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RegaRds CRoisés regards croisés sur le paysage de Brière
Michels Kévin . MéMoire personnel de fin de 2èMe cycle "100ans de paysage" forMation paysagiste dplg . école national supérieur d'architecture et paysage de BordeauX . 2013
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Remerciements à, -
Le Parc Naturel Régional de Brière Marie-Reine Retailleau, Habitante du marais Patrick Legoff, Artisan Chaumier en Brière David Legoff, Apprenti Chaumier en Brière André Terrien, Agriculteur et Éleveur dans le marais Kenny Cholet, Guide nature dans le marais Henry Retailleau, Dessinateur aux Chantiers Navals de l’Atlantique Jose Benitez, Habitant et photographe du marais Gwénaëlle Gérard, Guide à la réserve naturel Pierre Constant en Brière Hervé Goulaze, Chargé de mission sur le patrimoine culturel au sein du PNR des Landes de Gascognes Heaulme Emmanuelle, Professeur à l’École National Supérieur d’Architecture et Paysage de Bordeaux
introduction pourquoi avoir choisi le paysage de Brière ? J’ai choisi d’étudier le paysage de Brière car il m’était cher. Depuis des générations mes ancêtres vivent auprès du marais. Lorsque mon arrière grandmère me parle de la Brière c’est avec une vision différente de celle de mon grand-père, de mon père et de celle que j’ai aujourd’hui. Mon arrière grandmère vivait du marais, comme tout les Brièrons autrefois. Depuis son plus jeune âge elle coupe le roseau et participe au tourbage. Dans sa jeunesse mon grand-père aidait ses parents et puis, arrivé en âge de partir au chantier naval de Saint-Nazaire, il quitte le marais. Les générations suivantes n’y retourneront pas. Cette histoire est sensiblement transposable à toutes les familles de Brièrons. C’est ainsi que le lien entre les Brièrons et le marais fut rompu. Aujourd’hui, nous ne sommes ni plus ni moins que des étrangers face au paysage, désormais nous ne sommes plus acteur de notre cadre de vie. Seul quelques agriculteurs y travaillent encore. L’accès au marais est compliqué et les points de vues sont trop peu nombreux pour s’identifier à ce paysage. Le territoire de la Brière m’est familier, j’y habite, je pensais le connaître et pourtant c’est au travers de l’étude que représente ce mémoire que j’ai redécouvert la nature et les pratiques qui ont forgés le paysage d’aujourd’hui. Jadis le marais avait une vocation économique mais désormais il est devenu «un paysage de musée». Il aura fallut l’équivalent de deux générations, environs cinquante ans, pour modifier sensiblement l’organisation spatiale du territoire: une évolution tournée vers l’expansion du tourisme et au développement foncier lié aux stations balnéaires voisines. À la fois grandiose et mystérieux, le marais attire beaucoup de visiteurs. Les stations d’accueil se multiplient dans un paysage paraissant figé, protégé, délaissé. Peu à peu le marais se referme sur lui même, la forêt engloutie il y a des milliers d’années, tend à réapparaître au fur et à mesure de l’abandon agricole. Un nouveau paysage se crée; est il possible de concilier les différents regards et les pratiques de chacun (tourisme, néo-urbain et locaux) sur un même paysage ? Qu’elle est l’avenir de la Brière, «un paysage musée» empli de vide et de non sens ou bien est-il encore possible de lui redonner une valeur aux yeux des brièrons ?
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soMMaire introduction situation du paysage
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le Marais de Brière
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au fil de l'eau
approche sensiBle du paysage
la forMation du Marais de Brière
i partie
la Brière "grand Marais sauvage dont on ne voit pas la fin"
7 10
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approche graphique de la Brière
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appréhension du Marais
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un paysage coMposé de plusieurs entités les terres hautes les terres hautes le Marais de pâture le Marais de pâture les îles de Brière les îles de Brière le Marais noir le Marais noir le Bocage patriMonial le Bocage patriMonial
17 18 22 26 30 34
perception gloBale
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dynaMiques et enjeuX du paysage de Brière
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conclusion
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ii partie
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le paysage dans le teMps, le teMps du paysage.
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préaMBule historique
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les préjudices d'un paysage
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outils pour entrer dans le paysage
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1. la vie en Brière .
le paysage façonné par les activités du quotidien
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Paysage de 1850 à 1900
2. la vie en Brière .
l'industrialisation, l'aBandon du Marais.
54 - 55
Paysage de 1900 à 1970,
3. la vie en Brière . le parc naturel régional de Brière.
64 - 65
Paysage de 1970 à Aujourd’hui
iii partie
regard sur un paysage en tension
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constat sur le paysage de Brière
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l'iMage patriMoniale au service de l' éconoMie touristique
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principe et organisation :
paysage actuel
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scénario d'évolution du paysage de Brière 1 : l'épaississeMent
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scénario d'évolution du paysage de Brière 2 : le paysage de Brière en lien avec le Marais
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conclusion
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BiBliographie
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annèXes
99
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situation du paysage Le Marais de Brière se situe dans la région des Pays de la Loire, à l’ouest de la France. Plus précisément dans le département de la Loire-Atlantique, au sud de la Bretagne.
Paris
La Vilaine Estuaire de la Vilaine
Le Brivet
Le Marais du Mes
Le Parc Naturel Régional de Brière est situé entre les estuaires de la Loire au sud et de la vilaine au nord. Il constitue l’arrière pays de la côte atlantique limité à l’Est par le sillon de Bretagne.
Nantes
Herbignac
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Océan Atlantique
Guérande La Loire
Les Marais Salants
La Baule
Pont Chateau
Saint Nazaire
Un territoire où l’hydrographie va jouer un rôle important dans l’organisation du territoire et dans ses dynamiques.
Asserac
rbignac
Parc Naturel Regional de Brière
La Chapelle des Marais La Chapelle des Marais Saint Lyphard Saint Reine de Bretagne Saint Reine de Bretagne Pont Chateau
le Marais de Brière Asserac
Besné Pont Chateau
Saint Joachim Le Parc Naturel Régional de Brière a été créé par le décret du 16 octobre 1970, sur les 40 000 hectares Crossac de Parc vivent 50 000 habitants Crossac groupés dans 21 communes. Saint Lyphard Besné Brière, propriété Au centre, s’étend sur 7000 ha, le marais de la grande aint Lyphard Besné Saint Malo de Guersac indivise des Briérons et à l’Est 13 000 hectares constituent des marais Saintdite Joachim « mottière », du nom des mottes de privés. La grande brière est Saint Joachimet extraites. Le 8 août 1461, elle fut reconnue des Maraistourbe jadis coupées Trignac Saint Reine de Bretagne indivise des briérons par une lettre Donge propriété de François 2, duc de Pont Chateau Bretagne,confirmée Saint André despar Eaux les rois de France.
Herbignac
de Guersac Le Marais Saint de Malo grande Brière
Crossac
Saint André des Eaux
Joachim Le AndréSaint des Eaux
Saint Nazaire Trignac
Trignac
Asserac Donge
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Pont Chateau
Asserac
Saint Malo de Guersac
Le Marais Privé Besné
Estuaire de la Loire
Crossac
Herbignac
Crossac Saint Lyphard
Besné
Herbignac
Urbanisations La Chapelle des Marais Donge
Saint Reine de Bretagne
Boisements
Saint Joachim Pont Chateau
Paysage de Bocage Saint Nazaire
Saint Malo de Guersac
Crossac
Le Marais de Brière s’introduit dans un paysage de bocage, une succession Saint Lyphard de bourgs et hameaux Saint Nazaire dans un maillage agricole parsemé de boisements, un disparate en évolution. Depuis une trentaine d’années les Saint paysage Malo de Guersac Joachim franges de la brière subissent une forte expansion immobilièreSaintdue à l’attractivité de certaines communes voisines de renommée nationale (La Baule, Guérande, Saint-Nazaire). Quand on circule sur les axes routiers Trignac Donge urbaines le long des routes raccordant plus on observe des expansions Saint Malo de Guersac ou moins hameaux et bourgs entre eux.
Besné Trignac
Donge
Saint André des Eaux
Saint Nazaire
La Loire
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au fil de l'eau Une approche sensible du paysage traversé, un vagabondage au fil de l’eau pour entrer dans le territoire d’une manière douce, poétique. Ainsi comprendre l’espace vécu, les subtilités et les ambiances qui font de ce marais un lieu unique.
Herbignac
Le Brivet
La Chapelle des Marais St Reine de Bretagne
Crossac
Marais de Brière
St Lyphard
Besné
St Joachim la maison de l’éclusier le marais de Bergelot
la curée de la chalandière
St Malo de Guersac les prés salés
Donge St André des Eaux
Trignac
La Loire Saint Nazaire
Estuaire de la Loire
Le jour se lève sur la Brière, tout est calme, la saison sèche laisse doucement place à l’hiver. La lumière encore timide dessine telles des ombres chinoises les reliquats de haies bocagères des prés humides du marais de Bergelot. Gonflé par les pluies de l’Atlantique, le marais est inondé. Le Brivet est sorti de son lit pour venir s’allonger sur l’herbage vert et tendre des prairies. Elles se confondent désormais avec le ciel dans un décor sans limites. Dans le lointain vaporeux se devinent des roseaux, ils dansent au rythme des ondulations de l’eau caressée par le vent. Je rejoins les berges du Brivet comme l’ont fait la multitude de ses affluents tout au long de son cours depuis les hauteurs du sillon de Bretagne où il prend sa source. Le Brivet est la perfusion du marais, il alimente et irrigue les terres brièronnes en eau douce. En longeant le fil d’Ariane, véritable repère dans l’immensité de la Brière je me sens guidé, comme accompagné par une entité naturelle qui paisiblement semble s’être frayée un chemin dans cette mystérieuse nature. Je me crée un passage à travers les touffes de joncs, les roseaux et les yioches de carex. Déambulant au travers de cette nature archaïque, je foule l’autocratie végétale qui règne en ces lieux. Arrivé au lieu dit, la Guesne, j’embarque dans un chaland, un bateau en bois de couleur noir, noir comme la couleur de la terre qui affleure les berges du canal. L’embarcation est de forme élancée, au style épuré et à fond plat car les marais sont peu profonds. En passant sous le pont, dernière frontière qui me raccroche à la civilisation, j’ai le sentiment intime de m’abandonner à cette mystérieuse nature. J’étais à la fois effrayé et curieux de pénétrer le cœur de la Brière.
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Je file désormais sur l’eau au rythme du percheur qui propulse le chaland avec sa perche de châtaigner. Telle une feuille de chêne que les inondations de l’hiver seraient venues chercher dans les bocages ceinturant le marais, nous nous faufilons sur l’eau au travers des tiges de roseaux. Le paysage qui s’offre à mes yeux est unique, il s’ouvre sur l’immensité, imbriquant le ciel, l’eau et les bas reliefs façonnés par l’homme pour drainer les terres autrefois marécageuses. Les terrains sont divisés par des fossés et des fils barbelés attachés sur des rangées de poteaux. L’espace est découpé, l’empreinte de l’homme y est très présente même si le marais est capricieux et décide parfois de venir noyer les pieds des clôtures, les faisant comme léviter au dessus du sol. Au fond, les îles, Saint-Joachim, Saint-Malo de Guersac, j’aperçois le cloché de Saint-Joachim au dessus de la végétation. Nous croisons plusieurs intersections de canaux fuyant vers des horizons différents à travers le marais. Depuis que j’y ai pénétré, je me sens comme observé tel un intrus, un visiteur venu d’ailleurs. Une bande de grenouilles vertes, aux ventres ronds et aux yeux globuleux nous regardent passer telle une bande de vieillards postés sur le banc de la place public. Sur mon passage, les ragondins plongent se réfugier dans les berges qu’ils transforment peu à peu en gruyères.
Un envol de foulques, le cri d’un butor ou la charge soudaine d’un brochet dans un banc d’alevins, sont autant d’indices d’une vie intense et secrète. Au fur et à mesure que le soleil monte dans le ciel, nous progressons pour arriver jusqu’à l’écluse de Rozé. Je ne cherche pas tant le vide absolu qu’une certaine qualité de solitude que le marais me procure. Les écluses, les ports et autres ouvrages rappelant la présence de l’homme me rassure, bizarrement je me sens plus à l’aise dans un milieu domestiqué. Ainsi le passage de la maison de l’éclusier de Rozé reste un moment clef dans la compréhension des différents espaces du marais. Située à la confluence du Brivet et du canal de Rozé qui donne accès au marais indivis de grande brière, son rôle dans la gestion de l’eau par l’intermédiaire de ses écluses fut longtemps primordial. Je quitte à présent un marais bocager privé en empruntant le canal de Rozé pour pénétrer un marais d’aspect plus naturel. Partout l’eau y affleure, noire, immobile, en flaques ou en rigoles, en curées, en étangs ou tout simplement comme un suintement monté de la terre. La végétation y semble plus à son aise, un lieu privilégié pour qui rêverait d’indépendance. Les roselières ont remplacé les près du marais en amont du Brivet, il semble régner ici une atmosphère différente. L’homme n’apparaît plus comme le maître des lieux, les aménagement de celui-ci semblent s’être posés entre ciel et terre, à la surface de l’eau.
9 Nous croisons nombres de bosses de chasses vides, les appelants y sont ramassés en attendant la prochaine chasse aux gibiers d’eaux. Nous sommes seuls, le marais semble nous appartenir, la proue du chaland divise, la surface de l’eau d’une platitude virginale en ondulations paraissent infinis. La lumière révèle désormais toutes les couleurs du marais, l’eau et la lumière se rejoignent dans un univers fécond où plantes et créatures se mêlent dans une explosion de vie. Une vie qui ne manque pas d’imagination pour exprimer ses couleurs, ses richesses et sa diversité. Au détour de la Curée de la Chalandière les veines du marais semblent parsemées de chambres secrètes camouflées par les yioches qui flottent, créant ainsi un labyrinthe où il ne serait pas aisée de trouver la sortie. Seuls les initiés reconnaissent les lieux portant des noms faisant référence aux histoires passées, «la butte aux pierres», «la butte aux combattants», «la bosse des joncs»,... Piardes et copis jalonnent notre chemins, ce sont d’anciens lieux d’extractions de la tourbe. Aujourd’hui, les écrevisses de Louisiane remplacent les hommes de la Brière mottière, ils sont les hôtes de ces plans d’eaux à l’abri des grands échassiers, hérons cendrés, spatule et hégrette qui guettent leurs déplacements.
Nous filons au travers des canaux. L’horizon est désormais ponctué d’épouvantails de métal, plus nous nous en approchons plus ils paraissent colossaux. Se sont les pieds d’acier des lignes à hautes tensions. Un contraste saisissant entre la matière et la forme, le marais qui s’étale longitudinalement sur des kilomètres et ces géants de fer qui bravent la gravité pour s’élever au dessus des eaux.
Ces infrastructures marquent le paysage et le temps, le temps de l’industrialisation. Une métamorphose temporelle des clochers de Brière qui pendant un temps étaient les seuls géants du marais. Aux pieds des pylônes s’étalent de verts pâturages qui s’illuminent avec la lumière du ciel. La végétation n’est plus tout à fait la même, elle se fait plus timide, sa rareté ne fait qu’amplifier sa valeur puisque ces pâturages sont l’hôtes de nombreux orchidées sauvage. Des vaches rousses entretiennent l’ouverture de ce paysage et assure leur pérennité dans le temps. Les senteurs du marais rejoignent peu à peu celles des embruns marin, nous ne sommes plus très loin de l’atlantique désormais. J’ai une pensé soudaine pour tout les ouvriers du marais qui chaque matin sur leur vélo ou à bord du train devaient sentir ces embruns qui annonçaient le terminus imminent aux portes de l’Océan. J’aperçois d’ailleurs l’écluse du pont de paille qui est l’une des portes du marais vers l’atlantique. Je décide alors d’accoster, pour rejoindre, comme les ouvriers l’ont fait pendant près d’un siècle les forges de Trignac.
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la forMation du Marais de Brière Un passé mystérieux qui a donné naissance à de multiples légendes où l’on retrouve toujours la mémoire d’une forêt engloutie...
«Jadis, la Brière était occupée par une immense forêt, où se situait un château fabuleux protecteur d’un trésor tout aussi fabuleux. Ce dernier était convoité par un sorcier qui, pour arriver à ses fins, déclencha bourrasques et tempêtes, bouleversa tant et si bien tout les éléments que lorsque le château fût enfin anéanti, toute la forêt avait été submergée, laissant place à l’immense marécage que nous connaissons. Notre personnage, cupide, se précipita à travers ce décor hostile et s’empara de son trésor tant escompté. Il se transforma alors en lutin et alla se cacher dans les profondeurs de la terre sous le menhir de Crugo.»
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une forMation géologique unique Le marais est une grande dépression ovale de 20 000 hectares. Elle s’est formée par des successions d’effondrements lors de mouvements géologiques et un surcreusement dû au niveau des Océans qui était de -120m en dessous du niveau actuel. La remontée marine repoussa les alluvions de la Loire dans la dépression et la combla d’argile verte (vase), Seules les hauteurs de l’ancienne surface émergent en buttes isolées : les îles (ex: Saint-Joachim). Au fil du temps, une forêt s’installa dans la dépression, principalement des chênes. En bord de Loire, la lisière piège les vases qui s’accumulent et crées une levée bordière fermant la cuvette de la brière. L’eau de pluie du bassin versant du brivet envahit cette forêt. Les arbres ayant les pieds dans l’eau sont rapidement déracinés par les grands vent d’ouest et couchés dans l’eau qui va les conserver (arbres fossiles, Mortas). Puis une végétation aquatique : roseau, typha, sphaigne,... s’installe dans ce lac quelque fois envahi par l’eau de La Loire. La décomposition de la forêt forme la tourbe : terre noire, apportant ainsi aux Briérons sa richesse de chauffage et de commerce.
Tourbe
végétaux décomposés
A
Saint Saint André André des des Eau Eau (La (La Chaussée Chaussée Neuve Neuve
A
Saint André des Eau (La Chaussée Neuve
Mortas
Niveau végétaux fossilisés Niveau 0.00 0.00
coupe sud-ouest nord-est de la grande Brière "Mottière"
Niveau 0.00
A
B
Saint André des Eaux (La Chaussée Neuve)
Saint Joachim Les Quatres Canaux
Argile grise
Niveau 0.00
Coquillage Argile verte
A
4m
Sud-Ouest
Argile jaune 9 km
Nord-Est
Tourbe
A
Saint André des Eau 4m sableuse (La Chaussée Neuve Sud-Ouest Sud-Ouest
Formation Plan d’eau
B
m Socle granitique 44 m
A
Sud-Ouest Saint André des Eau (La Chaussée Neuve Niveau 0.00
A
Saint André des Eau (La Chaussée Neuve Niveau 0.00 4m
Niveau 0.00 Sud-Ouest 4m
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Saint Lyphard
cartographie des coMposants géologiques, créateurs d'un paysage Herbignac La Chapelle des Marais
Légende :
ivet r B Le
Pont Chateau Asserac Herbignac
Asserac
Saint Lyphard
Asserac
Saint Reine de Bretagne La Chapelle des Marais
ivet r B Le
Crossac Herbignac Pont Chateau
Saint Lyphard Saint Reine de Bretagne Herbignac LaAsserac Chapelle des Marais Saint-Joachim Crossac Herbignac Asserac Saint Reine de Bretagne La Chapelle des Marais Besné
Saint Lyphard
La Chapelle des Marais Besné Bordure méridionale rive B e du Massif armoricain L Saint Reine de Bretagne
Pont ChateauBrivet Saint André des Eaux e Bretagne Le Sillon Lde Crossac Pont Chateau
Saint Reine de Bretagne Saint Lyphard Crossac Saint Malo de Guersac
Saint-Joachim
S
Seuils du Sillon de Bretagne, les iles
Sai
Saint-Joachim Besné t rive Le B La Chapelle des Marais Dépression marécaMontoir de Bretagne Pont Chateau geuse, Asserac Saint Reine de BretagneDongele marais Saint-Joachim Besné
Crossac
Saint Lyphard
Saint Malo de Guersac Saint André des Eaux
Herbignac
Crossac
Saint Lyphard
Saint-Joachim
Montoir de Bretagne SaintDonge Malo de Guersac Saint Nazaire
Cordon alluvionnaire Besné Saint Malo de Guersac de La Loire Saint-Joachim Passage de l’eau et
Saint Malo de Guersac
La des Loire sédiments Montoir lors de Breta
Saint André des Eaux
Montoir de Bretagne
Saint Nazaire Saint André des Eaux
des montéesDonged’eaux Saint Malo de Guersac Saint André des Eaux Saint André des Eaux de Bretagne Montoir Donge Saint Nazaire Communes La Loire Montoir de Bretagne La Loire Donge Saint Nazaire
Saint André des Eaux Saint Nazaire
La Loire
13
i partie
la Brière "grand Marais sauvage dont on ne voit pas la fin..."
La lecture du paysage de Brière va consister à analyser le territoire, capter les éléments qui constituent le paysage, les relations structurelles et spatiales qu’ils entretiennent entre eux ou avec des entités extérieures. Comprendre son fonctionnement et son organisation, les réutilisations ou les disparitions éventuelles de pratiques déterminant le paysage d’hier et d’aujourd’hui.
Alphonse de Chateaubriant
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approche graphique de la Brière
Bloc di agram
me
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appréhension du Marais Première approche du territoire par les franges du marais. Les paysages sont abordés par le mouvement, la marche à pied et la voiture représentent les médias de perception spatiale. L’appréhension du marais et le rapport au végétal sont étroitement liés dans la lecture de ce paysage. Dans certain cas, c’est le relief qui influe la perception. Cette approche permet de cerner le marais, comprendre l’influence du paysage que l’on donne à voir selon les différentes franges. On peut définir ces franges comme des limites paysagères, elles constituent les principales barrières naturelles du paysage de marais, là ou le regard s’arrête ou se prolonge sur un autre horizon.
depuis le "Bocage patriMonial" à l'ouest
Frange du marais boisé de manière continue
Obstruction de la vue sur le marais
On observe sur la frange ouest du marais une rupture nette entre le paysage de marais et celui du bocage de l’intérieur des terres. Les boisements, plus nombreux sur le bocage patrimonial, limitent fortement les vues directes sur le marais. Le moindre élément dans le paysage devient un obstacle à la vue, cela démontre la platitude du territoire. La frange boisée est principalement constituée de haie bocagère plus entretenue (les frênes en têtard ne sont plus coupés et la strate arbustive s’est épaissie), de peupleraies et de saules.
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depuis les "îles de Brière" au centre
Ripisylve dense
Cadrage en fonction du parcellaire Contrairement à ce que l’on peut penser et malgré leurs situations dans le marais, depuis les îles de Brière les vues sur le marais sont très peu nombreuses. Cela est dû à l’organisation interne des îles, chaque propriété ayant sa propre chalandière entourée d’une ripisylve souvent mal entretenue aujourd’hui. Depuis la route ceinturant l’île, les cadrages sur le marais se font en fonction du parcellaire.
depuis les "terres hautes" à l'est
Boisements dispersés
Ouverture sur le marais
Coté Est, on se trouve au seuil du sillon de Bretagne, le relief remontant on peut observer le marais de plus haut. Les boisements sont plus dispersés, ce qui est dû à la transition douce entre le marais de pâture et les terres hautes. L’enfrichement de la frange Est est causé par l’abandon de parcelles dans le marais de pâture. Le saule est le premier à s’installer puis vient le peuplier, le frêne et enfin le chêne, en 10 ans une parcelle non entretenue devient un petit boisement impactant sur le paysage du marais.
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un paysage coMposé de plusieurs entités 1
2 Herbignac
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Pont Chateau
Asserac Crossac Saint Lyphard
Le bocage patrimonial
Besné Saint Joachim
Le Marais noir
Saint Malo de Guersac
3
4
Trignac
Donge
Saint André des Eaux
Saint Nazaire
Les îles de Brière
Le Marais de pâture
1
2
3
4
5
5
Les terres hautes
Bloc diagramme de la Brière décomposé par entités paysagères
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les terres hautes Herbignac
Bourg sur les terres hautes Urbanisation le long des routes
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Pont Chateau
Asserac
Boisement dispersé sur le Sillon
Crossac Saint Lyphard
Besné Saint Joachim
Saint Malo de Guersac
Trignac
Donge
Saint André des Eaux
Saint Nazaire
Situation des «terres hautes». C’est la partie Est du Parc Naturel Régional de Brière, caractérisée par un relief qui donne à voir le marais.
Petit marais interne Pâture d’hiver
C’est le promontoire de la Brière. Le bétail s’y réfugie lorsque les parcelles du marais sont inondées. L’organisation du paysage s’adapte à l’hydrographie et non au relief étagé du sillon de Bretagne. Le bocage est ouvert sur le marais, ils sont comme imbriqués. Les terres hautes ont peu subi l’influence touristique des années 1970, il y a peu de trace d’activité liée au tourisme. La dynamique agricole y est bien présente, les vides paysagers sont fragmentés par des clôtures qui lassèrent les terrains agricoles. Quelque arbres isolés ou bien des reliquas de haies bocagères parsèment les champs. Le regard se fixe sur des bosquet de feuillus qui dans le lointain paraissent unis. Les fermes et les moulins sont situés sur les hauteurs sont à l’origines des hameaux. L’urbanisation se développe le long des axes routiers, ce qui contribue à la désorganisation des hameaux et des bourgs.
Paysage d’ondulation entre agriculture et boisements
19
ac
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Panorama sur la frange Est du Marais, à la confluences des terres hautes et du marais de pâture. Pont Chateau
Ancien moulin, transformé en habitation
Fossé avec haie bocagère «entretenue»
Végétation exotique, signe d’urbanisation
Marais de pâture inondé
Crossac
yphard
Besné Saint Joachim
Saint Malo de Guersac
des Eaux
Situation du bloc diagramme, à la Trignac Donge confluence du marais et des terres hautes, l’entrée du Brivet.
Parcelle pâturé en période hivernale
Chemin agricole surélevé
Relief étagé (accentué artificiellement) significatif du sillon, évite les inondation des pâturages.
Saint Nazaire
Bétail sur terres hautes, contrebas inondé
Urbanisation le long de la route
Route surélevée Ferme sur les terres hautes
Le Brivet Route sur pont
La Guesne
Bocage
Moulin Ferme Canaux
Marais de Bergelot
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MétaMorphose du paysage en fonction des saisons, adaptation du systèMe agraire
Saison estivale pâture sur les terres basses
Saison hivernale refuge dans le bocage des terres hautes
Au fil des saisons, l’eau dans le marais est plus ou moins haute, il y a la saison sèche en période estivale et la saison humide en période hivernale. Le niveau d’eau dans le marais est géré par l’homme grâce à des écluses, vannes et canaux. La porte d’entrée et de sortie entre l’océan et les eaux de la brière se trouve à Saint-Nazaire au niveau de l’estuaire de La Loire. Lorsque le niveau d’eau dans le marais est trop haut, on ouvre les vannes à marée basse pendant les grandes marées. Si il est trop bas, on ouvre les vannes à marée haute, seule une faible quantité d’eau salée est admissible pour la faune et la flore du marais.
Inondation
Transport du bétail sur une barge métallique, autrefois effectué en chaland. Plusieurs fois pendant la période estivale le bétail transhume d’île en île, la plus grande étant la butte aux pierres.
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la végétation des terres hautes Coupe de principe, situation du milieu
La végétation des Terres hautes se compose essentiellement de feuillus. On les retrouve en haie, en bosquet ou en boisement. Ils marquent le paysage par leurs grandeurs. Autrefois utilisés, ils sont désormais peu ou plus exploités.
Châtaigners
Bocage péri-urbain
Peupliers
Ripisylve
Chênes
la taille en têtard
Frênes
Aulnes
haie sur talus accoMpagnée d'un fossé Dans les parties basses du bocage, celle en connexion directe avec le marais, on retrouve fréquemment ce type d’aménagement. Il permet de limiter le vent, draine la parcelle (évite l’inondation), améliore l’infiltration de l’eau et sa qualité (rôle de filtre). 2m Haie bocagère Coupe de formation
Coupe annuelle
Les arbres en têtard ont une forme caractéristique des paysages bocagers de Brière. Les haies d’arbres têtard permettaient de matérialiser les limites de parcelle. L’absence de branches sur la partie basse empêchait le bétail de consommer les jeunes pousses et le bois produit par la tête était exploité pour le chauffage ou le bois d’oeuvre.
Talus Chemin Talus enherbé Fossé enherbé
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le Marais de pâture Vue sur le marais de pâture depuis les terres hautes. Herbignac
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Pont Chateau
Asserac Crossac Saint Lyphard
Besné Saint Joachim
Saint Malo de Guersac
Trignac
Donge
Saint André des Eaux
Saint Nazaire
1ère partie du marais, coté Est, la plus importante, constituée de parcelles privées
La platitude du marais de pâture et le relief des terres hautes permet de voir les îles de brière à l’horizon. Le clocher de Saint Joachim surplombe la ripisylve de l’île.
Réseau de drainage, structure les parcelles
Parcelles pâturées
Le Brivet
Ripisylve
Cette entité constitue les deux tiers du marais, 13 000 hectares de parcelles semi-agricoles. Un espace anthropisé qui marque fortement le paysage, on sent que le lieu est organisé selon une rigueur agricole. Elle se caractérise par le pâturage, rendu possible après les travaux d’assèchements du marais par les hommes. Un système de drainage, composé de canaux, vannes et écluses permet de pratiquer l’agriculture en Brière. L’entretien de ces parcelles occasionne un paysage largement ouvert. Il offre ainsi des horizons sur des lieux emblématiques de l’histoire du Marais tel que les forges de Trignac, le portique des chantiers naval de Saint-Nazaire, le paysage des îles et leurs clochers. Mais une dynamique d’enfrichement de certaines parcelles est observable, cela est dû à la déprise agricole, les parcelles non-entretenues referment progressivement le paysage et ses repères.
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organisation du systèMe de drainage dans le Marais de pâtures Fossé
Ripisylve
Douve
Les terres hautes
Parcelle abandonnée, Saule
Canal
Fossé
Curée
Le marais de pâture
La Maison de l’éclusier à Rozé. Situé à la confluences du Brivet et du canal de Rozé qui donne accès au marais noir, son rôle dans la gestion de l’eau par l’intermédiaire de ses écluses en font un élément crucial.
Chalandière
Les îles de brière
Horizons sur des lieux emblématiques 1 2
3
Photos prises en période hivernale Photo 1 : Le portique, les chantiers navals de Saint Nazaire Emblème économique Photo 2 : L’église de Saint-Malo de Guersac Emblème religieux et social Photo 3 : La règle indiquant le niveau d’eau, indique une hauteur d’eau supérieur de 60 cm au dessus du niveau dit «normal». Cela démontre, sur les photos précédentes, la platitude du marais de pâture, entièrement inondé.
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la végétation du Marais de pâture Coupe de principe, situation du milieu
Prairies humides
Ripisylve
Les prairies humides du marais de pâture s’étendent à perte de vue. Quelques parcelles abandonnées sont enfrichées par des saules champêtres et des peupliers blancs dans un premier temps puis par les chênes dans un second temps. L’intérêt floristique des prairies humides est exceptionnel, elles sont placées au tout premier rang français pour la préservation des espèces de milieux humides. Ces milieux ne peuvent maintenir leur diversité sans l’activité humaine (pâturage et fauche). À proximité de l’estuaire, la présence du tamaris, de la guimauve et du trèfle maritime témoigne des remontées anciennes d’eau saumâtre lors des grandes marées. « Il faut que l’homme continue par ses actions à maîtriser l’envahissement du roseau, car la roselière fait chuter la biodiversité en empêchant par son côté dense, une autre forme de végétalisation. L’élevage de bovins, entre autres, permet cela, on peut observer une vingtaine d’espèces végétales sur la prairie humide. Dès la baisse du niveau de l’eau, les bovins prendront le chaland pour regagner leurs pâturages.» Patrick BONNET : chargé de mission « Education à l’environnement »
Jonc
Chardon d’Angleterre
Lobélie brûlante
Carum verticilé
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Aménagement ornithologique
Système agro-pastorale extensif Le marais de pâture à beaucoup moins été touché par les aménagement à vocation touristique, de part sa situation à l’est (éloigné des villes touristique du bord de mer) et de son passé agricole bien ancré dans le paysage. Les aménagements visibles sont donc à vocation économique ou environnementale, parfois même les deux. Photo 1 : nichoir pour les espèces d’oiseaux migratoires de passage en Brière (nichoir pour cigogne).
2
1
Photo 2 : OLAE. Opération Locale AgriEnvironnementale permet l’entretien des prairies naturelle, évite la prolifération des roselières et contribue à la sauvegarde de race animale (ex : vache bretonne).
route sur digue Le marais est traversé par de nombreuses routes sur digue. Ces aménagements ont été créés pour palier aux inondations des routes en période hivernale. Les routes qui traversent le marais ont été créées pour rallier les îles aux terres hautes. Avant que les routes soient construites les îles étaient coupées du monde une partie de l’année, leurs habitants devaient vivre en autarcie une partie de l’année. Lorsque l’on traverse ces routes en voitures, on pénètre au coeur de la Brière de manière surélevée, on se rend compte de l’immensité du marais, des roseaux à perte de vue.
Endiguement
Chêne têtard
Pâturage en saison sèche
Situation des routes sur digues
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les îles de Brière Par les routes sur digues traversant le marais Immensité du marais, les roselière jusqu’à l’horizon
Chalandière, accès aux îles par le marais Intimité du marais, entrée de manière douce
Les îles, de nulle part, fixent l’horizon depuis le marais. Elles sont l’élément central, le coeur de la Brière. Il y a deux moyens possible de s’y rendre aux ambiances très différentes ; le plus conventionnel (moyen contemporain) par les routes sur digues et de manière traditionnelle, en chaland, par le marais en accostant dans une chalandière. L’entrée sur les îles est marquée par une épaisse ripisylve. Leur organisation spatiale interne en font leur originalité. Cela est dû à la semi-autarcie des îles dans le passée (avant les routes sur digues), ce qui en fait leurs spécificités. Une organisation inversée par rapport à celles des franges Est et Ouest du marais condensé dans un minimum d’espace. Herbignac
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Pont Chateau
Asserac
Implantation urbaine spécifique
Crossac Saint Lyphard
Route ceinturant l’île
Besné Saint Joachim
Route sur digue
Saint Malo de Guersac
Trignac Saint André des Eaux
Saint Nazaire
Donge
Curée Chalandière
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vivre en autarcie Habitations serrées autour de la route
Piarde Copis
Route sur digue
Le paysage des iles s’est construit avec la capacité de ses habitants à tirer profit de ce qui les entouraient. Les chantiers de l’atlantiques sont entrés dans cette logique. «Pour un bâteau construit aux chantiers, un second partait en pièces détachées dans les marais.» On retrouve ainsi beaucoup de pièces détaché de paquebots dans le petit patrimoine architectural (garage, bosse de chasse, abris de pêche, poulailler, cabane à outils,...). Ces constructions anarchiques caractérisent les îles tout autant que les chaumières rénovées avec des toitures en ardoises.
B A
Route circulaire
Curée Marais indivis
Marais privés
Chaumière ancienne
L’organisation traditionnelle des îles se ressent encore dans certaines îles de Brière (photo: îles de Fédrun, la mieux conservée). Chaque espace était précieux d’où une organisation stricte. Les Brièrons qui y habitent sont dans le marais chez eux, «il n’y a pas plus briérons qu’un habitants des îles» ; la vie en autarcie leur a forgé un caractère quelque peu chauvin. Cela contribue en partie au maintien du paysage originel. L’ambiance interne des îles est particulière, la relation entre le marais et le port de Saint nazaire est présente dans les aménagements des Brièrons (culture ouvrière et agricole).
Moulin Gagnerie
Chaumière récente
Levée Canal 4 3 2 1 0
A
B
Au centre, le paysage est ouvert sur des cultures vivrières, les habitations ceinturent les cultures et enfin l’île s’ouvre au marais.
Maison de l’éclusier Horizon sur le marais
Bâtiments liés autrefois à l’activité portuaire
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la végétation des îles Bocage péri-urbain
Coupe de principe, situation du milieu
Sur les îles de Brière, la végétation est localisée en périphérie, ceinturant l’urbanisation, agissant comme une limite physique et visuelle entre l’intérieur de l’île et le marais. Cette épaisse ripisylve est visible de très loin dans le marais, elle marque le paysage et fixe le regard. Autrefois entretenue, elle était beaucoup plus poreuse. Aujourd’hui la ripisylve est dans une dynamique d’enfrichement / d’épaississement. Les végétaux qui la compose sont des chênes, des saules, des aulnes, des peupliers, des frênes,... La végétation interne est composée d’espèce ornementale que l’on retrouve dans les jardins et des petites parcelles agricole d’herbacée qui subsiste au travers l’urbanisation.
Une végétation en évolution organisation ancienne Écran végétal «Naturel»
Roselière Ripisylve sans entretien Espèces locales
dans
Écran végétal «Artificiel»
Ripisylve
Paysage camouflé / dissocié du marais
une 1
2
Au niveau des routes sur digue, entre et aux entrées des îles, on observe deux traitements de la végétation. Dans le cas de figure 1, le talus est entretenu pour ne pas qu’il s’enfriche, les vues sur le marais sont ainsi Jardin privé Haie opaque conservées. Dans la figure 2, le talus est boisé, cette végétation marque les entrées de villages (respect de la ripisylve sur les îles) ou bien permet de Espèces ornementales masquer des vues indésirables (exemple: sur du bâti plus récent mal intégré).
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l'horizon sur les îles, depuis l'ouest Premier plan, le marais est inondé, seules les touffes de jonc émergent. Second plan, une immense roselière illustre la frontière entre l’urbanisation et le marais. Troisième plan, les îles marquent l’horizon, en période estivale seuls les clochers sont visibles depuis l’intérieur du marais, moyen de repère spatial et temporel.
Piardes, Anciens lieux d’extraction de la tourbe
Il y a de nombreux piardes autour des îles de Brière ainsi que dans le marais noir, elles portent toutes un nom, signe de leur importance. Ces lieux était très importants autrefois puisque le tourbage constituait l’un des principaux revenus financier des brièrons. Aujourd’hui laissées à l’abandon, les piardes sont devenues des milieux très riches en biodiversités mais qui, sans entretien, se colmatent de jour en jour.
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le Marais noir Marais,grand espace ouvert traversé d’un réseau hydrique important Herbignac
Enfrichement
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Pont Chateau
Asserac Crossac Saint Lyphard
Besné Saint Joachim
Saint Malo de Guersac
Curée Roselière
Canal
Trignac
Donge
Saint André des Eaux
Piarde, copis Saint Nazaire
Le marais est une vaste étendue marécageuse où s’entremêle les canaux créés par l’homme quand ils vivaient de l’extraction de la tourbe. Dans cette partie du marais, la tourbe affleure le sol et colore l’eau du marais d’une couleur sombre. Ainsi la végétation se reflète et dessine la jonction entre le ciel et la terre qui se reflète et se confond. Un paysage ou la végétation domine, un milieu qui parait naturel, comme si il avait toujours été là, dans cet état. L’homme, la faune et la flore se partagent ce territoire dans une harmonie presque parfaite.
La végétation est omniprésente dans le marais, elle crée un paysage en perpétuel mouvement, à l’image des yioches de carex (photo ci-jointe) qui se déplacent avec le courant de l’eau.
Le chaland, embarcation à fond plat, moyen de transport adapté
31
la végétation du Marais noir Coupe de principe, situation du milieu
Marécage
Ripisylve
C’est pendant une promenade en chaland que je découvris cette abondance végétale. Elle se constitue de plantes hydrophiles allant de mésophiles à hydrophytes. Elles forment une composition légère qui se métamorphose au gré des saisons et du niveau d’eau dans le marais. Un milieu fragile qui sans entretien tend à s’épaissir et à refermer un paysage de marais ouvert. Maintenu depuis des décennies par des activités, des pratiques aujourd’hui disparues, le marais se referme. L’homogénéité des roselières pousse le regard jusqu’a l’horizon qui s’arrête sur les rypisilves des îles ou bien sur celle de la frange ouest. Ces roselières contribuent amplement à l’ambiance mystérieuse du marais, un monde secret y vie. «Yioche» de Carex
Abord de marais enfriché par les saules et les peupliers
Roselière Canal principal Enfrichemment, installation des premiers ligneux, bouleau et saule
Canal secondaire Piarde, ancien lieu d’extraction de la tourbe, milieu riche en biodiversité
Ripisylve Peupleraies
Scirpe des lac
Le roseau est la plante emblématique du marais noir.
Nénuphar blanc
Massette / Thypha
Roseaux / Phragmite
Grande douve
Carex élevé
Scïrpe des marais
Iris jaune Scïrpe flottant
Ecuelle d’eau
Alisma fausse renoncule
Millepertuis des marais
Chardon d’angleterre
coupe de principe : la zonation de la végétation sur Berges
Cladion à feuille en scie
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Extension naturelle des peupleraies de la frange ouest à l’intérieur du marais
la frange ouest, le clocher de saint-lyphard coMMe repère Les plantations de peupliers et la progression du saule participent amplement à la fermeture du paysage et des horizons, depuis le marais vers le bocage, comme de l’intérieur du bocage vers le marais. La dynamique d’enfrichement est très forte sur le marais noir.
Peupliers
Saules
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la faune de Brière Ragondin
Grenouille
Vipère
Écrevisse de Louisiane
Héron cendré
La Brière fait partie d’un ensemble de milieu aquatique, la Loire, l’estuaire de la Loire, l’océan, les marais salants, la Vilaine,... Autant de paysages qui favorisent la diversité d’écosystèmes et de biotope idéale à une faune variée (oiseaux, poissons, reptiles, mammifères). Le marais est un réservoir de biodiversités comprenant de nombreux corridors biologiques, élément très important de la trame verte et bleue régionale, pris en compte par le schéma régional de cohérence écologique. Il constitue le deuxième plus grand marécage français après la Camargue. C’est un milieu propice à la nidification et à l’hivernage de nombreux oiseaux ainsi qu’un lieu de passage ou d’étape pour les migrateurs. De nombreuses espèces exotiques ont été introduites en Brière pour diverses raisons, aujourd’hui elles sont devenues invasives et contribuent à la détérioration du marais.
Spatule blanche
Grèpe huppé
Brochet
l'appropriation du Milieu Les Briérons s’approprient le paysage, puisqu’ils y sont chez eux, bosses de chasses, pontons d’embarcations, pâturages,... ne sont donc pas réglementés, «on s’installe où bon nous semble». Les générations antérieures avaient la notion de sauvegarde et de respect de cette nature car ils vivaient du marais. Les nouvelles générations auront-elles les mêmes préoccupations et le respect de leurs aînés ?
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le Bocage patriMonial
Herbignac
Large boisement limitant l’horizon Reliquats de haies bocagères Hameau en extension
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Pont Chateau
Asserac
Peupleraie
Crossac
Complexe sportif, zone inondable Saint Lyphard
Besné Saint Joachim
Saint Malo de Guersac
Trignac Saint André des Eaux
Bocage péri-urbain Bourg
Port, embarcadère accueil touristique Saint Nazaire
Hameau de chaumières «récentes» Dans les terres, se compose un paysage alternant bourgs et parcelles agricoles renfermés sur l’intérieur des terres. La frange ouest est très boisée, ce qui coupe les vues sur le marais, pourtant c’est la partie la plus touristique de la Brière. Les villages anciens caractérisent cette unité, Saint-Lyphard est aussi appelé le village aux 800 chaumières; c’est l’un des villages les plus touristique du marais. Beaucoup de vestiges du passé sont encore visibles et sont mis en avant dans cette unité. L’agriculture y est présente, mais ne s’imbrique pas ou plus avec le marais de Brière. L’activité est comme dissociée du paysage patrimonial que l’on donne à voir dans les espaces touristiques. Le paysage se délite à cause de la péri-urbanisation au gré des opportunités foncières, isolant parfois certaines parcelles agricoles. Ces parcelles se trouvent coupées du reste de l’espace rural et leur surface ne suffit plus pour une exploitation devant être rentable. Face à la pression foncière, les agriculteurs participent eux aussi à la spéculation générale. C’est ainsi que le paysage traditionnel se délite progressivement au profit de l’urbanisation. Il en ressort un paysage ni véritablement urbain, ni complètement rural.
Donge
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organisation dans le paysage des villages de Brière, saint-lyphard pour eXeMple. Marais noir
Base de loisir camping et aménagement sportif sur zone inondable
Départementale desservant le village
Hameaux de c h a u m i è r e péri-urbain
La frange Ouest du marais est largement plantée de peuplerais. En dessous, des moutons pâturent, signe d’une agriculture extensive mais bien présente. Les peupleraies ont contribué à l’assèchement des terres sur les franges du marais.
Parcelles agricoles enclavées dans l’urbanisation, avec quelques vestiges de haies bocagère
Frange boisé, peuplerais Extension urbaine, lotissement
Bourg ancien, condensé autour de l’église
Au premier plan, le bas du champ est incultivable à cause de l’eau provenant du débordement du marais. Au second plan, deux types d’architecture faisant références aux dynamiques du territoire se côtoient, une grange (dynamique agricole) et une chaumière récente (dynamique environnementale et touristique). Au troisième plan, la frange boisé du marais.
Crossac Saint Lyphard
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la frange du Bocage patriMonial Besné parseMée d'eMBarcadères pour touristes Structure d’accueil pour les balades et les locations
Saint Joachim
Chaland avec ponton d’embarcation
Saint Malo de Guersac
Trignac
Calèche pour des balades guidées, présentation des chaumières,,..
Donge
Saint André des Eaux
Saint Nazaire
Parking stabilisé, aménagement dû a la forte fréquentation de ces lieux
Photo gauche : un chaland conçu pour promener une vingtaine de touristes. Ces embarcations n’ont plus rien à voir avec la forme originelle du chaland traditionnel. On peut voir les fixations du moteur, les chalands sont normalement propulsés à l’aide d’une perche de châtaigner par le guide de brière (le percheur), ce sont le plus souvent des jeunes saisonniers. Photo droite : une barge en métal pour transporter le bétails dans le marais.
Les ports font partis des seuls points de vues sur la Brière depuis le bocage patrimonial, ils servaient autrefois pour le tourbage, d’où leur nombre important sur les franges de la Brière «mottière». A l’ouest, on rencontre beaucoup de sites touristiques liés à l’histoire du territoire, villages de chaumières, château de Ranrouët, pont gallo-romain, mégalithes,... Cela est dû à la proximité de la presqu’île guérandaise qui avait une puissance économique très forte sous l’ancien régime. Aujourd’hui le développement des structures touristiques est réglementé par le Parc Naturel Régional de Brière, mais il n’y a pas véritablement de contrôle sur la qualité et la formation des guides de Brière.
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typologie architecturale des villages les Bourgs anciens Les bourgs se caractérisent par une place publique (parvis de l’église), l’organisation du bourg se fait autour de celle-ci par des grands axes routiers. L’urbanisation autour de ces axes est dense et compacte, il définit des fronts urbains cohérents. Le bâti est de type breton, R+2, les murs sont fait en pierre granitique et les toits en ardoise à forte pente. Bâti typique
Bourg organisé autour des grands axes routiers
Place publique en «étoile» devant l’église
Office du tourisme, chaumière moderne
Commerces de proximité sur la place publique
eXtensions urBaines La diffusion des bourgs présente des constructions en retrait par rapport aux voiries et implantées sur de grandes parcelles, sans cohérence d’ensemble. Les villages de Brière ont une dynamique d’évolution forte et rapide, donnant naissance à un paysage périurbain mal délimité, sans identité, souvent peu rattaché au bourg en terme de fonctionnement et d’ambiance. La forme du bâti ne renvoie en rien aux habitations traditionnelles de Brière. les chauMières
Village de chaumières anciennes
Les chaumières traditionnelles brièronnes s’inspirent du style des maisons bretonnes. Elles présentent des murs en pisé (torchi) avec des pierres en granit revêtues d’un enduit blanc et un toit de chaume à forte pente. Elles comportent qu’un seul niveau, mais disposent d’un vaste grenier. On retrouve des cheminées en pisé très basses, de petites portes et fenêtres avec des linteaux en bois peint.
Réinterprétation patrimonial, plus ou moins réussi
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la végétation du Bocage patriMonial Coupe de principe, situation du milieu
La végétation joue un rôle tampon dans l’intégration de l’urbanisation dans un paysage bocagé; cela permet une transition plus douce des différents espaces. La préservation du maillage végétal constitué par les haies bocagères et les boisements est un bon moyen d’intégration du bâti.
Châtaigners
Bocage péri-urbain
Peupliers
Chênes
Haies bocagères
route de remembrement Lotissement, végétation ornementale
Vers l’Est Bocage et urbanisation
Bocage et urbanisation
Sylviculture
Pins
Grand fossé boisé, gestion des eaux pluviale
Aulnes
Enfrichement d’une parcelle agricole
Enfrichement d’une parcelle agricole
Vers l’Ouest
Ripisylve
Arbre ou bosquet isolé
Végétation ornementale
Ripisylve
Marais
Urbanisation le long des routes de remembrement, végétation constituée des anciennes haies bocagère
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perception gloBale La lecture du paysage de Brière nous a permit de faire l’inventaire des ambiances et des paysages dans les différentes unités qui compose se territoire. Il en ressort un paysage séquencé, les bourgs, le bocage, le marais évolue de manière indépendante, sans covisibilité ni interaction. Le marais est un espace commun que les brièrons se partage depuis des siècles, il occupe une place centrale sur le territoire. Les usages contemporains du marais sont ne sont pas encore véritablement défini, les conflits d’usage et les protections ralentisse son développement. L’organisation du paysage nous laisse envisagé qu’il y eu des changements dans un passé proche. Des boulverssement qui ont modifier les enjeux et les dynamiques paysagères sur un territoire qui retranscrit les erreurs du passé et celles d’aujourd’hui.
dynaMiques et enjeuX du paysage de Brière Légende: Herbignac
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Prolifération du roseaux
Dynamique agricole
Extension urbaine
Dynamique patrimoniale
Enfrichement général
Déprise agricole
Enfrichement partiel
Pont Chateau
Asserac Crossac Saint Lyphard
Besné Saint Joachim
A l’Ouest du marais et sur les îles, les enjeux et les dynamiques paysagère sont directement liée au tourisme, ce qui entraîne une urbanisation globale et un enfrichement total de la frange. De plus, le marais noir en lien avec la frange ouest et de par son statut indivis est entièrement envahi par les roseaux. La dynamique patrimoniale contribue amplement à la fermeture du paysage.
Saint Malo de Guersac
Trignac Saint André des Eaux
Saint Nazaire
Donge
A l’Est du marais, la déprise agricole contribue à l’enfrichement qui se fait au gré des abandons de parcelles. Cette partie reste mieux connectée au marais de par son statut de marais privé (mieux entretenu), les vues sur le marais sont plus nombreuses.
40
conclusion Le
paysage
actuel
donne
l’impression
d’un
«paysage
figé» dans le temps, traversant les âges. Un paysage naturel, paysage
une
réserve
préservés
sauvage
de
l’homme,
à
l’image
du
des
grands
développement,
de
l’accroissement urbain et des politiques économiques. On y découvre une culture et un patrimoine typique, les hameaux de chaumières et les ports illustrent la vie en Brière. C’est du moins ce que l’on veut faire voir ou faire croire au tourisme de masse qui vient visiter le Parc Naturel Régional de Brière. La plupart des aménagements renvoyant aux patrimoines anciens sont des vestiges entretenues pour préserver une image idéaliste de carte postale. Afin de comprendre les enjeux actuels il est important de comprendre quelle évolution a subit le marais, dans l’espace temps entre le paysage que l’on montre et le paysage datant des vestiges traditionnel ? Qu’elle a été l’échelle temporelle du changement de paysage ? Qu’elles ont été les principales motivations d’abandonner des pratiques
ancestrales
?
L’impact
psychologique
et
physique de cet abandon sur le marais et ses habitants ? Un territoire forgé par des pratiques sociales agropastorales
vers
un
parc
naturel,
des
enjeux
bien
différents. Comment le marais est t’il passé d’une image économique à une image touristique ?
41
42
ii partie
le paysage dans le teMps, le teMps du paysage.
Le paysage est continuellement affecté par le temps qui passe et qui, sans cesse, le fait naître, changer, mourir. Cette inscription dans le temps n’est pas simple car les naissances, les modifications et les disparitions sont à la fois physiques, psychologiques, culturelles et sociales. Afin de révéler les grands changements du marais, il est nécessaire de fracturer le temps en périodicités traduisant le paysage de Brière.
43
préaMBule historique De tout temps, les zones marécageuses ont eu une réputation de territoire austère. Les marais sont souvent des milieux difficilement pénétrables et exploitables par l’homme. Pourtant nous allons découvrir comment, depuis des siècles, les habitants de Brière ont exploité le marais, en chassant, pêchant, coupant le roseau pour couvrir les chaumières, coupant la tourbe pour se chauffer, et en pratiquant l’élevage. Les premiers hommes ayant conquis ces terres l’ont fait lors de la période néolithique, beaucoup de mégalithes en témoignent. Lors de la mise en place de ces monuments, la Brière n’était pas encore un marais comme nous le connaissons aujourd’hui, c’était une vallée sédimentaire dépressionnaire, boisée et peuplée de chasseurs, d’agriculteurs et d’éleveurs. Plus tard, après la formation du marais, au début de l’ère chrétienne, l’action humaine sur le paysage s’accentue avec la civilisation Gallo-romaine et tout au long du Moyen-Age. Les forêts diminuent, les landes à bruyères progressent et toutes les pratiques culturales apparaissent ou se développent, tels que les céréales, le chanvre, le noyer, le châtaigner, la vigne et un peu plus tard le lin. Pendant des siècles, les habitants du marais et des alentours vont récolter la tourbe en se partageant le marais, les premières traces d’usage de la tourbe dans le bassin du Brivet remontent à fin VIe, début VIIe siècle. Le tourbage va s’accompagner des premiers aménagements d’assainissement, comme les curées, les copis et les piardes. La copropriété trouve sa base juridique dans les lettres patentes de François II, Duc de Bretagne, en 1461, les briérons bénéficient de manière indivis 7 000 hectares de marais. Mais les droits d’usage semblent remonter beaucoup plus loin dans le temps; lors des divisions de paroisses et de constitution de communes. Ce bien commun sera confirmé dans les lettres patentes de Louis XVI en 1784 : l’ensemble de la Brière est considérée (aujourd’hui encore) comme propriété indivise de tous les Briérons, n’importe lequel d’entre eux peut aller n’importe où chercher ce dont il a besoin. Sont exemptés les marais gardis qui sont propriétés des habitants des villages et gérés en commun par eux.
Ne sont considérés comme gardis que les marais entourés de douves (les marais privés à l’Est du marais). « En ce temps-là, les Briérons tourbaient sans répit, en masse, en charretées, ne laissaient aux poussières le temps de se déposer, accumulaient les récoltes plus haut que leurs maisons, les laissaient vieillir comme on fait pour le vin. A ce métier, la Brière baissait, se décharnait, la misérable...» Alphonse De Châteaubriant. A la fin du XVIIIe siècle, la carte de Cassini en 1789, permet de se faire une idée de ce que devait être la Brière. Une vaste zone marécageuse, entrelacée de prairie humide, drainée par une rivière, le Brivet et ses affluents, qui permettaient la remontée de l’eau salée. La Brière méridionale possédait alors un paysage maritime, alors qu’au centre du marais, la végétation devait être assez comparable à celle que l’on trouve actuellement, avec une dominance de roseaux. Sur la carte, est inscrit à l’emplacement du marais où l’on uve de la Tourbe ou des Mottes».
«Friche
44 C’est au début du XIXe siècle que les travaux d’assainissement et de circulation sont entrepris, établissant un réseau de canaux navigables et de canaux de drainage, c’est le premier grand bouleversement que va subir le marais. Il est alors au centre de la vie sociale, culturelle et économique du territoire. Les Briérons vivent du marais et les activités traditionnelles permettent la sauvegarde de cet espace. Mais ces travaux contribuèrent au commencement de la banalisation de la végétation, avec l’envahissement des plans d’eau et des vasières par le roseau. Ce phénomène s’accentuera avec le quasiabandon du marais fin XIXe, en raison de l’industrialisation de l’estuaire de la Loire. En effet puisque la Brière subit une véritable exode, les Briérons quittent le marais pour travailler aux forges de Trignac ou aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Les hommes du marais y étaient recherchés pour leurs connaissances en batteleries qu’ils se transmettent de génération en génération. Le niveau de vie augmente peu à peu en Brière, le travail aux chantiers est moins pénible que celui du marais, les revenus sont plus élevés et plus réguliers. Au début du XXe siècle, la Brière va progressivement voir l’abandon de ces activités traditionnelles, 80 % des habitants travaillent aux chantiers navals. Néanmoins, les Briérons n’ont pas complètement délaissés leurs terres qui leur a longtemps procuré leurs moyens de subsistance, mais certaines activités sont désormais pratiquées en loisir. Les hommes allaient au marais après la journée de travail pour pêcher ou chasser. Seuls les «anciens» ou les fermiers perpétuent des activités qui entretiennent le marais. Peu à peu sur les marais qui ne sont en conséquence plus l’objet d’un entretien régulier, les surfaces en eau régressent sous l’avancée des roselières. L’élévation des conditions de vie provoque le rejet d’éléments du passé, particulièrement de la chaumière, synonyme de vétusté et de pauvreté. Les briérons remplacent leurs toits de chaume par de l’ardoise, cela aura un impact considérable sur l’environnement et l’écologie du marais et également sur le patrimoine culturel. La fin du XXe siècle, une prise de conscience , chacun s’accorde à reconnaître l’impact écologique et paysager du marais. Pendant des siècles, l’exploitation humaine des marais avait enrayé leur évolution naturelle vers le comblement. La régression des activités traditionnelles (l’abandon du tourbage, le déclin de la coupe du roseau et de l’élevage) et le transfert de la
population vers les industries de l’estuaire de la Loire ont eu des répercussions considérables sur le milieu, sur l’habitat et sur les conditions de vie des Briérons. Le développement économique de l’agglomération nazairienne et des stations balnéaires proches constituent à la fois un atout inconstestable et une menace qui impose de se doter de moyens pour maîtriser urbanisme et flux touristique. C’est pour toutes ces raison que le marais de Brière sera dans les premiers territoires à bénéficier de l’attribut Parc naturel régional en 1970. C’est prioritairement pour protéger et mettre en valeur l’étonnante richesse écologique que fut créé le Parc de Brière : prairies humides, buttes, roselières, canaux, piardes et copis offrent une diversité faunistique et floristique considérable qui a justifié en 1995 l’inscription de la Brière à la convention internationale de RAMSAR. Depuis 40 ans, le Parc naturel régional de Brière travaille à l’amélioration du cadre de vie, la protection des richesses naturelles en liaison avec la Commission syndicale de grande brière mottière (sur le marais noir), la sensibilisation à l’environnement, à faire des actions culturelles et à organiser l’activité touristique.
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les préjudices d'un paysage Comme j’ai pu l’énoncer auparavant, c’est a la fin du XIXe siècle que les acteurs du paysages, les Brièrons, vont quitter le marais pour aller travailler aux chantiers navals de Saint-Nazaire ou à la forge de Trignac. C’est donc a la suite de ce bouleversement que le paysage de Brière va évoluer. J’ai donc accentué mes recherches sur le XXe siècle. La seconde partie du mémoire 100 ans sera fractionné en plusieurs périodes, afin d’analyser le paysage dans une temporalité qui reflète les grands courants de pensées et d’actions sur le marais de Brière. Dans un premier temps nous analyserons le paysage avant l’éxode rurale, période se situant à la fin du XIXe siècle. Dans un second temps, les mutations du paysage après l’abandon des activités traditionnelles ancestrales et l’évolution du paysage, pendant le XXe siècle. Enfin dans un tiers temps, la Brière et son nouveau statut de Parc naturel régional, à la fin du XXe siècle. Dans ses trois parties nous analyserons à tour de rôle le paysage de bocage Est et Ouest, du marais et des îles, à travers le temps.
outils pour entrer dans le paysage Je pense que tous les paysages sont vécus, le marais de Brière est un très bon exemple puisque se sont les habitants du marais, les Brièrons, qui en sont à l’origine et qui l’ont fait «vivre». Par conséquent, si je voulais comprendre le paysage d’autrefois je devrais interroger des personnes qui ont fait «vivre» et qui ont vécu dans le marais à différentes phases d’évolution du paysage. Pour mener mon enquête sur le paysage de Brière dans le temps, je choisis d’interviewer des acteurs du paysage d’aujourd’hui et d’hier. En croisant leurs différents points de vues et mes recherches sur l’histoire du paysage de Brière je pourrais ainsi comprendre dans quel contexte et dans quelle ambiance le marais a évolué. Cette étape permettra de comprendre les causes des enjeux et des dynamique actuelles.
Préservation du patrimoine Patrick Legoff, 51 ans, Artisan chaumier depuis 35 ans. «La transmission du savoir-faire et des valeurs aux générations futures.»
L’agriculture en Brière André Terrien, 69 ans, Agriculteur et Éleveur de vache laitière depuis 50 ans. «Nos choix professionnels conditionnent l’avenir de notre paysage.»
La vie en Brière au XXe siècle
Sensibilisation des touriste
Marie-Reine Retailleau, 94 ans, habitante de la Brière.
Kenny Cholet, 21 ans, Brière depuis 5 ans.
«Nous on faisait ça, parce que c’était comme ça depuis toujours...»
«Peu à peu je m’y suis passionné...»
Guide
nature
en
1.
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la vie en Brière .
le paysage façonné par les activités du quotidien
Au milieu du XIXe siècle jusqu’au XXe siècle, les Brièrons sont dépendants du marais pour leur vie économique et sociale. Ils avaient un mode de vie original, ils ont su faire des contraintes de leur milieu des atouts (économie liée au marécage) en drainant les terres inondables. Le marais a toujours permis aux brièrons de survivre puisqu’ils bénéficiaient de l’indépendance politique sur le marais. Sur les rives, comme sur les îles l’économie rurale est centrée sur le marais. Les Brièrons ramassent la tourbe et les roseaux, ils fument leurs champs avec le noir (vase), chassent et pêchent de manière professionnelle. Mais la plupart était généralement de petit agriculteurs, propriétaires de quelques petites parcelles dispersées, ils produisent le nécessaire à la survie de leur famille. Le travail était harassant, il se faisait dans des conditions difficiles et les récoltes étaient incertaines. Le bocage est ponctué de hameaux de chaumières, les maisons des Brièrons. Les chaumières sont construites avec les matériaux qui composent le paysage de brière, l’intérieur est rudimentaire. Le pouvoir de l’église est très fortement représenté en brière. Les distractions sont rares, la vie des Brièrons était entièrement consacrée au travail, celui ci était même vécu comme une fête : le ramassage de la tourbe, les battages et les travaux entrepris collectivement. Sur les îles tous les déplacements se font par voie d’eau et cela constitue une différence considérable avec les terriens. Les îlois sont chez eux dans le marais, mais la vie sur les îles y est plus dur, le paysage est organisé pour y vivre en autarcie.
Carte Carte d’Etat d’Etat majeur majeur 1820 1820 // 1866 1866
Sur cette carte, le réseaux de canaux dans le marais a commencé mais n’est pas encore achevé (le canal de Bréca notamment). Les villages sont encore de petits bourgs recérés autour d’une église, seuls les fermes et les moulins sont dispersés selon le caractère inondable des terres. A l’Est, on peut déjà remarquer la parcellisation du marais. L’estuaire de la Loire n’est pas encore industrialisé.
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Paysage de 1850 Ă 1900, bocage et marais principe et organisation
Boisement de chêne
le Bocage
Moulin
Les Brièrons ont de petites exploitation avec peu d’équipement, le cheptel comprenait 2/3 vaches laitière, une paire de boeufs, 2/3 moutons. Ils possédaient 2 ou 3 hectares de terrain divisés entre 5 et 10 parcelles. Les parcelles de terrains étaient alors minuscules, dispersées et entourées de grandes haies bocagères; entre les parcelles il y avait des chemins en terre très peu larges et accidentés. Autour des habitations on plante des choux, des betteraves, des pommes de terres et un peu plus loin les vergers et les vignes. Dans le bocage on trouve une mosaïque de parcelles correspondant aux activité et aux besoins des Brièrons : -Cultures de céréale : froment, orge, avoine, seigle, millet et beaucoup de blés noir. -Cultures et élevage pour le tissage : lin, chanvre et mouton. -Parcelles pâturées : boeuf, vache à lait et mouton -Parcelles boisées : chênaie ou châtaigneraie La moisson du blé s’effectue à la faucille, cela explique la petite taille des parcelles, plus tard la mécanisation entraînera l’ouverture des haies. A cette époque le paysage du bocage est constitué d’un maillage de haie important coupé de verts pâturages, mais il reste malgré tout ouvert car les haies sont entretenues.
Les vergers étaient nombreux, ils étaient généralement plantés autour des villages. On y plantaient des pruniers, des pommiers, des poiriers, des cerisiers,... «Les pommes servaient à l’alimentation mais surtout pour confectionner la boisson préférée des Brièrons, le cidre.» Chaque famille possédait une petite vigne qui lui procurait quatre à cinq barriques de vin par an. La vigne était plantée en bordure de chemin ou sur les talus (les terrains pauvres et difficilement cultivables).
Arbre isolé, noyer ou châtaigner
Pâturage inondable
Pâturage
Verger
Vignes
Arbre en têtard Champ de céréale
Les bords des chemins et chaque hameaux sont accompagnés d’une croix, signe que la religion prenait une place très importante dans la vie des Brièrons.
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Haie bocagère
Croix, calvaire
Ferme Espace des battages
Les techniques traditionnelles d’entretien des haies comme la coupe en têtard, permet la covisibilité entre le marais et le bocage puisqu’il n’arrête pas le regard. Cet alignement/haie était utilisé pour délimiter les parcelles, ce sont les fossés qui servaient de barrière pour le bétail.
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les villages Brièrons
Mairie et école
Sur la frange Est et Ouest il y a une multitude de villages de plus ou moins grande importance, situés au contact des terres exploitées dans un paysage bocager. Ce paysage se compose d’une mosaïque de petites parcelles irrégulières, pâturées et closes par des haies bocagères. Les bourgs s’organisent autour de l’église et d’une place publique, souvent la «place de l’église» carrefour des axes routiers principaux. Autour de cette place on trouve à proximité le lavoir du village, ainsi qu’un puits et un four à pain. Seuls les bâtiments importants sont en pierre de qualité avec un toit en ardoise, la mairie et l’école. Généralement il y avait un forgeron/maréchal-ferrant par village, pour fabriquer les outils, il n’y avait guère plus de commerçant car la société rurale vivait avec très peu d’argent. Le reste des bâtiments sont des habitations, ce sont des chaumières parfois accompagnées d’une petite dépendance (étable, porcherie, grange,...) et d’un jardin cultivé pour subvenir aux besoins alimentaire de la famille. La chaumière, elle, était souvent constituée d’une pièce unique, au volume bas, largement recouverte d’un toit de chaume (roseau ou jonc) reposant sur une charpente en chêne ou en morta. A l’étage, se trouve un grenier auquel on accède par une échelle Les murs épais sont en pierre recouvert d’un enduis blanc. En façade, le trio typique porte-fenêtre-lucarne de petite dimensions imposées par le climat et par la taxe sur les ouvertures. Souvent comme on peut le voir sur la photo 1 les maisons étaient construites à coller pour économiser la construction d’un mur. Trois ou quatre chaumières constituaient un hameau qui s’accompagnait d’un four à pain et d’un puits, photo 2.
Puis et four à pain
Église
Vigne
Place publique Lavoir
Ferme
Verger
Pâturage
1
Photo de 1920, l’intérieur d’une chaumière.
2
L’intérieur était bas avec peu d’ouverture, il y faisait sombre. A l’époque les hommes partageaient leur maison avec leur bétail (souvent une paire de vache) cela apportait de la chaleur. Le sol est en terre battue. Un feu était entretenu dans une grande cheminée en granit où cuisait le pot-au-feu. Le mobilier était rudimentaire (banc-coffre et lit de coin).
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le Marais
Douve
Roselière
Le bocage s’ouvre sur le marais de toute part, une douve ceinturant le marais noir permet le maintien du bétail et évite les inondations. Les ports d’embarcations et de constructions sont nombreux, tous les 500 mètres environ; chaque famille possède 2 ou 3 chalands. Déjà on distinguait deux parties dans le marais, la Grande Brière mottière (le marais noir) qui était indivis et les marais privés (le marais de pâture) où les parcelles du marais étaient uniquement destinés au pâturage. Le Marais est alors une précieuse réserve de chauffage (le tourbage est une source de revenu importante), voire d’exportation, jalousement sauvegardée. «On y a tourbé, fauché le foin, litière, roseaux, mis les bêtes à pagale, pêcher, chasser et récolté le noir depuis toujours.» Les brièrons vivaient du marais et indirectement les activités l’entretenaient, ils faisaient donc vivre le marais.
la frange du Marais Piarde et copis Roselière Prairie humide Canaux
Embarcadère Port
Copis / piardes Canal
Prairie humide
«A la belle saison, on emmenait pâturer les vaches dans le marais.» Lorsque les prairies devenaient trop sèches, le marais étant toujours humide, il constituait un bon moyen de substitution pour nourrir le bétail. Le transport des animaux se faisait en blin (chaland plus large, servant pour le transport de marchandise).
Le port de méanais 1880
Douve Embarcadère Chemin Marre Parcelle agricole Haie bocagère Photo pâturage dans le Marais 1919
«L’eau et les bâteaux font partie de la vie quotidienne du Brièron. Souvent, c’est aussi son métier.» L’étendue étant autant voir plus vaste que les étendues de terre, l’agriculture ne peut employer tout le monde. Beaucoup travaillaient dans les chantiers de contruction navals.
51 la coupe de la tourBe en Brière
1
2
3
Photo 1 Activité de tourbage dans le marais. Les hommes se chargent de découper les mottes avec un salais (outils à manche avec une lame tranchant) et les femmes et les enfants les mettent à sécher. La tourbe était un moyen de se chauffer à bon marché ou destinée à la vente. Le tourbage s’effectuait entre le 15 août et le 1er septembre, lorsque le niveau d’eau dans le marais est au plus bas. Photo 2 Les mottes en chandeliers, achèvent de sécher. Au fond on aperçoit le clocher de Saint Lyphard, il servait de repère spatiale, indiquait l’heure et l’angélus rythmait les journées de travail dans le marais. Photo 3 La tourbe sèche est entassée en mulons, puis protégée des intempéries par des bottes de roseau. Les mottes non utilisées pour la consommation briéronne étaient transportées par chaloupes vers Nantes, Vannes, Lorient, La Rochelle ou Bordeaux. «Le marais était chaque année, comme blessé, constellé de piardes et de copis après le tourbage annuel.» le noir Autrefois, les briérons récupéraient le « noir » (débris végétaux se décomposant partiellement pour former une vase noirâtre) pour enrichir les jardins potagers ou pour l’exportation et ainsi contribuer aux revenus de la famille. Le noir est extrait des canaux, notamment des curées (canal ceinturant les îles de brière, curé chaque année pour éviter les inondations). Cette activité permettait d’entretenir les canaux pour éviter leurs comblements.
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le roseau Après la récolte de la tourbe venait le temps de la coupe du roseau. Le roseau était coupé dans le marais au mois de décembre, il servait de litière pour les animaux et pour la couverture des chaumières. La récolte du roseau était un travail pénible, il faut le couper à la faucille dans les roselières et constituer des bottes. L’époque de la coupe du roseau est importante, si le niveau d’eau est élevé il est difficile de couper le roseau à la bonne hauteur mais on peut approcher le chaland (bateau à fond plat) près de la zone de coupe, si le niveau d’eau est bas il est plus facile de couper le roseau mais on ne peut pas approcher le chaland. Une fois chargé, le roseau est trié et nettoyé, puis stocké en bordure de marais pour le sécher. Une fois sèches et bien compactes, le bottes sont fixées sur une charpente en châtaigner ou en morta, le végétal est devenu plus qu’une toiture : une couverture chauffante, isolante et esthétique. Alors instinctivement, le Briéron s’est fait chaumier, ils construisent et entretiennent (réparent) eux mêmes leurs toitures. A l’époque les toitures en chaume était constituées de 2/3 de jonc et 1/3 de roseaux; la tige du jonc est pleine tandis que la tige de roseau est vide, le jonc était par conséquence beaucoup plus résistant (durée de vie d’une toiture en joncs 80 ans, en roseaux 40 ans). Le roseau était coupé dans les roselières inondables et le jonc sur les prairies humides, cela permettait de canaliser la prolifération du roseau.
1
2 Photo 1 : Coupe à la faucille, transport sur une plate (chaland très plat). Photo 2 : Port de la pierre fendue, séchage du roseau, 1930.
3
Photo 3 : Chaumière centenaire avec toiture en jonc sur la partie habitation.
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les îles Curée
levée
Moulin
cabane à outils potager
Habitation
Champs de céréales
Frange d’une île en 1912
Chemin
Pendant très longtemps les habitants des îles on vécu en totale autarcie. La première route de Saint-Joachim à Crossac fut empierrée en 1860 (malgré tout inondée l’hiver) et les routes entre les îles l’ont été bien plus tard. Les déplacements se faisaient donc uniquement par voie d’eau, récurrents dans la vie quotidienne (photo ci-jointe) car il n’y avait sur les îles que le strict minimum pour y vivre (ni école, ni médecins, ni de commerces,...). Le paysage des îles est organisé pour y vivre coupé du monde, il y a très peu d’arbres, les bordures de l’île inondables servent de prairie et de potager (enrichis par les vases que les inondations déposent), les maisons sont construites un peu plus haut le pignon collé sur l’unique route ceinturant l’île. L’espace central, le plus important, est destiné au culture de céréales et au moulin. Sur les plus grandes îles l’espace central est aussi le lieu d’implantation des églises ou lieux de culte, signe de leurs importances dans la vie des briérons à l’époque.
transport pour l’école
Convoi mortuaire
«Il n’y a pas plus Brièrons que les habitants des îles.» Ils sont très attaché au marais, leur survie en dépend, ils y tirent toute les ressources et les revenus pour vivre. Contrairement aux Brièrons des terres qui ramassaient la tourbe pour leurs besoins personnels (5 jours de tourbage suffisait à chauffer un foyer tout l’hiver) les «îlois» tourbaient énormément pour vendre le surplus et ainsi se procurer un supplément de revenu qui n’était pas négligeable pour une commune qui avait peu de terre , donc peu de ressources. Cela est bien visible sur le rapport de 1840 répertoriant la quantité de tourbe extraite par commune. Extrait du rapport, montre les inégalités de quantité entre les communes: - Saint-Joachim (Île) 50 040 stères - Saint Lyphard (coté Ouest) 14 390 stères - Crossac (coté Est) 540 stères L’intérêt que portent les différentes communes au tourbage traduit le niveau de pauvreté de ses habitants, les habitants des îles et ceux de l’ouest étaient les plus pauvres, les Brièrons de l’Est étaient plus riches, grâce a une agriculture plus forte et maîtrisée depuis des siècles.
2.
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la vie en Brière .
l'industrialisation, l'aBandon du Marais.
Le paysage de Brière est resté quasiment le même, il a peu évolué ou très lentement au cours des siècles précédents. Mais arriva le temps de la révolution industrielle. La mutation d’un monde rural vers un monde ouvrier se produisit lors de la construction des chantiers navals de Saint-Nazaire et des forges à Trignac vers la fin du XIXe siècle. Le développement touristique de la côte atlantique (notamment La Baule) draineront aussi une importante main d’oeuvre employée à la construction de villas, hôtels et routes. Autrefois agriculteurs ou marins, les hommes sont devenus maçons, menuisiers, couvreurs, charpentiers,... Les hommes du marais sont de la très bonne main d’oeuvre, ils étaient très recherchés sur les chantiers navals pour leurs connaissances en batteleries qu’ils se transmettent de génération en génération. Début 1900 le train va désormais passer dans le marais pour transporter les ouvriers de brière jusqu’aux chantiers. Les îlois sont les premiers à partir aux chantiers pour trouver du travail avec un revenu plus élevées et régulier. Cela va engendrer des modifications dans le mode de vie des brièrons et donc dans le paysage. Le travail aux chantiers est moins pénible que celui du marais, le salaire rapporté chaque mois permit une ouverture à un autre mode de consommation. Les Brièrons ne sont pas forcément plus riche squ’avant mais ils ont de l’argent, au lieu de vivre en autarcie, ils peuvent maintenant acheter ce dont ils ont besoin. C’est ainsi que les îlois sont les premiers à détruire leurs fours, devenus inutiles, quand on peut grâce au salaire se dispenser de fabriquer soi-même son pain. Les petites parcelles familiales de céréale sont inutiles, le bocage va se transformer peu à peu. Les communes les plus éloignées de Saint-Nazaire et à vocation plus agricole ont été touchées beaucoup plus tard par l’industrialisation. Les machines agricoles apparaissent après la première guerre mondiale et ce n’est seulement que dans les années 30 que les habitants de la Chapelle Des Marais ou de Saint Reine de Bretagne ont commencé à aller travailler au chantier. C’est aussi à cette période que l’électricité fut installée en Brière, de 1926 à 1932. Pendant la seconde guerre mondiale les femmes vont remplacer les hommes à l’usine, la forge de Trignac est réquisitionnée pour fabriquer des obus. Après la guerre, le marais est abandonné, le travail aux chantiers est moins pénible que celui du marais, le niveau de vie augmente peu à peu, la brière s’ouvre petit à petit vers l’extérieur. Dans les année 60/70 le remembrement ouvre le bocage brièron, mais n’est pas sans risque pour le paysage qui avec la mécanisation de l’agriculture va subir une différenciation des parcelles selon leur praticabilité, ce qui engendra l’enfrichement de beaucoup de parcelles.
Chantier naval de l’atlantique 1914
Pendant la 2ème guerre mondiale les femmes remplacent les hommes aux forges de Trignac, elles fabriquent des obus. 1940.
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Paysage de 1900 Ă 1970, bocage et marais principe et organisation
les villages Brièrons Les habitations sont groupées et obéissent à une logique agricole et communautaire autour de la place publique. Les habitations sont composées d’ancienne chaumières, de chaumières rénovées et de maisons «contemporaines». Les voix principales sont empierrées et accompagnées par le réseau électrique très marquant à l’époque. Les fours à pain et les lavoirs on été démolis, quelques puits sont encore présents. Le bourg évolue avec le territoire rural qui l’entoure. Les rues deviennent urbaines mais les activités qui y sont pratiquées restent rurales, «les troupeaux de vaches traversaient la place publique». On remarque déja que des extensions le long des voies enclavent de plus en plus les terres agricoles et menacent de les rendre un jour inexploitables. Les fermes qui subsistent s’agrandissent, des bâtiments agricoles en taule sont construits, ils marquent fortement le paysage. L’organisation des hameaux de chaumière ne change pas , leurs habitants travaillent encore la terre et sont restés en communautés à la vie très modeste. Après le remembrement les villages et les hameaux son visibles de très loin dans le bocage. La place du village est ouverte sur des grands axes, l’urbanisation des villages se fait autour de ces axes. Comme on peut le voir sur la photo 1, les habitations sont très hétéroclites. Bourg de Saint-Lyphard 1932 Photo 2 : le bourg de Herbignac en 1935. De nombreux commerces et cafés sont désormais présents dans les villages. Les activités en lien avec le monde rural sont encores très présente.
Commerces et cafés Maison ancienne
Église Extension le long des axes
Calvaire Route empierrée
1
Bâtiment agricole
Champ enclavé
2
Maison rénovée
3
1 : Maison construite dans les années 50 2 : chaumière centenaire 3 : chaumière rénovée
A l’entrée de chaque village de brière est édifié un calvaire, mise en scène du christ. Cela montre l’importance du pouvoir religieux dans la vie des habitants et de leurs ferveurs.
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le Bocage Au début du XXe siècle les Brièrons perpétuent l’activité agricole en plus de leur travail principal, Mais de plus en plus abandonnent cette activité secondaire pénible, au même titre que les activités dans le marais. Au milieu du XXe siècle, le bocage est dans un piteux état, la plupart des Brièrons n’ont plus de vaches, ni de moutons, leurs parcelles ne sont plus entrenues, le bocage s’enfriche. C’est entre 1960 et 1970 que le paysage rural va faire l’objet d’un remembrement qui va fortement modifier le bocage, le réseau hydrographique et, indirectement, le petit patrimoine, qui a été parfois laissé à l’abandon. L’essentiel du remembrement a lieu au nord et à l’ouest de la Brière (La Chapelle des Marais, Herbignac, Saint Lyphard, St André des Eaux), le coté Est ayant toujours bénéficié d’un paysage et d’un passé (seigneurie) favorisant l’agriculture. Le bocage dense coupé de verts pâturages et de vergers du début du siècle a succédé un bocage ouvert cultivé. Le maillage irrégulier du bocage a disparu au profit de grandes étendues, plus propices à la mécanisation. Les plus beaux arbres ont parfois été conservés dans les parcelles. L’entretien des haies et des ruisseaux est de plus en plus négligé, mettant ainsi en péril la covisibilité entre le marais et le bocage. En bordure de marais une large bande de parcelles n’ont pas été remembrées car elles sont inondables et le sol (coté Ouest) n’est pas assez porteur pour les machines agricoles modernes. En général ces parcelles vont être utilisées pour couper la litière des animaux.Elles sont planté de peuplier ou bien même abandonnées. Les Brièrons vont vendre ou louer leurs parcelles aux agriculteurs, certains vont faire de la sylviculture (pin, épicéa, peuplier, chêne) et d’autres les conserver comme bien.
Paysage ouvert, après le remembrement, Saint Malo de Guersac
Moulin réapproprié en habitation
Frange du marais pas remembré, enfrichement et sylviculture Réseaux électrique
Culture céréalière
Arbre en isolé
Bâtiment agricole
Chemin de remembrement
Voix ferrée
Elevage bovin
La covisibilité entre le bocage et le marais était autrefois maintenue par des techniques traditionnelles d’entretien des haies comme la taille en têtard, pratique quasiment abandonnées.
Herbignac
Donge Saint Lyphard Trignac liées aux tourisme Activités St Joachim
Océan Atlantique
Estuaire de la Vilaine
Estuaire de la Loire
Océan AtlantiqueSaint Reine de Bretagne Le Brivet Crossac Besné
St Malo de Guersac
St Malo de Guersac
Activités industrielles Guérande St Andrédes des Eaux Affluence ouvriers
La Chapelle des Marais
St Joachim
Estuaire de la Loire
St André des Eaux
Trignac
Océan Atlantique Saint Lyphard
Saint Nazaire
St Malo de Guersac
Guérande St André des Eaux
Océan Atlantique
La Baule
Chemin de fer en activité de 1906 à 1948
Saint Nazaire
ne
Chemin de fer toujours en activité
Le Brivet
Océan Atlantique Estuaire de la Loire
c
La Chapelle des Marais gnac Besné Saint Reine de Bretagne
Le Brivet Crossac
Trignac
Donge
La Loire
Estuaire de la Loire
de Bretagne
Besné
Donge
La Loire La Baule
Trignac
Donge
La Chapelle des Marais La Loire Herbignac Le réseau ferroviaire draine la majorité des ouvriers. Le La Baule Saint Reine de Bretagne coté ouest du marais Saint utilise Nazairele réseau de bus pour se rendre aux chantiers. Après 1948, les routes étant en meilleur Le Brivet état, les ouvriers iront aux chantiers en bus ou à vélos. Crossac Estuaire de la Loire St Joachim
Guérande
Besné
La Loire
Saint Nazaire La Vilaine
Estuaire de la Vilaine
Saint Lyphard
Crossac
Affluence des ouvriers
La Baule
Herbignac
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Le Brivet
Saint Nazaire
Guérande St André des Eaux
La Vilaine
La Loire Saint Reine de Bretagne
St Malo de Guersac
La Baule
cartographie des influences éconoMiques
La Chapelle des Marais
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le Marais Dès les dernières années du XIXe siècle, un grand nombre de brièrons négligent leur part de douves et les fossés de leurs propres prés. « A quoi bon, l’étier était bouché et le travail était ailleurs! » Depuis 1880, avec l’ouverture des chantiers navals de Saint Nazaire et des forges de Trignac le marais se vide de ses ouvriers, «de pays de marins et de terriens, la région se transforme en région ouvrière». Le «Tortillard», train à vapeur, passe désormais dans le marais, il emmène les Briérons jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Désormais, le marais ne fournira plus qu’un appoint à la paye, «on se chauffera à la motte pour ne pas acheter de charbon, mais on n’en vend plus». Mais peu à peu les lois sociales améliorent la situation financière des ouvriers, ils se désintéresseront d’une source d’économie qui exige un travail supplémentaire. Cela va entraîner un bouleversement dans le paysage de brière. Le marais délaissé va peu à peu se refermer. Les canaux ne sont plus entretenus, ils se comblent de vase, le noir n’y est plus retiré puisque les brièrons n’ont plus de champ à amender. Le roseau n’y est plus coupée et la tourbe plus exploité. La frange du marais à l’ouest s’enfriche. Chasseurs et pêcheurs ne sont plus qu’occasionnels, aller dans le marais n’est plus qu’une distraction. Les projets d’ingénieur pour le réaménagement des marais sont arrêtés, au début de la 1ère guerre mondiale. L’Etat a autre chose à penser durant la guerre que d’améliorer le pays. Les régions pauvres et déshéritées sont abandonnées; ce fut le cas de la Brière. Après la guerre la plupart des canaux à l’Est on déjà disparu. Les aller-retours des blins ont cessé, la végétation reprend le dessus et resserre les voix d’eau. «Plus de bateaux, l’eau dort, l’herbe peut pousser, la brière s’engorge.» Le vannage de Méan construit en 1935 rompt les échanges entre la Loire et le Marais. Pendant le seconde guerre mondiale les Américains songeaient à transformer la Brière en rizière, mais le problème de la
température et du courant de l’eau ne convenaient pas à la plante. Sous l’occupation allemande les écluses furent maintenues fermées pour éviter les débarquements alliés, cela a provoqué une fermentation du marais. Les prairies d’herbacées ont été asphyxiées, le marais est envahi de plante aquatique, de yioche de carex et surtout de roseaux; les vannes et les écluses sont bloquées par la vase et pourrissent, les canaux deviennent inutilisables. Après la guerre, 18 000 hectares de marais sont délaissés, la douve qui encercle le marais n’existe plus. Pour empêcher les animaux de paître dans les culture on dresse des clôtures en barbelés remplaçant les fossés. La ligne de chemin de fer est fermé en 1948, la concurrence de la route et le vieillissement du matériel vont entraîner le déclin du réseau. Le remembrement des années 60/70 et l’abandon des parcelles sur la frange ouest du marais engendre l’épaississement de la ripisylve.
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les relations des Marais avec l'estuaire de la loire. Les marais du Brivet et de Brière étaient en communication naturelle avec l’estuaire de la Loire, par le jeu des marées, jusqu’au milieu du 19e siècle. Un ensemble d’écluses et de vannes ont contribué à isoler les marais de l’estuaire, construites dans le cadre du dessèchement des marais de Donges achevé en 1815. Pour le Brivet, ce n’est que vers 1935 qu’un vanage a été installé à Méan près de Saint-Nazaire. Jusqu’à cette époque récente, la marée jouait naturellement dans le Bas-Brivet, recouvrant les prairies marécageuses environnantes qui gardent encore les traces de cette intrusion marine dans les sols et la végétation (type halophyle). Le baignage des prairies à partir des eaux de la Loire a perduré jusque dans les années 1975/1980.
Légende : Le Brivet
Espace de baignage des prairies Le Marais noir
Le Marais de pâture
Les vannages : 1815 1862 1900 1935
La Loire
1990 Photo 1 : La maison de l’éclusier à Rozé. 1920. Photo 2 : La vanne de Méan.
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Photo 3 : Tamaris, végétation halophile en brière.
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le roseau
la frange du Marais Extension des roselières Comblement de la douve, extension de la ripisylve Enfrichement, chênes
Peupleraie
Piarde qui s’enfriche Extension des roselières Canaux Comblement de la douve par la vase et les végétaux, extension de la ripisylve
Comblement des piardes
Au XXe siècle, les brièrons ne construisent plus de chaumière, ils entretiennent les toitures en chaume déjà existantes. L’élévation des conditions de vie provoque le rejet d’éléments du passé, telle que la chaumière, synonyme de vétusté et de pauvreté. Les briérons remplacent leurs toits de chaume par de l’ardoise. Cela aura un impact écologique important sur le marais. le roseau n’étant plus coupé il va proliférer et contribuer a la fermeture du marais de manière monospécifique (pauvre en biodiversité). Sur la photo on peut voir une chaumière qui a été transformée. L’ardoise remplace le chaume, les animaux sont mis dans une étable séparée de l’habitation, les murs sont enduis et l’électricité fait désormais parti du quotidien.
Diminution des canaux
Le roseau est un colonisateur, c’est le premier végétal à s’installer sur les vases en voie de consolidation. Il colonise de vastes étendues grâce a ses rhizomes mais surtout par ses nombreuses graines disséminées par les vents et les eaux. Ses facultés colonisatrices et de fixation des sols sont le premier stade végétatif d’enfrichement, ensuite le saule s’installe, suivi du bouleau et du peuplier et enfin le chêne. Stades d’enfrichement :
Peupleraie Enfrichement Haie bocagère Parcelle agricole Chemin de remembrement
Roseaux, Carex, Saules, Baccharis
Roseaux, Carex, Baccharis, Saules, Bouleaux, Peuplier
Roseaux, Carex, Baccharis, Saules, Bouleaux, Peupliers, Chênes, Aulnes, Chataigniers
62 la coupe de la tourBe en Brière
le pâturage
Les années 50 marquèrent la fin de la récolte de la tourbe, à cause de l’électrification des foyers, l’apparition des cuisinières à gaz et des appareils ménagers. «Nos cheminées ont perdu cette traînée jaune sombre qu’y imprégnait la motte de tourbe. L’été c’était le butagaz et l’hiver la cuisinière à charbon.» En 1956 on déclare qu’il n’est plus nécessaire de s’occuper de la tourbe, désormais en coupe qui en veut et quand il veut... c’est à dire plus personne. Les piardes et les copis vont rapidement se refermer, la végétation reprendra le dessus. C’est la mort d’une activité qui a façonné le marais, qui a fait vivre des générations de brièrons et qui a forgé une culture et des traditions sociales, ancrées profondément dans le paysage.
L’élevage diminue de plus en plus, sur le marais il ne reste plus qu’une centaine de bêtes à pâturer sur toute la surface de prairie, enfin ce qu’il reste. A l’est du marais le paysage n’a pas trop changé, il n’a pas été victime du remembrement et les cheptels sont toujours nombreux à entretenir les prairies. A l’Ouest, les éleveurs ont diminué mais ils ont pu après le remembrement augmenter la superficie de leur exploitation, ils n’ont donc plus besoin du marais pour faire pâturer leurs bétails. Dans les Îles il n’y a quasiment plus d’agriculteur, «les villages connaissent la pénurie de lait frais». Les prairies du marais entretenus pendant des siècles par des herbivores sont désormais abandonnés, le transport du bétail sur le marais est compliqué, il est plus simple de les faire pâturés à proximité de l’exploitation agricole. La demande en fourrage et en litière a été plus importante, les agriculteurs ont donc fauché mécaniquement de plus en plus loin dans le marais, en grande partie les roselières abandonnées.
le réseau électrique C’est entre 1920 et 1930 que Brièrons étaient contre, ils guerre va faire accepter aux fortement marquer le paysage ci-jointe).
l’installation du réseau d’alimentation en électricité des bourgs de Brière eut lieu. Au début les voyaient l’électrification comme une cause d’incendie supplémentaire. La pénurie de pétrole après la Brièrons l’installation de prise électrique (fin du tourbage). Les infrastructures électriques vont dans le sud du marais, de grands pylônes électriques le traverse, ils redessinent l’horizon (photo
les îles
Route empierrée + électrification Enfrichement de la ripisylve Jardin
63
Second anneau d’urbanisation Moulin transformé en habitation Rétrécissement des culture
3
1
2
Dès l’industrialisation de l’estuaire de la Loire au début du XXe siècle, les îlois vont être les premiers à partir aux chantiers pour trouver du travail et changer de mode de vie. Cela va engendrer des modifications dans l’organisation des îles. La frange de l’île s’épaissit, la ripisylve n’est plus entretenue (photo 1). Les jardins ne servent plus au potager mais d’agrément, quelques poules y gambadent. La route est empierrée et accompagnée d’un réseau électrique (photo 3). Le centre de l’île s’urbanise petit à petit, les nouvelles maison ne respectent pas le sens de construction originelle, le bâti est très hétéroclite (photo 2). L’ambiance industrielle est très présente sur les îles «quand un bateau rouge sortait des chantiers, tout les volets de l’île était rouge», 90% des habitants y travaille. Le niveau de vie augmentant, des commerces, une école et un médecin s’installeront sur les îles. Les activités d’autrefois restent encore profondément ancrées aux îles mais désormais les îlois ne sont plus dépendants du marais pour survivre mais des industries de la Loire.
1836
1975
3.
la vie en Brière .
64
le parc naturel régional de Brière.
Pendant des siècles, l’exploitation humaine des marais avait enrayé leur évolution naturelle vers le comblement. La régression des activités traditionnelles (l’abandon du tourbage, le déclin de la coupe du roseau et de l’élevage) et le transfert de la population active vers les industries de l’estuaire de la Loire ont eu des répercussions considérables sur le milieu, sur l’habitat et sur les conditions de vie des briérons. Le développement économique de l’agglomération nazairienne (les chantiers navals) et des stations balnéaires proches constituent à la fois un atout et une menace qui imposent de se doter de moyens pour maîtriser l’urbanisation des village de brière et les flux de touristes de plus en plus nombreux avec l’amélioration des droits des ouvriers (vacances, salaires,...). Le PNR de Brière est l’un des tous premiers Parcs naturels régionaux Français. Le concept de Parc naturel régional est né en France dès 1966. Le décret instituant les Parcs naturels régionaux a été signé par le Général de Gaulle en 1967. Le premier Parc (celui des Saint-AmandRaisme) fut créé en 1969. Puis, cinq autres, dont celui de la Brière, ont vu le jour en 1970. C’était prioritairement pour protéger et mettre en valeur les marais briérons et leur étonnante richesse écologique que fut créé le Parc de Brière : prairies humides, buttes, roselières, canaux, piardes et copis offrent une diversité faunistique et floristique considérable. De plus la brière hérite d’un patrimoine exceptionnel ; en brière, l’homme a façonné son milieu, entretenant avec lui des liens d’appropriation et d’usages très spécifiques. On trouve peu d’équivalent à la propriété indivise du marais noir par les habitants du marais, et à cette capacité collective de l’entretenir, que ce soit par nécessité économique ou par attachement. D’ailleurs l’attachement des Brièrons est tel que, au début, ils étaient réticents à l’idée que la brière devienne un PNR. Ils pensaient que le marais allait devenir un parc pour citadin, que c’était une expropriation déguisée ou bien un moyen pour exploiter le marais. Alors que, au contraire, le PNR a pour but de protéger et garantir l’intégrité du paysage. Pour agir prudemment, toute initiative sera validée par la Commission Syndicale pour ce qui est de la Grande Brière mottière (marais noir) et pour le reste du paysage de Brière par les communes et les brièrons qui prennent conscience de la valeur de leur patrimoine.
Les forges de Trignac, aujourd’hui vestige d’une époque révolue
à
l’abandon,
Signalisation à l’entrée des villages membres du PNR
65
Paysage de 1970 à Aujourd’hui, bocage et marais principe et organisation
Espace sportif, sur zone inondable
les villages Brièrons
66 Lotissement péri-urbain
Quartier, maison individuelle hétéroclite
Vestige patrimonial
Interface brutale bocage/urbanisation
d’entrée
La population des villages en baisse entre 1900 et 1970 à cause de l’exode provoqué par l’industrialisation de l’estuaire de la Loire n’a fait qu’augmenter depuis les années 70 à aujourd’hui. Les pôles d’emplois sont toujours les mêmes (estuaire et côte atlantique), les villages de brière sont relégués à être des villages dortoirs (St-André, St Lyphard, La Chapelle Des Marais, Crossac, Besné, St Reine de Bretagne, St Joachim, St Malo de Guersac). Ces communes subissent alors une pression foncière très forte, dû à leur proximité avec des stations balnéaires et des industries de renommée internationale (Airbus, les Chantiers de l’Atlantique). Herbignac est l’une des seule commune à avoir développé une zone d’activité en périphérie du bourg. Trignac au passé industriel a conservé cette vocation très ancrée dans la commune.
L’expansion urbaine des villages s’est faite essentiellement le long des axes principaux. Les églises restent l’élément central des villages.
Aménagement de ville
Maison individuelle isolé
Lotissement
Comme la plupart des villages de France dans les années 80, la périphérie urbaine des bourgs s’est constituée de lotissement homogène, un maillage de maison individuelle s’étend désormais sur le bocage brièrons. La place de la voiture est généralement importante (voies très larges, place de parking,...).
67 Le village de Kerhinet à Saint-Lyphard est un village typique de chaumières entièrement restaurées par le Parc naturel régional de Brière au début des années 70. L’habitat s’organise autour de quelques éléments communs : le four, le puits, la mare, souvent accompagnés d’un lavoir empierré. Il vit uniquement en période estivale ou pour des événements culturels. Ce «faux» village donne une image idéalisée de la Brière aux touristes. Plusieurs villages de chaumière illustrent la vie d’autrefois : le village de Kerbourg à Saint-Lyphard, Mayun à la Chapelle-des-Marais, l’île de Fédrun à Saint-Joachim.
Avant
Après
Le puits communal de Saint-Lyphard
Un bon nombre des chaumières actuelles sont des rénovations. La photo 1, est un ancien corps de ferme qui à été rénové et agrandi pour devenir une habitation (photo 2). Les nouvelles chaumières s’implantent principalement en bordure du marais, elles n’ont plus grand chose à voir avec les chaumières traditionnelles (toit plat, baie vitrée, bardage bois, gouttières, faîtage en ciment,...) Chaumière contemporaine
On retrouve encore de nombreux vestiges du XIXe siècle dans les bourgs et dans le bocage de brière. Principalement des puits qui ont été conservé pour l’arrosage des jardins et des croix qui symboliquement n’ont pas été détruites même si le remembrement du bocage a détruit un bon nombre de ces petits ouvrages architecturaux, qui symboliquement représentent une culture passée.
68
le Bocage Un nouveau réseau de communication traverse le bocage, ces nouveaux axes de circulation évitent la plupart des villages. Ils perturbent quelque peu la logique et l’organisation agricole; ce qui a multiplié l’enclavement de parcelles agricoles qui s’enfrichent peu à peu. A l’ouest la périurbanisation au gré des opportunités foncières isole aussi certaines parcelles. Ces parcelles se trouvent coupées du reste du bocage et leur surface ne suffit plus pour une exploitation devant être rentable. Face à la pression foncière, les agriculteurs participent eux aussi à la spéculation générale. C’est ainsi que le paysage traditionnel se délite progressivement au profit de l’urbanisation. Il en ressort un paysage ni véritablement urbain, ni complètement rural. A l’Est le bocage est préservé (moins de pression foncière).
Interface bocage/urbanisation, le paysage en périphérie des bourgs est marqué par les constructions de quartier résidentiel.
Prés équestres, liés au tourisme et aux activités de loisirs
Les expansions de bourgs caractérisent le paysage d’entrée de village. L’urbanisation n’est pas intégrée au paysage du bocage. Les lotissement marquent brutalement l’interface. De plus en plus les nouveaux lotissements s’intègrent à la trame paysagère agricole en s’insérant dans un maillage de haie bocagère.
Parcelle agricole enclavée par l’urbanisation ou devenue trop petite pour être rentable.
On retrouve les moulins du XIXe siècle enclavés dans des lotissements périurbains. Certains ont été transformés en habitation, d’autres sont en ruine et quelques uns sont rénovés pour faire perdurer l’histoire du patrimoine.
69 Parcelle sylvicole monospécifique, épicéa, marque fortement le paysage
Parcelle remembrée, système agropastorale (alternance pâturage/ culture), espace ouvert
Chemin de remembrement, marque le changement d’ambiances
Parcelle non remembrée, enfrichée, principalement du chêne, espace fermé
Dans cette épaisseur, certaines parcelles étaient pourvues d’une ruine et donc avaient un statut constructible (suivant les autorisations prescrites); des chaumières ont donc pu y être construites, ce sont le plus souvent des maisons secondaires appartenant à des Parisiens ou bien à des Anglais. Le reste des parcelles est abandonné (boisement de chênes) ou a été planté vers 1980 de peupliers pour rentabiliser ces espaces délaissés, sans entretien. Aujourd’hui les peupliers se propagent dans tout le marais et sont devenus une espèces préoccupante en terme d’enfrichement. Les parcelles à l’abandon sont rachetées par les communes du parc et inscrites dans un triptyque de protection : Natura 2000, Zone humide d’importance internationnal, ZNIEFF
Sur les chemins de remembrement de la frange ouest, lorsqu’on se trouve en bordure de marais les pourtours sont très denses en végétation, les parcelles abandonnées lors du remembrement sont devenues un véritable écransvégétal qui marque le paysage. Cela crée une épaisseur, un espace tampon entre le bocage et le marais qui sont deux paysages ouverts.
70
le Marais
Frange enfrichée Vieille peupleraie
Habitation secondaire près des ports
Après l’abandon du marais par ses habitants pendant près de 50 ans l’arrivée du Parc Naturel Regional de Brière redonne un regain au marais. Autrefois site de production, il est maintenant appréhendé comme une réserve biologique où il est important de mettre en oeuvre des actions pour maintenir et protéger le paysage actuel; c’est ce qu’a fait le PNR ces dernières années. Le développement urbain/économique de la Brière n’est pas sans risque, des dérèglements écologiques importants en sont à l’origine (plantes ornementales invasives, espèces animales nuisibles, pollution,...).
Les piardes, ancien lieux d’extraction sont aujourd’hui des milieux privilégiés pour le développement d’une biodiversité riche. Mais ils sont menacés par le comblement.
colonisation par le roseau
La voie ferrée qui emmenait autrefois les Brièrons au chantier de l’atlantique est désormais une piste cyclable. Passage d’un monde industriel vers le tourisme.
Ancienne voix piste cyclable
ferrée,
La chasse est une activité toujours pratiquée en Brière. Le niveau d’eau que les chasseurs aimerait conserver fait débat dans les conflis d’usage du marais.
71
les invasions dans le Marais Le marais de brière est riche d’équilibres biologiques qui se sont instaurés lentement et durablement. Les communautés végétales comme animales y sont adaptées et souvent très diversifiées, c’est ce qui en fait sa valeur. L’arrivée d’une nouvelle espèce peut être considérée comme un enrichissement de la biodiversité locale mais aussi comme une catastrophe écologique. Dans les 30 dernières années un grand nombre d’espèce animales et végétales exotique se sont introduites dans le marais. En déréglant le cycle de la nature ils modifient considérablement le paysage.
La proximité d’axes de circulation internationaux (port autonome de Saint-Nazaire), la pression touristique et l’urbanisation sont des facteurs de risques importants pour l’introduction d’espèces exotiques. L’évolution récente du marais accentue les phénomènes causés par les invasions (abandon des prairies et colonisation par le roseau, fermeture du paysage, disparition du tourbage, eutrophisation de l’eau,...).
espèces aniMales L’Ibis sacré du Nil , oiseau d’Afrique sub-saharienne, première reproduction en milieu naturel observée en Brière en 2000. Un groupe d’ibis s’est échappé du ZOO de Branféré (économie liée au tourisme) et s’est adapté au milieu du marais de brière. Au début l’espèce était protégée et donc pas régulée, on compte en 2007 plus de 5000 individus (source DIREN). En 2008, une campagne de réduction de la population des ibis sacrée a été entrepris par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Le régime alimentaire des ibis provoquent de fortes perturbations, notamment en période de reproduction, sur des espèces locales plus rares. Ils contribuent alors à la diminution de la biodiversité. Seul point positif, ils contribuent à la diminution de la population des écrevisses. 1988
2008
L’écrevisse de Louisiane, identifiée en 1987 dans le marais. Elle a été importée à l’origine pour faire de l’élevage (alimentaire), lors de l’abandon de l’activité elles a été relâchée dans la nature et a colonisé le marais. Avec la prolifération de l’écrevisse de nombreuses espèces ont disparu ou son très diminuées. Les herbiers aquatiques qui avaient un taux de recouvrement de 80 à 100% ne sont plus actuellement que de quelques pour cent. La végétation aquatique a quasiment disparu , les espèces animales qui y vivaient aussi. Elle déteriore les berges et accélère l’envasement. Le ragondin, introduit vers 1975/1980. Originaire d’Amérique du sud, il a été importé en brière pour sa fourrure, à la fermeture des élevages il a été libéré dans la nature. Le ragondin se reproduit très vite (un couple génère en 2 ans près de 90 petits) et ils n’ont pas de prédateurs (mise à part le puma et le crocodile). Ils détruisent la végétation des prairies (destruction des grandes prairies de jonc) et les herbiers aquatiques. Du fait du creusement de terriers, les berges s’effondrent, l’envasement des plans d’eau s’accélère réduisant la qualité de l’eau.
Je m’y verrais bien en Brière !
72 espèces végétales Le baccharis, présent au début du 20e siècle au Croisic planté comme plante ornementale de bord de mer. Identifiée avant 2000 en Brière c’est une espèce très colonisatrice qui homogénise la végétation remarquable de chaque espaces (prairie, canaux, roselière, tourbière,...), referme le paysage et entrave la circulation.
La jussie, plante ornementale introduite involontairement en 1999 sur le site de Bréca. Elle prolifère très rapidement et recouvre les herbiers, les canaux, les pâtures sont envahies de jussie. On observe qu’à partir de la colonisation initiale de la douve du port (probablement due à l’apport de bouture par un engin de curage), il y a d’abord eu extension dans la douve même, puis colonisation des prairies adjacentes à la faveur des inondations.
Le saule est une espèce pionnière en brière. Cependant il contribue amplement à l’enfrichement du marais.
Le peuplier, planté en peupleraie dans les années 80, il se multiplie énormément sur la frange ouest du marais. Appréciant les sols humides il accompagne le cortège végétal qui s’installe dans le premier stade d’enfrichement.
Le roseau est une espèce pionnière du marais de Brière. Autrefois maintenu par la coupe pour les toitures des brièrons, il prolifère désormais librement et recouvre une grande partie des zones humides de Brière. Il fixe les vases et amorce le processus d’enfrichement qui referme le marais.
Évolution de la colonisation de la jussie au port de Breca (frange Ouest). Seuls les boisements et les roselières sont épargnés.
Source : rapport de Jacques HAURY. Agrocampus Ouest Écologie des invasions biologiques
73
le roseau De 1900 à 1970 les brièrons ont arrêté de couper du roseau et surtout le jonc pour leur couverture. L’élévation du niveau de vie à réduit les toits en chaume à un signe de pauvreté (effet de mode). Vers 1970 la tendance écologique remet au goût du jour les toitures en chaume. Mais l’abandon d’une pratique pendant 70 ans ont eu des répercussions irrévocables. La mécanisation se développant les agriculteurs ont pu aller chercher la litière pour les animaux de plus en plus loin dans le marais, dans les anciennes roselières. Les machines (pas adaptées spécifiquement à la coupe du roseau) ont détruit les systèmes racinaires, de plus les agriculteurs ne respectaient pas la période de coupe (en décembre). Les ragondins ont éliminé les prairies de jonc qui étaient très utilisées pour les toitures (durée de vie 2x plus longue que le roseau). La pollution de l’air et de l’eau (notamment causé par l’écrevisse et le ragondin) a impacté la qualité du roseau. Le roseau de Brière est devenu de mauvaise qualité avec une durabilité dans le temps médiocre. Les surfaces exploitables (qualité du roseau) sont trop petites et dispersées. Le rapport «qualité/temps d’exploitation» n’est plus valable en Brière. Aujourd’hui le roseau est importé à 90% de Camargue et plus récemment des chaumières ont été couvertes avec du chaume exporté de Pologne et même de Chine. Extrait d’interview avec Patrick Legoff : En 1970 le roseau de Brière coupé était il conséquent pour les toitures ou alors c’était plus pour vous occupez l’hivers ? « Ouai voila, c’est-a-dire que comme le roseaux ça se coupe l’hiver en Brière des fois en Camargue ils ont pas commencé à couper parce-qu’il y a pas eu de gel, ni de vent pour faire tomber les feuilles. Donc souvent au mois de novembre/décembre il y avait pas de roseau de Camargue et quand on en avait plus, on prenait le roseau de Brière pour faire les toitures. Mais il y a 30ans ! Autrefois on coupait du jonc en Brière, mais il a disparu dans les années 75 / 80 avec le ragondin qui est arrivé et qui a tout bouffé.»
Dans le marais il reste 1 seul chaumier qui coupe encore du roseau. Il a toujours coupé au même endroit et n’a jamais abandonné cette activité, ainsi il a pu conservé une qualité de roseau acceptable. On peut encore observer le roseau sécher sur le port de Saint André des Eaux.
Le Ragondin est un herbivore qui mange chaque jour l’équivalent d’un tiers de son poids en végétaux. En l’espace de dix ans les ragondins ont détruit les prairies de jonc du marais. Le seul point positif c’est qu’ils participent à la diminution des roselières.
Le roseau est une espèce envahissante, elle couvre aujourd’hui environ les deux tiers du marais. Il ferme le paysage et limite la biodiversité mais les roselières se transforment au fur et a mesure en de nouvelles prairies humides. Les herbages ainsi gagnés sont maintenus ouverts par les fauches ou l’élevage.
74
la frange ouest du Marais : une évolution récente, une rupture paysagère. Comparaison, le clocher de Saint Lyphard comme repère 1850
Le boisement est ponctuel, le clocher est bien visible. La covisiblité bocage/marais était semblable à celle de la frange Est aujourd’hui (voir appréhension du marais).
2012
Peupliers
Saules
Les plantations de peupliers et la progression du saule participent amplement à la fermeture du paysage et des horizons, La dynamique d’enfrichement a évolué très rapidement créant une rupture physique, un portail végétal continu qui ferme les vues sur le marais et contribue socialement à en oublier sa présence et son importance environnementale.
les ports cachés
Les ports étaient autrefois des lieux très fréquentés, symbole d’une économie disparue. ils sont aujourd’hui les seuls entrées possibles dans le marais mais pour la plupart ils sont camouflés dans l’épaisseur de la frange boisée. On peut se rendre compte dans ces espaces autrefois ouvert sur le marais l’avancée de la végétation sur le marais. Désormais l’enfrichement fixe un horizon très proche, on ne perçoit plus l’identité d’un marais ouvert.
L’interface entre le bocage et les marais de Brière est menacée : sa préservation est essentielle sur le plan environnemental, paysager et identitaire. Les photos représentent les différents stades d’enfrichement que l’on rencontre en lisière de marais.
75 les ports touristiques, l'eXeMple de Breca.
Tables de pique-nique
Parking
Restauration rapide, snack/bar
Calèche
infrastructure liée au tourisme de masse
Restaurant gastronomique
Acceuil/guichet pour les visites
D’un marais où l’on tirait jadis profit des ressources naturelles en les exploitant, désormais la Brière est un «musée» que l’on vient visiter. Les touristes ont le choix de la calèche pour observéer les chaumières à proximité ou bien le chaland pour explorer le marais. Ces deux types de transport traditionnels entretiennent l’illusion d’un folklore. C’est d’ailleurs sur ce «folklore» que l’économie du tourisme en Brière est basée. Le tourisme de masse arrivé avec l’expansion des stations balnéaires de la cote atlantique a engendré des aménagements importants. En périphérie des villages, des campings ont vu le jour dans les années 80. Dans un même temps certains ports, comme celui de Breca sur la commune de Saint-Lyphard s’est transformé en véritable «porte» de parc de loisir. De grands parkings y sont aménagés, des points de restaurations pour toutes les bourses, et de nombreuses infrastructures. Le paysage originel est bien loin, mais depuis quelques années le patrimoine ancien est mis en valeur au détriment du paysage réel de la Brière. La mise en valeur de quelques vestiges est préjudiciable et traduit l’abandon d’un territoire. Cela engendre les dynamiques paysagères actuelles (enfrichement, extension urbaine, déprise agricole).
76
les îles Urbanisation de la gagnerie Enfrichement de la ripisylve
Ancienne chaumière rénovée
Parcelle reliquaire
L’île de Fedrun aujourd’hui
L’enfrichement et le boisement progressif des levées ou de la gagnerie ainsi que l’urbanisation ont conduit à des dynamiques de fermeture des îles brièronnes. Les schémas ci-dessous montrent que la progression des boisements le long des îles briéronnes, des fossés et canaux s’est faite essentiellement avant 1999. La tendance s’étant stabilisée depuis, mais elle avait en quelque sorte atteint un niveau « maximum ». 1948
1971
source : Etude paysagère CNES 2009
1999
2009
La maison du PNR de Brière sur l’ïle Les îles ont subi de nombreux changements, les plus marquants sont l’urbanisation et le type architectural des habitations. Aujourd’hui les îles sont saturées, l’urbanisation est donc limité. L’organisation générale est resté emalgré tout fidèle à l’histoire et au mode de vie d’autrefois. C’est pour cela que le Parc Naturel Regional de Brière a choisi de s’y installer, au coeur du marais.
77
78
iii partie
regard regard sur sur un un paysage paysage en en tension tension
«Ce qui coordonne le monde ce ne sont pas les forces du passé, c’est l’harmonie tout en tension que le monde va réaliser.» Miguel de Molinos
La Brière, un paysage en tension qui évolue au fil du temps. Des regards, qui forgent la mémoire du paysage au travers des générations. Des discordes, entre les différents acteurs de ce paysage. Un devenir, conciliant le passé, le présent et le futur pour apprécier le paysage de Brière à sa juste valeur.
79
constat sur le paysage de Brière Dans la première partie, la lecture du paysage de Brière nous a permis d’en déduire ses dynamiques et les enjeux qui influencent le paysage de demain. Dans la seconde partie, l’analyse historique du territoire nous a donné les clefs pour comprendre comment vivaient les Brièrons et les activités qu’ils ont pratiqué dans le marais. Mais aussi, quand et pourquoi ils ont subitement arrêté des pratiques ancestrales qui causèrent un coup irrémédiable au marais. Dans un même temps, le bocage de la Brière s’est modifié considérablement et a évolué pour être le bocage tel qu’on l’a observé à la fin de la seconde partie. La Brière est en continuelle mutation, mais c’est en comprenant le paysage d’antan et les enjeux actuels qu’il est possible de soumettre des prospectives d’avenir durable et respectueux d’un univers paysager.
La Vilaine
évolution des enjeuX et des dynaMiques dans le teMps. Carte des enjeux et dynamique après la lecture du paysage partie 1
Herbignac
La Chapelle des Marais Saint Reine de Bretagne
Asserac Crossac Saint Lyphard Saint Joachim
Saint Malo de Guersac
Trignac Saint André des Eaux
Saint Nazaire
Spatialisation des dynamiques paysagères
Les dynamiques paysagères en Brière sont influencées en grande partie par le développement Herbignac de l’agglomération nazairienne et des stations Saint Reine de Bretagne balnéaires proches. Cela constitue à la fois un atout économique et une menace pour l’avenir Le Brivet d’un paysage sous tension environnementale, Pont Chateau Crossac touristique et économique. A l’est, la déprise agricole (générale) engendre Saint Lyphard Besné Besné l’abandon de parcelles, elles s’enfrichent et St Joachim ferment les vues sur le marais depuis le seuil du sillon de Bretagne. Petit à petit la frange s’épaissie et le risque est d’avoir un St Malo de Guersac paysage agricole fermé sur les terres (comme Donge à l’ouest). Guérande Au Nord et à l’Ouest, l’agriculture est depuis Donge St André des Eaux le remembrement, séparée du marais. Désormais Trignac ces deux entités ont tendance à s’enfricher, La Loire à se renfermer. La pression foncière est en parti la cause de cet enfrichement, le La Baule paysage de bocage devient péri-urbain. La Saint Nazaire co-visibilité avec le marais n’est visible qu’au niveau des ports touristiques où l’on Patrimoine touristique maintien une certaine ouverture sur le marais. Océan Atlantique Le reste du marais se referme depuis le début Estuaire de la Loire Enfrichement de l’industrialisation de la Loire. Urbanisation Au sud, la qualité des prés salés maintient l’activité agricole et donc l’entretien du Périmètre PNR Déprise Agricole paysage. La Chapelle des Marais
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Les extensions urbaines : Causes et Conséquences
Les habitations sont groupées, obéissant à une logique agricole et communautaire. L’architecture des habitations est hétéroclite. Les voix principales sont empierrées et accompagnées par le réseau électrique. Le bourg évolue avec le territoire rural et s’étend le long des axes principaux.
Archipel de chaumières gravitant autour de l’église, centralité du village. Au contact des terres agricole dans un maillage bocagé dense.
Village en 1850
Industrialisation
- Changement d’activité - Transport des ouvriers - Augmentation du niveau de vie - Électrification - Mécanisation - Remembrement
Village en 1950
- Abandon des activités de subsistance (tourbages, élevages, coupe du roseau...) - Chemins de fers et Voiries empierrées - Suppression des fours à pain, puis, lavoir,... - Changement d’architecture, couverture en ardoise, mur en brique - Modernisation des foyers - Rendement et profit, ouverture du maillage agricole
Les villages sont devenus rapidement des communes urbaines qui s’insèrent difficilement dans le paysage de bocage qui se morcelle au gré des opportunités immobilières. La frange urbaine est composée de lotissements et de quartiers individuels qui s’étendent de plus en plus. Les villages de Brière sont devenus des villages dortoirs.
Développement touristique
- Axe de communication important (Train, autoroute,...) -urbano-industrialisation - Création d’emplois - Villes voisines nationnalement connus (Guérande, St nazaire, La Baule) - Cadre de vie agréable - Patrimoine conservé - Augmentation du foncier - Spéculation foncière - Homogénéisation du bâti
Village en 2000
- Développement du tourisme de masse. -Construction, rénovation de maison secondaire - Augmentation de la population, forte demande de logement , pression foncière - Densification des villages - Épaississement de la périurbanisation - Consommation d’espace, lotissement, pavillon individuelle - Extension des hameaux - Création d’espace de loisir - Implantation de parc d’activité
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L’enfrichement générale : Causes et Conséquences Le bocage est constitué d’un maillage dense de haies bocagères qui entoure de petite parcelle irrégulière. Les activités agricoles sont étroitement liées avec le marais. Le marais est la principale ressource économique du territoire.
Bocage Marais 1850
Le bocage est désormais ouvert, les haies, les vergers et les vignes étant supprimées. Le parcellaire est modifié pour un meilleur rendement et faciliter la mécanisation. Cela entraîne l’enfrichement des franges (espace délaissé, cause du remembrement). Le marais est abandonné, il s’envase, se referme, il est oublié, il tend a redevenir une forêt, son état initial.
Industrialisation
- Changement d’activité - Circulation - Augmentation du niveau de vie - Électrification - Mécanisation - Remembrement
Bocage Marais 1950
- Abandon des activités de subsistance (tourbages, élevages, coupe du roseau...) -Prolifération du roseau - Comblement du marais - Parcelles délaissé - Enfrichement des franges - Ouverture du bocage - Élimination des haies bocagères, des vignobles et des vergers - Rendement et profit, taille des exploitations - Homogénéisation des cultures - Sylvicultures, peupleraies
Avec le développement des villages, des infrastructures et des espaces de loisir, le paysage bocager se délite, certaine parcelles sont abandonnées et s’enfrichent (enclavées par l’urbanisation, abandon des activités agricoles). Le marais subit des dérèglements biologiques récents qui amplifient les phénomènes négatifs déjà connus. Le pâturage est de plus en plus préconisé pour entretenir le marais .
Développement touristique
- Axe de communication important (Train, autoroute,...) - Mitage du pôle économique - Villes voisines nationnalement connues (Guérande, St nazaire, La Baule) - Cadre de vie agréable - Augmentation du foncier - Spéculation foncière - Activités de loisirs -Structures d’accueils touristiques -Urbanisation contemporaine - Enjeux écologiques
Bocage Marais 2000
- Morcellement du bocage en périphérie des bourgs - Enfrichement du marais - Dérèglement biologique (espèces invasives) - Enclavement de parcelles agricoles - Consommation d’espace, lotissements, pavillons individuels - Extension des hameaux - Création d’espace de loisir, complexe sportif, zone de baignade - Implantation de parc d’activité - Campings, parcs de loisir privé - Évolution du pâturage liée aux loisirs, chevaux
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les Moyens de protection et de préservation du Marais, eMBlèMe du paysage de Brière La Brière s’inscrit dans un territoire de zones humides remarquables (golf du Morbihan, estuaire de la Vilaine, marais salants de Guérande, estuaire Loire, lac de Grand-Lieu),dont certaine on été façonné par l’activité humaine (marais salants de Guérande, marais du Mès, Marais de Donges). «Le Parc Naturel Régional de Brière est un territoire de zones humides, lesquelles occupent près de la moitié de son territoire.» Sa localisation au sein d’un vaste ensemble de zones humides le place au centre des voies migratoires et sa richesse patrimoniale en fait une zone de grande importance pour le maintien de la biodiversité. Elles bénéficient, de ce fait, de nombreuses labellisations et d’une mesure de protection. Zone d’intervention, marais noir, marais privé Désignation RAMSAR, en 1995 ZNIEFF 1 et 2, en 2000 ZICO Réserve Naturel, en 1973 Natura 2000, en 2003 Site inscrit, en 1969 Zone humide d’importance nationnal
Mesure d’inventaire ou de labellisation
x x x x x
Mesure de gestion
x x
Ces mesures de protection sont éssentiellement faite pour conserver, maintenir ou protéger la faune et la flore du marais. Beaucoup d’espèces migratoire y font halte et des animaux protégés y vivent comme la loutre qui est l’une des espèces de mammifère les plus vulnérables en France. Malgrès toutes ces mesures, les briérons ont conservé le droit de pêcher et de chasser.
les actions de protection et d'entretien du Marais Aujourd’hui, les habitants de Brière ne vivent plus du marais, ainsi le nombre d’usagers participant à son entretien a considérablement diminué. Les roselières ont gagné beaucoup de terrain sur les prairies et les plans d’eau. Pour lutter contre cette progression, des moyens d’entretien et de restauration du réseau hydrographique et des praires inondables sont mis en œuvre par la commission syndicale de Grande Brière Mottière et le syndicat mixte d’aménagement hydraulique du bassin du Brivet, les usagers et le PNR de Brière. Ces actions de préservation permettent de réduire le comblement du marais et favorise la biodiversité. La valorisation des produits du marais, avec le maintien et le développement des pratiques agricoles est la condition pour un entretien durable, à grande échelle de la zone humide. Mais les conflits d’usage par rapport au niveau de l’eau rendent les actions difficiles.
Depuis 2005, les vases extraites toute l’année par la drague sont rachetées par le groupe Florentaise entreprise française dans le secteur des terreaux et supports de culture. La société Florentaise contribue ainsi au programme annuel de travaux de curage de la commission syndicale et du PNR par la réalisation de lagunes et la restauration des plans d’eau.
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etat des lieuX sur les vestiges patriMoniauX Localisation des éléments patrimoniaux dans le paysage de Brière. La géolocalisation des vestiges patrimoniaux permet de spatialiser les éléments dans un contexte paysager. Ce patrimoine est constitué d’éléments de plusieurs siècles, les plus anciens datent du néolithique, les mégalhite, dolmen et thumulus. Ils sont ancrés sur la périphérie du marais, véritable nécropole. Les châteaux datent du moyen age, ils étaient construis sur les reliefs les plus élevés du territoire. A cette époque le marais était divisé entre les seigneurs de la Brière. Le mieux conservé est visitable à Herbignac. Les prochains vestiges sont plus récents, ils sont constitués de villages de chaumières, du petit patrimoine bâti (puits, lavoirs, fours à pain, croix, moulin,...) et des ports en lisière du marais. Ils représente un mode de vie adopté par les Briérons pendant des siècle dans le marais.
Site archéologique
Point de vue sur le marais
Port
Village de chaumière
Petit patrimoine bâti
Château
On peut ainsi se rendre compte de la concentration des vestiges dans le bocage Ouest du marais. Les villages de chaumières sont les éléments du passé qui marque le plus le paysage. Ce sont les sites mis en avant dans l’économie touristique de la Brière, ils sont regroupés à l’ouest et dans les îles du marais. Autrefois les villages de chaumières étaient aussi nombreux à l’est du marais, mais ils ont été détruit ou bien réaménagé vers 1900 pendant l’industrialisation de la région. Paradoxalement les villages de chaumières étaient il y a peine un siècle, signe de pauvreté, les premiers ouvriers ayant mieux gagnés leur vie ont démoli leur chaumière pour se construire des habitations en briques et en ardoise.
84 Aujourd’hui se sont les communes où les chaumières ont été conservé qui bénéficient du développement touristique (Saint-Lyphard, Saint André des Eaux, La chapelle des Marais). La Brière abrite la plus grande concentration de chaumières en France avec environs 3000 toitures en chaume. Cela représente 60% des chaumières de France. Le « petit » patrimoine bâti est aussi bien représenté, accompagnant le plus souvent les villages de chaumières. «On peut citer les puits (1024), les fours à pain (255), les fontaines et lavoirs, les murets, les croix et calvaires,les moulins à vent (53).» Le petit patrimoine bénéficie de nombreuses initiatives de restauration (four à pain, calvaires) menées par des associations ou des communes. Le Parc Naturel Régional de Brière joue un rôle très important dans la restauration et le maintient du patrimoine Brièrons. Afin de conserver un cadre de vie traditionnel le parc soutien l’emploi du chaume pour les constructions nouvelles et les rénovations de chaumières (soutien financier). Ils ont réhabilité le village de Kerhinet à SaintLyphard, conseillent les projets de construction et de rénovation, font l’inventaire et le programme de la restauration du patrimoine, programment l’embellissement des sites et réalisent des chartes paysagères. Le développement touristique est essentiellement basé sur le patrimoine ancien de Brière. Les actions sont nombreuses mais très ciblées, elles se concentrent dans le bocage ouest sur des sites emblématiques. Le Parc Naturel Régional de Brière accorde d’avantage de valeur à ces aménagements au détriment d’espace en apparence plus ordinaire. Il y a un manque de considération de certain espaces dans le périmètre du parc.
Dolmen de Kerbourg, bocage Ouest
Pont Galo-romain à Gras, frange Ouest
Puit, four a pain et lavoir à Saint Lyphard, espace communautaire rénauvé en 1990.
Le Château de Ranrouet à Herbignac, est géré et entretenu par la commune et une association. Il s’y passe beaucoup d’événements culturels.
Mise en scène d’ancien outillage agricole, vitrine patrimoniale.
Les chaumières dans les bourgs sont rachetées par les communes pour les réinvestire en bâtiment public (bibliothèque, office du tourisme,...)
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l'iMage patriMoniale au service de l' éconoMie touristique L’économie du parc est basée sur le développement touristique, mais il n’est pas sans difficulté de préserver à la fois une qualité paysagère et développer une économie convoitant un site naturel protégé. Le marais n’étant plus visible depuis le bocage et les franges (misent à part à l’Est), les aménagements paysagers des communes tels que les ronds points sont conçus comme pour montrer que le marais est bien présent. Ces aménagements influencent la perception du paysage. Ils contribuent à sauvegarder une image culturelle du paysage. Les actions du PNR de Brière concernant le patrimoine : «Aménagement et rénovation des musées, réalisation d’expositions, soutient à la création d’associations et à l’organisation de fêtes liées au patrimoine briéron, création de la Chaumière des saveurs et de l’artisanat en collaboration avec producteurs, artisans et artistes locaux, organisation de rencontres et de manifestations annuelles (Contes au marais, marchés aux produits du terroir, La Brière au fil de l’eau, Transbriéronne, etc), collaboration aux manifestations régionales et nationales, développement de la pratique du conte en Brière.» Toute ces activités et aménagements proposés par le parc et les communes membres, «surfent» sur une tendance patrimoniale. Mais ces actions ne montrent en aucun cas le paysage de Brière en particulier celui du marais. Le développement touristique s’enferme dans sa démarche d’aménagement, afin de protéger le marais l’aménagement des accès y est très limité, on concentre alors les touristes dans des paysages-décors (village de Kerhinet, port de Bréca,...).
La communication du PNR, stande d’information pendant des évènements culturel (festival des Terres Blanche à Guérande), l’affichage autoroutier aux abords des communes membres.
Certain vestiges sont conservés pour donner l’illusion d’un mode de vie, de pratiques traditionnelles. Embarcadère à bétail au port de Breca, Saint Lyphard.
Sensibilisation de jeunes écoliers au patrimoine Brièrons
La maison de la marié, musée aménagé par le PNR de Brière à Saint Malo de Guersac
Les communes membres du parc, aménagent du «faux» patrimoine, ce sont des représentations décoratives pour accentuer et mettre en avant le paysage traditionnel. Faux four à pain construit en 2012. Scénographie du paysage patrimonnial sur les ronds points, chalandière et chaumière miniature.
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les changeMents engendrés dans le paysage Autrefois les paysages de Brière (bocage, marais, villages, îles) étaient connectés par les activités qui entretenaient une cohérence et la covisibilité entre ces espaces. Avec les dynamiques actuelles abordées auparavant, le paysage s’est dissocié et intéragie individuelement par îlots hermétiques, sans cohérence globale d’aménagement. La multiplication d’aménagements dans l’épaisseur entre les villages et le marais ne sont pas adaptés au paysage mais à la nature des sols dans les zonages d’urbanisation. On a pu constater depuis une dizaine d’année la construction de complèxes sportifs et d’espaces de loisirs (ex: bassin de baignade, camping,...) sur les franges, ne tenant pas compte du marais (fermé par des rideaux de connifères). La valorisation du patrimoine ancien par le parc n’intègre pas la population locale et ne facilite en rien la compréhension et la perception du paysage. La création de ces «paysage décor» n’est pas en phase avec le paysage réel de la Brière. L’image que le Parc Naturel Régional de Brière donne à voir de par ses aménagements sur le territoire prennent t-il en considération l’essoufflement des transmitions culturelles inter-générationnelles? Les paysages naturels patrimoniaux sont-ils uniquement voués à devenir un paysage représentatif d’une culture passée, aménagés et sauvegardés pour les touristes. La force historique de l’attachement des briérons à leur territoire tenait à leur fréquentation familière des lieux (pêche, chasse, coupe de roseaux), à leur intérêt économique (tourbe, pacage, roseau, produits de la pêche...). Ces liens ont profondément évolué, on a assisté ces dernières décennies à la diminution ainsi qu’à la disparition de ces activités économiques et à l’inverse, à l’essor de pratiques de loisirs (Promenade en chaland, randonnée pédestre, équestre, kayak...) pratiquées à la fois par les habitants et les touristes. Extrait des objectifs du parc : «Pour que le territoire continue de vivre avant tout par et pour les habitants, il faut veiller à ce que le plus grand nombre d’entre eux le pratique, sous une forme ou sous une autre. Actuellement, les chasseurs, pêcheurs, agriculteurs et promeneurs en chalands professionnels y participent activement. La chasse et la pêche sont des activités traditionnelles sur le marais.» Le problème est qu’aujourd’hui, le dévelloppement des villages à attiré un grand nombre d’habitants étrangés au paysage de Brière qui n’ont aucun lien historique et culturel avec le marais. Ainsi, nous sommes tous comme étrangés au paysage qui nous entoure et les aménagements proposés par les communes et le PNR ne facilitent pas sa perception et son appropriation.
Structure d’accueil pour touriste à Herbignac Chaland traditionnel à 2 places.
Chaland touristique, 35 places. Réinterprétation des embarcations traditionnelles, à l’image du «faux paysage» aménagés pour dévellopper le tourisme.
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principe et organisation : paysage actuel
Port touristique, porte du marais, extension urbaine récente de chaumière contemporaine
Village de chaumière traditionnel isolé dans le bocage, lieu très touristique à enjeux économiques
Village morcelé, développement péri-urbain diffus, aucune co-visibilité avec le marais
Développement de zones d’activités aux entrées de village
Enfrichement des franges du marais, parcelles abandonnées ou sylvicoles, camouflent le marais
Le marais se comble de plus en plus avec le développement des roselière, diminution des prairies humides, dérèglement biologique
enfrichement de la ripisylve, densification urbaine, perte d’identité Extension urbaine le long des axes principaux D é p r i s e agricole, enfrichement de parcelle, fermeture des vues sur le marais
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enjeuX
: les acteurs du paysage et les Moyens d'actions
l'enfricheMent
déprise agricole
acteurs :
acteurs :
État, Habitants, Agriculteurs, Associations, Collectivité, Communauté de commune, PNRB, Chambre d’agriculture, la Commission Syndicale de Grande Brière Mottière et le Syndicat Mixte d’Aménagement Hydraulique du Bassin du Brivet Moyens d'actions :
PLU, SCOT, PADD, Chartes, Classement, Inscription, Label, Mesures de protection (RAMSAR, ZNIEFF, ZICO, Réserve Naturel, Natura 2000, Zone humide d’importance nationnal)
l'urBanisation acteurs :
Collectivité, Communauté de commune, CAUE, PNRB Moyens d'actions :
PLU, POS, SCOT, PADD, Chartes, classement, inscription
Agriculteur, Association, État, Collectivité, Chambre d’agriculture Communauté de commune, PNRB, Commission Syndicale de Grande Brière Mottière et le Syndicat Mixte d’Aménagement Hydraulique du Bassin du Brivet Moyens d'actions :
Trame verte et bleue, classement, charte, SCOT, PLU (Zones agricoles protégées)
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scénario d'évolution du paysage de Brière 1 :
l'épaississeMent
représentation du paysage tel qu'il peut évolué, selon les dynaMique et les règleMents actuels:
Extension péri-urbaine, étalement pavillonnaire, i n f r a s t r u c t u r e autoroutière et zone d’activité Les villages de chaumière rattachés à l’urbanisation, perte d’identité
Enclavement de p a r c e l l e s agricoles
Colonisation du roseau, comblement du marais, homogénéisation du paysage et de la biodiversité
Entrée de ville urbaine, interface ville/bocage brutale
Enfrichement des franges du marais par l’épaississement de la ripisylve, obstruction des vues sur le marais
Perte de lisibilité, et donc d’identité entre les villages, diffusion de l’urbanisation le long des axes routier Déprise agricole, abandon et enfrichement des parcelles agricoles
Confinement végétal, obstruction île/marais
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scénario d'évolution du paysage de Brière 2 :
le paysage de Brière en lien avec le Marais
Le marais est depuis des siècles le lien commun entre les communes et les habitants de la Brière. Aujourd’hui les dynamiques paysagères tendent à rompre ce lien. Comment remettre le marais au centre des enjeux afin d’en modifier le regard des habitants pour qu’ils redeviennent acteur de leur paysage? Durant ces dernières années, les villages de Brière se sont fortement agrandis, accueillant une population avec une histoire et une culture étrangère au marais. Beaucoup d’habitants en bordure du marais n’y ont jamais pénétré et ne se sentent pas concernés par les enjeux préocupant l’avenir de ce dernier. Le paysage actuel complique la perception du marais, l’appropriation de l’espace par les habitants est difficile. Ouvrir les franges du marais sur le bocage est un enjeu social et environnemental indispensable. Donner à voir le marais dans le cadre de vie des habitants lui apporterait de la légitimité, de la reconsidération aux yeux des habitants. Cela serait un bon moyen de sensibiliser les Brièrons aux enjeux actuels (fermeture, homogénéisation, baisse de la biodiversité,...). Des actions efficaces et durables sont-elles possible pour revaloriser le marais? Certains aménagements pouvant faciliter l’appropriation des zones humides en périphérie urbaine ont déjà vu le jour dans des espaces similaires au paysage de Brière. Ainsi, en s’inspirant de ces réalisations, des solutions sont préconisable sur les franges du marais. Dans un premier temps, penser l’évolution des villages autrement, en proposant une urbanisation intégrée aux zones humides. Dans un second temps, ouvrir le paysage de façon durable, instaurer un moyen de gestion et d’entretien économiquement viable et durable. Conforter l’agropastoralisme dans le marais parait être la solution la mieux adaptée au milieu. Dans un tiers temps, faciliter l’approche du marais par les locaux, redonner une place au marais dans le paysage de Brière et sensibiliser la population, la concerner pour qu’ils agissent positivement à l’avenir du territoire.
une urBanisation intégrée prospectives : Les communes du parc naturel régional de Brière doivent définir la délimitation des zones à urbaniser par les plans locaux d’urbanisme (PLU). Afin d’intégrer au mieux le marais dans les prochaines extensions urbaines, ils doivent tenir compte de la présence des milieux humides. En fonction des schémas d’aménagement et de gestion des eaux, les zones humides (franges du marais) pourraient faire l’objet de mesures de protection. Dans certains cas, incorporer des zones humides existantes dans les zones à urbaniser de même que les protéger en tant qu’espaces verts de quartier, pourraient être des dispositions inscrites dans les orientations d’aménagement de programmation immobilière (prescriptions faites par un paysagiste). Cette formule permettrait de trouver des solutions aux problèmes d’entretien de ces milieux et aiderait à traiter correctement les contacts et les liaisons entre l’urbanisation et les espaces naturels.
Aménagement du bourg en bordure d’une zone humide qui a été acquise et mise en valeur par la collectivité, à Quimper en Bretagne
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un paysage ouvert L’ouverture du paysage est nécessaire pour réinstaller le marais au coeur du paysage de Brière comme un élément fort du territoire. S’ il y a une co-visibilité avec le bocage et le marais, l’appropriation par la population locale y est d’avantage aisée. Un travail de porosité sur les franges est donc envisageable, plusieurs actions de ce type on déjà été mené dans des Parc naturel régional. De plus, un paysage ouvert est un réservoir de biodiversité, mais il nécessite, pour conserver une mosaïque de milieux (gage d’une haute biodiversité), des actions de gestion. La préconisation d’un entretien doit se mettre en place avec les acteurs locaux pour assurer une pérennité dans le temps.
les parcelles sylvicole Le remembrement n’est pas intervenu sur les franges du marais, un espace entre bocage et marais s’est donc enfriché rapidement, les parcelles étant trop petites pour être rentables. Certain brièrons ont voulu tirer profit de ces parcelles et y ont pratiqué la sylviculture. L’activité se diffuse rapidement et devient une source non négligeable de revenus à l’époque où l’émergence de l’industrie du charbon participe à l’abandon progressif des gisements de tourbes. Aujourd’hui les parcelles sylvicoles sont vieillissantes et les espèces utilisées ne correspondent pas a la palette végétale de Brière, ils marquent négativement le paysage. prospectives Si on prend comme exemple le marais de Poitevin, depuis dix ans de nombreuses peupleuraie sont reconverties en prairie naturelle. A la périphérie de Niort, c’est une action qui s’inscrit dans le cadre du plan d’aménagement et de restauration des milieux humides afin de reconquérir la trame paysagère du marais. Le parc en collaboration avec des agriculteurs souhaitant installer leurs troupeaux sur le marais de Poitevin ont décidé d’aller à la rencontre des propriétaires de peupleraies afin de les convaincre de ne pas replanter de peupliers et de transformer leurs parcelles en prairies. Le parc s’engage à restaurer la parcelle et à aider financièrement le propriétaire, il loue la terre aux agriculteurs. Ces actions incluent une renonciation de l’urbanisation dans les zones humides et sur les zones d’expansion de crues. Ainsi, en période d’inondation, ce dispositif devrait éviter les curages importants effectués sur des zones humides classées Natura 2000. Ces actions sont largement transposables au territoire de Brière. Le choix des pratiques agricoles et la recherche de zones naturelles à exploiter résulte d’un choix politique conjuguant politique agricole et politique de zonage. Cette responsabilité du milieu agricole se traduira par la mise en œuvre de pratiques agraires favorables à l’environnement. Remplacer la sylviculture par des pâtures avant que se soit l’urbanisation balnéaire qui s’en préoccupe (déja vu à Saint Andrée et à Saint lyphard).
Peupleraie
Plantation de Pin
Plantation d’Épicéa
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l'élevage. L’élevage est une pratique ancrée depuis très longtemps en Brière. Autrefois, surtout dans la Brière des îles où l’espace était compté, «l’exploitation des terres faisait l’objet d’une organisation collective élaborée». Ils disposaient de peu d’espace pour le bétail, alors à la belle saison, comme la plupart des brièrons ils emmenaient les bêtes à pâturer sur les buttes de Brière et au fur et à mesure que le niveau de l’eau baisse, de nouvelles pâtures se découvrent. Cette pratique, comme beaucoup d’autres, est tombée peu à peu en desuétude au moment de l’industrialisation. L’élevage a régressé, les Briérons s’étant tournés vers d’autres activités professionnelles et ne tirant plus leur subsistance du marais. Cette activité est pourtant primordiale pour entretenir des espaces sensibles. Les prairies humides mises en pâture ou utilisées pour la récolte de la litière constituent autant d’ouvertures dans la roselière qui s’est installée sur la quasi totalité du marais.
l'élevage aujourd'hui, une solution duraBle. Dans les années 1990 une nouvelle génération a repris la relève et pratique l’élevage extensif en zone humide freinant ainsi l’extension des roselières. «Dans le marais, le fauchage des prairies naturelles inondable et le pâturage extensif font l’objet d’aides de l’état français et de l’Europe. Sur l’ensemble du territoire, des mesures agri-environnementales ( Opérations Locales Agri-Environnementales et Contrat d’Agriculture Durable) favorisent l’entretien et la plantation de haies, la création de mares, le curage de ruisseaux, la sauvegarde des races animales et végétales menacées (vache nantaise ou bretonne pie noire, variétés fruitières) ainsi que la protection de la biodiversité. Depuis 1997, le Parc naturel régional de Brière dispose d’un diagnostic de l’agriculture locale. En outre, les études se sont désormais affinées pour conserver et développer l’activité et permettre le maintien de structures d’exploitation cohérentes sur des espaces agricoles pérennes. Les communautés d’agglomération ont pris également conscience de la réalité économique de l’agriculture et de sa nécessité pour le maintien de la biodiversité et des paysages.» prospective L’élevage est sans aucun doute le meilleur moyen pour palier à l’enfrichement du marais, il est donc recommandable de conforter l’agriculture en Brière. Pour accélérer le processus du pâturage interne, il faudrait abaisser le niveau d’eau du marais plus tôt dans l’année pour augmenter la surface utilisable par le bétail. Mais cela va engendrer en période estivale une sécheresse prématurée, causant un dérèglement important sur la faune et la flore. L’ajout d’eau dans le marais en ouvrant les vannes pendant les grandes marées n’est pas conseillé, la quantité d’eau salé assimilable par le milieu sans qu’elle ne génère de risque est minime. La solution pourrait consister à créer une lagune en amont du marais, au seuil du sillon de Bretagne. Elle serait alimentée en eau par le Brivet et constiturait une réserve d’eau pour irriguer le marais, un milieu riche pour la biodiversité et l’accueil d’espèces migratrices. A la saison chaude cela permettra de maintenir un niveau d’eau idéale pour les prairies où le bétail pâture. L’organisation et la gestion du vannage serrait gérée par le syndicat mixte d’aménagement hydraulique du bassin du Brivet, la commission syndicale de Grande Brière Mottière et la chambre d’agriculture dans une démarche d’actions agri-environnementales.
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réapropriation, l'espace vécu et le paysage Le paysage que l’on donne à voir dépend de l’espace qu’on lui consacre, que l’on aménage. S’approprier l’espace c’est se forger son propre regard, son opinion sur un paysage. Il est donc nécessaire de faire des aménagements où les habitants puissent approcher le paysage, y pénétrer, mettre une image sur le marais, le rendre concret. Le but est de révéler le paysage pour sensibiliser les habitants, qu’ils prennent conscience de son importance et des enjeux environnementaux liés aux marais. prospectives : voir autreMent le paysage Les observatoires du marais participent au développement d’une culture commune, autour du paysage. Grâce notamment à la mise en place d’une base cartographique et photographique, il peut servir de base de sensibilisation des touristes. Cela permettra de suivre qualitativement et quantitativement, l’état des paysages, leur évolution, de mesurer l’efficacité des mesures de protection mises en oeuvre et d’identifier les menaces potentielles auxquelles il peut être exposé. Les observatoires protègent indirectement le paysage, si on donne à voir le paysage dans un espace adapté et fréquentable de tout les publics (PMR, école, personne agée,...), on protège par la même occasion le marais en diminuant la fréquentation interne. Deux points de vues sont déjà aménagés sur la frange Ouest du marais dans le bocage patrimonial (Saint lyphard et Saint André des eaux). Il offrent des vues sur le marais que d’un seul angle. Il serait possible d’aménager des promontoires dans des espaces symboliques du marais qui donneraient d’autres angles de vues et de perception du paysage. En 2013, à ouvert dans le PNR des Landes de Gascogne le premier camping avec l’écolabel européen. Un bon moyen de diversifier l’approche dans un site naturel protégé en respectant l’environnement. Le Parc naturel régional de Brière pourrait sans inspirer pour aménager des gîtes écolabel sur la frange Nord du marais. Il serait gérer et entretenu par le PNR de Brière. Ce type de logement touristique est une alternative aux camping traditionnel qui s’intègre difficilement dans le paysage.
Clocher de St Lyphard
Promontoire à St André des Eaux
Réaménagement de la forge de Trignac (aujourd’hui en friche) en poste d’observation sur les prés salé.
Photomontage. Aménagement possible sur le seuil du sillon de Bretagne, la frange Est. Point de vue sur les pâturages en zone humide.
Photomontage. Gîtes écolabel sur pilotis à l’intérieur du marais, permet une immersion dans le paysage.
94 Ouvrir le marais au public est un enjeu primordiale. Cela permettrait aux habitants de se réaproprier l’espace, lui donner une image, comprendre les enjeux environnementaux. Beaucoup d’habitants de la Brière n’y ont jamais mis les pieds car les entrées sont peu nombreuses, dissimulées (mise à part les ports touristiques), les cheminements internes sont peu praticables, hostiles à la promenade. Ils vivent autour d’un marais de 20 000 hectares sans connaître les enjeux liés aux zones humides, à leur rôle et à leur importance en terme de biodiversité. Il est donc nescessaire d’y aménager des sentiers praticables par tous et gratuits (ce qui n’est pas le cas des promenades proposées dans les ports). Si on prend pour exemple les aménagements réalisés dans différents site naturels en France (voir photo) l’aménagement des franges est une solution envisageable dans le marais de Brière. Ainsi l’aménagement aura pour rôle de senssibiliser la population à l’importance du marais : la ressource en eau, son rôle épurateur et tampon, son potentiel écologique avec l’accueil de la faune et de la flore,...
Exemple de piste cyclable, aménagement dans le marais de Poitevin
Exemple de plate-forme éducative dans le marais de Lavours.
Exemple de passerelle sur pilotis dans le marais de Maccaciucoli. Cela limite l’impacte au sol des aménagements et permet de créer une circulation à l’abris des inondations. Une véritable immersion au coeur du marais.
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le paysage de Brière en lien avec le Marais solution alternative proposée :
On privilégiera le développement des villages en accord avec la trame bocagère pour une meilleur intégration du bâti. Transformation des parcelles sylvicole en prairies, entretien par pâturage, restauration des milieux humide Conservation des villages anciens dans un maillage agricole Densification des villages, identité du bourg
Création d’ouverture dans la franges, entretien de la ripisylve, privilégier l’élevage à la sylviculture
Entrée de villes intégrées au bocage, trame verte, le végétal comme espace tampon
Développement de l’élevage extensif en zone humide, maintien de la biodiversité et d’un paysages ouvert, conservation du marais et Conforter l’agriculture en Brière, maintient de l’horizon sur les îles, entretien du réseaux hydraulique, développement de l’extraction du noir Réouvrir la frange sur le marais, retrouver l’identité originel des îles
conclusion
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une perception au pluriel sur un paysage singulier
Depuis des siècles, le marais procure aux Brièrons ses moyens de subsistance, et en contre-partie les activités humaines permettaient la sauvegarde paysagère et écologique de ces espaces. Un équilibre où Brière et Brièrons vivaient en symbiose. Mais au cours du vingtième siècle, de nombreuses mutations sont intervenues, rompant cet équilibre. Peu à peu, le mode de vie a changé. Les Briérons ont progressivement délaissé leur marais pour trouver des emplois dans les industries de la région nazairienne, aux chantiers navals de l’Atlantique. Il s’en est suivi une amélioration du niveau de vie, qui pour le marais, a été préjudiciable. En dépit de leur attachement persistant au marais, les Briérons ne peuvent lui apporter l’entretien nécessaire à son maintien. Aujourd’hui le paysage du marais de Brière, comme tout les paysages qui jadis ont été apprivoisé par l’homme, fait se rencontrer la nature et l’histoire, comme en témoignent les vestiges de certaines activités qui ont façonné ce territoire. Ce paysage est le produit de l’histoire commune d’une société et du milieu qu’elle habite. Cela est encore visible grâce à la protection de ce marais, à sa patrimonialisation et aux traitements de cette nature anthropisée. Les générations se suivent et ne se ressemblent pas, les modes de fréquentation et d’usage de la Brière ont profondément changé en un siècle. La fréquentation touristique va croissante, les activités de loisirs se développent. La fréquentation des habitants se modifie, ainsi que la perception et l’image qu’ils s’en font, le marais perd peu à peu son identité. La volonté première du Parc Naturel Régional de Brière a été de développer une économie liée au patrimoine architectural et environnemental du marais, délaissant le paysage général de la Brière. L’enfrichement de ses franges, lié à la déprise agricole générale du territoire, ainsi que l’urbanisation qui est dûe principalement au développement du tourisme, n’améliore
pas la compréhension du paysage et son appropriation par les acteurs locaux. Concilier les différents regards liés aux usages de chaque acteur sur un paysage en partie indivis ralentit la mise en oeuvre d’actions. Mais il est indispensable d’assurer cet équilibre pour maintenir une cohérence paysagère à long terme. La lecture du paysage effectuée dans ce mémoire nous permet d’affirmer que la vision singulière d’un paysage, représentatif d’une culture passée, aménagée et sauvegardée pour les touristes n’est qu’une vision économique, bénéfique à court terme. Reconsidérer le marais comme un lien paysager pourrait unir les Briérons à leur territoire. Former un axe d’évolution commun aux communes de Brière pour envisager un développement urbain intégré au paysage. Pour se faire, l’ouverture et la valorisation du paysage semble être indéniablement la solution pour que l’ensemble des usagers de la Brière (Brièrons, néo-ruraux, acteurs économiques, touristes) connaissent toujours plus la Brière pour mieux la comprendre, l’apprécier, la respecter et adapter leurs comportements. La concertation et la coordination des organismes qui ont la charge d’aménager et de développer le paysage de Brière est crucial pour renforcer la prise de conscience et la nécessité d’une stratégie globale et durable. Les récentes actions d’entretien et de réouverture du paysage renforcent l’activité agropastorale du marais, ce qui semble être un compromis économiquement viable et durable. Le développement de l’agro-tourisme est peut-être une solution à envisager pour retrouver la symbiose entre les activités qui s’exercent sur le marais, ses rives et les terres qui l’ entourent , et assurer l’équilibre entre les différents regards (tourisme/agriculture/environnement), en privilégiant l’intérêt paysager à long terme.
BiBliographie ouvrages et puBlications relatif au paysage conteMporain
Livre - 25 PROMENADES entre Loire et Vilaine . La Baule et sa Région - GUIDE DES PARCS NATURELS ET RESERVES brière. André Charpentier .1978
Revue - VIVRE ICI l’art de vivre en région . Presqu’île insolite . 1991 - AIMER la Loire Atlantique . Guy Ganachaud . 1990
Travaux d’étudiant - Thèse . Claire Portal . 2010 . Reliefs et patrimoine géomorphologique . Applications aux parcs naturels de la façade atlantique européenne - TPFE . REAPPROPRIATION l’estuaire de la Loire par le canal du Brivet . Xavier Glémarec . 2008
Site ineternet -
www.parc-naturel-briere.fr www.paysages.loire-atlantique.gouv.fr www.géoportail.fr csgbm.free.fr (Commission Syndicale de Grande Brière Mottière) vertigo.revues.org
Dossier informatique - Projet de charte 2010 . PNR de Brière - L’espace du paysage, considération théorique. Jean Marc Besse - Charte paysagère 2010 . PNR de Brière
ouvrages et puBlications relatif à l'histoire du paysage
Livre -
8000 ANS EN BRIERE NOTRE BRIERE (4ème BRIERONS NAGUÈRE . DONGES AU TEMPS DE
. Lionel Visset . 1990 édition) . Augustin Vince . Augustin Vince . 1981 LA REVOLUTON . Yves Lostanlen . 1973
Revue - TELE 7 JOURS n°771 . Jean Maquet . 1971 - AIMER la Loire Atlantique . Guy Ganachaud . 1990 - SAINT LYPHARD le chouettée de Kerjano . Marcel Guihard . 1997
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Site ineternet - www.parc-naturel-briere.fr - www.communes.com - www.géoportail.fr
Dossier informatique - L’espace du paysage, considération théorique. Jean Marc Besse - Historique Vannes Estuaire . Parc Naturel Régional de Brière 2008
Cartes postales anciennes
ouvrages et puBlications relatif auX enjeuX paysager
Revue - Autour des zones humides : espaces productifs d’hier et conflits d’aujourd’hui . 2003
Travaux d’étudiant - Thèse . Claire Portal . 2010 . Reliefs et patrimoine géomorphologique . Applications aux parcs naturels de la façade atlantique européenne - TPFE . REAPPROPRIATION l’estuaire de la Loire par le canal du Brivet . Xavier Glémarec . 2008
Site ineternet -
www.parc-naturel-briere.fr www.communes.com www.paysages.loire-atlantique.gouv.fr www.géoportail.fr csgbm.free.fr (Commission Syndicale de Grande Brière Mottière) vertigo.revues.org
Dossier informatique -
Projet de charte 2010 . PNR de Brière L’espace du paysage, considération théorique. Jean Marc Besse Stratégie d’action paysagère au Sud du PNR de Brière. PNR de Brière Exprimer pour Agir avec le Paysage . PNR de France Les invasions biologiques dans le Parc naturel régional de Brière
illustrations -
Dessins et Photographies personnel Photographies de Josse Benitez Photographies de Kathleen Réthoret Photographies aérienne, Géoportail et Google-map Photographies Parc Regional Naturel de Brière
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anneXes coMparaison historique, photographies aĂŠriennes.
frange ouest, coMMune de saint lyphard
1958
2008
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centre du Marais, ĂŽle de fedrun
1958
2008
101
frange est, coMMune de crossac
1958
2008