Catalogue barcha

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Jean LANCRI …. Face à Gaïa. (Vingt-et-une petites notes pour cinq artistes en mal de Terre) (Galerie Musk & Amber. Tunis. Janvier 2016)


1) A en croire les experts en matière de climat, nous devrions tout tenter pour réduire, sinon oblitérer, les méfaits que nous avons causés à notre environnement. Il y va de notre responsabilité au regard des générations futures ; à plus ou moins long terme, sans doute y va-t-il même désormais de la survie de l’espèce humaine. 2) Face à cette crise sans précédent dans l’histoire, que faire quand on s’occupe d’art ? Face à la face de Gaïa défigurée par l’égarement de ses enfants dénaturés, serait-il vain de continuer à besogner artistiquement dans ce monde ? 3) Pour des artistes qui consacrent leur énergie à bâtir une « œuvre », est-il possible, dans de telles circonstances, de rester sourd aux doléances de la planète, aux exigences chaque jour plus pressantes de la « Terre-Mère » ? Comment ne pas essayer de leur donner suite tout en faisant le grand écart, c’est-à-dire rien qu’en « œuvrant » sur le terrain de l’art ? 4) A tout le moins, nous disent certains, pourraiton commencer par effacer les immondices dont la face du monde a été si malencontreusement couverte. « Il y a une taie sur l’œil de la beauté » écrivait naguère René Char. A l’art de s’employer pour l’enlever. 5) Cinq artistes tunisiens relèvent donc aujourd’hui le défi. Ils font face. Devant l’urgence climatique, ils ont décidé de faire front et front commun : depuis le front de l’art. Unis comme les cinq doigts de la main, ils mettent en jeu les enjeux des problèmes qui se posent tant à nous qu’à eux en intervenant depuis le champ cinq fois singulier de leur pratique personnelle. Empruntant pour ce faire des voies obliques propres à l’art, ils effectuent de concert ces pas de côté qu’autorise

dans nos sociétés la posture dite de l’artiste; ce dont témoigne exemplairement l’exposition qui les réunit en ce moment à la galerie Musk & Amber de Tunis. 6) Mais, objectera-t-on, que peut leur art devant l’ampleur des problèmes à résoudre ? Voici leur réponse : si l’art ne peut rien au plan des décisions collectives qu’il conviendrait d’adopter (c’est la part qui revient au politique), il peut tout, néanmoins, au plan du symbolique. 7) En effet, ne peut-on penser que, si nous n’avons rien fait devant la catastrophe annoncée, c’est parce que les intérêts en jeu n’ont pas été suffisamment représentés ? Or, les mettre en représentation pour les rendre davantage présents à l’esprit, tel n’est-il pas le rôle dévolu à l’art ? 8) Telle est la question que Hela Lamine, Houda Ghorbel, Mouna Jemal, Sana Tamzini et Wadi Mhiri ont l’ambition de poser ; plus encore : d’exposer au cœur de leur cité. La mettre en éclat et dans tous ses états est l’honneur de leur art. 9) Souhaitons à ce quintette d’artistes ainsi constitué pour le meilleur, souhaitons-lui de provoquer une salutaire prise de conscience ! De faire comprendre aux visiteurs de leur exposition que prendre à bras-le-corps la crise écologique actuelle suppose des modalités neuves du « vivre ensemble » ; au premier rang desquelles figure, comme nous l’enseigne à longueur d’ouvrages le philosophe Bruno Latour, la prise en compte, pour une alliance d’inédite nature, d’un nouvel acteur de hautaine et souveraine stature: Gaïa. Car ne dit-on pas de l’art qu’il est ce drôle de « polisson » que toute « polis » digne de ce nom fomente en son sein et pour son bien ? Or lui seul a la capacité de jouer, dans les règles, contre


les règles. Lui seul peut alors nous amener à les amender en douceur. 10) C’est ainsi que l’art possède le pouvoir de contrer, sans violenter qui que ce soit, un geste d’anodine apparence mais de funeste conséquence, celui qui consiste à négligemment jeter des détritus sur une plage. Dans le Groupe des Cinq, Hela Lamine nous en fournit l’exemple le plus manifeste lorsqu’elle assortit ce geste anonyme (celui du jet des ordures) d’un geste second: le sien. Ainsi commence-t-elle par photographier des rivages souillés (ceux de Kerkennah, en l’occurrence), établissant de la sorte un relevé des effets désastreux du geste premier. Mais un relevé n’est pas une relève. Aussi agrémente-t-elle ses photos de dessins saupoudrés au sel de son humour et de sa fantaisie. Et c’est ainsi que des plages jonchées de déchets se trouvent élevées au rang de pages dignes d’être exhibées dans une galerie dédiée à l’art : pour les plaisirs de l’œil et la gouverne des esprits. 11) D’un geste, l’autre ! Du premier au second, une inversion ne s’est-elle pas produite ? En passant de la plage à la page, n’a-t-on pas permuté le moins en plus ? Certes, on n’aura guère changé l’ordure en or pur ; mais on aura hissé sa mise en représentation au rang de l’art. Moyennant quoi, peut-être y aura-t-il eu ce surcroît : la surprise d’une prise de conscience, la conscience d’un geste à proscrire. Or ce qui prévaut pour Hela ne vaut-il pas également, peu ou prou, pour Houda, Mouna, Sana et Wadi ? 12) Prenons Wadi. Que nous montre-t-il ? Des torses ; des « sculptures » de corps dépourvus de têtes et de membres. Des moulages de torses réduits à une peau qui, pour peu que l’on tourne

autour d’eux, retourne, tel un gant, le convexe en concave, alterne l’endroit et l’envers, commute l’extérieur et l’intérieur. Or que discerne-t-on à fleur de cette peau ? Des impacts de balles (sur les corps, s’ils sont vus du dehors), des impacts qui provoquent (à l’intérieur des torses) des efflorescences en voie de s’épanouir. Virevolter autour des troncs revient donc à renverser le moins en plus ; et le mal en bien : les blessures infligées au « Grand Corps Malade » de chacun des troncs n’ont-elles pas donné naissance à l’exubérance d’une floraison ? 13) Poursuivons notre visite ; à l’instar de Hela et Wadi, Houda, Mouna et Sana ne sont pas en reste pour nous engager dans l’optimisme d’une série d’inversions qui changent le sens des signes. La première (Houda) allonge démesurément ses toiles selon un axe vertical, telles d’insolites colonnes vertébrales. Elle en fait des lits dressés vers le firmament, vers des « ciels » de lits. Des lits propices aux rêves ; où cohabitent animal et végétal, fleurs et feuillages, fils et dessins, coulures et coutures. Des lits où l’artiste a couché de multiples fragments du « grand corps malade » de la Nature afin qu’une transe soit à même de s’y faufiler : pour les coaguler, ces vertèbres disparates, en colonnes ascendantes. Pour les transcender dans une « transvertébration » tendue telle une adresse au ciel. 14) La troisième (Sana) part, quant à elle, de ce ciel pour y pendre son œuvre comme à une patère. L’artiste a, en effet, suspendu aux cintres de la galerie une installation de grande envergure mais de frêle allure qui n’est pas sans convoquer tout un pan récent de l’histoire de l’art ; sans rappeler un mobile de Calder. Avec cette différence que son mobile à elle se veut à la fois


arachnéen et « high-tech » : réduit aux quelques fils qui relient entre eux des cadres numériques (où les malheurs qui obèrent l’avenir de notre terre défilent en boucle) et des écrans tactiles (disposés en lévitation au dessus du sol, comme autant d’exhortations à y mettre nos doigts ; pour nous inciter à intervenir, en toute utopie, sur notre futur). Ainsi l’installation de Sana se déploie-t-elle en oscillant dans l’espace de la galerie non plus au gré du vent (comme c’était le cas chez Calder) mais sous la poussée des doigts des visiteurs : le destin de notre planète y serait là mis à la portée de chacun ; autant dire qu’il est entre nos mains. A ces visiteurs, toutefois, de ne pas oublier que, via leurs doigts et par le moyen des tablettes, le dialogue reste à instaurer, sinon avec le Très-Haut, du moins avec là-haut. Puisque toute l’installation y est accrochée, tout ne dépend-il pas ici du ciel? Par voie de conséquence, les interventions sur les écrans tactiles ne sont-elles pas à interpréter tels autant de vœux pieux à lui adressés ? 15) Il revient à la dernière de notre énumération (c’est-à-dire à Mouna) d’avoir mis le doigt, par le biais de ses titres, sur la nature particulière des objets exposés tant par elle que par ses compagnons. Car les œuvres présentes chez Musk & Amber ne sont pas que des objets candidats à une appréciation esthétique ; à proprement parler, ne sont-elles pas également des ex-voto ? A bien les examiner, n’ont-elles pas, toutes, été produites « à la suite d’un vœu » ? 16) « Poubelle dorée » : voici, par exemple, ce que nous donne à lire Mouna, sur le cartouche de l’une de ses œuvres. Et voici ce que nous montre celle-ci: une vulgaire poubelle ; achetée par l’artiste dans une quelconque quincaillerie,

ainsi que l’aurait fait, au siècle dernier, un Marcel Duchamp en mal d’œuvre, en recherche de quelque readymade, en vadrouille dans les allées du Bazar de l’Hôtel de Ville, à Paris. A son instar, Mouna ne nous montre guère plus qu’une poubelle ordinaire mais c’est une poubelle qu’elle a dorée à l’or fin ; à seule fin, semble-t-il, de nous inviter, elle aussi, à passer du moins au plus. N’y aurait-il pas gros à gagner, en effet, à envisager de l’or pur au-delà d’une poubelle synonyme de l’ordure ? Ce faisant, Mouna nous engage dans un dialogue avec l’histoire de l’art. Conceptuellement, sa poubelle n’est pas qu’un hommage rendu à Duchamp ; n’estelle pas, aussi, enduite à l’or de Byzance ? Est-il nécessaire, pour faire briller davantage la dorure de cette « sacrée » poubelle, est-il nécessaire de rappeler que, dans les mosaïques byzantines, l’or des auréoles symbolisait la « gloire » de Dieu ? 17) Tout comme cette « Poubelle dorée », les œuvres rassemblées par le Groupe des Cinq afin de faire front commun dans la bataille pour l’environnement, des œuvres actuellement données à voir chez Musk & Amber, ne participent-elles pas, à des degrés divers, d’un même acte, d’un même don, d’un même vœu qui serait adressé, sinon au Ciel et à Dieu, du moins à un acteur majeur s’il en est, nouvellement arrivé sur la scène de l’histoire humaine ; à savoir : à la Terre ? 18) Mais pour lui dire quoi ? Faisons un écart de langage : passons par le latin. 19) « Do ut des. » Traduisons : « Je donne pour que Tu donnes ». Ce « don » d’une œuvre, donnée à contempler par nos contemporains (pour les amener à penser plus), ne serait pas


donné qu’à ceux-ci ; il serait prioritairement donné à la Terre : en attente d’un contre-don de sa part. Ainsi relèverait-il de l’adage qui réglait certains usages dans la Rome antique ; un adage qui, si l’on en croit Didi-Huberman, règlerait aussi la pratique universelle de l’exvoto. 20) Glosons : « (Moi, Hela, Houda, Mouna, Sana, Wadi) je donne (la représentation symbolique d’un mal fait à la nature) pour que Tu donnes (la réalité de ce bienfait que serait l’effacement de nos méfaits) ». Ainsi « parlent » les œuvres du Groupe des Cinq ; ainsi parlentelles à la Terre dès lors qu’elles mélangent l’espace de l’art et l’espace du sacré (« Truelles sacrées » n’est-il pas le titre d’une série d’œuvres exposées par Mouna ?). Elles sont une adresse solennelle, à Gaïa, d’abord, aux hommes et aux femmes de bonne volonté, ensuite. 21) « Tunisiens, encore un effort ! » se permettent de murmurer, chez Musk & Amber, les œuvres de cinq artistes entrés en résistance pour la défense de l’environnement. Fasse le ciel que grandissent leurs échos : encore un effort pour demeurer fidèles au Printemps tunisien, pour être révolutionnaires au sens fort : face à Gaïa !

Jean Lancri



Hela Lamine, née à Tunis en 1984, vit et travaille à Tunis. Elle est Diplômée de l’Institut des Beaux-Arts de Tunis et de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Elle poursuit actuellement une thèse de doctorat en Arts Plastiques et enseigne à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse. Héla participe depuis 2007 de manière régulière à de nombreuses expositions collectives en Tunisie avec la Galerie A.Gorgi, Hope Contemporary, Bchira Art Center... et à l’étranger à l’Institut du Monde Arabe, Galerie Arcima (France), Ifa Gallery (Allemagne)... Résidence d’artiste « Indice d’une suite » à la Galerie Glassbox à Paris en 2014. Born in Tunisiain 1984, lives and works in Tunis. She graduated from ParisI Pantheon-Sorbonne University. She is currently enrolled in a PhD thesis in Plastic Arts; she teaches at the High Institute of Fine Arts in Sousse. Hela has regularly participated since 2007 in many group exhibitions in Tunisia, at A. Gorgi Gallery, Hope Contemporary, Bchira Art Center…, and abroad at the Arab World Institute, Arcima Gallery (France), Ifa Gallery (Germany)… Artist’s place of residence “Indice d’une suite” at Glassbox gallery, Paris, 2014.


Rétinade 4 , 2.0 photographies imprimées sur papier et rehaussées (travail en cours) A l’origine, c’est une série de photographies prises lors de trajets quotidiens en voiture, ou lors de balades à pied... Je m’aperçois de plus en plus, qu’il est devenu très difficile de prendre une « belle » photo sans y retrouver presque automatiquement une canette usée, des sachets en plastique, des ordures ménagères, ou même des restes de constructions étalés par ci par là, venant perturber la capture de l’image... Je constatais alors que ma première réaction était de changer de cadrage, cherchant ailleurs un paysage préservé de l’homme, privilégiant peut être plus les nuages et le ciel bleu à la terre devenue trop polluée. Je me demandais alors, si je ne devais pas me résigner à cette triste réalité, puisque les déchets reviennent toujours même après les avoir enlevé, et prendre quand- même la photographie en les impliquant à la composition ? Retinade 4 ,2.0 photographs imprinted on paper and elevated (work in progress). Originally, it consists of a series of photographs taken during daily car travels, or during walks. ..I notice, more and more, how difficult it is to take a “beautiful” picture without coming across tins, plastic bags, domestic waste, or even building remains spread here and there, disturbing the capture of the image… Thus my first reaction was to change framing and to search, elsewhere, a landscape kept in preservation by man, preferring the clouds and the blue sky to the Earth, now so much polluted. I wondered, then, if I had to resign myself to this sad reality, since the wastes constantly come back, and, take the photograph and add it to the composition.



Eddele3a, diptyque, technique mixte sur papier, 100x100cm chacun, 2015.


Houda Ghorbel Artiste multidisciplinaire, indépendante, installé à Tunis. Son œuvre entremêle peinture, céramique, sculpture, photographie, installation et vidéo. Elle est toujours à la recherche d’un nouveau médium, d’une nouvelle manière d’exprimer ses idées, de questionner et de comprendre la complexité de l’être et du monde qui l’entoure. Son engagement artistique témoigne non seulement sa passion à l’art, mais tout autant de son implication critique, philosophique, voire politique. Elle a eu son diplôme de Doctorat en Sciences et Technique des Arts de L’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis en 2009. Elle a participé à plusieurs expositions et résidences nationales et internationales (Allemagne, France, Pologne, Egypte, Syrie, Monaco, Belgique, Dakar, Bamako, Marseille).

Independent, multidisciplinary artist, living in Tunis. Her work intermingles painting, ceramics, sculpture, photography, installation and video. She is always in search of a new medium, a new way of expressing her ideas, questioning and understanding the complexity of being and the world surrounding her. Her artistic commitment testifies to, not only her passion for art, but also her critical, philosophical and even political commitments. She obtained a PhD in the Sciences and Techniques of Arts of the High Institute of Fines Arts in Tunis in 2009. She took part in many exhibitions and national and international residencies (Germany, France, Poland, Egypt, Syria, Monaco, Belgium, Dakar, Bamako, Marseille).


Si le corps se métamorphose à chaque envie ressentie, à chaque désire souhaité. Si le corps porte en lui les empreintes de ses rêves, de ses peurs, de ses cauchemars, de ses hallucinations… quelle forme prendra-t-il? Des silhouettes cousues sur toile apparaissent et prennent vie dans un monde où les roses sont remplacés par les épines, les oiseaux par les serpents et l’humanisme par le terrorisme… Des silhouettes exprimant des états d’âme où le corps et le vêtement sont confondus… En tant que plasticienne je me suis mis dans la peau d’un styliste et j’utilisais les ciseaux pour couper mon tissu collecter dans les magazines, mètre à ruban, épingles, fils et aiguille pour coudre les modèles sur la toile du peintre.

If our body changes whenever we feel like something, we wish something. If our body holds the marks of our dreams, our fears, our nightmares, our hallucinations… which shape will it take? Stitched silhouettes show and come to life in a world where roses are replaced by thorns, birds by snakes, humanity by terrorism. Silhouettes expressing states of mind in which body and garment are mixed up… As a visual artist, I got into the position of a fashion designer and used scissors to cut cloth collected from magazines, a tape measure, pins, threads and needle to sew the designs on the painter’s canvas.




Mouna Jemal Siala Née en 1973 à Paris, vit et travaille à Tunis. Artiste pluridisciplinaire Mouna est titulaire d’une thèse de Doctorat en Arts et Sciences de l’Art de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Depuis 1998 elle enseigne les arts plastiques à l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis. Elle a obtenue plusieurs prix nationaux et internationaux. Elle participe depuis 1993 à plusieurs expositions de groupe en France (Marseille, Paris), en Allemagne (Berlin, Osnaruck, Karlsruhe), en Espagne, en Belgique, à Alger, à Bamako, à Dakar (Prix du ministre de la culture au Dak’Art 2010), à Genève, à Casablanca, à Kolkata, à Los Angeles, à New York et en Tunisie. Son projet de deux cent dix sept photographies citoyennes intitulé « Non à la division » la voulu participatif et interactif sur le réseau sociale facebook et l’a présenté en décembre 2014 sous forme d’un livre et d’une exposition photo à l’Espace Art Sadika à Tunis. Mouna participe à la 28éme session des Instants vidéo numériques et poétiques de Marseille. Elle représente la Tunisie dans l’exposition « Lumières d’Afrique » qui se tient au Palais de Chaillot à Paris, en marge de la COP21. Born in 1973 in Paris, lives and works in Tunis. A multidisciplinary artist, Mouna is holder of a PhD Thesis in Arts and Arts’ Sciences from Paris I Pantheon-Sorbonne University Since 1998, she has taught plastic arts at the high institute of Fine-Arts of Tunis. She has won many national and international prizes. She has participated since 1993 in many group exhibitions in France, Germany, Spain, Belgium, Alger, Bamako, Dakar (prize of the minister of culture at Dak’Art 2010), Geneva, Casablanca, Kolkata, Los Angeles, New York and Tunisia. Her project of two hundred and seventeen civil photographs entitled “Non à la division” required participation and interaction on the social network Facebook; it was presented in December 2014 under the form of a book and a photo exhibition at Espace Art Sadika in Tunis. Mouna participates in 28th Instants Vidéos of Marseille. She represents Tunisia in the exhibition “Lumières d’Afrique” in Paris on the sidelines of COP21.


Des objets sacrés

De la truelle à la poubelle, en passant par la raclette et le balai, je les nomme « objets sacrés », car détournés de leur fonction première qui est toute simple, mais Oh ! Combien importante. Je les sacralise, je les élève au rang de l’Art. Leurs valeurs, au départ anodines, deviennent par la dorure et les cristaux symboliquement plus chères. Aussi, leur entrée dans une galerie fait-elle que le regard est tout autre, comme l’a déjà fait Marcel Duchamp avec ses Ready-made, il y a presque cent ans. C’est, justement, l’objectif que je voudrais atteindre, à savoir mettre en valeur l’importance de ces objets là par rapport à notre environnement ! Ainsi, peut être, l’Art arrivera-t-il à sensibiliser le citoyen et à attirer son attention sur la place qu’il devrait réserver à l’environnement. Mouna Jemal Siala Oct 2015

Sacred objects

From the trowel to the dustbin, through the broom, I call them “sacred objects”, because turned away from their primary function, which is quite simple, but Oh! So important. I sanctify them, I elevate them to the rank of Art. Though insignificant at the start, they become thanks to gilding and to crystals, symbolically, quite valuable. Besides, their presence in an art gallery will change our perception, as did Marcel Duchamp with his Ready-mades, almost one hundred years ago. It is, obviously, the object I want to achieve, that is to value the importance of these objects with regard to our environment! Thus, Art may be able to raise the citizen’s awareness of the importance of the environment.




Sana Tamzini Sana Tamzini est artiste, universitaire et experte en coopération culturelle de la Fondation Marcel Hicter. Elle obtient sa maitrise à l’École des Beaux Arts de Tunis en 1998 et en 1999 le diplôme d’Étude Approfondie en Arts Plastiques et Science de l’Art l’Université de Paris 1 Panthéon la Sorbonne. En 2015, elle expose à la Friche Belle de Mai à Marseille et invite avec elle 8 artistes contemporains tunisiens. Entre 2011 et 2013, elle participe à plusieurs expositions collectives en dehors des galeries afin de développer sa démarche de la création sociale telle que le projet des trois collines. Elle a exposé en Corée du sud, à Alger, à Pontevedra, à Montréal et à Paris. Sana exerce le métier de commissaire d’exposition depuis l’an 2000. Elle a dirigé le Centre National d’Art Vivant au Belvédère entre 2013-2011. Élue présidente du FACT. Elle est actuellement Directrice des Arts Plastiques au Ministère de la culture 2015.

Is an artist, a university teacher, and an expert in cultural cooperation of the Marcel Hicter Foundation. She obtains her Master’s degree in Plastic Arts of Tunis in 1998 and in 1999, her Postgraduate degree (DEA) in Plastic Arts and Sciences of Art at the University of Paris I Pantheon la Sorbonne. In 2015, she exhibits in la Friche Belle de Mai in Marseille and invites with her 8 Tunisian contemporary artists. Between 2011 and 2013, she participates at many group exhibitions outside the galleries in order to develop her initiative of social creation such as the project of the three hills. She exhibited in South Korea, in Algeria, in Pontevedra, in Montreal and in Paris. Sana has been working as exhibition commissioner since 2013-2011. Elected president du FACT. She is presently Head of Plastic Arts in the Ministry of Culture 2015.


Le murmure de l’Installation « yalli imzayen mil barra ech nahoualik min dakhil », Un proverbe tunisien Environnement en deuil, les brumes épaisses cachent le soleil. Changement climatique désastreux. Dangers sur la terre, dans les airs, dans les mers, aux pôles et à l’équateur… L’art s’interroge, murmure des trouvailles. L’œuvre se déploie, s’installe dans l’espace majestueuse … Les consoles et les tablettes numériques sollicitées se mettent en branle dans les tintamarres des lumières, des bruits sonores quelque fois recherchent le silence. L’ossillement revendique l’équilibre des contrastes, aspire à la paix du monde : voila le sens de notre démarche. Sana Tamzini

The Installation Murmur « yalli imzayen mil barra ech nahoualik min dakhil », Tunisian proverb Environment in mourning, thick mist conceals the sun. Alarming climatic change. Dangers on earth, in the air, in the seas, in the poles, at the equator… Motivated, consoles and digital tablets set in motion in the din of lights; noises, at times, seek silence. The oscillation requests the balance of contrasts, longs for world peace: that is the essence of our approach.




Wadi Mhiri est un artiste visuel né à Tunis où il y travaille actuellement. Depuis 2004, . Son œuvre traite la question d’identité en rapport avec les actualités tunisiennes, « Notre identité ne nous appartient qu’en partie, parfois même elle nous échappe lorsque les manipulations se multiplient. Seule notre conscience peut nous sauver et nous éclairer le chemin vers l’identité ».Wadi explore avec d’autre artistes des projets en duo , comme Houda Ghorbel ,Mouna Jemal …. Wadi partage son temps entre son travail artistique et son métier en tant que directeur d’un club d’éveil artistique pour enfants (www.Pinceau mirette .com.). Is a visual artist born in Tunis where he has been working since 2004. His work deals the question of identity in relation to the Tunisisan current events, “Our identity belongs to us only partly, sometimes, it even escapes from us mostly when manipulations increase. Our conscience alone can rescue us and show us the way to identity”. Wadi explores, with the help of other artists, projects in duo, such as Houda Ghorbel, Mouna Jemal… Wadi divides his time between his work as an artist and his work as a director of an artistic early-learning club (www.Pinceau mirette .com.).


«10.35 am» Des coquilles de corps d’argile imprimées de roses et d’empreintes de coup de feu, balles, chevrotines … mémorisent un instant extrêmement précis, de l’extinction d’une vie, ou du commencement d’une mort injuste. Un instant immortalisé, témoignage d’un acte de barbarie et de terrorisme. Même si la mémoire nous joue des tours, il restera dans nos cœurs cette douleur qui tourmente notre vécu. Comme dit khalil Jibran « Votre douleur est cette fissure de la coquille qui renferme votre entendement. Et comme le noyau du fruit doit se briser afin que le cœur puisse se tenir au soleil, ainsi vous devez connaître la douleur. Si votre cœur pouvait continuer de s’émerveiller des miracles quotidiens de votre vie, votre douleur vous semblerait aussi merveilleuse que votre joie». Chaque être humain est désormais la cible volontaire ou involontaire d’évènements qu’il n’a pas forcément choisis mais les traces laissées sur son corps sont absolument .éternelles. L’important est d’être sur qu’il a tout fait pour que son environnement soit le fruit de son propre choix pour qu’il n’ait aucun regret. “10.35 am” Shells of clay bodies engraved with roses and traces of shots, bullets, buckshots… recall un extremely important instant: that of a life’s extinction or beginning of an unfair death. A perpetual instant testifying to an act of barbarism and terrorism. Even if memory fails, the pain which torments our lives will remain in our hearts. Every human being is, in fact, the voluntary or involuntary target of events which he/she has not necessarily chosen; however, the traces left on his /her body are absolutely eternal. What counts is to make sure that he/she does his/her best so that the environment is the consequence of his/her own choice so that there will be no regrets.





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