N°13
Mercredi, 16 juillet 2014 Wednesday, 16 July 2014
Le quotidien du Montreux Jazz Festival The Montreux Jazz Festival daily newspaper
Lykke Li, Montreux Jazz Lab, 15.07
MONTREUX JAZZ
TONIGHT
HEAT
STEVIE WONDER - ENFIN!
F Un demi-siècle de musique, une influence considérable exercée sur les musiques afro-américaines modernes et pléthores de tubes planétaires: Stevie Wonder est un mythe vivant. Pour avoir croisé immédiateté pop et dynamique rhythm’n’blues, l’auteur de «Superstition» a bouleversé le paysage musical du XXe siècle, influencé plusieurs générations d’artistes (de Michael Jackson à Daft Punk), s’imposant comme un créateur parmi les plus cruciaux de son temps. Son concert au Stravinski est un événement
7 Best Of: Lykke Li
de taille. En effet, jamais Stevie Wonder ne s’était encore rendu à Montreux. Claude Nobs en avait rêvé. Cette 48e édition exauce enfin un de ses vœux les plus chers.
STEVIE WONDER - AT LAST!
E A half-century of music, massive influence on modern African-American music, and an endless list of planet-wide hits: Stevie Wonder is a living legend. At the crossroads of pop immediacy and R&B energy, the author of “Superstition” shook up the musical landscape of the 20th
century and inspired generations of artists from Michael Jackson to Daft Punk, developing a well-earned reputation as one of the most important creative talents of his era. His concert at the Stravinski is a major event, because amazingly Stevie Wonder has never before played Montreux. Claude Nobs dreamed of it for years, and at the 48th edition of the Montreux Jazz Festival, one of his dearest wishes is finally coming true.
8 Interview: Jerry Léonide
Stevie Wonder, Auditorium Stravinski, 20:30
Parmigiani Montreux Jazz Solo 9 All Access:Piano Competition-Final
Mercredi, 16 juillet 2014 | Montreux Jazz Chronicle
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bastianbaker.com
IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com CEO Mathieu Jaton Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Hélène Panchaud Editorial Secretary Jade Albasini Contact chronicle@mjf.ch
Contributing Editors Antoine Bal, David Brun-Lambert, Laura Carrupt, Salomé Kiner, Laurent Küng, Eduardo Mendez, Andrea Nardini, Margaux Reguin, Steve Riesen Photographers FFJM : Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Arnaud Derib, Marc Ducrest, Lionel Flusin, Anne-Laure Lechat, Damien Richard GM Press : Georges Braunschweig, Edouard Curchod, Inès Galai, Lauren Pasche EMI, Musikvertrieb, Phonag, Sony, Universal Music, Warner Translators Bridget Black, Louise Fudym, Amandine Lauber, Delphine Meylan, Lisandro Nanzer, Kristen Noto Printed by ImprimExpress Sàrl Printed in Villeneuve 5’000 copies on FSC paper
F Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol. E The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.
Advertising Mathilde Blandin, m.blandin@mjf.ch Artistic Consultant David Tanguy Designed by eikonEMF Wilhelm Kaiser 13 / 1705 Fribourg / Switzerland www.eikon.emf.ch/anthracite Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Rebecca Bühler Layout Composers Rebecca Bühler, Emilie Renevey, Lucien Roussy
EDITO F On y est. Plus de quatre mois après l’annonce officielle de sa venue au Montreux Jazz, Stevie Wonder débarque enfin sur la Riviera, flanqué d’un lourd appareillage. Le rêve de Claude Nobs devenu réalité. On a évoqué le panthéon du Festival jusque-là laissé inachevé et que sa présence rend enfin complet. Comme on a déjà beaucoup conté le rôle joué par l’auteur de «Superstition» dans l’élaboration d’une synthèse entre le pouls noir des 50s et les canons de la pop grand public. Et s’il est un legs essentiel de Stevie Wonder à son temps, il se trouve de toute évidence ici. En effet, par-delà ses tubes à l’immédiateté toujours sidérante, l’ancien gamin de Détroit a traduit à travers son œuvre l’audacieuse, sinon tortueuse, aventure menée par la musique populaire afroaméricaine au cours du demi-siècle passé. Arraché au domaine du seul divertissement dans lequel il avait été parfois de force cantonné, le rhythm’n’blues a pu à travers sa voix, tout autant que celle de Marvin Gaye ou Sly Stone, exprimer la pesanteur d’une époque
WILD CARD: JULIAN SARTORIUS
marquée par l’effondrement des idéaux. Architecte d’une synthèse musicale parvenue à maturité au cours des 80s, innovateur audacieux à la tête d’une œuvre considérable, enfin auteur-compositeur génial unanimement adulé par tous les publics et chaque génération, c’est un géant que le Montreux Jazz Festival s’apprête à recevoir ce soir. Un mythe vivant dont chacun cherchera à capturer pour lui-même un peu de la lumière si particulière. David Brun-Lambert E We’ve made it. Over four months after the official announcement of Stevie Wonder’s performance at Montreux Jazz, he has finally arrived on the Riviera, flanked by heavy equipment. Claude Nobs’ dream has come true. The Festival’s Hall of Fame lineup had been an artist short of perfection, but is now complete thanks to Stevie Wonder’s presence at Montreux. We all know the role the writer of “Superstition” played in the synthesis of the black current of the ‘50s with canons
of mainstream pop. His legacy was as evident in his time as it is today. Above and beyond his hit songs with staggering relevancy, the former kid from Detroit has used his work to reveal African-American popular music’s daring, if not tortuous, adventure over the past half century. Stevie Wonder’s voice dragged rhythm’n’blues out of the domain of light entertainment, where it had a tendency to get stuck. Marvin Gaye and Sly Stone played just as important a role. Rhythm’n’blues could express the weight of a century marked by a breakdown of ideals. He was the architect of a musical synthesis that reached its peak during the ‘80s, an audacious innovator who headed an impressive body of work, and an inspiring author composer who was unanimously idolized by a diverse range of people over the generations. The Montreux Jazz Festival is ready to host this musical giant tonight. Everyone will try to capture a little bit of his special sunshine!
FACTS & FIGURES F Le nombre estimé d’albums vendus par Stevie Wonder dans le monde. E The estimated number of Stevie Wonder albums sold worldwide.
80 300 000
“Ce qui se passe à Montreux reste à Montreux.”
Un type tâchant de convaincre une fille de le suivre à son hôtel, entendu au Bar Pro
“What happens in Montreux, stays in Montreux.”
A guy trying to convince a girl to go home with him. Heard at the Bar Pro.
LE SAVIEZ-VOUS F Durant les années 1910, l’actuelle Poste de Clarens était l’Hôtel des Crêtes. Maurice Ravel y vécut durant les mois de mars et avril 1914. C’est ici qu’il fit la connaissance du chef d’orchestre Ernest Ansermet et surtout d’Igor Stravinsky – alors logé à l’Hôtel du Châtelard, situé immédiatement derrière la voie ferrée. En mai, Ravel suivait Stravinsky à Paris pour assister à la première du Sacre du printemps.
E During the 1910s, what is now the Clarens post office was the Hôtel des Crêtes. Maurice Ravel lived there in March and April 1914. There, he met orchestra conductors Ernest Ansermet and Igor Stravinsky who were staying at the Hôtel du Châtelard located directly behind the train tracks. That May, Ravel followed Stravinsky to Paris to attend the début of The Rite of Spring.
Main Partners
Wednesday, 16 July 2014 | Montreux Jazz Chronicle
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PROGRAM 16.07
AUDITORIUM STRAVINSKI
JOHN SCOFIELD UBERJAM BAND
MAC MILLER
MUSIC IN THE PARK
AFTERSHOWS
BAR EL MUNDO
DRAKE UNIVERSITY BIG BAND 14:00 METHODIST LADIES’ COLLEGE JAZZ BAND 16:00 PAUL SUTIN & LITTLE DREAMS BAND 18:00 MACEO PARKER 20:00 WITH SPECIAL GUEST: RAST NATIG RHYTHM GROUP 23:00
F Dès la fin des concerts E Start when concerts end
ZUMBA SESSION JUNIOR APERO JAZZ CESAR CORREA PROJECT
16:00 18:00 20:00
GREETINGS FROM PEROU
22:00
PAYING
STEVIE WONDER
MONTREUX JAZZ TRAIN Montreux Train station
11:44
DJANGOLOGIE, ANACH CUAN
THE STUDIO
22:00
PETIT PALACE
F L’espace muséal du Festival: dispositifs interactifs, diffusion des archives, expo photo et autres activités à découvrir.
Petit Palais JOE FARMER, L’IMPROVISATION EN RADIO
13:00
Petit Palais THE ROADS TO JAZZ PRÉSENTÉ PAR JERRY LÉONIDE
15:00
Petit Palais NATIG RHYTHM GROUP
17:00
GOOD TO KNOW BOX OFFICE
Attention : Si un concert n’est plus en vente sur notre site internet, un seul et unique billet par personne sera vendu.
Chaque jour du Festival, des billets pour le soir même sont en vente dès 16h à la Billetterie située au Montreux Music and Convention Center, devant l’entrée principale.
FR
CHALET D’EN BAS
WORKSHOPS
FREE
DOO GOOD LUCAS MONÈME HOT SINCE 82 ANDREA OLIVA
DJ RUMBA STEREO
F Jam Sessions improvisées et DJs. E Improvised Jam Sessions and DJs.
E The Festival’s interactive museum with exhibits, Festival archives, photo collection among other activities.
INFORMATION
F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App» E For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com
Important: If no concert tickets are available via our website, solely one ticket per person can be purchased.
DISAGONY THE LORDS OF ALTAMONT
Montreux Jazz Club
Every day during the Festival, tickets for the same evening will be available for sale as of 4pm at the Box Office, situated at the Montreux Music and Convention Center, in front of the main entrance.
22:00
Montreux Jazz Lab DOWNTOWN BOOGIE (COULEUR 3)
EN
THE ROCK CAVE
CAISSE DU SOIR
20:30
JOEY BADA$$
GOLDENPASS JAZZ & CELTIC TRAIN
GOOD TO KNOW
20:00
MONTREUX JAZZ LAB
DIRTY LOOPS
PAYING
20:30
MONTREUX JAZZ CLUB
LORDS OF ALTAMONT
F Ils auraient pu s’appeler The Lords of Woodstock. Mais l’esprit peace and love, ce n’est pas vraiment leur truc. Ils se sont donc inspirés du fameux concert d’Altamont, symbole de la fin du mouvement hippie. Bikers et rock’n’roll de mauvais garçon: ça, c’est leur univers. Depuis 1999, les Lords agressent nos oreilles d’un rock garage sale et primitif. Et que c’est bon! Avec quatre albums à leur actif et des tournées aux côtés des Who ou des Cramps, ils n’ont plus grand chose à prouver. Pour leur 15ème anniversaire, ils se sont fait plaisir: enregistrer un album de reprises pas comme les autres. En effet, ils reprennent exclusivement les morceaux
Lords of Altamont, The Rock Cave, 22:00
qui ont été joués à Altamont. Une belle façon de souligner encore plus leur attache spirituelle au fameux «concert maudit». Les Stones, Santana ou encore Jefferson Airplane passent dans le filtre brut et puissant des Lords. Leur version de «Sympathy for the Devil» seule vaut le détour! Vous l’aurez compris, avec leur rock sans chichis ni fioritures, ils se fonderont parfaitement dans l’atmosphère électrique de la Rock Cave. Hey oh, Let’s go! Steve Riesen
LORDS OF ALTAMONT
E They could have been named The Lords of Woodstock. But peace and love isn’t really their thing. They were inspired by the unfortu-
«Nous sommes Vaudoise au Montreux Jazz Festival du 4 au 19 juillet 2014.» 1130.388 mm
Grand Concours
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Wednesday, 16 July 2014 | Montreux Jazz Chronicle
nately infamous Altamont Concert – a symbol of the end of the hippie movement – and are all about bikers and bad boy rock’n’roll. The Lords of Altamont have been assaulting our ears with dirty, primitive garage rock since 1999. And oh how we’ve loved it! With four albums under their belt and tours with the Who and the Cramps, they don’t have much left to prove. They’ve treated themselves to something special for their 15th anniversary and have recorded an album of cover songs unlike any other. They’re only covering songs that were played at Altamont, a beautiful way to emphasize their spiritual attachment to the “cursed” concert. The Stones, Santana and even Jefferson Airplane have passed through the rockers’ raw, powerful filter. Their version of “Sympathy for the Devil” alone makes the album worth the listen. Now you see why their no froufrou no fuss rock is perfect for the electric vibe of the Rock Cave. Hey ho, let’s go!
LIGHTS
HIGH–
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PORTFOLIO 15.07
Wojciech Myrczek, Montreux Jazz Club
Prism, Montreux Jazz Club
Ry X, Montreux Jazz Lab
Mavis Staples, Auditorium Stravinski
Van Morrison, Auditorium Stravinski Melanie De Biaso, Montreux Jazz Club
LYKKE LI, HEATWAVE
LYKKE LI, HEATWAVE
VAN MORRISON, MOMENT D’ÉROTISME
VAN MORRISON, AN EROTIC MOMENT
Lykke Li, Montreux Jazz Lab
F Je monte les escaliers du Strav en toute hâte et j’entends, au loin, la voix resplendissante des saxophones qui m’appelle, comme un chant de sirène m’attirant irrésistiblement. Van Morrison est seul sur le devant de la scène, sans filet de sécurité. Chapeau noir, Ray Ban sépia, micro plaqué or. La classe d’un vieux mafieux désormais rangé. Les musiciens, cuivres, Rhodes, choristes, batterie occupent le décor. En vrai crooner des années 1950, le Britannique enchaîne les ballades. Les regards se croisent, les corps se rapprochent. On se prend la main, on se caresse le bras. Le poète tombe le foulard, j’ai l’impression que la salle peut basculer en orgie géante à tout moment. Le ton n’est pas à l’exubérance, mais ça transpire la sensualité, l’érotisme. Et le temps s’emballe. Les ballades cèdent la place au blues. Les bras du chanteur s’agitent, cherchant à projeter ses mots comme on lance un javelot. Il y croit à ses histoires et embarque l’audience avec lui. Les caresses se sont transformées en clappements de main, les mots doux en clameur générale. Van Morrison quitte la scène, laissant derrière lui une odeur de volupté et une foule conquise. Laurent Küng
E Smoke clouds the stage and mixes with crystal lights. The atmosphere will be mysterious and inviting tonight. Lykke Li charms the audience right away, looking like a high priestess. The Swede’s ethereal melodies and electro layers are reminiscent of the cold wave of the ‘80s. Yet there is nothing cold in her attitude: generous, she gives the audience her all. At the climax, her music turns into a real symphony. To conclude, she pleases us with a wonderful song in Swedish. Although we didn’t understand any of the lyrics, it was just as moving. Magical!
BEST OF
F La fumée envahit la scène et se mêle aux lumières cristallines. L’atmosphère sera mystérieuse et envoûtante ce soir. Lykke Li charme aussitôt le public avec ses airs de grande prêtresse. Les mélodies éthérées et les nappes électro de la Suédoise rappellent la cold wave des années 80. Mais rien de froid dans son attitude: généreuse, elle a tout donné à son public. A son paroxysme, sa musique se transforme en véritable symphonie! En guise de conclusion, elle nous a ravi d’une sublime chanson en suédois. On ne comprenait rien aux paroles et pourtant, c’était tout aussi bouleversant. Magique! Steve Riesen
E I climb the stairs of the Stravinski in a hurry and hear the wonderful sound of the saxophones in the distance, calling out to me like an irresistible siren. Van Morrison is standing alone at the front of the stage without a safety net. Black hat, sepia Ray Bans, gold plated mic. The class of an old retired Mafioso. Musicians, Rhodes electric piano, backup singers, drums, this is the decor. Like a real crooner of the ‘50s, the British man goes for a series of ballads. Eye contact is made, bodies get closer. Hold each others’ hands; caress each others’ arms. The poet gets rid of his scarf. I feel like the room could turn into a huge orgy at any moment. There’s no exuberance, yet sensuality and eroticism exude. Minutes get shorter. Ballads give way to blues. The arms of the singer start to move, trying to throw words like you would throw a javelin. He believes his stories and takes the audience with him. Caresses turned into clapping, tender words into cheering. Van Morrison leaves the stage, leaving a feeling of voluptuousness and a thrilled crowd behind him.
JERRY LÉONIDE
Lauréat de la Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition 2013, Jerry Léonide s’affirme comme un talent jazz avec lequel il faut désormais compter.
Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition 2013 winner Jerry Léonide affirms himself as a jazz talent to be reckoned with.
Propos recueillis par Laura Carrupt
Interview by Laura Carrupt
F Que vous a apporté votre victoire à la Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition l’an dernier? Beaucoup plus d’ouverture. Je suis parti de rien et j’ai à présent accès au réseau du Festival et de la Fondation du Festival de Jazz de Montreux, également à l’exposition.
«T’as l’air d’être un bon pianiste.» On m’a également programmé pour jouer au Montreux Jazz Club, sur une scène mythique au niveau international. L’année passée, j’avais ici même rencontré le directeur du label ACT avec qui je vais sortir mon premier disque. Les panoramas de Montreux influent-ils sur votre inspiration? Sans nul doute. Pour ma part, l’inspiration vient toujours des choses que je vois et des histoires que j’entends durant mes voyages. Je m’inspire de toutes ces images. Des mélodies me viennent en songeant à ces cadres, à ces paysages ou à ces personnes que j’ai rencontrés. C’est pour ça que, bien souvent, ma musique raconte l’histoire d’un lieu ou de
INTERVIEW
Mercredi, 16 juillet 2014 | Montreux Jazz Chronicle
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quelqu’un en particulier. À l’exemple de Claude Nobs que j’ai rencontré lors de ma première venue à Montreux en 2011. C’était à l’issue d’un dîner avec les gens de la Fondation. Il a sorti son harmonica et m’a dit: «Bon, je sais pas trop en quelle tonalité c’est, je te fais confiance, t’as l’air d’être un bon pianiste.» Et puis on a jammé! Cet épisode m’a inspiré un titre que j’ai joué ici. Comment vivez-vous l’intérêt que votre travail suscite désormais? Je crois que rien n’arrive par hasard. Je pense que je suis prêt pour ça. Je l’étais déjà il y a quelques années, mais l’opportunité ne s’était pas présentée. Je suis conscient que j’ai une chance extraordinaire. Mais je pense également que lorsqu’on remporte un concours aussi exigeant que la Piano Solo Competition, c’est qu’on poursuit un but artistique et qu’on a les épaules pour assumer ses retombées. Si je devais formuler un rêve? Que ma musique touche le plus de gens possible.
E What has winning the Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition last year done for you? It’s given me a lot more opportunities. I started from nothing and now have access to the Festival and Fondation du Festival de Jazz de Montreux networks. They also booked me to play at the Montreux Jazz Club, a legendary stage on an international level. I met the director of ACT Music, which is going to release my first album, here in Montreux at the competition last year. Does the panorama from Montreux influence your inspiration? Absolutely. For me, inspiration always comes from what I see and from the stories I hear on my trips. All of those images inspire me. I come up with melodies when I think about the scenery, the landscape, and the people I’ve met.
“You seem like a good pianist.” That’s why my music so often tells the story of a particular place or person, like Claude Nobs. I met him at a dinner with the people
working for the Foundation when I first came to Montreux in 2011. He took his harmonica and told me, “Well, I’m not really sure what key this is, but I trust you, you seem like a good pianist.” And then we jammed! That experience inspired me to write a piece that I played here. How to you react to the growing interest in your work? I don’t think things happen by chance. I guess I am ready for this. I was ready a few years ago, but the opportunity didn’t arise. I realize that I’m extremely lucky. In my opinion winning a contest as challenging as the Piano Solo Competition means pursuing an artistic goal and having broad shoulders to cope with its consequences. What’s my dream? For my music to touch as many people as possible.
«PARMIGIANI MONTREUX JAZZ SOLO PIANO COMPETITION – FINALE»
«Chacun vit sa musique différemment.»
ists Foundation and incomparable visibility. The room was silent and you could feel the tension. One by one, the participants demonstrated their incredible virtuosity. Some of them command respect by playing their own compositions. Others played pieces by artists as varied as Léo Ferré, Miles Davis and Jimi Hendrix. Everyone experienced their music differently. Some of them were concentrating and imperturbable. Others were less calm! There were those who sang as they played. Like in tennis, there were those who couldn’t help but make noises and others who just let their talent do the talking.
ALL ACCESS
F Petit-Théâtre. 16 heures. La finale de la Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition est sur le point de commencer. Le président Monty Alexander prend le micro: «Je ne suis pas un juge!
tombe enfin. «Pourquoi ai-je accepté ce job!», s’exclame Monty Alexander, au moment de remettre les prix. Le Russe Evgeny Lebedev prend la troisième place. Sa composition inspirée de la musique folklorique bulgare était en effet magistrale. Le deuxième rang est donné à deux candidats ex aequo. Le Français Mathis Picard qui a livré un blues virtuose et génialement déstructuré. Second ex-aequo, Pacheco Campos: le frère de la gagnante de l’édition 2012, Marialy Pacheco a également remporté le Prix du public. L’Allemand Lorenz Kellhuber est déclaré vainqueur. En transe devant son piano, il vibrait littéralement sur son siège, le visage à quelques centimètres de son clavier. Sa reprise de «Little Wing» en demi-finale valait à elle seule la première place! Comme disait l’autre, à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne…Steve Riesen
Je suis avant tout un pianiste, et surtout un frère pour tous les candidats». Choisir un vainqueur, il n’aime pas ça, tout comme le jury. En effet, lors de la demi-finale lundi, il devait élire trois finalistes, jugeant finalement les neufs candidats ex æquo. On reprend donc les mêmes, et on recommence! L’enjeu? Rafler un prix qui, au-delà d’un prix des CHF10000 offerts, d’une montre Parmigiani édition limitée et de quatre jours d’enregistrement au Balik Farm Studio, assurera au vainqueur un soutien durable de la Montreux Jazz Artists Foundation et une forte visibilité. L’atmosphère est tendue et silencieuse. Aucune erreur n’est permise. Tour à tour, les candidats font preuve d’une virtuosité hallucinante. Certains jouent leurs propres compositions, ça force le respect. D’autres reprennent des morceaux d’artistes aussi variés que Léo Ferré, Miles Davis et Jimi Hendrix. Ensuite, chacun vit sa musique différemment. Les uns sont concentrés et impassibles, les autres bien moins tranquilles! Il y a aussi ceux qui chantent en jouant. Comme au tennis, il y en a qui ne peuvent s’empêcher de donner de la voix et d’autres qui laissent parler uniquement leur talent. Après deux heures de compétition et une longue délibération, le verdict
“PARMIGIANI MONTREUX JAZZ SOLO PIANO COMPETITION – FINAL”
E It was 4 o’clock in the Petit-Théâtre and the final of the Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition was about to begin. The president, Monty Alexander, took the mic. “I’m not a judge! I’m a pianist. I’m a brother to the competitors.” Like the jury, he doesn’t enjoy having to choose a winner. During the semi-final on Monday, he should have chosen three finalists, but in the end he declared a tie between the nine pianists. So we started again with the same people! The stakes? Winning not only CHF 10,000, but also a limited edition Parmigiani watch and four days recording at Balik Farm Studio. Yet above all else, they gain long-term support from the Montreux Jazz Art-
“Everyone experienced their music differently” After two hours of competition and a long period of discussion, a verdict was reached. “Why did I accept this job?!” exclaimed Monty Alexander when it came to giving the prizes. Russian Evgeny Lebedev took third place. His composition, inspired by traditional Bulgarian music, was indeed majestic. There was a tie for second place. French Mathis Picard, who played nicely destructed blues with great talent, shared second place with Pacheco Campos, brother of 2012’s winner, Marialy Pacheco. Pacheco Campos also won the Prix du public. German Lorenz Kellhuber was announced winner. He was in a trance in front of the piano, literally vibrating on his seat, his face only a few centimeters from the keyboard. His cover of “Little Wing” in the semi-final deserved the first place all by itself. As the saying goes, Germany always wins!
Lorenz Kellhuber, Vainqueur de la Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition 2014
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«L’ESPRIT DU TEMPS»
Stevie Wonder n’est pas seulement un musicien de premier plan. Mais l’un des artistes afro-américains clés dans l’édification d’une synthèse entre r’n’b et pop. Esquisse d’un alliage devenu un standard musical mondial. F 1982. Transfiguré en Icare contemporain, Michael Jackson délivre un album qui clôt l’aventure musicale grand public du XXe siècle: Thriller. Une bombe à la croisée des formats rhythm’n’blues et pop. Soit l’achèvement d’un processus engagé près de trente ans plus tôt quand Ray Charles, puis Stevie Wonder mêlaient le rhythm’n’blues le plus âpre aux canons les plus admissibles de la pop blanche. Zeitgeist Congo Place, Storyville, Kansas City, Harlem, Détroit ou Memphis. Des territoires où s’est écrite l’histoire musicale populaire du XXe siècle aux États-Unis. Un itinéraire durant lequel s’est opérée une créolisation des cultures enracinées sur le sol US depuis la fin du XIXe siècle. Fruit de cette construction identitaire et culturelle: cette «great black music» que célèbre le Montreux Jazz depuis bientôt un demi-siècle.
«Modernité, vélocité et paranoïa.» Maintenant: quelles figures pour incarner une aventure qui fut, avant toute chose, celle d’une appropriation, sinon d’une anthropophagie culturelle? Louis Armstrong, Ray Charles, Stevie Wonder, Michael Jackson. Qu’est-ce qui lie ces artistes? La synthèse artistique qu’ils ont opérée à partir des principaux courants musicaux de leur époque. Outre les innovations que ces visionnaires ont suscitées, comment envisager leur répertoire? Peut-être comme une traduction de «l’esprit» de leur temps. Un Zeitgeist possiblement résumable en trois obsessions strictement américaines: modernité, vélocité et paranoïa. Modernité d’une jeune société brusquement devenue leader du «monde libre».
Vélocité d’une nation hantée par la performance. Paranoïa d’un empire idéologiquement affaibli par le maccarthysme, la lutte pour les droits civiques et la crise économique qui suivit le premier choc pétrolier. Cette psyché que déchiraient des forces contradictoires, le jazz, le rhythm’n’blues ou la soul, Ray Charles, Stevie Wonder ou Michael Jackson l’ont interrogée à mots couverts, chacun d’eux sondant, déchiffrant ou incarnant les cahots d’une Amérique hier certaine de sa pleine puissance, mais se découvrant soudain fragile. Un colosse aux pieds d’argile. L’homme qui donne le ton Saluer la venue de Stevie Wonder à Montreux, c’est célébrer cette aventure qui changea le cours de la culture populaire occidentale. Autrefois créature parmi d’autres du «business empire» Tamla-Motown, l’auteur de «Superstition» a notamment traduit dans Music of My Mind l’esprit de réconciliation qui prévalait durant les années soixante, entraînant le rhythm’n’blues dans des territoires esthétiques métissés, passionnants. Désormais, sous son influence ou celle du What’s Going On de Marvin Gaye (1971), le r’n’b cessa d’être seulement affaire de tubes. En carambolant immédiateté pop et dynamique noires, Wonder compte parmi ceux qui élaborèrent une musique contemporaine créolisée et dédiée au plus grand nombre. Une décennie plus tard, sa démarche devait largement inspirer Thriller. Par la suite, ce serait Prince, Daft Punk ou Pharrell Williams. A cet instant, la «great black music» était depuis longtemps déjà de grammaire mondiale. David Brun-Lambert
TIMELINE Stevie Wonder en 10 dates
2014
Live avec Daft Punk, Pharrell Williams et Nile Rodgers à la cérémonie des Grammy Awards.
1987
Participe à Bad de Michael Jackson et est intronisé au Rock’n’Roll Hall of Fame.
1985
«USA for Africa»
GRAND ANGLE
Mercredi, 16 juillet 2014 | Montreux Jazz Chronicle
10
1982
«Ebony and Ivory» en duo avec Paul McCartney
1980
«Happy Birthday» dédié à Martin Luther King
1976
Songs in the Key of Life
1972
“SPIRIT OF THE TIMES”
Music of my Mind
Stevie Wonder isn’t just a first class musician. He is also one of the key African American artists in the development of a synthesis between r’n’b and pop. We explore a blend that has become a musical norm around the world. E 1982. Michael Jackson, a sort of contemporary Icarus, released an album that marked the end of the 20th century’s mainstream pop adventure: Thriller. It was a knockout at the crossroads between rhythm’n’blues and pop, and the outcome of a process begun thirty years earlier when Ray Charles and Stevie Wonder mixed the roughest r’n’b with the most acceptable elements of white pop. Zeitgeist Congo Place, Storyville, Kansas City, Harlem, Detroit and Memphis. Places where 20th century US pop history was written. A route along which cultures that had been present in the US since the 19th century blended. The fruit of this construct of identity and culture was the “great black music” that Montreux Jazz has been celebrating for almost half a century. Now, who embodies this adventure that was above all else cultural appropriation, or at least cultural cannibalism? Louis Armstrong, Ray Charles, Stevie Wonder, Michael Jackson. What connects these artists? The artistic synthesis that they used based on the main musical movements of their epochs. Other than talking about the innovations that these visionaries sparked off, how can we describe their repertoires? Maybe as translations of the spirit of their times. A zeitgeist that could be summed up with three extremely American obsessions: modernity, speed and paranoia. The modernity of a young society that abruptly became leader of the free world. The speed of a nation haunted by performance. The paranoia of an empire ideologically weakened by McCarthyism, the fight for
civil rights and the economic crisis that followed the 1973 oil crisis. Ray Charles, Stevie Wonder and Michael Jackson used jazz, rhythm’n’blues and soul to covertly question this psyche that was ripping apart contradictory forces. Each one of them sounded out, decoded or embodied the lurch experienced by an America that was sure of its absolute power, but that suddenly found itself fragile. A giant with feet of clay. The man who sets the tone As we celebrate Stevie Wonder’s visit to Montreux tonight, we’ll be welcoming a big part of the adventure that changed the course of Western popular music. He used to be one among many in the Tamla-Motown business empire.
“Modernity, speed and paranoia.”
The writer of “Superstition” notably expressed the spirit of reconciliation that prevailed in the sixties in Music of My Mind. He took rhythm’n’blues to an exciting, mixed place. Under his influence, and the influence of Marvin Gaye’s What’s Going On (1971), r’n’b ceased to be something used purely in hits. In mixing the immediacy of pop and the dynamic of black music, Wonder is one of the people who created a contemporary musical fusion accessible to the largest number of people possible. Ten years later, this process was a big inspiration for Thriller. Prince, Daft Punk and Pharrell Williams were inspired soon after. Now people have been listening to great black music for years.
1970
Signed, Sealed and Delivered premier album produit chez Motown
1962
Premier album publié chez Tamla-Motown
1950
Naissance de Stevland Hardaway Judkins à Saginaw, Michigan
– c’est à force de fréquenter le Festival qu’elle s’est lancée dans le métier. Entrée comme staff bénévole, elle finira par être embauchée au service de presse. Avant d’arriver chez Sony, elle est passée par la Warner, Couleur 3, La Bâtie ou le NIFF. Au détour d’un CV très sérieux, Dominique Saudan dévoile quelques bribes de sa vie. La tournée de promo estivale achevée, elle s’offrira – pour la deuxième fois – le voyage
dont tout le monde rêve: une semaine dans le désert du Nevada pour assister à la grand-messe du Burning Man. «C’est une expérience incroyable. Tu donnes et tu reçois tellement. Tu apprends le détachement, le lâcher-prise. Quand je suis revenue, je planais à un mètre du sol,» se souvient-elle sans ironie. La lévitation – auraiton percé le secret de son flegme solaire? Salomé Kiner
DOMINIQUE SAUDAN, PROMOTION MANAGER FOR SONY MUSIC SWITZERLAND
DOMINIQUE SAUDAN, PROMOTION MANAGER CHEZ SONY MUSIC SWITZERLAND
La Dolce Vita
F Manières juvéniles, port altier, orteils flambant rouges dans ses espadrilles tressées: à la terrasse Nestlé, Dominique Saudan nous fait presque oublier que l’été revient de si loin. Les filles portent des jupes. On commande des Granini. L’heure est à la décontraction. Responsable de promotion chez Sony Music Switzerland, Dominique Saudan est ici chez elle. Dans le microcosme musical suisse, elle est connue comme le loup blanc. Gardienne d’un métier qui se raréfie, elle pourrait affecter la frénésie des attachées de presse. Elle lui préfère un enthousiasme frais, qui tranche avec les codes du milieu. Appliquée au travail comme en interview, elle commence par une description complète de ses tâches: «J’accompagne la couverture médiatique de nos sorties discographiques. En amont, ça passe par des envois ciblés en radio, presse, télé, web, puis par des supports marketing, comme la pub. En gros, il s’agit de faire monter la sauce pour maximiser l’impact.» Au Festival, elle orga-
nise et accompagne les interviews des artistes de son catalogue. Un exercice a priori ingrat qu’elle veille à rendre plus léger, à grand renfort de bienveillance «et d’improvisation», précise-t-elle avec un naturel prometteur propre à la force tranquille des managers – ces figures maternelles de l’ombre qui viennent à bout des cas les plus retors.
«Tu apprends le détachement.» Gamine de Montreux, elle fréquente le Festival depuis l’âge de treize ans. C’est à Claude Nobs qu’elle doit ses premières claques musicales – Randy Crawford ou Miles Davis. C’est également à lui qu’elle doit son idée du travailpassion: «J’ai énormément appris à ses côtés. Il avait des coups de folie, mais en les rendant possibles, il nous permettait de nous dépasser. Il faut toujours essayer de faire sauter ses propres barrières.» Beaucoup de gens sont arrivés au Festival par leur travail. Pour Dominique Saudan, c’est l’inverse
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E With her adolescent air, perfect posture, scarlet toenails and espadrilles, Dominique Saudan could almost make us forget that it’s only been summery since yesterday. We order icy cold fruit juices. Relaxation is the order of the day. Dominique Saudan, Production Manager for Sony Music Switzerland, feels at home here. She’s very well known in the microcosm of Swiss music. In her position as the custodian of an increasingly rare job, she could adopt the frenetic attitude of press officers. She prefers fresh enthusiasm, though, which is at odds with the norms of the field. She’s as dedicated to her interviews as she is to her work, and so she begins with a thorough description of her tasks. “I follow the media coverage of our disc releases. That means that I begin with targeted mailings to radio stations, newspapers and magazines, TV channels and webmasters, then there are marketing tools such as adverts. So yeah, it’s a question of getting a buzz going for maximum impact.” At the Festival, she organizes interviews for the artists in her catalogue and accompanies them to these interviews. This is a fairly thankless task that she tries to make more agreeable with her caring attitude and, “A certain amount of improvisation,” she explains with the natural attitude unique to calm, strong managers who can solve the most challenging of problems. Born and bred in Montreux, she’s been coming to the Festival since she
was thirteen. Her first musical crazes – Randy Crawford and Miles Davis – were all because of Claude Nobs. She also owes the idea for her dream job to him. “I learned an incredible amount from him. He had crazy ideas, but in making them possible, he showed us that we could do more than we thought possible.
PORTRAIT
La Dolce Vita
Wednesday, 16 July 2014 | Montreux Jazz Chronicle
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“ You learn how to switch off”
You always need to try to better yourself.” Lots of people have ended up at the Festival because of their work. For Dominique Saudan, it was the opposite. It was by attending the Festival that she got started in her profession. She began as a volunteer and ended up being employed by the press service. Before ending up at Sony, she worked for Warner, Couleur 3, La Bâtie and NIFF.Dominique Saudan doesn’t just tell me about the serious things on her CV. She also tells me a few stories about her life. Once the summer promotion season is over, she’s going to treat herself for the second time to a trip that everyone dreams of: a week in the Nevada desert to attend Burning Man. “It’s an incredible experience. You give and you get so much. You learn how to switch off, how to let go. When I got back, I was floating a meter above the ground,” she reminisces, perfectly seriously. Levitation – maybe that’s the secret of her sunny, laid-back attitude.
M ESUR E ET D ÉMESUR E *
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PARTENAIRES D’ÉMOTIONS
www.parmigiani.ch Parmigiani_HQ • Visual: Tonda Metrographe S • Magazine: Chronicle_2014 (CH) • Language: English • Doc size: 210 x 294 mm • Calitho #: 06-14-99243 • AOS #: PF_01387 • EB 25.6.2014