Le MaĂŽtre des illusions Youri Messen-Jaschin
Youri Messen-Jaschin « Le maître des illusions » Gymnase Auguste Piccard, Claire Dumont 3car, Monsieur Leignel
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Le Maître des illusions
Youri Messen-Jaschin « Le maître des illusions »
Table des ma*ères
Introduc*on .........................................................................................................................................................4 Pourquoi avoir choisi Youri Messen-Jaschin? .........................................................................................................4 Biographie ............................................................................................................................................................6 Ses premières années ...............................................................................................................................................6 Etudes et Rencontres .................................................................................................................................................6 Début de carrière ......................................................................................................................................................7 Les voyages ne s’arrêtent jamais ..............................................................................................................................7 Mode de vie ..............................................................................................................................................................8 Introduc*on à l’art op*que .................................................................................................................................10 Ses alternances ar*s*ques .................................................................................................................................10 Perpetuum Mobile .............................................................................................................................................VII ...........................................................................................................................................................................12 « La Torta che camina » .....................................................................................................................................13 Déroulement de la pièce .........................................................................................................................................13 Opus ...................................................................................................................................................................15 Au niveau de la composiGon ....................................................................................................................................15 Effets d’opGques ......................................................................................................................................................16 Leds et anecdote ......................................................................................................................................................16 Pour conclure .....................................................................................................................................................17 Bibliographie .......................................................................................................................................................18 Remerciements ...................................................................................................................................................19
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IntroducDon
« Cela risque de faire grincer des dents, mais selon moi le mot arGste ne veut rien dire » Youri Messen-Jaschin Que représente l’art pour moi? C’est l’un des meilleurs moyens pour moi de pouvoir m’évader, créer et ne s’imposer aucune limite. C’est ceLe liberté totale qui me fait vibrer, pouvoir remplir des pages de dessins, créer des choses en apparence inuDles mais qui forme ta propre créaDvité, inventer et progresser en passant par l’apprenDssage de nos ancêtres. J’ai toujours été fascinée par la diversité de l’art, mes parents m’ayant toujours poussé à lire, à aller au théâtre, aux expos, j’y ai rapidement pris goût et voulu en faire de même. J’ai passé beaucoup de temps à recopier des modèles, à me décourager et à ne me trouver aucune touche personnelle. Et je pense que c’est justement ça qui m’a passionné et moDvé, trouver un sens à ce que je fais en passant par toutes les techniques possibles et inimaginables. Les essais sont nombreux, loin d’être bons, je conDnue pour persévérer et m’améliorer. C’est ceLe liberté d’avoir le choix et de pouvoir faire ce que l’on veut qui rend l’art si vaste et intriguant. Comme je l’expliquerai dans le choix de mon arDste, la couleur est quelque chose qui m’interpelle immédiatement dans une œuvre, j’aime beaucoup quand c’est vif et subjecDf. Je ne m’aLarde pas énormément quand les couleurs sont trop sombres ou fades même si je songe parfois qu’un côté obscur peut dégager quelque chose de plus profond qu’un univers enDèrement coloré. Mais quand un jeu de couleurs chaudes est principalement présent sur une toile ou une photographie, mon regard est insDncDvement plus a[ré. On remarque assez souvent que les couleurs les plus puissantes sont au centre de l’œuvre car elles sont le sujet principal. Et si auparavant, le sujet principal n’était pas assez voyant je n’y aurais pas accordé la moindre importance. Et pourtant avec les travaux de mon arDste, mon jugement s’est neLement plus ouvert au monde de l’art. L’art est un moyen parfait pour la communicaDon depuis des généraDons. Cela nous rend criDque, sensible, nous apporte une autre approche du monde et c’est cela qui me plaît car on n’y impose aucune limite, nous sommes libres de faire ce que bon nous semble. C’est ceLe liberté à §la fois effrayante et si étendue qui laisse à chaque arDste la possibilité de s’exprimer au plus profond de soi-même. Youri est donc un parfait exemple de ceLe liberté de faire, il est passé par tous les supports, ne s’est donné jamais aucune fronDère et à toujours viser l’impossible.
Pourquoi avoir choisi Youri Messen-Jaschin? En parcourant le site de Visarte je suis tombée par hasard sur le profil de cet arDste. 4
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Youri Messen-Jaschin « Le maître des illusions » Des couleurs de partout, des illusions, tout un monde fascinant qui m’a directement interpelé. Je n’avais encore jamais entendu parler de l’art opDque et comme ma curiosité n’a généralement aucune limite et qu’il avait l’air d’être également une personne des plus atypiques et excentriques, je me suis lancée sans trop réfléchir dans la découverte de son monde fascinant. Comme les univers qui m’intéressent tout parDculièrement sont les couleurs, le psychédélique, l’ombre et la lumière, je me suis dit que ce serait le mélange parfait pour mon Dp. En naviguant sur le site, j’ai ainsi pu apercevoir des photos de lui complètement déjantées avec un pull rayé accompagné d’un pantalon à fleurs ainsi que des chaussures dépareillées. C’est un mélange de toutes ces choses qui m’ont donné envie de le contacter. Je vous avoue avoir ressenD une certaine appréhension avant de le rencontrer, je me demandais si ce personnage ne serait pas trop extravagant et qu’il se perdrait dans ses explicaDons sans me laisser le temps de comprendre. J’avais déjà lu quelques arDcles avant notre rencontre et j’avais remarqué que certains visiteurs lors de son exposiDon au POPA de Porrentruy avaient ressenD des verDges et des nausées. Je me demandais donc si je ressenDrais la même chose à l’approche de ses œuvres. Quand je suis faire l’interview chez lui, entre les centaines de figurines Mickey et tous ses tableaux gigantesques qui remplissaient toutes les pièces, je ne savais plus où donner de la tête. Tout son appartement regorgeait de choses des plus inaLendues comme la présence d’un flipper installé au fond de sa cuisine et un réservoir à Essence en plein milieu de son couloir. Mais c’est surtout ceLe atmosphère un peu chaoDque par le trop plein de toiles, d’objets et de désordre qui donnait un charme et étonnamment une ambiance harmonieuse et propice à la créaDon. Et en regardant tout cet univers, j’ai soudainement compris que cet arDste m’apporterait beaucoup. Il est passé par tant de domaines que ce soit la peinture, le dessin, la tapisserie (il possède d’ailleurs une pièce uniquement occupée par son immense méDer à Dsser), en soit tant d’expériences à partager que je me suis dit que c’était une chance unique à ne pas rater. Tout son vécu, son expérience, ses exposiDons, la rencontre de tant de personnes, m’ont plus fascinée que l’enDèreté de ses œuvres. J’ai réalisé qu’en rencontrant un arDste de vive voix tout devient neLement plus intéressant et vivant, car on peut parler de toute la démarche arDsDque qu’il y a eu derrière. J’ai pris son art comme un défi, on a l’habitude de parler de peinture, graphisme et j’en passe, mais l’art opDque qui est praDqué par moins de 200 personnes dans le monde est donc moins commun. J’ai décidé d’en apprendre plus sur cet art pour la plupart inconnu afin de transmeLre une autre version atypique de ce que l’art peut nous apporter.
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Biographie Ses premières années Par où commencer lorsqu’on rencontre un arDste tel que Youri Messen-Jaschin? Son parcours passant par les 4 coins du globe nous rapporte un récit biographique des plus riches et passionnants. Tout commence à Arosa (région des Grisons) le 27 janvier 1941, où sa mère Berlinoise accouche de l’arDste lors de vacances aux sports d’hiver. Ses parents étaient de grands globe-troLeurs, après avoir voyagé à travers la Chine, l’Inde et divers pays d’Orient, ils décident de se stabiliser à Lausanne. Son père d’origine russe, Lithuanien et LeLon est un chercheur industriel et sa mère qui a d’abord été mannequin est femme au foyer en Suisse. Youri vit dans un milieu aisé, il a la chance de connaître une enfance joyeuse et gâtée. Sa fascinaDon pour l’art commence dès le moment où il est apte à tenir un pinceau, il passe sa plus jeune enfance à dessiner et à repeindre tous les murs de sa cave dans des décors de Disney du pays fantasDque de Peter Pan. Malheureusement ses parents ne le voyaient pas se lancer dans une carrière arDsDque, son père l’imaginait plutôt banquier ou reprendre l’industrie familiale. Youri va suivre les cours au Gymnase de la cité et dès la fin de ses études il parDra seulement avec un sac sur le dos à la découverte de Paris et de l’indépendance.
Etudes et Rencontres A Paris, il rentre à l’école NaDonale supérieure des beaux-arts et praDque des hautes études à la Sorbonne en secDon sciences sociales. S’en suivent des peDts boulots de nuit tels que transporteur d’orange et de lait aux halles ou encore assistant aux Drages de leLres à la poste. Sa vie à Paris l’endurcit et le moDve plus que jamais, il crée des contacts avec un grand nombre d’arDstes, sort pour les premières fois et découvre la vraie vie. De retour après ce long périple il s’inscrit à l’école des Beaux-Arts de Lausanne, place de la Riponne, de 1962 à 1965, au chevet du peintre et graveur Ernest PizzoD. Ayant soif de nouvelles connaissances et d’apprenDssage, il s’oriente vers une formaDon de graveur contemporain à Genève. CeLe nouvelle formaDon achevée, toujours à la recherche d’en apprendre plus, il part auprès de Friederich Kuhn en tant qu’assistant peintre à Zurich. Là-bas il élabore ses projets arDsDques et se déploie dans l’art cinéDque qui sera un des plus grands tournants de sa vie. Au bout d’un an ayant obtenu une bourse de l’état, il conDnue son voyage en Suède.
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Arrivé sur place il lance une pièce en l’air pour laisser le desDn choisir entre l’apprenDssage de la sculpture de verre ou la recherche dans l’art texDle. Le desDn lui confie une situaDon parDculière, il sera le seul homme à vouloir travailler le design texDle. L’école étant réDcente à la venue d’un aLribut masculin dans un cours rempli de femmes, il décide de s’installer dans le bureau du directeur et de n’en pas bouger tant que le rectorat n’aura pas pris la décision de l’accepter au sein de leur école. Il ira jusqu’à dormir dans le cabinet du directeur et à ne pas lever un doigt tant que celui-ci n’aura pas cédé. A force de persévérance Youri rentre dans ceLe classe pour une durée d’environ 3 ans. Résidant dans la ville de Göteborg, il habite un grand low où il y installe son atelier et sa chambre avec la compagnie d’autres arDstes qui comme lui étudient l’art et se passionnent pour ce qu’ils font.
Début de carrière Tout commence en 1968, Youri découvre la première exposiDon d’art cinéDque et c’est la révélaDon : il demande l’aide de Jésus Soto (il est parmi, les arDstes fondateurs de cet art) pour le lui apprendre. Ainsi débute sa passion pour ceLe nouvelle praDque et il l’exploite de toutes les manières possibles et imaginables. Ayant gagné au concours internaDonal de la sculpture suédoise avec une pièce d’environ 6 tonnes d’acier, il remporte le premier prix et s’envole pour Chicago. L’argent qu’il aura gagné l’aidera à voyager à travers les USA, à financer son matériel et son habitat à New York. Sa période dans la géante pomme est remplie d’anecdotes personnelles qu’il me raconte avec un regard malicieux et péDllant comme si cela s’était passé hier. Lors de son périple Américain il rencontre beaucoup d’arDstes du mouvement POP ART, tels qu’Andy Warhol, Tom Wesselmann et pleins d’autres encore.
Les voyages ne s’arrêtent jamais « Oui, le mouvement, c’est peut-être aussi ce qui caractérise ma vie » Ayant beaucoup exploré son art et abouD ses projets à l’étranger, il décide de se rétablir en Suisse plus précisément à Berne. Grâce à la genDllesse de l’un de ses amis pharmaciens il se fait payer le billet retour en avion et un hébergement d’une année. Il se trouve un grand low de 300m carré pour moins de 300fr par mois, il y crée son atelier et exerce son art. Pour survivre et racheter du matériel, il conDnue à exercer différents jobs en tant que posDer ou laveur de vaisselle. Puis s’ensuit un immense voyage en Amérique du Sud, la Bolivie, l’Uruguay, le Paraguay ainsi que le Brésil qu’il a traversé en bus en s’arrêtant tous les 80 à 100 km. Durant son trajet il rencontre des fermiers qui l’emmènent dans une fazenda (grande propriété au 7
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Brésil) où l’on culDve le café et le cacao, il y resta quelques temps et reparDt prendre la route en passant par Fortallezza, Salvador, Sao Luis, Bélem ou il y resta 3 semaines. Il y fit des rencontres, vit de grandes exposiDons. Après un séjour riche en émoDons et en aventures, il reprit le bateau pour glisser le long de l’Amazone jusqu’à Manaus pour y découvrir un théâtre. Il y rencontra un « indios » dans sa tenue tradiDonnelle, qui lui proposa de le suivre dans sa tribu. Son expérience fut unique, loin de la vie urbaine en se retrouvant seul avec une tribu autochtone dans toute ceLe nature et ces hurlements d’animaux qui auraient fait fuir la plupart des citadins. Après quelques semaines il reprit son voyage vers le Venezuela, la Colombie, l’Equateur et le Brésil. Au Venezuela à Caracas il se retrouve nez à nez avec des policiers prêts à presser sur la gâcheLe pour tuer chaque personne suspecte. Même si l’ambiance n’était pas au beau fixe, il fit la rencontre inaLendue dans un bar d’une personne assise près de lui. Après un long entreDen, celui-ci lui proposa de lui confier son théâtre en contreparDe de remplir toute la salle. Youri va créer trois performances dont les deux premières furent « la torta che camina » et « embryo » qui connaîtront un immense succès. Tout ceci lui ouvrira les portes d’autres théâtres, ainsi que des collaboraDons à des fesDvals locaux, également pour l’engagement de troupes internaDonales. En bref son voyage à Caracas fut une aubaine pour la suite de son parcours arDsDque. Après tous ses périples et à cause de la dévaluaDon de la monnaie au Venezuela, il décide de se réinstaller à Lausanne. Il s’y est d’ailleurs définiDvement fixé depuis plus d’une trentaine d’années.
Mode de vie Aujourd’hui, Youri adopte un train de vie fascinant pour son âge plutôt avancé, il conDnue à sorDr tous les week-ends et se fait parfois meLre dehors après la fermeture des bars/boîtes de nuit car jamais faDgué ; ses jambes conDnuent à danser sur le dance floor. Il se décrit comme un oiseau de nuit, il ne se couche jamais avant 2-3 heures du maDn. C’est un homme avec une énergie hors-du commun ; il conDnue à produire sans jamais s’arrêter, un livre sorDra d’ailleurs ceLe année sur sa recherche du Brain Project ; ses toiles ne font que se mulDplier, il prépare des expos et envisage même de se remarier dans quelques mois. C’est également un grand mélomane, son salon est rempli de vinyles de tout style de musique. Il est passionné de musique, autant par la house/funk/ techno que le jazz, le classique ou encore le rock. Il a mixé au bleu lézard pendant quelques temps et a fait des performances en faisant du body-painDng au MAD. Après toutes ces années de voyage et de créaDon Youri décide d’adopter une existence plus saine, il devient végétalien à l’âge de 40 ans pour un avoir un meilleur train de vie. Au présent il aspire comme nous tous à des produits frais et locaux et une alimentaDon sans produits animal. N’étant pas végan, il accepte dans sa jeunesse, de faire plusieurs performances de cirque avec des léopards ainsi que des éléphants à Lausanne en 1987. Il n’a pas de permis de conduire et n’a jamais envisagé d’en faire un. Ses jambes sont son meilleur véhicule. C’est également une personne qui a un style vesDmentaire très coloré, 8
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toujours un pantalon à moDf ainsi qu’un t-shirt imprimé. Sa marque de fabrique est bien entendu les Doc Martens, plus d’une trentaine à son compteur. Toujours une différente à chaque pied. Pour accompagner tout ça une paire de luneLes rondes avec des piques et sans oublier une personnalité hors du commun.
Yo u r i
Messen-Jaschin regardant mes croquis L’arDste derrière son immense bibliothèque de vinyles et d’ouvrages d’art accoudé à son fauteuil jaune moutarde regardant l’objecDf au travers de ses luneLes rondes psychédéliques.
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IntroducDon à l’art opDque « ça déstabilise » Tout commence avec l’art cinéDque, courant arDsDque qui propose des œuvres contenant des parDes en mouvement. Ce mouvement peut être produit par le vent, le soleil, un moteur ou par le spectateur lui-même. L'art cinéDque englobe une grande variété de techniques et de styles qui se chevauchent. À l’inverse de « l’op art » qui lui se base uniquement sur les effets d'illusion qui restent strictement visuels, seulement inscrits sur la surface de la réDne, l'œil est donc le moteur de l'œuvre. C’est lors d’un séjour prolongé à Göteborg en Suède que Youri s’est pris de passion pour cet art récent et novateur où il rencontre Jésus Rafael Soto, un des plus grands arDstes dans ce domaine. Avec lui il va l’appliquer sous toutes les formes que ce soit peintures, sculptures, sérigraphies et installaDons. C’est un art assez complexe basé sur la géométrie et les mathémaDques, tout doit toujours être parfaitement aligné et calculé pour qu’on puisse obtenir des illusions. La précision est essenDelle pour qu’on puisse obtenir un rendu parfait, si l’on se trompe ne serait-ce que d’un ou deux millimètres l’illusion est perdue et tout est bon à recommencer. « Je m’amuse avec le cerveau de mes spectateurs » Le but étant de jouer avec le cerveau de l’homme, chaque trait, rond, ligne, doit être absolument parfaitement millimétré. Car c’est la transformaDon de calculs mathémaDques en illusions d’opDques qui vont créer l’œuvre. C’est donc un art tout ce qu’il y a de plus cartésien, mais qui provoque des réacDons inattendues. Youri Messen-Jaschin n’emploie aucune règle ou compas, l’enDèreté de ses mesures se font de tête il a une précision admirable, il faut choisir le bon angle, prendre son temps, regarder plusieurs fois, si bien qu’un travail peut durer jusqu’à 2 ans! L’effet de l’art opDque varie selon l’angle de vue. Pour donner un exemple lors d’une de ses exposiDons au POPA de Porrentruy, les spectateurs voyaient entre des lignes noires et blanches, un bleu ou un vert qui n’avait jamais existé. Ce qui est donc important dans l’art opDque c’est de savoir prendre son temps et ses distances pour pouvoir apercevoir l’illusion. Les cerveaux vont déconstruire les tableaux pour reconstruire une image plaisante adaptée pour l’œil humain.
Ses alternances arDsDques « Ce n’est pas un art de tout repos » 10
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Youri débute l’art cinéDque dans les années 1960, il avait près de vingt ans. Il ne va jamais s’arrêter, ses œuvres retracent plus d’une cinquantaine d’années d’expériences. A la connaissance de celle-ci, il ne va jamais suspendre son travail et s’y consacrera avec acharnement notamment dans la recherche scienDfique de façon à voir toujours plus loin. Pour se jouer du cerveau humain il uDlisera la peinture, le Dssage, le plexiglas ainsi que le LED. Il commencera par s’habituer aux couleurs picturales, au Dssage et plus son expérience s’amplifiera, plus il se lancera dans des scénographies, des installaDons neLement plus complexes avec des lumières automaDsées. Même si Youri est reconnu pour l’art opDque, ses performances sont également une parDe indispensable pour la reconnaissance de son travail. J’ai trouvé plus perDnent d’analyser ces deux aspects que de me focaliser sur sa parDe reconnue de l’art opDque. A vrai dire ses performances m’ont encore plus interpellée que ses toiles et ses installaDons. Le palmarès de ses producDons dans le domaine de la performance est incroyablement gigantesque, et ce serait dommage de ne pas en analyser l’une d’entre elles. Pendant qu’il donnait des performances à divers endroits, il conDnuait ses recherches dans le cinéDsme. Il a réussi à travailler sur deux milieux complètement différents les uns des autres sans abandonner ni l’un ni l’autre. Varier entre deux milieux si opposés, entre une performance qui le poussera à vivre plus de sept jours dans la vitrine d’un magasin à la vue de tous, et la précision impeccable pour la réalisaDon de ses peintures. Finalement deux mondes qui s’opposent et se composent au fil du temps. Dont un qui demande la plus haute concentraDon et l’autre toute l’imaginaDon la plus folle possible. Je pense qu’il avait besoin de praDquer la performance, pour son côté démesuré et extravagant et de l’autre l’art opDque pour se focaliser dans un monde parfaitement linéaire et impeccable. C’est important de pouvoir se libérer l’esprit et parDr à l’aventure mais également rester parfois plus de trois ans à finaliser les travaux de la plus haute minuDe et précision. J’ai décidé d’analyser deux œuvres que j’ai eu la chance de voir et d’examiner de plus près en ressentant un certain malaise à force de trop bouger de droite à gauche devant. 11
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Perpetuum Mobile VII C’est un tableau qui mesure 70,5 cm sur 1m03 cm. Il a été réalisé au plexiglas avec deux couches superposées. Un simple cercle rouge peut apporter une impression de vitesse et peut donner le tournis, ainsi que les formes circulaires roses donnent l’impression de se mulDplier. Tous ces éléments vacillent donc dans un effet en 3D. Ces effets opDques sont dû au double vitrage. Quand on le regarde, on ne s’aperçoit pas directement qu’il y a deux couches, c’est pour cela que la concentraDon face à ses œuvres est primordiale. On a également l’impression que les formes sont plus grandes que la première vitre du tableau. C’est tout simplement la distance parfaitement calculée avec la vitre qui donne ceLe illusion d’agrandissement. Les carrés sont également d’une grande importance, ils apportent une structure nouvelle pour mieux faire jouer l’effet d’opDque des cercles. Sans ces cadrages on perdrait aussitôt cet aspect de rotaDon et d’absorpDon au premier regard. Les ronds noirs sont ceux qui font le plus jouer le spectateur, ils nous donnent le senDment que les lignes vont dans tous les sens qu’elles iront jusqu’à nous aspirer. Tout dépend surtout de l’endroit où l’on se posiDonne, tout change au moindre pas, mouvement de tête, si l’on se baisse ou si l’on s’éloigne. A force de le regarder chaque jour, on pourrait découvrir de nouvelles tromperies toujours à parDr d’un certain point de vue on peut s’apercevoir que l’œuvre prend une troisième dimension. Plus d’une centaine d’illusions nous apparaissent, c’est un nombre faramineux, comme le temps passé à la concepDon de ce tableau. La dimension esthéDque pour lui n’est pas essenDelle à ses yeux, ce qui le passionne c’est la vibraDon du mouvement. Comme je l’ai déjà dit plus haut il se passionne pour le rapport scienDfique. Il espère d’ailleurs que son art puisse un jour servir à apaiser des paDents aLeints de troubles neurologiques ou tout simplement comme par pure détente (pour un cours de relaxaDon ou de yoga). Le fait de contempler toutes ses tromperies, serait uDle à raisonner et à calmer les paDents, comme une sorte d’hypnose. La réacDon de son audience face à ses œuvres est primordiale, afin de prendre note de leurs ressenDs pour la suite de ses recherches ainsi que pour l’amélioraDon de nouvelles concepDons dans ses travaux. Il dit « Ce serait le summum de l’art de pouvoir aider une personne en accrochant un tableau dans son salon plutôt qu’en lui administrant de la chimie »
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« La Torta che camina » CeLe pièce qui signifie « le gâteau qui se promène » fait parDe des nombreuses performances déjantées de Youri. Elle s’est déroulée au Venezuela à Caracas en 1984. Youri était installé dans un bar en buvant un pot, un homme s’est assis auprès de lui en regardant les croquis que Youri produisait, ils ont commencé à parler et ont sympathisé, le type était le gérant d’un théâtre célèbre qui lui proposa de faire tourner son établissement pendant quelques temps. Ce fut donc un challenge à ne pas rater. Il s’est mis à la recherche d’une troupe de danseurs contemporains et de leur supérieur. A la recherche d’un pianiste il réussit à se procurer un des plus connu du pays. La performance avait besoin d’un piano à queue Steinway, comble de la situaDon c’était le seul instrument disponible et présent à cet endroit.
Déroulement de la pièce Au début de la pièce un pianiste interprète un air classique durant les vingt premières minutes et peDt à peDt une lumière bleue est projetée sur le piano, la pianiste conDnue à jouer du clavier comme si de rien était. Pendant ce temps-là, les quatre danseuses attendent une à une pour sorDr de l’instrument. Elles sont placées dans une double boîte installée dans le piano suspendue à la première parDe du boîDer pour ne rien casser, salir ou endommager. Dans le second comparDment se trouve un bac rempli de mousse à raser sponsorisé par GilleLe qui leur ont offert plus de 150 bombes. Au fil de la musique on voit doucement de la mousse se soulever et sorDr du piano, ce sont les danseuses qui s’agitent tranquillement pour en sorDr’ l’une après l’autre dans une certaine synchronisaDon. Les danseuses étant toutes nues, la mousse devient donc leurs accoutrements. Leur but était de s’essuyer sur le public, ce qui n’assurait généralement jamais une vraie heure de fin car cela pouvait prendre 1 heure 13
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Youri Messen-Jaschin « Le maître des illusions » ou toute la nuit dépendant de la ferveur du public. En enlevant toute la mousse, le but était de retrouver leurs formes naturelles, la tenue d’Eve comme dirait Youri, c’est-à-dire la nudité absolue. Le public devenait membre de la performance, une interacDon entre l’audience des parDes et les comédiennes a eu lieu et c’est ce qui, je pense, a aussi bien foncDonné. C’est une pièce sans trop de prise de tête, des plus inaLendues qui amène un côté ludique et une communion avec tout le théâtre. Je me suis demandé ce qu’il se serait passé si le projet avait été présenté par des hommes. En parlant de cela avec mon arDste, nous en avons vite déduit qu’un homme qui s’essuie sur le public était neLement plus gênant, lourd voir trop sexuel. Alors qu’une femme est neLement moins pudique, plus à l’aise avec son rapport à la nudité et l’esthéDsme qui se dégage de son corps, est neLement plus abordable qu’un homme. CeLe performance fut un succès immense également en vue du temps qui courait avec la pleine émancipaDon du corps et la libéraDon sexuelle. Tout ceci lui donna l’opportunité de représenter sa pièce encore une vingtaine de fois. Sa réussite lui ouvra beaucoup de portes durant son séjour au Venezuela, ils s’en suivirent avec d’autres performances tout aussi incroyables que cellesci. Etant donné que c’est une vieille performance, les clichés pris à ceLe époque sont sans doute archivés dans la ville, praDquement plus de traces de ceLe performance serait trouvable. Il me paraît presque plus intéressant de ne pas avoir d’images, pour pouvoir imaginer soi-même ce qu’aurait pu être la folie de ceLe pièce.
Voici un exemple d’arDcles paru dans le journal local au Venezuela.
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Opus
C’est une œuvre de 2 mètres sur 2 qui a été réalisé en 1997 en moins de 2 ans. Sa parDcularité se retrouve sous les nombreuses couches de peinture, il s’agit d’immenses pages de parDDon qui créent la force au tableau. Le nom d’Opus est un clin d’œil fait au marché aux puces de La Riponne. C’est là qu’il y a trouvé ces nombreuses pages d’un compositeur contemporain inconnu. A remarquer que chaque trait n’a jamais été tracé à la règle. Tout a été élaboré à main levée. Pour accomplir cet exploit il a dû premièrement travailler et mesurer toutes les dimensions, à l’aide de nombreux croquis.
Au niveau de la composiDon Alors que les couleurs complémentaires de base sont le bleu et l’orange ainsi que le jaune, elles vont apporter une illusion parfaite au tableau en oubliant complètement le bleu et laissant apparaître de nouvelles nuances qui sont finalement inexistantes. La confusion principale de ceLe toile se trouve dans toutes ces lignes. Tout premièrement quand on regarde plus aLenDvement, on remarque qu’aucune ligne ne se relie à l’autre. L’illusion est parfaite, c’est une ligne de couleur froide qui touche celle de couleur chaude, (vous pourrez constater ceci dans une photo plus rapprochée du tableau ci-dessous). La couleur dominante qui ressort est l’orange c’est une couleur chaude qui ressort tel un panneau de signalisaDon, on pourrait croire que les cases du haut du tableau sont en rose, mais c’est simplement un effet d’opDque parfaitement maîtrisé. Car la couleur est la même mais les associaDons nous jouent un tour et c’est bien entendu ce qui est recherché. D’ailleurs ces couleurs parfaites qui jouent avec nos cerveaux sont des couleurs précommandées auprès d’une usine allemande. Il est plus facile de posséder une seule couleur que d’avoir des mélanges qui s’épuisent rapidement et quand la couleur manque le mélange n’est plus pareil et bien entendu les couleurs s’assèchent au cours du temps. C’est aussi pour cela que la concepDon du tableau a pris un certain temps entre les premières lignes et les suivantes afin d’avoir un rendement parfait.
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Effets d’opDques J’ai remarqué qu’en regardant ceLe toile j’ai ressenD comme un effet de mouvement, comme si je m’immisçais dedans ou j’avais l’impression que les carrés tournaient. Ce sont les effets que j’ai personnellement ressenDs à l’égard de ceLe représentaDon, mais bien d’autre gens ont eu d’autre symptômes comme des migraines, ou une envie subite de nausée, l’appariDon de nouvelles couleurs apparaître. C’est ça qui est fascinant dans les toiles de Youri, beaucoup de spectateurs réagissent de différentes manières, certains n’ont tout simplement aucune sensibilité et pourraient rester de longues heures à le contempler sans que ça ne change rien au niveau de leurs esprits alors que d’autre présentent de nombreux symptômes. Il fait d’ailleurs souvent appel à son entourage, parfois même à son voisinage pour analyser les réacDons face à son travail.
Leds et anecdote Au centre de chacun de ces carrés se trouve un Led avec une numérotaDon qui varie ente 1 et 9. L’intégraDon de ses chiffres est là pour apporter le mouvement des mesures des composiDons musicales de l’auteur. En soit les chiffres changent en foncDon du rythme des différentes mesures. Ayant joué d’un instrument pendant plus de 6 ans, j’ai vraiment pu m’apercevoir de la complexité composée sur ceLe parDDon. Le rythme ne va pas dans un sens mais dans plusieurs direcDons et c’est pour cela que les chiffres ne sont jamais représentés en même temps. Les chiffres ne varient pas dans un sens mais vont dans toutes les direcDons, certains d’entre eux reviennent plus souvent que d’autres car ce sont des flashbacks des nombreux numéros indiqués à chaque mesure. Et pour conclure sur ceLe analyse sur une peDte touche d’humour ; comme la dimension du tableau était trop grande pour passer par la porte, il a fait appel à un de ces amis de la caserne des pompiers pour descendre son travail avec la grande échelle depuis le neuvième étage…
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Le Maître des illusions
Youri Messen-Jaschin « Le maître des illusions »
Pour conclure J’avoue avoir un peu appréhendé au début de l’été le déroulement de ce travail. Je me demandais sans cesse si j’allais avoir suffisamment de pages à remplir, si j’aurais assez de maDère à rapporter. Qu’est-ce que j’aurais fait si je n’avais trouvé aucune personne acceptant de m’aider… Mais en rencontrant mon arDste qui m’a directement mise en confiance et m’a laissé parler à ma guise, poser toutes les quesDons, mes inquiétudes du début se sont immédiatement envolées. C’est une expérience qui m’a beaucoup appris, que ce soit au niveau du travail et du rapport humain dans la rencontre d’un arDste. Pouvoir rencontrer quelqu’un qui travaille de sa passion durant toute une vie est une aubaine. J’ai premièrement pris connaissance d’un nouvel art, ça m’a moDvé à m’intéresser à plein d’autres domaines, d’encore plus visiter de galeries et de musées contemporains, m’ouvrir à l’immensité du monde arDsDque mondial. CeLe rencontre m’a également donner l’envie d’aborder d’autres créateurs pour pouvoir échanger avec eux et en apprendre plus sur leurs visions de l’art. C’est tellement enrichissant d’avoir un échange sur tout le parcours arDsDque d’un arDste, surtout quand il est rempli d’anecdotes et d’évènements inaLendus et c’est bien plus plaisant d’avoir l’explicaDon sur une œuvre par l’arDste en direct, plutôt que par un guide qui ne donne pas toujours les meilleures explicaDons. J’ai compris la chance de pouvoir avoir un arDste face à soi avec ses œuvres afin de pouvoir poser des quesDons, comprendre, le reprendre si je n’ai pas saisi le but de l’œuvre etc… Comme je l’ai dit précédemment, c’est neLement plus palpitant d’avoir le point de vue donné par l’arDste et l’associer à celui que l’on s’est fait seule face à quelque chose que l’on peut interpréter différemment. Même si à mon avis chacun réagit autrement et s’idenDfie par rapport à sa personnalité, ses envies et ses opinions. Je ne sais pas si c’est parDculièrement la rencontre avec Youri Messen-Jaschin qui m’a moDvée à conDnuer à faire ce que j’aime au quoDdien ou tout simplement les tournants dans ma vie de jeune adulte. En tout cas j’ai retenu ceLe leçon des plus communes mais des plus importantes. Youri n’a jamais abandonné, a toujours fait ce qu’il a voulu, a développé son art encore et toujours, n’est pas près de s’arrêter et à toujours tenter les choses les plus surprenantes sans penser une seule seconde aux criDques ou au regard malveillant de certaines personnes. C’est la preuve que parDr de rien mais avec toute la déterminaDon et la confiance en soit on peut réussir ce que l’on souhaite tout au long de sa vie. J’aurai d’ailleurs la chance de pouvoir parDciper à l’introducDon de son prochain vernissage. À cette occasion, je présenterai mon travail, en commençant par une courte biographie de Youri suivie d’une analyse de plusieurs de ces nouvelles œuvres cinéDques. C’est un honneur pour moi d’y parDciper, c’est une magnifique preuve de confiance et de reconnaissance. CeLe rencontre restera fondamentale dans la suite de mon parcours arDsDque, elle aura été un pilier et une ouverture pour la suite de mon avenir.
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Le Maître des illusions
Youri Messen-Jaschin « Le maître des illusions »
Bibliographie
ArDcle dans le « Grand Genève magazine » 2015 ArDcle dans « Le QuoDdien Jurassien » 18.04.2018 Dossier « OP ART RENCONTRE LES NEUROSCIENCES » AssociaDon Brain Project ArDcle du Temps Libre www.yourimessenjaschinopart.com https://yourimessenjaschinbibliography.wordpress.com/ 2019/01/ • https://youtu.be/lotsF_hSFTk • https://www.youtube.com/watch?v=TBWzQlNYqAU&t=3s • • • • • • •
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Youri Messen-Jaschin « Le maître des illusions »
Remerciements Enfin je Dens à remercier tout parDculièrement mon arDste pour tout le temps qu’il m’a consacré et toutes les informaDons apportées pour la créaDon de mon TIP. Monsieur Leignel pour la correcDon de mon travail. Ainsi que toutes les personnes ayant jeté un coup d’œil à ce que je faisais et qui m’ont donné des avis construcDfs dans le but de m’améliorer.
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