, la disposition et la forme des pavillons sont un témoin important de la hiérarchie de la production de la Manufacture. Les bâtiments placés à l’entrée du site, par exemple, abritaient la direction et administration de l’ensemble. Son emplacement et ses éléments architecturaux traduisent cette distinction auprès d’autres pavillons de production. De cette façon, dans un site d’une telle échelle, nous ne pouvons pas interprétés les éléments de façon morcelée. Chaque volume constitue une partie importante d’un ensemble et d’une cohésion spatiale. Cette intervention n’a donc pas été menée sans la manifestation de la population. Selon Nicolas et Zanetti, « pour éviter ce démembrement, plusieurs associations se sont lancées dans une vive opposition au projet, qui a donné naissance à un véritable conflit mémoriel au sein de la nébuleuse patrimoniale locale, voire parmi l’ensemble de la société stéphanoise » (2013). Ainsi, l’exécution du projet n’a pas pris en compte l’avis des associations (qui représentent la société en général) parmi les acteurs concernés par le patrimoine bâti. L'analyse des choix de ce projet nous est donc très pertinente pour notre réflexion la vraie prise en compte des valeurs fondamentales d'un bien lors d'un projet de reconversion. Dans cet exemple, nous remarquons quelques points fragiles comme le remaniement excessif des volumes préexistants, la superposition d'informations visuelles entre le portail et le bâtiment principal à l'entrée et surtout la non-prise en compte des vrais besoins de la population lors de la définition du projet. Il serait donc intéressant de se demander si ce projet a créé vraiment une réhabilitation sociale du patrimoine qu’il représente.

3.2.2.

Les projets en cours

Faisant partie de plusieurs actions menées dans le territoire en vue de sa redynamisation, la région vit quelques chantiers qui ont un rapport direct avec des biens patrimoniaux de l’industrialisation. Nous présenterons quelques exemples de ces projets en cours de façon brève,


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bien que s’agissant de travaux en cours, nous n'avons pas assez de recul pour une analyse plus approfondie.

Quel nouvel avenir pour le site Giron Le site Giron, déjà abordé dans la première partie de ce chapitre, est actuellement en cours d’une deuxième réhabilitation. La responsabilité du projet est d’un cabinet très actif dans les réhabilitations de sites en général à Saint-Étienne, celui de l’architecte Frédéric Busquet, responsable aussi d’autres projets importants de réhabilitation dans la région tels que la Condition de la soie et les annexes d’ancienne la faculté de Beaux-Arts. À la suite des réflexions que nous avons eues à propos de la première expérience de réaffectation du site, la reconversion actuelle retrouve donc des enjeux plus complexes. Tout d’abord, en raison de la désaffectation depuis quelques années, de certaines parties, le site présente des points de dégradation importants dans sa structure. Ensuite, les dénaturations faites par la première réhabilitation rendent le travail actuel encore plus difficile dans le sens de la récuperation de sa lecture historique. Finalement, comme vu aussi auparavant, la population locale a une mauvaise image du site à cause des effets de son inactivité depuis ces dernières années. Le programme actuel n’est donc pas très différent du premier, c’est-à-dire, on y retrouvera la mixité d’usage à travers des logements, du tertiaire, des commerces et de la restauration, évidemment plus adaptée aux enjeux actuels 4. Pour ce faire, les logements occuperont l‘étage où il existait l’ancienne sérigraphie. Au rez-de-chaussée de ce bloc on y déplacera le supermarché Intermarché qui fonctionne actuellement derrière le site. En ce qui concerne la modification des structures actuelles, dans le bloc où il existe encore des toitures en shed, il y aura un creusement de sa partie centrale pour permettre la création d’ouvertures pour les lofts qui y seront installés. La porte d’origine du bâtiment sera conservée étant la porte d’entrée des logements. Comme l’opération précédente, la façade sera conservée dans ses caractéristiques d’origine. Ce qui change actuellement par rapport aux années quatre-vingts est que le site est inscrit à la proximité d'un quartier en pleine mutation. Le secteur Châteaucreux Monthieu fait objet de plusieurs actions de redynamisation. Ainsi, ce projet peut signifier une importante extension des dynamiques voulues par ces chantiers en cours.


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Le quartier Novaciéries La reconversion des anciennes aciéries et forges de la Marine et d’Homécourt (devenues GIAT Industries en 1994) en un parc urbain mixte désormais appelé Novaciéries est un projet actuel très important au vu de son échelle et de sa localisation (voir annexe VIII). Le projet est assez complexe et a démarré en 2011. Il a été retenu en 2010 par la Région dans le cadre de son appel à projet "Quartiers durables de Rhône-Alpes". Il est donc une référence importante pour la région de ce concept très utilisé dans d’autres reconversions du monde entier (voir annexes I et II). Parmi les fonctionnalités qui y seront installées, nous pouvons citer le logement, le tertiaire, l’éducationnel, les commerces et la restauration. De plus, les aires autour des bâtiments existants et récemment construits, deviennent un parc public composé de verdure et d’installations ludiques. Les écoquartiers sont une dénomination assez courante dans les projets récents d'aménagement. Cette appellation rentre parfaitement dans les discours du développement durable et tous les autres points essentiels pour des nouvelles opérations urbaines. Dans les projets de cette nature, il existe une sorte de « checklist » qui englobent des arguments comme : la favorisation de la réduction des besoins énergétiques des constructions ; l'encouragement aux moyens de transport doux (par la création d’infrastructures qui facilitent les déplacements à pied, à vélo ou en transports en commun) et aussi la mixité sociale, qui implique souvent dans l’insertion des habitations à loyer modéré dans le programme des réaffectations des structures préexistantes. C’est ainsi que nous retrouvons plusieurs exemples de sites patrimoniaux qui s’insèrent très bien dans ce type de projet. La réutilisation des structures existantes renforce, l'argument écologique dans plusieurs aspects. Cela peut se justifier, par exemple, par la réduction des déchets de la construction et de l'énergie dispensée pour les chantiers. De cette façon les friches industrielles, grâce à leur taille et leur localisation, ont un grand potentiel pour des projets de requalification urbaine de cette nature. Ces espaces sont normalement dotés de grandes surfaces qui rendent possible l'aménagement de zones vertes, de mobiliers urbains, d’aires de récréation et aussi de pistes cyclables. De plus, les bâtiments qui composent les friches, dans la plupart de cas ville des grandes halles, possibilités l'art leur reconversion en espaces pour les activités culturelles.


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Ce qui est important de souligner dans le projet de reconversion de Novaciéries, est le fait qu'il se localise dans la commune de Saint Chamond. Il est important qu'un projet de cette dimension soit localisé dans une autre zone que la ville de Saint-Étienne pour que la dispersion des reconversions de cette échelle se fassent dans des plusieurs zones de la métropole.

3.3.

Les enjeux act uels

La métropole de Saint-Étienne est actuellement confrontée au défi de relier une cinquantaine de communes autour de divers projets de développement. En ce qui concerne la thématique du patrimoine commun au territoire, ce défi se révèle encore plus complexe, vu que l'agglomération relie des territoires qui ont à la fois des ressemblances et des dissemblances historiques. Ainsi l'avenir du patrimoine industriel de la région traverse une nouvelle phase, qui est celle du travail en réseau. Ce nouveau modèle d’action est, en quelque sorte, avantageux pour le patrimoine. Il permet l'échange des connaissances entre les diverses régions concernées et constitue une prise en compte réelle dimension de ce type de leg. L’industrialisation ne s'est pas développée uniquement dans la limite des communes, il serait donc logique que cet aspect soit considéré dans les processus décisionnels.

3.3.1.

Les défis de la métropolisation

Nous assistons depuis quelques décennies à d’importants renouvellements des modèles politiques dans la gestion des villes. Une des caractéristiques de ces transformations est l'étendue de l’échelle de l'administration. En effet, le métropolisation est un modèle largement adopté par plusieurs territoires dans le monde entier. Mais, cela ne se fait pas sans que quelques enjeux se posent, surtout en ce qui concerne la division des espaces et de la société. Néanmoins, le passage d'une situation de concurrence à un modèle de complémentarité est un point positif. C'est ainsi que nous nous demandons le rôle du patrimoine en tant que potentiel liant de ces territoires Selon Haëntjens, « de nombreux pays européens, dont la France, ont engagé des réformes institutionnelles importantes pour donner plus de pouvoirs et d’autonomie aux collectivités locales,


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et particulièrement aux métropoles » (2017). Il reconnait également la capacité de certaines collectivités et sociétés locales d’innovation dans trois domaines : le développement économique, les politiques sociales et l’écologie. Le modèle économique développé par ces territoires connectés, spécialement concernant les questions de logement, de circulation, de l'économie collaborative, de l'environnement et aussi du tourisme ont permis une conciliation locale et une ouverture au monde. Ces innovations leur sont propres, l'observe l'auteur, ce sont « des défis que l’État protecteur ne savait plus relever » (Ibid.). C'est donc dans ce contexte que le patrimoine peut devenir un important liant pour ces territoires. Comme vu lors du chapitre deux de ce travail, l'histoire de la métropole est intimement liée à l'activité industrielle. C'est donc pour cela que la présence de ce type de patrimoine est presque hétérogène dans toutes les communes, même si les proportions sont différentes entre chaque ville. Un autre point que nous avons observé lors du premier chapitre de ce travail et qui peut faire écho à la présente réflexion est que traiter le patrimoine industriel en échelle urbaine est une tâche difficile pour de diverses raisons. Considérant que certaines typologies industrielles sont une enclave dans l'espace urbain, la tendance de certaines communes qui n'ont pas assez de force budgétaire et politique, est de négliger ces zones qui deviennent des verrues dans le tissu urbain. Un autre point important est la dispersion du patrimoine dans les territoires. Certains biens se trouvent dans l'espace écarté des centres urbanisés ou dans des zones périurbaines, ce fait rend les investissements pour leur réhabilitations plus difficiles. Ainsi, dans le contexte de la métropole, le travail en équipe des dirigeants de chaque ville peut favoriser le traitement de ces questions qui s’avèrent complexes si nous les traitons de façon morcelée.

3.3.2.

Connaitre pour agir : L’importance de l’inventaire

Nous considérons qu’une des difficultés de la préservation du patrimoine industriel est la reconnaissance des qualités patrimoniales des éléments. Pour cela le travail d’inventaire joue un


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rôle fondamental dans l’apport des données nécessaires à la compréhension de la typologie, des morphologies spatiales urbaines, des systèmes constructifs et de la mémoire ouvrière. L'importance de la documentation dans les travaux d'intervention a également été renforcée par Giovannoni, auteur discuté dans le premier chapitre. Il déclare que le travail doit être correctement documenté par des rapports analytiques et des photographies illustrant les différentes phases (2013, p. 185). Ainsi, il est clair qu’une enquête sur l'état initial du bâtiment et de leurs interventions sont essentiels pour le registre de toutes les phases traversées par le bien. Avant toute prise de décision sur les biens d’intérêt patrimonial, il est nécessaire de connaître toutes les potentialités que le secteur concerné possède. Dans le cas d’une agglomération territoriale qui prétend développer des stratégies en réseaux, comme c’est le cas de l’exemple analysé par ce travail, un diagnostic préalable du territoire est donc fondamental. C’est dans ce contexte que l’inventaire est une aide indispensable fournissant des informations précieuses. Il est en fait un important outil d'aide à la décision.

L’expérience dans l’inventaire de la région Les réflexions faites dans ce travail ont été considérablement enrichies par l'expérience de l'auteur dans la mission d'inventaire de la métropole, commandé par l'administration de SaintÉtienne métropole à l'agence d'urbanisme stéphanoise, EPURES. Créée en 1967, Epures est une association qui compte aujourd’hui 90 adhérents, dont des collectivités territoriales et des acteurs socioprofessionnels publics du territoire. Le financement de l’institution est assuré par les subventions de ses membres, qui est destiné à l’exécution d’études qui leur concernet. Le travail auquel nous avons participé au sein de l'agence d'urbanisme a consisté à donner suite à un travail d'inventaire exhaustif du patrimoine de la région. Cette expérience lui a permis de mieux connaître le territoire non seulement dans ses potentialités industrielles mais aussi pour d'autres types de patrimoine. Parmi les diverses missions du stage, nous remarquons les analyses préalablement faites sur les communes dans le but de repérer les possibles biens d’intérêt patrimonial à travers le croisement de diverses informations : analyse des plans du cadastre napoléonien, pour les


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immeubles anciens selon les datations des fichiers fonciers (aussi appelées données « MAJIC »), les informations constantes dans les plans urbanistiques et sites officiels des communes. Ensuite, lors d’une visite sur place ces valeurs sont validées ou non. Sur le terrain il est aussi possible d’intégrer des nouveaux éléments repérés à partir de notre observation ou par le témoignage de la population qui est, dans la plupart des cas, accueillante et peut apporter plus de renseignements. L'objectif est de composer une base des données géoréférencées contenant tous les éléments repérés et des informations spécifiques sur ces éléments (voir figure x). Cette carte fournira des informations précieuses sur l’ensemble de biens patrimoniaux de la région et sur leur état au moment de la visite. Il s’agit en fait d’un important outil de travail qui sera rendu disponible aux divers acteurs concernés par ces informations. Elle servira, plus spécialement, au traçage du profil patrimonial du territoire lors de la composition du dossier de candidature au label Pays d’art et d’Histoire et aussi à la constitution du PLU Intercommunal. Pour chaque élément patrimonial repéré, la base fournit des informations comme, un périmètre approximatif de délimitation territoriale du bien. Cela peut signifier qu’elle peut englober le bâtiment de façon isolée, le bâtiment et sa parcelle mais aussi un groupement des constructions qui composent un cadre urbain homogène et qui partage des éléments patrimoniaux. Pour chacun de ces éléments, une fiche est générée contenant des informations telles que l'adresse, des caracteristiques élementaires du bâti, un bref descriptif de ses propriétés patrimoniales (quand il y en a) et aussi des enjeux. De plus, nous évaluons certaines caractéristiques sur une notation de 0 à 5. Parmi ces caractéristiques, on trouve les intérêts urbains, paysagers, architecturaux, historiques, leur risque de mutation, leur possibilité de réutilisation et aussi leur reconnaissance patrimoniale par la population.


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Figure 21 : Etat d’avancement des biens repérés pour la base patrimoine le 01 juillet 2020. Source : EPURES, document interne de travail.

Figure 22 : Répérage des parcelles d’ateliers passementiers de SaintGenest-Lerpt faits par l’auteur et par Camille Dewancker. Source : base inventaire EPURES ; Document de travail. Juilet 2020.


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Nous ajoutons également parmi les plusieurs expériences acquises, le contact avec d'autres acteurs de l'urbanisme lors des réunions. Ce fait a permis le contact avec les divers types de discours autour de la thématique ici étudiée qui témoignent de la vision que chaque acteur a sur le patrimoine de la région. Il est aussi pertinent de souligner que l’agence d’urbanisme est une source formidable en termes de documentation et d’expérience de son personnel. Ainsi, dans la situation adverse où ce mémoire a été écrit le contact avec ces institutions a été crucial pour le développement de la recherche ici présentée 17. Lors de la finalisation de ce mémoire de recherche, l’expérience de stage était toujours en cours, néanmoins, l’expérience acquise a permis murissement considérable des réflexions ici soulevés.

Un bref regard sur le territoire Lors de l'analyse de des communes que nous avons pu visiter où analyser en tant que travail préalable, nous avons remarqué que le patrimoine industriel de la région est beaucoup plus complexe que ceux dont la typologie est facilement un identifiable. Dans un travail d’inventaire il est nécessaire de catégoriser les biens dans des typologies préalablement définies (architecture domestique, religieuse, agricole, industrielle, etc.), selon les orientations de la DRAC. Il arrive que, dans certaines communes, telles que Saint-Martin-la-Plaine, par exemple, dont une partie de son occupation a été faite lors de l'industrialisation de la vallée du Gier, les ouvriers que s’y sont installées exerçaient aussi des activités agricoles. Ainsi, leur habitat présente des typologies agricoles mais l’occupation de ces espaces a été faite pour des motivations industrielles. Ainsi, ce caractère ambivalent renforce la puissance de l’industrie dans le territoire.

Durant expérience en stage qui a été concomitante avec la rédaction de ce mémoire, le pays (et ensuite le monde entier) a traversé une crise sanitaire liée virus COVID19 qui nous a obligé de rester en confinement pour plus de deux mois. Ainsi, la mission de stage a été mise en pause et l'accès à aux ouvrages physiques dans les bibliothèques a été interrompu. De cette façon la base documentaire de l’agence d’urbanisme composée d’importants ouvrages et de documents de travail internes a été fondamentale pour l’accomplissement de cette recherche. 17


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C’est pourquoi il est pertinent de remarquer que, dans un bon nombre de communes de la région, nous avons retrouvé des profils patrimoniaux très riches. Ces différentes facettes du territoire s’expriment à travers leur fort caractère rural qui coexistent avec les ensembles liés à l’artisanat passementier et aussi avec tissu urbain ancien des divers hameaux. Ainsi, une seule commune peut nous renvoyer à des différentes phases de l’histoire du territoire (figures 23, 24 et 25). Il est aussi pertinent de souligner que la métropole présente d’intéressantes hétérogénéités. Par exemple, le patrimoine industriel des villes qui la vallée du Gier a des typologies différentes de celles de la couronne qui entoure la ville de Saint-Etienne et aussi de la région de la vallée de l’Ondaine. De même, le patrimoine des communes qui se situent autour du Pilat ont leurs spécificités.

Figures 23, 24 , et 25 : Diversité typologique de la commune de Saint-Genest-Lerpt. Photo : Lizianne Torres / base patrimoine EPURES. Juin 2020.

A partir des visites sur place nous avons aussi observé que la reconnaissance par la population de leur patrimoine change d’un endroit à l’autre. Cela s'exprime par le degré de dénaturation des bâtiments lors de leur adaptation aux fonctions actuelles. Dans des ensembles historiques comme les bourgs, nous retrouvons de divers états de préservation de la typologie d’origine et du tissu urbain entre les communes.


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Également, en ce qui concerne les enfilades d’ateliers passementiers, plus ils sont regroupés dans un quartier, plus leur valeur historique est visible et, conséquemment on remarque moins de modifications dénaturantes. Cela veut dire que, pour les éléments qui se retrouvent isolés dans leur entourage quant à ses valeurs patrimoniales, les possibilités de mutation de fonction et de dénaturation sont élevées. C’est donc à partir de ces exemples que nous renforçons le rôle du travail intercommunal. Le partage de l’expérience de ces territoires envers la conservation et mise en valeur de leur patrimoine ces éléments communs peut être un important atout pour la métropole.


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IV. Conclusion Étant donné que le patrimoine industriel entraîne plusieurs réflexions et que nous ne pouvons pas épuiser toutes les réflexions que cette thématique soulève, nous finissons ce travail avec la conclusion qu’il reste encore beaucoup de points de vue à exploiter. C’est donc pour cela que se sujet est si fascinant. Plus nous nous approprions de la thématique, plus elle nous renvoie à d’autres lacunes que nous nous retrouvons tentés à creuser. Ainsi, cette recherche a touché des points qui s’avèrent à la fois amples et précis. Nous avons essayé d’aborder l’évolution sur le rapport entre l’urbanisme et le patrimoine industriel toujours en essayant de relier les discussions avec la réalité actuelle et les exemples concrets que ce riche héritage nous a permis d’expérimenter. De cette façon ce travail veut renforcer le fait que la reconnaissance du caractère interdisciplinaire du patrimoine industriel est essentielle et incontestable. Ainsi, lors de l’élaboration de projets de réhabilitation de ces types de biens, qu’ils soient ponctuels ou d’échelle urbaine, il est nécessaire la prise en compte des plusieurs enjeux qui viennent avec le bâti en soi : sa signification mémorielle, son rôle social, ses potentialités d’articulation urbaine, etc. Les vestiges industriels présentent des complexités intrinsèques telles que la taille des sites, les matériaux constructifs, les équipements qui parfois restent sur place, les structures complémentaires, la mémoire ouvrière et de savoir-faire, etc. Ce fait les rend complexes et difficiles à traiter. Néanmoins, si nous essayons de les comprendre, ces aspects deviennent des atouts de projets exceptionnels pour les architectes, urbanistes et tous les acteurs concernés par ce type de projet. Lors d’une opération de réhabilitation la procédure reste entre le paradoxe de la conservation et de la dénaturation. En fait, nous n’avons pas de formule exacte pour décider les limites entre ces deux actions. C’est donc pour cela que les acteurs doivent être sensibles aux qualités fondamentales du patrimoine auquel ils interviennent. Cela veut dire que ces biens comptent sur le bon sens et la bonne articulation entre tous les secteurs qui ont la force de définir leur avenir. A partir de l’observation des expériences depuis les dernières décennies qui se sont écoulées après la désindustrialisation, nous pouvons conclure que la meilleure façon de réanimer


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le patrimoine bâti est toujours de le rendre un élément actif de la vie moderne. Mais cela ne peut être pas fait en négligeant des aspects fondamentaux comme ceux que nous avons exposés tout au long de ce mémoire. Il est donc nécessaire d’être sensible à l’évolution de la ville et à son passé. De plus, l'architecture est un outil très puissant pour attirer dynamiser le tourisme et conséquemment l’économie. Les grands gestes architecturaux sont donc plus rentables que les projets modestes, qui sont plus respectueux du patrimoine. Pour tout cela, il est très important de respecter les limites imposées par le bâti préexistant. Ainsi, dans un projet de restauration, reconversion et réhabilitation le nouvel usage doit trouver sa place entre le respect et la dénaturation. Toutes les réflexions amènent à la compréhension que seule une approche multidisciplinaire peut éviter un projet stérile et irrespectueux du patrimoine. L’héritage industriel doit être compris dans sa dimension sociale et publique pour éviter l’action destructive de la spéculation foncière attirée par ces espaces souvent vastes et bien centralisés dans la ville. Les acteurs et surtout les architectes doivent être conscients que la discussion accumulée pendant des siècles sur la restauration ne forment pas des règles rigides, mais des principes qui guident le rapport entre architecture contemporaine et patrimoine.


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V. Bibliographie Livres BERENS, Carol, 2010. Redeveloping industrial sites: a guide for architects, planners, and developers. John Wiley & Sons. BERGERON, Louis, MAIULLARI-PONTOIS, Maria Teresa, 2000. Le patrimoine industriel des États-Unis. Hoëbeke. BESSE, Nadine, dir., 2005. Giron Frères Histoires de Velours, du Ruban à l’étoffe. Saint-Etienne, Musée d’art et d’industrie. BRANDI, Cesare, DEROCHE, Colette, 2001. Théorie de la restauration. École nationale du patrimoine. CHOAY Françoise, 1999. L’allégorie du patrimoine. Paris, Edition du Seuil, Paris, 1999. FLUCK, Pierre, 2017. Manuel d'archéologie industrielle : archéologie et patrimoine. Paris, Hermann. GIOVANNONI , Gustavo, 1931. Vecchie città ed edilizia nuova. Unione Tipografica di Torino. KHUL, Beatriz Mugayar, 2009. Preservação do patrimônio arquitetônico da industrialização. São Paulo : Atelie Editorial. PEYRE, Philippe, 2006. L'héritage industriel de Saint-Étienne et de son territoire: 100 sites en enjeux. Ville de Saint-Étienne, Site Couriot, Musée de la Mine de SaintÉtienne. RIEGL, Alois, 2014. O culto moderno dos monumentos: a sua essência e a sua origem. São Paulo: Perspec. RUSKIN, John, 2008. A lâmpada da memória. Ateliê Editorial.


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Reconversions.

L’architecture

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Mémoires et Thèse SODEZZA, Guillaume, 2014. Vers un atlas morphogénétique de la vallée du Gier: caractérisation des éléments et structures matériels hérités. Thèse de doctorat. Lyon : Université Lyon III.


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VI.

Source : Lizianne Torres

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Annexes


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ANNEXE I AFFECTATION Dolní oblast Vítkovice ANCIENNE : SECTEUR : Sidérurgie TYPOLOGIE PRINCIPALE / INTERETS PATRIMONIAUX Les complexes industriels d’Ostrava comprennent, dans une même localité, des mines de charbon, des cokeries et des hauts fourneaux, représentant ainsi la technologie complète et concentrée de la production de fer à base d’anthracite. Les équipements et bâtiments appartiennent à plusieurs époques et les plus importants sont encore conservés tels que les chaudières à tubes verticaux du système Garbe de 1914 à 1916, un turbocompresseur de 1922. -2000 - déclaré patrimoine culturel national ; 2001 - Liste de tentative UNESCO ; 2008 - label du Patrimoine culturel européen

AFFECTATION ACTUELLE :

Centre culturel et en musée de production métallurgique

LE PROJET DE REAFFECTATION : - Récupération et réutilisation des hauts fourneaux et autres bâtiments protégés. - Des éléments non considérés en tant que patrimoniaux ont été enlevés. - Installation d’un circuit de visites dans l’ancien haut fourneau numéro 1. - Le réservoir à gaz a été transformé en espace multifonctionnel d’une capacité de 1 500 personnes. La cloche centrale de du bâtiment a été soulevée. Des ouvertures ont été faites pour permettre l’éclairage naturel. Une peinture métallisée a été appliquée. - L’ancienne centrale électrique a été convertie en « SMALL WORLD TECHNOLOGY » - Construction d’autres bâtiments de caractéristique contemporaine dans l’entourage des structures industrielles

LOCALISATION :

Ostrava, République Tchèque

FONCTIONNEMENT : ICONOGRAPHIE :

XVIIe siècle - 1998

PROJET :

Josef Pleskot

ANNEE:

2012 (première partie)

ICONOGRAPHIE :

ASPECTS ECONOMIQUES DE LA REHABILITATION : Principaux acteurs : Association Dolní oblast Vítkovice/ Union Européenne Coûts : Environ un demi-milliard de couronnes tchèques Financement : Union européenne et République Tchèque SOURCES DE INFORMATIONS : https://voyage.blogs.la-croix.com/ostrava-mutation-reussie-du-charbon-a-la-world-music/2016/10/21/ https://waset.org/publications/10001965/reuse-of-huge-industrial-areas SOURCES DES IMAGES : Image 1 : Vítkovice entre 1855/1860. Source : https://www.cilac.com/902-moravie-silesie-le-patrimoineindustriel-dostrava-dolni-vitkovice-souvre-au-public . Consultation le 13/05/2019 Image 2 : Vue aérienne du complexe industriel. Source : https://www.eprogram.cz/mista/48-dolni-oblastvitkovice. Consultation le 13/05/2019 Image 3 : Intérieur du complexe multifonctionnel. Source : https://www.ostrava.cz/cs/podnikatelinvestor/nemovitosti/brownfieldy/dolni-oblast-vitkovice/GONG_2.jpg. Consultation le 13/05/2019.


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ANNEXE II AFFECTATION ANCIENNE :

Région industrielle de la Ruhr

LOCALISATION :

Rhénanie-du-NordWestphalie, Allemagne

SECTEUR :

Exploitation Minière

FONCTIONNEMENT :

18ème siècle - 2000

TYPOLOGIE PRINCIPALE / INTERETS PATRIMONIAUX Le développement de la région en une zone industrielle urbanisée a commencé à la fin du 18ème siècle avec l’industrialisation précoce de la vallée voisine de Wupper dans le Bergisches Land. Vers 1820, des centaines d'usines fonctionnant à l'eau produisaient des textiles, du bois d'œuvre, des bardeaux et du fer selon des procédés automatisés. Et dans encore plus d'ateliers sur les collines, des ouvriers hautement qualifiés fabriquaient couteaux, outils, armes et harnais à l'aide d'eau, de charbon et de charbon de bois. L'histoire n'a pas de nom établi pour cette phase de la révolution industrielle, mais on pourrait l'appeler la première révolution industrielle à énergie hydraulique.

AFFECTATION ACTUELLE :

L’IBA Emscher Park

LE PROJET DE REAFFECTATION :

ICONOGRAPHIE :

PROJET :

plusieurs groupes et association d’architectes

ANNEE :

à partir de 1995

ICONOGRAPHIE :

Dû à la complexité du • Aménagement d’une travée verte au cœur du territoire • Renaturation de la rivière de l’Emscher • Préserver les friches industrielles • Rénover ou construire de l’habitat

Aspects économiques de la réhabilitation : Coûts : 5 milliards de Deutschemark

Financement : Le Land de Rhénanie du Nord‐Westphalie avec des subsides liés aux politiques de rénovation urbaine, de l’environnement, de l’emploi ou encore de la culture ; Les Fonds européens à travers les programmes URBA N, OBJECTIFS 2, JESSICA, etc.

SOURCES DE INFORMATIONS : http://www.lema.ulg.ac.be/urba/Cours/Cas/0910/Emsher_simon.pdf http://www.urbalyon.org/AffichePDF/L_IBA_Emscher_Park__Une_demarche_innovante_de_rehabilitation_industrielle_et_urbaine-1534 SOURCES DES IMAGES : Image 1 : http://germanhistorydocs.ghi‐dc.org et http://scienceblogs.com Image 2 : https://www.points-of-contact.com/wp-content/uploads/2009/06/08U8267.jpg Image 3 : http://journalistroth.eu/wp-content/gallery/iba-emscher-park-pressereise-verband-region-stuttgart/IBAZecheZollverein-e1496821236837.jpg


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ANNEXE III AFFECTATION ANCIENNE :

Usine Fiat De Lingotto

LOCALISATION :

Lingotto, Turin, Italie

SECTEUR D'ACTIVITE :

Automobiliste

FONCTIONNEMENT :

1916 - 1982

BREVE DESCRIPTION TYPOLOGIQUE/INTERETS ICONOGRAPHIE PATRIMONIAUX L’usine Fiat de Turin « Lingotto » a été conçue par l’architecte Giacomo Mattè Trucco et a été inaugurée en 1922. Elle est composée de 2 bâtiments parallèles de 5 étages et 500m de long destinés à la construction des voitures qui sont reliés par 5 traversées occupés par le personnel administratif. Sa première particularité est la présence de deux rampes hélicoïdales qui permettaient un processus industriel original, chaque étage était spécialisé dans un domaine de la fabrication et les voitures montaient d’étages en étages au fur et à mesure de leur construction. Sa deuxième particularité, qui la rend unique, est la présence d’un circuit d’essais sur son toit, avec ses deux lignes droites de 400m et ses virages surélevés. Directement inspirée du taylorisme, qui avait comme objectif principal l'efficacité productive, la structure en béton armé très fine comportait cinq étages.

AFFECTATION ACTUELLE :

Centre

de congrès multifonctionnel

PROJET :

Renzo Piano

ANNEE DE LA REAFFECTATION :

1985

BREVE DESCRIPTION DU PROJET DE REAFFECTATION : ICONOGRAPHIE : À l'extérieur la structure n'a pas été conservée en l'état, mais à l'intérieur tout a été modifié pour répondre aux nouvelles contraintes de fonctionnement. Au fil du temps, dans les nombreux volumes du Lingotto, on a créé le centre des expositions en 1992, le centre des congrès et l'auditorium Giovanni Agnelli en 1994, deux hôtels en 1995, un centre de services, de nombreux bureaux de représentation, un centre commercial avec des dizaines de commerces, bars et restaurants en 2002, un héliport. À partir de 1997, le siège des directions du groupe Fiat est revenu dans le bâtiment indépendant de bureaux. En 2002 la pinacothèque Giovanni e Marella Agnelli a été inaugurée. L'architecte Renzo Piano a déclaré, à cette occasion, avoir voulu recréer au Lingotto « une partie originelle de la ville ». La piste d'essais des voitures a été réaménagée et sert actuellement à la présentation de nouveaux modèles et est ouverte au public.

SOURCES DE INFORMATIONS : https://www.laboiteverte.fr/le-circuit-sur-le-toit-de-lusine-fiat-lingotto-turin/

SOURCES DES IMAGES : Image 1 : https://www.laboiteverte.fr/le-circuit-sur-le-toit-de-lusine-fiat-lingotto-turin/#jp-carousel-34368 Image 2 : https://www.laboiteverte.fr/le-circuit-sur-le-toit-de-lusine-fiat-lingotto-turin/ Image 3 :https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/62/Lingotto-2.jpg/400px-Lingotto-2.jpg


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ANNEXE IV AFFECTATION ANCIENNE :

Bankside Power Station

SECTEUR D'ACTIVITE :

LOCALISATION :

Londres, Royaumeuni

FONCTIONNEMENT :

1955 -

BREVE DESCRIPTION TYPOLOGIQUE/INTERETS ICONOGRAPHIE PATRIMONIAUX La Bankside Power Station était une centrale électrique située sur la rive sud de la Tamise, dans le quartier de Bankside, dans le Borough of Southwark, à Londres. Il produisit de l'électricité de 1891 à 1981. Il servit également de base de formation pour les apprentis de tout le pays. Il a formé des étudiants en génie et en ingénierie (électriques et mécaniques) dans des ateliers spécialisés pour la formation. Elle appartenait et était exploitée par la société d'électricité de la ville de London (CLELCo) et fournissait de l'électricité à la ville et à une partie du nord de Southwark. Le 25 juin 1891, ce bâtiment était d’abord alimenté en courant continu pour alimenter les réverbères des lampadaires de la rue Queen Victoria. Un autre point est sa pertinence en tant qu’élémet de composition du paysage, avec sa cheminée de 99 mètres de hauteur défie AFFECTATION ACTUELLE :

Tate

Modern

BREVE DESCRIPTION DU PROJET DE REAFFECTATION :

PROJET :

Jacques Herzog et Pierre de Meuron

ANNEE DE LA REAFFECTATION :

2000

ICONOGRAPHIE :

- élimination de « résidus encombrants » préservation des aspects extérieurs du bâtiments, tels que préserver, sinon de valoriser l'image d'un passé industriel tout en éliminant ses résidus encombrants. - De l'extérieur, leur intervention paraît se réduire à la poutrelle de verre qui surplombe le toit du bâtiment, souligne son volume caractéristique et sert, la nuit, d'enseigne lumineuse à l'institution

SOURCES DE INFORMATIONS : https://www.universalis.fr/encyclopedie/tate-modern-londres/ http://www.glias.org.uk/gliasepapers/bankside.html

SOURCES DES IMAGES : Image 1 : Vue aérienne du Bankside Power Station en 1963. https://timera-energy.com/aerial-view-of-bankside-power-station-southwarkmarch-1963/ Image 2 : http://www.slate.fr/grand-format/tate-modern-prend-londres-119705 Image 3 : Le hall des turbines. Source : https://voirenvrai.nantes.archi.fr/?p=3212


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ANNEXE V AFFECTATION Mauser & Cia Ltda ANCIENNE : SECTEUR : Production de fûts métaliques TYPOLOGIE PRINCIPALE / INTERETS PATRIMONIAUX

LOCALISATION :

São Paulo – Brésil

FONCTIONNEMENT : ICONOGRAPHIE :

1930-1970

PROJET : ANNEE :

Lina bo Bardi 1982

L'usine, construite sur la base d'un projet anglais, présentait une structure simple. L’ensemble était constitué d’un groupe de halles qui occupait à l'époque une place convoitée pour toute industrie: presque en face de l'avenue Água Branca d'alors et à une très courte distance des voies des anciens chemins de fer Sorocabana et Santos-Jundiaí.

AFFECTATION ACTUELLE :

Sesc - Pompéia

LE PROJET DE REAFFECTATION : • Restauration des bâtiments; • Construction de trois volumes prismatiques de béton apparent à côté des anciens entrepôts de la fabrique de tambours de Pompéia: un prisme rectangulaire de trente par quarante mètres de base et quarante-cinq mètres de hauteur; un deuxième prisme rectangulaire, plus petit et plus haut que le premier, de quatorze par seize mètres de base et cinquante-deux mètres de hauteur; et un cylindre de huit mètres de diamètre et soixante-dix mètres de haut. • Pompéia était à l'origine un lieu de fermes et de fermes pour les « paulistanos », mais, avec l'installation de plusieurs industries dans la région, elle a fini par devenir un quartier ouvrier. Aujourd'hui, le quartier Pompéia est une zone résidentielle et commerciale très agréable possédant d'infrastructures et de loisirs.

ICONOGRAPHIE :

ASPECTS ECONOMIQUES DE LA REHABILITATION :

Maître d’ouvrage : SESC – Serviço Social do Comércio

SOURCES DES IMAGES :

Image 1 : 1972. Photo: Paquito / Divulgation. Disponible sur http://m.acervo.estadao.com.br/noticias/acervo,como-era-saopaulo-sem-sesc-pompeia,9353,0.htm. Consultation le 08 mars 2020. Image 2 : https://www.vitruvius.com.br/revistas/read/minhacidade/08.093/1897 Image 3 : https://www.vivadecora.com.br/pro/arquitetos/sesc-pompeia-lina-bo-bardi/ Image 4 : https://www.vivadecora.com.br/pro/arquitetos/sesc-pompeia-lina-bo-bardi/

SOURCES DE INFORMATIONS : http://m.acervo.estadao.com.br/noticias/acervo,como-era-sao-paulo-sem-sesc-pompeia,9353,0.htm Ferraz (1993)

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ANNEXE VI AFFECTATION ANCIENNE :

Manufacture d'armes de Saint-Étienne (MAS)

SECTEUR :

Manufacture TYPOLOGIE PRINCIPALE / INTERETS PATRIMONIAUX

LOCALISATION : FONCTIONNEMENT :

Saint-Etienne 1964-1990

ICONOGRAPHIE :

Le complexe de la manufacture d'armes consiste d'un ensemble de bâtiments de typologie hétérogène qui est lié au flux de la production. A l'entrée principale nous retrouvons un portail classé Monuments Historiques. Le bloc parallèle au portail abritait des fonctions administratives. Plus à l'arrière de la parcelle on retrouve les autres bâtiments destinés à la production.

AFFECTATION ACTUELLE :

PROJET : Cité du Design

LE PROJET DE REAFFECTATION : Le projet de reconversion de la MAS en Cité du Design a été complexe et mieux décrit dans le corpus du travail. Nous le résumons donc dans ces actions principales : • Restauration des bâtiments ; • Démolition de certaines structures. • Construction d’un nouveau volume. La dite platine.

SOURCES DE INFORMATIONS : https://journals.openedition.org/belgeo/12606

SOURCES DES IMAGES : Image 1 : Archives Municipales de Saint-Etienne Images 2 et 3: Lizianne Torres

ANNEE : ICONOGRAPHIE :

Finn Geipe 2009

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ANNEXE VII AFFECTATION Puits Couriot ANCIENNE : SECTEUR : Exploitation Minière TYPOLOGIE PRINCIPALE / INTERETS PATRIMONIAUX • Complexe minier composé d’un chevalement métallique posé en 1914, et d’autres bâtiments techniques de la même époque. Le bâtiment de la machine d'extraction datant de 1936 est toujours en place. • Le site est implanté où étaient déjà les puits Chatelus I et II, arrêtés en 1887. • Le puits a été l'une des plus importantes compagnies françaises, et le plus grand puits du bassin charbonnier stéphanois, allant à remonter jusqu’à 900.000 tonnes de charbon par an et employant 1.500 mineurs. • L’ensemble est classé au titre des monuments historiques avec ses crassiers en 2011

AFFECTATION ACTUELLE :

Parc-Musée de la Mine

LOCALISATION :

Saint-Etienne

FONCTIONNEMENT : ICONOGRAPHIE :

1899 -1973

PROJET :

Gautier+Conquet, Michel Corajoud, Archipat, Scène 1991 : ouverture du Musée 2006 : projet du parcmusée

ANNEE :

LE PROJET DE REAFFECTATION :

ICONOGRAPHIE :

• Restauration des bâtiments ; • Le projet muséographique a préservé la plupart des espaces salles telles comme ils étaient et laissant quelques équipements sur place. Des nouveaux espaces d’exposition ont été conçus comme des « boîtes » contemporaines insérées à l’intérieur glissées dans l’architecture d’origine ; • Dans le parc, de nombreux vestiges ont été préservés comme : rails, fragments de quais, butoirs, sols de bâtiments détruits ;

ASPECTS ECONOMIQUES DE LA REHABILITATION :

Maître d’ouvrage : Ville de Saint-Etienne Coûts : 6 600 000 euros ht

SOURCES DE INFORMATIONS : http://www.musee-mine.saint-etienne.fr/ http://www.gautierconquet.fr/fr/projet/parc-musee-du-puits-couriot/ https://monumentum.fr/site--minier-dit-quot-puits-couriot-quot-pa42000039.html

SOURCES DES IMAGES : Image 1 : Couriot après 1920 © A.D.L. Source. http://www.musee-mine.saint-etienne.fr/approfondir/lhistoire-de-couriot. Consultation le 13/05/2020


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ANNEXE XVIII AFFECTATION ANCIENNE :

Aciéries et forges de la Marine et d’Homécourt

SECTEUR :

sidérurgie TYPOLOGIE PRINCIPALE / INTERETS PATRIMONIAUX

LOCALISATION :

Saint-Chamond

FONCTIONNEMENT :

1903-1984

ICONOGRAPHIE :

• Le site elle constitué d’un ensemble de bâtiments héterogenes. Selon l’iconographie ancienne, la plupart des élements ont été démolis. • Selon l’iconographie anciennes plusieurs éléments ont éte détruits et construits au fil du temps • Les corpus des bâtiment principal est composé des blocs Des Halles point une cheminée s'impose au milieu du site constituant un marqueur visuel imposant points

AFFECTATION ACTUELLE :

PROJET : Novaciéries

LE PROJET DE REAFFECTATION :

ANNEE : ICONOGRAPHIE :

• Comme décrit dans le corpus de ce travail le projet de réhabilitation consistait dans la réaffectation des bâtiments préexistants. • D’autres structures ont été adaptés pour des usages commerciaux • Le parc situé dans l'entourage du site a été réaménagé en tant qu’espace public d’usage divers.

ASPECTS ECONOMIQUES DE LA REHABILITATION : Maître d’ouvrage : Saint-Etienne Métropole Coûts et financement : 75 M (50 M de Saint-Etienne Métropole, L’Union Européenne (fonds FEDER), la Région Auvergne - Rhône-Alpes, la Ville de Saint-Chamond, le Département de la Loire et l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) , l’EPORA

SOURCES DE INFORMATIONS : https://industrie.lu/CompagnieForgesAcieriesMarine-Homecourt.html vide bibliographie

SOURCES DES IMAGES : Image 1 : https://industrie.lu/CompagnieForgesAcieriesMarine-Homecourt.html Image 2 : Lizianne Torres Image 3 : Lizianne Torres

Cap Métropole 2020

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