N°12
Mardi, 14 juillet 2015 Tuesday, 14 July 2015
Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 4e édition The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 4th edition
Lenny Kravitz, Auditorium Stravinski, 13.07
MONTREUX JAZZ
SUMMER
TONIGHT SANTANA
F S’il est un habitué de Montreux, fidèle ami de Claude Nobs, c’est bien Carlos Santana. Venu plus de douze fois seul ou dans le cadre de projets spéciaux, accompagné de Wayne Shorter, John McLaughlin ou encore Tinariwen, il n’avait pas enflammé l’Auditorium Stravinski depuis 2011. Santana émerge de la scène musicale de San Francisco à la fin des années 60 pour atteindre le rang de star internationale à partir de son set épique à Woodstock en 1969. Depuis, le guitariste américain cumule dix Grammy Awards et trois Latin Grammy
6 Best Of: Hot Chip
OF LOVE Awards, témoins d’une carrière influente longue d’une quarantaine d’années et presque autant d’albums studios.
SANTANA
E If there has ever been a Montreux regular and true friend of Claude Nobs, it has to be Carlos Santana. He has come to Montreux more than twelve times either for solo performances or special projects alongside artists like Wayne Shorter, John McLaughlin, and Tinariwen. He last played the Auditorium Stravinski in 2011. Santana came out of San Francis-
co’s music scene in the late sixties, becoming an international star with his epic set at Woodstock in 1969. Since then, this American guitarist has earned ten Grammy Awards and three Latin Grammy Awards, a clear indication of the impact he has made over forty years in the spotlight, and with almost that many LPs to his credit.
8 Interview: Toto
Santana, Auditorium Stravinski, 20:00
10 Grand Angle: Woodstock
1
18.06.15
12:37
© FFJM - F. Jaquenod for GM-Press, 1979
MJAF UBS 2015 Ann Chronicle 210x296 FR copie.pdf
VOTEZ & gagnez!
rendez-vous sur www.mjaf.ch/UBS Découvrez les talents de demain! Découvrez les cinq jeunes artistes sélectionnés issus de la scène Music in the Park et des Compétitions. Votez et aidez votre candidat favori à faire partie de la Montreux Jazz Academy 2015 et gagnez un iPad mini. MONTREUX JAZZ FESTIVAL, 3-18 juillet 2015
Prix du Public UBS
TODAY’S SOUNDTRACK
EDITO F Le gamin s’appelle Félix. Félix Rabin. Il est originaire de Neuchâtel. À le regarder, on ne lui donnerait pas vingt ans. Plutôt un peu moins. Félix est guitariste. Pour dire les choses franchement: il déchire! Un talent fou. Il y a trois ans, il foulait pour la première fois la scène du Club, déroulant ce trop de notes caractéristique des jeunes virtuoses. Le 3 juillet 2015, il reprenait du service. Même lieu. Même dégaine de grand adolescent attachant. Sauf que les effusions qui nous l’avaient fait remarquer s’étaient dissipées. Félix avait fait sa mue. Moins de notes, désormais. Et le cœur du public visé, touché. Chaque soir, aux alentours de minuit et pour un court quart d’heure, le kid annonce les jams à venir au Club, guitare en main et sourire serein. Un virtuose de classe A dans la maison? Ça a fini par se savoir. D’abord, des musiciens locaux l’ont approché. Puis du gros calibre. Enfin, des types dont on n’imagine pas qu’un jour ils puissent vous solliciter pour «discuter»: Quincy Jones, dont on sait l’implication dans l’aide aux jeunes musiciens. Mais pour Félix, pas question de se précipiter. Il a le talent, la confiance et le temps pour lui. Vient cet instant passé en sa compagnie sur la terrasse près du Club où on l’écoute longuement, admirant le calme par lequel il évoque «la suite», comme il dit. Plus tard, le regardant s’éloigner, on se met simplement à souhaiter que de Montreux à Paris ou ailleurs, d’autres, nombreux, viennent bientôt recueillir un peu de sa lumière. David Brun-Lambert
BUBBLE OF THE DAY BY
E The name is Félix, Félix Rabin. He is from Neuchâtel. At first glance, you wouldn’t think he was twenty. Félix is a guitarist, and an amazingly talented one at that. He first set foot on the Club stage three years ago, playing an endless stream of notes like all young maestros. On July 3rd 2015, the endearing teenager came back, but this time a little older and wiser. His coming of age meant fewer notes, and an emotional audience. At about midnight every day, the cool and collected kid picks up his guitar for a fifteen-minute introduction to the night’s jam sessions. It didn’t take long to realise that a top-notch musician was in the house. He was approached first by local musicians, but then even the crème de la crème guys were by his side. The guys you could only ever dream of meeting, like Quincy Jones who is no stranger to mentoring young musicians. However, Félix is in no rush. He has the talent, the confidence and the time to go far. As we listened to him talk calmly and collectively about the next step on the terrace by the Club, we held back the desire to know more about “after” because some dreams need to become reality in secret. We then watched him leave, hoping that, whether in Montreux, Paris or elsewhere, many more will come searching for his gift.
By
DJ Dob
(Jonas Messerli)
Auteur du Montreux Jazz Workshop «Le DJ, un musicien (pas) comme les autres.»
«Smack My Bitch Up» The Prodigy The Fat of the Land, 1997, XL Recordings/Intercord Record Service
«Personal Jesus» Depeche Mode
Violator, 1990, Intercord Record Service
«Black Skinhead» Kanye West
Yeezus, 2013, Roc-A-Fella/Def Jam
«Psycho» Muse
Drones, 2015, Warner Bros/Helium-3
«Come As You Are» Nirvana
Nevermind, 1991, DGC Records/ Original Recordings Group
«People Are Strange» The Doors Strange Days, 1967, Elektra
«Deep Six» Marilyn Manson
The Pale Emperor, 2015, Hell etc.
«The Passenger» Iggy Pop
Lust for Life, 1977, RCA Records
«Strange Fruit» Nina Simone
Pastel Blues, 1965, Philipps
Main Partners
Tuesday, 14 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
3
PROGRAM 14.07
AUDITORIUM STRAVINSKI
20:00
PAYING
SONGHOY BLUES
MONTREUX JAZZ CLUB
20:00
JERRY LÉONIDE QUINTET
MONTREUX JAZZ LAB KWABS
SANTANA
THE BAD PLUS JOSHUA REDMAN
THE KOOKS
MUSIC IN THE PARK
AFTERSHOWS
BAR EL MUNDO
HEMU - UNIVERSITY OF MUSIC LAUSANNE, JAZZ DEPARTMENT, PRESENTS
F Dès la fin des concerts E Start when concerts end
TRIBUTE TO ART BLAKEY 14:00 LOST IN SWING 16:00 SOUL DELIVERY 18:00 LOS FRIJOLES 20:00 GETAWAY 22:30
Montreux Jazz Lab FINGER TANZEN 23:30 THE AVENER 01:00 FINGER TANZEN 03:00 VJing JOCELYN DE LA PROVIDENCE
THE ROCK CAVE
20:30
THE SATELLITES TROTTLES OF THE DEAD
21:30 23:00
WORKSHOPS
THE STUDIO
22:00
Petit Palais LA MUSIQUE ET SES BIENFATS POUR 13:00 LE CORPS ET LE CERVEAU À TOUT AGE
BALKAN NIGHT DANSE ORIENTALE APERO JAZZ YU SUN DJ ELODIE & DJ RUMBA STEREO
16:00 18:00 20:00 22:00
Présenté par Natalia Fernandez & Patrik Vuilleumier
Petit Palais ETRE ENSEMBLE
15:00
Performance musicale et empathie
Petit Palais MUSIC IN MY MIND: SIGHT AND SOUND IN FILMS
17:00
Presented by Prof. Patrizia Lombardo (UNIGE,CISA)
INFORMATION
F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App» E For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com
FREE
HUAZEE 22:00 RODRI 23:00 JOHN TALABOT 01:00 BORIS WHY 03:00
15:00
Montreux Jazz Club F Jam Sessions improvisées et DJs. E Improvised Jam Sessions and DJs.
AUDIOTHEQUE
20:30
RETROUVEZ TOUTES LES VIDEOS SUR FIND ALL VIDEOS ON MONTREUXJAZZ.COM YOUTUBE /MONTREUXJAZZVIDEOS
TROTTLES OF THE DEAD
F Rendons grâce aux deux Oliviers de Trottles of the Dead! Derrière ce nom curieux se cache le duo de DJs résidents du Bad Bonn, des Singinois amoureux du vinyle (tous formats confondus) qui, en quelques heures, sont capables d’user vos semelles jusqu’à désintégration! Rhythm’n’blues, soul, rock’n’roll, garage, early funk ou surf millésimée 60s: les genres et chapelles musicales se mêlent et se carambolent dans un mix jubilatoire qui, mine de rien, retrace les belles heures de la dance music sous toutes ses formes (jusqu’aux seventies, s’entend !). Délicieusement rétro Affreusement jouissif!
TROTTLES OF THE DEAD
E Time to honour the two Oliviers from Trottles of the Dead! Behind this strange name are two of Bad Bonn’s resident DJs. The record loving duo from Singine, in Fribourg, can wear the soles of your shoes down to nothing in just a few hours! Their clashing mix of rhythm’n’blues, soul, rock’n’roll, garage, early funk and vintage sixties hits produces a happy reminder of dance music’s best moments, including the seventies! Ridiculously retro and extraordinarily ecstatic!
Tuesday, 14 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
LIGHTS
HIGH–
5
14.07.2015 - 23:00 Trottles of the Dead The Rock Cave
PORTFOLIO
13 JULY 2015
Benjamin Booker Auditorium Stravinski
BEST OF BENJAMIN BOOKER
F Bon d’accord, Lenny Kravitz, ça envoie. Mais avouons que si c’est un rock hyper solide - le live de ce soir l’a prouvé - il est calibré pour plaire au plus grand nombre. Alors quand un garçon comme Benjamin Booker se pointe devant un public avide d’écouter «I’ll Be Waiting» ou «Fly Away», forcément, ça coince. Formation power-trio sans artifices, disto bien crade, solos bruitistes et chuchotement mystique en guise de voix: le public n’adhère pas au blues-punk de Booker. Mais l’irrévérencieux ne va pas s’adapter pour autant. Et diable qu’il a raison! Un doigt d’honneur, du larsen et un orage de distorsion se succèdent pour provoquer un public récalcitrant. Résultat des courses: d’un côté, un jeune artiste fougueux, jouant un rock poisseux qui ne détonerait pas dans True Detective et qu’on ne voit pas concéder, pas plus aujourd’hui que demain, un poil de concession. De l’autre, un public principalement venu pour Kravitz, mais qui, vers la fin, concéda à tendre l’oreille et à saluer le talentueux insolent. Steve Riesen
BENJAMIN BOOKER
E Ok ok, Lenny Kravitz has it down. Let’s be honest, tonight’s gig may have shown that his rock has oomph, but the guy does know what the crowd wants. Therefore, when a boy like Benjamin Brooker stood before an audience eager to hear “I’ll Be Waiting” and “Fly Away”, he was already off to a sticky start. The crowd just wasn’t feeling the plain power-trio’s blues-punk, with its cruddy distortions, noisy solos and strange whisper-like voice. However, the stubborn Brooker didn’t back down, and thank God for that! He kept at it, showing the refractory crowd what he could do with the finger, Larsen effect and distorted grumble. In the end, the room was split. On the one hand, an ardent young artist played dodgy rock that would never make a sound in True Detective, or land a deal any time soon. On the other, an audience with ears only for Kravitz, but who eventually came round and started to acknowledge the talented whippersnapper.
Lenny Kravitz Auditorium Stravinski
Hot Chip Montreux Jazz Lab
BEST OF HOT CHIP
James Blake Montreux Jazz Lab
F Tronches de geeks et responsables de la naissance de milliers de bébés à travers le monde. Ce n’est rien de dire qu’on attendait Hot Chip au Lab ce soir, confiant en l’idée que cet été exceptionnel sur la Riviera pouvait bien devenir un «Summer of Love». Il lui manquait une B.O.? Alexis Taylor et ses potes allaient s’en charger! Les six arrivent sur scène, l’air d’une colonie de vacances pour quadragénaires. On se laisse faire. Deux-trois notes slapées à la basse, une ligne groovy au synthé, on entre dans la danse. Le tempo est fixé à 120 Bpm, il ne bougera pas du concert. Un vent de sensualité gagne l’audience. Ça danse. Ça chorégraphie. Je me dis: pourquoi ne pas être corps tout simplement? Un corps athlète et dansant, taillé par cette rythmique solide, ces basses joueuses, ces mélodies heureuses? Je m’imagine en Saab décapotable, polo rose et pantacourt en lin roulant vers mon cours d’aqua-gym en écoutant «Over and Over» sur un autoradio 80’s. La grande vie. Laurent Küng
HOT CHIP
E These geek lookalikes are responsible for a worldwide baby boom. It’s not enough to say we were just waiting for Hot Chip at the Lab tonight. We were convinced that a summer of love would grow out of this exceptional Riviera summer. All that was missing, however, some sort of official bulletin, but Alexis Taylor and his mates fixed that. As the six arrived on stage it seemed as if they were going to a fortysomethings’ holiday camp. The dancing erupted after a couple of notes from the base and a groovy feel from the synthesizer. The tempo was locked at 120 bpm and there it stayed throughout he concert. Voluptuous vibes reverberated through the crowd pulsating their dance moves. Then I wondered, wouldn’t it be great just to be the body? A dancing machine sculpted by the meaty rhythm, vivacious basses and euphoric melodies? I imagined myself in a open topped Saab, wearing a pink polo neck and linen three quarter lengths, on my way to aqua-aerobics and listening to “Over & Over” with my radio set on 80s. What a life.
TOTO
Familier de Montreux, le guitariste et leader de Toto Steve Lukather fait le point, après un concert mémorable donné au Stravinski. Propos recueillis par Alexandre Caporal F Vous êtes un fidèle de Montreux depuis longtemps. Venir ici est-il toujours un plaisir? Oui. Vous savez, c’est ma sixième venue à Montreux, dont la deuxième avec Toto. Hier soir, on a passé une soirée fantastique. On a notamment vu notre pote Lionel Richie avec qui on a travaillé sur plusieurs enregistrements. Ensuite on a vu Quincy, un vieil ami, et j’ai traîné avec l’un de mes héros, le guitariste John McLaughlin! C’est toute la beauté de ce festival. Vous avez été proche de Claude Nobs. Quel souvenir conservezvous de lui? Claude me manque. C’était une très belle âme. Partout où je vais, les gens parlent de lui. La dernière fois que je l’ai vu, j’ai dû le faire entrer lors d’un spectacle que je donnais en hommage à Les Paul.
«Les gars de Toto sont mes frères.» Claude n’avait pas de pass. Mais il s’agit de Claude, le légendaire Claude! Et il ne pouvait pas entrer! Je lui ai donc donné mon pass et lui ai dit: «Vas-y, s’il-te plaît. Laisse-moi faire ça pour toi».
Familiar with the Montreux Festival, the guitarist and Toto’s leader Steve Lukather goes back on his memorable show given at the Stravinski.
INTERVIEW
Mardi, 14 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle
8
Tu as collaboré avec des artistes immenses. Parmi ceux avec qui tu n’as encore travaillé, lequel choisirais-tu? Peter Gabriel. Je suis un de ses grands fans depuis très longtemps. Il est un de ceux avec qui je n’ai pas encore eu la chance de travailler, mais il n’a pas vraiment besoin de moi (rire). J’adorerais jouer avec les Rolling Stones un jour aussi, mais eux non plus n’ont pas besoin de moi (rire). Mais d’un autre côté, j’ai eu la chance de collaborer avec tant de mes idoles. Moi, je suis comme une éponge, je m’inspire de tous les grands producteurs, ingénieurs, auteurs et artistes de tous styles.
Après toutes ces années ensemble, quel rapport entretiens-tu avec les autres membres de Toto ? Les gars de Toto sont mes frères. Quand j’avais une vingtaine d’années, on étudiait la musique ensemble et on avait un rêve fou: celui de créer un groupe et de devenir musiciens de studio. Ça me fait bizarre rien que d’y penser. C’est comme si j’avais cligné des yeux et que quarante ans avaient passé. Je suis toujours ce jeune homme stupide, même si mon permis de conduire me ramène à la réalité (rire).
E Do you still enjoy coming to Montreux ? Yes. You know, this is my sixth time I think, second time with Toto, but I’ve done it a bunch of times. Last night was fantastic. We went out and saw our buddy Lionel Richie who we all worked on a records with, and then we saw Quincy, who’s an old dear friend, and one of my guitar heroes: John McLaughlin! This is the beauty of this festival.
«The Toto guys are my brothers.»
with. But he doesnt’ really need me. I’d love to play with The Rolling Stones some day too, but they don’t need me either but… I don’t know, there’s probably a bunch of people I could sit here and talk about for a long time. On the other side of the coin I’ve had a chance to work with so many of my heroes through the years and learn from them and watch the process of how they work and everybody works differently. So I’m like a sponge, I take from all the great producers, engineers, songwriters, artists of every style.
What do you remember about Claude Nobs ? I miss Claude, he was a beautiful soul. His spirit… Everywhere I go, people are talking about him. Last time I saw him, I actually had to get him into a show I was doing with a tribute to Les Paul. He didn’t have a pass. Now this is Claude, right, legendary Claude! And the guy would’t let him in! So I gave him my pass and I said “Please go, let me do this for you”.
After all these years, what kind of relationship do you have with the other members of Toto? These are my brothers. My coming of age, and we studied music together, we had this crazy dream of having a band then we became studio musicians. It’s kind of weird to even think about it. Time... It’s like I blinked and 40 years went by. I’m still a silly little kid, but my driver’s licence tells me something else.
You’ve worked with some legendary artists. Who would you like to play with next? Peter Gabriel. But I was always a big fan way way back. He’s one guy I haven’t had a chance to work
9
© 2013 FFJM-Marc Ducrest
#OTD
Tuesday, 14 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
ON THIS DAY
Prince – 14 July 2013 F Entre l’homme et l’idole, quelles différences? Quelques tubes de fond de teint assurément, mais le maquillage ne fait pas tout. Si la recette est complexe, les mécanismes du culte restent intelligibles. Il s’agit de faire la bonne musique au bon moment, d’apprendre à cultiver le mystère en se forgeant une image équivoque entre le pimp et le prédicateur, de s’inventer quelques caprices comme celui d’exiger, en 2009, d’emporter sur scène quelques statues lourdes comme un semi-remorque… Ah oui! Et aussi de vendre des dizaines de millions d’albums. En ce qui me concerne, j’ai beau appliquer la recette de mon mieux, ça ne marche pas trop fort pour moi jusqu’à présent. Laurent Küng
E Any differences between a man and an idol? Few tubes of foundation-powder is obviously needed, but make-up isn’t all that. Although the secret is complex, the cult mechanism stays understandable. It’s about making good music at the right time and learning how to keep a mysterious side while fostering a self-image between the pimp and the preacher. It’s also about inventing whims like the one in 2009, that consisted of asking to bring on stage some heavy status, like a semi-truck for instance… Oh, yeah! And also to sell tens of millions of albums. As far as I am concerned, although I follow my old buddy’s instructions carefully, it hasn’t really worked for me yet.
GAMBAS MARINÉES SALADE CAESAR FILET DE FÉRA POÊLÉ SUPRÊME DE VOLAILLE ONGLET DE BOEUF BROWNIE CARPACCIO DE FRUITS FRAIS …AND MANY MORE! OUVERT TOUS LES JOURS DÈS 16H
Retrouvez la rubrique #OTD sur Instagram et Twitter @montreuxjazzfestival @montreuxjazz
«OPEN HAIR»
Quand on pense Santana, on songe «Woodstock». Mise à part la boue, la musique et le LSD, que s’y est-il passé exactement? Par David Brun-Lambert
READ
Hippie Hippie Shake, Richard Neville, Rivages, 2013 F L’histoire du légendaire magazine hippie Oz, fondé alors que la vague «flower power» déferlait sur Londres. De Allen Ginsberg à John Lennon et Yoko Ono, en passant par Hendrix ou Jagger, une plongée dans les coulisses du Londres psyché. E A history of the legendary hippie magazine, Oz, founded during London’s flourishing ‘flower power’ craze. This book takes you behind the scenes of London’s psyche, swinging by artists such as Allen Ginsberg, John Lennon, Yoko Ono, Hendrix and Jagger.
LISTEN
Santana, Santana, Columbia, 1969 F Le premier album de Carlos Santana, vingt-deux ans alors et à peine débarqué à San Francisco, est un brûlot blues, funk et rock à haute teneur en testostérone – dont le public de Woodstock fit méchamment les frais. Foudroyant!
«INVITATION TO ILLUMINATION» With John McLaughling Auditorium Stravinski
2011
«MY BLUES IS DEEP» With Tinariwen, Taj Mahal, etc. Auditorium Stravinski
E The first album released by Carlos Santana when he was just twenty-two and only just in San Francisco. It’s an album packed with red-hot blues, funk and rock and oozing testosterone – simply too hard-core for the Woodstock audience. Lethal!
2006
«HYMNS FOR PEACE» With Ravi Coltrane, Chick Corea, Nile Rodgers, etc. Auditorium Stravinski
2004
WITH WAYNE SHORTER Casino
de Santana, Jimi Hendrix ou Jefferson Airplane. Cela, c’est ce que l’histoire a retenu. Omettant d’autres détails: un embouteillage géant (le plus important de l’histoire des Etats-Unis), des musiciens acheminés par les hélicoptères de l’US Army et des militaires forcés de ravitailler en nourriture, eau potable et médicaments un public livré à lui-même, tandis que la région était, elle, déclarée «zone sinistrée»… Si Woodstock fut l’événement le plus spectaculaire né de la contre-culture américaine des sixties, il marqua également la fin de la tolérance qui prévalait jusque-là à l’égard du «flower power». Passés les meurtres commis par les ouailles de Charles Manson et la disparition de leurs prophètes (Joplin, etc.), les «enfants fleurs» se découvraient soudain sans leader ni direction. Peu après, le mouvement hippie s’effondrait. Woodstock constitua en quelque sorte ses grandioses funérailles. Et l’ère des festivals géants s’ouvrait sur un enterrement…
1988
Casino
1970
F Woodstock aurait dû être un énorme coup commercial. Ce fut un gouffre financier. Michael Lang, organisateur de la manifestation, en fut pour ses frais. Lang était un hippie: entrepreneur charismatique, il avait déjà réuni 100 000 jeunes durant un festival de deux jours à Miami. Les bénéfices avaient été engloutis dans la construction d’un studio d’enregistrement dans la région de Woodstock, à 40 kilomètres de New York. Il manquait des fonds pour achever le chantier. Il imagina alors un autre festival, s’entoura d’associés, loua un terrain de 243 hectares pour 50 000 dollars et lança en juin 1969 une campagne d’affichage dans le métro new-yorkais. «Trois jours de paix et de musique. Des centaines d’hectares à parcourir. Promène-toi sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l’air pur». Résultat: le 15 août, 450 000 jeunes célébraient la «politique de l’extase» hippie en assistant dans des conditions d’hygiène moyenâgeuses aux concerts
GRAND ANGLE
Mardi, 14 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle
10
CARLOS SANTANA À MONTREUX “OPEN HAIR”
Santana’s music conjures up memories of Woodstock, but all the mud, music and LSD aside, what actually happened? E Woodstock was meant to reel in the dough, but unfortunately, it failed to deliver, and organiser, Michael Lang, got little for his efforts. Lang was a hippie and charismatic businessman who had succeeded in getting 100,000 young people to flock to a two-day festival in Miami. The construction of a recording studio in Woodstock, about 24 miles from New York, devoured most of the earnings, and still, the funds were insufficient to finish the project. He therefore got started on another festival by finding several sponsors, hiring a 353-acre space for $50,000 and launching a publicity campaign on the New York Metro in June 1969 that read, “Three days of peace and music. Hundreds of acres to roam on. Walk around for three days without seeing a skyscraper or a traffic light. Fly a kite, sun yourself. Cook your own food and breathe unspoiled air.” 450,000 young people flooded to the event on August 15th to ex-
perience the hippies’ policy of ecstasy. They attended Santana, Jimi Hendrix and Jefferson Airplane in conditions straight from the medieval book of hygiene. History remembers this stuff but filters out other details like the fact that the event saw the largest traffic jam in US history, artists were brought in by US Army helicopters and soldiers replenishing an audience left to its own devices with food, drinkable water and medicine. The region was declared a disaster area. Woodstock was both the greatest show to emanate from US sixties’ counterculture and ‘flower power’s’ death sentence. The ‘flower power saplings’ were suddenly left leaderless in the aftermath of the Manson murders and the deaths of idols such as Hendrix and Joplin. The hippie movement disintegrated shortly after. In a way, Woodstock buried the heroes and marked the beginning of gigantic festivals.
y agine, to m trast. Just imlden legs as n co f o id a o fr to tival isn’t a cefully gallivanting g Meanwhile, eux Jazz Fes The Montr ater y reflections of gra ant youth by the lake. the sacred n w er ee b left are the night betw ff their exu ce on Lake irls show o acted ever y boys and g same euphoria is en ids test their innocen uditorium e k A my right, th entre de Congrès. As eir tannin fix in the olness of Calth C co e et g ed th s g f o n r elder walls teve uncha , but play S oreline, thei ne and the Geneva’s sh ching Jackson Brow ennett’s sunny charm a. If you’re B sm wat have Tony nd ther’s chari Stravinski yboys. They ith the Chemical Bro dust off your guitar a la p n ia rn o w t, if s en ff ri m t re n ti ra g re vib your comin Lukather’s st of time. g forward to usicians stand the te in k o lo t o n t there as m get back ou
Dad,
2015
S ou le y m a n Le ste igny 6, r u e Alfre d de V te 91190 G if -Sur-Yvet F RA NCE
xx, Your s on
r
IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com CEO Mathieu Jaton Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Thibaud Mégevand Editorial Secretary Renata Vujica Contact chronicle@mjf.ch
Contributing Editors David Brun-Lambert, Alexandre Caporal, Salomé Kiner, Laurent Küng, Thibaud Mégevand, Steve Riesen Photographers FFJM : Vincent Bailly, Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Alain Betex, Marc Ducrest, Lionel Flusin, AnneLaure Lechat, Damien Richard GM Press : Georges Braunschweig, Edouard Curchod, Inès Galai, Lauren Pasche Maison de disques : EMI, Musikvertrieb, Phonag, Sony, Universal Music, Warner Infography Thibaud Mégevand et Freepik (Creative Commons) Translators Sandra Casas, Marielle Jacquier, Louise Fudym John Powell, Emma Harwood, Tiago Brissaud, Rachel Bolle Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens
F Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol. E The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.
Tuesday, 14 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
juillet
Switzerlan d
Bis ous, Ton fils
3 - 18
POSTCARD
Papa,
xJ treu azz F on
l tiva es
agine: à ma ntrastes. Im rdoré de co es d r eu o p val n‘a pas un ballet m s quais leur x Jazz Festi tes du lac, le Le Montreu les œillades brasillan filles promènent sur ère les parus e, derri rçons et gauche, so , à ma droit e Congrès opère guette - ga là o g sp en m s te te ce dant gambet Centre d unesse. Pen ceinte sanctifiée du bambins malmènent je te n la u ét n s p rre, dans l’e Alors que le és soignent leur tanin paings de ve même ravissement. aîn s le , n Browne et a le ém L ’est Jackson e pastel C chaque soir ce sur les rivages du i. sk in av n m Str ce jaun leur innoce scène de l’Auditoriu ’est l’élégan kather et le C s. n ie e rn d fo sur la gran ct des playboys cali olescents de Steve Lu e imminente? ta ad ait le flegme in ett. Ce sont les riffs ures ta retr n ers. Tu ple au temps. en th B ro y B n l o a T ic e t d nt des Chem ens résisten règne éclata ta guitare: les musici c n o Ressors d
M
11
Advertising Mathilde Blandin, m.blandin@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.ch Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Lea Berchtold Layout Composers Emilie Renevey, Alexandre Cuennet Retrouvez tous nos numéros sur issuu.com/montreuxjazzchronicle Suivez nous sur les réseaux sociaux facebook.com/montreuxjazzfestival twitter.com/MontreuxJazz
M ESUR E ET D ÉMESUR E *
TONDA 1950
Or blanc serti de diamants Mouvement automatique extra-plat Bracelet alligator Hermès White gold set with diamonds Ultra-thin automatic movement Hermès alligator strap Made in Switzerland
GLOBAL PARTNER
www.parmigiani.ch
Parmigiani_HQ • Visual: Tonda 1950 MOP • Magazine: Chronicle Juillet_15 (CH) • Language: English • Doc size: 234 x 320 mm • Calitho #: 06-15-109423 • AOS #: PF_02006 • EB 08/06/2015