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REMERCIEMENTS Le projet architectural regroupe toujours une multitude d’acteurs, et ce, dès l’Êcole. La contribution de chacun lui permettent d’Êvoluer et de s’enrichir considÊrablement. Ainsi, nous tenons à remercier chaleureusement l’Êquipe pÊdagogique qui nous a encadrÊ pendant cette annÊe : Christian Marcot, Özlem Lamontre-Berk, Brigitte Sagnier-Minguet et Pascal Rouaud, ainsi que les autres intervenants du domaine d’Êtude : François Tran, Vincent Veschambre, Suzanne Monnot, Philippe 'X¿HX[. Merci à Jacques VergÊly pour son aimable participation aux ateliers de projet et rendus. Un grand merci à Hugues Savay-Guerraz, conservateur du musÊe Gallo-Romain de Lyon, ainsi que Laurent Chopard, mÊdiateur, et toute leur Êquipe, qui nous ont fait dÊcouvrir le site archÊologique et son musÊe. Nous remercions Christophe Monnet, directeur adjoint du centre multimÊdia Erasme, qui a acceptÊ de nous rencontrer pour nous parler de MuseoLab. (Q¿Q PHUFL DX[ AFT sÊrie 2013-2014, pour les Princes de LU et les dÊlires, à Romain pour VD FXOWXUH GH SRW GH ÀHXU j nos parents pour leurs petites mains, à Phil Collins, pour avoir accompagnÊ nos longues nuits, et spÊcial dÊdicace à William Hayet, qui a tant marquÊ nos esprits à tous les trois.
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Merci à ma mère, mes frères et mes soeurs, wohoooh... et plus spÊcialement à mon père, qui m’a tant soutenu, suivi et aidÊ ces cinq dernières annÊes. Sans oublier bien sÝr mes deux collègues. A l’heure oÚ j’Êcris ces lignes on n’a pas encore eu nos dernières engueulades de charrette (du FRXS MœHQ SUR¿WH DYDQW GH OHV GpWHVWHU SRXU GH bon), mais je les aime quand même, pour tout ce TXœLO PœRQW DSSRUWp HW SOXV VL DI¿QLWp Vianney
Merci à mes parents qui m’ont soutenu durant cette annÊe et toutes celles qui ont prÊcÊdÊ, et sans qui beaucoup de choses n’auraient pas ÊtÊ possibles. MickaÍl
Merci Ă mes camarades de projet et Ă mes parents Ă qui je dois beaucoup. AurĂŠlia
AVANT PROPOS /H SURMHW GH ¿Q GœpWXGHV HVW OœDFFRPSOLVVHPHQW GH cinq annÊes d’apprentissage de l’architecture, de ses pensÊes, de ses problÊmatiques, de ses idÊaux, de ses savoir-faire. En tant qu’Êtudiants nous devons être capables de conduire le processus de projet de façon cohÊrente et dÊmonstrative, depuis un questionnement sur un site et un programme, jusqu’à des rÊponses techniques dÊtaillÊes. Nous devons, à travers ce dernier projet d’Êtudiants qui s’Êtend sur toute une annÊe scolaire, prouver nos compÊtences. ÇD FœHVW OD Gp¿QLWLRQ SpGDJRJLTXH
Nous espÊrons qu’entre les lignes se liront QRV UpÀH[LRQV HW SHQVpHV VXU OH GHYHQLU GH FH patrimoine. Merci pour votre lecture.
Pour autant, nous avons tous les trois abordÊ le sujet qui nous a ÊtÊ donnÊ pour ce qu’il est avant tout, à savoir une question posÊe à Lyon : que faire de son riche patrimoine antique ? Oublions un instant les dÊtails au 1:10ème, les accès pompiers et les plans fonctionnels, car nous nous sommes attachÊs à plus pour cette ville que nous avons appris à connaÎtre et à aimer en cinq ans d’Êtudes. Ce PFE Architecture, Formes, Transformations a ainsi ÊtÊ l’occasion de s’interroger sur le passÊ, le prÊsent et le futur de cette nouvelle mÊtropole française qui regorge littÊralement de traces historiques, dont l’hÊritage concerne autant les historiens que les habitants. Notre rôle, en tant TXH IXWXUV DUFKLWHFWHV HVW DLQVL GH UpÀpFKLU DX[ liens entre ces habitants et leur patrimoine, de donner un cadre de dÊcouverte, et peut-être aussi d’appropriation, adaptÊ à une spatialitÊ (un site et son urbanitÊ) et à une temporalitÊ (contexte sociÊtal et technologique) en constante Êvolution. Notre dÊmarche a ainsi dÊbutÊ par un travail d’analyse et de comprÊhension du contexte. Cette Êtude a bien entendu portÊ sur patrimoine liÊ au site mais Êgalement sur Lyon, ses habitants, de VRQ SUR¿O XUEDLQ HWF /H WKqPH GH QRWUH VXMHW GH PFE s’y prêtant fort bien, l’analyse a ainsi durÊ près d’un semestre entier, ce qui donne une idÊe de son importance. De cette phase de lecture sont ressorties un ensemble de problÊmatiques qui nous ont tout particulièrement interpellÊs et à partir desquelles nous avons pu dÊvelopper des intentions puis aborder la phase d’Êcriture. 'p¿QLWLRQ GœXQ SURJUDPPH HVTXLVVHV j OœpFKHOOH urbaine, imagination d’ambiances et solutions techniques, tous les attendus d’un PFE y sont passÊs.
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SOMMAIRE
Avant propos Introduction
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CONTEXTE & ENJEUX Valeur historique et patrimoniale du site Dimension sociale et usages Morphologie urbaine Un paysage unique à revitaliser Les enjeux du musée de Zehrfuss
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PROGRAMME Un site à valoriser Le musée de la civilisation gallo-romaine L’archéolab, un espace de recherche inédit Le café-spectacle Le parc antique
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STRATÉGIE & PARTI PRIS Un projet de site, un projet de quartier Intégration patrimoniale et paysagère
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ECRITURE ARCHITECTURALE, PAYSAGÈRE ET URBAINE Les réserves La Chaufferie L’archéolab L’extension du musée gallo-romain Nouvelle scénographie du musée Le parc antique
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CONCLUSION Synthèse Retour critique sur un patrimoine vécu
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ANNEXES Entretien Temporalité du parc
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12 16 17 20 23
30 32 35 37 38
42 50
54 62 64 71 80 86
92 94
96 98
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INTRODUCTION UN SITE PATRIMONIAL IMPORTANCE POUR LYON
DE
PREMIĂˆRE
La colline de Fourvière se partage avec la colline de la Croix-Rousse le dÊnivellÊ lyonnais et domine la ville grâce à son imposante basilique. Lorsque l’on se retrouve au sommet du plateau, on dÊcouvre un quartier mÊlangeant indiffÊremment architecture de l’Êpoque Renaissance, immeubles des annÊes 60, murs en pierre de 2m de haut, populations âgÊes et collÊgiens en rÊcrÊation. $X ERXW GœXQH UXH HQWUH XQ SDUNLQJ HW XQ pGL¿FH en bÊton soignÊ, on aperçoit une vÊgÊtation gÊnÊreuse, vraisemblablement un parc. En s’avançant un peu plus, on surplombe un bel escalier, puis en descendant, le regard dÊcouvre HQ¿Q GH YDVWHV UXLQHV " ,FL " 0DLV DORUV SRXUTXRL FHV VWUXFWXUHV PpWDOOLTXHV DX PLOLHX " 2Q WRXUQH la tête, et en bas de l’escalier dÊrobÊ se trouve l’entrÊe sombre du musÊe gallo-romain.
En surplomb du site, le musÊe, dÊdiÊ à l’histoire gallo-romaine de Lyon, est une oeuvre majeure de l’un des architectes modernes français les plus reconnus, Bernard Zehrfuss. Bien qu’oubliÊ au milieu du plateau de Fourvière, le site antique se rÊvèle être d’une importance majeure au niveau patrimonial. La basilique qui le domine un peu plus loin n’a en effet rien a lui envier.
SAÔNE RHÔNE CROIX-ROUSSE
FOURVIĂˆRE
S’agirait-il d’un site patrimonial de première LPSRUWDQFH " &œHVW SHX GLUH GHYDQW QRXV VH trouvent les vestiges des thÊâtres romains de Lugdunum, l’ancêtre de Lyon, et qui fut la capitale de la Gaule romaine durant près de deux siècles. Ce ne sont pas les seules traces de cette Êpoque glorieuse, et surtout fondatrice, de la ville de Lyon, mais ce sont les plus imposantes visibles aujourd’hui. Depuis plus de 50 ans, ces thÊâtres sont utilisÊs tous les ÊtÊs pour les Nuits de Fourvière, un festival d’ampleur internationale qui rassemble concerts, thÊâtre et cirque.
Site gallo-romain
PRESQU’ÎLE
Localisation du site de projet dans la gĂŠographie de Lyon
Localisation du parc antique de Fourvière au milieu des monuments historiques de Lyon (en bleu)
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UN PROJET DE RÉNOVATION La politique de mise en valeur patrimoniale menÊe par la ville de Lyon au dÊbut des annÊes 90 a permis la rÊalisation d’un grand nombre de chantiers patrimoniaux et culturels, tels que la rÊnovation de la Manufacture des Tabacs ou de l’OpÊra de Lyon. C’est dans ces annÊes-là que la citÊ a pris conscience de l’importance de son hÊritage historique et de la possibilitÊ de l’intÊgrer dans une dÊmarche d’Êvolution. Depuis, Lyon est GHYHQX XQH ¿JXUH LPSRUWDQWH GDQV OD SROLWLTXH patrimoniale. &RPPHQW H[SOLTXHU TXœDXMRXUGœKXL OH VLWH antique de Fourvière ne vit essentiellement qu’à travers les spectacles des Nuits de Fourvière ? De l’autre côtÊ de la rue, l’Antiquaille, un ancien HQVHPEOH KRVSLWDOLHU D EpQp¿FLp GœXQH EHOOH FXUH de jouvence qui est peut-être en train d’initier un renouvellement urbain. Pourra-t-il entrainer le VLWH DUFKpRORJLTXH GDQV XQH QRXYHOOH YLH "
ArrivÊe sur le site depuis la Basilique de Fourvière : un souci de mise en valeur.
Le sujet ainsi proposÊ aux Êtudiants de l’ENSAL est tout d’abord parti d’une demande du musÊe gallo-romain, qui dÊsirait reprendre la scÊnographie de son exposition permanente (qui QœD SDV ERXJp GHSXLV DQV D¿Q GœDWWLUHU GH nouveaux visiteurs. La question s’est Êlargie à tout le site des thÊâtres antiques, indissociable du musÊe, qu’il s’agit de remettre en valeur à l’Êchelle urbaine. UNE PROBLÉMATIQUE PLURIELLE Le site de projet interroge de nombreux enjeux architecturaux, urbains et paysagers. ,O LPSOLTXH une diversitÊ de patrimoines, très ÊloignÊs dans le temps et dans leur expression, dont font partie le parc archÊologique de trois hectares classÊ monument historique (qui intègre notamment les deux thÊâtres gallo-romains) et le musÊe dessinÊ par Bernard Zehrfuss (non protÊgÊ, uniquement labellisÊ Patrimoine du XXè siècle). &HV GHX[ KpULWDJHV DX SUHPLHU UHJDUG WUqV diffÊrents, sont en fait fortement liÊs entre HX[ En effet, l’architecture de Zehrfuss a ÊtÊ HQWLqUHPHQW SHQVpH D¿Q GH PHWWUH HQ YDOHXU OH parc.
Un site, deux patrimoines : les ruines antiques et le musÊe moderniste (semi-enterrÊ, à droite de l’image).
Le site a ĂŠgalement une importance urbaine
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indÊniable. Son emprise dans le quartier lui donne un rôle d’articulation et de centre de vie, TXL QœHVW DXMRXUGœKXL SDV HI¿FDFH 6DQV RXEOLHU OD dispersion des vestiges gallo-romain sur le plateau de Fourvière, pour lesquels le parc archÊologique serait un site fÊdÊrateur. Est-il possible de faire de ce lieu le point de dÊpart d’une identitÊ à l’Êchelle du quartier ? De plus, la dimension paysagère du site est primordiale. L’importance du parc à l’Êchelle du quartier, et même de la ville, est telle qu’on ne peut Êviter les questions de points de vue, de parcours, d’ambiances paysagères, de liaisons entre diffÊrents lieux, de relations vÊgÊtal/minÊral, ou encore d’intÊgration dans l’environnement urbain. (Q¿Q OD QpFHVVLWp SRXU OH PXVpH GœpYROXHU HW GH mieux intÊgrer les nouveaux besoins et moyens culturels pose une vaste question programmatique, qui intègre aussi le parc archÊologique et qui touche par consÊquent Êducation, culture, spectacle et vie quotidienne. Tous ces diffÊrents niveaux de lecture, qui eux-mêmes en impliquent encore davantage, nous ont conduits à adopter un regard le moins limitÊ possible. Nous avons alors dÊgagÊ la problÊmatique globale suivante :
même entre le site WHO TXœRQ D SX OœLGHQWL¿HU HW son environnement urbain et paysager. La frange que nous voulons requalifer, et qui actuellement est proche de ce que l’on pourrait appeler un no man’s land, nous a semblÊ être la marge oÚ se concentraient les principales problÊmatiques prÊcÊdemment ÊnoncÊes. Ce terrain d’intervention, bien que limitÊ en pratique, est en rÊalitÊ riche en potentiel. Le but est d’en faire un système d’interfaces permettant une meilleure intÊgration de cet Êcrin patrimonial incroyable dan son environnement urbain immÊdiat et de favoriser les Êchanges entre les deux. Mais l’intÊgration d’un site dans son environnement VLJQL¿H W HOOH QpFHVVDLUHPHQW XQH SOXV JUDQGH ouverture sur la ville ? Pas forcÊment, et une UpÀH[LRQ IRUPHOOH PRLQV FDULFDWXUDOH VœDYqUH donc nÊcessaire. Le projet que nous allons vous prÊsenter est ainsi composÊ de trois interventions : des architectures interfaces en bordure du site, des points de fuites et connexions vers les diffÊrents secteurs importants du quartier, et un amÊnagement paysager autour des ruines, à l’intÊrieur du parc.
Comment retrouver un lien perdu entre un coeur paysager, riche d’un patrimoine à la fois antique et moderne, et le quartier, le plateau, la ville ? Dès le dÊbut nous dÊsirions apporter un rÊponse FRPSOqWH j WRXWHV FHV TXHVWLRQV PDLV VXI¿VDPPHQW ¿QH HW XQLWDLUH SRXU QH SDV DOWpUHU OH VLWH HW VRQ identitÊ à grande Êchelle. UNE RÉPONSE GLOBALISÉE, ARCHITECTURE ET PAYSAGE
ENTRE
$¿Q GœREWHQLU OD FRKpUHQFH QpFHVVDLUH DX site, nous avons pris le parti d’une rÊponse DUFKLWHFWXUDOH HW SD\VDJqUH DX[ LPSODQWDWLRQV multiples, à chaque endroit du site qui nous semblait dÊcisif. De cette façon, en se laissant porter par le lieu HW OHV UpÀH[LRQV TXœLO QRXV LQVSLUDLW nous avons choisi d’intervenir essentiellement à la frontière
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A l’orÊe des ruines, schÊma de principe
N Basilique de Fourvière
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Conservatoire de musique
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Musée gallo-romain
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Carmel de Fourvière
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L’Antiquaille
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Quartier du Vieux Lyon La Chaufferie de l’Antiquaille in N
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Couvent de la Visitation
Place des Minimes
Collège Jean Moulin
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Plan de situation du site de projet
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1 CONTEXTE & ENJEUX
VALEUR HISTORIQUE ET PATRIMONIALE DU SITE LE PALIMPSESTE DE FOURVIĂˆRE Le plateau de Fourvière, au sommet de la colline du mĂŞme nom, a une importance toute particulière pour la ville de Lyon, puisque c’est lĂ qu’a ĂŠtĂŠ fondĂŠe la citĂŠ, qui s’appellait alors Lugdunum, en -43 avant J.C. A partir de cette date, l’endroit a subi de nombreuses transformations Ă travers les siècles et accumulĂŠ une grande quantitĂŠ d’ÊlĂŠments historiques, d’Êpoques diverses. Dans les annĂŠes 1930, de nombreuses fouilles sont entreprises et ont rĂŠvĂŠlĂŠ les thÊâtres romains, d’anciens thermes, la citerne de la Grotte BĂŠrelle, les ruines de ce qui serait un ancien palais d’Agrippa ou un Temple dĂŠdiĂŠ Ă Cybèle, des vestiges d’aqueducs et de murs de soutènement, ainsi que des voies pavĂŠes. Avec les vestiges de l’amphithÊâtre des Trois Gaules sur la colline de la Croix-Rousse et d’autres ĂŠlĂŠments moins notoires autour de Fourvière, ce sont aujourd’hui les seules traces de cette ĂŠpoque pour Lyon. Ces traces ont ĂŠtĂŠ ĂŠtudiĂŠes très attentivement par l’archĂŠologue Amable Audin. Durant le moyen-âge, la ville se dĂŠplaça en bas de la colline, plutĂ´t sur la presqu’Île. Fourvière vit la majeure partie de son hĂŠritage antique littĂŠralement disparaĂŽtre (pour une raison encore inexpliquĂŠe) et n’accueillera d’autres monuments que très tard, avec les diffĂŠrentes implantations religieuses du XVème siècle. Fourvière attira ensuite de nouveau la population lyonnaise et se dĂŠveloppa considĂŠrablement. L’HĂ´pital de l’Antiquaille, un vaste ensemble issu d’un couvent GH 9LVLWDQGLQHV VH FRQVWUXLVLW DX ÂżO GHV VLqFOHV Le funiculaire apparut en 1878. Le collège JeanMoulin et le bâtiment de l’actuel lycĂŠe St-Just furent construits dans le mĂŞme temps, ĂŠgalement Ă la place d’anciens couvents (les Minimes et les Ursulines).
Plan des monuments historiques de Lyon, 2013 : Fourvière concentre l’essentiel des vestiges gallo-romains de Lyon (en jaune)
Outre ces nombreux monuments, classÊs ou non, la morphologie même du quartier est marquÊe par cette succession d’Êpoques, parfois en continuitÊ, souvent non. Les bâtiments courants mÊlangent ainsi architecture Renaissance (une remontÊe du 9LHX[ /\RQ EkWLVVHV GH FDPSDJQH GX ;,;qPH immeubles modernes caractÊristiques du XXème.
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CONTEXTE & ENJEUX
Palais d’Agrippa/ Temple de Cybèle
Amphithéâtre Odéon Musée gallo-romain
Jardin Magnéval Voie romaine Chaufferie de l’Antiquaille Antiquaille
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Plan des éléments patrimoniaux du site de projet
Chaufferie de l’Antiquaille
Valeurs patrimoniales véhiculées par chaque entité / architecture historique du site CONTEXTE & ENJEUX
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Ainsi, contrairement à la plupart des quartiers historiques de Lyon, le plateau de Fourvière est marquÊ par une construction en palimpseste, en couches superposÊes, qui ont pour consÊquence de faire de ce quartier un lieu très riche, mais aussi très hÊtÊrogène.
rÊcemment en hôtellerie et logements de luxe, et agrÊmentÊ d’espaces publics divers. De nouveaux ORJHPHQWV GHYUDLHQW ELHQW{W YHQLU GHQVL¿HU XQ SOXV OH VLWH /H EkWLPHQW GH OD FKDXIIHULH pGL¿FH remarquable en bÊton (mais non protÊgÊ), est l’oeuvre d’un Êlève de Tony Garnier, Pierre Bourdeix.
UN SITE, PLUSIEURS PATRIMOINES
Tous ces ÊlÊments n’ont pas forcÊment la même valeur historique objective. Une partie de l’analyse, portÊe sur la reprÊsentation sociale du site par ses usagers (habitants ou touristes), a Êgalement montrÊ que l’appropriation de ces GLIIpUHQWV OLHX[ QœHVW SDV IDFLOH ELHQ TXH OH site possède clairement un grand potentiel de ce côtÊ-là . Leurs valeurs d’usage et de mÊmoire sont ainsi mises en dÊfaut à cause de la situation marginalisÊe par rapport au reste de la ville.
A une Êchelle plus rÊduite, le site des thÊâtres gallo-romains de Fourvière s’avère très dense en constructions que l’on peut considÊrer aujourd’hui comme marquÊes d’un fort caractère patrimonial. D’abord, il y a bien sÝr tous les vestiges antiques reconstituÊs durant les fouilles : l’OdÊon, l’AmphithÊâtre, le Palais d’Agrippa (ou Temple GH &\EqOH SXLVTXH OœLGHQWL¿FDWLRQ GH FHV YHVWLJHV QœD WRXMRXUV SDV pWp FRPSOpWHPHQW FHUWL¿pH DLQVL que les bouts de voies romaines ou d’anciennes domus. Ce parc est classÊ monument historique, et est protÊgÊ en tant que zone URP-Pa dans le PLU de l’agglomÊration. Tous ces ÊlÊments font aujourd’hui partie d’un vaste ensemble paysager, au bord duquel est venu s’installer le musÊe galloromain. Le musÊe en question est une oeuvre en bÊton brut de l’architecte français Bernard Zehrfuss, inaugurÊe en 1975, avec lequel il convient de travailler. Le programme et l’architecture sont entièrement au service de ce passÊ gallo-romain dÊjà bien visible sur le site des thÊâtres. La collection regroupe d’anciennes pièces venues essentiellement du palais Saint-Pierre de Lyon, et d’un peu partout dans la ville voir d’au-delà . (Q¿Q VXU XQH SDUWLH GX SDUF HVW LQVWDOOp XQ MDUGLQ au tracÊ classique dont on ne sait que très peu de choses, si ce n’est qu’il appartenait à un ancien domaine, du nom de MagnÊval, qui daterait du ;9,,,ème siècle, et aujourd’hui disparu. Ce jardin n’a fait l’objet d’aucune protection, mais participe à l’histoire des lieux. Un autre patrimoine particulier existe à l’intÊrieur du site : le patrimoine vert. Que ce soit certains arbres centenaires ou bien la composition en terrasses de Zehrfuss qui recouvre son musÊe, ce paysage vÊgÊtal reprÊsente Êgalement une certaine valeur patrimoniale, peut-être moins Êvidente que celle des constructions en dur. (Q¿Q j SUR[LPLWp LPPpGLDWH GX VLWH j OœHVW VH trouve l’ensemble de l’Antiquaille, reconverti très
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Cette accumulation de patrimoines de diffÊrentes QDWXUHV UHQG DX ¿QDO SDUWLFXOLqUHPHQW GLI¿FLOH XQH intervention sur le site. Le projet doit en effet tenir compte de tous ces ÊlÊments du passÊ, aussi forts les uns que les autres. TRACES ANTIQUES Une des particularitÊs notoires des vestiges antiques de Lugdunum est qu’il ne nous en est parvenu que très peu, et souvent de façon incomplète. Là oÚ des villes italiennes ou, plus proche de nous, des citÊs comme Vienne, jouissent d’une certaine abondance d’oeuvres antiques, Lyon s’est, elle, retrouvÊe en dÊfaut. Les archÊologues ont appris à travailler avec des fragments pour reconstituer l’histoire de ce qui s’est pourtant avÊrÊ être l’une des citÊs les plus importantes de l’histoire galloromaine. La collection du musÊe de Fourvière en a largement pâti, puisqu’elle rassemble principalement des Êpitaphes (inscriptions sur pierre) et possède seulement une dizaine d’oeuvres remarquables. (OOH SUR¿WH KHXUHXVHPHQW GH GpFRXYHUWHV supplÊmentaires depuis l’inauguration du musÊe ainsi que de nombreux prêts d’autres musÊes. /HV WKpkWUHV HX[ PrPHV VRQW HQ IDLW XQH anastylose, c’est-à -dire une vaste reconstitution qui a ÊtÊ rÊalisÊe à partir de pierres retrouvÊes lors GHV IRXLOOHV &HOD VLJQL¿H TXH WRXW FH TXL FRQVWLWXH les thÊâtres aujourd’hui, et les quelques ruines alentours, n’est pas forcÊment d’origine. CONTEXTE & ENJEUX
Ce paradoxe autorise un regard critique visà -vis des vestiges qui se trouvent sur le site et OHXU VLJQL¿FDWLRQ 2Q HQ YLHQW j FKHUFKHU DXWUH chose que la pure valeur historique, qui n’est DX ¿QDO j )RXUYLqUH HQFRUH SOXV TXH QXOOH SDUW ailleurs, qu’une superposition de multiples interprÊtations. Le rapport à l’homme, à son regard, sa mÊmoire et son imagination est par consÊquent très important. Et ça l’a toujours ÊtÊ, puisqu’une partie des ruines de l’OdÊon et de l’aqueduc rue Roger-Radisson Êtaient dÊjà visible bien avant les fouilles, comme on a pu le voir sur le plan scÊnographique de la ville datant de 1550 et sur quelques images de 1850. Ces ruines font depuis bien longtemps dÊjà partie de l’imaginaire collectif. Valeurs esthÊtique, de mÊmoire, d’ambiance et d’usage sont ainsi devenues essentielles pour nous. En outre, cela nous a amenÊ à chercher une reconstitution à Êchelle globale de ce passÊ et de cette mÊmoire gallo-romaine, pour laquelle le PXVpH QœHVW SDV VXI¿VDQW /H SODWHDX SRVVqGH ELHQ d’autres vestiges dispersÊs autour du site, qu’il FRQYLHQW DORUV GœLQWpJUHU GDQV OD UpÀH[LRQ VXU OD ]RQH GœLQÀXHQFH GX SURMHW OHV UHVWHV GH OœDTXHGXF du Gier rue Roger-Radisson, les thermes derrière un immeuble de la rue des Farges, la citerne dans la Grotte BÊrelle, et la fontaine du Taurobole à Saint-Just.
ElÊments gallo-romains du plateau de Fourvière, inscrits dans la mÊmoire collective depuis longtemps : vestiges des thermes (en haut), de l’aqueduc (au centre, datÊ de 1850), de la grotte BÊrelle (en bas).
CONTEXTE & ENJEUX
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DIMENSION SOCIALE ET USAGES UN SITE EN MARGE MalgrÊ les efforts qui ont ÊtÊ rÊalisÊs pour rendre le parc antique de Fourvière attractif, il est encore loin d’être un lieu de vie important pour le quartier. Sur le plan touristique, les vestiges gallo-romains n’attirent que très peu de monde comparÊ à la basilique de Fourvière, qui ne se trouve que 400 mètres plus loin. Heureusement, le site se situe sur le tracÊ de plusieurs parcours touristiques de la ville de Lyon. La marginalitÊ du site peut s’expliquer, en partie, par un manque de visibilitÊ et de mise en valeur GHV DFFqV /HV GHX[ SULQFLSDX[ QH SUR¿WHQW SDV des meilleurs traitements : en plus de se trouver à côtÊ de parkings, ce sont à chaque fois des accès Êtroits, peu attrayants, et surtout sans signalÊtique H[SOLFLWH ,O HQ HVW GH PrPH SRXU OœHQWUpH GX musÊe, quasi-invisible et en bas d’un escalier qui donne surtout à voir le parc archÊologique. Ainsi, malgrÊ une situation à la croisÊe de plusieurs chemins à travers le quartier et parfaitement accessible, que ce soit en mode doux (à pied, vÊlo, bus, mÊtro) ou en voiture, on constate que le parc antique se trouve rÊellement en marge. 3DUDGR[DOHPHQW VœLO QœDWWLUH SDV EHDXFRXS OHV YLVLWHXUV pWUDQJHUV OHV ORFDX[ OœLQYHVWLVVHQW avec plaisir quotidiennement. PIQUE-NIQUE HISTORIQUES
SUR
DES
MONUMENTS
Rares sont les monuments historiques que l’on ne protège pas au point de condamner tout usage. Les ruines antiques de Lyon ont cette qualitÊ singulière d’être laissÊes libres au public. Ceci participe forcÊment à leur reconnaissance par la population. Parmi les touristes qui viennent seulement en visite, on peut ainsi observer de jeunes gens s’amuser au milieu des ruines ou se reposer entre les cours, des moins jeunes venir prendre leur dÊjeuner au calme, faire un peu de course à pied, ou passer un moment en amoureux. La pratique quotidienne, banale, a presque dÊpassÊ la valeur historique que reprÊsente ce patrimoine.
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Les ruines sont rÊgulièrement investies par des visiteurs
Et c’est un ÊlÊment important que nous avons voulu exploiter. Pour la rÊnovation de l’Antiquaille, le projet avait mis en avant l’envie de rendre cet ensemble historique à la population. Mais le caractère haut de gamme et très privatisÊ du programme qui a investi les lieux a clairement limitÊ cette ouverture. C’est cet Êcueil que nous tenterons d’Êviter pour les thÊâtres antiques. En prÊservant les qualitÊs de calme et de sÊrÊnitÊ caractÊristiques de l’ambiance actuelle, on pourrait ajouter une activitÊ permanente, qui participerait à faire du site un lieu de vie dynamique dans le quartier. N’oublions pas non plus la dimension Êvènementielle qu’assure chaque ÊtÊ le festival GHV 1XLWV GH )RXUYLqUH ,O FRQVWLWXH XQH RFFDVLRQ unique pour les thÊâtres de retrouver leur fonction d’origine. Et bien que l’on puisse condamner certains aspects gênants et nuisibles pour le voisinage, adopter de façon plus rÊgulière un usage historique de spectacle semble être une perspective prometteuse. (Q VRPPHV LO IDXW DJLU HQ SURIRQGHXU D¿Q GH montrer que tout ce patrimoine n’est pas là uniquement pour être contemplÊ, mais qu’il est capable d’accueillir des fonctions utiles à la population.
CONTEXTE & ENJEUX
MORPHOLOGIE URBAINE STRATIFICATION ET HÉTÉROGÉNÉITÉ : À LA RECHERCHE D’UNE IDENTITÉ Au fur et à mesure de l’accumulation des couches historiques du plateau, c’est tout le visage de OœHQYLURQQHPHQW XUEDLQ TXL VœHVW FRPSOH[L¿p L’analyse attentive de cartes historiques ont permis d’esquisser une Êvolution plausible de cette urbanitÊ depuis l’Êpoque de Lugdunum. On peut retenir certaines constantes ou certains grands changements. Par exemple, nous n’avons rien gardÊ de l’urbanisation romaine, exceptÊ quelques axes fondateurs (le decumanus et une parallèle au cardo originel) et un point encore de nos jours majeur, à savoir l’implantation de la basilique de Fourvière, qui se serait faite sur l’ancien forum de Lugdunum.
typiques (domaines agricoles, domaines religieux, immeubles Renaissance, tissu de IDXERXUJ HW JUDQGHV EDUUHV PRGHUQHV ÀHXULVVHQW LQGpSHQGDPPHQW GHV PRQXPHQWV GHV pGL¿FHV publics et un ensemble hospitalier. Aucune hiÊrarchisation dans la trame viaire, aucun bâtiment repère, aucun style architectural dominant, ni aucune structure particulièrement forte n’ont survÊcu à la FRPSOH[LWp WRSRJUDSKLTXH HW j OD VXFFHVVLRQ des Êtapes d’urbanisation à Êchelle restreinte. Le parc antique n’est qu’une zone parmi les autres qui se situe à un carrefour, et qui en subit ainsi la cacophonie alentour. Aucune identitÊ VSpFL¿TXH DX TXDUWLHU QH VHPEOH DYRLU SX naÎtre.
Perdus au milieu de multiples schĂŠmas urbains
Datation du bâti autour du site de projet CONTEXTE & ENJEUX
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EXPLOITER LA TOPOGRAPHIE S’il y a une constante réellement structurante de l’urbanisme du quartier, c’est sans conteste la topographie. Sur les balmes de Fourvière il a WRXMRXUV IDOOX V¶DGDSWHU FRPPH SRXU OD &URL[ Rousse, dont l’urbanisation s’est en revanche faite de façon plus tardive et plus homogène. Les domus gallo-romaines étaient déjà structurées selon les courbes de niveaux, découpées par WHUUDVVHPHQWV /HV WKpkWUHV RQW PrPH SUR¿Wp GX SUR¿O HVFDUSp GX VLWH SRXU rWUH FRQVWUXLWV Cet aspect saute également aux yeux lorsque O¶RQ REVHUYH OH ÀRULOqJH GH PXUV GH VRXWqQHPHQW qui longent les routes et marquent les limites parcellaires. Les systèmes constructifs sont étagés dans le sens de la pente, ce qui donne d’ailleurs de nombreux et très beaux points de vue, comme ceux que l’on trouve tout le long du parcours du Parc des Hauteurs. Cette topographie complexe maintient de plus, une faible densité, à cause des nombreux versants inconstructibles, ce qui rend le quartier très ouvert, très aéré. Ce rapport à la pente s’est perdu durant la seconde moitié du XXème siècle, avec les grands ensembles, dont l’échelle dépasse de loin celle du dénivellé, non exploité. Le site antique n’est qu’une réduction de ce qui se passe à grande échelle sur toute la colline. C’est le dénivellé qui limite les vides, guide les chemins et offre les points de vue. C’est aussi OXL TXL UHQG GLI¿FLOH O¶REWHQWLRQ G¶XQ VFKpPD d’ensemble cohérent. Les relations entre les différentes parties du parc sont imposées, et
F¶HVW FH TXL SURYRTXH OD FRQ¿JXUDWLRQ SOXULHOOH G¶DXMRXUG¶KXL A nous de savoir en faire bon usage, comme a su le faire Bernard Zehrfuss avec son musée. PATRIMOINE ET RENOUVELLEMENT URBAIN /HV QRPEUHX[ pGL¿FHV SDWULPRQLDX[ TXL entourent le site auraient pu laisser craindre une PXVpL¿FDWLRQ GX TXDUWLHU /HV UpFHQWV SURMHWV GH la ville et l’étude du zonage du PLU ont montré qu’il n’en est rien. La réhabilitation de l’ensemble de l’Antiquaille HQ HVW XQ SDUIDLW H[HPSOH ,O D EpQp¿FLp j OD IRLV d’une refonte programmatique (on est passé d’un hôpital désuet à de l’hôtellerie de luxe, des bureaux et des logements) mais également d’importants remaniements formels, toujours dans un respect total de l’existant. Si le dynamisme de la vie de quartier n’est pas vraiment au rendez-vous pour l’instant, notamment à cause du manque cruel de commerces de proximité, on attend encore de voir la deuxième phase, située un niveau plus bas. En tout cas dans la forme, la rénovation de l’Antiquaille est exemplaire, et ce malgré les restrictions d’une zone de protection patrimoniale URP. Ce n’est pas le seul projet concret dans le quartier, puisque de nouveaux bâtiments contemporains devraient émerger dans les prochaines années, au milieu du tissu de bourg ancien (zone UC). Toutes ces opérations montrent que le quartier HVW HQ SOHLQH PXWDWLRQ HW TX¶XQ SURMHW DX QLYHDX du parc antique est parfaitement à propos.
Coupe sur la rue Cléberg et expression de la topographie
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CONTEXTE & ENJEUX
La topographie dicte la composition des vides du site
Projet de réhabilitation de l’ensemble de l’Antiquaille, Ateliers Thierry Roche CONTEXTE & ENJEUX
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UN PAYSAGE UNIQUE À REVITALISER UN PAYSAGE PALIMPSESTE Les couches historiques qui se sont empilÊes sur le site ne sont pas que construites. La dimension paysagère des lieux rÊsulte Êgalement d’une longue histoire. Plusieurs caractÊristiques paysagères sont LVVXHV GH OœpSRTXH DQWLTXH /D FRQ¿JXUDWLRQ gÊographique escarpÊe Êtait dÊjà dÊterminante pour l’installation des deux thÊâtres. En revanche, leurs murs de scène n’offraient pas la même ouverture aux vues sur Lyon qu’aujourd’hui. Seul le palais d’Agrippa / Temple de Cybèle, qui dominait les thÊâtres, devait dÊjà à l’Êpoque jouir d’un beau panorama. De plus, devant les thÊâtres se trouvaient de grandes esplanades entourÊes d’un portique, dont le vide devant l’odÊon est un lointain descendant. Avec l’Êvolution des fouilles, au dÊbut desquelles le jardin MagnÊval avait dÊjà la forme qu’il a aujourd’hui, puis la construction du musÊe (et de son parking), beaucoup de choses ont encore changÊ. L’oeuvre de Zehrfuss, dont l’insertion paysagère est la première qualitÊ, Êtablit un dialogue très intÊressant de cachÊ/montrÊ, oÚ l’Êmergence supÊrieure, qui surplombe une butte en terrasses envahie par une vÊgÊtation arbustive, sert à asseoir le paysage du site. Le sous-bois au sud-ouest du site est Êgalement apparu à cette Êpoque là . Les scènes de chaque thÊâtre ont ÊtÊ DPpQDJpHV HQ ERLV HW HQ¿Q GH OœKHUEH D SRXVVp entre les ruines. De la même manière que le quartier s’est constituÊ de façon hÊtÊrogène, le paysage du site accuse une certaine dissonance qui ne met pas forcÊment bien en valeur tout l’ensemble de ses traces historiques et patrimoniales, vecteurs de son identitÊ. UN PAYSAGE CACOPHONIQUE A cause de sa gÊographie particulièrement prononcÊe, on peut distinguer sur le site plusieurs espaces, avec chacun leurs propres ambiances. Par exemple, être dans l’amphithÊâtre ne relève pas des mêmes sensations que lorsque l’on se trouve dans l’odÊon, ou dans le sous-bois au-dessus. Le
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L’architecture de Zerhfuss joue avec le paysage
premier est marquÊ par une majestuositÊ due à son envergure et à sa minÊralitÊ omniprÊsente. Le deuxième est plus petit, et donc tout de suite plus intime. Pour autant, c’est le seul des deux TXL EpQp¿FLH GœXQH YXH IURQWDOH VXU OHV WRLWV GH OD ville de Lyon. Quant au troisième, son caractère arborÊ le dÊconnecte de son environnement. Sans ses quelques vues sur la ville, on pourrait croire à une vraie forêt de campagne. La pluralitÊ est marquÊe par des relations très complexes entre chacun des lieux. Et comme toute complexitÊ mal gÊrÊe, cela a conduit à un manque cruel de relations entre les espaces. Par exemple entre les deux thÊâtres, plusieurs chemins se croisent indiffÊrement selon des directions divergentes et des matÊriaux de sol diffÊrents. Si bien que l’espace d’entre-deux apparait plus comme une coupure confuse que comme un axe XQL¿FDWHXU Cela vaut de même pour les nombreuses espèces vÊgÊtales prÊsentes. Une approche par thÊmatique gÊnÊrale et variations permettrait sÝrement de trouver un semblant d’harmonie à l’Êchelle du parc. Les diffÊrents niveaux topographiques empêchent Êgalement d’avoir une bonne vision d’ensemble. Par exemple, il n’existe que très peu de points de vue sur le site depuis lesquels on peut voir les deux thÊâtres ensemble. Bien entendu, sur le strict plan historique, cela n’est pas nÊcessaire, puisqu’à l’Êpoque de Lugdnunum les thÊâtres Êtaient fermÊs l’un à l’autre. Mais aujourd’hui,
CONTEXTE & ENJEUX
L’analyse minérale montre des traitements paysagers trop différenciés, d’où un manque d’harmonie à l’échelle du parc
sur les lieux, LO IDXW UpÀpFKLU j XQ QRXYHDX paysage d’ensemble et détaché d’une véracité historique, si cela permet d’aller dans le sens de ce que ce patrimoine peut devenir. UN PAYSAGE DE RUINES Puisque l’on est contraint par une topographie très présente et des éléments historiques immuables, il faut peut-être trouver la cohérence de ce site plutôt dans l’expression du passé au sein du paysage. Pour cela, nous pouvons nous arrêter un instant sur la notion de sublime, qui a marqué les peintures
paysagères et les aménagements pittoresques du ;,;ème, parce que cette notion est importante pour décrire ce que le paysage du site a à offrir. Le sublime place l’homme face à une force qui le dépasse, et qu’il ne peut que contempler. C’est ce qui est capable « d’étonner l’âme » selon Diderot. /H SD\VDJH FRPSOH[H GX SDUF DQWLTXH de Fourvière est une situation contemporaine qui place l’homme face à un passé, à une histoire subissant les affres du temps malgré lui. Cette histoire s’exprime autant à travers les ruines antiques émergeant de terre qu’avec les vues imprenables sur la ville de Lyon et ses continuelles transformations.
Certaines zones du site sont particulièrement confuses dans leur matérialité (à gauche les ruines en-dessous du parking, à droite la séparation entre les deux théâtres) CONTEXTE & ENJEUX
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«Les idées que les ruines réveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Il n’y a que le monde qui reste. Il n’y a que le temps qui dure.» D. DIDEROT, Salon de 1767
Le musée a beau être là pour expliquer les origines de ces ruines, il plane au-dessus d’elles tout un nuage d’incertitutdes, qui ne peuvent au bout d’un moment que titiller l’imagination. Ce ne sont, rappelons-le, que des reconstitutions d’un état supposé. Des reconstitutions incomplètes, des fragments, des traces. Pourquoi ne pas assumer ce PDQTXH " Dans cette perspective, le coeur paysager du site pourrait laisser clairement apparaitre ces traces sublimes. Une vue satellite du site nous a permis de lire ce contraste entre végétal et minéral déjà présent, mais pas appréhendable directement. C’est peut-être grâce à une radicalisation de la composante végétale du paysage que O¶RQ SRXUUD FHUQHU DX PLHX[ VD FRPSRVDQWH historique. Expressions de la ruine : La Grande Galerie du Louvres en ruines (Hubert Robert, 1796), et entrée d’une canalisation romaine sur le site de projet.
Schématisation d’une vue satellite du site de projet : la végétalisation du site permet de lire les traces du passé en négatif
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CONTEXTE & ENJEUX
LES ENJEUX DU MUSÉE DE ZEHRFUSS UNE ŒUVRE ARCHITECTURALE MAJEURE Le musÊe de la civilisation gallo-romaine de Fourvière a ÊtÊ construit de 1972 à 1975, sous le mandat du maire Louis Pradel, et grâce l’impulsion d’Amable Audin, historien lyonnais passionnÊ de Lugdunum. Le bâtiment est l’œuvre d’un architecte français moderne reconnu à l’Êpoque : Bernard Zehrfuss. Admirateur des travaux de Perret et du Corbusier, Zehrfuss s’applique, durant la pÊriode des Trentes *ORULHXVHVª j PDJQL¿HU OHV SUpFHSWHV PRGHUQLVWHV de ses aÎnÊs dans des rÊalisations diverses à travers le France. Les exploits techniques caractÊristiques GX &1,7 GHV HQVHPEOHV GH ORJHPHQWV HW GX PXVpH de Lyon ont permis à Zehrfuss d’être reconnu comme l’un des plus talentueux architectes du bÊton, aussi appellÊe  la pierre pauvre , matÊriau qui a une place toute particulière au-dessus des ruines antiques de Fourvière. Depuis l’extÊrieur, le musÊe est très discret. On ne voit de lui qu’une Êmergence en bÊton de taille modeste. L’entrÊe depuis la rue se situe en bas d’un bel escalier, sous le porte-à -faux de la terrasse. CôtÊ parc archÊologique, la longue façade grise assoit le paysage, qui est marquÊ sous le musÊe par une vÊgÊtation luxuriante et riche en couleurs, percÊe par deux  canons à lumière  donnant sur l’intÊrieur du musÊe. Le parti pris de Zehrfuss Êtait que les ruines et leur environnement soient OHV SUHPLHUV JDUDQWV GH OD TXDOLWp GX VLWH ,O D DLQVL complÊtement enterrÊ la collection du musÊe. A l’intÊrieur, l’architecture se veut être la
SDUIDLWH H[SUHVVLRQ GH OœDOOpJRULH GH OD FDYHUQH de Platon. L’accueil, au premier niveau, dessert l’auditorium et l’administration, ainsi que l’incroyable escalier de bÊton qui descend tout droit dans les entrailles du musÊe, oÚ se fait la visite. Les espaces d’expositions thÊmatiques se succèdent le long d’une rampe hÊlicoïdale qui descend jusqu’au niveau -4, oÚ se situait à l’origine une sortie directe vers le parc antique, aujourd’hui condamnÊe. On a ainsi le choix entre un chemin direct à côtÊ de la visite, ou un parcours très libre entre les pièces exposÊes. L’Ênorme structure en bÊton armÊ brut de dÊcoffrage (coulÊe sur place ou prÊfabriquÊe) rythme le parcours, qui ondule sous la colline comme dans une vraie caverne. La  pierre pauvre  prend part à la même histoire que la pierre dorÊe de la faste Lugdunum. Quelques rares ouvertures ponctuent ce cheminement du savoir, parmi lesquelles les deux canons de lumière qui PDJQL¿HQW OD YXH VXU OHV WKpkWUHV DQWLTXHV Zehrfuss avait ÊnormÊment misÊ sur le rapport de l’architecture aux œuvres exposÊes. Comme à l’extÊrieur, il dÊsirait que celle-ci s’efface le plus possible. Ainsi, le bÊton s’exprime dans son plus simple appareil et laisse la place à la blancheur dorÊe du calcaire gallo-romain. Plusieurs amÊnagements, comme des trÊmies dans le sol, les hauteurs de certains plateaux ont ÊtÊ pensÊs pour mettre en scène la dÊcouverte des pièces majeures de l’exposition, complÊtement sacralisÊes. Certains n’hÊsitent d’ailleurs pas à parler du Castelvecchio lyonnais. Rien n’est laissÊ au hasard. Vitrines, socles et cimaises sont adaptÊes à la condition de chacune des pièces et au parcours de tous les visiteurs. Tout cela contribue à faire de ce bâtiment l’un des plus beaux exemples de l’architecture PRGHUQH IUDQoDLVH GœR XQH YDOHXU SDWULPRQLDOH SOXV RI¿FLHXVH TXœRI¿FLHOOH PDLV TXL UHVWH ELHQ prÊsente dans les esprits. Le musÊe est aussi un ÊlÊment qui participe à la mise en valeur du passÊ gallo-romain de Lyon. Zehrfuss a donnÊ au site des directions dans la continuitÊ desquelles nous dÊsirons nous inscrire.
Le CNIT en chantier, de Bernard Zehrfuss. CONTEXTE & ENJEUX
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Croquis de Zehrfuss : un musée enterré, un volume émergent au sommet du paysage
Croquis de Zehrfuss : une caverne dans laquelle on chemine jusqu’au savoir
Détails sur l’escalier de l’accueil
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4XHOTXHV RHXYUHV EpQp¿FLHQW G¶XQH SODFH SDUWLFXOLqUH GDQV l’architecture même
CONTEXTE & ENJEUX
UN CRUEL BESOIN DE RENOUVELLEMENT Malgré toutes ses qualités, le musée gallo-romain est très loin d’être exempt de défauts, et le bâtiment nécessite aujourd’hui une rénovation importante. Tout d’abord, la discrétion du bâtiment est autant essentielle qu’elle est un problème. En effet, on a énormément de mal à trouver le musée, qui passe pour un simple logement depuis la rue Cléberg. Cela est autant préjudiciable pour le musée que pour le parc archéologique. Les deux méritent donc une intervention visible et qui interpelle. La terrasse supérieure, qui offre une vue exceptionnelle à la fois sur les ruines, le quartier et les toits de l’agglomération, souffre également de cette discrétion volontaire. Bien qu’accessible, elle est actuellement bien souvent délaissée. Plus que l’intégration au site, c’est la scénographie GH OD FROOHFWLRQ SHUPDQHQWH TXL SRVH SUREOqPH ,O faut bien comprendre qu’elle n’a pas bougé depuis 40 ans ! Dépassé face aux nouveaux besoins de la société et aux nouvelles façons de transmettre le savoir, le musée gallo-romain cherche à évoluer pour attirer de nouveaux visiteurs. D’une part, c’est dans la légitimité même de la collection qu’une question se pose : doit-on tout montrer ? Depuis l’origine, la collection O\RQQDLVH VXELW VD SURSUH VSpFL¿FLWp ,O HVW WUqV GLI¿FLOH GH IDLUH HQ VRUWH TXH OHV JHQV V¶LQWpUHVVHQW à l’épigraphie, qui implique de parcourir près de 4000m² de pierres gravées en latin... Avec des évènements récents, tel que le Muséomix, qui ont réussi à utiliser de façon originale le numérique et d’autres moyens modernes pour faire revivre la collection permanente, l’administration du musée s’est engagée dans une revalorisation dynamique de sa collection. Elle en est venue à considérer une approche plus qualitative que quantitative : montrer moins mais montrer mieux.
«Le musée impose une mise en question de chacune des expressions du monde qu’il réunit, une interrogation sur ce qui les réunit. Au plaisir des yeux, la succession, l’apparente contradiction des écoles ont ajouté la conscience d’une quête héroïque, d’une récréation de l’univers en face de la Création.» A. MALRAUX, 1947, Le Musée Imaginaire
Moins d’œuvres présentées n’est pas synonyme de collection moins riche. André Malraux, lorsqu’il défendait l’idée d’un « musée imaginaire », disait que c’était au niveau du contexte propice à la confrontation entre les œuvres que se jouait toute la qualité d’un musée. Avant l’invention de la photographie, les oeuvres d’arts ne pouvaient être confrontées entre elles que dans notre esprit et nos souvenirs. Les nouveaux instruments numériques, qu’il ne tient qu’à l’architecture d’intégrer, sont une des réponses possibles au musée imaginaire CONTEXTE & ENJEUX
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de Malraux. Le musÊe de Fourvière pourrait s’inscrire en partie dans cette tendance. D’autre part, c’est au niveau du rapport entre architecture et scÊnographie que se joue l’avenir de la collection permanente. Les prÊceptes de Zehrfuss lui ont plus ou moins ÊchappÊ, au fur et à mesure des nouvelles exigences de monstration et de conditions de visite. D’une, on ne ressent plus qu’une sÊparation claire et nette entre les ÊlÊments de musÊographie et l’architecture, dont le succès participe aussi à la frÊquentation du musÊe. Outre deux-trois Êvènements scÊnographiques qui fonctionnent encore (les canons de lumière ouverts sur les thÊâtres et les trÊmies donnant sur OHV PRVDwTXHV LO HVW GLI¿FLOH GœDI¿UPHU TXH VRQW intÊgrÊs à l’architecture les cimaises blanches, les vitrines brillantes et les socles, tous très souvent posÊs indÊpendamment de la structure de l’espace dans lequel ils se trouvent. De plus, la lumière diffuse issue des innombables projecteurs place au même niveau jaune-orangÊ l’architecture de bÊton et les oeuvres prÊsentÊes. La place de contenant TXH OœDUFKLWHFWH DYDLW GRQQp j VRQ pGL¿FH D ainsi ÊtÊ en partie oubliÊe, faisant perdre le caractère si particulier de l’ambiance initiale.
Architecture / scĂŠnographie : des espaces confus, une ambiance perdue
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Mais le pire reste sans doute le traitement de la rampe. ElÊment majeur dans la composition de Zehrfuss, elle a Êtrangement ÊtÊ rejetÊe de côtÊ, subissant la hauteur des cimaises qui sÊpare trop souvent les espaces d’exposition de cet espace de circulation principal. On en vient à dÊriver au milieu des innombrables pièces antiques sans SOXV VDYRLU R OœRQ VH WURXYH GDQV OœH[SRVLWLRQ ,O manque à la libertÊ laissÊe aux gens un ÊlÊment guide, pour la pleine maÎtrise de leur visite. Pour rÊsumer, la scÊnographie hÊritÊe semble manquer de hiÊrarchie, que ce soit entre l’architecture et les oeuvres ou entre les oeuvres elles-mêmes. On parcourt le musÊe en perdant rapidement ses repères et donc son attention. La valeur d’usage de ce patrimoine moderne souffre DX ¿QDO GœXQ PDQTXH GH ÀH[LELOLWp TXL D ¿Jp l’exposition. Il faudrait adapter cette dernière DX[ DWWHQWHV GHV YLVLWHXUV GH WRXV KRUL]RQV WRXW en maintenant en vie les qualitÊs premières de l’architecture de Bernard Zehrfuss.
Dichotomie rampe / espaces d’exposition
CONTEXTE & ENJEUX
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2 PROGRAMME
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UN SITE À VALORISER
Panorama du site archÊologique depuis les ruines du palais d’Agrippa
DYNAMISER ET RECONNECTER LE SITE Le site gallo-romain de Fourvière est actuellement en marge du dynamisme de la ville de Lyon. EloignÊ de la Presqu’Île, il est peu frÊquentÊ par les touristes ou les habitants de l’agglomÊration. De plus, le musÊe, inaugurÊ en 1975 n’a jamais renouvelÊ son exposition permanente et a donc perdu de son attractivitÊ auprès des Lyonnais. Le site archÊologique possède cependant un IRUW SRWHQWLHO OH SURMHW YLVH GRQF j UHG\QDPLVHU le site et à le reconnecter pour en faire un lieu d’Êmulsion culturelle et sociale.
VALORISER SON ASPECT PITTORESQUE ET PAYSAGER Les ruines gallo-romaines sont situÊes dans un site exceptionnel de par sa topographie et sa vÊgÊtation. ,PSODQWp DX F°XU GX 3DUF GHV +DXWHXUV TXL IDLW OH tour de la colline de Fourvière, il pourrait donc être une Êtape majeure de la promenade. Le site gallo-romain de Fourvière ne serait donc pas seulement un parc archÊologique mais pourrait aussi offrir un vÊritable parc urbain au quartier et à la ville.
Le parc des hauteurs est une promenade panoramique sur les limites du plateau, qui passe par le site archĂŠologique.
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PROGRAMME
EXTENSION RÉNOVATION RESERVES
PARC ARCHÉOLOGIQUE
Musée
Parc archéologique
VALORISER LE SITE FAIRE ÉVOLUER LE SITE
Spect acle
CAFÉ-CONCERT LOCAUX DES NUITS DE FOURVIÈRE
Recherche
ARCHÉOLAB
DE LA VALORISATION A L’ÉVOLUTION /H SURJUDPPH D GHX[ YLVpHV SULQFLSDOHV valoriser le site et le faire évoluer. Dans un premier temps cela consiste à répondre DX[ SUREOpPDWLTXHV OLpHV j O¶H[LVWDQW ,O V¶DJLW SDU exemple d’accompagner les volontés du musée gallo-romain qui sont de construire une extension pour une exposition temporaire, de multiplier sa surface de réserves et de refondre son exposition SHUPDQHQWH 2Q LGHQWL¿H DXVVL GHV SDWULPRLQHV RX des usages à mettre en avant, comme le caractère de parc urbain du site des théâtres antiques. Une intervention architecturale dans un site patrimonial comme celui-ci se doit également de répondre à des problématiques d’avenir et GH GpYHORSSHPHQW GH OD YLOOH ,O V¶DJLW GRQF GH IDLUH pYROXHU XQ VLWH ¿Jp GHSXLV SRXU OH placer à nouveau dans une dynamique positive et étroitement liée au reste de la ville de Lyon. Un espace de recherche s’installera sur le site, et une nouvelle dynamique culturelle sera mise en place via l’installation d’un café-spectacle. PROGRAMME
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LE MUSÉE DE LA CIVILISATION GALLO-ROMAINE Alors que le musÊe des Beaux-Arts de Lyon accueillait en 2013 plus de 331 000 visiteurs, le musÊe gallo-romain de Fourvière en recevait seulement 76 000, derrière son voisin de SaintRomain-en-Gal avec 82 000 visiteurs. En dÊcembre GHYUDLW RXYULU OH PXVpH GHV &RQÀXHQFHV avec 500 000 visiteurs attendus par an. Face à ce musÊe au rayonnement national voire international comment le musÊe gallo-romain de Fourvière pourra-t-il rester un pôle attractif de tourisme et GH FXOWXUH " &RPPHQW DSSRUWHU DX PXVpH XQH QRXYHOOH YLH j OœqUH GX ;;,qPH VLqFOH " 4XHOOHV sont les activitÊs complÊmentaires pouvant nourrir OD SURJUDPPDWLRQ GœXQ WHO PXVpH " /D TXHVWLRQ VH pose aussi bien au niveau de la collection actuelle : FRPPHQW PLHX[ FRPPXQLTXHU " &RPPHQW PLHX[ H[SRVHU OD FROOHFWLRQ GX PXVpH " Le premier choix a ÊtÊ celui de dissocier deux temporalitÊs dans le musÊe : les expositions temporaires et les expositions permanentes. L’EXTENSION TEMPORAIRE
POUR
L’EXPOSITION
/HV H[SRVLWLRQV WHPSRUDLUHV SUR¿WHURQW GœXQ nouvel espace qui leur sera dÊdiÊ. Elles seront prÊparÊes avec les fonds du musÊe et les prêts d’autres institutions lyonnaises, rÊgionales ou nationales. /H EXW GH OœH[SRVLWLRQ WHPSRUDLUH est de nourrir l’intÊrêt du public pour ce musÊe en le faisant Êvoluer continuellement, en approfondissant rÊgulièrement des thèmes diffÊrents, selon des musÊographies variÊes. Cette extension vise à ouvrir l’ensemble du musÊe sur la ville. En effet, le musÊe de Bernard Zehrfuss souffre aujourd’hui d’un manque total de communication avec l’extÊrieur. Demain, on aura à la fois une exposition permanente enfouie dans la topographie et une exposition temporaire reliÊe à la ville et au parc pour mieux interagir avec ses habitants. LA REFONTE DE LA MUSEOGRAPHIE DES COLLECTIONS PERMANENTES Pour rÊpondre aux attentes de la direction du musÊe gallo-romain mais aussi pour satisfaire les nouveaux visiteurs du musÊe, la scÊnographie et
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le programme musÊographique seront revus. En effet aujourd’hui, les collections souffrent d’une rigiditÊ dues à une scÊnographie lourde et vieille de 40 ans, qui ne met plus en valeur les œuvres comme Bernard Zerphuss l’aurait souhaitÊ. De plus, le musÊe doit s’Êmanciper de son image Êlitiste et devenir un lieu adaptÊ aussi bien au public de connaisseurs qu’au jeune public, personnes âgÊes et autres non initiÊs à l’histoire gallo-romaine. La diversitÊ des visiteurs du musÊe impose DORUV XQH UpÀH[LRQ VXU OD IDoRQ GH WUDQVPHWWUH l’histoire, le contenu et le sens des œuvres. Dans cette optique, la scÊnographie devient donc un point essentiel de la rÊnovation du musÊee. Pour cela, le musÊe connaÎtra une cure de MRXYHQFH OXL SHUPHWWDQW GH UHQRXHU DYHF OH ;;,ème siècle et ses nouveaux outils technologiques. Les PDTXHWWHV SRXUUDLHQW SUR¿WHU GH OD SURMHFWLRQ SRXU devenir des objets interactifs. Les projections permettraiennt d’illustrer certaines œuvres du musÊe en proposant des reconstitutions numÊriques, des vidÊos et des animations. Des cartels numÊriques prÊsenteront les œuvres avec diffÊrents contenus. L’idÊe est de s’intÊgrer dans l’ère des nouveaux musÊes qui font la part belle au numÊrique, en Êvitant de tomber dans l’excès. A ce niveau le MuCEM est une rÊussite : il sait allier œuvres et technologie sans que cette dernière n’aliène les premières. Une œuvre s’apprÊcie DXVVL SDU XQH PLVH HQ VFqQH VLPSOH HW HI¿FDFH sans avoir besoin que le musÊe ne devienne boÎte à technologie. Cette place faite au numÊrique poursuit le travail rÊalisÊ pendant le MusÊomix de 2013. Chaque annÊe le MusÊoLab (centre de recherche sur les technologies adaptÊes à la musÊographie) de la rÊgion, rÊalise un workshop dans un ou plusieurs musÊes pour remixer les collections grâces aux outils numÊriques. Ainsi dans le musÊe, les  musÊomixeurs  ayant participÊ au workshop avaient proposÊs des maquettes interactives, des projections vidÊos sur lapidaires, des courses de chars... Ayant compris l’intÊrêt de ces interventions, mais aussi ses limites, le MusÊe avait demandÊ au MusÊoLab de dÊvelopper certaines intervention comme la projection de discours ayant rapport avec les droits des peuples
PROGRAMME
« Scriptomix », animation sur les Tables Claudiennes
Maquette intéractive, MuséoMix 2012
Une des 16 barques découvertes à Saint-Georges, Lyon, dont 4 d’époque gallo-romaine PROGRAMME
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sur les Tables Claudiennes, des animations sur le lapidaires pour traduire les inscriptions... Sur le plan spatial, l’intervention visera à rendre plus lisible et homogène l’espace architectural pour obtenir autre chose que plusieurs salles thèmatiques deconnectÊes. En parallèle, certaines œuvres seront sorties du musÊe et conservÊes dans les rÊserves. Le musÊe est aujourd’hui trop encombrÊ et vise à rÊduire le nombre d’oeuvres exposÊes, comme l’a fait son voisin et partenaire de Saint-Romain-en-Gal. Elles seront ainsi plus adaptÊes aux diffÊrentes thÊmatiques du musÊe proposÊe par la direction. Si certaines œuvres migrent dans les rÊserves, d’autres rÊcemment dÊcouvertes pourront rejoindre la collection permanente, telles que les barques retrouvÊes dans des fouilles du quartier Saint-Georges. UNE NOUVELLE PROGRAMMATION $¿Q GH SURSRVHU XQH QRXYHOOH G\QDPLTXH DX PXVpH GpMj DVVXUpH SDU OH UHGp¿QLWLRQ GX programme des expositions permanentes, le programme hors collections sera ÊtoffÊ, notamment grâce à l’extension. En effet, aujourd’hui dÊjà le musÊe propose une offre de visite et d’animation intÊressante pour les enfants, les scolaires reprÊsentant la majeure partie des visiteurs du musÊe. Aujourd’hui, les visites scolaires permettent d’apprÊhender rapidement et succinctement la vie romaine et cherchent à donner l’envie aux enfants de revenir avec les parents pour approfondir. Des dossiers pÊdagogiques sont d’ailleurs dÊjà disponibles pour OHV FODVVHV D¿Q GH SUpSDUHU RX FRQWLQXHU OD YLVLWH du site et du musÊe à l’Êcole. Dans la continuitÊ de ces dÊmarches, des ateliers pourraient être mis en place pour approfondir la connaissance d’un sujet parallèle aux collections du musÊe, comme l’Êpigraphie. Les parcours de visite pourront Êgalement être Êtendus hors des murs, et mieux intÊgrer le parc, mais aussi les futures rÊserves, espaces de recherches, et surtout les autres vestiges du quartier (thermes de la rue des Farges, aqueducs, etc). Le site archÊologique deviendrait un immense musÊe à ciel ouvert, en plein cœur de la ville.
nocturnes, dÊdiÊes à des confÊrences thÊmatiques prÊcises et souvent originales, animÊes par des mÊdiateurs du musÊe, des chercheurs et autres spÊcialistes de chaque thÊmatique. Ces Êvènements dÊjà mis en place dans les musÊes du Louvre de Paris et Lens, ont rencontrÊ un franc succès. LES RESERVES DU MUSÉE Le musÊe gallo-romain souffre actuellement d’un grand manque de place face à son importante collection. Les œuvres ne pouvant pas toutes être exposÊes au grand public, les rÊserves du musÊe nÊcessitent une grande surface de stockage D¿Q GœHQWUHSRVHU OH UHVWH GH OD FROOHFWLRQ 'H nombreuses œuvres sont ainsi stockÊes aujourd’hui à l’extÊrieur du site archÊologique. Dans l’idÊal, il faudrait une surface de rÊserves de 6000 m² de plein-pied environ, selon l’estimation de l’Êquipe du musÊe. De plus, le musÊe expose actuellement un nombre trop important de pièces et souhaiterait s’accorder à la politique du  moins exposer, PLHX[ H[SRVHU ª D¿Q GH YDORULVHU FHUWDLQHV SLqFHV aujourd’hui noyÊes dans la multitude d’objets qui jalonnent le parcours du visiteur. L’espace de rÊserves sera plus qu’un simple espace de stockage et se rapprochera des centres de conservation et de ressources FRQVWUXLWV FHV GHUQLqUHV DQQpHV ,O DOOLHUD j la conservation des œuvres, des systèmes de protection adaptÊes à certaines œuvres, mais aussi des espace de valorisation (prise de vue, scanner), de travail (laboratoire d’analyse) et de restauration (traitement, nettoyage...). Les rÊserves font aujourd’hui partie intÊgrante du musÊe et de son ouverture au public. /H FKRL[ VHUD donc fait de pouvoir ouvrir les rÊserves, que ce soit visuellement pour le passant (mise en valeur des œuvres depuis l’extÊrieur) ou physiquement avec des visites par petits groupes . Les rÊserves seraient comme une vÊritable partie du musÊe et permettraient au public de comprendre le processus de conservation, de dÊcouvrir le fond des collections, le travail des chercheurs, restaurateurs et des employÊs de l’ombre qui favorisent la conservations des œuvres.
La tranche d’âge 18-30 ans est une autre cible à privilÊgier. Certains musÊe proposent des
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PROGRAMME
L’ARCHÉOLAB, UN ESPACE DE RECHERCHE INÉDIT LE MUSÉE PLURIDISCIPLINAIRE 2Q SHXW FODVVL¿HU OHV PXVpHV GX SDWULPRLQH de notre Êpoque en trois grands types, comme l’explique Marc Terrisse dans sa thèse sur les musÊes de sites archÊologiques 1. /H SUHPLHU W\SH HVW FHOXL GHV PXVpHV GX ;,;qPH siècle, avec une musÊographie traditionnelle, peu accessible au public et rÊservÊ à une Êlite intellectuelle conquise d’avance par ce qu’elle va observer. Le deuxième type regroupe les musÊes et centres du patrimoine pensÊs comme de vÊritables parc d’attractions. A l’opposÊ des prÊcÊdents, ils sont dÊdiÊs au tourisme et au loisir, et leur visÊe Êducative et didactique VH WURXYH PLQRUpH DX SUR¿W GX VSHFWDFOH HW GX divertissement proposÊ. Ces musÊes sont attractifs et rentables mais l’enseignement apportÊ est trop restreint. On pourrait citer comme exemple l’archÊodrome de Beaune, parc-musÊe ouvert en PDLV ¿QDOHPHQW IHUPp HQ SDU PDQTXH de frÊquentation. Le troisième type semble rÊussir à trouver un compromis entre les deux approches prÊcÊdentes. A mi-chemin entre le tourisme et la culture, elle conçoit le patrimoine comme un objet  identitaire et esthÊtique , pour lequel le tourisme est une chance de mieux enseigner et transmettre un message. Le musÊe n’est pas isolÊ mais fait partie d’un ensemble interdisciplinaire et culturel plus large, nÊcessaire à son intÊgration dans le territoire local. &HWWH FODVVL¿FDWLRQ LOOXVWUH ELHQ OHV QRXYHDX[ HQMHX[ GHV PXVpHV GX ;;,ème siècle. L’explosion du tourisme au cours du XXème siècle a entraÎnÊ une première Êvolution très importante dans ces institutions. Le musÊe se doit dÊsormais d’être didactique et accessible à tous les âges, toutes les cultures et nationalitÊs. De là proviennent les problÊmatiques fondamentales du musÊe : quels VDYRLUV WUDQVPHWWUH FRPPHQW " $ OœKHXUH R OD tÊlÊvision est la pratique culturelle prÊfÊrÊe des Français2, comment intÊresser le public avec GHV SLqFHV SDWULPRQLDOHV SDUIRLV ELHQ PXHWWHV " Comment rendre ludiques et interactives des H[SRVLWLRQV " 1 - TERRISSE Marc, 2011. Les musÊes de sites archÊologiques apprÊhendÊs en tant que vecteurs de dÊveloppement ORFDO j WUDYHUV WURLV pWXGHV GH FDV SUp¿JXUDQW OD PLVH HQ valeur opÊrationnelle du site de Chellah. Thèse de doctorat en histoire. UniversitÊ du Maine. p 76.
PROGRAMME
LE NUMÉRIQUE AU SERVICE DES MUSÉES D’HISTOIRE Ces diffÊrentes problÊmatiques, Êgalement au cœur de notre projet, avec l’extension du musÊe gallo-romain pour une exposition temporaire, nous ont beaucoup interpellÊs. Aujourd’hui, de plus en plus d’Êtudes sont rÊalisÊes sur les innovations technologiques au service de l’exposition. Nos recherches nous ont tout d’abord menÊes jusqu’aux MuseumLabs de Paris (Louvre) et de Tokyo qui s’intÊressent aux diffÊrentes façons de regarder et d’apprÊcier une œuvre d’art, nouvelles technologies à l’appui. A une Êchelle plus locale, nous avons dÊcouvert le MuseoLab. C’est un espace de maquettage et d’expÊrimentation autour du numÊrique et de la musÊographie, actuellement implantÊ au centre Erasme, dans les monts du Lyonnais, mais bientôt dÊplacÊ au sein du musÊe GHV &RQÀXHQFHV j /\RQ GDQV XQ YDVWH HVSDFH dÊdiÊ aux workshops, aux expÊrimentations et aux dÊmonstrations. Le MusÊoLab a aujourd’hui permis la rÊalisation de systèmes de communication et de musÊographie comme les tables MultiTouch (tables taciles interactives utilisables par plusieurs usagers), le PaperZoom (plan interactif qui permet de remonter le temps pour visionner des cartes anciennes)... De plus, d’après les chiffres 2013 du ministère de la Culture et de la Communication, on dÊnombrait en 2012, 1218 musÊes de France (au sens de la loi du 4 janvier 2002) et il existerait presque autant d’Êtablissements dirigÊs par des organismes privÊs. Or, environ 500 000 entitÊs archÊologiques sont recensÊes sur le territoire national. De plus, selon un sondage sur les pratiques culturelles des français en 2008, seuls 9% des français interrogÊs sont allÊs sur un site archÊologique, un chantier de fouilles au cours des 12 derniers mois. Ces donnÊes mettent en Êvidence, d’une part la richesse archÊologique prÊsente en France, et d’autre part, la faible frÊquentation des sites dÊdiÊs. &HFL SHXW rWUH G€ j OD GLI¿FXOWp GH PHWWUH HQ SODFH des moyens de transmission sur chaque site, que ce soit des musÊes, des centres d’interprÊtation, des ateliers pÊdagogiques ou même des parcours 2 - Ministère de la culture et de la communication, 2013. Chiffres clÊs, statistiques de la culture.
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explicatifs. Ces problématiques ne sont pas propres à la seule discipline de l’archéologie, mais concernent également les sites naturels, paléontologiques, géologiques, etc. Notre rencontre avec le directeur adjoint du centre (UDVPH D FRQ¿UPp FHV K\SRWKqVHV FI LQWHUYLHZ en annexes). Bien que travaillant davantage sur les nouvelles technologies au service de la muséographie, ils reçoivent énormément de sollicitations de la part de collectivités et d’organismes privés disposant d’un site d’intérêt culturel ou naturel et souhaitant l’exploiter pour l’ouvrir au public. Animation sur lapidaire, MuséoMix 2012
UN CENTRE DE RECHERCHE POUR LES NOUVEAUX OUTILS MUSÉOGRAPHIQUES De cette importante demande a découlé l’idée de créer une structure annexe au MuséoLab, nommée ArchéoLab et dédiée aux thématiques patrimoniales, archéologiques, géologiques, naturelles. Installé au sein du parc archéologique gallo-romain de Lyon, et en relation directe avec lui, l’ArchéoLab sera un centre de recherches HW G¶H[SpULPHQWDWLRQV QXPpULTXHV GHVWLQpHV j tous les centres d’interprétation possibles.
PaperZoom, en bas la carte actuelle de Lyon En haut, sur la feuille les plans anciens.
Fonctionnant en workshop, ce programme a pour but de mettre en relation différents intervenants autour d’un même sujet, d’une commande privée ou d’une collectivite. Au gré des recherches, ingénieurs, historiens, designers cotoieront artistes, informaticiens... L’ArchéoLab est une force de proposition et d’innovation autour de la question de l’archéologie. La structure qui accueillera ce centre de recherche inédit nécessitera une structure semblable à celle GX 0XVpR/DE j VDYRLU GHV YROXPHV ÀH[LEOHV SRXU des workshops, et des espaces de bureaux. Dans la volonté d’une image de marque du département du Rhône en terme d’innovation associée à la question contemporaine du patrimoine, un espace de showroom et de conférence permettra de communiquer les travaux de l’ArchéoLab.
Workshop MuseoMix 2012
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PROGRAMME
LE CAFÉ-SPECTACLE Et si les ThÊâtres Gallo-Romains renouaient avec OD FXOWXUH GX VSHFWDFOH TXL IXW OHXU UDLVRQ GœrWUH " UNE DIMENSION SUPPLÉMENTAIRE : ARTS DU VIVANT Dans l’optique d’offrir un lieu de vie culturel ouvert aux habitants, capable de dialoguer avec son quartier, un cafÊ-spectacle viendra s’installer j SUR[LPLWp LPPpGLDWH GX VLWH GH SURMHW ,O QœHVW pas un ÊlÊment de complÊment mais bien un espace clÊ du fonctionnement pluriel du site dans toutes ses composantes culturelles. L’idÊe est de faire du succès des Nuits de Fourvière un ÊlÊment de valorisation et de dynamisme du site. $¿Q GH FUpHU XQH LQWHUDFWLRQ DYHF Oœ$QWLTXDLOOH la Chaufferie aujourd’hui inutilisÊe est le volume idÊal pour rÊpondre aux attentes urbaine, architectural, d’usage et de programme.
d’artistes. De jeunes talents pourront s’y produire à moindre frais tout en Êtant parrainÊ par les Nuits de Fourvière. Fonctionnant comme un espace ouvert à tous, la salle de spectacle sera mixÊe avec un cafÊ. Ce dernier viendra en complÊment du restaurant du musÊe pour ainsi Êtoffer l’offre de restauration du quartier. La salle de spectacle SUR¿WHUD GX YROXPH LQWpULHXU GH OD FKDXIIHULH dont les dimensions se trouvent être parfaitement adaptÊes à la variÊtÊ de programmation envisagÊe. Le cafÊ-spectacle deviendrait, on l’espère, OœLPSXOVLRQ FXOWXUHOOH GX VLWH 3UR¿WDQW GH l’ouverture nocturne du parc antique de Fourvière, des spectacles d’ÊtÊ pourront se tenir dans l’odÊon ou le grand thÊâtre. L’idÊe est de faire cohabiter dans un même site patrimoine, culture musÊale et culture vivante.
RÉINTÉGRER LES NUITS DE FOURVIĂˆRE Les organisateurs des Nuits de Fourvière sont installĂŠs près du conservatoire de musique de Fourvière, dans des locaux ne correspondant plus au rayonnement du festival et Ă son image. La Chaufferie leur permettra de retrouver la proximitĂŠ des thÊâtres et une possible pĂŠrennisation de leur activitĂŠ. Ainsi les artistes, partenaires seront reçus dans de nouveaux locaux plus adaptĂŠs Ă l’image de marque du festival. Le but ĂŠtant de faire des Nuits de Fourvière non plus un acteur de l’ombre de la programmation culturelle du quartier mais bien l’incubateur d’une culture du spectacle, programme qui permit il y a plus de 2000 ans de YRLU OÂśpGLÂżFDWLRQ GHV WKpkWUHV JDOOR URPDLQV Actuellement, les Nuits de Fourvière ne fonctionnent que pendant le mois de juillet. Pendant cette pĂŠriode s’installe dans le jardin MagnĂŠval une structure temporaire nommĂŠ ÂŤ Village des Nuits de Fourvière Âť. On y retrouve des stands de mĂŠcĂŠnats d’entreprises. Souhaitant s’appuyer sur la force du mĂŠcĂŠnat d’entreprises pour lancer des jeunes artistes ou groupes musicaux, comĂŠdiens, humoristes... les Nuits de Fourvière pourront pĂŠrenniser ce système de mĂŠcĂŠnat en faisant de la Chaufferie un lieu de spectacle annuel fonctionnant comme une pĂŠpinière PROGRAMME
Le Village des Nuits de Fourvière Êdition 2012
Le volume intÊrieur de la Chaufferie (ici occupÊe lors de la Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2013) est idÊal pour une salle de spectacle
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LE PARC ANTIQUE Central par rapport à toutes les entitÊs urbaines d’intÊrêt pour ce projet, le parc antique de Fourvière nÊcessite une intervention ambitieuse pour devenir le liant nÊcessaire aux composantes du site. UNE DIVERSITÉ D’USAGES DÉJÀ PRÉSENTE Le parc antique de Fourvière est merveilleux, de par ses qualitÊs historiques et paysagères. Mais à l’inverse de nombreux autres site archÊologiques utilisÊs aujourd’hui uniquement pour ce qu’ils Êtaient à l’origine, comme les thÊâtres antiques d’Orange et de Vienne, Fourvière est devenu de IDoRQ VSRQWDQpH XQ OLHX WUqV RXYHUW DX[ XVDJHV publics les plus divers. C’est tout d’abord un parc très prisÊ des habitants du quartier, qui viennent chaque jour pique-niquer sur les ruines, chanter en amateurs sur l’une des deux scènes des thÊâtres, ou jouer dans les espaces verts. C’est ensuite un lieu instructif, en lien Êtroit avec le musÊe de la civilisation gallo-romaine, qui SUR¿WH GX PHLOOHXU H[HPSOH FRQFUHW SRVVLEOH SRXU montrer aux gens le passÊ glorieux de la ville. (Q¿Q FœHVW UHVWp un lieu de spectacle, investi chaque ÊtÊ par le festival des Nuits de Fourvières,
qui mÊlange habilement tous les arts du vivant possibles : musique, thÊâtre, cirque, cinÊma, etc. Nous avons donc dÊjà tous les ingrÊdients sur place. Malheureusement, chaque type d’usage prÊsente ses propres lacunes, dues à une mise en valeur inÊgale de ce site exceptionnel. VALORISER TOUTES SES PRATIQUES Ayant compris qu’ils ne nÊcessitaient pas plus, nous dÊsirons uniquement dÊvelopper chacune GH FHV SUDWLTXHV GHV OLHX[. Cela permettrait GœLQYLWHU OHV KDELWDQWV j YHQLU SUR¿WHU GH OœXQ GHV rares sites romains de cette envergure ouverts librement au public en France, en faisant toutefois attention de ne pas le noyer sous d’innombrables IRQFWLRQV VXSHUÀXHV L’aspect parc public sera donc valorisÊ à l’aide de divers amÊnagements (gradins enherbÊs, chemins, bassins, etc.) destinÊs à amÊliorer le confort en toute saison, mais Êgalement grâce à GHV LQWHUYHQWLRQV VXU OD ÀRUH HW VXU OH WUDLWHPHQW des accès. De plus, un  plan lumière  à l’Êchelle du site autorisera, comme c’est le cas au parc de Gerland ou au parc de la Villette, une ouverture OD QXLW D¿Q GH GpFRXYULU OHV UXLQHV VRXV XQH DXWUH lumière.
Les arts vivants ont une place toute particulière au parc antique
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PROGRAMME
La fonction Êducative passera, elle, par la multiplication des panneaux informatifs et par de nouveaux chemins permettant de venir voir de plus près les traces historiques de Lugdunum. Une nouvelle sortie du musÊe gallo-romain en bas, au pied de sa butte, permettra, quant à elle, une liaison plus directe au site et dans la continuitÊ de la visite intÊrieure. L’ouverture du bâtiment de l’archÊolab et de ses expÊrimentations directement sur le parc jouera Êgalement un rôle certain dans la dÊcouverte du site et de son histoire.
diffÊrentes parties du parc, en accord avec la politique de la ville pour la valorisation nocturne de ses espaces publics, et en amÊnageant des garde-corps autour des ruines les plus dangereuses. Spectacles spontanÊs auront ainsi de nouveau leur place dans les deux thÊâtres, et le restaurant du musÊe de Zehrfuss ou les ballades nocturnes autour du Palais d’Agrippa, avec vue imprenable sur la ville de Lyon illuminÊe, deviendront une nouvelle promesse du parc archÊologique de demain.
(Q¿Q OD GLPHQVLRQ VSHFWDFOH VHUD SpUHQQLVpH sur toute l’annÊe (en tout cas sur les pÊriodes propices aux reprÊsentations extÊrieures). La relation Êtroite que le parc pourrait entretenir avec la Chaufferie et sa salle de spectacle a pour but de favoriser l’appropriation des deux scènes par toutes sortes de troupes et d’artistes. D’ailleurs, les amÊnagements de scène de l’amphithÊâtre et de l’odÊon pourront faire l’objet d’une conception particulière. UN PARC DIURNE & NOCTURNE La temporalitÊ de ce programme triple est une question très importante. Que se passe-t-il le MRXU TXH VH SDVVH W LO OD QXLW " Actuellement, le parc n’est ouvert après 20h que pour les Nuits de )RXUYLqUH ,O HVW VLQRQ FO{WXUp SRXU GHV UDLVRQV Êvidentes de sÊcuritÊ. Nous avons ainsi la volontÊ de changer cela, jusqu’à une certaine heure de la nuit, en installant une mise en lumière des
Les cartels explicatifs dĂŠjĂ prĂŠsents sur les ruines pourraient ĂŞtre dĂŠveloppĂŠs en relation ĂŠtroite avec le musĂŠe
Le parc est frĂŠquemment investi de visiteurs en tout genre PROGRAMME
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3 STRATÉGIE & PARTI PRIS
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UN PROJET DE SITE, UN PROJET DE QUARTIER L’analyse nous ayant amenÊs à considÊrer l’ensemble du site antique de Fourvière comme une partie primordiale de la vie du quartier, notre SURMHW VH YHXW rWUH DXWDQW XQH UpQRYDWLRQ patrimoniale qu’un nouvel ensemble urbain. DiffÊrents moyens sont ainsi envisagÊs à la pÊriphÊrie pour rÊintÊgrer tout le parc à l’Êchelle du plateau de Fourvière.
TRAITEMENT DES LIMITES Actuellement, le site est mal dÊlimitÊ, avec GHV IURQWLqUHV ÀRXHV HW VDQV TXDOLWp VSDWLDOH Au nord, un parking s’implante au niveau d’un large belvÊdère. A l’est, un grand mur soutient un jardin dÊlaissÊ et au sud-est un parking de voiture accompagne l’arrivÊe des visiteurs depuis les transports en commun. Veiller à la qualitÊ de l’arrivÊe sur un site patrimonial et gÊrer les interactions que ce dernier a avec son environnement proche sont deux principes nÊcessaires pour valoriser un tel espace. C’est pourquoi ce projet sera en premier lieu un travail sur les limites du site. Les deux parkings et le jardin portÊ par le mur de soutènement seront donc nos trois principales zones d’intervention. GÉRER LES CONNEXIONS Il s’agit ensuite de connecter le site archÊologique avec le reste du quartier D¿Q GH crÊer un ensemble dynamique et de mieux gÊrer FKDFXQ GHV GLIIpUHQWV ÀX[ $ OœHVW OH QRXYHDX quartier de l’Antiquaille et son large belvÊdère sur la ville reprÊsentent un nouvel espace attractif. Une forte connexion entre les deux sites contribuerait ainsi à un enrichissement mutuel. De plus, l’arrivÊe du funiculaire des Minimes tourne aujourd’hui le dos au site archÊologique. Le projet proposera de retrouver un lien direct DYHF OHV WUDQVSRUWV HQ FRPPXQ ,O VH UHFRQQHFWHUD aussi à diffÊrentes entitÊs avoisinantes qui sont aujourd’hui sÊparÊes, comme le collège Jean Moulin et, au sud, les ruines des anciens thermes de Lugdunum. ARTICULER LES ESPACES ENTRE EUX A l’intÊrieur du site, comme à l’extÊrieur, diffÊrents espaces sont parfois dÊconnectÊs les uns des autres et crÊent ainsi un site morcelÊ, sans unitÊ ni qualitÊ d’ensemble. Le projet visera donc à mettre en lien des espaces qui se tournent le dos, dans l’optique de crÊer un grand parc urbain.
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STRATÉGIE & PARTI PRIS
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Métro « Les Minimes »
QUALIFIER LES LIMITES Communiquer avec l’urbain
CONNEXIONS ET ARTICULATIONS Lier les espaces entre eux et connecter le site à la ville et au quartier
STRATÉGIE & PARTI PRIS
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INTERFACES ARCHITECTURALES Le travail proposé sur les limites n’a pas pour visée première de séparer des espaces, ni même de les ouvrir entièrement les uns aux autres. Au contraire, il s’agit d’instaurer des interactions entre ces derniers : les limites deviennent ainsi des interfaces. Elles seront pensées comme des liens à la fois spatiaux, culturels mais aussi sociaux entre le site archéologique et la ville. On travaillera donc sur des porosités, des communications visuelles, des éléments attractifs, des belvédères, des passages, etc. Ces élements joueront sur la perception des gens pour mettre en scène la découverte de ce site historique riche et complexe, qu’on ne peut de toute façon embrasser d’un coup d’oeil dans son intégralité. NŒUDS PRINCIPAUX On distingue quatre entrées principales sur le site, dont trois sont des nœuds essentiels pour le SURMHW XUEDLQ : les deux entrées actuelles (celle du musée de Zehrfuss et celle face à l’Antiquaille) et celle au niveau du funiculaire des Minimes. La quatrième établit une liaison avec le Couvent de la Visitation à l’ouest. Tous ces noeuds constituent des points de départ dirigés vers l’extérieur et les autres points d’intérêt du quartier (Antiquaille, parc des hauteurs, vestiges, ...). EXPLOITER LA TOPOGRAPHIE Du fait de sa géographie, le site dispose de QRPEUHX[ GpQLYHOpV HW PXUV GH VRXWqQHPHQW SRXYDQW rWUH H[SORLWpV SRXU LQVpUHU GHV bâtiments dans le terrain et le paysage ,O QH s’agira pas de disparaître totalement dans la topographie mais bien de choisir précisément les endroits où l’architecture doit être présente ou au FRQWUDLUH GLVSDUDvWUH DX SUR¿W GHV UXLQHV RX GX paysage naturel.
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STRATÉGIE & PARTI PRIS
N
POROSITÉ DES LIMITES Créer des interactions
INSERTION PAYSAGÈRE Exploiter la topographie
STRATÉGIE & PARTI PRIS
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IMPLANTATIONS  A L’ORÉE DES RUINES  7RXWH OD VWUXFWXUH GX SURMHW HVW HQ VRPPH dÊterminÊe par le rapport entretenu entre le coeur paysager du site et son environnement urbain immÊdiat. L’intervention bâtie vient par consÊquent occuper la frange entre le quartier et parc antique. Plusieurs points stratÊgiques sont plus particulièrement dÊveloppÊs. Dans la partie haute, au nord, le musÊe et son extension viennent redessiner la limite avec la rue Roger Radisson et la rue ClÊberg. Le parking situÊ à proximitÊ de l’entrÊe du musÊe est supprimÊ et les places sont relocalisÊes entre un nouveau parking situÊ à l’Antiquaille (pour les visiteurs) et un parking situÊ au sud du couvent de la Visitation (à la place d’une zone de stockage des agents communaux). La rue est elle aussi redessinÊe pour intÊgrer une dimension paysagère et vÊgÊtale aujourd’hui peu valorisÊe. Par exemple, des places de stationnement sur sol vÊgÊtalisÊ sont rajoutÊes au trottoir. L’entrÊe du musÊe est traitÊe de manière à lier le paysage et l’architecture, sur un escalier intÊgrÊ dans la pente vÊgÊtalisÊe. La limite nord, occupÊe par les volumes de l’extension, devient un paysage à arpenter pour dÊcouvrir le site. Dans la partie basse, à l’est, les deux interventions TXH VRQW OHV UpVHUYHV HW Oœ$UFKpR/DE PRGL¿HQW le visage de la rue de l’Antiquaille. Le parking existant et quelques bâtiments qui la bordaient disparaissent pour laisser place à une intervention entre architecture et paysage, qui vient jouer avec OH SUR¿O WRSRJUDSKLTXH GH OD UXH SRXU PHWWUH HQ
scène l’arrivÊe sur le site. Des porositÊs entre la rue et le parc attisent le regard du passant, cadrent des ouvertures et dÊvoilent l’intÊrieur des bâtiments. A l’ouest, l’accès piÊton intimiste, par les bois, est FRQVHUYp ,O UHOLH OH SDUF DX MDUGLQ GX &RXYHQW GH la Visitation et au nouveau parking des employÊs du site. Au sud, dans l’axe de la scène de l’odÊon, un nouvel accès est ouvert pour connecter le site aux chemins piÊtonniers des scolaires et aux thermes de la rue des Farges. Si les interventions bâties se concentrent en pÊriphÊrie du parc, c’est pour mettre en valeur et sublimer son cœur paysager et archÊologique. En effet, riche d’un patrimoine sublimÊ par la prÊsence de la vÊgÊtation, le parc ne nÊcessite pas d’intervention lourde. L’idÊe est simplement d’introduire une cohÊrence vÊgÊtale et de proposer des amÊnagements lÊgers destinÊs à valoriser l’apentage du site. Des circulations vêtues de bois, rÊnovÊes ou complÊtement nouvelles, permettront de relier les HQWLWpV GX VLWH HW GH FUpHU GHV SDUFRXUV GLYHUVL¿pV au sein des ruines, en essayant de trouver une relation avec ces dernières. Un travail plus gÊnÊral sur les sols est rÊalisÊ D¿Q GœDSSRUWHU XQH FRKpUHQFH HW XQH FODUWp j l’ensemble paysager.
6HXOV TXHOTXHV EkWLVVHV VXSHUĂ€XHV GHV LPPHXEOHV GpODEUpV HW GHV HVSDFHV YLGHV SDUNLQJV VTXDUH VRQW GpWUXLWV VXU OH VLWH
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STRATÉGIE & PARTI PRIS
m
12.5
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Plan de masse du parc archĂŠologique
N
Extension
Coupe paysagère depuis le Couvent de la Visitation jusqu’aux plus hautes parties du Vieux Lyon
Couvent de la Visitation
Musée Gallo-Romain
Réserves ArchéoLab
Rue de l’Antiquaille
Chaufferie
Antiquaille
Extension du musée
Rénovation du musée
Réserves du musée
ArchéoLab
La Chaufferie café-spectacle
Repérage des interventions architecturales
STRATÉGIE & PARTI PRIS
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INTÉGRATION PATRIMONIALE ET PAYSAGĂˆRE Si l’on s’attarde sur l’analyse des valeurs vĂŠhiculĂŠes par l’ensemble du site, on remarque que l’usage, la cohĂŠrence d’ensemble et l’importance des lieux dans la mĂŠmoire des habitants sont des problĂŠmatiques majeures, qui nous intĂŠressent tout particulièrement. La projet vise Ă corriger le manque observĂŠ, pour l’ensemble comme pour chaque partie. TRANSFORMER DANS LA CONTINUITÉ 1RWUH UpĂ€H[LRQ FKHUFKH GÂśDERUG j PHWWUH PLHX[ HQ valeur l’existant. La stratĂŠgie Ă l’Êchelle urbaine ayant ciblĂŠ plusieurs zones d’interventions potentielles, se pose alors le problème d’intervenir de partout sans s’imposer ni nuire Ă l’intĂŠgritĂŠ GX SDWULPRLQH EkWL HW YpJpWDO GpMj WUqV SOXULHO.
de Zehrfuss, la comprÊhension des ambiances qui rÊgissent l’ensemble paysager et historique du site nous a ainsi conduit à une approche dans la continuitÊ. Le dessin des diffÊrentes interventions architecturales en pÊriphÊrie, notamment de leur volumÊtrie et de leur façades, dÊveloppe pour chacune une Êcriture qui leur est propre, en accord avec ce qui les entoure, que ce soit côtÊ parc ou côtÊ ville. (Q¿Q OH SD\VDJH GX SDUF HVW UHSULV D¿Q TXœLO SXLVVH agir comme un vÊritable liant entre les diffÊrentes constructions, et garantir par consÊquent une certaine harmonie. LA RUINE COMME INSPIRATION
L’intÊgration discrète, à la manière de Zehrfuss à son Êpoque, n’a plus lieu d’être aujourd’hui, puisque le site a besoin de visibilitÊ.
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identitĂŠ globale
,O IDXW GDYDQWDJH SULYLOpJLHU XQH DSSURFKH GDQV la continuitÊ d’une relation bâti-paysage, oÚ les problèmes sont rÊsolus au cas par cas, avec des solutions adaptÊes qui rÊpondent chacune d’une cohÊrence formelle gÊnÊrale. L’Êtude prÊcise des idÊes qui constituent l’essence de l’architecture
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usage
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mĂŠmoire
? à n io at e cip bl rti m pa nse l’e
le
esthĂŠtique
Valeurs patrimoniales vĂŠhiculĂŠes par chaque entitĂŠ / architecture historique du site
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 L’architecture, c’est ce qui fait les belles ruines . La maxime d’Auguste Perret a souvent ÊtÊ ÊvoquÊe à tort et à travers. Devenue un poncif de l’architecture, elle n’en reste pas moins une expression simple et essentielle traduisant XQH UpÀH[LRQ SURIRQGH VXU OD WHPSRUDOLWp HW OD matÊrialitÊ architecturale. /HV WUDYDX[ GH /RXLV .DKQ ¿JXUHQW GœDLOOHXUV parmis les plus aboutis sur ce sujet. Dans ses projets les plus inspirÊs par cette idÊe de la ruine, on peut citer1 l’extension jamais construite du Salk ,QVWLWXWH HQ &DOLIRUQLH OH SDODLV GX 3DUOHPHQW j Dhaka, le palais des congrès de Venise, ou encore le plus emblÊmatique de tous, la Synagogue de Hurva à JÊrusalem. Le gÊnie de l’amÊricain a WRXMRXUV UpXVVL j H[SULPHU OD VHQVLELOLWp VSpFL¿TXH aux ruines pittoresques, dÊpeintes par de grands maÎtres tels qu’Hubert Robert ou Piranèse, grâce à une abstraction gÊomÊtrique de la structure et de la matière. Un moyen dÊtournÊ pour faire de l’architecture moderne avec des images hÊritÊes de l’antiquitÊ. La richesse des crÊations de Kahn se joue aussi dans l’imagination de ses spectateurs, et dans le rapport qu’ils entretiennent avec ces nouvelles ruines, souvent monumentales. Les ruines du plateau de Fourvière ont cependant 1 Cette liste non exhaustive est issue de l’Êtude de A. de la Foye et de C. Marchiaro, disponible à l’adresse suivante : http://194.199.191.5/taiga_ftp/cours/2011/101587/ Kahn_non_construit.pdf STRATÉGIE & PARTI PRIS
Dessin d’Êtude pour l’ArchÊoLab
leur propre poÊtique, diffÊrente des monuments antiques qu’affectionnait Kahn. Elles sont caractÊrisÊes par leur Êchelle, qui varie entre le grand amphithÊâtre et l’ancien petit mur d’une domus, et par leur matÊrialitÊ. Nous avons lu les ruines du site comme des Êmergences minÊrales qui entretiennent un rapport très Êtroit avec leur sol et le vÊgÊtal qui \ SRXVVH SDUIRLV HQWUH OHV SLHUUHV ,O Qœ\ D DXFXQH structure aÊrienne en pierre massive, comme celle GH Oœ,WDOLH HW GH OD *UqFH DQWLTXH TXL RQW LQVSLUp Le Corbusier, mais plutôt des soubassement en petites pierres, des chemins en dalles calcaires, des escaliers et des murs en bÊton accolÊs à la pente. La topographie ainsi marquÊe par les lignes minÊrales des ruines mÊlangÊes au contours vÊgÊtaux sinueux est sans conteste ce qui nous a le plus marquÊ dans le paysage. Et c’est avec ce paysage là , dans lequel s’inscrit dÊjà l’Êmergence de Zehrfuss, que nous avons voulu composer nos architectures. /D FRQFHSWLRQ IRUPHOOH GH QRV pGL¿FHV D GRQF ÊtÊ guidÊe par l’imaginaire d’une minÊralitÊ intemporelle Êmergeant au milieu d’un paysage vÊgÊtal en perpÊtuel mouvement.
STRATÉGIE & PARTI PRIS
Perspective pour le projet non rÊalisÊ de la synagogue d’Hurva à JÊrusalem, 1968 et esquisse pour le projet d’extension du Salk Institute, n.d., par Louis Kahn
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4 ECRITURE ARCHITECTURALE, PAYSAGÈRE ET URBAINE
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LES RÉSERVES INTÉGRATION DANS LE SOL La question première pour la conception des rÊserves Êtait de savoir comment installer une surface de rÊserves de 2500m² dans le site archÊologique. La zone d’implantation choisie est celle situÊe entre le Jardin MagnÊval et la rue de l’Antiquaille. Les rÊserves seront enterrÊes dans le dÊnivelÊ qui sÊpare l’actuel jardin MagnÊval de OD UXH GH Oœ$QWLTXDLOOH QH PRGL¿DQW TXH WUqV SHX la topographie actuelle et le visage du site. COMPOSER UN JARDIN SUSPENDU AUJOURD’HUI Un square intime mais souvent dÊsert
Ce projet est avant tout un amÊnagement destinÊ à valoriser le Jardin MagnÊval, à le reconnecter au reste du site et à le remettre dans une Êchelle paysagère adÊquate. Ainsi, le projet se love sous terre et propose une toiture entièrement accessible au public dans la continuitÊ du MDUGLQ H[LVWDQW La toiture se dÊcompose en deux grandes Êtendues vÊgÊtales qui viennent continuer la trame du jardin. &HV ]RQHV YpJpWDOLVpHV VH VRXOqYHQW D¿Q GH VH tourner vers le cœur du Jardin et les ThÊâtres, et permettent de dÊvoiler l’intÊrieur des UpVHUYHV GHSXLV OœH[WpULHXU. Accessibles, leur limite haute est plantÊe d’une vÊgÊtation dense, qui intègre les garde-corps de sÊcuritÊ.
CONCEPT CrÊer un lieu attrayant à l’Êchelle du Jardin MagnÊval
Les espèces choisies ici sont dans la continuitÊ GH OD EXWWH FRPSRVpH SDU =HKUIXVV D¿Q GH reconnecter tout le jardin MagnÊval au reste du parc. Ce jardin est un patrimoine qui confère au site sa nature si particulière de palimpseste DUFKLWHFWXUDO SD\VDJHU HW XUEDLQ ,O HVW YDORULVp et les nouvelles interventions dialogue avec lui. La tonnelle, les arbres et le bassin central sont conservÊs.
DEMAIN Le jardin se soulève pour laisser voir l’intÊrieur des rÊserves
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PROJET
LES RÉSERVES
LAISSER VOIR LES RÉSERVES Le cœur du jardin est destinÊ à devenir un vÊritable espace de dÊtente, alors que la pÊriphÊrie se place plus dans une logique de promenade, qui permet d’offrir des vues plongeantes sur le projet souterrain. Une paroi vitrÊe dÊvoile ainsi les rÊserves depuis l’espace de circulation qui cerne le jardin. L’idÊe n’Êtait pas de montrer que l’ensemble du stockage, espace composÊ d’Êtagères sans grand intÊrêt. Cependant, directement visibles derrière le vitrage et situÊes sur une plate-forme en prolongation de l’espace de circulation, se trouvent des œuvres exposÊes issues des rÊserves. Ces mini-expositions pourraient être un vecteur destinÊ à donner aux visiteurs l’envie de se rendre au musÊe. C’est une SURORQJDWLRQ H[WUD PXURV du musÊe : installer des œuvres hors les murs MXVWL¿H OD IRQFWLRQ GH PXVpH GH VLWH HW YDORULVH le parc archÊologique, qui devient en partie XQ MDUGLQ URPDQWLTXH. Et derrière ces oeuvres, on pourra voir en arrière plan les rÊserves et leur fonctionnement, offrant un aperçu sur l’invisible du site, sur la mÊcanique du parc archÊologique sans que cela ne nuise à la valorisation et la mise en scène du patrimoine archÊologique.
La circulation pÊriphÊrique, le  chemin de ronde  contemporain, permet aussi de proposer une diversitÊ d’espace dans un même lieu, adaptÊes à diffÊrents usages, diffÊrentes temporalitÊs. Le long de ce chemin se trouvent des espaces de SDXVH SHUPHWWDQW GH SUR¿WHU GH YXHV VXU OH VLWH HW sur Lyon. Ces alcôves sont amÊnagÊes de façon privilÊgiÊe : des arbres offrent un peu d’ombre et un mobilier en bois vient se dÊrouler le long des garde-corps. Le sol est traitÊ de façon à distinguer cet espace atypique, du chemin de ronde à proprement parler. Les dalles enherbÊes, dans une idÊe d’intrication vÊgÊtal / minÊral, se diffÊrencient de la circulation rÊalisÊe en sablÊ stabilisÊ, matière permÊable que l’on va retrouver sur la plupart des grands axes de circulation du site.
COUPE PERSPECTIVE SUR LES RÉSERVES ET LE JARDIN DES ANTIQUITÉS Les rÊserves enterrÊes sont dÊvoilÊes à travers le jardin PROJET
LES RÉSERVES
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EXCAVATION S’enfouir en contrebas du jardin Magnéval
CONTINUITÉ Créer un sous-bassement en continuité des murs de soutènement de la colline
STRUCTURE Caractériser une architecture caverneuse, proche de la conception de Zehrfuss
UNE ARCHITECTURE PAYSAGE Un jardin topographique
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PROJET
LES RÉSERVES
«Chemin de ronde» autour du jardin Magnéval et des réserves
Laboratoire
Ateliers et salle de prise de vue
Accueil
Stockage (réserves)
Locaux techniques et déchargement
Organisation intérieure des réserves. Des espaces de stockages et d’études sous un jardin paysager PROJET
LES RÉSERVES
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ORGANISATION INTÉRIEURE
UNE AUTRE ALLÉGORIE DE LA CAVERNE
L’entrÊe se fait dans un renfoncement de la façade sud. Un accueil permet de crÊer une interaction avec les visiteurs du site, curieux de comprendre le fonctionnement des rÊserves. On y retrouve alors un espace d’exposition temporaires, dans OD ORJLTXH GœXQH VWUXFWXUH TXL GpP\VWL¿H OH processus de conservation des œuvres. Au-dessus de l’accueil, on trouve en mezzanine, quelques bureaux du personnel.
S’enterrant sous le jardin, le projet est comparable à une grotte. La structure est massive, rÊalisÊe en bÊton teintÊ rappelant la colorimÊtrie de la terre et des poteaux de grande dimension proposent une composition alÊatoire. &HV SRWHDX[ SHUPHWWHQW en plus d’Êvoquer un univers souterrain, de proposer des volumes de terre pour planter des DUEUHV DX QLYHDX GX MDUGLQ
Les rÊserves se dÊcomposent ensuite en deux espaces distincts. A l’est, une grande halle de stockage, et à l’ouest des locaux destinÊs au traitement des œuvres, à leur entretien, Êtude... La halle est composÊe d’espaces de stockage variÊs et adaptÊs aux diffÊrentes œuvres (mosaïques, lapidaires, objet domestiques...). La hauteur sous plafond de 6 m permet d’avoir des Êtagères de grande dimension. La rÊpartition des Êtagères de stockage est faite de telle sorte qu’un chariot ÊlÊvateur standard puisse accÊder aux œuvres en hauteur. Au nord, ÊloignÊ de l’accueil des visiteurs, se WURXYH XQ YROXPH GpGLp j OœHQVHPEOH GHV ÀX[ techniques, qui côtoie la zone de livraison pour les camions, dont la rampe donne directement sur la rue de l’Antiquaille. Le plan libre autorise aussi l’utilisation de surfaces pour le dÊballage, le stockage au sol, etc.
(Q VRXWHUUDLQ OD KDOOH GH VWRFNDJH SUR¿WH GH la lumière disponible par le soulèvement des toitures vÊgÊtalisÊes pour Êclairer les zones de stockages des objets de moyennes et grandes dimensions, tels que les lapidaires volumineux ou les mosaïques. Pour les stockages d’objets plus rÊduits, un Êclairage naturel proviendra de la façade sur rue par des petits percements ainsi que par un Êclairage zÊnithal le long de la façade. Pour complÊter l’Êclairage naturel, des spots ponctuels et discrets seront intÊgrÊes dans la dalle du plafond. En ce qui concerne les espaces situÊs dans l’aile ouest des rÊserves, on retrouve des locaux destinÊs au traitement des œuvres, à leur Êtude, mais aussi des studios de prises de vues, aujourd’hui essentiels dans le dÊveloppement du numÊrique pour la diffusion du patrimoine et des œuvres. Un axe de circulation permettra de connecter l’ensemble de ces espaces à la halle de stockage, et surtout de proposer une sortie directe vers l’extÊrieur et l’accès bas du musÊe, pour faciliter l’acheminement des oeuvres.
m
2.5
5
Coupe des rĂŠserves, une structure caverneuse
58
PROJET
LES RÉSERVES
Intérieur de la halle de stockage
N Livraison
Stockage lapidaire
Stockage volumineux
Laboratoires
Atelier
Stockage mosaïques
Stockage petites dimensions
Prises de vue Accueil + exposition
Plan de rez-de-chaussée des réserves
PROJET
LES RÉSERVES
m
12.5
25
59
Façade est - rue de l’Antiquaille
Façade sud - parc antique
m
5
10
La rue de l’Antiquaille est enserrée entre les murs de soutènement et de clôture en pierre
Détail de façade
60
m
2.5
Les pierres mémorielles du Ningbo History Museum de Wang Shu, 2008, Chine PROJET
LES RÉSERVES
UNE ENVELOPPE MÉMORIELLE
(accès nord), soit de relier le haut du jardin avec le parc archÊologique ou la rue de l’Antiquaille.
Essentiellement enterrÊ, le projet n’est que très peu visible par son architecture hormis en toiture. En ce qui concerne les façades, qui sont situÊes au sud et à l’est, l’idÊe n’Êtait pas de donner à voir une architecture. Dans une logique d’insertion paysagère, la façade devient - ou plutôt reste - un mur, une paroi de soutènement semblable à celles qui marquent le dÊnivellÊ à travers toute la colline. On l’a vu, ces murs de soutènement constituent un patrimoine à part entière de la colline de Fourvière. Les projets de transformation de diffÊrents secteurs de la colline, comme celui de l’Antiquaille, risquent de progressivement faire disparaÎtre une grande partie de ses murs de pierres qui forment le paysage de la colline. Nous proposons de rÊcupÊrer les pierres des murs dÊtruits aux alentours de notre site et de les rÊutiliser pour crÊer l’enveloppe contemporaine des rÊserves. Une telle dÊmarche vise à maintenir la mÊmoire de ces lieux, qui aujourd’hui tendent à disparaÎtre. Elle se rapproche des thÊories conceptuelles de l’architecture chinois Wang Shu, qui dÊfend une autre idÊe du dÊveloppement durable, oÚ la rÊutilisation de la matière issue des destructions subies par de nombreuses populations tient autant du recyclage que de la prolongation d’une mÊmoire collective. D’autre part, l’intÊrieur des rÊserves ne s’ouvre pas qu’en toiture. Le passant pourra aussi le dÊcouvrir depuis la rue de l’Antiquaille, à travers des ouvertures similaires à celles que l’on trouve aujourd’hui sur les murs de la colline et qui permettent entre autre l’Êvacuation des eaux pluviales. Ces ouvertures, situÊes à hauteur d’homme, seront traitÊes comme des microdÊtails architecturaux, rÊutilisant au possible des pierres de tailles et natures diffÊrentes pour crÊer allèges, linteaux. La façade sud des rÊserves sera pour sa part protÊgÊe par une plate-bande vÊgÊtalisÊe et arborÊe, permettant ainsi de dissimuler en partie le mur et de focaliser le regard du visiteur sur le patrimoine antique du cœur du site. Ce mur sera percÊ de plus larges ouvertures, plus adÊquates pour les fonctions qui se trouvent derrière (les laboratoires). (Q¿Q OœHQVHPEOH GHV Š SOLV ª GH OD IDoDGH permettent soit d’entrer à l’intÊrieur des rÊserves (accès sud), soit de dÊgager des accès techniques
PROJET
LES RÉSERVES
61
LA CHAUFFERIE Sans se trouver au coeur du projet du site antique de Fourvière, la Chaufferie de l’Antiquaille, oeuvre de Pierre Bourdeix, reprÊsente tout de même un ÊlÊment important pour l’interaction urbaine du projet avec le reste du quartier, et notamment avec cet ensemble historique qui le côtoie, l’Antiquaille. UNE TRANSFORMATION ESSENTIELLE
SIMPLE
ET
De par sa morphologie, son volume imposant et sa haute cheminÊe, elle sert de repère dans le quartier. De par sa situation, elle sert de lien direct entre le site des thÊâtres et celui de l’Antiquaille. De par sa fonction, elle sert de nouvel Êpicentre culturel à l’Êchelle de la ville. &RPPH LO QH OXL PDQTXDLW DX ¿QDO TXH OD FDSDFLWp à accueillir sa nouvelle fonction de cafÊ-spectacle
et de QG des Nuits de Fourvière, l’intervention TXL OD FRQFHUQH HVW UHVWUHLQWH D¿Q GH QH SDV DOWpUHU la conception de Bourdeix. Le volume principal, d’une surface de 280 m² et d’une hauteur de 11,5m, qui accueillait hier les machines, abritera demain une salle de spectacle de dimensions modestes (capacitÊ d’accueil de 500 personnes maximum). Le public entre dans la salle par l’intermÊdiaire d’un sas, contenu dans la structure porteuse de la façade, donnant directement sur le passage nord, sous un auvent. La scène et l’arrière-scène prennent place au centre d’un premier grand volume. La structure est mise à nue, dÊbarassÊe GHV IDX[ SODIRQGV HW DXWUHV pOpPHQWV VXSHUÀXV D¿Q de pouvoir installer tous les ÊlÊments techniques nÊcessaires. Tout autour de la scène se dÊploient les tables et le bar. Le stockage, les vestiaires, les loges et le local technique prennent place au rezde-chaussÊe du second volume.
Bureaux des Nuits de Fourvière
Bar et locaux divers
Salle de spectacle
ORGANISATION INTÉRIEURE DE LA CHAUFFERIE Un respect du volume de Bourdeix
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PROJET
LA CHAUFFERIE
Ce dernier, d’une surface d’environ 140m² au sol, peut être exploitÊ sur toute sa hauteur par deux pWDJHV TXL VXI¿VHQW HQVHPEOH SRXU OD UpJLH HW les bureaux destinÊs aux organisateurs des Nuits de Fourvière et aux gestionnaires du mÊcÊnat de OD VDOOH GH OD &KDXIIHULH /HV EXUHDX[ SUR¿WHURQW DLQVL GœXQ YXH ¿OWUpH VXU OH SDUF DUFKpRORJLTXH HW d’un surplomb sur la scène.
dessinĂŠ par les Ateliers Thierry Roche. Ainsi, la Chaufferie se trouve totalement OLEpUpH HW SURÂżWH GÂśXQ YLGH SXEOLF QpFHVVDLUH SRXU DUWLFXOHU OHV GHX[ HQVHPEOHV KLVWRULTXHV qui se font face de chaque cĂ´tĂŠ de la rue.
AMÉNAGEMENT DES ABORDS Pour redonner une place prÊpondÊrante dans le quartier à la Chaufferie et notamment pour lui permettre de faire le lien entre le site gallo-romain et le reste du plateau de Fourvière, sa façade ouest est libÊrÊe du mur en pierre de 3 m de haut qui longe tout le trottoir de la rue de l’Antiquaille. Son YROXPH LPSRVDQW HW VD IDoDGH HQ EpWRQ ¿QHPHQW dessinÊe retrouveront alors naturellement leur place dans la rue. Tout autour du parallÊlÊpipède se dÊploie un espace public, pavÊ de dallettes calcaire, qui continue jusqu’au coeur de l’Antiquaille. Un nouveau belvÊdère à l’est offre une vue imprenable au visiteur. Ces amÊnagements s’inscrivent en continuitÊ du projet urbain de l’Antiquaille
N
PLAN DE REZ-DE-CHAUSSÉE
m
5
10
COUPE EST/OUEST Le volume de la Chaufferie est consacrÊ au spectacle. Les bureaux des Nuit de Fourvière se logent dans les Êtages PROJET
LA CHAUFFERIE
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L’ARCHÉOLAB UNE LIMITE À CONSTRUIRE L’implantation et l’architecture de l’ArchÊoLab naissent de la volontÊ d’occuper la limite sudest du site pour faire la transition entre le bâti urbain et l’arrivÊe sur notre site paysager.
AUJOURD’HUI Un site qui donne presque directement sur la rue
Cette arrivÊe, notamment depuis le funiculaire des Minimes, est mise en scène à l’Êchelle des visiteurs. Alors qu’aujourd’hui le site archÊologique et l’odÊon s’offrent complètement et soudainement au visiteur, avec pour premier plan un parking et une clôture, le projet propose une dÊcouverte plus progressive, avec une vue qui se dÊgage au fur et à mesure que l’on s’approche de l’entrÊe principale. La pente douce de la rue SHUPHW HQ HIIHW j OD SDUWLH EDVVH GH OœpGL¿FH GH SHX à peu disparaÎtre dans le sol. Cette limite constitue Êgalement une protection pour l’esplanade situÊe devant l’odÊon. Cette immense respiration, plane et enherbÊe, pourrait être encore plus agrÊable si elle ne subissait pas la pollution sonore et visuelle de la rue adjacente. L’implantation de l’archÊolab entre l’esplanade et la rue permettra de protÊger cet espace de la circulation mais aussi d’apporter une activitÊ en bordure et donc de nouveaux usages. CôtÊ esplanade de verdure, l’implantation est limitÊe par la prÊsence de traces d’une ancienne voie romaine, parallèle à l’actuelle rue de l’Antiquaille, que l’on vient mettre à jour le long de l’ArchÊoLab.
CONCEPT Faire dĂŠcouvrir le site progressivement. Lier la ville et le paysage.
Vue depuis l’OdÊon, l’ArchÊoLab constituera un lien Êtroit entre la ville et le paysage : le vÊgÊtal du parc archÊologique se poursuivra jusque sur OH WRLW GX EkWLPHQW D¿Q GH VRXOLJQHU OH SD\VDJH urbain lointain. L’architecture de l’ArchÊoLab, qui fait directement face aux imposantes ruines de l’odÊon, est pensÊ comme une rÊinterprÊtation de la ruine avec l’apparition de la structure comme seul ÊlÊment fondateur et immuable de son architecture. Les façades vitrÊes et le vÊgÊtal qui court entre les poutres n’apparaissent que comme du remplissage, en perpÊtuel mouvement.
DEMAIN Une architecture qui dialogue avec les ruines et le paysage.
64
PROJET
L’ARCHÉOLAB
Bureaux
Accueil et showroom
Halle d’expérimentation
Amphi
Archivage
Organisation volumétrique de l’Archéolab
DES ESPACES DÉDIÉS À L’EXPÉRIMENTATION ET À LA TRANSMISSION L’ArchéoLab, centre de recherche sur les nouvelles techniques de muséographie appliquées à l’archéologie, VH GpFRPSRVH HQ GHX[ JUDQGHV entités : une partie recherche, conception, expérimentation où auront lieu des séances de travail et de workshop, surmontée d’un étage de bureaux ainsi qu’une partie monstration, communication, dédiée à la diffusion des connaissances vers les professionnels et le grand public, grâce à un showroom et une salle de conférences.
PROJET
L’ARCHÉOLAB
65
Rue de l’Antiquaille En arrière-plan les nouvelles réserves du musée
FAÇADE EST SUR RUE DE L’ANTIQUAILLE L’architecture lie l’échelle urbaine et paysagère a travers une architectre de pierre et de béton Le parc archéologique se dévoile progressivement
COUPE/FAÇADE NORD SUR PARC
FAÇADE OUEST SUR PARC Largement ouvert à l’ouest, l’ArchéoLab dialogue avec le site
66
m
PROJET
5
10
L’ARCHÉOLAB
Entrée rue de l’Antiquaille
UNE INTERFACE FORMELLE Chacune des deux entités de l’ArchéoLab a la possibilité de prolonger ses espaces vers O¶H[WpULHXU, exprimant davantage le lien étroit entre la fonction de l’ArchéoLab et son implantation au sein d’un parc antique. En particulier, l’espace d’expérimentation peut s’ouvrir complètement en façade ouest, offrant la possibilité aux chercheurs et artistes de travailler directement en plein air, immergés dans les ruines gallo-romaines. En continuité avec l’idée d’interface, la structure apparente s’organise selon un système de poutres orientées est-ouest, pénétrant vers le site et accompagnant le regard vers l’odéon. A la fois intérieures et extérieures, elles supportent la toiture de l’archéolab et se transforment en couverture pour encadrer l’entrée secondaire, qui se fait au niveau de la sortie de métro. L’espace d’entre-deux ainsi obtenu est abrité, et il permet une liaison pratique entre les deux parties de O¶$UFKpR/DE ,O SHXW DXVVL pYHQWXHOOHPHQW permettre d’effectuer des animations extérieures spéciales, capable d’interpeller le visiteur et de l’inviter à venir découvrir le site.
de la façade rattrapent le gabarit urbain du front bâti auquel il s’accole et d’une partie basse qui fonctionne selon une logique de soubassement, dans le prolongement des murs de soutènement de la colline et en particulier de celui des réserves. Elle vient également assoir l’odéon situé en arrière-plan. La matérialité de la façade s’inscrit en continuité des réserves mais assume le fait qu’elle ne découle pas d’un patrimoine existant. Elle présente donc une esthétique plus contemporaine. La même pierre est donc réutilisée mais selon des appareillages différents et plus réguliers pour se distinguer des murs de soutènement existant en opus incertum ou mixte. Si la façade côté ville se veut comme une entité massive, elle se découvre au contraire côté parc en s’ouvrant sur l’esplanade avec des façades transparentes et la possibilité de nombreuses interactions.
La volumétrie de l’ArchéoLab cherche elle aussi j VLJQL¿HU XQH WUDQVLWLRQ HQWUH OD YLOOH HW OH SDUF archéologique. Le bâtiment se compose d’une partie haute, dont les dimensions et le rythme PROJET
L’ARCHÉOLAB
67
N
Bureaux
Accueil / Showroom
Halle d’expérimentation
m
5
10
Plan de rez-de-chaussée et R+1
Coupe longitudinale
68
PROJET
L’ARCHÉOLAB
m
1
2
Détail technique sur la loggia des bureaux
Détails techniques sur la façade
m
PROJET
L’ARCHÉOLAB
5
10
69
Accueil et showroom ouverts sur l’esplanade de l’odéon
La grande salle d’expérimentations de l’Archéolab
70
PROJET
L’ARCHÉOLAB
L’EXTENSION DU MUSÉE GALLO-ROMAIN
UNE EXTENSION DANS LA CONTINUITÉ DU MUSÉE ANCIEN La limite nord du site est occupée par l’extension du musée de Zehrfuss. Le bâtiment se veut être un bâtiment intégré dans le paysage, jouant avec la topographie, dans la continuité de celui existant mais sans être dissimulé complètement par le végétal. Actuellement, le musée gallo-romain est trop peu visible depuis la rue, si bien que le visiteur cherche l’entrée du site et découvre en premier lieu un parking en belvédère. L’architecture de l’extension du musée gallo-romain aura ainsi deux rôles principaux : DFFXHLOOLU OHV H[SRVLWLRQV temporaires et apporter plus de visibilité à l’ensemble du musée. Le concept consiste à travailler sur une limite poreuse qui accompagnera la descente vers les théâtres et sera sources d’interactions avec le quartier alentour. Cette limite se compose d’un soubassement en incision dans la colline et d’émergences qui sortent de terre pour venir chercher le niveau de la rue. Ce parti formel est directement dans le prolongement de la morphologie du musée de Zehrfuss, dont on reprend le gabarit du soubassement et de son émergence. L’ensemble est lié par une promenadebelvédère qui chemine depuis la terrasse existante au-dessus du soubassement, et amène le visiteur directement sur le site archéologique.
AUJOURD’HUI Une entrée trop discrète et une vue potentielle sur les théâtres.
CONCEPT Créer une limite poreuse et accompagner la descente vers le parc archéologique.
UN BÂTIMENT SCULPTÉ DANS LE PAYSAGE A l’échelle du paysage, les émergences, séparées par des failles, se lisent comme des entités monolithiques, simples et épurées qui semblent tout droit sorties de la colline. On y lit des verticales soutenues par un ensemble privilégiant l’horizontalité. A l’échelle du passant, les émergences imposent un ensemble pleins / vides qui deviennent des invitations à la découverte, créant des espaces interstitiels avec des usages différents et multipliant les parcours, les surprises, et les manières d’aborder le site. DEMAIN Un soubassement dans la continuité du musée. Des émergences taillées dans la colline et visibles..
PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
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SOUBASSEMENT S’inscrire en continuité de celui du musée de Zehrfuss
INTÉRIEUR Possibilité de scinder l’espace muséal avec des cloisons amovibles au droit des lignes porteuses
ÉMERGENCES Dilatation de 4 volumes au dessus de l’espace muséal. La structure fonctionne par des murs-poutres latéraux.
UNE ARCHITECTURE PAYSAGE Le musée semble émerger d’une colline verdoyante
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PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
N Vo l u m e d’entrÊe
Restaurant
BelvÊdère
PLAN R+1 Le visiteur peut accÊder au volume d’entrÊe, à la brasserie sur la terrasse du musÊe de Zehrfuss ou descendre jusqu’aux thÊâtres gallo-romains.
Logistique
Auditorium Accueil Exposition temporaire
Introduction exposition permanente Administration + Archives
PLAN REZ DE JARDIN 800 m² d’exposition temporaire en continuitÊ du niveau d’accueil du musÊe existant
ORGANISATION SPATIALE Parmi les Êmergences, un bloc se distingue par sa morphologie particulière : plus haut côtÊ rue, OpJqUHPHQW ELDLVp F{Wp VLWH D¿Q GH UDWWUDSHU le gabarit du musÊe existant et possÊdant une ouverture sur le belvÊdère, il correspond au volume d’entrÊe. On peut y accèder directement depuis le niveau de la rue, la promenade-belvÊdère, ou encore depuis l’intÊrieur du soubassement. Le noyau de circulation vient en effet chercher OH YLVLWHXU j FKDTXH QLYHDX D¿Q GH OœDPHQHU DX niveau de l’actuel accueil. Ce volume permet ainsi de desservir à la fois l’exposition temporaire et l’exposition permanente du musÊe de Zehrfuss.
m
12.5
25
Le projet comprend Êgalement le rÊamÊnagement de la grande terrasse du musÊe existant. Le QLYHDX OH SOXV KDXW GH OœpGL¿FH HVW DORUV WUDQVIRUPp en restaurant, d’une capacitÊ d’environ 80 couverts en intÊrieur et 50 couverts en extÊrieur. ,O HVW DFFHVVLEOH GLUHFWHPHQW GHSXLV OH EHOYpGqUH en bas de l’escalier principal. L’amÊnagement du restaurant privilÊgie le belvÊdère et offre la possibilitÊ à chaque table d’avoir une vue sur le parc archÊologique. Le prolongement à l’est devient un grand espace de contemplation.
Les autres Êmergences constituent de grandes dilatations dans l’espace musÊal intÊrieur avec des volumes toute hauteur, de parfois plus de 10m.
PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
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COUPE TRANSVERSALE Succesion des Êpaisseurs, depuis le mur de soutènement jusqu’au dÊgagement sur le paysage
m
2.5
5
EXPRESSION DU MINÉRAL
SUSCITER LA CURIOSITÉ
La matÊrialitÊ de l’extension s’inscrit elle aussi en continuitÊ avec le musÊe existant. Les façades sont revêtues d’un parement de pierres de type quartzite de Vals, inspirÊ des thermes de Peter Zumthor. Leur rugositÊ et leur couleur, entre brun HW JULV DQWKUDFLWH FRQIqUHQW j OœpGL¿FH une teinte j OD IRLV VXI¿VDPPHQW SURFKH GH FHOOH GX EpWRQ de Zehrfuss et aussi susceptible d’Êvoquer la minÊralitÊ du sol auquel elles se raccrochent. A l’Êchelle du paysage, on obtiendra alors un ensemble homogène et discret, mêlÊ à la vÊgÊtation. Au contraire, au toucher, la façade EpQp¿FLHUD GœXQH SDOHWWH ULFKH GH WHLQWHV HW GH textures, bien plus proche de l’Êchelle humaine.
ArrivÊ depuis le mÊtro de Fourvière, le visiteur descend la rue Roger Radisson à la rencontre du parc archÊologique. En face de lui, marquant la frontière entre la ville et le site gallo-romain, se dessine une arête sinueuse, poreuse, cadrant des vues, offrant des panoramas et invitant le visiteur à la dÊcouverte. En s’approchant, le visiteur comprend ensuite l’existence d’un socle, bâtiment insÊrÊ dans la topographie mais venant se lier au paysage par ses arêtes dÊcoupÊes.
Façade sud - sur parc antique
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PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
UNE ARCHITECTURE INTÉGRÉE AU PAYSAGE Vue de l’extension du musée depuis les ruines du palais d’Agrippa.
Façade nord - rue Roger Radisson
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L’EXTENSION DU MUSÉE
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SÉQUENCE - DE LA RUE ROGER RADISSON À L’ENTRÉE Architecture et perspectives sur le site archéologique se dévoilent au gré des parcours
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PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
LE BELVÉDĂˆRE Une promenade longeant les ĂŠmergences du musĂŠe et amenant aux thÊâtres gallo-romains.
INTERACTIONS AVEC LA VILLE La principale Êmergence du socle, par sa VXUpOpYDWLRQ SHUPHW GH VLJQL¿HU OD QRXYHOOH entrÊe du musÊe. Cette Êmergence borde un patio ouvert sur la ville, première interaction entre le musÊe et le citadin. De là -bas, ce GHUQLHU SRXUUD YRLU OœDI¿FKH GHV H[SRVLWLRQV et Êvènements en cours sur le site, observer ce TXœLO VH SDVVH j OœLQWpULHXU GX PXVpH HW SUR¿WHU des premières vues sur le parc archÊologique.
Après une descente baignÊe de lumière jusqu’au niveau d’accueil commun, le visiteur peut accÊder d’un côtÊ à l’exposition temporaire, ou de l’autre à l’exposition permanente.
En de multiples endroits, des ouvertures permettent au visiteur de regarder les expositions temporaires en cours. Le musÊe ici s’observe autant depuis OœH[WpULHXU TXH GH OœLQWpULHXU. Similaire à celui des rÊserves et à celui que l’on dÊsire appliquer avec les ruines du parc, ce principe instaure un autre rapport de l’homme à la culture et à l’histoire. PARCOURS $¿Q GœDFFpGHU j OœLQWpULHXU GX PXVpH OH YLVLWHXU descend soit parmi les failles, soit plus directement par l’escalier principal situÊ entre le musÊe existant et son extension. S’offre alors à lui un large belvÊdère, reliÊ à la terrase de Zehrfuss, qui donne sur les thÊâtres gallo-romains et l’ensemble du parc. L’entrÊe du musÊe se dÊroule de façon discrète autour du volume principal. Le visiteur peut alors soit continuer son parcours vers le site, soit rentrer directement dans le musÊe.
PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
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LE VOLUME D’ENTRÉE Un grand vide mettant en scène la descente dans l’espace muséal, et en bas duquel se trouve un accueil commun aux deux parties du musée (exposition permanente et exposition temporaire)
La galerie sud, un espace ouvert sur le site archéologique et desservant les expositions temporaires
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PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
FLEXIBILITÉ DE L’ESPACE MUSÉAL Ă€ l’intĂŠrieur de l’extension, les ĂŠmergences engendrent des dilatations de l’espace musĂŠal, mais ne le cloisonnent pas systĂŠmatiquement en plusieurs salles. En effet, la structure porteuse du bâtiment a ĂŠtĂŠ pensĂŠe de façon Ă pouvoir libĂŠrer l’espace intĂŠrieur sur toute la surface du niveau. Ainsi, selon les expositions temporaires, les conservateurs pourront dĂŠcider d’agencer l’espace selon leurs besoins avec des cloisons sĂŠparatives amovibles qui, ouvertes, offrent un espace continu dans lequel se succèdent dilatations et contractions. On imagine qu’avec le dĂŠveloppement des nouvelles technologies au sein des musĂŠes et le nombre important de scolaires, une exposition temporaire nĂŠcessitera des espaces cloisonnĂŠs pour des projections vidĂŠos, animations 3D ou des ateliers. $ÂżQ GH IDFLOLWHU OH UHQRXYHOOHPHQW GHV H[SRVLWLRQV temporaires (qui peuvent ĂŞtre le fruit d’un prĂŞt d’autres musĂŠes ou des pièces issues des rĂŠserves), un monte charge situĂŠ dans le volume d’entrĂŠe relie directement le niveau de la rue avec le niveau d’exposition.. DU SOL VERS LA LUMIĂˆRE La galerie sud est largement ouverte vers le paysage du site grâce Ă une longue façade vitrĂŠe continue. Pour la libĂŠrer des poteaux, les murspoutres dirigĂŠs transversalement soutiennent le belvĂŠdère en porte-Ă -faux. Dans la continuitĂŠ du niveau actuel de l’accueil, l’espace est très bas de plafond, incitant le visiteur Ă SURÂżWHU GX GpJDJHPHQW H[WpULHXU YHUV OH SDUF RX LQWpULHXU YHUV OHV VDOOHV GÂśH[SRVLWLRQ. Lorsqu’il entre dans les salles d’exposition temporaires, le visiteur est hapĂŠ par le volume lumineux qui s’Êlève. Les ĂŠmergences assument
Les salles d’exposition temporaires, cloisonnÊes entre elles ou appartenant à un espace commun
XQH GLVVRFLDWLRQ HQWUH XQ VRFOH HQ EpWRQ VWDWL¿p Êvocateur d’une matÊrialitÊ sous-terraine, audessus duquel viennent s’Êlever ces volumes de bÊton plus lumineux. Chaque paroi nord est lÊchÊe par une lumière rasante venue du toit. Les trois autres faces de ces Êmergences sont ponctuÊes de quelques ouvertures en tableaux, qui cadrent des vues vers la partie sur rue du bâtiment et sur le ciel.
COUPE LONGITUDINALE Succesion des volumes d’exposition et cloisons amovibles entre chacun PROJET
L’EXTENSION DU MUSÉE
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NOUVELLE SCÉNOGRAPHIE DU MUSÉE RÉNOVATION PERMANENTE
DE
L’EXPOSITION
Après une exposition d’introduction au niveau de l’accueil, qui cherche à faire remonter le temps à ses spectateurs jusqu’à la prÊhistoire, ceux-ci sont plongÊs dans le monde gallo-romain que dÊcrit le musÊe via le grand escalier, sacralisÊ sous un puit de lumière. Cette idÊe de plonger dans un tout autre univers Êtait voulue par Zehrfuss, qui voyait son escalier comme une descente dans la sombre caverne, oÚ le visiteur pourrait trouver WRXW OH VDYRLU OXL SHUPHWWDQW j OD ¿Q GH UHVVRUWLU à la lumière. 8Q Š¿O GœHDXª GH FRQQDLVVDQFHV DX VHLQ GH OD FDYHUQH
Le parti pris est de retrouver cette conception originelle, dans laquelle l’architecture Êtait un contenant, et les oeuvres antiques le contenu. Aujourd’hui, les rôles sont ambigus, parfois inversÊs, parfois sur un même pied d’ÊgalitÊ. Un travail sur les ambiances et sur la clartÊ de la visite permettra de revenir à une musÊographie hiÊrarchisÊe et cohÊrente. CLARIFIER LE THÉMATIQUES
DÉROULEMENT
DES
En bas de l’escalier, la première salle constitue une mise en ambiance. Ses murs courbes de bÊton serviront à la projection d’images et de vidÊos destinÊes à vÊritablement immerger les visiteurs dans l’univers gallo-romain. Ainsi, l’arrivÊe de l’escalier ne sera plus un lieu à l’acoustique très mauvaise oÚ les guides du musÊe peinent à introduire la collection permanente. Cette collection du musÊe, actuellement divisÊe en 17 parties, sera rÊorganisÊe en 12 grandes thÊmatiques, qui suivent le programme dÊsirÊ par
le conservateur du musÊe. Elles intègreront les nouvelles pièces dÊcouvertes rÊcemment, comme les barques de Saint-Georges. LE FIL ROUGE $¿Q GH PLHX[ FRPSUHQGUH OœHQFKDvQHPHQW GH chaque thème, le parcours du visiteur suivra GDQV OD ŠFDYHUQHª XQ Š¿Oª XQ ¿O GœHDX XQ ¿O Gœ$ULDQH XQ ¿O OXPLQHX[ EUHI XQ Š ¿O URXJH ª une entitÊ pensÊe comme un mobilier musÊal et architectural guidant la visite et maintenant à vif l’intÊrêt du spectateur &H ¿O GH UpIpUHQFH pour toute la visite longera la rampe, actuellement dÊconnectÊe des espaces d’exposition, en prÊsentant succinctement le sujet de chaque espace, posant des questions dont les rÊponses se trouveront dans la salle pour susciter la curiositÊ des plus jeunes comme des adultes, proposant des Êquipements interactifs mais Êgalement des LQVWDQWV GH UHSRV GDQV OD YLVLWH /D ¿QDOLWp HVW GH
/H SDUWL SULV UHSRVH VXU OœLGpH GœXQH FODUL¿FDWLRQ GH OD YLVLWH HW GH OD VXFFHVVLRQ GHV WKqPHV JUkFH j XQ Š¿O URXJHª
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PROJET
LA RÉNOVATION SCÉNOGRAPHIQUE DU MUSÉE
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LES THÈMES ACTUELS 1 - Préhistoire et protohistoire 2 - La fondation 3 - Urbanisme 4 - Le sanctuaire fédéral des 3 Gaules 5 - L’administration de Lugdunum 6 - La présence impériale 7 - L’armée 8 - Les religions 9 - Théâtre et odéon 10 - Les jeux du cirque 11 - Céramiques 12 - Autres artisanats 13 - Les commerçants 14 - La place de Lugdunum dans l’Empire 15 - La vie domestique 16 - Le culte des morts 17 - L’arrivée du christianisme en Gaule
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! LES THÈMES DEMAIN 0 - Lyon remonte le temps 1 - La fondation 2 - Urbanisme 3 - Le sanctuaire des 3 Gaules !! - Découvrir l’épigraphie 4 - La cité et l’Empire 5 - L’armée 6 - Jeux et spectacles !! - L’architecture de Zehrfuss 7 - Les religions 8 - La vie domestique !! - Ateliers divers 9 - Le culte des morts 10 - Lugdunum pôle économique 11 - L’eau dans la ville 12 /D ¿Q GX PRQGH URPDLQ !! - Pour continuer dehors
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Allégement de l’organisation thématique de la collection permanente
PROJET
LA RÉNOVATION SCÉNOGRAPHIQUE DU MUSÉE
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chercher un parcours linéaire, durant lequel on est libre de s’attarder au milieu des thèmes qui nous intéressent, plutôt qu’un parcours très confus et en quelque sorte subi entre les cimaises, qui rallonge la visite et fait rapidement diminuer l’attention du visiteur. L’implantation de ce meuble longiline se fera en parallèle d’un décloisonnement général de l’espace muséal. La suppression des inombrables cimaises libérera les vues et redonnera à l’espace de Zehrfuss toute sa puissance symbolique de JURWWH DUWL¿FLHOOH ,O VHUD DORUV SOXV DLVp GH VH repérer et d’apprécier l’espace architectural continu. De la même façon, la main courante de OD UDPSH VHUD DOOpJpH D¿Q GH PHWWUH HQ YDOHXU OD rambarde en « pétales de béton ». REDESSINER LES ESPACES D’EXPOSITION La dissociation des thématiques du musée passera également par des dispositions muséographiques évoquant à chaque fois des univers particuliers. Par exemple, la thématique de l’amphithéâtre des Trois Gaules pourrait replacer la fresque de l’autel en face de gradins disposés en hémicycle, VXJJpUDQW DLQVL OD FRQ¿JXUDWLRQ RULJLQHOOH GH FHWWH fresque. Le grand nombre de lapidaires appartenant actuellement à la thématique du sanctuaire fédéral pourrait également être présenté comme un champs de ruines, dans lequel on déambulerait librement et s’imprégnerait de l’atmosphère que peuvent dégager toutes ces pierres. EXPLOITER LES VIRAGES $¿Q GH SUpVHUYHU O¶DWWHQWLRQ GX YLVLWHXU MXVTX¶HQ bas, son parcours sera ponctué de pauses, situées dans les virages du musée, qui sont aujourd’hui sous-exploités. Ces pauses sont pensées comme des évènements durant la visite, et traiteront de thématiques volontairement hors collection permanente, dans lesquelles les visiteurs seront libre de se plonger ou non, pour en apprendre plus sur un sujet en particulier. Les sujets envisagés sont les suivants : - l’historique des recherches archéologiques et de la constitution de la collection du musée - qu’est-ce que l’épigraphie et pourquoi elle est LQWpUHVVDQWH "
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- l’architecture du musée de Bernard Zehrfuss - l’actualité des collections - les vestiges antiques du plateau de Fourvière Ces virages seront aménagés en fonction de leur contenu. S’il s’agit de projections vidéo, ils pourront en partie être fermés par une déformation GX PHXEOH ¿O URXJH HW SDU O¶XWLOLVDWLRQ GH ULGHDX[ opalescents, qui viendront alors protéger ces HVSDFHV YLVXHOOHPHQW HW SKRQLTXHPHQW ,OV pourront aussi, dans d’autres cas, être entièrement ouverts. FINIR LA VISITE À L’EXTÉRIEUR Le visiteur terminera son parcours par le dernier niveau du musée, traitant en partie de l’importance de l’eau dans la ville, où il pourra observer, depuis la rampe ou juste à côté, la grande barque découverte à Saint-Georges en 2004. Puis le visiteur sera amené à comprendre le déclin de l’empire romain, l’arrivée du christianisme et le début du monde qui a conduit au nôtre. Avant de sortir à l’air libre, juste devant le grand théâtre, un dernier évènement servira à présenter les vestiges qu’il pourra découvrir en continuant sa visite à l’extérieur. Le visiteur pourra sinon décider de remonter via les ascenseurs jusqu’au niveau d’accueil. LE JUSTE POIDS DU MULTIMÉDIA AU SEIN DU MUSÉE $¿Q G¶LQWpJUHU OH PXVpH GDQV XQH G\QDPLTXH culturelle contemporaine ultra-connectée, le multimédia poursuit la voie ouverte par le musée depuis l’opération MuséoMix. La plupart des nouveaux outils numériques que le PXVpH SRXUUD DFTXpULU VH FRQFHQWUHUD GDQV OH © ¿O d’eau » qui irrigue le musée. Plus qu’un gadget, ce meuble deviendrait une interface interactive capable d’apporter une nouvelle dimension au musée, où les oeuvres sont mises en relation de façon plus évidente. Autrement, des maquettes interactives sur lesquelles seront projetées diverses informations (pour expliquer l’urbanisme romain par exemple) pourront devenir de véritable objets communicant. De même, certaines vidéos présenteront les fouilles archéologiques réalisées pour retrouver les pièces exposées, d’autres serviront à la mise en PROJET
LA RÉNOVATION SCÉNOGRAPHIQUE DU MUSÉE
COUPE SUR LA PREMIÈRE SALLE RÉNOVÉE L’interaction entre les différentes parties de l’espace architectural (rampe, plateaux d’exposition, belvédères, etc.) est retrouYp JUkFH j O¶RXYHUWXUH GHV HVSDFHV HW j O¶DI¿UPDWLRQ G¶XQH QRXYHOOH DPELDQFH JpQpUDOH
Mise en ambiance «cathédrale d’images»
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Fondation
Maquette
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« Champs de ruines » et mise en perspective des tables claudiennes
La fresque de l’autel
Virage « découvrir l’épigraphie »
Plan détaillé sur la première salle rénovée (Fondation Urbanisme, le Sanctuaire des 3 Gaules et premier virage Découvrir l’épigraphie)
PROJET
LA RÉNOVATION SCÉNOGRAPHIQUE DU MUSÉE
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parallèle des oeuvres du musÊe gallo-romain avec celles d’autres institutions du monde, un vaste  musÊe imaginaire  permis par le multimÊdia, que certains conservateurs continuent de craindre. S’il peut y avoir la peur de perdre ces oeuvres de SLHUUH TXL VH WRXFKHQW HW VH UHVVHQWHQW DX SUR¿W d’applications qui donnent la part belle au ludique, nous restons persuadÊs qu’il existe un juste milieu riche de potentiel. AMBIANCE ARCHITECTURALE EXPOSITION DES OEUVRES
 Le multimÊdia est alors moins un outil de communication effective, qu’un outil organisateur, un instrument de mise en forme qui exploite à cette ¿Q WRXW j OD IRLV OœDUERUHVFHQFH OœH[KDXVWLYLWp HW le croisement de critères [‌]  LE MAREC JOËLLE, Le multimÊdia dans les musÊes, valorisation du singulier et reprÊsentation du tout, 1997.
ET
Quant au traitement des ambiances, les lumières et l’acoustique seront entièrement remaniÊes à l’intÊrieur du musÊe. Actuellement, la couleur du sol et les spots contribuent à une atmosphère jaunâtre qui nuit beaucoup à la colorimÊtrie des pièces exposÊes. De plus, la lumière très diffuse dÊnature complÊtement le rapport entre l’architecture et les oeuvres. Par consÊquent, exceptÊ depuis les rares ouvertures qui font entrer la lumière naturelle, l’Êclairage ne viendra plus de l’architecture, mais directement des oeuvres, soit par l’intermÊdiaire de spots de lumière blanche très dirigÊs, soit depuis les supports-mêmes, socles et vitrines. Le clair-obscur ainsi instaurÊ, suggÊrant la symbolique de la caverne que l’on voudrait retrouver, aidera à crÊer une ambiance plus forte et plus en accord avec les idÊes initialement proposÊes pour l’architecture du musÊe. Cette dernière redeviendra ainsi une enveloppe VXI¿VDPPHQW HQ UHWUDLW SDU UDSSRUW DX[ H[SRVLWLRQV, permettant au regard de se focaliser sur les oeuvres. Cette ambiance sera appuyÊe par un nouveau traitement de sol en rÊsine sombre et par un autre design de mobilier d’exposition. Ce dernier dÊlaissera les cimaises et les socles massifs enduits de blanc pour des ÊlÊments en corian noir, parfois complÊtÊs d’une protection en verre, inspirÊs par les vitrines de Zehrfuss que l’on gardera. De plus, la rÊverbÊration sonore très gênante pourra être limitÊe grâce à l’utilisation de panneaux poreux intÊgrÊs au mobilier et de rideaux opalescents dans les virages, selon les besoins formels des thÊmatiques traitÊes. Le visiteur aura moins le sentiment de dÊranger dès qu’il souhaite s’exprimer, pour plus Êchanger sur ce qu’il voit et apprend.
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/H PHXEOH JXLGH VH YHXW rWUH XQ Š ¿O GœHDX ª GRQW OD OXPLqUH continue ondule sur la partie supÊrieure, support d’informations complÊmentaires PROJET
LA RÉNOVATION SCÉNOGRAPHIQUE DU MUSÉE
Le musée souffre aujourd’hui d’un manque de clarté dans sa relation architecture muséographie. Tout est au même niveau, ce qui rend l’ensemble confus.
Un jeu de clair-obscur pour retrouver la symbolique de la caverne désirée à l’origine par Zehrfuss
Un nouveau dessin pour la muséographie, réadaptée aux exigences des visiteurs ultra-connectés du XXIè siècle.
Pause à un virage PROJET
LA RÉNOVATION SCÉNOGRAPHIQUE DU MUSÉE
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LE PARC ANTIQUE ,QYHVWL GHV IRQFWLRQV GH SDUF SXEOLF GH FXOWXUH historique et d’Êmulsion des arts du vivant, le parc est un ÊlÊment essentiel pour l’harmonie de l’ensemble du projet. RELATIONS À LA PÉRIPHÉRIE Une refonte complète de la hiÊrarchie des accès au site est mise en oeuvre, dans l’idÊe toujours de mettre en scène l’arrivÊe sur les lieux. L’accès principal est dÊsormais clairement DI¿UPp j OœHVW HQWUH OHV UpVHUYHV HW Oœ$UFKpR/DE L’axe prÊexistant n’est plus clôturÊ à la limite du parc, mais pleinement libre de se prolonger vers l’Antiquaille avec une matÊrialitÊ continue. Près de l’entrÊe, la toiture de l’ArchÊoLab qui se trouve à une hauteur d’un mètre seulement par rapport au sol, permet au regard de s’Êchapper vers les ruines de l’odÊon. La seconde entrÊe importante se trouve au nord. L’escalier du musÊe descend entre l’Êmergence d’origine et celles de la partie contemporaine, dont il reprend la matÊrialitÊ en pierre. La pente de la rue permet d’intÊgrer une rampe dÊdiÊe aux personnes à mobilitÊ rÊduite. La base des grands YROXPHV pFRUFKpV HVW ODUJHPHQW YpJpWDOLVpH D¿Q de donner le sentiment que tout ceci rÊsulte d’un seul et même paysage. Le belvÊdère, dans la continuitÊ, alterne pavage en dur et bandes enherbÊes, un système inspirÊ par le travail de Renzo Piano à Amiens.
composÊ de SOXVLHXUV OLHX[ j OœH[SUHVVLRQ divergente, qui s’intersectent parfois de IDoRQ WUqV FRQIXVH DX[ ]RQHV FOHIV GX SDUF. De nouveaux traitements, essentiellement au sol, sont envisagÊs pour FODUL¿HU OHV HVSDFHV HW KLpUDUFKLVHU OHV GLIIpUHQWV D[HV HW SDUFRXUV. Fini le bÊton dÊsactivÊ autour des ruines en SLHUUHV ¿QL OHV FKHPLQV HQ DVSKDOWH YLRODFp ¿QL le stabilisÊ isolÊ... DÊsormais chaque traitement rÊpond à une logique correspondant à la vision esthÊtique qui gouverne notre dÊmarche, à savoir la poÊtique des ruines. On n’aurait donc plus que la pierre pour les ruines, le vÊgÊtal pour les zones à caractère pittoresque, du bois pour les parcours et amÊnagements divers, et le stabilisÊ pour les chemins et zones principales en dur. Chacune de ces matÊrialitÊs est ensuite dÊclinÊe selon les besoins, suivant un principe de thème et variations. MultipliÊs aux quatre coins du parc et en particulier tout autour des ruines, selon des tracÊs GpMj pSURXYpV SDU OHV XVDJHUV, les parcours de seconde importance sont donc dessinÊs en bois. Parfois plein, par exemple au-dessus des ruines, ou en  pas japonais , lorsqu’il ne s’agit que de suggÊrer des chemins au milieu des arbres, le bois sert aussi aux amÊnagements de confort, bancs et gradins. La signalÊtique et les panneaux d’informations dissÊminÊs un peu partout sur le site par le musÊe gallo-romain sont eux traitÊs en mÊtal clair, une exception de matÊriau motivÊe par simple souci
Au-delà de la simple question des accès, c’est tout un pourtour qui est traitÊ de manière à crÊer des relations physiques et visuelles subtiles entre le quartier et le parc. Chaque architecture entretient un rapport particulier avec le paysage intÊrieur, que ce soit les poutres vÊgÊtalisÊes de l’ArchÊoLab, la dimension romantique des rÊserves ouvertes sur le jardin MagnÊval, les canons à lumière de Zehrfuss ou bien encore les masses paysagères et l’entaille basse de l’extension. ÉPURER L’EXPRESSION MATÉRIELLE DU PARC L’analyse a pointÊ du doigt un ensemble paysager
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Variations adaptĂŠes des matĂŠriaux pierre, bois, mĂŠtal, vĂŠgĂŠtal et sablĂŠ
PROJET
LE PARC ANTIQUE
GH SpUHQQLWp HW GH YLVLELOLWp $¿Q GH QH SDV WURS dÊnoter, tout un travail est à effectuer sur le suivi des lignes des ruines, autour desquelles ces panneaux pourront venir se plier. Quant au sablÊ, c’est un matÊriau de rÊfÊrence pour l’amÊnagement des espaces publics du *UDQG /\RQ ,O HVW pJDOHPHQW GpMj WUqV SUpVHQW dans le jardin MagnÊval. L’un des aspect pratique des sablÊs est qu’on peut soit les stabiliser mÊcaniquement, soit à l’aide d’une rÊsine, bien plus rÊsistante sur le très long terme. Un même matÊriau, adaptÊ à deux usages diffÊrents. Deux dernières matÊrialitÊs prennent place au sol uniquement en pÊriphÊrie : la pierre de quartzite SRXU OœH[WHQVLRQ HW OH SDYDJH FDOFDLUH TXL VLJQL¿H au niveau de la rue de l’Antiquaille la prÊsence du parc. La teinte du sablÊ utilisÊ à l’intÊrieur du parc est d’ailleurs similaire à celle de ce pavage. L’IMMUABLE ET LE MOUVEMENT /œLPSODQWDWLRQ GH QRXYHDX[ pGL¿FHV D UHPLV HQ question l’identitÊ vÊgÊtale de certaines parties, et nÊcessite donc de reprendre, à l’Êchelle de tout le parc la conception des espaces verts, dans le but de retrouver une force d’ensemble tout en respectant les particularitÊs de chaque lieu. Nous nous sommes intÊressÊs à la relation entre la pierre des ruines et le vÊgÊtal. Sur un dessin de Zehrfuss pour son projet de musÊe, on comprend clairement que la partie supÊrieure de son musÊe
Êmerge de la colline et de son paysage. Notre imaginaire personnel de la ruine amenÊ une autre vision, inverse, oÚ le vÊgÊtal reprendrait ses GURLWV HW SRXVVHUDLW GDQV OHV FUHX[ GX EpWRQ HQWUH OHV MRLQWV GHV SLHUUHV. Gilles ClÊment, paysagiste français, a beaucoup thÊorisÊ sur cette notion de paysage sauvage, de Š MDUGLQ HQ PRXYHPHQW ª. Estimant que le paysage est un palimpseste ouvert, Êvolutif, tributaire des cultures et des individus, Gilles ClÊment dÊfend l’idÊe d’une conception et d’une gestion laxiste des espaces verts qui laisse toute sa place au hasard des vents, aux surprises de la nature. Cette philosophie qu’il a approfondie ensuite avec d’autres concepts, tel que le TiersPaysage à Saint-Nazaire, dont nous nous VRPPHV LQVSLUpV UHGp¿QLW OD SODFH GH OœKRPPH face à la biodiversitÊ. Le dÊveloppement par VWUDWL¿FDWLRQ GHV HVSqFHV YpJpWDOHV GœXQ MDUGLQ HQ PRXYHPHQW UHMRLQW pJDOHPHQW SDU DQDORJLH la dimension patrimoniale du site, sur lequel se superposent de nombreuses couches historiques. Nous nous sommes alors tout particulièrement intÊressÊs à l’idÊe de replacer les ruines antiques dans ce processus. Le temps joue ici un rôle primordial. La PXVpL¿FDWLRQ GH FH VLWH QœDXUDLW SDV GH VHQV HW une Êvolution dans la durÊe est dÊjà assumÊe sur FKDFXQH GHV LQWHUYHQWLRQV DUFKLWHFWXUDOHV ,O VœDJLW donc uniquement d’envisager la vÊgÊtalisation du parc à partir d’une conception de dÊpart RXYHUWH DX[ GpULYHV YpJpWDOHV TXL DUULYHURQW
Coupe paysagère au sud, depuis le sous-bois jusqu’à l’odÊon PROJET
LE PARC ANTIQUE
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ensuite. On conçoit une première phase, un instant 0, à partir duquel de nouveaux rapports LQVRXSoRQQpV HQWUH UXLQHV HW ÀRUH VH GpYHORSSHURQW d’eux mêmes, et oÚ le seul contrôle serait celui permettant d’Êviter la friche. Au milieu de l’ensemble vÊgÊtal foisonnant se rÊvÊleront ainsi les traces historiques, de la même manière qu’elles se sont rÊvÊlÊes aux archÊologues 80 ans plus tôt. ([SORLWHU OH FDUDFWqUH IUDJPHQWDLUH TXL OLH OHV UXLQHV H[WpULHXUHV DX[ pSLJUDSKLHV j OœLQWpULHXU du musÊe permettra, on l’espère, d’obtenir l’identitÊ globale dont le site a besoin. VARIATIONS VÉGÉTALES
Inversement du paysage imaginĂŠ par Zehrfuss
ÂŤâ€˜Faire le plus possible avec, le moins possible contre’ rĂŠsume la position du jardinier du Jardin en Mouvement. [...] Comme tous les espaces animĂŠs d’êtres vivants - plantes, animaux, humains - le Jardin en Mouvement se trouve soumis Ă l’Êvolution rĂŠsultant de leur interaction dans le temps.Âť G. CLÉMENT, 1984, La friche apprivoisĂŠe, ĂŠd. Sens et Tonka.
$¿Q GœDERUGHU DX PLHX[ FHV TXHVWLRQV QRXV sommes tout d’abord passÊ par une phase de zonage vÊgÊtal. Derrière ce nom barbare se cache OD YRORQWp GH FODUL¿HU OHV OLPLWHV GH FKDTXH ]RQHV du projet - qui disparaitront peut être dans trente DQV HW OHXUV TXDOLWpV IRUPHOOHV D¿Q GœXWLOLVHU OD ÀRUH SRXU UHQGUH OH VLWH DJUpDEOH WRXWH OœDQQpH (cf. calendrier en annexes), dans la continuitÊ du patrimoine vÊgÊtal prÊsent. Voici quelques exemples. L’esplanade entre l’odÊon et l’ArchÊoLab est un vide essentiel dans la complexitÊ du site tout entier, qui se distingue par sa pelouse uniforme. LaissÊ tel quel, cet espace sera juste mis en valeur par le traitement de ses limites. Par exemple au sud, des arbres permettront de rythmer le grand mur aveugle qui nous sÊpare du lycÊe Jean Moulin. Concernant la toiture vÊgÊtale de l’ArchÊoLab, elle est la pure concrÊtisation de cette idÊe de UHQFRQWUH HQWUH OH PLQpUDO DUWL¿FLHO HW OH YpJpWDO naturel. Entre les poutres de bÊton pousseront ainsi, et dÊborderont peut-être, des plantations composÊes de graminÊs, d’orpins et de plantes grimpante, toutes adaptÊes à une utilisation en toiture vÊgÊtale. De certains points de vue sur le site, cette toiture marquera une ligne d’horizon forte soulignant les toits de la ville de Lyon vus au ORLQ $LQVL OHV HVSqFHV RQW DXVVL pWp FKRLVLHV D¿Q d’être en accord avec la colorimÊtrie caractÊristique de ce paysage urbain : la dominance des graminÊs, de teintes très claires, sera parcemÊe de points de couleurs vives dans les tons rouges, ocres et jaunes fournies par le jasmin en hiver et par les orpins tout le reste de l’annÊe. Au-dessus du jardin MagnÊval se trouve la butte de Zehrfuss, contituÊe d’espèces arbustives touffues et persistantes, à la colorimÊtrie Êtendue.
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PROJET
LE PARC ANTIQUE
PROJET
LE PARC ANTIQUE
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ARBRES érable charme frêne
GRIMPANTES pervenche vigne vierge
VIVACES hibiscus
ARBRES cyprès stricta d’Italie
GRAMINÉS canche cespiteuse imperata red baron
ARBUSTES lavande thym
VIVACES hibiscus
Situation des différentes interventions végétales
ARBUSTES viorne troène forysthia...
ARBUSTES viorne troène forysthia...
ARBUSTES lavande thym
GRIMPANTES pervenche vigne vierge
HERBES pelouse achilée millefeuilles lin
GRAMINÉS festuca glauca canche cespiteuse imperata red baron
VIVACES aubrieta rue officinale rose de Noël
HERBES pelouse achilée millefeuilles
GRIMPANTES vigne vierge glycine
HERBES pelouse achilée millefeuilles
HERBES pelouse achilée millefeuilles
GRIMPANTES clématite bignone jasmin d’hiver
ORPINS orpin blanc sedum rouge orpin âcre
GRAMINÉS canche cespiteuse imperata red baron
Aménagements anciens conservés
Aménagements nouveaux ou rénovés
ARBRES platane
ARBUSTES ciste pourpre arbousier tamarix
ARBRES cyprès stricta d’Italie érable marronnier
GRAMINÉS canche cespiteuse imperata red baron
GRIMPANTES pervenche vigne vierge
ARBRES À FLEURS poiriers
VIVACES hibiscus
ARBUSTES viorne troène forysthia...
Cette  cascade vÊgÊtale  sera laissÊe en l’Êtat. Les plantations seront même utilisÊes à d’autres endroits du parc, et surtout continuÊes jusqu’à l’extension. Cette homogÊnÊisation de la colline permettra de mettre en valeur l’idÊe de bâtiments paysages qui en Êmergent. (Q¿Q DXWRXU GHV UXLQHV OHV VFKpPDV GœLQWHUYHQWLRQ varient selon la situation et la sensibilitÊ. Les ruines pourront être remplies d’herbe, entourÊes d’espèces arbustives adaptÊes à la rocaille (lavande, thym), ou marquÊes par des arbres tout en verticalitÊ (cyprès sur les ruines entre les deux thÊâtres). Une seule règle : aucune espèce capable de mettre à mal les ruines sur le long terme. VARIATIONS NOCTURNES /H SDUF VHUD RXYHUW OD QXLW D¿Q GH IDLUH dÊcouvrir les traces historiques du site d’une nouvelle façon.
praticables même à la nuit tombÊe. Chaque thÊâtre sera illuminÊ d’une couleur propre. Une teinte bleu fumÊ permettra d’accentuer la majestuositÊ du grand thÊâtre, tandis que des tons plus chauds favoriseront une ambiance intime et chaleureuse adaptÊe à la dimension rÊduite de l’odÊon. 4XDQW DX UHVWH GHV UXLQHV HOOHV EpQp¿FLHURQW de PRGHV GœLOOXPLQDWLRQ GLYHUV HW QRQ ¿JpV, mais toujours censÊs souligner leur morphologie particulière. A titre d’exemple, les ruines supÊrieures de l’amphithÊâtre pourraient être pFODLUpHV SDU SDOLHUV VXFFHVVLIV D¿Q GH PHWWUH HQ Êvidence leur rapport à la pente. Pour les ruines de taille moindre, elles pourraient jouer de gammes chromatiques Êlargies complÊmentaires aux couleurs des plantes Êgalement illuminÊes. 'H QRPEUHXVHV LQWHUYHQWLRQV VRQW DX ¿QDO envisageables, et pourraient être rÊgulièrement changÊes pour faire vivre le site la nuit.
A l’extÊrieur du site, une intervention sur le sommet de la cheminÊe de la Chaufferie pourrait marquer un nouveau repère dans la ville. A l’intÊrieur, la mise en lumière se concentrera essentiellement sur les ruines et sur les scènes des thÊâtres, en plus d’un Êclairage lÊger destinÊ à rendre les parcours
Plan lumières pour le parc antique
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PROJET
LE PARC ANTIQUE
5 CONCLUSION
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SYNTHĂˆSE UN SITE AUX PROBLÉMATIQUES COMPLEXES Les contraintes historiques imposĂŠes par les ruines du parc archĂŠologique nous ont dès le dĂŠbut obligĂŠs Ă revoir notre notion d’intervention patrimoniale. ExceptĂŠ le travail adjacent au musĂŠe de Zehrfuss, aucune de nos interventions architecturales n’a eu Ă traiter directement avec un monument ancien Ă proprement parler. Le site proposĂŠ n’intĂŠgrait en effet aucune des problĂŠmatiques habituelles liĂŠes Ă des projets en site historique. Patrimoine paysager, parc archĂŠologique public, scĂŠnographie originelle, fragments du passĂŠ, environnement urbain historique hĂŠtĂŠrogène... Bref, aucune ĂŠvidence possible. ,O D GRQF IDOOX UpĂ€pFKLU SRXU OD SUHPLqUH IRLV GH notre cursus Ă ces questions et ainsi concevoir non pas juste un bâtiment, mais un ensemble pluriel Ă grande ĂŠchelle. Les dĂŠfauts de fonctionnement actuels du site nous ont poussĂŠ Ă intervenir de façon ĂŠlargie, sur toute la frange non mise en valeur qui fait le lien entre la ville et le site, autant qu’au coeur mĂŞme du parc. Un projet ainsi ĂŠclatĂŠ nĂŠcessitait forcĂŠment un parti pris global, essentiel pour trouver la cohĂŠrence vecteur d’intĂŠgration, d’esthĂŠtique d’ensemble et, surtout, d’identitĂŠ. DEUX PRINCIPES DIRECTEURS On peut rĂŠsumer ce projet avec deux partis pris principaux. Tout d’abord, la structure mĂŞme d’intervention s’est faite en limite du site, ÂŤ Ă l’orĂŠe des ruines Âť. Le projet cherche en effet Ă ĂŞtre autant un projet patrimonial qu’un projet urbain. Chaque installation programmatique est ainsi destinĂŠe Ă rĂŠtablir et dynamiser un lien perdu entre la ville et les ruines gallo-romaines. Les crĂŠations architecturales qui en rĂŠsultent utilisent chacune leurs propres moyens, adaptĂŠs Ă chaque situation gĂŠographique. Toutefois, elles le font toutes selon une volontĂŠ de mise en scène de la dĂŠcouverte des lieux. Une ouverture visuelle totale entre les deux parties du quartier aurait ĂŠtĂŠ caricaturale, et aurait forcĂŠment conduit Ă une clĂ´ture physique inadaptĂŠe (comme c’est dĂŠjĂ le cas sur une partie du site). MĂŠnager les vues, attiser la curiositĂŠ, inviter Ă se GpSODFHU DXWRXU GHV pGLÂżFHV j GpFRXYULU OHV WUDFHV archĂŠologiques de façon progressive rĂŠsultent de
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l’envie d’entretenir un rapport plus Êtroit entre l’homme et ce site qui prÊsente son histoire. Nous considÊrons que cette structure du projet inscrite dans la durÊe, et qui concerne tout le quartier, est la base fondamentale de notre rÊponse au site. Ensuite, dans l’Êcriture architecturale, c’est un SDUWL SULV IRUPHO TXL D VHUYL GH JXLGH ,VVX GœXQH lecture particulière du site qui nous a touchÊs, il cherche à mettre en Êvidence une relation profonde et sensible entre la minÊralitÊ du sol, des ruines, et la vÊgÊtation. L’objectif et de respecter, intÊgrer voire même valoriser le paysage du site, entre valeur historique et beautÊ sublime, sans en altÊrer toutes les qualitÊs. Et nous avons choisi pour cela une architecture qui ose plutôt qu’une architecture qui ne cherche qu’à s’effacer. En somme, que ce soit au sein des espaces pittoresques du parc ou sur OD VWUXFWXUH GHV pGL¿FHV GHV EDVHV IRUPHOOHV VRQW SURSRVpHV j SDUWLU GHVTXHOOHV DX ¿O GX WHPSV HW de façon imprÊvisible, les perpÊtuelles Êvolutions de la nature sauront faire vivre les ÊlÊments immuables qui structurent le site. FAVORISER L’APPROPRIATION /D ¿QDOLWp HVW GH SDUYHQLU j FH TXH OH SDUF archÊologique de Fourvière soit rÊintÊgrÊ à son environnement urbain, comme s’il ne s’en Êtait jamais dÊtachÊ. Rendre ce patrimoine aux habitants du quartier, de la ville, d’au-delà , les LQYLWHUD RQ OœHVSqUH j YHQLU SUR¿WHU WRXMRXUV plus de ces lieux exceptionnels, qui donnent la part belle à leur histoire. Peut-être pourront-ils y jouer, y pique-niquer, s’y reposer, y apprendre, s’y divertir, s’y Êmerveiller... Peut-être pourront-ils alors s’y attacher, et mieux, s’en souvenir.
CONCLUSION
L’esplanade devant l’Odéon De nouveaux usages pour le parc archéologique
© /D YLOOH GH GHPDLQ YD W HOOH Gp¿QLWLYHPHQW reléguer les villes du passé au musée du patrimoine historique ? N’est-il pas possible, au contraire, d’intégrer villes, centres et quartiers anciens dans la vie quotidienne de l’ère électronique, de les rendre à des usages qui ne soient pas ceux de l’industrie culturelle ? » Françoise CHOAY, dans la préface de L’Urbanisme face aux villes anciennes,Giovannoni Gustavo, 1998, Paris, Editions du Seuil.
CONCLUSION
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RETOUR CRITIQUE SUR UN PATRIMOINE VÉCU UN PROJET À L’ÉPREUVE DU TEMPS Le site archÊologique et la variÊtÊ des patrimoines qui le compose appellent une temporalitÊ dans l’usage de l’architecture, indissociable du projet. Cette architecture, intemporelle en partie, propose un lien entre la ville et le patrimoine, entre le paysage et le bâti, entre des composantes aussi hÊtÊrogènes que celles qui marquent le visage de Fourvière.
diffÊrente de tout ce que l’on a dÊjà pu Êtudier a du rWUH WURXYpH D¿Q GœpYLWHU OHV ULVTXHV TXH SUpVHQWH une intervention sur ce genre de patrimoine inhabituel. Pour le valoriser et le faire vivre, il a fallu chercher le bon Êquilibre entre architecture contemporaine et parc archÊologique. LE PATRIMOINE, VECTEUR DÉVELOPPEMENT DURABLE
DE
$ OÂśKHXUH GX ;;,qPH VLqFOH HW GH VRQ global warming, la reconversion du patrimoine occupe une place essentielle dans le renouvellement XUEDLQ HW OD UHTXDOLÂżFDWLRQ GHV HVSDFHV SD\VDJHUV
Dans ses usages, le projet propose un scÊnario autour de la question du savoir et de sa transmission, et de l’Êmulsion artistique et culturelle. Ces deux composantes correspondent aujourd’hui à un Êtat d’usage du site qui lui permettra de fonctionner et de s’ouvrir sur la ville. 0DLV TXœHQ VHUD W LO GDQV DQV " /HV QRXYHOOHV technologies rendront peut être obsolètes les travaux de l’ArchÊoLab. Le musÊe, qui se dÊveloppera peut-être considÊrablement, pourra se servir du bâtiment des rÊserves comme d’une annexe d’exposition ou d’ateliers pÊdagogiques. Les thÊâtres retrouveront-il une programmation FXOWXUHOOH TXRWLGLHQQH " /H WHPSV UpVHUYHQW GHV VXUSULVHV OHV XVDJHV QH SHXYHQW rWUH Gp¿QLV VXU le long terme.
La colline de Fourvière prend la forme d’un palimpseste exceptionnellement riche. Aujourd’hui la notion de rÊemploi et d’intÊgration de l’existant dans le renouvellement des espaces urbains nous incite à nous rÊapproprier le patrimoine, qu’il soit dÊlaissÊ ou non. Leur architecture a rÊsistÊ à l’Êpreuve du temps, de nouveaux usages sont certainement à trouver.
,O IDXW GRQF SHQVHU j FH TXœLO UHVWHUD GH l’architecture. Le temps aura posÊ sa patine, les structures contemporaines deviendront ruines. L’architecture ne doit pas cÊder à un effet de mode. A la manière de l’intervention rÊussie de =HKUIXVV UHVWHU ¿GqOH DX SDWULPRLQH HW DX FDUDFWqUH pittoresque de la colline est une gageure pour son intÊgritÊ à long terme. La pierre et le bÊton, les pleins et les vides, tout cela assure une identitÊ pÊrenne que le temps ne pourra que renforcer. Si en plus ces structures abritent des espaces VXI¿VDPPHQW ÀH[LEOHV j OœLPDJH GH OD &KDXIIHULH de Bourdeix, l’architecture saura rÊsister aux annÊes. L’organisation de l’ArchÊoLab ou des rÊserves, pensÊe pour s’adapter à d’autres usages, s’inscrit donc elle aussi dans la durÊe.
De plus, rÊsister aux annÊes qui passent, Êviter les structures ÊphÊmères, agir dans le temps rejoint parfaitement notre volontÊ de proposer une architecture inscrite dans la durÊe.
LE PAYSAGE, UN PATRIMOINE À HABITER
La notion de dÊveloppement durable n’est pas uniquement assimilable à l’Êcologie et aux Êconomies d’Ênergie. Elle implique aussi des Êvolutions sociales et communautaires, oÚ l’identitÊ Êtablie grâce à un hÊritage commun est essentielle. Dans notre cas, l’approche durable ne concerne pas une rÊhabilitation patrimoniale, mais plutôt la pÊrennitÊ du parc archÊologique dans la ville contemporaine.
Finalement, les analogies entre patrimoine et dÊveloppement durable sont nombreuses. L’un comme l’autre sont amenÊs à agir de concert, à s’aider mutuellement. Ce projet nous a permis de prendre conscience de cette dimension un peu particulière, que l’on espère pouvoir dÊvelopper dans des projets futurs.
Si le site abrite divers patrimoines bâtis, son coeur HW OHV UXLQHV TXL OH PDUTXHQW IRQW SOXV RI¿FH GH SD\VDJH ,/ HVW GLI¿FLOH GœLQYHVWLU XQ VLWH SDUHLO sans en altÊrer le caractère sublime. Une approche
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CONCLUSION
6 ANNEXES
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ENTRETIEN NOTES D’UN ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE MONNET, DIRECTEUR ADJOINT DU CENTRE ERASME, LE 11 FÉVRIER 2014 À LYON.
Le Centre Erasme a ÊtÊ crÊÊ en 1997 et s'est installÊ en milieu rural à l'Êpoque oÚ la rÊgion O\RQQDLVH GpYHORSSDLW OD ¿EUH HW GpPRFUDWLVDLW ,QWHUQHW ,O GpSHQG GX GpSDUWHPHQW GX 5K{QH ,O s'agit d'un centre de prospectives et d'innovations numÊriques appliquÊes aux services publics et en particulier à l'Êducation, à la culture, aux seniors et DX[ VHUYLFHV WHUULWRULDX[ ,O IRQFWLRQQH FRPPH XQ Living Lab c'est-à -dire que ce sont les utilisateurs qui nourrissent les besoins et qui valident l'utilitÊ et l'intÊrêt des rÊalisations et des innovations SURSRVpHV ,OV VRQW SHUVRQQHV j WUDYDLOOHU dans cette structure (ingÊnieurs, dÊveloppeurs, spÊcialistes des usages, administrateurs...) & HVW HQ TX D pWp FUpp OH 0XVpR/DE D¿Q de travailler sur la place du numÊrique dans le musÊe, et en particulier sur le futur MusÊe des &RQÀXHQFHV /D TXHVWLRQ SRVpH pWDLW FHOOH GH savoir comment crÊer une exposition Êvolutive en travaillant sur des concepts des rÊalitÊs augmentÊes, de tickets intelligents... Un atelier du centre Erasme de 200m² (sous 8m de plafond D¿Q G H[SpULPHQWHU j JUDQGH pFKHOOH D pWp LQYHVWL L'Êquipe du MusÊoLab souhaitait mettre en place des workshops avec des artistes, des designers, des chercheurs, des musÊographes. Leur mission est d'apporter des rÊponses aux musÊes dans leur dÊveloppement, reconversion ou encore refonte de leur musÊographie. Par exemple, les salles d'accueil de groupe du futur MusÊe des &RQÀXHQFHV RQW pWp UHSURGXLWHV SRXU SRXYRLU proposer un système d'accueil du public viable (correspondant au public, à l'architecture du musÊe, aux technologies existantes...) La structure ne fonctionne pas comme un prestataire PDLV FRPPH XQ DWHOLHU GH SURVSHFWLYHV ,O Q \ D pas de dÊpôts de brevets mais de marques et ils WUDYDLOOHQW DYHF GHV HQWUHSULVHV SDU FRQYHQWLRQV OHV FRQWUHSDUWLHV ¿QDQFLqUHV SHUPHWWHQW GH IDLUH fonctionner le MusÊoLab. ,OV RQW GpMj GpYHORSSp SOXVLHXUV V\VWqPHV
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aujourd'hui utilisÊs dans des musÊes principalement de la rÊgion lyonnaise mais aussi dans l'ensemble du territoire français, comme en particulier des Tables MultiTouch (ces tablettes tactiles gÊantes pouvant être utilisÊes par plusieurs utilisateurs) ou encore les Paperzooms (feuilles à dÊplacer sur une carte et qui selon leurs positions et leurs hauteurs peuvent prÊsenter diffÊrentes Êpoques)... Chaque annÊe le MusÊoLab organise l’ÊvÊnement MusÊomix. Pendant 3 ou 4 jours, il propose de remixer l'exposition d'un musÊe, ou plutôt sa musÊographie. En effet une Êquipe de plusieurs musÊomixeurs (plus de 400 sur les 6 musÊes choisis pour l’ÊvÊnement en 2013) s’attelle à faire vivre des objets, parler les vieilles pierres, faire participer les utilisateurs aux expositions. Les enjeux principaux pour le public Êtaient de se sentir davantage pris en compte dans le musÊe et de pouvoir interagir avec les objets et œuvres H[SRVpHV GH SUR¿WHU GHV QRXYHDX[ PR\HQV GH mÊdiations technologiques, ludiques, interactifs‌ ,O VœDJLW DXVVL GH PLHX[ WUDQVPHWWUH OD YDOHXU HW OD nature des collections. Toujours sur le modèle du LivingLab ce qui est aussi le plus important est la rÊception par le public : quelles sont ses rÊactions, qu'est ce qui fonctionne le mieux, mais aussi tester les limites de la technologie sur l’œuvre (quand est ce que le numÊrique est trop prÊsent, quand est ce que le visiteur s’intÊresse uniquement aux mÊdias avant de s’intÊresser au contenu) La structure actuelle va s'installer au MusÊe GHV &RQÀXHQFHV FH TXL SHUPHWWUD G DYRLU XQ  showroom  de qualitÊ dans une structure musÊale et d'être au plus près de la culture HW GH VHV LQVWLWXWLRQV ,O UHVWH FHSHQGDQW XQH structure indÊpendante et fonctionnera toujours en workshop. L'atelier sera ouvert au public FRPPH DX[ SURIHVVLRQQHOV ,O VHUD O pTXLYDOHQW SHUPDQHQW GX 6,7(0 OH VDORQ GH OD WHFKQRORJLH dans les lieux de culture. Le MusÊoLab a pour vocation de se tourner vers l'ensemble des musÊes intÊressÊs et non pas uniquement vers le MusÊe GHV &RQÀXHQFHV Le MusÊoLab s'est aujourd'hui bien dÊveloppÊ et reçoit de nombreuses demandes, en particuliers de communes souhaitant valoriser un site archÊologique, souhaitant rendre visitable et attractive une grotte qu’ils ont dÊcouverte ou
ANNEXES
jamais ouverte au public, ou encore souhaitant mettre en place un centre d'interprétation pour un site patrimonial. Aujourd'hui la structure du MuséoLab n'est pas directement spécialisée dans ces domaines et il serait intéressant de se pencher sur ces questions de muséalisation et de valorisation par l'innovation technologique de ces sites.
ANNEXES
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TEMPORALITÉ DU PARC
HIVER BUTTE ZEHRFUSS
Hibiscus Pervenche Vigne vierge Viorne Troène Forysthia Cotoneaster Tamarix
JARDIN MAGNÉVAL
Cyprès Erable Marronnier Ciste pourpre Arbousier Tamarix Canche cespiteuse Imperata red baron Pelouse Achillée millefeuilles Vigne vierge Glycine
TALUS
Pelouse Achillée millefeuilles Poirier à fleurs
PLAINE ODÉON
Pelouse Achillée millefeuilles Platanes
TOIT ARCHÉOLAB
Canche cespiteuse Imperata red baron Orpin blanc Sedum rouge Orpin âcre Clématite Bignone Jasmin d’hiver
RUINES
Aubrieta Rue officinale Rose de Noël Lavande Thym Festuca glauca Canche cespiteuse Imperata red baron Pelouse Achillée millefeuilles Lin
CASCADE RUINES
Lavande Thym Canche cespiteuse Imperata red baron Cyprès
SOUS-BOIS
PRINTEMPS
ÉTÉ
AUTOMNE
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Erable Charme Frêne
Gammes chromatiques offertes par l’ensemble des espèces du projet tout au long de l’année
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ANNEXES