MPS N°11 - ANIMAUX & COMPAGNIES - Avril Mai Juin

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MPS MEN PORTRAITS SERIES n° 11 Avril-Mai-Juin 2021

ANIMAUX & COMPAGNIES

menportraits.blogspot.com © Francis Rousseau 2011-2021


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIE

Partie de chasse avec chien Mosaïque de Carthage

Dans la vie des Romains de l’Antiquité les animaux tiennent une grande place, même si la civilisation romaine octroie aux animaux un rôle essentiellement utilitaire. Souvent dévoués à une tâche bien précise, il peut toutefois arriver que certains puissent jouer le rôle d'animaux de compagnie. Ce fut le rôle des oiseaux, des chiens, des singes et dans une moindre mesure des chats (voir page suivante)


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES Il existe de nombreuses fresques et mosaïques qui témoignent du rapport affectif qui liaient les animaux domestiques à leurs maitres dans l’Antiquité romaine. Les plus appréciés étaient, de façon assez surprenante pour nous aujourd‘hui, les oiseaux. Cependant, tous les oiseaux n’étaient pas traités de la même façon. Les oiseaux d'agréments ornaient les jardins des très riches demeures où il était fréquent de croiser des paons, des cygnes, des grues, des canards et des oies parfaitement domestiqués. Tout était affaire de caste et de moyens : le paon, oiseau sacré de Junon (qui aurait placé les yeux du gardien Argus dans son plumage), était plutôt réservé aux classes les plus aisées et aux grands aristocrates. Les perroquets, perruches et mainates ramenés par les soldats de leurs campagnes aux confins de l’Empire étaient aussi très appréciés pour leur plumage et leur babille, certains de ces oiseaux parleurs apprenant parfois à dire « Ave » pour saluer le visiteur. Certains citoyens en vinrent même à emmener leur perroquet avec eux au Sénat pour les faire protester politiquement quand ils ne pouvaient le faire eux-mêmes par crainte de représailles ! Les oiseaux locaux (aigrettes, grues cendrées, cygnes, canards, oies) étaient les oiseaux de le plus fréquemment rencontrés. Les romains adoraient aussi les petits rossignols et les chardonnerets) dont ils appréciaient le chant et qu’ils plaçaient dans des volières. Les corbeaux et les pies étaient aussi très recherchées pour leur intelligence et leur facilité à se laisser domestiquer. Après les oiseaux, les chiens étaient les animaux les plus présents dans le monde domestique romain. On les retrouvait dans toutes les classes de la société où ils faisaient le plus souvent fonction de gardien (Mastiff ou Gaulois) comme le rappelle la célèbre mosaïque de Pompéi portant la mention « Cave canem » (Prends garde au chien). Les chiens étaient aussi utilisés pour la chasse (Lévrier de Sparte), les jeux du cirque ou la guerre (Molosse, Ombrien). Certains témoignages ou certaines représentations sculptées attestent bien du rôle d’animal de compagnie que pouvait jouer les chiens (Bichons maltais) à égalité avec… les singes. Une mode qui agace d’ailleurs passablement Jules César qui, à son retour des Gaules, écrit : « Les femmes romaines n’ont-elles donc plus comme autrefois des enfants à nourrir et à porter dans leurs bras ? Je ne vois partout que des chiens et des singes. » Les chats quand à eux, étaient assez rares dans la Rome Antique et ils étaient surtout appréciés des Romaines de haut rang pour leur drôlerie, leur curiosité et leur qualité au foyer comme chasseurs de souris et de rats qu’ils tenaient éloignés des cuisines. La plupart des mosaïques représentent d’ailleurs le chat comme un animal joueur ou chasseur... ou les deux. Certaines impératrices et membres directes de leur famille impériale instaurèrent aussi la tradition d’avoir un chat comme animal de compagnie à l’intérieur de leur quartier de résidence.

Paon, mosaïque de Carthage

Chien tenue en laisse Mosaïque de la maison du Poète tragique. Pompéi

Chat jouant avec un canard Musée du Pardo, Tunis


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES Le philosophe grec Diogène de Sinope (404-323 av. J.-C.) assis dans son humble logis, une grande jarre en terre cuite (pithos), dans le quartier Métrôon d'Athènes est représenté alors qu'il allume sa lanterne au milieu de la journée, avant d'aller la brandir, en parcourant les rues sous le nez des passants, les invectivant de sa célèbre phrase: « Je cherche un homme » entendez par là « Y a-t-il dans cette ville un seul homme qui soit bon, sage et honnête ? ». Les chiens qui l'entourent sont ses seuls compagnons et il sont emblématiques du Cynisme (du grec kynikos, pareil au chien), la doctrine philosophique de Diogène qui prônait entre autres, la liberté sexuelle totale, l’indifférence à la sépulture, l’égalité entre hommes et femmes, la négation du sacré, la remise en cause de la cité et de ses lois, la suppression des armes et de la monnaie, l'autosuffisance.... Par ailleurs, Diogène considérait l'amour comme étant absurde : on ne doit s'attacher à personne. Après son décès, certains stoïciens, pourtant proches du courant cynique de Diogène, semblent avoir préféré dissimuler et oublier cet héritage jugé « embarrassant » et son œuvre Politeia (La République) tomba dans un oubli presque total.

JEAN-LÉON GÉRÔME 1824-1904) Diógène Huile sur toile, 101 cm x 74,5 cm, 1860 Walters Art Museum, Baltimore


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DOSSO DOSSI (1489-1562)) Portrait d’un Jeune Homme avec Chien et Chatt

La peinture d’animaux de compagnie est très fréquente sous la Renaissance, suivant en cela la tradition très ancrée sous l’Antiquité, dans l’aristocratie romaine en particulier. Dosso Dossi donne à cette représentation un caractère encore plus familier en étant parmi les premiers peintres à placer les animaux au premier plan de la composition et à hauteur de tête humaine, comme s’ils étaient l’objet d’un portrait groupé. On peut vraiment parler de « triple portrait » et ceci est assez novateur. Les jeunes animaux de compagnie ici représentés font échos à la jeunesse du modèle saisi dans un habit tout à fait négligé et la tête enturbannée. Dosso Dossi, de son vrai nom Giovanni di Niccolò de Lutero ou Luteri appartient à l’Ecole de Ferrare. Frère aîné de Battista Dossi, il s'est formé dans l'atelier de Giorgione, et a aussi probablement été l'élève de Lorenzo Costa. En 1514, il s'établit définitivement à Ferrare et devient peintre de la cour du duc Alphonse Ier d'Este, puis d'Hercule II. Il créa des cartons de tapisseries, des décors de théâtre, des vues urbaines et des portraits de la famille princière. Il peignit aussi de nombreux tableaux mythologiques et exécuta, pour le nouvel appartement du château de Ferrare, Dix scènes de la vie d'Enée. Il participa aux décorations de la Chambre d'albâtre du palais ducal, réalisées par Bellini. Il réalisa également des retables, pour les nombreux autels des églises ducales d'Este, dont un grandiose polyptique conservé à la Pinacothèque nationale de Ferrare. Ami de L'Arioste, il s'absenta plusieurs fois de la cour de Ferrare, pour séjourner à Venise. Il y fut en contact avec Le Titien. Il séjourna aussi à Florence en 1517 et à Mantoue en 1519 pour accompagner Titien. Il alla à Rome avec son frère Battista en 1519-1520 et il y travailla avec Raphaël. En 1529, il fut probablement appelé par François Marie Ier della Rovere, duc d'Urbino, à Pesaro pour décorer le Palais de la Villa Imperiale. Entre 1531 et 1532, il se rendit au château du Bon Conseil, à Trente avec son frère cadet Battista, à l'appel du cardinal Bernardo Clesio qui leur confie la décoration du Magno Palazzo, le Palais qu'il vient de faire construire à côté de l'ancienne forteresse, le Castelvecchio. Battista décore un corridor de fresques représentant les Dieux de l'Olympe, et Dosso peint sur le plafond de la Sala Grande « des putti frivoles devant des nuages sur fond de ciel bleu ».


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PIERRE ALEDEE DURAND (1790-1873) Ulysse reconnu par son chien Argos Musée des Beaux Arts de Paris NEWEL CONVERS WYETH (1882-1945) Homecoming , 1945

Voici deux émouvantes illustrations de l’histoire du valeureux Ulysse rentrant chez lui après 20 années passées à faire la guerre. Dans le récit d’Homère (Odyssée - Chant XVII), Argos le chien d'Ulysse, fidèle à son maître le reconnut immédiatement, à son retour de la guerre de Troie. Le déguisement d'Ulysse en mendiant ne le trompa pas. Mais à peine le vit-il qu'il mourut sur place, tant son émotion de retrouver son maître fut grande. Dans le tableau de N.C. Wyeth, bien que l’émotion soit exactement la même plusieurs détails diffèrent. Si le chien est bien aussi le seul à reconnaître son maître malgré son vêtement militaire, il n’a pas l’air prêt du tout à mourir ! Au contraire sa joie est intense et tranche avec l’atmosphère d’un grand calme de cette grosse ferme américaine qui semble désertée. Pourtant les granges et les corps d’habitations sont bien entretenus, ce qui suppose qu’il y a bien quelqu’un voir plusieurs personnes à l’intérieur mais personne ne vient à la rencontre du héros rentré de la guerre...


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES Au Moyen Age, des classifications sont appliquées aux animaux et des procès contre certains d’entre eux (porcs, charançons, chenilles, mulots, serpents, chats à la sexualité trop bruyante qui devaient brûlés avec les sorcières) furent organisés par l’Inquisition. Malgré ces visions obscurantistes, le concept d’animal de compagnie au sens antique, parvint à perdurer chez certains aristocrates. Les hommes de la noblesse s’entouraient de lévriers ou d’épagneuls et les femmes de bichons ou de perroquets. Les Princes avaient leur meute de chasse attitrée qu’ils cajolaient et traitaient avec égards, comme en témoigne la scène ci-contre extraite du Livre de chasse de Gaston Phébus, comte de Foix, grand prince chasseur et grand amateur d’ouvrages de vénerie et de fauconnerie. Plus tard, au XVIe siècle, le poète Joachim du Bellay écrivit même une épitaphe célèbre à la mémoire de son chat disparu. Le cardinal de Richelieu lui-même aima tant ses chats que, tel Karl Lagerfeld avec sa Choupette, il leur offrit un serviteur dédié. Mais pour l’immense majorité de la population, les animaux restaient avant tout des travailleurs de force pour lesquels toute affection était superflue et que l’on achevait sans ménagement à la moindre maladie. Les oiseaux chanteurs ou chasseurs de leur côté maintinrent leur statut privilégié d’animaux de compagnie pendant tout le Moyen-Age. L’oiseleur et encore plus le fauconnier qui les dressait et les vendait était lui aussi un personnage central de la société médiévale.

GASTON PHEBUS Livre de Chasse 1387-1389 BnF


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JAN VAN EYCK (1390-1441) Portrait de Giovanni Arnolfini et de sa femme, 1434 Huile sur panneau National Gallery, Londres

Dans ce tableau de noces, qui est considéré comme un des plus complexe de la peinture occidentale tant à cause de sa composition aux multiples perspectives que de la symbolique des objets qui s’y trouvent représenter, c’est le petit chien en plein centre du cadre mais tout en bas de la toile, qui retient surtout notre attention pour notre sujet. Il s’agit d’un Bichon plutôt proche du Bichon russe actuel que du Bichon Bolonais ou Maltais, au regard si intelligent, si direct et si présent au-delà des siècles, que l’on en reste absolument stupéfait ! Le Bichon qui a souvent le pelage totalement blanc (Bolonais ou Maltais) contrairement au Bichon Russe (à la robe coloré), est une race italienne extrêmement ancienne. Connu comme le Bichon maltais à l'époque de l’antiquité romaine, ce chien était un cadeau très apprécié des patriciennes de l’aristocratie romaine qui en faisaient volontiers leur animal de compagnie. Et ce n’est pas la moindre qualité de ce petit chien très futé que d’avoir réussi à faire perdurer tout au long des siècles et jusqu’au nos jours d’ailleurs, son rôle envié de cadeau précieux entre tous ! Au XVIe siècle, le fils de Charles Quint, Philippe II, roi d'Espagne, de Naples et de Sicile, roi de Portugal, roi consort d'Angleterre, archiduc d'Autriche, duc de Milan et prince des Pays-Bas qui reçut en cadeau deux bichons bolonais, aurait dit : « C'est le cadeau le plus royal qu'on puisse faire à un empereur. » Dans ce tableau, ce petit chien précieux symbolise la fidélité et la loyauté maritale et c’est ce qui explique en partie sa présence au premier plan de` cette composition qui célèbre les noces des époux Anorlfini. Mais on peut aussi le considérer comme un emblème de la luxure, qui symboliserait le désir du couple d'avoir un enfant… d’où son petit air « coquin » ! Ce qui frappe le plus c’est que, contrairement au couple dont les regards sont tournés vers l’intérieur de la toile ou se perdent dans le vague, le chien lui, regarde vers l’extérieur pour rencontrer délibérément les yeux du spectateur, pour le prendre à témoin de quelque chose qu’il sait mais que nous ignorerions. Il peut être aussi tout simplement un cadeau précieux du mari à la femme, bien conscient de sa valeur et de ce qu’il représente ! En effet de nombreuses femmes riches avaient des chiens de compagnie qui servaient à refléter la fortune du couple et leur rang élevé à la cour.


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ANTHONIS MOR (1517-1576) Portrait d’un Gentilhomme avec un Chien de Chasse National Gallery of Art Washington

Le chien représenté sur ce tableau ressemble beaucoup à un Cane Corso. On note d’emblée le précieux collier - presque plus précieux que celui de son maître - en cuir, bronze doré et rubis qu’il porte autour du cou et qui atteste à lui seul de la haute valeur qu’il a pour son maître. Le Cane Corso était une race de molossoïde d’origine italienne utilisée comme chien de garde, de défense et de pistage depuis la plus haute antiquité. Le terme de Molosse remonte lui-même à l’Antiquité et dérive par extension du peuple des Molosses vivant dans l’Epire qui avait fourni à Alexandre le Grand son célèbre chien Péritas, un animal de compagnie si légendaire que l’on en connait même la date du décès : 326 avant J.C. en Inde. Son apparence physique a connu quelques modifications dues aux croisements et à son cousinage avec le Mâtin de Naples. C’est un chien tellement robuste qu’il était utilisé comme chien de guerre par les légions romaines ou dans les jeux du cirque pour repousser les lions dans leur quartier après leur performance. La puissance de sa mâchoire était telle qu’elle aurait même dissuader les taureaux de l’attaquer. Malgré cette force colossale, le Cane Corso pouvait être un chien d’un grand calme, loyal, extrêmement fidèle et si dévoué qu’il serait mort sans hésiter pour son maître… ce qui apparait très bien d’ailleurs dans ce tableau où l’osmose et la confiance entre le maître et son chien est évidente. Comme souvent, il y a une sorte de mimétisme entre l’animal et son maître, particulièrement perceptible ici dans le regard : celui du maître étant aussi méfiant et défiant que celui de son chien ! A l’époque de la Renaissance italienne où cette toile a été peinte, le Cane Corso était non seulement un chien de défense mais aussi un chien de chasse utilisé principalement pour la chasse au sanglier et même à l’ours. Ce chien qui faillit disparaitre est aujourd‘hui une espèce protégée reconnue comme la 14e race italienne. Le Cane Corso est aussi connu pour être très affectueux avec les enfants mais très méfiant envers toute personne étrangère qui ne fait pas partie du cercle de son maître. Sa taille varie de 64 à 68 cm et son poids de 45 à 50 kg. Sa robe peut être noire, grise, fauve ou bringée (comme cicontre). On sait aujourd’hui que c’est un chien auquel les princes de la Renaissance s’adressaient en paroles, pas seulement pour lui intimer des ordres mais pour le flatter ou le rassurer… alors que souvent ces princes ne parlaient même pas à leurs propres enfants !


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES Cette toile, intrigante dans la production principalement religieuse de Giovanni Lanfranco, a figuré dans l’exposition «Les Bas-fonds du Baroque, la Rome du vice et de la misère » présentée, voici quelques années, au Petit Palais à Paris et à la Villa Médicis à Rome. Elle incarne bien le visage sombre de la Rome baroque du XVIIe siècle, sa luxure et ses excès de toutes sortes, au moment même où la Ville Eternelle est célébrée pour ses fastes, garants du triomphe de la Papauté. Ce Jeune homme nu sur un lit au sourire suggestif et qui caresse un chat, symbole même de la luxure (les temps n’étaient pas si lointains où les chats étaient déclarés créatures du diable à brûler avec les sorcières pour le simple fait « d’être trop bruyants pendant leurs ébats amoureux », ce jeune homme donc, évoque et symbolise à la perfection l’univers clandestin et interlope de la capitale, en même temps qu’il représente un aspect peu connu de cette étonnante production artistique romaine : la peinture du bordel par les peintres religieux eux-mêmes ! Ainsi des peintres comme Lanfranco ou Caravaggio participaient à la vie nocturne de la cité dans ces bas-fonds, ces tavernes, ce monde miséreux, violent et grossier, où l’on buvait et où l’on jouait, et y trouvaient une source inépuisable d’inspiration. Une vie de bohême dont les peintres livrent parfois aussi des représentations empruntes de mélancolie (comme ici) tirant des bouges des toiles sublimes. La Rome de cette époque est entière dans cette Dualité, entre la violence de ses bas-fonds et les fastes des palais de la Papauté incitant des peintres comme Caravaggio à prendre de jeunes délinquants comme modèles pour ses Christs et des putains pour modèles de ces vierges Marie.

GIOVANNI LANFRANCO (1582-1647) Jeune homme sur un lit avec un chat Collection privée (UK)

HIPPOLYTE-PAUL DELAROCHE L’Empereur Napoléon 1er en 1814 (peint en (1840) .


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JEAN-BAPTISTE OUDRY (?????) - Louis XV tenant en laisse un chien dans la forêt - 2 portraits des lévriers royaux - Portrait de Blanche RMN

Peintre du roi de France Louis XV, Jean-Baptiste Oudry fut spécialisé dans la peinture des animaux royaux, Louis XV possédant de nombreux chiens de compagnies ainsi qu’une importante meute de chiens de chasse parmi lesquels il avait ses favoris. Ce sont les scènes de chasse qui rendirent Oudry célèbre au point que les spectateurs voulaient toucher ses tableaux tant le gibier et les animaux paraissent réels. Les chiens généralement représentés par Oudry sont de type braque, épagneul et lévrier, aux attitudes surprenantes, chassant ou observant toute une diversité de gibiers, que les spectateurs d’alors s’amusaient à identifier. Le tout dans un paysage distribué entre l’ombre et la lumière, véritable marque de fabrique du maître. Parmi la multitude de chiens favoris du roi que peignit Oudry, il faut citer au moins, les cinq plus célèbres en leur temps : les deux levrettes Misse et Turlu, de même que Sylvie et Mignonne que leur succédèrent après leur mort et… la chienne de chasse, Blanche, la préférée du roi. Les deux petits lévriers italiens Misse et Turlu, sont représentés avec réalisme, finesse et élégance au centre de la composition avec leur nom soigneusement écrit sous chacune d’elle. L’absence de figure humaine donne d’ailleurs encore plus d’importance à ces chiennes de haut rang. Elles ont l’air alerte, immortalisées dans des poses qui suggèrent la vivacité de leur caractère. Pour embellir la composition, Oudry les représente entourées de roses. Mignonne et Sylvie quand à elles sont peintes dans un décor plus sauvage évoquant plus les bois et la chasse que les jardins et leurs plaisirs raffinés. Très attaché à ses lévriers, Louis XV avait tenu à assister en personne aux séances de pose en mars 1725 et s’en était beaucoup amusé. En ce qui concernait ses chiens de chasse, c’est selon tous les témoignages la chienne Blanche qui avait ses faveurs. Elle est représentée par Oudry dans la saisissante attitude de l’ arrêt devant un faisan. Comme son prédécesseur, Louis XV passait le plus clair de son temps à la c hasse, que son ancêtre avait érigé au rang de véritable institution. Une coutume officielle qui se prolongea longtemps au plus haut niveau de l’Etat, sous la république, jusqu’à la fin du XXe siècle !


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES . La tonte des moutons était une des plus importantes activités de l’année pour les colons australiens. Elle l’est aussi pour les moutons d’ailleurs qui, s’ils ne sont pas régulièrement tondus peuvent mourir d’ épuisement sous le poids considérable de la laine accumulée. C’est pourquoi le peintre qui rend, cette scène essentielle de la toute nouvelle vie coloniale, le fait sur une échelle gigantesque, avec des personnages et des animaux qui sont presque grandeur nature et une foule de détails qui forgeront la légende paysanne de cette activité. Shearing the rams est toujours aujourd’hui un des tableaux les plus célèbres de Thomas William Roberts. Immigré en Australie en 1869, il étudia la peinture sous la direction d’Eugene von Guerard, le maître incontesté du paysage australien, avant de peindre un nombre considérable de paysages et de portraits. Son tableau probablement le plus célèbre, en dehors de celui-ci, The Big Picture, une scène représentant l'inauguration du premier parlement du Commonwealth of Australia. Shearing the rams est exposé en permanence à la National Gallery of Australia.

TOM ROBERTS (1856-1931) Shearing the rams, 1890 National Gallery of Victoria, Australia


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FIRMIN MASSOT (1766-1849) Portrait de Jacques-Laurent Agasse avec son bulldog, 1795

Jacques-Laurent Agasse (1767-1849) représenté avec son propre bulldog sur ce tableau était un peintre suisse, connu pour être l'un des grands peintres animaliers du début du XIXe siècle. Arrivé à Londres à la fin octobre 1800, il vécut plutôt modestement jusqu’à ce qu’il soit présenté au Régent qui remarqua la place qu’Agasse donnait aux animaux dans toutes ses compositions historiques, et notamment dans Adonis tué par un Sanglier ou dans Alexandre domptant Bucéphale ou encore dans Romulus et Rémus allaités par une Louve… et c’est cette sensibilité animalière que le Prince décida de favoriser. C’est ainsi qu’en dehors de la représentation anecdotique d’animaux exotiques tel que la girafe ou le zèbre, Agasse devint le peintre animalier favori des membres de la haute société britannique, nostalgique d’avoir perdu leur animal de compagnie aimé et qui voulait en garder un souvenir. Il faut dire que cette nouvelle sensibilité animalière s’inscrivait parfaitement dans l’air du temps, portée notamment par les théories de Jean-Jacques Rousseau qui dans la préface de son Discours sur l'inégalité (1754), rappelait que l'homme avait été un animal, bien que non « dépourvu d'intelligence et de liberté ». Contrairement à René Descartes qui estimait que « Les animaux n’ont ni âme ni esprit, et qu'ils ne sont que des automates complexes qui ne peuvent ni penser ni souffrir. Ils sont certes équipés pour voir, entendre, toucher, et même éprouver la peur et la colère, mais ils ne sont pas conscients. » Rousseau estimait lui, que « les animaux étant des êtres doués de sensibilité ils devraient participer au droit naturel, et que l'homme est sujet à certains devoirs envers eux ». Cela allait conduire le Parlement du Royaume-Uni à adopter en 1822 la première Loi de protection animale au monde : le Martin's Act, introduit par le député irlandais Richard Martin qui interdisait notamment les actes de cruauté à l'encontre du « bétail » (chevaux, vaches, moutons…).


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CLAUDE MONET (1840–1926) Portrait posthume de Victor Jacquemont avec un parapluie, 1865 Kunsthaus, Zurich.

Bien que quasiment inconnu de nos jours, le naturaliste et explorateur français Venceslas Victor Jacquemont (18011832) fut un personnage célèbre dont l'existence aussi brillante que brève laissa un trace indélébile dans le monde culturel français du XIXe siècle. Fondateur avec Adrien de Jussieu et Adolphe Brongniart de la Société Naturaliste de Paris, il explora les Amériques, rencontra Dumont Durville au Cap, s’insurgea contre l’esclavage à l’Ile Bourbon (aujourd’hui La Réunion), vécut pendant trois années à Calcutta, poussa jusqu’à l’Himalaya, rencontra le roi de Lahore et mourut à Bombay d’une infection bactérienne. Cet infatigable voyageur trouva aussi le temps, pendant ses escales, de fréquenter les salons parisiens où ses récits enchantaient… Stendhal, dit on, lui soumettait ses écrits avant impression et Prosper Mérimée aussi bien qu’Alexandre Dumas consultaient régulièrement son avis. Mais il semblerait - à en croire l'avis d'un lecteur averti du blog Men Portraits (que je remercie au passage) - que l'illustre explorateur Venceslas Victor Jacquemont n’est pas celui dont Monet a fait le portrait ci-dessus ! Le jeune homme au parapluie s’appelle bien aussi Victor Jacquemont mais c’est en réalité le neveu de l’explorateur. Sa présence sur ce portait s'expliquerait non seulement par sa grande ressemblance physique avec son oncle mais aussi par l'amitié qui le liait Claude Monet. On connaissait déjà le neveu de Rameau, et le neveu de Beethoven… et bien voici maintenant le neveu de Jacquemont ! Porphyre, le frère bien-aimé de Victor l’explorateur avait eu en effet, en 1841, un garçon qu’il avait prénommé Victor, en l’honneur de son illustre oncle, mort neuf ans plus tôt, et à qui une statue venait d’être élevée sur une façade de l’Hôtel de ville de Paris, parmi les « grands personnages qui ont fait la fierté de la France. » Quel que soit le personnage représenté, il n’en reste pas moins que cette composition de Monet est très inhabituelle si on la replace dans sa production de portraits. C’est un portrait en pieds, une ombrelle à la main pour se protéger des rayons de soleil que l’on sent darder au travers des feuilles d’une allée boisée. C’est l’été et tout dans la posture du personnage comme dans son air alangui (auquel fait écho celui de son chien), le démontre : le costume ouvert, la cravate jaune, le canotier de paille, les chaussures légères et les couleurs particulièrement estivales des habits. Le livre à la main laisse supposer une après midi de farniente à la campagne. Le chien quant à lui, une sorte d’épagneul au pelage noir et blanc, semble très docile. Il s’arrête quand son maitre s’arrête et ne cherche en rien à troubler la quiétude de cette belle après-midi d’été où beaucoup de douceur de vivre s’est invitée. Monet réussit à fixer la pause, comme si elle était le fruit d’un instantané qu’il aurait saisi en croisant ce personnage par hasard pendant sa promenade.


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES Ce portrait de face, avec le visage inexpressif comme la plupart des portraits de Rousseau - a été identifié comme étant, celui de Pierre Loti avec un chat. On y voit un personnage coiffé d’une chechia rouge, fumant une cigarette, en présence d’une chatte tigrée confortablement installée sur un coussin rouge, le tout se découpant sur un paysage de plein air dans lequel se dresse des cheminées d’usine ! Selon les experts, aux paysages agrestes des portraits de la Renaissance dont la composition veut emprunter les codes, Rousseau substitue une paysage de la mutation industrielle qui bat son plein en ce début de XXe siècle. Parfait …. à ceci près qu’ il y a polémique sur l’identité du personnage représenté ! En effet lorsque Henri Rousseau exposa ce tableau au Salon des Indépendants de 1906, le titre en était « Portrait de Mr F. »! Il faisait ainsi explicitement référence au commanditaire de l’œuvre, l’écrivain Edmond Franck. On sait aujourd’hui qu’après l’avoir acquis, Edmond Franck très insatisfait de son portrait le détruisit purement et simplement et sans été d’âme! Rousseau qui, lui, en était plutôt satisfait, et prévoyait une réaction violente de son commanditaire, en avait fait une copie à l’identique. C’est cette copie donc qui, par une astucieuse expertise de marchand, se retrouva beaucoup plus tard sur le marché comme étant le portrait de Pierre Loti. La chechia rouge aura sans doute mis l’expert sur la voie !

HENRI ROUSSEAU (1844-1910) Portrait de Mr X (Pierre Loti), 1916 Kunsthaus, Zürich

Car entre temps Rousseau était mort - en 1910 précisément - des suites d'une gangrène de la jambe à l’hôpital Necker. Ses amis étant absents, sept personnes seulement suivirent son cercueil jusqu'au cimetière de Bagneux où - sans le sou - il fut inhumé dans une fosse commune. L'année suivante, quelques intimes se cotisèrent pour faire déposer ce qu’il restait de sa dépouille dans une concession trentenaire. En 1952, soit 53 ans après avoir été peinte, on retrouve cette toile à la Galerie Charpentier à Paris qui la met en vente, sous le nom de Portrait de Mr X (Pierre Loti), pour une somme assez rondelette, la cote de Rousseau ayant considérablement monté depuis son décès. C’est alors qu’Edmond Franck réapparait et se manifeste auprès du galeriste en écrivant : « Je puis vous assurer que cette œuvre n’a jamais été le portrait de Pierre Loti, qu’elle est mon propre portrait exécuté par le douanier Rousseau à mon propre domicile avec mon propre chat « Evidemment 50 ans plus tard, le chat n’est plus là pour témoigner ! La question reste : Pierre Loti avait-il un chat ? La réponse est Oui . Il adorait les chats qui selon ses propres mots « apportaient à son existence tourmentée une présence qui défiait le temps . » Loti en eût au moins sept qu’il appela tous invariablement Moumoutte et leurs petits, Mimi . Et s’il s’agissait plutôt du Portrait de Moumoutte avec un homme moustachu portant une chechia rouge ?


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NORMAN ROCKWELL (1894-1978) Breaking home ties (Le Grand Départ, 1954) Private Collection

Le Grand Départ dont le titre original est Breaking Home Ties (Boy and Father Sitting on Truck) est une illustration de magazine peinte à l'huile par Norman Rockwell pour la couverture du Saturday Evening Post du 25 septembre 1954. C'est aussi une toile mythique de Rockwell à l'histoire aussi rocambolesque que mouvementée. Cette peinture, considérée par les experts comme l'un des chefs-d'œuvre de l'illustrateur, est aussi l'une des plus l reproduites dans le monde. Peinte de façon assez banale à l'occasion de la rentrée scolaire 1954, l'illustration évoque le départ du fils vers une école lointaine et l'impossibilité du père à exprimer ses sentiments dans ce moment précis. Les détails de l'image se combinent pour raconter une histoire, en l'occurrence celle d'un garçon qui quitte son foyer pour la première fois accompagné par son père sur le quai de la gare. Le jeune homme et son père sont assis sur un banc devant le camion du ranch familial dans une des versions de la toile et directement sur le marchepieds du camion dans une autre version (retrouvée beaucoup plus tard), avec à leurs côtés dans les deux cas, leur chien, un colley, dont la tête repose avec tendresse sur la cuisse du garçon, comme si l'animal sentait le départ proche. Le regard de l’animal ajoute à la tristesse de la scène une dimension pathétique presque insoutenable. Des livres sont posés sur une valise neuve ; sur son côté est collé un fanion triangulaire State U, aux couleurs rouge et blanche comme la cravate et les chaussettes parfaitement appairées, montrant que le jeune homme se rend dans une université. Le garçon porte un costume rayé clair et des chaussures vernies, les mains tenant un paquet sur ses jambes (probablement son repas préparé par sa mère dans une lunch box), son regard joyeux et curieux se concentre avidement vers l'horizon, imaginant sa vie prochaine ne se rendant pas compte de la brisure des attaches familiales (le titre anglais Breaking Home Ties, « Liens familiaux brisés » l'exprime plus directement). Par contraste, le père est assis courbé, la cigarette éteinte à la bouche, tenant, devant lui dans ses mains, en même temps qu'une boite d’allumettes, son chapeau ; dans une des versions, il tient aussi le chapeau de fils ce qui ajoute au déchirement, comme s'il était peiné de le laisser partir mais ne savait que dire pour le retenir. Il porte un regard résigné dans une direction opposé, redoutant l'arrivée inéluctable du train qui va emmener son fils au loin... Le 29 novembre 2006, Sotheby's vendit la peinture aux enchères pour 15,4 millions de dollars, ce qui, à l'époque, était une somme record pour une œuvre de Rockwell. L'acheteur ou les acheteurs ont choisi à ce jour de rester anonymes.


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MARIE-FRANÇOIS FIRMIN-GIRARD (1828-1921) Portrait d'un homme et de son chien.

Ce « Portrait d’un homme avec son chien » montre bien la proximité affective nouvelle qui se crée au XIX e sicle entre l’homme et l’animal. En effet en Europe et en France en particulier, les renforcements des liens entre les animaux domestiques entamés au XVIIIe siècle s’affirment de plus en plus. Comme le fait remarquer Damien Baldin dans son Histoire des animaux domestiques (Seuil, 2014), c’est précisément au XIXe siècle que le terme de domestique est accolé à celui d’animal pour définir l’animal qui vit en ville ; ce terme le différencie notablement de l’animal utilitaire, des animaux qui vivent à la campagne, animaux de ferme, de basses cours, d’étables, de meutes de chasse et à fortiori de l’animal sauvage. D’autre part, le XIXe siècle étant le siècle du repli sur la sphère privée, la position des animaux citadins se voit renforcée dans un habitat intérieur qui est de plus en plus séparé de l’espace extérieur urbain. Une nouvelle distinction se crée entre les animaux de la ville (chevaux pour les engins hippomobiles par exemple) et les animaux de la maison qui passent du statut d’animaux domestiques à celui d 'animaux de compagnie, lesquels vivent dans une intimité corporelle et sentimentale avec les personnes du foyer. Il ne faut pas oublier non plus que l’animal familier est aussi un animal dressé et dominé par l’homme. Surtout en ce qui concerne les chiens et les chevaux. Dans les deux cas, le dressage doit aboutir à une obéissance complète de l’animal. « La hiérarchie animale devient le reflet de la hiérarchie humaine, ce qui inscrit les animaux dans une symbolique politique ». Mais cette domination de l’homme, loin de tracer une ligne de séparation entre les hommes et les animaux, renforce l’attention affective qui leur est portée. C’est ainsi que se développe une volonté de protéger les animaux domestiques de la violence humaine. Ce mouvement correspond à deux évolutions plus larges : une sensibilité qui supporte de moins en moins la violence envers des êtres susceptibles de souffrir ; l’importance économique des animaux, dont la productivité pourrait être remise en question par de mauvais traitements. Damien Baldin explique ainsi le vote de la loi Grammont en 1850 : « Cette loi, en punissant les violences commises envers les animaux, vise à canaliser une violence crainte à cette époque, qui est en réalité celle du sous-prolétariat. La protection des animaux est donc avant tout un problème de relation à l’humanité. » Dans le tableau ci contre, la posture du maitre montre clairement qu’il s’adresse à son animal sur un ton affectueux e que l’animal n’est pas peu fière de cette proximité. Aujourd’hui, cette habitude de parler à un animal domestique et qui plus est au sien, comme s’il allait répondre est devenue très banale, mais autrefois il était très rare de s’adresser en paroles aux animaux.


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IGNAZ MARCEL GAUGENGIGL (1853-1932) Portrait of a Man and Dog, Museum of Fine Arts, Boston

Ignaz Michael Marcel Gaugengigl était un peintre et graveur germano-américain, spécialisé dans les portraits et les peintures historiques. En 1880, il rendit visite à sa sœur à Boston et décida de s'y installer. Il s’intégra si rapidement à la vie culturelle de la ville qu’il n’en bougea plus et en devient une figure majeure, ami entre autres de Sylvester Koehler, le premier conservateur d'estampes du Boston Museum of Fine Arts. Gaugengigl fut connu comme le " Meissonier de Boston", grâce à ses nombreux portraits des " Brahmanes de Boston ", et fut l'un des fondateurs de la Guilde des artistes de Boston. Il peignit beaucoup d'hommes de ses premières familles de Boston en compagnie de leur chien. Les chiens, comme sur cette toile, sont citadins, impeccablement toilettés, aussi élégants et racés que leurs maitres. Il les représente soit affalés sur des tapis de grand prix, soit vautrés sur des canapés, mais toujours avec la dignité qui sied à l’appartenance aux familles des Brahmanes de Boston. On désignait sous le nom de Brahmanes de Boston (Boston Brahmins), un groupe de familles puissantes qui vivaient dans le quartier de Beacon Hill au XIXe siècle, le terme faisant bien entendu référence à la caste la plus élevée du système de castes en Inde. Également appelés les premières familles de Boston, leur ascendance remontaient aux fondateurs puritains de la colonie du Massachusetts et formaient une sorte de noblesse locale. Les descendants des premiers colons anglais, arrivés en Amérique sur le Mayflower en 1620 et sur l'Arbella en 1630, étaient généralement considérés comme les plus représentatifs des Brahmanes de Boston. Ils affirmaient descendre des protestants anglais qui fondèrent la ville de Boston, et colonisèrent la Nouvelle-Angleterre. Du fait du rôle de premier plan joué par leurs ancêtres dans la fondation du pays, ils considéraient qu'ils avaient un rôle particulier à jouer dans l'Histoire américaine. Le brahmane idéal n'était pas seulement riche, mais affichait ce qui était considéré comme des vertus personnelles et des traits de caractère appropriés. Toute «l'élite brahmane» de Boston transmettait donc la culture de la vieille noblesse anglaise, dont le culte de l'excellence personnelle. Cultivé, courtois et digne, un brahmane de Boston représentait l'essence même de l'aristocratie éclairée. On attendait du brahmane ce flegme et cette réserve anglaise si célèbre mais aussi qu’il cultive les arts, soutienne les organismes de bienfaisance, les hôpitaux, les collèges, et assume le rôle de chef de file communautaire. Chez eux tout scandale et tout divorce étaient inacceptables. La famille n’était pas seulement un bien économique, mais aussi un moyen de contrainte morale. Politiquement, ils furent successivement fédéralistes, whigs et républicains.


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GUSTAVE CAILLEBOTTE (1848-1894) - Le peintre sous son parasol, 1878 ; Huile , 80 x 65 cm - Le Pont de L’Europe ( détail) MARTIAL CAILLEBOTTE (1853-1910) Gustave Caillebotte et son chien Bergère aux Tuileries

Le peintre français Gustave Caillebotte réalisa tout au long de sa vie plusieurs autoportrait de lui dont certains dans des cadrages très nouveaux pour l’époque et particulièrement photographiques. Le peintre sous son Parasol est plus traditionnel si ce n'est que le parasol, véritable deuxième personnage de la toile occupe un bon quart de l'espace total. Peut-être même occupe-t-il la première place en permettant de filtrer cette magnifique lumière rose et jaune et cette ombre bienvenue qui protège et le peintre et sa fidèle chienne, Bergère, prise en flagrant délit de sieste. Bergère est d’ailleurs peinte dans de nombreuses toiles de Caillebotte y compris dans sa plus célèbre Le Pont de L’Europe (ci-contre) où telle Alfred Hitchcock dans ses films, elle ne fait que passer en figurante errante! On retrouve aussi Bergère représentée beaucoup plus en majesté (si on peut dire), avec son maître Gustave Caillebotte au cours d’une promenade Place du Carrousel en 1892, immortalisée par l’objectif photographique de son propre frère Martial Caillebotte avec lequel Gustave était extrêmement lié. Été comme hiver, dès que Gustave est à l’extérieur - et il l’est souvent puisque c’est un grand sportif - Bergère est là ! Bergère est le type même de l’animal domestique devenu animal de compagnie, parfaitement intégrée dans la ville du XIXe siècle, ville pensée par les hygiénistes de l’époque, préfet Poubelle en tête, comme un lieu propre débarrassé des déchets malodorants et des animaux réputés sales (rats et chiens errants). Mais la ville qui se débarrasse est fatalement une ville qui enferme. A mesure que la ville évolue, une frontière très nette se dessine entre les animaux domestiques, qui sont de plus en plus attachés à leur maître (et vice versa) et les animaux errants indésirables, à l’identité vague … tout comme les vagabonds. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, horrifiés par les mauvais traitements faits aux animaux errants, un groupe de médecins et de notables fondent, en 1845 la S.P. A (Société Protectrice des Animaux). En ville, la tenue en laisse n’est pas encore obligatoire pour les animaux domestiques, mais on voit bien sur la photo de Gustave Caillebotte et de Bergère aux Tuileries qu’il existe entre les deux une sorte de laisse psychologique qui unit déjà fortement les deux.


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FREDERIC REMINGTON (1861-1909) The Lookout oil on canvas Museum of Fine Arts, Houston

Frederic Sackrider Remington fut un peintre, dessinateur et sculpteur américain qui se spécialisa dans la description de l'Ouest américain. Alors qu'il est devenu mondialement célèbre pour ses descriptions de la vie dans l'Ouest américain, en peignant aussi bien les cow boys que les indiens et leurs chevaux, Remington n'a visité en réalité la région qu'à deux ou trois reprises, en y restant quelques mois seulement. Son œuvre sur l'Ouest américain a influencé la photographie du film La Charge héroïque de John Ford mais aussi la bande dessinée et notamment Lucky Luke, pour qui le cow boy représenté ci-contre a servi de modèle. Frédéric Remington lui-même fut d’ailleurs aussi le personnage central du tome 40 des Aventures de Lucky Luke. Que ce soit dans les propos d’ Henry Kissinger se comparant, quand il était au sommet de sa popularité, à un cow-boy solitaire, que ce soit dans l’Histoire de l’art ou dans celle du document publicitaire, le cow-boy est toujours un individu qui se déplace en toute liberté, grâce à son cheval, son plus fidèle compagnon, son ami, mais aussi la preuve vivante de son ascendant sur l’animalité et la nature. C’est grâce à la vie menée au sein de la nature qu’il a un sens de l’honneur particulièrement poussé dans un monde qui commence à s’urbaniser de plus ne plus et où la ville représente le mal. Selon Gary N. Granville (Courrier de l’Unesco -Septembre 1989) en réalité " le cow-boy est l’héritier moderne de la figure mythique du chevalier. Il évoque les innombrables légendes qui ont suivi de tout temps et en tout lieu la domestication du cheval, mais en les adaptant au grand public moderne." Le chevalier est celui qui maîtrise sa nature animale aux sens propre comme au sens figuré Par là, il s’élève au-dessus des autres hommes, jouit d’une puissance, et d’une liberté supérieure. C’est à lui qu’incombe la responsabilité́ de rétablir la justice, de défendre le faible et l’opprimé. Avec les révolutions américaine et française, le grand principe de l’égalité des hommes va s’imposer partout. L’idéal romanesque du western vient à point nommé se substituer au mythe trop élitiste du chevalier, lié à l’appartenance à une caste sociale. La dignité et la liberté du chevalier sont désormais à la portée de l’imaginaire de chacun, hors de toute distinction de caste ou de rang social. Ce personnage du Nouveau Monde, le cow-boy, se greffe ainsi sur un mythe ancien et c’est pourquoi il va parvenir à fasciner la terre entière. Ce que représente Remington dans ce tableau est précisément ce chevalier des temps modernes. .


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Jean-Michel Agasse (1767-1849) Zarafa, la Girafe Taxidermie de la Zarafa Museum d’Histoire naturelle de la Rochelle

Drôle d’histoire que celle de ces trois girafes de Nubie, arrivée en France, en Angleterre et en Autriche simultanément en octobre 1827, comme cadeaux de Méhémet Ali, vice-roi de Égypte ottomane, à Charles X, roi de France, George IV, roi d’Angleterre et François Ier, empereur d’Autriche. Pas de jaloux, chacun avait la sienne et dut s’organiser pour recevoir cet encombrant animal de compagnie dans son pays, à la veille d’un hiver rigoureux. Pour George IV, ce fut plutôt simple puisque le pauvre animal décéda à Londres le lendemain de sa présentation au roi. L’émotion peut-être, le climat plus probablement ! Il faut dire que l’on n'avait alors pas vu de girafe sur le continent européen depuis la girafe Médicis, offerte à Laurent de Médicis à Florence en 1486. En France où la girafe arriva à Marseille, elle devint rapidement une affaire d’Etat et fut traitée avec beaucoup de considération, les autorités décidant de lui faire passer l’hiver à Marseille, dans une écurie chauffée avant de l’envoyer à Paris. Le directeur du Jardin des Plantes en personne, Geoffroy Saint-Hilaire se déplaça à Marseille pour rendre visite à la girafe, l’observa, décida de son régime alimentaire, lui donna le nom de « bel animal du roi » et prépara sagement son convoiement vers la capitale pour le début de l’été suivant. Le périple démarra donc le 20 mai. Au cours de ce voyage, de plus de 880 kms, la girafe était accompagnée par Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi que par deux vaches dont elle buvait le lait et qu'elle suivait, d’une escorte de gendarmes à cheval, d’un chariot à bagages et de son soigneur, Atir devenu à son tour aussi célèbre que la girafe. Le trouble que semait le cortège dans sa traversée des villages français fut tel, que l’on décidât d’un nouvel itinéraire qui évite les zones trop reculées où l’animal aurait pu effrayer la population! Le 30 juin, le bel animal du roi arrivait enfin au Jardin des plantes en parfait état, après 6 semaines de voyage épique. Suite à sa réception officielle par le Roi, pas moins de 600 000 personnes se pressèrent pour voir la girafe entre juillet et septembre 1827, dans la rotonde de la Ménagerie du Jardin des Plantes, qu’elle partageait avec Atir, qui logea sur un balcon à hauteur de tête de l’animal pendant… 18 ans ! Une véritable girafomania s’empara alors de la France : plaques de cheminées, vaisselle, mouchoirs, enseignes, coiffures de dames et cravates de messieurs, tout était à l’effigie de la girafe à laquelle on avait trouvé entre temps un nouveau nom, « Zarafa » (qui signifie girafe en arabe) ! Jamais animal de compagnie, même royale, n’avait été aussi célèbre et aussi fêtée de son vivant ! Mais un triste jour de Janvier 1845, Zarafa mourut. Elle avait 20 ans et fut emporté par une tuberculose bovine due à l'ingestion quotidienne de lait de vache non pasteurisé. Après sa mort, elle fut empaillée par le meilleur taxidermiste de Paris. En 1931, elle a été transférée de Jardin des plantes au au Musée d’histoire naturelle de La Rochelle en 1931. Elle y est toujours !


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES Cette scène champêtre idyllique est typique d’une certaine douceur de vivre du début du XX e siècle. Une osmose parfaite transparait entre le pêcheur au canotier fumant la pipe tout en surveillant ses lignes, le petit voilier qui glisse nonchalamment sur les eaux calmes de la rivière et le chien du pêcheur à la ligne, sagement assis derrière son maître et scrutant l’horizon d’un air détaché… Pourtant cette scène ne va pas forcément d’elle-même. En effet, pour espérer pêcher avec son chien dans une atmosphère aussi paisible que celle-ci, il faut que l’animal ait un comportement exemplaire. Il n’est pas question qu’il s’enfuit à la moindre occasion ou, pire, qu’il passe son temps à aboyer et à effrayer le poisson. Pour que le chien reste constamment aux côtés de son maitre, comme sur cette toile, mieux vaut l’occuper… avec un os à mâcher par exemple ! On recommande généralement de pêcher avec un chien adulte et calme. Si on a, par exemple, un Jack Russell qui court partout ou un chiot qui part manger les appâts du pêcheur d’à côté, la situation risque de s’envenimer ! D’autre part, il est impératif d’assurer la sécurité du chien et d’avoir quelques bons réflexes concernant l’hygiène. C’est pourquoi il est recommandé de toiletter un chien que l’on conduira a la pêche pour réduire le volume de ses poils et faciliter son nettoyage. S’il va dans l’eau, ce qui n’est pas recommandé car cela peut effrayer le poisson ou qu’il peut se prendre dans les fils des cannes à pêches, mieux vaut être sûr qu’il sache nager ! De mémoire d’hommes, on a jamais vu un chien ferrer un poisson. Ce n’est donc pas pour cette raison que les hommes adorent emmener leur chien à la pêche. La raison est donc plus sentimentale que pratique, mais cela peut être aussi un moyen très efficace de dressage, pour apprendre à un chien les limites qu’il ne doit pas dépasser à l’extérieur de chez lui, quand il est en liberté.

FERDINAND GUELDRY (1858-1945) Le pêcheur au bord de l'eau Huile sur toile, 46 x 55 cm Collection privée (Aguttes)

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CECILIA BEAUX (1855-1942) Man with the Cat, Henry Sturgis Drinker, 1898

Le chat représenté sur ce tableau de Cecilia Beaux est le type même du chat domestique contemporain ! A l’aise dans les intérieurs citadins aussi bien qu’à la campagne et surtout… encore plus à l’aise sur les genoux de son maître ou de sa maitresse! Si le rôle du chat comme animal domestique est très ancien sa proximité avec les humains n’a cessé de croitre depuis de début du XXe siècle au point qu’il a largement supplanter le chien, pour devenir l'animal de compagnie le plus répandu dans le monde. Une cinquantaine de races de chats domestiques sont présentes dans les foyers aux quatre coins de la planète, mais leur implantation reste très variable d’un pays à l’autre. Le chat domestique (Felis silvestris catus) est une sous-espèce issue de la domestication du Chat sauvage (Felis silvestris), mammifère carnivore de la famille des Félidés. En dehors de son miaulement et de son feulement, le chat domestique émet aussi et surtout un ronronnement très apprécié généralement par ses propriétaires. Produit à l’expiration comme à l’inspiration, le ronronnement est un son de basse fréquence. Le mécanisme est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx, déclenchées par une oscillation neurale qui fait vibrer les cordes vocales. Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mèreprogéniture dans la nature. Le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où chatte et chatons communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère. Le ronronnement se manifeste le plus souvent lorsque l’animal éprouve du plaisir mais aussi de la souffrance : stressé, blessé et même en mourant, le chat peut ronronner ; il s’agit donc de l’expression d’un sentiment fort. Enfin, le ronronnement sert aussi à communiquer, puisque la rencontre de deux chats déclenche des ronronnements. Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance affective : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses. Comparé au sourire par certains auteurs, son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’être humain, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti douleur. Une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique sur les os, tendons et muscles. Le ronronnement a aussi un effet bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant, qui a été popularisé dans la presse par le terme « ronron-thérapie ».


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TSUGUHARU FUJITA (1886-1968) Autoportrait au chat

"Je crois que les félins ont été donnés aux hommes pour qu'ils fassent auprès d'eux l'apprentissage de la femme". disait Foujita Le peintre japonais Tsuguharu Fujita (1886-1968), a peint de nombreux autoportraits au chat, cet animal étant comme son double. Comme Colette et de nombreux autres artistes, il était un grand amoureux des chats. Le chat peint ici est Miké, chat avec lequel Foujita a peint plusieurs de ses autoportraits. Impossible de faire autrement, Miké ne le quittait pas d'un coussinet ! Miké ne supportait d'être séparé par une porte de son ami. Il grattait jusqu'à ce que la porte s'ouvre... Confiance absolue, amour total, amour d’animal sans calcul, sans compromis... Ce n’était pas Foujita qui avait adopté Miké, mais c’était plutôt le contraire ! Leur rencontre remontait à un soir un peu triste de l'automne 1928 où Foujita rentrait chez lui dans une de ses improbables tenues qui le rendirent célèbre dans tout le Montparnasse des années dites folles. Foujita habitait alors un endroit qui ne pouvait qu'être apprécié des chats, le Square Montsouris ! Mais ce soir là, il sentit qu’il était suivi. Il vit à trois mètres de lui un chat tigré, museau levé, qui s'arrêtait quand il s'arrêtait. Evidemment, Foujita ne put s'empêcher de le saluer et d’entamer une petite conversation avec lui ! Et voilà ! Le chat avait compris à qui il avait à faire. Un humain artiste, un humain sensible et raffiné, un humain-chat quoi ! Il ne le lâcha plus d'une patte, ni même d’un coin de moustache ! Il le suivit jusqu'à sa maison, se planta devant la porte, assis sur son derrière. Foujita disparu. Il revint un quart d'heure après. Le chat était là, toujours assis sur son derrière. La porte s'ouvrit. Le chat et Foujita rentrèrent chez eux, à la vie à la mort... Il fut baptisé dans l'heure Miké. Rien à voir avec la souris américaine. Son nom, japonais, et signifiait "tricolore". En réalité Miké n’était pas un chat tricolore à proprement parler. Comme chacun sait, les tricolores sont des femelles. Des chattes épatantes ! Miké était plutôt tigré et blanc, comme le sont une bonne partie des chats de gouttière... Miké est aujourd'hui célèbre dans le monde entier. Sa bouille de chat, la petite canine à l'air, peinte sur tant et tant de toils, est associée à son ami le peintre, comme le sont les modèles des femmes aimées.


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HGENRI DE TOULOUSE LAUTREC Partie de Campagne, 1882 Collection privée

Lumineuse partie de campagne entre trois amis, plus le petit chien, un griffon ou un caniche posé au premier plan comme un gribouillis en noir ! Nous sommes loin des scènes enlevées de Pigalle et du Paris nocturnes pour lesquelles Toulouse-Lautrec fut si célèbre. Ici nous sommes dans la nature. Le personnage au canotier, à gauche, adossé contre le talus ou une meule de foin, dessine, un crayon à la main ; un autre fait la sieste et la dame au chapeau regarde en direction du peintre avec sans doute derrière lui, un paysage que nous ne voyons pas. Le thème de la partie de campagne était très à la mode au XIXe siècle ( cf. Le Déjeuner sur l’Herbe de Manet, ou La Balançoire d’Auguste Renoir, ou Les Canotiers de Caillebotte sans parler du film la célèbre Une Partie de campagne où Jean Renoir reprend les thèmes favoris de son père Auguste Renoir… ). Par contre peu de peintres de cette époque ont placé un animal de compagnie dans leur scénographie champêtre. Pour Henri de Toulouse Lautrec qui avait passé sa jeunesse entre le château de Ceyleran et le château du Bosc, propriété de ses grands parents les Comte de Toulouse, la compagnie des animaux et en particulier des chiens et des chevaux qu’il adorait était indissociable de la vie au grand air. Avant d’être une mode, la fuite à la campagne fut une nécessité ; celle de fuir l’air vicié des villes pendant les épidémies du Moyen-Age, puis de fuit l’air empuanti par les déjections des chevaux et le pourrissement des déchets de toutes sortes. Lorsque les hygiénistes du XIXe siècle inventèrent les poubelles et les villes propres, ce sont les mauvaises vapeurs issues de la combustion de l’ère industrielle qui prirent le relais et forcèrent les citadins à fuir en fin de semaine. Quelle que soit l’époque, il y a toujours eu une bonne raison de fuir la ville et de se réfugier à la campagne. Ce qui est frappant dans cette œuvre de Toulouse Lautrec, c’est la lumière omniprésente sous un ciel pourtant gris et nuageux. Tout est baigné de lumière dans de merveilleux dégradés de jaunes, les seules taches sombres et même noires, étant apportées par les trois personnages et leur animal de compagnie.


MEN PORTRAITS _____________________ ANIMAUX & COMPAGNIES Parmi les histoires d’attachement les plus célèbres entre les animaux et les artistes, la passion sans limite de Pablo Picasso pour son chien Lump est, sans doute la plus émouvante. L’attachement entre ces deux êtres avait fini par devenir tel que lorsque Lump mourut le 29 mars 1973, d’une maladie impossible à guérir par le vétérinaire, Picasso le suivi dans l’au-delà à peine 10 jours plus tard… Pourtant ce n’était pas le seul chien que Picasso avait possédé : il y avait eu le berger allemand Roque, le bulldog Yan, le dalmatien Perro et les lévriers afghans Kasbek et Khaboul, qui lui survécurent… Picasso et Jacqueline étaient des amoureux des animaux. La passion pour le teckel Lump commença avec David Douglas Duncan, un journaliste américain, ami de Picasso. Duncan possédait deux chiens. Le premier faisait vivre un enfer au second, un petit teckel nommé Lump. Un jour, lors d’un déjeuner chez Picasso, Duncan amena le petit chien avec lui. Le coup de foudre fut instantané… Au cours du repas, l’artiste demanda si Lump avait déjà eu sa propre gamelle. Duncan répondit que non. Picasso prit alors une assiette et y dessina la silhouette du teckel. Plus tard, cette œuvre (ci-contre) fut vendue des milliers de dollars et le dessin de Lump fit le tour du monde. A la suite de ce déjeuner, l’artiste proposa d’héberger le petit chien. Duncan accepta et c’est ainsi que Lump emménagea chez Picasso. Il y resta pendant 6 ans et fut une inspiration pour le peintre qui adorait le dessiner. On retrouve Lump dans plusieurs croquis et dans un très nombre de peintures dont les Les Ménines (cicontre) du Musée du Prado que Picasso peignit pas moins de 45 fois en hommage à Velasquez ! Lump apparaît dans 15 d’entre elles à la place du molossoïde que Velasquez avait mis au premier plan de sa toile. A propos de Lump, Picasso déclara : « Ce n’est pas un chien, ça n’est pas un petit homme, c’est quelque chose d’autre ».

Pablo Picasso (1881-1973) Lump


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PIERRE ET GILLES For Your Eyes Only, 2013

Dans la même veine que la passion de Picasso pour Lump ou de Foujita pour Miké, il faut placer celle de Karl Lagerfeld pour Choupette. Pour la revue Numéro Homme d'octobre 2013, les célèbres photographes Pierre et Gilles font poser Karl Lagerfeld et Choupette. Intitulée For Your Eyes Only, cette photographie (ci-contre), figurera dans l'exposition Héros, présentée à la galerie Daniel Templon en avril 2014. Karl Lagerfeld y prend les traits du Spectre, personnage de James Bond, dans une mise en scène inspirée du film Men in Black. Il faut dire que Choupette est sans doute le chat le plus médiatisé du XXIe siècle ! Ce fut longtemps le seul chat à disposer de sa propre page Wikipedia, de son propre compte Instagram (70.000 abonnés), de sa page Facebook et de son compte Twitter ! C’est d’ailleurs sur ce réseau social qu’eu lieu la première apparition médiatique de Choupette, le 16 janvier 2012, lorsque le rédacteur en chef de V Magazine, posta une photo d'elle avec Karl Lagerfeld. Cet animal de compagnie qui servit notamment à la promotion de plusieurs marques, comme une ligne de maquillage Shu Uemura ou une voiture de la marque Opel série spéciale du nom de Karl, a permis de générer près de 3 millions d'euros pour la seule année 2014. C’est à Noel 2011 que Choupette devint officiellement le chat de Karl Lagerfeld et il expliqua lui-même dans Vanity Fair commentla chose arriva : « Choupette ne m'a pas été donnée. Elle appartenait à unde mes amis, qui a demandé à ma domestique si elle pouvait s'en occuper durant ses deux semaines de déplacement. À son retour, il n'a pas récupéré Choupette. Et c’est ainsi que Choupette est devenu le chat le plus célèbre du monde, mais aussi le plus riche. » En février 2015, Karl Lagerfeld confia à CNN être « tombé amoureux » de Choupette et avoir pris les dispositions testamentaires nécessaires, destinées à pourvoir à ses besoins après son décès. Le mois suivant, il poursuivait dans la même veine sur France 3 : « Choupette a sa propre petite fortune, c'est une héritière : s'il m'arrive quelque chose, la personne qui s'en occupera ne sera pas dans la misère. L'argent de toutes les pubs où elle apparaît a été mis de côté pour elle ». Et en effet, à la mort du couturier en février 2019, c'est une gouvernante déjà chargée de s'occuper de l'animal du vivant de Lagerfeld qui hérita de la chatte, d'une maison et d'une partie de la fortune du couturier, expressément destinée à l'entretien de Choupette qui, à ce jour, est toujours en excellente santé ! En 2012, Karl Lagerfeld avait crée un sac à son nom qui fut présenté au défilé Chanel Haute-Couture Automne-Hiver 2012/2013. L'animal disposa aussi à partir de novembre 2013 d'une ligne de sacs et d'accessoires aux teintes noires et blanches, pour la marque Karl Lagerfeld. Cette collection appelée Monster Choupette est constituée de sacs à main en forme de tête de chat, de portefeuilles, de housses de smartphone à moustaches ou de foulards… Animal ultra médiatisé, Choupette a fait l'objet de nombreuses caricatures. Dans son livre Le meilleur (et le pire) de l'année : les chroniques radio, Laurent Gerra se moque de la passion de Karl Lagerfeld pour son chat en ces termes : « C'est ma chatte, ma nouvelle muse, mon inspiratrice. Au moins, elle, elle a plus de cervelle, de sensualité et de conversation que les portemanteaux anorexiques qui défilent pour moi en faisant des tronches de mortes vivantes… » (sic) Grandeur et misère des animaux domestiques !


MPS n° 11 Avril-Mai-Juin 2021

FIN

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