Vivai 2017 04 f

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Le magazine

du bien-être et du développement durable

04/2017

INTESTIN SEREIN Comment identifier les fauteurs de troubles digestifs pour lutter contre gaz et et ballonnements?

FITNESS EN FORÊT Les parcours Vita ont su évoluer et prennent toujours bien soin de notre santé.

Lire rend heureux Que lisons-nous, où et comment ?


Comme promis: tout notre poisson est durable.

Plus d’infos sur cette promesse tenue sur generation-m.ch


EDITORIAL

Envie de bon Chère lectrice, cher lecteur, et de beau La jeune femme feuilletait lentement les La revue Migros du bien-être et du développement durable

Octobre 2009/01

Le recyclage L l à l’i l’indienne di La santé dans toutes les assiettes

©

Une posture séduisante

m-well 1/09

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Un beau parcours

Il ne faudrait pas verser dans la nostalgie. C’est pourquoi, alors que je signe mon dernier éditorial pour Vivai, je ne m’étalerai pas sur mes années à la tête de la rédaction. Un coup d’œil toutefois au premier numéro, d’octobre 2009. Je trouve que le caractère de Vivai s’est joliment affirmé au fil des 47 numéros qui ont suivi. Et cela suffit comme compliment.

Photo de couverture: Stephanie Rausser / Trunk Archive © Photo: Sabine Braun

Une vie meilleure

Il y a des chances pour que vous soyez déjà au courant, mais je vais tout de même utiliser cette colonne pour vanter le travail de mes collègues qui gèrent deux nouvelles plateformes au service de notre bien-être – à consulter en attendant la sortie du prochain Vivai. Il s’agit de migusto.ch, où vous trouverez quantité de recettes et des vidéos attractives, ainsi que migros-impuls.ch, qui vous offre des conseils utiles pour améliorer votre bien-être et votre santé.

pages d’un livre épais et y plaçait des marque-pages. Autour d’elle, on faisait défiler, on tapait, on balayait du bout du doigt. Bien qu’elle ait été assise dans le tram, elle semblait directement sortie d’une peinture du XIXe. Non, il ne s’agit pas d’une critique à l’encontre de la société numérique. Et oui, je sais que l’on peut également lire des romans sur des tablettes ou des smartphones. La jeune femme au centre de cette scène jouissait d’un loisir qui manquait aux autres passagers du tram. Quand, si ce n’est en été, a-t-on sinon le temps de s’adonner au (délicieux) plaisir de lire? C’est pourquoi nous dédions ce numéro de Vivai à ce loisir, l’un des plus essentiels pour l’humanité: la lecture. Pour moi, la lecture est, et a toujours été, comme une révélation. Chaque livre et un certain nombre d’articles sont des clés ouvrant sur d’autres mondes. Au fil des années, mes comportements de lectrice se sont bien sûr modifiés. Et affirmés. Par exemple, je lis uniquement des journaux que personne n’a encore feuilletés. Par contre, j’aime l’odeur de moisi des vieux livres de la bibliothèque. Si je ne lis jamais les notices d’emploi, je dévore tout ce que je trouve sur la famille royale espagnole. Je lis toujours plusieurs livres en parallèle, et il m’arrive de commencer par la fin. J’ai du mal à me défaire de mes livres. Même si je ne les ouvre plus, ils restent sur mes étagères car, pour moi, ils continuent à rayonner. Lorsque je travaille, je suis consciente que des magazines tels que Vivai existent uniquement parce que vous lisez. Quiconque écrit souhaite être lu. En tout cas, c’est ainsi qu’il en est pour moi. C’est pourquoi je considère comme partie de ma rémunération le fait que quelqu’un lise mes lignes. Ce que vous avez fait au cours des dernières années. Je vous en remercie, tout en prenant congé de vous. Je vais commencer un nouveau chapitre du livre de ma vie. Je vous souhaite, chère lectrice, cher lecteur, de belles années à venir. Et de conserver votre lien avec Vivai.

Rédactrice en chef Vivai 2017

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Photos : Alexandra Wey

Publireportage

Sayed, 13 ans, seul en exil : sa famille lui manque Des circonstances tragiques ont séparé Sayed de sa famille. Ce jeune Afghan de 13 ans n’est pas un cas unique. Toujours plus d’enfants sont livrés à eux-mêmes sur les routes de l’exil, parce qu’ils ont perdu leurs proches en chemin ou que leurs parents les ont envoyés dans ce qu’ils voient comme un paradis. Comment s’est-il senti à son arrivée en Suisse? Le garçon de 13 ans répond simplement : « Juste fatigué ». Sayed a fui l’Afghanistan avec ses parents, son frère et sa sœur. Au moment de faire la traversée de Turquie en Grèce, la famille est séparée dans une bousculade. Sayed perd ses parents de vue. Avec un jeune compatriote, il poursuit la route des Balkans jusqu’en Suisse. Seuls dans un pays étranger Il vit aujourd’hui à la Maison de la Jeunesse à Immensee, un établis-

Apprenez-en plus sur Sayed : agirtoutsimplement.caritas.ch

Les enfants réfugiés ont besoin d’une protection particulière Ces dernières années, toujours plus d’enfants réfugiés sont arrivés seuls en Suisse et y ont déposé une demande d’asile. Ils viennent principalement d’Érythrée, d’Afghanistan, de Somalie et de Syrie. Ces jeunes sont livrés à eux-mêmes dans une société dont ils ne connaissent ni la culture ni la langue. Beaucoup sont de surcroît traumatisés. La Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant exige des États signataires un encadrement et une représentation juridique dans la procédure d’asile, ainsi qu’un hébergement dans une structure adaptée. Mais les conditions qui attendent les réfugiés mineurs non accompagnés varient beaucoup d’un canton à l’autre.

sement tenu par Caritas sur mandat du canton de Schwytz. Les autres résidents viennent d’Érythrée, d’Afghanistan, de Somalie, du Mali, de Guinée et de Syrie. Ils ont entre 13 et 18 ans. Encadré sept jours sur sept par une équipe de Caritas, Sayed a des journées bien structurées. Il bénéficie d’un soutien sociopédagogique. Une curatrice et une personne de référence s’occupent aussi de lui. Sayed peut s’adresser à elles quand il veut. « Mais personne ne peut remplacer l’amour d’un père ou d’une mère », souligne le garçon. Avec force, énergie et endurance Très inquiet pour sa famille, Sayed regarde malgré tout vers l’avant. Il apprend vite. En peu de temps, il a fait le saut de la classe d’intégration à la classe normale. Aujourd’hui, il se retrouve sur les mêmes bancs d’école que les jeunes de Küssnacht et rêve de devenir banquier : « Je suis jeune, j’apprends beaucoup de choses et je fais de bonnes notes. Je dois y arriver », déclare-t-il plein de confiance.

Caritas aide les enfants réfugiés : elle organise des placements dans des familles et des parrainages. Elle s’engage dans la représentation et la consultation juridiques, ainsi que dans l’organisation des loisirs. Elle favorise en outre l’intégration sociale et professionnelle des réfugiés mineurs et se mobilise pour que les enfants soient hébergés dans des conditions adaptées. Compte pour vos dons : 60-7000-4 Pour les dons en ligne : caritas.ch/enfants-don


APERÇU

Impressum

Et on se détend tous ensemble! Plus de 200 lectrices et lecteurs de Vivai ont participé à une séance de Qi Gong avec le maître Jumin Chen. Comme sur la photo cicontre, à Berne. Meci de votre participation massive!

Editeur: Fédération des coopératives Migros Directeur des médias Migros: Lorenz Bruegger Directeur des éditions: Rolf Hauser Directrice des publications: Monica Glisenti Rédactrice en chef: Susanna Heim Responsable éditoriale: Imelda Stalder Rédaction: Lukas Hadorn, Silvia Schütz Edition française: Sylvie Castagné Edition italienne: Cora Gianolla Directrice artistique: Dora Siegenthaler Rédactrice photo: Cornelia Thalmann Traitement d’images: Reto Mainetti Révision (F): Martine Rivier Adresse de la rédaction: Magazine Vivai, case postale 1766, 8031 Zurich, vivai@mediasmigros.ch migros.ch/fr/vivai

Atlant Bieri, biologiste et journaliste économique, est notre auteur préféré quand il s’agit de thèmes ayant trait à la nature. Il est très doué pour décrire des phénomènes complexes avec des mots simples. Et avec un humour qui nous réjouit à chaque fois.

Imprimerie: Vogt-Schild Druck AG, CH-4552 Derendingen Papier: sans bois, FSC-Mix Emissions de CO2 compensées par un projet au Brésil

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ISSN: 1663-716X Tirage total de Vivai: 250 060 exemplaires D: 173 127 ex., F: 61 557 ex., I: 15 376 ex.

Lire, manger, faire les courses, nos experts apportent leur éclairage. Les experts

© Lukas Hadorn, Nik Hunger, Marion Nitsch

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Commandez gratuitement Vivai par e-mail à : abonnements.vivai@ mediasmigros.ch ou par téléphone au : 0800 180 180

Est-ce qu’on lit moins à l’ère numérique? Andrea Bertschi-Kaufmann, de la Haute école pédagogique du nord-ouest de la Suisse, nous rassure.

David Fäh, médecin et nutritionniste, nous livre des conseils de pro pour éviter les ballonnements. Plus sur ce thème page 25 et suivantes.

Qui a bien pu remplir ce caddie? Psychologue de la nutrition, Robert Sempach essaie de le deviner en examinant son contenu. Voir page 32. Vivai 2017

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COKE ZÉRO SUCRE ENCORE MEILLEUR! © 2017 The Coca-Cola Company. Coca-Cola, Coca-Cola zero, the Contour Bottle and the slogan TASTE THE FEELING are trademarks of The Coca-Cola Company.


ÇA FAIT PLAISIR

La vague du bio Les aliments issus de l’agriculture biologique sont toujours très appréciés en Suisse. Le chiffre d’affaires réalisé par Migros avec les produits bio a augmenté de 18,7 % en 2016. Il faut dire que l’an dernier, plus de 3500 produits dotés du label Bio figuraient dans l’assortiment. L’élargissement de la gamme Alnatura a notamment contribué à cette croissance. Le septième magasin Alnatura a ouvert ses portes en Suisse en 2016.

Des chats choyés

Les amoureux des chats savent bien que ces félins ne sont pas moins sensibles que nous. En matière d’alimentation, mais pas uniquement. Pour satisfaire les attentes gustatives de nos petits compagnons, Migros a développé une nouvelle gamme d’aliments pour chats appelée Nala. Non seulement ces aliments comprennent un important pourcentage de viande, mais ils ne contiennent ni blé, ni sucre ni arômes ajoutés. De quoi faire des heureux!

Illustrations: Anna Gugger, Daniel Müller/illumueller.ch, photos: Getty Images, Keystone

Les aliments pour chat Nala sont disponibles dans les grands magasins Migros.

Let‚s dance!

L’entreprise de transformation du lait ELSA, une société du groupe M-Industrie basée à Estavayer-le-lac, mise sur le lait durable. Elle vise pour cela une production plus durable dans la largeur. L’objectif est de générer une plus-value écologique, sociale et économique. En optant pour cette évolution, ELSA collabore activement à la promesse qu’a faite M-Industrie de ne plus transformer que des matières premières durables en 2040.

En 2016, plus de 370 000 personnes ont suivi l’enseignement de plus de 53 700 formations et cours différents à l’Ecole-club Migros. Des chiffres qui en font le leader du marché de la formation. Les cours de langue jouissent toujours d’un beau succès, ainsi que les formations complémentaires dans les domaines du fitness et de la santé. Les cours qui affichent la plus belle croissance en termes de nombre de participants sont toutefois ceux de danse de salon, avec plus de 772 nouveaux inscrits.

elsamifroma2040.ch

Ecole-club.ch

La cause du lait durable

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Les petites choses cachent souvent de grands dangers

Plus d’infos sur les allergies plus de qualité de vie www.aha.ch aha! Centre d’Allergie Suisse aha!infoline: 031 359 90 50 CP 30-11220-0


ON AIME

Le bon en-cas La séance de 16 heures va commencer et vous avez un petit creux? Et juste le temps d’avaler un morceau vite fait. Mieux vaut toutefois bien choisir ce que vous mangez. Heureusement, dans ce domaine aussi, iMpuls fournit d’excellents conseils. migros-impuls.ch

La pêche sans les calories A la rédaction de Vivai, c’est vrai, on préfère l’eau, le thé et le café aux boissons sucrées. Cela ne nous empêche pas de craquer de temps à autre pour quelque chose de doux et frais. Un verre de thé glacé Migros, par exemple, et le monde peut s’écrouler. Enfin façon de parler. Peach ou Classic? Chacun et chacune a sa préférence. Les amateurs de thé glacé à la pêche sont aux anges depuis que celui-ci est également proposé avec zéro calorie. Pourquoi dès lors résister à la tentation? Allez, on se ressert!

De belles idées

Près de 4000 requérants d’asile mineurs non accompagnés vivent actuellement en Suisse. Le projet «1 set de + à table» de la Fondation SSI encourage l’accompagnement et le soutien personnalisé de ces jeunes migrants dans leur pays d’accueil par le biais de parrainages actifs. Les personnes souhaitant accompagner des jeunes requérants d’asile sur plusieurs mois sont formées par la Fondation. Cette belle initiative est soutenue par le Pour-cent culturel Migros dans le cadre d’une convention partenariale.

Pour la deuxième fois cette année, Migros décerne un prix environnemental pour récompenser trois projets originaux menés par des étudiants. Ces prix distinguent les travaux de diplôme les plus innovants traitant de la manière dont une organisation peut accroître ses performances en matière d’écologie ou réduire son impact sur l’environnement. Les trois lauréats se voient remettre des prix en espèces d’une valeur totale de 13 000 francs.

solidarity-young-migrants.ch/fr

generation-m.migros.ch

Illustration: Meta Wraber, photo: Matthieu Spohn

Un peu de solidarité

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LA LECTURE

DOSSIER

Au plaisir de lire On n‚a jamais autant écrit. Des livres,des blogs,des textos,des contenus pour des sites internet…. Et qui lit tout ça? Nous avons interrogé des lectrices et des lecteurs et constaté que le plaisir de la lecture perdure,et que les textes lus sont d‚une extrême variété. Lisez donc notre dossier sur le sujet. Photos: Nathan Beck

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DOSSIER

LA LECTURE

La lecture a longtemps été réservée à l‚aristocratie. Aujourd‚hui,une énorme quantité de contenus nous est proposée,de l‚amuse-bouche numérique au gros pavé. Des formats dont nous aurons également besoin dans le futur. Texte: Ruth Hoffmann

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aintenant, en cet instant précis, vous accomplissez sans en avoir conscience une prestation que l’on peut qualifier de stupéfiante, voire même de miraculeuse: vous lisez. A partir de quelques signes projetés sur votre rétine, votre cerveau recrée en une fraction de seconde tout un univers de termes et de sons, de sensa­ tions et d’associations. Et ce, même s’il n’a pas été conçu pour traiter le langage de manière visuelle: l’écriture n’est ap­ parue qu’il y a 5400 ans – un battement de cils dans l’histoire de l’évolution. Trop court pour l’ancrage génétique des struc­ tures neuronales nécessaires. Avec le temps en revanche, certaines parties du cortex cérébral se sont appliquées à développer des réseaux capables de maî­ triser sans peine le mécanisme extrême­ ment complexe de la lecture. Un acquis extraordinaire pour l’homme, peut­être l’un des plus grands. Pendant longtemps, seuls les nobles s’adonnaient à la lecture. Il faut attendre le siècle des Lumières, au milieu du XVIIIe, pour qu’elle se répande dans les cercles bourgeois. Jusque tard dans le XIXe, il était encore considéré comme normal que le gros de la population ne sache pas lire. Ce n’est que dans les années 1960 que des programmes ciblés sont apparus sur l’agenda politique, soit après que l’on a reconnu l’importance de l’alphabétisation pour le développement économique du pays. Et pour chaque individu: aucune autre compétence n’est aussi élémentaire pour l’éducation et la vie en société. Raison pour laquelle maints experts se sont inquiétés de 12 Vivai 2017

l’avancée des ordinateurs, ils craignaient que les écrans ne détournent les gens de la lecture. «C’est tout le contraire», explique Andrea Bertschi­Kaufmann, professeur en didactique de l’allemand à la Haute école pédagogique du nord­ouest de la Suisse. «On lit beaucoup plus depuis l’avènement du numérique! Certes de manière différente, plus rapidement, des articles plus brefs, moins à la fois.» Et ce ne sont pas les lectures qui manquent: on compte au moins 200 000 blogueurs côté alémanique. A cela s’ajoutent les pages d’actualités, les services de messageries, les médias sociaux. Et malgré toutes les prédictions apocalyptiques, le livre n’a pas rendu son dernier souffle: près de 90 000 nouveaux ouvrages sont publiés chaque année. Néanmoins, lire n’est pas quelque chose qui va de soi. Celui qui se contente de posts Facebook ne peut espérer que sa descendance se transforme comme par enchantement en rat de bibliothèque. «Nous avons besoin des deux, affirme Andrea Bertschi­Kaufmann, aussi bien de cette sélection rapide et consciente des contenus internet que de la capacité à appréhender des textes plus longs, des romans par exemple.» Se priver de ces derniers signifierait renoncer au délicieux plaisir de plonger dans d’autres mondes, de rencontrer des personnages insolites et des créatures étranges, d’aimer, de se battre, de vibrer au fil des intrigues. Simplement comme ça, sans devoir être connectés. Avec seu­ lement des caractères, et grâce aux stupé­ fiantes capacités de notre cerveau. l

On écoute,les yeux grand ouverts La lecture ne doit pas forcément être une activité solitaire. Des alternatives prometteuses se sont établies. Par exemple, les «lectures sur canapé» ou les lectures publiques README. Les lectures sur canapé

Quoi de plus agréable que de lire sur son canapé? Qu’un auteur se déplace jusqu’à votre domicile pour vous faire lui-même la lecture. Supportées par le fonds de soutien Engagement Migros, les lectures sur canapés se différencient des événements littéraires conventionnels en cela qu’elles se déroulent dans un cadre plus intime. A chaque lecture, une personne ou une collocation ouvre son salon, sa terrasse ou son jardin pour accueillir les rencontres. Des écrivains aux débuts prometteurs se produisent dans ce format expérimental. Les lectures se terminent par un apéritif permettant l’échange. http://www.engagement-migros.ch/fr/ pionniers/lecturessurcanapech Avec la participation du public

En Suisse alémanique, les lectures publiques README transforment l’acte de lire en une expérience communautaire. En effet, l’œuvre choisie est présentée dans le cadre d’une lecture performée sollicitant la participation du public. La lecture n’est alors plus une simple consommation de textes. README s’intéresse actuellement au livre de la défense civile publié en 1969, quand le communisme était diabolisé. Plus d’infos (en allemand) sur: eberhardgalati.ch/readme2016


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DOSSIER

LA LECTURE

A chacun sa mode

Si les habitudes de lecture changent,la fascination pour l ‚ écrit reste entière. Huit personnes nous parlent de leur relation intime avec les livres. Propos recueillis par: Ueli Bischof et Manuela Specker

Photos: Nathan Beck

” Je suis accro à la lecture. ” Je suis fascinée par le pouvoir de la littérature: véritable miroir de la société, elle reflète l’esprit du temps. Elle s’adresse parfois personnellement à nous, lorsque nous nous reconnaissons dans un texte, et peut nous insuffler force et courage en période difficile, ou alors nous permettre de relativiser les problèmes. Une bonne littérature n’est, selon moi, pas moralisatrice. Elle ouvre les yeux, nous touche émotionnellement et résiste à la consommation rapide. Je suis accro à la lecture et lis près de 150 livres par an. Comme je suis rédactrice littéraire, la séparation entre travail et loisirs n’existe pas pour moi. Mais je considère cela comme un privilège. J’aime beaucoup les romans colorés avec des trames plausibles et des personnages complexes. Mais j’apprécie aussi les contenus plus ténébreux, aussi imprévisibles que la réalité peut l’être. Les expérimentations littéraires trop cérébrales elles, en revanche, me parlent moins. Luzia Stettler, 59 ans, rédactrice littéraire à Radio SRF

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” C‚est un privilège d‚avoir autant de temps à consacrer à la lecture. ” Les moines passent beaucoup de temps plongés dans les livres. Les textes spirituels définissent notre quotidien, j’en lis toujours un au repas de midi. En tant qu’abbé, je voyage souvent en train où je m’adonne le plus volontiers à la lecture – que ce soit pour étudier des documents ou pour plonger dans une œuvre littéraire. J’ai même dévoré Eléphant, le dernier livre de Martin Suter dans le train, avant même sa date de parution. Comme nous rédigeons des recensions pour notre revue Salve, des ouvrages de toutes sortes atterrissent sur nos bureaux. Nous recevons certes de nombreuses recommandations, mais bénéficions aussi d’un accès illimité aux 220 000 livres de la bibliothèque du monastère. Je suis un lecteur parallèle typique. J’entame souvent trois livres à la fois: un ouvrage théologique, un récit historique et une œuvre littéraire. Les moines lisent aussi beaucoup les journaux, ils sont très bien informés sur l’actualité. C’est un réel privilège de pouvoir se consacrer autant à la lecture. Mais je comprends qu’elle ne passionne pas tout le monde. Celui qui traverse la vie avec curiosité vit somme toute sa propre histoire. Urban Federer, 49 ans, abbé au monastère d’Einsiedeln

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” Je préfère prendre le bus,car cela me permet de lire. ” Je lis depuis que j’ai été en mesure de le faire. J’ai commencé par la littérature enfantine, puis je suis pas­ sée au Club des cinq et ensuite aux romans fantasti­ ques. Lorsque je suis plongée dans un bouquin, je m’évade dans le monde merveilleux qui se crée dans ma tête. Et le quotidien s’efface. Je pourrais aller à pied au gymnase, mais je préfère prendre le bus, car cela me permet de lire. En une semaine, je peux facilement dévorer un volume de 600 pages. Je trouve tous mes livres chez le bro­ canteur. Si la reliure me plaît et que le résumé au dos du livre me parle, alors je le prends. Mon dernier coup de cœur? Orgueil et Préjugés. J’aime l’écriture sophis­ tiquée de Jane Austen. Iris Grüter, 18 ans, candidate à la maturité

” J‚apprécie les magazines lifestyle anglais. ” Cela fait 22 ans que je tiens ce kiosque. Sur un espace équivalant à une petite boutique, je propose près de 1500 revues et magazines. En ce qui concerne la lecture, je me sens parfois comme un boulanger qui, le soir venu, n’a plus envie de petits pains. Durant la journée, lorsque je n’ai pas de clients, je choisis de temps à autre un périodique. J’apprécie les maga­ zines lifestyle anglais tels que Love, Pop ou ID. Ce sont de petits pavés en papier glacé avec des photos rafraîchissantes et provocatrices – et peu de textes. L’année dernière, j’ai pris des vacances, les premières depuis près de dix ans. Je suis parti à Reykjavik. Pour l’occasion, j’avais acheté un polar islan­ dais. Mais je ne l’ai pas encore ouvert. Edwin, 59 ans, gérant de kiosque

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LA LECTURE

” Les livres stimulent mon imagination. ” Lire, c’est comme respirer – et du plaisir à l’état pur. Au fil des pages, je m’évade avec bonheur vers d’autres horizons. Les livres stimulent mon imagination car, à la différence d’un film ou d’une pièce de théâtre, je crée mes propres univers visuels. J’utilise depuis des années une liseuse électronique. Quelle invention géniale! Elle se glisse dans tous les sacs, prend peu de place et me permet d’accéder à tout moment à des centaines de livres. Je n’étoffe que peu ma bibliothèque physique, chez moi. Je n’ai pas ce besoin de posséder des livres, je trouve bien mieux qu’on les fasse circuler. J’évolue avant tout dans le domaine de la littérature contemporaine nationale et internationale. Les œuvres d’aujourd’hui m’intéressent

DOSSIER

au plus haut point, les sujets abordés, les styles d’écriture, mais je suis également séduite par les nouveaux concepts d’oralisation des textes. Je pense notamment aux lectures performées ou aux événements littéraires qui sollicitent la participation du public. Je ne peux que recommander chaleureusement d’aller au-devant de ces nouvelles formes de médiation littéraire. La pensée communautaire qu’elles véhiculent me plaît beaucoup. Ces événements font sortir la littérature hors des salons silencieux et invitent les gens à participer activement.

Hedy Graber, 56 ans, directrice des Affaires culturelles et sociales de la Fédération des coopératives Migros et responsable de l’orientation nationale du Pour-cent culturel Migros ainsi que du fonds de soutien Engagement Migros. Vivai 2017

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” Il m‚arrive souvent d‚ouvrir un livre à l‚aube. ” J’ai plus de vingt livres dans ma cellule. La science et les religions du monde m’intéressent particulièrement. Les ouvrages sur les sagesses orientales me procurent autant de plaisir que les traités sur la physique quantique. La science et la religion sont souvent le reflet l’une de l’autre, je trouve cela captivant. Le concept de Jésus et de Dieu, de celui qui s’est fait homme et de l’entité spirituelle, correspond dans la science à la matière et à l’antimatière. Avant j’étais un fervent chrétien, aujourd’hui je crois en l’intelligence humaine. Car celle-ci se développe bien plus au contact des livres et par l’étude. Ce n’est pas parce qu’ils se retrouvent en prison que les gens se mettent à lire. Ici, entre ces murs, on vit déjà au ralenti, nous n’avons pas besoin de livres pour décompresser. J’aime les langues, c’est pourquoi j’ai toujours lu, et beaucoup. Il m’arrive souvent d’ouvrir un ouvrage scientifique ou spirituel à cinq heures du matin, je lis quelques pages et réfléchis à leur contenu, cela m’ouvre l’esprit. F.K., 32 ans, en incarcération

” Je crois en l‚avenir du livre. ” La lecture est pour moi un enrichissement énorme. Non seulement elle m’emporte dans d’autres mondes, mais elle nourrit également mon imagination et me permet de mettre le quotidien sur pause. Par contre, je l’avoue, il n’est pas facile de trouver du temps pour lire. Je me suis pris de passion pour un livre que j’ai découvert à 15 ans: Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Cet ouvrage parle admirablement bien de ce qui compte vraiment dans la vie, comme la responsabilité, le respect, la confiance et la générosité. Il me fascine à tel point que j’en possède 4300 éditions différentes provenant du monde entier, ainsi que1200 livres qui traite de cet 18 Vivai 2017

ouvrage. Les messages qu’il adresse sont aussi intemporels qu’universels. Cela m’a incité à le faire traduire par une fondation créée en 2013 dans des langues rares telles que le sranan, le dzongkha, le wayuu, l’aymara ou encore le groenlandais. Toutes les populations devraient avoir le bonheur de découvrir cette histoire, même dans les régions les plus reculées du monde. Je suis persuadé que les livres seront toujours demandés, malgré toutes les innovations technologiques. Fort de cette conviction, je suis même devenu copropriétaire de la librairie Payot. Je crois en l’avenir du livre. Jean-Marc Probst, 61 ans, entrepreneur à Lausanne et collectionneur d’éditions du Petit Prince


LA LECTURE

DOSSIER

” Chez nous,je suis une sorte de bibliothécaire. ” Enfant, j’avais toujours un livre sous le nez, même sur le chemin de l’école. Et à Engelberg, on y accède par un escalier assez traître. J’ai dévoré tous les volumes de Harry Potter. Cette histoire a marqué ma génération, nous avons tous grandi avec elle. Aujourd’hui, je lis entre autres A Song of Ice and Fire, la saga dont s'inspire ma série télé préférée Game of Thrones. C’est formidable, car l’intrigue est présentée selon des centaines de points de vue, et les personnages sont passionnants. La lecture est une oasis dans ma vie de sportive. Je lis entre les entraînements et le soir, parfois aussi au milieu de la nuit avant de m’endormir. Lorsque j’ai fini un bouquin, il fait le tour de l’équipe. Je suis une sorte de bibliothécaire chez nous. Ma carrière terminée, peut-être que j’en deviendrai une, on ne sait jamais. J’aime les bibliothèques depuis toute petite. J’y ai décroché toutes les médailles de lecture, le bronze, l’argent et l’or, décernées aux lecteurs les plus assidus. Et même le certificat de diamant et le Super Super Plus, inventés juste pour moi! Michelle Gisin, 23 ans, skieuse

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DOSSIER

LA LECTURE

$ 30,8 mio … c’est ce qu’a payé Bill Gates lors d’une vente aux enchères pour acquérir le Codex Leicester, une collection d’écrits et d’esquisses de Léonard de Vinci, qui remporte ainsi le titre de l’ouvrage le plus cher de tous les temps.

68% 50%

...des livres sont achetés par des femmes.

... des livres sont achetés par les plus de 45 ans.

Analogique versus numérique Une étude menée en Allemagne montre que seulement 24 % des jeunes de 14 ans et plus lisent des livres numériques. La forme papier n’a donc pas dit son dernier mot.

Mais qui lit tout ça? Quelques chiffres clés et d‚autres informations amusantes sur les livres et la lecture. Recherche: Lukas Hadorn Illustrations: Martin Burgdorff

25 minutes et 31 secondes … c’est le temps qu’il a fallu à l’institutrice britannique Anne Jones, retraitée, pour lire les 278 pages de Go Set a Watchman d’Harper Lee. Les lecteurs rapides tels qu’Anne Jones lisent plusieurs milliers de mots par minute, alors que le lecteur lambda en lit en moyenne 200. 20 Vivai 2017


0,74 x 0,75 mm … telles sont les dimensions du plus petit livre du monde. Le plus grand est une édition du Petit Prince de SaintExupéry mesurant 2,01 x 3,08 mètres.

52 livres … c’est le nombre d’ouvrages écrits par le Japonais Ryuho Okawa en une seule année. Un record mondial!

La Bible Avec près de trois milliards d’exemplaires vendus, la Bible est le livre le plus lu et le plus vendu dans le monde. Le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels ainsi que Un conte de deux villes de Dickens font aussi partie du Top 10.

La page 18 C’est en moyenne à la page 18 qu’un lecteur abandonne un livre qui n’a pas réussi à susciter son intérêt.

Sources: ats, OFS, Zeit online, Wikipedia, Südkurier, Mediapulse

800 000 adultes âgés de 16 à 65 ans présentent une forme de dyslexie en Suisse, selon une étude de l’Office fédéral de la statistique OFS. (Chiffres de 2013)

Les bibliothèques en Suisse Selon l’Office fédéral de la statistique OFS, la bibliothèque de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) est la plus grande de Suisse avec plus de neuf millions de livres, magazines, manuscrits, supports de données, documents audiovisuels et autres médias. Elle est talonnée par la Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU) de Lausanne, qui rassemble plus de huit millions d’unités. Mais c’est à la bibliothèque centrale de Zurich que l’on enregistre le plus de prêts, près de 950 000 par an. (Chiffres de 2015)

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NUTRITION

LA DIGESTION

La guerre aux gaz Une mauvaise digestion peut entraîner des ballonnements et des flatulences embarrassantes. Et une accumulation de graisse au niveau de l’abdomen: la fameuse «bouée», dont on aimerait se débarrasser. Texte: Vera Sohmer

l

e repas était excellent, mais une fois de plus, votre estomac se rebelle. Grondements, crampes, douleurs, des maux qui se manifestent réguliè­ rement et vous gâchent un peu la vie. Ne pas connaître les facteurs déclencheurs plombe le moral, et les personnes concer­ nées se demandent ce qu’elles peuvent encore manger. Une nouvelle approche alimentaire développée en Australie pourrait leur apporter la solution. Celle­ci part du principe que certains glucides, appelés Fodmap, perturbent la digestion. Fod­ map étant l’acronyme d’un groupe de termes anglais difficilement pronon­ çables: fermentescibles, oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols. Pour faire simple, ce sont des chaînes de sucres de type fructose ou lactose et de succédanés, comme le sorbitol. «Ces substances sont naturellement présentes dans les aliments ou sont ajoutées lors de 22 Vivai 2017

la production», précise Beatrice Schilling, nutritionniste et spécialiste Fodmap. Symptomatique du côlon irritable

Les Fodmap ne sont pas absorbés par l’intestin grêle. Ils se retrouvent alors dans le côlon où ils servent de nourriture aux bactéries intestinales. Si la fermenta­ tion qui en découle ne pose en principe

Tout sur l‚intestin L’instestin est un petit miracle de la nature. Non seulement il permet de digérer les aliments consommés, mais il influence aussi le bien-être. Pour en savoir plus sur cet organe, consultez la plateforme iMpuls. migros-impuls.ch


© Getty Images

”C‚est parfois frustrant,car ça peut impliquer de renoncer justement aux aliments que l‚on aime le plus. ” Vivai 2017

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Des résultats prometteurs

L’efficacité de cette approche fait l’objet d’études au niveau mondial. Les résultats évalués jusqu’à présent sont prometteurs. Une amélioration a été constatée pour environ la moitié des patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable. Cette méthode est également testée sur des personnes ayant des troubles digestifs d’autre nature, comme une inflammation chronique de l’intestin ou consécutive à une opération. Patience et persévérance sont essentielles, mais n’excluent pas la frustration de devoir renoncer justement à ce que l’on aime le plus. l 24 Vivai 2017

,

Pas facile de se débarrasser de sa bouée… Un ventre plat et ferme, c’est le Saint Graal, un idéal de beauté sublimé sur papier glacé. La réalité, elle, n’est pas si idyllique.

Les femmes ménopausées en particulier, ainsi que les hommes, ont tendance à développer une morphologie de type «pomme»: la graisse corporelle s’accumule surtout au niveau de l’abdomen, on parle alors de graisse viscérale. Chez les types dits «poire», elle rembourre plus volontiers les cuisses et les hanches. Les bour­ relets abdominaux dérangent et beaucoup n’ont qu’une envie: s’en débarrasser au plus vite. Le hic: «Il est quasi impossible de maigrir à un seul endroit», affirme Eva­Maria Holderegger de la Société Suisse de Nutrition (SSN). Et cela fonctionne encore moins bien lorsque l’on suit un régime draconien.

Attention aux régimes éclair

Pour perdre un kilo en une semaine, il faut supprimer 1000 calories par jour de son alimentation. Voilà qui n’est ni réaliste ni sain. Les diètes éclair réduisent certes la masse graisseuse, mais entament aussi la masse musculaire. Il est bien plus avisé de maigrir sur le long terme en diminuant son apport énergéti­ que de 500 calories par jour seule­ ment. Les besoins en nutriments sont alors couverts et le risque de reprendre les kilos perdus est minimisé. L’idéal serait de soutenir la perte de poids en pratiquant plus d’exercice au quotidien ou en s’adonnant à un sport d’endurance. Maigrir peut aussi être judicieux côté santé: lorsque le tour de taille excède 88 cm chez les femmes et 102 cm chez les hommes, le risque de développer des maladies cardio­ vasculaires augmente.

© Getty Images, iStock, Grobi White

aucun problème, elle peut induire chez certaines personnes des symptômes typiques de l’intestin irritable, flatulences, ballonnements, crampes abdominales, diarrhées et constipations. Un dysfonctionnement somme toute bénin, mais ennuyeux. Une intolérance à un type de glucide pourrait aussi en être la cause (voir texte sur les flatulences). Le concept Fodmap traque les éléments déclencheurs en trois étapes. La première consiste à supprimer de l’alimentation les aliments les plus riches en glucides. On peut ainsi déterminer si les troubles régressent, si le confort intestinal s’améliore. En deuxième lieu, on teste quelles denrées sont tolérées, et en quelles quantités. Une fois les fauteurs de troubles identifiés, commence ce que Beatrice Schilling décrit comme une «diététique individuelle à long terme», c’est-à-dire un régime varié et équilibré qui permette de juguler les troubles tout en étant les moins restrictifs possible. Cela a l’air complexe. Et ça l’est! Les Fodmap sont présents dans de nombreux aliments sains, pommes, légumineuses ou pain complet par exemple. Y renoncer peut entraîner des carences. La Société Suisse de Nutrition (SSN) conseille donc de se faire suivre par un spécialiste. Et d’effectuer au préalable un bilan de santé pour déceler la présence éventuelle de maladies, comme le cancer du côlon.


LA DIGESTION

NUTRITION

Autant en emporte le vent Les flatulences sont pénibles et parfois fort gênantes. Il suffit souvent de changer ses habitudes pour en finir avec ces désagréments

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Texte: Vera Sohmer

ui ne connaît pas cette sensation de ballonnement dans l’estomac, qui s’accompagne d’un besoin d’émettre des vents? Une envie à laquelle on devrait céder, car une fois les gaz éliminés, ils n’indisposent plus. Mais voilà, en société ou au bureau, cela ne se fait pas, c’est inconvenant et terriblement embarrassant. Donc, on se retient. Et les soucis commencent. Changer son style de vie

«Les flatulences sont souvent induites par notre comportement», fait remarquer le nutritionniste David Fäh. Comme de retenir ses «vents». Ou le manque d’exercice, un déficit de sommeil, le stress. Des repas irréguliers, trop copieux ou boulottés peuvent aussi en être à l’origine. Adopter un mode de vie plus sain peut donc soulager l’intestin. A essayer aussi: ajouter de l’anis, du fenouil, du gingembre ou du cumin aux plats. Ces épices ont des vertus digestives avérées. On peut aussi les savourer en infusion. Une production de gaz normale

De l’air dans le ventre? Il ne s’agit pas tout à fait d’air. Les ballonnements sont provoqués par des gaz tels que le méthane, qui sont produits par les bactéries intestinales. Celles-ci se nourrissent de nutriments non digérés par l’organisme, notamment de fibres. «La formation de gaz est jusqu’à un certain point absolu-

ment normale et peut être le signe d’une alimentation saine», souligne David Fäh. Les nutriments eux-mêmes peuvent néanmoins causer des problèmes. C’est notamment le cas de certains glucides qui traversent l’intestin grêle sans être absorbés et qui vont alimenter les bactéries présentes dans le côlon. (Pour en savoir plus sur ce sujet, lire l’article précédent sur le Fodmap). Mais les ballonnements peuvent aussi indiquer une intolérance au lactose, le sucre du lait. Une aggravation avec l’âge

Les personnes touchées par cette pathologie produisent trop peu de lactase, une enzyme qui assimile le sucre de lait. Cette capacité digestive diminue souvent avec l’âge, d’où des flatulences plus fréquentes. Les années passant, la flore intestinale a par ailleurs tendance à se modifier, et les bactéries produisant des gaz sont alors plus à même de proliférer. Souvent bénins, les ballonnements doivent cependant alerter s’ils sont répétitifs et de plus en plus incommodants, s’ils s’accompagnent de douleurs ou de symptômes tels que la diarrhée. Il est alors conseillé de consulter un médecin. Un simple test respiratoire à l’hydrogène permet de dépister une intolérance au lactose. Renoncer au lait et ne manger que des produits laitiers tolérés tels que le yogourt ou le fromage peut alors déjà apporter un soulagement. l

Les aliments flatulents

• Alliacées, p. ex. les oignons • Choux • Légumineuses, p. ex. les lentilles • Fruits à noyaux • Produits édulcorés avec des alcools de sucre tels que le sorbitol et le xylitol

Les denrées tolérées

• Riz blanc • Pommes de terre épluchées • Bananes • Courgettes cuites • Carottes cuites

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ENFANT MIGROS

Tout un fromage Manuela Inglin, 37 ans, de Rüti, trouve tout ce dont elle a besoin à Migros. Elle a eu un coup de cœur pour un produit qu’elle a découvert par hasard: le Rustique de Léger. L’employée administrative est la meilleure ambassadrice de ce fromage vendu au rayon réfrigéré. Texte: Petra Koci Photos: Michael Sieber (montage Vivai)

Depuis quand êtes-vous une enfant Migros, Madame Inglin?

Aussi loin que je me souvienne. Mes parents ont toujours fait leurs courses à Migros, et ils nous emmenaient tous les trois, avec mon frère et ma sœur. Je me rappelle que nous achetions souvent des biscuits Rädli. On les trouve encore aujourd’hui. Ah oui, et la glace avec le phoque aussi! Pour nous, les enfants, il y avait des bâtonnets glacés. La vanille, c’était pour moi, le chocolat pour mon frère, et ma sœur avait celui avec le singe, à la fraise. Ce sont de bons souvenirs. Et une fois devenue adulte, êtes-vous restée fidèle à Migros?

Oui, partout où j’ai habité, je suis allée à la Migros du coin. Ce qui est rigolo, c’est que je viens juste de déménager et que je vais maintenant à la même Migros que celle où nous allions avec mes parents quand j’étais enfant. Bien sûr, le magasin a été rénové, mais il a toujours quelque chose de familier. Quel est votre produit préféré?

J’aime les fromages à pâte dure et j’en ai essayé plusieurs. Mais il y en a un que je rachète systématiquement, c’est le Rustique de Léger. En fait, je n’achète pratiquement aucun produit Léger. J’ai découvert le Rustique par hasard, à côté de l’Emmental. Son arôme délicat m’a séduite. Mais on ne trouve pas le Rus-

tique dans tous les magasins Migros. Quand il a été ôté de l’assortiment à la Migros proche de mon ancien domicile, j’ai demandé alors s’il était possible de le remettre. Maintenant, on le trouve à nouveau là-bas, au rayon réfrigéré. Mais je ne vais plus y faire mes courses… Outre vos courses alimentaires, y a-t-il d’autres choses que vous achetez à Migros?

C’est avec un petit pain de seigle que Manuela Inglin préfère manger son Rustique de Léger. Outre sa saveur, elle apprécie le fait qu’il soit pauvre en graisse.

Il n’y a pas longtemps, j’ai acheté un canapé chez Micasa, et aussi des plantes à Migros Do it + Garden. En fait, je trouve tout ce dont j’ai besoin à Migros (rires). Et puis, j’ai aussi suivi le cursus de coach en nutrition à l’Ecole-club Migros. Cette formation est sanctionnée par un diplôme. C’est vraiment sympa que Migros propose une formation aussi intéressante dans le secteur de la santé et de la nutrition. Cela en dit également long sur les valeurs de l’entreprise. Maintenant que vous êtes coach en nutrition, vous devez faire très attention à ce que vous achetez…

J’ai toujours veillé à choisir des produits régionaux et bons pour la santé. Je suis notamment fan des produits Alnatura. J’adhère aussi totalement au label De la région. Mais quand j’achète des légumes et des fruits, alors là, la saisonnalité est vraiment un critère encore plus essentiel pour moi.l

Etes-vous aussi un enfant Migros? Ecrivez-nous à: vivai@mediasmigros.ch

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”Avec un petit pain de seigle… ”

Facts

& Figures

Les produits Léger s’adressent particulièrement aux personnes qui surveillent leur poids, mais ne veulent pas renoncer au plaisir gustatif. Le fromage Rustique de Léger contient 35 % de lipides et de calories en moins que les fromages traditionnels. Sa saveur épicée, le Rustique la doit à son processus de maturation spécial.


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NUTRITION

LE CITRON

Ô mon citron, mon beau citron Frais, puissant et aromatique, le citron accomplit des miracles au quotidien. Discrètement. Il était temps de le célébrer. Texte: Lukas Hadorn

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NUTRITION

v

ous connaissez quelqu’un qui n’aime pas le citron? Bien sûr, il est difficile de ne pas grimacer quand on mord dans un citron, mais nous ne parlons pas de ça. Nous parlons du parfum et de l’arôme du citron. Vous connaissez quelqu’un qui ne supporte ni l’un ni l’autre? Selon moi, vous pouvez chercher longtemps. Que ce soit pour accompagner la viande ou le poisson, dans le thé ou dans un cocktail, avec du sucré ou du salé, le citron est omniprésent dans nos assiettes et dans nos verres. Et il est bien partout. Le citral contenu dans son écorce fait que nous identifions immédiatement la saveur acidulée du citron. Une saveur aromatique qui apporte une délicate note finale aux soupes, aux sauces et aux marinades et donne une nouvelle dimension aux potées et aux plats mijotés. Le citron est un ingrédient prisé particulièrement en Afrique du Nord. Confit au sel, il y est employé pour aromatiser les tajines et les salades. Que ce soit juste pour relever les plats ou en accompagnement, le citron se retrouve dans les assiettes des gourmets aux quatre coins de la planète. Les Britanniques apprécient un lemon curd avec le thé, et les Chinois cuisinent le citron avec du poulet. Une touche citronnée réveille une classique sole meunière et lui confère une fraîcheur vivifiante.

Citron et autres agrumes Le citron fait partie de la famille des agrumes, qui appartient elle-même à la famille des rutacées. Les agrumes étant particulièrement faciles à croiser entre eux, ils permettent d’obtenir un vaste éventail de variétés. Est-ce que vous les connaissez toutes?

Citron

Voici un citron classique. Son écorce est relativement fine, il n’a que peu ou pas de pépins, mais il est très juteux.

© Agrumes Bachès, Getty Images, iStock, Shutterstock

Buddha’s Hand

Mais si, il s’agit bien d’un citron. Cet agrume qui semble être doté de doigts est en fait une variété de cédrat. En Asie, sa forme particulière lui vaut le nom de «Buddha’s hand».

Citron vert

Le citron vert est encore plus juteux que le citron classique, et sa saveur est un peu plus délicate.

Bergamotte

On confond souvent la bergamote et le citron vert. De la bergamote, on extrait une huile essentielle utilisée dans la composition de parfums ou pour aromatiser le thé ou le tabac. Citron kaffir

Cédrat

Le citron kaffir a la peau plus bosselée que le citron vert classique. Il est très recherché pour les arômes exquis de son écorce.

Un multitalent

Il ne faut pas sous-estimer la puissance du citron. En Amérique du Sud, par exemple, le poisson frais est mariné dans du jus de citron ou de citron vert. Ainsi «cuit» sous l’effet de l’acidité, il constitue la base de différentes spécialités connues sous le nom de ceviches. L’acide citrique fait aussi des merveilles au rayon nettoyage. Il remplace avantageusement le produit de rinçage pour lave-vaisselle et élimine les taches de gras sur la cuisinière en vitrocéramique ainsi que le calcaire de la bouilloire. Mais tous les citrons ne sont pas forcément acides. Le

LE CITRON

Le cédrat serait le premier agrume cultivé sur le continent européen. Son écorce est beaucoup plus épaisse que celle du citron et il donne peu de jus.

Citrangequat

Alors là, ça devient un peu compliqué! Le citrangequat est issu d’un croisement entre le kumquat et le citrange, lui-même hybride de citron et d’orange. Comme pour le kumquat, on peut manger la peau.

Kumquat

Le kumquat est le plus petit des agrumes. De saveur douceamère, il peut être consommé avec la peau.

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LE CITRON

Citrus limetta Risso, appelé lime douce ou limonette, ne fait pas grimacer lorsque l’on mord dedans. Le citron est également un allié de notre santé. Réputé pour stimuler l’appétit et la digestion, il est également très riche en vitamine C, qui renforce le système immunitaire. Il facilite en outre l’assimilation des minéraux, tels que le fer, et des antioxydants, comme ceux que l’on trouve dans le thé vert. Une constatation s’impose: le citron embellit l’humeur, renforce les saveurs, rafraîchit et nettoie. Il était donc temps de le célébrer, en louant ses multiples propriétés. Et vive le limoncello! l

Petites astuces LE CITRON EN CUISINE • Avant de presser un citron, faites-le

rouler deux-trois fois sur une surface dure sous la paume de la main. Il donnera plus de jus. • Au lieu de laisser sécher ou moisir des citrons dont vous n’avez pas l’utilité, coupez-les en morceaux, que vous surgèlerez. Ainsi, vous pouvez ensuite vous en servir selon vos besoins. Mais veillez à bien laver les citrons avant de les surgeler. • Trop de sel dans le risotto? Trop de vinaigre dans la salade? Même si cela semble paradoxal, quelques gouttes de jus de citron peuvent sauver des plats trop salés.

LE CITRON ET LE MÉNAGE • Rien de tel pour chasser les

mauvaises odeurs dans le réfrigérateur ou la poubelle que d’y placer un citron coupé. • Mélangez 1 portion de jus de citron et 10 portions d’eau pour obtenir un fabuleux nettoyant pour vitres. Et écolo en plus! • Des lépismes, ou poissons d’argent, dans la salle de bain? Nettoyez le sol avec un produit qui contient du citron. Ou alors déposez une coupelle avec de l’eau additionnée de quelques gouttes d’huile essentielle de citron.

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NUTRITION


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CADDIE SOUS LA LOUPE

L‚ ANALYSE DU PSY

Ces achats ont été réalisés à Migros Simplon Center, à Glis.

Tiens, des cous de poulet… Des consommateurs pragmatiques ou des personnes de diverses origines? A la vue du contenu de ce caddie, notre psychologue est frappé par le large éventail de produits et de labels. Photos: Nik Hunger

u

n mélange coloré de fruits frais et de nombreux articles très appréciés, ainsi qu’un produit probablement rarement consommé. Y a­ t­il une spécialité culinaire avec des cous de poulet? Mais je ne veux pas me perdre d’entrée dans les détails. Spontanément, je dirais qu’il s’agit d’une famille avec un chien. Fort de mes expériences passées, je préfère toutefois ne pas tirer de conclu­ sion hâtive. 32 Vivai 2017

Vu les quantités, ces achats sont des­ tinés à nourrir de nombreuses bouches. Pour savoir précisément quelles sont les différentes personnes de notre ménage mystère, je me focalise donc sur certains aliments et tente d’établir un modèle alimentaire. Etant donné qu’il y a beaucoup de produits frais, j’en déduis que l’on cui­ sine souvent chez ces personnes­là. Et des menus variés. En ce qui concerne le

style d’alimentation, le mélange de cui­ sine méditerranéenne orientalisante et de cuisine traditionnelle est intéressant. Cela signifie­t­il que ces courses ont été faites pour des personnes d’origines cul­ turelles différentes? Une impression que confirme le label avec le porc barré et la sauce curry­mangue. Le grand éventail de produits et de labels est également frappant. Certains produits sont de la gamme M­Budget,


d’autres ont le label Bio, et il y a aussi des articles en action. Je miserais donc sur des personnes pragmatiques qui, dans leurs décisions d’achat, cherchent le compromis optimal entre leurs pré­ férences, les prescriptions alimentaires, la qualité et le prix. Le plaisir n’est pas en reste. Outre les fruits et les noix, les biscuits et le chocolat calment les envies de sucré. Une autre particularité me saute aux yeux: il n’y a ni lait ni féculent, comme du riz, des pommes de terre ou des pâtes. Ces produits ont probablement été achetés précédemment et stockés. Ces observations me permettent­ elles déjà de deviner à qui sont destinés ces achats? Du sirop, des petits gâteaux Coquillages, des chewing­gums et du ketchup, mais aussi des Blévita, des baies, des fruits, des aliments qui sem­ blent indiquer la présence d’enfants dans le ménage. Bien sûr, les adultes aussi

Le plaisir n’est toutefois pas en reste.

Le psychologue de la nutrition Robert Sempach est responsable du projet Santé pour le Pour-cent culturel Migros. Son projet Tavolata a pour but de réunir des personnes âgées autour d’une table. Infos sur: www.tavolata.net.

consomment beaucoup de ces produits, mais cette constellation exclut pratique­ ment une colocation. Pour résumer, je dirais donc qu’il s’agit d’une famille avec deux ou trois enfants, âgés de cinq à douze ans. Quatre entrecôtes, ça fait peut­être beaucoup de viande… Mais on peut imaginer que les grands­parents ou des amis partagent les repas familiaux. Il reste encore à percer le mystère des cous de poulet. Comment peuvent­ils se cuisiner? Vu que je ne connais aucune spécialité avec des cous de poulet, je demande au boucher de ma Migros quels clients en achètent et pour quoi faire. «C’est presque toujours pour un chien. Et très rarement aussi pour préparer une soupe turque», me répond­il aussi sec. Alors, disons une famille avec des en­ fants, un chien… et un certain goût pour la cuisine orientale. Pour savoir qui a fait ces achats, tournez la page. Vivai 2017

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CADDIE SOUS LA LOUPE

La solution C’est Mariette Furrer, 56 ans, Valaisanne de Naters, qui a fait ces achats. Elle vit avec son mari Kilian, 56 ans, et leurs enfants Marco, Lena et Chiara, âgés de 28, 26 et 24 ans.

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’est marrant ce que suscitent les cous de poulet! Oui, nous sommes une famille avec un chien, mais mes enfants sont déjà grands. Lena et Chiara aiment voyager et essayer des plats étrangers. A part ça, nous sommes de vrais Valaisans. Nous préparons nos salaisons nous-mêmes et les faisons sécher dans le Spycher, un grenier typiquement valaisan. Le soir, je sers souvent un als Spiis: du pain, du beurre, de la confiture, de la viande et du fromage. Si des amis des enfants se joignent à nous, nous sommes facilement huit à table. Les quantités doivent donc être en conséquence. C’est pourquoi j’ai toujours des pâtes, du riz et des pommes de terre en réserve. Nous buvons aussi beaucoup de lait. En principe, je l’achète par pack de douze. Quand je dois acheter beaucoup de choses, j’ai tendance à choisir des produits M-Budget pour limiter les coûts. Toutefois, je suis également prête à dépenser davantage pour des produits un peu plus haut de gamme, avec le label Bio par exemple. Ces achats sont assez typiques d’un samedi. Le soir, c’est entrecôte avec sauce curry-mangue, légumes grillés, pommes de terre au four et salade. Le dimanche, au petit-déjeuner, il y a de la tresse, du beurre, de la confiture, du fromage et de la viande en tranches. Si j’en ai acheté sans porc, c’est parce que nous l’aimons bien. Ma fille Chiara, très sportive, prend volontiers un muesli avec du séré maigre, des noix et des fruits. Les biscuits Coquillages, c’est pour Marco. Il trouve que ceux de Migros sont de loin les meilleurs. Alors je lui en prends un paquet chaque fois que je vais à Migros. Pour ce qui est du grignotage, il est resté très enfant. Moi aussi. Les grenouilles gélifiées sont nos bonbons préférés. Et nous buvons du sirop avec de l’eau de notre source. Il y a plein d’allées et venues dans notre grande maison. Et il y a toujours du café et des biscuits. Et en sortant, on peut encore attraper un chewing-gum. l Propos recueillis par Ueli Bischof


© Rob Lewis

«Surmonter une lésion cérébrale, c’est possible. Avec du soutien.» Daniel Albrecht, ex-champion de ski alpin

Attaque cérébrale, traumatisme cranio-cérébral, tumeur cérébrale. Personne n’est à l’abri d’une lésion cérébrale. Aide pour les personnes cérébro-lésées et leurs proches. Aidez-nous à les aider! CCP 80-10132-0


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LA BIODIVERSITÉ

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Instincts sauvages Plus d‚un tiers des paysans suisses gèrent leurs exploitations selon les directives IP-SUISSE. Ainsi,ils favorisent la biodiversité. Mais qu‚est-ce que cela signifie concrètement pour les oiseaux, les insectes et les batraciens ? Petite immersion en milieu naturel. Texte: Atlant Bieri Illustrations: Martin Haake

l

a production intégrée, ou IP-SUISSE, est une bouture de l’agriculture traditionnelle en plus respectueuse de l’environnement. Les paysans adhérant à ce label s’engagent à promouvoir la diversité des espèces (voir encadré). Comme l’atteste une étude de la station ornithologique de Sempach, les mesures prises portent leurs fruits. Les conditions de nidification des alouettes, espèce menacée, ont par exemple été améliorées. Mais les oiseaux ne sont pas les seuls à en profiter. Temps pour une balade dans les champs. Vu du ciel

L’aube se lève sur la ferme, la journée s’annonce magnifique. Merles et alouettes harmonisent peu à peu leurs chants et

un vibrant concert de gazouillis s’élève bientôt sur des hectares à la ronde. Dans le verger quadrillé de pommiers à hautes tiges, une buse est aux aguets, dressée sur l’une des plus hautes branches telle un roi sur son trône. Son regard perçant scrute les prairies fraîchement fauchées, les conditions de chasse sont parfaites. Aujourd’hui, elle n’a pas à attendre longtemps. Deux minuscules oreilles pointent d’un trou à moins de cinquante mètres. Une souris des champs. Attirée par les graines de graminées éparpillées sur le sol, elle s’aventure au dehors, humant l’air frais du petit matin. La buse contracte les muscles de ses ailes. Mais se retient encore. Soucieuse d’optimiser ses chances, elle patiente, attend que la souris s’éloigne un peu plus

de son trou. Quelques secondes plus tard, l’étau de ses serres sur la branche se relâche. En trois puissants coups d’ailes, la buse fond sur sa proie et la cueille comme un champignon. Un refuge qui tombe à pic

Le drame a son bon côté: un logement vient de se libérer sur le marché résidentiel âprement disputé des rongeurs. Mais cette fois-ci, les lieux accueilleront un autre locataire. Un gros vrombissement se rapproche de l’entrée. C’est un bourdon, une reine. Mais elle a du retard. L’été s’est déjà installé, pas elle. Il lui faut trouver un endroit pour nidifier. Et là, c’est l’aubaine: tapissée d’herbes sèches, l’ex-tanière de souris s’avère idéale pour fonder une colonie. Vivai 2017

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DÉVELOPPEMENT DURABLE

La reine emménage, mais elle doit encore se fortifier un peu avant de pon­ dre ses œufs. Elle trouvera le pollen dont elle raffole non loin, à une minute de vol, dans une jachère florale parsemée de centaurées jacées. Reprenant son bour­ donnement, elle file en ligne droite vers les fleurs rose­mauve qui se détachent gracieusement du vert de la prairie.

LA BIODIVERSITÉ

”La buse cueille alors sa proie comme si c‚était un champignon.”

Piégée dans une toile d’araignée

A quelques mètres à peine de son but, la reine est stoppée en plein vol. Ses ailes semblent entravées par des liens, lour­ des, comme paralysées. Elle est prise au piège, engluée dans la toile d’une argiope frelon. L’araignée réagit instantanément. Elle se précipite sur l’insecte en détresse, le maîtrise de ses pattes avant et com­ mence à tisser un cocon bien serré autour de sa proie. La reine se débat. Puisant dans ses dernières réserves, elle parvient à se libérer et évite in extremis la morsure fatale de l’argiope. Une bonne chose pour le bourdon, la guigne pour l’araignée qui reste sur sa faim. En plus, sa toile est totalement détruite, il va falloir la retisser à l’aube. Mais elle n’en aura pas l’occasion. Un rougequeue à front blanc vient de se poser sur un haut chardon à bonnetier. Nerveux comme à son habitude, l’oiseau sonde les alentours, à l’affût de nourriture. Son bec emprisonne déjà un moucheron sans vie. Son regard tombe sur l’argiope. Les stries jaunes et noires de l’arachnide lui suggèrent qu’il s’agit là d’une guêpe, un insecte qu’il dédaigne en temps normal. Mais ses petits, bientôt prêts à quitter le nid, ont un appétit féroce. Donc, il n’hésite pas. Ni une ni deux, le rougequeue s’en va cueillir la fausse guêpe dans son re­ paire et s’en retourne vers sa progéniture. Avant de s’approcher du nid, il effectue un arrêt sur un proche cognassier, une habitude dictée par l’instinct. Méfiant, il jette des regards dans toutes les direc­ tions afin de s’assurer qu’aucun danger ne guette. Le nid est totalement silen­ 38 Vivai 2017

IP-SUISSE et la biodiversité IP-SUISSE est une association d’agriculteurs et d’agricultrices qui s’engage à promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement et des animaux. Elle soutient activement la biodiversité, c’està-dire la diversité des plantes et des animaux. L’organisation compte actuellement 20 000 membres, ce qui correspond à 40% des exploitations. Le label IPSuisse est décerné lorsque toutes les exigences en matière de protection animale, de culture et de biodiversité sont remplies. Parmi cellesci figurent notamment la création de parcelles de fleurs sauvages dans les champs de céréales et l’aménagement de jachères florales pluriannuelles, de bosquets ou encore de tas de pierres et de branches. L’agriculteur crée ainsi des habitats pour des animaux en voie d’extinction tels que l’alouette, le lièvre, la salamandre maculée ainsi que maintes espèces d’abeilles. Un vérificateur effectue des contrôles réguliers pour s’assurer de la bonne mise en place des mesures. Dans le cas d’irrégularités, l’agriculteur a trois mois pour se mettre en conformité. Si aucune amélioration n’est constatée, il perd son label. A Migros, tous les produits Bio suisses sont issus d’exploitations qui produisent en respectant les directives de Bio Suisse.

cieux, un autre mécanisme de protection contre les prédateurs. Trop de gazouillis pourraient attirer l’attention d’un chat ou d’une martre. En quête de nourriture

Sitôt que papa rougequeue apparaît, la loi du silence se brise et les piaillements reprennent de plus belle. L’aîné se jette sur l’araignée et n’en fait qu’une bouchée. Une fraction de seconde plus tard, le rougequeue repart dans un bruissement d’ailes précipité. Il doit ramener encore davantage de nourriture. Une quête in­ cessante menée à deux qui ne se termi­ nera que lorsque le soleil aura sombré derrière la ligne d’horizon dans un ulti­ me rougeoiement. Le crépuscule tombe peu à peu. A proximité du nid, sous la haie du voisin, quelque chose s’agite. Un hérisson s’est construit un abri sous le couvert touffu d’une aubépine. Il se risque au dehors, pattes de velours, sans se faire remarquer de la famille rougequeue pour qui il ne représente de toute façon aucun danger. Lui, ce qui l’intéresse, ce sont plutôt les limaces qui dès la nuit tombée rampent hors de leurs cachettes creusées dans la terre humide pour aller se repaître de jeunes pousses de maïs. Lors de sa ronde nocturne, le héris­ son se dirige d’abord vers la petite mare où il peut s’abreuver. Aménagé dans une ancienne gravière, ce point d’eau a été converti en biotope humide par le paysan voilà dix ans. Le bruyant va­et­vient des poids­lourds s’est alors tu pour faire place au coassement des rainettes. Sa soif étanchée, le hérisson file prestement vers le champ de maïs. Dans les premières heures du matin, il y a ce moment magique où la nature se fige. Tout le monde est repu, tout est calme, serein. Cet état de grâce ne dure cependant qu’un court instant. Le globe terrestre poursuit sa rotation, et quelques dizaines de degrés plus tard, les premiè­ res lueurs de l’aube se lèvent sur un jour nouveau. Il est 4 h 30, on entend déjà les premiers gazouillis. l


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Gardez l’équilibre Les exercices de force et d’équilibre vous donnent plus de sécurité au quotidien.

«Ma sécurité passe par un bon équilibre.» Frances, 69 ans

«J’exerce ma force pour affronter le quotidien.» Richard, 48 ans

La force et l’équilibre diminuent avec l’âge, ce qui cause de nombreuses chutes. Chaque année en Suisse, quelque 280 000 personnes font une chute qui nécessite un traitement ambulatoire ou stationnaire. Les chutes ne sont pas une fatalité. Pensez donc suffisamment tôt à votre santé et pratiquez des mouvements au quotidien.

Le meilleur moment pour commencer l’entraînement, c’est maintenant. Vous en voulez plus? D’autres exercices vous attendent ici: www.equilibre-en-marche.ch


cet été Des exercices efficaces vous permettront de continuer de marcher avec assurance. Vous ressentirez rapidement les effets positifs d’un entraînement régulier.

Les exercices de «L’équilibre en marche» sont parfaits pour tous les jours, à faire en groupe ou seul(e), à la maison ou au parc. Faciles à intégrer dans votre journée, ils sont simples, variés et amusants. Commencez sans plus tarder et gagnez en assurance au quotidien. Richard, Frances et Marcus vous montrent comment vous y prendre. «En m’entraînant, je reste mobile.»

Faire de l’exercice ensemble, c’est plus sympa! Tai-chi, gymnastique ou danse: sur equilibre-en-marche.ch/ cours, vous trouverez plus de 500 offres d’activité physique dans toute la Suisse et près de chez vous. Donnez du mouvement à votre quotidien: equilibre-enmarche.ch/ cours

Vous souhaitez en faire plus? Les exercices effectués sur une surface instable (p. ex. un Balance Disc, un tapis de gymnastique ou une serviette enroulée) rendront votre entraînement de la force et de l’équilibre plus exigeant, et donc encore plus efficace. Ne forcez pas et variez judicieusement les formes d’exercice.

Marcus, 75 ans

equilibre-en-marche.ch/instable


BOUGEZ !

LES PARCOURS VITA

Parcours toujours… Qu‚il s‚agisse de slalomer entre des poteaux ou de sauter par-dessus des troncs, les parcours Vita ont toujours la cote. Voici pourquoi… Texte: Vera Sohmer Photos: Roland Tännler


Faire un parcours Vita, ça ne coûte rien et c’est efficace.

© iStock

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n dimanche matin sur le parcours d’Altstätten, dans le canton de Saint-Gall. Le murmure du ruisseau emplit la gorge, une brise légère apporte un peu de fraîcheur, un vrai bienfait en cette chaude journée d’été. Le sentier grimpe en lacets sur les reliefs escarpés. Un groupe de jeunes s’est arrêté devant l’exercice de la «balance». Il s’agit de se maintenir en équilibre sur une jambe, le pied posé sur une poutre étroite. Pas évident pour tout le monde, un jeu d’enfant pour eux! Améliorer agilité, mobilité, endurance et force en effectuant des exercices en plein air, l’idée est loin d’être nouvelle. Elle a été lancée voilà cinquante ans par la société de gymnastique de Wollishofen qui, l’été venu, organisait régulièrement des entraînements en forêt en utilisant des souches ou des arbres couchés. Un nouveau concept de fitness était né! Le premier parcours Vita Vivai 2017

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LES PARCOURS VITA

ouvre en 1968 à Fluntern, sur le Zürich­ berg, avec le soutien de la compagnie d’assurances vie Vita. Le dernier en date vient d’être inauguré à Capriasca, dans le Tessin. Les infrastructures sont spon­ sorisées exclusivement par l’assurance Zurich, et leur entretien est confié aux communes ou aux associations locales. Des espaces de fitness à ciel ouvert

La Suisse compte actuellement 500 par­ cours. Ces espaces de fitness en plein air sont proposés avec trois degrés de dif­ ficulté et comptent 15 postes, pour un choix de 43 exercices au total. Chacun y trouve son compte, des débutants aux grands sportifs, des juniors aux seniors. «Les exercices sont conçus pour répondre aux besoins de toute la popula­ tion», explique Barbara Baumaun, res­

ponsable des parcours Vita. Dans le can­ ton de Soleure, le parcours de Schönen­ werd, qui est aménagé dans une magni­ fique forêt alluviale au bord de l’Aare, compte parmi les plus faciles. Présentant de grands espaces et un terrain plat, il est idéal pour faire quelques exercices, mais aussi pour se promener ou jogger. En revanche, celui de Winterthur­Hegiberg, avec son dénivelé d’une centaine de mè­ tres, exige une certaine condition physi­ que. Mais une fois en haut, on jouit d’un panorama sur la ville et, le soir, on peut y admirer de splendides couchers de soleil. Un concept revisité régulièrement

Faire du sport comme jadis à l’école, n’est­ce pas un peu dépassé? Le concept est revu de manière régulière, précise Barbara Baumann. Il a été retravaillé

plusieurs fois et intègre les dernières connaissances en sciences du sport. C’est tout à fait juste, confirme Ron Jansen de Stäfa, une commune au bord du lac de Zurich. Le coach personnel emmène ré­ gulièrement ses clients sur le parcours, «parce que cela fait plaisir de s’entraîner dans la nature au lieu d’être dans une salle.» L’exercice des anneaux est l’un de ses préférés. Il y ajoute souvent une variante de son cru. Pour la ville, les initiateurs du par­ cours Vita ont créé des «power stations», soit des structures avec des barres qui permettent d’effectuer nombre d’exer­ cices. Les mouvements sont expliqués sur des panneaux ou sur une vidéo à télé­ charger sur son smartphone via un code QR. La bonne vieille gym version bran­ chée. Très «street workout»! l

Quelques exercices durant la balade

Proche et parfait pour la pause

Progressivement jusqu‚au sommet

Avant, je jouais souvent avec mes amis dans cette forêt. Aujourd’hui, je viens me balader avec mes parents et mon chien. Nous suivons le tracé du par­ cours, et j’effectue les exercices qui me plaisent. J’aime beaucoup celui où l’on doit avancer en équilibre sur une poutre en zigzag.

Cuisinier de métier, j’ai souvent des heures de libre entre deux services. J’en profite pour faire un peu d’exercice en plein air. Le parcours n’est pas loin, j’y suis rapidement et, en une heure, j’en ai fait le tour. Les postes ne me plaisent pas tous, mais aujourd’hui je me suis amélioré aux barres parallèles.

Ce bout de forêt, c’est une bénédic­ tion pour moi, une source de vie. Et le parcours est superbe, très bien amé­ nagé. La montée s’effectue progressi­ vement, par paliers, et lorsqu’on arrive aux clairières, on découvre la vallée du Rhin. J’effectue les exercices selon mes besoins. Les étirements du dos m’ont fait du bien aujourd’hui

Selma Oumran, 14 ans, Schönenwerd (SO)

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Michael Krüger, 21 ans, Winterthur-Hegiberg (ZH)

Helena Krüsi, 58 ans, Altstätten (SG)

© Vera Sohmer, iStock

BOUGEZ !


Quelques conseils aux débutants C'est la première fois que vous faites un parcours Vita? Ou la der­ nière fois, c’était il y a longtemps… Choisissez la bonne tenue. Portez des vêtements de sport conforta­ bles et fonctionnels ainsi que des chaussures qui tiennent bien le

pied, favorisent son déroulement et amortissent les chocs. S’échauffer est un must: marcher, sautiller, courir quelques minutes tout en veillant à ne pas se retrou­ ver à court de souffle. Puis effec­ tuez quelques étirements légers,

sans trop forcer. Allez ensuite de poste en poste à un rythme modéré. Les 21 parcours courts sont idéals pour les débutants. Sur les tracés plus longs, il ne faut pas chercher à se surpasser. Terminez par quelques étirements.

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Le monastère grec orthodoxe Mar Saba (à dr.), près de Bethléem, se fond dans le paysage. Des petits pains au sésame tout frais récompensent les randonneurs.

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RANDONNÉE EN TERRE SAINTE

VOYAGER

A pied à Bethléem « Tu n‚es vraiment allé que là où tu t‚es rendu à pied » aurait dit Goethe. Cela s‚applique parfaitement à cette randonnée de dix jours jusqu‚à Bethléem, par d‚anciens sentiers de bergers, qui a été pour moi une expérience unique. Vraiment unique. Texte: Susanna Heim Photos:Christian Galliker et Samuel Schumacher

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En une journée, nous vivons toute la palette des phénomènes atmosphériques: pluie, soleil, vent et, pour clore en beauté, un arc-en-ciel au-dessus de la vallée du Jourdain.

Une mante religieuse aperçue au bord du chemin.

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RANDONNÉE EN TERRE SAINTE

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La poussière accrochée aux chaussures et une lassitude contre laquelle on ne doit plus lutter.

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d

es mois plus tard, sur mon cana­ pé, les jambes confortablement surélevées, j’essaie de me remé­ morer l’itinéraire parcouru. Ces mêmes pieds m’ont emmenée à travers la Cisjor­ danie durant dix jours, au cours d’une randonnée d’environ 130 kilomètres. Le souvenir du premier soir me revient alors à l’esprit. Etirant les jambes, j’avais mis les pieds sur une chaise de plastique blanc. Ils étaient douloureux là où mes chaussures avaient exercé une pression. C’était à Zabadeh, un village au nord du pays. Je regardais mes compagnons de randonnée, assis eux aussi sur des chaises de plastique blanc. Je craignais de devoir déclarer forfait, et pourtant je faisais par­ tie des plus jeunes de la troupe. Ou pire, j’avais peur que l’âne Kasimir, qui trans­ portait nos réserves d’eau, n’ait à succom­ ber sous mon poids. Notre premier hôte était un prêtre orthodoxe, et c’était une bonne chose. Chez lui, pas d’interdiction de boire de l’alcool. La bière bien fraîche a suffi à balayer mes doutes naissants. Jamais auparavant une bière ne m’avait paru aussi bonne. Au cours de ce périple, j’allais encore réaliser à moult reprises que la randonnée renforce la perception. J’avais toutefois déjà le pressentiment que les soirées, avec leur lumière dorée, la poussière accrochée aux chaussures et cette lassitude contre laquelle on ne doit plus lutter, seraient mes moments préfé­ rés. Bien que le matin, avec sa clarté et sa fraîcheur, son apparente intégrité, repré­ sentait une concurrence sérieuse. Mais commençons par le commen­ cement. Le voyagiste proposait cette ran­ donnée sous le titre «A travers la Terre Sainte par d’anciens sentiers de bergers». En principe, en lisant ça, on pense à Israël. Et on se retrouve tout à coup dans une région que l’on connaît uniquement par le téléjournal. Sur l’écran, elle est représentée par une zone hachurée sur une carte. Nous sommes en Cisjordanie. Ou en Palestine, pour appeler ce pays du nom que lui donnent ses habitants. Au cœur d’un conflit qui l’a maintenu à l’état d’otage depuis des générations. L’idée 50 Vivai 2017

Un moine orthodoxe se recueille au milieu de la foule de pélerins.

Un repas est servi à notre groupe de randonneurs suisses, qui logera plusieurs fois chez l’habitant. Une expérience culinaire et humaine.


RANDONNÉE EN TERRE SAINTE

VOYAGER

“J‚allais réaliser que la randonnée renforce la perception.” Boire du thé et attendre… la lenteur est de mise.


VOYAGER

RANDONNÉE EN TERRE SAINTE

Au menu le matin comme le soir: des galettes de pain et du thé préparés sur un feu de camp.

d’être prisonnière me viendra plusieurs fois au cours de ce voyage. En voyant, parfois au loin, parfois de près, les murs érigés le long de la frontière, des checkpoints dans des déserts de pierres ou des avions de combat sur le ciel d’azur. Ce qui est d’autant plus agaçant que la paix et la tranquillité règnent sur ces paysages. Mais pour ressentir cela, il faut venir d’ailleurs. Les autochtones ne marchent pas s’ils ne sont pas obligés de le faire. Notre groupe ne se déplace d’ailleurs pas toujours à pied. Nous embarquons à bord d’un minibus pour contourner les points névralgiques ou les zones sans intérêt. Nazareth, notre première étape, permet une acclimatation religieuse. L’appel matinal du muezzin ne réveille pas uniquement les fidèles de la mosquée. Plus tard, des chrétiens de tous pays se bousculent dans les ruelles de la vieille ville, jusqu’à ce qu’ils atteignent le cloître de l’église de l’Annonciation et qu’ils aperçoivent les nombreuses statues de Marie, apportées du monde entier, qui y sont rassemblées. Les représentations de 52 Vivai 2017

Marie et de Jésus sont diverses et colorées, à l’image de l’humanité. La Marie thaïe a l’air d’une danseuse du temple. L’Enfant Jésus de Guadeloupe est un peu rondouillard et il a la peau foncée. Nous rencontrons encore plus de gens sur le mont Thabor, qui attire les croyants comme un aimant. Car c’est ici, en face de Nazareth, qu’aurait eu lieu la transfiguration du Christ. Avec Esther dans notre groupe, nous avons toujours le bon contexte historique et biblique. L’étape suivante offre un contraste saisissant avec ce lieu de pèlerinage florissant. Une heure plus tard, nous arrivons en minibus au check-point de Jénine, en Cisjordanie. Son camp de réfugiés s’est étendu jusqu’à devenir un quartier de la ville. Durant la deuxième intifada, en 2002, Jénine a été attaquée par les Israéliens à plusieurs reprises. Les traces de ces combats sont encore visibles et sensibles aujourd’hui. Déchets et débris encombrent les rues non asphaltées, et nombre d’immeubles sont en ruines. La jeunesse n’a pas de travail, mais des rêves. Que

faut-il craindre le plus: d’être déçus ou de voir ces rêves se réaliser? Grosses chaussures et talons hauts

Le matin à Jénine s’annonce tel une promesse, au moins pour notre groupe. Le ciel est bleu, l’air est transparent, même si un soupçon de fumée s’y mêle. Il y a toujours quelqu’un ici qui brûle quelque chose. Le mont Guilboa offre le spectacle d’un paysage aux doux reliefs, bordés d’oliveraies et de vergers. Pour un randonneur suisse un peu entraîné, les 21 kilomètres menant à Zabadeh ne représentent pas un gros défi. Mais pour moi si! (Voir le début de cet article.) Lorsque je cherche à récapituler les autres régions et lieux traversés, mes pensées s’attardent la plupart du temps à Douma. Nous y sommes arrivés le sixième jour. Nous venions de Naplouse, où des hommes étaient rassemblés et où régnait une certaine agressivité. Etait-ce bien réel ou une simple supposition de ma part? Douma affichait un visage très différent: des enfants jouaient dans les rues, on apercevait des


En route pour Naplouse à travers un vaste désert de pierres.

Chaque pélerin est un client potentiel.

Personne n ‚ achète quoi que ce soit ici si ce n‚est pas nécessaire. Située au pied du mont des Oliviers à Jérusalem, l'église de Toutes-les-Nations, est l'une des plus belles églises visitées durant ce périple en Terre Sainte.

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Partout des enfants, ravis de voir des étrangers.

” On n‚est jamais tout à

vallées fertiles, et la lumière semblait provenir d’un rayon d’or. Mais ce sont nos hôtes qui m’ont laissé les souvenirs les plus vifs. Nous avons logé chez une famille qui semblait être la version palestinienne de celle de Jane Austen: un père éloquent, une mère qui tire secrètement les ficelles au sein du clan et six filles pétillantes, de dix à dix-neuf ans, ainsi qu’un petit prince de sept ans. Curieuses, les filles m’ont demandé si j’avais des chaussures à talons. «Oh oui, ai-je répondu. Et elles me manquent.» S’en sont suivis des ricanements bruyants, puis une invitation à les regarder entretenir leur chevelure. De telles rencontres font d’un voyage bien plus qu’un exercice d’enrichissement pour le corps et l’esprit. Le marcheur se mue en «philosophe du quotidien». Plusieurs semaines auparavant, au bureau, n’avais-je pas demandé, plaintive, pourquoi on mettait toujours des cailloux sur mon chemin? La réponse, je l’avais ici. Dans ce pays envahi par les cailloux. Les enlever n’aurait aucun sens. Il faut trouver son chemin entre les cailloux. Heinz, 80 ans, le plus âgé du groupe, nous a régalé d’un bon mot, qu’il s’est plu à répéter au pied de chaque montagne ou colline à escalader: «On n’est jamais complètement en haut.» Une idée que randonneurs et managers peuvent mûrir. Et un constat qui a son importance: à un moment donné, le che54 Vivai 2017

min finira bien par redescendre. Ces considérations ont fait sourire Nedal, le guide palestinien qui nous accompagnait depuis le quatrième jour. Il paraissait plus âgé à cause des rides barrant son visage tanné par le soleil. Elles ne semblaient pas avoir été creusées par des rires, mais plutôt par la réflexion. La plupart du temps, Nedal avançait en éclaireur devant le groupe. Marcher avec lui avait quelque chose de méditatif. Un peu aussi d’une séance chez le psychologue. Le septième jour biblique

Dans la vie de chacun, comme en randonnée, il y a toujours un passage très délicat à franchir. Pour moi, c’est le septième jour (biblique) de ce périple. De Duma à Al Auja, le chemin dévale les pentes d’un canyon avant d’atteindre la vallée du Jourdain. Les rochers, sur lesquels nous devons parfois grimper ou nous laisser glisser, y sont de toute beauté et changent constamment de couleurs. Ocres, rouille, gris, blancs. Des oiseaux de proie tournent dans le ciel. Tout à coup, un cri retentit. C’est Ursula, originaire de Suisse centrale; elle a participé à des randonnées dans l’Himalaya. Elle est allongée sur le sol, et elle a mal au genou. Il est tout de suite évident que c’est davantage qu’une contusion. Comme aucun membre du groupe n’a de réseau sur son portable, Nedal décide d’aller chercher

de l’aide dans une colonie juive installée sur le plateau. Deux heures plus tard, le conflit au Proche-Orient en personne se présente: un Palestinien avec sa mule, un colon juif armé et deux soldats israéliens accompagnés d’un médecin. Il n’y a probablement qu’une Suissesse blessée pour parvenir à ce résultat. Hissée sur la mule du Palestinien, Ursula est conduite hors du canyon, soutenue par le médecin israélien. Le reste de la troupe choisit de continuer jusqu’à l’étape du jour, un camp de Bédouins. En apercevant un troupeau de chèvres se promener sur les parois abruptes au-dessus de nous, je lance à Nedal: «Heureusement que nous ne devons pas marcher là-haut!» «Mais si, répond-il, c’est par là que passe notre chemin.» On dirait une nouvelle fois qu’il énonce une vérité profonde. Comme j’ai un peu le vertige, je me plaque contre la paroi rocheuse. Les autres parlent avec enthousiasme de l’extraordinaire panorama, des grottes qui se sont formées dans le canyon et semblent ouvrir sur des mondes mystérieux. Quant à moi, je suis entièrement dans le moment présent, capable uniquement de me concentrer sur le prochain de mes pas. La météo changeante reflète l’éventail de mes sensations. Soleil, pluie et, sur la fin, avant de parvenir au but, tempête de sable. L’impression de fines aiguilles tombant en pluie sur ma peau. Je dors d’un sommeil

© Illustration: Martin Haake

fait en haut.”


RANDONNÉE EN TERRE SAINTE

quasi comateux dans la grande tente bédouine. Le lendemain matin, je suis réveillée par l’odeur du café à la cardamome. Un parfum qui, des semaines plus tard, ravive les images de dunes finement dessinées, d’étendues désertiques, des feux sur lesquels on cuisine. Les villes traversées aussi – surtout Jéricho, Bethléem et Jérusalem – m’ont laissé des impressions fortes, mais déroutantes. La religion est comme submergée. Partout des flots de pèlerins. Pour ce qui est de l’âme et de l’esprit, ils se rencontrent plutôt au milieu de la nature. Comme ce matin qui suivit la tempête de sable dans la vallée du Jourdain. Sur un fond de nuages noirs menaçants, un arc-en-ciel s’est formé au-dessus du désert inondé d’une belle lumière dorée. Qui illumine toujours mon canapé aujourd’hui. l

VOYAGER

Bon à savoir «Le voyage décrit dans cet article est proposé en exclusivité par Imbach. (Départs en fonction du nombre de réservations et de la situation sur place.) Prochaines dates: 17.11–28.11.17, 24.11–5.12.2017. Pour plus d’infos, appelez le 041 418 00 00 ou rendezvous sur: imbach.ch Randonnée: 12 jours (y compris les trajets à/de Tel Aviv). Les étapes quotidiennes varient de 8 à 21 kilomètres. Sans difficulté pour les randonneurs expérimentés. Aperçu de la réalité de la vie des Palestiniens, particulièrement à Jénine et Naplouse. Visites historiques à Nazareth, Bethléem, Jéricho et Jérusalem. Accompagnement du groupe (de 10 à 18 participants) par un guide suisse et un guide palestinien.

Hébergement et repas: nuitées dans des hôtels et, durant la randonnée, 2 nuitées dans des camps dirigés par des Bédouins ainsi qu’un hébergement par petits groupes dans des familles majoritairement musulmanes. Ceci est un point fort du voyage, car on peut se rendre compte de la façon dont les gens vivent sur place. Ils sont très accueillants, et la nourriture servie est locale et délicieuse. Ce qu’il faut emporter: un bon équipement de randonnée, mais surtout faire preuve d’esprit d’ouverture et d’intérêt pour une région du monde qui est le creuset de trois grandes religions. Quant à la tolérance, on peut s’y exercer constamment au sein d’un groupe de randonneurs.

160117/sto.ch

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finissent toujours par s’essouffler. Ce n’est pas le cas des pieuvres, qui possèdent toutes trois cœurs: les deux premiers prélèvent l’oxygène contenu dans l’eau, tandis que le troisième, central, fait circuler le sang partout dans le corps. Ainsi, elles ont suffisamment d’endurance pour chasser leurs proies. Découvrez d’autres merveilles sur oceans.wwf.ch

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PASCAL LANDERT

MON COIN À MOI

« Ici, on n’entend que les bruits de la nature. Aucun son parasite ne vient troubler la paix de ce lieu idyllique. » Pascal Landert, 31 ans, est rentré en Suisse en mai, après avoir séjourné quatre mois à Berlin dans le cadre du programme Artistes en résidence. Photographe professionnel, il réalise principalement des photos de mariage. Ses clichés non conventionnels fixent pour l’éternité le plus beau jour de la vie des couples qui posent devant son appareil.

Le Klöntalersee

© Pascal Landert

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on d’accord, ça fait un peu cliché que moi, Glaronnais, je dise que le Klöntalersee est mon endroit préféré. Et pourtant, c’est justifié. Parce que j’y puise de l’énergie et que le spectacle naturel qu’il offre m’impressionne fortement. Les parois rocheuses tombent pratiquement à la verticale dans le lac aux eaux azur où le ciel se reflète. Des eaux si pures qu’on peut en boire sans crainte. Ici, on entend uniquement les bruits de la nature. Aucun son parasite ne vient troubler la paix de ce lieu idyllique. Pour moi, le Klöntalersee est un endroit magique. Quand je respire l’air frais

de la montagne et que je me trouve face à ce somptueux paysage, je ressens une sorte de paix intérieure et j’oublie mon quotidien. Ces moments me sont précieux. En automne et au printemps, c’est particulièrement paisible, et les jeux de couleurs sur le lac sont fascinants. Ces saisons offrent un arrière-plan extraordinaire pour réaliser des photos de couples. En hiver, le niveau de l’eau est très bas. J’en profite pour me promener sur les bords du lac qui sont immergés le reste du temps. Et lorsque le lac est entièrement gelé, je chausse mes patins et me lance sur la glace noire.

L’été, il règne une grande animation sur les berges. Alors, parfois, j’emporte mon travail de comptabilité jusqu’au restaurant au bord du lac et je m’installe dans le jardin. Je le fais alors sans rechigner. Et avec d’autant moins de mal que je m’offre ensuite un bain rafraichissant. Lorsque la soirée est douce, je retrouve volontiers des amis dans la prairie au bord du lac pour faire des grillades. Pour moi, il n’y a rien de plus beau que de vivre les dernières heures du jour au bord du Klöntalersee. l Propos recueillis par Regula Burkhardt-Lehmann Vivai 2017

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Le mot mystère A gagner: 3 nuitées pour 2 personnes à l’hôtel wellness 4 étoiles Albblick, qui fait partie des 25 meilleurs établissements de wellness avec spa d’Allemagne. Situé dans la Forêt-Noire, il offre une vaste palette de soins et d’activités de détente. Sont inclus: le logement dans la résidence wellness, la pension complète, ainsi qu’un bain-massage Forêt-Noire, un massage du dos et un enveloppement «crème», d’une valeur de CHF 1000. Plus d’infos sur: www.albblick.de.

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Par carte postale (courrier A): Editions Vivai,

concours 4/17, case postale, 8074 Zürich

Date limite de participation: 30 août 2017 Solution du précédent numéro: bouquet Nom du gagnant: Markus Koenig, Bad Zurzach

Les gagnants seront tirés au sort parmi les bonnes réponses des éditions de Vivai dans les trois langues et avisés par écrit. Les prix ne peuvent pas être convertis en espèces. La voie juridique est exclue. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Les gains n’ayant pas été retirés dans les trois mois suivant le tirage au sort sont considérés comme caducs. Ils ne donnent lieu à aucune contrepartie. Les collaborateurs de la Fédération des coopératives Migros ne sont pas autorisés à participer au concours. Le mot mystère ainsi que le nom du gagnant ou de la gagnante seront publiés dans le numéro 5/17 de Vivai.

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C’est promis: toutes nos bananes seront durables.

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