2012 • Rapport de Stage ST3

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ST3 • ENSAG • ÉTÉ 2012 MIKI P. NECTOUX

ÊTRE ARCHITECTE à Malte


«Être architecte à Malte» rapport de stage ST3 par Miki P. Nectoux Stage conventionné du 1er juillet au 31 août 2012. Convention signée via l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (ENSAG) Directrice de stage : Magali Paris, ingénieure paysagiste, enseignante-chercheur (ENSAG/CRESSON) Responsable administratif : Martine Halotier Responsable dans l’organisme d’accueil : Lino Bianco, architecte et gérant (Lino Bianco & Associates) Bourses : EXPLORA’SUP région Rhone-Alpes.


PLAN

introduction présentation du cadre de réflexion de Malte, état insulaire et particulier présentations de l’équipe, de l’ambiance, de la méthodologie de travail, et des moyens généraux éléments structurants de l’architecture contemporaine populaire pour comprendre les éléments d’architecture propres à l’île suivre et développer des concours ce stage a été avant tout le lieu de ma participation pour la première fois à un concours suivre des chantier pour lier la conception et le dessin à la réalisation et à l’usage des espaces conçus conclusion être architecte ou ne pas être architecte à Malte?


INTRODUCTION

Malte ne m’est pas un pays inconnu, j’y suis venu à plusieurs reprises, la dernière fois il y a huit ans, mais je ne parle pas la langue. Ce dernier détail me laisse avec le statut de simple étranger français, ni plus ni moins un touriste. Malgré cet inconvénient je n’ai aucune barrière linguistique puisque mon anglais est le même que celui parlé ici, pour cause j’ai appris l’anglais sur l’île. L’enjeu principal de ce stage était de retourner sur l’île pour y vivre et y travailler tout en découvrant les limites d’être un architecte à Malte. Après trois ans de candidature, une demande de stage a finalement été acceptée par une agence, celle de Lino Bianco. Le bonheur de s’éveiller et se rendre au travail avec la vue sur les fortifications de La Valette, ça n’a pas de prix. Tout a changé ici. En dix ans, l’euro a pris sa place, le divorce a été autorisé, l’immigration a été multipliée par deux, et plus récemment les ancestraux bus jaunes et oranges ont disparus au profit de bus bleus, privés, plus larges, trop larges, si larges qu’ils ne


fig. 1

fig. 2

parviennent plus a s’engouffrer dans la multitude de rues étroites et cabossées. Nous sommes à la veille des élections nationales. Quand on dit à des touristes que l’on travaille comme architecte ici, ils restent perplexes. En effet, la qualité architecturale moderne et contemporaine n’est ni typique ni esthétiquement attrayante, en revanche le travail d’édification dû aux multiples conquêtes de l’île (notamment par les chevaliers de St Jean, et plus récemment par les britanniques) a su créer une esthétique emblématique pour l’île (on pense aux ville de La Valette et de Mdina). Alors comment concevoir et revendiquer une architecture maltaise et non pas colonialiste ? méditerranéenne ? Et responsable ? fig. 1 • L’Alhambra, œuvre de Emmanuel Luigi Galizia (1830-1906) dites « maisons mauresques », rare exemple d’une architecture maltaise, profitant d’une absence totale de mise en valeur. fig. 2 • The City Gate Project (porte de Valletta), œuvre de Renzo Piano, un projet qui n’est pas dans le cœur des maltais. « Un gaspillage d’argent » comme je l’entends souvent. Plus que tout il s’agit d’une commande publique associée à un grand nom.


GOZO ISLAND

COMINO ISLAND

MALTA 0

5

10 km

urbanisation


Généralités sur l’archipel maltais : Puisque l’économie est biorientée sur le tourisme et les banques, on présente rarement Malte comme telle, mais c’est l’île la plus densément peuplée au Monde. Avec le plus grand nombre de voiture par habitant au monde d’ailleurs. Cette densité rend difficilement praticables les 25 kilomètres de longueur de l’île principale. Selon l’endroit et le moment de la journée, on peut souvent compter 30 à 60 minutes pour faire 10 kilomètres. Il existe bien des transports en commun mais la réforme du bus (datant de 2011) est un raté complet, tant au niveau de la qualité du service que des prix.

SAN GILJAN logement VALLETTA capitale HAMRUN studio

LUQA aéroport

décharge nationale


PRESENTATIONS

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Lino Bianco 1 Son nom est respecté sur l’île. Il est lié à l’enseignement, à la qualité architecturale mais aussi à une orientation politique socialiste. Son parcours est principalement lié à l’université par la diversité de ses formations (Licence en philosophie et sciences humaines – à Malte, puis un Master en géologie industrielle et architecture – à Londres, et pour finir un doctorat en architecture et politiques – à Sofia). Depuis 1994 et jusqu’à cette année il a enseigné le projet architectural à l’université d’architecture de Malte. Désormais il se consacre uniquement à l’enseignement de la théorie. Cette année Lino a été nommé professeur à l’IAA (International Academy of Architecture, basée à Sofia, Bulgarie), il est la plus jeune tête de l’académie. William Bondin, dit William il-perit (soit «l’architecte») 2 Il vient d’obtenir sa licence d’architecte (équivalent de la HMONP) après avoir travaillé plus de deux ans au sein de LinoBianco&Associates. A la fin de mon stage il quittera le studio pour former une expérience professionnelle à Londres. fig. 3 • visuel réalisé par Giorgio et moimême à la demande de Lino pour célébrer l’optention de la licence de William il-perit.

Lino, plutôt terrifié face à la désastreuse suppression de la toiture 1


fig. 3

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Luana Vella 3 Trois ans d’ancienneté. Unique employée à long terme. Elle est dessinatrice. Elle opère tout type de dessin sur AutoCAD, également elle fait souvent les relevés. Elle assiste les architectes dans leurs réflexions sans pour autant proposer ses idées. Sa personnalité timide cache un véritable sens de l’esthétique contemporaine qui malheureusement finit trop rarement dans les projets. Giorgio Poglioni 4 Architecte italien, diplômé de la Sapienza de Rome. Il est en stage chez Lino Bianco pour une durée de 5 mois qu’il compte prolonger. Il désire ainsi se forger une expérience solide du travail en agence. Il est un élément très important pour toute la période de cet été. En effet, nous travaillons sur six concours italiens, il les a sélectionnés puis traduis. William Moran, dit William le petit, par distinction 5 Stagiaire maltais en deuxième année d’architecture. Lino l’use comme un homme à tout faire : plusieurs fois dans la journée il lui demande de poster le courrier, ou d’aller chercher des clients à l’aéroport. Il est un étudiant de Lino et est le seul stagiaire qui ai réussi à négocier un dédommagement financier.


Sun Lei, dite Naomi Dodo 6 Ingénieure chinoise titulaire d’un diplôme suédois et spécialisée en écologie. Après multiples discutions avec elle je crois que nous ne partageons pas vraiment le même sens de l’écologie (anecdotiquement : elle se balade en permanence avec une bombe anti-insectes, elle consomme rarement hors de Mc Donalds, elle ne voit pas d’autres solutions architecturales imaginables à la chaleur maltaise sinon la clim, qu’elle adore). Elle vient de signer un contrat de travail à l’agence, dans l’optique d’une aide pour les consultances et audits institutionnels, une action majeure de l’agence. Snowy the cat, 7 Chatte angora blanche présente dans l’agence depuis toujours. Lino la considère comme un élément fondamental de l’agence1. Il arrive que des stages soient refusés pour des raisons d’allergie aux chats : il y a alors incompatibilité de travail. En effet, elle est un des membres à part entière du studio. Nous passons d’ailleurs beaucoup de temps à observer où Snowy dormira l’après-midi pour étudier l’endroit choisi pour ses qualités thermiques. L’on m’explique également que les frais vétérinaires sont considérés comme des frais d’agence, à juste titre, le chat a sa photo sur le site web1.

fig. 4

Alessandra, Fille de Lino, qui vit en moyenne deux jours par semaine à l’agence. Elle a douze ans, elle passe le plus clair de son temps à jouer à des jeux en ligne avec les effets sonores à pleine puissance.


A Malte les agences d’architectures sont peu nombreuses, 18 en tout, et plutôt petites en taille (malgré 755 licenciés d’architecte, et 380 en réel pratique2 ). Le ratio est d’un architecte pour 1 0263 personnes, un ratio parmi les plus hauts d’Europe (notons aussi le ratio d’une agence pour 25 149 personnes, ce qui révèle que le fonctionnement en agence n’est pas le plus rependu4). 1 • A lire : http://linobianco.wordpress.com/about/snowy-bianco/ 2 • source : «Waranted Periti as on 3rd May 2012m.pdf» Lista Ta’Periti Bil-Warrant publiée par Kamra tal-periti (Chambre des architectes). On peut considérer ces chiffres comme une équivalence française du nombre (755) d’architectes diplomés d’état face au nombre (380) d’architectes habilités HMONP : soit pas de signature de plan possible pour les diplomés d’état, ce qui, à Malte revient à ne pas avoir le titre d’architecte du tout. 3 • source : « Les-architectes-dans-le-monde.pdf » consulté le 29/08/2012 sur http://syndicat-architectes-var.org/ 4 • A Malte, n’importe quel projet touchant à la structure d’un édifice demande la signature d’un architecte. fig. 4 • Imagerie du projet voisin de l’agence, issue du site web de l’agence : www.lino-bianco.com


LIEU DE TRAVAIL

Lino Bianco considère que l’espace de travail est un lieu important : il doit être un lieu d’humanisme, de respect historique, social, et climatique de l’île (assez ironiquement d’ailleurs – voir annotation 5). Mais le réel esprit de l’agence c’est son humanisme. Clients comme employés sont accueillis par Lino d’égal à égal. L’écoute de sa part est totale. Le travail est avant tout celui d’une équipe. Lino insiste afin que pour chaque projet soient inscris les noms de toutes les personnes qui ont participé à son élaboration. Bien sûr son nom est mis en avant, mais quand le travail est celui d’une équipe c’est seulement le cas pour des raisons de responsabilité. En tant que stagiaire on trouve tout à fait sa place dans l’agence, on peut être responsable d’un projet ou simplement une aide. Tout au long du stage, mon statut a évolué. D’abord j’ai été mis responsable pour deux concours. En parallèle, j’ai été le projectionniste pour les perspectives d’un projet développé par quelqu’un d’autre, de même j’ai fait le suivis de chantier de ce projet. L’agence de Lino connaît cet été une période riche, en effet, le groupe formé par toutes les personnes de l’agence est assez fructueux et crée une très bonne ambiance. 5 • Le climat à Malte : centre parfait de la Méditerranée, à la jonction de la partie orientale et occidentale de la mer, l’île connaît des records de température atteignant les 45°C mais sans jamais descendre en dessous de 1°C. Fait étonnant face à ces données, il s’agit du seul pays méditerranéen où tous les étrangers sont enrhumés au bout de la première semaine. La cause : un usage intensif de la climatisation à toutes les sauces. Les chocs thermiques sont multipliés dans la journée par des passages répétés par des corridors de chaleur pour se rendre d’un point froid à un autre (points froids : bus, restaurants et magasins, boites de nuit, bureaux, etc. ; corridors chauds : la rue, les plages, les appartements, les trajets en voiture sans AC). Pour illustration, de nos jours à Malte, une voiture sans le bouton AC est considérée comme sans valeur. Tristement, tout ce qui concerne la température est réglé par un climatiseur. Ici, pas de réflexion sur la passivité, sur les systèmes de peau ou d’ouvertures nocturnes et de thermosiphon, ou plus simplement sur l’isolation. La priorité c’est l’économie immédiate, pas celle du long-terme. Au bout d’un mois dans l’agence mon état de santé est inquiétant. La clim est réglée sur 18°C pour 40°C extérieur. Même en proposant d’essayer un espace de travail sans clim pendant une semaine, le résultat a été sans appel : ils ne peuvent pas faire sans. J’ai donc changé d’espace de travail et migré au rez-de-chaussé, seul et coupé du reste de l’équipe par deux étages. Désormais nous avons à communiquer via Skype et la fonction de réceptionniste s’est incarné à moi par défaut. Ce qui a présenté l’avantage de rencontrer clients et entreprises.


PRÉSENTATION DES MOYENS TECHNIQUES

4 postes fixes PC + 1 poste mobile PC pour Lino + associé aux 3 postes mobiles propriétés des stagiaires (2 PC et un MAC), soient 8 ordinateurs. 2 imprimantes Jet d’Encre, respectivement A4 et A3 1 photocopieur A3 1 serveur interne 1 connexion générale à internet Point positif, à défaut d’investir dans la technologie, l’agence conserve des connexions Ethernet, une sécurité santé si l’on considère l’ignorance des réels effets sur la santé de la WI-FI et autres communications sans fil. Deux points assez négatifs, l’absence de traceur, surtout dans des phases de compétition, nous rendent dépendants d’un collage/ montage de formats A3 pour la composition des planches. Mais aussi, en général au 20 du mois, nous dépassons notre limite de téléchargement de donnée, ce qui nous rend inaptes à faire des recherches pendant parfois plus d’une semaine.


COMPOSANTES DE L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE POPULAIRE

fig. 5

Qu’est-ce qui fait l’architecture d’aujourd’hui à Malte?

Il ne s’agit en aucun cas d’un manifeste écrit par les maltais mais plutôt de la réalité observée dans la ville, et les nombreux lieux de vie parcourus.

Le bloc calcaire, il peut être de plusieurs épaisseurs, mais il compose la façade maltaise (il se dit d’une façade lambda qu’elle fait 12 blocs de haut par exemple). Brut, il donne sa couleur à la ville. le bow-window (fig.6), élément central et emblématique de la façade du logement maltais. Traditionnellement, il n’existe qu’une seule typologie à Malte : une maisonnette mitoyenne, à un étage, étage orné de ce bow-window. La MEPA6, très conservatrice, demande la reproduction de cet élément dans la plupart des cas de maisonnette en agglomération. la poutre IPN (fig. 5), la plupart du temps apparente et peinte. Elle répond en terme de construction à l’absence totale de bois sur l’île tout en étant bon marché et de bonne association aux lourdes portées dues à l’usage de la pierre. Lino en a fait sa signature architecturale : apparente et peinte en rouge pompier. La couleur choisie est selon moi un choix inconscient due à l’esprit socialiste qui anime Lino. la fenêtre ouvrant sur l’extérieur. Vue depuis l’Europe de l’Ouest c’est une fenêtre « à l’envers ». Bien qu’anecdotique et inexplicable sinon pour des raisons de gain d’espace, c’est une règle commune, une normalité. Thermiquement et en terme d’étanchéité c’est une aberration, mais il s’agit sûrement d’un élément pensé d’une manière insulaire et détachée de ce qui se fait en Europe. Il faut reconnaître ici un savoir faire maltais car unique, c’est un des rares éléments d’architecture non importé. la toiture plate et la « washroom ». L’unique usage de la terrasse et celle d’étendre la lessive, et d’y mettre en hauteur les tanks d’eau (pour créer de la pression par gravité).


fig. 6

6 • MEPA (Malta Environment & Planning Authority), est un outil de contrôle et de délivrance des permis de construire, mais aussi de l’aménagement du territoire plus généralement. Sorte de concentration assez puissante et organisée des institutions de l’aménagement, qui communique par une mise en ligne automatique de toute les informations/délivrances, visibles par tous. Mais la MEPA reste très lente dans ses délivrances de travaux. Par exemple, un extension d’un étage peut prendre entre 5 à 7 mois, alors que compléter un étage (sans augmentation de la hauteur) serait plus de l’ordre de 3 à 4 semaines. Mais si le projet est mitoyen d’un autre projet d’aménagement public (parc, promenade, trottoir ou route) la demande peut être renouvelée pendant plusieurs années. Les délais étendues par des refus répétés (perte d’argent aussi) poussent les architectes à faire « ce que la MEPA acceptera » c’est à dire, des façades répliques et un design non-révolutionnaire.


L’université maltaise ne propose aucune réflexion sur la passivité en architecture, sur les systèmes de peau ou d’ouvertures nocturnes et thermosiphon. Cela a un effet immédiat dans la qualité architecturale. La priorité c’est l’économie immédiate, pas celle du long-terme. Je vois dans cette ignorance l’appauvrissement de la qualité méditerranéenne de l’architecture maltaise. On prendra pour exemple l’absence totale d’isolation, et de finitions intérieures poussées qui ont pour effet : • la multiplication des blocs clim sur les toit et façades (pour refroidir les espaces intérieurs) • la prolifération des câbles et des conduites d’eau qui courent et se chevauchent le long des façades (pour profiter d’un espace intérieur épuré) • qui ont eux même pour effet le massacre de la pierre calcaire en façade (fig. 7) et/ou à l’intérieur (par la multiplication de saignées et de percements dans le calcaire, toujours pour le passage de l’électricité et l’eau).7 fig. 7

J’ai même cru comprendre que la volonté de l’architecte maltais en général était d’organiser la composition des câbles et des conduites sur la façade plutôt que de trouver, d’inventer une façon de les faire passer dans une colonne sèche ou tout autre dispositif éliminant le tout de la façade. Non pas qu’ils apprécient la présence de câbles, mais parce qu’il n’existe selon-eux pas d’autre moyen de traiter le problème. Chaque discussions ici est clôturée par « c’est culturel ». Cette phrase est bien souvent prise comme excuse pour ne pas faire autrement, pour ne pas expérimenter, et pour ne surtout pas entrer dans un processus de recherche technique ou esthétique.


7 • Le calcaire est la rare matière première issue de Malte, mais il est considéré comme une matière sans valeur, en deçà du bloc béton. Un grand nombre de carrière sont en activité et Malte exporte même sa pierre. Il s’agit de globigérine, une pierre couleur de miel, facile à tailler et très agréable par la douceur de sa tonalité. Mais les faits sont là, j’entends souvent des architectes et des entreprises « le calcaire n’est beau que lorsqu’il est sculpté », ce qui de nos jours est peu rependu.


MENER UN CONCOURS

fig. 8

Assez ironiquement toutes les concours sur lesquelles nous travaillons ne sont pas à Malte mais en Italie. En l’absence de commande et de compétition sur l’île, l’agence se crée du travail. Giorgio a sélectionné six compétitions en tout. Au bout d’un mois et demi nous en aurons laissé de côté au moins deux, dans un cas par manque d’informations, dans l’autre pas manque de connaissances techniques dans la conservation de vestiges archéologiques. Lino a désigné un responsable pour chaque compétition, par goût, par facilités et par expérience. La phase d’analyse est donc menée par ce responsable mais en aucun la compétition devient celle du responsable, il s’agit bien d’un travail d’équipe. Lors de la phase finale toute l’équipe se rassemble autour de la finalisation des éléments de rendu. On peut observer alors plusieurs tâches naturellement attitrées dans les phases finales. Lino : écriture de la stratégie (en anglais) / formalités administratives Giorgio : mise en page des planches / traductions des textes / uniformisation graphiques des plans Moi-même : 3D / perspectives et leurs retouches / schématique des intentions de projet William le petit : 2D / production des éléments de plan manquant (zooms, coupes) Luana et William il-perit : mise en commun des éléments / mise en page et impression Snowy the cat : ruiner les impressions finales en se couchant dessus / rendre nerveux et/ou calmer les membres de l’équipe fig. 8 • Discution hebdomadaire sur toutes les compétitons (1er mois) fig. 9 • Livraison des impressions rigides pour la compétition d’Agazzano.


fig. 9

Cogne Agazzano Bologna

Rapino

1) Concours à Cogne, responsable Giorgio et Sun Projet d’idée principalement. Il s’agit avant tout de stratégie de développement plus que de véritablement d’architecture. Ce projet a mobilisé beaucoup de temps d’analyse et Lino s’est même rendu sur les lieux. Pour autant le projet n’a pas pris de tournant décisif à ce jour. Malta

2) Concours à Rapino, responsable William le petit Deuxième compétition en passe d’être clôturée. Il s’agit du réaménagement d’une place historique au cœur d’un village de 1,500 habitants. Nous devons répondre à un problème survenant face à l’urbanisation : une masse hydraulique trop importante par temps pluvieux. La demande est peu précise et non chiffrée (pluviométrie) ce qui nous laisse avec des hypothèses de projet peu stables. Néanmoins nous proposons une place duale, une partie minérale (circulation), une autre, végétale (parc) afin de créer une zone d’infiltration de l’eau. L’utilisation de la céramique dans le projet est un élément important car il fait déjà la notoriété du village depuis plus d’un siècle. Par soucis d’économie nous l’utilisons seulement pour couronner les murets structurants la nouvelle place.


3) Concours à Bologna, responsable William il-perit Design de kiosques pour un marché hivernal dans un contexte historique très fort. Malgré les énormes contraintes nous sommes parvenus à faire émerger une architecture en contraste avec l’église et son contexte. Nous avons poussé le projet vers des pistes économiques et pratiques (facile à monter/démonter – fig. 10) pour obtenir un objet original. Le réel travail a été d’une semaine à trois architectes.

mercatino natalizio

fordable insulated tarp skin top structural rank shelves structural rank #3

3

shelf

structural rank #2

structural pillars

2

1m

exposition desks

plywood slabs

floor structure rank

feet structure once the structure taken down and the pillows folded, one unit fit in a Fiat Ducato

1,5m


HEATING Radial Heaters Transparent....a

1,5m

6mneed : 108 mq

1,5m

1x1,5 m = 11€ total per unit = 814 €

1m : 34 pillows need of 0,150 mc filling 1 pillow = 5€

WATERPROFFING Tarpaulin Reuse of trucking traps as water-proofing system. Two layers of tarp are forming a stiched pillow structure for the insulation.

total per unit = 170 €

need : 2 heatings 96 x 12 x 12 (cm) 1 device = 237€

INSULATION Extended Polystyrene A concentration of thousand of extended polystyrene marbles is creating a lightweight but strong insulation. (italian product produced by Imbalagi 2000 Packaging Solution as 15€/320 L. = )

total per unit = 474 € FURNITURE (Desks) ...

need : 2 heatings 96 x 12 x 12 (cm) = 237€ total per unit = 474 € STRUCTURE (SKELETON) all prices include the craftmanship of the steel

need : 18 bars of 60 x 60 mm 3,19 € /m (craft)

need : 36 bars of 30 x 30 mm 2,60 € /m (craft)

57,42 €

93,60 €

+

= 151 €

STRUCTURE (FLOOR) 30mm plywood slabs The walkable slab is detached from the floor to blabla... need : 9 mq 14 €/mq (30mm) 1 total per unit = 126 €

1

foot details in order to save the quality of the historical tiling, the foot is associated with a rubber strip.

TOTAL 40 units are a total price of 72 200 € without including the carpets.

3

2

structure jonctions with horizontal rods and shelves

Tarp streching sytem way to fix the the tarpaulin to the skeleton structure.

+ 151 € + 336 € + 840€ + 170 € + 474 € + 70 €

skeleton structure floor structure waterproofing for insulation for heating system furniture & shelves

1 805 €

one unit

fig. 10 • Planche 2/2 de la compétition à Bologna. Schémas de montage et démontage, détails et économie du projet.


4) Concours à Agazzano, dont je suis le responsable Nous avons clôturé ce concours assez complexe. Une municipalité italienne a organisé un concours urbain incluant cinq bâtiments abandonnés appartenant à une société de fournitures agricoles, rendant la compétition tout autant architecturale. En plus de ces deux aspects nous devions créer une stratégie de développement en trouvant une fonction pérenne et adaptée à l’économie du village (tourisme principalement). Nous avons choisi d’orienter le projet sur une économie locale et touristique), pour cela nous proposons une piscine couverte, un restaurant, un bar sportif, un centre de loisir pour enfant, un centre esthétique et enfin deux boutiques. A l’exception de la piscine toutes les fonctions sont tournées vers un patio commun, lieu de rencontre. Plus largement nous avons développé une piste cyclable dans la rue principale du village et rendu piétonnes deux zones jusqu’alors réservées à la voiture. La phase d’analyse a été énormément productive en documents sans que nous puissions les utiliser dans le projet final, car au départ nous orientions le projet sur l’agro-tourisme, un marché malheureusement saturé dans la région, nous avons donc tenté autre chose. Le traitement assez fin demandé par un tel sujet a créé beaucoup de débat au sein du studio, surtout sur les destinations et les relations nouvelles des bâtiments entre eux. Nous avons pris le temps de l’expliciter par le graphisme du projet (fig. 12).

fig. 11

fig. 11 • élévation le long de la Via Roma, révélant les façades des batiments réinvestit ainsi que la nouvelle place du cycle en ville. fig. 12 • schéma éclaté de l’intervention.


fig. 12 nettoyage éléments de maçonnerie détruits, fenêtres agrandies

restructuration/ reconstruction ajouts de maçonnerie et d'équipements (piscine ; étage supplémentaire ; rampes d'accès et terrasse en bois ; …)

schéma des circulations trois nuances de gris pour situer les niveaux. À noter la création d'un ascenseur pour le bâtiment qui possède un étage et un sous-sol jardin potager (pour le restaurant/ pour les enfants) primo piano piano terra

piano interrato orto / giardino

schéma des fonctions jeux pour enfants piscine bar sanitaires et cabines restaurant bureau centre d'esthétique 2 à 3 boutiques stockage

vision du projet proposé


SUIVI DE CHANTIER

fig. 13

J’ai eu la chance de participer à la réalisation d’un projet de réaménagement intérieur d’une école de fille, propriété des sœurs franciscaines. Les délais étant très courts j’ai pu découvrir la réalisation de ce projet tout au long du stage. La phase de conception était des plus rapides et a été à mon sens un peu bâclée. Aucun usage n’a été amélioré, l’évolution principale de l’espace est simplement esthétique. Très clairement l’espace avait besoin de rangements (à intégrer/cacher le long des murs – ou dans une nouvel espace de stockage dédié) mais aussi d’un éclairage adapté, c’était d’ailleurs la demande des sœurs. Dans notre proposition tout stockage a été bannis (au profit d’un espace épuré sans meuble), et le travail s’est concentré sur un plafond avec plusieurs modes d’éclairage possibles (complément jour / soir lumière perpendiculaire / plafond lumineux et coloré / cérémonial avec rampes contreplongeantes). Selon Lino notre proposition devait être sage, ne rien casser, ne rien ajouter, afin de ne pas brusquer les clients. A partir de la validation par le client le projet est devenu effectif. Rencontres avec tous les acteurs de la fabrication du plafond. Deux entreprises interviendront (électricien et plaquiste) avec l’aide du concierge employé par l’école (nettoyage du précédent aménagement, peinture des poutres et des murs). Mon point de vu est le suivant. Ce lieux d’exception aux grandes ouvertures et d’une belle hauteur sous plafond n’a fig. 13 • propositions nuit/jour faites au 1er août (produites par mes soins) fig. 14 • avancement des travaux au 24 août, à un mois de la rentrée scolaire.


fig. 14

pas été respecté. Le nettoyage du précédent aménagement intérieur, par arrachement des vis qui étaient fichées dans le calcaire, associé aux saignées faites dans le même calcaire, pour cacher les câbles électriques, ont fragilisé l’édifice et ont marqué un point de non-retour. Les murs quasi intacts avant notre intervention ont été lacérés et ne pourront jamais être remis à nu. Je ne comprends toujours pas l’usage d’un faux-plafond si c’est pour utiliser les murs comme support des câbles et flux.


SUIVI DE CHANTIER

Je pense que cette façon de faire (design d’apparat associé à l’intervention d’entrepreneurs voulant « aller vite ») est assez maltais dans son approche et sa réalisation. Il faut dire que l’état d’esprit de l’intervention lui-même inclus une certaine dépréciation de la pierre calcaire : cacher la pierre au profit de la lumière artificielle. Dans un autre projet dont j’ai pu suivre les travaux (en chantier depuis 7 ans) j’ai noté le non respect d’une architecture riche en détails sculptés dans le calcaire mais aussi en histoire 8, être la victime du savoir-faire maltais. Au fil des différentes interventions sur le bâtiment certains éléments de sculpture on été supprimés, abîmés mais jamais rénovés (fig. 15). Notre intervention est invisible en façade et consiste principalement en une évolution de la washroom en véritable pièce. La phase à laquelle j’ai assisté tenait plus de la destruction que de la construction : suppression de la toiture et des autres fauxplafonds. Hors le mal-traitement du calcaire, les blocs jetés deux étages plus bas ont provoqués des dégâts sur des parties qui n’était pas en travaux. Plus risqué, la totalité de la toiture détruite repose sur la dalle sans avoir été évacuée (les planchers

fig. 15

8 • La batiment en question est une double maison de ville, une œuvre de l’architecte Emmanuel L. Galizia. Il est un des rares architectes maltais à avoir su marquer le paysage maltais durant les années britaniques. Lino connait bien son travail mais ne parle jamais de le protéger. A Malte la notion de «patrimoine» n’est pas élargie à l’architecture, les traditions sociales seules sont défendues. fig. 15 • Quelques altérations : la façade repeinte et l’installation des fenêtres (à droite, la plupart des fenêtres sont posées à l’européenne, à gauche à la maltaise, faisant disparaître des éléments de détails sculptés). fig.16 • suppression de la toiture dans la dangerosité la plus totale, la totalité de la masse repose sur la dalle (déjà fragile).


maltais traditionnels étant constitués d’un montage de fines lames de calcaire, ils ont une résistance bien plus faible qu’un plancher béton). Pour ces travaux les clients ont proposé un maçon qui travaille seul. De tels travaux, selon Linon, devraient être effectués pas au moins trois hommes. Les dangers avérés sur le chantier, mais aussi pour la structure de la maisonnette, sont de la responsabilité de Lino, qui, à la fin de ces visites ne prendra aucune décision qui changeront la qualité du chantier. Que faire d’autre qu’exiger du maçon un travail plus axé sur la sécurité ? Difficile de répondre lorsque les clients ont eux même choisis le maçon (un ami sûrement). Lino a fait le sage choix de ne pas perdre le chantier.

fig. 16

C’est en observant Lino que j’ai compris qu’être architecte à Malte c’est avant tout savoir se faire respecter et faire entendre raison aux entrepreneurs avec lesquels on travaille. Le ton monte de façon journalière mais une solution est le plus souvent trouvée. Pour ces raisons, cet aspect (suivi de travaux), est la partie que Lino apprécie le moins dans son travail d’architecte.


ENSEIGNEMENT ET ARCHITECTURE

fig. 17

On peut voir dans l’enseignement la suite logique de la carrière d’architecte à Malte. J’ignore si tous les architectes sont doués pour la pédagogie, mais ceux qui savent se faire connaître finissent un jour ou l’autre par enseigner la pratique ou la théorie à l’université. C’est d’ailleurs le cas de Lino. Cette pratique a l’effet de créer des mises en réseau élèves/agences assez rapidement post-diplôme. J’ai rencontré plusieurs des étudiants que Lino suit pendant les vacances, plus particulièrement j’en ai suivi deux. Avec le premier il s’agit plus d’une association que d’un suivi. Le temps d’une invitation au restaurant Lino prend connaissance de ma passion pour le cinéma. A partir de là il veut absolument que je rencontre et m’associe avec un de ses élèves qui veut faire un film surréaliste sur La Valette. Pour précéder ce projet il nous demande un exercice de style surréaliste sur le plus beau cimetière de Malte. Un matin donc, levé à 5 heures, William Victor (fig. 17), m’attend dans sa Golf rouge devant le Prelumna Hotel. C’est un maltais particulier, petit, très fin et discret, la peau blanche et les cheveux tintés en roux. Il se considère comme un artiste. Nous arrivons à la bonne heure au cimetière, mais bien sûr au bout de cinq photos, le gardien nous arrête. Il nous faudra attendre une demie-heure pour que le directeur arrive. Nous obtenons notre bout de paperasse sans aucune valeur sinon celle de la satisfaction d’avoir appliqué la bureaucratie comme les administrations les aiment. C’est à partir de là que William m’explique qu’il choisit de ne pas montrer ses travaux, ses films, parce qu’on le prendrait pour un fou. Il pense « [qu’]aucun maltais n’est capable de rencontrer fig. 17 • William Victor Camillieri, au cimetière Addolorata (Tarxien) aussi dessiné par Galizia. fig. 18 • le site de Neville à Marasascala.


fig. 18

la culture et de la comprendre ». Pour lui, la culture et l’art sont hors de Malte. Nous retournerons au cimetière trois fois en tout, et produirons deux clips chacun, sans pour autant séduire Lino. Pris dans les compétitions, ce projet sera oublié par Lino, et n’aura jamais de suite. Plus tard, Lino me présente Neville pour que nous puissions discuter des aspects durables (principalement sur les points écologiques, et énergétiques) de son projet de fin de diplôme, puisque je suis considéré ici comme le plus avancé sur la question. Depuis je le suis toutes les deux semaines à coup de crayonnage et d’études de cas. Neville veut développer un projet d’hôtel cinq étoiles sur un site en relation direct à la mer (à Marsascala). Le site est un ancien hôtel très massif, posé sur les rochers à cinq mètres de l’eau et sans grande relation avec une tour historique voisine (fig.18). A partir de sa demande de tout-soutenable (qu’il croyait uniquement basé sur une nouvelle technologie) j’ai tenté de l’orienter vers des analyses de transport, d’usages et de découverte de documents tels que les zones intérêts écologiques sur la côte (disponibles auprès de la MEPA). Le message que j’ai tenté de faire passer était que construire durable c’était avant tout une stratégie territoriale, sociale et environnementale (puis plus architecturalement des stratégies de saison, la stratégie du froid à Malte étant l’enjeu majeur vu le climat) avant de pouvoir être une technologie applicable. Malgré ça, aucune analyse n’a été produite à la suite de nos échanges. Ce qui semble l’intéresser tourne plutôt autours des lignes directrices de son bâtiment et de la façade, et les enjeux écologiques se règlent selon lui « dans le détail du design ». Par curiosité je suis allé visiter son site (fig.18) et je me suis rendu compte de la masse de l’hôtel en ruine qu’il voulait détruire puis reconstruire. La solution évidente dans le cas d’un traitement « soutenable » aurait été de considérer la réhabilitation partielle


d’un tel édifice. Non, il n’en sera pas question. Il est bien question de faire ce que les maltais savent faire de mieux, construire haut, beaucoup plus haut que leurs églises adorées, tout en bafouant ou contournant plusieurs lois de réglementation des hauteurs entre autres. L’inspiration principale semble être celle de l’argent et du luxe. Cette pratique a déjà modifié la côte de Sliema à San Giljan, laissant des quartiers méconnaissables et délaissés par les maltais. Malgré ces désaccords j’ai tenté de suivre cet étudiant dans l’organisation et la gestion du travail à produire ainsi que dans la représentation de son projet. Je l’ai croisé avant mon départ, à quelques semaines de la soutenance. Très peu d’éléments graphiques étaient présents, je lui ai donc fournis les éléments graphiques produits pendant les concours, annotant le nombre d’heure nécessaire à la production de chaque éléments afin qu’il organise un emploi du temps journalier lui permettant de produire la masse de travail demandé. Le projet proposé était légèrement moins massif mais décollé du sol ce qui libérait un vaste espace public aménagé et ombragé. Parce qu’elle est absente partout, la réflexion sur l’ombre est cruciale pour un développement soutenable de l’île.


POST-SCRIPTUM

Les derniers jours à l’agence ont été les plus porteurs. Mes observations à propos des caractéristiques maltaises ont pris un aspect encore plus critique lorsque « la pluie de fin d’été » est arrivée (assez violente, environ 42,4mm en une demie journée) . Je n’ai jamais vécu à Malte entre septembre et mai, je découvre donc « une culture sous la pluie ». Il pleut littéralement dans le bureau comme dans mon appartement. Tous les bâtiments sont infiltrés par l’eau dans tous les sens (par les fenêtres, même fermées) par les toitures (inclinaisons de la pente dans le mauvais sens), les mur (à cause des même rainures creusées pour faire passer les câbles, les blocs clim, toujours ajoutés « après coup » deviennent alors les conduites principale des fuites). Sans parler des forêts d’antenne TV qui attirent la foudre sur les habitations. Les rues se transforment en torrent à défaut d’avoir un système de drainage. Les maltais sont en état d’alerte à la moindre forte pluie, car les déplacements et les habitations demandent un soin tout particulier pendant ces jours un peu mouillés. Architecturalement je suis dépassé par l’absence d’étanchéité. Dans le même temps nous avons terminé deux compétitions dans des délais dérisoires comparés au temps d’analyse dédié. L’organisation des tâches est inexistante ce qui nous peine beaucoup à progresser. Sur ce point je ne comprends pas bien la méthode de Lino, qui à défaut de participer au design prend le pouvoir/tâche de décision tout en délaissant celui de d’organisation. Malgré tout nous clôturerons les compétitions avec plusieurs heures tardives. Je termine le stage toujours empli de question, sur le pays, sur le métier d’architecte et sur le travail d’équipe. Mais avec certaines certitudes aussi, celles qu’il faut absolument apprendre les techniques de construction (maçonnerie, charpente et menuiserie) pour pouvoir continuer ma découverte de l’architecture et pour pouvoir prétendre à la construction d’édifice. Je me réoriente donc vers une science plus manuelle et plus proche de la matière, mais aussi je crois des gens. In fine, j’espère pouvoir pratiquer un métier à la limite de l’architecture et de la construction (que je connais sous la franchise d’architecte-constructeur).


CONCLUSION

Lino interagit avec nous comme il le ferait avec ses élèves, il nous pousse dans des voies qui lui semblent intéressantes, sans savoir (lui et nous) où ces pistes pourraient bien nous mener. Mais le processus de pensée lui semble plus important que le résultat. Je compare souvent le design pratiqué au sein de l’agence à une sorte palimpseste sans nom : des couches d’avis nombreux, et souvent contradictoires, sans jamais faire de choix. La démocratie prime sur le design. On veut que tous soient satisfaits. Si chacun y va de son idée dans le dessin final, tout va bien. Cette démarche scolaire me choque assez. Le processus ici est plus important que les choix et leur résultat si j’en crois les propos de Lino. Cette approche fonctionne peut-être pour la pédagogique, mais pour la politique d’une entreprise je n’imaginais pas la voir applicable. Au final, les designs proposés par l’agence sont en général assez pauvres, et en retard de 30 ans tant au niveau esthétique qu’au niveau durable - dans le sens où les projets sont rarement l’objet de recherche ou d’expérimentation, sans pour autant appliquer des techniques basiques connues pour la conception de bâtiments durables, comme l’isolation, l’imperméabilisation ou le rafraîchissement passif. La démarche est très intéressante, avec

o moyen de transport, le vél

fig. 19

chaussure pour tenir la porte


sa dose d’humanisme. Mais cette entreprise à l’échelle véritablement humaine ne me convient pas dans des attentes d’expérimentations architecturales. Néanmoins Lino a su m’orienter vers des pistes universitaires et donc plus libres de contrainte. L’éducation est pour l’heure la voie principale de l’évolution de l’expression architecturale à Malte. Car Malte est un pays où les choses sont bien ancrées. Pour convaincre du bien-fondé et des avantages de la pratique architecturale comme des savoirs-faire d’Europe de l’Ouest, il s’agit d’une bataille sans nom. Si, peut-être la bataille de l’éducation au soutenable et à l’écologie. Le temps nécessaire à ce changement des mentalités est trop conséquent pour que je m’attarde à Malte. En effet pour prendre part à l’aménagement futur de l’île il faudrait attendre la reconnaissance des autres architectes, ceux qui pour l’heure me prennent pour un simple fou. Pourtant mon intégration a été rapide et facile, j’ai très vite compris que je devais faire mes preuves avant de vouloir convaincre quiconque. J’imagine que je peux faire ces expérimentations et ces démonstrations ailleurs, alors je quitte l’île. Mais je reviendrai, avec dans mes valises peut-être quelques arguments et quelques solutions.

être un architec te à Malte

fig. 20

fig. 19 • j’ai choisi cette photo pour résumer au mieux ce stage. Prise dans mon espace de travail «refuge» au rez-de-chaussée. fig. 20 • lors d’un état des lieux dans une autre phase du projet d’aménagement de l’école.



M E RC I à L ino p ou pris soin r son temps et p our avoir d e n o us à mes co llèg ues q ui m’on à la R ég t s up p o r ion té rien n’au Rhône-Alpes s ans ra à mes pa it été possible fin qui ren a à Ma g a li ts pour leur a id ncièrement e Paris po u e t s a p at ience san r ses conseils tou jours avis s limite à Daniè le és à mes am Ruffin pour son a ide, enc is ma lta is pour r à Sn o w y â ler ave c ore une fois th e c a t moi à Bebbu xu & Cie .


toutes photographies, images et graphiques sont des créations originales dont les auteurs se reservent les droits d’exploitation contact : mikinectoux@gmail.com © 2012 Lino Bianco (Malta) © 2012 Miki P. Nectoux (France)


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