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Mars 2012 | économie & finance
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5 édito
Chaises musicales Alain Ducat, journaliste, secrétaire de rédaction paperJam
Dans les sphères économiques et politiques, l’heure est aux changements en cascade. Le ministère de l’Économie a donné le la. Mais la partition se joue tous azimuts. En consultant les rubriques « Carrières », en découvrant les annonces diverses ou en suivant les supputations pour les placements/remplacements à la tête de gros porteurs économiques du pays (pas toujours dans le sens d’un renouvellement ou d’un rajeunissement des cadres au demeurant), on voit bien qu’un mouvement général s’est amorcé. Un peu partout, on observe des cabinets qui éclatent, des associés qui changent d’air, des fondateurs qui défont et refondent, des managers qui émergent, des administrateurs qui coupent des têtes ou qui en font pousser… Le microcosme est, de toute évidence, entré dans une vaste partie de chaises musicales. Faut-il y voir un signe ? Bon ou mauvais ? Selon certains, la tendance à la valse des postes pourrait signifier un dynamisme nouveau sur le marché du travail. Un signe de reprise. On aperçoit même des hérauts de l’esprit d’entreprise, à la réussite installée, se relancer dans des projets personnels, non sans une forme de prise de risque revigorante. On voit aussi des options stratégiques de carrière qui semblent se faire et se défaire au prorata de la confiance dans les acteurs forts, et de la méfiance envers des plus faibles. Une espèce de darwinisme d’opportunité, en quelque sorte. Il faut juste espérer que la santé redevenue insolente des uns ne nuira pas à la survie des autres. On peut nourrir quelques inquiétudes aussi, notamment vis-à-vis des déplacements de pions politiques. Est-il bien normal d’offrir des mandats – genre présidence de conseil d’administration – comme des friandises compensatoires, en fin de carrière ou en remerciement de services rendus ? Poser la question est déjà, un peu, y répondre : la bonne gouvernance, nécessaire à la sortie de crise et à un modèle économique plus sain, ne passe-t-elle pas par l’inébranlable notion de « right man at the right place » plutôt que par une distribution aléatoire de jetons de présence ? Il faut se méfier des faux pas, surtout dans un pays où l’économie et la politique ont pris l’habitude d’un éternel tango langoureux, mais où marcher sur le pied d’un partenaire blesse aussi les petons d’un tiers danseur… Il ne faut ni donner dans le procès d’intention, ni faire semblant d’ignorer le pouvoir de lobbies ou d’acteurs costauds, parfois étrangers. Il ne faudrait pas davantage négliger le fait que, si l’on veut maintenir des centres de décision luxembourgeois, il serait catastrophique de les brader. Ce n’est ni le moment, ni le moyen adéquat. Car, in fine, seuls la compétence et le talent feront toujours la différence. Comme le va-et-vient anime le bal des acteurs locaux, nationaux ou internationaux, les strapontins se déplacent en farandole. Et les personnes qui veulent s’y asseoir (faut-il rappeler le principe ? À chaque étape de la partie, on retire un siège et… on crée une frustration) se livrent à un jeu. Un jeu d’influences qui aura des incidences. Demain plus encore qu’aujourd’hui, il faudra connaître la musique, être capable de suivre la cadence, éviter toute fausse note. Mais il ne faudra pas se tromper de chef pour donner le tempo. paperjam | Mars 2012 | économie & finance
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SUR LE FIL
Retrouvez, au fil du temps et de leur publication sur www.paperjam.lu, les principales informations économiques et financières du Luxembourg entre le 10.01.2012 et le 15.02.2012
18 Étienne Schneider
« Se retrousser les manches » À l’occasion des Journées de l’Économie, le nouveau ministre de l’Économie et du Commerce extérieur a prononcé son premier discours officiel et dressé les grandes lignes de l’action qui sera la sienne jusqu’en 2014.
Testament politique
Les dix vérités de Jeannot Krecké L’ancien ministre de l’Économie, qui a quitté ses fonctions le 31 janvier après sept années et demie, s’est livré àcœur ouvert dans une interview accordée à paperjam.TV. Résumé chic en dix thèmes choc.
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26 Médiation
Éviter les procès Il existe une autre voie pour résoudre les litiges que la voie judiciaire. L’introduction d’un cadre légal pour la médiation civile et commerciale devrait encourager le recours à cette alternative trop souvent négligée.
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Fonds d’investissement Emploi
L’autre pays du chômage Le Luxembourg apprend à vivre avec un taux de chômage qui monte. Avec des chiffres sur les frontaliers ou sur les intérimaires par exemple. Et à prendre du recul pour croiser les statistiques.
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Marc Saluzzi, le président de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement, revient dans une interview sur l’accumulation des contraintes réglementaires et législatives auxquelles est soumis le secteur. Il évoque également le développement en cours en matière de fonds alternatifs. Préface, avec différents speakers, de la manifestation de printemps de l’Alfi.
Notariat
Un acte à bien doser Avant l’arrivée programmée de notaires étrangers au Luxembourg, qui devront obtenir l’accès à la profession, celle-ci s’attèle à une réforme en profondeur de son organisation. La Chambre des Notaires rendra sa copie le 30 juin.
Alfi Spring Conference
Protection des investisseurs
Sur un fil tendu
La place financière travaille à la fois à la sécurité accrue pour l’investisseur grand public et à la flexibilité débridée pour le qualifié. Des dossiers judiciaires, dont l’affaire Madoff, mettent le modèle en cause. paperjam | Mars 2012 | économie & finance
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LUXEMBOURG AUJOURD’HUI Un portrait contemporain du Luxembourg, jetant un bref regard sur le passé pour mieux appréhender l’avenir. Les articles originaux et photographies thématisent les sujets qui rythment la vie du pays : Architecture - Art contemporain - Cinéma Culture - Économie - Gastronomie et viticulture Industrie - Lëtzebuergesch - Mode Place financière - Next Generation Politique - Sports - Tourisme
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sommaire
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92 Coverstory
SUR TOUS LES FRONTS
Marcel Gross
« Je dormirai mieux » Le directeur général de l’Entreprise des P&T prendra sa retraite le 1er mars prochain, au terme de 40 ans de carrière au sein de la même entreprise. Interview d’un homme actif.
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TEDx
Propagateur d’idées C’est une première, sold out mais encore très sollicitée : TEDxLuxembourgCity, le 21 mars au Mudam, lancera un vrai mouvement citoyen avec des speakers décapants.
14 Mission en Israël
Plus loin que la terre promise 22 Capital-investissement
Pas de fausse note pour Sting 47 Cargolux
Déficit pour 2011 : serrage de ceinture Crise de la dette souveraine en Europe, blocage du dialogue social au Luxembourg, gestion d’une croissance en panne… Le quotidien de Jean-Claude Juncker est semé d’obstacles que l’indéboulonnable Premier ministre du pays, depuis 17 ans, assure aborder sans lassitude ni usure. Sur le terrain luxembourgeois, il est plus que jamais un premier de corvées qui ne veut surtout pas confondre rigueur et austérité.
49 Deloitte - Étude d’impact
La finance reprend du poids
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SOMMAIRE Articles les plus lus sur www.paperjam.lu du 19 janvier au 15 février 2012
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Tollé sur les plaques luxembourgeoises Article lu 1.626 fois
2
Atoz : « Les fiscs deviennent plus agressifs »
DIVERSIFICATION
Signes extérieurs de détresse
Article lu 1.533 fois
Les créances douteuses pourraient contribuer à la fortune de la place financière. Dans un contexte de crise économique, celle-ci constitue un terrain de jeu idéal pour structurer des investissements dans de la dette à risque européenne.
3
Marc Hoffmann quitte Luxair
88
Article lu 1.363 fois
4
Paris veut changer le traité fiscal Article lu 1.327 fois
5
Un caviste victime d’une folle arnaque au Luxembourg Article lu 1.322 fois
START-UP
LED it be
Basée à Bridel, Setrinx compte surfer sur la tendance des luminaires plats utilisant la technologie LED. Les entrepreneurs se lancent tête baissée. Ça passe ou ça casse. Réponse dans six mois.
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Dans le cahier «Management» de cette édition, retrouvez des sujets de réflexion dans les domaines du management, du business administration, des ressources humaines, de l'IT et du marketing-communication. En dossier central : Communication
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ACTUALITÉ Testament politique
Les dix vérités de Jeannot Krecké L’ancien ministre de l’Économie, qui a quitté ses fonctions le 31 janvier après sept années et demie, s’est livré à cœur ouvert dans une interview accordée à paperjam.TV. Résumé en dix thèmes clés.
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Jean-Michel Gaudron (interview)
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« J’espère que mon départ ne va pas laisser sans réaction et que certains de mes messages vont rester. Il serait dommage qu’ils disparaissent comme un litre d’eau dans le sable. »
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« Je suis plus optimiste pour ll’avenir ’avenir que certains qui ss’expriment ’expriment actuellement, car j’ai vu le potentiel du pays. Mais arrivera-t-on à réveiller ce potentiel ? »
« Il y a 20 ans, si on disait ‘je fais une réforme’, on était considéré comme quelqu’un de progressiste, ayant des idées. Aujourd’hui, quand vous parlez de réformes, tout le monde se rebiffe et se retient, car tout le monde a peur. J’ai pourtant essayé de changer la façon d’en parler, en utilisant d’autres termes, comme ‘modernisation’. »
« Il y a encore des régions du monde où le Luxembourg croit être connu, mais où personne ne le connaît. »
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« Dans ma carrière, j’ai presque toujours changé d’activités et de responsabilités tous les sept ans. Il me faut un challenge, qui vient généralement par des activités nouvelles. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne me verra plus en politique. »
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« Ce pays a un potentiel énorme qu’on n’utilise pas suffisamment. Mais pour l’utiliser, il faudrait changer pas mal de choses, notamment les mentalités. Il ne faut pas partir de l’idée ‘je garde ce que j’ai, parce que je suis content de l’avoir’. Celui qui pense ça sait déjà qu’il ne va pas progresser. Il faut aller de l’avant. »
13 ACTUALITÉ
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« Ca m’aurait tenté d’occuper une fonction chez Cargolux. Mais j’ai senti à l’annonce de mon départ que les gens avaient l’impression que je quittais le gouvernement pour avoir ce job. Alors je ne l’ai pas fait pour montrer que ce n’était pas le cas. »
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« Le désarroi que j’ai vu dans les yeux et sur les visages des gens de Socimmo qui s’apprêtaient à partir en vacances, sachant qu’ils pourraient perdre leur emploi, va me rester dans la tête. »
« Avec Villeroy & Boch, j’étais pour la première fois assez fâché, car la collaboration n’était pas bonne à l’époque. Ce qui a été fait n’était pas absolument nécessaire. »
10
« Au Luxembourg, jusqu’à présent, très peu de choses se sont passées en négatif. C’est très grave pour ceux qui ont perdu leur emploi, mais la plupart des gens n’ont pas senti la crise. On a augmenté les salaires, on a augmenté les pensions, on a baissé les impôts, on a augmenté les allocations... Le pouvoir d’achat a été fortement augmenté, en comparaison à nos pays voisins, contrairement à ce qu’on raconte. »
Interview intégrale à retrouver sur www.paperjam.tv
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14 actualité Voyage officiel
Plus loin que la terre promise La mission économique en Israël n’a ni défriché le désert ni fait naître de mirage. Les échanges existaient. Mais les perspectives ne sont pas négligeables.
« Israël se place au quatrième rang de la fréquentation de nos sites, derrière le Luxembourg, la Belgique, la France, et juste avant la Suisse »
Photo: Étienne Delorme (archives)
Alain Ducat
Les missions économiques luxembourgeoises, bien ciblées, connaissent généralement des retombées, parfois spectaculaires (l’arrivée des Qataris), souvent structurelles (la promotion de la place financière ou de plates-formes ICT). Le récent voyage en Israël – du 21 au 25 janvier – pourrait se glisser dans la seconde logique. Pour la « der » de Jeannot Krecké en ministre VRP, il y avait une volonté de viser juste. Après avoir, en 2010, orienté sa visite davantage sur le volet financier, le ministre était cette fois flanqué d’entreprises issues surtout du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) – avec un accent sur la sécurité y relative –, l’industrie automobile ou les biotechnologies. À Jérusalem, Jeannot Krecké a eu plusieurs entrevues, notamment avec son homologue, Shalom Simhon, ou le ministre des Sciences et Technologies, Daniel Hershkowitz. « Un grand nombre de réunions était au programme pour comprendre comment ce pays s’y prend pour attirer autant de jeunes entreprises innovantes », observe l’entourage ministériel, qui s’est intéressé au capital-risque et à des incubateurs. Des entreprises déjà installées au Luxembourg ont également
été visitées, comme le groupe Raval. Implanté à Bascharage, il y emploie une quarantaine de personnes dans l’équipement automobile. Discrète, la firme israélienne n’en est pas moins le pôle européen d’un groupe aussi présent dans le Michigan et à Shanghai…
Intelligence économique De fait, entre le Luxembourg et Israël, malgré un contexte diplomatique parfois délicat, le commerce n’a pas attendu ces missions pour exister. La balance penche nettement en faveur du GrandDuché, même si on navigue loin de chiffres astronomiques : 13 millions d’euros pour les exportations luxembourgeoises en 2010 (le « record », 23,3 millions, ayant été atteint en 2002). Métaux et constructions métalliques, machines et appareils divers, alimentent surtout les ventes. Les importations de biens israéliens, en revanche, restent confinées sous les 3 millions depuis 2008… La marge de progression est évidente. « Le marché reste prospectif même si quelques investisseurs israéliens importants ont déjà jeté leur dévolu sur Luxembourg, observe Henri Prijot, tax partner chez Deloitte. Il y a aussi des freins fiscaux entre
Pierre Van Wambeke (Seezam)
les deux pays, sans compter la proximité de Chypre, qui n’aide pas à positionner le Grand-Duché. » Mais faire le déplacement est aussi utile pour mesurer les obstacles éventuels et comprendre l’environnement socio-politico-économique. « Nous avons plusieurs projets d’investissement et de structuration à concrétiser, avoue Henri Prijot. Israël est un pays très orienté sur les biotechnologies et la sécurité informatique par exemple. Le Luxembourg y est bien perçu pour sa flexibilité, et pour son environnement fiscal et légal très compétitif. » En participant, Pierre Van Wambeke, CEO de Seezam, voulait notamment « prolonger la relation établie avec un client spécialisé dans l’intelligence économique, et estimer la barrière légale pour un deal relatif à du cryptage de données, à un niveau militaire de secret garanti », confie-t-il. En analysant la fréquentation de ses sites, le « coffre-fort virtuel » a constaté qu’Israël est au quatrième rang, derrière le Luxembourg, la Belgique, la France et juste avant la Suisse. « Sur place, nous avons compris que le marché israélien était plus mature vis-àvis des services comme les nôtres : authentification forte, sécurité, confidentialité, secret et high-tech font partie intégrante de cette culture. » In fine, Seezam se dit ravie. « Sans avoir engagé des sommes conséquentes et dans un encadrement propice, nous avons mis en avant des avantages non négligeables de nos solutions ICT, conclut Pierre Van Wambeke. Nous avons beaucoup à apprendre de ce pays de 7 millions d’habitants, à cinq heures d’avion, où chaque citoyen semble être entrepreneur dans l’âme. » La source d’inspiration rend la terre promise fertile. À chaque acteur d’aller au-delà, pour cueillir les fruits du win-win.
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Un seul voyage peut changer le cours d’une vie. Cambodge, mai 2011. Retrouvez Angelina Jolie sur louisvuitton.com
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sur le fil Retrouvez, au fil du temps et de leur publication sur www.paperjam.lu, les principales informations économiques et financières du Luxembourg. Entre le 19.01.2012 & le 15.02.2012
Salon Vakanz
« On sent que ça vibre »
(lire l’interview de Marc Saluzi, le président de l’Alfi, page 70)
CSSF
Avertissement Publié le 20.01.2012
Publié le 19.01.2012
Vakanz est un des rendez-vous les plus importants de l’année à Luxexpo. Organisé du 20 au 22 janvier, le salon ouvrira, comme chaque année, la saison touristique en rassemblant 200 exposants sur 15.000 m2. « C’est traditionnellement l’événement qui marque le lancement de la saison touris tique, explique Jean-Michel Collignon, le directeur de Luxexpo. Nous attendons environ 20.000 personnes, ce qui est beaucoup pour le petit Luxembourg. On sent que ça vibre. » Fonds d’investissement
L’Alfi redoute un tsunami réglementaire Publié le 19.01.2012
L’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) se dit préoccupée par deux évolutions réglementaires : la règle dite Volcker et la taxe sur les transactions financières.
Banque centrale européenne
Mersch candidat au directoire Publié le 20.01.2012
Les autorités luxembourgeoises l’ont confirmé vendredi 20 janvier en fin d’aprèsmidi. Yves Mersch, gouverneur de la Banque centrale luxembourgeoise et, à ce titre, membre de la Banque centrale européenne, est entré dans la course à l’investiture au directoire de l’institut européen d’émission de monnaie basé à Francfort. Cette décision a été officialisée ce lundi à la réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles. Ce directoire compte six membres, parmi lesquels l’Espagnol José Manuel González-Páramo dont le mandat arrive à son terme en mai. C’est justement ce siège que briguerait le Luxembourg.
La Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) avertit le public des activités d’une entité dénommée Lux Investment Group (www.luxig.lu). La CSSF informe le public que Lux Investment Group ne dispose pas de l’agrément nécessaire à la prestation de services financiers au ou à partir du Luxembourg et que les soidisant fonds d’investissement ne sont ni autorisés, ni distribués au ou à partir du Luxembourg. Commerce
Schlecker dépose le bilan Publié le 20.01.2012
La chaîne allemande de droguerie Schlecker vient d’annoncer son intention de déposer le bilan très prochainement. L’entreprise familiale, et réputée peu transparente, cherche à restructurer ses activités et à obtenir un répit de la part de ses créanciers. Selon la presse allemande, le groupe emploie 30.000 personnes
Photo : Éric Chenal / Blitz (archives)
actualité
Yves Mersch (BCL)
en Allemagne et 17.000 ailleurs dans le monde, dont le Luxembourg. « Nous ne savons pas encore si une faillite sera égale ment prononcée au Luxem bourg. Il semble que oui, mais le Tribunal de Commerce n’a pas encore reçu d’informations, explique Aloyse Kapweiler, secrétaire général du LCGB. Nous ne savons pas non plus si la faillite aura des conséquen ces sur le versement des salai res. Il semble que les effectifs de Schlecker soient compris entre 120 et 150 salariés répar tis sur environ 30 magasins. » Aston Martin
Ouverture au Luxembourg Publié le 20.01.2012
Aston Martin a ouvert jeudi soir sa toute première représentation au Luxembourg, développant le réseau en Europe à 44 représentants dans 18 pays. Le nouveau partenaire et distri buteur officiel de la marque de luxe anglaise est le groupe Arnold Kontz. Benji Kontz, dealer principal d’Aston Martin Luxembourg, accueille avec fierté la marque dans le groupe : « Arnold Kontz Group a investi 2,5 millions d’euros dans l’infras tructure du showroom et de l’atelier. » Jusqu’à huit véhicules peuvent être exposés simultanément dans le showroom de la route de Thionville sur une surface de plus de 400 m2.
Ministère des Sports
Intrusion informatique Publié le 20.01.2012
L’affaire fait du bruit, depuis qu’elle a été révélée par les radios (100,7 et RTL) puis les journaux : quelqu’un s’est introduit dans la base de données médico-sportives du département ministériel des Sports… Cet individu a eu potentiellement accès à des milliers (entre 45 et 50.000) de dossiers personnels dans lesquels se trouvent des informations sur leur santé, leurs antécédents familiaux, leur parcours médical, en plus des nom, date de naissance, taille, poids, etc. Tout cela était accessible sur Internet. Il suffisait d’avoir les codes d’entrée… Au moins une personne s’est procuré ces codes. Et est entrée dans le système. « Une erreur humaine », commente le ministre des Communications, François Biltgen, qui s’est exprimé au nom du gouvernement et qui refuse de parler de « piratage », même s’il y a eu accès à des données confidentielles et que l’on pouvait penser sécurisées. La source serait un fonctionnaire qui aurait laissé traîner ses login et mot de passe sur une feuille volante… L’instruction ouverte, après la plainte contre X déposée par l’État, en découvrira peut-être davantage…
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17 actualité Économie
Investir dans l’avenir
Claude Schettgen (Ecres)
Swiss Re
Michel Liès aux commandes Publié le 20.01.2012
Un Luxembourgeois, Michel Liès, vient d’être nommé ce jeudi à la tête de Swiss Re, deuxième réassureur mondial en volume de primes, pour lequel il travaille depuis 1978. Sa nomination intervient dans un contexte de transfert des responsabilités vers les business units. Il sera basé au siège de Zürich. (lire son profil en pages « Carrières » du cahier Management)
Ecres
La LED s’invite dans l’industrie Publié le 20.01.2012
La société Ecres, créée en décembre – et déjà reconnue en tant que société innovante par le ministère de l’Économie – a présenté ses produits novateurs, fruits de deux ans de développement et qui sont destinés au marché des entreprises. « La LED, qui s’installe aujourd’hui chez la plupart des particuliers, ne s’était pas encore frayé de chemin dans le monde des entreprises et de l’industrie », explique Claude Schettgen, directeur commercial d’Ecres. Selon lui, la LED permet d’économiser jusqu’à 60 % de l’énergie consommée pour l’éclairage. Ecres assure
l’assemblage et la vente de ses produits depuis Foetz, où elle emploie actuellement cinq personnes. La production des pièces détachées, elle, est réalisée en Allemagne. La société table sur un volume d’affaires de 20 millions d’euros par an et espère compter au moins une quinzaine de personnes fin 2012. Mission économique
Direction Israël Publié le 20.01.2012
Le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur Jeannot Krecké dirige une mission économique en Israël du 21 au 25 janvier 2012. Il sera accompagné par des entreprises issues du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) ainsi que de l’industrie automobile. (lire article page 14) Finances publiques
E-commerce et fonds porteurs Publié le 23.01.2012
Le ministre des Finances Luc Frieden a présenté la situation des finances publiques à fin décembre 2011. Il a estimé que les dépenses évoluent pour l’instant plus ou moins en concordance avec les prévisions budgétaires et a constaté que les recettes de l’année 2011 sont en ligne avec le projet de budget, tout en affichant une progression plus dynamique, c’est-à-dire une
augmentation de 5 % par rapport au projet de budget 2011. Cette évolution positive des recettes est, selon Luc Frieden, imputable d’une part à une plus grande efficacité dans le recouvrement des impôts par les administrations fiscales et, d’autre part, à la renaissance des activités internationales qui ont connu une évolution positive grâce au commerce électronique ayant généré 550 millions d’euros, soit 130 millions d’euros (30 %) supplémentaires en 2011, et à l’industrie des fonds d’investis sement qui a engendré 620 millions, soit 20 millions d’euros supplémentaires. ArcelorMittal
Schifflange lié à Madrid ? Publié le 23.01.2012
Le comité d’entreprise européen extraordinaire qui se tiendra ce mardi à Luxembourg au siège d’ArcelorMittal tranchera sur l’avenir du site de Madrid et de ses quelque 325 salariés. Le site est depuis octobre en sommeil, pour une durée indéterminée. Au Luxembourg, cet événement inquiète, car le site espagnol produit des aciers longs carbone pour le secteur de la construction, comme les usines de Rodange et Schifflange, déjà affectées par des mesures d’arrêts de la production. Suite en page
Photo : Ministère des Finances
Photo : Olivier Minaire (archives)
Afin de soutenir le développement durable et la diversification de son économie, le gouvernement initie deux projets de fonds.
Jeannot Krecké et Luc Frieden
Par Sébastien Lambotte, publié le 19.01.2012 Deux nouveaux fonds d’investissement, à forte connotation luxembourgeoise, ont été présentés ce jeudi par le ministre des Finances, Luc Frieden, et le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké. Premier des deux, Luxembourg Future Fund. C’est la Société Nationale de Crédit et d’Investissement (SNCI), avec l’étroite collaboration du Fonds Européen d’Investissement (FEI), qui va le mettre en place à la demande du gouvernement. « Ce fonds aura comme objet de soutenir la diversifica tion et le développement durable de l’économie luxem bourgeoise en contribuant à attirer au Luxembourg diverses activités entrepreneuriales. Il réalisera des investissements dans des PME innovantes en phase de démarrage, de développement ou de croissance, actives dans les secteurs technologiques les plus variés, à l’exclusion du secteur des technologies de la santé et contribuera indirectement au développement d’un écosystème capital-risque au Luxembourg », explique Jeannot Krecké. Ce fonds sera géré par le FEI qui y participera également en tant qu’investisseur minoritaire. Sa taille s’élèvera à quelque 150 millions d’euros, dont 120 millions apportés par la SNCI, le reste par le FEI. Il devrait avoir une durée de vie de 15 ans qui pourra être prolongée d’un maximum de deux ans. Il devrait prendre la forme d’un fonds d’investissement spécialisé.
Technologies de la santé Le second fonds, baptisé Advent Life Sciences Fund I (ALSF I) sera porté par le groupe Advent Venture Partners de Londres, une des sociétés de capital-risque les plus connues en Europe. La SNCI y investira une vingtaine de millions d’euros. « Afin de s’assurer que l’investissement substantiel consenti par le gouverne ment en matière de recherche biomédicale (140 millions d’euros répartis sur cinq ans depuis 2008) puisse pro duire ses effets également d’un point de vue économi que, nous avons décidé de placer une somme dans un fonds d’investissement existant ayant déjà fait ses preu ves », a détaillé Luc Frieden. ALSF I a commencé à investir en février 2011. À ce jour, trois investissements sont réalisés. Le fonds vise une quinzaine d’investissements dont une dizaine environ sera consacrée à la création de jeunes entreprises. 70 % des investissements seront réalisés en Europe.
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18 actualité
Étienne Schneider
À l’occasion des Journées de l’Économie, le nouveau ministre de l’Économie et du Commerce extérieur a prononcé son premier discours officiel et dressé les grandes lignes de l’action qui sera la sienne jusqu’en 2014.
« Se retrousser les manches » Jean-Michel Gaudron (texte), Henri Da Cruz (photo)
C’est bien connu : on n’a qu’une seule chance de faire une première bonne impression. Aussi, pour sa première sortie officielle dans son nouveau costume de ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Étienne Schneider savait qu’il serait scruté, épié et, déjà, jugé. Loin des envolées verbales de son prédécesseur Jeannot Krecké, dont la partie écrite de ses discours tenait généralement en quelques lignes manuscrites sur un bout de papier, M. Schneider a préféré assurer le coup. En 12 minutes chrono, il a livré devant près de 200 personnes pour le moins impatientes, une prestation rigoureuse et structurée, dense et concise. C’est un nouveau style auquel il faudra s’habituer. Il n’était de toute façon pas prévu qu’il fasse des annonces particulières, mais il a tout de même trouvé le temps de dérouler les grandes lignes du programme qui sera le sien d’ici aux prochaines élections de juin 2014. Deux ans et demi pour convaincre.
Haro sur les prix du logement « On a rarement vu pire contexte pour rependre le portefeuille de l’Économie », a-t-il prévenu d’emblée, appelant à « fixer une trajectoire de consolidation intelligente », afin de « retourner à l’équilibre budgétaire, voire à un excédent structurel, même si cela sera difficile en période de faible croissance ». Le nouveau ministre ne peut que rejoindre le constat déjà établi par les milieux politiques et économiques : la compétitivité du pays se dégrade, tant en termes de coûts que de qualité. « La situation ne peut guère perdurer, prévient M. Schneider. Revenir vers l’équilibre budgétaire et surveiller notre compétitivité n’est pas une nécessité au niveau national, mais un impératif face aux nouvelles règles de gouvernance économique européennes, qui vont rapidement imposer des contraintes de plus en plus sévères. »Dans ce contexte, il se déclare « content » des premiers pas qui ont été franchis, à commencer par la modulation du système d’indexation automatique des salaires, votée par les députés fin janvier. « C’est une décision très importante et je tiens à féliciter les parlementaires de tous les partis qui l’ont soutenue
Journées de l’Économie
La réindustrialisation en question(s) Économistes et chefs d’entreprise du Luxembourg et de la Grande Région se sont penchés, pendant deux demi-journées, au chevet d’une industrie pas très bien portante. La politique industrielle du Luxembourg et son développement futur, dans le contexte économique complexe que traverse l’Europe actuellement : tel était le thème abordé à l’occasion de la 6e édition des Journées de l’Économie, organisées par le ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, la Chambre de Commerce et la Fedil, en collaboration avec PwC Luxembourg. Le contexte économique global, évidemment, n’est guère propice à un enthousiasme débordant sur la question. « Je constate qu’il y a désormais un clivage entre ceux qui, d’un côté, se sentent concernés par l’avenir du pays et, de l’autre, ceux qui ont pour ambition de maintenir leurs acquis sociaux, a regretté Henri Grethen, l’ancien ministre de l’Économie (et aussi des Transports) et actuel membre de la Cour des comptes européenne. Nous assistons à la naissance d’une nouvelle société depuis la fin du XXe siècle. Alors que la main-d’œuvre disponible, à l’échelle mondiale, a doublé, les capitaux n’ont pas suivi la même courbe. On assiste aussi à une nouvelle répartition des richesses, qui ne tourne pas en faveur de la Vieille Europe, à moins de se voiler la face. » Dans ce contexte, et de l’avis unanime des participants aux débats, le Luxembourg doit, pour
sans divaguer dans la politique politicienne. » En parallèle, Étienne Schneider a annoncé la négociation d’un accord avec les représentants du groupement pétrolier, fixant la marge pétrolière jusqu’en 2014, ce qui va réduire l’impact du prix du pétrole sur l’inflation. Dans cette approche à la fois libérale et sociale, dont il entend faire une marque de fabrique, le nouveau ministre annonce comprendre tout autant « le bien-fondé des soucis du patronat sur la compétitivité et la dégradation de la situation concurrentielle » que « la fermeté des syndicats qui craignent l’érosion du pouvoir d’achat des salariés ». Pour lui, « la véhémence et la virulence des débats résultent en grande partie de la
tirer son épingle du jeu, poursuivre ses efforts en faveur du redéploiement d’une activité industrielle de pointe sur ses terres. Cela passe par des investissements en infrastructures, mais pas seulement. La recherche et le développement constituent, aussi, deux des points clés de tout redéploiement industriel d’envergure. « La R&D, ce que j’appelle la forge aux idées, doit être soutenue, a précisé Yves Elsen, président du Fonds national de la Recherche. Il est temps que les secteurs publics et privés se rapprochent. Surtout, il faut s’assurer que le courant passe entre les chercheurs et l’industrie, que les transferts de technologie sont possibles au bénéfice de l’emploi et des entreprises. » Pour Marc Solvi, directeur général de Paul Wurth, si la réindustrialisation du pays est possible et nécessaire, elle passe, au-delà d’une prise de conscience politique, par une volonté plus large de l’ensemble de la société. « Les nouvelles industries ne viendront pas d’ellesmêmes. Il est important de faire comprendre au plus grand nombre que si l’on veut maintenir un certain niveau de bien-être, nous devrons recommencer à produire de la valeur réelle et pas seulement virtuelle. » M. P.
pression excessive exercée sur les salaires par le coût du logement. Si nous voulons calmer les discussions sur les ajustements salariaux, il faut s’attaquer à ce coût. » Si le problème est posé, la solution, elle, n’a en revanche pas été évoquée. Beaucoup s’y sont déjà cassé les dents avant lui. Mais Étienne Schneider n’est pas du genre à montrer un quelconque pessimisme. En dépit des deux échecs successifs de la Tripartite, il fait part de son espoir de renouer le fil du dialogue social. « L’heure n’est pas aux grands rendez-vous médiatiques, mais aux échanges sectoriels et thématiques. Je suis persuadé de l’utilité du comité de coordination tripartite qui est dénigré à tort. Le dialogue social doit être mis en contribution
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« La paix sociale est un des atouts majeurs de l’économie luxembourgeoise » Étienne Schneider (ministre de l’Économie et du Commerce extérieur)
pour imaginer l’avenir économique social et environnemental du pays. En tous les cas je vais m’y employer car je suis convaincu que la paix sociale est un des atouts majeurs de l’économie luxembourgeoise. » Parmi les mesures pour relancer la croissance que le nouveau ministre de l’Économie et du Commerce extérieur compte aborder « à plus ou moins brève échéance », l’idée de la création d’un haut comité pour l’industrie, fédérant les acteurs et destiné à consolider le tissu existant, a rencontré toute son adhésion. Mais Étienne Schneider a également listé une série de projets qui sonnent comme un véritable programme pour les deux ans et demi à venir de son mandat qui s’achèvera à la fin du printemps
2014… sous réserve, évidemment, de resigner un bail de cinq ans au terme des prochaines élections législatives. Il a ainsi cité, entre autres choses, le développement de zones d’activités économiques supplémentaires au travers du nouveau plan sectoriel ; la réforme fondamentale du cadre législatif du secteur des produits pétroliers ; la création d’une nouvelle centrale de production électrique au gaz naturel ; le doublement de la quote-part des énergies renouvelables d’ici à 2015 ; le développement de l’électromobilité… Des dossiers qui, pour leur grande majorité, avaient du reste déjà été initiés par Jeannot Krecké… et auxquels Étienne Schneider n’était généralement
pas étranger. « Vous aurez compris que je vais continuer la politique économique de ce pays dans les marques de mon prédécesseur, a-t-il conclu. Pas de révolution, ni de changement de cap. Vous me trouveriez schizophrène dans le cas contraire. Si la situation n’est guère rassurante, je ne perds pas pour autant espoir. L’histoire nous montre que chaque période de crise a su être dépassée, non pas en attendant que le temps passe, mais en se retroussant les manches. » Citant l’auteur français Georges Bernanos (« On ne subit pas l’avenir, on le fait »), Étienne Schneider est, en tous les cas, entré de plain-pied dans sa fonction. Deux ans et demi ne seront pas de trop pour passer à l’acte.
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Claude Faber (Optimise) et Jean-Paul Nicolai (Centre d’analyse stratégique)
Loïc Bertoli (ministère de l’Économie et du Commerce extérieur)
Débats Serge Allegrezza (Observatoire de la compétitivité) et Étienne Schneider (ministre de l’Économie et du Commerce extérieur)
Les Journées de l’Économie Comme chaque année, la salle de conférences de la Chambre de Commerce était bien garnie pour assister, les 8 et 9 février, aux deux demi-journées de conférences et d’échanges placés sous le thème « Quelle stratégie industrielle dans le contexte économique actuel ? ». Henri Da Cruz (photos)
ur Didier Mouget (PwC)
Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu
Luc Henzig (PwC) et René Frédérici (Paul Wurth)
Le Grand-Duc héritier Guillaume et Pierre Gramegna (Chambre de Commerce)
Robert Dennewald (Fedil)
David Fetter (Ambassade des États-Unis)
Louis Thomas (KPMG)
Marc Hostert (Cour des comptes)
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Sting
Pas de fausse note Après presque deux années d’existence, la société de capital-investissement prend doucement son rythme de croisière.
« La crise est aussi une source de motivation pour créer et développer quelque chose »
Photo : David Laurent/Wide (archives)
Jean-Michel Gaudron
« Quand nous avons lancé Sting, on nous a dit que nous aurions beaucoup de dossiers à traiter, mais que nous n’en réaliserions que 3 %. C’est exactement ce qui se passe. » Jean-Claude Bintz, un des six associés fondateurs de la société de capitalinvestissement Sting, est donc parfaitement lucide à l’heure de tirer un bilan alors que la société va bientôt fêter ses deux années d’existence. C’est en effet au début du printemps 2010 que six entrepreneurs luxembourgeois parmi les plus actifs (Norbert Becker, Laurent Muller, John Penning, Dan Schneider, Alex Sulkowski et, donc, Jean-Claude Bintz) ont mis en commun leurs ressources et savoir-faire pour créer cette structure qui se positionne comme le « chaînon manquant » dans la panoplie d’aides aux financements pour entrepreneurs voulant créer ou reprendre une affaire. Entre business angels (qui interviennent en général pour quelques dizaines de milliers d’euros, plus rarement quelques centaines) et venture capitalists affirmés, qui ne s’intéressent que rarement aux dossiers inférieurs à 2,5, voire
3 millions d’euros, Sting « couvre » la tranche de besoins en financement allant de 200.000 à 1 mil lion d’euros. Son capital a été fixé à 7,4 millions d’euros, libéré, pour l’heure, à concurrence de 25 %. En deux ans, un peu moins de 100 dossiers en tous genres – mais en très grande majorité concernant le secteur IT – sont passés entre les mains des analystes de la société. Au final, trois décisions d’investissement ont été prises, dont la plus médiatisée a été celle ayant accompagné l’opération de management buy out de la société de services informatiques Systemat, début 2011. Sting y a engagé 850.000 euros et a pris un siège dans les comités stratégique et d’audit, ainsi que dans le conseil d’investissement. Une autre participation, pour un montant de 200.000 euros, a été prise dans une société développant un site Internet offrant des services liés à la transmission et à la reprise de fonds de commerce. Enfin, un dernier investissement, à peine clôturé, et dont les détails devraient être dévoilés début mars, concerne le développement d’une nouvelle enseigne commerciale au Luxembourg. « Le
Jean-Claude Bintz (Sting)
manager de cette société connaît parfaitement bien son métier, mais a besoin d’un accompagnement en matière de stratégie marketing, explique M. Bintz. Ce dossier nous plaît beaucoup, car il va nous permettre, à tous, de laisser parler notre âme d’entrepreneur. » Dix autres dossiers sont dans une phase de suivi intensif et quatre, actuellement dans une phase de due diligence, sont sur le point d’aboutir à une décision d’investissement. Et chaque semaine, deux ou trois nouvelles demandes arrivent chez Sting. Pour l’heure, elle fonctionne sans aucune structure propre, chacun des six associés fondateurs traitant les dossiers dans leurs – rares – temps libres. Des dossiers parfois recommandés par des banques, des Big Four ou bien encore Luxinnovation.
« Une histoire d’hommes » Les candidats refusés, eux, le sont pour des raisons variées : projet pas assez abouti dans sa conception, prise de risques trop élevée, business plan pas assez solide… ou bien manque de personnalité du porteur de projet. « Un investissement, c’est aussi une histoire d’hommes, explique M. Bintz. Un dossier sur papier, c’est une chose, mais quand on a la personne en face, ça change tout. On constate que la crise est aussi une source de motivation pour créer et développer quelque chose. Mais il est vrai aussi que beaucoup ont peur et manquent de confiance dans leurs projets. Ce sont généralement ceux qui demanderont à ce que nous investissons notre argent, sans apporter le leur. Quelqu’un qui croit vraiment dans son projet trouvera toujours un moyen d’investir une partie lui-même ».
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24 actualité Trois questions à Cyril Pierre-Beausse
« Personne n’est à l’abri »
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Le responsable du département Droit informatique chez Allen & Overy revient sur la fermeture du site MegaUpload et explique la situation du Luxembourg en matière de téléchargements. BCEE
Perspective négative Photo : Luc Deflorenne (archives)
Publié le 23.01.2012
Cyril Pierre-Beausse (Allen & Overy) : « Les règles sur la vie privée sont plus sévères au Luxembourg. »
Interview par Nicolas Raulot, publiée le 20.01.2012 Monsieur Pierre-Beausse, une décision analogue à celle dont vient d’être victime MegaUpload est-elle possible au Luxembourg ? « D’abord, il faut rappeler que la fermeture du site Megaupload.com fait suite à une série de décisions analogues aux États-Unis et ailleurs. Elle n’a rien d’exceptionnel. Cela pourrait très bien arriver au Luxembourg, par exemple si un site établi au Grand-Duché, obtenait la notoriété de MegaUpload ou de The Pirate Bay il y a quelques années. Plusieurs bases légales existent et notamment la loi sur les droits d’auteurs. D’ailleurs, les autorités de poursuite et de recherche (police, parquet, douane) ont toujours été là pour agir contre le piratage industriel. Il y a une dizaine d’années, 500.000 CD contrefaits et stockés au Luxembourg avaient été saisis. Après la loi Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) en France, les États-Unis préparent également un cadre législatif contre le téléchargement illégal. Est-ce envisagé au Luxembourg ? « À ma connaissance, il n’y a pas de projet de loi ou d’institution de type Hadopi au Luxembourg pour lutter contre le téléchargement des particuliers. Il est probable que les règles sur la vie privée, qui sont plus sévères au Luxembourg, poseraient des problèmes pour qu’un tel dispositif soit adopté, contrairement à la France qui donne la priorité à la protection de la culture. Ici, il faudrait aménager la loi pour que des contrôles soient possibles ou même qu’ils soient sous-traités à des sociétés privées. Toutefois rien n’est gravé dans le marbre. Il n’est pas du tout impossible que la situation évolue, car ces comportements peuvent non seulement porter préjudice aux droits d’auteur, mais aussi au budget de l’État, en réduisant les recettes de TVA. À ce jour donc, on ne risque rien au Luxembourg quand on télécharge illégalement des fichiers… « Pas forcément. Un site russe permet désormais de savoir à partir d’une simple adresse IP quels fichiers Torrent (permettant des taux de transfert beaucoup plus rapides et plus appropriés aux œuvres de taille impor tante, ndlr.) une personne a téléchargés. Le but des promoteurs privés de ce site est, semble-t-il, de faire passer le message suivant : ‘attention, vous laissez des traces sur Internet, méfiez-vous, vous êtes repérés’. Cela démontre que personne n’est à l’abri. Tout le monde peut vous traquer. Y compris des gens qui vous veulent du mal, dès lors qu’ils ont un certain niveau d’expertise. »
Qualifiée de « connerie exem plaire », la semaine dernière, par le Premier ministre Jean-Claude Juncker, l’abaissement de la perspective de la note du Luxembourg à négative a des conséquences pour la place financière. Car son établissement pivot, la Banque et Caisse d’Épargne de l’État, vient de se voir infliger la même sanction par Standard & Poor’s. Le rating AA+ de la banque publique (inférieur d’un cran à la notation souveraine) est confirmé, mais la perspective est réduite de stable à négative. Autre mauvaise nouvelle pour la Place : l’emploi financier recule. La Banque centrale du Luxembourg indique ce lundi que « l’emploi dans les établissements de crédit du Luxembourg, s’élève à 26.695 personnes au 31 décem bre 2011, ce qui représente une baisse de 114 emplois par rapport à septembre 2011 ». Selon la Banque centrale, 46 établissements de crédit ont augmenté leurs effectifs au cours des trois derniers mois, alors que 48 autres les ont réduits. Fit4Commerce
Mieux encadrer les demandeurs d’emploi
Ce plan d’action s’étale sur plusieurs étapes : identification des postes de travail à pourvoir ; sélection des demandeurs d’emploi sur des bilans de compétences et des entretiens personnalisés ; mise en place d’un programme de formation individualisé pour mettre à niveau les compétences de ces demandeurs d’emploi et encadrement afin d’optimiser leurs chances d’insertion. Ce projet s’étale sur deux ans (2012-2013) et sera doté d’une enveloppe budgétaire de 640.000 euros, financée pour moitié par le Fonds social européen et pour moitié par le Fonds pour l’emploi. Horaires du samedi
Hetto-Gaasch tranche pour 19 h Publié le 24.01.2012
La réunion « de la dernière chance » n’a finalement abouti à aucun résultat tangible. Syndicats et commerçants ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la façon d’appliquer les horaires de fermeture des magasins les samedis et les veilles de jours fériés légaux, fixés, depuis le 1er juillet 2010, et pour une période d’essai de deux années, à 20 h. Les syndicats réclamaient une majoration de 50 % des heures prestées au-delà de 18 h (l’heure légale de fermeture). Les commerçants, eux, plaidaient pour une abolition pure et simple de la loi réglant les horaires d’ouverture. Faute d’un accord, la ministre des Classes moyennes, Françoise Hetto-Gaasch qui, au passage, « déplore
vivement l’attitude des parte naires sociaux », a tranché : elle prépare un projet de loi fixant ces heures de fermeture à... 19 h. « Nous sommes un peu déçus, explique André Sowa, le secrétaire général du syndicat Commerce de l’OGBL, contacté par paperjam.lu. Nous avons le sentiment que la ministre a pris position en faveur de la Confédération luxembourgeoise du Com merce. » Du côté de la CLC, on n’a pourtant pas vraiment sauté au plafond à l’annonce de la décision de la ministre. « Nous sommes mécontents de cette solution qui ne donne pas satis faction, explique son président Gary Kneip à paperjam.lu. Il y aura toujours les pays voisins qui ont des avantages par rap port à nous. » Cargolux
Forson confirmé comme CFO Publié le 24.01.2012
C’était un secret de polichinelle. Voilà la nouvelle confirmée par le vote du conseil d’administration de Cargolux. Le Sud-Africain Richard Forson remplace David Arendt au poste de chief finan cial officer du leader européen du tout-cargo aérien. Depuis 2006, il occupait les fonctions de COO chez Wamar international (industrie de l’énergie et de l’aérospatiale américaine). Mais il a surtout exercé comme CFO de Qatar Airways (aujourd’hui actionnaire à 35 % de Cargolux) entre 2003 et 2006.
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Publié le 24.01.2012
Le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, a présenté le projet Fit4Commerce : un nouveau concept pour mieux réussir l’orientation, l’insertion et la réinsertion professionnelle des demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem dans le secteur du commerce. Ce projet est ciblé sur le secteur du commerce qui est, avec 46.000 salariés (dont 20.000 dans le commerce de détail), un des secteurs qui connaît la plus forte progression en matière de création d’emplois.
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Médiation
Eviter les procès Il existe une autre voie pour résoudre les litiges que la voie judiciaire. L’introduction d’un cadre légal pour la médiation civile et commerciale devrait encourager le recours à cette alternative trop souvent négligée.
Frédérique Moser (texte), Julien Becker (photo)
La médiation n’est pas un concept neuf au Luxembourg. Mais l’avenir lui appartient. Pour l’heure, elle existe sous plusieurs formes, notamment dans les domaines pénal et familial, où des structures spécifiques aident les protagonistes à trouver par eux-mêmes une solution à leur conflit. Mais elle se pratique également, et cela est bien moins connu, dans le domaine juridique, civil et commercial, où elle s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises (voir encadré). Pour donner une idée de l’éventail d’application de cette méthode de résolution des conflits, très en vogue dans les pays du nord et outreAtlantique, l’ALMA (Association luxembourgeoise des médiateurs agréés) a élaboré sa propre définition : « La médiation est un processus volontaire de création et de gestion du lien social et de règlement des différends, dans lequel un tiers impartial, indépendant et formé aux techniques de la médiation, participe à travers l’organisation d’échanges, entre les personnes ou les institutions, à améliorer leur relation ou à gérer un différend qui les oppose. » La médiation civile et commerciale est actuellement proposée par le Centre de Médiation du Barreau de Luxembourg (CMBL). Mais sa pratique reste marginale : alors que le CMBL compte 20 médiateurs agréés, seulement quatre demandes de médiation ont été déposées en 2011 et deux ont été réalisées. « Le marché n’est pas encore là, admet Jacques Wolter, avocat à la Cour et membre de la commission scientifique du CMBL. Les gens n’ont pas encore pris conscience de l’intérêt des médiations. Jusqu’ici les juges, en l’absence de cadre légal, ne voulaient pas en ordonner. Le CMBL espère qu’avec cette loi, qui va offrir un environnement sécurisé à cette méthode de résolution des litiges, un changement de mentalités va s’opérer. » La loi « introduisant la médiation civile et commerciale dans le Nouveau Code de procédure civile » a été votée le 31 janvier. Le texte approuvé par les députés inclut la proposition de loi de Lydie Err – la pionnière socialiste de la médiation, aujourd’hui médiateure (de l’État) – , datant de 2002, et le projet
de loi déposé il y a moins de 10 mois par le ministre de la Justice. Un trajet législatif plutôt bref, pour un texte qui transpose également une directive européenne de 2008 précisant les modalités des médiations transfrontalières et imposant la promotion, par les autorités publiques, de ce mode de résolution des litiges. Un trajet trop bref ? À l’issue du vote, la députée Déi Greng Viviane Loschetter est parvenue à faire voter une motion qui précise quelques éléments essentiels : « L’obligation de suivre une formation spécifique à la médiation, en vue de l’obtention de l’agrément » (modalités à préciser par voie de règlement grand-ducal) ; une invite au gouvernement à « encourager l’adhésion de tous les médiateurs et médiatrices au Code de bonne conduite des médiateurs » ainsi que l’organisation d’une vaste campagne d’information et de sensibilisation, à destination du grand public.
Agrément ministériel De longs débats ont porté sur la pertinence, pour le médiateur, de détenir un agrément délivré par le ministre de la Justice. Le texte voté (mais non encore publié au Mémorial) en prévoit la possibilité, mais pas l’obligation. De quoi satisfaire l’aile la plus libérale de l’ALMA, c’est-à-dire le Centre de Médiation du Barreau, qui en est un membre. Depuis le début des réflexions, il prône une formation réduite, en termes de volume horaire, et le principe de liberté contractuelle pour les parties en conflit. « Tout le monde s’accorde sur le fait que le médiateur doit avoir suivi une formation initiale et qu’il lui faut de la formation continue, indique Me Wolter. C’est évident, une telle fonction ne s’improvise pas. La médiation est une méthode, elle requiert des techniques qu’il faut avoir apprises. Ce n’est pas parce que l’on est notaire, avocat ou architecte, ou encore que l’on est beau parleur, curé ou que saisje, que l’on va pouvoir faire de la médiation ! Mais si les parties sont d’accord pour estimer que c’est le maire de leur village qui est le mieux placé pour résoudre leur litige, doit-on les empêcher d’y avoir recours ? », interroge-t-il.
Adresses
Omnipotente… ou presque ! La médiation se prête à de multiples conflits. Deux centres principaux en proposent au Luxembourg. Le Centre de Médiation du Barreau de Luxembourg (CMBL), créé le 13 mars 2003, à l’initiative de l’Ordre des Avocats du Barreau de Luxembourg, de la Chambre de Commerce et de la Chambre des Métiers. L’asbl qui est ouverte à d’autres professions réglementées s’adresse aux entreprises ainsi qu’aux particuliers, dans le cadre du règlement de leur litige civil, commercial ou social. Pour un litige inférieur à 15.000 euros, le Centre de Médiation met en compte un montant forfaitaire hors TVA de 600 euros, dont 150 euros à titre de frais d’ouverture de dossier et 450 euros à titre d’honoraires pour le médiateur. Pour les litiges d’un enjeu supérieur à 15.000 euros, les frais d’ouverture du dossier sont de 150 euros (convention d’arbitrage) ou de 300 euros (absence de clause ou de convention d’arbitrage). Ensuite, un montant horaire de 230 euros est mis en compte, dont 30 euros à titre de frais administratifs.La durée de la médiation ne peut excéder trois mois, à compter de la signature de la convention de médiation. Toutefois, sa durée peut être prolongée avec l’accord des parties. Elles peuvent également y mettre un terme à tout moment. Contact : info@centre-mediation.lu Le Centre de Médiation de la galerie Kons propose quant à lui de la médiation familiale, pénale et dite « réparatrice mineur », qui se pratique dans ses locaux de la place de la Gare, à Luxembourg. Il s’agit d’une asbl conventionnée avec l’État, pour l’établissement des tarifs. Il existe également d’autres médiations : voisinage, etc. Infos sur www.mediation.lu F. M.
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« Si un chef d’entreprise préfère choisir comme médiateur un porteur de cravate, et que cela peut lui permettre d’éviter un procès, je crois qu’il acceptera de le payer » Me Jacques Wolter (Wolter Avocats)
Pour l’avocat, le « marché réglera tout » : les professionnels bien formés, parfaitement qualifiés, auront tôt faits de se distinguer du lot. Tout comme émergeront peu à peu des médiateurs « spécialisés », même si le texte ne prévoit pas, a priori, de distinguo. « Pour moi, tout cela va se décanter naturellement. En tant qu’avocat, je ne vais jamais adresser mon client à une personne qui ne sait pas faire de la médiation. C’est pourquoi le CMBL a insisté sur la nécessité d’une formation pour pratiquer la médiation conventionnelle, mais basée sur une cinquantaine d’heures, ainsi qu’une formation continue, cela suffit. » Si Jacques Wolter, lui-même médiateur formé à Heidelberg, se réjouit du ressort nouveau que cette loi pourrait apporter à la médiation, l’homme à la robe noire ne craint-il pas une concurrence nouvelle pour les avocats ? « Non, pas du tout », réplique-t-il. Et le juriste de se lancer dans une petite plaidoirie : « Il y a plu-
sieurs éléments. La première, c’est que dans les affaires contentieuses, l’avocat sait dès le départ que certains dossiers ne se résoudront pas en justice. C’est l’exemple du litige entre voisins : souvent, ce n’est pas l’arbre que l’on veut faire couper qui pose souci, mais le problème émerge d’une mauvaise relation, souvent ancienne… La seconde chose, c’est qu’un procès dure longtemps. Et mobilise beaucoup de ressources humaines, de temps... Dans un dossier compliqué comme un chantier de construction, l’entreprise doit retrouver tous les documents, les papiers… parfois, il y a des mètres et des mètres de classeurs. Il faut les reprendre plusieurs fois en main. Il arrive aussi que le salarié qui connait le chantier ne soit plus là. Cela coûte énormément de frais indirects à l’entreprise. Et puis, il y a un facteur très important aussi, c’est que souvent, il existe des relations à long terme entre commerçants, entrepreneurs, architectes, etc. qui sont partenaires
sur plusieurs contrats. S’ils ont un conflit sur un contrat, ils sont gênés sur tous les autres. » Me Wolter raconte ainsi avoir souvent entendu des commerçants se plaindre de ne plus pouvoir travailler avec tel ou tel entrepreneur habituel, parce qu’un litige était apparu sur un chantier et avait tout bloqué. « L’avantage pour l’avocat, c’est de rendre un bon service à son client. La médiation permet en plus de trouver des arrangements que la justice n’aurait pas permis de trouver. Il s’agit d’un arrangement extra-judiciaire, qui peut offrir un intérêt supplémentaire au client. L’avocat n’a aucun intérêt à monter un dossier qui dure, qui reste soumis aux aléas de la justice, qui ne satisfait pas son client et qui – cela est peut-être un point de vue personnel –ne le satisfera pas lui-même non plus, au final…» Image idyllique d’une profession dévouée à l’équité, la justice et totalement désintéressée ? } 28
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Me Jacques Wolter : « Dans la construction, il est possible d’introduire une clause de médiation, avec un médiateur désigné dès le départ du projet. C’est en dénouant les petits points, en temps réel, que l’on évite les gros problèmes. »
{ « Certes, il y a toujours des cyniques qui inciteront
leur client à aller au tribunal et suceront l’os jusqu’à ce que toute moelle soit sortie ! Mais un avocat qui veut faire bien son travail, veut avant tout trouver une solution au problème. Il peut au moins en discuter avec son client. » Selon Me Wolter, près d’un tiers des dossiers qui parviennent devant la justice s’apprêtent à une médiation. « Il peut également arriver que ce soit le client lui-même qui annonce son intention d’aller en médiation ; l’avocat doit pouvoir préparer son client et l’accompagner tout au long du processus. C’est un travail qui se paie, comme un autre. » De plus, la médiation peut constituer une activité complémentaire pour les juristes, à la fois rémunératrice et gratifiante. « Toute personne qualifiée et qui a suivi une formation adéquate peut devenir médiateur. C’est un nouveau service dans la gamme de ceux qu’offrent les avocats, explique Me Wolter. S’il est formé, il touchera des honoraires, à tarif conventionnel. »
Préserver une relation commerciale La fonction de médiateur n’est pas destinée aux seuls hommes de loi. L’éventail des professions potentiellement concernées est très large, pour ne pas dire illimité. Réviseurs d’entreprise, notaires, architectes, artisans… Dans ce dernier domaine, de nombreuses potentialités existent pour favoriser les médiations. « Dans le secteur de la construction, il arrive de plus en plus fréquemment que le recours à la médiation soit inscrit à l’intérieur du projet. Surtout lorsque beaucoup de parties interviennent, on peut prévoir dans les contrats des clauses de médiation et désigner le médiateur d’entrée, qui interviendra pour tout conflit. C’est en dénouant les petits problèmes, en temps réel, que l’on évite les gros nœuds. La médiation permet de réunir les parties autour d’une table, de laisser les patrons s’exprimer, et comme ce sont souvent de fortes têtes, les techniques de médiation aident à avancer ! »
Photo : Olivier Minaire (archives)
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L’inscription d’une clause de médiation peut s’avérer une précaution fort utile, permettant à la fois de garantir les délais de livraison et de sauvegarder une relation commerciale ou un partenariat de longue date. « Le recours à cette méthode permet de rattraper des projets, d’en envisager de nouveaux… C’est cela qui devrait résonner fortement auprès des professionnels », assure Me Wolter. Et pas forcément l’avantage pécuniaire. Même si, généralement, le coût d’une médiation reste inférieur à celui d’un procès, Me Wolter se garde bien de mettre cet argument en avant quand il suggère une médiation à un client. « Nulle part dans le monde, la médiation conventionnelle est gratuite. Rien n’est gratuit dans la vie !» Contrairement à certains membres de l’ALMA, qui ont plaidé pour une gratuité de ce qu’ils considèrent comme un droit pour les citoyens, le CMBL revendique le paiement d’honoraires. « Si des chefs d’entreprise veulent avoir un pédagogue comme médiateur, je suis d’accord, ils peuvent essayer d’aller à la galerie Kons, mais l’État doit-il payer un médiateur pour régler un litige commercial ? Pour moi, si un chef d’entreprise préfère choisir comme médiateur un porteur de cravate, et que cela peut lui permettre d’éviter un procès, je crois qu’il acceptera de le payer. Du moment qu’il est convaincu de l’utilité de faire une médiation. » Le cadre légal, désormais mis en place, est donc salué avec enthousiasme par le CMBL, qui envisage d’ailleurs de recruter un employé permanent, chargé de promouvoir cette méthode auprès du public et d’élargir le cercle des membres à
d’autres ordres professionnels, notamment. « Ce qui est important, c’est qu’il existe désormais un cadre juridique, rassurant, parce qu’il garantit la confidentialité de la médiation et qu’il ouvre la possibilité de faire exécuter les conclusions de la médiation, en les faisant valider par un juge. De plus, le recours à ce système permet la suspension de certains délais de prescriptions. » Pour autant, l’avocat ne s’attend pas à un véritable « boom » des médiations dans les mois à venir. Les freins restent importants. « Beaucoup de parties annulent la médiation avant même qu’elle commence. Les raisons du renoncement, ce sont essentiellement des facteurs psychologiques, à mon avis. On est habitués à donner nos malades aux hôpitaux et on est habitués à donner nos litiges à un avocat et à un juge. C’est plus clinique. Je peux encore me fâcher quand j’ai une note d’honoraires ou un jugement qui ne me plaît pas, mais ce n’est pas de ma responsabilité. J’en suis débarrassé, commente l’avocat-médiateur. La médiation, elle, implique un engagement personnel. Quand il faut se mettre autour d’une table avec la personne avec laquelle vous avez un litige, c’est autre chose. Ce n’est pas aussi propre. Il faut mettre les mains dans le cambouis. Et à mon avis, c’est cela, le grand frein au développement de la médiation. » Pour le juriste, le vote de loi ne devrait pas faire des lendemains qui chantent. Mais elle provoquera peut-être des prises de conscience, elle permettra d’engager des réflexions sous de nouveaux angles, de disposer d’alternatives nouvelles. Et de franchir un premier pas. Souvent, celui qui coûte le plus.
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Emploi
L’autre pays du chômage Le Luxembourg doit apprendre à vivre avec un taux de chômage qui monte. Il faut aussi envisager le « non emploi » au travers des chiffres sur les frontaliers ou sur les intérimaires par exemple. Et prendre le recul nécessaire pour croiser les statistiques.
Alain Ducat
Il n’y a pas si longtemps, le Luxembourg était un pays qui frôlait le rêve du plein emploi. Les situations de crise ont apporté des bémols. Et le taux de chômage, tout en restant enviable pour la majorité des pays occidentaux, est parti à la hausse. Il était à 6,6 %, à la fin décembre. Mais le calcul du taux n’est pas tout. Il suffit déjà de décortiquer un Bulletin luxembourgeois de l’emploi édité par l’Adem pour obtenir une idée, à la fois de la complexité des définitions, des réalités qu’elles présentent et des données… qu’elles ne prennent pas en compte. Par exemple, le nombre de demandeurs d’emploi résidents est différent du total des « PIDE », les personnes inscrites comme demandeurs d’emploi. Selon la définition officielle, elles sont les « personnes sans emploi, résidentes sur le territoire national », ajoutées aux « travailleurs à capacité de travail réduite, non résidents, disponibles pour le marché du travail, à la recherche d’un emploi approprié, non affectés à une mesure pour l’emploi, indemnisés ou non indemnisés et ayant respecté les obligations de suivi de l’Adem ». Les PIDE ne reprennent donc pas, notamment, les quelque 4.000 résidents qui bénéficient d’une mesure pour l’emploi, sous la férule de l’Adem. Fin décembre 2011, le total des PIDE était de 18.185, dont 7.645 femmes. Et le flux de personnes s’étant inscrites aux bureaux de placement au cours de ce mois de décembre était de + 1.778. À la même période, le nombre de demandeurs d’emploi résidents s’affichait à 16.337. Dont 7.073 femmes. Ce qui apporte un éclairage socioéconomique légèrement différent sur le chômage des femmes, proportionnellement plus important chez les résidents. C’est aussi le nombre de demandeurs d’emploi résidents qui intervient pour déterminer le taux de chômage du pays. Logique implacable, mais pas neutre, dans un pays dont le marché du travail se nourrit, de façon presque boulimique, de frontaliers.
Le taux de chômage s’établit par rapport à la population active. Celle-ci regroupe l’emploi national et les demandeurs d’emploi résidents. L’emploi national, c’est la différence entre l’emploi intérieur (soit environ 350.000 salariés, plus quelque 21.500 non-salariés) et les « frontaliers nets » (plus de 150.000 frontaliers étrangers au Grand-Duché – quelque 700 résidents frontaliers sortants – quelque 10.300 fonctionnaires internationaux). Cela amène, selon cette base de chiffres de fin décembre, la population active à 247.281 personnes. Et donc, avec 16.337 demandeurs d’emploi résidents, on obtient un taux de chômage de 6,6 %.
Un appel d’air qui change Ouf ! On comprend mieux que, en dehors des statisticiens et des habitués de la manipulation de ces calculs, le commun des observateurs s’arrête au seul taux de chômage, au demeurant comparable à celui d’autres pays ou d’autres économies, pour autant que les modes de calcul et les bases de données appliquent les mêmes règles. La comparaison a toujours été, et reste de loin, favorable au Luxembourg. Mais ces données, brutes, n’expliquent pas pourquoi, alors que le nombre d’emplois global reste assez stable voire augmente, le taux de chômage ne cesse d’augmenter. « Longtemps, il y a eu un puissant appel d’air de la main-d’œuvre frontalière. Et cela se marquait très fort dans les chiffres, parce que le taux de chômage était très élevé aux alentours du Luxembourg et très bas ici », souligne Franz Clément, docteur en sociologie, chercheur au CEPS/Instead et membre du Retel (réseau d’étude sur le marché du travail et de l’emploi – lire page 38). « Or cette différence se réduit de plus en plus. La province du Luxembourg belge est entre 7 et 8 % de chômage. » C’est un peu plus qu’au Grand-Duché, grand pourvoyeur d’emplois aux habitants de la province voisine, mais moins que la moyenne du chômage en Wal-
lonie. Et c’est un exemple parmi d’autres d’une réalité qui peut se cacher, tout en nuances, derrière les chiffres. « On peut en tout cas avoir une image un peu tronquée, poursuit le chercheur, notamment quand on fait des comparaisons au niveau européen. Le PIB par exemple est calculé selon le même modèle partout. Mais au Luxembourg, on estime que 45 % du PIB sont apportés par des non-résidents. » Tout est donc relatif, a fortiori quand on considère que la structure de l’emploi a évolué en même temps que celle de la société luxembourgeoise, mais pas à la même vitesse. Les emplois de production, les postes à moindre valeur ajoutée ou nécessitant peu ou pas de qualifications, tendent à se raréfier. Les emplois qui se créent sont qualifiés et recherchent une main-d’œuvre que ne peut fournir en suffisance le pays, et qu’il faut aller chercher de plus en plus loin des frontières. Tout cela a conduit à ce que les responsables, notamment politiques, du Luxembourg tirent la sonnette d’alarme pour une réforme de l’enseignement, de la loi sur l’école primaire (qui remonte à 1912), jusqu’à l’avènement de l’Université, qui fait son trou. Les réformes ciblent aussi la formation professionnelle, ainsi que les mesures aptes à soigner – à terme, car les effets ne sont pas visibles en quelques années – un taux de chômage plus élevé qu’avant et pourtant devenu pratiquement incompressible. Les débats sur la compétitivité, sur le maintien de centres de décision luxembourgeois, sur les questions de pouvoir d’achat ou d’accès au logement, se mesurent aussi à cette aune-là, au-delà des statistiques. On peut également approcher la question du « non emploi » par le biais du travail temporaire. C’est un des axes de recherche récurrents du Dr Franz Clément, que de suivre cette évolution. « Entre 2000 et 2011, la population des intérimaires est restée assez stable, dans le ratio entre travailleurs résidents, environ 20 %, et frontaliers, 80 %. Signe de temps de crise, sur les six derniers mois, la proportion a changé, à 30-70. Même si, globalement, le
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Photo : David Laurent / Wide (archives)
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L’Adem devra, d’ici peu, inclure d’une manière ou d’une autre la comptabilisation de frontaliers indemnisés par le Luxembourg.
nombre d’intérimaires a diminué, leur répartition a varié. C’est une tendance très nette. » Or, en 2010, le secteur du travail intérimaire a occupé 6.878 personnes, ce qui représente 1,6 % de l’emploi total. L’industrie et la construction sont les principales branches utilisatrices : elles occupent plus d’un travailleur intérimaire sur deux au Grand-Duché. Ce sont majoritairement des hommes, d’origine française, âgés de 25 à 34 ans.
Intérim et frontaliers : une autre donne Il faudra voir comment cela évoluera, avec l’application de réglementations européennes plus strictes. Le règlement n° 883/2004 du Parlement européen et du Conseil, du 29 avril 2004, portant sur la coordination des systèmes de sécurité sociale, est censé être en vigueur depuis mai 2010.
Les dérogations et délais expirent. Et cela devrait modifier la donne... En matière de détachement par exemple : 25 % des intérimaires étaient en détachement au Luxembourg ! En matière de chômage aussi, ce règlement fera jouer des coudes : à partir de mai, l’Adem devra enregistrer les frontaliers, au même titre que les résidents, pour ce qui est du bénéfice de l’aide à l’emploi. Et ce n’est pas tout, puisque la logique du règlement en question consacre le principe des indemnités de chômage dues dans le pays où l’on exerçait l’emploi qui a été perdu. A l’Adem, on ne se montre guère disert sur la question, qui fait pourtant partie des dossiers de chevet, en parallèle à la grande réforme de l’institution, désormais « agence pour le développement de l’emploi ». « A priori, le Luxembourg payera les trois premiers mois de chômage, au tarif du pays de résidence du frontalier ayant perdu son poste », confie un proche du dossier, confirmant au demeu-
rant l’approche que le ministre François Biltgen, quand il était encore en charge du Travail et de l’Emploi, a plus d’une fois publiquement annoncée. Cette nouvelle règle modifiera les chiffres du chômage, d’une manière ou d’une autre. Il y aura un impact budgétaire, qui a été provisionné a priori. Et aussi un impact statistique, selon la façon de comptabiliser ces « nouveaux chômeurs » indemnisés par le Luxembourg. On sortirait ainsi du brouillard les frontaliers qui échappent le plus souvent aux statistiques du chômage luxembourgeois. Ils existent pourtant. Comme existent les relations entre l’Adem et les services publics d’emploi de la Grande Région. Il y a même un séminaire en commun par an. Mais il manque une coordination des analyses statistiques concernant les frontaliers. En France, Pôle emploi ne rassemble pas de précisions sur les travailleurs qui « reviennent » du Grand-Duché pour grossir les rangs des chômeurs } 32
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Importance du reflux de frontaliers belge Le Forem (Arlon) comptabilise la différence entre les entrées (inscriptions ou réinscriptions de demandeurs d’emploi) de frontaliers belges rentrant du Grand-Duché de Luxembourg, et les sorties (demandeurs d’emploi venus du Luxembourg qui ont retrouvé un emploi).
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Le Retel : croiser et élargir
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{ de l’Hexagone. En Belgique, le Forem, en liaison
avec l’Adem (essentiellement par le biais de fonctionnaires se connaissant et se retrouvant dans le réseau Eures notamment), a introduit cette approche ciblée dans ses publications et analyses.
Un phénomène Luxembourg pour les voisins « Nous avons des contacts étroits avec l’Adem, confirme Nathalie Flamant, chargée de communication au Forem à Arlon. Et un travail d’analyse cible spécifiquement le phénomène Grand-Duché, qui influence directement notre marché de l’emploi et notre potentiel de demandeurs d’emploi. » La province du Luxembourg belge est d’ailleurs doublement influencée par les « passeurs de frontière », avec environ 27.000 habitants qui se rendent quotidiennement au Luxembourg pour y travailler et un flux entrant en provenance de France, avec quelque 6.000 résidents français ayant leur emploi dans la province belge. « Avec la crise, la croissance de l’emploi frontalier a connu une légère stagnation ces deux dernières années, sans pour autant devenir négative, observe Adeline Dussart, analyste au Forem. Par ailleurs,
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Après sa première sortie fin novembre dernier, à Mondorf, le Retel (réseau d’étude sur le marché du travail et de l’emploi) tiendra un deuxième colloque, mi-mars, consacré à l’évaluation des mesures en faveur de l’emploi. Le Retel, émanation de l’observatoire de l’emploi sous l’égide du ministre du Travail et de l’Emploi Nicolas Schmit, a pour mission de mieux connaître le marché du travail au Luxembourg. Un autre objectif est d’avancer sur un terrain prospectif, en direction d’une « gestion plus adaptée et proactive du marché de l’emploi national ». Le Statec, l’Adem et l’IGSS sont les trois sources principales au Luxembourg. Mais l’idée est aussi d’associer les travaux de nombreuses autres institutions ou organismes engagés dans des études sur ce domaine, comme la Banque centrale du Luxembourg, le Conseil économique et social (CES), les chambres et associations professionnelles, l’Université du Luxembourg, le Ceps-Instead… L’observatoire interrégional de l’emploi de la Grande Région, ainsi que Pôle emploi en France, le Forem belge ou l’Arbeitsagentur allemande font aussi partie du panel qui alimentera le réseau. Le Retel est une initiative qui entend jeter des passerelles vers tous les observateurs concernés par le bassin d’emploi du Lux embourg. Croiser les données et élargir l’horizon d’analyse aux pays limitrophes pourvoyeurs de main d’œuvre était, de fait, indispensable. A. D.
(source Forem)
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Observatoire de l’emploi
les frontaliers ayant perdu leur emploi au GrandDuché ont pu retourner à l’emploi plus ou moins rapidement même si la situation n’est pas encore aussi stable qu’avant le début de la crise. » L’organisme belge a ainsi mesuré chaque mois le « retour des frontaliers » du Grand-Duché depuis le début de la crise. 2.293 (ré)inscriptions ont été enregistrées entre début décembre 2008 et fin août 2011. À cette époque, 36 % d’entre eux étaient toujours demandeurs d’emploi indemnisés. « Les sorties – de gens qui, ayant perdu leur emploi au Luxembourg, en ont retrouvé un, au Luxembourg ou ailleurs – sont supérieures aux entrées depuis avril 2010. Mais en août 2011, il y avait à nouveau plus d’entrées dans la demande d’emploi que de sorties. » Le voisin belge a notamment eu des pics de retour durant l’hiver 20082009 (de novembre à avril) et pendant l’hiver 2009-2010 (décembre à mars). Des gens qui sont alors devenus chômeurs sans que le Grand-Duché de Luxembourg les ait considérés comme tels dans ses chiffres. Dans les mois à venir, l’Adem devra aussi comptabiliser ces travail leurs... Le plateau a changé. Et même si tout est relatif, le Luxembourg, pays du plein emploi, devient peu à peu l’autre pays du chômage.
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Transfert au Grand-Duché
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La société de services informatiques justifie son choix par une volonté de mieux servir ses clients internationaux. La « stabilité fiscale » du Luxembourg est également appréciée.
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Aviation
Wiseler réorganise le ciel luxembourgeois Publié le 24.01.2012
Photo : Sword
Claude Wiseler, ministre du Développement durable et des Infrastructures, remet à plat le fonctionnement des deux administrations compétentes pour l’organisation du ciel luxembourgeois, tant la DAC (Direction de l’aviation civile) que l’ANA (Administration de la navigation aérienne). Malgré leurs profonds désaccords, les directeurs des deux entités, Claude Waltzing pour la DAC, et Ender Ulcun pour l’ANA, restent en place. Les compétences de chacune des deux administrations vont être réorientées de façon à améliorer leurs relations et à définir de nouveaux points de contacts. « Les tensions qui existaient entre les deux administrations étaient inacceptables car elles doivent travailler ensemble tous les jours », explique Claude Wiseler à paperJam.lu. À la DAC, le ministre va séparer le régulateur d’un côté et le superviseur des opérateurs (et donc de l’ANA) de l’autre. « Un fonctionnaire va être chargé de cette supervision. Il sera responsable des contacts avec l’ANA. C’est un modèle qui
Jacques Mottard (Sword) : « Nous avons pris la décision il y a deux ans et demi. »
Par Nicolas Raulot, publié le 23.01.2012 Après Eurofins Scientific, Sword. La société de services informatiques a décidé de transférer son siège social de la France vers le Luxembourg. Les actionnaires pourront se prononcer sur ce transfert lors de l’assemblée générale du 26 mars. En cas d’opposition, ils pourront obtenir le rachat de leurs titres auprès de l’entreprise. L’entreprise lyonnaise, qui emploie environ 1.400 personnes, justifie son choix par une volonté de se rapprocher de ses clients : « Ce changement permet à Sword de servir encore plus efficacement ses clients internationaux ainsi que les organisations internationales. » « La stabilité fiscale du Luxembourg plus que l’optimisation a également motivé cette décision, que nous avons prise il y a déjà deux ans et demi », explique à paperJam.lu Jacques Mottard, le CEO et fondateur de la société. En 2009, l’entreprise avait transformé son statut de société anonyme en société européenne, étape préalable au transfert. Sword est déjà présente au Grand-Duché, où ses acti vités (70 salariés) sont dirigées par Michel Bonvoisin. Toutes les activités Benelux (325 salariés) sont gérées à partir du Luxembourg sous la responsabilité de Dieter Rogiers. Active dans 50 pays, l’entreprise internationale détient des filiales dans 15 pays dans le monde, dont l’Irlande, la Suisse, la Grande-Bretagne, les États-Unis, Dubaï, Hong Kong… Créée en 2000, Sword indique que 83 % de son chiffre d’affaires (125 millions d’euros environ en 2011) est réalisé hors de France, ce qui nécessite des compétences multilingues beaucoup plus aisées à trouver au Luxembourg que dans l’Hexagone.
existe dans beaucoup de pays, dont la Belgique », explique le ministre. Scission similaire à l’ANA, où va être créé un service de coordination pour les questions de supervision et les relations avec la DAC. Un fonctionnaire spécifique en sera chargé. « Les réformes ont été acceptées par les deux administrations. Cette réforme était nécessaire pour réaliser un travail efficace et rapide », indique M. Wiseler. Schlecker
Aux abonnés absents Publié le 24.01.2012
Quatre jours après l’annonce de faillite de la chaîne de droguerie Schlecker, les syndicats s’inquiètent toujours du sort des salariés luxembourgeois, malgré des nouvelles a priori rassurantes. Selon RTL, les branches étrangères du groupe allemand ne sont pas concernées par la faillite. Les employés du Luxembourg pourraient donc être soulagés. Mais, de source syndicale, rien ne permet d’être aussi affirmatif pour l’instant. « Nous sommes dans l’impossibilité d’obtenir la moindre confirmation. Vendredi, un fax envoyé à tous les magasins luxembourgeois indiquait que le versement des salaires était assuré pour trois mois, indique Aloyse Kapweiler, secrétaire
général du LCGB. Mais il est impossible d’en savoir plus, poursuit-il. Tout est flou. Aucun magasin n’a de numéro de téléphone fixe. Je peux vous dire que l’approvisionnement ne s’est pas fait dans plusieurs magasins du pays ces derniers jours. » Ecowash
À la recherche de franchisés Publié le 24.01.2012
Ecowash propose à son tour le concept de lavage de voitures sans eau au Grand-Duché. Un service qui s’adresse en priorité aux concessionnaires, leasers et propriétaires de véhicules de luxe. À l’approche de l’Autofestival, qui commence samedi, la marque cherche des franchisés. Lancé en Belgique fin 2011, et géré par Vincent Charlier, un comptable de formation de 35 ans, Ecowash est à la recherche d’un franchisé sur Luxembourg-ville. « Tout dépend de l’intérêt de plusieurs grosses structures, avec qui nous sommes en discussion, explique-t-il. L’activité pourrait vite, en fonction des demandes, générer de l’emploi. Jusqu’à fournir du travail à une dizaine de personnes. À terme, il serait aussi intéressant d’avoir un franchisé dans le sud, et un deuxième sur la capitale. » Suite en page
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En outre, le Benelux est le premier marché du groupe Sword (29 % de son chiffre d’affaires ou 35,5 millions d’euros). Au 31 décembre 2011, la part des résultats liés aux organisations internationales s’élève à plus de 34 % du chiffre d’affaires total, chiffre en constante augmentation durant les deux dernières années. « Or, le Luxembourg est un partenaire privilégié des institutions internationales, ce pays étant l’une des capitales de l’Union européenne », poursuit le groupe dans son communiqué. Sword précise néanmoins que cette décision n’a pas d’influence sur la cotation de l’entreprise sur Euronext Paris ou sur ses activités opérationnelles. Le CEO Jacques Mottard n’a pas l’intention de s’installer au Luxembourg. Il continuera de faire la navette entre les différents bureaux du groupe et de passer son week-end à Lyon.
Photo : Christian Wilmes (archives)
« Partenaire privilégié »
Claude Wiseler (ministre des Infrastructures) :« Cette réforme était nécessaire pour réaliser un travail efficace et rapide. » paperjam | Mars 2012 | économie & finance
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36 actualité
Interact entre dans la tribu
Photo : Ministère des Finances
L’agence luxembourgeoise est la co-fondatrice d’un nouveau réseau international d’acteurs de la communication. Son CEO, Daniel Eischen, en est le premier président.
Daniel Eischen (Global Tribe) : « Les synergies existent et ont été testées. »
Par Jean-Michel Gaudron, publié le 27.01.2012 C’est à Londres qu’a été présenté Tribe Global, un nouveau réseau international d’agences de communication qui regroupe, pour son lancement, 13 agences gérées par leurs propriétaires, soit environ 650 employés et un chiffre d’affaires commun supérieur à 140 millions de dollars en 2011. Son siège est établi à Amsterdam. À l’origine de cette initiative, qui est en gestation depuis plusieurs années, l’agence luxembourgeoise Interact qui, comme les 12 autres partenaires, a quitté le réseau international Comvort auquel elle appartenait. Son CEO, Daniel Eischen, a d’ailleurs été nommé à la présidence du conseil d’administration de Tribe Global.
Un réseau comme une agence Encore un réseau international, comme il en existe déjà tant ? Pas tout à fait. Car cette nouvelle tribu qui vient de naître ne veut pas se contenter de fédérer des agences réparties dans différents pays, permettant d’ouvrir, pour les clients, des portes à l’international. « Nous avons atteint les limites de ce système, explique Daniel Eischen à paperJam.lu. Nous partons de l’idée qu’un réseau doit vraiment fonctionner comme une agence, et se positionner comme un outil pour faire de l’argent. Il ne s’agit pas uniquement de constituer un carnet d’adresse, mais nous mettre vraiment tous ensemble, de partager nos savoir-faire et démarcher les clients en créant des produits internationaux globaux. » C’est pourquoi Tribe Global s’est dotée d’une vraie structure dirigeante, avec un managing director (en l’occurrence Ian Wright, CEO de l’agence Family à Glasgow). « Tribe restera un petit réseau qui ne devrait pas dépasser la trentaine d’agences (un réseau comme Comvort en compte près de 200, ndlr.), indique M. Eischen, mais son managing director, qui fait partie d’une des agences membre, le gèrera vraiment comme une entreprise et il poussera l’ensemble de ces agences à échanger leurs expériences, leurs stagiaires, voire leurs collaborateurs. Les synergies existent et ont été testées. De nombreux clients nous encouragent dans cette voie et il existe de surcroît un business plan propre au réseau. » Ainsi, parmi les clients qui ont déjà bénéficié des effets de ce partenariat international tout récent, Tribe Global cite Pilkington (fabricant de vitres pour immeubles et voitures), Johnson Diversey (produits d’entretien) ou encore le Luxembourg Tourist Office. Le réseau, pour l’heure, compte des membres au Royaume-Uni, au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, aux États-Unis, au Mexique et en Inde. Il devrait très rapidement s’élargir à la Russie, à la Chine et l’Amérique du Sud.
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FESF
Santer revient sur le devant de la scène Publié le 25.01.2012
L’ancien Premier ministre luxembourgeois Jacques Santer, agé de 74 ans, a été nommé au comité directeur du Fonds européen de stabilité financière. Il devrait diriger un véhicule d’investissement spécifique destiné à lever des fonds pour défendre l’économie de la zone euro. Il avait quitté ses fonctions à la tête de l’exécutif luxembourgeois en janvier 1995 (remplacé alors par JeanClaude Juncker) lorsqu’il avait été nommé à la présidence de la Commission européenne. Une fonction qu’il occupa jusqu’en 1999, date à laquelle il démissionna suite à des soupçons de corruption ayant entaché une partie de son équipe. Des soupçons qui, du reste, ne l’ont jamais concerné personnellement. L’agence Bloomberg cite d’ailleurs des avis très critiques émanant de certains parlementaires européens (tous britanniques…) suite à cette nomination. Euroscript International
Avec ITyX Publié le 25.01.2012
Euroscript, fournisseur de solutions globales de gestion du cycle de vie de contenus, et ITyX, société spécialisée dans l’analyse de documents non structurés, ont conclu un accord de partenariat. Fondées sur l’analyse et l’exploitation du comportement humain, les technologies ITyX s’adaptent automatiquement à l’utilisation qui en est faite, de manière à l’intégrer dans leur mode de fonctionnement.
BCL
Trois noms pour succéder à Yves Mersch Publié le 25.01.2012
Rien n’est encore officiel, mais trois noms circulent déjà dans les milieux autorisés de la place financière comme successeurs
Photo : Étienne Delorme (archives)
Réseau
Serge Kolb (BCL) est un des prétendants susceptible de succéder à Yves Mersch.
possibles d’Yves Mersch au poste de gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg (BCL), qu’il occupe depuis la création de l’institution, en 1998. Sur cette « short list » clandestine, le remplaçant le plus naturel serait sans doute Serge Kolb, son actuel bras droit à la Banque centrale. Ce choix serait celui de la continuité. La nomination de Georges Heinrich revient également dans les pronostics des meilleurs spécialistes. Le directeur du Trésor est actuellement vice-président du Comité économique et financier (CEF). Il a été nommé à ce poste l’an dernier. Enfin, la troisième piste Jean Guill, l’actuel directeur général de la CSSF (Commission de Surveillance du Secteur Financier). Cette nomination pourrait alors faciliter la mise en œuvre d’un vieux serpent de mer : la fusion des différents organes de régulation de la Place (la BCL, la CSSF et le Commissariat aux Assurances), sur le modèle de la FSA (Financial Services Authority) britannique. Jones Lang LaSalle
Nouveau service Publié le 25.01.2012
Jones Lang LaSalle (JLL) a annoncé le développement d’une nouvelle activité, ce mardi, au Luxembourg. Sous le nom Tétris Design & Build, le consultant et agent immobilier s’engage dans l’aménagement de bureaux, en se positionnant auprès des PME pour les accompagner du début à la fin de leur projet. La responsabilité de Tétris Design & Build a été confiée à Ignace De Haut de Sigy. Avec une personne recrutée sur Luxembourg, JLL
espère générer un volume d’affaires d’un million de dollars sur l’année 2012. Taxes
Tollé sur les plaques jaunes Publié le 25.01.2012
La presse s’attarde ces derniers jours sur la possibilité pour les non-résidents de passer par une société luxembourgeoise pour immatriculer leur véhicule au Grand-Duché, bénéficiant ainsi d’avantages fiscaux par rapport à leurs pays de résidence. Une société bénéficie du buzz : Edisys. Elle offre un service d’immatriculation, « un produit pour répondre à une problématique fiscale nationale », renseigne Anthony Chotard, associé. Si ce service, « demandé par les clients », n’est pas son cœur de métier (initialement l’hébergement de structures), il bénéficie des amendements fiscaux dans les pays voisins pour représenter approximativement 30 % du chiffre d’affaires d’Edisys. C’est « de bonne guerre » pour l’entrepreneur. « La méthode de taxation semble tout à fait raisonnable au Grand-Duché », sous-entendu, les Belges sont étranglés fiscalement. Suite à ce tollé, le député Déi Gréng, François Bausch, a interpellé lundi, via une question parlementaire, le ministre des Finances Luc Frieden et lui a demandé s’il existait une volonté « de fermer ce trou pour passer entre la Belgique et le Luxembourg ». Il est à noter qu’en 2011, la taxe sur les véhicules automoteurs doit rapporter environ 26 millions d’euros à l’État luxembourgeois et 27 millions en 2012. Suite en page
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C’est dans la tourmente qu’une bonne porte ses fruits C’est gestion dans la tourmente qu’une bonne gestion porte ses fruits
bl-equities dividend + 52,5 sur3 3ans* ans* bl-equities dividend : +: 52,5 %%sur Quand les marchés financiers la hausse, il est d’afficher Quand les marchés financiers sontsont à laàhausse, il est aiséaisé d’afficher des rendements attractifs. en tout va tout autrement lorsqu’ils sont dans la tourmente. des rendements attractifs. Il enIl va autrement lorsqu’ils sont dans la tourmente. À la Banque de Luxembourg, notre politique d’investissement poursuit un seul objectif : À la Banque de Luxembourg, notre politique d’investissement poursuit un seul objectif : vous offrir des performances régulières et supérieures à la moyenne sur le long terme. vous offrir des performances régulières et supérieures à la moyenne sur le long terme.
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38 actualité Marcel Gross (Entreprise des P&T)
«Je dormirai mieux » Nommé en janvier 2002, le directeur général de l’Entreprise des P&T prendra sa retraite le 1er mars prochain, mettant un terme à une carrière de 40 ans passés au sein de la même entreprise.
Monsieur Gross, comment se sent-on à quelques jours de quitter la présidence du comité de direction d’une entreprise où vous venez de passer 40 années de carrière ? « Je ne ressens rien de spécial. Je suis encore complètement dans le business. Il est impossible d’être encore actif ici et, déjà, de préparer sa retraite. Je me rappelle, il y a quelques années, d’un directeur de Belgacom, avec qui nous venions de passer une journée entière à discuter au sujet de liaisons internationales. Il avait regardé sa montre et nous avait dit : ‘Messieurs, il est 18h30, je suis officiellement en retraite.’ Ça m’avait beaucoup impressionné…
libéralisation des services postaux. Un gros morceau ? « Le plus important a été fait, avec la mise en place d’une organisation qui est basée sur le recrutement de salariés et un changement de statut, du public vers le privé. C’est très important pour le contrôle des coûts dans le futur. Et ce qui est essentiel, c’est que cela a pu se faire avec l’accord des représentants du personnel. Nous aurons, en parallèle, plusieurs statuts de personnels et nous savons qu’il y aura des problèmes pour gérer cela dans le futur. La plupart des problèmes opérationnels du début de la réorganisation ont pu être corrigés. Cependant nous devons encore y apporter quelques modifications afin d’améliorer la qualité de service.
Vous auriez pu quitter vos fonctions en septembre 2010. Vous avez souhaité prolonger un peu votre mandat afin de suivre au plus près certains chantiers en cours. L’un d’eux concerne la
Sur quel point ? « Nous avions dû prévoir une solution spéciale pour la distribution des publicités. Confier cette tâche à court terme à des gens qui n’avaient pas encore été assez formés a été un
Jean-Michel Gaudron (interview), Luc Mullenberger (photo)
peu difficile. Nous avons donc de nouveau changé et nous sommes en train de mettre en place un projet pilote à Remich pour réinsérer les publicités dans les courses de distribution des facteurs, comme c’était le cas dans l’ancien système. De même, nous nous sommes rendus compte qu’il n’était pas cohérent de charger les nouveaux salariés seulement de la distribution du courrier et de confier la préparation du courrier à des facteurs confirmés. Cette solution n’était pas la bonne et nous avons conclu qu’il était préférable que ce soit celui qui distribue le courrier qui soit aussi celui qui effectue la préparation de la distribution. Il reste 10 mois avant l’entrée en vigueur de la libéralisation au Luxembourg concernant les courriers de moins de 50 grammes. Les P&T sont-ils prêts à affronter ce nouveau défi ? « Il m’est difficile de répondre. Mais il faut savoir qu’il y a une grande différence entre la libéralisation qu’on
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« Il est impossible d’être encore actif ici et, déjà, de préparer sa retraite » Marcel Gross (Entreprise des P&T)
a connue dans les télécoms et celle en cours dans les services postaux. Pour les télécoms, tout s’est passé dans un marché en effervescence. Or, pour la poste, le volume est en déclin. Le papier n’est plus utilisé comme c’était le cas il y a quelques années. En plus de la concurrence de l’électronique arrive celle d’autres opérateurs qui, bien sûr, chercheront à nous prendre des parts de marché, en particulier sur les grands comptes. Nous risquons donc de perdre des grands clients, mais nous devons, dans le même temps, continuer à assurer une couverture nationale et un service public minimum nécessaire, ce qui est aussi très coûteux. Nous devons le faire, c’est évident. Mais ce qui n’est pas clair, c’est de savoir comment payer à terme ce service, surtout si nous perdons des sources de revenus par ailleurs. Les activités postales sont-elles encore rentables ? « Elles ne s’écrivent pas en chiffres rouges, en tous les cas. Les résultats sont encore positifs, mais ils décroissent. Si les choses continuent d’une façon normale, il y aura des problèmes à terme. D’où l’importance des changements actuellement introduits avec les salariés. En gardant à l’esprit que la gestion des coûts est essentielle et qu’il faudra savoir bien le faire dans le futur, et pas uniquement dans la partie postale. Les télécoms aussi sont concernées. Que doit-il encore se passer d’ici au 1er janvier 2013 ? « Il y a un projet de loi qui suit son parcours législatif (le projet de loi 6160 sur les services postaux, déposé en juillet 2010 par François Biltgen, ministre des Communications et des Médias, n’a plus avancé depuis juin 2011, dans l’attente de l’avis du Conseil d’État qui n’a toujours pas été rendu, ndlr.). Il y a encore des points qu’il faudra bien aborder, comme la distribution du courrier le samedi. Pour nous, en termes de coûts, ce serait totalement impensable de pouvoir gérer une telle distribution. Surtout que si on fait une distribution le samedi, on n’aura presque plus rien à distribuer le lundi. Il convient donc encore de bien réfléchir sur certains points.
D’ailleurs, la régulation européenne ne prescrit pas spécialement la distribution le samedi, mais parle de cinq jours par semaine. Et je sais que d’autres opérateurs voisins qui le font encore pensent à l’abandonner. L’autre chantier que vous vouliez aussi accompagner concerne celui du regroupement des activités commerciales de téléphonie au sein d’une seule entité. Où en est-on ? « Le processus suit son cours. Nous avons créé un conseil de surveillance et un directoire pour cette structure. Tout cela fonctionne. Nous devons encore procéder au transfert du fonds de commerce de la téléphonie fixe, qui est encore de la responsabilité de la division des Télécoms de l’Entreprise des P&T, vers LuxGSM, avec effet au 1er janvier 2012. Cela se fera dans les prochains mois. Quid de NewCo ? Cela fait deux ans que vous annoncez un nouveau branding pour ces activités, mais rien ne vient… « Il faut dire que la tâche est compliquée. Nous avons trois métiers : les comptes chèques postaux, la poste et les télécoms. À cela s’ajoute maintenant la commercialisation des services télécoms. Nous avons le choix entre trouver un nouveau nom pour cette entité seule, ou bien changer de branding pour l’ensemble des services P&T. Nous n’avons pas encore tranché. Nous y travaillons. Et puis, il faut bien laisser un peu de travail à mon successeur… Où en est le développement de votre troisième métier, la banque postale ? « Nous avons fait un très grand pas l’année dernière, même si on n’en a pas beaucoup parlé : nous avons procédé à un changement de software très important, qui va nous permettre d’offrir d’autres services que nous n’aurions pas pu réaliser avec l’ancienne base informatique. Sur ce plan-là, donc, tout fonctionne bien. Le problème est plutôt que nos recettes sont très tributaires des dépôts que nous faisons auprès des banques. Avec les taux d’intérêt actuels, nos revenus sont donc très limités. Il faut aussi faire attention. Est-ce en raison de ce niveau de taux que vous n’avez pas encore lancé de compte d’épargne, comme cela est évoqué depuis un moment ? « Nous y travaillons. L’élément bloquant a plutôt été ce travail de mise en œuvre du nouveau software informatique, qui a nécessité beaucoup d’efforts. Mais le projet de compte d’épargne est bien avancé. Ce sera aussi à mon successeur de le concrétiser.
Personnalités
Et passent les ministres… Marcel Gross n’aura pas vraiment l’occasion de « fréquenter » bien longtemps le nouveau ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, son ministre de tutelle. Le premier quitte ses fonctions à peine un mois après que le second ait été intronisé. Mais cela porte tout de même à 10 le nombre de ministres avec lequel le futur ex-directeur général des P&T a été en relations directes. « Le premier fut Pierre Werner (alors ministre d’État, le poste de ministère de l’Économie n’existant alors pas encore, ndlr.), se souvient-il. J’étais jeune ingénieur et j’accompagnais l’ancien directeur général Jos Heinen (qui fut en place de 1969 à 1985, ndlr.) dans les réunions. » Mais ceux qui ont le plus marqué M. Gross resteront tout de même ceux qu’il a coudoyé en tant que directeur général : le libéral Henri Grethen (« qui a tout de suite fait abstraction du fait que je n’avais pas de couleur politique et qui m’a clairement dit que cela ne l’intéressait pas. C’est très important d’entendre cela venant d’un politicien ») jusqu’à 2004, puis Jeannot Krecké (« La collaboration fut excellente avec lui. Il a toujours été très présent et s’est montré très attaché à l’Entreprise des P&T. ») Depuis janvier 2002, Marcel Gross n’a, en outre, connu qu’un seul président de conseil d’administration : Gaston Reinesch, pour lequel il ne tarit pas d’éloges non plus. « Il a vraiment fait beaucoup dans les grands chantiers en cours. Il fallait un homme comme lui pour accompagner un tel travail. » J.-M. G.
Pensez-vous qu’à partir du 1er mars, vous passerez de meilleures nuits ? « Assurément, oui, je dormirai mieux ! Vous savez, lorsque vous êtes sur ce siège, vous avez une responsabilité élevée dans trois métiers à la fois. Il y a chaque jour quelque chose qui ne fonctionne pas bien dans au moins un des trois. Parfois c’est futile, parfois moins. L’accumulation de tous ces problèmes est, en effet, parfois de nature à générer des insomnies… »
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TEDxLuxembourgCity
Propagateur d’idées C’est une première, déjà sold out mais encore très sollicitée : TEDxLuxembourgCity, le 21 mars au Mudam, lancera un vrai mouvement citoyen global avec des speakers locaux et décapants.
Photo : David Laurent / Wide (archives)
Parmi les orateurs, Paul Helminger sortira du rôle d’ancien bourgmestre de Luxembourg. Issu du privé, il livrera sa vision d’idées proactives pour le pays.
Alain Ducat
Depuis près de 30 ans, un esprit TED souffle sur le monde. À l’origine, TED était un colloque, sur quatre jours, en Californie. Les trois lettres capitales (pour Technology Entertainment Design) sont devenues un symbole global, une communauté, une sorte de pépinière d’idées et de talents qui ne demandent qu’à en inspirer d’autres. Pour propager des pensées positives, parfois décapantes, sur l’économie, la société, la marche du monde... L’initiative s’est démultipliée. Partout sur le globe, les événements sous ce label conquièrent les penseurs, les auditeurs et tous ceux qui se sentent l’esprit d’entreprendre en citoyen responsable. Un programme de conférences TEDx (par des organismes indépendants, dans l’esprit TED), articulé autour d’un concept – façon stand up – gagne sans cesse des aficionados. « Il y a environ 3.000 licences TEDx de par le monde », souligne Mike Koedinger, CEO de Maison Moderne, qui détient la licence luxembourgeoise et organise la grande première au Grand-Duché.
C’est le 21 mars au Mudam. « Pour démarrer, on n’a pas voulu voir trop grand. On est dans une salle de 140 places. Nous sommes sold out depuis longtemps, mais recevons encore beaucoup de sollicitations, d’un peu partout. Les événements TEDx ont des fans, qui ne manquent pas un passage en télé par exemple. Et l’engouement est extraordinaire, au Luxembourg aussi. »
Des clés pour ouvrir des horizons TEDxLuxembourgCity 2012 a déjà trouvé son public. Mais que lui propose-t-on ? Un thème sera décliné par une quinzaine de speakers, parfois surprenants, toujours prêts – et coachés dans ce sens, en suivant la charte, le format et les critères du label – à livrer le « discours de leur vie », en un maximum de 18 minutes chrono. Librement, en arpentant la scène sur le fameux tapis rouge. Sans haranguer la foule, mais en racontant une histoire, leur vision passionnée et donc passionnante.
Tous jouent le jeu à fond, de Xavier Buck, homme d’entreprises multiples, à David Goldrake, qui manie l’illusion, en passant par Manuel Baldauff, Marc Bichler, Pedro Castilho, Jeremy Coxet, Paul Helminger, Philippe Monchauzou, Laurent Probst, Yvonne O’Reilly, Raymond Schadeck, Philippe Schlesser, David Schrieberg, François Thiry ou Miranda Van Den Heuvel. « Ils ont des parcours différents, viennent d’horizons différents, mais ils ont tous des réflexions à partager, s’enthousiasme Mike Koedinger, à l’image des penseurs et personnalités locales, tous bénévoles, qui composent le comité consultatif. » Leur thème ? Failure? L’échec, avec le point d’interrogation de rigueur, « qui peut être celui d’un système, la conséquence d’erreurs ou de la peur du changement, la source d’un rebond… » Parmi les orateurs attendus hors de leur zone de confort traditionnelle, Paul Helminger, issu du secteur privé et mâtiné à la politique, sortira du rôle d’ancien bourgmestre de Luxembourg pour livrer sa vision d’idées proactives pour le pays. Car toutes les idées innovantes sont les bienvenues dans ce mouvement, quitte à ce qu’elles bousculent le ronron ambiant. Pourvu qu’elles aient l’ambition de faire avancer les choses, de donner des clés pour ouvrir d’autres horizons. La version 2012 de TEDxLuxembourgCity a déjà, par les demandes qui n’ont pu être satisfaites autant que par la curiosité gourmande des internautes, créé le buzz avant sa première, appelant déjà les prémices de succès à venir. « L’idée est aussi, prolonge Mike Koedinger, d’inscrire le Luxembourg dans ce réseau mondial de propagation d’idées, tout en donnant un retentissement mondial à des propos de gens brillants actifs au Grand-Duché. »
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Notariat
Un acte à bien doser Avant l’arrivée programmée de notaires étrangers, la profession s’attèle à une reforme en profondeur de son organisation. La Chambre des Notaires rendra sa copie le 30 juin.
Frédérique Moser (texte), Julien Becker (photo)
Branle-bas de combat dans le notariat luxembourgeois. Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), rendu le 24 mai 2011, conduit le gouvernement à prévoir une réforme en profondeur de cette profession. Son fonctionnement est toujours régi par une ordonnance – modernisée à plusieurs reprises – datant de la Révolution française. Première avancée notoire : le vote à l’unanimité, le 15 décembre dernier à la Chambre des députés, du projet de loi ouvrant la profession aux ressortissants communautaires. « Ce texte est le 1er étage de la fusée, suite à l’arrêt de la Cour, explique Me Frank Molitor, président de la Chambre des Notaires. C’est l’étage le plus simple. Le volet le plus ardu, ce sera bien entendu le second étage, la nouvelle réglementation concernant les critères d’accès à la profession, qui en est la conséquence directe. » Pour préparer cette réforme, le ministère de la Justice a demandé le retrait du rôle (c’est-à-dire l’arrêt des travaux parlementaires) du projet de loi 5997, qui avait pour objet principal la mise en place des associations de notaires. Leur nombre est réglementé et actuellement établi à 36 offices dans le pays.
Fonction hybride « Il est possible que le projet d’association soit rediscuté dans le cadre de la réforme, mais dans une version sans doute plus ‘ soft ’. Cela n’est plus qu’un détail, face à l’ampleur du chantier qui nous attend, précise Me Molitor. Pour la nationalité, nous n’avons pas eu d’état d’âme, cela a été décidé, donc cela a été mis en pratique : un citoyen d’un État membre peut devenir, sans aucun problème, notaire au Luxembourg. Nous devons désormais nous atteler à un travail autrement plus conséquent : la réglementation sur l’accès à la profession. » Les propositions de la Chambre des Notaires sont attendues par le ministre de la Justice, François Biltgen, d’ici au 30 juin. « On a du pain sur la planche pendant les trois prochains mois », assure Me Molitor. Pourquoi une telle hâte, tout à coup ? L’ouverture de la profession aux ressortissants communautaires, et ses conséquences, n’étaient-elles pas prévisibles ?
Frank Molitor (Chambre des Notaires): « Ce que nous voulons éviter, c’est d’être continuellement appelés devant la Cour de justice de l’Union européenne »
« Jusqu’au 24 mai dernier, il y avait un flou sur la signification de l’article 45 du traité sur le fonctionnement de l’UE (voir encadré). » Selon l’interprétation donnée aux textes, les États pouvaient donc, légitimement, se défendre devant la Commission et considérer qu’ils n’avaient pas à transposer la directive « qualification professionnelle » à leur
notariats nationaux. Le notariat assure en effet une activité que l’on peut qualifier d’hybride. « Nous sommes une autorité publique, travaillant comme profession libérale. C’est une grande différence par rapport à toutes les autres professions libérales, tels que les médecins, avocats, etc. », explique Me Molitor. Pour reformuler le problème
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dans des termes de droit constitutionnel, l’enjeu n’était autre que de déterminer si le notariat constituait, ou non, une fonction régalienne (ne pouvant être déléguée à des non-nationaux). « La Cour a répondu. Le pouvoir régalien est le pouvoir de coercition : le gouvernement, la justice et la magistrature, ainsi que la force publique. On peut
penser de cet arrêt ce que l’on veut, mais maintenant, nous savons où nous en sommes. Nous pouvons donc passer au stade deux : la mise en pratique de cette nouvelle orientation et l’organisation de la profession. » Jusqu’à l’arrêt de la CJUE, la réforme ne s’imposait pas. « Le notariat luxembourgeois fonctionnait très bien. Mais nous avons décidé de profiter de cet arrêt pour entamer une refonte totale des textes », souligne le président Molitor. Si les étrangers peuvent, au regard du droit européen, s’installer au Grand-Duché, les conditions de cette activité restent à définir. Actuellement, l’accès à la profession se fait en plusieurs stades : un bachelor en droit, des cours complémentaires de droit luxembourgeois sanctionnés par un examen, une année de stage pratique dans une étude notariale avec des cours de droit notarial, et enfin l’examen du candidat-notaire, qui permet de décrocher le diplôme. « Pas la fonction, seulement le diplôme ! », avertit Me Molitor. Le nombre d’offices étant limité, « il faut attendre qu’une place se libère et que l’on soit en rang utile ». Actuellement, une cinquantaine de noms figurent sur la liste. Ce qui est peu, à ses yeux. « Il sont avocats, fonctionnaires, banquiers, magistrats, économistes… Ils ne sont donc pas au chômage. Beaucoup d’entre eux ne deviendront d’ailleurs jamais notaires. Lorsqu’une place est vacante, on a entre deux et sept candidatures. Le choix s’opère selon le rang. » Quels problèmes nouveaux surgissent avec l’ouverture de la profession aux non-communautaires ? « Il y a deux casse-tête. Le premier, c’est la liberté fondamentale d’établissement et le deuxième, la libre prestation de service. » Tous deux devront être traités dans le cadre de la modernisation de la loi notariale. « Concernant la liberté d’établissement, c’est simple. Un ressortissant communautaire peut maintenant devenir notaire au Luxembourg. Ce qui est exclu, c’est qu’il demande au ministre de créer un poste pour lui. Il doit être dans la file et prouver qu’il maîtrise les spécificités du droit et des pratiques administratives nationales ; il doit aussi prouver qu’il pratique la langue nationale et les langues administratives. » Les débats restent vifs en ce qui concerne les critères exigibles. « Il faut avant tout distinguer les candidats-notaires étrangers et les notaires étrangers en fonction. » Pour les premiers, la solution s’est rapidement imposée : « Il n’y a pas de discussion : pour eux, } 44
Législation
Flou et précisions Pour bien comprendre la trame de ces débats, il est intéressant de se pencher sur les formulations, parfois sujettes à interprétations, de certains textes européens. Article 45 du traité sur l’UE, inclus dans la 3e partie qui instaure la libre circulation des personnes, des services et des capitaux : « Sont exceptées de l’application des dispositions du présent chapitre, en ce qui concerne l’État membre intéressé, les activités participant dans cet État, même à titre occasionnel, à l’exercice de l’autorité publique. » Ni le législateur (le Parlement européen), ni l’exécutif (la Commission européenne) n’étaient sûrs de l’interprétation qu’il fallait donner à cet article 45, en ce qui concerne le notariat, que ce soit dans le cadre de la libre prestation de services ou des qualifications professionnelles. Selon Me Molitor, il a fallu attendre que la CUEJ prenne position pour mettre un terme aux diverses interprétations qui l’entouraient. Elle l’a fait, regrette-t-il, dans un sens « très restrictif ». « Nous pouvions légitimement nous interroger sur les raisons qui avaient poussé les pères de l’Europe à introduire l’expression ‘même à titre occasionnel’ dans l’article 45 du traité. Jusqu’à l’arrêt de la Cour, cela concernait les notaires », signale le juriste. Ce dernier s’estime toutefois satisfait de nombreuses jurisprudences positives : la libre prestation de service (LPS) aurait pu créer des notaires « ambulants », ayant la possibilité de faire des actes à l’étranger, ponctuellement. Cela n’est plus d’actualité car l’acte authentique et l’authentification sont exclus de la LPS. Autres éléments qui lui donnent « confiance en l’avenir » : le maintien de tarifs règlementés, l’importance réitérée de l’impartialité, le rattachement obligatoire à une organisation professionnelle, qui garantit également le respect de la déontologie. F. M.
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{ c’est tout le programme. Ils n’ont aucune expérience,
nous proposerons donc au ministre le même cursus que pour les candidats luxembourgeois. Une fois le diplôme obtenu, commencera le calcul de leur ancienneté. En revanche, de grandes discussions nous attendent quant aux notaires en fonction à l’étranger », explique Me Molitor. « Pour moi, il est difficile d’exiger de quelqu’un qui est notaire à Metz ou à Trêves, depuis 20 ans, un an de stage au Luxembourg. Peut-on aussi exiger de lui qu’il suive, physiquement, les cours complémentaires de droit luxembourgeois et les cours spécifiques de droit notarial ? » Et Me Molitor d’insister sur la complexité de la matière, en perpétuelle évolution : « Même après 30 ans d’exercice de la profession, il est difficile de maîtriser certains aspects, notamment au niveau fiscal… Le droit civil luxembourgeois a l’avantage – ou le désavantage – de ne pas copier les textes étrangers. Il a ses spécificités et le maîtriser est absolument nécessaire pour la sécurité juridique. » Donc, même si le stage n’est pas rendu obligatoire, les postulants étrangers seraient sans doute bien avisés de le faire pour obtenir leur diplôme ! Pour le président de la Chambre professionnelle, les notaires étrangers qui parviendront au bout du parcours seront la crème de la crème… Leur installation dans le pays « ne pourra donc que constituer un enrichissement pour la profession ».
Ne pas court-circuiter les jeunes Frank Molitor se présente comme « un élément très ouvert aux idées européennes ». Il est d’ailleurs vice-président du notariat européen (qui regroupe 21 pays pratiquant le notariat de type latin, soit 50.000 notaires) et pourrait en prendre la présidence l’an prochain. Il doit toutefois composer avec ses pairs... « C’est une question de caractère et je respecte leur point de vue. Mais ce que nous voulons éviter, et en cela je suis presque toujours en phase avec le ministre, c’est d’être continuellement appelés devant la CJUE. Nous voulons travailler de façon constructive et positive. La nouvelle loi devra
Photo : Luc Deflorenne (archives)
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donc ménager les intérêts nationaux – car je veux qu’il y ait encore des notaires luxembourgeois – tout en faisant très attention à ce que cela n’aboutisse pas à la discrimination des non-nationaux. Il faut donc que le texte subisse avec succès le test de proportionnalité. » Le deuxième point « chaud » sur lequel se penche la chambre professionnelle concerne l’antériorité de l’activité des notaires étrangers. Quelle ancienneté doit être prise en compte au moment où le candidat passe le concours ? Cela peut-il, doit-il, affecter son rang ? « Je peux difficilement m’imaginer que la Chambre puisse être d’accord avec la rétroactivité. Le risque serait de court-circuiter les jeunes.» Cette question constitue le point crucial de la réforme en cours. « Aucun pays voisin n’a encore tranché cette question. Le premier qui le fera sera le Luxembourg et on a tout intérêt à ne pas laisser pourrir la situation. La France et l’Allemagne peuvent s’offrir le luxe de régler la question au niveau politique, et je les vois bien dire au Luxembourg ce qu’il a à faire. Il faut donc rapidement positionner le notariat luxembourgeois pour qu’il ait un grand avenir devant lui, dans une grande Europe. » Pour Me Molitor, tout est question de dosage. « Nous devons bouger, assez, pas plus, juste ce qu’il faut pour ne pas risquer un nouveau procès ». Pour le président de la Chambre des Notaires, l’enjeu de cette réforme n’est autre que celui-ci : éviter à tout prix que l’avenir du notariat luxembourgeois soit fixé au Kirchberg.
« Le vote de la loi sur l’accès des ressortissants communautaires au notariat est le premier étage de la fusée »
Frank Molitor (Chambre des Notaires)
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Frank Reimen (Cargolux)
« Se préparer au pire » Publié le 26.01.2012
Frank Reimen, le CEO de Cargolux, annonce à paperjam. lu des résultats déficitaires pour 2011, une volonté de réduire les coûts au maximum et les priorités du nouveau CFO. « Nous nous préparons donc au pire en partant d’hypothèses de travail très conservatrices, au niveau du rendement et du tonnage », indique-t-il. La recapitalisation n’est pas à l’ordre du jour, mais n’est pas exclue d’emblée. (lire l’article page 47)
son que les tendances sur le marché de l’automobile au Luxembourg, aujourd’hui dynamique, ne s’inversent. »
Telecom Luxembourg
Des bonds en 2011 Publié le 26.01.2012
Ferrari
Nouveau point service Publié le 26.01.2012
Ferrari inaugure Francorchamps Motors Luxembourg, son nouveau point service assistance officiel établi à Windhof, en présence de l’Ambassadeur d’Italie au Luxembourg, Raffaele de Lutio. Ferrari est présent depuis 40 ans au Luxembourg. Chômage
Peugeot
Faire grandir la part du lion Publié le 26.01.2012
Sur le marché automobile luxembourgeois, la marque Peugeot occupe la 5e position, avec 7,1 % de parts de marché. « Nous sommes dans le top 3 pour ce qui est du marché des particuliers », indique JeanFrançois Cotro, directeur général de Peugeot pour le Belux, qui explique par ailleurs que sur le segment des voitures de société, la marque au lion a augmenté son volume d’affaires de 22 %, dans un marché qui a progressé de 11 %. Les ambitions pour 2012 sont clairement affichées : « Nous désirons améliorer notre position et donc augmenter nos parts de marché de 0,5 point par rapport à la situation actuelle. Il n’y a aucune rai-
Bond historique fin décembre Publié le 26.01.2012
Selon l’Adem, le taux de chômage s’est établi à 6,6 % de la population active en décembre, contre 6 % le mois précédent. Le Comité de conjoncture évoque un effet saisonnier pour relativiser la nette détérioration du marché de l’emploi. Au dernier jour de 2011, le nombre de personnes sans emploi résidant au Luxembourg a été évalué à 16.337. C’est 1.429 chômeurs et presque 10 % de plus que le mois précédent. Autre fait inquiétant : le marché du travail perd de son dynamisme : le nombre des offres d’emploi déclarées auprès de l’Adem s’est établi à 2.155 en décembre. Ce chiffre est en baisse de 4,9 % par rapport au mois de décembre 2010.
L’opérateur alternatif de télécommunications Telecom Luxembourg annonce, pour l’exercice 2011, un chiffre d’affaires de 9,4 millions d’euros, en hausse de 75 % par rapport à 2010. Surtout, la société présente une marge brute d’exploitation positive, deux ans à peine après le début de ses activités en tant qu’opérateur de télécommunications. « Une prouesse inégalée dans ce secteur d’activités » commente-t-on chez Telecom Luxembourg qui prévoit pour 2012 une croissance à deux chiffres. Innovation
Lancement du concours Genial 2012 Publié le 26.01.2012
Pour la 4e année consécutive, le concours Genial, initié par Luxinnovation, en étroite collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, a pour objectif de promouvoir la réflexion créative et l’esprit d’innovation auprès des jeunes de 5 à 20 ans. Placé sous le thème de « Lief deng Iddi – Verbesser deng Welt ! » (« Vis ton idée – Améliore ton monde »), ce concours à dimension pédagogique est accessible jusqu’au 30 avril 2012. Depuis son lancement en 2009, le concours a déjà vu la participation de quelque 785 jeunes pour un dépôt de 419 « idées géniales ». www.genial.lu
Modulation de l’index
C’est voté ! Publié le 27.01.2012
La modulation de l’indexation des salaires est une réalité jusqu’en 2014 au moins. La séance publique avait commencé à 14 h ce jeudi à la Chambre des députés. Elle s’est achevée peu avant 17 h 30. 53 parlementaires luxembourgeois ont voté le projet de loi 6378 « adaptant certaines modalités d’application de l’échelle mobile des salaires et des traitements ». Six ont voté contre. Malgré une vive opposition syndicale durant les semaines qui ont précédé le vote, ce projet de loi historique a donc passé le cap de la Chambre des députés. Jeannot Krecké a pris la parole à l’issue des débats. Alors qu’il rend son tablier de ministre de l’Économie mardi prochain, le socialiste a fait sa dernière apparition à la Chambre des députés à l’occasion de ce projet de loi. « On ne peut pas parler de démantèlement social de la part du gouvernement. Il s’agit d’un décalage et rien de plus », a t-il insisté. Remplacé le 1er février par Étienne Schneider, il a rappelé le contexte de crise et a estimé nécessaire de discuter sérieusement d’un mécanisme qui « n’existe dans aucun autre pays du monde ». Voyage d’affaires
Retour au Moyen-Orient
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Publié le 27.01.2012
Jeannot Krecké, à propos de l’indexation : « Un décalage et rien de plus. »
Du 29 au 31 janvier, la mission de promotion du Luxembourg au Qatar et aux Émirats arabes unis offrira aux parties prenantes l’occasion d’avancer sur le dossier de l’acquisition de la BIL et de KBL par les investisseurs qataris. Au milieu d’une énième mission économique au Qatar, visant à promouvoir les atouts du Luxembourg comme centre financier international, se joueront des tractations décisives en vue de la finalisation de l’achat des banques du boulevard Royal et de la route d’Esch, officialisé depuis le 10 octobre. Les deux
banques ne communiquent cependant pas outre mesure sur le sujet. Et c’est un euphémisme. Le traditionnel mutisme qatari ne les incite sans doute pas à la proactivité en matière de communication, d’autant que la transaction n’est pas clôturée. « Nous ne nous n’attendons pas à des annonces supplémentaires concernant la reprise de notre banque », nous dit-on à la BIL. Seule information qui filtre, « le closing de la transaction se fera au deuxième trimestre ». Idem chez KBL. Marie-Paule Gillen, secrétaire générale, signale qu’il ne faut pas s’attendre à une annonce officielle en cette fin de mois. Là cependant, une clôture du deal est espérée pour ce trimestre. Parmi les 68 membres de la délégation menée par les ministres Frieden et Wiseler : Jean-Claude Finck (BCEE), Yves Francis (Deloitte), Alain Kinsch (Ernst & Young), Frédéric Genet (SGBT) ou encore Marco Bus (Société européenne de Banque). Secteur financier
Emploi en baisse, recettes en hausse Publié le 27.01.2012
Selon une étude de l’impact de l’industrie financière sur l’économie luxembourgeoise effectuée par la société Deloitte pour le Haut Comité de la place financière, la valeur ajoutée directe et indirecte du secteur financier a augmenté de 19 % en 2010, de sorte quil représente désormais 38% du PIB national en 2010 (contre 35 % en 2009). Alors que l’emploi dans le secteur financier s’est globalement réduit de 3 % en 2010, les recettes fiscales générées directement et indirectement par le secteur ont augmenté de 14 % par rapport à 2009 et ont atteint 2,5 milliards d’euros. Cela représente 25 % des recettes fiscales (contre 23 % en 2009). Désormais, plus de 63.000 personnes travaillent directement ou indirectement pour l’industrie financière, soit 17 % de l’emploi total au Luxembourg, contre 18 % en 2009.
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47 actualité Fret aérien
Serrage de ceinture Cargolux annonce un déficit pour l’exercice 2011 et est contrainte à une politique de rigueur pour l’année en cours compte tenu d’un contexte peu amène. Et Qatar Airways impose de plus en plus son empreinte.
Photo : David Laurent / Wide (archives)
La compagnie de transport aérien luxembourgeoise embarque vers des cieux obscurs.
Pierre Sorlut
« Nous entrons dans une zone de fortes turbulences, veuillez serrer votre ceinture » : tel est en substance le message adressé par celui qui tient le manche chez Cargolux. Les résultats financiers n’étaient pas encore publiés que Frank Reimen, CEO, l’annonçait à ses collaborateurs : l’année 2011 a donné lieu à un déficit et il va falloir réduire les dépenses drastiquement. Le contexte est hostile et les prévisions peu encourageantes. D’autres compagnies de fret cessent même leur activité, comme CargoItalia et Jade Cargo. « Nous nous préparons donc au pire en partant d’hypothèses de travail très conservatrices, au niveau du rendement et du tonnage », indiquait Frank Reimen au début du mois. Un accord a donc été conclu avec les syndicats pour geler les embauches, favoriser les départs à la retraite anticipés, etc. Un comité de pilotage paritaire a également été institué pour conjointement diriger la société vers l’équilibre. Mais les dépenses en personnel sont une goutte d’eau dans l’océan. Celles en carburant leur étaient, en 2010, trois fois supérieures (avec 661 millions d’euros), sachant que la société compte environ 1.500 employés. Pour l’instant les deux principaux syndicats font preuve de compréhension au regard de la conjoncture et de la situation financière de l’em-
ployeur. Par exemple, Aloyse Kapweiler, secrétaire syndical responsable de l’aviation au LCGB, salue « la très bonne initiative de Frank Reimen de jouer la carte de la transparence ». Mais leurs visions du nouvel actionnaire qatari – à hauteur de 35% - divergent, elles, sensiblement. Chez les syndicalistes chrétiens, on se veut pragmatique : « Seuls leurs actes et leurs conséquences sur les employés importent. » À l’OGBL, pour Hubert Hollerich, c’était choisir entre « la peste et le choléra ». Si Richard Agutter, membre du conseil d’administration représentant les intérêts de Qatar Airways, avait déjà tenté de rassurer, certains commentateurs du dossier ne prêtent pas les mêmes intentions aux Qataris et parlent même de possible « cannibalisation ». Ce n’est pas le terme employé par Hubert Hollerich, mais l’intéressé signale quand même que la compagnie du Golfe et celle du Grand-Duché demeurent des concurrentes : « Ils nous piquent du tonnage. Il n’est pas normal que la marchandise de DB Schenker (qui fait partie des cinq plus gros clients de Cargolux, ndlr.), se retrouve dans les avions de Qatar Airways », s’exclame-t-il. De tels échanges peuvent faire partie de la mise en œuvre du partenariat commercial signé entre les deux compagnies. Dan Thisdell, journaliste spécialisé dans l’étude du marché de l’aviation chez Flight International,
explique la prise de participation de compagnies en pleine expansion dans des compagnies moins rentables, par la volonté d’accéder à de nouvelles routes et à des créneaux d’atterrissage et de décollage. « L’exemple d’Etihad Airways rachetant une partie d’Air Berlin pour échanger les routes est comparable et augure un résultat gagnant-gagnant. » Pour Cargolux, le Golfe Persique est une locali sation rêvée pour un hub servant à connecter l’Europe ou la côte Est des États-Unis avec l’Asie. En échange, la compagnie luxembourgeoise apportera à son nouveau partenaire du Moyen Orient un savoir-faire pour l’aménagement dudit hub et de nouvelles routes vers le continent nord-américain. Les potentielles synergies et les pertes envisagées expliquent partiellement le prix modéré, 120 millions de dollars, de l’acquisition de 35 % de ses parts.
Jeu d’influence Une lutte de pouvoir est néanmoins engagée entre l’Émirat et le Grand-Duché, chacun cherchant à placer ses pions. Akbar Al Baker a réussi à faire nommer un CFO, Richard Forson, qui avait déjà travaillé à son service. L’État luxembourgeois est en train d’installer Paul Helminger, député DP et ancien bourgmestre de Luxembourg, à la présidence du conseil d’administration, en remplacement d’Albert Wildgen. Et le climat n’est pas des plus paisibles. Cargolux n’a pas fait appel à une recapitalisation, car elle est maintenue à flot grâce à la vente de deux « vieux » 747-4F en 2011. Mais cette éventualité n’est pas complètement écartée et, le cas échéant, les Qataris ne manqueraient pas de placer des conditions dans leurs valises de billets. Selon nos sources en effet, Akbar Al Baker aurait profité de la venue des ministres Frieden (Finances) et Wiseler (Transports), à Doha, pour parler d’une éventuelle restructuration. L’assemblée générale ordinaire et le conseil d’administration qui se tiendront le 28 mars se prononceront sur ces dossiers brûlants.
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Avis d’expert - Morningstar
2011, annus horribilis Publié le 30.01.2012
Les fonds à long terme ont enregistré des sorties de capitaux de plus de 23 milliards d’euros en décembre et de 119 milliards d’euros sur l’année, selon Morningstar. Contrairement à 2008, lorsque les actifs des investisseurs ont été transférés des fonds d’actions et obligataires vers les marchés monétaires, en 2011, les capitaux des investisseurs ont purement et simplement quitté les fonds. Des inquiétudes macroéconomiques et la volatilité du marché ont effrayé les investisseurs et les ont éloignés des actions, avec quelque 70 milliards d’euros ayant fui cette classe d’actifs pour l’année complète. La crise de la zone euro a souillé les fonds à revenu fixe destinés aux investisseurs européens. Près de 44 milliards d’euros ont quitté les revenus fixes en 2011. Bourse de Luxembourg
Robert Scharfe, futur patron Publié le 30.01.2012
La Bourse de Luxembourg aura un nouveau président du comité de direction au printemps prochain. Il s’agit de Robert Scharfe, membre du comité de direction de BGL BNP Paribas. L’annonce sera tout à fait officielle le 19 mars, à l’occasion de la Journée boursière, le rendez-vous annuel de l’opérateur de marché, organisée à l’hémicycle du centre de conférences. Il prendra ses fonctions en avril. Le banquier de 58 ans succédera à Michel Maquil qui prend sa retraite après avoir dirigé la société depuis 1987. Bitburg
Toujours sans plan de vol Publié le 30.01.2012
Les autorités politiques de Bitburg semblent plus divisées que jamais sur le projet d’aéroport piloté par l’ingénieur-promoteur luxembourgeois Frank Lamparski. Le business plan, sur base des garanties promises pour fin 2011, se fait toujours attendre… Le scepticisme gagne du
terrain. La ville, propriétaire d’une bonne partie des terrains de l’ancienne base Otan, dit attendre, pour envisager la cession de ses parts, les preuves de dépôt et d’affectation des 30 premiers millions d’euros, promis par le groupe Lamparski, lequel se dit épaulé par un important investisseur asiatique, toujours anonyme. Interviewé dans la presse allemande, Frank Lamparski assure que cette somme se trouve bel et bien sur un compte au Luxembourg. Au total, ce sont quelque 400 millions d’euros qui sont attendus pour le décollage de l’aérodrome international, pour le fret et pour le trafic passager.
Photo : Maison Moderne Studio
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Luxair
Marc Hoffmann sur le départ
Delano, le « made in English » de Maison Moderne, a un an.
Publié le 30.01.2012
La compagnie Luxair va devoir se trouver un autre président pour son conseil d’administration. Marc Hoffmann, qui occupe la fonction depuis 2004, a fait part de son intention de céder son mandat pour des raisons personnelles. Il a fait lui-même l’annonce de sa décision ce lundi à 16 heures lors d’une conférence téléphonique éclair, où il a annoncé qu’il continuera à exercer son mandat jusqu’à son expiration, c’est-à-dire jusqu’au 14 mai, date de l’assemblée générale de la compagnie. Fonds d’investissement
Repli annuel de 4,66 %
parmi les jeunes. Selon une étude menée par TNS Ilres sous la responsabilité du Statec, 55 % des moins de 25 ans ont déjà téléchargé du contenu culturel de manière illicite au Luxembourg. « Parmi les 16-24 ans, 7 % déclarent télécharger régulièrement et 48 % occasionnellement de la musique, des vidéos, des films… de manière illicite sur le net », précise l’étude. Autre conclusion : les achats et utilisations de services en ligne sont de plus en plus populaires. Ainsi, 65 % des internautes ont effectué des transactions bancaires en ligne en 2011 (69 % des hommes et 61 % des femmes).
Publié le 30.01.2012
Au 31 décembre 2011, le patrimoine global net des organismes de placement collectif (OPC) et des fonds d’investissement spécialisés (FIS) communiqué par la CSSF s’est élevé à 2.096,512 milliards d’euros. C’est 1,80 % de mieux sur un mois, mais considéré sur la période des 12 derniers mois écoulés, le volume des actifs nets est en diminution de 4,66 %. Téléchargements illicites
Plus de la moitié des jeunes ! Publié le 30.01.2012
L’interruption du site Mega Upload a fait des malheureux au Luxembourg, en particulier
la communauté internationale anglophone au Luxembourg. Nous avons toujours essayé de trouver des angles originaux et d’interviewer des gens qui n’apparaissent pas en première page des médias locaux. » Exemples : Brian Nygaard, le patron de l’équipe Leopard Trek pour la première couverture, alors que tout le monde parlait aux frères Schleck. Ou bien, pour l’édition à paraître début février, Juliane Kokott, avocate générale de la Cour de justice européenne. Bien établi dans le paysage médiatique luxembourgeois, Delano, c’est aussi un site Internet, une newsletter hebdomadaire qui présente, chaque mardi, « Ten things to do » dans la semaine, et une application mobile. www.delano.lu
Delano
Happy birthday! Publié le 31.01.2012
Le magazine anglophone Delano, édité par Maison Moderne, fête son premier anniversaire ce mercredi soir à l’occasion d’une grande soirée « London Calling » au Marx Bar (voir aussi le picture report en page 100 du cahier Management). « Grâce à une approche sérieuse du journalisme, Delano s’est rapidement établi comme une publication crédible, explique son rédacteur en chef, Duncan Roberts. Nous choisissons les thèmes qui sont pertinents pour notre cible,
Cour des comptes
Des véhicules d’État pas tous justifiés Publié le 31.01.2012
La Cour des comptes a rendu sa copie sur l’examen du parc automobile de l’État, estimé à 52 millions d’euros (soit une moyenne par véhicule de plus de 26.800 euros) pour un parc complet de 1.935 véhicules hors poids lourds et véhicules d’usage exclusivement militaire. Son analyse la conduit à exiger des achats mieux justifiés, notamment en fonction des besoins réels du service. Elle
constate notamment que les « justifications invoquées pour l’acquisition de voitures de services manquent parfois de pertinence ». La Cour des comptes note également que les véhicules d’État sont complètement sous-utilisés (16,7 % de taux d’occupation !), avec un âge moyen de 5 ans et demi et, surtout, un kilométrage annuel moyen de 13.800 kilomètres. Mouvements
Helminger chez Cargolux, Finck chez Luxair Publié le 31.01.2012
Les conseils d’administration des deux compagnies aériennes nationales vont changer de présidents à quelques semaines d’intervalle. Chez Cargolux, où Albert Wildgen – nommé lors de la prise de contrôle de Qatar Airways en juin 2011 – avait annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat, c’est l’ancien bourgmestre de la Ville de Luxembourg, Paul Helminger, 71 ans, qui devrait être intronisé fin mars. Chez Luxair, au lendemain de l’annonce de la démission de Marc Hoffmann, c’est le vice-président, Jean-Claude Finck (également président du comité de direction de la BCEE) qui devrait lui succéder après l’assemblée générale du 14 mai. Suite en page
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49 actualité Étude d’impact
Quand la finance reprend du poids À la demande du Haut comité de la place financière, Deloitte illustre en chiffres les poids et orientations stratégiques des acteurs de la place financière. En 2010, cette dernière représentait 38 % du PIB.
Photo : Charles Caratini (archives)
Le ministre des Finances, Luc Frieden, préside le Haut comité de la place financière qu’il a lui-même créé en 2011.
Pierre Sorlut
Depuis la crise financière dite des subprimes, le gouvernement cherche à diversifier les sources de richesse nationale pour s’émanciper de sa dépendance au secteur financier. Or, le poids de ce dernier est souvent évoqué, mais rarement vraiment cerné. La dernière enquête du genre date de 2008. Le Haut comité de la place financière, sorte de think tank mi-privé mi-public chargé de veiller sur le secteur et d’en définir les principales stratégies, et qui a pris la suite du Codeplafi (comité pour le développement de la place financière), a une nouvelle fois confié à Deloitte Luxembourg la responsabilité de définir le poids de « la Place » et d’en dessiner les principales caractéristiques, en chiffres. La dernière fournée de l’Étude d’impact de l’industrie financière sur l’économie luxembourgeoise fournit donc quelques éléments de réponse, arrêtés à fin 2010, pour enfin dépasser la tentative de mesure au doigt mouillé, selon laquelle une chute de 10 % de l’Euro Stoxx 50 génère un recul de 0,3 % au niveau du PIB. En 2010, plus de 63.000 personnes travaillaient, directement ou indirectement, pour l’industrie
financière, soit 17 % de l’emploi total au Luxembourg, contre 18 % en 2009. Elles étaient presque 40.000 à travailler directement dans ce secteur, soit 11 % de l’emploi total. Le secteur financier et les activités connexes représentaient ainsi 38 % du produit intérieur brut (PIB), contre 35 % en 2009, année durant laquelle les effets de la crise se sont pleinement fait sentir.
2,5 milliards d’euros Car l’étude du cabinet de conseil permet également de mieux cerner les conséquences de la crise financière. En 2010 d’ailleurs, les recettes fiscales générées par la Place ont progressé de 14 % par rapport à l’exercice précédent. Avec plus de 2,5 milliards d’euros, la contribution directe du secteur financier aux encaissements de l’État représente 25 % des recettes totales (notamment via la taxe d’abonnement pour les fonds, les taxes professionnelles et la taxe sur les bénéfices), contre 23 % en 2009. Notons par ailleurs que les banques, avec des revenus d’exploitation sous pression, n’ont pas pu participer à l’effort collectif, ou en tout cas
dans une moindre mesure (seulement 2 %). Les conséquences de la crise sur l’emploi apparaissent légèrement en différé. Elles s’expliquent entre autres par une meilleure maîtrise des coûts. « L’industrie financière a connu les premiers impacts de la crise en 2008 (…) sans connaître une chute brutale de l’activité. Les effets de la crise se sont poursuivis en 2009 avec un tassement de l’emploi et des recettes fiscales », selon Deloitte. Les revenus ont augmenté globalement, principalement ceux liés aux commissions. Ainsi l’amélioration de 14 % de la production de valeur ajoutée tient essentiellement « à la diminution massive de provisions, une meilleure maîtrise des coûts et à un climat de marché favorable ». Les analystes de Deloitte ségréguent également les principales activités de la Place pour mieux en distinguer les contributions individuelles. Les banques demeurent le principal contributeur à l’économie. Elles apportaient, en 2010, 42 % des revenus de la place financière, les assurances 21,6 %, les sociétés de gestion 19,2 % et les PSF 17 %. Deloitte s’attarde par ailleurs sur deux domaines d’activité majeurs au Luxembourg. D’abord, l’industrie des organismes de placement collectifs. Elle représente 10 % des recettes fiscales annuelles, 4 % des revenus nationaux, 8 % de la valeur ajoutée et 4 % pour de l’emploi. Ensuite, les acteurs de la banque privée : ils génèrent 6 % de la valeur ajoutée et 5 % des contributions fiscales. Ils occupent par ailleurs 3 % de l’emploi total et apportent 3 % des revenus. Le private banking, notamment orienté vers les individus fortunés, est d’ailleurs un axe résolument encouragé par le Haut comité de la place financière.
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Protection des investisseurs
Funambulisme politique La place financière luxembourgeoise travaille à la fois à la sécurité accrue pour l’investisseur grand public et à la flexibilité débridée pour le qualifié. La manœuvre n’est pas sans risque. Des affaires judiciaires, dont celle de Madoff, mettent le modèle en cause.
Pierre Sorlut
À la mi-janvier, la Wirtschaftswoche publiait un article au vitriol sur la protection des investisseurs des fonds luxembourgeois – ou plutôt sur le risque qu’il y avait à y placer son argent. Car, en substance, l’hebdomadaire au quasi-million de lecteurs, y invitait les Allemands à ne plus investir via des véhicules de droit luxembourgeois. Et ces derniers représentent plus de la moitié des fonds distribués outre-Moselle. Quand même. À l’origine de ce brûlot, les fonds luxembourgeois de Bernard Madoff, largement capitalisés par des Allemands. « L’escroc américain a mis sous les projecteurs les faiblesses de ladite place financière », tance le Wiwo. Pour l’hebdomadaire, si les banques et la surveillance luxembourgeoises avaient contrôlé plus scrupuleusement les fonds, les pertes auraient été évitées. La chaîne de Ponzi mise en place par l’Américain n’a jamais été découverte « parce que UBS et HSBC ont aliéné leur fonction de banques dépositaires dans la conservation des titres », poursuit l’auteur de l’article. Le dossier judiciaire patine actuellement dans les tribunaux luxembourgeois. L’indemnisation des investisseurs spoliés n’est pas encore à l’ordre du jour. Isabelle Wekstein, avocate parisienne du cabinet Wan, représente des clients de Luxalpha, la plus connue des Sicav du célébrissime escroc. Elle indique que « la longueur de la procédure est difficile à accepter pour les investisseurs ». En effet, depuis décembre 2008 et la rapide saisine des autorités compétentes par les plaignants, la justice luxembourgeoise s’est seulement prononcée sur la recevabilité des plaintes – et non
sur le fond – et a dénié le droit aux investisseurs d’intenter une action directe contre les banques dépositaires. Le juge a décidé que seul le liquidateur du fonds peut saisir la justice. L’avocate s’est pourvue en appel de cette décision, la jugeant contraire à la directive européenne Ucits. « Quand quelque chose rate, les investisseurs doivent rendre compte de leurs problèmes devant les instances officielles et les cours de justice qui obéissent à des lois dictées par l’industrie de la finance du mini-État », vilipende le journal allemand.
Catastrophe en cas d’accroc Fred Reinertz, président de l’association Protinvest et ancien banquier de la Place, concède que cette vision n’est pas très éloignée de la vérité. « Les propositions de lois sont élaborées par le régulateur et ses comités techniques dans lesquels sont assis les avocats d’affaires et les banquiers, qui orientent les textes pour faire en sorte que le recours contre les institutions financières soit pratiquement impossible. Alors, quand tout roule, c’est très bien, mais dès qu’un problème surgit, les tribunaux ne peuvent rien faire d’autre que respecter la loi et débouter l’investisseur plaignant. » Et un exemple plus récent vient alimenter la chronique des investisseurs recalés à l’examen du droit. Ils sont pour la plupart français et belges et ont récemment saisi les autorités luxembourgeoises. Ils ont investi à la fin 2008, en qualité d’investisseurs institutionnels ou privés (et qualifiés), dans un compartiment du fonds de titrisation nommé Elix-36 et géré par la société Secolux Management. Dans le prospectus, cette dernière
promettait un rendement mensuel de 3 %, et donc 36 % annuellement, assorti d’un intérêt annuel variable. Bref, de quoi attirer le chaland. Après des débuts un peu chaotiques – les premiers intérêts ont été payés avec du retard – et pour une raison obscure, la banque dépositaire, ING Luxembourg, décidait d’arrêter de travailler avec la société de gestion. Elle était remplacée par la banque Morgan Stanley à Zürich en février 2010. Mais en juillet, l’auditeur mandaté, Clerc, annonçait des manquements conséquents dans les documents fournis par les banques et partenaires de trading du fonds. Il lui était impossible d’effectuer un rapport complet… impossible donc d’avancer. Et, conformément à la loi de Murphy selon laquelle un malheur n’arrive jamais seul, en août, Fidomes, la fiduciaire chargée de l’administration du fonds, claquait elle aussi la porte. Elle était à peine remplacée par CF Fund Services, que le nouvel administrateur central rompait à son tour la collaboration de peur de voir sa réputation mise en cause. C’était au début de l’année 2012. Parce que ce mois-ci encore, aucune valeur nette d’inventaire n’a pu être publiée. Depuis février 2010 et le versement du rendement du quatrième trimestre 2009, les investisseurs n’ont reçu aucun dividende. À bout, ils ont d’abord questionné la CSSF. L’organe de supervision leur a répondu que « les émissions dont les coupures sont égales ou dépassent 125.000 euros [puisqu’il s’agit de l’investissement minimum requis par le prospectus du fonds Elix 36] sont présumées ne pas être destinées au public ». Le fonds en question n’est donc pas supervisé et les investisseurs ne peuvent se tourner que vers la justice et une procédure éminemment
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Photo: Etienne Delorme (Archives)
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Les regards des investisseurs du monde entier sont tournés vers la cité judiciaire où les jugements rendus sur l’affaire Madoff désigneront les responsabilités de chacun.
chronophage. Ils ont donc procédé à plusieurs assignations depuis l’été 2011. Jean-François Lycops, directeur chez Private Insurer, un assureur belge, s’insurge : « Pour le cas d’un fonds non agréé, comme le fonds Elix de la société Secolux Management, il n’y a aucun contrôle. Et l’auditeur ne communique les manquements, le cas échéant, qu’à la société de gestion du fonds. » Il juge donc « inacceptable » le manque de transparence cautionné par les autorités luxembourgeoises.
Souricière pour investisseurs Et le juge des référés a premièrement tranché en n’accordant pas aux investisseurs la possibilité de consulter l’intégralité des livres de comptes chez l’auditeur et il se déclare incompétent pour « trancher avec certitude la problématique en ques-
tion sans se livrer à un examen approfondi du mécanisme du fonds d’investissement Elix ». Private Insurer a donc assigné la société de gestion sur le fond, mais le jugement n’interviendra pas avant des mois et des mois. Paul Stiévenart, acting managing director de Secolux, revendique sa totale légalité. « Ce système est le minimum qu’on peut offrir à des investisseurs. Ils doivent être conscients de ce dans quoi ils investissent. » D’autant que le fonds inspirait confiance à sa création, en se plaçant sous la bannière luxembourgeoise de la protection des investisseurs. Il était administré par une fiduciaire connue de la Place, Fidomes. Le capital dormait dans une banque de renom, ING Luxembourg, et le cabinet d’audit, Clerc, jouit d’une bonne réputation. Le problème, pour les clients de Secolux comme pour ceux des fonds de Madoff, est-il propre au Luxembourg, comme le laisse entendre un avocat cité par la Wirtschaftswoche pour qui « le Luxem-
bourg est une souricière pour investisseurs dès que cela sent le roussi » ? Pour Édouard Fremault, directeur du cabinet de conseil aux investisseurs Deminor, le Luxembourg possède toutes les règles nécessaires pour garantir une bonne protection des investisseurs. « Le cadre est bon, dit-il, car bien inspiré des directives européennes. Le Luxembourg est tout aussi sûr pour les investisseurs que la France ou un autre pays de l’Union. » Pour le dossier Madoff, que Deminor suit au nom de 700 investisseurs floués, le problème réside avant tout dans la mise en œuvre effective du cadre. Tel est l’objet de la lettre envoyée par ledit cabinet au ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden. On peut s’interroger sur ce qui est attendu de l’ancien ministre de la Justice qui avait pris ses responsabilités lorsque la fraude avait été dévoilée. Édouard Fremault relève qu’il avait alors clairement indiqué que les banques impli- } 52
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Jean Guill, directeur général de la CSSF, saisit l’occasion pour défendre bec et ongles la cause des investisseurs.
{ quées devraient fournir compensation. Il qualifie
également de « courageuse » la CSSF qui avait jugé que les banques impliquées avaient mal fait leur travail. « Pourtant, trois ans après, l’affaire est au point mort. Or nous savons très bien qu’au niveau du gouvernement luxembourgeois, c’est le ministre Frieden qui suit le dossier », indique M. Fremault. Que peuvent donc faire les autorités politiques ? Deminor attend qu’elles démontrent que « la protection optimale des investisseurs qu’elles mettent en avant auprès de leur communauté n’est pas une coquille vide ». Elles pourraient par exemple accorder plus de moyens à la cellule responsable du suivi judiciaire. Deminor souligne cette ambivalence du Luxembourg qui se prétend une des plus importantes places financières internationales, mais où la façon de fonctionner des tribunaux ne reflète pas du tout cette image « du fait d’un souséquipement structurel ». Il est temps d’agir. Car les choses bougent aux États-Unis où la justice a récemment signifié à Irving Picard, le liquidateur américain en charge de recouvrer les fonds des investisseurs spoliés de Madoff, qu’il ne pouvait pas attaquer UBS. « La patate chaude est donc transmise aux tribunaux luxembourgeois », traduit Édouard Fremault.
Sur un fil tendu Le cas Madoff , largement médiatisé parce que d’une ampleur sans précédent, met à l’index l’industrie des fonds luxembourgeoise. Or, avec l’aggiornamento des directives européennes ayant trait à la régulation financière et plus particulièrement à la protection des investisseurs, le ministre tient également là – via la transposition des textes – l’opportunité de donner un signal politique fort et de montrer que la cause des intéressés est entendue. De bon augure pour Fred Reinertz de Protinvest pour qui le Luxembourg ne peut plus grandir sur un modèle protégeant les banques à l’excès. Car la place financière n’est plus assise sur des avoirs cachés aux services fiscaux étrangers, dont les propriétaires ne peuvent saisir la justice s’ils rencon-
Photo: Olivier Minaire (Archives)
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trent des problèmes. Le représentant de l’association luxembourgeoise pour la protection des investisseurs souhaite en fait préserver la compétitivité de la Place. « Nous ne voulons pas de l’image du héraut protecteur. Notre intention est avant tout de donner un volet sérieux de défense des investisseurs qu’il serait intéressant de monnayer à l’étranger. » La tâche ne sera pas facile. L’État luxembourgeois a traditionnellement souhaité, à la fois afficher une volonté résolue de protéger la clientèle financière de détail, tout en laissant les investisseurs institutionnels et qualifiés jouer avec des outils plus complexes. Il s’agit d’« un choix politique », confirme Jean Guill, directeur général de la CSSF, qui n’ignore pas qu’une Place qui n’offre pas de protection aux investisseurs ne reste pas compétitive. « Cela se sait vite », affirme-t-il. Édouard Fremault (Deminor) analyse la marge de manœuvre des décideurs luxembourgeois avec l’avantage de bénéficier d’un peu de recul. « Au Luxembourg, ils doivent marcher sur un fil tendu avec à gauche la protection des investisseurs, à droite celle de la Place. Ils ne veulent pas protéger les banques à tout prix pour autant. Ils essaient de maintenir un équilibre. » Jean Guill traduit la philosophie luxembourgeoise, conforme aux textes européens. « L’idée, c’est de dire : la protection publique s’adresse aux consommateurs, mais si certains se trouvent suffisamment doués pour s’amuser avec des produits complexes, et à même de prendre des risques, qu’ils s’amusent, mais qu’ils ne viennent pas se plaindre après auprès de l’État. » Cela étant, le directeur général de la CSSF soutient l’existence d’une réelle volonté politique pour prendre davantage en considération la protection du consommateur financier.
Un ancien avocat actif dans l’industrie luxembourgeoise des fonds dévoile librement sa pensée sous couvert d’anonymat. Selon l’intéressé, le gouvernement sait que la richesse de la place financière suscite la jalousie de nombreux pays européens qui attendent un faux pas de sa part « pour le descendre en flammes ». La ligne de conduite préconisée actuellement consisterait selon lui à purifier la situation et à repousser au maximum les promoteurs de fonds louches. « La réputation de la Place en général prime sur les petits profits. Les autorités et les acteurs du marché savent bien que si l’industrie locale des fonds plante, ce n’est pas Luxlait – avec tout le respect dû à cette honorable entreprise – qui va porter l’économie du pays. » Voilà qui a le mérite de la clarté. Par conséquent, cette bonne volonté s’affiche entre autres (voir page 84) en vitrine avec la création d’un super-comité d’experts qui se réunira pour la première fois en cette fin de mois et, par la suite, trimestriellement. Y siègeront des représentants des professionnels du secteur financier, des assureurs, des banques, des fonds, des déontologues (compliance officers), de l’Union des consommateurs luxembourgeois et européens, de la CSSF, du Commissariat aux Assurances, de la Banque centrale du Luxembourg, ainsi que des ministères des Finances, de l’Économie, de la Famille (pour le volet du surendettement) et de l’Éducation nationale. Voilà un pas de plus en direction des consommateurs financiers. L’initiative est louable, mais les jugements prononcés dans les affaires judiciaires auront des conséquences bien plus importantes pour l’industrie des fonds et l’économie luxembourgeoise tout entière.
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Mad About Soul
« Comme une marque » Claude Nesser et Frank Kaiser créent une toute nouvelle agence de communication. Explications.
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TEDx LuxembourgCity
Une première à Luxembourg
Claude Nesser et Frank Kaiser ont travaillé ensemble chez Binsfeld entre 1995 et 2010.
Interview par Nicolas Raulot, publiée le 01.02.2012 Messieurs Nesser et Kaiser, vous êtes tous les deux des anciens de Binsfeld. Pourquoi lancer votre propre structure maintenant ? Claude Nesser : « J’ai rejoint Binsfeld en janvier 1993. J’en ai été directeur associé à partir de 1996 avant de quitter cette structure à la mi-janvier 2012. Je suis parti dans le but de créer ma propre structure avec Frank. C’est une idée qui me poursuivait depuis longtemps, mais les conditions n’étaient jamais tout à fait remplies pour se lancer. Frank Kaiser : « Quant à moi, je suis arrivé chez Binsfeld en 1995 et en suis parti en décembre 2010, avant de rejoindre Plan K comme directeur de création. Finalement, nous nous sommes retrouvés, avec Claude, fin 2011 pour créer Mad About Soul. C’est un monde où il faut bouger de temps en temps, se poser des questions. Nous avons voulu retrouver cette connivence, l’état d’esprit que nous avions quand nous travaillions ensemble. Comment Mad About Soul va-t-elle être organisée ? F. K : « Nous sommes une équipe de cinq personnes en tout, en comptant les deux associés principaux. Notre mode de fonctionnement est fondé sur des partenariats stratégiques à forte valeur ajoutée : Cropmark pour le web et le layout, Social Lab pour les réseaux sociaux, Minale Design Strategy pour le design stratégique, Print Solutions pour l’impression… Mad About Soul veut dire passionné. C’est pour signifier cette âme, cette profondeur que l’on veut donner aux choses, en particulier en ce qui concerne les marques. Selon nous, chaque entité qui communique doit se faire considérer comme une marque. Dès lors qu’elle intègre les codes propres à une marque, sa communication sera plus efficace et plus optimisée. Nous ne sommes pas nécessairement dans la création de marques, mais davantage dans une logique d’acceptation. Si vous vouliez communiquer sur Mad About Soul en tant que marque, que diriez-vous ? F. K : « Notre mode de fonctionnement est fondé sur les 3C (Conseil, Créativité, Conversation). Nous ne voulons pas entrer seulement en conversation avec nos clients, mais aussi en interne. C’est très important pour nous de pouvoir toujours être dans un esprit de dialogue et de conversation. Nous ne sommes pas connus pour avoir notre langue dans notre poche. C. N : « En ce qui concerne notre positionnement, nous sommes une agence de communication souple qui s’entoure de partenaires privilégiés à forte valeur ajoutée dans le but d’offrir les meilleures solutions à nos clients. En appliquant cette méthode des 3C, en favorisant les échanges et en pérennisant l’entreprise. »
La première conférence TEDx à Luxembourg, appelée TEDx LuxembourgCity, se déroulera le 21 mars prochain au Mudam, de 13 h à 20 h 30. Le thème de la conférence, organisée avec Maison Moderne, est « Failure ? ». L’esprit TED, c’est la propagation d’idées nouvelles, c’est croire en la force des idées pour changer les attitudes, la vie et le monde. TED a vu le jour en Californie dans les années 80. Aujourd’hui, quelque 1.500 événements TEDx existent de par le monde. (lire aussi l’article page 40)
Bauhärepräis OAI 2012
Appel à propositions Publié le 31.01.2012
Fort du succès des trois premières éditions et de l’intérêt d’un public de plus en plus large, l’Ordre des Architectes et Ingénieurs-conseils lance pour 2012 son 4e Bauhärepräis pour distinguer des réalisations dans lesquelles le couple « maître d’ouvrage / concepteurs » s’est exprimé de manière particulièrement fructueuse. Un jury, composé pour moitié de personnalités du monde de la politique et de la culture, et pour moitié d’architectes, sera chargé d’apprécier les projets présentés et les mérites des maîtres d’ouvrage dans neuf catégories différentes. La date limite de dépôt des dossiers a été fixée au 24 février 2012. www.oai.lu Fairtrade
20 ans au Luxembourg Publié le 31.01.2012
L’association de promotion du commerce équitable, Transfair-Minka Luxembourg, fête ses 20 ans et annonce officiel lement son changement de
Photo : OAI
Photo : Mad About Soul
Publié le 31.01.2012
dénomination en Fairtrade Lëtzebuerg. L’association rentre ainsi dans le rang du mouvement international dont le chiffre d’affaires a atteint, en 2010, 3,9 milliards d’euros. La part luxembourgeoise était de 6,16 millions d’euros en 2010. Mais elle augmente. En 1992, seulement trois magasins étaient exclusivement consacrés au commerce équitable au Luxembourg. Il y en a huit aujourd’hui vendant, avec les autres 170 points de vente, quelque 800 produits. Du coup, le résident luxembourgeois est à la 6e place mondiale du classement des consommateurs équitables. Un Luxembourgeois dépense en moyenne annuellement 12 euros par an dans ce type de biens, loin derrière les Irlandais et les Suisses (une trentaine d’euros chacun). Jeannot Krecké
« Je n’ai pas eu de vie privée » Publié le 31.01.2012
C’est un Jeannot Krecké détendu, et sans cravate, qui s’est présenté pour la dernière fois devant les journalistes, en tant que ministre de l’Économie et du Commerce extérieur. Pendant près d’une heure, il a effectué « un survol » des sept années et demie passées dans ces fonctions, énumérant ses réussites… et ses regrets, et arrivant au constat qu’il n’a pas ménagé ses efforts depuis 2004. « En termes de quantité, je ne pense pas que j’aurais pu décemment faire plus, a-t-il expliqué. Durant toutes ces années, je n’ai pas eu de vie
privée. C’était un choix. Pour ce qui est de la qualité, je laisse aux autres le soin de juger. » (lire aussi l’interview en page 12) SNCB
Trains plus rares, mais plus chers Publié le 31.01.2012
La sénatrice belge MR (mouvement réformateur, libéral) Dominique Tilmans monte au créneau, contre la politique des chemins de fers belges. Comme chaque année, la SNCB vient en effet d’annoncer l’indexation de ses tarifs, conduisant à une augmentation moyenne de 2,83 %. « C’en est trop pour les travailleurs frontaliers qui se rendent quotidiennement à Luxembourg et qui ont vu leurs conditions de transport se dégrader dramatiquement ces derniers mois. » Analysant les tarifs pour les trajets transfrontaliers, elle note par exemple qu’un trajet d’environ 30 kilomètres entre Liège et Maastricht revient à 4,60 euros, alors que la même distance, entre Arlon et Luxembourg, est facturée 9,80 euros. Mission officielle
Le voyage en Inde reporté Publié le 01.02.2012
La mission officielle programmée en Inde à la mi-mars, emmenée par le prince héritier Guillaume et le nouveau ministre de l’Économie, a finalement été repoussée. Il semble que le statut officiel de la mission ait conduit les services du protocole indien à demander un changement dans l’agenda.
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Trois questions à Bart Lootsma
« Valoriser la recherche en architecture »
Étienne Schneider
Professeur invité à l’Université du Luxembourg, Bart Lootsma est en charge de la préfiguration du master en architecture qui sera lancé en 2013.
La politique dans le sang
Fusion avortée
Clearstream regrette Publié le 01.02.2012
La Commission européenne a officiellement mis son veto à la fusion souhaitée entre NYSE Euronext et Deutsche Börse, devant le risque d’une situation de monopole de fait, notamment sur le marché des dérivés en Europe. À Luxembourg, Clearstream était évidemment directement concernée, en tant qu’entité du groupe Deutsche Börse. « Nous regrettons la décision prise à Bruxelles, commente Nicolas Nonnenmacher, porteparole de Cleartream International. Bien que ces derniers temps les signaux n’aient pas été bons, nous avons espéré jusqu’au bout. » Pour autant, la stratégie de développement et de renforcement des services spécifiques et des points forts de la maison, comme la gestion du collatéral, « existait de toute manière, avec ou sans le contexte de la fusion. Cela ne change donc rien, fondamentalement, à notre ancrage stratégique. »
Ministère de l’Économie
Promotions Publié le 01.02.2012
Pour son premier jour en tant que ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Étienne Schneider a évoqué, en interne, la nécessaire réorganisation de son ministère. M. Schneider dirigeait en effet, depuis l’automne dernier, la direction générale « Développement économique, industrie et entreprise » et il faut désormais lui trouver un remplaçant. Aucun nom n’a formellement été cité ce matin. Mais il se profile une nouvelle réorganisation dont pourraient bénéficier deux actuels conseillers de direction de cette DG : Mario Grotz (actuellement aux infrastructures) et Patrick Nickels (industrie, de la logistique et des communications). Schlecker
Le Luxembourg épargné Publié le 02.02.2012
ger. Elle est domiciliée à Troisvierges, mais le réseau est cependant entièrement géré depuis l’Allemagne, Schlecker n’ayant pas de véritable bureau ou de cadre administratif au Grand-Duché. Lombard
Nouvelles têtes Publié le 02.02.2012
Le Luxembourgeois Nobert Becker, actuellement directeur non-exécutif de Lombard International Assurances, en devient chairman. Il succède à John Stone, fondateur de la société en 1991 et président depuis lors, et qui a décidé de prendre sa retraite pour se consacrer à sa fondation caritative. Dans le même temps, le CEO de Lombard, David Steinegger, annonce son départ. Il est remplacé à son poste par Matt Moran qui, depuis 2009, exerçait les fonctions de directeur financier. (lire aussi en pages « Carrières » du cahier Management) Sidérurgie
Alors qu’une première réunion aura lieu ce vendredi entre Schlecker et les syndicats luxembourgeois, la société a annoncé officiellement que le réseau de drogueries au Grand-Duché ne sera absolument pas touché par l’insolvabilité de l’entreprise en Allemagne. « Les activités à l’étranger de Schlecker fonctionnent de manière autonome et sont rentables », précise le texte, envoyé depuis la base allemande de Ehingen. La filiale luxembourgeoise Anton Schlecker GmbH fonctionne en tant que succursale d’une société de droit étran-
Un ouvrier décède à Florange Publié le 02.02.2012
Un ouvrier est décédé à Florange ce mercredi après-midi, sur le site de l’usine d’ArcelorMittal. L’homme, employé de DM Services, une entreprise sous-traitante luxembourgeoise, était occupé à gonfler un pneu d’un engin de chargement quand une explosion s’est produite. L’explosion a également fait un blessé.
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Photo : DR
Étienne Schneider, qui prend ses fonctions de ministre de l’Économie et du Commerce extérieur ce mercredi a soufflé ses 41 bougies il y a trois jours. Il devient le plus jeune membre du gouvernement. Il a commencé à travailler aux côtés de Jeannot Krecké en avril 1996, alors en charge des dossiers économiques au sein de la fraction socialiste. « Depuis, on ne s’est presque plus quittés », explique M. Schneider. Lors de l’entrée au gouvernement de Jeannot Krecké, en 2004, M. Schneider est devenu conseiller de gouvernement au sein du ministère de l’Économie et du Commerce extérieur.
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Publié le 01.02.2012
Bart Lootsma (Université du Luxembourg) : « L’idée est d’introduire une culture différente au sein de l’Université. »
Interview par France Clarinval, publiée le 02.02.2012 Monsieur Lootsma, qu’est-ce qui a motivé l’Université à organiser ce colloque « Architecture, European urbanisation and Globalisation » organisé début février ? « Nous sommes en train de finaliser le master en architecture qui prend en considération ces trois thématiques de l’architecture, l’urbanisme européen et la globalisation. Ce master aura comme cadre les facultés des Lettres, des Sciences humaines, des Arts et des Sciences de l’Éducation. L’idée est d’introduire une culture différente au sein de l’Université alors que l’architecture est généralement prise en charge dans son volet technique (écoles d’ingénieurs) ou artistique (écoles des beauxarts). Les sujets de l’urbanisme et de la globalisation sont quant à eux généralement confiés aux sociologues et aux géographes. Ici, nous allons montrer ce que peut être la recherche dans ces domaines. Plus globalement, le master est né de la volonté de la Fondation de l’Architecture, avec qui nous organisons le colloque. Justement, comment avez-vous choisi les intervenants ? « Nous avons invité des architectes et théoriciens de l’architecture de premier plan au niveau international, tels que des doyens d’universités (Brett Steele de l’Architectural Association School of Architecture de Londres ou Mark Wigley de la Columbia School of Architecture de New York), des chercheurs, éditeurs (Stefano Boeri, rédacteur en chef du magazine Abitare)… Il nous importe de voir, tous ensemble, ce qui est possible, quelles réflexions et recherches vont pouvoir être menées au Luxembourg. Les débats sont centrés sur la globalisation, les migrations, les écarts entre les différents pays et comment l’architecture peut être un outil de prévention des conflits, mais aussi sur l’urbanisation européenne et sur ce qu’elle a de singulier par rapport au modèle américain, notamment dans l’intégration du patrimoine et la place, même de plus en plus réduite, des intervenants publics. Il s’agit aussi de considérer les nouveaux développements de l’architecture elle-même, de plus en plus virtuels, globalisés et privatisés. En quoi Luxembourg et le master à Luxembourg pourront-ils apporter un éclairage nouveau sur ces sujets ? « Luxembourg a ceci de particulier qu’il est influencé au niveau historique et légal par ses voisins, ce qui a dessiné et dessine encore un paysage et un environnement bâti spécifique. Une des pistes que je souhaiterais voir explorer par les étudiants du master, en relation avec ceux de la faculté de Droit, c’est justement de comparer les effets culturels des différentes lois. Luxembourg est très bien placé pour cela. » Retrouvez les résumés des travaux et discussions du colloque sur www.archiduc.lu
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Trois questions à Keith O’Donnell
« Les fiscs deviennent plus agressifs »
Banque Degroof
En marge du départ de Paul Chambers, le managing partner d’Atoz commente l’évolution de la profession de fiscaliste dans un contexte de pression croissante.
Résultats en hausse Publié le 02.02.2012
Photo : Étienne Delorme (archives)
L’exercice clôturé au 30 septembre 2011 permet aux dirigeants de la Banque Degroof Luxembourg d’afficher une certaine satisfaction. La banque enregistre un résultat net consolidé de 47,3 millions d’euros, soit une hausse de 5 % par rapport à l’exercice précédent. La banque revendique une hausse des commissions d’environ 10 %, une amélioration du produit net bancaire de 12,1 % et une marge d’intérêt qui a augmenté de 20 % par rapport à l’exercice 2009-2010. 2012 marquera, pour Banque Degroof, le 25e anniversaire de sa présence au Luxembourg. Ce sera aussi l’occasion du lancement du chantier d’agrandissement de son immeuble de la Cloche d’Or, pour un investissement de 8 à 10 millions d’euros.
Keith O’Donnell (Atoz) : « Nous devons aider nos clients, en fonction des règles qui sont en place, pas de la moralité de ces pratiques. »
Interview par Nicolas Raulot, publiée le 03.02.2012 Monsieur O’Donnell, comment s’explique le départ de Paul Chambers ? « C’est une décision professionnelle. Nous en parlions très cordialement depuis environ six mois. Il a décidé qu’il préférait partir, pour réfléchir à ce qu’il veut faire, quelque chose de différent. Il a participé à la fondation d’Atoz en 2004. Avec ce départ, nous restons à 11 associés. Le cabinet compte une centaine de collaborateurs. Nous réfléchissons à l’opportunité de promouvoir quelqu’un en interne. Mais ce n’est pas une priorité ou une nécessité. Quelle est l’actualité de votre entreprise ? Comment voyez-vous l’année 2012 ? « Ces dernières années, nous nous sommes concentrés sur le développement du réseau Taxand, dont le siège est au Luxembourg et qui est actuellement présent dans 50 pays. Plus récemment, nous avons créé une chaire de fiscalité internationale avec l’Université du Luxembourg. Notre objectif est d’améliorer le niveau de connaissance des fiscalistes du Luxembourg. L’année 2012 va être très intéressante sur de nombreux plans. Le règlement de la crise de la dette aura beaucoup d’impact sur l’économie internationale, dont nous sommes tributaires, comme nos clients. L’autre sujet qui nous intéresse, c’est l’harmonisation ou la coordination fiscale. Nous suivons cela de très près.
Nouvelle identité visuelle Publié le 02.02.2012
Après bientôt 80 années d’existence, le Luxembourg City Tourist Office (LCTO) est devenu l’un des principaux acteurs du tourisme de loisirs et d’affaires au Luxembourg. En vue de moderniser sa communication, elle a dévoilé sa toute nouvelle identité visuelle, développée par l’agence Binsfeld. « La nouvelle communication visuelle du LCTO permettra d’augmenter la notoriété de la ville
Crise de la dette
L’Europe sera plus forte selon Juncker Publié le 02.02.2012
En marge de la « matinée d’études » organisée par l’asbl Interlycées ce matin à l’Athénée de Luxembourg, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, interviewé par paperjam.TV, garde la conviction que la zone euro sortira grandie de la résolution de la crise actuelle, même si cela prendra un certain temps. (www.paperjam.tv; lire aussi son interview page 98) New professional interests
Paul Chambers leaves Atoz Publié le 03.02.2012
Paul Chambers will leave the firm Atoz with effect from the 31st March. This reflects his decision to re-orient his professional interests.
Grand-Duché et les représentants de Schlecker ont même évoqué leur intention de créer de nouveaux postes. Syndicats et direction ont convenu de se revoir régulièrement, dès la mi-mars, pour améliorer une communication, défaillante jusque-là, au point de permettre à l’incertitude de s’installer dans ce dossier. Lequel semble donc se clôturer à la satisfaction générale. CRI Luxembourg
Une filiale à Bruxelles Publié le 03.02.2012
CRI (Luxembourg) a ouvert une filiale européenne à Bruxelles. Elle sera dirigée par Frédéric Baeke, directeur commercial du CRI Luxembourg. La filiale prend le nom de CRI Belgique Sprl et résulte de l’acquisition de 100 % du capital d’E.S.I., European Strategic Investments. Avec cette acquisition, Computer Resources International (CRI) prévoit de lancer le plan d’expansion internationale du groupe et de renforcer sa présence sur le marché Belux pour se rapprocher de sa clientèle.
Schlecker
Prêt à embaucher ! Publié le 03.02.2012
La réunion de ce vendredi, entre syndicats et responsables du groupe Schlecker, a confirmé les propos rassurants du droguiste allemand. Le réseau luxembourgeois (28 points de vente employant quelque 120 personnes) ne sera pas touché et nul ne sera licencié. L’activité est rentable au
Visuel : Binsfeld
Est-ce la préoccupation majeure de vos clients, les entreprises internationales ? « Le sujet principal à l’international, c’est en effet que les administrations fiscales deviennent plus agressives, en raison de leurs contraintes budgétaires croissantes. Nous sommes donc amenés à défendre les entreprises, à les aider lorsque leurs montages fiscaux sont contestés. Cela crée beaucoup d’incertitudes. Le cas Vodafone a beaucoup fait parler de lui ces dernières semaines. L’administration fiscale indienne a souhaité taxer une transaction qui avait échappé à l’impôt. Deux milliards de dollars étaient en jeu. Le contentieux a duré plusieurs années, mais la Cour suprême indienne a montré que tout le monde était soumis à la loi et que la transaction en question n’était effectivement pas taxable. Les entreprises doivent se préparer à ce type de contentieux. Nous sommes aussi amenés à faire de plus en plus de demandes de remboursement de retenues à la source, dont nous estimons qu’elles ont été indûment perçues. En tant que conseillers, nous devons aider nos clients, en fonction des règles qui sont en place, pas de la moralité de ces pratiques, même si c’est un sujet de débat au sein de notre cabinet. »
LCTO
de Luxembourg en tant que destination touristique et culturelle », indique le communiqué du LCTO.
BIP Investment Partners
Plus haut dans KeyDrive Publié le 03.02.2012
BIP Investment Partners a contribué à l’acquisition, par KeyDrive, une société de son portefeuille, de Moniker (bureau d’enregistrement de noms de domaine basé aux États-Unis et qui compte environ 2 millions de domaines sous gestion) et SnapNames (services d’enchères et de courtage de noms de domaine) préalablement détenus par Oversee.net. Le groupe KeyDrive, dans lequel BIP est actionnaire depuis 2009, se classe désormais en 6e position des bureaux d’enregistrement de noms de domaine, avec plus de 6 millions de domaines sous gestion. BIP, qui a financé une partie de ces acquisitions, est désormais actionnaire à 33,3 % de la société.
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57 actualité Investissement
Private equity social L’asbl Sakura vient de se lancer. Elle est active dans la structuration et la sécurisation de projets de micro-finance.
Citroën
Dans le vert Dans l’encadré intitulé « Top allemand, Flop français » de l’article consacré à l’Autofestival paru dans notre dernière édition, une erreur s’est faufilée dans les statistiques relatives aux nouvelles immatriculations des marques françaises. Citroën affiche une progression de plus de 3 % en 2011, passant de 2.904 à 2.994 immatriculations.
Utopia
Luxempart se retire
Xavier Heude : « La place financière et les activités d’aide au développement ne se fréquentent presque pas. »
Jean-Michel Gaudron (texte), Jessica Theis (photo)
Victime de la restructuration de KBL en 2011, Xavier Heude a choisi une voie dans la parfaite continuité de son activité passée : celle de concilier ses compétences professionnelles (15 ans de carrière dans le secteur financier) à ses convictions sociétales (10 ans comme administrateur de plusieurs ONG). « Deux mondes forts existent, constate-t-il : une place financière performante et internationalement reconnue et des activités d’aide au développement très actives. Or, ces deux univers ne se fréquentent presque pas. Pourtant, il y a une demande de plus en plus marquée de la part de clients pour des investissements socialement responsables et dans des activités ayant une réelle plus-value sociétale. » Au sein de KBL, où il était actif dans le service organisation, M. Heude avait mis en place un programme basé sur le volontariat, pour le développement d’un projet de micro-finance au Vietnam. Vingt personnes y ont apporté leurs savoir-faire, soit 2 % des effectifs de la banque. « Une partie a travaillé au Luxembourg pour créer des systèmes et des méthodologies et une autre partie s’est rendue sur place, pendant ses temps de congés, pour les mettre en œuvre. » C’est le premier programme de volontariat de cette ampleur jamais lancé au Luxembourg. Fort de cette expérience positive, Xavier Heude a développé et déposé une méthodologie très
pointue baptisée Peers Direct Investment (PDI), qui permet un screening détaillé de n’importe quel projet de micro-finance et de déterminer sa viabilité, et à quelles conditions. « Aujourd’hui, à un investisseur qui veut réellement s’impliquer dans une démarche sociétale, on propose généralement des fonds qui regroupent des entreprises qui se revendiquent RSE. Mais cela reste souvent insuffisant à leurs yeux. Beaucoup ont envie de vraiment savoir comment est utilisé leur argent, voire d’aller sur place pour s’en rendre compte. » Trop souvent, note-t-il, des infrastructures (comme un puits dans un désert), mises en place grâce à des dons, sont abandonnées au bout de quelques années, faute d’un suivi technique ou humain. La méthodologie PDI se base sur une centaine de questions et ratisse bien plus large que la seule micro-finance. Elle s’appuie, pour sa mise en œuvre, sur une asbl, baptisée Sakura, ce qui veut dire cerisier en japonais. « Nous essaierons d’essaimer sur nos projets, argent et compétences, comme des pétales de cerisiers dans les champs, de sorte que les projets prospèrent et grandissent », résume M. Heude. Son ambition : que PDI serve de support à un vrai label de qualité reconnu, actuellement inexistant dans le domaine de la RSE. Parmi les premières sociétés ayant reçu ce « label » PDI : The Tree Hub, start-up luxembourgeoise opératrice de compensation carbone (lire l’édition de mai 2011 de paperJam).
La société d’investissement Luxempart, qui détenait depuis 1996 près de 55 % du capital du groupe d’exploitation cinématographique Utopia, a cédé ses parts. Les deux bénéficiaires sont, à parité, Utopia Management (le groupe fondateur d’Utopia) et CLdN, la Compagnie luxembourgeoise de navigation, groupe d’investissements aux activités diversifiées, qui brasse plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires.
ING Luxembourg
+8 % de revenus En dépit d’un recul de son bénéfice net de 4,9 % (à périmètre constant) à 110 millions d’euros, ING Luxembourg clôture l’année 2011 avec le sourire : ses revenus ont progressé de 8 % à 231 millions d’euros et elle enregistre une progression de 16 % de ses crédits.
SES
Continuité L’opérateur de satellites SES a enregistré, en 2011, un chiffre d’affaires récurrent de 1,7 milliard d’euros (+2,8 %) et un EBITDA récurrent de 1,3 milliard d’euros (+3,1 %). Pour les trois prochaines années, la société anticipe les conséquences exceptionnelles de l’arrêt de la télévision analogique en Allemagne, qui entraînera un taux moyen de variation annuelle de 4,5 % sur le chiffre d’affaires récurrent.
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Résultats
La Grèce pèse sur les banques Publié le 06.02.2012
Selon la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF), le résultat net du secteur bancaire a reculé de 24 % l’an dernier, à 2,906 milliards d’euros : « La constitution nette de provisions au 31 décembre 2011 est fortement affectée par les corrections de valeur sur la dette hellénique. À cet égard, les chiffres sont encore provisoires, ils dépendent en particulier de l’issue des négociations concernant la participation du secteur privé à la restructuration de la dette grecque », explique l’autorité de surveillance. Mais comme l’indique la CSSF, il ne s’agit encore que de chiffres provisoires. Il reste en effet à savoir quelle décote a été retenue par les banques pour provisionner leurs pertes sur les obligations grecques. Si l’hypothèse d’une moins-value de 50 % était la plus souvent évoquée l’an dernier, on s’oriente plutôt aujourd’hui vers une perte de 70 %, voire au-delà. Les résultats pourraient donc être revus à la baisse.
socialiste, la banque suédoise, basée à Luxembourg depuis 1973, devrait procéder à 15 licenciements sur un effectif de 54 salariés. Les pertes de postes seraient étalées sur avril et mai prochains. Mpulse
Digicash primé par Accenture Publié le 06.02.2012
La solution de paiement mobile luxembourgeoise Digicash, développé par la société luxembourgeoise Mpulse, a remporté le « prix du jury » lors des premiers Accenture Innovation Awards Belgium and Luxembourg for Financial Services, qui récompense les projets et produits les plus innovants du marché des services financiers en Belgique et au Luxembourg. Désigné par un jury composé de 17 experts issus des mondes de la banque, des assurances et des fonds d’investissement, Digicash est un système de paiement mobile qui permet de régler les achats dans les commerces, les factures à domicile et les achats e-commerce au moyen du téléphone portable. Rodange & Schifflange
31 millions de pertes
Swedbank
15 postes menacés
Publié le 07.02.2012
Publié le 06.02.2012
L’OGBL a confirmé les menaces qui planent très sérieusement sur une quinzaine de salariés de l’entité financière suédoise Swedbank, présente au Luxembourg depuis près de 40 ans. « Le personnel avait été averti que des pertes d’emplois pourraient survenir début 2012, reconnaît Luc Lepasch, du syndicat LCGB. Ici, on est entré officiellement dans la procédure réglementaire pour un licenciement collectif et la négociation d’un plan social. » Le courrier de la banque informant dans ce sens est arrivé en fin de journée vendredi. Pour la branche SBA (banques et assurances) du syndicat
Photo : dpa
sur le fil
ArcelorMittal a un argument massue à faire valoir pour justifier la fermeture éventuelle des sites luxembourgeois de Rodange & Schifflange : des pertes abyssales. Les deux usines ont accumulé un déficit de 31 millions d’euros en 2011, après un trou de 36 millions d’euros en 2010. En septembre dernier, le leader mondial de la sidérurgie a décidé de réduire l’activité à Rodange & Schifflange, où les pertes sont structurelles, et d’arrêter certaines lignes de production. Officiellement, ces arrêts sont temporaires, mais les syndicats craignent que les sites ne soient fermés définitivement (comme à Liège), victimes des restructu-
rations d’ArcelorMittal. Une interruption sur l’ensemble de l’année 2012 est en tout cas redoutée. Circuit Foil
Plan de maintien dans l’emploi Publié le 06.02.2012
Les partenaires sociaux se sont rencontrés pour négocier un accord pour un plan de maintien dans l’emploi afin de venir en aide aux 46 personnes en sureffectif chez Circuit Foil Luxembourg à Wiltz, une filiale à 100 % du groupe ArcelorMittal. Dans le but d’éviter tout licenciement sec et pour assurer la pérennité de la société, des mesures ont été négociées dans la cadre d’un plan de maintien dans l’emploi qui sera réévalué en juin 2012. Il s’agit notamment de départs en préretraite et en retraite anticipée pour 19 salariés, du nonrenouvellement de CDD et contrats intérimaires ou encore de la possibilité de recours au travail à temps partiel (de 50 % à 80 %). Le principe d’une prime de départ volontaire en fonction de l’ancienneté dans l’entreprise a également été validé. ArcelorMittal
Bénéfices en baisse Publié le 07.02.2012
ArcelorMittal a annoncé officiellement ce mardi ses résultats pour le dernier trimestre de 2011 et les chiffres de l’ensemble de l’année 2011. Une année assez noire pour le géant mondial de la sidérurgie, dans un contexte de crise très tendu. Même si les bénéfices restent au rendez-vous, ceux-ci accusent une baisse très nette, de
22 %, à 2,3 milliards de dollars. Toutefois, le chiffre d’affaires combiné de l’exercice 2011 a progressé de 20,4 % pour s’établir à 94 milliards de dollars. Cette hausse s’explique surtout par une augmentation des prix de vente moyens de l’acier (+17,7 %) et à une légère hausse des expéditions (+0,9 %). ArcelorMittal a produit près de 92 millions de tonnes d’acier brut, soit environ 6 % de la production mondiale d’acier. Il en a expédié 85,8 millions de tonnes. Le CEO du groupe, Lakshmi Mittal, a commenté ces résultats dans un communiqué. « Pour 2012, la situation en Europe reste préoccupante. Malgré l’incertitude qui continue de peser sur ce marché, nous observons cependant une amélioration du climat ambiant par rapport au quatrième trimestre », a-t-il notamment indiqué. Banques
José-Benjamin Longrée a quitté Citi Publié le 07.02.2012
José-Benjamin Longrée a quitté Citi Luxembourg. Il avait endossé la responsabilité commerciale de l’activité fonds d’investissement il y a seulement un an, sous le titre de EMEA head of client sales management for investors in securities and fund services. Les raisons de ce départ, qui remonte déjà à la mi-janvier, ne sont pas connues. La banque évoque seulement un accord à l’amiable et la volonté de José-Benjamin Longrée de saisir d’autres opportunités. Ce Belge de 43 ans avait quitté Caceis Bank Luxembourg à la fin de l’année 2010. Il occupait alors le poste de directeur général adjoint du groupe.
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59 actualité
« Encore un bon cru »
Photo: David Laurent/Wide (archives)
Empreinte carbone réduite Publié le 07.02.2012
Téléphonie
Orange frôle les 100.000 abonnés Publié le 08.02.2012
Le groupe de téléphonie mobile belge Mobistar a présenté ce mercredi ses résultats pour l’année 2011. Pour Orange Luxembourg, sa filiale à 100 %, l’année a été plutôt positive, puisque le troisième opérateur du pays a enregistré une hausse de 11,7 % du nombre de ses clients. L’opérateur frôlait, au 31 décembre, les 100.000 clients, avec un total de 99.233. La part des clients postpaid dans la base clients totale poursuit sa progression, passant de 78,9 % fin décembre 2010 à 79,8 % un an plus tard. Dans le même temps, le chiffre d’affaires d’Orange Luxembourg a fait un bond de 19 % à 65,7 millions d’euros. Progression également pour le revenu moyen mensuel par
utilisateur, qui gagne 4 % à 49,8 euros. Sur le plan purement comptable, l’exercice s’achève sur une perte anecdotique après impôt de 0,6 million d’euro, loin du bénéfice de 22,6 millions enregistré en 2010, mais qui avait été artificiellement gonflé par quelque 30 millions d’euros de produits financiers exceptionnels.
RTL Group
En duo Publié le 08.02.2012
Le CEO Gerhard Zeiler quittera RTL Group avec effet au 18 avril prochain, date de l’assemblée générale annuelle. Le patron, en place depuis neuf ans, a souhaité quitter le groupe pour « relever de nouveaux challenges », précise le communiqué de RTL. C’est une direction générale bicéphale qui prendra le relais. Guillaume de Posch et Anke Schäferkordt ont été nommés co-CEO, a annoncé le groupe de médias luxembourgeois. (lire en pages Carrières dans notre cahier Management) Budget
Impôt de crise : le retour ? Publié le 08.02.2012
L’impôt de crise (prélèvement de 0,8 %) pourrait être rétabli à partir de 2013. Le Premier ministre Jean-Claude Juncker l’a laissé entendre ce mardi sur RTL, en même temps qu’il annonçait de nouvelles mesures d’économie pour cette année, sans donner plus de détails. L’hypothèse de croissance de 2,1 %, sur laquelle repose le budget 2012, est aujourd’hui jugée beaucoup trop élevée au regard du ralentissement
économique et des risques d’un retour en récession. Prélevé à la source sur les salaires, cet impôt avait été supprimé en juillet dernier dans le cadre des négociations salariales avec la Confédération Générale de la Fonction Publique. Elle avait pris effet au 1er janvier 2012, appliquée pour l’ensemble des salariés du pays. Selon Jean-Claude Juncker, qui prononcera son discours sur l’état de la Nation le 8 mai prochain, « tout est allé de travers avec cet impôt de crise ». Selon la Chambre de Commerce, la suppression de cet impôt en 2012 va occasionner un manque à gagner de 90 millions d’euros pour l’État. Saint-Paul
Erny GiIlen, nouveau président du conseil Publié le 08.02.2012
Après 35 ans chez Saint-Paul Luxembourg, le chanoine Mathias Schiltz laisse la place à Erny Gillen comme président du conseil d’administration de Saint-Paul Luxembourg, l’éditeur du Luxemburger Wort détenu par l’archevêché. Prise vendredi dernier par le conseil d’administration du groupe de presse et d’édition, la décision vient d’être rendue publique. Mathias Schiltz était membre du conseil d’administration de Saint-Paul Luxembourg depuis 1976 et président depuis 1987. (lire aussi en pages Carrières dans notre cahier Management)
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Le président de la Fédération des garagistes du Luxembourg tire un bon premier bilan de l’Autofestival qui s’achève ce lundi.
Photo : David Laurent/Wide (archives)
Sources Rosport
Dans le but d’améliorer son bilan écologique, Sources Rosport a choisi de revoir le design de ses bouteilles afin de réduire au maximum sa consommation de matière plastique. Après deux années de recherche et de développement, les nouveaux modèles présentent désormais un design novateur et un poids réduit, assurant ainsi une économie considérable de matière PET. Au final, le gain réalisé sur les bouteilles Viva 1,5 l PET ainsi que toute la gamme de bouteilles PET 0,5 l (Rosport Classic, Rosport Blue et Viva) représentera approximativement 37 tonnes de matière PET par an, soit l’équivalent de 70.000 litres de pétrole brut. En outre, la société a décidé de changer ses films d’emballage habituels pour des films écologiques, composés de matière plastique issue de ressources renouvelables, contenant plus de 50 % de matière plastique produite à base de canne à sucre.
Trois questions à Ernest Pirsch
Ernest Pirsch : « La RSE est devenue un sujet indispensable. »
Interview par Pierre Sorlut, publiée le 06.02.2012 Monsieur Pirsch, quels sont les enseignements de ce 48e Autofestival ? « D’après les échos que nous avons de la Fegarlux, le bilan est très positif. Nous pensons être au niveau de 2011, un bon cru. Nous avons eu beaucoup de monde le premier week-end et en semaine… un peu moins en fin de semaine dernière à cause des basses températures. Mais il s’agit d’une clientèle de qualité, c’est-à-dire que les gens qui se déplaçaient étaient réellement à la recherche d’un achat. Pour avoir les chiffres néanmoins, il faut attendre ceux des immatriculations. Nous en saurons plus à partir du mois de mai. Les concessionnaires ne les communiquent pas. Pour se donner un ordre d’idées, l’année dernière, 50.000 voitures ont été vendues sur l’année. 25 % du volume se fait sur les deux premiers mois. Nous nous basons sur l’activité en janvier et février, car il est difficile de savoir précisément quels véhicules ont été vendus pendant le festival. Quels véhicules ont-été le plus vendus ? Des perspectives se dessinent-elles pour 2012 ? « Aucune donnée précise n’est encore publiée, mais nos confrères rapportent être sur les mêmes temps de passage qu’en 2011. L’année dernière, en volume global, la première marque vendue était Volkswagen. Derrière, les Audi et BMW ont très bien marché. Concernant la composition de la clientèle, elle est très diversifiée. L’Autofestival est une fête populaire et familiale. Nous ne ressentons pas de signes de crise. Les véhicules qui sont vendus au Luxembourg sont toujours très bien équipés, aux niveaux de la sécurité et du confort notamment. Cela dit, nous remarquons quand même que les gens font un peu plus attention sur les options. Ils achètent utile et efficace. Et quels rabais peut-on traditionnellement espérer obtenir lors de l’Autofestival ? La marge de négociation est-elle plus grande qu’en temps normal ? « Nous pratiquons évidemment des remises exceptionnelles pendant l’événement. Après, chaque constructeur fait sa propre cuisine. Cela dépend de la nouveauté du modèle également. Nous offrons par ailleurs des packs, des remises, etc., ce qui rend la chose difficilement chiffrable. Cela dépend un peu des aptitudes à la négociation du client, mais nous, concessionnaires, savons exactement où nous pouvons aller en termes de prix. Ce sont des offres commerciales prédéfinies. Il y a plus de marge de manœuvre sur la reprise. »
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60 actualité
Sébastien Danloy (RBC Dexia Investor Services Bank)
Inaki Lozano Ehlers (Bics, Madrid) et Vincent Delwiche (Agora)
Guy Perrot (OPF Partners)
Armin Tscheu (Ernst & Young)
Victor Rockenbrod (Rockenbrod Agence Immobilière)
Ed Nypels (RICS BeLux) et Bart Van de Velde (BV Real Estate)
Alain Weber (Banque LBLux)
Claude-Michel Boulay (KBL European Private Bankers) François Biltgen (ministre de la Justice ; ministre des Communications et des Médias)
Immobilier
LuxReal Forum Pour le premier forum de l’année, organisé le 31 janvier, le thème central était « The evolving Workplace ». Luc Deflorenne (photos)
Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu
Sandra Müller (LuxReal)
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Sans mémoire, l’Europe c’est du vent.
Découvrez les succès et revers de l’histoire de la construction européenne sur www.cvce.eu Situé au Luxembourg, le CVCE est un centre de recherche et de documentation interdisciplinaire sur le processus de la construction européenne. Il a pour mission la création, le partage et la valorisation de connaissances dans un environnement numérique. Vous trouverez sur le site du CVCE les publications du centre ainsi qu’une documentation originale et pertinente comprenant des documents d’archives inédits, des articles de presse, des films d’époque, des interviews...
Knowing the past to build the future Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe, Luxembourg
62 actualité Recherche
Tour de vis au Ceps Le centre d’études public, à Esch-Belval, a bouclé son budget 2012 dans la douleur. La restructuration passe parfois mal.
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Tommy Hilfiger
Premier magasin au Luxembourg
Photo : Étienne Delorme (archives)
Publié le 08.02.2012 10:47
Le centre d’études public a emménagé dans le carré Dexia à Belval, en attendant de rejoindre la Maison des Sciences humaines.
Par Alain Ducat, publié le 08.02.2012 Le Ceps-Instead (Centre d’Etudes de Populations, de Pauvreté et de Politiques socio-économiques) couve quelques tensions. Longtemps à Differdange, depuis avril dernier à Esch-Belval (au carré RBC Dexia, en attendant la future Maison des Sciences humaines), cette entreprise publique de plus de 130 personnes connaît « des sujets de préoccupation », dit-on à la tutelle, le ministère de la Culture, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Une restructuration est en marche. Trois personnes ont été récemment licenciées. « Nos délégués du personnel suivent ça de très près, avec nos conseils, explique Danièle Nieles, du SEW (syndicat éducation et sciences, branche de l’OGBL). Nous avons demandé à la direction qu’elle expose ses motifs et ses critères de choix. » « On a supprimé des postes, pas des personnes. On a pesé tous les critères et nous avons fait les choses dans les règles », se défend le directeur du centre, Pierre Hausman. La rigueur semble dicter les mesures. Car le budget 2012 a été très délicat à élaborer. Au ministère, on insiste sur l’autonomie des centres publics. « La tutelle ministérielle n’assure pas la gestion courante. Il y a un contrat de performance, qui court sur la période 20112013. La dotation de l’État est globale. Une évaluation est effectuée à l’issue des trois années. »
Loyer quatre fois plus élevé « Initialement, on avait presque un million d’euros à trouver. On allait droit dans le mur, explique le directeur. Il fallait prendre des mesures structurelles et c’est la mission que m’ont confiée les administrateurs. Finalement, le budget, à l’équilibre, a été voté en décembre dernier, avec toutes les mesures l’accompagnant. » Les soucis viennent notamment de pertes ou de nonrenouvellement de contrats de recherche. Le Ceps a aussi dû déménager à Belval, « où le loyer est quatre fois plus élevé », précise M. Hausman. Tout cela a contribué à épuiser les réserves constituées. Restait à endiguer les effets salariaux sur le long terme. « Notre trésor est dans nos compétences, poursuit le directeur. J’ai participé à la création du centre il y a 30 ans. J’y tiens et je tiens à ceux qui en sont l’avenir. Mais il faut que chacun y mette du sien. » Le personnel a donc été informé d’une refonte salariale, avec suspension d’annuités et de 13e mois.
L’enseigne de vêtements Tommy Hilfiger arrivera au Luxembourg cet été. Elle s’installera Grand-Rue, dans un immeuble récemment rénové où elle occupera une surface d’environ 650 m² répartie sur le rezde-chaussée et le premier étage de l’immeuble. La transaction a été conseillée par CBRE. Journées de l’Économie
La réindus trialisation en question(s) Publié le 09.02.2012
La sixième édition des Journées de l’Économie, qui s’est tenue à la Chambre de Commerce, a permis aux entrepreneurs et décideurs du Luxembourg et de la Grande Région d’aborder la question cruciale de la réindustrialisation et des autres défis dans la stratégie industrielle actuelle. (lire l’article page 18) Société Générale Private Banking
Legitech
Les impôts en livre Publié le 09.02.2012
Legitech publie l’édition 2012 de son Livre des impôts luxembourgeois. Publié pour la première fois en 2010, l’ouvrage réunit l’ensemble de la législation applicable au 1er janvier 2012 et de la réglementation fiscale luxembourgeoise en matière d’impôt sur le revenu, d’impôt sur la fortune, d’impôt commercial communal, d’impôt foncier, de TVA ainsi que de droit d’enregistrement, de timbre et de succession. Il inclut également les textes de lois qui n’ont pas été publiés au Mémorial. www.legitech.lu
Meilleure banque privée Publié le 09.02.2012
Société Générale Private Banking reçoit pour la 8e année consécutive le prix de Meilleure Banque Privée pour son offre de produits structurés en Europe par le magazine Euromoney à l’occasion de la sortie de l’étude Euromoney Private Banking Survey 2012. Elle reçoit également le titre de Meilleure Banque Privée pour son offre de produits structurés en France, au Luxembourg et à Monaco. Étienne Schneider
« Se retrousser les manches » Publié le 09.02.2012
Pour son premier discours officiel depuis sa prise de fonction, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur Étienne Schneider a dressé les grandes lignes de l’action qui sera la sienne jusqu’en 2014. (lire l’article page 18)
Publication
Metaform01 Publié le 09.02.2012
Le bureau d’architecture luxembourgeois Metaform a créé, avec l’éditeur Maison Moderne, une collection de livres dédiée à l’architecture. Le premier ouvrage, intitulé metaform01, porte sur un petit projet résidentiel dans la ville de Luxembourg et s’interroge sur la manière de collaborer et de communiquer entre les investisseurs et les architectes. L’intérêt de ces ouvrages ne sera pas celui de diffuser des images attrayantes et illustrer de belles réalisations, mais bien celui de favoriser un débat assez inexistant à propos de l’architecture. Car, au-delà du réalisme et du pragmatisme que le projet doit refléter, l’architecture a le devoir de stimuler un débat sur ses enjeux culturels
dans notre société. metaform01, écrit par Shahram Agaajani et Thomas Schoos et illustré par les photos de Steve Troes, a été réalisé sous la direction artistique de Maxime Pintadu (Maison Moderne Studio). 52 pages, 22 x 18 cm, 15 €. Disponible en kiosque et en ligne sur www.maisonmoderne.lu. Key Inn
Et de trois ! Publié le 09.02.2012
Après Belair et Limpertsberg, la société Key Inn Apart-Hôtels inaugure à Merl sa troisième résidence hôtelière sur la ville de Luxembourg. Key Inn Parc de Merl propose des appartements d’environ 45 m2, entièrement équipés et meublés. L’offre globale de la société s’élève désormais à une quarantaine de studios, suites, appartements, duplex et lofts, de 25 à 110 m2, qui peuvent être loués de façon très flexible, pour une nuit ou plusieurs mois, selon les besoins. Ultra haut débit
EPT avec Alcatel-Lucent Publié le 09.02.2012
P&T Luxembourg a annoncé avoir choisi la technologie fibre optique avancée d’Alcatel- Lucent pour déployer le ultra haut débit dans le pays. Le nouveau réseau améliorera la disponibilité et la qualité d’une multitude de services haut débit et de contenus, qu’il s’agisse, pour les particuliers, de vidéos en mode streaming, de musique et de réseaux sociaux, ou, pour les entreprises, de services de visioconférence et d’outils d’optimisation de la productivité basés sur le cloud.
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63 actualité Exclusif
Ultimatum pour Lamparski
Jeannot Krecké à coeur ouvert
Publié le 09.02.2012
Publié le 10.02.2012
L’ingénieur luxembourgeois Frank Lamparski, promoteur du méga-projet d’aéroport international pour Bitburg, a la pression. « Le pistolet sur la poitrine », écrit même le journal allemand Volksfreund, qui suit cette saga au plus près depuis le début. Les promoteurs n’ont toujours pas apporté la preuve de dépôt, sur un compte luxembourgeois tel qu’annoncé par l’ingénieur de Mamer, de la première garantie de 30 millions devant servir à redévelopper l’ancienne base Otan de Biburg en une plateforme internationale pour le transport aérien, de fret et de passagers. Le projet global a été chiffré à quelque 400 millions de dollars sur une dizaine d’années. L’agence immobilière fédérale, propriétaire de la piste de l’aéroport, a lancé un ultimatum : faute de recevoir une confirmation de la part de la banque au Luxembourg de l’existence de ces fonds, avant le 29 février, le site sera remis sur le marché pour d’autres investissements potentiels, plus modestes mais plus concrets, notamment dans les énergies renouvelables.
Du lundi 13 au vendredi 17 février, paperJam.TV diffusera en cinq parties une longue interview de l’ancien ministre de l’Économie et du Commerce extérieur Jeannot Krecké. (lire en pages 12)
Maison Moderne
Cinq récompenses en Allemagne ! Publié le 10.02.2012
Maison Moderne, éditeur de paperJam, a reçu cinq distinctions. Pour son client, la Ville de Luxembourg, Maison Moderne a remporté avec City Mag une nomination au German Design Award de Francfort et une autre au IF Award de Munich. « City Mag est sans aucun doute le magazine luxembourgeois le plus récompensé », commente Mike Koedinger, CEO et fondateur de Maison Moderne. La maison d’édition a reçu également un Silver Award au German Design Award et une nomination au IF Award pour Nico, magazine de mode et d’art. Enfin, MMM, magazine annuel média et édition du groupe, s’est distingué par une nomination au IF Award.
sariat qui note qu’au vu de l’évolution positive des marchés boursiers depuis le début de l’année et de l’accalmie constatée sur les marchés de dette, la progression de l’encaissement devrait se confirmer au premier trimestre 2012.
Trois questions à Christian Scharff
« Cinq sujets clés pour 2012 » Le président d’IMS Luxembourg présente le programme d’activité 2012 de l’Institut pour le Mouvement Sociétal, orienté sur le passage à l’action.
Mia 100 % électrique
Le plein pour un euro !
Photo : Olivier Minaire (archives)
Bitburg
Publié le 10.02.2012
Assurances
Retour de la croissance Publié le 10.02.2012
L’encaissement du secteur luxembourgeois des assurances a nettement reculé en 2011 dans un contexte de crise boursière. Mais un rebond a été observé au quatrième trimestre, selon le Commissariat aux Assurances. « Après quatre trimestres consécutifs de baisse de l’encaissement, le secteur des assurances a renoué avec une très légère croissance au quatrième trimestre de 2011. L’encaissement des branches non-vie progresse de 5,32 % par rapport au quatrième trimestre 2010 et les primes en assurance vie augmentent de 0,12 % », constate l’autorité de surveillance. L’exercice 2011 s’achève néanmoins sur une note très négative. Sur l’ensemble de l’année, les primes ont en effet baissé de 31,10 %. Dans le détail, les branches vie ont reculé de 34,10 %, alors que l’encaissement de l’assurance non-vie a résisté, avec une augmentation de 2,37 %. « La baisse de 38,96 % des primes des produits vie à rendements garantis marque le retour à la normale après l’envolée de l’encaissement correspondant en 2010 », tempère le Commis-
Le prix est un peu prohibitif et le confort un peu spartiate, mais on sent bien en la conduisant, assis au centre du véhicule, que la « révolution est en marche », comme dit le slogan de la marque. Plus silencieuses qu’un vélo, les voitures électriques Mia sont commercialisées depuis quelques jours au Luxembourg par Luxcars4you à Bertrange, l’importateur de la marque au Grand-Duché. Le lancement officiel est prévu pour le 15 février. Les voitures sont adaptées pour les déplacements urbains et péri-urbains. Quatre modèles sont disponibles, dont un utilitaire, avec un prix d’entrée à quelque 18.000 euros, prime Car-e comprise. La Mia (« à moi » en italien) offre une autonomie d’environ 100 kilomètres pour un temps de charge (sur n’importe quelle prise électrique) de seulement 3 heures. Prix du « plein de carburant » : entre 1 et 1,5 euro ! Des recharges express de 10 minutes sont également possibles pour huit minutes d’autonomie.
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Christian Scharff (IMS Luxembourg) : « La RSE est devenue un sujet indispensable. »
Interview par Nicolas Raulot, publiée le 09.02.2012 Monsieur Scharff, qu’est-ce que l’Institut pour le Mouvement Sociétal ? « L’IMS a été créé en 2007. À l’époque, personne au Luxembourg ne parlait de RSE. Nous étions le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir d’association spécialisée sur le sujet. Les six entreprises qui ont participé au lancement, ArcelorMittal, Axa, BIL, Kneip, MNKS et PwC, avaient remarqué qu’elles n’échangeaient pas leurs expériences et leurs bonnes pratiques. Notre association avait vocation à rester neutre et apolitique, pour développer le sujet sans être jugé. Alors que la crise économique fait rage en 2012, le sujet est-il toujours autant d’actualité ? « Plus que jamais. La responsabilité sociale est devenue un argument commercial, un argument pour garder des collaborateurs talentueux. Cela touche même à la motivation des collaborateurs. Les critères environnementaux sont de plus en plus présents dans les appels d’offres pour remporter des marchés. Ce sujet est toujours plus présent dans la stratégie des entreprises. Celles-ci doivent désormais établir des rapports non financiers. C’est une tendance, une lame de fond. Des comités RSE sont créés dans les pays anglo-saxons. Dans le temps, ça faisait bien de faire de la RSE, pour se donner peut-être un certain vernis marketing. Aujourd’hui, c’est devenu indispensable et cela prend des formes de plus en plus diverses. Dans certains pays, comme au Costa Rica, la ‘note carbone’ est ajoutée à votre note d’hôtel. Ce n’est pas de la science-fiction. Comment se structure votre plan d’action pour 2012 ? « Après quatre ans d’un modèle qui était fondé sur la formation et l’information, avec notamment le CSR Forum, nous passons à l’action. Nos activités évoluent afin de mieux correspondre aux besoins de nos membres, qui sont passés de 6 à 114 et représentent environ 50.000 collaborateurs. Nous nous attaquons à cinq sujets concrets et clés pour 2012 et 2013 : les partenariats entreprises-associations, avec la création d’une plate-forme d’échanges, en partenariat avec les cinq plus grandes associations du pays (Ada, Caritas, Croix-Rouge, Hëllef Doheem et Sainte Élisabeth) ; le lancement d’une charte de la diversité qui est un sujet assez peu traité en tant que tel au Luxembourg ; la gouvernance de l’entreprise sur le plan de la RSE, avec la mise en place d’un partenariat avec l’Institut Luxembourgeois des Administrateurs) ; faire travailler ensemble les entreprises qui partagent le même zoning d’activité en mettant en place, par exemple, des transports en commun ; et enfin, les achats alimentaires. » Voir aussi l’interview sur www.paperJam.TV
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64 actualité BIL Woman Business Manager of the Year Award
Françoise Folmer, femme de l’année
Le jury a choisi la fondatrice du cabinet d’architecte Team 31 comme business woman de l’année. Une centaine de personnes ont assisté à la remise de ce prix au siège de la BIL le 25 janvier. Charles Caratini (photos)
Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu
Les trois finalistes Isabelle Saint-Antoine, Tanja Hennen-Mayer et Netty Thines aux côtés de la lauréate Françoise Folmer.
Fernand Ernster (Librairie Ernster) et Joëlle Letsch (CNFL)
François Pauly (BIL)
Luc Henzig (PwC) et Mike Koedinger (Maison Moderne)
Véronique Coulon (Lux Décor Peinture)
Françoise Hetto-Gaasch (ministre de l’Égalité des chances)
Automobile
Infiniti Launch in Luxembourg
Plusieurs centaines de personnes ont assisté, le 26 janvier, au Garage Lentz à Alzingen, au lancement de la marque automobile de luxe japonaise au Grand-Duché. Étienne Delorme (photos)
Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu
Bernard Loire (Infiniti Europe)
Stéphane Bailly (Groupe Bailly)
Xavier Bettel (bourgmestre de la Ville de Luxembourg)
Alain Petry (CLC)
Patrick Lahr (By Lentz)
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sur le fil Suite de la page
Orange Luxembourg
Survey 2D
Investissements en hausse
La RSE en ligne
Publié le 10.02.2012
Commentant les chiffres de l’année 2011 publiés en milieu de semaine (lire en page 59), Patrick Ittah, le managing director d’Orange Luxembourg, a indiqué que la croissance des résultats de la société (+19 % du chiffre d’affaires) s’était accompagnée d’un renforcement des effectifs : de 133 à 150 collaborateurs, avec un objectif d’une vingtaine de personnes en plus pour 2012. En 2011, l’opérateur a aussi poursuivi ses investissements (+23 % par rapport à l’année précédente), sans en dévoiler le montant global. « Nous avons opéré une transformation globale du réseau avec du matériel de dernière génération plus performant et moins consommateur en énergie, ainsi que la migration du réseau 2G historique, explique M. Ittah. De plus, plus d’une cinquantaine de sites 3G supplémentaires ont été activés. » Pour 2012, la société table notamment sur le développement d’offres convergentes, alliant téléphonie fixe et mobile, accès au réseau Internet et télévision.
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Publié le 10.02.2012
La société Propoze lance un nouvel outil disponible en ligne permettant aux entreprises d’aborder les questions de RSE de manière concrète, en leur offrant la possibilité d’obtenir une vision globale de leurs performances sociétales. Il se base sur deux fonctions clés : l’auto-évaluation selon les critères du référentiel ISO 26000 et un outil d’enquête de réputation auprès des parties prenantes, internes et externes à l’organisation, afin d’évaluer leur appréciation de l’engagement et des actions RSE de l’entreprise qui les consulte. Bruxelles-Luxembourg
Les Verts plaident pour le train
un « lien important vers la France et la Suisse » et qui permet d’unir les trois capitales, Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg. Les élus écologistes luxembourgeois, qui travaillent dans ce dossier en étroite collaboration avec le groupe des Verts au Parlement européen et les représentants wallons du parti écolo, ont présenté sept points pour aiguiller une optimisation de la connexion Bruxelles-Luxembourg. Ils veulent notamment assurer le financement européen du projet EuroCapRail (600 millions d’euros sur la partie belge et environ 400 millions d’euros sur la partie luxembourgeoise) et exigent la réalisation de la partie luxembourgeoise de ce projet dans les meilleurs délais. Ils veulent en outre absolument savoir où en est le fameux mais fantomatique projet « Pendolino ».
Publié le 13.02.2012
Claude Turmes, député vert européen, et Josée Lorsché, députée Déi Gréng, ont présenté à la presse luxembourgeoise leurs visions, questions et suggestions pour l’axe ferroviaire BruxellesLuxembourg. Une liaison « d’une importance cruciale pour le Luxembourg », qui est aussi
Bofferding
Résistance Publié le 13.02.2012
Bofferding publie des résultats satisfaisants pour l’exercice 2011. « L’ensemble Brasserie NationaleMunhowen a réalisé un chiffre
d’affaires en progression de 4,9 %. Les volumes vendus tous produits confondus s’élèvent à 415.000 hectolitres et l’Ebitda (résultat d’exploitation) a progressé de 8,3 % pour dépasser les 10 millions d’euros », a annoncé Frédéric de Radiguès, directeur général du groupe, lors d’une conférence de presse à Belval. L’Ebitda de la Brasserie Nationale, qui brasse notamment les bières Bofferding et Battin, dépasse les 5,5 millions d’euros (en progression de 7,4 % par rapport à l’exercice précédent), alors que celui de la filiale Munhowen, en charge de l’administration et de la commercialisation de la brasserie, fait un bon de plus de 9 % à 4,5 millions d’euros. « Nous poursuivons notre croissance dans la Grande Région à un rythme de 25 % environ par an. Je me suis fixé l’objectif de réaliser 50 % de nos ventes au Luxembourg », a ajouté M. de Radiguès. Les ventes dans la Grande Région atteignent aujourd’hui 30.000 hectolitres par an, soit environ 7 % des 415.000 hectolitres commercialisés par le groupe Brasserie Nationale. La marge de progression reste donc intacte. Etika
Les Prix 2011 Publié le 13.02.2012
Photo : Olivier Minaire (archives)
L’association de promotion de la finance sociale Etika a remis pour la deuxième année consécutive ses prix pour récompenser deux projets d’organisations luxembourgeoises se distinguant par leur innovation et leur plus-value environnementale et/ou sociale. L’entreprise de construction Marco Rollinger a été récompensée dans la catégorie des projets ayant fait l’objet d’un crédit alternatif octroyé conjointement par Etika et la BCEE, pour la construction de son nouveau siège social à partir de matériaux de construction et d’isolation naturels et durables. Dans la catégorie des projets indépendants du mécanisme, c’est l’ONG Frères des Hommes qui a reçu le prix pour la création d’une laiterie coopérative au Burkina Faso.
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Frédéric de Radiguès, directeur général de la Brasserie Nationale paperjam | Mars 2012 | économie & finance
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Trois questions à Patrick Schols
« L’accent sur le haut de gamme » À l’occasion des 20 ans de la compagnie d’assurance vie, Dexia Life & Pensions change de positionnement et de nom. Elle devient IWI International Wealth Insurer. Explications.
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Florange
Arrêt prolongé Publié le 14.02.2012
Autoroute Bettembourg-Perpignan
Un bilan sévère
Photo : Blitz
Publié le 13.02.2012
Patrick Schols (IWI) : « Nous voulons donner une valeur ajoutée à nos distributeurs. »
Interview par Nicolas Raulot, publiée le 15.02.2012 Monsieur Schols, quelles sont vos activités aujourd’hui au Luxembourg ? « Nous exerçons trois activités. La principale représente 80 % de notre chiffre d’affaires. Elle concerne la vente de contrats d’assurances en libre prestation de services (LPS) pour laquelle nous sommes actifs dans plusieurs pays : Belgique, France, Italie, Allemagne… C’est un métier dans lequel nous avons enregistré une forte croissance ces dernières années, malgré un ralentissement en 2011. Deuxième activité : l’assurance aux particuliers que nous réalisons avec les agences de la BIL. Il s’agit notamment de produits fiscaux. La troisième est l’assurance collective sur le marché local et la gestion des fonds de pension. Quelles sont vos nouvelles orientations stratégiques ? « Ce mercredi, Dexia Life & Pensions devient IWI International Wealth Insurer. À l’occasion de notre 20e anniversaire, nous voulons mettre l’accent sur le segment haut de gamme et très haut de gamme (HNWI et UHNWI) en matière de libre prestation de services. Nous voulons donner une valeur ajoutée à nos distributeurs au Luxembourg ou en Suisse pour commercialiser nos solutions complémentaires des services de private banking. C’est aussi la raison pour laquelle nous lançons une campagne de recrutement. Nous avons déjà engagé sept personnes. Dix autres recrutements sont à venir. Ce sont des experts seniors (commerce, risque, actuariat, juridique…).
La Cour des comptes française a rendu un rapport très sévère sur l’efficacité de l’autoroute ferroviaire reliant Bettembourg à Perpignan et opérée par la société Lorry-Rails. Depuis 2007, sept jours sur sept, des trains transportent des camions sur plus de 1.000 km, de manière permanente et sécurisée, avec un taux de remplissage de 80 % environ. La Cour des comptes française estime que le concept peine à faire ses preuves sur les plans économique et financier. Elle critique notamment le fait que l’ouverture commerciale de cette ligne se soit faite dans des conditions techniques et économiques insuffisamment étudiées. L’exercice 2011 s’est soldé par une perte comptable de 3,45 millions d’euros, qui ne s’est toutefois pas aggravée par rapport aux exercices précédents. En 2011, 36.500 camions ont transité par cette autoroute ferroviaire. La Cour des comptes les compare aux quelque 1,1 million qui utilisent les navettes par le tunnel sous la manche.
La direction de l’usine de Florange d’ArcelorMittal a convoqué les syndicats afin d’évoquer « la situation industrielle du site et les orientations des prochains mois ». Ce que les représentants du personnel craignaient a été annoncé par Thierry Renaudin, le responsable du site. Les deux hauts fourneaux P3 et P6, arrêtés à partir de l’été dernier, resteront fermés au moins jusqu’à l’été prochain, et en tout cas durant tout le deuxième trimestre. Les organisations syndicales, qui craignent un arrêt définitif du site mosellan, ont convoqué une assemblée générale des salariés pour ce jeudi. Une journée d’action a été décidée le 29 février prochain, suite à la publication des résultats du groupe. Chemolux
Entre 48 et 110 licenciements Publié le 14.02.2012
Les syndicats, représentés au comité mixte d’entreprise de Chemolux, usine du groupe Mc Bride installée à Foetz, viennent d’être informés que la société va entamer des négociations pour un plan social, « concernant entre 48 et 110 salariés », précise le LCGB dans un communiqué. On sait
que le client principal du fabricant de poudres et pastilles pour lave-vaisselle avait annoncé l’année passée son intention d’arrêter les commandes, au plus tard fin mars 2012. Le client en question n’est autre que Henkel, soit l’ancien groupe qui chapeautait les activités de Chemolux, avant le rachat par Mc Bride… À l’heure actuelle, l’entreprise compte quelque 260 salariés. Le sureffectif concernerait jusqu’à 140 salariés. Les syndicats regrettent que « le plan de maintien dans l’emploi n’ait pu être conclu plus tôt ». Chemolux envisage également de charger une société spécialisée d’accompagner des salariés licenciés dans leurs démarches administratives. Le plan social sera négocié dans les semaines à venir. SES
50 au Top Publié le 15.02.2012
Le 50e satellite de SES en orbite après son lancement réussi à bord d’une fusée Proton par ILS. SES-4 est un satellite générant 20 kilowatts, destiné à assurer la couverture de l’hémisphère Est (Europe, Afrique, ainsi que l’ensemble du continent américain), et des services aux clients mobiles et maritimes. Il s’agit du plus grand et du plus puissant des satellites de la flotte.
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Photo : Lorry-Rails
L’actionnariat de Dexia BIL et de Dexia évolue. Quelles sont les conséquences de ces changements pour IWI ? « Notre actionnaire actuel est Dexia Insurance Belgium à 99,9 %. Dexia Insurance Belgium est une filiale de Dexia Banque Belgique, qui a été nationalisée. Dexia Insurance Belgium a décidé de vendre Dexia Life & Pensions dans le courant de l’année 2012. Dans les jours qui viennent, une banque d’affaires sera désignée pour mener à bien ce processus. »
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68 actualité Traité fiscal
Paris cherche à renégocier
Photo : David Laurent/Wide
Photo : Luc Deflorenne (archives)
La France entend amender la convention de non-double imposition avec le Grand-Duché sur le volet de la taxation des plus-values immobilières.
Par Nicolas Raulot, publié le 14.02.2012 Rien n’est encore officiel, mais en coulisses, les administrations fiscales s’activent déjà. Motif : la France cherche à renégocier la convention de non-double imposition signée avec le Luxembourg. À quelques mois des élections présidentielles et face à des contraintes budgétaires de plus en plus serrées, la France a adressé une nouvelle demande formelle à son voisin concernant un sujet spécifique. « Aucun avenant au traité n’est encore disponible, mais la demande porte sur la renégociation de la clause sur les plus-values des sociétés à prépondérance immobilière. Pour l’instant, si une société luxembourgeoise cède les parts d’une autre société à capitaux français détenant un immeuble en France, le droit d’imposer la plus-value revient au Luxembourg. Or, au Luxembourg, on peut appliquer le ‘régime mère-fille’. La plus-value peut donc être exonérée si les conditions de cette exonération sont satisfaites », explique Sandrine Degrève, director au département tax, real estate et infrastructure chez KPMG Luxembourg.
Les fonds immobiliers menacés En clair, la France, qui a ses pratiques dans le collimateur, voudrait s’octroyer le droit d’imposition des biens immobiliers établis sur son territoire de façon à récupérer des recettes fiscales. Toutefois, rien n’oblige, a priori, le Grand-Duché à accéder aux demandes françaises. « Le Luxembourg n’a pas avantage à accepter cette modification. Il est probable que des considérations politiques entreront en ligne de compte », estime l’experte. Selon KPMG, si le Luxembourg ne tire pas de recettes fiscales de ces montages, son industrie des fonds pourrait en pâtir. « Si cet avantage disparaît, cela pourrait faire pencher la balance vers des places financières concurrentes pour la localisation de fonds immobiliers. L’industrie locale des fonds pourrait y perdre quelques plumes, au profit de certaines places, comme les PaysBas, la Grande-Bretagne, voire la Belgique », explique Pierre Kreemer, partner au département tax, real estate et infrastructure chez KPMG Luxembourg. Difficile de savoir quelles chances a la France de voir sa demande aboutir ou encore d’évaluer le manque à gagner fiscal occasionné dans l’Hexagone par ces structures. « Les montants en jeu sont sans doute considérables, mais à l’échelle d’un budget comme celui de la France, je ne pense pas que cela représente des recettes vraiment significatives », estime Sandrine Degrève.
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Organes de décision
Les femmes davantage présentes Publié le 15.02.2012
Le ministère de l’Égalité des Chances a présenté, ce mercredi, l’étude « Les femmes et les hommes dans la prise de décision économique en 2011 », qui actualise un rapport déjà commandé par le ministère en 2000 et en 2004. « L’étude montre que même si les inégalités de genre existent toujours dans la prise de décision, elles s’effacent lentement. Des progrès ont été faits. Mais il reste quand même des efforts considérables à consentir pour atteindre une égalité parfaite », a commenté la ministre Françoise Hetto-Gaasch. Dans les conseils d’administration, les femmes occupent 20 % des postes, alors qu’elles représentent 37 % des effectifs des entreprises ayant un conseil d’administration. « Dans les entreprises dans lesquelles l’État détient des participations directes, toutefois, les femmes sont encore moins bien représentées. Elles y occupent 10 % des postes d’administrateurs alors qu’elles représentent 23 % des emplois salariés de ces structures », a précisé Blandine Lejealle, en charge de l’étude pour le CEPS/ Instead. Seulement 27 % de femmes sont à la tête des entreprises de moins de 15 salariés, alors qu’elles représentent 44 % des effectifs. Ce taux est toutefois en progression. En 2000, elles n’étaient que 16 % et, en 2003, 22 %. Pour les entreprises de plus
de 15 salariés, alors qu’elles représentent 34 % des effectifs, elles ne sont que 18 % à occuper des postes de direction (contre 11 % en 2000 et 16 % en 2003).
Awards Night
Cactus et Yellow.lu couronnés Publié le 15.02.2012
Le palmarès des RTL Media Awards et du Grand Prix paperJam Communication Marketing Design 2012 a été dévoilé ce mercredi soir à la Rockhal devant près de 900 personnes. Yellow.lu, avec sa campagne « Politiciens », réalisée par Moskito Productions, et Cactus, avec sa campagne « Starzone » réalisée par son agence Createam, ont été les grands gagnants de cette soirée. (Voir nos pages spéciales dans le cahier Management) Utopia
Luxempart cède ses parts Publié le 15.02.2012
La société d’investissement Luxempart a cédé sa participation de 54,9 % qu’elle détenait dans le groupe d’exploitation cinématographique luxembourgeois Utopia, à Utopia Management, ainsi qu’au groupe luxembourgeois CLdN. Luxempart était actionnaire du groupe Utopia depuis 1994 et a largement contribué tant à sa création qu’au développement international qu’il a connu
depuis. Utopia Management est le fondateur du groupe Utopia et détenait depuis CLdN (Compagnie luxembourgeoise de navigation) est un groupe dont les activités, initialement limitées au domaine maritime, se sont diversifiées ces dernières années et pèsent, désormais, un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Raiffeisen
Résultats record Publié le 15.02.2012
Banque Raiffeisen continue à traverser la crise sans encombres et à tailler des croupières à ses concurrentes. La petite banque mutualiste a même enregistré un nouveau plus haut historique en 2011, quand le résutat de l’ensemble des établissements de la Place a sensiblement reculé. La progression du bénéfice est estimée à 4 % par rapport au résultat, déjà record, enregistré en 2010, soit 16,57 millions d’euros. La banque reconnaît néanmoins un certain ralentissement, puisque le résultat net avait progressé à un rythme moyen de 14,6 % entre 2005 et 2010. La banque Raiffesein bénéficie à la fois d’une progression de ses dépôts et de ses crédits. « Les dépôts de la clientèle privée affichent une progression de 8,5 % alors que les prêts et crédits accordés aux clients privés et professionnels ont augmenté de 10,2 %. L’essentiel de notre activité de prêts est réalisé auprès de la clientèle privée pour des crédits immobiliers », explique Guy Hoffmann, le président du comité de direction.
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70 actualité
ring p S i Alf ence r e f Con 12 20 Marc Saluzzi
« Une attention de tous les instants » À l’approche de la conférence de printemps de l’Alfi, qui se tiendra en mars, le président de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement revient sur l’accumulation des contraintes réglementaires et législatives auxquelles est soumis le secteur. Il évoque également le développement en cours en matière de fonds alternatifs. Jean-Michel Gaudron (interview), Andrés Lejona (photo)
Marc Saluzzi, quel regard portez-vous sur les 250 premiers jours de votre mandat de président de l’Alfi ? « J’ai surtout mesuré l’intensité de la fonction. J’avais, bien sûr, la prémonition que cela allait être le cas, mais chaque jour qui passe le confirme. Dans le contexte actuel, à la fois d’un tsunami réglementaire qui impacte notre industrie de façon assez forte, et de la nécessité de se projeter à l’extérieur du Luxembourg afin d’expliquer à tous les pays avec lesquels nous travaillons depuis des années ce que vont impliquer tous les changements en cours, les efforts à consentir pour maintenir notre rang sont très intenses. Vous utilisez régulièrement ce terme de « tsunami réglementaire », qui touche le secteur actuellement. Or, en général, un tsunami est plutôt source de désastre. Avez-vous un profond sentiment de danger devant ce déferlement de nouvelles lois et directives ? « Il y a deux aspects à considérer : l’intensité du phénomène et notre capacité à le contrôler. Pour ce qui est de l’intensité, nous avons déjà vécu des crises et leurs répliques réglementaires par le passé. Nous les avons correctement gérées et nous nous en sommes toujours remis. Ce n’est pas cet aspect-là qui me gêne. En revanche, je ne suis pas sûr à 100 % qu’il y ait qui que ce soit en mesure d’exercer un réel contrôle sur ce tsunami. J’identifie trois niveaux d’impact de cette vague réglementaire : il y a d’abord tout ce qui nous touche directement, nous, les acteurs de la gestion de fonds. Ce sont toutes ces directives
telles que Ucits IV, Ucits V, AIFM, Prips, Mifid… À un deuxième niveau, il y a d’autres directives européennes qui ne nous visent pas directement, mais dont l’impact sur notre industrie sera réel, comme le projet de taxe sur les transactions financières, Bâle III ou Solvency II, ces deux dernières directives modifiant considérablement la façon dont les banques et les assurances vont consommer et distribuer les produits fonds. Et puis enfin, il y a les initiatives législatives venues de l’étranger, telles que Fatca (le Foreign account tax compliance act, ndlr.), les Volcker Rules ou le Dodd-Frank Act. Pris indépendamment, dans une période normale, on pourrait maîtriser ces différents dossiers. Mais tout cela d’un seul coup, venant de différents endroits et concernant tant d’aspects différents, ça devient très compliqué. Il est clair que nous devons faire preuve d’une attention de tous les instants pour nous assurer qu’aucune de ces réglementations ne mette notre produit fonds en danger. Quels sont vos moyens d’action ou de réaction face à ces menaces ? On imagine que l’Alfi, en tant qu’association représentant la plus importante place européenne en matière de fonds, a son mot à dire… « Nos membres attirent sans cesse notre attention sur l’ensemble de ces évolu tions et nous demandent évidemment de prendre position. C’est ce que nous faisons systématiquement. Mais sur certains de ces sujets, le Luxembourg, seul, ne peut pas inverser la tendance. C’est notamment le cas en ce qui concerne les développements réglementaires en provenance des USA.
Sur ces sujets, l’Europe doit parler d’une seule voix. Nous nous appuyons donc sur l’Efama (l’association européenne de la gestion d’actifs, présidée par le Luxembourgeois Claude Kremer, ndlr.) pour faire passer nos arguments. Nous allons, par exemple, dans les prochains jours, adresser notre prise de position dans le cadre de la consultation faite par l’Efama au sujet de la Volcker Rule. L’ensemble de nos arguments contre cette réforme, qui discrimine les fonds non américains par rapport aux fonds américains, sera donc repris et communiqué avec le maximum d’impact. Mais même dans ces cas-là, nous contribuons activement en mettant à disposition certains de nos membres dans ses groupes de travail européens. C’est, par exemple, John Griffin, de JP Morgan AM Luxembourg, qui préside le comité Fatca d’Efama. Il y a bientôt un an que la directive Ucits IV est entrée en vigueur. Quel bilan en tirezvous ? « L’industrie a été très contente de la façon dont la directive Ucits IV a été amenée et gérée par Bruxelles. Il y a eu énormément de consultations en amont, ce qui a permis d’arriver à un meilleur résultat réglementaire. Cela a plu. Cette directive se met en œuvre en deux parties, avec un volet obligatoire et un volet facultatif. Pour le premier volet, il s’agit notamment de l’implémentation d’un nouveau processus de notification et de la mise en œuvre du Kid (le key investor information document, ndlr.). On en est encore à la phase de démarrage, et il y a encore quelques frictions dans le système. Mais malgré
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Marc Saluzzi (Alfi) : « Il ne faudrait pas que nous passions 80 % de notre temps à devoir gérer des questions réglementaires et législatives au cours de ces cinq prochaines années. »
le nombre de documents à produire et à diffuser, la machine est lancée. Pour le second volet, qui concerne les fonds master-feeder, les fusions transfrontalières et le passeport de la société de gestion, on y va très lentement. L’industrie des fonds a surtout pour souci fondamental de survivre et de revenir à un niveau d’actifs qui soit satisfaisant et une performance en ligne avec les attentes des actionnaires et des investisseurs. Il n’y a donc pas eu vraiment de rush sur ces points : nos membres prennent leur temps. Il y avait des inquiétudes, vu du Luxembourg, concernant un possible exode des sociétés de gestion notamment. Ces inquiétudes se sontelles dissipées ? « Actuellement, oui. Car nous constatons combien l’appétit pour le Luxembourg
est toujours aussi fort de la part des acteurs étrangers. Nous nous en rendons compte dans nos différents roadshows. Nous avons visité 25 villes dans 22 pays en 2011et rencontré plus de 4.500 personnes. Et nous avons pu mesurer une curiosité et un intérêt par rapport à notre centre, y compris venant de pays et d’acteurs qui ne sont pas forcément ceux à qui nous aurions pensé de prime abord. Je pense par exemple à la Chine ou au Brésil. Nous avons toujours reçu un très bon accueil partout où nous sommes allés et cela nous permet encore, à ce stade, d’être confiants pour le futur. De ressentir cet intérêt de la part des acteurs étrangers, cela fait du bien. Sur le plan des fonds alternatifs, où en sont aujourd’hui les discussions autour de la direc-
tive AIFM ? Y a-t-il des avancées concrètes ? « Je ne m’attends plus à d’énormes surprises au niveau du processus qui est en train d’aboutir à Bruxelles. La commission était dans tous les groupes de travail organisés par l’Esma (l’Autorité européenne des marchés financiers, ndlr.). Normalement, elle devrait donc être relativement en phase avec ce qui y a été dit. Nous attendons maintenant avec impatience les mesures finales d’application de niveau deux pour vérifier que tout cela va dans le bon sens. Il y a eu une petite émotion ces derniers jours, lorsqu’on a cru que la Commission revenait en arrière quant à la définition de la responsabilité de la banque dépositaire. Mais d’après nos informations, ce n’était pas le cas. Cela montre cependant que dans le contexte d’avalanche réglementaire } 72
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Fonds : émissions / rachats nets 2008-2011 (en milliards d’euros) Marc Saluzzi (Alfi) : « Quand on ajoute la crise économique à la crise financière et qu’on onsidère les premiers effets de la réglementation bancaire Bâle III, il ne faut pas s’attendre à des miracles en termes de flux nets. »
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71 } actuel, qui arrive de tous les côtés, la communica-
Étude d’impact
Un poids lourd L’importance de l’activité des fonds au Luxembourg justifie, de la part du cabinet Deloitte, un traitement à part dans son étude d’impact de l’industrie financière sur l’économie luxembourgeoise publiée en début d’année (lire aussi en page 50). Arrêtés à fin 2010, ces chiffres indiquent un montant global de revenus de 3,3 milliards, représentant 3 % de la production nationale, comme en 2009. En termes de valeur ajoutée, l’activité OPC a contribué en 2010 à hauteur de 6 % du PIB au Luxembourg (contre 5 % en 2009) et a représenté à elle seule 9 % des recettes fiscales (taxe d’abonnement, impôts sur les salaires et impôt sur les bénéfices) nationales, soit près de 1 milliard d’euros. Tous acteurs confondus, ce sont près de 8.000 emplois qui étaient concernés par l’industrie des fonds, soit 2 % de l’emploi total du pays. J.-M. G.
tion n’est pas toujours aussi précise que nous le voudrions. Il y a beaucoup de tensions à tous les niveaux. Le terme que j’entends de plus en plus souvent est celui de ‘fatigue réglementaire’. Nous sommes tous à devoir, sans arrêt, mettre en œuvre des directives ou des lois toujours plus complexes que les précédentes. Or, nous avons aussi un business à gérer et des investisseurs dont nous devons nous occuper ! Il ne faudrait pas que l’industrie de la gestion collective passe 80 % de son temps à devoir gérer des questions réglementaires et législatives au cours de ces cinq prochaines années. C’est, du reste, le sens de notre action actuelle au sein de l’Alfi. Les fonds alternatifs restent encore modestes au Luxembourg. La tendance est-elle à une vraie croissance de ces avoirs ? « Ils représentent quand même à peu près 10 % de nos actifs. En ne considérant, évidemment, que la partie réglementée. En matière de private equity et de real estate, il y a tout une partie qui n’est pas réglementée pour laquelle nous ne possédons évidemment que très peu d’informations chiffrées. Au-delà des difficultés conjoncturelles que rencontre aujourd’hui l’industrie alternative, nous savons que la part des fonds alternatifs augmentera de façon significative, ce qui constitue une très bonne base sur laquelle on peut construire l’avenir. L’objectif est de doubler le pourcentage actuel. Comment ? « En commençant par mobiliser tout le monde sur la Place : CSSF, gouvernement, mais aussi acteurs de la sphère alternative. Tous ont
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conscience de l’importance de cette diversification par rapport au pilier Ucits qui porte aujour d’hui l’essentiel de notre centre de fonds. Nous avons beaucoup d’outils et d’idées pour y parvenir, mais il faut changer la perception des acteurs qui considèrent encore Luxembourg comme une place Ucits et rien d’autre. La directive AIFM est, pour nous, un moyen d’accélérer cette évolution. Mais cette directive, seule, ne suffira pas à changer la donne. Il faut autre chose et nous en discutons au sein du haut comité de la Place. Que ressort-il de ces discussions ? « C’est encore un peu tôt pour communiquer à ce sujet. Mais l’idée globale est de proposer, d’ici à cet été, un véritable ‘alternative pack’ afin de donner les meilleures réponses possibles aux acteurs de l’industrie d’un point de vue réglementaire et fiscal. Pour l’heure, nos structures d’investissement ne sont pas toujours adaptées à leurs besoins. La bonne nouvelle est que tout le monde est sur le pont et que tout le monde pousse pour que nous puissions bénéficier d’un ‘first mover advantage’. Être le premier à implémenter la directive AIFM, comme ce fut le cas en 1988 pour Ucits, est-il un objectif prioritaire ? « Nous voulons bien sûrs être les premiers. Cela nous a toujours bien aidés par le passé. Mais nous ne sommes pas du tout dans le même contexte qu’en 1988, car l’industrie de la gestion collective au niveau européen était alors inexistante. Ici, dans l’alternatif, nous avons déjà une industrie en place, opérant de façon globale et sur base } 74
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Photo : Luc Deflorenne (archives)
« Notre European Alternative Investment Funds Conference annuelle devient aussi importante que nos deux rendez-vous majeurs que sont les conférences de printemps et d’automne. » Marc Saluzzi (Alfi)
72 } d’habitudes prises il y a une vingtaine d’années
au moins. Être le premier sera toujours attrayant, mais n’aura pas le même impact. Cela dit, si nous sommes capables de finaliser cet ‘alternative pack’, qui va au-delà de la seule directive, avant le début de l’été, nous aurons réalisé un bon coup. Crise de la dette
« Payer l’addition » Observateur attentif de la gestion de la crise de la dette et des remous provoqués par les décisions prises par l’Union européenne à l’encontre des États mauvais élèves de la classe euro, Marc Saluzzi se montre pour le moins perplexe devant la situation actuelle. « Cela ne m’inspire guère confiance à très court terme. J’ai le sentiment, surtout, que nous n’avons pas été très rigoureux ces 30 dernières années. Aujourd’hui, il va falloir payer l’addition et toute la question est de savoir comment la payer de la façon la plus intelligente possible, en créant le moins de dégâts collatéraux pour la population. » Le secteur des fonds d’investissement est, évidemment, directement concerné par les conséquences de ce phénomène, pas encore entièrement mesurables à l’aune de l’évolution incertaine de cette crise. « Nous aurons du mal à éviter l’onde de choc, craint-il. Nous devons reconstruire différemment pour le futur et sortir de ces mauvaises habitudes qui ont eu cours dans la plupart des pays européens. Chacun est devant ses responsabilités et doit faire le mieux possible pour prendre les bonnes décisions. » J.-M. G.
Cela passe-t-il, dès lors, par une communication plus agressive ? « Évidemment, et c’est ce que nous allons faire. Nos roadshows à l’étranger proposent déjà des parties spécifiques sur ce sujet et constituent notre meilleur vecteur de communication. Nous allons également dédier nos trois prochaines Leading Edge Conferences, qui se tiennent sur une journée, à l’impact de la directive AIFM sur les fonds de private equity, de real estate et de hedge funds. Et puis sans oublier notre European Alternative Investment Funds Conference annuelle, qui a réuni 500 personnes en novembre dernier et qui devient désormais aussi importante que nos deux rendez-vous majeurs que sont les conférences de printemps et d’automne. Y a-t-il une nécessité plus importante aujour d’hui de se prémunir contre le développement d’une concurrence d’autres places internationales, en particulier asiatiques, qui pourraient être tentées de créer leur propre produit de fonds ? « À court et moyen termes, non, le risque est limité. On a vu ici que ça a pris deux bonnes décennies pour mettre sur pieds un Ucits fort. En Asie, il n’existe pas de convergence réglementaire comme il peut en exister au sein de l’Union européenne. Par ailleurs, aujourd’hui, il y a toute une série d’acteurs qui travaillent sur le marché asiatique avec un produit Ucits qui
fonctionne très bien. Pourquoi devraient-ils, du jour au lendemain, adopter un autre standard ? Pour des raisons économiques ? Un meilleur rapport qualité-prix ? « Il faudrait en effet qu’ils y trouvent leur compte, mais je ne vois pas trop comment ils pourraient le faire en répliquant simplement l’approche Ucits. D’ailleurs, lorsqu’est née l’idée d’un passeport asiatique pour les fonds d’investissement, beaucoup se sont élevés contre cette idée, critiquant la perspective d’un standard supplémentaire. Cela étant posé, c’est une aspiration normale pour l’Asie que de vouloir développer son industrie des fonds au niveau régional. Et nous la respectons tout à fait. Surtout que, lorsque l’on crée un produit tel qu’un Ucits, qui a vocation à être distribué dans une soixantaine de pays, on dilue un peu certaines spécificités propres aux pays dans lesquels ces fonds sont distribués. Pour le reste, il ne tient qu’à nous de bien faire notre travail et d’impliquer davantage les autorités asiatiques pour les entendre, écouter leurs réoccupations et mettre à leur disposition le meilleur produit Ucits possible. Alors, l’intérêt pour un produit concurrent diminuera d’autant. En revanche, si nous ignorons ce qui se passe là-bas et que nous nous bornons à construire un produit pour nos seuls besoins, sans aller à la rencontre de l’intérêt des investisseurs sur place, que ce soit en Asie ou en Amérique latine, ces acteurs se réveilleront un jour. Nous avons donc toutes les cartes en mains pour continuer à faire de notre Ucits ‘la’ solution standard en matière de gestion collective. Et j’espère que nous saurons faire de même avec AIFM. Mais cela impliquera là aussi certaines obligations } 76
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Des acteurs et des actifs Avec un recul des avoirs sous gestion de 4,66 % 3.900 pour l’ensemble de l’année 2011, le secteur luxembourgeois des fonds d’investissement a limité la casse. Dans le même temps, le nombre d’entités considérées 3.800 est en perpétuelle hausse.
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Statistiques
Dégâts limités en 2011 Avec un recul des avoirs sous gestion de 4,66 % pour l’ensemble de l’année 2011, le secteur luxembourgeois des fonds d’investissement a limité la casse. Au 31 décembre, le patrimoine global net des organismes de placement collectifs (OPC) et des fonds d’investissement spécialisés (FIS) communiqué par la Commission de Surveillance du Secteur Financier s’est élevé à 2.096,5 milliards d’euros. Il était de 2.198,9 milliards 12 mois plus tôt. En cours d’année, pourtant, un nouveau record historique a été atteint, avec un patrimoine global mesuré de 2.219,2 milliards fin mai. Considéré à partir de cette référence, le repli observé fin décembre s’élève alors à 5,5 %. Le nombre d’entités prises en compte, lui, est en perpétuelle hausse, avec un total de 3.845 OPC et FIS recensés fin décembre, contre 3.667 un an plus tôt (+4,8 %). C’est du côté des émissions / rachats nets que la dégringolade est la plus spectaculaire, dans un mouvement de désinvestissement généralisé observé depuis l’été dernier. Depuis juin, le bilan mensuel laisse apparaître plus de sorties que d’entrées (une seule exception, en novembre, avec un montant positif anecdotique de 200 millions d’euros). Pour l’ensemble de l’année, les émissions nettes sont restées dans le vert pour un total de quelque 5,3 milliards d’euros. Il était de 84,4 milliards en 2009 et de 161,5 milliards en 2010… J.-M. G.
74 } à respecter vis-à-vis des pays distributeurs, sur-
tout en dehors de l’Europe. Si on les néglige, la nature ayant horreur du vide, nous serons forcément confrontés à terme à de nouveaux produits concurrentiels. Vous évoquiez, en présentant la feuille de route de l’Alfi l’automne dernier, la nécessité de créer de l’innovation au niveau des produits et services. Les réflexions ont-elles avancé depuis lors ? « Il y a différentes façons de considérer l’innovation. Il est possible d’être innovant dans tout ce qu’on fait au quotidien. Ça n’est pas forcément très visible, mais c’est le cas. Et puis il est aussi possible de se focaliser sur un aspect particulier et le pousser le plus loin possible. L’investissement responsable entre dans cette catégorie. Innover dans ce domaine peut permettre aux acteurs de ce domaine de trouver des solutions qu’ils n’ont pas encore aujourd’hui sur un plan technique. Nous travaillons d’arrache-pied sur une ou deux idées déjà bien avancées et qui permettront de simplifier la vie des sociétés souhaitant créer un véritable impact social au niveau de leurs activités. C’est, pour nous, un sujet fondamental. Nous travaillons également sur toute la partie ‘données et statistiques’, afin de mieux mesurer l’activité dans notre centre. Avec 2.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion et plus de 13.000 fonds et sous-fonds, nous avons à notre disposition des données très riches du point de vue portefeuilles, gestion de passifs, fees… Ces données doivent nous permettre de bien mieux comprendre la dynamique de notre industrie et d’y répondre par des solutions innovantes.
Au cours des sept derniers mois, il y a eu, au Luxembourg, six mois de souscriptions négatives. Ce mouvement vous inquiète-t-il ? « D’une manière globale, l’année 2011 aura été pratiquement blanche. Les souscriptions sont positives, mais de 5,3 milliards, ce qui est en largement endessous de ce que nous faisions les années précédentes (84,4 milliards en 2009 et 161,6 milliards en 2010. Lire aussi l’encadré ci-contre, ndlr.). Il n’y a pas à être surpris. Quand on ajoute la crise économique à la crise financière et qu’on considère les premiers effets de la réglementation bancaire Bâle III, dans laquelle les banques font plus de l’épargne bilancielle que de l’épargne basée sur des fonds d’investissement, il ne faut pas s’attendre à des miracles en termes de flux nets. Partout dans le monde, il y a eu des désinvestissements dans la gestion collective. 2012 sera donc une année très intéressante. Premièrement, il faudra voir si nous observerons un rebond sur les marchés. Le mois de janvier n’a pas été si mal et nous nous attendons donc à une remontée mécanique des actifs. Deuxièmement, pour que les investisseurs reviennent vers nos produits, il faudra attendre une certaine stabilité dans le business : des marchés moins volatils, une crise économique et financière qui soit mieux maîtrisée et davantage de visibilité et de stabilité aux niveaux réglementaire et fiscal. Ce qui se passe actuellement est très déroutant pour un investisseur. 2011 a été une année de combats où nous avons été ballotés sans cesse. Nous espérons retrouver une certaine stabilité et permettre à tout le monde de retrouver son calme et de continuer à investir dans les produits de gestion collective pour le long terme. »
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Agenda Alfi Spring Conference – Programme day 1 – Tuesday 13th March 2012
Day 1 Registration & breakfast 08.00 – 08.45
Status of the industry and ALFI’s response 08.45 – 09.05
Marc Saluzzi, Chairman, ALFI, Luxembourg
Alain Guérard, Managing Director, ManagementPlus, Luxembourg Jordan Kitson, Head of Finance, Bluebay Asset Management, London
Apocalypse is not for tomorrow 11.30 – 12.00
Bruno Tertrais, Senior Research Fellow, Fondation pour la recherche stratégique, Paris
Chairperson’s introduction 09.05 – 09.10
José-Benjamin Longrée, Co-Chairman, ALFI Conferences & Communication Committee
Chairperson’s wrap up and closing remarks 12.00 – 12.15
Lunch hosted by Allianz Global Investors and Arendt & Medernach
09.10 – 09.45
12.05 – 14.05
CEO interview: evolving investment appetite and behaviour in times of uncertainty euro 09.45 – 10.15
Interviewee: Nigel Fielding, Country Chief Executive Officer, HSBC, Luxembourg Interviewer: Keith O’Donnell, Managing Partner, Atoz, Luxembourg
Refreshment break and visit of the exhibition area 10.15 – 10.45
Fund governance in turbulent times 10.45 – 11.30
Moderator: Henry Kelly, Independent Director, KellyConsult, Luxembourg Denise Voss, Conducting Officer, Franklin Templeton Investments, Luxembourg Graham Goodhew, Director and Conducting Officer, JPMorgan Asset Management, Luxembourg
15.20 – 15.40
Jean-Paul Heger, Deputy Head of Investment Fund Supervision, Commission de Surveillance du Secteur Financier, Luxembourg Dominique Valschaerts, CEO, Director, Finesti, Luxembourg
KIID implementation: the practitioners’ experience 15.40 – 16.30
The role of ESMA in the upcoming supervision of the fund industry Claude Kremer, President, European Fund and Asset Management Association (EFAMA), Brussels Steven Maijoor, Chairman, European Securities and Market Authority (ESMA), Paris
KIID statistics in Luxembourg
Chairperson’s introduction 14.05 – 14.10
Michael Ferguson, Partner, Asset Management Leader, Ernst & Young, Luxembourg
Cross-border product strategy in the post UCITS IV era 14.10 – 14.35
Thomas Wiesemann, Member of the Global Executive Commitee, Allianz Global Investors Holding, Frankfurt am Main
UCITS IV: 9 months later 14.35 – 15.20
Moderator: Freddy Brausch, Partner, Linklaters LLP, Co-Chair of the ALFI Legal and Regulatory Committee, Member of the ALFI Board, Luxembourg Stephen Crocombe, Managing Director, Product Development and Range Management, BlackRock, London David Glassey, Head of Legal & Compliance, Pioneer Asset Management, Luxembourg Martin Jufer, Member of the Executive Board, Chief Operating Officer, Swiss & Global Asset Management Zurich
Moderator: Chris Stuart Sinclair, Director, Enterprise Risk Services, Deloitte, Luxembourg Guy Dauger de Caulaincourt, Head of UCITS IV Project, AXA Investment Managers Paris, Paris La Défense Bob Kneip, Chief Executive Officer, Kneip, Luxembourg Dominique Valschaerts, CEO, Director, Finesti, Luxembourg Steven Wicki, Executive Director, Head of UCITS IV Project, Vontobel Asset Management, Zurich
Refreshment break and visit of the exhibition area 16.30 – 17.00
Complex UCITS – a new category of UCITS born? 17.00 – 17.55
Moderator: Olivier Carré, Partner in the Financial Services Consulting Practice, PwC, Luxembourg Heike Hövekamp, Head of Investment Funds Transaction Structuring CM-EMC, Commerzbank, Frankfurt am Main Maria Koch, BCFS, Head of Fund Structuring for Europe and Asia, Barclays Capital Fund Solutions, London Alain Dubois, Chairman, Lyxor Asset Management, Luxembourg David Moroney, Global Head of Retail Structuring, Fund Structuring and Structured Funds, RBS, London Clemens Reuter, Global head ETF, UBS, Luxembourg
Chairperson’s closing remarks 15.55 – 18.00
ALFI Gala Dinner at “Cercle Cité” Not included in the conference registration, for conference attendees only. From 18.00
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Olivier Carré +352 49 48 48 2615
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Mark Evans +352 49 48 48 6203
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Laurent de La Mettrie +352 49 48 48 2598
Asset Management Tax Leader laurent.de.la.mettrie@lu.pwc.com
Marie-Elisa Roussel +352 49 48 48 2583
AIFMD and European Regulatory Leader marie-elisa.roussel-alenda@lu.pwc.com
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Agenda Alfi Spring Conference – Programme day 2 – Wednesday 14th March 2012
Day 2 Registration & breakfast 08.00 – 08.45
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Chairperson’s introduction
10.45 – 11.20
08.45 – 08.50
Moderator:
Martin Dobbins, Managing Director, State Street Bank Luxembourg, Luxembourg
Vincent Koller, Partner, KPMG, Luxembourg Pierre Cimino, Managing Director, CACEIS Bank Luxembourg, Member of the CACEIS Executive Committee Eric Mansuy, CIO, RBC Dexia Investor Services Bank, Luxembourg Jean-Marc Verdure, Director of Information Technology and Organisation, Member of Executive Commitee, European Fund Administration (EFA), Luxembourg
EFAMA‘s agenda and priorities 08.50 – 09.10
Peter De Proft, Director General, European Fund and Asset Management Association (EFAMA), Brussels
Current status of IRS FATCA guidance
Investing in music royalties
09.10 – 09.30
11.20 – 11.55
Keith Lawson, Senior Counsel - Tax Law, Investment Company Institute, Washington
FATCA: what do we do now? 09.30 – 10.15
Moderator: Christophe Wintgens, Partner, Financial Services Advisory Leader, Ernst & Young, Luxembourg Geoffroy Bazin, Chief Operating Officer, Investment Solutions Division, BNP Paribas, Paris Roger Exwood, Head of product Tax EMEA, BlackRock, London Jon Griffin, Managing Director, JP Morgan Asset Management, Luxembourg Keith Lawson, Senior Counsel - Tax Law, Investment Company Institute, Washington
Refreshment break and visit of the exhibition arean area 10.15 – 10.45
Johan Ahlström, CEO Kobalt Capital, a division of Kobalt Music Group, London
Chairperson’s wrap up and closing remarks 12.00 – 12.15
Lunch hosted by Allianz Global Investors and Arendt & Medernach 12.05 – 14.05
Chairperson’s wrap up and closing remarks 11.55 – 12.00
Lunch hosted by Ernst & Young and State Street 12.00 – 14.00
Chairperson’s introduction 14.00 – 14.05
Lou Kiesch, Partner, Advisory & Consulting, Deloitte, Luxembourg
Trends in funds – impact of the new regulations 14.05 – 14.35
Alexander Schindler, Member of the Executive Board, Union Asset Management Holding, Frankfurt am Main
OTC derivatives reform: are you ready for the new era? 14.35 – 15.05
Pascal Scatozza, Global Product Manager, BNP Paribas Securities Services, Luxembourg Marcus Schueler, Managing Director, Head of Regulatory Affairs, Markit, London Richard Walker, Executive Director, SwapClear Sales & Marketing Europe, LCH Clearnet, London
Refreshment break and visit of the exhibition area 15.05 – 15.35
A look through the upcoming regulatory challenges? 17.00 – 17.55
Nathalie Dogniez, Partner, Head of Investment Funds, KPMG, Luxembourg Michèle Eisenhuth, Partner, Investment Funds, Arendt & Medernach, Luxembourg Francine Keiser, Investment Management Group, Of Counsel, Linklaters LLP, Luxembourg
Regulators’ interview 16.20 – 16.50
Interviewee: Simone Delcourt, Director, Commission de Surveillance du Secteur Financier, Luxembourg Tim Shakesby, Policy Officer, Asset Management, European Commission - DG Internal Market and Services, Brussels Interviewer: Jacques Elvinger, Partner, Elvinger Hoss & Prussen, Luxembourg
The state of the asset management industry 16.50 – 17.20
Speaker to be confirmed
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OPCVM IV – neuf mois plus tard La directive dite OPCVM IV étant entrée en vigueur le 1er juillet 2011, un premier bilan de sa mise en application au Luxembourg s’impose.
Freddy Brausch (partner, Investment Management Group, Linklaters LLP Luxembourg)*
L’information clé pour les investisseurs Les OPCVM doivent mettre en place un document, mieux connu sous le nom « KIID », pour le 1er juillet 2012 au plus tard, date à laquelle le prospectus simplifié disparaîtra. Nombreux sont ceux qui ont profité de la période transitoire prévue dans la directive pour mettre en place leur KIID et se conformer aux nouvelles prescriptions règlementaires. Les acteurs de marché ont été bien aidés en cela par le questionnaire exhaustif et les réponses fournies par l’Alfi. Une première vague, la plus importante, de KIIDs s’annonce pour février (les révisions annuelles des KIIDs devant, dans le futur, se faire 35 jours ouvrables après le 31 décembre). Une deuxième suivra fin mars et la dernière sans doute pour la date butoir du 1er juillet. Les KIIDs résultant de la « conversion » du prospectus simplifié en KIID ne seront pas revus par la CSSF et sont à y déposer par les moyens électroniques habituels, ce qui constitue un avantage de place indéniable. Le volet opérationnel réglé, un défi d’importance attend, néanmoins, les OPCVM et, le cas échéant, les sociétés de gestion, à savoir comment assurer la remise du KIID à l’investisseur final avant que celui-ci n’investisse et ceci dans tout le réseau de distribution.
La notification Depuis le 1er juillet 2011 les notifications de nouveaux OPCVM, de nouveaux compartiments ainsi que les premières notifications à un pays de commercialisation de l’Union sont effectuées d’autorité de surveillance à autorité de surveillance. À cet effet, une procédure spéciale assortie d’une nomenclature afférente a été mise en place par la CSSF. Non sans certaines difficultés initiales, la procédure de notification est rapi-
dement devenue facile à gérer et l’objectif d’une accession rapide à un autre marché de l’Union européenne semble être atteint. Il n’en demeure pas moins que les notifications autres que celles mentionnées plus haut doivent toujours être faites par l’OPCVM concerné, ce qui implique une double procédure, hypothèse qui n’avait pas nécessairement été envisagée par le législateur européen, les dispositions nouvelles présentant à ce titre une lacune.
Substance La réglementation UCITS IV a introduit, ou, pour être plus précis, a renforcé la possibilité pour les sociétés de gestion non seulement de prester leurs activités sur une base transfrontalière (communément appelée « Management Company Passport »), mais elle a aussi introduit une série d’exigences nouvelles relatives aux moyens et aux procédures dont une société de gestion d’OPCVM doit se doter. Une grande partie de ces exigences qui sont destinées à rendre la structure et la gestion de l’OPCVM plus robuste, plus fiable et plus transparente, ne font que refléter des pratiques et des exigences de marché existantes. D’autres, plus innovantes ont nécessité un changement d’approche. Globalement, l’industrie semble accepter la nécessité de ces changements. Ceci étant dit, comme c’est souvent le cas, le « diable est dans le détail ». Ainsi, de nombreuses questions restent en suspens et ne seront probablement résolues qu’avec le temps, une fois qu’une pratique administrative aura pu s’établir. Parmi les questions soulevées le plus souvent se trouve celle de la proportionnalité pour savoir dans quelle mesure (et dans quelles limites) une société de gestion peut adapter son modèle opérationnel en tenant compte de « la nature, de l’échelle et de la complexité » de ses activités. Une autre question d’actualité, non seulement au Luxembourg mais également au niveau européen, est celle de l’application des nouvelles règles de substance aux SICAV autogérées.
Fusions Depuis le 1er juillet 2011, des fusions d’OPCVM (contractuels ou sociétaires) transfrontalières ou au sein d’une même juridiction de l’Union européenne sont permises et réglementées plus en détail. Bon nombre de fusions sous les nouvelles règles, notamment entre compartiments d’un OPCVM de même qu’entre OPCVM, se sont faites depuis l’entrée en vigueur des dispositions (indûment complexes ?) nouvelles, mais ceci exclusivement ou très largement au sein de la même juridiction. Même si les acteurs de marché s’intéressent activement à la possibilité de procéder à des fusions d’OPCVM au-delà des frontières, faute d’harmonisation fiscale, l’objectif de rassemblement de capitaux et de réduction du nombre de structures existantes initialement recherché ne sera pas atteint.
Structures maître-nourricier (« Master-Feeder ») La possibilité de créer des structures maîtrenourricier a été perçue par beaucoup comme étant l’une des nouveautés sous UCITS IV devant susciter le plus grand intérêt. En effet, on espérait que cette possibilité nouvelle allait apporter des avantages supplémentaires en termes de commercialisation d’OPCVM en Europe. Ces structures étaient attendues notamment par nombre de ceux disposant de plates-formes d’investissement au Luxembourg et qui voient le Grand-Duché comme le lieu de prédilection pour les fonds maîtres. Dans la pratique, il s’avère que la mise en place de telles structures, même si un certain nombre d’entre elles existent déjà, a été plus lente que prévue. En approchant de plus près une structure maître-nourricier, certains se sont rendu compte en effet, que la mise en œuvre d’une telle structure, demande un haut niveau de coordination entre les différents prestataires de services, qui, parfois, est difficile à atteindre. En outre, des doutes ont été exprimés quant à savoir
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Photo: Olivier Minaire
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si un fonds nourricier restera éligible pour l’investissement par d’autres OPCVM. Finalement, un aspect technique a pu freiner la transformation d’OPCVM existants en fonds nourriciers. Une telle transformation requiert logiquement que le futur fonds nourricier apporte l’ensemble de ses actifs au futur fonds maître, en contrepartie de l’émission de parts. Malheureusement, un tel transfert d’actifs risque le plus souvent de constituer un événement fiscalement imposable, de sorte que
la transformation de structures existantes en structures maître-nourricier perde de son attrait, en tout cas pour les OPCVM existants. Ce ne sont là que quelques-uns des freins à une mise en place plus étendue, ou encore plus rapide, d’OPCVM maître-nourricier. En conclusion, si le bilan après neuf mois de régime UCITS IV n’est pas négatif, il reste mitigé. Certaines améliorations s’imposent dès à présent.
* contribution rédigée avec Josiane Schroeder (counsel, Investment Management Group) et Silke Bernard (managing associate, Investment Management Group) chez Linklaters LLP Luxembourg
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Les défis de l’industrie des fonds d’investissement À l’instar du domaine des services financiers en général, le secteur spécifique des fonds d’investissement européen, et par-là celui des fonds d’investissement luxembourgeois, ne sera pas à l’abri d’une mutation relativement profonde, sur fond de changements législatifs et réglementaires importants qui vont entrer en vigueur à court (dans les prochains 18 mois) ou moyen terme.
Simone Delcourt, directrice de la CSSF
Les changements à venir qui vont affecter le secteur des fonds d’investissement sont multiples en termes de nombre et de domaines couverts et, à la différence des changements qui ont eu lieu dans le passé, ne concernent pas uniquement les règles matérielles applicables aux fonds d’investissement et de leurs opérateurs, mais affectent également davantage le contrôle de la mise en place et du respect des règles. Rappelons tout d’abord que l’architecture de la supervision financière communautaire mise en place depuis janvier 2011, a donné naissance à un Comité européen du risque systémique (CERS) à côté de trois autorités européennes de surveillance (AES), à savoir l’Autorité bancaire européenne (ABE), l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP) et l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF). C’est cette dernière autorité, successeur du CERVM (CESR) qui est plus particulièrement compétente dans les domaines affectant les fonds d’investissement. Les AES peuvent émettre des dispositions contraignantes à travers des normes techniques de réglementation et d’exécution dans le cadre notamment de leur rôle en matière d’harmonisation des règles communautaires. Cette harmonisation se situe à un niveau technique dans le but de mettre en place un level playing field au niveau de certains standards techniques applicables aux opérateurs intervenant dans les services financiers, comme notamment celui des fonds d’investissement. Ainsi, les fonds d’investissement et leurs opérateurs sont déjà et vont continuer à être confrontés à une réglementation plus complexe et plus détaillée en matière de gestion et de prestation de services relatives aux fonds d’investissement afin d’atteindre une harmonisation des règles et standards à travers les États membres de l’Union européenne. La marge de manœuvre des autorités de surveillance nationales en ce qui concerne l’application de ces règles en sera d’autant plus réduite, voire nulle. Le souci d’assurer une protection accrue des investisseurs, notamment des investisseurs de détail en matière d’OPCVM, alors que l’on constate
une augmentation de la complexité des produits dans lesquels investissent les fonds d’investissement, se profile également comme principal dénominateur commun des modifications des règles substantielles applicables aux fonds d’investissement européens qui sont actuellement en élaboration au niveau communautaire. Quant au contrôle du respect de ces règles, celui-ci se fait et se fera tout d’abord comme par le passé par les autorités de surveillance nationales. Au niveau communautaire, c’est essentiellement le mécanisme des peer reviews qui, en matière de fonds d’investissement, seront entrepris sous l’égide de l’AEMF, qui devra assurer une application uniforme des règles par les autorités de surveillance nationales.
Les OPCVM Les travaux actuellement en cours au niveau de l’AEMF portent essentiellement sur des aspects de transparence concernant les OPCVM structurés, sur les OPCVM qui poursuivent une politique d’investissement relative à des indices (index tracking UCITS), comme notamment les exchange traded funds, mais aussi plus généralement sur des aspects de commercialisation à des investisseurs de détail de produits complexes (retailisation of complex products). Les mesures attendues dans ce domaine auront un impact plus horizontal sur la réglementation européenne en matière de services financiers, étant donné que ces règles ne porteront pas seulement sur la directive OPCVM, mais également sur d’autres domaines comme la directive concernant les marchés d’instruments financiers, applicable notamment aux distributeurs d’OPCVM. Par ailleurs, le projet de directive UCITS V, attendu dans le courant de l’année, portera pour l’essentiel sur des aspects concernant la fonction dépositaire d’OPCVM, ainsi que la rémunération des gestionnaires. Dans ce contexte, il faut s’attendre à un alignement probablement relativement fidèle du régime de la fonction dépositaire dans le cadre de cette directive UCITS V sur celui sous la directive sur les gestionnaires de fonds
alternatifs (la « directive AIFM »).Au-delà des initiatives européennes, des changements relatifs à la réglementation des OPCVM sont également en préparation à un niveau plus national. Dans ce contexte, les efforts de la CSSF se focalisent actuellement sur la finalisation d’une circulaire relative au régime des sociétés de gestion, circulaire qui aura comme objectif de clarifier davantage le régime des sociétés de gestion d’OPCVM et des circulaires relatives aux aspects banque dépositaire et administration centrale. Cette directive, dont la transposition en droit national est actuellement en cours, apportera des changements importants dans le domaine des fonds non-OPCVM et touchera l’organisation de ces fonds, notamment en ce qui concerne la délégation de la fonction de gestion de portefeuille ou de gestion des risques, les règles en matière d’évaluation des actifs ou encore en terme de régime dépositaire. Les produits luxembourgeois réglementés essentiellement affectés par cette directive seront les OPC de la partie II de la loi du 17 décembre 2010, les fonds d’investissement spécialisés (FIS) ainsi que les sociétés d’investissement en capital à risque (Sicar). La directive est une illustration de la complexité future des règles applicables en matière de fonds d’investissement alternatifs, étant donné que le régime applicable aux gestionnaires de fonds alternatifs sera défini par des règles substantiellement plus précises que celles que l’on a connues par le passé. De même, les règles applicables à la fonction dépositaire sous la directive AIFM sont précisées par des dispositions plus détaillées et plus complexes quant à la désignation, aux missions et à la responsabilité du dépositaire. À mentionner dans ce contexte, entre autres, la définition de la notion de « garde » des actifs, des obligations en matière de surveillance et de contrôle, et du régime complexe de responsabilité potentielle du dépositaire en cas de perte d’instruments financiers. Reste à relever que dans le domaine des fonds alternatifs, de nouvelles règles européennes vont probablement également être adoptées au niveau des fonds d’investissement à capital-risque (European Venture Capital Funds) et dans le domaine
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« L’industrie des fonds d’investissement doit mettre en place une bonne organisation et une transparence accrue vis-à-vis des investisseurs »
Photo : Olivier Minaire
Simone Delcourt (CSSF)
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des fonds dont la politique d’investissement poursuit un certain impact social (European Social Entrepreneurship Funds).
AIFMD Comme indiqué déjà ci-avant, les réglementations citées s’inscrivent dans un cadre de protection des investisseurs et d’une harmonisation poussée et continue à travers les États membres de l’Union européenne. Par ailleurs, la réglementation en matière de fonds alternatifs (la directive AIFM) est à voir en plus dans le contexte de la crise financière déclenchée en 2008 et vise à cer-
ner les risques systémiques découlant des fonds alternatifs. Confrontée à cette nouvelle vague de régulation de plus en plus détaillée, l’industrie des fonds d’investissement doit se doter des moyens nécessaires pour satisfaire ces exigences. Cela passe entre autres par la mise en place d’une bonne organisation et d’une transparence accrue vis-àvis des investisseurs. Cette mise en place a certes un prix, mais dans un environnement de crise où les investisseurs doivent regagner confiance dans les marchés financiers, il s’agit peut-être d’une opportunité pour l’industrie des fonds de s’affirmer face à des produits moins réglementés. paperjam | Mars 2012 | économie & finance
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diversification Chaque mois, paperJam analyse les axes de diversification de la place financière. Ce mois-ci : la distressed debt
Signes extérieurs de détresse Les créances douteuses pourraient contribuer à la fortune de la place financière. Dans un contexte de crise économique, celle-ci constitue un terrain de jeu idéal pour structurer des investissements dans de la dette à risque européenne.
Pierre Sorlut (texte), Julien Becker (photos)
Le marché de la dette corporate sinistrée explose. Le taux de défaut européen évalué par Standard & Poor’s pourrait grimper à plus de 8,4 % en 2012. Il s’élevait à 4,8 % à la fin 2011. Cette hausse serait notamment liée à la récession envisagée sur le Vieux Continent et à l’assèchement des financements des sociétés. En période de récession ou de croissance molle, les entreprises et les États peinent à générer les revenus nécessaires au remboursement des emprunts qui ont servi à financer les investissements consentis, pour engendrer, au final en vain, davantage d’activité. Si la situation financière globale de l’entité et sa solvabilité deviennent menacées et qu’elles peinent à se refinancer, alors ces dettes deviennent sinistrées, ou distressed. Elles prennent principalement deux formes : celle d’un portefeuille de dettes bancaires ou celle d’obligations émises par les entreprises ou entités. Depuis la crise de 2008 dite des subprimes, suivie par celle de dette souveraine, investir dans une entité en difficulté devient de plus en plus courant. Cette dette, par principe, a subi une décote par rapport à sa valeur d’émission. Des fonds spécialisés cherchent le profit en achetant ces actifs sous-évalués pour les revendre à une valeur supé-
rieure après liquidation ou restructuration. Le marché varie selon les évolutions macroéconomiques. Begga Sigurdardottir, Tax partner chez PwC Luxembourg, évoque notamment, l’investissement, par les hedge funds, dans la dette islandaise depuis 2008 et dorénavant dans d’autres dettes souveraines menacées. D’ailleurs, la stratégie des fonds alternatifs fait l’amalgame entre deux définitions, celles de la dette distressed et de la dette discounted (voir encadré).
L’Europe riche en dette sinistrée « Les fonds sont prêts à prendre le portefeuille de créances des banques à un prix au rabais. Cela permet aux premiers d’espérer un bon rendement [si les créanciers survivent] et aux instituts de crédit d’épurer leur bilan », poursuit l’associée. Et en Europe, dans la conjoncture actuelle, la dette sinistrée est une ressource financière quasiment inextinguible. Selon les données de 4.700 banques de l’UE rassemblées et analysées par la Banque centrale européenne, les mauvaises créances représentent l’équivalent de 27 % du capital des établissements de crédit, selon la définition des ratios prudentiels à la fin du premier semestre 2011. En 2010, le taux
s’élevait à 25 %. Il était de 20 % en 2009. Valérie Tixier, partner en charge de l’activité des fonds de private equity chez PwC, rapporte cette évolution aux difficultés financières des banques dans la crise actuelle et à leur besoin de respecter les ratios de fonds propres prévus par le Comité de Bâle. « Les banques sont prises à la gorge par ces ratios et préfèrent subir un haircut sur certaines de leurs créances pour accéder à une liquidité immédiate et diminuer leurs besoins de fonds propres. » La dette distressed pèse lourd dans les livres de comptes et « les banques doivent se débarrasser de ces portefeuilles de crédits qui ont servi au financement d’acquisitions et d’actifs tels que les immeubles, les avions, les navires… », ajoute Stéphane Hadet, du cabinet d’avocats OPF. L’offre de distressed debt augmente substantiellement avec l’arrivée du mur de la dette. Il s’agit de la dette bancaire émise et accumulée principalement dans le milieu des années 2000 lors du boom des LBO, des acquisitions par des fonds de private equity qui nécessitaient un fort endettement de la structure acquise. Or les capacités de crédit se resserrent depuis la crise et les banques ne suivent plus forcément le projet initial, alors que la maturité de ces dettes arrive à terme au cours des ces année-ci. Les sociétés ont besoin de refinancement et la dette doit être restructurée, la banque préférant l’hypo-
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Définition
Qu’est-ce que la distressed debt ? L’expression peut être traduite de mille façons (en créances sinistrées, improductives, sur sociétés en difficulté, ou bien par dettes en défaut, en situation spéciale, etc.), mais aucune ne satisfait vraiment le praticien qui préfère garder la terminologie anglaise, distressed debt, pour désigner les obligations d’entreprises ou d’États qui sont en faillite ou qui sont soupçonnées de le devenir. Il la confond d’ailleurs volontiers avec la discount debt, vendue à un prix inférieur à sa valeur faciale pour répondre notamment un besoin en liquidité pour celui qui la cède. P. S.
Valérie Tixier (PwC)
Stéphane Hadet (OPF)
thèse d’une décote que d’une faillite de la société qu’elle finance. « Jusque là, les acteurs se regardaient souvent en chiens de faïence », indique Stéphane Hadet. Les acheteurs potentiels que sont les hedge funds, les fonds spécialisés dans la dette ou encore l’industrie du private equity, ont dû attendre que les vendeurs, et notamment les banques, acceptent une décote de leur portefeuille de crédits pour se positionner. Valérie Tixier confirme que « ces acteurs ont du dry powder, c’est-à-dire de la capacité à investir, mais aussi l’expertise et l’expérience de la mise en œuvre de processus de récupération, d’accompagnement, ou encore de redéveloppement de sociétés dites distressed pour les remettre en capacité de générer un remboursement parfois entier de la dette et des intérêts. » Par ce biais, précise Begga Sigurdardottir, les fonds prennent de plus en plus la place des banques dans le rôle de financement de sociétés. Selon une étude de PwC, la taille du marché des créances « non-performantes » est énorme : il s’élève à 1,3 trilliard d’euros. Et le Luxembourg a des atouts à faire valoir pour accaparer une partie de cette manne. D’abord pour l’investissement dans la dette distressed, le GrandDuché a un instrument de référence : le véhicule de titrisation régi par la loi de 2004. « Il paraît le plus légitime, car il fournit une solution efficiente
au niveau fiscal, tout en permettant d’isoler les actifs et de diviser le risque », explique Me Hadet. Mais le Fonds d’Investissement Spécialisé (FIS) et la Société d’investissement à capital risque (Sicar), ainsi que la Soparfi pour le non-régulé, font également partie des véhicules privilégiés et presque créés sur mesure par le législateur. « On observe la création d’un petit peu plus de fonds que par le passé dans ce domaine, notamment dans le régulé », témoignent les associées de PwC. Mais cette tendance rejoint surtout le retour on shore des fonds d’investissement, parallèlement au développement des régulations européennes labellisant les stratégies alternatives, via AIFMD.
Un package idoine En sus d’un multilinguisme vanté à de multiples reprises, la présence de toute la chaîne d’acteurs de l’industrie des fonds (avocats, banques dépositaires, auditeurs), et donc d’un véritable savoir-faire, constitue un avantage pour le Luxembourg. Mais le principal demeure sa stabilité politique et juridique. « Un argument certes un peu bateau, concède Stéphane Hadet, mais qui prend une autre dimension dans un contexte de crise. » En effet, les acteurs pourraient utiliser d’autres
domiciles européens, comme par exemple les Pays-Bas, mais le Luxembourg a l’avantage de bénéficier d’une notation AAA, d’une stabilité politique et fiscale – « là où d’autres pays revisitent entièrement leur réglementation », précise Valérie Tixier – mais surtout, il a fait de l’investissement alternatif son cheval de bataille. De plus, le Grand-Duché est la terre des structurations et restructurations pour les opérations de LBO. « Cela a été un des plus gros succès de la Place ces dernières années », témoigne Me Hadet. La holding intermédiaire utilisée pour acquérir la cible était traditionnellement luxembourgeoise. Et les investisseurs recréent, lors de la restructuration, une ou plusieurs Soparfi au Luxembourg pour lancer un nouveau départ. À chaque restructuration, tout un mécanisme juridico-légal est enclenché. La législation luxembourgeoise permet d’offrir aux financiers des sûretés efficaces, dont la réalisation rapide et en dehors des tribunaux, octroie un confort supplémentaire. Cela fait travailler les avocats et les Big Four. Ces compétences se sont développées sur le tas, notamment avec les faillites de Lehmann Brothers et des banques islandaises. Ceci étant, l’activité autour de la distressed debt reste marginale et doit être vue comme une corde de plus à l’arc de spécialités de la Place. Elle ne deviendra pas un charognard financier.
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start-up Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Setrinx
LED it be Basée à Bridel, Setrinx compte surfer sur la tendance des luminaires plats utilisant la technologie LED. Les entrepreneurs se lancent tête baissée. Ça passe ou ça casse. Réponse dans six mois. Pierre Sorlut (texte), Olivier Minaire (photo)
Le Grand Soir n’apportera pas la lumière – en tout cas pas dans les prochaines semaines – mais pour la lumière, le Grand Soir approche à grands pas, à en croire Frédéric Tonhofer et Michael Rychlik (voir encadré). « Nous attendons une révolution du marché luminaire », clament-ils. Et elle viendra de la diode électroluminescente (DEL), plus communément connue sous son acronyme anglais LED. Celle-ci est apparue au début des années 1960. Elle n’était alors qu’un simple composant optoélectronique s’allumant, en rouge, jaune ou vert, lorsque le courant électrique la traversait. À partir de 1990, la possibilité de produire une lumière bleue ou blanche a ouvert de nombreux autres débouchés, comme les écrans de téléviseurs et d’ordinateurs… ou encore l’éclairage plat. Et de ce nouvel outil jaillit un marché. Selon l’institut d’études américain Strategy Unlimited, sa valeur devrait passer de 3,8 à 8,3 milliards de dollars entre 2010 et 2014. Et cette opportunité de marché, Frédéric Tonhofer, président du conseil d’administration de Setrinx – le titre est certes un peu pompeux pour la taille de la structure, mais la start-up ne demande qu’à grandir - l’a flairée depuis quelques années. « La lumière par LED représente l’avenir, assène-t-il. Les ampoules incandescentes ne survivront pas 10 ans. » En effet les avantages de la petite diode sont multiples. Elle consomme moins d’énergie que les lampes de papa. Sa durée de vie
peut être de 5 à 20 fois plus longue que celle d’une ampoule traditionnelle et elle est moins fragile. L’idée avait germé alors que Frédéric Tonhofer était encore fonctionnaire des communautés euro péennes. Il n’avait pu se consacrer pleinement au développement du modèle d’affaires envisagé. Depuis 2004 et sa retraite, il s’y intéresse de plus près. Et, lors d’une visite de prospection encadrée par le Grand-Duc à Shanghai, en 2006, il a rencontré l’homme qui pourrait porter le projet : Michael Rychlik.
Lumière design Ce dernier est pour l’heure seul salarié de la petite société qui a pour actifs un portefeuille d’une dizaine de brevets, propres ou acquis via la soparfi Noctron. Ils ont notamment été achetés à Georg Diamantidis, un inventeur-chercheur travaillant sur les diodes électroluminescentes. « Les idées et les brevets existent, il nous faut maintenant mettre les produits sur le marché », résume Frédéric Tonhofer. Mais les produits justement, quels sont-ils ? Des panneaux de quelques millimètres diffusant une lumière douce filtrée, si besoin, par une impression graphique. Rien de révolutionnaire en apparence. La spécificité du brevet est en fait liée à l’ajout de certains composants, plus particulièrement une colle spéciale vouée à la distribution de lumière, alliée à un
processus d’impression ad hoc. Setrinx ne base donc pas son business model sur la LED en ellemême, mais plutôt sur une déclinaison de l’outil technologique d’une manière résolument décorative. Michael Rychlik le souligne : « Notre valeur ajoutée réside dans notre aptitude à fournir des panneaux lumineux adaptables aux besoins des fabricants. » Et justement, la commercialisation débutera par là. Les entrepreneurs souhaitent « devenir les fournisseurs de l’industrie de l’éclairage ». La société a établi une liste d’environ 200 clients prioritaires répartis sur une dizaine de pays. Les entreprises du luminaire design – Artemide, Foscarini ou encore Prandina – sont visées, même si les entrepreneurs n’osent les citer. Une cinquantaine de fabricants ont également été identifiés, notamment dans la Sarre, où la production devrait débuter. Pour Strategy Unlimited, l’éclairage résidentiel est doté du plus gros potentiel avec un taux de croissance prévu de 44 % entre 2011 et 2014. Mais les panneaux publicitaires pourraient également faire l’objet d’un pan d’activité. Avoir JCDecaux dans son portefeuille client générerait effectivement un certain effet de levier. La Belgique, la France et l’Italie constituent des marchés à fort potentiel, dixit MM. Rychlik et Tonhofer. S’ils n’entendent pas se limiter à ces zones, les dirigeants préfèrent pour l’instant ne pas voir trop grand et se focalisent sur les prochains mois, décisifs. Ils ont commencé en février par une prise de contact avec les éventuels producteurs. Des
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CV
Deux illuminés Frédéric Tonhofer, 67 ans, Michael Rychlik, 54 ans, sont tous deux des scientifiques de formation. Ils ont obtenu leur doctorat dans des domaines de pointe. Le premier sur la génération de nombres aléatoires, le second dans l’intelligence artificielle. Leurs vies professionnelles respectives ont même été éloignées de leurs premières amours puisqu’ils ont respectivement été fonctionnaire européen et ingénieur commercial. Aujourd’hui, ils redeviennent deux savants, fous de LED. P. S.
Michael Rychlik et Frédéric Tonhofer (Setrinx) : « Nous attendons une révolution du marché luminaire. »
My SWOT FORCES
Faiblesses
Opportunités
Menaces
technologie brevetée
production externalisée
lumière plate
lumière plate plus performante
logiciel de design ad hoc
superficie financière
tendance irréversible
led organique
retours des designers et fabricants sont attendus et, dès le mois de mars, des modifications à la marge seront apportées, si besoin. « La technologie ne changera, elle, bien sûr pas », précise Michael Rychlik.
Made in Luxembourg Ensuite viendra le moment de la production des panneaux et des films, sous-traitée dans un premier en temps en Allemagne. Mais le « but ultime » consiste à localiser la production des films et des panneaux au Luxembourg. L’investis-
sement est élevé. Il est chiffré à 500.000 euros environ. Or Frédéric Tonhofer en a déjà investi 250.000. Il a par ailleurs bénéficié de subventions du ministère de l’Économie pour la recherche et le développement du programme d’impression. Et la production n’a pas encore débuté que Frédéric Tonhofer « vise sa relocalisation au GrandDuché pour 2013, ou aussi vite que possible. C’est juste une question d’argent. Aucune production de luminaires LED n’existe en Europe », selon l’intéressé. Six personnes pourraient être recrutées pour la fabrication. « Les banques sont prêtes à suivre », renchérit Michael Rychlik. À moyen terme donc,
8.000 lampes devraient être produites annuellement. Les LED elles-mêmes continueront de venir de Chine ou de Taïwan où la technologie y est maîtrisée… idem pour le coût de la main-d’œuvre. Car, pour Strategy Unlimited, la compétitivité prix constitue le véritable défi dudit marché. Selon le cabinet spécialisé, les LED coutent aujourd’hui plus cher à luminosité égale. Les entrepreneurs ne partagent pas cet avis et chiffrent le rapport puissance-prix à un euro par watt. « Pour remplacer une ampoule de 60W, il faut payer 10 euros de LED. » Ensuite il faut payer le panneau (3 ou 4 euros) et l’acrylique (60 euros par mètre carré)… Pour la start-up, la concurrence va être rude. D’autres procédés de production de lumière plate existent. Mais les deux entrepreneurs sont confiants. « Nous avons une meilleure performance, une meilleure lumière, la possibilité d’avoir un back ground imprimé. On peut extraire la lumière uniquement aux endroits où le contact entre la plaque acrylique et le film existe, et ce pratiquement sans perte de luminosité. » Les entrepreneurs, optimistes vis-à-vis du produit, s’inquiètent davantage du besoin en capital. « Le problème, c’est la mise sur le marché. Car les panneaux, c’est le futur. Avec ou sans nous… Mais ce serait mieux avec vous », plaisante Frédéric Tonhofer. Les prochains mois diront si une société luxembourgeoise peut s’établir en leader des lumières plates.
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economist club Association sans but lucratif, l’Economist Club Luxembourg se veut un forum d’échanges, un espace de débat entre économistes. Il est également appelé à prendre position et à faire connaître l’avis de ses membres sur des thèmes économiques d’actualité, en suscitant la discussion, tout en maintenant une certaine rigueur dans la démarche proposée.
Par Olivier Mores, membre de l’Economist Club
Vers un autre modèle économique Quelles leçons, autres que financières, peut-on tirer d’une crise qui n’est pas seulement financière ? À force de crises variées et récurrentes auxquelles nous répondons dans l’urgence, où est la vision globale et à long terme ? Certes, sans une économie performante, il n’y a guère de modèle social durable. La croissance est, dans le modèle économique dominant, le levier de l’emploi. Mais sans une redistribution plus juste des richesses et une protection accrue de notre santé et de l’environnement, sans hommes et femmes motivés à vivre et à travailler ensemble, il n’y a point d’économie vraiment performante. En fin de compte, les conséquences humaines et environnementales des activités économiques soulèvent la question des finalités et des valeurs du modèle économique dominant. N’est-il pas temps de réorienter le capitalisme vers un système de production de biens et de services plus équitable, écologique et éthique ? Des pistes alternatives existent !
Pour l’heure (fin janvier), le risque d’une récession globale semble écarté. Une légère reprise semble même envisageable aux États-Unis dès cette année. À terme, la crise de la zone euro, aboutissement d’autres crises (subprimes, faillite de Lehman Brothers, dettes souveraines), devrait pouvoir être maîtrisée. Manquent cependant encore une stratégie de croissance à plus long terme et, plus encore, un nouveau grand projet collectif permettant de mieux distribuer les richesses et de réduire l’écart entre pays et couches sociales nantis et pauvres. La crise actuelle est en effet plus que financière, budgétaire ou conjoncturelle. À force de répétitions, il y a problème quant au modèle lui-même. Il y a en tout cas crise de confiance : alors que le chômage augmente un peu partout, de nombreux citoyens, surtout jeunes, ne comprennent pas – ou plus – ce qui se passe autour d’eux et ce qui leur arrive personnellement. Les règles du jeu ne sont plus claires. Notre monde est de plus en plus difficile à comprendre et, sans clés de décodage, un sentiment d’impuissance et des frustrations se font jour, ce dont se délectent les populismes et nationalismes de toutes sortes. Débridé, notre système économico-financier semble dominé par les banques et les marchés. Les bénéfices sont privatisés et les pertes socialisées. Les décisions techniques sont de plus en plus difficiles à expliquer et à comprendre. S’offre à nous, les médias aidant, une économiespectacle de plus en plus éloignée de l’économie
réelle, productive, refoulant très rapidement les conséquences humaines et environnementales. Qui, aujourd’hui, parle encore de Fukushima ? Le « capitalisme financiarisé », qui s’est développé depuis les années 70, est tombé à partir de 2008 dans des excès graves : opacité des produits titrisés, rémunérations mirobolantes de traders, surpoids des agences de notation, dérégulation exagérée... Par ailleurs, nous assistons, outre la globalisation, à une hyperconcentration de l’économie mondiale. Une récente étude (The network of global corporate control, PLoS One, 2011, www.plos.org) constate que les participations de 737 firmes dans les 43.000 plus grandes entreprises du monde leur permettent de contrôler 80 % de la valeur totale (mesurée en chiffre d’affaires) de ce « réseau » (tout en se contrôlant entre elles). Les réponses apportées aux crises se limitent à l’urgence immédiate. Non que l’urgence ne soit pas nécessaire, mais où est la vision globale et à long terme ? Il ne suffira pas de réguler, d’injecter des milliards, de réduire les dépenses. Ce faisant, on ausculte les symptômes et on sort les instruments. Le risque systémique dont certains parlent doit nous amener à réfléchir plus profondément au sens, aux finalités à long terme de l’économie pour recentrer la production de biens et de services sur sa mission intrinsèque : servir la collectivité et son bien-être. Il faut en quelque sorte réconcilier science économique et éthique sociale. Dans son rapport Gens résilients, planète résiliente, présenté le 30 janvier dernier au secrétaire général
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Évolution imaginaire d’indicateurs de l’UE avec ceux liés au PIB Bien-être (PBE)
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Source: Olivier Mores
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2015 Inflation
des Nations unies Ban Ki-moon, le Groupe de haut niveau sur la croissance durable énumère 56 recom mandations visant à intégrer le développement durable dans la politique économique (www. un.org). Le rapport demande, entre autres, l’intégration des coûts sociaux et environnementaux dans la fixation des prix mondiaux et dans des instruments de mesure des activités économiques allant au-delà de l’approche traditionnelle du PIB. L’instrument de mesure dominant, la rentabilité financière des activités économiques, doit être élargi à d’autres critères tels le bien-être des citoyens, le développement durable ou encore le respect de critères éthiques. En tant que consommateurs, nous devons, par exemple, nous interroger davantage sur la provenance et le mode de confection des produits que nous achetons en nous inscrivant dans une démarche d’achat éthique (cf. Fairtrade). Nous pouvons aussi nous abstenir d’acheter des produits en provenance de pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés. Nous pouvons également développer l’économie solidaire en stimulant la collaboration entre pouvoirs publics, monde économique et société civile et, pour ce qui concerne le Luxembourg, en instaurant un cadre juridique permettant aux nombreuses associations caritatives, humanitaires et autres – qui jouent un rôle incommensurable dans notre société – de s’établir en tant que véritable pilier de notre économie.
2020 CO2
Chômage
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Par ailleurs, nous pouvons multiplier les initiatives RSE (responsabilité sociétale des entreprises) en stimulant un mode de gestion responsable (et raisonnable), mesurant et valorisant d’autres facteurs de performance que ceux strictement financiers tels l’impact social et environnemental des activités économiques, une meilleure évaluation des risques ou encore une conduite plus éthique dans les relations d’affaires et le mode de management. Pensons aussi au rôle intégrateur que devrait jouer le système économique : mieux intégrer tous ces « autres » que sont, par exemple, les personnes handicapées en développant un autre regard à leur égard. Bon nombre de ces citoyens pourraient être intégrés dans l’économie si seulement l’environnement de travail était adapté à leurs besoins. Alors que le savoir économique et financier est devenu élitaire, compréhensible par une minorité de spécialistes seulement, les technologies de l’information et de la communication qui bouleversent nos modes de vie et de consommation doivent être davantage mises à profit pour contribuer à la démocratisation du savoir dans les écoles, les entreprises et ailleurs. Dans la crise, le réchauffement climatique n’est hélas plus une priorité politique. Incontesté mais pas encore irrémédiable (osons l’espérer), l’accroissement de la courbe thermique porte en lui le potentiel de troubles migratoires et sociaux graves. Il faut donc redoubler de détermination et
PIB
2030 PBE
d’imagination pour réussir la transition vers une société (beaucoup) plus respectueuse de l’environnement humain et naturel. À ce propos, les idées « vertes » ne manquent pas. L’année 2011 a vu surgir, amplifiés par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, des mouvements libératoires sur divers continents. Sans vouloir être pessimistes, ne sous-estimons pas le risque de ce que le philosophe Peter Sloterdijk dénomme une démoralisation collective totale. Une telle désespérance, surtout auprès des jeunes et des moins aisés, serait le pire des scénarios. Dans le rapport Gens résilients, planète résiliente précité, les gouvernements sont invités à susciter une mobilisation collective face à un défi à la fois clair et immense. Il est vrai qu’il y va non seulement de l’euro, de l’Europe ou d’un modèle économique, mais de notre planète et de notre avenir tout court. Pour paraphraser Martin Schulz, le nouveau président du Parlement européen : « Ou nous perdons tous, ou nous gagnons tous. »
Chaque mois, retrouvez dans nos colonnes, « Le Billet de l’Economist Club », sous la plume d’un des membres de l’Economist Club. www.economist.lu
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CoversTory Sur tous les fronts
Crise de la dette souveraine en Europe, blocage du dialogue social au Luxembourg, gestion d’une croissance en panne… Le quotidien de Jean-Claude Juncker est semé d’obstacles que l’indéboulonnable Premier ministre du pays depuis 17 ans assure aborder sans lassitude ni usure.
« RIGUEUR N’EST PAS AUSTÉRITÉ » Confronté à une situation économique chancelante, le Premier ministre, fermement convaincu de la solidité du « modèle luxembourgeois », ne doute pas de la compréhension de ses concitoyens en prévision des efforts qu’il leur faudra fournir.
Jean-Michel Gaudron (interview), Andrés Lejona (photos)
Monsieur Juncker, le Luxembourg vient de vivre deux échecs successifs de la Tripartite. Vous n’estimez pas pour autant que le modèle social luxembourgeois est remis en cause. Il est pourtant difficile de dire qu’il se porte bien… « Cela dépend du degré de performance que l’on accorde au modèle tripartite. La Tripartite a connu des échecs pendant les années 80, dont plus personne ne se souvient. Moi je me souviens de cet échec, grave, qui, lui aussi, était dû à l’impossibilité des partenaires sociaux de se mettre d’accord sur les termes de la modulation de l’index dans les années 82-83. Nous avons fait la même expérience en 2010 et en 2011. En 2010, nous avons pu conclure via des bipartites des accords qui ont tenu et qui tiennent la route. Et en 2011, en prenant appui sur les résultats des bipartites de 2010, nous avons pu, sans avoir besoin de cet accord tripartite qui s’est avéré impossible, moduler l’indexation automatique comme nous l’avons fait par la loi adoptée le 26 janvier. Je continue donc à
penser que le modèle tripartite, si on entend par là des négociations entre partenaires sociaux et gouvernement, garde toute sa valeur. Parce que même en l’absence d’un accord, nous arrivons à prendre les décisions qu’il faut. Nous pourrions évidemment le faire sans avoir recours à la négociation avec les partenaires sociaux, mais c’est une perspective dans laquelle je ne m’inscris pas. La décision isolée qu’a dû prendre le gouvernement sur l’indexation des salaires n’aurait pas été possible sans ces négociations préalables. Vous savez, des négociations ne permettent pas toujours de trouver un accord. En revanche, elles permettent toujours de connaître les lignes rouges des uns et des autres. Et connaître les lignes rouges des partenaires sociaux est une précaution essentielle qui permet ensuite de pouvoir prendre des décisions politiques qui tiennent la route. À qui faut-il imputer l’échec de la Tripartite ? Les partenaires sociaux qui sont restés bloqués sur leurs positions ? Ou bien le gouvernement qui n’a pas su les faire converger ? « Le gouvernement a fait des propositions }
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« Lorsqu’on exerce la fonction de Premier ministre, il faut la comprendre comme une vocation » Jean-Claude Juncker
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{ qui allaient insuffisamment loin pour les représentants des employeurs,
et qui allaient au-delà de ce que le monde syndical considérait comme devant être fait. Finalement, nous avons présenté un projet de loi qui contenait les éléments soumis aux partenaires sociaux sans avoir pu les mettre d’accord. Ce sont donc des torts partagés ? « Il y avait au niveau des partenaires sociaux une volonté insuffisante d’arriver à un accord. Je le comprends un peu, car les décisions qui s’imposent sont difficiles à assumer. J’ai eu l’impression que les partenaires sociaux, et surtout les syndicats, préféraient de très loin que le gouvernement assume seul la responsabilité des décisions prises. Mais cela ne me choque pas, puisque le gouvernement est là pour prendre des décisions.
Moduler l’indexation jusqu’en 2014 était-il une façon de sauver la paix sociale en attendant les prochaines élections ? « Le gouvernement est là pour faire un maximum d’efforts pour garantir la paix sociale. Mais lorsque des décisions graves et lourdes de conséquences doivent être prises, car l’état du pays le recommande, le maintien de la paix sociale est un élément parmi d’autres à avoir en tête. La paix sociale, pour utile qu’elle soit, ne peut pas empêcher le gouvernement et le parlement de prendre des décisions. Je ne voudrais pas qu’un jour on puisse dire que nous avons enlevé au pays toutes ses chances d’avenir parce que nous avons voulu sauver la paix sociale, à laquelle je reste évidemment très attaché. En décembre prochain, cela fera 30 ans que vous êtes membre du gouvernement. Vous êtes Premier ministre depuis 17 ans. La question de l’usure du pouvoir revient régulièrement sur le devant de la scène. Qu’en est-il, concrètement ? « Lorsqu’on exerce la fonction de Premier ministre, il faut la comprendre comme une vocation. Je lis en effet parfois que je suis fatigué, que je n’ai plus envie, que la lassitude prend le dessus, que l’affaissement serait général… Je ne ressens rien de cela. Je crois que c’est plus le désir de ceux qui font de moi cette description que la réalité.
Un chef d’entreprise, à un moment donné, prépare sa succession. Sachant qu’il y aura bien un jour un « après-Juncker », la question se pose-t-elle au sein du parti chrétien social ? « Ce qui m’a frappé au vrai sens du terme, dans ma vie, est un grave accident de voiture que j’ai eu en octobre 1989 (M. Juncker était resté deux semaines dans le coma, ndlr.). Donc, depuis ce temps-là, j’ai toujours considéré qu’un quelconque type d’événement pouvait toujours me mettre dans l’impossibilité absolue de rester Premier ministre. J’ai donc veillé à ce que dans mon parti, la question de la succession soit informellement réglée… Le jour où j’arrêterai mes fonctions, il n’y aura ni le vide, ni le trop plein. Que ce soit pour l’établissement du budget 2012 ou, plus récemment, pour les grandes lignes du projet de réforme des pensions, les hypothèses de croissance sous-jacentes ne sont pas certaines d’être tenables. Est-ce bien raisonnable ? « Les hypothèses de base en termes de croissance économique et d’expansion du marché de l’emploi me semblent être optimistes. Mais nous n’échapperons pas, si la croissance devait être trop médio-
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CES
Pour un consensus fort Le blocage, depuis près de deux ans, du Conseil Économique et Social (CES), implique que Jean-Claude Juncker ne dispose plus de l’avis annuel rendu par l’institution au moment de préparer son discours sur l’état de la nation. Mais une absence d’avis vaut parfois mieux qu’un « mauvais » avis. « Si l’avis du CES ne reflète pas une volonté commune, il est inutile et n’inspire pas ceux qui doivent prendre des décisions, note M. Juncker. Je préfère le consensus à l’affrontement. Mais un consensus mou et facile, aujourd’hui, une légèreté maintenant, peut conduire aux affrontements de demain. Pour éviter des affrontements à court et long termes, il faudra que ce consensus soit en béton. » Si les blocages observés au sein de la Tripartite peuvent, selon les points de vue, être imputés à l’incapacité du gouvernement à concilier les positions des uns et des autres, il n’en est pas de même au CES. « Tous ces blocages y sont plutôt le fait des partenaires sociaux qui se regardent très souvent en chien de faïence. Je suis donc très content d’avoir constaté une volonté commune de reprendre le dialogue. Je voudrais que lors des prochaines déclarations sur l’état de la nation, nous puissions disposer de son avis comme nous en avons été habitués depuis de nombreuses années. » J.- M. G.
cre, à de solides ajustements qui sont prévus dans le projet de loi… Lorsqu’il y a sept ans, j’ai mentionné le mur des pensions, tout le monde ou presque m’est tombé dessus. Je vois qu’aujourd’hui le fait de mentionner l’existence de ce mur ne soulève plus d’émotion et n’entraîne pas des invectives fusant de toute part… C’est déjà un progrès dans la mesure où dorénavant il semble y avoir un consensus sur la nécessité d’ajustement de notre système de rentes, de retraites et de pensions. Ce consensus n’existait pas avant 2004. Même Serge Allegreza évoque la possibilité d’une récession en 2012. Cela vous inquiète-t-il ? « Au vu de la situation de l’économie globale et de celle de la zone euro, il serait surprenant, en ce moment précis du cycle économique, que le Luxembourg puisse briller par des taux de croissance qui se distingueraient positivement des performances de nos voisins. Cela va donc sans doute rendre nécessaire l’adoption de nouvelles mesures d’austérité… « Je tiens à ne pas confondre rigueur et austérité. J’attache beaucoup d’importance à l’emploi correct des moyens que la lan-
gue nous offre. Et appeler austérité des mesures qui relèvent de la rigueur me paraît être un emploi excessif. Les gens sont-ils prêts au Luxembourg à mettre un peu plus de rigueur dans leur quotidien ? « Il faut bien distinguer les mesures de rigueur qui frapperont le budget de l’État, sans frapper dans leur réalité immédiate nos concitoyens, et celles qui peuvent avoir une certaine influence directe sur leur pouvoir d’achat. Je crois que les Luxembourgeois sont plutôt disposés à voir le budget de l’État assumer l’effort de rigueur sans qu’ils ne soient concernés directement… Nous devons donc avoir un bon mélange entre les deux : des mesures de rigueur fortes pour le budget de l’État et les mesures de douce rigueur qui pourront frapper les citoyens. En outre, je me dis que les Luxembourgeois qui regardent les programmes des journaux télévisés allemands, français, belges ou autres – je crois que certains responsables ne le font pas – ont développé beaucoup de compréhension pour des efforts d’ajustement qui doivent être entrepris… En tous les cas, jusqu’à présent, je n’ai pas été saisi d’une pétition qui } 96
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« Des négociations permettent toujours de connaître les lignes rouges des uns et des autres »
Photo : Luc Deflorenne (archives)
Jean-Claude Juncker
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{ aurait pour objet d’introduire le modèle socio-écono-
mique allemand, français, belge ou néerlandais sur le territoire luxembourgeois…
Il y a eu, au début du mois, un changement de ministre de l’Économie et du Commerce extérieur. Regrettez-vous la démission de Jeannot Krecké ? « Le départ de Jeannot Krecké est une véritable perte pour le gouvernement. Je n’aime pas trop commenter les mauvaises nouvelles… Mais je suis sûr et certain que le nouveau titulaire, disposant de réelles qualités, saura être un successeur digne de confiance. Il se présente comme étant à la fois social et libéral. Est-ce une dualité tenable au Luxembourg ? « Chaque homme politique porte en lui plusieurs dimensions. Il a déclaré dans l’une de ses premières interviews, au sujet de la récente entrée de fonds qataris dans des entreprises clés de l’économie luxembourgeoise « Avec les Qataris, moi, j’ai un problème de culture. » Avez-vous le même problème ? « Nous sommes une économie des plus ouvertes. Nous n’avons jamais eu la chance de disposer, dans l’histoire de l’économie du Luxembourg, de ce qu’on appelle le grand capital luxembourgeois. Il n’existe pas. Nous avons donc toujours eu besoin d’avoir recours à des investisseurs belges, allemands, français… en fait européens. Il n’est pas anormal que dans une économie globalisée, ceux avec lesquels nous commerçons au-delà
des frontières de l’Europe investissent au Luxembourg. Est-ce que le fait de ne pas être européen, dans un monde globalisé, doit être transformé en argument négatif ? Je ne crois pas. Étienne Schneider faisait davantage allusion à la situation démocratique dans cet Émirat et à leur approche économique susceptible d’aller à l’encontre des intérêts des salariés… « Je suis très attentif aux développements internes au Qatar. Il faut donner à ce pays le temps pour entreprendre sur un plan interne les ajustements démocratiques qu’il conviendra de faire. Si nous n’avions pas cette patience, nous n’enverrions plus de missions économiques dans beaucoup de parties du monde. Vous prononcerez le 8 mai prochain votre discours annuel sur l’état de la nation. Quelle en sera l’inspiration ? « Je suis en discussions avec les ministres, les partenaires sociaux et représentants de la société civile que je reçois régulièrement, sans pour autant qu’on en fasse état dans un communiqué ou une conférence de presse. Je me forge une idée d’ensemble que je dois évidemment soumettre au gouvernement. Car cette déclaration sur l’état de la nation n’est pas l’exercice individuel du Premier ministre, mais une ‘œuvre collective’ du gouvernement. Avez-vous le sentiment que ce discours du 8 mai sera plus attendu que les précédents ? « Je ne rédige pas mes discours en fonction d’un horizon d’attente. »
Impôt de crise
Stop ou encore ? On a prêté à Jean-Claude Juncker l’intention de rétablir, en 2013, l’impôt de crise qui avait été instauré en 2011 et dont l’abolition, effective depuis le 1er janvier 2012, avait été annoncée l’été dernier. « Certains politiciens ont évoqué cette possibilité, mais pas moi, tient-il à préciser. Nous devons, pour les années à venir, ficeler un paquet d’économies et de rééquilibrage des finances publiques. Il serait aberrant de vouloir déjà préjuger des résultats de ce débat que le gouvernement doit avoir. » Impôt de crise ou pas ? Le sujet l’amuserait presque. « Lorsque nous avons introduit l’impôt de crise, il y a eu comme une tempête de contestation. Et quand nous l’avons aboli, il y a eu comme une nostalgie de cet impôt que personne n’aimait pourtant lorsqu’il a été introduit… » J.- M. G.
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Gouvernance économique
La belle et la dette Jean-Michel Gaudron
Si la zone euro reste, aux yeux de Jean-Claude Juncker, une formidable opportunité pour le développement de l’Europe, la crise de la dette n’en constitue pas moins une redoutable épreuve dont le Vieux Continent doit se sortir raffermi. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le sort de la Grèce s’écrit encore en pointillés, restant suspendu à une énième décision de l’Eurogroupe prévue, pour le lundi 20 février (date à laquelle cette édition de paperJam sera en cours d’impression). Le sort d’un État souverain étranglé par une dette publique représentant 160 % de son PIB et, avec lui, le sort de toute une zone économique peuplée de 330 millions d’habitants, n’a évidemment que faire de ces contraintes éditoriales. La confiance affichée par Jean-Claude Juncker, le 15 février dernier, à l’issue d’une énième moins une réunion (téléphonique, celle-là) des ministres des Finances de la zone euro, laisse tout de même supposer une issue positive pour le versement d’une aide supplémentaire susceptible de sauver la république hellénique d’une faillite pure et simple. Difficile d’imaginer, pour le président de l’Eurogroupe, un éclatement soudain de cette monnaie unique instaurée en 1999, mais qui circule officiellement dans les portefeuilles depuis tout juste 10 années. Pour autant, une certaine impatience commence à se faire jour, en toute conscience de la lourdeur des mesures de rigueur qui frappent Athènes, et qui arrivent doucement, mais sûrement, à la limite de l’acceptable. « Il y aura sans doute, à partir d’un certain moment, une retenue à avoir en ce qui concerne les sacrifices et les efforts que nous allons demander aux Grecs eux-mêmes, reconnaît Jean-Claude Juncker. Mais il y a une seconde limite qui, elle, concerne la disposition des autres États de la zone euro à faire preuve de solidarité. Ces États sont en droit d’attendre que les promesses formulées par les autorités grecques soient suivies d’un cortège de mises en œuvre. » En attendant de savoir si la faillite – encore très hypothétique – d’un de ses États constituerait un cataclysme pour la zone euro, les travaux continuent, en coulisses, pour la doter d’une charpente financière plus solide. Le traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’Union économique et monétaire (pacte européen), adopté le 30 janvier par 25 des 27 États membres de l’UE (lire l’encadré en page 100) représente, dans ce contexte, une avancée nécessaire, mais sans doute pas suffisante, pour
une meilleure gouvernance économique de l’Union. Il fallait bien commencer quelque part. « Il s’agit de l’expression de la volonté collective de l’Europe d’entamer une autre politique frappée du bon sens », commente Jean-Claude Juncker, qui avait utilisé, au micro de paperJam.TV, quelques jours après l’adoption de ce traité, une métaphore dont il a le secret. « Nous avons respecté la volonté de la zone euro de mettre un terme à cette spirale qui fait que les déficits budgétaires se creusent d’année en année et que les montagnes de dette publique grimpent vers des cieux où l’on a du mal à respirer. »
Pour davantage de coordination Ce traité, qui doit être définitivement signé en mars, s’inscrit en tous les cas dans le prolongement du « Six Pack », ce paquet de six propositions législatives qui prévoit, notamment, contre les déficits excessifs, des sanctions financières décidées à la majorité qualifiée inversée (c’est-à-dire que la sanction constituera la décision de base, à moins que la majorité des États se prononcent contre). « Cela permet d’éviter que les grands États membres puissent former une minorité de blocage qui ne nous permettrait pas d’appliquer les procédures et les sanctions là où il le faudrait, explique M. Juncker. C’est finalement tout le contraire de ce que Mme Merkel et M. Sarkozy avaient suggéré à Deauville en 2010. » Cette petite pierre jetée dans le jardin des deux grands voisins n’est pas nécessairement pour déplaire au président de l’Eurogroupe, nullement impressionné par le « leadership franco-allemand » qui, parfois, semble prévaloir. « Je constate que, in fine, ce sont les positions des trois pays du Benelux qui ont prévalu, notamment en termes de sanctions et de procédures. C’est plutôt l’Allemagne et la France qui se sont dirigées vers notre position que l’inverse. Mais je sais bien qu’en France et en Allemagne, on a une perception légèrement différente. »
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Photo: SIP/Jock Fistick
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« Il est évident qu’il nous faut plus d’Europe pour sortir de la crise, et non pas moins » Jean-Claude Juncker
Au final, Jean-Claude Juncker a la conviction profonde que la zone euro sortira grandie du règlement de cette crise de la dette, quand bien même celui-ci prendra encore sans doute quelques années. « Les pays membres de la zone se rendent de plus en plus compte à quel point nos différentes économies sont interconnectées. Il est évident, aux yeux de tout homme politique qui sait regarder la réalité des choses, qu’il nous faut plus d’Europe pour sortir de la crise, et non pas moins. Le retour aux réflexes nationaux est une impasse. C’est la raison qui me fait dire qu’il nous faut davantage et sérieusement coordonner nos politiques économiques. » Imaginer que tout pays membre de la zone euro souhaitant lancer une réforme d’envergure doive, au préalable, recevoir l’aval des autres membres qui auront évalué l’impact de cette réforme sur leurs propres économies, cela irrite évidemment les ardents défenseurs d’une souveraineté
nationale des États en matière financière. Mais aux yeux de Jean-Claude Juncker, il s’agit là d’une évolution qui va de pair avec le principe même de l’union monétaire. « Lorsque vous formez une telle union, vous abandonnez nécessairement votre souveraineté monétaire, économique et, partiellement, fiscale. Il faut en être conscient avant de s’engager dans une entreprise de cette taille. Je ne peux que constater que certains États membres n’ont pas appris la gestion collective et solidaire de la monnaie unique. Or, lorsqu’il s’agit de combattre les méfaits de la crise actuelle, il n’y a pas d’autre réponse qu’une meilleure coordination des politiques économiques, en veillant à ce que la politique économique de l’un ne vienne pas perturber celle de l’autre. » Dans ce contexte particulier, la position du Luxembourg peut susciter, çà et là, quelques jalousies. Avec une dette publique inférieure à 20 % du PIB } 100
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« La mention d’un triple A sur une carte de visite nous donne, en termes de visibilité, une position d’excellence que nous perdrions si nous devions la biffer »
Photo: David Laurent / Wide (archives)
Jean-Claude Juncker
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{ et un déficit des finances publiques inférieur à 1 %, le
Grand-Duché affiche une solidité à toute épreuve… y compris contre la pression des agences de notation. La « connerie exemplaire » (Juncker dixit) que constitue l’abaissement, par Standard & Poor’s, de la perspective du triple A du Luxembourg, n’affecte que modérément le Premier ministre, surtout au vu de l’impact limité de la dégradation (de AAA à AA+) vécue par les États-Unis et la France. « Les agences de notation ne font qu’exprimer une opinion parmi d’autres. Il ne faudrait pas croire que ces opinions pourraient prétendre au statut d’exactitude scientifique. Mais, à force de dramatiser jusqu’à la situation des pays qui disposent de bonnes données fondamentales, ces agences sont en train de perdre en influence. Cela dit, pour une petite économie comme la nôtre, je considère tout de même que la mention d’un triple A sur une carte de visite nous donne, en termes de visibilité, une position d’excellence que nous perdrions si nous devions la biffer. » Combien de temps, encore, le Luxembourg conservera-t-il son triple A ? Peut-être le pays devra-t-il imprimer de nouvelles cartes de visites d’ici à juin, date à laquelle Jean-Claude Juncker ne sollicitera pas le renouvellement de son mandat de président de l’Eurogroupe, comme il l’avait déjà laissé entendre cet automne. « La gestion du temps devient de plus en plus
difficile, explique-t-il. Vu l’aggravation de la situation, je dois consacrer trop d’énergie à la crise dans la zone euro, en tant que président de l’Eurogroupe, tout en ne négligeant pas mes devoirs nationaux. Je vois arriver le moment où je ne pourrai plus exercer ces deux fonctions. Et comme j’aime exercer ma fonction de Premier ministre au Luxembourg, il est évident que je devrai renoncer à l’autre. »
Eurogroupe cherche président Jean-Claude Juncker s’apprête-t-il donc à devenir « moins européen » et redevenir « plus luxembourgeois » ? L’intéressé se défend en tous les cas d’une quelconque négligence dans le suivi et le traitement des dossiers domestiques. « En principe, je suis à l’étranger une journée par semaine, ‘étranger’ voulant généralement dire Bruxelles ou Strasbourg. Je voyage peu, mais je consulte beaucoup en journée. Ce sont ces éléments-là, d’animation des débats et de préparation des décisions, qui prennent trop sur mon temps. Mais comme j’ai des journées de travail de 14 heures et que je travaille les samedis et dimanches, je mets au défi tous ceux qui me reprochent de m’occuper insuffisamment des affaires luxembourgeoises de le démontrer dans les faits. »
Règle d’or
Dans la loi, mais pas dans la constitution Le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire, plus simplement évoqué sous le terme de « pacte budgétaire » prévoit de ramener la limite du déficit structurel, corrigé des variations conjoncturelles, autorisé de 1 % à 0,5 %. Les États dont la dette publique est inférieure à 60 % du PIB (c’est le cas du Luxembourg) pourront néanmoins continuer à avoir un déficit structurel de 1 %. Pour les autres, il leur sera demandé de réduire chaque année cette dette de 20 %. Le texte prévoit également que les États doivent inscrire dans leur législation la mise en place de mécanismes de correction automatique en cas d’écart avec ces objectifs. Faute de quoi ils pourraient devoir rendre des comptes devant la Cour de justice de l’Union européenne. Cette fameuse « règle d’or budgétaire » doit être adoptée dans les législations nationales, mais pas obligatoirement au niveau constitutionnel, comme cela avait été initialement préconisé. Jean-Claude Juncker s’y était d’ailleurs opposé. Le Luxembourg passera donc par la voie législative « normale ». L’entrée en vigueur de ce pacte est prévue pour le 1er janvier 2013, à condition d’avoir été ratifié par au moins 12 des 17 États signataires membres de la zone euro. Sinon, il ne sera appliqué qu’à la date de ratification dudit 12e État. J.-M. G.
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101 coverstory
Post-scriptum
Amours contrariées Jean-Michel Gaudron
Il était déjà le premier dans son « village ». Il aurait très bien pu être en même temps le premier à Rome… ou plutôt à Bruxelles. La longue histoire d’amour qui unit Jean-Claude Juncker et l’Europe était presque sur le point d’écrire de nouveaux chapitres en lettres d’or enluminées. Mais la saga en plusieurs tomes va bientôt se terminer. Non pas en haut, debout, d’un magistral pas en avant vers les plus hauts sommets, mais presque tristement, lorsque le Premier ministre luxembourgeois rendra, en juin prochain, son fauteuil de président de l’Eurogroupe, ce cénacle (certes informel) réunissant les ministres des Finances des États membres de la zone euro. C’est pourtant une autre présidence qui aurait pu consacrer définitivement le destin européen de Jean-Claude Juncker : celle du Conseil européen, devenue permanente depuis fin 2009. Toute l’Europe reconnaissait l’expérience, les compétences et le talent de négociateur de M. Juncker pour occuper ce poste. Toute ? Non, car un irréductible président gaulois lui préféra son voisin belge Herman Van Rompuy. Sans doute cette date du 19 novembre 2009 restera-t-elle longtemps en travers de la gorge de Jean-Claude Juncker. Peut-être autant que celle du 23 octobre 2011, quand ce même Herman Van Rompuy s’est aussi vu confier la présidence de la zone euro, alors que des esprits peut-être simplistes avaient imaginé que cette fonction aurait parfaitement pu convenir au président de l’Eurogroupe… Après s’être une première fois fait refermer la porte au nez, M. Juncker s’était ainsi vu définitivement barrer l’accès à la fenêtre. Tout ça pour ça… Seul dirigeant européen signataire du Traité de Maastricht (il y a
juste 20 ans) à être encore en activité, Jean-Claude Juncker aurait certainement mérité une autre sortie, un tout autre destin. Mais en annonçant son retrait de la présidence de l’Eurogroupe pour le mois de juin, faute de trouver le temps de gérer à la fois ce mandat et celui de Premier ministre de son pays, il coupe court, aussi, aux fantasmes de ceux qui voudraient le voir en lice, en mai, lorsque les deux casquettes d’Herman Van Rompuy seront remises en jeu. Ceux qui reprochaient à M. Juncker d’avoir la tête davantage à l’Europe qu’au Luxembourg en seront également pour leurs frais : l’indéboulonnable Premier ministre du Grand-Duché, en poste depuis plus de 17 ans, a sans doute encore d’autres pages à écrire, en couleur locale. Il était parvenu, en 1996, à concilier les positions pourtant divergentes d’un Helmut Kohl et d’un Jacques Chirac sur un pacte de stabilité dont il a toujours défendu les bienfaits. Pourquoi ne pourrait-il pas faire de même avec patronat et syndicats autour de la question de l’indexation des salaires et des remèdes à la perte de compétitivité du pays ? Dame Europe aura finalement été ingrate envers celui qui lui voue pourtant une passion sans limite (passion qu’il aimerait d’ailleurs bien faire partager à ses concitoyens européens). Mais tout n’est évidemment pas perdu. Après tout, Jacques Santer (son prédécesseur au poste de Premier ministre du Luxembourg) ne vient-il pas, à 74 ans, d’être appelé à prendre la tête d’un des véhicules d’investissement du Fonds européen de stabilité financière ? Il serait pourtant bien étonnant qu’il faille attendre aussi longtemps avant que Jean-Claude Juncker, âgé d’« à peine » 57 ans, ne réapparaisse sur le devant de la scène européenne. La crise d’adolescence de la zone euro est loin d’être terminée. Les occasions ne manqueront pas pour lui de reprendre la main à un moment ou un autre.
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Index décideurs 200 personnalités ont été citées sur les 108 pages de ce cahier « Économie & Finance ».
A
Agutter Richard Al Baker Akbar Allegrezza Serge Arendt David
47 47 20, 38, 93 24
B
Bailly Stéphane 64 Baldhauff Manuel 40 Bausch François 36 Becker Norbert 22, 60 Bernard Silke 82 Bertoli Loïc 20 Bettel Xavier 64 Bichler Marc 40 Biltgen François 16, 30, 42, 60 Bintz Jean-Claude 22 Boeri Stefano 55 Bonvoisin Michel 34 Boulay Claude-Michel 60 Brausch Freddy 82 Buck Xavier 40 Bus Marco 46
c
Castilho Pedro Chambers Paul Charlier Vincent Chotard Anthony Clément Franz Collignon Jean-Michel Cotro Jean-François Coulon Véronique Coxet Jeremy
D
Danloy Sébastien de Haut de Sigy Ignace de Lutio Raffaele de Posch Guillaume Degrève Sandrine Delcourt Simone Delwiche Vincent Dennewald Robert de Radiguès Frédéric Diamantidis Georg Dussart Adeline
E
Eischen Daniel Elsen Yves Ernster Fernand Err Lydie
40 56 34 36 30 16 46 64 40
60 36 46 65 68 84 60 20 71 88 30
36 18 64 26
F
Faber Claude 20 Fetter David 20 Finck Jean-Claude 46, 48 Flamant Nathalie 30 Folmer Françoise 64 Forson Richard 24, 47 Francis Yves 46 Françoise Hetto-Gaasch 74 Frédérici René 20 Fremault Édouard 50 Frieden Luc 17, 36, 46, 47, 49, 50
G
Genet Frédéric Gillen Erny Gillen Marie-Paule Glod Joseph Goldrake David González-Páramo José Manuel Gramegna Pierre Grethen Henri Grittin John Gross Marcel Grotz Mario Guill Jean Guillaume Grand-Duc héritier Guy Hoffmann
H
46 65 46 38 40 16 20 18, 38 70 38 60 36, 50 20, 56 74
Hadet Stéphane 86 Hausman Pierre 62 Heinen Jos 38 Heinrich Georges 36 Helminger Paul 40, 47, 48 Hennen-Mayer Tanja 64 Henzig Luc 20, 64 Hershkowitz Daniel 14 Hetto-Gaasch Françoise 24, 64 Hoffmann Marc 48 Hollerich Hubert 47 Hostert Marc 20
I
Ittah Patrick
71
J
Juncker Jean-Claude 24, 36, 65, 93, 98
K
Kaiser Frank 54 Kapweiler Aloyse 16, 34, 47 Ki-Moon Ban 90 Kinsch Alain 46 Kneip Gary 24 Koedinger Mike 40, 64, 69 Kokott Juliane 48 Kolb Serge 36 Kontz Benji 16 Krecké Jeannot 12, 14, 17, 18, 38, 46, 56, 60, 69, 93 Kreemer Pierre 68 Kremer Claude 70
L
Lahr Patrick 64 Lamparski Frank 48, 69 Lejalle Blandine 74 Lepasch Luc 64 Letsch Joëlle 64 Liès Michel 17 Loire Bernard 64 Longrée José-Benjamin 64 Lootsma Bart 55 Loschetter Viviane 26 Lozano Ehlers Inaki 60 Lycops Jean-François 50
M
Madoff Bernard 50 Maquil Michel 48 Merkel Angela 98 Mersch Yves 16, 36 Mittal Lakshmi 64 Molitor Frank 42 Monchauzou Philippe 40 Moran Matt 60 Mores Olivier 90 Mottard Jacques 34 Mouget Didier 20 Muller Laurent 22 Müller Sandra 60
N
Nesser Claude Nickels Patrick Nicolai Jean-Paul Nieles Danièle Nonnenmacher Nicolas Nygaard Brian Nypels Ed
54 60 20 62 60 48 60
O
O’Donnell Keith O’Reilly Yvonne
P
Pauly François Penning John Perrot Guy Petry Alain Picard Irving Pierre-Beausse Cyril Pintadu Maxime Pirsch Ernest Prijot Henri Probst Laurent
R
Reimen Frank Reinertz Fred Roberts Duncan Rockenbrod Victor Rogiers Dieter Rychlik Michael
S
56 40
64 22 60 64 50 24 68 59 14 40
T
Thierry Renaudin Thines Netty Thiry François Thisdell Dan Thomas Louis Tilmans Dominique Tixier Valérie Tonhofer Frédéric Troes Steve Tscheu Armin
U
Ulcun Ender
V 46, 47 50 48 60 34 88
Saint-Antoine Isabelle 64 Saluzzi Marc 16, 70 Santer Jacques 36 Sarkozy Nicolas 98 Schadeck Raymond 40 Schäferkordt Anke 65 Scharfe Robert 48 Scharff Christian 63 Schettgen Claude 17 Schiltz Mathias 65 Schleck Andy 48 Schleck Fränk 48 Schlesser Philippe 40 Schmit Nicolas 24, 30 Schneider Dan 22 Schneider Étienne 18, 20, 46, 60, 68, 93 Schols Patrick 66 Schoos Thomas 68 Schrieberg David 40 Schroeder Josiane 82 Schulz Martin 90 Sigurdardottir Begga 86 Simhon Shalom 14 Solvi Marc 18 Sowa André 24 Steele Brett 55 Steinegger David 60 Stiévenart Paul 50 Stone John 60 Sulkowski Alex 22
Van de Velde Bart Van den Heuvel Miranda Van Wambeke Pierre Volcker Paul
72 64 40 47 20 56 86 88 68 60
34
60 40 14 16
W
Waltzing Claude 34 Weber Alain 60 Wekstein Isabelle 50 Werner Pierre 38 Wigley Mark 55 Wildgen Albert 47, 48 Wiseler Claude 34, 46, 47 Wolter Jacques 26 Wright Ian 36
Z
Zeiler Gerhard
65
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103
Index entreprises 301 entreprises et organisations ont été citées sur les 108 pages de ce cahier « Économie & Finance ».
A
Adem 30, 46 Administration de la Navigation aérienne 34 Advent Venture Partners 17 Agora 60 Air Berlin 47 Alcatel-Lucent 68 Alfi 16, 70 Allen & Overy 24 Alter Domus 73 Ambassade des Etats-Unis 20 Anton Schlecker 60 Arbeidsagentur 30 ArcelorMittal 17, 60, 63, 64, 72 Archevêché de Luxembourg 65 Archiduc 55 Architectural Association School of Architecture, Londres 55 Arnold Kontz 16 Artemide 88 Association luxembourgeoise des médiateurs agréés 26 Aston Martin 16 Athénée de Luxembourg 61 Atoz 56, 61 Audi 59 Autorité bancaire européenne 84 Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles 84 Autorité européenne des marchés financiers 84 Axa 63
B
Banque de Luxembourg 37 Banque Degroof Luxembourg 61 Banque LBLux 60 Banque Raiffeisen 74 BCE 16 BCEE 24, 46, 48, 71 BCL 16, 24, 30, 36 BGL BNP Paribas 107, 48 Bics, Madrid 60 BIL 46, 63, 64 Binsfeld 54, 61 BIP Investment Partners 61 Bloomberg 36 BMW 25 Bofferding 71 Bourse de Luxembourg 48 Brasserie Nationale 71 Bulgari 21 Business Initiative 67, 105 BV Real Estate 60 By Lentz 64
c
Caceis 64, 69 Cactus 74 CapitalatWork Foyer Group 77 CargoItalia 47 Cargolux 24, 46, 47, 48
Caritas 63 CBRE 68 Centre d’analyse stratégique 20 Centre de Médiation asbl 26 Centre de Médiation du Barreau de Luxembourg 26 CEPS/Instead 30, 62,74 CERVM 84 CES 30, 93 CGFP 65 Chambre de Commerce 18, 20, 65, 68 Chambre des députés 42, 46 Chambre des notaires 42 Chemolux 72 Circuit Foil Luxembourg 64 Citi Luxembourg 64 City Mag 69 CLC 24, 64 CLdN 74 Clearstream 60 Clerc 50 CNFL 64 Columbia School of Architecture, New York 55 Comité de conjoncture 46 Comité économique et financier 36 Comité européen du risque systémique 84 Commissariat aux Assurances 36, 69 Commission européenne 36, 60, 70 Cour de Justice de l’Union européenne 42, 48 Cour des Comptes 20, 48 Cour des Comptes française 72 Createam 74 CRI 61 Croix-Rouge 63 Cropmark 54 CSSF 36, 48, 50, 64, 70, 84 CVCE 61
D
DB Schenker 47 Déi Gréng 26, 36 Delano 48 Deloitte 14, 46, 49 Deminor 50 Département ministériel des Sports 16 Deutsche Börse 60 Dexia Banque Belgique 66 Dexia Insurance Belgium 66 Dexia Life & Pensions 66 DG Developpement économique, industrie et entreprise 60 Direction de l’Aviation civile 34 DM Services 60
E Ecolo Economist Club Ecowash Ecres
71 90 34 17
Edisys 36 Efama 70 Elix 50 Entreprise des P&T 38, 68 Ernst & Young 46, 60 Esma 70 Etat luxembourgeois 16, 36, 48, 65, 74 Etihad Airways 47 Etika 71 Eures 30 Eurofins Scientific 34 Eurogroupe 16, 61, 98 Euromoney 68 European Strategic Investments 61 Euroscript 36
F
Fairtrade Lëtzebuerg 56 Family 36 Fedil 18, 20 Fegarlux 59 FEI 17 Ferrari 46 Fidomes 50 Financial Services Authority 36 Finesti 87 Flight International 47 FMI 47 Fonds européen de Stabilité financière 36 Fonds national de la Recherche 18 Fonds pour l’Emploi 24 Fonds social européen 24 Forem 30 Foscarini 88 Francorchamps Motors Luxembourg 46 Frères des Hommes 71
G
Gouvernement luxembourgeois 16, 26, 46, 60 Groupe Bailly 64
H
Haut comité de la place financière Hëllef Doheem Henkel HSBC
I
IGSS ILS IMS Luxembourg Infiniti Europe ING Luxembourg Interact Interlycées asbl ITyX IWI International Wealth Insurer
46, 49 63 72 50
30 72 63 64 50 36 61 36 43, 66
J
Jade Cargo JCDecaux JCI Jones Lang LaSalle
47 88 41 36
K
KBL 46 KBL European Private Bankers 60 Key Inn Apart-Hotels 68 KeyDrive 61 Kneip 63 KPMG 20, 68
L
Lancia 33 LCGB 16, 34, 47, 64, 72 LCTO 61 Legitech 68 Lehmann Brothers 86 Leopard Trek 48 Librairie Ernster 64 Linklaters LLP Luxembourg 82 Lombard International Assurances 60 Lorry-Rails 72 Louis Vuitton 15 Lux Décor Peinture 64 Lux Investment Group 16 Luxair 6, 48 Luxalpha 50 Luxcars4you 69 Luxembourg School of Finance 67 Luxemburger Wort (ital) 65 Luxempart 74 Luxexpo 16 LuxGSM 38, 108 Luxinnovation 22, 46 LuxReal 60
M
Mad About Soul 54 Maison Moderne 8, 10, 40, 48, 55, 56, 63, 64, 68, 69 Maison Moderne Studio 68 Marco Rollinger 71 Marx Bar 48 Mc Bride 72 Mega-Upload 48 Metaform 68 Michel Greco 35 Minale Design Strategy 54 Mini 23 Ministère de la Justice 26, 42 Ministère de l’Economie et du Commerce extérieur 17, 18, 20, 60 Ministère de l’Education nationale 46 Ministère de l’Egalité des Chances 74 Ministère du Travail et de l’Emploi 30 MMM 69 MNKS 63 Mobistar 65 Moniker 61
Morgan Stanley Morningstar Moskito Productions Mpulse MR Munhowen
N
Nations unies Nico Noctron NYSE Euronext
50 48 74 64 56 71
90 69 88 60
O
OAI 56 Observatoire de la Compétitivité 20 Observatoire interrégional de l’Emploi de la Grande Région 30 OGBL 24, 47, 62, 64 OPF 86 OPF Partners 60 Optimise 20 Orange 2, 3 Orange Luxembourg 65, 71 Otan 48, 69 Oversee.net 61
P
paperjam 64, 69 paperjam.lu 24 paperjam.TV 69 Parlement européen 71, 90 Parti écolo wallon 71 Paul Wagner 51 Paul Wurth 18, 20 Peter & Clark 81 Peugeot 29, 46 Plan K 54 Pole Emploi 30 Prandina 88 Print Solutions 54 Private Insurer 50 Propoze 71 Protinvest 50 PwC 18, 20, 63, 86, 89
Q
Qatar Airways
R
S
Sainte Élisabeth 63 Saint-Paul Luxembourg 65 Schlecker 16, 34, 60, 61 Secolux Management 50 Seezam 14 SES 72 Setrinx 88 SGBT 46, 68 SnapNames 61 SNCB 56 SNCI 17 Social Lab 54 Société européenne de Banque 46 Sources Rosport 65 Standard & Poor’s 24, 86, 98 Statec 30 Sting 22 Strategy Unlimited 88 Swedbank 64 Swiss Re 17 Sword Technologies 34 Systemat 22
T
Taxand 56 Team 31 64 Tech It 97 TED 40 TEDx 40 Telecom Luxembourg 45, 46 Tétris Design & Build 36 TNS Ilres Statec 48 Tommy Hilfiger 68 Transfair-Minka Luxembourg 56 Tribe Global 36 Tribunal de Commerce 16
U
UBS 50 Union européenne 34, 98, 70 Université du Luxembourg 30, 55 Utopia 74, 105 Utopia Management 74
V 24, 47, 48
Radio 100.7 Raval RBC Dexia Investor Services Bank Réseau d’étude sur le marché du travail et de l’emploi (Retel) RICS BeLux Rockenbrod Agence Immobilière RTL Group RTL Lëtzebuerg RTL Media Awards RTL Radio
16 14 60, 62
30 60 60 65 65 74 16, 34
Ville de Luxembourg 48, 64, 68, 69 Vodafone 56 Volksfreund 69 Volkswagen 59
W
Wamar International Wan Wirtschaftswoche Wolter Avocats
Y
Yellow.lu
24 50 50 26
74
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Tableau de bord Retrouvez chaque mois quelques indicateurs clés, témoins de la santé de l’économie luxembourgeoise.
Population
3
2,7%
76 ,4 3 %
2
2% 2010
0
2011
56,8
511.800 157.800
Population résidente Frontaliers entrants
Nombre de Luxembourgeois Nombre d'étrangers
669.600
Population « jours ouvrables »
290.500 221.300
511.800
Population totale
Emploi et inflation
6 2, 30 %
26,40%
Nombre s de salbaoruiérgeois lu x e m
Nombre de salariés non luxembourgeois Nombre de salariés luxembourgeois Emploi intérieur total
236.453 100.104
380.260
Place financière
7
mbre de 0% Noluxembourgeois
43,20%
23,57%
2012
salariés Nombreuxdeembourgeois non-l
Nombrers d'étrange
Frontaliersts entran
1,4%
1
Populatione résident
Source : Statec, novembre 2011
Produit intérieur brut
4,0
3,5
20.000
4.000
18.000
3.900
16.000
3.800
50.000
2.300
48.000
14.000 2,5
10.000
3.500
Taux d'inflation Taux de chômage Nombre de demandes d'emploi non satisfaites
76
Nouvelles immatriculations de voitures particulières et voitures à usage mixte
2.503
49.726
2.642
49.881
Janvier 2011
Total 1er janvier-10 février 2011
Décembre 2010
Janvier 2012
Total 1er janvier-10 février 2012
Décembre 2011
93
106
Production industrielle par jour ouvrable (Base 100 en 2005)
95,3
94,4
40.000
2.000
Actifs nets des OPC luxembourgeois (en milliards d'euros) Nombre d'OPC luxembourgeois Emploi dans les établissements financiers (banques, PSF, sociétés de gestion)
Nombre de faillites (tribunal d'arrondissement de Luxembourg)
63
42.000
Se pt em b O re 2 ct ob 010 No r ve e 20 m 1 Dé bre 0 ce 20 m br 10 e 2 Ja nv 010 ier Fé 20 1 vr ier 1 2 M 01 1 ar s 20 Av 11 ril 20 M 11 ai 20 Ju 11 in Ju 201 1 ille t2 0 Se Aoû 11 t pt em 20 br 11 O e2 ct o 01 No bre 1 ve 20 m 1 Dé bre 1 ce 20 m br 11 e 20 11
2,0
44.000
2.100
3.600
O ct o No bre 20 ve m 10 Dé bre 20 ce m 10 br e 20 Ja 1 nv ier 0 Fé 201 vr ier 1 2 M 011 ar s 20 Av 11 ril 20 M 11 ai 20 Ju 11 in 20 Ju 11 ille t2 01 Ao 1 Se ût pt em 201 1 br e O 20 ct 1 o 1 No bre 20 ve m 11 Dé bre 20 ce m 11 br e 20 11
5
12.000
3.700
Production par jour ouvrable dans la construction (Base 100 en 2005)
123,7
116,1
Autorisations de bâtir (nombre de logements)
385
350
278
Total 2010
Juillet 2010
Août 2010
Septembre 2010
Total 2011
Juillet 2011
Août 2011
Septembre 2011
631
Balance des paiements des services (en millions d'euros)
16.399
242
561
Balance des paiements des biens (en millions d'euros)
-3.038
Octobre 2010
Novembre 2010
Octobre 2010
Novembre 2010
Janvier-septembre 2010
Janvier-septembre 2010
Octobre 2011
Novembre 2011
Octobre 2011
Novembre 2011
Janvier-septembre 2011
Janvier-septembre 2011
90,3
83,8
Source : CSSF, janvier 2012
3,0
46.000
116,2
112,5
17.136
-3.487
Source : Bareau du Luxembourg, Statec
6
Source : Statec, janvier 2012
2.200
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Courrier BP728 L-2017 Luxembourg Bureaux 10 rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie ISSN 1992-4275 Web www.maisonmoderne.lu
Paru le 23 février 2012
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