Anne Distel Conservateur général honoraire du patrimoine après une carrière dans les musées nationaux, successivement à l’ancien musée du Jeu de Paume, au musée d’Orsay et à la Direction des musées de France comme chef du département des collections. Spécialiste de peinture impressionniste, elle a participé à l’organisation et aux catalogues de nombreuses expositions internationales notamment, Centenaire de l’Impressionnisme (1974), Renoir (1985), Seurat (1991), De Cézanne à Matisse, Chefs-d’œuvre de la fondation Barnes (1993-1994), Gustave Caillebotte (1994), Un Ami de Cézanne et Van Gogh : le docteur Gachet (1999), Paul Signac (2001), De Cézanne à Picasso, chefs-d’œuvre de la galerie Vollard (2006-2007). Ses recherches ont aussi porté sur le monde des collectionneurs et des marchands des impressionnistes avec de nombreux articles et un ouvrage, Les collectionneurs des impressionnistes (1989).
Documents de la jaquette et du coffret : 1er plat : Femme au bord de la mer, 1883 Huile sur toile, 92 x 73 cm New York, The Metropolitan Museum of Art Photo Dist. RMN/Image of the MMA 4e plat : Bal du Moulin de la Galette Daté 1876 Huile sur toile 131 x 175 cm Troisième exposition impressionniste, 1877 Paris, musée d’Orsay Photo Hervé Lewandowski/RMN
Renoir
L’AUTEUR : ANNE DISTEL
Anne Distel Quatre mille ! c’est le nombre d’œuvres attribuées à Renoir, dispersées dans tous les grands musées du monde. Cet artiste, dont le cercle d’amis s’étendait de Monet à Manet ou de Sisley à Caillebotte, ne voulait s’exprimer qu’à travers son art. Est-ce la raison pour laquelle aucune monographie d’importance ne lui a été consacrée ces vingt dernières décennies ? Voilà le défi enfin relevé. En analysant en détail ses soixante ans de travail ininterrompu, Anne Distel a dégagé l’immense intérêt de son œuvre : l’appel irrésistible des couleurs, l’approche sensuelle et naïve de sa peinture qui permet la compréhension immédiate du spectateur, des types simples, modèles d’atelier ou bourgeois, facilement accessibles. Ne nions pourtant pas les écarts de qualité entre des œuvres de la même époque, qui ont nui à la réputation du peintre, faisant parfois oublier ses chefs-d’œuvre. Grâce à l’auteur renaît toute une époque : nous y voyons Charles Gounod encourager le peintre, Alfred Sisley devenir un intime, Frédéric Bazille – né comme lui en 1841 – devenir proche, Daubigny et Corot le soutenir ; Renoir deviendra même l’ami proche, puis l’exécuteur testamentaire, de Gustave Caillebotte. Quant aux écrivains, ils ne sont pas en reste : Zola et Stéphane Mallarmé, Octave Mirbeau deviennent des défenseurs ardents. Nous participons à l’aventure, allant de cercles d’amis en Salons parisiens ou Expositions universelles, d’ateliers d’artiste en escapades bretonnes, italiennes, algériennes ou cagnoises. Le rôle des grands marchands voire de mécènes, tels Paul Durand-Ruel, Charles Ephrussi, Paul Bérard, Albert Cahen d’Anvers, le docteur Barnes, Henri Rouart… tient une grande place dans ce récit.
Renoir
Admirons enfin son œuvre comme l’a fait le grand historien d’art Elie Faure : « Aimez-le pour ces bras épais, ces bouches bestiales qu’il aime, puisqu’il vous fait aimer, grâce à ce caraco malpropre où il a vu s’allumer des rubis, trembler des perles, flotter des opales, la poitrine dure et le cou robuste de cette jeune servante, près de laquelle vous alliez passer sans la voir. Souvenez-vous qu’il a fallu surprendre bien des regards sous des voilettes, de charmantes moues sur des lèvres, bien des abandons enivrés dans les bras du danseur ou sur la poitrine de l’amant, bien des rires et des sauts de petite fille éblouie, pour ne plus voir que ces vastes formes sommaires qui semblent concentrer, dans leurs épaisseurs battantes, le sang et le feu du soleil… Et demandez-vous quelle somme d’amour, de souffrance, de sagesse, il faut entasser dans son