paperJam economie & finances novembre 2012

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Économie Politique Entreprises Place financière

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Économie

Rolf Tarrach ambitieux pour son Université

Politique

Budget : entre Charybde et Scylla

Entreprises

Dans la jungle des labels RSE

Place Financière

Chine : longue marche vers le Luxembourg


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Novembre 2012

par Jean-Michel Gaudron, directeur de la rédaction, rédacteur en chef – paperJam

s u o t r s Su n a l p s le lan social contre plan d’action pour l’emploi. Le marché du travail au Luxembourg, au cœur de notre édition de ce mois-ci, subit des remous inédits pour une économie qui a longtemps vécu sur un confortable matelas gonflé à l’air de la croissance vertigineuse des années 80-90. Du temps où le Luxembourg affichait la même santé qu’un pays émergent… Ces derniers mois, les mauvaises nouvelles se sont succédé. Lombard, ArcelorMittal, Hyosung, Luxguard, voire Cargolux… la liste est loin d’être exhaustive. Et même Jean-Claude Juncker en perd son latin, avouant lui-même qu’il serait difficile de « réussir à maîtriser la situation », demandant à ce que « tous les efforts »

P

soient entrepris pour « comprendre le processus d’érosion et le maîtriser ». Il serait temps, en effet, de déposer un plan de vol qui tienne le cap. Plan de développement contre plan d’économies. En même temps que les grands argentiers du Luxembourg se creusent la tête pour trouver, çà et là, quelques millions d’économies afin de redresser les finances publiques, le pays doit continuer de se développer, de renforcer ses infrastructures, de s’adapter à une évolution démographique haussière et de maintenir, au mieux, le très haut niveau d’aide sociale qui est le sien. Mais là aussi, des efforts sont à prévoir, étant entendu que le modèle d’Étatprovidence a des limites et qu’elles sont sur le point d’être atteintes.

Avec cette crise économique qui s’inscrit au premier plan des préoccupations de tout un chacun, la marge de manœuvre du gouvernement est pour le moins étroite, si tant est qu’il en dispose encore d’une. Le vent de fronde (inédit lui aussi, car venant presque autant de la majorité que de l’opposition), qui a soufflé après la présentation du budget, début octobre, n’est pas de nature à retrouver la confiance. Au point que la copie est prévue d’être revue d’ici à la fin du mois. Le Luxembourg est aux abois sur tous les plans. Et il ne faudrait pas qu’il en tire trop sur la comète. Sans quoi ses ambitions de bienêtre et de durabilité risquent fort de rester en plan. Novembre 2012 —

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sommaire

11/ Sommaire 2012 www.paperjam.lu

30

On en parle

18 Budget

Entre Charybde et Scylla

Pressé de toutes parts pour ramener le navire à bon port, le gouvernement vogue pour l’instant sur une mer agitée. La présentation du projet de budget pour l’exercice 2013 a donné le mal de mer à certains administrés. Mais on ne craint pas encore de voir le bateau couler.

18

& politiqu

économie

e

30 Rolf Tarrach

« Plus nous avons de succès, plus cela revient cher »

Le recteur de l’Université du Luxembourg se réjouit du développement continu de son institution, dont le budget est toujours en croissance, en dépit de l’impact financier important qui se profile avec le prochain déménagement à Belval.

40

36 Conférences

Des hauts et débats

Après avoir atteint des sommets de prospérité et de croissance, le Luxembourg vit à l’heure de profondes remises en question. La Sacred Heart University, en partenariat avec paperJam, lance un cycle de conférences qui proposera, jusqu’en juin prochain, des pistes de réflexions destinées à faire de nouveau avancer le pays.

covers

tory

40 économie

Un nouveau mode d’emploi

Au Luxembourg, les données concernant le chômage n’ont jamais autant inquiété les responsables politiques et économiques. Mais derrière les chiffres, il y a les gens. Qui sont ces chômeurs que le Luxembourg append seulement à connaître ? Cette population a des caractéristiques précises, que l’on peut identifier afin de donner des cibles concrètes aux créateurs d’emploi. L’inadéquation est devenue chronique entre offre et demande en matière d’emplois. L’économie ouverte et la position géographique offrent une perspective sur une main d’œuvre a priori illimitée, alors que des résidents, dont de plus en plus de jeunes, restent sur le carreau. L’heure est à l’évaluation des mesures, quitte à se remettre en question.

42 Statistiques

Des gens derrière les chiffres

15.000 chômeurs. Les réalités du monde du travail oscillent entre données alarmantes, coûts pour la collectivité et risques sociétaux. Décodage.

46 Vices cachés

Les inquiétudes nées du travail Derrière le taux de chômage, se cachent des évolutions pernicieuses pour l’économie luxembourgeoise dans son ensemble. Des évolutions enracinées dans la structure même du marché de l’emploi.

52 Politique

Des outils adaptés

Le ministre Nicolas Schmit veut des dépenses actives et efficaces, des mesures évaluées et une agence vraiment au service de l’emploi… Face au marché, le pays se cherche des pistes de travail.

Novembre 2012 —

11


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sommaire

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11/ Sommaire 2012

80

70 86

88 e n t r e pr

ises

60 En bref

L’actu

Communiqués, brèves, chiffres, le choix de la rédaction

88 Start-up

Fait flèche de tout bois

Allo Tools commercialise des applications web de gestion commerciale pour les fabricants, les distributeurs et les artisans du secteur de la menuiserie. Elle bénéficie du soutien de business angels pour franchir un nouveau palier.

70 Médias

Dans les méandres de la presse quotidienne

Entre plan social, nouveaux défis, journal new look et succès du gratuit, la presse luxembourgeoise vit un tournant dans son histoire. Quel visage présentera-t-elle demain, face à la montée en puissance des médias électroniques à laquelle elle participe aussi indirectement ? Les grands patrons de presse du Grand-Duché se penchent sur la question.

ussi... à lire a

86 Les dix vérités de…

Alain Kinsch

Le managing partner d’Ernst & Young en interview sur paperJam.TV

80 RSE 16 Agenda

Au-delà des apparences À suivre…

Être une entreprise socialement responsable, c’est d’abord une question de volonté. Pour faire valoir ses démarches, la certification et la labellisation sont des choix à étudier de près voire des passages obligés. Encore faut-il pouvoir s’y retrouver

Événements et invitations utiles.

130 Opinion

À suivre…

Michèle Detaille : « Vive l’industrie » Novembre 2012 —


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sommaire

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11/ Sommaire 2012

115

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fin place

anciè

re

94 Chine – Luxembourg

122

La longue marche

Fonds d’investissement, banques, internationalisation de la monnaie chinoise… les relations entre la République populaire et le Grand-Duché sont prometteuses. Mais les efforts entrepris ne porteront leurs fruits qu’avec beaucoup de patience.

98 Régulation

Ruée de la loi

L’exécutif européen impose un tempo réglementaire soutenu. Les professionnels du secteur financier éprouvent des difficultés à suivre le rythme. Présentation des prochaines échéances dictées par Bruxelles.

dé s i r s

111 Culture

Pour ne rien manquer

Les rendez-vous culturels à ne pas rater, les livres à lire, les personnalités à connaître…

102 Titrisation

La Place fait son coming out 115 Nouveautés Pas de promotion exagérée, mais plus de tabou non plus. Pour ne manquer de rien

Englobée dans le shadow banking ou la finance structurée, la titrisation permet de monétiser, souvent via le Luxembourg, un peu de tout, des prêts hypothécaires aux royalties de David Bowie.

Top 5

s plus lu bre cles les m des arti .lu du 11 septe erJam 12 p 0 a 2 p e r r u s ctob au 10 o

Les nouvelles adresses, les restaurants incontournables, les tendances du moment et les lieux où il faut se montrer.

120 Interview

Une mode sauvage ial

mond s le top

dan mbourg is é fo e : Luxe lu 1.658 rsonnel gratifi 1/ Salair , le pe e té e h ss IL rac fois veau bo 2/ La B lu 1.562 un nou et s’offre it d n ra fois zon g lu 1.222 3/ Ama mbourg au Luxe h arrive is c n lu s 4/ Let’ lu 1.143 fo cas BIL atar et le 5/ Le Q fois lu 1.048

Chris Neuman a lancé la marque de prêt-à-porter Belle sauvage avec Virginia Ferreira. Il nous dévoile les coulisses de sa collection.

122 Les Vignes

Style Watch

Un événement passé à la loupe des chasseurs de style. Novembre 2012 —


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agenda

À suivre 0

25/1

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Grande région

Salon à l’envers

Séminaire

Academy & Finance se penche sur la façon dont le Luxembourg peut, et doit, s’adapter et se développer à l’ère de la transparence fiscale. La journée de conférences analysera comment les dispositions en matière d’échange d’informations sont appliquées au Grand-Duché et l’impact de la nouvelle directive européenne sur la coopération administrative dans le domaine de la fiscalité. En ligne de mire : la meilleure façon de conseiller les clients offshores français, allemands, belges ou italiens… Lieu : Hôtel le Royal Infos et Inscriptions : www.academyfinance.ch.lu

0 25/100

de 9hh00 à 14

Conférence

Deuxième business event annuel organisé par la Fédération du Label Cassis (Consulting, Assistance and ServiceS in Information Systems), sous l’égide du CRP Henri Tudor. L’intervenante principale sera Isabelle Linden, professeur en facultés de sciences économiques à Namur (FUNDP), spécialiste en business intelligence. Lieu : BGL BNP Paribas (Agence Monterey) Infos et inscriptions : corinne.loesel@federation-cassis.eu

18h

Conférences

Looking back with satisfaction

15/110

Quatrième édition de cette initiative qui, cette année, récompense les institutions de microfinance qui auront présenté l’activité la plus complète, innovante et efficace dans le domaine de la sécurité alimentaire. Lieu : BEI Infos et inscriptions : www.lrtm.lu

15/101 18h3

Conférences

Statistics do not always lie

— Novembre 2012

1 00 de 9hh00 à 18 Conférence

Piom 2012 Deuxième édition de la conférence « Performance Improvement & Operations Management », dédiée aux méthodes et techniques, attitudes et comportements, principes de recherche et développement dans le management opérationnel et l’amélioration continue. Pour cette édition, la plupart des présentations se feront en mode « pull » : l’intervenant proposera deux à trois sujets différents et le public pourra choisir celui qui lui semble le plus pertinent par rapport à ses attentes. Lieu : d’Coque, au Kirchberg Infos et inscriptions : http://www.piom.lu

The State of Internal Audit

Photo : David Laurent/Wide (archives)

Ouverture du cycle de conférences initié par la Sacred Heart University (lire l’article en page 36). L’occasion de faire un survol historique du Luxembourg depuis 1848 (avec l’historien Emile Haag et le professeur d’Histoire Denis Scuto), de parler d’un siècle d’immigration avec Serge Kollwelter (Asti, photo) et de se poser la question de la pauvreté au Luxembourg avec le professeur d’Économie Antoine Haag. Lieu : agence BGL BNP Paribas, rue Notre-Dame Infos et Inscriptions : niebeling@shu.lu

1

Conférence

Récompenses

3/11

2 3/ 1

18h0

European Microfinance Award

La Business Intelligence (BI) au service des PME et TPE

0 24/130

Photo : Luc Deflorenne (archives)

Devenu un rendez-vous incontournable dans la Grande Région, le Salon à l’Envers constitue pour les entreprises luxembourgeoises et régionales une plate-forme de rencontres B2B entre acheteurs et fournisseurs. L’édition 2011 avait réuni plus de 1.300 participants et quelque 170 donneurs d’ordres qui ont pu établir plus de 5.000 contacts avec les visiteurs. Cet événement s’inscrit dans la continuité des GR Business Days organisés au Luxembourg en juin dernier. Lieu : Place de la Liberté, à Thionville (57) Infos et inscriptions : http://www.salonalenvers.org/

Photo : Gérard Legrand/2011

Quels nouveaux défis pour les professionnels luxembourgeois ?

Photo : Olivier Minaire ( archives )

23/1

Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg. Séminaires, conférences, séances académiques…

Deuxième soirée de conférences du cycle présenté par la Sacred Heart University (lire l’article en page 36). Guy Schuller (Statec, photo) avec Alfred Steinherr (Sacred Heart University) ; Carlo Thelen (Chambre de Commerce) et Robert Kieffer (CNAP). Lieu : agence BGL BNP Paribas, rue Notre-Dame Infos et Inscriptions : niebeling@shu.lu

L’Institut des auditeurs internes à Luxembourg organise une « revue à 360° » des enjeux et des défis qui attendent les activités d’audit interne dans les prochaines années. Avec, parmi les orateurs, le ministre des Finances Luc Frieden, mais aussi Françoise Thoma (photo), Bruno Colmant, Victor Rod ou encore Patrick Zurstrassen. Lieu : Novotel Kirchberg Infos et inscriptions : iialux@pt.lu


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n on ele par

Budget

Entre Charybde et Scylla — Novembre 2012

Pressé de toutes parts pour ramener le navire à bon port, le gouvernement vogue pour l’instant sur une mer agitée. La présentation du projet de budget pour l’exercice 2013 a donné le mal de mer à certains administrés, mais on n’en est pas encore au stade où il faut craindre de voir le bateau couler. Surtout que les deux partis de coalition se sont donné quelques semaines pour revoir leur cap. Texte Laurent Moyse (avec J.-M. G.)


actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

Source : Projet de loi concernant le budget des recettes et des dépenses de l’Etat 2013

Dette de l’administration publique 10.000

21,4 % en millions d’euros

9.000

19,2 %

en % du PIB

18,3 %

8.000 14,5 %

7.000

13,7 %

6.000 5.000 4.000

6,7 %

Mélange conjoncturel et structurel

6,7 %

3.000 2.000 1.000 0 2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

Avec une dette publique correspondant à 21,4 % du PIB, le Luxembourg reste largement en deçà des critères de Maastricht (60 %) et affiche le taux de dette le plus bas de l’Union européenne. Il serait encore plus bas (16,9 %) sans tenir compte des emprunts qui ont été émis en vue de la stabilisation du secteur financier.

illeurs en Europe, tout ministre des Finances qui élaborerait un projet présentant pour 2013 un déficit budgétaire de 1,5 % et une dette publique de 25 % du PIB se verrait taper sur les épaules. Pas au Luxembourg. À peine Luc Frieden avait-il terminé sa présentation à la Chambre des députés, ce matin du 2 octobre, que les critiques fusèrent de toutes parts, y compris de son propre camp. Pourtant, le gouvernement luxembourgeois continue à respecter largement les critères de Maastricht, qui imposent un déficit public en dessous de 3 %, et une dette inférieure à 60 %. Il demeure parmi les bons élèves européens, même si ses notes ont tendance à devenir moins brillantes. Mais c’est là où le bât blesse. Le gouvernement s’était donné comme objectif de rétablir d’ici 2014, donc jusqu’à la fin de l’actuelle législature, l’équilibre des comptes de l’administration publique, qui regroupe ceux de l’administration centrale, des communes et de la sécurité sociale. Or, le Luxembourg n’en prend pas le chemin, bien au contraire. Connu pour son penchant en faveur d’une politique budgétaire rigoriste, le président du parti chrétien social (CSV) majoritaire Michel Wolter, a vivement réagi en s’interrogeant sur l’évolution inquiétante, à ses yeux, des finances publiques. Plus nuancé dans son analyse, le socialiste Lucien Lux oscille entre deux sentiments. En tant que rapporteur du projet de budget, il défend la politique gouvernementale

A

visant à freiner le déficit, d’autant plus que l’endettement de l’État a quintuplé en l’espace de quelques années seulement. En tant que président du groupe socialiste à la Chambre des députés, il insiste sur la nécessité de ne pas procéder à des coupes sévères en raison des conséquences néfastes qu’elles provoqueraient sur le plan social. Jean-Claude Juncker était donc attendu au tournant, lors de son briefing à la presse, trois jours après l’intervention de Luc Frieden. Reconnaissant que l’objectif d’un équilibre en 2014 serait difficile à atteindre, le Premier ministre a attribué cet échec probable à la conjoncture économique déprimée, qui perdure au-delà des prévisions initiales. Les plus récentes estimations du Statec tablent en effet sur une quasi-stagnation de la croissance de l’économie luxembourgeoise cette année, et sur une hausse de 1, 7 % du PIB en 2013. Pas de quoi exulter. L’inflation devrait se situer, l’an prochain, autour de 2 % et le taux de chômage, quelque part entre 6,5 % et 7 %.

La masse salariale pèse d’un poids non négligeable.

Depuis un certain nombre d’années, l’État doit faire face à une montée irrépressible de ses dépenses. Certaines sont d’ordre conjoncturel, d’autres plutôt d’ordre structurel, mais, souvent, elles relèvent de la combinaison des deux. Le chômage est un exemple parlant : le Fonds pour l’emploi sera alimenté de quelque 92 millions d’euros supplémentaires, par rapport à 2012. En portant la comparaison à l’exercice 2008, l’augmentation est substantielle : près de 300 millions d’euros. La crise économique a bien entendu causé des dégâts et les mauvaises nouvelles en provenance du secteur industriel en sont une illustration supplémentaire. Les fermetures d’usine ou les dégraissages se succèdent à un rythme accéléré, témoignage d’un ralentissement des activités au niveau mondial. Dans ce contexte, le coût élevé des facteurs de production, dans un pays comme le Grand-Duché, devient un gros handicap. D’autres facteurs exogènes pèsent sur l’emploi : importatrice de main-d’œuvre, l’économie luxembourgeoise attire une part non négligeable de travailleurs non qualifiés qui, au moindre retournement conjoncturel, sont les premiers à rester sur le carreau et qu’il n’est facile de recaser. Une telle situation, qui n’est guère nouvelle, explique pourquoi la demande d’emploi continue d’augmenter même en période d’offre croissante (lire aussi toute notre coverstory page 40). En outre, comme de nombreux Luxembourgeois recherchent la sécurité de l’emploi, ils ont tendance à délaisser le secteur privé pour intégrer la fonction publique. En effet, l’État est de loin l’employeur numéro un au GrandDuché, ses effectifs ayant augmenté de 28,6 % depuis le début 2003, pour s’établir à 25.278 personnes au 1er janvier 2012. La masse salariale pèse ainsi d’un poids non négligeable dans le budget de l’État et pour 2013, les dépenses liées à ce poste augmentent de 64 millions par rapport à l’exercice précédent. Un autre exemple est la garde d’enfants, dont les dépenses montent en flèche, avec une hausse de 66 millions d’euros par rapport à 2012. Certes, la hausse démographique est en partie responsable de ce surplus d’investissement. N’oublions pas que la population scolaire a augmenté de plus de 12 % en l’espace d’une décennie, nécessitant une injection d’argent frais pour couvrir les frais de fonctionnement et Novembre 2012 —

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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

+102,3

+88,8

Versement au Fonds pour l’emploi du produit des impôts de solidarité

Source : Projet de loi concernant le budget des recettes et des dépenses de l’Etat 2013

Alimentation du fonds de la dette publique (intérêts)

+80,2

Top 3 des accroissements des dépenses publiques (en million d’euros)

Participation dans le capital social de sociétés et d’organismes divers

Projet de budget de l’État luxembourgeois pour l’exercice 2013 (en million d’euros)

les coûts liés à l’infrastructure. La politique conservatrice, longtemps menée sous la responsabilité du CSV, a toutefois joué un rôle tout aussi important dans le retard que ce secteur accuse aujourd’hui pour aménager les structures d’accueil. Face à de telles hausses, certaines mesures visant à réduire les dépenses de l’administration centrale, ou à augmenter les recettes l’an prochain, apparaissent dérisoires : 2 millions d’euros de rentrées supplémentaires sont attendus de la hausse des tarifs pour les places de stationnement des fonctionnaires, 3 millions d’euros de dépenses devraient être évités grâce à une réduction des prestations en matière de chèques-services, 6 millions de recettes sont envisagés sur la hausse des prix des billets de train ou de bus, etc. Quant aux 7 millions d’euros que le gouvernement compte épargner au niveau du forfait d’éducation, réservé à l’avenir aux femmes qui ne bénéficient pas de pension, cette mesure a fait monter au créneau le Conseil National des Femmes Luxembourgeoises, qui estime que ce forfait ne constitue pas une pension proprement dite, mais une prestation sociale. Plus substantielles sont les mesures prises en matière de rémunérations et de pensions. Comme le paiement de la tranche indiciaire n’interviendra pas avant octobre, l’État verra son budget s’alourdir pour les trois derniers mois de l’année seulement. De plus, en faisant l’impasse sur l’ajustement des pensions, il économisera environ 75 millions d’euros. Cela n’empêche pas le patronat de persévérer dans sa revendication d’abolir le système d’indexation, et de considérer, par la voix de la Fedil, que le projet de budget est « le reflet d’un gouvernement à bout de souffle ». Quant aux syndicats, l’absence d’un ajustement des pensions n’a fait que relancer leur courroux, d’autant plus qu’ils avaient déjà appelé, pour le 16 octobre, à une manifestation contre le projet de réforme des pensions, actuellement en cours de procédure. Brouillard et brouillage

2011 Compte

2012 Budget

2013 Projet

+/- en valeur (2013 / 2012)

+/- en % (2013 / 2012)

Source : Projet de loi concernant le budget des recettes et des dépenses de l’Etat 2013

Budget courant Recettes

10.266,4

10.632,5

10.964,5

+332,0

+3,1%

Dépenses

9.493,1

10.175,1

10.769,8

+594,7

+5,9%

Excédents

+773,3

+457,4

+194,7

-

-

Budget en capital Recettes

100,9

59,8

57,4

-2,5

-4,1%

Dépenses

1.235,4

913,1

972,7

+59,6

+6,5%

Excédents

-1.134,5

-853,2

-915,3

-

-

Budget total Recettes

10.367,3

10.692,4

11.021,9

+329,5

+3,1%

Dépenses

10.728,6

11.088,2

11.742,5

+654,3

+5,9%

Excédents

-361,2

-395,8

-720,6

-

-

Le projet de budget pour 2013 renseigne un crédit de 80.128.000 euros pour le financement de la participation du Luxembourg au capital du mécanisme européen de stabilité .

— Novembre 2012

Si les critiques fusent de part et d’autre, les unes pour dénoncer la timidité des mesures prises par le gouvernement pour boucher les trous, les autres pour accuser ce dernier de vouloir noircir le tableau pour mieux plumer les contribuables, elles contribuent à enfumer une situation que la communication du gouvernement rendait déjà fort brouillonne. Hésitants, les deux partis de la majorité se sont bien vite interrogés sur l’opportunité d’amender le projet budgétaire. Le parti socialiste, qui avait fixé une conférence de presse pour le 8 octobre, l’annula en dernière minute. Une réunion des ministres chrétiens-sociaux, qui se tenait le lendemain de la présentation du projet de budget dans le bureau du Premier ministre, avait mis en alerte RTL, qui se demandait si ce conclave précipité avait pour but de parer aux critiques très sèches de Michel Wolter. Autre exemple de la cacophonie ambiante : l’ancien vice-président du gouvernement et ministre des Affaires étrangères Jacques Poos, qui fut aussi directeur du quotidien Tageblatt de 1964 à 1976, tança ses successeurs, Alvin Sold et Danièle Fonck en leur reprochant de traiter dans leurs éditoriaux les responsables politiques luxembourgeois de « bons à rien », portés davantage sur le démantèlement social que sur la résolution d’une crise qui n’existerait pas. Or, plutôt que de prétendre que la crise est


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Évolution des principales recettes fiscales en 2013 (par rapport au budget définitif 2012), en millions d’euros Recettes totales :

11.021,9

Contributions directes :

5.797,7

(+3,08 %)

(+1,39 %)

Douanes et Accises :

Impôt de solidarité 330,8 (+44,72 %)

1.321,8 (-0,91 %)

Taxe sur les véhicules automoteurs : 28 (+3,7 %)

Enregistrement et Domaines :

3.609

Droits d’accises autonomes sur les cigarettes : 87 (+2,35 %) Droits d’accises autonomes sur certaines huiles minérales : 210 (+10,53 %)

(+6,66 %)

Droits de succession 47 (-) Droits d’enregistrement 158 (+12,86 %)

Salaires 2.595 (-2,08 %)

Trésorerie de l’Etat

Collectivités 1.510 (-2,58 %)

293,4 Taxe sur la valeur ajoutée (montant net) 2.624,7 (+9,34 %)

Autres 1.361,9

Autres 996.8

une mise en scène destinée à prendre les Européens pour des gens stupides, et à utiliser les marchés pour mieux les instrumentaliser, il vaudrait mieux cesser d’instrumentaliser et de berner « les lecteurs avec de telles stupidités », s’indigne Jacques Poos dans une lettre adressée au quotidien eschois, et publiée dans l’édition du 29-30 septembre. L’ancien ministre socialiste estime au contraire que « le gouvernement CSV-LSAP gère la crise de manière formidable ». C’est dans cette joyeuse ambiance, et sans doute pour désamorcer, en partie, le vent de fronde qui se lève, que les deux partis de la coalition ont finalement convenu, avec la bénédiction du gouvernement, de mettre le budget de l’État au banc d’essai afin de parvenir, d’ici à la Toussaint, à réduire la différence entre le volume des dépenses et celui des recettes. Il faut dire que la brutalité des chiffres impose une réaction efficace et percutante. Certes, si les prévisions pour les exercices de cette année et de l’an prochain se confirment – ce qui reste évidemment à démontrer –, le déficit de l’administration publique sera moins important en 2013 qu’en 2012, passant de 2 % à 1,5 % du PIB. L’administration centrale affiche, en 2013, un déficit prévisionnel de 2,8 %, une amélioration par rapport au déficit de 3,8 % attendu cette année. Et, s’il est vrai que la dette publique grimpe à un rythme inquiétant, on est — Novembre 2012

(+3,08 %)

Autres 779,3

encore loin du gouffre que connaît la Grèce, contrairement à ce que prétend le député Gast Gibéryen (ADR), reprenant d’ailleurs une théorie exprimée dans un quotidien allemand quelques semaines plus tôt. Mais l’évolution des finances publiques pourrait bel et bien devenir critique si le gouvernement ne prend pas la mesure des effets à long terme de sa politique actuelle. Les comptes de la sécurité sociale affichent certes toujours un solde excédentaire, mais il se rétrécit assez vite : de plus d’un milliard d’euros en 2008, le surplus baisserait à moins de 600 millions l’an prochain. Quant à l’assurance dépendance, les dépenses de l’État – dont la part est de 40 % – vont croître de 47 millions d’euros, par rapport à 2012. Sauf à entamer de profondes réformes, sa marge de manœuvre s’en trouvera réduite. Il lui en reste une du côté des dépenses d’investissement, en baisse de 7,7 % par rapport à 2012, mais qui restent à un niveau élevé, avec ses 1,7 milliard d’euros, soit 3,8 % du PIB. Si les difficultés persistent, il pourra davantage réduire ce poste à l’avenir, mais il se privera en même temps d’un instrument central de relance économique. Le gouvernement issu des élections de juin 2014 pourrait ainsi se retrouver entre Charybde et Scylla . Une perspective peu réjouissante pour les futurs élus.

La progression de 3,08 % du total des recettes de l’Etat entre 2012 et 2013 s’explique, principalement, par l’annonce du relèvement des impôts de solidarité à partir du 1er janvier 2013. Les recettes supplémentaires qui résultent de ce relèvement sont estimées à un montant de 111, 6 millions et feront l’objet d’un projet de loi ultérieur.


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économie  & Politique

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UEL

Quatre points cruciaux

Photo : Charles Caratini (archives)

L’Union des Entreprises Luxembourgeoises et son directeur Pierre Bley (photo) ont présenté quatre points clés devant constituer la base du plan d’action et de réformes nécessaire au redressement de l’économie luxembourgeoise. Rien de bien nouveau dans les revendications de l’UEL, qui plaide notamment, une nouvelle fois, pour un gel du coût du travail – au moment où une tranche indiciaire intervient en octobre et que le salaire social minimal sera rehaussé en janvier – et une politique visant à soutenir l’emploi plutôt qu’à financer le chômage. L’Union appelle, en outre, à la mise en place d’un système de formation qui prépare au mieux les jeunes à la vie active, à la réalisation d’une vraie stratégie d’assainissement des finances publiques par l’État et à la prise de « mesures plus incisives » concernant la réforme des pensions. « Le gouvernement n’est pas crédible quand il demande à la Chambre des députés de voter une réforme des pensions qui, pour être soutenable, nécessite une croissance économique de plus de 3 % par an », estime l’UEL.

Le dernier sondage Politmonitor, réalisé par TNS Ilres pour le compte du Luxemburger Wort s et de RTL, place Xavier Bettel, le bourgmestre de Luxembourg-Ville, devant le Premier res ministre Jean-Claude Juncker, en termes de popularité (83 % contre 78 %). | L’inflation exp repart à la hausse : 2,9 % fin septembre, contre 2,6 % en août. Un bond qui s’explique notamment, selon le Statec, par la réforme du système des chèques-services pour la garde d’enfants. | L’indice de confiance des consommateurs, mesuré par la BCL, est resté stable à -9 en septembre, ce qui reste son plus bas niveau depuis janvier 2010.

Notation

Mariage princier

20/20 pour Fitch

767.000 euros pour l’État et la Ville

Contrairement à Moody’s, qui avait abaissé sa perspective à négative en juillet, Fitch maintient la meilleure note possible au Luxembourg, en excluant tout risque de dégradation à moyen terme. Le Grand-Duché conserve donc son AAA et sa perspective stable. L’agence de notation relativise toutefois ce satisfecit en mettant en avant la dégradation conjoncturelle du pays. « Après le fort rebond d’après la crise financière de 2008 et 2009, l’économie a ralenti de façon significative depuis le quatrième trimestre 2011. En dépit de la volatilité des données trimestrielles, l’économie du Luxembourg a clairement fait moins bien que son voisin allemand au cours de l’année écoulée. Elle devrait stagner en 2012. Fitch ne prévoit une reprise graduelle qu’à partir de 2013 », estime-t-elle.

Il aura fallu un peu d’agitation médiatique et une question parlementaire posée par le débuté DP Eugène Berger pour que le gouvernement consente à lever le voile sur le volet purement financier du mariage princier qui se profile, les 19 et 20 octobre prochains. Les frais directement à charge de l’État ont ainsi été estimés à quelque 350.000 euros (notamment en frais de sécurité et participation aux dîners). La Ville de Luxembourg a, pour sa part, annoncé une facture de 317.000 euros, dont 145.000 pour le seul feu d’artifice. La famille grand-ducale, elle, subviendra directement aux frais de logement de ses invités personnels, tandis que les coûts de logement et de transport des autres invités étrangers seront à leur propre charge. « En définitive, la majeure partie des frais et notamment toutes les dépenses d’ordre privé seront payées par la Maison grand-ducale », a tenu à rassurer le communiqué du gouvernement.

« Cette bataille ‘féministe’ n’est pas très crédible. » Robert Goebbels, député européen luxembourgeois, au sujet de la polémique entourant la nomination d’Yves Mersch à la BCE.

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Conjoncture

Prêts à mettre la main à la poche

Photo : David Laurent / Wide (archives)

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Lux-Development vs Cour des comptes

La guerre des chiffres Dans un rapport spécial sur la coopération au développement, la Cour des comptes, présidée par Marc Gengler (photo), constate que les dépenses effectives de l’agence Lux-Development dépassent régulièrement celles prévues. En 2010, elles ont même dépassé le budget de 15 %, soit 1, 35 million d’euros. L’organe de contrôle note par ailleurs que ce sont les mêmes postes budgétaires qui sont systématiquement en cause, à savoir les « salaires, traitements et gratifications ». Faux, a répondu

Une nouvelle manœuvre anti-frontaliers ?

— Novembre 2012

l’agence, qui parle d’erreurs d’interprétation et s’appuie sur la prise de position du ministère de la Coopération et de l’Action humanitaire. Selon LuxDev, le dépassement de 15 % tient notamment au fait que le budget de l’agence est présenté hors TVA. Lux-Dev conteste également les dépassements liés aux salaires, en invoquant la gestion de programmes de stagiaires. Le ministère a néanmoins concédé certains dysfonctionnements au sein de l’agence auxquels il souhaite remédier.

Le groupe de réflexion « 5 vir 12 », dont l’un des représentants est Raymond Schadeck (photo), continue de sensibiliser les représentants politiques à la nécessité de prendre en compte l’héritage qui sera laissé aux générations futures. Pour ce faire, le collectif d’entrepreneurs a présenté les résultats d’un nouveau sondage mené par Quest sur la propension des résidents luxembourgeois à contribuer à la réduction de la dette publique. Si la majeure partie des personnes interrogées est d’accord pour faire des efforts, 67 % des répondants attendent néanmoins de voir ce qui leur sera demandé. S’ils acceptent, globalement, de donner plus, ils ne veulent toutefois pas perdre en confort de prestations sociales ni de pensions versées par l’État. Autre élément notable : la limitation de l’indexation n’apparaît plus comme un tabou, les personnes interrogées ne voyant pas nécessairement d’un mauvais œil l’idée de rendre l’index proportionnel au salaire. Autant de pistes de réflexion pour le gouvernement à l’heure du dépôt de projet budgétaire.

Allocations d’études

Coopération

Horeca

Pas de formulaires aux frontaliers !

Politique réaffirmée

Ils ont trouvé l’embauche

Les syndicats dénoncent une nouvelle manœuvre anti-frontaliers. Selon eux, sur la foi de témoignages reçus de personnes concernées, le Centre de documentation et d’information sur l’enseignement supérieur (Cedies) n’envoie même plus les formulaires de demande de bourses aux nonrésidents… Pour la Commission des frontaliers LCGB-CSC, les instances de l’État mettent des freins administratifs afin d’ « empêcher les frontaliers d’introduire une demande pour éviter les recours » sur les dossiers d’allocations et bourses d’études…

Interrogée durant les Assises de la Coopération, Marie-Josée Jacobs s’est voulue sans équivoque. La ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire a réaffirmé son soutien à Lux-Development, principale structure de coopération au Luxembourg, égratignée sur certains aspects de sa gestion par la Cour des comptes (lire ci-dessus). Et de préciser que le gouvernement entend maintenir son soutien aux pays en voie de développement, via une enveloppe financière représentant 1 % du revenu national, soit un montant de 294 millions d’euros pour 2012.

Le secteur Horeca représente 7, 2 % du PIB, avec près de 2.850 entreprises et quelque 18.500 personnes occupées. Le ministre du Travail, Nicolas Schmit, s’est félicité du fait que « entre le 1er janvier et le 1er août 2012, 1.492 demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem ont trouvé un emploi dans 806 entreprises du secteur ». L’Horeca « recherche une main-d’œuvre à tous les niveaux de qualification, ce qui rend les perspectives encourageantes. Et la situation devrait perdurer », indique d’ailleurs François Koepp, secrétaire général de la fédération. Nicolas Schmit souligne également que le secteur offre de nombreux postes d’apprentissage « permettant aux jeunes d’acquérir une formation professionnelle et donc de trouver plus facilement un emploi durable ».


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BLANCHIMENT

PayPal n°1 des déclarations

3 0 9 6. C’est le nombre de déclarations de soupçon de blanchiment (sur un total de 8.306) émanant, en 2011, d’une seule « banque électronique », recensée par la Cellule de Renseignement Financier (CRF) du Parquet de Luxembourg. Il s’agit du système de paiement en ligne PayPal, doté du statut d’établissement de crédit au Grand-Duché et surveillé par la Commission de Surveillance du Secteur Financier. Pension

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Photo: Luc Deflorenne (archives)

Inquiétudes

%

C’est la proportion des Luxembourgeois se montrant inquiets sur leur capacité à disposer des moyens financiers nécessaires pour subvenir à leurs besoins à l’âge de la pension, selon un sondage mené par TNS Ilres pour le compte d’ING Luxembourg. Consommation

Bon pour la santé

2 5

%

C’est la proportion des Luxembourgeois déclarant avoir changé leur comportement de consommation au cours des dernières années, en veillant à choisir des produits bons pour la santé. Le sondage a été réalisé pour Fairtrade Lëtzebuerg en marge de la 25e Oekofoire qui s’est tenue à Luxexpo en septembre.

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Le développement des infrastructures (ici, LuxConnect) fait partie des satisfactions enregistrées par la Chambre de Commerce à mi-parcours de l’actuelle législature.

Législature

Peut et doit mieux faire La Chambre de Commerce a tiré un bilan critique à mi-parcours de l’action du gouvernement Juncker-Asselborn II. Deux ans et demi après avoir dressé – et soumis au gouvernement – une liste de 20 mesures « prioritaires » pour limiter l’impact de la crise et soutenir les acteurs économiques dans la période délicate que l’on connaît, la Chambre de Commerce a analysé l’état d’avancement de ces chantiers. Sa publication Actualité & Tendances n° 13 fait un bilan, sans concession, à mi-parcours de l’actuelle législature. Le tableau est nettement plus teinté de rouge (absence de progrès ou progrès insuffisants) et d’orange (progrès contrastés) que de vert (avances constatées). Le bât blesse notamment en matière de modernisation du droit sur la prévention des faillites et celui des sociétés, sur la mise en place d’un fonds souverain ou encore sur l’institution d’un observatoire de droit économique. Autant de dossiers pour lesquels la Chambre ne constate aucune avancée. Les progrès en matière de compétitivité, de finances publiques ou d’aménagement du territoire et de zones d’activités économiques sont, pour leur part, jugés « insuffisants », alors que la demande d’instaurer un test d’impact pour les PME n’en est restée principalement qu’au stade de la théorie. La Chambre de Commerce adresse, néanmoins, des satisfecit en ce qui concerne le renforcement des interconnexions entre l’Université du Luxembourg et les acteurs économiques, la réforme de la formation professionnelle, la clarification du système national d’innovation, la réforme du cadre sous-jacent à la politique budgétaire assortie de l’obligation de veiller à « dépenser mieux », le développement des infrastructures nationales ou encore la promotion globale du pays et de sa communication .


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www.staatsbudget.lu

Grande Région

Chômage

Décodeur en ligne

Une centrale pour bouger

+8,4 % sur un an

Afin de favoriser l’usage des transports publics, les acteurs luxembourgeois, allemands, lorrains et wallons s’engagent, avec le soutien de fonds européens (500.000 euros), pour un meilleur service envers les usagers transfrontaliers. L’idée est de créer une centrale de la mobilité – une plateforme visant à rassembler les informations trop éparpillées sur les sites régionaux ou nationaux – et de faciliter la volonté de bouger en quelques clics.

Au 31 août, 14.343 résidents étaient inscrits à l’Administration de l’emploi luxembourgeoise, soit 6,1 % de la population active. C’est 1.111 personnes ou 8,4 % de plus que l’année dernière à la même date. Le nombre de personnes affectées à une mesure pour l’emploi augmente, lui, de 14,1 % sur un an.

Conjoncture

Chronique d’une récession annoncée

Photo : 2012 SIP / Nicolas Bouvy, tous droits réservés

Photo: archives paperJam

En cette période d’examen de budget (lire p. 18), il existe un outil, non officiel mais pratique, pour visualiser et mesurer, en chiffres et en schémas, les lignes budgétaires. Développé par le « parti pirate » du Luxembourg, staatsbudget.lu permet, en quelques clics, d’avoir une idée claire sur les montants alloués aux différents ressorts et départements ministériels.

Discussions au sommet pour tirer parti du faste russe.

Russie-Luxembourg

Liens resserrés Fin septembre, Jean-Claude Juncker, Premier ministre, et Étienne Schneider, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, effectuaient une tournée en Russie. Objectif : resserrer les liens entre les deux pays. À Moscou, il fut d’abord question de simplifier bilatéralement la procédure d’obtention de visa, normalement définie au niveau de l’Union européenne. Mais au cours de rencontres au sommet avec le Premier ministre, Dmitri Medvedev, le Vice-Premier ministre, Dmitry Rogozin, et le ministre des Finances, Anton Silouanov, d’autres partenariats stratégiques ont été discutés, notamment dans les domaines des écotechnologies et des technologies de l’information et de la communication. Les professionnels luxembourgeois de la gestion de fortune s’intéressent par ailleurs aux riches entrepreneurs et oligarques russes pour qui il sera plus facile de se rendre au Grand-Duché avec une nouvelle politique des visas et une nouvelle ligne aérienne, envisagée lors de ces réunions.

Au cours du mois de septembre, la Banque centrale est revenue sur les derniers indicateurs économiques relatifs à la zone euro et au Luxembourg. Et le Grand-Duché est techniquement en récession après deux trimestres consécutifs de contraction du PIB. Face à des données inquiétantes (diminution de la production industrielle de 6 % par rapport au premier semestre 2011, augmentation de 10 % du taux de chômage désaisonnalisé, etc.), Yves Mersch emploie donc un lexique alarmiste et appelle à une « vigilance accrue ». Pour l’intéressé, il faut « briser le triangle de fer d’une inflation structurellement élevée, d’une indexation intégrale des salaires et d’une faible productivité ». Un credo bien connu à la BCL qui rappelle en passant qu’une croissance annuelle supérieure à 4 % serait nécessaire à la préservation du modèle social luxembourgeois. Nous en sommes bien loin.

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Rolf Tarrach

«  Plus nous avons de succès, plus cela revient cher » Le recteur de l’Université du Luxembourg se réjouit du développement continu de son institution, dont le budget est toujours en croissance, en dépit de l’impact financier important qui se profile avec le prochain déménagement à Belval. Interview Jean-Michel Gaudron Photos Christophe Olinger

M

onsieur Tarrach, l’Université du Luxembourg fêtera ses 10 ans l’année prochaine. Est-elle encore adolescente, ou bien estelle déjà entrée dans l’âge adulte ? « Je compare toujours les universités avec les êtres humains. Il faut passer l’enfance, l’adolescence, et cela prend une vingtaine d’années. Il est clair que lorsqu’elle aura 20 ans, elle ne changera plus aussi rapidement. Pour atteindre un vrai niveau de qualité, il faut évidemment du temps. Est sorti, au printemps dernier, le ‘QS Top 50 under 50’, le classement des meilleures universités au monde de moins de 50 ans. La majorité d’entre elles ont entre 40 et 50 ans. C’est probablement le temps qu’il nous faudra, dans le meilleur des cas, pour figurer dans ce classement. Seule une dizaine a 25 ans ou moins et les plus jeunes ont 18 ans. Nous n’avons que neuf ans. Mais nous avons connu un développement extraordinaire depuis notre création et avons encore beaucoup de défis devant nous.

avons quelque 650 enseignants associés, qui travaillent ailleurs, et en grande partie dans d’autres universités, et qui viennent donner quelques heures de cours par semaine. C’est une autre façon de collaborer. Mais nous avons envie de faire beaucoup plus ensemble et nous sommes en train de chercher des sujets de collaboration pour lesquels nous pensons pouvoir unir nos compétences et arriver ainsi à un niveau mondial d’excellence. Mis à part quelques années supplémentaires, que vous manque-t-il encore pour être complètement adulte ? «  Nos bachelors et masters sont, par la force des choses, encore très récents. Nous ne disposons dès lors pas d’une réelle évaluation de leur valeur. Cela dit, nous venons de présenter, début octobre, un rapport sur l’employabilité de nos bachelors professionnels en ingénierie. Et il apparaît que, techniquement, et du point de vue scientifique, nos jeunes ingénieurs sont très bien formés. Mais il leur manque encore quelques compétences pour être mieux armés sur le marché de l’emploi. Nous sommes en train d’analyser tout cela.

Quelle est, à votre connaissance, la perception de cette jeune université luxembourgeoise auprès des « grandes » universités voisines qui ont une longue histoire derrière elles ? Il semble que l’on soit, au mieux, Quelle est, justement, la place de l’Université dans la dans la condescendance, au pire, dans une sorte de chaîne de valeur de l’emploi dans le pays ? « Je pense méfiance sur la qualité d’une institution qui débute. qu’elle va jouer un rôle toujours plus important dans l’aveQu’en pensez-vous ? « L es universités voisines sont très nir économique du pays. Le Luxembourg est un pays riche. différentes de nous. Elles sont, en partie, fortes d’une Maintenir cette richesse, ici, mais aussi partout en Europe, tradition monolingue et moins internationales que nous. n’est possible qu’avec une économie basée sur la connaisEt surtout, elles sont situées dans des régions qui ne sont sance. Et maintenir et développer une telle économie n’est pas centrales dans leur pays. Malgré toutes ces différences, possible que si l’on est fort dans le domaine de la création nous travaillons très bien ensemble et nous, Luxembourde connaissances – c’est la recherche – puis la transmission geois, nous facilitons la communication entre les francode la recherche à l’individu – c’est l’enseignement – et, phones et les germanophones. enfin, la transmission de la connaissance aux entreprises. Nous avons créé, en 2008, l’association Université de la Il faut les trois. Grande Région, avec Trèves, Kaiserslautern, Liège et les En ces temps de crise économique, les pays les plus universités de la Sarre et la toute nouvelle université puissants sont toujours ceux qui disposent de sysde Lorraine. Nous avons déjà fait des tas de tèmes universitaires forts. La seule exception, choses ensemble. Il existe, par exemple, c’est le Luxembourg, qui n’a pas encore « L’Université plusieurs formations trinationales, où les d’université aussi forte que les autres. doit être là pour étudiants effectuent des semestres à L’Université doit être là pour jeter les Nancy, puis à Luxembourg et enfin à bases du développement de l’économie jeter les bases Sarrebruck. Sur le marché du travail, ces du pays. L’une des meilleures façons du développement jeunes disposeront déjà d’une base d’y parvenir est de faire en sorte que de l’économie extraordinaire. l’économie intègre tout de suite dans du pays. » Il existe aussi une série de formations son marché du travail les diplômés de binationales, ainsi qu’une soixantaine de masters et doctorats. À ce stade, ce n’est Rolf Tarrach (Université du Luxembourg) thèses en cotutelle, avec un directeur chez pas tant la discipline étudiée qui importe, nous et un autre dans une université voisine. mais bien la façon de transmettre aux jeunes Et puis, il ne faut pas oublier non plus que nous la capacité à ne pas craindre d’avoir des idées — Novembre 2012


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hardies et d’aller de l’avant, plutôt que d’être passifs. Certains jeunes arrivent avec leurs connaissances et sont également capables d’innover et de soumettre de nouvelles idées. C’est cela qu’il nous faut. On sait qu’un jeune ne va plus, comme autrefois, exercer le même métier pendant 30 ans. Pour celui qui commence aujourd’hui une activité, personne ne sait quels seront les besoins du marché dans cinq ans et l’influence qu’auront les technologies sur ces besoins. Qui aurait pu prédire, il y a 10-15 ans, ce qui se passe aujourd’hui avec les smartphones ou Internet ? Il faut donc dispenser aux étudiants une formation qui puisse leur donner la flexibilité suffisante pour vivre des choses différentes. Êtes-vous inquiet de la tournure prise par le dossier de la réforme de l’enseignement secondaire, sachant que cela aura un impact direct sur le profil des étudiants luxembourgeois qui entreront demain à l’Université ? « P rès de la moitié de nos étudiants ont, en effet, passé leur bac ici. Ce qu’ils ont appris dans leur cursus est évidemment essentiel pour nous. Nous avons un problème

Finances

10.000 euros l’étudiant 60 % du budget de 100 millions de l’Université est dédié à l’enseignement et 40 % à la recherche. Avec un total de quelque 6.000 étudiants, cela représente un « coût » de 10.000 euros par étudiant. « C’est moins cher qu’en Suède, aux Pays-Bas ou en Suisse, commente Rolf Tarrach. Mais c’est plus cher qu’en Allemagne ou en France. Globalement, ce n’est définitivement pas beaucoup, comparé aux 16.000 euros par an que coûtent les lycéens au Luxembourg, soit le niveau le plus élevé au monde. L’une des conséquences est que nous sommes en mesure d’attirer d’excellents professeurs, en partie grâce aux salaires, mais aussi et surtout au fait que nous sommes une université en pleine croissance. Or, la plupart des universités travaillent sur des budgets stagnants ou en décroissance. » J.-M. G.

dû à la complexité de l’enseignement des langues. Certains jeunes ne sont pas capables de suivre les cours dans toutes les langues. Or, un jeune qui ne sait pas bien parler allemand, français et anglais ne devrait pas être exclu du système. Regardez Grisha Perelman : c’est un des plus géniaux mathématiciens de l’histoire. Mais il ne parle que le russe, et un peu anglais. Dans notre système, il n’aurait jamais pu être mathématicien ! L’anglais est essentiel, non pas à cause des États-Unis, mais des Asiatiques qui ont décidé d’utiliser l’anglais partout. Il ne devrait pas être exigé de tous les jeunes d’ici qu’ils soient forts en français et en allemand. En outre, je répète ce que j’ai déjà dit : un mauvais professeur de lycée cause beaucoup plus de dégâts qu’un mauvais professeur d’université. Car au lycée, les élèves n’ont pas d’autre choix que de suivre le cours. Et cela les handicapera dans leurs choix professionnels futurs. Quels sont, aujourd’hui, les domaines de compétence où vous êtes déjà internationalement reconnus ? « Dans le secteur inforNovembre 2012 —

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« Je n’accepte pas qu’on me dise que j’ai trop de pouvoirs. » Rolf Tarrach Université du Luxembourg

matique, le directeur de l’Inter-disciplinary Centre for Security, Reliability and Trust a reçu des prix attribués par l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE), qui est une institution de référence mondiale en la matière. Cette discipline est, du reste, un des domaines dans lesquels nous pensons pouvoir aller très loin avec les universités de la Grande Région. Nous jouissons également d’une reconnaissance en matière de droit, plus particulièrement le droit européen, grâce, entre autres, à la proximité avec la Cour de Justice de l’Union européenne. Nous sommes également bien placés en matière de biomédecine, même s’il s’agit là de recherches très coûteuses. Un rapport d’évaluation externe de l’Université est en train de s’achever. Avez-vous déjà quelques premiers résultats concrets ? « Nous allons recevoir, dans la semaine du 22 octobre, la visite du groupe d’évaluateurs. Les premiers éléments de leurs travaux viennent d’être transmis pour avis à nos groupes de travail qui sont en train de les étudier. La version finale du rapport est attendue pour la fin de l’année. Nous pourrons alors voir le dossier dans son ensemble et nous aurons encore l’occasion de réagir. Le rapport sera définitivement rendu public par le ministre Biltgen (ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ndlr.) en mars 2013. C’est évidemment important pour nous, à l’heure où nous commençons aussi à travailler sur le prochain plan quadriennal 2014-2017. Comment se profile ce nouveau plan ? « Il sera assez différent du précédent, car dominé, évidemment, par le pro-

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chain déménagement à Belval. Cela va mobiliser toutes nos énergies et il va nous falloir étudier correctement le financement de tout cela, sachant que nous allons recevoir les bâtiments nus et qu’il faudra les câbler, les équiper… Nous n’avons aucune expérience en ce domaine ! Cela impliquera sans doute, au final, un peu moins de croissance dans notre métier. Ce déménagement va-t-il marquer une seconde naissance pour l’Université ? « Il est clair qu’une fois qu’on y sera, ce sera pour une longue période ! Être étalé sur plusieurs sites, comme actuellement, complique les choses, à commencer par le développement d’une vraie vie étudiante et enseignante. Lorsque j’étais au Cern de Genève (le Conseil européen pour la recherche nucléaire, ndlr.), les bonnes idées venaient souvent quand nous étions à la cafétéria. C’est un moment de créativité qui nous manque ici. J’espère qu’il y aura un changement radical quand nous serons à Belval. En outre, nous pourrons développer certains domaines de recherche, comme les matériaux, que nous ne pouvons actuellement pas faire progresser, faute de locaux pour créer des laboratoires. Quel est l’impact de la crise économique sur le fonctionnement même de l’Université et ses capacités financières ? « Nous avions demandé pour 2013, sur la base du plan quadriennal, une enveloppe de 119 millions d’euros et de 6 millions supplémentaires pour Belval. Nous avons reçu 114 millions. C’est donc un peu moins que demandé, mais c’est tout de même une augmentation importante par rapport aux années précédentes.


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Depuis 2005, la contribution reçue du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a plus que triplé. Elle était de 31,24 millions en 2005 et de 101,67 millions en 2012 (+16 % par rapport à 2011). Elle a augmenté chaque année, hormis entre 2009 et 2010 où elle est restée stable à 72 millions d’euros.

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Pour sa rentrée 2012-2013, l’Université atteint le cap des 6.000 étudiants (+5,5 % par rapport à 2011). Un nombre qui a plus que doublé depuis 2005 (2.692 étudiants) et qui a connu sa plus grosse progression (+23 %) entre 2006 et 2007 (de 3.341 à 4.137).

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C’est le nombre de nationalités différentes recensées en 2011 (les données de la rentrée 2012-2013 ne sont pas encore disponibles). Les plus représentées sont le Luxembourg (50 %), la France (12 %), l’Allemagne (10 %) et la Belgique (8 %).

Nous arriverons à travailler correctement avec 114 millions. Pour Belval, il est difficile, aujourd’hui, de savoir combien il nous faudra. Cela dépend du rythme auquel les bâtiments seront finis. La croissance budgétaire de l’Université commence à être modérée, mais nous sommes encore dans une période de forte croissance. Nous avons 6.000 étudiants, dont 400 doctorants, contre 3.000 lorsque je suis arrivé en 2005. Nous n’avions pas de formation complète, nous en avons maintenant à peu près 40. Nous hébergeons également six chaires financées de manière externe, pour une période de cinq ans. Ce qui veut dire qu’après, ce sera à nous de débloquer les moyens pour les reprendre. Nous avons également deux professeurs étrangers venus dans le cadre du programme Pearl (Programme ‘Excellence Award for Research in Luxembourg’, ndlr.) du Fonds National de la Recherche. Ils sont là pour cinq ans, pour un programme d’une enveloppe globale de 4,5 millions d’euros chacun. Il faudra aussi en assurer le financement par après. Force est de constater qu’une partie du financement de notre plan quadriennal est due au succès que l’on a eu. Et plus nous avons de succès, plus cela revient cher. Comment observez-vous la redéfinition du paysage de la recherche au Luxembourg, avec les fusions annoncées des CRP Henri Tudor et Lippmann ? « Je pense que c’est une très bonne initiative, notamment parce que le système des CRP a 25 ans et que ce qui se faisait autrefois ne se fait plus aujourd’hui. Maintenant, il faut voir quels sont exactement le but de la fusion et l’orientation du futur ensemble, sachant que les deux centres ont des caractères très différents. Nous sommes, à l’Université, évidemment prêts à apporter notre aide. Je pense, encore une fois, au domaine des matériaux. Les équipements coûtent cher. Il serait logique de mettre nos ressources et nos compétences en commun.

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+9 %

À l’occasion de cette rentrée 2012-2013, la composition du corps académique a connu sa plus forte progression depuis 2005 : 9 % de plus, pour un total de 204 enseignants au 30 septembre 2012. Ils étaient 134 en 2005.

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Près de 1.200 personnes étaient employées, au 30 septembre 2012, à l’Université. C’est 10 % de plus que l’année précédente et c’est plus du triple qu’en 2005 (361).

Comment réagissez-vous face à ceux qui reprochent à la gouvernance de l’Université du Luxembourg trop de rigidité et pas assez de rotation au niveau du rectorat ? « Il y a deux modèles d’universités : celles où le recteur est élu et, comme ici, celles où il est nommé par le conseil de gouvernance. Toutes les études prouvent que c’est ce dernier modèle qui est le plus performant. Même en France et en Allemagne, qui ont une tradition de recteurs élus, on commence à mettre en place des modèles de nomination, à travers des initiatives d’excellence. Par définition, le modèle de l’élection implique de ne pouvoir compter que sur les gens déjà en place. Celui de la nomination permet d’aller chercher les meilleurs partout dans le monde. Fin 2014, j’aurai fini mon deuxième mandat. C’est une durée normale. Un mandat, ce n’est pas assez pour mener des projets ; trois, c’est sans doute trop. Durant ces deux mandats, je n’ai travaillé que pour le développement de l’Université. Je n’aurai aucun intérêt personnel particulier à défendre lorsque mon mandat sera terminé. J’admets la critique et qu’on me dise que j’ai mal fait des choses. C’est forcément le cas. Mais je n’accepte pas qu’on me dise que j’ai trop de pouvoirs. Je ne le comprends pas. Dans la phase de création et de développement de l’Université, en tant que recteur, j’ai été amené à faire un peu de tout. Sans doute le prochain recteur devra-t-il avoir un autre mode de fonctionnement, dans lequel il définira ses tâches de façon un peu plus étroite. J’ai eu la chance d’avoir le meilleur job universitaire qui soit. Démarrer une université dans un pays qui n’en a jamais eu est un immense privilège. C’est la raison pour laquelle je l’ai fait de toutes mes forces, avec pour seul but d’en faire une université hors classe. C’est important pour un recteur d’université d’avoir cette ambition. » Retrouvez la version intégrale de cette interview sur www.paperjam.lu


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Conférences

Des hauts et débats Après avoir atteint des sommets de prospérité et de croissance, le Luxembourg vit à l’heure de profondes remises en question. La Sacred Heart University, en partenariat avec paperJam, lance un cycle de conférences qui proposera, jusqu’en juin prochain, des pistes de réflexions destinées à faire de nouveau avancer le pays. Texte Jean-Michel Gaudron

Photo : Olivier Minaire (archives)

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Le plateau du Kirchberg symbolise la formidable croissance du Luxembourg ces deux dernières décennies.

a question triptyque n’est , en soi, pas originale. « D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allonsnous ? » Immortalisée sur toile, presque mot pour mot, et en grand format, par Gauguin, à la fin du XIXe siècle, elle a certainement alimenté moult réflexions philosophiques et débats idéologiques. Et il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement à l’avenir. Rapportée à la situation d’une nation, cette triple interrogation introspective prend, de surcroît, une toute autre dimension. Et c’est sans doute cela qui a poussé Alfred Steinherr, le directeur académique de la Sacred Heart University à Luxembourg, à réfléchir à la mise en œuvre d’un cycle de conférences devant permettre d’apporter des idées et des concepts innovateurs, autour de sujets qui intéressent directement le présent et, surtout, le futur du pays. « En tant qu’économiste, je me pose depuis assez longtemps la question du succès du Luxembourg, explique-t-il. Tout le monde a quelques idées sur le sujet, mais le tout ne donne pas pour autant d’explication cohérente. En outre, au regard de la situation actuelle, et notamment de la certaine animosité développée par le grand public à l’encontre du secteur bancaire, on doit se demander si ce succès est vraiment durable, soutenable. » Ce cycle, dont paperJam est partenaire, propose, d’ici à juin 2013, huit conférences – une par mois – qui seront conclues

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par un neuvième événement, sous forme d’une table ronde, qui tentera d’esquisser le portrait du Luxembourg à l’horizon 2030 (lire l’encadré ci-contre). Haro sur les mauvaises habitudes

En attendant de savoir ce qui attend le Luxembourg dans le futur, son contexte socio-économique présent, au niveau européen – et sans doute bien au-delà – se révèle être un cas à part : un petit pays, dont la population est composée à près de 45 % d’étrangers, et dont la force de travail est très majoritairement composée de non-Luxembourgeois, qu’ils soient résidents ou étrangers. « Il a fallu un courage politique énorme pour accepter cela, estime M. Steinherr. Je ne connais pas d’autre pays qui vive parfaitement en paix dans un tel contexte. À la base, le Luxembourg était une société très conservatrice. Mais il a su relever le défi extraordinaire d’aller d’une société traditionnelle catholique, vers cette société cosmopolite que nous connaissons aujourd’hui, sans définir rigoureusement les valeurs du passé. » Reste qu’aujourd’hui, après les glorieuses décennies de la sidérurgie, puis la brillante mutation vers un secteur financier florissant, le pays se trouve à la croisée des chemins, avec un signal de navigation GPS brouillé par


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les gros nuages noirs de la crise qui s’amoncellent au-dessus de sa tête – et des autres États voisins – depuis 2008. Et pour bon nombre d’acteurs économiques, la situation est tellement inédite, que les réponses à des questions – jamais véritablement évoquées jusqu’alors – manquent. Les adeptes de l’économiste Joseph Schumpeter pourront, certes, toujours se consoler, arguant du principe de « destruction créatrice », qui rendrait presque toute crise violente nécessaire. Mais en attendant, les enjeux, à l’échelle du Luxembourg, sont énormes. « Pendant de nombreuses années de vie facile et agréable, on a accumulé pas mal de mauvaises habitudes, très visibles notamment dans le secteur public, regrette M. Steinherr. Les dépenses d’État sont toujours en forte croissance et des obligations contingentes, comme les pensions futures, risquent d’écraser le système, tel qu’il existe à l’heure actuelle. Et comme on ne voit pas clairement quelles dépenses il serait possible de réduire, cela signifie probablement que l’on va devoir augmenter la charge fiscale, ce qui fera, à terme, disparaître l’un des avantages du pays. » Un constat que partage aisément Norbert Becker, président du conseil de régence de la Sacred Heart University, qui met en exergue un certain nombre de politiques non suffisamment réfléchies, quant à leurs conséquences à long terme, en particulier concernant leur financement. Et de mettre le doigt sur des concepts, tels la compétitivité, qui ne sont pas nécessairement compris à leur juste mesure par certains acteurs économiques. L’exemple de Cargolux est, à ses yeux, révélateur. « Certains ne comprennent pas que c’est une société qui opère sur un marché mondial, que les prix ne sont pas fixés au Luxembourg, que le coût de maintenance des avions sont importants, et que les coûts salariaux de ces prestations entrent dans cette équation de compétitivité à l’origine du prix et de la marge d’exploitation que la société peut dégager. Aucune société au monde ne peut fabriquer des pertes en permanence. Si nous voulons garder cette société au Luxembourg, il faut que tout le monde contribue à sa compétitivité. Cela signifie un changement de paradigme, comme l’a annoncé le CEO de la société : repartir de zéro et remettre tout à plat. Il est évident que la société ne peut pas maintenir

Conférences

Histoire, immigration, pauvreté, statistiques, pensions… Le 24 octobre marquera le coup d’envoi du cycle de conférences « Luxembourg : Where we came from ; where we are ; where lies our possible future ? » initié par la Sacred Heart University, qui durera jusqu’à une grande table ronde finale, en juin 2013. Pour l’ouverture du cycle, qui se déroulera à l’auditorium de la BGL, rue Notre-Dame, c’est d’abord un survol historique qui sera effectué par Émile Haag (président de la Confédération Générale de la Fonction publique, mais qui interviendra en sa qualité de professeur d’Histoire de la Miami University de Differdange, et ancien directeur de l’Athénée de Luxembourg) et de Denis Scuto (professeur d’Histoire à l’Université du Luxembourg). Il sera ensuite question d’un siècle d’immigration, avec Serge Kollwelter (fondateur et ancien président de l’Association de soutien aux travailleurs immigrés, Asti), puis de la question de la pauvreté au Luxembourg avec Antoine Haag (professeur d’Économie à l’Université de Paris Ouest-Nanterre La Défense). La deuxième conférence se tiendra le 13 novembre, à la BEI, et verra les interventions de Guy Schuller, conseiller de direction au Statec, qui décryptera les statistiques propres au Luxembourg ; puis de Carlo Thelen, chef économiste à la Chambre de Commerce, qui portera un regard sur le budget du secteur public ; et enfin de Robert Kieffer, le président de la Caisse Nationale d’Assurance Pension, qui analysera la situation présente, et future, du régime de pension. J.-M. G.

tous ses emplois au Luxembourg, et que certaines de ses activités vont devoir être réalisées à l’étranger. Sans cela, elle est condamnée à faire des pertes et son actionnaire principal, l’État, ne pourra pas supporter des augmentations de capital répétées. » L’arroseur arrosé

Les autres sujets de préoccupation ne manquent pas. Parmi les principaux : la représentation démocratique des forces vives d’une nation où les électeurs – résidents luxembourgeois – représentent une part minoritaire de la population salariée ; la répartition des richesses, ou encore le « mur des pensions » qui se profile à l’horizon, rehaussé par le fait que bon nombre d’actifs actuels vivront – et consommeront – leurs pensions hors du Luxembourg. « Dans les années fastes, constate Norbert Becker, pour maintenir la paix sociale et une certaine cohésion nationale, tous les partis politiques confondus ont mené une politique dite ‘de l’arrosoir’, en inventant toutes sortes d’aides et d’allocations, sans vraiment tenir compte de la capacité de contribution des bénéficiaires. Aujourd’hui, nous devons arriver à ce que l’on stoppe cette politique de l’arrosoir, et que ceux qui ont vraiment besoin reçoivent plus, tandis que et ceux qui n’ont pas besoin reçoivent moins, voire rien du tout. Cela nécessite du courage politique, mais il est temps que quelqu’un dise la vérité. Et une université comme la Sacred Heart est dans son rôle, en se penchant sur ces sujets, faisant intervenir des experts, et engageant le débat. Nous souhaitons qu’au final, notre initiative soit suivie par beaucoup d’autres institutions, et que soient créés de vrais think tanks, qui iront davantage en profondeur. » Là est sans doute l’intention la plus ambitieuse de la démarche. Car dans un pays où le modèle social est avant tout fondé sur le consensus, la culture du débat est loin d’avoir droit de cité. « C’est un peu le problème du pays, note Alfred Steinherr. Tout le monde connaît tout le monde et personne ne veut entrer dans une discusssion qui risque de heurter certaines convictions. Or, un débat franc avec des positions différentes, c’est très créatif ! Le consensus ne crée pas de nouveau monde. C’est juste une force de stabilité, de sauvegarde. » Les chantres de la Tripartite trouveront, là aussi, très certainement, matière à réflexion. Novembre 2012 —

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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/charte0912 Diversité

Lancement de la Charte

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Présentation officielle, par IMS Luxembourg, le 26 septembre, en présence de la ministre de la Famille et de l’Intégration, MarieJosée Jacobs, et de Xavier Bettel, bourgmestre de Luxembourg-ville. Photos Olivier Minaire

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01. Marie-Josée Jacobs (ministre de la Famille et de l’Intégration)

05. Fabienne Dasnoy (BGL BNP Paribas) et Annick Lebrun (Builders Reinsurance)

02. Xavier Bettel (bourgmestre de Luxembourg-ville)

06. Ann De Jonghe (Sodexo Luxembourg)

03. Guy Castegnaro (Castegnaro) et Christian Scharff (PwC / IMS Luxembourg)

07. Joanna Serdynska (Commission européenne) et Catherine Lebrun (Kneip)

04. Didier Mouget (PwC) et Rik Vandenberghe (ING Luxembourg / ABBL)

08. Pit Hentgen (Lalux) et Artur Sosna (Berlitz) 09. Denise Schroeder (Statec) et Nicolas Poussing (CEPS /  Instead)

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Un nouveau mode d’emploi Coverstory

Le travail est une valeur sûre. Mais au Luxembourg, les données concernant le chômage n’ont jamais autant inquiété les responsables politiques et économiques. Les chiffres sont ce qu’ils sont. Et les différentes données, une fois croisées, comparées et observées dans leur évolution, révèlent un instantané de la situation. Mais derrière les chiffres, il y a les gens. Qui sont ces chômeurs que le Luxembourg append seulement à connaître ? Cette population a des caractéristiques précises, qu’on peut identifier afin de donner des cibles concrètes aux créateurs d’emploi. C’est aussi dans cet esprit que nous avons voulu aller, dans ce dossier, à la rencontre de personnes concernées, offrant autant de témoignages sur la réalité du terrain. Car dans le paradoxe luxembourgeois demeure cette inadéquation devenue chronique, entre offre et demande, en matière d’emploi. L’économie ouverte et la position géographique offrent une perspective sur une main-d’œuvre a priori illimitée, alors que des résidents, dont plus en plus de jeunes, restent sur le

carreau. Quelles sont les menaces latentes pour l’économie luxembourgeoise, ancrée dans la Grande Région et sur un tracé européen ? La fameuse compétitivité, qui revient dans tous les discours, peutelle s’accommoder des contraintes fiscales et sociales actuelles ? Sans tabou, nous avons voulu faire le point, en nous appuyant sur les analyses économiques et sociologiques, sur les points de vue des salariés et des entreprises. La politique doit, elle aussi, réagir. Quelles sont les mesures mises en place à l’heure actuelle ,et celles à venir, qui doivent aller de l’avant et tenir compte de coûts budgétaires et sociaux ? L’heure est à l’évaluation des aides et de leur efficacité, quitte à se remettre en question, à l’amélioration souhaitable de l’employabilité, à la formation et à l’accompagnement de personnes pour les remettre dans le circuit du travail, à la création d’emploi à valeur ajoutée dans des secteurs identifiés… Le ministre du Travail et de l’Emploi met les mains dans le cambouis et souhaite un vrai débat. Au moment où l’Adem entre dans l’ère contemporaine, le pays a besoin de vraies pistes de travail, d’outils adaptés, d’emplois nouveaux. Et d’un nouveau mode d’emploi.

textes Alain Ducat, Frédérique Moser, Pierre Sorlut Photos Christophe Olinger

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évolution de la population et de l’emploi

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Nombre de chômeurs (CVS) 15.115

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Emploi total intérieur (CVS) Emploi salarié intérieur (CVS) Population active résidents (CVS) Salariés résidents (CVS) Salariés frontaliers entrants (CVS) Emploi non-salarié intérieur (CVS) Résidents travaillant hors du Grand-Duché

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(Taux de chômage: 2,6%)

(Taux de chômage: 2,4%)

(taux de chômage: 4,2%)

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Les quelques milliers de salariés résidents sortants sont essentiellement des agents d’organismes internationaux (NAMSA, ambassades...) et européens. Ils ne sortent pas nécessairement du pays mais leur employeur n’est pas luxembourgeois. Ils ne pèsent rien à côté du flux de frontaliers entrants. L’emploi salarié est aussi beaucoup plus lourd que les indépendants. Mais c’est surtout la différence de croissance qui caractérise les différentes données. Les temps ont bien changé depuis l’été 1995. De tous les éléments, c’est le nombre de chômeurs qui a crû le plus vite et le plus fort.

Des gens derrière les chiffres Statistiques

15.000 chômeurs. Les réalités du monde du travail oscillent entre données alarmantes, coûts pour la collectivité et risques sociétaux. Décodage.

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texte alain ducat

e Grand-Duché de Luxembourg a franchi un cap historique dont il se serait volontiers passé, en décembre 2011. Pour la première fois, le pays passait la barre des 15.000 chômeurs officiellement recensés. Depuis, ce nombre de personnes a évolué, de mois en mois, sans vraiment se résorber (en août dernier, il était de 14.343). Les prévisions font état d’un taux de chômage à 7 % en 2013. À l’échelle de l’Union européenne, ou des pays voisins, ce n’est pas si terrible ! Mais c’est l’augmentation brutale du nombre de chômeurs (qui a plus que triplé en 10 ans), et la répartition inégale de ces nouveaux lâchés de l’économie – bien qu’elle résiste mieux que d’autres, dans le même rayon de comparaison – qui pose question. D’ailleurs, au-delà des coûts ou des mesures à prendre en faveur d’une adéquation de l’offre à la demande, il y a clairement un enjeu de société. Le pays a pris la mesure de l’ampleur du phénomène, alors qu’il n’était pas préparé à cela. Une seule donnée : le fonds pour l’emploi devrait dépenser quelque 680 millions d’euros en 2013, soit 50 millions de plus que cette année. D’autres réalités apparaissent. On notera par exemple, comme le font remarquer des chercheurs, économistes et sociologues, que les statistiques masquent un peu les notions

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de stock et de flux, les parcours de demandeurs d’emploi qui peuvent, par exemple, être chômeurs de longue durée, puis entrer dans une mesure en faveur de l’emploi, et retourner, faute d’embauche associée à leur formation, dans le vivier des chômeurs, où ils seront comptabilisés dans les arrivées récentes.

Deux tiers de non-indemnisés On remarque aussi des catégories de personnes qui sont hors du marché du travail conventionnel… mais qui ne sont pas indemnisées. Cela veut dire aussi que le manque de travail ou d’employabilité, qui touche des pans entiers de la population, a un coût qui pourrait être bien plus élevé, si toutes les personnes qui ne trouvent pas d’emploi faisaient l’objet de mesures indemnisées. Prenons décembre 2011, et ce seuil de 15.000 chômeurs. 15.028 exactement, soit le nombre d’offres d’emploi non-satisfaites (OENS), les postes vacants déclarés à l’Adem par les employeurs, et figurant dans les fichiers à la date du relevé. Parmi eux, moins de la moitié étaient des chômeurs indemnisés, ou selon la nomenclature officielle, « des demandeurs d’emploi résidents (DENS) admis au bénéfice de l’indemnité de chômage complet (CCI), prévue par la loi modifiée du 30 juin 1976 portant création d’un fonds

Sources : Statec, Eurostat.

(CVS : Données corrigées des variations saisonnières)

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En valeur absolue, l’évolution du nombre de chômeurs et de demandeurs d’emploi est évidente depuis l’été 2006.La part des personnes non-indemnisées par le chômage saute aussi aux yeux. En revanche, l’augmentation des personnes bénéficiant d’une mesure pour l’emploi, bien réelle, n’est pas spectaculaire, compte tenu du contexte.

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En mesures pour l’emploi

Indemnisés

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Total demandeurs

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* Offres d’emploi non-satisfaites (OENS) : postes vacants déclarés à l’Adem par les employeurs et figurants dans les fichiers à la date du relevé statistique. ** Demandeurs d’emploi résidents (DENS), admis au bénéfice de l’indemnité de chômage complet (CCI).

3x Il y a trois fois plus de chômeurs au Luxembourg aujourd’hui qu’il y a 10 ans

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demandeurs d’emploi (chômeurs et personnes en mesures pour l’emploi) en août 2012

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demandeurs d’emploi quatre ans plus tôt, avant les effets d’une crise de longue durée

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pour l’emploi » et des conditions d’accès au chômage complet. Aujourd’hui, il y a près de 8.000 chômeurs qui n’ont pas (ou plus) droit à l’indemnité de chômage complet. Sur 4.600 personnes inscrites dans les différentes mesures pour l’emploi, plus de 4.200 sont non-indemnisées. Ainsi, sur les près de 19.000 demandeurs d’emploi du pays, plus des deux-tiers sont considérés comme non-indemnisés et dépendent d’autres allocations. Pourtant l’emploi luxembourgeois a gardé une dynamique. Certes, dès 2009, l’emploi salarié total a stagné, après des années d’une croissance soutenue. Une analyse fouillée de l’impact de la crise économique sur l’emploi au Luxembourg (Jacques Brosius, Cahiers du Ceps/instead) montre que, contre toute attente, « la proportion de salariés qui ont connu une fin d’emploi (volontaire ou non), depuis la survenance de la crise, est inférieure à celle observée pour 2007 », soit avant les grands chambardements dans l’économie mondiale. Dans un marché, à la fois très ouvert sur l’extérieur et très mouvant à l’intérieur, les départs pour une situation de « non emploi » ont touché davantage les salariés de l’industrie et de la construction, les salariés de plus de 35 ans et les frontaliers. Le chercheur du Ceps relève, en outre, que c’est surtout la « baisse inégalée des recrutements » qui a un impact. « Certes les entreprises ont continué à embaucher, même pendant la crise, observe-t-il. Mais les recrutements n’ont pas été assez importants pour maintenir la crois-

Ce sont les dépenses estimées du Fonds pour l’Emploi au Luxembourg pour 2013

157.278 salariés frontaliers entrants (août 2012)

245.865 personnes dans la population active résidente (août 2012)

sance de l’emploi des années passées : ils ont juste été suffisants pour éviter une baisse du nombre total de salariés . » Et cette baisse du taux d’embauche (ou des offres d’emploi) s’observe surtout dans le secteur des finances et des services, pour les jeunes salariés (moins de 35 ans), les hommes et les frontaliers. Car évidemment, le marché de l’emploi est transfrontalier, alors que le chômage, lui, est, avant tout, une question nationale. Cela fait partie des paradoxes socio-économiques et des défis politiques à relever.

« Les recrutements ont juste été suffisants pour éviter une baisse du nombre total de salariés. » Jacques Brosius Chercheur au Ceps/instead

Novembre 2012 —

Sources : Statec, Eurostat.

10.324 7.663

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3.415

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12.295 380

376

387

292

3.566

4.599

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2.858

3.953

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Août 2010

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12.919

15.000

Sources : Statec, Eurostat.

Août 2008

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Chômeurs indemnisés et non indemnisés 2006-2012

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COVERSTORY

Profils

Chômeur, qui es-tu?

Allemagne

Le visage du demandeur d’emploi a évolué. Il a notamment pris des rides et a déménagé dans la deuxième ville du pays.

1

texte Alain ducat

à

quoi ressemble un chômeur au Luxembourg ? Son image a-t-elle changé en 10 ans ? Il est sans doute extrêmement délicat d’aller sur ce terrain, dans la mesure où la démarche pourrait être mal interprétée. Il ne s’agit aucunement de stigmatiser une catégorie de population. Mais d’aller à la rencontre d’une identité, voire d’une cible pour les efforts à entreprendre. Établir un « portrait-robot » du chômeur ? Sans prétention aucune, on a suivi une méthodologie basique, de simple croisement de données. Pour chaque classement, a été retenu le pourcentage le plus élevé dans chaque catégorie. Les données disponibles (Adem et Statec) ont permis des classements par sexe et selon l’âge, la durée d’inscription à l’Adem, le niveau de formation, leur commune de résidence. Le résultat apparaît ci-contre. Et il parle. En 10 ans, cet homme a changé, comme ont changé, fondamentalement, la population du pays, le marché du travail, l’économie en général… On note aussi le déplacement : en 2000, la petite commune de Redange-sur-Attert avait le record national de taux de chômage (presque 9 %), dans un pays où cet élément ne nourrissait pas encore d’inquiétudes. Aujourd’hui, cette charmante entité rurale, aux portes de la Belgique, est repassée sous les 5%. En revanche, c’est Esch-sur-Alzette, la capitale du Sud et deuxième ville du pays, qui a repris le peu enviable flambeau du taux de chômage le plus élevé.

Jeunes touchés Mais il faut se méfier d’un portrait-robot, qui désigne davantage le suspect idéal que la victime ! Il ressort notamment que, si les Portugais représentent la part la plus élevée des demandes d’emploi non satisfaites (34 %), les Luxembourgeois sont 30,8 % dans ce cas ; alors qu’en 2000, il y avait quasiment deux fois plus de demandeurs luxembourgeois que portugais. L’immigration économique en provenance des pays du Sud est passée par là. On voit aussi qu’un quart des chômeurs ont moins de 30 ans. Et les flux de demandeurs d’emploi, qui se sont inscrits auprès des bureaux de placement de l’Adem, montrent également que, ces derniers mois, près de la moitié des créations de dossiers concernent des jeunes, majoritairement des moins de 25 ans. Et ce n’est pas un élément propice à éclairer l’horizon.

luxembourg

Belgique

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FRANCE

le demandeur d’emploi a changé Méthodologie: le profil a été établi selon le pourcentage, le plus élevé dans chaque catégorie.

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2000

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Sexe : Homme

Sexe : Homme

Âge : 31-40 ans

Âge : 40-49 ans

Inscrit à l’Adem : depuis 1 à 3 mois

Inscrit à l’Adem : depuis plus de deux ans

Niveau de formation : Inférieur (scolarité obligatoire)

Niveau de formation : Inférieur (scolarité obligatoire)

Nationalité : Luxembourgeoise

Nationalité : Portugaise

Habitant : Redange-sur-Attert

Habitant : Esch-sur-Alzette

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Vices cachés

Les inquiétudes nées du travail

Derrière un taux de chômage historiquement élevé, mais somme toute assez bas, se cachent des évolutions pernicieuses pour l’économie luxembourgeoise dans son ensemble. Enracinées dans la structure même du marché de l’emploi, elles doivent être identifiées avant d’être soignées. Ce qui pourrait s’avérer douloureux. texte pierre sorlut

Q

ue cela soit bien clair. Si le chômeur-type aujourd’hui est un immigré non qualifié d’une cinquantaine d’années, et non plus un Luxembourgeois de 30 ans, comme c’était le cas il y a 12 ans, cela tient au boom des années 1990-2000. Seulement, cette main-d’œuvre appelée pour répondre aux besoins est aussi, parfois, celle souffrant le plus d’une conjoncture peu amène. Si le taux de chômage impressionne aujourd’hui, c’est parce qu’il fluctuait autour de 2,5 % au début des années 2000. Il a certes atteint son pic historique, avec 6,2 %, mais il reste bien en deçà de la moyenne de l’Union européenne, à 10,5 %. Les dépenses qui y sont directement liées, soit 534 millions d’euros versés par le Fonds pour l’emploi en 2010, interpellent beaucoup moins que les 10, 3 milliards d’euros (22,1 % du PIB) de l’enveloppe globale de la protection sociale, dont les poids lourds sont les pensions (en 2010, 4,8 milliards d’euros, 38,5 % des dépenses totales) et les prestations de maladie (2 milliards, 25,3 %). Cette « goutte d’eau » dans l’océan de dépenses doit donc moins inquiéter que les déficits structurels liés à l’emploi, enracinés dans la structure de l’économie luxembourgeoise. Comme souvent, ils se révèlent en temps de crise. Face à la baisse de la production, consécutive à celle de la demande, et à part quelques exceptions notables (comme le bancassureur Lombard, qui se sépare progressivement de 94 de ses 409 salariés), les entreprises n’ont en général pas choisi de se défaire d’une partie de leurs salariés. Jean-Pierre Schoder, chef écono-

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Photo : Jessica Theis

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Jean-Pierre Schoder (Banque centrale du Luxembourg)

miste à la Banque centrale du Luxembourg, livre une première explication. « Pendant plusieurs années, les entreprises ont peiné à trouver du personnel qualifié. Elles sont donc très réticentes à licencier. »

Trop de rigidité tue l’emploi Les entreprises, dont les directions respectives peuvent aussi espérer un retour imminent à la croissance, procèdent donc davantage à des ajustements internes et une réduction du temps de travail (heures supplémentaires limitées, recours au temps partiel, etc.). Ainsi, grâce à une flexibilisation de ses conditions d’octroi, le chômage partiel est devenu l’ajustement interne le plus utilisé au fil de la crise. Quasi inexistant en 2008, il concernait effectivement près de 10.000 personnes en avril 2009. Elles sont aujourd’hui 4.171 à l’être potentiellement, soit près du triple du nombre enregistré au sortir de l’été 2011. Nonobstant ces fortes variations du chômage partiel, le même nombre de personnes (toutes choses égales, par ailleurs) reste techniquement en poste. Les heures prestées et la production ont en revanche, pour leur part, substantiellement diminué. Entre 2008 et 2009, la durée moyenne de travail a chuté de 4,1 %. Cette baisse de la productivité apparente, tolérée, constitue un amortisseur aux chocs macroéconomiques, et permet au taux de chômage de ne croître que « modérément » en temps de crise. Il est passé de 4,2 % à 6,1 % entre le troisième trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2012 (de 7 à 11,4 % dans la zone euro).


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Photo : Jessica Theis

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Négociations soutenues Luxembourg Grèce France Belgique Zone euro (17 pays) Allemagne

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Source : Eurostat.

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Or, cette conjonction de tendances induit une hausse du coût salarial unitaire (CSU) qui, in fine, nuit à la compétitivité des entreprises luxembourgeoises… d’autant plus que les CSU des pays voisins — partenaires commerciaux, mais aussi concurrents — croissent moins rapidement, voire évoluent en sens inverse (voir graphique). « Cela nous inquiète, bien sûr, explique Jean-Pierre Schoder. Depuis une décennie, nous attirons l’attention sur le déclin de notre compétitivité-coût. Si le phénomène était ponctuel, nous pourrions l’interpréter comme un ajustement lié à l’entrée dans une union économique et monétaire. Mais au Luxembourg, depuis 1999, notre position compétitive, calculée sur base des coûts de production, se détériore systématiquement. » Il s’agit donc d’une tendance lourde, que la crise dévie à peine. L’augmentation du coût salarial pose surtout problème aux entreprises des secteurs les plus exposés à la concurrence, à

L’augmentation du coût salarial pose problème aux entreprises des secteurs les plus exposés à la concurrence.

Évolution des coûts salariaux unitaires (calculés

sur la base de l’emploi en nombre de personnes, par rapport à l’Allemagne, indices 1998 = 100) Le coût du travail pendant la crise augmente au Luxembourg, quand il stagne ou chute dans les pays partenaires et concurrents. Une mauvaise nouvelle pour les exportations… et l’emploi.

Année charnière pour la BIL ; année chargée pour les recruteurs ! « Nous avons connu de grands changements cette année, avec le rapatriement d’activités réalisées précédemment par l’ancienne maison mère ; nous sommes donc à la recherche de profils très spécifiques, tant en private banking qu’en retail banking et en corporate banking, indique Sylviane Solbreux, DRH de la BIL. Certains de ces profils ne sont pas faciles à recruter sur le marché de l’emploi du Luxembourg, et même de la Grande Région. Les compétences recherchées sont pointues et en développement permanent, du fait de l’évolution rapide de l’environnement et des réglementations. Les formations requises n’existent pas toutes ici et nous devons parfois aller les chercher à l’étranger, essentiellement sur d’autres places financières. Du fait de la rareté de certains de ces profils, les risk managers notamment, les négociations à l’embauche peuvent être soutenues. Les candidats sont de plus en plus attentifs aux avantages légaux et extra-légaux (plan de pension, etc.). Même les plus jeunes d’entre eux ! Nous recevons aussi, bien sûr, des CV envoyés par l’Adem, mais, dans la majorité des cas, les profils proposés ne conviennent pas. Il est rare que l’on aille jusqu’au stade de l’entretien ! Même constat avec les emplois ‘aidés’, nous sommes favorables au principe, mais nous n’embauchons pas par ce biais. Aujourd’hui, les supports de recrutement évoluent. On ne trouve plus le candidat idéal en se contentant de passer des petites annonces ! Les premiers contacts se nouent souvent via les réseaux sociaux. Nous recrutons bien évidemment aussi sur le marché local, il n’est cependant pas rare que ces candidats aient effectué une partie de leur parcours à l’étranger. » Sur les 80 postes ouverts à la BIL en 2012, plus de 50 ont déjà été pourvus. La banque reçoit également de nombreuses candidatures spontanées… et presque autant de candidatures non appropriées ! « Certains candidats peuvent être très déterminés et postuler sur plusieurs postes ouverts – je me souviens d’avoir reçu une quinzaine de lettres d’une même personne –, sans que, malheureusement, son profil ne corresponde à nos besoins spécifiques. » Les RH doivent aussi faire preuve de perspicacité. « Nous essayons toujours de repérer les gens prêts à relever des défis. J’ai en mémoire le cas d’une personne qui avait postulé à une fonction qui ne lui correspondait pas de manière optimale, mais l’entretien nous a cependant permis de déceler son potentiel. Nous n’avons pas manqué de la rappeler pour un autre poste ! » F. M.

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Variation en pourcentage par rapport au même trimestre de l’année précédente

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Sources : Adem, IGSS, Statec (comptes nationaux), calculs BCL

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Photo : David Laurent / Wide (archives)

Emploi salarié frontalier Emploi salarié national Emploi salarié total PIB en volume

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PIB en volume et emploi salarié

celles qui n’ont pas la main sur la fixation des prix des biens et services qu’elles offrent, et à celles qui subissent plus le prix qu’elles ne l’influencent. 204 salariés de Hyosung Wire et environ 500 chez Cargolux pourront peut-être (malheureusement) en témoigner. La fermeture du site de conception de câbles d’acier pour pneumatiques et la possible délocalisation de la maintenance des Boeing de la compagnie cargo révèlent que l’industrie luxembourgeoise à faible valeur ajoutée, soumise à la concurrence internationale, est fragilisée. En cause, encore une fois, l’indexation… en tout cas comme catalyseur. Celle-ci participe de fait indirectement à la destruction d’emplois, dans la mesure où elle se répercute sur les coûts de production. Avant la crise, les rémunérations flexibles (augmentations salariales négociées, primes et autres systèmes de gratification) participaient à la hausse du coût du travail. En des temps plus incertains, le coût salarial est essentiellement dicté par l’indexation. « De fait, nous assistons tendanciellement à une désindustrialisation du GrandDuché, » conclut l’économiste de la Banque centrale.

L’emploi salarié s’ajuste en règle générale deux ou trois trimestres après les retournements de tendance. À noter : la grande volatilité de l’emploi salarié frontalier.

Mise à l’écart du travail et xéno-dépendance Le chômage en est la conséquence directe, et le chômage non indemnisé, sa manifestation la plus dangereuse. Elle est synonyme de mise à l’écart durable du marché du travail et enraye la mécanique toute entière. Or, le nombre de chômeurs ne bénéficiant pas, ou plus, d’allocations a doublé entre mai 2007 et août 2012, passant de 4.177 individus à 7.952. On craint donc l’effet d’hystérèse, c’est-à-dire la marginalisation durable d’une partie de la population. Les questions de l’adaptation des structures de reclassement, de formation tout au long de la vie ou encore de la durée des prestations de chômage se posent alors. L’accroissement de la différence entre le nombre de flux de postes vacants (en baisse), et celui des offres d’emploi non satisfaites (en hausse) n’invite pas à l’optimisme non plus. Il témoigne d’une inadéquation de l’offre par rapport à la demande. Les profils demandés sont majoritairement spécialisés et ne correspondent que très rarement à ceux présentés par l’Adem… quand

— Novembre 2012

L’indexation participe à la destruction d’emplois, dans la mesure où elle se répercute sur les coûts de production.

L’augmentation considérable du nombre de chômeurs ne signifie pas forcément que les recrutements sont plus faciles. Nicolas Henckes, directeur de Legitech (photo) : « Je suis depuis longtemps à la recherche d’un(e) juriste avec une formation ‘business school’. Des juristes, il y en a plein. Des formations business school, aussi. Mais les deux en même temps, c’est plus rare et quand on trouve, c’est souvent très cher... et plus encore si le candidat parle luxembourgeois ! Je pourrais évidemment en embaucher un de chaque, mais pour une PME, chaque embauche doit être mûrement réfléchie, car cela pèse lourdement sur la trésorerie. Le problème, selon moi, est que, vu la complexité dans certains domaines, les spécialisations sont de plus en plus poussées... aux dépens d’une vision générale ou transversale d’une entreprise et de son secteur, par exemple. » Annie Burton, senior recruitment consultant chez Badenoch & Clark Luxembourg : « L’optimisation des activités et des départements, ainsi que la technicité de plus en plus pointue, requise par les métiers des services financiers, mènent à des recherches plus spécifiques de candidats qui ne se trouvent pas toujours à Luxembourg. Il s’agit alors de décider si nous acceptons que la perle rare se perfectionne dans un domaine requis dès son arrivée, ou si l’on fait venir une personne de l’étranger avec le risque qu’elle ne se plaise pas à Luxembourg, qu’elle ait des difficultés à s’intégrer ou ne dispose pas des connaissances spécifiques au pays. Généralement, nous avons une préférence pour les candidats ayant une expérience à Luxembourg, et nous travaillons en collaboration avec l’Adem : les personnes enregistrées chez eux sont disponibles de suite, ce qui peut intéresser nos clients. » Françoise Folmer, associée gérante chez Team 31 : « Il est très difficile d’empêcher des jeunes architectes, que nous avons formés pendant quelques années, d’aller s’engager auprès des administrations de l’État ou des communes, où les rythmes de travail sont moins exigeants et le niveau des rémunérations nettement plus élevé. Mais il est tout aussi difficile de trouver des architectes expérimentés (bac + 5 ou 6, actuellement ce serait Master) qui correspondent à notre profil idéal! » F.M.



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Pourcentage de la valeur ajoutée nationale 75

Luxembourg Allemagne UE - 15 France Belgique

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Évolution du partage de la valeur ajoutée brute, part revenant au travail

La part de la valeur ajoutée nationale revenant au travail est très faible au Grand-Duché. Elle s’explique par l’importance des profits générés par les services financiers. À ce titre, il est intéressant de noter que, quand les cours de la Bourse vont bien, la part de la valeur du travail décroît.

le directeur des ressources humaines veut bien consulter les curriculum vitae qui lui sont soumis par l’administration de l’emploi. Comme le souligne Adrien Thomas, chercheur au Ceps / instead spécialisé dans le travail, le caractère transfrontalier du marché de l’emploi luxembourgeois offre aux entreprises « un réservoir de maind’œuvre quasiment inextinguible et l’Adem doit penser qu’il est difficile, pour elle, de jouer un rôle majeur dans l’appariement entre l’offre et la demande ». La Chambre de Commerce avait déjà mis en exergue « l’importante contribution étrangère au succès économique luxembourgeois ». Quelques chiffres suffisent à cerner la question. 43 % des habitants du Grand-Duché n’en sont pas citoyens. Ces vingt dernières années, le travail frontalier a progressé de 450 %. Entre 2004 et 2009, 93 % des nouveaux emplois ont été occupés par des étrangers. En 2010, 29 % des salariés étaient luxembourgeois, 27 % des résidents étrangers et 44 % des frontaliers. L’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) relève même que la « position financière actuellement favorable de la sécurité sociale résulte principalement d’une croissance continue du marché du travail, suite à une migration soutenue et à un apport de main-d’œuvre non résidente considérable ». Selon les derniers chiffres disponibles, ceux de 2010, la consommation totale des non-résidents sur le territoire a représenté 3,1 milliards d’euros, soit 7,7 % du PIB. Un frontalier a dépensé en moyenne au Luxembourg 8.400 euros et rapporte par ailleurs 15.700 euros par an de retenue de cotisations et taxes. Rappelons au passage qu’ils sont plus de 150.000 à venir quotidiennement des trois pays voisins. Oui, mais voilà. La décélération de la création de l’emploi salarié a pour première victime l’emploi frontalier (voir graphique). Les employés non-résidents jouent là leur rôle de tampon pour l’économie luxembourgeoise. Parce qu’ils occupent, pour beaucoup, le contingent de travailleurs temporaires, ils sont fortement sollicités en période de croissance, et mis à l’écart en période de récession. Cela ne remet pas en cause, pour le chercheur du Ceps, le fait qu’ils sont les bienvenus au Luxembourg. « J’ai l’impression qu’il y a, au Luxembourg, un consensus xénophile au niveau des décideurs », constate-

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La distribution du salaire horaire par âge (année de reférence: 2011)

Les inégalités de salaires hommes-femmes perdurent, et celles entre secteur public et secteur privé augmentent.

t-il, « car pour le pays, le travail frontalier coûte moins cher qu’une immigration qui s’installe ». Le retrait des allocations d’études aux enfants de frontaliers ne saurait tout au plus être considéré comme « un symptôme de tensions ponctuelles ». Soit. Mais pour la Chambre de Commerce, « un vrai défi se pose autour de la présence d’une main-d’œuvre frontalière, répartie dans différents secteurs, et dont l’économie luxembourgeoise dépend structurellement ». Elle va même jusqu’à proposer leur participation dans les processus décisionnels du pays. À creuser. À l’instar des frontaliers laissés sur le bord de la route, quand les prévisions s’obscurcissent, le marché de l’emploi luxembourgeois génère des inégalités. En premier lieu, certains montent sur leurs grands chevaux pour dénoncer la mort de la valeur travail. En effet, pour les économistes classiques et les marxistes, celui-ci doit déterminer la valeur d’un bien. Or, au Grand-Duché, la part de la valeur ajoutée générée par le travail (emploi salarié) est moindre que celle du capital (profits des entreprises). Jean-Claude Reding, président de la Chambre des salariés, s’en offusque : « Le Luxembourg est le pays où la part de la richesse produite revenant aux salariés est la plus faible » (voir graphique). Cette anomalie s’explique dans une large mesure par l’importance des services financiers (28 % de la valeur ajoutée brute totale en 2010 au Luxembourg, contre 5 % en moyenne, dans la zone euro) par rapport à l’industrie (7 % de la VAB contre 19 % dans la zone euro ou 24 % en Allemagne). Or, les profits générés par les

Ces vingt dernières années, le travail frontalier a progressé de 450 %.

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Source : CCSS/IGSS

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Sources : Eurostat, Statec

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Finances publiques

Un scénario catastrophe dossiers. » Une telle réglementation n’est pas passée, mais l’idée de faire payer les allocations de chômage au pays dans lequel le chômeur travaillait précédemment est restée. Depuis le 1er mai 2012, le Luxembourg doit rembourser à l’administration du lieu de résidence la totalité du montant des prestations versées au chômeur frontalier, pendant les trois premiers mois de l’indemnisation. « La personne bénéficie alors des mêmes services et mesures, notamment d’activation, que les chômeurs résidents. Elle est aussi assujettie au contrôle et aux conditions fixées par la législation luxembourgeoise. Les allocations au tarif luxembourgeois ne lui seront toutefois toujours pas applicables.  Mais on imagine, en cas de coup dur, les sommes gigantesques que le Luxembourg aurait à payer. » A. D.

banques et les fonds ont plutôt tendance à être rapatriés dans les maisons mères que réinvestis dans la force de travail locale. Si certains y voient un mal pour un bien, il n’empêche que les inégalités s’accroissent. Le coefficient de Gini, censé les mesurer, se détériore depuis les années 1990. Bien qu’inférieur à la moyenne européenne, il tend à la rattraper.

Les fonctionnaires sur un nuage Si l’inégalité des salaires entre les genres est également toujours d’actualité (voir graphique p. 50), il est un pan de l’emploi salarié épargné par l’iniquité : la fonction publique. Elle évolue, tel un pays de cocagne, à des années-lumières de la morosité ambiante. Les quelque 25.278 hommes et femmes qui la composaient au 1er janvier 2012 (7 % de la population active) y bénéficient d’une même (généreuse) rémunération. Le montant moyen du salaire horaire d’un fonctionnaire est de 35,78 euros à temps plein. Dans le secteur privé, on gagne en moyenne 21,18 euros par heure. Au ministère de la Fonction publique, on explique cette différence par la présence de nombreux diplômés dans les effectifs. Si en 2008, 98,14 % d’entre eux étaient luxembourgeois, l’État a dû, depuis, entrouvrir les portes de son administration sous la pression de la Comission européenne. La réforme est entrée en vigueur en 2010. Enfin, et cela concernera les fonctionnaires, les frontaliers et les autres catégories socioprofessionnelles liées au système de redistribution luxembourgeois, le doublement de l’emploi salarié, ces deux dernières décennies, a pernicieusement contribué à bâtir, brique par brique, le mur des retraites. Une croissance moyenne de 4 % est nécessaire pour les financer. En ce qui concerne l’offre de travail, le Statec estime que le Luxembourg aura besoin de 139.000 (sur 432.500 emplois) à 685.500 travailleurs frontaliers (sur 1.034.700 emplois) à l’horizon 2060. Dans un contexte de disparition des niches de souveraineté sur lesquelles le Luxembourg a bâti sa richesse et alors que les niches de compétences qui devraient lui servir de nouvelles fondations tardent à être érigées, la question du travail reste au cœur de toutes les préoccupations.

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Photo d’illustration

Franz Clément, docteur en sociologie et conseiller actif de l’Observatoire de l’Emploi, évoque ce que le Luxembourg pourrait craindre en matière de scénario catastrophe. « Il y a plusieurs années, certaines instances européennes ont exprimé le souhait que les allocations de chômage soient payées dans le pays de travail du salarié licencié, et non dans son pays de résidence. Avec ce système, le Luxembourg aurait été fortement mis à contribution pour les frontaliers licenciés. Le taux de paiement des allocations au Luxembourg étant de 80 % du dernier salaire durant douze mois, le budget aurait connu de sérieux problèmes. De plus, l’Adem aurait dû engager de nouveaux fonctionnaires pour traiter ces

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Un virage ou un mirage ? « J’ai 20 ans d’expérience, dans les métiers de la logistique et des services du support. C’est un secteur que je connais bien, tant en Belgique qu’au Luxembourg. Mais je suis au chômage depuis le début de l’année et je ne retrouve pas d’emploi ». Appelons-le Patrick, puisque l’homme préfère demeurer anonyme, pour ne pas nuire à sa quête en cours. « J’ai la quarantaine et un CV dont tout le monde dit qu’il est très intéressant, nourri d’expérience variées. Mon dernier poste était dans une grande boîte internationale installée au Luxembourg. J’y ai géré tout le support, mais comme ce n’est pas le core business de la société, qu’il fallait faire sauter une ligne de coût et que les décisions stratégiques sont prises hors du pays, j’ai perdu cet emploi. Depuis, je cherche en vain. Le problème est que je n’ai pas les diplômes, au-delà des études secondaires, effectuées en Belgique et un an aux États-Unis. Alors, dans les entretiens d’embauche, les responsables de recrutement me trouvent trop expérimenté pour la manutention ou pas assez diplômé pour le poste de management que mes compétences de terrain autoriseraient pourtant ! » Production en transit Par ailleurs, « Patrick », qui connaît bien le secteur, est assez sceptique sur le boom quasi miraculeux promis à la logistique dans le pays. « Il est clair que le Luxembourg est hyper bien situé et mérite que les logisticiens internationaux s’y intéressent, ce qu’ils font, d’ailleurs. Il y a des nœuds d’infrastructures intéressants, comme Bettembourg, qui fait un hub crédible. En revanche, je vois mal comment créer 3 à 5.000 emplois au Grand-Duché, autour de ces activités. Elles sont intimement liées à des unités de production dont le pays dispose de moins en moins. Les activités sont de transit et tout ce qui est transport utilise beaucoup de main-d’œuvre de l’ancien bloc de l’Est. En outre, la logistique de sociétés comme Amazon, par exemple, est facilement délocalisable, comme peut l’être ce secteur qui ne produit rien de matériel. La logistique, au Luxembourg, consommera beaucoup d’espace, mais utilisera peu de monde. C’est un virage intéressant. Mais c’est peut-être un mirage également ». A.D.

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Des outils adaptés Politiques

Le ministre Nicolas Schmit veut des dépenses actives et efficaces, des mesures évaluées et une agence au service de l’emploi… Face au marché, le pays cherche un nouveau mode d’emploi. Texte Alain Ducat

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ravail, Emploi et Immigration: Nicolas Schmit est un ministre triplement concerné par ses attributions. Il a hérité d’une situation chaude pour le pays. Et s’est attelé à différents chantiers, qui passent notamment par un renforcement de son équipe (le ministère vient par exemple d’embaucher un chercheur du Ceps, spécialisé dans l’analyse du marché de l’emploi). La politique du Travail et de l’Emploi en 2013 ? « Elle est principalement financée par le Fonds pour l’Emploi dont les dépenses s’élèvent en 2012 à quelque 630 millions d’euros. Pour 2013, je m’attends encore à une augmentation de plus ou moins 50 millions », dit le ministre, sans détour. Le Fonds est alimenté par l’impôt de solidarité, « dont les taux vont être relevés », par la cotisation sociale sur carburants ainsi que par une dotation budgétaire, « qui est de 120 millions d’euros cette année ». C’est évidemment un mal nécessaire. « S’il faut mieux cibler nos dépenses et éviter, dans la mesure du possible, certains effets d’aubaine, la situation de l’emploi sous l’effet de la crise ne permet pas de réduire véritablement les dépenses. Il s’agit de favoriser les dépenses efficaces et actives, comme la formation des chômeurs ou les mesures d’insertion, et de doter l’Adem des ressources suffisantes. Et il sait que certaines mesures devront être mieux cadrées : c’est l’objet de notre évaluation des différentes mesures en faveur de l’emploi .» Le Retel (Réseau d’étude sur le marché du travail et de l’emploi) a tenu un colloque consacré au sujet, mi-mai à Mondorf. Les travaux d’évaluation ont été menés, de manière indépendante et scientifique, par des équipes du Ceps / instead. Mireille Zanardelli et Jacques Brosius, du Ceps, sont allés loin dans l’analyse. « Il ne suffît pas de voir combien de demandeurs d’emploi ont trouvé un emploi à la sortie d’une mesure, ou trouvé un emploi par ailleurs après avoir bénéficié de la mesure. Il fallait évaluer combien d’entre eux n’auraient pas trouvé cet emploi s’ils n’avaient pas suivi le parcours en question .» Pour ce faire, les chercheurs ont observé des « jumeaux statistiques » (même profil, même formation initiale, etc) pour les comparer au parcours de leur population de référence. La différence donne un indice d’efficacité pour les mesures, à court et à moyen terme.

Obligation de moyens Ils ont ainsi observé, entre autres, le CIE (contrat d’initiation à l’emploi), destiné aux moins de 30 ans, et assorti d’une clause incitative, pour une embauche en bout de contrat aidé. 1.400 entreprises y ont eu recours (sur la période observée, de juillet 2007 à octobre 2011), essentiellement dans les secteurs du commerce, des services, de l’industrie manufacturière ou de la construction. « Cela fonctionne surtout si l’employeur est demandeur », note Mireille Zanardelli. Six mois après la fin de mesure, trois quarts des jeunes en CIE ont trouvé un emploi. Selon la comparaison avec le panel

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jumeau, 50% auraient trouvé sans le passage par la mesure, 25 % n’auraient pas pu trouver sans elle. L’efficacité est donc de 25%. La même méthode, 18 mois après la fin de CIE, voit l’efficacité tomber à 12 %. « On constate que, dans 47% des cas, les personnes ont trouvé embauche dans l’entreprise où elles ont effectué le stage en CIE », poursuit Mme Zanardelli. Et là, la mesure d’efficacité est de 48 %. Parmi les conclusions qui peuvent être tirées, il ressort que des mesures comme le CIE ne procurent pas vraiment une employabilité transposable hors de l’entreprise qui a activé la mesure, mais permettent de mettre le pied à l’étrier. Cela peut utilement s’inscrire dans une vraie politique de recrutement : le CIE limite le risque de « rechute » dans le chômage mais peut faire office de substitut à la période d’essai. Donc les mesures existent et s’avèrent relativement efficaces à l’analyse. Et le ministre Schmit attend avec intérêt le rapport de la Commission parlementaire Travail et Emploi, ainsi qu’un débat d’orientation imminent. « Nous avons besoin d’un large débat sur le chômage, son évolution et ses causes. Il faut y associer tous les acteurs, approfondir nos analyses et surtout abandonner les solutions de facilité qui ne résolvent rien. » Ses priorités vont à mettre en œuvre la stratégie en faveur des jeunes : « meilleur suivi, meilleure


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AidéE ou piégéE ?

orientation, formations complémentaires et mesures plus ciblées qui doivent avoir comme objectif une insertion professionnelle rapide et durable. Ces mesures ajustées feront l’objet d’un projet de loi qui devrait être adopté avant la fin de l’année. Nous sommes en train de tirer les conclusions d’un projet pilote en faveur de la formation initiale et de l’insertion de jeunes chômeurs, particulièrement éloignés du marché du travail. Il faut leur donner une chance. » Les chômeurs de longue durée (plus de 40 % des demandeurs d’emploi enregistrés) et plus âgés (les moins de 50 ans y représentent plus de 25 %) méritent également une attention accrue. « Un projet de loi sur la gestion des âges est en finalisation. » L’aspect législatif est peut-être à creuser. Me Mario Di Stefano (avocat à la Cour, cabinet Di Stefano Moyse) souligne que l’État doit « empêcher que l’accès au travail et aux professions ne puisse être interdit autrement qu’en vertu d’une loi formelle. En revanche, cela ne veut pas dire que l’État aurait une obligation de résultat - c’est-à-dire une obligation absolue de donner à tout citoyen un emploi -, mais bien comme une obligation de moyens. » Quelles pourraient être, le cas échéant, les améliorations à apporter aux textes, afin de faciliter le maintien voire la création durable d’emplois ? « En fait, cela relève tout d’abord d’un choix politique, avant de pouvoir être traduit

Les chômeurs de longue durée et plus âgés méritent une attention accrue.

« Des indemnités de chômage correctes et même des aides au réemploi ! Apeurée par la liquidation de ma société, il y a trois ans, j’étais rassurée d’être au Luxembourg plutôt que dans ma Lorraine natale. Je me sentais protégée, favorisée. Mais j’ai rapidement déchanté. Aujourd’hui, je ne saurais même plus dire si j’ai été ‘bénéficiaire’ des aides au réemploi ou… victime ! Pendant cinq ans, j’ai été cadre dans une start-up luxembourgeoise. Croissance rapide, heures sans compter, motivation au top… Les résultats ont suivi et les avantages également : superbe voiture de fonction, frais professionnels, primes… La jeune universitaire avait un niveau de vie inespéré, et s’est même lancée dans l’achat d’un appartement. Hélas, la belle aventure a tourné court et des erreurs de gestion ont précipité la chute de la société. Au chômage, je ne suis pas restée inactive et j’ai retrouvé un poste attrayant de chargée de clientèle. Mais question salaire, c’était moins rose : un CDD, et une rémunération à peine plus élevée que le salaire minimum. Heureusement, les aides au réemploi allaient compenser l’écart avec l’ancien salaire, me fut-il expliqué. En effet, elles me permettaient de rembourser mon prêt immobilier, mais adieu primes, déjeuners au restaurant et belle cylindrée ! Décidée à faire mes preuves, je me suis investie dans ce nouveau défi, fière d’avoir retrouvé un emploi. Une fois la période d’essai passée, j’ai demandé un entretien pour modifier mon contrat. J’avais fait mes preuves, je trouvais donc légitime d’obtenir un CDI, et de sortir du mécanisme des ‘emplois aidés’. Mais là, le choc ! Mon patron m’a simplement proposé de reconduire mon CDD. Il entendait profiter du mécanisme au maximum, c’est-à-dire disposer des compétences d’une salariée titulaire d’un Master 2, pour le prix d’une diplômée de l’enseignement secondaire. J’étais écœurée… D’autant que les aides au réemploi sont limitées dans le temps et comptabilisées sur la durée d’une carrière. J’étais en train de griller toutes mes cartouches, pour les beaux yeux d’un patron véreux qui usait allègrement de ces méthodes, dans sa société prospère de 80 personnes ! Les récits d’autres salariés m’ont fait prendre conscience de cette précarité. Au terme des périodes co-financées par l’État, je risquais d’être poussée doucement, mais fermement vers la porte. J’ai fait une dépression, mais, heureusement, le soutien de mes proches m’a permis de faire la seule chose qui s’imposait : démissionner et fuir, le plus loin possible ! » F. M.

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« du côté des employeurs on relèvera un formalisme trop poussé du droit du travail. » Mario di stefano Avocat à la Cour - DSM

La panique et le deuil Au Forem d’Arlon, c’est à un défilé inédit qu’assistent les fonctionnaires accueillant les chômeurs. Paul De Fauw (conseiller en démarches administratives) et Sarah Poncelet (conseillère référente, accompagnement) dépeignent des frontaliers catastrophés. « Ils débarquent ici paniqués, constate M. De Fauw. En retard pour l’inscription, ils sont perdus dans les démarches… Et leur première question, c’est : ‘combien vais-je toucher’ ? Je préfère les renvoyer à l’organisme de paiement, car la réponse fait mal : ils percevront des indemnités de l’ordre de 54,7 euros par jour, au maximum, pour un chef de famille… Soit à peine plus de 1.400 euros par mois. Pour des gens qui gagnaient parfois 5.000 euros ou plus, c’est une sacrée chute ! » Et ce, d’autant qu’ils viennent souvent de traverser une épreuve psychologique : « Certains ont été mis dehors sans ménagement, du jour au lendemain. Ou se sont retrouvés au placard. Tout est fait pour éviter de leur payer des indemnités. L’ensemble des couches sociales est touché, mais ces derniers mois, nous accueillons de plus en plus de gens qui travaillaient au Luxembourg depuis 20, 30 ans, à des postes à hautes responsabilités, et que l’on licencie parce qu’ils coûtent trop cher. » « La première étape, pour eux, c’est de faire le deuil de leur ancien niveau de vie… explique Mme Poncelet. Car les chances de retrouver un emploi au Luxembourg sont minces. C’est toute leur vie qui s’effondre brutalement. Beaucoup s’étaient investis dans leur job, sacrifiant parfois leur vie familiale ou sociale. Ils perdent confiance en eux, ce qui n’est pas l’idéal pour se mettre en quête d’un nouvel emploi ! » Rares en effet sont ceux qui parviennent à retrouver un poste outre- frontière. « Ou alors, c’est un CDD ou de l’intérim, pour les plus diplômés. Mais la majorité des frontaliers au chômage doit se faire à l’idée de chercher en Belgique… aux conditions locales. Ils ne peuvent pas réclamer uniquement des offres d’emploi provenant du Luxembourg. D’ailleurs, s’ils refusent un entretien dans la province, ils peuvent perdre leurs indemnités. » Fini le port altier du costume-cravate ou du tailleur strict et fini l’arrogance passée, régulièrement objet de critiques de la part des travailleurs ‘résidents’. « Les frontaliers font profil bas, l’avenir les terrifie. Chez les plus de 45 ans, certains se sentent trahis et sont plus enclins à suivre des formations, à changer d’orientation. Mais beaucoup d’autres sont assommés et n’ont toujours pas digéré ce qui leur est arrivé. Ils ont honte de venir au Forem. Je suis persuadé qu’ils sont encore nombreux à n’être même pas venus s’inscrire ! », s’inquiète Paul De Fauw. F. M

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dans le langage juridique, argumente l’avocat. Si l’on se place du côté des employeurs, on relèvera un formalisme trop poussé du droit du travail, et un certain nombre de dispositions protectrices du salarié, qui font qu’aujourd’hui le coût du travail est en comparaison plutôt élevé à Luxembourg. » La compétitivité est un argument récurrent, pour souhaiter davantage de souplesse sur les contrats de travail ou la gestion du temps de travail, plus de moyens pour lutter contre l’absentéisme, l’abolition de l’indexation… « De l’autre côté, les salariés et les organisations qui les représentent défendent leurs acquis, et s’opposent à une libéralisation du droit du travail, qui pourrait signifier une baisse du niveau de vie et une plus grande précarité dans l’emploi.» Évidemment, les coûts interviennent dans le processus décisionnel d’un opérateur économique qui doit s’implanter (ou investir davantage) au Luxembourg, ou se délocaliser. Me Di Stefano conclut: « Le coût direct est surtout déterminé par le niveau des salaires, des charges qui y sont rattachées, et des mécanismes régissant leur augmentation. Mais le coût indirect est dans une certaine mesure influencé par le droit du travail applicable. » Pour le ministre Schmit, « le monde du travail est en train de changer. Cela ne doit pas signifier plus de précarité, moins de droits, plus de stress… Nous ne pouvons pas nous satisfaire du statu quo. Il faut ouvrir cette discussion maintenant, au moment où nous allons également réformer et moderniser les modalités du dialogue social dans l’entreprise, avec l’esprit d’un vrai partenariat. »

Adem nouvelle vague Le paradoxe luxembourgeois est, pour beaucoup, lié à la main d’œuvre « illimitée » que les entreprises trouvent hors du pays, plus adaptée à leurs besoins et aux profils recherchés. Nicolas Schmit nuance : « Le chômage est à un niveau élevé parce que notre marché du travail est toujours attractif et qu’en Europe il y a des pays où le chômage a littéralement explosé. La crise y contribue également même si le nombre d’emplois n’a pas encore baissé considérablement. » Il cite une création de 8.000 emplois supplémentaires, en un an (au 31 mai), « soit une hausse de 2,2 %, en dépit d’une chute de l’intérim de 10,3 % (selon la BCL, le secteur public au sens large est à l’origine de la quasi-totalité de ces créations d’emplois, ndlr.). S’il y a en effet une concurrence sur notre marché du travail et que souvent les profils recherchés n’y sont pas disponibles, il ne faut pas considérer ceci comme une fatalité. La motivation, dans un environnement plus concurrentiel, joue un rôle non négligeable. À l’aide des programmes sectoriels, comme Fit4Commerce ou Fit4Finance, on veut améliorer les profils ou mieux identifier les compétences qu’il faut, au besoin, adapter. L’implication des entreprises est à cet égard absolument nécessaire. » Il a donc été demandé à la direction de l’Adem, dans la feuille de route qui définit ses priorités, d’intensifier les contacts et les échanges avec le monde économique et surtout les entreprises elles-mêmes. Géry Meyers, le nouveau directeur de l’Adem, sait


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L’Adem repart sur de nouvelles bases et souhaite mieux accompagner ses clients.

les attentes : « Nous misons sur le rapprochement avec les différents acteurs du marché et nous prévoyons la création d’un Service Employeur. L’Adem souhaite accompagner ses « clients » - employeurs et demandeurs d’emploi. « Dès l’inscription d’un demandeur, un conseiller professionnel référent lui est attribué, qui l’accompagne tout au long de son parcours jusqu’à la signature d’un contrat avec un nouvel employeur, » précise Géry Meyers. « L’Adem revient de loin ! » s’exclame Nicolas Schmit, qui en a fait une priorité, au point de déboulonner son ancienne direction. « Il fallait réformer, propager une culture du management, une meilleure utilisation des ressources disponibles et un renforcement si besoin, mais également une certaine culture du respect. La grande majorité des demandeurs veulent rapidement un emploi. On n’aura jamais une adéquation parfaite entre offres et demandes, mais on peut l’améliorer sensiblement. » Le ministre en est persuadé : en recourant systématiquement aux formations qualifiantes, on pourra faire des progrès substantiels. L’Adem met actuellement l’accent sur les jeunes demandeurs, en particulier les moins de 25 ans, manquant de qualifications et d’expérience professionnelle. Pour la population des demandeurs d’emploi de plus de 45 ans, la problématique est différente. « Souvent mieux qualifiés et expérimentés, ils rencontrent néanmoins des difficultés à se positionner vis-à-vis des employeurs. Là encore, nous souhaitons fournir un effort particulier pour faciliter leur (ré)insertion sur le marché, explique Géry Meyers. L’Adem investigue les secteurs porteurs. Nous disposons de 11 consultants spécialisés, chacun dans un secteur différent. Nous préparons aussi l’implémentation d’un référentiel métier soutenu par un nouvel outil de matching des offres et demandes. » Cela devrait aider à corriger des tirs parfois bizarres : candidats ignorant qu’ils le sont, rendez-vous avec des gens pas motivés ou peu au courant du poste auquel ils sont censés postuler, dossiers recalés d’office « parce qu’ils viennent de l’Adem »… « Mes collaborateurs et moi-même n’ignorons pas certains dysfonctionnements, résume Géry Meyers. Nous allons adapter certaines procédures internes afin de

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répondre aux exigences actuelles, avec des principes de gouvernance bien ancrés. » Aux quelque 350 collaborateurs, la direction, tricéphale désormais, entend montrer l’exemple. « Il faut adopter une culture de la performance pour être à la hauteur de notre mission.» Dans un Luxembourg où demeure le culte du fonctionnaire et où le système scolaire est régulièrement tancé, les préoccupations du ministre du Travail et de l’Emploi recoupent par certains points

« Nous avons besoin d’un large débat sur le chômage, son évolution et ses causes. » Nicolas Schmit Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration


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Photo: David Laurent/Wide (archives)

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Des jeunes exclus et des heures en trop

les attributions de collègues : Enseignement, Économie, Classes moyennes, etc. « On voit bien que les pays qui ont un système d’apprentissage efficace, ont un chômage des jeunes bien plus faible, observe Nicolas Schmit. Le système éducatif ne doit pas être déconnecté de la réalité économique ». Cela étant, il ne jette pas la pierre à la seule école luxembourgeoise. « Une part considérable de demandeurs d’emploi difficiles à insérer ne sortent pas de l’école luxembourgeoise, ou n’y ont passé qu’une partie de leur scolarité. Ce qui pose le problème des enfants d’immigrés. L’apprentissage des langues est pour eux crucial, appuie-t-il, avant d’écorner un mythe. À certains égards, il faut un changement de mentalité. Encore faut-il se demander pourquoi beaucoup de gens recherchent tant la sécurité d’un emploi public. Le niveau des rémunérations n’explique pas tout. » Les collaborations interministérielles se généralisent en tout cas. «Notamment pour l’emploi des jeunes, qui donne lieu à des interactions nombreuses qui ont trop longtemps fait défaut », témoigne le ministre Schmit...

rester attrayant Il est évident, aussi, que les entreprises, en général, ont une responsabilité à assumer, pour le maintien de l’emploi, voire son développement, la façon de recruter. L’environnement, européen et national, aura son importance. Et les décisions politiques aussi, notamment en matières fiscales et de coûts salariaux. Conseiller au Retel, Franz Clément résume la situation concurrentielle du GrandDuché : « Sauf forte augmentation de l’imposition, le marché du travail luxembourgeois reste attrayant. Pour l’impôt sur le revenu (le taux maximum au Luxembourg est de 38 %, contre 41 en France, 42 en Allemagne et 50 en Belgique, ndlr.), l’impôt sur les sociétés ou les taux de TVA  ». Si tout se coordonne, le Luxembourg pourra opérer son rebond, et rester un moteur, pour l’économie et pour l’emploi, au cœur de la Grande Région.

Dans son memorandum, le syndicat OGBL dénonce notamment « le recours, de la part d’un nombre croissant de responsables économiques, aux licenciements pour réagir à des problèmes conjoncturels ou pour procéder à des restructurations de leurs activités. Il faut un renforcement de notre législation pour contrer les licenciements économiques abusifs et socialement injustifiés ». L’OGBL plaide aussi pour « une politique qui vise à limiter le temps de travail en l’adaptant à l’évolution de la technique et de la productivité, pour sauvegarder des emplois au lieu de jouer sur une flexibilité outrancière » Jean-Claude Bernardini, membre du comité exécutif de l’OGBL, explique : « L’augmentation de la productivité a jusqu’à présent été compensée par les salaires. Mais nous aurions dû mettre à l’ordre du jour beaucoup plus tôt la question de la réduction du temps de travail ! Les 35 heures ont posé problème en France, parce qu’on y a imposé la mesure. Ici, nous avons des instruments de négociation… L’idée serait de réfléchir, au Luxembourg, voire au niveau européen, à un allègement général du temps de travail. Le système a déjà fait ses preuves : le passage de 48 heures hebdomadaires à 40h, après la Seconde Guerre, a largement contribué à créer de nouveaux emplois !» Need for NEET Les nouveaux emplois sont-ils pour les NEET (Not in Education, Employment or Training)? Ces 15-24 ans ne sont engagés ni dans un emploi, ni dans des études, ni dans une formation. En Europe, ils seraient près de 7,5 millions dans cette situation. « Au Luxembourg, 6% des jeunes tombent sous la classification de NEET, souligne le département des jeunes de l’OGBL. La façon dont on les appelle ne joue finalement aucun rôle dans ce contexte. Ce qui importe, c’est d’éviter que les jeunes ne soient livrés à eux-mêmes. La politique doit enfin réagir et leur offrir de véritables perspectives d’avenir. Les laisser en marge constituerait un véritable gâchis social et économique ! » Les jeunes OGBL demandent que l’on adapte la formation au marché de l’emploi, que les services de placement soient améliorés et davantage personnalisés, que l’on promulgue des stages de qualité, décemment rémunérés… Ils souhaitent également une analyse qualitative des mesures d’insertion. Et demandent l’inscription, dans le code du travail, d’un droit d’accès à l’emploi pour les jeunes chômeurs. A.D. , F.M.

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Rupture Post-scriptum

texte Alain Ducat

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e Luxembourg, aux portes de 2013. Le chômage, quasiment inconnu – ou considéré comme résiduel – il y a 15 ans, inquiète aujourd’hui, dans un monde du travail secoué. Une première dans l’histoire contemporaine du pays. C’est tout un modèle de société qui – non pas d’un coup, mais par une succession de coups de boutoir propulsés par les crises – se trouve ébranlé. Car la cohésion sociale a, de toute évidence, partie liée avec le travail, « qui en forme la moelle épinière dans la société industrielle en mouvement perpétuel », observait le Statec, dans son rapport Travail et cohésion sociale , en 2011. L’édition 2012 (qui sort au moment d’écrire ces lignes) confirme sans doute le péril qui guette. Le Grand-Duché est, en soi, une société atypique, à la composition hétérogène. Et son marché du travail l’est encore davantage. Cela donne une structure complexe, entre ceux qui ont du travail ou non, les résidents et les frontaliers, les autochtones et les étrangers, les plus ou moins qualifiés… Le Luxembourg, ses dirigeants, ses habitants, ses travailleurs, ses exclus, doivent-ils avoir peur ? Oui, à condition que la peur soit un déclic salvateur, et non un prétexte aux pires replis. Il n’y a pas, dans le contexte socio-économico-politique, une dualité manichéenne. Les bons patrons et les mauvais syndicats, ou l’inverse… Les gentils fonctionnaires et les méchants frontaliers, ou l’inverse… Rien, dans ces appellations – aux origines incontrôlées – en désordre, ne pourrait se justifier. Cependant, il est évident que la société luxembourgeoise n’est plus si loin du point de rupture qu’elle a toujours su éviter.

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Avant qu’un hurleur charismatique aux idées noires se mette à désigner d’hypothétiques boucs émissaires de dégradation lente, mais visible de son niveau de vie économique, le GrandDuché doit retrouver son rang. Il ne s’agit pas de redevenir l’eldorado providentiel que beaucoup semblent encore voir en lui. Il s’agit de remettre à l’honneur l’emploi, soumis aux facteurs de coût, comme un créateur de valeur, pour celui qui le procure mais aussi pour celui qui l’assure. Le succès du pays s’est bâti sur un formidable boom, qui a donné du travail à de nombreuses personnes, ici et chez les voisins. Il en fournit toujours, puisque l’emploi croît encore, certes beaucoup moins vite. Le hic, c’est que le chômage augmente aussi. On pèse les charges et on repèse les acquis. Et comme le Luxembourg fonctionne à plusieurs vitesses, il ressemble à un véhicule qui chercherait à vouloir aller à la fois de l’avant et en marche arrière. Il faut donc trouver une autre voie. Les certitudes de jadis sont bousculées. Le monde politique l’a manifestement compris : il prend des mesures, les fait évaluer, cible ses actions. La remise en question s’impose en effet, alors que la société s’interroge, de même que les marchés. Ce sont des signaux que l’on ne peut ignorer. Emploi, travail, chômage, forment désormais un triangle pointu qui signale le danger. Si l’on ne veut pas que la société luxembourgeoise se liquéfie, il est temps de mettre du liant. S’il n’y a pas de mode d’emploi aux allures de remède miracle, il y a un besoin de travail qui exige de se retrousser les manches.


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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

entreprises

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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

Entreprise des P&T

Une séparation qui soulève des questions

Phot o : Andrés Lejona ( archives)

L’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) n’a pas donné son feu vert à l’actuel projet de séparation fonctionnelle volontaire entamé par l’Entreprise des P&T (EPT), et qui consiste à loger dans deux entités distinctes les produits et services télécoms, d’une part, et la gestion des infrastructures, de l’autre. Le dossier, déposé en juin 2011, a été recalé au motif que sa gouvernance « ne remplit pas les conditions de séparation fonctionnelle au sens de la loi du 27 février 2011 sur les réseaux et les services de communications électroniques ». Un contretemps qui, selon le porte-parole de l’opérateur historique, contacté par paperJam, « ne remet pas en cause la séparation fonctionnelle elle-même ». L’association des opérateurs alternatifs (Opal), elle, s’est déclarée surprise d’apprendre qu’un tel projet était effectivement lancé et, pour le coup, à un stade très avancé. « Il ne constituait jusqu’à présent qu’un mirage inaccessible », explique-t-elle.

Deloitte Luxembourg et Office Freylinger viennent de publier la dernière édition

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ess du vade-mecum Intellectual Property in Luxembourg. | La Box4Water, système de traitement des eaux usées conteneurisé de la société luxembourgeoise Epuramat, a reçu le prix du nouveau produit le plus innovant de l’année 2012 décerné par Frost & Sullivan. | La société luxembourgeoise de conciergerie d’entreprise Majordome a repris la commercialisation exclusive des produits Vapowash, prestataire de nettoyage écologique de véhicules « à domicile ».

Barnes & Noble

Hyosung

Conseil et audit

Un patron pour Luxembourg

Production arrêtée

Bonnes santés

Plus de 200 emplois devraient être supprimés chez Hyosung. Le groupe coréen vient en effet d’annoncer que sa Wire Plant de Colmar-Berg arrêtait sa production liée au secteur des pneumatiques, en raison du ralentissement économique. L’usine, qui emploie 219 salariés, avait été reprise l’an dernier à Goodyear, qui mettait en œuvre une stratégie de recentrage vers son cœur de métier. En 2006, la même Hyosung avait déjà repris la Fabric Plant au même groupe américain. « L’impact de la crise mondiale actuelle dans le secteur de l’automobile et des pneumatiques a généré une chute dramatique et continue de la demande dans le secteur », explique Hyosung. Seuls 15 emplois seraient préservés au sein des deux services restants de l’usine luxembourgeoise, le département des ventes et l’entrepôt.

Les Big Four se portent bien, merci. Le chiffre d’affaires de Deloitte (exercice clôturé au 31 mai) a ainsi gagné 10 % à 177,5 millions, avec la plus forte contribution à la hausse réalisée par l’activité de consulting (+15 %). 180 nouvelles recrues sont venues, en septembre, renforcer les rangs de la firme qui affiche désormais 1400 collaborateurs. Croissance moindre (+5, 4 % à 131,7 millions au 30 juin) chez Ernst & Young (qui a franchi le cap de 1.000 collaborateurs, avec 150 récents recrutements), également porté par les activités de conseil (+13,7 %). Le managing partner d’E&Y, Alain Kinsch, a profité de l’occasion pour en appeler à une « fluidification du marché de l’emploi », afin d’adapter les contrats de travail aux véritables besoins de l’entreprise.

À Luxembourg, le QG de l’autre géant américain de la librairie en ligne, Barnes & Noble, se peuple. Patrick Rouvillois, ancien de Carrefour et Orange, entre autres, a été nommé vice-président et directeur général pour l’international. Depuis Luxembourg, en lien direct avec le siège américain, il est chargé d’étendre le développement, en attaquant le marché européen notamment. B & N continue à recruter, pour son kiosque virtuel basé à Luxembourg et distribuant sur toute l’Europe, des profils de juristes, de responsables pour les licences et brevets, pour la gestion de contenu, le marketing, la vente, etc.

« Il faut fluidifier le marché de l’emploi » Alain Kinsch (Ernst & Young)

Novembre 2012 —

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Publicité

C’est parti pour les Media Awards 2013

Cargolux

La montagne accouche d’une souris

Dans un contexte tendu, lié notamment aux rumeurs de délocalisation de la maintenance, l’État tente de reprendre la main face à Qatar Airways. Le conseil d’administration du 11 octobre s’est avéré une reculade. Prochaines échéances en novembre. Par Pierre Sorlut

Le coup d’envoi de l’édition 2013 des Media Awards a été donné. Organisé conjointement par Maison Moderne, l’éditeur de paperJam, et RTL, l’événement, qui se déroulera le 20 février prochain à la Rockhal, récompensera les meilleures créations publicitaires du pays. La première édition de cette cérémonie avait réuni, en février dernier, près de 900 personnes. Le concours, simplifié, récompensera d’un Gold, d’un Silver et d’un Bronze les publicités dans les catégories TV / Cinéma, Radio, Presse, Internet et Presse B2B, décernés par un jury composé d’experts luxembourgeois et étrangers. Un prix du public sera également attribué. La soumission des projets par les agences de communication se fera de fin octobre à fin novembre.

Photo : David Laurent / Wide (archives)

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Publication

Tout pour les jeunes… et les parents Maison Moderne a présenté, à l’occasion du salon Top Kids à Luxexpo, la 4e édition du Family Guide dont il est désormais éditeur. De la naissance à l’adolescence, des questions de santé aux découvertes culturelles, des démarches administratives aux clubs de sports, ce guide, enrichi par rapport à ses devanciers, et disponible en trois langues (français, allemand ou anglais) rassemble plus de 700 adresses et conseils pour les parents et les enfants au Luxembourg et dans la Grande Région. Family Guide, 200 pages, 21,90 €, en librairie et sur www.maisonmoderne.lu.

— Novembre 2012

Les avions, la maintenance, le nombre de pilotes… tout est remis en question chez Cargolux. Mais le conseil d’administration du 11 octobre n’a pas tranché.

Après un mois d’agitation médiatico-syndicale au sujet d’une éventuelle délocalisation de la main-d’œuvre des avions, la réunion du conseil d’administration de la compagnie luxembourgeoise de fret aérien du 11 octobre devait constituer un sommet. Seulement, une fois arrivé en haut, tout le monde est reparti en arrière. Le CEO n’a pas été nommé et aucune mesure décisive n’a été annoncée. Comment en sommesnous arrivés là ? Après avoir essuyé des pertes substantielles en 2011 et avant une inéluctable recapitalisation, la direction a mandaté le cabinet de conseil Oliver Wyman pour proposer une voie de restructuration. Alors même que le rapport était en cours d’élaboration, Richard Forson, CFO de Cargolux et CEO par intérim, jetait un pavé dans la mare. Dans une interview, il évoquait l’éventualité de délocaliser l’entretien des appareils si la conjoncture l’exigeait. Un problème : l’activité emploie 450 personnes au Grand-Duché. Il n’en fallait pas plus pour créer l’étincelle et embraser les syndicats qui ont de suite demandé l’intervention de l’État, qui détient indirectement 65 % du capital. Les représentants des salariés soupçonnent en effet Richard Forson d’être « l’associé du diable », Akbar Al Baker, CEO de Qatar Airways, propriétaire de 35 % de la société nationale de fret aérien. Et le CEO par intérim ne s’est pas privé de remettre de l’huile sur le feu le 28 septembre en dénonçant unilatéralement la

convention collective de Cargolux. Pour l’OGBL et le LCGB, c’est clair : celui qui a déjà travaillé pour la compagnie aérienne du Golfe voudrait sacrifier le modèle social luxembourgeois sur l’autel de la rentabilité. Devant les appels à la manifestation et le matraquage médiatique, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de prendre parti… Et comme il n’a pas d’électorat au Qatar, il a dû s’opposer à la mainmise de l’actionnaire du Golfe sur son champion national. Ainsi, Oliver Wyman aurait présenté au comité stratégique et au conseil d’administration les 10 et 11 octobre, une version édulcorée – c’est la perception des syndicats – de son plan de restructuration. Officiellement, tous les actionnaires sont sur la même longueur d’onde. On ne recapitalisera pas sans stratégie rentable pour Cargolux. Selon Albert Wildgen, président du conseil d’administration, tous seraient prêts à rajouter des fonds propres, le cas échéant. Mais il faudra des changements radicaux. Une remise en question de la flotte et du nombre de pilotes n’est pas exclue. Pour savoir quelle est leur marge de manœuvre, les ministres de tutelle consultent les parties prenantes en vue des échéances de novembre : présentation du rapport d’Oliver Wyman et conseil d’administration. Ainsi, si tout le monde a reculé, novembre dira si c’était pour mieux sauter.


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Fage

Logistique

Artisanat

De la Grèce au Luxembourg

Une convention pour Transalliance

Qui sera le plus innovant ?

Dans une stratégie qui ressemble à celle de l’Italien Ferrero, ou plus récemment des entreprises françaises Sword et Eurofins, le groupe laitier grec Fage déménage son quartier général au Luxembourg. Il n’est nullement fait mention dans la communication officielle d’environnement fiscal, mais plutôt de la volonté de disposer d’un siège davantage conforme aux activités internationales de l’entreprise laitière. Suite à l’annonce de cette restructuration, l’agence de notation Standard & Poor’s a levé la surveillance négative, à laquelle avait été soumise l’entreprise qui dispose d’une note B pour sa dette à long terme.

Étienne Schneider, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, et Alexandre Michel, présidentdirecteur général du groupe Transalliance, ont signé une convention pour la réalisation d’un projet logistique d’envergure à Eurohub Sud. Présent depuis plusieurs années déjà sur le site où il emploie actuellement près de 230 personnes, le groupe entend y développer un projet logistique qui comprend, notamment, la construction d’un entrepôt de près de 15.000 m² et d’un bâtiment administratif de 2.500 m². L’investissement financier projeté par Transalliance est de l’ordre de 21 millions d’euros, avec, à la clé, une cinquantaine d’embauches supplémentaires.

L’édition 2013 du « Prix de l’innovation dans l’artisanat », initié par la Chambre des Métiers, a officiellement été lancée. Ce prix doit récompenser le développement d’un produit, un service, un procédé de fabrication, une technologie ou une stratégie de gestion innovante. Le jury, présidé par Marc Lemmer, directeur général du CRP Henri Tudor, a à sa disposition une enveloppe de 10.000 euros à répartir entre les projets qu’il aura désignés. En 2010, c’est l’entreprise Hein qui avait été primée pour son élaboration d’un nouveau type de four à chariots. Les dossiers sont à soumettre avant le 16 novembre 2012, la remise du prix étant prévue pour mars 2013. www.cdm.lu

« Nous allons lancer de nouvelles offres dans les prochains mois qui bouleverseront les habitudes du marché. »

Photo : Charles Caratini

Jérôme Grandidier, CEO de Telecom Luxembourg Private Operator, à l’annonce d’une croissance annuelle de 45 % du chiffre d’affaires (5, 7 millions) pour le 1er semestre 2012.

150 nouveaux postes sont attendus avant la fin de cette année chez Amazon.

Amazon

Luxembourg, une bonne base Dans ses coquets locaux de Clausen, Amazon prépare son développement. Et continue d’embaucher : 150 nouveaux postes sont attendus avant la fin de cette année, ce qui porterait les troupes installées au Luxembourg à quelque 600 personnes. Et ce n’est sans doute pas terminé. Amazon.eu, qui a installé son quartier général européen au Grand-Duché depuis 2004, confirme son ancrage, changements sur la TVA en 2015 ou pas. Et le groupe confirme sa volonté d’expansion via des plates-formes de vente (en anglais, allemand, français…) de plus en plus généralistes, mais aussi les services web pour le business, orientés vers le cloud, voire les services de logistique. Xavier Garambois, ex-numéro un d’Amazon France, a repris les rênes du « European retail », plus que jamais au départ de Luxembourg.

Editus, VBS

Coup double pour les P&T

Pages jaunes a vendu 38,92 % du capital

En l’espace de quelques jours, l’Entreprise des P&T, a, comme elle l’avait laissé entendre depuis l’arrivée à sa tête de Claude Strasser, en mai dernier, commencé à renforcer l’intégration de ses filiales. Elle a d’abord racheté 38,92 % de la participation détenues par le groupe français PagesJaunes dans le capital de l’éditeur des annuaires Editus, devenant ainsi actionnaire à 90 % (PagesJaunes conserve les 10 % restants). Puis elle est passée de 49 % à 90 % dans le capital du PSF VBS. Une opération qui s’accompagne de la sortie, au niveau opérationnel, de Nicolas Buck et Renaud Jamar, qui laissent les clés de la maison à Edith Magyarics, arrivée en mai dernier. Novembre 2012 —

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Production viticole

Ann De Jonghe

Un peu moins bien

« Mettre en commun les bonnes pratiques »

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Signataire de la Charte de la diversité, la DRH de Sodexo explique les enjeux liés à cette initiative, qui a déjà reçu l’adhésion d’une quarantaine d’entreprises au Luxembourg. Par Nicolas Raulot

C’est la fourchette haute de la production viticole attendue cette année par la Commission de Promotion des Vins & Crémants de Luxembourg. C’est un peu moins bien, en volume, que les années précédentes. Mais cela n’effraie pas les quelque 384 exploitants viticoles du pays, qui misent sur la qualité et des produits phare comme le crémant, qui affiche une hausse des ventes constante depuis sa création il y a 20 ans.

Prix

Le 24 septembre, 10 projets innovants développés en Grande Région ont été récompensés par le jury du réseau 1, 2, 3 Go visant à stimuler l’entrepreneuriat. Quatre d’entre eux sont Luxembourgeois.

ner

UniversalOw

Fondateur : Krassimir Kostadinov Commercialisation d’un logiciel d’analyse des risques et des performances, dédié aux institutions financières et aux gestionnaires d’actifs.

Mindfulness

Ann De Jonghe (Sodexo) : « En matière d’emploi, il y a plusieurs principes que nous devons respecter. »

@work

Fondateur : Myriam Nihant Programme de gestion du stress et de développement de « l’intelligence émotionnelle » destiné aux entreprises.

ftware EarthQuick So Fondateur : Ludovic Peignard Logiciel exploité dans le cadre de l’exploration et de l’exploitation de gaz et de pétrole.

Neo Medical

Photo : Charles Caratini (archives)

10 projets innovants

Systems

Fondateur : François Scalais Distribution d’équipements médicaux ultramodernes pour les établissements de santé et notamment des écrans 3D ne nécessitant pas de lunettes.

— Novembre 2012

Madame De Jonghe, en quoi consiste cette Charte de la diversité ? « Elle est née d’un groupe de travail, axé autour de la diversité, au sein de l’IMS Luxembourg (Institut pour le Mouvement Sociétal), et se présente comme un outil devant permettre aux entreprises de faire reposer leurs actions sur quelque chose de concret. Plusieurs autres pays disposent d’une telle charte, mais il y a des accents différents en fonction des pays. Certaines chartes sont générales, d’autres sont plus axées sur certains aspects de la diversité (handicaps, genres, âges…). Une quarantaine d’entreprises et organisations se sont déjà engagées pour le Luxembourg. Le ministère de la Famille et de l’Intégration, PwC, Deutsche Bank, RBC Investor Services et Sodexo soutiennent financièrement cette initiative.

Que faut-il entendre par diversité ? « C’est un bien grand mot. Mais on considère que la diversité, ce sont toutes les différences visibles ou invisibles qui décrivent une personne ou un ensemble de personnes. La gestion de la diversité repose sur le principe que toute personne a des chances d’accès égales que ce soit à la formation, à l’enseignement, à l’emploi, à la santé… Dans notre cas, la charte s’adresse à toute forme d’organisation, et pas seulement aux entreprises. Même si ce sont effectivement d’abord les entreprises qui se manifestent en faveur de la diversité. En matière d’emploi, il y a plusieurs principes que nous devons respecter, à des fins de nondiscrimination. Au-delà de la réglementation, nous souhaitons qu’une étape supplémentaire soit franchie en ce qui concerne la gestion de la diversité.

Cette démarche va-t-elle jusqu’à la discrimination positive ? « C’est le grand débat. Cela pourrait effectivement aller jusqu’à la discrimination positive. En la matière, la position des entreprises peut varier. On peut parler d’actions spécifiques, par exemple en matière de diversité des genres, d’équilibre entre hommes et femmes au sein des comités de direction. Souvent, les femmes sont sous-représentées. Néanmoins, chaque société décide de son plan d’action, qui peut être très vaste ou, au contraire, très limité. Les entreprises signataires doivent toutefois communiquer une fois par an l’état des lieux de leur plan d’action. L’idée est aussi de mettre en commun les bonnes pratiques et les actions réalisées, de façon à ce que chacun puisse bénéficier de l’aide et de l’expertise des autres signataires. »


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Bourrage papier

ArcelorMittal

Silence, on ferme

Au temps pour nous Dans l’article « La migration des cols bleus », paru dans notre édition de septembre-octobre 2012, les données du Statec ont mal été reproduites. Les erreurs portent sur la répartition des emplois (en milliers) dans les différents secteurs de l’industrie : le sous-secteur « construction » employait, en 1995, 26.100 personnes (et 38.200 en 2010) ; la sidérurgie employait 12.400 personnes en 1995 (9.400 en 2010) et les autres activités industrielles (manufacture, énergie…) 23.300 personnes en 1995 et 26.600 en 2010.

Schifflange est au point mort. Les hauts-fourneaux de Lorraine s’arrêtent. Le géant sidérurgique basé au Luxembourg fait trembler les bassins de la Grande Région. Les jeux stratégiques sont-ils faits ? Par Alain Ducat

Grande région

Des graines à faire germer La plate-forme Seed4Start, vouée à rapprocher les start-up et les investisseurs en Grande Région, a été officiellement lancée au Luxembourg. Elle va évaluer, former et proposer une sélection de projets aux business angels, pour des levées de fonds oscillant généralement entre 50.000 et 500.000 euros pour la création de la société, et entre 0,5 et 3 millions pour la phase d’amorçage.

Let’s lunch

Joindre l’utile à l’agréable Faciliter les relations professionnelles autour d’un déjeuner : le concept lancé aux États-Unis par Let’s Lunch se prépare à être décliné au Luxembourg, à l’initiative de deux managers de KPMG, Nicolas Kadri et Dorian Grégoire. Le lancement sera officiel une fois atteinte la barre des 500 inscriptions sur le site letslunch.com.

FFCEL

Wickler, présidente des cheffes La Fédération des femmes cheffes d’entreprise (FFCEL) a changé de présidente fin août, mais ne l’a jamais communiqué publiquement. Il aura fallu attendre début octobre pour apprendre que Christiane Wickler (Pall Center) avait succédé à Miriam Mascherin (Elite Advisers). La première nommée, jusqu’alors secrétaire générale, a été désignée pour succéder à la seconde, qui a démissionné en raison d’un trop grand besoin d’implication dans la gestion de sa propre société.

— Novembre 2012

Photo : Charles Caratini (archives)

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« ArcelorMittal : les jeux se font à Londres », titrionsnous dans la dernière édition de paperJam. Les jeux sont faits ? Rien ne va plus ! Au Grand-Duché, le train à fil de Schifflange est au point mort. Le site, qui ne tournait plus qu’à 10 %, sera totalement inerte « pour une durée indéterminée », selon les termes récurrents du lexique officiel. « Les coûts d’exploitation élevés résultant du faible volume de production du train à fil de Schifflange, associés aux difficultés que connaît le marché par suite de la faible demande et de la surcapacité, ne permettent pas d’envisager une hausse de volume dans un avenir prévisible. Cette situation signifie malheureusement qu’ArcelorMittal a l’intention de transférer la production des produits de spécialité de ce laminoir vers un autre site, à compter de 2013, afin de préserver la compétitivité », déclarait Nico Reuter, vice-président des Aciers Longs Carbone Europe d’ArcelorMittal. 47 salariés sont concernés. 331 personnes sont encore employées par Rodange et Schifflange. Elles vont être transférées « vers la Cellule de reclassement (CDR), puis rapidement redéployées vers d’autres emplois, notamment à Belval et Differdange » dit-on. Selon Nicolas Schmit, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration, cette CDR comptait déjà « 443 salariés en date du 31 août 2012. » 97 d’entre

eux se trouvaient « en prêt temporaire de main d’œuvre », dont 68 auprès de l’État, de communes ou d’organismes paraétatiques. Un prochain comité de suivi sidérurgique est prévu ce 26 octobre. La Tripartite avait signé, fin mars dernier, un « plan d’avenir sidérurgique », Lux 2016, consacrant la reconduction des mesures d’accompagnement social. La Grande Région trinque. Le plan de fermeture de la phase à chaud de Liège est encore en négociations, après que le groupe eut menacé de ne plus investir… dans la phase à froid. Alors que les autorités wallonnes envisageaient de soutenir la création d’un groupe indépendant pour prolonger l’existence de la sidérurgie régionale, des responsables ont fait savoir qu’ArcelorMittal ne serait pas vendeur, même de sites à l’arrêt. Ces échos résonnent en Lorraine, où ce qui était redouté depuis de longs mois a été officialisé : la fermeture définitive des deux hauts-fourneaux de Florange-Hayange, arrêtés l’an dernier « à titre temporaire et pour une durée indéterminée ». ArcelorMittal se dit prêt à céder ses unités. Le gouvernement français espère trouver un repreneur. Mais la reprise éventuelle des hautfourneaux, dissociés du reste de la production locale, suscite un certain scepticisme…


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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

Médias

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Dans les

Méandres Entre plan social, nouveaux défis du secteur, journal « new look » et succès du gratuit, la presse quotidienne luxembourgeoise vit un tournant de son histoire. Quel visage présentera-t-elle demain, face à la montée en puissance des médias électroniques, à laquelle elle participe aussi indirectement ? Les grands patrons de presse du GrandDuché se penchent sur la question. Introspection. Texte Thierry Raizer Photo Jessica Theis

für Wahrheit und Recht

Un datacenter dernier cri

WIRTSCHAFT

Page 71

Andy Schleck gibt auf

(FOTO: ANOUK ANTONY)

zahlt, die keine eigene Rente haben. Der Freibetrag bei den Konsumschuldzinsen wird von 672 auf 336 Euro herabgesetzt. Und schließlich entfällt der Fahrkostenzuschlag für die ersten vier Kilometer. Sparen müssen aber auch die Gemeinden. In Zukunft sollen die staatlichen Zuschüsse an die Finanzlage gekoppelt werden. (DS) IM FOKUS

Seite 2-4

Cattenom erhält schlechtere Note als Fessenheim Erste Informationen aus dem EU-Bericht über die Stresstests gelangen an die Öffentlichkeit Luxemburg. Ist das Atomkraftwerk in Cattenom in einem schlechteren Zustand als die Atomanlage in Fessenheim, das älteste AKW Frankreichs? Dies lässt sich aus dem Entwurf eines EU-Berichtes über Stresstests in Atomanlagen interpretieren, der erst am Donnerstag veröffentlicht werden soll. Als Reaktion auf das Unglück in Fukushima hatte die EU alle Nuklearreaktoren europaweit einem

solchen Stresstest unterzogen. Diese wurden anhand von elf Prüfpunkten bewertet. Wobei die Anlage in Fessenheim, die 2016 geschlossen werden soll, besser abschneidet als das AKW in Cattenom. Patrick Majerus, Nuklearingenieur bei der luxemburgischen Strahlenschutzbehörde, warnt jedoch vor voreiligen Schlüssen. Bezüglich des Atomkraftwerks in Cattenom versichert Majerus, dass man die Situation

von Luxemburg aus sehr genau verfolge. Einerseits sei Frankreich derzeit dabei, existierende Rückstände aufzuholen, auf der anderen Seite versuche das Land, in gewissen Bereichen gar eine Vorreiterrolle bei der Sicherheit der Anlagen einzunehmen. Die französische Atomaufsichtsbehörde ASN („Autorité de sûreté nucléaire“) habe einen sehr strengen Katalog aufgestellt, den die Betreibergesellschaft „Électricité de

France“ (EDF) umsetzen müsse. Die Kritiken aus Luxemburg seien in den ASN-Bericht miteingeflossen, so Majerus. Nachdem erste Informationen aus dem Bericht der EU-Kommission bereits vor dessen offizieller Veröffentlichung an die Öffentlichkeit gelangt waren, ließen auch Reaktionen aus Luxemburg nicht lange auf sich warten. (DL/na) LOKALES

Seite 17

«J'ai été bien éduquée»

„Vertrauen ist das A und O“

IM FOKUS

Gespräch mit der neuen Axa-Chefin in Luxemburg.

POLITIK

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Rencontre avec Sandrine Bonnaire à Namur.

Pacte de stabilité: le cœur n'y est pas 6 Afghanistan: Was kommt nach 2014? 10

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KULTUR

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„Mehr Schutz für Arbeitnehmer“

Voller Tatendrang zurück

Christlicher Gewerkschaftsbund plädiert für rasche Reclassement-Reform. Seite 5

Paolo Amodio wird neuer Trainer bei Progrès Niederkorn, dem Schlusslicht der BGL Ligue. Seite 46

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Leitartikel: Der kleinste Nenner

Madredeus, la «banda cosmica» Die neuen Filme der Woche

LOKALES

ZOOM Seite 22

LËTZEBUERGER

63. Joergang N°192

Politik, Finanzen a Gesellschaft

Betzdorf. Situé à Betzdorf, le nouveau datacenter des P&T se veut «green» et doté d'une sécurité inégalée. Baptisé «European Reliance Centre Luxembourg East», le tout nouveau centre de données offre une capacité de 5.000 m2 de surfaces nettes informatiques avec des salles modulables variant entre 30 et 480 m2. Le centre est financé par l'Entreprise des P&T (l'investissement total s'élève à 87 millions d'euros) et exploité par ebrc, la filiale des P&T spécialisée en datacenter, cloud et IT managed services. (ndp)

Finanzminister Luc Frieden präsentiert den Haushaltsentwurf 2013

Staatsbediensteten höhere Parkgebühren bezahlen. Darüber hinaus hat der Finanzminister diverse Maßnahmen angekündigt, von denen ein Großteil der Bevölkerung betroffen ist. So wird der öffentliche Transport teurer und die Prämie für Dieselpartikelfilter entfällt. Bei den Chèques-services werden die drei Gratis-Betreuungsstunden für Besserverdiener gestrichen. Die „Mammerent“ wird nur noch an Mütter ausbe-

Von Splatter, Erotik und Kung-Fu

UECHTER D'LAND Seite 19

www.wort.lu Telefon: 49 93-1 – Abo-Hotline: 49 93-93 93 Verleger: Saint-Paul Luxembourg

Schulden trotz Einsparungen

Regierung insgesamt etwa zwei Prozent des PIB einsparen, mehr als 700 Millionen Euro. Darin enthalten ist das Sparpaket vom Frühjahr in Höhe von 535 Millionen Euro. Die Nettoneuverschuldung beziffert sich auf 2,5 Milliarden Euro. Die Gesamtstaatsschuld liegt dann bei 25 Prozent des PIB. Sparen will die Regierung u.a. bei den Funktionskosten des Staates, die um 0,8 Prozent sinken sollen. Außerdem müssen die

Mondorf und Dalheim?

PORTRAIT Seite 06

Mëttwoch, 3. Oktober 2012

Mittwoch, den 3. Oktober 2012 – Jahrgang 164 – Nummer 231

Luxemburg. Nicht einmal eine halbe Stunde brauchte Finanzminister Luc Frieden, um den Haushaltsentwurf 2013 im Parlament vorzustellen. Eigentlich wollte die Regierung bis 2014 die Schieflage bei den öffentlichen Finanzen wieder ins Lot bringen, doch daraus wird vorerst nichts: Im Gesamthaushalt klafft eine Lücke von 684 Millionen Euro, beim Zentralstaat beläuft sich das Defizit auf knapp 1,3 Milliarden Euro. Dabei will die

Exportschlager

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Bildersammlung über Herrscherfamilie 19 „LuxDidac 2012“ zeigt Lehrmittel 20 NOTDIENSTE 36

Politik auf Pump

AM FOKUS

Budget 2013: 720,6 Mio. Euro Defizit. 4,5 Mrd. Euro Neuverschuldung. Punktuelle Sparmaßnahmen treffen Konsumenten, Familien, Rentner und öffentlichen Transport.

POLITIK

Stichwort Deontologie

Greco weist auf die stärkere Rolle der Integrität hin und untersucht Korruption von Justiz und Politik k Seite 10

MEENUNG, POLITIK, WIRTSCHAFT

Binche. Andy Schleck hat beim Eintagesrennen Binche-TournaiBinche sein Comeback gegeben. Er stieg allerdings nach rund 130 km vorzeitig vom Rad. Noch fehlt die Form, um dem Tempo im Peloton länger folgen zu können. Vor dem Start des Rennens zeigte sich der 27-Jährige auskunftfreudig. Für die kommende Saison hat er bereits konkrete Ziele: „Ich möchte mehr Rennen bestreiten als in der Vergangenheit. Für die Ardennen-Klassiker möchte ich in Form sein. Anschließend rückt die Tour de France in den Blickpunkt.“ (jot) SPORT

UECHTER D‘GRENZREGIOUN

Fusionen anderswo

Auch in Rheinland-Pfalz gibt es Stress um das Thema Fusionen k Seite 12

Seite 43

Belgien: Züge stehen still

Brüssel. In Belgien stehen die Züge still. Seit 22 Uhr gestern Abend wollten die Eisenbahner des Landes in den Ausstand gehen. Erst ab dem heutigen späten Abend sollten die Züge wieder rollen, die meisten Fernzüge allerdings erst ab dem Donnerstagmorgen. Auch Verbindungen von und nach Luxemburg sind betroffen. Der Arbeitskampf richtet sich gegen die Umstrukturierung der Staatsbahn SNCB. Die Regierung will den Betrieb des Schienennetzes weiter vom Betrieb des Verkehrs trennen. (dpa) INTERNATIONAL

SPORT

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Leopard-Trek: Wie geht es weiter? FC Metz: Erfolg dank der Jugend TODESANZEIGEN

WIRTSCHAFT Praktiker ist gerettet Fernsehprogramm Panorama/Wetter

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7 1 -83 73 85 88

Luxemburg: 1,30 € – Ausland: 1,50 €

WIRTSCHAFT

OPGEPIKT

Augen zu und runter Augen zu und durch, wird sich Fi- gel“ mit Interesse entnehmen. Zunanzfuchs Luc Frieden gestern getragen hat sich das Ganze in Afrimorgen wohl bei der Vorstellung ka, wo Asselborn, der auch hier Werbung für seinen UNseines nächstjährigen Sicherheitsratssitz machte Haushaltsdings gedacht - einmal das Auge eines haben, ist dieses doch Hammels serviert wurde. derart arg katastrophal, „Da habe ich nur gedacht, dass sich sogar der sonst Augen zu und runter“. Anso diskrete CSV-Präsischließend hat er, „der keident Wolter „erschütne harten Drinks mag“, sotert“ zeigte. Erschüttert gar noch einen Wodka beüber das Unvermögen stellt. Nicht schlecht... der Regierung, wieder zu PASCAL „So richtig ernst nehmen“ Vermögen zu kommen. STEINWACHS würden viele den 63-JähriWenn das so weiter geht, ist auch gen trotz seiner Dienstältverweigert er dem Dings erschüttert. lichkeit als EU-Außenminoch seine Zustimmung. nister aber immer noch Augen zu und durch nicht. Weil Asselborn „selkommt für Chefdiplomat Jean Asselborn indes nicht in Fra- ten große Reden hält“ - „außerdem ge: Bei ihm heißt das Motto viel- steht er im Schatten seines Premehr „Augen zu und runter“, wie mierministers“. Die Welt ist ungewir dem dieswöchigen „Der Spie- recht... journal.lu

Georgien: Milliardär wird Präsident TIFLIS Er hat eine Leidenschaft für

exotische Tiere, kauft unschätzbare Kunstwerke und erklärt, Psychoanalytiker zu sein: der Unternehmer und Milliardär Bidsina Iwanischwili gehört sicherlich nicht zum üblichen Typus des Berufspolitikers. Er war als Kind so arm, dass er barfuß laufen musste, weil kein Geld für Schuhe da war. Heute besitzt der exzentrische Philanthrop Milliarden und soll nach dem Wahlsieg vom Montag der neue Regierungschef in Georgien werden. Ehemals Unterstützer von Präsident Saakaschwili Präsident Michail Saakaschwili gestand gestern seine Niederlage bei der Parlamentswahl ein. Seine Partei Vereinte Nationale Bewegung gehe in die Opposition, sagte er. Das Parteienbündnis Georgischer Traum von Iwanischwili habe das Recht, eine Regierung zu bilden. Der 56-jähri-

ge Iwanischwili hat in Russland während der turbulenten Zeiten nach dem Zusammenbruch der Sowjetunion ein Vermögen gemacht. Im Jahr 2003, kurz vor der sogenannten Rosenrevolution, die Saakaschwili an die Macht brachte, kehrte er in sein Heimatland zurück. Jahrelang unterstützte er heimlich die Reformen Saakaschwilis mit seinem Geld: Er kaufte neue Stiefel für die georgischen Soldaten, stattete die Polizei mit Fahrzeugen aus und half die Bezahlung von Abgeordneten und Mitarbeitern der Ministerialbürokratie anzuheben, damit diese keine Bestechungsgelder annehmen. Doch das Verhältnis Iwanischwilis zum Präsidenten kühlte deutlich ab, nachdem dieser hart gegen Dissidenten durchgriff. DAPD

Reaktionen auf den Haushaltsentwurf

Die Meinungen sind klar: Die Regierung hat wieder versagt k Seite 23

LIFE & STYLE

Ab in die Tiefe

„Torchlight 2“ entführt Spieler in unbekannte Tiefen, wo Dämonen und Schätze warten. k Seite 26

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De la

Presse Quotidienne — Novembre 2012


actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

Les unes du 3 octobre 2012. Sept manières de couvrir une info : le projet de budget 2013 de l’État.

05.10.12 15:29:57

[Teilseite '01_LeQuotidien_0310' - EditPress | Editpress | Le Quotidien | Le Quotidien | UNE] von Lallemang (Color Bogen) (90% Zoom)

08.10.12 14:22:01

MERCREDI 3 OCTOBRE 2012 I 12e ANNÉE - NUMÉRO 231 I www.lequotidien.lu I CONTACT: +352 44 77 77-1

aujourd'hui

[Page partielle '01_Lessentiel_1003' - EditPress | Editpress | LEssentiel | LEssentiel | La Une] de Ryckewaert (Color feuilles)

18°

Culture

demain

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SPORT

LORRAINE

LE F91 SERA-T-IL EN DANGER? Lire en page 20

Hamburger

ÉCONOMIE

CATTENOM : LE STRESS

ARCELORMITTAL : ÇA CHAUFFE À METZ

Lire en page 15

MERCREDI 3 OCTOBRE 2012

Lire en page 5

N°#

Luxembourg

3 Le Luxembourg creuse un peu plus son déficit

après-demain

17°

page 14

Luxembourg

L'assurance paie même sans les pneus neige Chausser des pneus neige sur son véhicule est obligatoire depuis le 1er octobre, en cas d'épisode neigeux ou verglaçant. Mais si un conducteur ne respecte pas la loi et cause un acci-

Joey Starr est-il un «seigneur»?

15°

ly taste on great

dent? «La victime est indemnisée et il n'y a pas de recours contre le chauffeur fautif», éclaire Paul Hammelmann, au nom de l'Association des compagnies d'assurances. PAGE 4

mercredi 3 octobre 2012 – 5e année - N° 162 – éditeur: Saint-Paul Luxembourg

Le budget 2013 creuse encore la dette

Offres d'emploi 19-20

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Photo : pierre matgé

People

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Un polar à la sauce luxembourgeoise Economie

Rashida, fille de Quincy Jones, croit à l'amitié après l'amour

8

Un cinquième Data Center pour les P&T

Le gouvernement ne parviendra pas à équilibrer le budget de l'État à l'horizon de 2014. Le projet de budget 2013, qui a été dévoilé hier présente un déficit de 1,3 milliard d'euros. Malgré des coupes importantes. Lire pages 2 et 3

Nobles Crus, le prétexte pour la bataille

Photo : archives lq

Lire en page 4

Lire en page 31

Lire en page 4

SUPPLÉMENT

(PHOTO: SHUTTERSTOCK / GRAPHIQUE: SABINA PALANCA)

Sports

37 Le BATE Borisov s'est offert le Bayern Munich

En 2013, l'Etat va freiner ses qui devrait être de 11,8 mil- senté le budget 2013. Il prévoit dépenses, maintenir un haut liards, fin 2013. Une situation un déficit de 1,3 milliard d'euniveau d'investissements mais inédite au Luxembourg. Hier le ros et compte sur les efforts de pages 2 et 3 aussi creuser la dette publique ministre des Finances a pré- chacun. //

6.10. − 12.10.2012

??????? ?????????? Téléfilm ???????????? Faux coupables ???????????????

Carton jaune pour Cattenom

??????? ?????????? Histoire ???????????? Malgré-elles ???????????????

??????? ?????????? Ingrid

Chauvin ???????????? On se quitte plus ???????????????

De retour sur M6

LE GUIDE

Scènes de

CINÉ ménages

Sport

21

Andy Schleck: un retour et un abandon

Toutes les salles, séances, nouveautés

SECONDES

La duchesse n'est plus VARSOVIE. La duchesse Marie-Christine de Habsbourg est décédée hier à l'âge de 88 ans dans sa ville natale de Zywiec, en Pologne. En 2001, après 60 ans d'exil en Suède et en Suisse, elle est retournée vivre dans un deux-pièces dans le vaste palais des Habsbourg de Zywiec.

V

Le Greco s'attaque cette fois-ci à la corruption judiciaire et parlementaire.

e Luxembourg, bon élève de la lutte anticorruption? Selon le «gendarme» du Conseil de l'Europe, le Greco (le groupe d'États contre la corruption), notre pays a plutôt bien mis en œuvre ses dernières recommandations, notamment sur la question du financement des partis politiques. Cette semaine, le Greco est de retour au Grand-Duché afin de mener un nouveau cycle d'investigations, qui auront notamment pour thème la prévention et la lutte contre la corruption aux niveaux judiciaire et parlementaire. Lire en page 8

Contrôles-radars

Œsophage, première

LUXEMBOURG. La police effectuera des contrôles de vitesse ce matin à Bertrange, Luxembourg (route d'Arlon), Rumelange et Wiltz. L'après-midi, les agents seront à Reuland, le soir à Ahn.

MARSEILLE. Une opération, présen-

endredi, 7h30. Seuls quelques bureaux sont illuminés au numéro 2 de la rue Christophe Plantin. Celui de Paul Lenert fait partie de ceux-là. Le directeur général du groupe Saint-Paul, leader de la presse quotidienne au Luxembourg, nous reçoit à l’aube d’une journée qui s’annonce comme les autres : chargée. C’est que l’ancien journaliste – ses premiers papiers de correspondant en Moselle datent de 1984 – devenu patron d’entreprise, doit composer avec un agenda pour le moins délicat : celui d’une restructuration des équipes. « Pour survivre, les entreprises doivent s’adapter aux besoins du marché, c’est ce que nous nous efforçons de faire », précise-t-il d’emblée. Après un conseil d’administration qui s’est tenu en juillet dernier et la période estivale plus creuse, M. Lenert a repris son bâton de pèlerin pour mettre en œuvre le plan social du groupe dont les prochaines étapes sont attendues à l’horizon de la fin de l’année. De 900 personnes il y a 10 ans, le groupe n’emploie plus aujourd’hui que 500 personnes.

tée comme une première mondiale et qui permet la reconstruction d'un œsophage par chirurgie endoscopique, évitant ainsi «l'ouverture extensive du thorax et de l'abdomen», a eu lieu à Marseille. La technique a été mise au point par le professeur Marc Barthet.

LA MÉTÉO

Prix des produits pétroliers Gazole routier : 1,300 euro/l

0,023

Gazole chauffage 10 ppm S : 0,872 euro/l

0,023

Gazole chauffage 10 ppm S : 0,835 euro/l 0,013

Source :Ministère de l'Économie Graphique :

50

Olivier Landini

L

Salariés : des droits à renforcer De beaux mots pendant l'apéro

ÉDITORIAL Le gouvernement ne tranche pas

Chasse à la corruption

Lire en page 6

Nuages et soleil se partageront le ciel avec de la pluie par endroits. Les températures iront de 13 à 18 °C. Lire en page 35

1,90 euro

5 453000 762310

À l'étranger 2 euros

Météo

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MATIN

APRÈS-MIDI

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«Doudege Wénkel» («Angle mort») est le premier long-métrage de Christophe Wagner. C'est aussi le premier polar du pays!

Après le meurtre étrange d'un Mû par une soif de vengeance, ce quête. «Doudege Wénkel», de policier, l'énigmatique inspecteur policier désabusé, au comporte- Christophe Wagner, est le preHastert, chargé de l'enquête, fait ment violent et indiscipliné, se mier polar luxembourgeois. Un appel au frère du défunt, Olivier. lance corps et âme dans l'en- polar excellent! PAGES 28-29

« Nous prévoyons de diminuer ce nombre de 15 %, précise Paul Lenert, tout en essayant de trouver les meilleures solutions à la fois sur le plan social et dans l’intérêt du journal. » Une équation à trois inconnues

Le constat qui a amené Saint-Paul à entamer cette profonde réflexion s’applique à l’ensemble de la presse quotidienne luxembourgeoise, à tout le moins aux titres payants : une baisse structurelle des lecteurs (le groupe Saint-Paul touche encore 63,8 % de la population résidente si l’on cumule les scores de ses quotidiens, contre 47,3 % pour ceux d’Editpress, le principal concurrent), des difficultés conjoncturelles (d’où une baisse des recettes publicitaires) et un changement des habitudes de lecture en raison, entre autres, de l’explosion des médias électroniques et surtout de la consommation du média télévisuel depuis le milieu des années 90 et l’arrivée du journal quotidien de RTL. Une équation à trois inconnues qui rend

Le rapport de la Commission européenne relatif au stress tests menés sur les installations nucléaires européennes est désormais public. Il pointe des défaillances auprès de tous les réacteurs ré-

partis dans l'Union européenne, dont ceux de Cattenom qui présentent «des insuffisances de protection des équipements de secours à utiliser en cas de séisme ou d'inondation». // page 6

difficile la visibilité à moyen et long termes. « Pour notre produit le plus important, le Wort, la situation est positive. Nous continuons de fidéliser des lecteurs et nous estimons que notre performance est bonne », ajoute Paul Lenert. Le titre reste bel et bien le leader de la presse quotidienne, en dépit d’une audience qui connaît une érosion constante. Celle-ci est passée de 47,1 % de la population en 2005 à 40,8 % en 2012 (lectorat dernière période chez les résidents, exprimé en nombre de lecteurs par jour moyen). Mais force est de constater que « les recettes publicitaires ne suivent pas ». Ce fléchissement des annonceurs se confirme à la lecture de l’enquête de la société Mediaxim Luxembourg qui établit la « pige publicitaire », soit l’image des investissements dans les médias luxembourgeois. Son dernier rapport annonçait un montant de 168,4 millions d’euros bruts investis en 2011. Une stagnation par rapport à 2010. Les quotidiens s’approprient toujours la plus large part du gâteau (48,2 % des investissements), mais la tendance est à la baisse (-1 % par rapport Novembre 2012 —

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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

Audience

Évolution par titre (2005 - 2012) 50% Luxemburger Wort

40%

30% L’Essentiel

20%

Point 24* (audience cumulée des versions francophone et germanophone)

Tageblatt

10% Le Quotidien Le Jeudi* La Voix du Luxembourg d’Land* Lëtzebuerger Journal 0%

Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 2005-2006

2006-2007

2007-2008

2008-2009

2009-2010

2010-2011

2011-2012

* Hebdomadaires

à 2010). Ce constat dépasse largement le seul Luxembourg. Selon la World Association of Newspapers and News Publishers, les revenus publicitaires mondiaux des journaux ont baissé de 23,3 % entre 2005 et 2010. Pour un titre comme le Wort, cette morosité du marché est à surveiller de près, car la pub représente un peu moins d’un tiers de ses recettes, aux côtés de la vente et des annonces. L’aide à la presse serait marginale dans le budget du journal, selon son directeur général, même si le subside versé par l’État s’élève à 1,5 million d’euros (voir infographie page 78). « Nous devons également faire face à une multiplication des supports publicitaires concurrents comme les autobus », ajoute M. Lenert.  Se recentrer sur son « core business » et développer l’online

Des paramètres qui lui font dire qu’il faudra probablement devoir composer à l’avenir avec les mêmes moyens, voire moins, tout en assurant des prestations de qualité. Pour parvenir à pérenniser son activité, Saint-Paul entend se recentrer sur son core business : l’information, autrement dit le développement — Novembre 2012

de la « marque Wort » qui se décline aussi, outre via des applications iPhone et iPad, sur wort.lu. Une plate-forme d’information continue multilingue – allemand, français, anglais – qui comptabilise 49.000 internautes par jour moyen selon les derniers résultats de l’étude TNS Ilres 2011-2012. Seul rtl.lu, le site Internet d’info leader au Luxembourg, fait mieux (75.200 internautes). L’empreinte RTL reste ici aussi un concurrent important. Le groupe Saint-Paul planche, parallèlement, et depuis un bon moment, sur la remise à plat des activités de son imprimerie. « Depuis le début des années 70, nous avons fait passer l’imprimerie d’un moyen pour imprimer le journal à une entité proposant des services pour des clients tiers, ce qui n’a pas porté ses fruits en raison de concurrents pratiquant des prix moins élevés. Nous voulons donc réallouer ses activités à nos produits maison. » Cet échec financier est le même pour la radio DNR. Cette autre propriété du groupe détenu par l’Archevêché, créée il y a 20 ans (voir l’encadré page 74), fait partie des prochaines variables d’ajustement. Mais Paul Lenert se veut néanmoins clair : l’émetteur ne fermera pas. Il n’en restera pas moins à concilier un

Source : Étude Plurimédia, pop, 15+ - lectorat dernière période par jour moyen

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Les responsables de l’étude renseignent que « les données de 2010 ne sont pas comparables sur le plan méthodologique et n’ont donc pas été incorporées ».

« Les revenus publicitaires mondiaux des journaux ont baissé de 23,3 % entre 2005 et 2010. » World Association of Newspapers and News Publishers


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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

éventuel nouveau projet éditorial avec le cahier des charges initial de la station basé sur un format informatif. Autre pan des mesures qui seront prises par les dirigeants de Saint-Paul : mutualiser les services techniques et de support. « Ces étapes se feront avec le souci d’éviter de résilier certains contrats, tandis que d’autres postes seraient vacants  », ajoute M. L enert. Un agenda difficile qui n’enlève pas son goût pour la chose médiatique à l’ancien journaliste, passionné par l’évolution des médias et défenseur de la pluralité de la presse. « L a presse d’opinion devra trouver les moyens de se financer à l’avenir, mais il est important qu’elle puisse continuer à apporter sa contribution aux débats du pays.  » Se renouveler pour exister

Il faut en effet noter que le paysage de la presse quotidienne luxembourgeoise reste corrélé aux grands courants politiques du pays. Trois exemples suffisent pour illustrer les couleurs dont sont teintés la plupart des journaux  : Saint-Paul (Wort, Point24…), détenu par l’Archevêché de Luxembourg ; Editpress (Tageblatt, Le Quotidien à 50%, Le Jeudi et, à 50  % , L’essentiel), sous l’égide du syndicat de gauche OGBL et le Lëtzebuerger Journal, dans le giron du DP, même si, lors de la présentation de la nouvelle formule du Journal, le 25 septembre dernier, il a été dit que le titre «  c essait officiellement d’être le journal du parti DP  ». Une façon de prendre ses distances sans toutefois renier une certaine ligne éditoriale dite libérale. « Ceci implique d’être ouvert à tous les sujets », déclare Marc Hansen, administrateur délégué des Éditions Lëtzebuerger Journal, qui a repris les rênes du quotidien en octobre 2011, sur base d’une longue expérience de journaliste, notamment chez RTL. « Nous n’avons pas de tabous en matière de sujets à traiter et nous souhaitons les aborder de façon ‘correcte’, c’est-à-dire sans a priori. » Un traitement rédactionnel que le patron de 18 collaborateurs – dont 16 journalistes – souhaite imprimer dans un Journal « new look », présenté au cœur d’une période économiquement difficile pour le marché de la presse. Entre quotidien et magazine

Marc Hansen, encore sous le coup de l’effort consenti depuis plusieurs mois, ne cache pas sa satisfaction. « Ce résultat est le fruit d’une remise en question conduite sur deux ans pour cerner la place que doit occuper le titre sur le marché luxembourgeois. Une étude nous a confortés dans l’idée de demeurer un quotidien. Nous avons donc désormais pour objectif de fidéliser nos lecteurs en leur apportant une information qui va au-delà du simple fait, qui leur montre les coulisses ou aborde un angle différent. » Le Journal, qui — Novembre 2012

TV

Une offre généreuse, un terreau pour chaînes 90 chaînes. L’offre de base d’un cablô-distributeur luxembourgeois pris au hasard est pour le moins pléthorique. Ce qui n’empêche pas RTL Télé Lëtzebuerg de rester la chaîne numéro 1 du pays, sans concurrence sur le terrain de l’info grand-ducale, en dépit de la tentative avortée de Tango TV créée en février 2002, devenue T.TV, puis fermée en mars 2007. RTL comptait en effet 26,1 % de la population devant ses programmes lors du dernier sondage TNS Ilres (couvrant les résidents âgés de 12 ans et plus par jour moyen). Pour la nouvelle saison, la chaîne mise sur l’innovation – via des émissions comme Art Génération ou la sitcom Comeback – tout en maintenant la place centrale de l’info dans sa grille. RTL prépare aussi la couverture du mariage princier du 20 octobre et fournira le « signal » de l’événement aux chaînes étrangères intéressées (ZDF, NOS, RTL-TVI, RTBF et Luxe TV à l’heure du bouclage de nos pages). Deux de ces chaînes sont d’ailleurs

de droit luxembourgeois, comme le prévoit la directive européenne Télévision sans frontières. Elles bénéficient d’une fameuse « concession » télévisée décernée par le ministère des Communications et des Médias. Au nombre de 44, ces autorisations couvrent plusieurs catégories : les services radiodiffusés à rayonnement international (majoritairement le groupe RTL), les services radiodiffusés visant le public résident (RTL Télé Lëtzebuerg et den 2ten RTL), les services luxembourgeois par satellite (Nordliicht TV et Chamber TV, par exemple), les services luxembourgeois par câble (Air TV, Dok, Luxe TV…) ainsi que les services de médias audiovisuels à la demande. Autant de chaînes qui portent le fanion luxembourgeois, sans l’afficher à l’écran, et qui proposent des programmes dans des domaines tels que le sport, le luxe, le poker et les divertissements pour adultes…. T. R..

RADIO

20 ans de pluralisme L’année 2012 marque le 20e anniversaire de l’entrée en vigueur concrète de la loi du 27 juillet 1991 sur les médias électroniques. Jusqu’alors, seule RTL existait officiellement, mais le marché fut ouvert à quatre réseaux locaux (par ordre d’apparition sur les ondes, DNR, Eldoradio, Radio Latina, Ara) et un réseau national (la radio socio-culturelle 100,7, qui n’ouvrit ses ondes qu’en 1993). « Vingt ans après, même si les choses ont changé, ce pluralisme existe toujours », se réjouit Fernand Weides, directeur de 100,7, qui était déjà impliqué dans les discussions des années 90. Cette libéralisation n’a pas déboulonné RTL de son piédestal. « Cela nous a même poussés à faire d’énormes efforts qualitatifs afin d’assurer un vrai service au public », constate Alain Berwick, le CEO de RTL Luxembourg. RTL Radio reste évidemment le média fort, qui touche chaque jour

39,6 % de la population de 12 ans et plus (sondage TNS Ilres 20112012), et plus de 56 % de Luxembourgeois. Mais sa « dauphine », Eldoradio (20,1 %), fait également partie du groupe RTL qui ne laisse finalement que des miettes aux autres (9,4 % pour DNR ; 5,3 % pour Latina ; 4,8 % pour 100,7 et 1,3 % pour Ara). Le paysage est néanmoins en train d’évoluer, puisque dans le cadre de sa réorganisation générale, le groupe Saint-Paul, propriétaire de DNR, a annoncé une profonde restructuration de sa radio (qui employait 12 personnes), avec des licenciements à la clé. L’un des pionniers du marché libéralisé risque donc de disparaître, à l’heure où le média radio, média d’accompagnement par excellence, n’a jamais autant pu être « consommé » n’importe où et n’importe quand, grâce aux supports mobiles de tous types. J.-M. G.


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admet que le théâtre de l’info « à chaud » n’est plus celui des quotidiens papier, prend en effet le chemin de sujets traités davantage en profondeur, entre quotidien et magazine. Différents cahiers distribuent les contributions des journalistes, majoritairement en allemand mais aussi en français. « Nous allons augmenter la cadence d’articles en français, notamment au sein de nos rubriques économiques et politiques. Je tiens aussi à souligner que nous éditons une page en luxembourgeois, une réponse à la demande des habitants mais aussi une volonté de permettre aux étrangers d’apprendre notre langue », ajoute Marc Hansen. Le pari du Lëtzebuerger Journal, celui de se renouveler, a certainement été rendu possible par la taille plus « légère » de sa structure, comparée à celle de Saint-Paul ou d’Editpress (528 personnes, dont 110 journalistes pour ce dernier). Cette cure de jouvence est en outre le point d’orgue d’une séquence composée de réflexions et de synergies opérées avec Editpress, en dépit des opinions politiques a priori différentes des deux maisons. Le Journal a en effet délégué l’an dernier ses fonctions commerciales, de marketing et de support au deuxième groupe de presse écrite du pays, qui assure aussi son impression sur les rotatives de la zone du Sommet à Esch. En « échange », le Journal est entré à hauteur de 8 % dans le capital d’Editpress (pour un montant non divulgué par les parties concernées). Derrière des considérations stratégiques, le quotidien de la rue de Strasbourg veut fidéliser et augmenter ses lecteurs. Première décision validant cette optique, la revue à la hausse du tirage, passant de 5.000 à 10.000 exemplaires, pour toucher ceux qui constituent désormais son cœur de cible : les 25-50 ans, plutôt actifs. Autre objectif : réussir à « vendre » davantage le titre aux annonceurs (sans objectifs chiffrés, faute de réels chiffres de référence), selon les souhaits de ses dirigeants qui comptaient auparavant essentiellement sur l’aide de l’État et les abonnements pour exister. Promotion de la presse : unanimité des bénéficiaires

Au moment d’aborder la prospection du secteur, M. Hansen oriente sa réflexion sous l’angle des coopérations. « On n’est pas encore arrivés à la fin des synergies au regard du contexte économique que nous connaissons. » Le tout en faisant l’éloge de l’aide à la presse émanant du gouvernement (voir infographie page 78) et qui, chaque année, s’élève à plus de 7 millions d’euros répartis, pour 2011, entre 11 titres quotidiens et hebdomadaires. « Il n’y aura peutêtre pas de place pour tous les titres à l’avenir, mais je suis heureux de vivre dans un pays qui aide la presse d’une telle manière. Il s’agit du prix à payer — Novembre 2012

Défis de la presse

Ce que les magnats en pensent

pour garantir une pluralité. » Une vision que partage Danièle Fonck, patronne d’Editpress depuis septembre 2011, tout en précisant sa pensée : « Cette aide est bien une promotion de la presse, qui est ainsi disponible à des prix très bas pour le lecteur, malgré des coûts de production importants. Ce mécanisme permet en outre à un certain nombre de titres d’exister, la disparition d’un journal étant toujours un événement regrettable. » De la rupture Gutenberg à l’ère du tout numérique

« Pour survivre, les entreprises doivent s’adapter. » Paul Lenert – Saint-Paul

« Nous ne sommes pas des marchands de papier. » Danièle Fonck – Editpress

« Nous n’avons pas de tabous en matière de sujets. » Marc Hansen – Lëtzbuerger Journal

« Il y a de la place pour un seul gratuit viable. »

Du côté d’Editpress, basé à Esch – et qui possède une partie de ses équipes à Differdange et dans la capitale –, on ne communique pas de façon détaillée la manière d’affronter les défis tant structurels que conjoncturels de la presse. « L es changements que nous observons sont comparables avec la rupture Gutenberg, il s’agit d’un véritable tournant qui conditionnera notre avenir pour les 50 prochaines années », prévient Danièle Fonck qui, face à cette nouvelle donne, se veut volontariste et optimiste. À condition de faire preuve de perspicacité et de lucidité. Les changements induits par une époque où l’information circule de plus en plus rapidement conduisent la directrice générale d’Editpress à mener une réflexion sur le métier de base d’un journal – qu’elle connaît bien –, celui de journaliste. « Il n’est pas donné à tout le monde d’être un journaliste papier et un journaliste Internet, et vice versa. Il faut donc aborder le métier sous un nouveau jour, compte tenu des différents talents. Tout en sachant que le talent se travaille ! » Et de partir du postulat qu’Editpress n’est pas un simple «  m archand de papier », mais est devenu une «  m aison multi- et cross-média » . À l’horizon  : des changements pour les 6 à 12 prochains mois. « Nous faisons évoluer les choses de façon pragmatique, à notre rythme, sans lancer un produit contre un autre, mais en prenant en compte les évolutions du pays lui-même. » Le quotidien, miroir de l’évolution sociétale

Emmanuel Fleig – Edita

Les archives du Tageblatt, qui soufflera ses 100 bougies le 30 juin 2013, pourraient constituer une source pour observer lesdites évolutions. « À l’époque des fondateurs du Tageblatt, le pays était plutôt harmonieux dans sa composition, aujourd’hui il est plus complexe et composite », ajoute Mme Fonck, elle aussi journaliste de formation (elle est toujours rédactrice en chef du Jeudi). Le pédigrée professionnel ne constitue pas, pour autant, un tremplin automatique pour diriger un journal. Et si cela devait être une règle, l’exception serait Emmanuel Fleig, qui affiche sur son CV un parcours aux orientations « business », avant d’être devenu


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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

Audience

il y a parfo signe % et Normalem avant %

Les habitudes de lecture des frontaliers belges et français 94,9% (+1,2%) 93,7%

Audience totale 2010

84,6% (+3,7%)

Audience totale 2012

100 %

80,9%

80 %

57,9% (-0,6%) 57,3% 49,9% (+1,6%)

48,3%

60 %

28,8% (-5,3%)

35,7%

34,1%

22,1% (-13,6%)

24,3% (-13,2%)

22,6%

40 % 19,6%

8,2% (-11,4%)

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L’essentiel gagne du terrain et reste leader chez les frontaliers, confortant la stratégie du média à l’égard de ce public.

directeur chez Editpress en 2000 puis de porter L’essentiel sur les fonts baptismaux en 2007. Le gratuit plébiscité par les jeunes lecteurs

L’essentiel, premier quotidien gratuit édité au Luxembourg, fête ses cinq ans et est doté de finances au beau fixe, s’il l’on en croit son directeur qui est aussi devenu féru de médias. « Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 7,5 millions d’euros pour 2011 et un bénéfice net de 1,2 million », déclare-t-il, en se réjouissant d’avoir ainsi dépassé les espérances de départ. Des chiffres qui peuvent faire des envieux et surtout ravir la direction d’Editpress, coactionnaire à 50 % avec le groupe suisse Tamédia, lui-même éditeur d’un autre gratuit qui a servi de référence pour fonder L’essentiel : 20 minutes. Ces performances se mesurent aussi sur le terrain de l’audience. « Nous sommes devenus le premier média chez les 15-49 ans parmi les résidents et nous disposons de plus de 40.000 visiteurs par jour sur notre site Internet. » Avec un tirage de 110.000 exemplaires (contre 114.938 pour son

concurrent Point 24 dans les deux langues – français et allemand–, mais qui n’a pourtant que 15,2 % de lectorat en dernière période pour la version francophone), le journal est même devenu le deuxième titre le plus lu au Luxembourg, toutes catégories confondues. Cela lui permet d’employer 41 personnes, dont 26 journalistes, comprenant une rédaction online de neuf personnes. « Nous accordons le même traitement à l’information sur notre site qu’à celle que nous imprimons sur le papier, précise M. Fleig. Nous utilisons régulièrement Twitter pour des alertes info tandis que nous considérons que le ‘push’ sur les applications mobiles doit être réservé à de l’info à haute valeur ajoutée ou à des exclusivités. » Une stratégie online – tout comme celle de l’édition papier – qui vise à coller au public cible des gratuits : les jeunes. « L’information que nous proposons doit être neutre et apolitique, c’est le propre de la presse gratuite », ajoute-t-il.  Pas de révolution en vue pour L’essentiel, plutôt satisfait de la recette éditoriale qui a fait le succès de sa version print. « Sur le web, nous pourrons en revanche nous permettre d’autres développements en termes de contenus photo, vidéo ou sonores complémentaires à un sujet, sans pour

PQG au Luxembourg L’essentiel : 29,6 % Point24 (FR) : 15,2 % (lecteurs dernière période)

Novembre 2012 —

Source : TNS Ilres pour le compte de L’essentiel

37,5%


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AIDE DE L’ÉTAT

Évolution du budget alloué par titre (2005-2011) 1.800.000

1.600.000

1.400.000

Tageblatt

Luxemburger Wort 1.200.000

1.000.000

Le Quotidien

800.000

La Voix du Luxembourg (dernier numéro publié le 30/09/2011)

600.000

400.000 .

Lëtzebuerger Journal

Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek Le Jeudi*

200.000

d’Land*

0 2005 * Hebdomadaires

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Par éditeur (2011)

autant vouloir s’orienter vers une logique cross-média. » Quelle sera la place des gratuits dans le paysage médiatique de demain au Luxembourg ? Emmanuel Fleig a bien sa petite idée. « Je pense qu’il y a de la place pour un seul gratuit viable. Il y aura aussi de la place pour un quotidien payant francophone, si celui-ci a un positionnement clair et offre plus d’analyses à ses lecteurs. » Une position que les dirigeants de Saint-Paul noteront, alors que Point24 en version portugaise a cessé de voir le jour. « Cette expérience d’un gratuit en portugais était un test que nous avons mené sur un an, précise Paul Lenert. Nous continuons à nous adresser à la population lusophone via le Contacto, gratuit historique en portugais que nous éditons également. »

Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 368.206 € Lëtzebuerger Journal 549.047 €

Saint-Paul 2.406.884 €

d’Land 274.641 €

Editpress 3.545.458 €

Deux groupes se partagent la majeure partie de la manne financière : Saint-Paul et Editpress qui éditent deux hebdomadaires « aidés » par l’État, respectivement Télécran et Revue.

PQP et PQG, quo vadis ?

Dans ce contexte, à quel futur la presse luxembourgeoise doit-elle s’attendre ? Une des réponses possibles vient peut-être de l’étude du Ceps/Instead menée sur la presse gratuite au Luxembourg qui constate un désintérêt pour les quotidiens payants parmi les populations nomades. « Le signe d’une société du mouvement qui se reconnaît de moins en moins dans ces journaux s’adressant, par essence, à des publics spatialement stabilisés », indiquait l’institut, tout — Novembre 2012

Aide à la presse : 7,2 millions d’euros inscrits au projet de budget de l’État 2013.

en précisant que la population n’était pas à diviser en deux catégories : d’une part, les adeptes des gratuits et de l’autre, les fidèles abonnés. Un peu moins de 30 % de la population du pays feuilletterait de manière régulière les deux types de publication. L’État apporte aussi son élément de réponse en maintenant sa promotion – l’aide à la presse – via 7,2 millions d’euros inscrits au projet de budget 2013. Une manière de continuer à donner de l’oxygène à un secteur fortement lié à l’économie mondiale, comme le relève la World Association of Newspapers and News Publishers. L’association indique que si la diffusion de journaux diminue de 20 % en Europe, les ventes ont augmenté de 15 % entre 2006 et 2010 en Asie. Parmi les inconnues majeures, les patrons de presse espèrent que les difficultés conjoncturelles seront de courte durée afin de disposer d’une fenêtre de prévision publicitaire et de prendre les options nécessaires – synergies ou mutualisations – pour survivre. Le Luxembourg, un laboratoire des médias de demain ? Un titre potentiel pour un nouvel article dédié au secteur. Un libellé ambitieux mais intéressant pour un projet sectoriel qui pourrait faire, à nouveau, rayonner la réputation du pays à l’étranger, à l’instar des réalisations de RTL dans cette même sphère. Si les acteurs parviennent à conjuguer concurrence avec émulation.

Source : Service des médias et des communications du gouvernement

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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

RSE

Au-delà des apparences Être une entreprise socialement responsable, c’est d’abord une question de volonté. Mais pour faire valoir ses démarches, la certification ou la labellisation sont des choix à étudier de près. Texte Frédérique Moser Photos Jessica Theis et David Laurent / Wide

es 10 dernières années ont vu une prolifération d’initiatives locales ou internationales, destinées à encourager les pratiques de RSE (responsabilité sociale des entreprises), c’està-dire le volet du développement durable relevant directement des organisations économiques. « Nous évoluions auparavant dans des systèmes économiques avec des limites géographiques, des réglementations douanières, des contrats bilatéraux, etc., explique Pascale Marchal Griveaud, managing director d’Agir Anticiper Durablement, spécialiste en RSE et en coaching des PME. Aujourd’hui, l’interdépendance est de plus en plus grande, tandis que le pouvoir de réglementation politique s’affaiblit. L’économie devient l’élément le plus puissant, donc sa responsabilité s’agrandit. La RSE, qui en est la conséquence nécessaire, n’est cependant structurée que depuis quelques années. » De nombreux instruments sont apparus, qui vont des outils d’auto-évaluation gratuits, aux solutions « clé en main » proposées par les sociétés de consultance, lesquelles peuvent accompagner les entreprises jusqu’au point d’orgue de la démarche RSE, la certification. Mais pour une entreprise novice, il n’est pas toujours facile de trouver son chemin dans ce qui peut apparaître comme une véritable jungle, truffée de gouffres financiers menaçants ! De l’avis des experts en la matière, la RSE ne peut se résumer à une approche coûts / résultats. L’amélioration de la pratique des affaires a un impact difficilement chiffrable à court terme. Donc, pas de réponse toute prête. La meilleure approche serait celle correspondant à la taille de l’entreprise, à ses valeurs, à sa volonté d’agir et à son degré de maturité, quant aux principes fondamentaux de la responsabilité sociale.

C

Pas à pas

Concrètement, différentes entrées en matière sont possibles. « L’approche peut être globale ou ‘step by step’, en s’engageant dans des démarches environnementales, de qualité, de santé et sécurité au travail, de gender mainstreaming… indique Mme Marchal Griveaud. En fait, aucune entreprise ne démarre de zéro, en matière de RSE. Mais chacune est différente. Il faut donc d’abord faire le diagnostic de ce qui existe, puis conseiller, au cas par cas, entreprise par entreprise. » La politique du pasà-pas n’est pas condamnable en soi, aux yeux — Novembre 2012

des spécialistes. Toute démarche liée au développement durable est une occasion de créer une dynamique interne, et d’améliorer les performances de son entreprise. « Quand on a travaillé sur une norme ISO 14001, on peut aisément élargir sur une démarche RSE », explique Mme Marchal Griveaud. Sur le terrain, force est de constater que l’amorce est souvent liée aux questions environnementales. « Les labels les plus couramment délivrés sont les labels verts, remarque Nancy Bastien, coordinatrice à l’IMS (Institut pour le Mouvement Sociétal), comme celui du SuperDrecksKëscht®. » Les bonnes pratiques sont relativement aisées à mettre en place (trier ses déchets, utiliser des produits écologiques, etc.) et le contrôle plus facilement mesurable qu’en matière de gouvernance, par exemple ! Créé dans le but de promouvoir la RSE, l’IMS lui-même propose des démarches de type « pas-à-pas ». Ainsi en est-il de la Charte de

la diversité, lancée à la fin de l’été, et à laquelle peuvent souscrire toutes les entreprises sensibles à la question (www.chartediversité.lu). « Il n’existe pas de label relatif à la ‘diversité’ au Luxembourg, sauf au sein du label de I’INDR (initiative du patronat luxembourgeois, ndlr.), dans la partie ‘social’ », explique Nancy Bastien. Mais l’IMS n’est pas un consultant et n’offre pas de services d’accompagnement rémunérés. « Nous n’avons pas vocation à certifier, ni à labelliser. Nous produisons des outils qui aident les entreprises à s’engager dans une démarche durable, nous donnons une impulsion, mais notre mission s’arrête là… Si une entreprise souhaite un accompagnement plus long et plus structuré, dans l’objectif de se faire certifier ou d’obtenir un label, par exemple, nous l’orientons vers des sociétés de consulting. » Même si la RSE est, par essence, une démarche volontaire, Nancy Bastien considère « qu’une entreprise qui souhaite s’engager doit en

ISO 26000

Questions centrales de la responsabilité sociétale

Communautés et développement

Questions relatives aux consommateurs

Droits de l’homme

Gouvernance de l’organisation

Loyauté des pratiques

Non contraignante, ISO 26000 est une norme internationale d’application volontaire.

Relations et conditions de travail

L’environnement Source : www.iso.org

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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

ISO 26000

État des lieux

Intégration de la responsabilité sociétale dans l’ensemble de l’organisation

Les références

Relation entre les caractéristiques de l’organisation et la responsabilité sociétale

Source : www.iso.org

Communiquer sur la responsabilité sociétale

Appréhender la responsabilité sociétale de l’organisation

Pratiques d’intégration de la responsabilité sociétale dans l’ensemble de l’organisation

Revoir et améliorer les actions et pratiques de l’organisation liées à la responsabilité sociétale

venir, à un moment ou à un autre, à la certification, pour montrer à ses parties prenantes quels sont ses engagements ». Si l’IMS ne préconise aucune forme de certification en particulier, il vient d’engager une collaboration avec une autre initiative luxembourgeoise de promotion de la RSE, l’INDR (Institut National du Développement durable et de la Responsabilité sociale des entreprises), mis sur pied par l’organisation faîtière du patronat en 2007. À sa tête, Norman Fisch, qui a pris cet été la relève de Éric Hieronimus. Ce dernier avait lancé, en 2010, le premier label RSE 100 % made in Luxembourg, l’ESR. Le premier… et le seul. Standard national

« La collaboration avec l’IMS démontre que l’INDR est un acteur de la responsabilité sociale, et que le label ESR va devenir le standard national. Tous les acteurs existants sont d’accord pour soutenir ce standard », affirme-t-il. Une soixantaine d’entreprises, dont l’effectif varie de trois à plusieurs milliers de personnes, le détiennent à ce jour. Pour l’obtenir, plusieurs étapes : un questionnaire est envoyé, sur demande, à l’entreprise, qui réalise son autoévaluation. L’INDR peut ensuite analyser les résultats (coût : 100 euros), et accompagner l’entreprise dans la seconde phase : soit faire vérifier ses résultats par un expert agréé, en vue d’obtenir le label, soit recevoir un plan d’action, destiné à parfaire ses performances avant de passer à la certification proprement dite. « Ce plan d’action peut, le cas échéant, être mis en œuvre avec l’aide de l’un des 10 experts consultants

Initiatives volontaires en matière de responsabilité sociétale

Améliorer la crédibilité en matière de responsabilité sociétale

agréés à ce titre par l’INDR », explique M. Fisch. Cette phase de consultance est évidemment la plus longue et la plus coûteuse, puisque les experts facturent leurs prestations journalières entre 800 et 2.000 euros (selon la taille de l’entreprise). Pour encourager les PME à se lancer dans la démarche, M. Fisch essaie d’obtenir des fonds additionnels, pour offrir de la consultance aux plus petites entreprises. S’il n’y a pas de ligne budgétaire cette année, il ne désespère pas que les discussions reprennent à ce sujet l’année prochaine. « De nombreuses entreprises, 600 environ, sont d’ores et déjà engagées dans la démarche, assure Serge Thill, administrateur délégué d’Accompagny et expert agréé auprès de l’INDR. Mais beaucoup hésitent encore à le lancer, parfois parce qu’elles sont trop exigeantes avec ellesmêmes, et pensent qu’elles ne satisferont pas aux critères ! Mais on sent tout de même que la réflexion RSE se structure en interne. En 2010, moins de 10 % des entreprises, qui avaient demandé le questionnaire d’auto-évaluation, ont été labellisées. Elles étaient 30 % en 2012 ! » Un résultat positif, mais Norman Fisch vise plus loin, pour faire de l’INDR le centre référent de connaissances et de conseils en RSE du pays. « Nous allons développer une nouvelle stratégie pour l’INDR, plus active vers l’extérieur et davantage orientée sur l’ensemble des parties prenantes. » Des parties prenantes, conviées autour de la table, dans un comité qui planche actuellement sur une mise à jour du label. « Il compte une dizaine de membres et comprend des représentants de l’UEL, du Conseil

Les valeurs sûres, au niveau mondial, bénéficiant de soutiens intergouvernementaux (G8…) et servant de références fondamentales. OCDE – les principes directeurs à l’intention des multinationales. Adoptés en 1976 et révisés en 2000, ils figurent parmi les tous premiers instruments globaux visant à accorder davantage les entreprises avec les politiques publiques et avec les sociétés dans lesquelles elles développent leurs activités. OIT – la Déclaration de principes tripartites de l’Organisation Internationale du Travail date de 1977 et sa dernière actualisation remonte à 2006. Il s’agit de recommandations aux entreprises multinationales dans cinq domaines : politique générale, emploi, formation, conditions de travail et de vie, relations professionnelles. UN Global Compact – le Pacte mondial des Nations Unies a été adopté en 2000. Il regroupe neuf principes, notamment issus de la Déclaration universelle des droits de l’homme : droit des salariés, respect et protection de l’environnement, transparence et lutte contre la corruption… ISO 26000 – contrairement aux autres normes ISO les plus connues (9001 pour la qualité, 14001 pour le management environnemental…), ISO 26000 n’est pas une certification. C’est un système de management de la RSE, basé sur sept principes (social, environnement, gouvernance, bonnes pratiques des affaires, engagement sociétal, consommateurs et droits de l’homme). La norme a été adoptée en 2010 par le biais d’un vote des 99 pays participant au groupe de travail. Le Luxembourg fait partie de la poignée de pays ayant voté contre, mais cela n’a pas d’incidence sur sa validité dans le pays. Les autres initiatives internationales se réfèrent généralement aux principes édictés dans les références précédentes. Commission européenne – le Livre vert sur le RSE a été présenté en octobre 2011. La nouvelle stratégie définit un programme d’action pour la période 2011-2014, contenant huit objectifs. Pour s’acquitter pleinement de leur responsabilité sociale, les entreprises doivent avoir « engagé, en collaboration étroite avec leurs parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de l’homme et de consommateurs dans leurs activités commerciales et leur stratégie de base ». Caux Round Table – principes pour un business responsable. Sept principe généraux, définis en 1994 par des chefs d’entreprise eux-mêmes et actualisés en 2010. Club de Rome – les premières recommandations du groupe de réflexion en matière de développement durable remontent à 1972 et sont essentiellement orientées sur l’utilisation rationnelle des ressources naturelles. Banque Mondiale – le Corporate Responsibility Program (CRP) a été établi en 2002. Il s’articule autour de trois grands axes : gouvernance et responsabilité, prise en compte des parties prenantes et environnement durable. Les initiatives nationales Label ESR – conçu selon les recommandations d’ISO 26000, mais avec une approche simplifiée, adaptée aux différents secteurs d’activité de l’économie et à la taille des entreprises luxembourgeoises, le label de l’UEL, dont la seconde version est en cours d’élaboration, repose actuellement sur les trois piliers traditionnels de la RSE : social et égalité des chances professionnelles, gouvernance et environnement. Le référentiel sert à l’auto-évaluation des entreprises et à leur audit externe. Outil d’auto-évaluation de l’IMS – il permet de faire une première évaluation du positionnement de l’entreprise au regard des enjeux du développement durable et d’explorer des pistes de développement. La démarche vise à fixer des objectifs et à en mesurer les avancées. Elle n’a pas vocation à certification mais peut permettre de s’y préparer. F. M.

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Photos : David Laurent / Wide

actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

Norman Fisch (INDR) « Dans le label ESR nous avons décodifié la norme ISO 26000 et sélectionné ce qui est important pour les acteurs luxembourgeois. »

Pol Goetzinger (Sustain) « Il vaut mieux s’aligner sur un standard internationalement reconnu que de recréer le monde à la sauce luxembourgeoise. »

supérieur du développement durable, de l’IMS ainsi que des experts accrédités par l’INDR », précise Norman Fisch. À noter toutefois qu’aucun représentant des salariés n’a été sollicité dans le comité, jusqu’à présent. Un oubli d’une « partie prenante » incontournable, sur lequel Norman Fisch s’engage à sensibiliser la direction de l’UEL… La deuxième version de l’ESR devrait être complétée, mais pas totalement réformée. « La mise à jour intègrera les évolutions en la matière et de bonnes pratiques inédites. Il s’agit de refléter également les nouvelles demandes de la part de la politique et de la société. Sur le marché de l’emploi, par exemple, l’accès des jeunes et des seniors, le bienêtre au travail… précise M. Fisch. Je pense que nous travaillerons dans la continuité, autour des trois piliers centraux : la gouvernance, l’environnemental et le social & l’égalité des chances. Les gens ne comprennent pas toujours pourquoi il existe tant de systèmes, avec un nombre de piliers variables. Mais ce qui compte, ce n’est pas le nombre de principes ! Pour l’ESR, nous avons décodifié la norme ISO 26000, difficile d’accès pour des entreprises inexpérimentées, et avons sélectionné ce qui est important pour les acteurs luxembourgeois. L’outil que nous proposons est ainsi plus facile et d’une approche plus rapide. » Enjeu de crédibilité

Exemple de cette aisance : les labels déjà détenus par une entreprise, dans certains domaines, peuvent être renseignés dans le référentiel ESR. Le candidat peut ainsi franchir plus facilement certaines étapes, et gagner du temps dans le processus. Cette simplification de la démarche RSE fait à la fois la force et la faiblesse du label ESR, aux yeux de certains experts. Pol Goetzinger, CEO de Sustain (qui — Novembre 2012

Serge Thill (Accompagny) « S’engager dans une démarche de RSE et formaliser des objectifs permet aux collaborateurs sensibilisés à la question d’instiller une dynamique très positive, sur le long terme. Mais avoir un label n’est certainement pas une fin en soi. »

« Une entreprise doit en venir, à un moment ou à un autre, à la certification, pour montrer ses engagement à ses parties prenantes. » Nancy Bastien IMS Luxembourg

En pratique

Des outils Global Reporting Initiative (GRI) L’initiative mondiale sur les rapports de performance offre un cadre de référence reconnu pour les rapports de développement durable. Il ne s’agit donc pas d’un référentiel, mais d’une initiative de standardisation des informations et des indicateurs de RSE. (www.reportingrse.org) AA 1000 Assurance Standard Lancée en 1999 par la société AccountAbility, les séries AA 1000 comprennent des normes, des lignes directrices et un volet développement professionnel. Elles fournissent une approche systématique de la responsabilité organisationnelle, axée sur les parties prenantes. (www.accountability.org) F. M.

Pascale Marchal Griveaud (Agir Anticiper Durablement) « L’approche peut être globale ou ‘step by step’. En fait, aucune entreprise ne démarre de zéro, en matière de RSE. »

se définit comme « un agrégateur de compétences en RSE ») est dubitatif : « Le label ESR est une initiative très louable, c’est un premier pas, mais il n’est pas très développé. Notre credo, c’est de dire qu’une entreprise qui s’engage en RSE a un avantage concurrentiel. Il vaut donc mieux s’aligner sur un standard internationalement reconnu, l’ISO 26000, que de recréer le monde à la sauce luxembourgeoise ! Avec les standards nationaux, c’est la question de la crédibilité qui est en jeu. » Après avoir postulé pour être consultant agréé à l’INDR, Sustain n’a pas été retenu. Ce discours ne serait-il pas celui d’une entreprise aigrie par cette mise à l’écart ? « Non, nous avons une démarche différente et une autre vocation que l’INDR, assure Pol Goetzinger. Pour moi, l’ESR est un outil de sensibilisation et de communication, tandis qu’une démarche ISO 26000 est un outil de performance économique et une garantie d’innovation. La question que doit se poser une entreprise est donc : ‘ Est-ce que je veux un label internationalement reconnu ? ’ » Les enjeux de compétitivité pour les entreprises luxembourgeoises seraient de taille, assure M. Goetzinger qui rappelle que « la volonté de la Commission européenne est que, d’ici 2015, 50 % des marchés publics soient attribués à des entreprises engagées dans la RSE. » À l’en croire, ISO 26000 ne serait d’ailleurs pas si complexe qu’il est coutume de le dire. « Cette norme internationale est dite de 4e type : elle contient des lignes directrices, mais elle est non contraignante et non labellisante. Elle compte sept lignes directrices, qui sont la base de tout principe de développement durable. Je ne vois pas pourquoi il faudrait la clarifier, la simplifier. Des centaines d’acteurs, politiques, sociaux, économiques, des représentants de consommateurs (COPOLCO), etc., en sont les initiateurs et ont planché 10 ans durant pour la mettre au point. C’est d’ailleurs dommage que


L’INDR FÉLICITE 60 ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES POUR LEUR ENGAGEMENT DANS UNE VÉRITABLE DÉMARCHE DE RESPONSABILITÉ SOCIALE. EN SE LABELLISANT ESR, ELLES FORMALISENT LEURS EFFORTS ET CHOISISSENT D’INTÉGRER LES CONCEPTS DE RESPONSABILITÉ SOCIALE DANS LEUR STRATÉGIE ET DANS LEUR CULTURE D’ENTREPRISE AFIN DE CRÉER DE LA VALEUR PARTAGÉE AVEC LA SOCIÉTÉ. AGIR ANTICIPER DURABLEMENT ■ ALD AUTOMOTIVE ■ ARAL LUXEMBOURG ■ ARCELORMITTAL LUXEMBOURG ■ ALL-PACK SERVICES ■ ARGEST ■ ASSOCIATION DES BANQUES & BANQUIERS LUXEMBOURG ■ AVIVA INVESTORS LUXEMBOURG ■ BANQUE ET CAISSE D’EPARGNE DE L’ETAT ■ BEBOP ■ BGL BNP PARIBAS ■ BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES ■ CACEIS BANK LUXEMBOURG ■ CENTRE CULTUREL RENCONTRE ABBAYE DE NEUMUNSTER ■ CENTRE HOSPITALIER DE LUXEMBOURG ■ CETREL ■ CK ■ CODIPROLUX ■ CO-LABOR ■ COMES & CIE ■ CONFEDERATION LUXEMBOURGEOISE DU COMMERCE ■ COSTANTINI ■ CSD ■ DELOITTE ■ DUSSMANN GROUP LUXEMBOURG ■ E-BUSINESS & RESILIENCE CENTRE ■ FASTNET LUXEMBOURG ■ FIDUCIAIRE GENERALE DE LUXEMBOURG ■ FOYER ■ GOBLET LAVANDIER & ASSOCIES ■ GOERES HORLOGERIE ■ HITEC LUXEMBOURG ■ ING LUXEMBOURG ■ KIDSCARE ■ LEASEPLAN LUXEMBOURG ■ LEGERE PREMIUM HOTEL LUXEMBOURG ■ LIFTEUROPE ■ LINKLATERS ■ LOTERIE NATIONALE ■ LUXPLAN ■ MEDIATION ■ NO-NAIL BOXES ■ OCEAL RESSOURCES HUMAINES ■ OCEAL RESSOURCES MANAGEMENT ■ PLAN-K ■ P.M.C. AGENCE TEXTILE ■ PROGROUP GEIE ■ PROJECT ■ PRONEWTECK ■ PROPOZE ■ RBC INVESTOR SERVICES BANK ■ SALES-LENTZ PARTICIPATIONS ■ SIEMENS ■ SOCIETE ELECTRIQUE DE L’OUR ■ SODEXO LUXEMBOURG ■ SOURCES ROSPORT ■ STEFFEN HOLZBAU ■ SUPERDRECKSKESCHT ■ TRALUX ■ VECTIS PSF

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le Luxembourg ait voté contre, à l’époque, car elle a été adoptée par un nombre impressionnant de pays. Mais fort heureusement, cela n’a eu aucune incidence pour les entreprises luxembourgeoises, car ce référentiel est internationalement valable », précise M. Goetzinger. ESR vs ISO 26000 ?

Quant à la complexité de l’intégration de l’ISO 26000 dans une stratégie d’entreprise, Pol Goetzinger désamorce l’obstacle. « Bien sûr, il faut une démarche pédagogique intégrée. Mais, pour lancer le processus, il existe de nombreux outils d’auto-diagnostic gratuits et en ligne, comme celui mis en avant par Propoze, pour ne citer que cet exemple. Sustain a également développé un programme de suivi (le CSR 26000,) sous forme de coaching, qui dure d’une demi-journée à deux jours. » En matière de ressources humaines mises à disposition, l’envergure pour l’ISO 26000 serait donc « à peu près la même que pour l’ESR », assure M. Goetzinger. Quant aux coûts directs, pour le processus d’évaluation global, il faut compter environ 10.000 à 12.000 euros de consultance, auxquels s’ajoutent les frais de certification par l’ESCEM (entre 5.000 et 6.000 euros). « Nous travaillons en effet en collaboration avec cet organisme agréé, qui certifie que notre évaluation de la RSE est conforme aux lignes directrices de l’ISO 26000 et aux règles générales de l’ISO. » Une guerre entre label national et norme internationale est-elle en train de voir le jour ? Les protagonistes semblent disposés à calmer le jeu. Norman Fisch souligne que le référentiel ESR s’appuie sur ISO 26000 et assure que « quand une entreprise est labellisée ESR, on l’encourage à poursuivre sa démarche, pour obtenir d’autres labels. L’INDR est un déclencheur ; notre objectif est de donner une visibilité additionnelle aux entreprises parvenues à structurer leur RSE. Nous voulons aussi parler en termes d’avantages pour les entreprises, mettre en avant les bonnes pratiques, créer un effet de contagion par des campagnes médiatiques. » Pour Pol Goetzinger, toutes les initiatives allant dans le sens d’une sensibilisation accrue à la RSE restent positives, à condition que les entreprises luxembourgeoises, qui entament leur démarche par la labellisation ERS, soient enclines à poursuivre leur engagement, pour garantir leur compétitivité en dehors des frontières nationales. « D’un marché qui était très immature il y a 15 ans, on est passé à un marché qui construit ses standards et ses normes. C’est très positif. » Selon certains spécialistes, il reste toutefois à passer au stade suivant, la mesure concrète des « avantages compétitifs » générés. Pour Serge Thill, il est impossible de « proposer une démarche RSE et des outils de ROI simultanément. C’est un travail très complexe, car les indicateurs seront très différents d’une entreprise à une autre. De plus, comment mesurer l’amélioration des comportements responsables dans les affaires ? La croissance durable ? » — Novembre 2012

« Il faut aller vers de plus en plus de mesures, constate cependant Norman Fisch. On sait que l’impact de la RSE est réel, mais on ne mesure pas encore les avantages. C’est quand nous parviendrons à communiquer sur une certaine métrique que l’on pourra le mieux convaincre. » Pour aller en ce sens, l’INDR mise sur le reporting. « Nous essayons de convaincre nos entreprises labellisées de faire le rapport de leurs résultats. Pas forcément en réalisant un beau livre, avec de belles photos ! Le reporting, c’est d’abord une entreprise qui témoigne de ses améliorations (la baisse des frais d’énergie, du taux d’absentéisme des salariés, etc.). Ce sont des éléments concrets. » Dénigrés par les ONG

« Il existe d’ailleurs une passerelle entre la GRI (Global Reporting Initiative) et la norme CSR internationale, précise Pol Goetzinger. Si je suis engagé dans un processus ISO 26000, il est bien plus aisé de faire un rapport conforme aux directives du GRI. Il est clair que la majorité des entreprises voudraient transformer leur évaluation CSR, avec des indicateurs stratégiques bornés par des indicateurs de performance. Mais il reste à imaginer les outils de monitoring. Dès à présent, notre équipe travaille à créer des business cases pour convaincre les actionnaires et a lancé, avec l’IFSB, un projet dans le secteur de la construction. » Quel que soit leur choix de labels ou de certificats, si toutefois ils décident

d’en décrocher, les dirigeants d’entreprises doivent néanmoins garder deux choses en tête : les distinctions ne sont pas la panacée ni une fin en soi. « Pour ne citer qu’un exemple, le Global Compact est particulièrement dénigré par les ONG, avertit Mme Bastien. C’est toute la problématique de l’engagement ‘volontaire’, en matière de RSE. S’il n’y a pas de sanctions à l’égard des entreprises qui ne respectent pas leurs engagements, alors, quelle est la crédibilité du système ? » Il n’y a qu’à songer, dans ce contexte, au fait qu’ArcelorMittal et Total font partie de ces groupes internationaux, qui revendiquent très activement leurs engagements dans la RSE ! « La RSE, serait-ce du bluff ou du marketing ? interroge Serge Thill. En fait, ce n’est pas la bonne question. Nous constatons que, pour une entreprise, s’engager dans une démarche de RSE et formaliser des objectifs permet aux collaborateurs, déjà sensibilisés à la question, d’installer une dynamique très positive, sur le long terme. Mais avoir son label n’est certainement pas une fin en soi. Détenir le permis de conduire n’a jamais fait de personne un conducteur parfait ! » En clair, toujours garder à l’esprit que la démarche RSE est une dynamique, une nouvelle façon de considérer les relations entre l’entreprise et le monde dans lequel elle évolue, au sens large. Bref, elle n’a pas pour finalité… d’avoir une fin.

Luxembourg

Pas à pas Pour les adeptes de la politique des petits pas, certaines initiatives intéressantes constituent de bonnes ‘portes d’entrée’ dans la RSE. Florilège au niveau national. SuperDrecksKëscht® fir Betriber : Initiative du ministère de l’Environnement et la Chambre des Métiers. Un outil permet de labelliser les entreprises gérant leurs déchets dans le respect de la réglementation et de l’environnement. (www.sdk.lu) REDDEC : Outil d’évaluation développé par l’IFSB (Institut de formation sectoriel du bâtiment) et fondé sur les principes de l’ISO 26000. Il est basé sur un questionnaire d’auto-évaluation, adapté aux entreprises du secteur de la construction, qui peuvent ensuite bénéficier du soutien d’experts. (www.reddec.lu) Dix principes de gouvernance d’entreprise, établis par la Bourse de Luxembourg : Règles et recommandations destinées à faciliter l’exercice équilibré des pouvoirs et du contrôle des entreprises, visant à « redonner confiance à toutes les parties prenantes », notamment aux actionnaires et aux investisseurs. (www.bourse.lu – onglet publications)

Bilan Carbone® : Méthode d’évaluation des émissions de gaz à effet de serre engendrées par l’activité directe mais aussi indirecte d’une entreprise. L’évaluation débouche sur un plan d’action. (www.energieagence.lu) The carbon management system : Proposé par l’asbl myclimate, ce système de compensation des émissions de CO2 permet d’organiser ses activités et ses événements de façon climatiquement neutre. (www.myclimate.lu) LOGIB-Lux : Logiciel proposé par le ministère de l’Égalité des chances, destiné à mesurer l’égalité de salaire entre les femmes et les hommes, dans les entreprises de plus de 50 salariés. (www.mega.public.lu) F. M.


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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/systemat0912 ICT

Event Systemat Cloud 2.0 Présentation, le 18 septembre de la nouvelle offre cloud de Systemat, dans un cadre festif, au cœur des Domaines Vinsmoselle. Photos Charles Caratini 01. Pierre Focant (Systemat) 02

02. Philippe Hennes (BCEE) et Michel Bacquaert (Belfius Bank)

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03. Mike Wagner (BGL BNP Paribas) et Roland Metzler (FCPE)

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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/pog0912

Anniversaire

Les 20 ans du POG Le 20 septembre, l’association luxembourgeoise des DRH a fêté son 20e anniversaire au Domaine Henri Ruppert à Schengen, avec Mark Raison en orateur invité.

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Photos Blitz 01. Aniéla Bettel (fondatrice du POG) et Olivier Noblot (Masselotte / président du POG)

04. Gabriel La Terza (Elco)

02. Mark Raison (Yellow Ideas)

05. Jeff Juch (ArcelorMittal)

03. Michelle Bajard (Natixis Banque)

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eà fac ce fa

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«  C omme dans le sport, les entreprises sont en compétition, et chacune veut marquer le plus de points. Il faut un capitaine, mais ce n’est pas au capitaine de faire gagner le match tout seul.  »

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Les dix vérités de

«  L a théorie du ‘laisser-faire’ et des marchés qui se régulent tout seuls, ça ne fonctionne pas.  »

Alain Kinsch Interviewé sur paperJam.TV, le managing partner d’Ernst&Young estime que le gouvernement détient, en partie, les clés du redressement économique et social, dont le Luxembourg a besoin. Interview Thierry Raizer

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« Nous avons interviewé 100 des plus grands CEO ces derniers mois. Plus de 75 % estiment que la sortie de la Grèce aurait une influence très négative sur les activités économiques. »

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«  Peut-être qu’aujourd’hui certains attendent que les choses empirent encore davantage, avant de comprendre qu’il faut agir.  »


PAPERJAM TV

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« Je ne crois pas à une union bancaire où un régulateur a la charge de réguler 6.000 banques. Cela fait beaucoup plus sens de porter une attention particulière aux banques systémiques. »

«  J ’aime prendre des risques mesurés, et j’aime avoir des gens autour de moi qui me challengent.  »

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«  L e consensus à la luxembourgeoise fait partie de l’ADN du pays. Il ne faut pas le perdre, ni se perdre dans trop de formalismes ou de comités. Mais il y a certaines manières de fonctionner, qui étaient valables il y a 20 ans, et qui ne vont plus aujourd’hui.  »

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« L es fonds alternatifs ne vont pas venir au Luxembourg uniquement grâce à la directive AIFMD. »

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«  I l ne faut pas trop rester bloqué sur le ‘mir welle bleiwe wat mir sin’. Il faut évoluer. »

« L e gouvernement doit prendre certaines responsabilités. Ce n’est pas au patronat ou aux syndicats de le faire.  »

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E-menuiserie

rta t s up

Fait flèche de tout bois Allo Tools commercialise des applications web de gestion commerciale pour les fabricants, les distributeurs et les artisans du secteur de la menuiserie. Implantée au Luxembourg depuis 2009, elle bénéficie depuis 2011 du soutien de business angels pour franchir un nouveau palier. Son équipe fait dorénavant le maximum pour ne pas se prendre le pied dans la marche. Texte Pierre Sorlut Photos Olivier Minaire

Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Allo Tools

Photo : Charles Caratini

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Fiche Technique

CV

Vitrine

Allo Tools

Entrepreneur frontalier

Seed4Start

Objet : Application web de gestion commerciale pour l’industrie de la menuiserie Création : 2004 en France 2009 au Luxembourg (Mondorf-les-Bains) Chiffre d’affaires 2011 : 300.000 euros 8 salariés

Comme 22 % des entrepreneurs résidents, Sébastien Sobczyk (34 ans) est français. C’est un voisin lorrain dont le père, d’origine polonaise, était commercial dans la menuiserie. C’est en voulant l’aider à distribuer ses produits qu’il a développé la version beta de BatiTrade et ce, après ses études en informatique.

Le 9 octobre était inauguré au Cercle Cité de Luxembourg le forum transfrontalier de capital risque, Seed4Start. Sur scène, Jean-Yves Hergott, membre du Conseil d’administration de Chameleon Invest qui détient 18 % d’Allo Tools, a vanté les intérêts, pour les entrepreneurs comme pour les investisseurs, de ce genre de plate-forme où l’on peut tisser des réseaux.

Portefeuille de sociétés de Chameleon Invest (entre parenthèses le pourcentage de la participation) Maps System (20 %) Créée en 2005 par Thierry Muller

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Youpec (10 %) Créée en 2009 par Stefan Rupp et Oliver Kremers

Homesystem (20 %) Créée en 2009 par Patrick Barbedor

Allo Tools (18 %) Cf. supra

Lol School (35 %) Créée en 2012 par Myriam Klein


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e marché luxembourgeois l’accueillera à bras ouverts. Dans le cadre du développement et de la rénovation du parc immobilier privatif du Grand-Duché, les clients des distributeurs de volets, d’escaliers ou de portes de garage se multiplient. Mais le particulier peut, au final, se trouver surpris face au tarif facturé ou au résultat global. Sébastien Sobczyk, fondateur d’Allo Tools, prévoit de le secourir, grâce à son configurateur en ligne de projet de menuiserie. Très concrètement, tout un chacun peut, selon le fournisseur et le type de bien considéré, choisir son portail, l’ajuster aux mesures nécessaires, le visualiser, en 3D ainsi que sur la photo de son futur emplacement (une fois téléchargée), et connaître instantanément le prix. Mais il faudra au préalable à la start-up densifier son réseau au Benelux pour que les distributeurs proposent ce service ! Voilà le stade auquel se trouve la société développant une application web d’assistance commerciale destinée aux acteurs de la menuiserie, qu’ils soient fabricants, distributeurs ou artisans. « C’est un moment charnière », indique, bien à propos, Jean-Yves Hergott, membre du conseil d’administration de Chameleon Invest, jeune société de venture capital qui vient d’investir dans la jeune pousse.

L

Plus d’une corde à son arc

Pour l’intéressé, la direction d’Allo Tools a toutes les cartes en main pour réussir : des produits répondant à un besoin, un business plan crédible, une rigueur dans l’organisation et, bien sûr, les compétences techniques. Il lui faut maintenant étaler son jeu et générer des bénéfices. Premièrement implantée en France, l’entreprise y bénéficie déjà d’un portefeuille clients étoffé. Quinze fabricants ont déjà acquis des licences, vendues par lots de plusieurs centaines. Chacun bénéficie alors d’un configurateur web adapté à son catalogue et diffuse l’application pour établir les devis à ses revendeurs. Ainsi, lorsqu’un commercial vient vendre son produit à un artisan, il lui installe une version light de BatiTrade, vaisseau amiral d’Allo Tools, afin qu’il puisse lui-même constituer les devis après avoir conçu le projet. « Un peu comme chez Ikea quand vous réalisez votre cuisine », résume Sébastien Sobczyk. Aujourd’hui, ils sont 4.000 utilisateurs dans l’Hexagone. Pour permettre à leurs clients d’utiliser eux-mêmes le configurateur via leur site Internet, ou pour bénéficier de services connexes comme un customer relationship management intégré, un générateur d’e-mails ou une application iPad, il leur faudra passer sur la version pro du logiciel. Cette commercialisation, en octobre, conditionne l’envol de la start-up. Elle lui permettra, en théorie, d’encaisser des revenus réguliers.

Analyse SWOT Forces – Outils d’aide à la vente innovants sur iPad – Technologie 3D inédite sur le web

Faiblesses

– Recrutement de développeurs – Gestion du succès

– Demandes importantes d’outils d’aide à la vente sur le web – Course à l’innovation et sur iPad – Répercussion – Installation de de la crise sur les clients configurateurs 3D sur les sites Internet des artisans Opportunités

Menaces

Les abonnements, à BatiTrade pro basique (pour 35 euros par mois) ou au même logiciel muni du configurateur, BatiTools (pour 60 euros), d’une bonne partie des utilisateurs actuels devraient assurer les arrières de la société et éventuellement attirer d’autres investisseurs. Pour le moment, seul Chameleon Invest a pris le train en marche. Les business angels avaient aidé Allo Tools à développer BatiTrade pro et l’application iPad. L’attelage d’investisseurs-entrepreneurs a guidé la jeune pousse sur des axes bien spécifiques. Jean-Yves Hergott, investisseur la nuit, entrepreneur et directeur technique de Luxscan Technologies le jour, explique les prochaines étapes. « La stratégie est en place pour avoir des entrées récurrentes de cash flows. Il faut trouver un réseau, car cela ne sert à rien de recruter 50 commerciaux. Il faut nouer des liens avec des gros acteurs au Benelux ou en Allemagne. » Cibler l’Allemagne

« Un service en ligne comme chez Ikea quand vous réalisez votre cuisine. » Sébastien Sobczyk Allo Tools

Selon le venture capitalist

« La finance et l’estomac » Pour Jean-Yves Hergott, investisseur, deux aspects comptent au moment de l’injection de capital dans une start-up : « La partie finance et la partie estomac. Cette dernière est plus liée aux acteurs et au produit lui-même. C’est une question de feeling. Là, il était très bon. Le staff est très carré dans ses démarches techniques et commerciales. À l’inverse de beaucoup de start-up, il ne s’éparpille pas. Allo Tools avance prudemment et progresse d’année en année avec un nombre croissant de clients qui leur restent fidèles. »

Le défi est de taille. Si des contacts sont déjà pris outre-Moselle pour attaquer le marché allemand des portes de garage, il faudra les matérialiser par des contrats. Or, dans un contexte de crise, les industriels peuvent reporter leur décision. Les sommes sont importantes. Il faut compter entre 50 et 100.000 euros pour développer la solution chez les plus gros d’entre eux. Si les contacts étaient finalisés, d’autres capitaux seraient certainement nécessaires pour permettre à la start-up d’investir dans les ressources humaines. Et il n’est pas sûr que Chameleon Invest ait les moyens de renchérir. D’habitude, le fonds ne prend pas de tickets supérieurs à 400.000 euros par entreprise. Il faudrait alors faire appel à des venture capitalists de taille supérieure. Depuis le Luxembourg en tout cas, Allo Tools semble relativement bien positionnée pour rayonner. Elle s’y est d’ailleurs implantée – il n’a pas non plus fallu à l’entrepreneur traverser le continent – pour bénéficier du régime de propriété intellectuelle et des exemptions fiscales applicables à la cession de licences. Elle y jouit également d’infrastructures réseau idoines pour offrir son service en cloud. Si ses serveurs informatiques sont en France, elle envisage d’en positionner de nouveaux au Grand-Duché. La start-up a également noué, toujours grâce à Chameleon Invest, un partenariat avec une autre jeune pousse de la société de venture capital : Maps System. Celle-ci opère dans la gestion de données évoluée chez des distributeurs et des négociants qu’Allo Tools a elle-même, parfois, comme clients. Ainsi, les deux entreprises mutualisent leurs compétences pour réduire les coûts. En cette fin d’année, Allo Tools finit d’asseoir sa légitimité sur le marché français. Elle s’attaquera ensuite résolument à d’autres, en prenant soin de mettre tous les moyens en œuvre pour y parvenir. Novembre 2012 —

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place financière

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Fin août, le patrimoine global net des organismes des OPC et fonds d’investissement

r

au record établi le mois précédent. | Le réseau social professionnel financier Dogfinance.com, créé en France en 2010, lance ses activités au Luxembourg en collaboration avec Moovijob. | Reportée en septembre dernier, l’audition d’Yves Mersch devant le Parlement européen, en vue de sa future nomination au conseil de la BCE de Francfort, a finalement été fixée au lundi 22 octobre.

Deutsche Bank Chair

Fonds d’investissement

Un chercheur de renom

Trop-plein réglementaire

Le professeur Rajnish Mehra, un chercheur universitaire américain de renom, a été nommé au poste de professeur en finances de la Deutsche Bank Luxembourg auprès de l’Université du Luxembourg. Il sera chargé des recherches relatives aux conséquences du vieillissement sur les systèmes de retraite, la sécurité sociale et le prix des actifs. La quête du professeur en finances et chercheur de renom a débuté en 2010, lorsque la Deutsche Bank Luxembourg a fait don d’une chaire d’une valeur de 1,75 million d’euros, pour une durée de cinq ans, à la Luxembourg School of Finance de la faculté de droit, d’économie et de finance.

Alors que la Commission européenne a multiplié les initiatives ces dernières années pour répondre à la crise, les acteurs de l’industrie des fonds rejettent toute nouvelle règlementation. C’est ce qui ressort d’une étude conduite durant l’été par KPMG. Le cabinet a reçu des réponses de 23 grands gérants, représentant 1.600 milliards d’euros, soit environ 25 % de l’ensemble de l’encours des fonds Ucits dans le monde (6.000 milliards). « Nous ne leur avons pas posé la question. Mais ce fut tout de même une réaction spontanée très forte. Tous les acteurs ont émis le souhait de pouvoir souffler un peu », explique Charles Muller, associé chez KPMG.

Photo : Charles Caratini

exp

spécialisés était de 2.295,399 milliards d’euros, en repli de 0,06 % par rapport ess

« Le gouvernement fera son possible pour obtenir une régulation pragmatique, qui soutiendra la croissance de l’industrie. » Le ministre des Finances Luc Frieden devant les professionnels des fonds à la conférence de l’A lfi.

Nobles Crus

Photo : Luc Deflorenne (archives)

Les raisins de la colère Le fonds luxembourgeois Nobles Crus, investissant dans des vins fins, se trouve sous le feu de la presse étrangère. À l’origine de la polémique, l’hebdomadaire belge Le Vif. En titrant « in Vino Satanas », il remettait en cause la performance du fonds qui, pour la période allant de décembre 2008 à août 2012, a affiché un rendement moyen tournant autour de 13 %. Jean Walravens, un consultant indépendant belge, l’explique par « des pratiques comptables créatives ». Miriam Mascherin (photo) et Michel Tamisier, fondateurs et managing partners de la société Elite Advisers promouvant le fonds, s’en défendent et entendent même poursuivre l’auteur de l’étude pour diffamation. La méthode de valorisation des bouteilles, basée sur des prix moyens de ventes aux enchères et de marchands, n’a jamais souffert de contestation de la part de l’auditeur, Deloitte. Les deux anciens de la société de gestion Carmignac voient même dans la reprise du sujet par le Financial Times, une cabale anglaise visant à déstabiliser l’industrie des fonds luxembourgeois. Cette dernière compte attirer les fonds alternatifs offshore qui souhaiteraient revenir dans le régulé via la directive AIFM.

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Fonds propres

La BCEE, c’est du solide ! Le rapport final de l’Autorité bancaire européenne (ABE) concernant l’exercice de recapitalisation mené en 2012, confirme la solidité financière de la BCEE, seul établissement de crédit luxembourgeois faisant directement partie de l’échantillon des 71 établissements choisis par l’ABE. Au 30 juin 2012, son ratio de fonds propres « Core Tier 1 » s’établissait à 16,2 %, largement au-dessus des 9 % imposés par l’autorité de surveillance. Immobilier

Photo : CBRE

Photo : Charles Caratini (archives)

Union Investment s’offre le K Point

Le fonds d’investissement immobilier allemand Union Investment Real Estate (conseillé par CBRE) s’est offert l’immeuble de bureaux K Point situé au Kirchberg. Il l’a acquis à AXA Real Estate (conseillé par JLL), pour le compte d’un de ses clients, à un prix non communiqué. Le bâtiment, construit en 2008 par le développeur belge Allfin, est entièrement occupé par Loyens & Loeff (plus de 8.000 m2) et par quatre cellules commerciales pour les 1.000 m2 de la partie retail.

CSSF

Les taxes explosent Pour la première fois depuis 10 ans, la Commission de surveillance du secteur financier a réajusté le montant des taxes qu’elle perçoit auprès des sociétés sous son autorité. Forcément, la différence est importante, la plupart de ces taxes voyant leurs montant doublé. À partir du 1er janvier 2013, Il en coûtera, par exemple, 10.000 euros (au lieu de 5.000) pour l’instruction de chaque demande d’agrément d’un nouvel établissement de crédit. « En 2012, notre budget prévoit l’encaissement de quelque 41 millions d’euros de taxes. Pour 2013, nous tablons sur environ 75 millions », indique Jean Guill, le directeur général de la CSSF.

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Le 2 octobre, Dexia a recapitalisé la BIL pour 204 millions d’euros.

BIL

Officiellement qatarie Le feuilleton à rebondissements est terminé. Quelques semaines après KBL, la vente de la BIL (Banque Internationale à Luxembourg) est désormais finalisée. Le capital de l’établissement luxembourgeois est définitivement passé entre les mains de Precision Capital, holding détenue par le Qatar, pour 90 % des parts. L’État luxembourgeois détient les 10 % restant. Montant de l’opération validé par Bruxelles : 730 millions d’euros. « La BIL, qui est une banque d’une importance systémique pour l’économie luxembourgeoise, est désormais plus solidement positionnée pour l’avenir », a déclaré Luc Frieden, le ministre des Finances, qui a par ailleurs affirmé qu’ « il n’y a pas eu d’autres candidats concrets dans les délais », alors que la presse avait fait état de plusieurs autres offres. « Nous sommes persuadés que la BIL contribuera activement au développement du secteur financier et réussira à générer de nouveaux revenus à travers une croissance organique et une expansion stratégique dans des marchés cibles », estime pour sa part George Nasra, CEO de Precision Capital. Le Libanais, qui a quitté ses fonctions de managing director d’International Bank of Qatar (IBQ) le 1er août, récuse par ailleurs toute idée de fusion avec KBL, dont Precision Capital a acquis 100 % du capital. François Pauly a également mis en avant les opportunités commerciales qui s’offrent à l’établissement. L’administrateur délégué a précisé que la banque était désormais dotée de 1 milliard d’euros de fonds propres pour un total bilantiel de 20 milliards d’euros. « Nous avons des fonds propres de 9 % sous Bâle III et de 15 % sous Bâle II (la précédente version des normes de solvabilité, ndlr.) » Les accords de cession du 5 avril 2012 prévoyaient que la banque soit recapitalisée, avant sa cession. C’est désormais chose faite. Le 2 octobre, la banque Dexia a procédé à une augmentation de capital de BIL pour 204 millions d’euros. « Un ajustement éventuel sera réalisé par la suite, sur la base des comptes de clôture audités au 30 septembre », précise toutefois l’ancienne maison mère franco-belge.


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Pictet bien présent au Luxembourg

Foyer

Stabilité et ambitions internationales Photo : David Laurent / Wide (archives)

Gestion

Photo : Pictet

Quatre-vingt-dix ans, ça se fête ! Le groupe d’assurances Foyer n’a pas manqué de marquer le coup, à l’occasion d’une grande soirée festive à la Rockhal (voir les photos en page 108). L’occasion pour le CEO François Tesch de rappeler combien l’entreprise s’est montrée visionnaire en matière de libre prestation de services, en vendant depuis de nombreuses années ses produits aux clients de la Grande Région au départ de Luxembourg. Ce marché international constitue du reste la principale source de croissance du groupe, notamment au travers de solutions de gestion patrimoniale. D’autres témoignages, comme celui de Gaston Schwertzer, président du conseil d’administration de la société d’investissement Luxempart (dont Foyer est l’actionnaire de référence), ont souligné, parallèlement, l’importance pour le groupe d’investir en faveur des entreprises locales.

Pierre Etienne (Pictet) :  Notre nouveau siège dispose d’une capacité d’accueil d’environ 500 personnes. »

À l’occasion de son déménagement au Kirchberg (au 15, avenue J.-F. Kennedy), la banque suisse Pictet vient de dresser un état des lieux de sa présence au Grand-Duché. « Nous employons actuellement environ 340 personnes au Luxembourg et sommes toujours dans une phase de croissance de business importante. Nous recrutons encore, certes sur un mode mineur par rapport au passé. Notre nouveau siège dispose d’une capacité d’accueil d’environ 500 personnes sur à peu près 10.000 mètres carrés », explique Pierre Étienne, administrateur délégué de Pictet & Cie (Europe). « Ce nouveau bâtiment démontre que nous sommes fidèles au Luxembourg et que nous avons l’intention d’y croître », ajoute Bertrand Demole, l’un des huit associés du groupe. Depuis 1989, Pictet a fait du Luxembourg sa tête de

pont pour la conception, l’administration et la distribution de fonds de placement. L’établissement offre également des services de banque dépositaire et de conservation, pour des gérants indépendants. À cette occasion, Pictet a réaffirmé le rôle de l’entité luxembourgeoise comme plate-forme européenne du groupe. À partir du Grand-Duché, elle a en effet développé un réseau de distribution sur plusieurs places (Barcelone, Francfort, Madrid, Milan, Paris, Rome), ainsi qu’à Bruxelles et Amsterdam, où de petits bureaux ont ouvert récemment. Une licence bancaire vient tout juste d’être délivrée par le régulateur à Hong Kong. Pictet emploie déjà 60 personnes sur la place financière asiatique. Cette entité dépend également du Luxembourg.

« Je travaille d’arrachepied avec la présidence chypriote pour convaincre le Luxembourg et l’Autriche d’améliorer la situation en matière de collecte de l’impôt sur l’épargne. » Algirdas Šemeta, commissaire européen à la Fiscalité

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Chine – Luxembourg

La longue marche Fonds d’investissement, banques, internationalisation de la monnaie chinoise… les relations financières entre la République populaire et le Grand-Duché sont très prometteuses. Mais les efforts entrepris par le Luxembourg ne porteront leurs fruits qu’avec beaucoup de patience. Texte Nicolas Raulot

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ai 2012 : Wu Bangguo, président du Parlement chinois, rencontre Jean-Claude Juncker au Luxembourg. Les deux hommes promettent de faire avancer les liens entre les deux pays. 8 septembre 2012 : le Premier ministre luxembourgeois reçoit Hui Liangyu, vice-Premier ministre de la République populaire. Les discussions portent sur les relations bilatérales entre les deux pays. Quatre jours plus tard, Jean-Claude Juncker et Luc Frieden, ministre des Finances, accueillent Wang Hongzhang, le président de la China Construction Bank, pour un projet d’implantation au Luxembourg. Deux ans après la participation appuyée du pays à l’Exposition universelle de Shanghai, il n’aura échappé à personne que les visites de hauts dignitaires chinois se multiplient ces derniers temps au Grand-Duché. Ni que le Luxembourg soigne ses relations avec l’ex-empire du Milieu, où il vante les mérites de sa place financière comme plate-forme de Sarah Khabirpour développement en Europe. Ministère des Finances Outre les missions économiques, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement vient d’effectuer une tournée en Asie au cours de laquelle elle a fait une halte à Hong Kong. L’Alfi dispose d’ailleurs d’un bureau de représentation sur place depuis novembre 2010.

« Nous avons décidé de développer une stratégie de renminbi offshore. »

Le monde a changé

« La stratégie Chine s’inscrit dans la stratégie plus générale de développement de l’orientation internationale de la place financière au Luxembourg. Elle a été mise en place par le ministre [Luc Frieden], avec le Haut comité de la place financière, explique Sarah Khabirpour, chef de cabinet dudit ministre des Finances. Traditionnellement, nous avions plutôt tendance à nous orienter vers des partenaires européens. Mais le monde a changé. Nous sommes donc en train de tisser des liens au-delà de l’Europe, et notamment avec la Chine. D’un point de vue politique et financier, nous pouvons dire que le relationship management est continu et positif. » La place financière luxembourgeoise cherche à capitaliser sur la volonté de la Chine de s’ouvrir au monde et d’internationaliser sa monnaie (yuan ou renminbi, selon les appellations). Mi-2011, dans le cadre du 12e plan quinquennal (2011-2015), Li Keqiang, également vicePremier ministre, a annoncé que le gouvernement central soutiendrait activement le développement d’un marché international du renminbi (RMB) à Hong Kong. Il a aussi fait savoir à cette occasion que davantage

d’institutions financières et d’entreprises basées dans la partie continentale chinoise seraient autorisées à émettre des obligations en RMB. Des annonces qui ne sont pas passées inaperçues au Grand-Duché. « Nous avons décidé de développer une stratégie de renminbi offshore. L’idée est de se positionner comme un hub en essayant de voir quelle valeur ajoutée nous pouvons apporter par rapport à Londres », ajoute Sarah Khabirpour. Pour autant, les relations sino-luxembourgeoises n’ont pas encore débouché sur un Eldorado. Loin de là. Certes, International China Bank of Commerce (ICBC) a fait du Grand-Duché son quartier général européen. Mais, depuis cette annonce début 2011, il ne semble pas que le volume d’affaires de l’établissement se soit considérablement étoffé et diversifié. L’essentiel de l’activité d’ICBC et de Bank of China, les deux seules banques chinoises présentes sur la Place, se limite pour l’instant au trade finance, c’est-à-dire à l’accompagnement de sociétés dans leurs opérations d’import-export (crédits documentaires…), tant vers l’Europe que vers la Chine. Ce qui ne les empêche pas de réfléchir à certains autres métiers, comme la banque privée ou encore la conservation des fonds… Il est, par ailleurs, bien difficile de connaître pour l’instant les projets de China Construction Bank, qui en est encore aux démarches administratives et aux procédures. « D’après nos informations, l’accord a été délivré au sein de la banque pour mettre en œuvre ce projet au Luxembourg. Ils attendent maintenant l’accord des autorités locales. Et ils doivent aussi formellement saisir la CSSF (Commission de Surveillance du Secteur Financier, ndlr.). Nous n’avons pas encore de business plan de leur part », explique Mme Khabirpour. Tout juste sait-on que l’établissement envisage d’ouvrir à la fois une filiale et une succursale, comme l’ont déjà fait ICBC et Bank of China. « La raison de cette double structure est un peu technique, explique Fernand Grulms, CEO de Luxembourg for Finance, l’agence de promotion de la place financière. La filiale est une société de droit luxembourgeois qui peut obtenir le passeport européen. En revanche, la succursale permet de réaliser des transactions importantes, par exemple des crédits aux entreprises qui nécessitent d’exposer le bilan de leur maison mère en Chine. » Dans les moindres détails

Alors que 2012 marque le 40e anniversaire des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Grand-Duché de Luxembourg, Fernand Grulms confirme l’approche à pas comptés des Chinois : « Ils réfléchissent bien avant d’agir. Et au début, ce n’est pas très concret. Le gouvernement chinois a demandé à ses banques, très concentrées sur leur marché domestique dans le passé, de se développer à l’étranger. Le mot d’ordre a été donné, mais elles

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Photo : SIP / Charles Caratini

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agissent très prudemment et s’informent dans les moindres détails. Nous avons par exemple dû donner des explications sur la façon dont fonctionne le système juridique luxembourgeois et nos tribunaux. » Avec la Chine, le dialogue s’engage par la voie politique et diplomatique. C’est aussi la raison pour laquelle il est nécessaire d’ouvrir des bureaux sur place, pour ancrer les relations sur le long terme. C’est l’option choisie par les groupes de conseil et d’audit Deloitte Luxembourg et, tout récemment, Ernst & Young Luxembourg, mais aussi par les cabinets d’avocats Arendt & Medernach et Elvinger, Hoss & Prussen. Également très actifs au Grand-Duché, Allen & Overy et Loyens & Loeff disposent aussi d’une représentation. « Il y a des endroits dans le monde où c’est encore plus important d’avoir une présence physique. C’est le cas de la Chine. Avant de parler business, il faut boire un thé, parler de la famille », témoigne Manfred Dietrich (Loyens & Loeff ). Par ailleurs, la crise européenne semble freiner le développement des liens économiques, alors que la croissance chinoise ralentit aussi. « Nos interlocuteurs nous renvoient une inquiétude de plus en plus grande à propos de ce qui va se passer en Europe, de la situation de la zone euro, explique Ching Yng Choi, responsable du bureau de représentation de l’Alfi à Hong Kong. Ici, la multiplication des textes européens suscite également une certaine lassitude. » La directive AIFM (Alternative Investment Managers) est néanmoins perçue

comme une opportunité pour attirer les hedge funds, ainsi que les fonds immobiliers et de private equity. Le potentiel est là, grâce à la solidité et la stabilité des relations politiques entretenues et au vu de la taille respective des deux pays. On imagine déjà l’effet d’une accélération du flux d’affaires en provenance de la Chine sur la petite économie luxembourgeoise. « C’est un marché immense qui va s’ouvrir très lentement. Et il ne faut pas rater cette chance », avertit Fernand Grulms. Des promoteurs de fonds chinois commencent à s’intéresser à l’Europe, via la Grand-Duché. Sail, un gérant de hedge funds établi à Hong Kong, a par exemple déjà repris des fonds luxembourgeois gérés par ING. La société souhaite accéder au marché institutionnel européen. « Pour s’implanter en Europe, une société de gestion chinoise peut reprendre des fonds déjà enregistrés et une clientèle existante, et utiliser cette base comme référence, explique Valérie Hesse, responsable de l’agence de transfert chez HSBC Securities Services Luxembourg. Une deuxième approche consiste à cloner des fonds asiatiques au sein d’une sicav luxembourgeoise, en dupliquant le modèle de gestion. Mais cela met plus de temps, car il manque un réseau de distribution », poursuit-elle. Dans le même temps, il existe un vrai appétit des fonds luxembourgeois, arrivés à maturité en Europe, pour l’Asie. Mais il faut mettre en place des joint-ventures ou des partenariats de distribution. Établie au Grand-Duché depuis 10 ans, Sparinvest vient de nouer un partenariat de

Wang Hongzhang, président de la China Construction Bank, face au Premier ministre Jean-Claude Juncker et au ministre des Finances Luc Frieden. Après ICBC et Bank of China, China Construction Bank sera la troisième à s’implanter au Luxembourg.

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Photo : Alfi

Ching Yng Choi (Alfi) : « Nos interlocuteurs nous renvoient une inquiétude de plus en plus grande à propos de ce qui va se passer en Europe, de la situation de la zone euro. »

développement commercial avec la société de gestion chinoise Hai Tong Asset Management, « au terme duquel les deux entreprises œuvreront de concert à l’élaboration d’une offre conjointe de produits, en Europe, à Hong Kong, Macao et en Chine continentale. » Émissions « Dim Sum »

« Des accords tels que celui-ci permettent de pénétrer des marchés qu’il aurait été difficile d’explorer et de développer seul », a expliqué Per Noesgaard, CEO de Sparinvest. « Comme la reconnaissance des différentes juridictions est très mauvaise entre les différents pays asiatiques, le label luxembourgeois s’y exporte très bien », ajoute Ching Yng Choi (Alfi). La Bourse compte aussi sur un développement important avec l’essor des émissions obligataires en RMB, dites « Dim Sum » (spécialité cantonaise cuite à la vapeur), destinées aux investisseurs internationaux. Ce marché est encore tout jeune, puisque Clearstream n’a ouvert son système de règlement-livraison en RMB qu’en septembre 2010. « La première émission de ce type cotée à la Bourse de Luxembourg a été lancée par Volkswagen International Finance en mai 2011. Aujourd’hui nous comptons pas moins de 25 lignes obligataires d’émetteurs très variés, en plus d’un fonds de Blackrock », explique Carlo Oly, sous-directeur à la Bourse de Luxembourg et responsable du département Listing. Les investisseurs occidentaux souscrivent aux titres en RMB pour diversifier leurs portefeuilles et profiter de rendements plus attrayants qu’aux États-Unis et en Europe. Ils espèrent aussi une appréciation de la devise chinoise face au dollar et à l’euro.

Aujourd’hui, même des banques luxembourgeoises veulent profiter du potentiel chinois. C’est notamment le cas de la BIL. « Nous avons commencé à nous intéresser à cette question, dans le cadre de l’accompagnement des corporate luxembourgeois vers Hong Kong et la Chine continentale. Nous avons d’abord offert des services de change, que ce soit au comptant ou à terme », explique Patrick Casters, responsable du desk international au sein de la banque privée de la BIL. Mais l’établissement a également souhaité suivre de près le développement du marché du RMB à partir de 2010 et 2011. « Depuis mars 2012, nous offrons différents services en RMB à destination d’une clientèle privée et corporate, notamment des tenues de compte, dépôts à terme, transferts. Les entreprises chinoises d’import-export peuvent également effectuer leurs paiements en RMB, ce qui nous ouvre des portes pour traiter avec des entreprises chinoises qui font des affaires en Europe, via le Luxembourg. Rappelons que le Luxembourg est le quatrième partenaire de Chine en termes de flux financiers grâce à la présence de Bank of China et ICBC, ainsi qu’à celle d’importantes entreprises commerciales chinoises  », ajoute-t-il. Patrick Casters n’ignore pas les difficultés des affaires Chine-Luxembourg, mais il préfère mettre en avant le gigantesque potentiel qui subsiste. « Certes, la crise de la zone euro est vue d’un mauvais œil en Asie. Néanmoins, je ressens un intérêt croissant de la Chine, pour le Luxembourg, reconnu pour être un des pays les plus stables en Europe, doté qui plus est d’une grande expertise en matière de fonds d’investissement. Il est clair que le Luxembourg va devenir un partenaire privilégié pour les pays asiatiques. Nous devons continuer à nouer des relations. » À moyen terme, estime l’expert, ce sera très favorable pour le Luxembourg.

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Carlo Thill President of the Executive Committee, BGL BNP Paribas

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Régulation de la finance

Ruée de la loi Depuis la crise des subprimes et la nomination de Michel Barnier au poste de commissaire au Marché intérieur et aux Services, l’exécutif européen impose un tempo réglementaire soutenu. Les professionnels du secteur financier éprouvent des difficultés à suivre le rythme. Présentation des prochaines échéances. Textes Pierre Sorlut

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AIFM pour Alternative Investment Fund Managers En juillet, le gouvernement luxembourgeois déposait le projet de loi transposant la directive (finalisée en novembre 2010) en droit luxembourgeois. Il y adjoignait alors des dispositions complémentaires afin d’attirer sur la Place des gestionnaires de fonds alternatifs souhaitant revenir « on shore ». À retenir : l’ouverture de la fonction de dépositaire aux professionnels du secteur financier agréés (non plus seulement aux banques). AIFMD ne prévoit cependant pas de passeport pour ces établissements. Les actes délégués de la Commission précisant les mesures de mise en œuvre d’AIFMD étaient encore attendus courant octobre. Si le Parlement et le Conseil européens ne rejettent pas le texte avant la fin de l’année, les États devront l’appliquer dès 2013.

Ucits V pour Undertakings for Collective Investment in Transferable Securities La Commission européenne a publié le 3 juillet sa proposition. Le texte, OPCVM en français, prévoit notamment une norme de responsabilité stricte qui s’appliquerait au dépositaire en cas de perte subie par un organisme de placement collectif en valeurs mobilières suite à une négligence du dépositaire, à un manquement intentionnel à ses obligations ou en cas de perte d’instruments financiers détenus en compte. Dans ce cas, il serait tenu de les remplacer sous les plus brefs délais par des actifs de même type ou de même valeur. Le Parlement européen s’est saisi du dossier en septembre et votera la version finale du texte en janvier 2013. Le Conseil européen se prononcera ensuite.

3

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Prips pour Packaged Retail Investment Products La proposition de la Commission a été publiée le 3 juillet. Le Parlement européen et les groupes de travail du Conseil sont à pied d’œuvre. La directive Packaged Retail Investment Products (ou Prips) vise à encadrer la commercialisation des produits d’investissement de détail tels que les fonds d’investissement ou encore les assurances vie en unité de compte. Le texte prévoit la mise en place d’un document d’information court et standardisé, similaire au KIID et adapté aux spécificités de chacun des produits. Sa mise en application deviendrait effective en 2015.

Ucits VI L’exécutif européen venait à peine de proposer la cinquième version du texte régulant les organismes de placement collectif en valeurs mobilières qu’il entamait une consultation pour dessiner les contours de sa sixième mouture. Le document, intitulé Règles applicables aux produits, gestion des liquidités, dépositaires, organismes de placement collectif monétaires, investissements à long terme, vise à demander aux professionnels comment mieux encadrer certains produits financiers comme les pensions livrées (repurchase agreement) ou les fonds monétaires. Les réponses devaient être envoyées avant le 18 octobre. Au Luxembourg, on surveille de près l’éventualité d’un passeport offert aux banques dépositaires pour servir des fonds provenant de toute l’Union.

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de s r u o es ig f Le birectivonds d les f r p ou

Le drapeau européen flotte devant le Berlaymont, bâtiment principal de la Commission européenne. Le vent réglementaire en provenance de la rue de la Loi à Bruxelles souffle fort sur les professionnels du secteur financier.


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CRD IV pour Capital Requirements Directive Voilà le texte transposant dans le droit européen les principes érigés par le Comité de Bâle, troisième du nom. Pour pallier les errements qui ont mené à la crise des subprimes, CRD IV prévoit un capital réglementaire (fonds propres) plus important et de meilleure qualité, davantage de liquidité, ainsi que la limitation de l’effet de levier. Et le Luxembourg est évidemment concerné, même si les mesures concerneront les maisons mères au premier chef. La Commission européenne a publié une proposition de directive en juillet 2011. Le Parlement devait se prononcer en octobre, mais les délais pourraient ne pas être respectés. Il était prévu que le texte soit d’application au 1er janvier 2013. Pour ce faire, certains éléments polémiques pourraient en être retirés. Il est intéressant de noter que l’exécutif européen a lié une directive et un règlement pour que certains États fassent valoir des spécificités sur certains sujets (marge de capital, supervision prudentielle, gouvernance d’entreprise, sanctions), mais que la loi soit la même pour tous au sein de l’Union sur d’autres (capital, liquidité, effet de levier, risque crédit de contrepartie).

s qu e Ban rchés a s et mancier fin

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Mifid II et Mifir pour Directive on Markets in Financial Instruments et Regulation on Markets in Financial Instruments Selon le rapporteur du texte au Parlement européen, Markus Ferber, « son but principal est de réduire le risque systémique, de garantir la stabilité des marchés financiers et d’assurer un niveau de protection adéquate aux investisseurs ». La session plénière de la fin du mois d’octobre devait voter sa mouture définitive. Le Conseil européen examine parallèlement la proposition de la Commission publiée il y a un an. Les députés européens souhaiteraient encadrer le trading à haute fréquence, notamment Robert Goebbels pour qui « il fausse les marchés financiers et accroît la volatilité ». Mais c’est le volet protection de l’investisseur qui retient le plus l’attention au Luxembourg. Les commissions de suivi liées aux produits d’investissement offerts aux clients devraient être bannies. Le conseiller financier devra se renseigner dûment sur le niveau d’information de l’investisseur. La qualité et la fréquence du reporting figurent également parmi les impératifs. Bref, les banques privées, les sociétés d’investissement et tous les distributeurs ont du pain sur la planche pour adapter leurs procédures.

Emir pour European Market Infrastructure Le règlement sur les infrastructures de marché européennes est en cours de finalisation. Le texte prévoyant une plus grande transparence et une meilleure gestion des échanges de produits dérivés de gré à gré est passé par les trois institutions européennes. Il entrera en vigueur le 1er janvier 2013.

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« Il s’agit d’une directive mal comprise ou mal acceptée par bon nombre d’utilisateurs dans beaucoup de pays, mais sa bonne mise en œuvre est essentielle pour le Luxembourg… dans le contexte de concurrence avec d’autres places. Car nos standards sont souvent de loin les plus élevés », note un avocat luxembourgeois.

Photo : Commission européenne

Chaud politiquement

Transaction Tax : discussions en cours au Conseil. • LeFinancial mécanisme de coopération renforcée est mis en œuvre. Union : discussions en cours au Conseil européen. • Banking Consolidated Corporate Tax Base : résolution (non contraignante) • Common adoptée au Parlement européen. Discussions au Conseil au niveau des

• •

groupes de travail. Crisis Management : le Parlement européen se prononcera sur la proposition de la Commission (faite en juin) en février 2013. Savings Tax Directive : discussions au niveau du Conseil européen.

Anti Money Laundering : proposition attendue pour novembre 2012

Mais aussi

Impact sur la banque de détail

Bank Account Switching Deposit •Guarantee Schemes Directive  European Account Preservation •Order Paper on Payments • GreenLoans •of Mortgage • Transparency Banking Fees •  Financial Inclusion • Sepa End Date

Et encore

Impact sur les banques à clientèle institution­nelle  Central Securities •Depositaries Regulation • Securities Law Directive

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Point de vue de l’industrie des fonds

Marc Saluzzi, président de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi)

ns e n o t rè s m ous ing «   N o b by e .   » s l un inten

« Parmi les sujets les plus importants, AIFMD se dégage. Elle constitue la base sur laquelle notre industrie non-Ucits sera réglementée à l’avenir. La Commission doit incessamment sous peu publier les mesures de niveau deux, les règles qui vont permettre d’appliquer dans de bonnes conditions les principes énoncés par la directive. Aujourd’hui, nous avons un souci avec une mesure : le régime de délégation et le concept de letter box entity. Sur cette disposition précise, nous avons milité depuis le début pour bénéficier d’un régime de délégation qui soit le même que dans la directive Ucits. Mais la Commission essaie de durcir ce régime de délégation pour faire en sorte qu’un maximum de procédures soient accomplies au sein de l’AIFM même. Par ailleurs, on maintient à Bruxelles que la fixation d’un tel régime de délégation dans AIFMD ne sera pas répliquée dans les mises à jour de la directive Ucits, mais les paris restent ouverts… Ainsi nous menons sur ce

sujet-là un lobbying très intense pour ramener la Commission à de meilleurs sentiments. C’est très important, car la transposition de la directive est en cours de traitement par le Parlement luxembourgeois. Nous avons agrémenté le texte d’un régime de limited partnership, d’un certain nombre de clarifications sur la taxation des carried interests, et ce package représente pour nous une énorme opportunité. Nous nous préoccupons ensuite tout particulièrement du pack Prips-Mifid. Nous sommes clairement sur l’aspect distribution, communication à destination de l’investisseur final. Là l’objectif fondamental est, par le biais de Prips, de garantir à l’investisseur dans n’importe quel produit financier une transparence telle qu’elle existe au niveau du produit fonds d’investissement. La mise en œuvre de ce level playing field est fondamentale pour garantir la compétitivité du produit fonds réglementé. Dans Mifid, deux sujets importants concernent les fonds : la dichotomie entre ‘complex vs non complex’, qui pourrait amener à la scission de la marque Ucits, et la rémunération des réseaux de distribution. La Commission veut ne plus permettre

à des gestionnaires de fonds de payer des rétrocessions à leur réseau de distribution, au prétexte que cela biaise la relation du vendeur à l’investisseur final. Nous souhaiterions toujours appliquer ces trailer fees tout en maintenant une transparence accrue. L’idée, c’est d’éviter l’interdiction et d’aller vers plus de transparence. Enfin, il convient de combiner Ucits V et VI. Nous sommes au début des discussions. Parmi les points saillants, l’évolution du statut de la banque dépositaire sous Ucits V. À l’Alfi, nous pensons que ce régime doit être aligné sur celui d’AIFMD. Sous cette directive, le dépositaire a la possibilité, dans un certain nombre de cas bien définis, de décharger sa responsabilité sur un tiers. Dans Ucits V, cette possibilité n’existe plus, quelle que soit la situation. Nous proposons pour l’ensemble de l’industrie d’avoir un seul jeu de règles. Concernant Ucits VI, il y a deux directions majeures. Il est question de revoir les actifs éligibles pour le produit et d’essayer potentiellement de revenir en arrière sur ce qui était permis dans Ucits III. La Commission européenne évoque également le passeport de la banque dépositaire. Mais il est encore un peu tôt pour en parler. »

Point de vue des banques

Jean-Jacques Rommes, CEO de l’Association des Banques et Banquiers Luxembourg (ABBL) « Clairement, le projet d’union bancaire nous préoccupe le plus. La centralisation de la surveillance bancaire risque, si elle est mal faite, non seulement d’enlever une partie de la souveraineté du Luxembourg, mais aussi de mettre dans le siège de pilotage des forces qui sont fondamentalement hostiles à l’activité transfrontalière. En ce qui concerne le fonds de résolution des défaillances bancaires et toute la gestion de crise, la question du coût réglementaire et du coût de l’alimentation du fonds se pose. Des propositions visant à déterminer dans quelles conditions une banque en difficulté peut être soutenue ou liquidée sont dans le pipeline européen. La garantie des dépôts est par ailleurs un sujet épineux qui doit être traité avec attention parce qu’il risque de coûter cher à l’avenir. Un projet de refonte de la directive ad hoc existe, mais ce point est aussi abordé dans le cadre de l’union bancaire. On parle de remettre la responsabilité sur la profession au niveau européen, mais il n’existe pas encore de texte. Concernant la centralisation de la surveillance bancaire, la proposition

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faite par le commissaire Michel Barnier le 12 septembre a été discutée le 15 à Nicosie (Chypre) au niveau des ministres des Finances. Le texte va finalement être remodelé, mais on ignore à quel rythme cela va se faire. Last but not least, la directive sur l’adéquation du capital (CRDIV) envisage de revoir la capitalisation des banques. Les filiales luxembourgeoises des établissements étrangers sont notamment jet e pro ncair concernées au niveau de la gestion des e « L n ba liquidités. L’allocation des liquidités dans nio ous e. » un groupe peut poser problème selon n up d’u son point de vue. Tous les grands occ é pr groupes ont une gestion centrale des liquidités, mais les autorités de surveillance nationales appréhendent de ne pas avoir tout le contrôle des liquidités générées sur leur territoire. Enfin, je tiens à préciser que ces textes relèvent d’une importance majeure. Ils ne peuvent être cependant résumés à une appréhension négative de notre part. »


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International Alternative Fund Regulation

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Titrisation

La Place fait son coming out Sans faire la promotion exagérée d’un produit qui a tout de même poussé les économies occidentales dans le précipice, les professionnels de la finance luxembourgeoise continuent de travailler sur un quasi-tabou. Englobée dans le shadow banking ou la finance structurée, la titrisation permet de monétiser, souvent via le Luxembourg, tout et n’importe quoi, des prêts hypothécaires aux royalties de David Bowie.

Photo : Olivier Minaire (archives)

Photo : Luc Deflorenne (archives)

Photo : David Laurent / Wide (archives)

Texte Pierre Sorlut

t si tout recommençait… Et si les errements qui avaient conduit à la crise des subprimes trouvaient un relais sur la place financière luxembourgeoise ? Les professionnels faisant de la titrisation un de leurs domaines d’activité n’envisagent même pas une telle éventualité. Ils s’évertuent, surtout, à vanter les bienfaits de cette structuration financière consistant à transformer des créances en titres financiers pour les céder à des investisseurs, en échange de revenus futurs. À la Bourse de Luxembourg, institution ayant fait de la titrisation une de ses spécialités, Carlo Oly indique qu’il s’agit d’une « technique qui fait du sens si elle est faite sérieusement ». En effet, elle est d’abord une source de financement de long terme. Elle permet aux banques d’améliorer leur gestion de bilan, d’augmenter leur capacité de crédit et de limiter son coût. Elle constitue, en théorie, un véritable levier d’investissement pour l’économie réelle. Et comme le rappelle

E

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Chrystelle Veeckmans, auditeur spécialisée dans les produits structurés chez KPMG, le véhicule de titrisation permet aussi d’isoler un même type d’actifs au sein d’une structure à part entière pour mieux en gérer les risques et les flux de trésorerie. Encadrée par une régulation et des standards appropriés, cette pratique a fini par trouver une certaine légitimité en Europe… Pierre Bérégovoy, Premier ministre français, avait même fait voter une loi instaurant le Fonds Commun de Créances (FCC) dès 1988. Cela avait alors permis aux banques de l’Hexagone de contourner la règle des 8 % de fonds propres dictée par le premier Comité de Bâle. Dévoiement de la technique

Mais comme pour toutes les bonnes choses, on en abuse facilement. Ainsi, outreAtlantique, la structuration a été dévoyée. Perçue comme une fin en soi, elle est tout

simplement devenue un moyen de s’enrichir. Et les banques ont inconsidérément alourdi leurs bilans de titres de dette illiquides et opaques. Les subprimes, représentant 10 % des portefeuilles de crédits hypothécaires américains avant la crise, en ont constitué à la fois le meilleur et le plus tragique exemple. Une mauvaise évaluation de leurs risques, une confiance aveugle en les agences de notation et leur émission excessive ont conduit la planète finance droit dans le mur… et avec elle l’économie réelle. En 2006, aux États-Unis, l’émission d’actifs adossés à des prêts immobiliers (hors émissions des agences paragouvernementales comme Freddie Mac, Fannie Mae ou Ginnie Mae) a atteint plus de 2.200 milliards de dollars. En Europe, au même moment, le montant était quatre fois moindre avec 460 milliards d’euros d’actifs émis. Depuis, Lehman Brothers, banque d’investissement


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Photo : Etienne Delorme (archives)

Les cabinets de conseil ou d’avocats, la Bourse, la CSSF ou encore, parfois malheureusement, la justice, font de la titrisation leur affaire.

Historique des émissions de titrisation en Union européenne (en milliards d’euros) 800

711,1

700 600

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gavée de crédits hypothécaires à risque, en a fait une indigestion fatale. Et en 2009, la valeur d’émission des titres adossés à des actifs immobiliers chutait autour de 100 milliards de dollars aux États-Unis ; à 25 milliards d’euros en Europe ! Finance champagne

Mais la titrisation a redémarré depuis, quoique de manière erratique. Si le marché a chuté de 38,8 % en 2011 pour atteindre un encours de 234,3 milliards d’euros, il était reparti en flèche en 2010, avec un pic à 382,9 milliards… après trois années de déclin. Le business reste aujourd’hui concentré sur les RMBS (residential mortgage-backed securities), mais la titrisation de tout type d’activité (whole business securitization) augmente remarquablement. Elle représentait en 2010, 10 % des 2.100 milliards d’euros d’encours en finance structurée (chiffres de

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2005

l’AFME cités par l’OCDE). On titrise ainsi des crédits automobiles, des cartes de crédit, du leasing, des emprunts… La Bourse de Luxembourg a même coté des véhicules émis par des sociétés collectant les revenus futurs générés par la vente de caisses de champagne, par les guichets et le merchandizing du club de football de la Fiorentina ou encore par les royalties du chanteur David Bowie. Elle cote aujourd’hui 3.000 véhicules. Le cabinet de conseil PwC Luxembourg travaille lui aussi sur le sujet et publie à l’occasion une étude du marché. Sa dernière édition met en relief la progression régulière de la titrisation au Grand-Duché depuis le vote de la loi en 2004 (voir graphique page 104). En mars 2012, la société de conseil avait compté 887 véhicules et 3.000 compartiments. Fin juin, le bilan de l’encours de ces véhicules luxembourgeois s’élevait à 105 milliards d’euros. La loi de 2004 forme un

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En quelques mots…

Titrisation La titrisation consiste à transférer le risque financier d’un actif d’un investisseur vers un autre. Par exemple, les prêts consentis par les banques sont regroupés dans une société ad hoc (SPV) dont les investisseurs achètent des parts. Les acquéreurs de ces titres adossés à des actifs (Asset Backed Securities) percevront alors, en théorie, un flux régulier d’argent pour récupérer, in fine, la mise plus les intérêts. Le SPV est lui alimenté par le remboursement progressif des emprunts. Plus le crédit est risqué, plus la rémunération et le risque de défaut sont élevés. P. S.

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Source : PwC

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300

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Processus de titrisation et parties prenantes Débiteur

Biens et services

Flux financiers à venir Titres

Actifs

Special purpose vehicle

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Croissance du nombre de véhicules par trimestre depuis 2004 1000 887

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Source : PwC

environnement légal apprécié pour sa flexibilité. Elle offre la possibilité de créer deux types de véhicules : les régulés et les nonrégulés. Une société de titrisation devra être surveillée par la Commission de surveillance du secteur financier si elle est émise au public (est considéré comme public l’investisseur qui place moins de 125.000 euros) plus de trois fois par an. La loi luxembourgeoise protège également le véhicule des intérêts particuliers… Du fait de la « non-recourse provision » (clause de non recours) ou de la clause de non-pétition, les investisseurs ont peu de moyens de recours en cas de défaut de paiement. Or, dans le réglementé comme dans le non-réglementé, les cas d’investisseurs victimes de problèmes ne manquent pas au Luxembourg. Bien que coté à la Bourse de Luxembourg et régulé par la CSSF, le fonds Lifemark n’a pas échappé à la déconfiture. La société qui rachetait les polices d’assurance de séniors américains dans la perspective d’engranger un profit à leur décès a directement subi les effets du prolongement de l’espérance de vie et du vieillissement de la population. Puisque l’événement censé déclencher le flux financier ne se produisait pas (le décès), les actifs en portefeuille ne généraient pas assez de cash. Une mauvaise modélisation des flux a engendré un problème fatal de liquidité. Lifemark était le plus gros investisseur indépendant dans le rachat d’assurances-vie américaines. Son portefeuille d’actifs valait un milliard d’euros et les titres étaient vendus à une clientèle de détail. La société se trouve aujourd’hui, quelle ironie, en liquidation.

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Pas de fausse pudeur

Le fonds de titrisation Elix FT constitue un autre exemple pour le non réglementé. Le gestionnaire du fonds luxembourgeois avait promis un rendement mirobolant à ses investisseurs qui avaient tous mis plus de 125.000 euros sur la table. Or, le « partenaire d’affaires suisse », dont aucune communication de la société ne mentionne le nom, mais on présume qu’il est l’initiateur dans la chaîne de structuration, lui aurait fait faux bond. Une plainte est déposée au pénal, mais les investisseurs se retrouvent le bec dans l’eau depuis février 2010 avec un contentieux juridique à payer entre leur pays de résidence (Belgique ou France), le pays du fonds (le Luxembourg) et la Suisse. Pour Chrystelle Veeckmans, il faut se poser « la question de savoir si l’investisseur, et notamment l’investisseur particulier, comprend tous les risques attachés à ce type d’investissement structuré. Car au final, dit-elle, le risque est toujours porté par lui. » Ainsi certaines des innombrables réformes réglementaires abordent le problème de la titrisation… quoique timidement, tant le sujet — Novembre 2012

Luxembourg pas épargné par les problèmes.

est important pour les acteurs financier. Aux Etats-Unis, la « risk retention rule » de la loi Dodd-Frank contraint l’émetteur à conserver 5 % des actifs titrisés. En Europe, ce principe de « skin in the game », expression chère à Warren Buffet, est inscrit dans la directive CRD II (Capital Requirements Directive II) depuis 2011. La directive de la Commission européenne impose également aux émetteurs d’effectuer davantage de due diligences sous peine d’être pénalisés en cas de manquement. Dans le futur proche, CRD IV aura des implications sur la titrisation, car les ratios de

liquidité exigés par la transposition des principes de Bâle III dans le droit européen brideront l’intérêt des banques pour les titres adossés à des actifs, coûteux en fonds propres. Les normes comptables exigent également de plus en plus que le special purpose vehicle fasse partie du périmètre de consolidation du groupe. Enfin, les agences de notation sont également dans le viseur des régulateurs américains et européens. Ainsi, la titrisation va-t-elle progressivement revenir en grâce. C’est en tout cas ce qu’espèrent de nombreux acteurs de la Place (dépositaires, agents payeurs, avocats, fiduciaires, Bourse, etc.) opérant dans ce domaine. Les prises de position sur le sujet sont de moins en moins pudiques. Par exemple, Henri Wagner a, sans complexe, affiché la participation de son cabinet, Allen & Overy, au Global ABS, grand-messe internationale de la titrisation, aux côtés de PwC et de la Bourse. Voilà que la Place affirme son identité.


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eà fac ce fa

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«  Nous avons un problème d’image que je limiterais essentiellement à un pays voisin, la France. Mais notre image y est bonne, dans les milieux professionnels.  » 3

«  Nous sommes contents des réalisations déjà faites, mais nous devons aussi nous remettre constamment en question.  »

Les dix vérités de

Fernand Grulms Interviewé sur paperJam.TV, le CEO de Luxembourg for Finance plaide pour une mobilisation générale afin de sortir du marasme ambiant. Interview Jean-Michel Gaudron

2

« L’Europe et la zone euro sont en difficulté, on ne peut pas le nier. Cela entraîne des répercussions sur l’image du Luxembourg, en tant que centre de l’Europe et de la zone euro. »

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4

«  L es centres financiers européens veulent contribuer à redonner confiance aux clients.  »


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7

«  I l n’est pas possible de développer 10 clusters différents. Nous devons miser sur les clusters existants et à valeur ajoutée élevée.  »

5

« Si nous voulons continuer à nous développer, une grande partie de la croissance passera par les transactions financières avec les marchés émergents. »

6

« Nous avons à vendre à nos clients prévisibilité et confiance. »

9

«  L es ingrédients pour se diriger vers une nouvelle ère sont présents, mais il y a du travail et nous devons tous tendre vers cette même direction.  »

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« G érer une entreprise privée est plus facile, car les objectifs sont clairs. Alors que si vous êtes sur le branding d’une place financière, l’objectif commun est clair, mais il faut obtenir beaucoup de consensus sur la façon d’y parvenir.  »

«  L es acteurs doivent agir sur les coûts, ils n’ont pas d’autre choix.  »

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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/alfi0912 Fonds d’investissement

Global Distribution Conference Les 18 et 19 septembre, le grand rendez-vous international de l’industrie des fonds, organisé à Luxembourg-Congrès par l’Alfi, Nicsa et HKIFA, a réuni plus de 600 professionnels.

01. Marco Hirth et Dietmar Dunkel (DWS Investment)

06. Martin Peter (Swiss & Global Asset Management)

02. Vincent Lagrange (Finesti) et Helga Patin (FactSet)

07. Edith Magyarics (VBS) et Jill Griffin (Northern Trust Global Services)

03. Alain Picquet (KPMG) et Eric Van de Kerkhove (VDK Consult) 04. Stefano Giovannetti et Saverio Fiorino (HSBC Securities Services)

08. Luc Frieden (ministre des Finances)

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09. Marc Saluzzi (Alfi)

05. Serge D’Orazio (KBL) et Christophe Wintgens (Ernst & Young) 03

Photos Charles Caratini

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actualité ÉCONOMIE & politique entreprises place financière

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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/Intertrust60 Anniversaire

Les 60 ans d’Intertrust C’est sur les Rives de Clausen, au Sud, qu’Intertrust a invité, le 27 septembre, ses principaux intermédiaires (cabinets d’avocat, notaires, institutions bancaires...). Photos Charles Caratini 01. Eric Magrini (Intertrust)

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02. Jean-Baptiste Brière (BGL BNP Paribas) 03. Amanda Yeung (Ernst & Young), Richard Hawel (European Property & Estate) et Miquel Diaz Fernandez (Chambre de Commerce Luxembourg-Chili)

Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/foyer90 Anniversaire

Les 90 ans du Foyer

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Le 27 septembre, le groupe d’assurance a choisi la Rockhal à Esch-sur-Alzette pour fêter son 90e anniversaire. Photos Christophe Olinger 01. Marc Saluzzi (Alfi), JeanMichel Loehr (RBC Investor Services Bank) et Jean Guill (CSSF) 02. Victor Rod (Commissariat aux assurances) et Paul Hammelmann (ACA)

03. Henri Marx et Marc Lauer (Foyer) 04. Luc Frieden (ministre des Finances) accueille le grand-duc héritier Guillaume

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Désirs

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DÉSIRS

Photo : David Laurent  / Wide

Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles.

ht Daug

er

Le trio anglais fait salle comble grâce à des textes pleins de spleen et un son aux accents new wave. Le 10 novembre à l’Exit07

Alanis se t t e Moris

La Canadienne vient avec son nouvel album aux mélodies audacieuses et aux guitares pleines d’adrénaline. Le 11 novembre à la Rockhal

Akra

C laude Be

rt emes (c inémat hèq ue ourg) et G ian-Maria Tore (Universi té du Luxe mb ourg) on t reçu le soutien du FNR pour c et amb it ieu x pro gra mme informat if et ludiq ue.

de Luxemb

zoom sur Université populaire du cinéma

Demain, tous cinéphiles « Mieux connaître le cinéma, c’est mieux l’aimer. » Pour Gian-Maria Tore, chargé de cours à l’Université de Luxembourg, la cinéphilie se développe avec le regard, l’analyse, mais aussi avec plaisir. « Nous n’imposons pas une approche scolaire ou académique du cinéma, mais un abord populaire, ludique », renchérit Claude Bertemes, directeur de la Cinémathèque de Luxembourg. Ensemble, et pour la troisième année consécutive, ils organisent l’Université populaire du cinéma ; 10 soirées qui proposent une leçon sur un aspect du cinéma, ponctuée d’extraits, la projection d’un film illustrant le propos. « Ce n’est pas un cours, c’est une soirée dotée d’un aspect social autant que culturel », insiste Claude Bertemes. Si la première année a passé en revue un siècle de cinéma, avec un

film clé par décennie, l’année dernière c’étaient les grands genres cinématographiques qui avaient été abordés. Pour cette édition, ce sont les aspects plus techniques du langage cinématographique qui seront mis en exergue. Les différents intervenants s’intéresseront donc au montage, à la narration, à la photographie, aux plans, au son, au jeu des acteurs… autant d’aspects indispensables à la construction d’un film. « Le cinéma n’est pas la vraie vie, c’est une construction. Il est intéressant de la décoder et de l’analyser », plaide le directeur de la Cinémathèque. Pour Gian-Maria Tore, cette série de leçons aura pour mérite de « susciter l’appétit et de mettre en lumière l’intérêt de l’étude de cet art ». Un alléchant programme qui rassemble de nombreux fidèles .

Introduction le 22 octobre à 19 h à la Cinémathèque de Luxembourg

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m Kha

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Avec Desh, le chorégraphe livre un solo où il se fonde sur les métamorphoses des paysages du Bangladesh. Le 14 novembre au Grand Théâtre de Luxembourg

e Venic ct proje

L’exposition rassemble les projets artistiques qui ont été montrés aux biennales de Venise depuis 1988. Jusqu’au 24 février au Mudam

Frac

Fo r e v

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Plus de 200 œuvres de la collection photographique du Frac Lorraine. Jusqu’au 25 février au Centre Pompidou de Metz Novembre 2012 —

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Disques

Dans les oreilles Parmi les dizaines de disques qui sortent chaque mois, Fabrice Jung de Black Records a sélectionné cinq albums et nous explique ses choix. Black Records – 2, rue du Marché-aux-Herbes à Luxembourg (Centre)

Alt-J An Awesome Wave (Infectious Music /  Pias). « Un savoureux mélange de pop et d’électro. Une réussite totale. »

Toy Toy (Cooperative Music). « Entre rock, psyché et krautrock, eux ont décidé de ne pas choisir. »

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The XX Coexist (Beggars Banquet). « Très minimaliste, mais très bon. À voir bientôt à la Rockhal. »

Bloc Party Four (Cooperative Music). « Dans cet album, ils ont rebranché leurs guitares, et ça fait du bien. »

Rival Sons Head Down (Earache). « Led Zeppelin et les Doors ne sont pas morts, ils ont ressuscité grâce à ce groupe. »

Coups de cŒur

Vus pendant la nuit des MUSÉES Cette année, la Nuit des Musées avait pour thème l’architecture mauséale. Outre les animations, concerts et visites, des architectes ont livré leur coup de cœur dans chacun des musées participants. Extraits choisis.

Jean Petit

Carole Schm (Polaris)

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Sans titre, Mudam, Luxembourg, de Laurent Pariente, au Mudam « Quatre ans après sa première installation dans le grand hall du Mudam, cette œuvre est réinstallée à l’étage. Mais, elle rompt avec la volonté de l’artiste qui avait initialement opté pour une composition orthogonale, épousant les limites imposées par l’architecture. Le visiteur se retrouve dans un labyrinthe à angles aigus, qui l’oblige à traverser des couloirs inquiétants dépourvus de tout point de repère. »

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Diane Heiren Das Wunderkammerregal, de Johann Georg Hinz, à la Villa Vauban « Le tableau révèle une manière pudique de se dévoiler, un ‘archivage’ merveilleusement subjectif de la mémoire. L’objet devient un souvenir dans ce contexte, et véhicule dans la durée la tendresse d’un instant vécu. Chaque instant a été contemporain. C’est aussi une invitation à donner corps à son petit jardin secret dès que l’on en a envie. »

d

Fragment de colonne romaine, au Musée National d’Histoire et d’Art « C’est un objet d’architecture que je trouve très beau, surtout dans les ornementations du socle. Ce torse de pierre, d’à peine trois mètres, évoque à lui seul l’ensemble du bâtiment, très riche, dont il provient. Il suggère aussi que le travail du sculpteur, donc de l’artiste peut sublimer la pierre brute. »


Projet cofinancé par le Fonds européen de développement régional dans le cadre du programme INTERREG IV A Grande Région L’Union européenne investit dans votre avenir.

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DÉSIRS

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La vie de chÂteau à moins de 200 k m

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nevill e (F, 157 km)

La semaine de vacances autour de la Toussaint est un bon prétexte pour une escapade romantique. Pas besoin d’aller loin pour cela. Voici une sélection de trois hôtel châteaux. Adoménil à Luneville Ce château s’articule autour de trois bâtiment : le château en lui-même, et es dépendances, les anciennes écuries et la Maison du vigneron, réaménagées en chambres et duplex de charme. Quant au parc qui entoure la propriété, il abrite une piscine et se révèle un lieu de promenade fer’s St Johann La

romburg

à Stomberg (D, 152 km)

www.adomenil.com

Domaine du Château à Modave Situé dans un grand parc au milieu du paysage ardennais, ce château permet de profiter de nombreuses activités comme la randonnée. Il propose des chambres modernes, récemment rénovées. L’espace verdoyant qui l’entoure incite au calme et à la sérénité. www.domaineduchateaudemodave.be

Domaine du Château

à Modave (B, 156

km)

Johann Lafer’s Stromburg à Stomberg Si le chef Johann Lafer s’est fait un nom devant les caméras de télévision, il poursuit, dans son établissement, l’exigence de qualité, qui a fait sa réputation. On n’oubliera donc pas de manger dans le restaurant de ce château majestueux, situé au pays des vignes et des forêts vivifiantes et rénové de manière moderne. www.johannlafer.de

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Photo : Daniel Clarens

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EXOTIQUE En direct d’Inde

Karsten Roloff a ouvert une boutique de meubles fabriqués en Inde. Mélange porte bien son nom : si une gamme affiche l’exotisme du vieux teck recyclé, une autre joue la carte plus internationale. Mais notre coup de cœur va au bureau Case study, de chez Portside Café, une marque créée par le designer Bobby Aggarwal, qui a travaillé pour plusieurs éditeurs internationaux. Ses meubles en bois et cuir affichent un classicisme très « british », tout en flirtant avec des lignes contemporaines. Mélange – 1, rue Nennig à Luxembourg (Dommeldange) www.melange.info

zoom sur

Rob Vintage

Des meubles et des histoires C’est d’abord une histoire de famille. Celle de Michèle Rob, dont le grand-père avait fondé une entreprise de menuiserie et dont le père, Nic, avait ouvert, en 1957, le premier magasin à Luxembourg qui vendait du mobilier design comme celui de Arne Jacobsen, Poul Kjaerholm ou Eero Aarnio. « J’ai grandi entourée de ce design sans toujours savoir à quel point c’était exceptionnel », raconte celle qui est à la tête du magasin (devenu Carré Rouge) depuis 1993. C’est à la faveur d’une vitrine de Noël, où elle choisit la thématique du vintage, que Michèle Rob s’aperçoit du potentiel des trésors familiaux : « De nombreuses personnes me demandaient si les meubles et objets étaient à vendre. » Mais elle ne veut pas intégrer du vintage au mobilier contemporain et ne sait pas comment s’assurer Rob Vintage – 119, rue de Hollerich à Luxembourg Ouvert le samedi de 9 h à 18 h et sur rendez-vous

d’un renouvellement de stock. C’est là que le jeune Danois Nichlas Lorendsen fait son apparition et lui propose de s’associer en s’ouvrant au marché scandinave, où de nombreuses pièces anciennes sont encore disponibles. Conjugué au fait que l’appartement des parents de Michèle Rob, resté dans son jus, se libère, voilà le coup de pouce qu’il fallait pour lancer Rob Vintage. Le showroom est aménagé en appartement et le mobilier exposé, essentiellement des années 50 et 60, est à vendre et renouvelé régulièrement. « Nos clients sont à la fois des jeunes, parce que le vintage est à la mode, et des collectionneurs pointus qui cherchent telle ou telle pièce que nous possédons ou que nous dénichons pour eux », constate Michèle Rob.

49 20 35 www.rob.lu

Local OÙ trouver du design Luxembourgeois ?

Le nouveau site www.qiphome.com, lancé par Viviane Bumb est dédié à la vente de design artisanal, manufacturé et produit à petite échelle. Jouant sur la tendance « terroir », qip home (dont l’acronyme se décrypte en « Qualité, Intérieur, Produit ») privilégie les créations locales à l’instar de celles de Norbert Brakonier, Studio delle Alpi, Gilles Gardula ou Silk & Burg (basée à Londres). Le site est en langue allemande.

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Gastronomie La re cett e d’À la Soupe

, rien de tel qu’une soupe au Pour marquer l’arrivée de l’automne Favas, du restaurant À la potiron. Le chef de cuisine Frédéric ttes originales : la crème de Soupe, nous dévoile l’une de ses rece age blanc. from et gs coin de potiron à la confiture -le entier dans du allez Emb on. envir kg 3 de on potir Prenez un allant au four. ue plaq une papier aluminium, et posez-le sur trôlez la cuisson Con h. 1 z urne enfo et C 220° à Préchauffez le four prêt quand il est on potir te : le avec un couteau : enfoncez la poin ser 10 mn repo er laiss le faut il ite, n’y a plus de résistance. Ensu

hors du four. . Taillez le potiron en deux, Enlevez délicatement l’aluminium jus). le ez (gard toujours sur la plaque ns, creusez la chair et la À l’aide d’une cuillère, retirez les pépi de la crème liquide, une tez réservez dans une casserole. Ajou te de sucre, du poivre blanc poin une , cade mus pointe de noix de z l’ensemble et portez à ébullidu moulin et un peu de sel fin. Mixe consistance (avec le jus la et nt tion. Rectifiez l’assaisonneme une assiette creuse avec dans d chau ez Serv é). récupéré et pass , surmonté d’une petite froid s une cuillère de fromage blanc épai gs. cuillère de gelée de coin on permet de garder le plus À noter: cette façon de cuire le potir de la chair lorsqu’on re perd de goût possible, et de ne pas récupérer le jus et à le bien à tion atten faire l’épluche. Veuillez de rectifier ettra perm passer dans une passoire à thé, il légèrement douce se ur save la dont tte, la consistance. Cette rece gelée de coings, joue sur mêle au fromage blanc froid et à la plusieurs contrastes. mbourg (Centre-ville)

À la soupe – 9, rue de Chimay, Luxe

Nouveauté

Tour de vis sur le millésime 2011

Pour la nouvelle « Sélection » de vins Grand Premier Cru du millésime 2011, les Jeunes Vignerons des Domaines Vinsmoselle lancent quatre vins : un Auxerrois (AUX328), un Pinot Blanc (PB1104), un Riesling (RI402) et un Pinot Gris (PG180). L’étiquette au graphisme radical mentionne le cépage et le numéro de fût, choisis lors d’une dégustation commune. En outre, le nouveau millésime est fermé avec un bouchon à vis. « L’année dernière,nous avons eu de mauvaises expériences avec les bouchons traditionnels, alors, à l’image de nombreux bons vignerons allemands, nous lançons les bouchons à vis », explique Paul Funck, président de l’association. Si quelques clients se montrent circonspects face à cette nouveauté, chacun s’accorde à y trouver des bienfaits, dès lors qu’il a goûté le vin. « Pour nous, c’est l’avenir. » Ce groupement des Jeunes Vignerons des Domaines Vinsmoselle existe depuis plus de 25 ans. Hier comme aujourd’hui, leur objectif est de donner des impulsions jeunes, de suivre des formations complémentaires, de participer activement à des projets, et également de prendre des responsabilités au sein des Domaines Vinsmoselle. www.vinsmoselle.lu

c’est chaud

OÙ boire les meilleurs capuccinos ?

Comme chacun sait, le capuccino est un café surmonté de lait chauffé à la vapeur, pour le faire mousser. Certains le font avec de la crème chantilly, on parle alors de café viennois. Son nom vient de l’italien et évoque le moine capucin avec sa capuche, peut-être pour la couleur de son breuvage, ou encore pour la capuche de lait mousseux. Pour réaliser un bon cappuccino, il faut utiliser du lait entier, en proportion de 125 ml pour 25 ml d’expresso. Il doit doubler de volume et atteindre 60°. On le verse directement sur le café. Pour le plaisir des yeux, les baristas réalisent des motifs en versant le lait. Quelques bonnes adresses pour le déguster au centre-ville de Luxembourg.

Interview

Coffee-shop Knopes

Coffee Lounge

Konrad café & bar

Downtown

21, rue Aldringen

11, avenue de la Porte neuve

28, rue de la Poste

7, rue du Nord

12, rue de Chimay

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DÉSRIS

Mode Premier Rendez-vous

Azzedine Alaïa

Cli d’œ n il

Indispensable pour cet automne, le trench coat s’affiche ici en rouge. Son imprimé léopard lui donne un côté vintage, très à la mode.

Véritable casse-tête pour toutes les femmes : que porter pour un premier rendez-vous ? Ni trop sexy, ni trop sportif, le look pour ce moment important doit avant tout refléter votre personnalité. Pascaline Smets, responsable des achats pour la nouvelle boutique Swimming Pool, nous livre sa sélection.

Valentino

Swimming Pool 13, avenue de la Porte-Neuve à Luxembourg (Centre)

Cette robe en dentelle et cuir sera un atout séduction incroyable. Le nœud en cuir la rend moins classique.

Miu Miu

Avec leurs ta lons de 12 cm, ces ch aussures en daim donn eront de l’élan à la tenu e. Les strass sur le talon ajoutent une touche glamour.

Burbe

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u de vea en cuir c e v a r Ce sac porte en peut se u o e rt se cou r le une an À note ulière. o de n o band rd u co détail d a dev nt. serrage

Beauté

Bonnes senteurs pour messieurs

Gadget Walking Balloon La nouvelle boutique Party Shop, qui s’est fait une spécialité dans les ballons gonflables en tout genre, a créé une série très amusante de ballons animaliers (cochon, dinosaure, chien, girafe) gonflés à l’hélium, au gramme près, de manière à ce que l’on ait l’impression que le ballon marche aux côtés de celui qui le porte. Gageons que le modèle « cerf » sera un succès pour la Saint-Nicolas ! À découvrir chez Party Shop au 17, rue de Hollerich à Luxembourg

La fête des Pères est passée ? Qu’importe ! Il n’y a pas de raison de ne pas se faire plaisir et surtout de ne pas sentir bon ! Pour ces messieurs, Claire, responsable chez Sephora a sélectionné trois nouveautés, pour trois types d’hommes.

Métrosexuel Surfeur, artiste, proche de la nature, chez Zadig&Voltaire, on fait dans l’asexué, mi-ange, mi-démon. « La virilité boisée de la fève de Tonka et du bois de Gaïac est contrebalancée par la fraîcheur lumineuse de la bergamote et fleur d’oranger. »

Séducteur Puissant, élégant, viril, l’homme Fendi est l’incarnation du charme à l’italienne. « La fraîcheur vivifiante de la mandarine de Sicile agit tel un coup de foudre, la bergamote de Calabre l’accompagne ; basilic, baies roses et fèves de Tonka, complètent le portrait. »

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Fan di Fendi Eau de toilette, 100 ml, 75 €

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Libre Spontanéité et optimisme caractérisent l’homme Boss Orange. « C’est un parfum généreux qui mêle l’énergie de la pomme croquante, la chaleur de l’encens et le confort de la vanille et l’exotisme du Bubinga, un bois africain. » Boss Orange Man Eau de toilette, 60 ml, 50 €  ; 100 ml, 65 €

Must-have Vivement la pluie La marque française de bottes en caoutchouc Aigle et l’enseigne délicieusement rétro britannique Liberty s’associent pour une collection temporaire cet automne. Le studio de la marque anglaise a redessiné le motif cachemire datant de 1957. Avec ce design, même les bottes de pluie deviennent jolies. Existent en bottines, en fond noir ou kaki. En vente en ligne sur www.aigle.com


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interview

La belle et le sauvage

Le Luxembourgeois Chris Neuman et sa compagne Virginia Ferreira ont créé la marque de prêt-à-porter Belle Sauvage en 2008. Ils étaient à Luxembourg pour présenter la collection printemps-été 2013, lors d’un défilé très applaudi. Rencontre en coulisses avec Chris Neuman.

Photo : Alex Iberico

Interview France Clarinval

13 mps-Ete 20 tion Printe La Collec uvage joue de Belle Sa éliques és psychéd s. des imprim es du corp ières proch et des mat

Chris Neuman, en tant qu’enfant au Luxembourg, la mode n’était pas un univers prédestiné. Comment avez-vous décidé de vous orienter vers ce domaine ? « La mode me fascine, et ce, depuis longtemps. C’est sans doute le secteur de la création qui apporte le plus de défis, en particulier parce qu’il nécessite de combiner des talents et des compétences très différents. Au sein de Belle Sauvage, nous considérons la mode comme un univers complet, bien au-delà du — Novembre 2012

simple vêtement. Créer une marque, avec sa signature, son ADN même, sa vision, sa philosophie est une aventure si excitante et si complète. C’est tout cela qui m’a attiré dans la mode.

Un Luxembourgeois et une Argentine… Comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment travaillez-vous à quatre mains ? « On s’est connus en Argentine, il y a plus de 10 ans, en 2001. Ensuite, nous avons déménagé à Londres,

pour nos études, et c’est là que nous avons créé Belle Sauvage. Travailler ensemble est une chance pour la richesse de nos créations, même si c’est souvent difficile de se mettre d’accord et de trouver des voies que nous trouvons tous les deux satisfaisantes. Mais au final, c’est cela qui rend nos créations si riches et intéressantes.

Quel défi y avait-il derrière la création de la marque Belle Sauvage ? Quels étaient les


« Porter Belle Sauvage est certainement un moyen d’expression. » enjeux auxquels vous avez dû faire face ? « C’était en effet un challenge important. Et d’ailleurs, il reste beaucoup de questions sur lesquelles nous devons être vigilants, pour que notre entreprise fonctionne. Par exemple, il est essentiel de développer et de maintenir un haut niveau d’exigence autour de notre signature : non seulement qu’elle soit reconnaissable, identifiable, mais que la qualité tout au long de la chaîne de production soit au plus haut. Nous devons cela à nos clients, pour qu’ils soient satisfaits et qu’ils nous reviennent. Trouver les bons points de vente et canaux de distribution nous aide à croître dans différents pays et, finalement, à garantir une stabilité financière. Comment peut-on définir l’ADN de Belle Sauvage ? Quelle est la philosophie derrière cette marque ? « Notre philosophie était claire dès le premier jour, et elle n’a pas changé. Nous cherchons à combiner différentes formes d’art et à les exprimer de différentes manières. Dans ce sens, les vêtements ne sont qu’une partie d’un tout qui comprend aussi du dessin, du film, de la peinture, du mouvement… Dans chacun de nos vêtements, tous ces éléments sont combinés. Celui qui le porte s’identifie à cet ensemble. Porter Belle Sauvage est clairement un moyen d’expression.

Photo: Patrick Galbats

DÉSIRS

chris neuman et virginia ferreira créent un univers coloré se revendiquant volontiers du punk.

Qu’est-ce qui vous nourrit, vous inspire ? « Notre travail est inspiré par le cinéma, la musique, les personnes que l’on rencontre, mais aussi l’histoire de l’art, sous bien des aspects. Il est difficile de déterminer qu’un événement en particulier a engendré telle ou telle création. C’est plutôt un état d’esprit, avoir les yeux ouverts sur le monde et emmagasiner ce que l’on voit. Le terme de nourriture est assez juste. Il semble que Belle Sauvage connaisse un grand succès en Asie. Comment expliquezvous cela ? « Je pense que les Asiatiques aiment l’unicité, l’individualité, les choses inédites, qui rendent chacun différent de l’autre. Notre attitude, combinée au confort et à la qualité de nos vêtements, leur apporte cela. Je pense qu’il y a une adéquation forte, entre la manière dont ces femmes veulent se présenter aux autres, et ce que Belle Sauvage leur propose. C’est pour cela qu’elles nous choisissent. Vous avez aussi créé une deuxième marque, Leopard. Dans quel but ? « Leopard a été créé en réponse à une demande de tenues plus décontractées et une approche plus jeune. Il s’agit de vêtements que l’on peut porter simplement, toute la journée et pour toutes les occasions. D’un autre

côté, Belle Sauvage avait besoin de cette marque sœur pour renforcer sa position.

Comment voyez-vous la nouvelle collection, créée pour le printemps-été 2013 ? « La collection Belle Sauvage, autant que celle de Leopard, est empreinte d’influences cyber et punk. Chaque pièce peut être portée de manière autonome, mais fonctionne aussi dans un ensemble. Quels sont vos projets pour le futur ? « Nous allons présenter Belle Sauvage à la Fashion Week de Paris. Nous pensons d’ailleurs y présenter nos collections futures, parce que Londres nous paraît moins intéressant, commercialement parlant. Amener Belle Sauvage à Paris est donc notre prochain défi. Nous avons déjà le soutien de plusieurs personnes, mais nous devons asseoir nos financements. Jusqu’ici nous finançons nos défilés et notre communication, uniquement grâce à nos ventes. Il n’y a pas de structure de soutien à la mode au Luxembourg, et nous devons donc faire face à d’autres designers mieux encadrés et aidés. Notre évolution prend donc un peu plus de temps que prévu. »

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seb porte une veste Carnet de Vol et vanessa un jean Diesel

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Photos : Christophe Olinger

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MARINA et RACHEL portent du Guess

CÉLINE porte une robe BCBG Max Azria

NADINE porte un collant Wolford

gérald porte un costume Zegna

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Photos : Christophe Olinger

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novembre 2012 Management

Économie Politique Entreprises Place financière

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Directeur de la publication Mike Koedinger Directeur des rédactions paperJam / Rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron (-48) Conseiller éditorial Marc Gerges Directeur artistique Maxime Pintadu ISSN 1992-4275

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Prochain numéro : 22 novembre 2012

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Immobilier Être propriétaire ou locataire ? Comment aménager ses espaces de bureaux ? L’immobilier résidentiel est-il définitivement trop cher ?


INDEX

Index A ABBL 38, 98 Abitare 49 ACA 109 Accompagny 80 Adem 26, 29, 46 ADR 18 Agir Anticiper Durablement 80 Al Baker Akbar 62 Alfi 94, 108, 109, 98 Allen&Overy 94, 102 Allfin 92 Allo Tools 88 Alter Domus 101 Amazon 63 Amundi 10 ArcelorMittal 80, 85 Arendt & Medernach 94 Asti 36 Athénée de Luxembourg 36 Autorité bancaire européenne 92 AXA Real Estate 92

B Bacquaert Michel 85 Badenoch & Clark Luxembourg 46 Bajard Michelle 85 Bangguo Wu 94 Bank of China 94 Barbedor Patrick 88 Barnes & Noble 61 Barnier Michel 98 Bastien Nancy 80 BCE 25, 91 BCEE 85, 92 BCL 25, 29, 46 Becker Norbert 36 BEI 36 Belfius Bank 85 Bérégovoy Pierre 102 Berger Eugène 25 Berlitz 38 Bettel Aniéla 85 Bettel Xavier 25, 38 BGL BNP Paribas 8, 36, 38, 85, 109 BIL 45, 46, 92, 94 Biltgen François 30 BMW 21 Bose 33 Bourse de Luxembourg 94 Bowie David 102 Bricks 39 Brière Jean-Baptiste 109 Brosius Jacques 42 Buck Nicolas 63 Buffet Warren 102 38 Builders Reinsurance Burton Annie 46 Business Initiative 113

365 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

C Cargolux 62, 46 Carmignac Gestion 91 Castegnaro 38 Castegnaro Guy 38 Casters Patrick 94 CBRE 92 Cellule de Renseignement Financier 28 Ceps/Instead 38, 42, 46 Cern 30 CGFP 36 Chambre de Commerce 28, 36, 46, 109 Chambre des Députés 18, 25 Chambre des Métiers 63, 65 Chambre des salariés 46 Chameleon Invest 88 China Construction Bank 94 Clearstream 94 Clément Franz 46 CNAP 36 CNFL 18 Commission de Promotion des Vins & Crémants 35, 64 de Luxembourg Commission européenne 38, 80, 91 Conseil Supérieur pour un Développement Durable 80 COPOLCO 80 Cour des comptes 26 CRP Gabriel Lippmann 30 CRP Henri Tudor 30, 63 CSSF 28, 92, 94, 109 CSV 18

D D’Orazio Serge 108 Dasnoy Fabienne 38 D’Coque 113 De Jonghe Ann 38, 64 Delano 55 Deloitte Luxembourg 61, 91, 94 Demole Bertrand 93 Dessange 117 Deutsche Bank 64 Deutsche Bank Luxembourg 91 Diaz Fernandez Miquel 109 Dietrich Manfred 94 Di Stephano Mario 46 D’Letzebuerger Journal 73 Domaines de Vinsmoselle 85 DP 25 46 dsm-Cabinet d’Avocats Dunkel Dietmar 108 DWS Investment 108

E Editus 63, 75, 129 Elco 85 Elite Advisers 91 Elix FT 102 Elvinger, Hoss & Prussen 94 Entreprise des P&T 61, 63 Epuramat 61 Ernst & Young 61, 86, 108, 109 État luxembourgeois 25 Etienne Pierre 93 Eurofins 63 Eurohub Sud 63 European Property & Estate 109

F FactSet 108 Fage 63 Fairtrade Lëtzebuerg 28 Fannie Mae 102 FCPE 85 Fedil 18 Ferber Markus 98 Finesti 108 Fiorino Saverio 108 Fisch Norman 80 Fitch 25 Focant Pierre 85 Folmer Françoise 46 Fonck Danièle 18 Forson Richard 62 Forwarder Cargo 62 Foyer 93, 109 Freddie Mac 102 Frieden Luc 92, 18, 94, 108, 109 Frost & Sullivan 61

G Garambois Xavier 63 Gengler Marc 26 Gibéryen Gast 18 Ginnie Mae 102 Giovannetti Stefano 108 Goebbels Robert 25, 98 Goeres 6, 7 Goetzinger Pol 80 Goodyear 61 Grandidier Jérôme 63 Griffin Jill 108 Grulms Fernand 94, 106 Guill Jean 92, 109 Guillaume Grand-duc héritier 109

H Haag Antoine 36 Haag Émile 36 Hai Tong Asset Management 94 Hammelmann Paul 109 Hawel Richard 109 Henckes Nicolas 46 Hennes Philippe 85 Hentgen Pit 38 Hergott Jean-Yves 88 Hermes 4, 5 Hesse Valérie 94 Hiéronimus Éric 80 Hirth Marco 108 HKIFA 108 Home Interiors 66, 67 Homesystem 88 Hongzhang Wang 94 Horas 27 HSBC Securities Services 94, 108 Hyosung Wire 46, 61

I ICBC 94 IEEE 30 IFSBL 80 Ikea 88 ILR 61 IMS Luxembourg 38, 64, 80 INDR 80, 83 ING Luxembourg 28, 38, 94 Intertrust 109

J Jacobs Marie-Josée 26, 38 Jamar Renaud 63 JLL 92 Juch Jeff 85 Juncker Jean-Claude 18, 25, 29, 94

K KBL 92, 108 Keqiang Li 94 Khabirpour Sarah 94 Kieffer Robert 36 Kinsch Alain 61, 86 88 Klein Myriam Kneip 38 Koepp François 26 36 Kollwelter Serge Kostadinov Krassimir 64 KPMG 91, 102, 108 Kremers Oliver 88

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

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INDEX

Index L La Terza Gabriel 85 Lagrange Vincent 108 Lalux 38 Lauer Marc 109 LCGB 26, 62 Le Sud 109 Lebrun Annick 38 Lebrun Catherine 38 Legitech 46 Lehman Brothers 102 Lemmer Marc 63 Liangyu Hui 94 Lifemark 102 Loehr Jean-Michel 109 Lol School 88 Lombard 46 Loyens & Loeff 92, 94 LSAP 18 Lux-Development 26 Luxembourg for Finance 94, 106 Luxembourg School of Finance 97 Luxembourg-Ville 38 Luxemburger Wort 25 Luxempart 93 Luxexpo 28, 62

M Magrini Eric 109 Magyarics Edith 63, 108 Maison Moderne 62 Majordome 61 88 Maps System Marchal Griveaud Pascale 80 Marx Henri 109 Masselotte 85 Mediation 12 Medvedev Dmitri 29 Mehra Rajnish 91 Mersch Yves 25, 29, 91 Metzler Roland 85 Miami University, Differdange 36 Michel Alexandre 63 Michel Greco 14 Mini 23 Ministère de la Famille et de l’Intégration 64 Mascherin Miriam 91 Moody’s 25 38 Mouget Didier Muller Charles 91 Muller Thierry 88

365 personnalités & entreprises ont été citées sur les 132 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

N Nasra George 92 Natixis Banque 85 Nicsa 108 Nihant Myriam 64 Noblot Olivier 85 Noesgaard Per 94 Northern Trust Global Services 108

O Office Freylinger 61 OGBL 62 Oliver Wyman 62 Oly Carlo 94, 102 Opal 61 Orange 2, 3, 61

P PagesJaunes 63 paperJam 62 Paperjam.TV 106 Parquet de Luxembourg 28 Patin Helga 108 Pauly François 92 PayPal 28 Peignard Ludovic 64 Perelman Grisha 30 Peter Martin 108 Picquet Alain 108 Pictet & Cie (Europe) 93 Pierre Bley 25 POG 85 Poos Jacques 18 Poussing Nicolas 38 Precision Capital 92 Propoze 80 PwC 38, 64, 102

Q Qatar Airways 62 Quest 26

S Sacred Heart University 36 Sail 94 Saluzzi Marc 98, 108, 109 Scalais François 64 Scharff Christian 38 Schmit Nicolas 26, 42 Schneider Étienne 29, 62, 63 Schoder Jean-Pierre 46 Schroeder Denise 38 Schuller Guy 36 Schwertzer Gaston 93 Scuto Denis 36 Semeta Algirdas 93 Serdynska Joanna 38 Side 105 Silouanov Anton 29 SnT 30 Sobczyk Sébastien 88 Sodexo Luxembourg 38, 64 Solbreux Sylviane 46 Sold Alvin 18 Sosna Artur 38 Sparinvest 94 Standard & Poor’s 63 Statec 25, 36, 38, 46 Steinherr Alfred 36 Strasser Claude 63 SuperDrecksKëscht 80 Sustain 80 Swiss & Global Asset Management 108 Sword 63 Systemat 85

T Tageblatt 18 Tamisier Michel 91 Tango 132 Tarrach Rolf 30 Team 31_ 46 Telecom Luxembourg Private Operator 63 93 Tesch François Thelen Carlo 36 Thill Serge 80 Thomas Adrien 46 TNS Ilres 25 Total 80, 131 Transalliance 63

R Raison Mark 85 RBC Investor Services Bank 64, 109 Reding Jean-Claude 46 Rockhal 109 Rod Victor 109 Rogozin Dmitry 29 Rommes Jean-Jacques 98 Rouvillois Patrick 61 RTL 62 Rupp Stefan 88

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

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U UEL 25, 80 Union Investment Real Estate 92 Université de Kaiserslautern Université de la Grande Région 30 Université de la Sarre 30 Université de Liège 30 Université de Lorraine 30 Université de Paris Ouest-Nanterre La Défense 36 Université de Trèves 30 Université du Luxembourg 30, 36 Utopia 129

V Van de Kerkhove Eric 108 Vandenberghe Rik 38 Vapowash 61 VBS 63, 108 VDK Consult 108 Veeckmans Chrystelle 102 Ville de Luxembourg 25, 38

W Wagner Henri 102 Wagner Mike 85 Walravens Jean 91 Weydert 119 Wildgen Albert 62 Wintgens Christophe 108 Wiseler Claude 62 Wolter Michel 18 Wyman Oliver 62

Y Yellow Ideas 85 Yeung Amanda 109 Yng Choi Ching 94 Youpec 88

Z Zanardelli Mireille

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Photo : David Laurent / Wide (archives)

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Michèle Detaille

• 55 ans • Administrateur délégué de No-Nail Boxes

Vive l’industrie ! otre Premier ministre s’inquiète de la désindustrialisation du pays : « Le Luxembourg ne peut pas être qu’une pure économie de services. » Faut-il vraiment s’en inquiéter ? Oui, car on ne marche pas sur une seule jambe, aussi musclée soit-elle. L’évolution est-elle inéluctable ? Non, répond le patron optimiste que je suis. Certes, des industries ferment leurs portes, licencient ou quittent le pays. C’est normal : le cycle de vie des industries et des produits est une réalité. Certains objets disparaissent et leurs producteurs aussi. Je me demande d’ailleurs souvent ce qu’est devenu le fabricant d’ouvreboîtes de sardines… Marc Solvi, un des grands industriels de ce pays, appelle à un « changement de paradigme ». Et si l’on travaillait tous à ce changement, chacun à notre niveau ? Et si l’État, tout d’abord, créait les conditions optimales de développement d’industries pérennes ? Le Luxembourg a des atouts indéniables, mais aussi des handicaps. L’indexation des salaires est taboue pour le gouvernement, soit ! C’est une erreur de faire supporter l’évolution du coût de la vie à

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l’employeur, mais puisque ce gouvernement, démocratiquement et largement élu, le veut, inclinons-nous… provisoirement ! Cela dit, le salaire n’est qu’une composante des coûts d’un produit. À nous, patrons, d’augmenter notre productivité en agissant dans nos entreprises sur tous les leviers : réduisons les coûts, cachés ou non ; achetons mieux ; organisons-nous de manière plus efficace ; innovons ; adaptons nos produits à la demande ; explorons de nouveaux marchés ; combinons efficacement produits et services… Bref, créons de la valeur ! Et si l’on faisait mieux connaître nos entreprises ? Si les hommes (et les femmes) politiques venaient voir comment vivent nos industries dans la vraie vie, et pas seulement lors de leur inauguration ? Et si l’on expliquait l’industrie aux jeunes ? On pourrait étendre l’excellente initiative du Job Shadow Day ou, comme en France, proposer à chaque élève de 15 ans d’accomplir un stage d’observation d’une semaine en entreprise. Peut-être faudrait-il aussi que nous, patrons, cessions de jeter à la poubelle les demandes de stage !

Et si, plutôt que de se faire passer pour un martyr écrasé par les responsabilités, chaque patron expliquait les joies que lui procure son travail, sans cacher que le lendemain n’est jamais assuré et que le risque fait partie de la vie économique ? Et si l’on créait dans chacune de nos entreprises les conditions idéales pour que chaque salarié soit le plus efficace possible ? Et si l’on motivait nos collaborateurs en exigeant le meilleur d’euxmêmes, sans relâche, en leur donnant les moyens de progresser ? Et si les salariés, même un peu malades, venaient travailler ? Et si, au lieu de faire simplement son travail, chacun essayait de le faire au mieux ? Et si les têtes des syndicats, dont aucun aujourd’hui n’a connu la vie dans l’industrie, écoutaient leurs gens de terrain, bien au fait des réalités économiques, avant de prendre des positions extrêmes et de défendre des revendications intenables ? Et si les journalistes, au lieu de gloser sur le coût du mariage princier, racontaient les nombreuses success stories de l’industrie de notre pays ? Et si et si… N’aurait-on pas déjà fait un grand pas vers une nouvelle industrialisation ?


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