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LE MENsuEL DE MoNs 2015 N°5 MAI 2015
MAI
LE MENsuEL DE MoNs 2015 Les temps forts et l'agenda complet du 6 mai au 10 juin 2015
— La ville en jeu(x) LEs ARtistEs DéFERLENt EN viLLE ! vous Aussi JouEZ AvEC MoNs EN PAGEs 4 Et 5 — Ailleurs en Folie Milan come a casa ! — Les licornes du Grand huit l’animal fantastique de Mons — Denis Marleau met en scène verlaine et Rimbaud oPéRA EN CRéAtioN MoNDiALE
© Adrien Bargin
— Vos week-ends de mai sur mesure en page 7 LA ChRoNiquE Du Mois
— Levez les parenthèses et hissez les voiles Par le Montois Carl Norac, fils de poète, écrivain lui-même et artiste complice de Mons 2015. En 2015, il dirige l’Afrontée, gazette impertinente, et sème des Noirs quarts d’heure dans Mons
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Gamin montois, môme aspirant ropieur, j’allais avec mes copains jouer sur un terril où il y avait encore des fumerolles. Pour un explorateur, Héribus, ça sonnait bien, comme Mercator ou Nautilus, un nom de bateau, de sous-marin. Notre volcan. Robinsons d’opérette aux genoux noirs, seuls au monde deux heures avant le goûter, nous regardions au loin le Beffroi en criant : « Là, une autre île, on voit son phare d’ici ! ». Depuis lors, j’ai eu la chance d’apprendre à ne plus compter les chemins, d’écrire sur tant de paysages, mais l’image d’une île avec son phare-beffroi me demeure. Comme cette autre marotte, d’adolescent : se planter devant la prison, imaginer Verlaine en sortir, quelques poèmes éternels chiffonnés dans une valise. Il y a quelques années, le Printemps des Poètes à Paris me désigna, moi le montois, poète officiel d’une ville de France, à savoir Meung-sur-Loire, près d’où j’habite depuis quinze ans. Quand je cite ce lieu,
on me dit : « Ah la célèbre ville où fut emprisonné Villon ! ». Si j’évoque Mons, on renchérit : « Ah oui, Verlaine ! » Dans les deux cas, je me dois de parler d’autres hommes libres d’aujourd’hui, d’un passé proche. La liste pour Mons impressionne : nous n’avons pas toujours été conscients de ce trésor sur notre seuil. En mai, cette île dont je rêvais va être accostée, par une déferlante d’artistes ! Ville en jeu(x) ! Comme on hisse les voiles, levons les parenthèses : enjeu et enjoué sont de la même famille. Pour faire quoi ? Habiter plutôt qu’habituer. Lire plutôt qu’élire. Discours Dominoes (et moins dominant). Happer (l’art, l’instant) plutôt que zapper (l’air du temps). Et pour couronner le tout, inventer cet autre verbe : lumeçonner ! Sauf qu’il exista au début du 19e siècle, on l’a juste oublié. Le point commun sera de vibrer, de vaincre par le seul pouvoir de l’audace. Récemment, j’ai pu acheter à Pa-
ris, à peu de prix, une lettre de la main d’Emile Verhaeren, rédigée au Caillou-qui-bique il y a pile 110 ans. Pour moi, secrètement, il nous parle de ça. L’écrivain répondait à la question d’un journaliste : que sera l’art et la poésie dans le futur (c’est-à-dire aujourd’hui) ? Voici quelques phrases à l’encre violette, qui sont, au mois de la Ville en jeu(x), comme un programme idéal : « Le poète n'a qu'à se laisser envahir, à cette heure, par ce qu'il voit, entend, imagine, devine pour que les œuvres jeunes, frémissantes, nouvelles sortent de son cœur et de son cerveau. On vivra d'accord avec le présent, le plus près possible de l'avenir ; on écrira avec audace et non plus avec prudence ; on n'aura pas la peur de sa propre ivresse et de la rouge et bouillonnante poésie qui la traduira. Tels sont mes espoirs ». CArL NorAC (ArTIsTe CoMPLICe)