Montreux Jazz Chronicle 2015 - N°13

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N°13

Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 4e édition The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 4th edition

Mercredi, 15 juillet 2015 Wednesday, 15 July 2015

The Kooks, Montreux Jazz Lab, 14.07

MONTREUX JAZZ

TONIGHT ALT-J

OOH LA !

F Raccourci clavier désormais utile au quotidien, alt-J necède pas à la trouille de décevoir au deuxième album. Bien au contraire, à l’ère des projets qui ne durent pas, le quatuor devenu trio confirme sa place solide dans l’indie rock anglais. Sur l’aérien This Is All Yours, alt-J déroule un fil labyrinthique sur treize titres, pour raconter la fragilité ou les dommages collatéraux des pérégrinations amoureuses. Métaphorique, la musique d’alt-J est un essaim méticuleusement construit dans un studio de Brix-

ton. Un va-et-vient entre silences et densité de chœurs et d’échos, un emboîtement bien huilé entre ruptures douces et escalades de riffs et de chants lumineux.

ALT-J

E  A keyboard shortcut that is consistently useful, alt-J has not succumbed to the danger of disappointing with their sophomore album. On the contrary, in an age when projects have short lifespans, this once four-, now three-man group has solidified their position in British indie rock. With the ethereal This Is All

6 Best Of: Songhoy Blues

Yours, alt-J has created a musical labyrinth with 13 tracks that exposes the fragility of, and the collateral damage from, romantic peregrinations. Metaphorical, alt-J’s music is a swarm meticulously crafted in a studio in Brixton. They offer dialogue between silence and dense, echoing choruses, as well as a silky-smooth combination of soft breaks, soaring riffs, and luminous vocals.

8 Interview: Benjamin Booker

alt-J, Montreux Jazz Lab, 20:30

10 Grand Angle: «Tropicalisme»



TODAY’S SOUNDTRACK

EDITO F  Ben Klock au Studio. Hot Chip au Lab. On aime les deux. On ne fait pas son difficile. D’autant que les vapeurs affolantes que suscite cet été exceptionnel chez tout ce qui bouge, rampe ou respire, rendent nécessaire l’expression de la joie par le corps. Une heure du mat. On est au Studio, noyé dans une masse de chair transpirante. On cherche à se faire une place. Pas moyen. En face, Klock envoie ce qu’il fait de mieux: une techno archi minimale, hyper mentale sur laquelle on est des centaines à essayer de remuer. Mais tout est minuscule. La place qu’offre la musique pour s’exprimer, d’abord, commandant des gestes brefs, timides. Au mieux, les pieds frappent le sol. Mais pas une main levée. Parce que «pas de place!», jurerait le Chapelier fou d’Alice. Pas d’oxygène dans cette électro minérale. Pour le corps, impossible de s’engager. Tout juste peut-il se dandiner. Chorégraphier? On n’y songe pas. Lendemain: Hot Chip, ces héros responsables de la conception de milliers de bébés à travers le monde, viennent offrir la bande son idéale de ce qui ressemble franchement à un Summer of Love 2015. Musique ample, bourrée d’oxygène, d’espace. Basses rondes, beat solide, mélodies épicées et invite explicite à oublier ce qui dehors menace et fait plier. Danser! Danser alors et laisser son bassin commander, s’exprimer, tordre ce qui doit l’être et prendre un pied pas possible à le faire. Parions qu’au moins dix gamins ont été conçus à l’issue de ce concert. David Brun-Lambert

BUBBLE OF THE DAY BY

E  Ben Klock in the Studio. Hot Chip in the Lab. We may be easy to please, but both were great. It didn’t help that anything with a pulse just wanted to get up and dance in the superb summer heat. It must have been what… one o’clock in the morning and once again, we were in the Studio, drowning in a sea of sweaty bodies. As we tried in vain to find space, Klock did what he does best and played his ultra minimal crazy techno, to which hundredsof us tried jump up and down like mad things. Unfortunately, the Mad Hatter in Lewis Carroll’s Alice in Wonderland was right, “there [was] no room!” to express ourselves in time to the music. Our attempts got no further than the usual start-of-the-night short shy swaying and odd tapping of feet. If it was raw electro dancing you were after, then forget it because the lack of oxygen limited all movement to sticky armless swaying. Next day in the Lab, the band blamed for a worldwide baby boom, Hot Chip, offered up the ideal soundtrack for a Montreux Summer of Love 2015. Unlike the previous night, this time there was plenty of oxygen-filled music and enough space to swing a cat. In fact, the only thing to do amidst the strong beats, spicy melodies and solid bass was to dance and forget about real-world pressures. You just had to follow your hips and dance. It was the perfect time and place to express yourself, strut your stuff and throw caution to the wind. Who wants to bet that at least ten babies were conceived in the hours following the concert?

By

Jerry Léonide Lauréat de la Parmigiani Montreux Jazz Solo Piano Competition 2013

«Tea For Two» Art Tatum

From the musical No, No,Nanette, 1925

«4A.M.» Herbie Hancock Mr. Hands, 1980, Columbia Records

«Living For The City» Stevie wonder

Innervisions, 1973, Tamla-Motown

«Angola» Wayne Shorter Alegría, 2003, Verve

«Jaleo » Santana

Supernatural, 1999, Arista Records

«Something Like Now» Moutin Reunion Quartet Something Like Now, 2005, Nocturne

«E.S Radiers» Meddy Gerville

Sobat’ Ek Lamour, 2003, Muzic Export Association

«Three Views Of A Secret» Jaco Pastorious Word Of Mouth, 1981, Warner Bros

«Fami Pov’» Cassiya

L’album d’Or, 2000, Piros

«Jazz Crimes» Joshua Redman

Elastic, 2002, Warner Bros

Main Partners

Wednesday, 15 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle

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PAYING

PROGRAM 15.07

AUDITORIUM STRAVINSKI

20:00

MONTREUX JAZZ CLUB

20:00

MONTREUX JAZZ LAB

MARIA GADÚ

RAE MORRIS

FAKEAR

CAETANO VELOSO & GILBERTO GIL

ANNA CALVI

ALT-J

MUSIC IN THE PARK

AFTERSHOWS

BAR EL MUNDO

MOUNTBATTEN BIG BAND SUSSEX UNIVERSITIES BIG BAND STANFORD JAZZ ORCHESTRA WITH JON FADDIS PIERRE OMER’S SWING REVUE OUT OF LAW

F Dès la fin des concerts E Start when concerts end

18:30 20:00 22:30

THE ROCK CAVE

20:30

20:30

MONTREUX JAZZ TRAINS Montreux, gare

PAYING

GOLDENPASS JAZZ TRAIN

11:44

THE CRAZY STOMPERS, THE PANAMA JAZZ BAND

14:00 16:00

INA-ICH 21:30 YOUTH MAN 23:00

THE STUDIO

22:00

Montreux Jazz Club

DOMINICANIZATE! DANSE ORIENTALE APERO JAZZ BARRIO LATINO DJ KAY-C & DJ RUMBA STEREO

F Jam Sessions improvisées et DJs. E Improvised Jam Sessions and DJs.

COMPETITIONS

WORKSHOPS

SHURE MONTREUX JAZZ VOICE COMPETITION

Petit Palais ALL ABOUT THAT BASS!

13:00

16:00 18:00 20:00 22:00

Montreux Palace SEMI-FINAL 16:00

Presented by Dr. Hervé Lissek and Dr. Etienne Rivet, Dr. Véronique Adam, Alain Roux, Roger Roschnik

MOOVING!

DOO GOOD 22:00 GARANCE 23:00 TUBE & BERGER 01:00 LA FORÊT 03:00

FREE

Montreux Jazz Lab LA VIE C’EST FACILE 23:45 CASHMERE CAT 01:30 LA VIE C’EST FACILE 03:00 VJing JOCELYN DE LA PROVIDENCE

15:00

Petit Palais FAKEAR

15:00

Machines & Instruments

Petit Palais THE MONTREUX JAZZ DIGITAL PROJECT

17:00

by Igor Ristic and Dr. Alain Dufaux (EPFL)

#LIVETHELAB FAKEAR 15.07 - 20h30 Retrouvez le live streaming sur

www.montreuxjazzfestival.com

INFORMATION

F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App» E  For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App”  www.montreuxjazzfestival.com


PIERRE OMER’S SWING REVUE

comme celle, enfumée de la Nouvelle-Orléans des années 20. Groove du diable et danses inavouables. Pierre Omer offre à remuer et exulter.

F  Jazz et jive. Harlem et Storyville. Fats Walleret Louis Armstrong. Provisoirement rangé du «folk noir» développé avec son groupe The Stewarts Garages Conspiracy Crew, le Genevois Pierre Omer réunit les membres des Dead Brothers pour donner vie à un projet caressé depuis l’enfance: un quatuor swing! Jamais là où on l’attend, ce compositeur émérite tant connu pour ses musiques de film que pour ses échappées solo sous bannière Johnny Cash (ses deux beaux albums chez Radiogram Records), convoque cette fois l’atmosphère de Harlem à son âge d’or,

PIERRE OMER’S SWING REVUE

E  Jazz and jive. Harlem et Storyville. Fats Waller and Louis Armstrong. Originally performing «folk noir» with his band the Stewarts Garages Conspiracy Crew. Geneva’s Pierre Omer them brought back together the members of the Dead Brothers to bring his lifelong dream to reality: a wing quartet! Never where you expect him to be, this experienced composer who

LIGHTS

HIGH–

Wednesday, 15 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle

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is as well known for his film soundtracks as for his solo albums (on two beautiful albums with Radiogram Records) is now conjuring the ambiance of golden-age Harlem or the smoky New-Orleans clubs of the 1920s. With a devilish groove and nameless dances. Pierre Omer will get you moving and rejoicing.

15.07.2015 - 20:00 Pierre Omer’s Swing Revue Music in the Park

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PORTFOLIO

14 JULY 2015

Kwabs Montreux Jazz Lab

Songhoy Blues Auditorium Stravinski

BEST OF SONGHOY BLUES

F  Originaires du Mali, les fils spirituels d’Ali Farka Touré se sont produits ce soir pour la deuxième fois seulement en Suisse. A première vue, on pourrait croire que le groupe s’est trompé de scène. Le guitariste joue sur une copie de Fender japonaise et tous ont gardé leur autocollant «performer» collé sur le jeans. Mais dès les premières notes, ils mettent tout le monde d’accord. Le guitariste joue à une vitesse folle, mêlant rythmiques africaines et emprunts aux «Chicago blues». Les mélodies accrocheuses tournent en boucle et nous font entrer dans une transe incontrôlable. Les correspondances entre musique africaine et blues américain deviennent évidentes. Songhoy Blues nous parle de la guerre civile dans leur pays, de réchauffement climatique et de filles. Les Maliens ont le blues, mais l’expriment en dansant, un sourire contagieux aux lèvres. Steve Riesen

SONGHOY BLUES

E  Last night, Ali Farka Touré’s spiritual Malian sons played their second gig in Switzerland. At first glance, it seemed as if they were on the wrong stage. The guitarist played on a replica Japanese Fender and they’d all kept their “performer” stickers on their jeans. However, everyone tuned into the same wavelength from the very first notes. The guitarist skilfully blended African rhythms and “Chicago blues” licks on his guitar. The catchy melodies played in loop hypnotised us. The link between African music and American blues became obvious. Songhoy Blues talked about the civil war in their country, global warming and girls. The Malians feel the Blues, but expressed it through dance and a contagious smile.


The Kooks Montreux Jazz Lab The Bad Plus Joshua Redman Montreux Jazz Club The Bad Plus Joshua Redman Montreux Jazz Club

Jerry Léonide Quintet Montreux Jazz Club

BEST OF JERRY LÉONIDE QUINTET

Santana & John McLaughlin Auditorium Stravinski

F  Montreux Jam Festival, voilà l’aspect que le pianiste mauricien connaissait de Montreux pour avoir longtemps occupé les heures tardives du Club. Vainqueur de la Parmiginani Montreux Jazz Solo Piano Competition 2013, il en fait aujourd’hui l’ouverture. 20h. Le jazz de Jerry bruisse déjà alors que je rentre à pas muets dans la salle. Le ton se fait doucement tropical. Les thèmes sont créoles, réunion d’un langage jazz et caribéen. Bienvenue en chaleur, l’obscurité de la salle devient érotique. Le batteur caresse les mamelons de ses cymbables, les solos du sax ténor se glissent entre le groove robuste de la contrebasseet du batteur. Plein de malice, le pianiste alterne entre solos touffus et accords frappés. Une dernière chanson en communion intime avec l’audience et je sors de la salle, me demandant si un homme peut encore être méchant après un concert si doux. Laurent Küng

JERRY LÉONIDE QUINTET

E  The Montreux Jam Festival was the part of Montreux the Mauritian pianist knew, thanks to many a long night spent at the Club. Winner of the Parmiginani Montreux Jazz Solo Piano Competition 2013, he opened the Club at 8pm last night. Jerry’s jazz was already in full swing when I snuck into the room. The Caribbean-Jazz combo had a sweet tropical feel and a creole flavour. Welcome to where it’s hot, where the lights go down and hormones flair up. The drummer teased his cymbals while the tenor sax’s solos slinked in and out of the double bass and drum grooves. The clever pianist alternated between meaty solos and syncopated chords. I stayed with the audience for one last song, and then left, wondering if it was still possible to be spiteful after such a gentle concert.


BENJAMIN BOOKER

Voix grave sur riffs ardents: Benjamin Booker, 26 ans, a fait forte impression en ouvrant pour Lenny Kravitz lundi. Rencontre. Propos recueillis par Margaux Reguin F  Votre concert a secoué le public du Stravinski. Vous aimez titiller vos auditeurs? J’aime les gens. J’imagine qu’au fond de moi, je trouve ça normal d’être correct et de les remercier. Mais s’ils ne me donnent pas ce que j’attends, alors je vais leur dire quelque chose comme: «Vous foutez quoi? Allez, on se réveille!». Mais je ne le dis pas méchamment. Je suis vraiment heureux que les gens viennent à mes concerts et écoutent ma musique. Ça vous fait quoi d’avoir joué à Montreux? C’est le plus cool et le plus connu des festivals. La plupart des artistes que j’adore y ont joué!

«Vous foutez quoi? Allez, on se réveille!» Donc forcément, ça me donne tout de suite l’impression de faire partie d’un gros truc. C’est très sympa d’être ici, je ne sais pas comment l’exprimer. On ne joue pas souvent pour un public aussi nombreux. Et la ville est vraiment belle. Comment définir votre musique à quelqu’un qui ne la connaît pas? Je dirais qu’il y a un mélange d’un peu tout ce que j’écoute: du jazz, du blues, de la folk, du

Heavy voice on frenzied guitar riffs, Benjamin Booker, 26 years old, impressed his crowd while playing for Lenny Kravitz’s opening show. Interview.

INTERVIEW

Mercredi, 15 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle

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punk et des touches de shoegaze. J’ai lu beaucoup de choses sur la musique et j’apprécie beaucoup de genres différents. Je crois que j’ai essayé de mettre un peu de tout cela dans ma musique quand j’ai commencé à écrire des chansons.

Vous avez commencé à jouer de la musique à la Nouvelle-Orléans. En quoi cette ville est-elle si spéciale? Certaines villes sont plutôt stressantes, il peut y avoir beaucoup de concurrence et il y est difficile de percer. Mais quand je suis venu à la Nouvelle-Orléans, j’ai joué un ou deux concerts et alors un groupe m’a demandé de faire sa première partie, puis un autre, puis encore un autre. C’est comme ça que j’ai commencé à jouer vraiment régulièrement. Quel que soit le genre de musique que tu joues, que ce soit un groupe punk ou folk, tout le monde se serre les coudes. J’imagine que c’est plutôt facile de débuter la musique à la Nouvelle-Orléans. Je ne sais pas si je serais là où j’en suis si j’avais commencé ailleurs.

E  You moved your audience with your show. It seems that you like teasing your public, don’t you? I like to see people. I guess, it’s normal to be proper with people and be like « oh, thank you so much...». But if they’re not giving me what I want, then I’ll say «what are you guys doing ? Wake up a little bit ». I don’t mean it maliciously, I’m happy that people stand around and watch my shows, so… I don’t mind.

«What are you guys doing ? Wake up a little bit.» How do you feel after playing at Montreux ? It’s the coolest. It’s a very wellknown festival, and so many people that I love have played here. I guess it immediately feels like you’re part of a bigger thing. We don’t get to play for crowds like this all the time. And the town is pretty nice, too. How would you describe your music to someone who has never listened to it ? I guess it’s a mix of all the stuff and groups I’m listening to. There’s a little bit of jazz and blues, folk music and punk, touches of shoegaze. I’ve read

about music for a long time and like all different kinds of music. I tried to put all that stuff in when I started writing songs. You started playing music in New Orleans. How is this town so special? It’s pretty easy in New Orleans if you are gig-going and used to playing songs. Some towns are “quickish“, so it can be very competitive and hard to start playing shows. But when I moved to New Orleans, I played one or two shows and then a band asked me to open for them, and then another band, and then another band… Eventually, I started playing really regularly. Everybody, whether you’re in punk band or a folk band, is pretty supportive of each other. I guess it’s pretty easy to get started playing there. I don’t know if I would be doing it if I had started somewhere else.


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© 1988-Edouard Curchod for GM Press

#OTD

Wednesday, 15 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle

ON THIS DAY

George Duke – 15 July 1988 F  George, tu arrêtes de faire ton cinéma. C’est pas si difficile que ça d’appuyer sur les notes d’une keytar. Si elles étaient en feu ou qu’on avait collé des punaises dessus, je comprendrais, mais là, tu exagères un peu. Alors oui, tu es une superstar, tu as collaboré avec les plus grands champions de la musique mais ce n’est pas une raison pour faire l’enfant. On dirait un gosse qu’on oblige à manger des choux de Bruxelles. Allez, reprends-toi mon vieux, ouvre les yeux, le regard émerveillé du public soignera certainement tes doigts endoloris. Laurent Küng

E  George, stop making a scene! It’s not that difficult to hit the notes on a keytar. Now I’d understand if they’d been on fire or prickly like cactus, but that’s really not the case, is it? You may be a superstar and you may have worked with musical greats, but that’s no reason to throw a hissy fit. You’re acting like a kid forced to eat Brussels sprouts. Come on, pull yourself together man! Look around you; the crowd’s intense admiration should be enough to heal your sore fingers.

Retrouvez la rubrique #OTD sur Instagram et Twitter @montreuxjazzfestival @montreuxjazz

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«ROME NOIRE»

Gilberto Gil et Caetano Veloso, c’est avant tout Salvador de Bahia: une «Rome noire» brésilienne où est né, durant les sixties, le mouvement «tropicália». Par David Brun-Lambert

READ

Pop tropicale et révolution, Caetano Veloso, Le Serpent à plumes, 2003 F La trajectoire héroïque de l’une des figures majeures des musiques populaires brésiliennes: du mouvement tropicaliste à l’engagement politique, de l’exil forcé à la résistance depuis Londres. Puissant! E The heroic journey of a major figure in Brazilian popular music who, although forced into exile, continues his fight from London. Inspiring!

LISTEN

Tropicália. The Definitive 1968 Classic Brazilian Album, Soul Jazz Records, 2014 F  Compilation gargantuesque consacrée aux principales figures du mouvement tropicaliste bahianais, avant que la dictature brésilienne ne muselle la liberté d’expression: Tom Zé, Os Mutantes, Nara Leão ou Gal Costa. Passionnant.

2012

GILBERTO GIL Auditorium Stravinski

GILBERTO GIL’S «VIRAMUNDO» Miles Davis Hall

E  A huge compilation dedicated to Tropicália’s leading Baiano figures, Tom Zé, Os Mutantes, Nara Leão and Gal Costa, before the military junta put a cap on free speech. Intense!

2008

CAETANO VELOSO Auditorium Stravinski

2002

CAETANO VELOSO 1ère venue, Montreux Casino

tion de la dictature de 1964, prône «l’appropriation et l’assimilation systématique des cultures étrangères» (européennes en particulier) dans la culture brésilienne. Erigé en une forme d’underground exalté en 1967, le tropicalisme rénove le cinéma du pays, ses arts visuels, sa littérature, sa musique. 1968: le mouvement connaît un essor national. 1969: l’application d’un décret limitant notamment la liberté d’opinion politique place Gil et Veloso au centre de la cible. Ils ne se dégonflent pas. Défient la junte. Multiplient les attaques. On les jette en prison. Plus tard, c’est l’exil à Londres… Plus que des héros, les deux hommes à l’affiche du Stravinski ce soir sont des résistants.

1983

1978

GILBERTO GIL 1ère venue, Montreux Casino

F  C’est la première capitale du Brésil. Un comptoir de l’esclavage au «Nouveau Monde». La troisième ville du Brésil par sa population (trois millions d’habitants). Une Rome tropicale et décatie qui, après New York, possède la plus forte concentration de Noirs d’origine africaine, hors des frontières de l’Afrique. Enfin Salvador de Bahia, c’est un patrimoine: la samba y est née. La religion candomblé s’y est développée. Salvador: une Afrique en mouvement qui paraît s’y réinventer constamment, depuis ses quartiers pauvres aux palais abandonnés de sa basse-ville en ruines. Une insoumise qui, à la fin des sixties, fut le laboratoire du «tropicalisme», une insurrection artistique déployée sur fond de tyrannie. De cette avant-garde polymorphe, cent figures se dégagent. Mais aucune ne l’incarne plus évidemment que Gilberto Gil et Caetano Veloso. Bahianais pur jus, l’un et l’autre s’appuient sur le Manifeste anthropophage du poète et agitateur brésilien Oswald de Andrade qui, trente ans avant l’instaura-

GRAND ANGLE

Mercredi, 15 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle

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GILBERTO GIL ET CAETANO VELOSO À MONTREUX “BLACK ROME”

Lead: Look no further than Gilberto Gil and Caetano Veloso to get a taste of Salvador da Bahia, home to Brazil’s ‘Black Rome’ and sixties’ Tropicália. E  Salvador has gone from being Brazil’s first capital and slave trade centre to the country’s third largest city with three million inhabitants. Brazil’s tropical rundown Rome is home to the largest concentration of African Americans after New York. Salvador da Bahia is a heritage site and home to Samba and the Candomblé religion. From its slums to the dilapidated downtown palaces, it’s like living in a constantly changing Africa. In the sixties, in the midst of a military dictatorship, this untamed town produced the artistic, revolutionary Tropicália movement. Many new names popped up during this polymorphous experiment, but none quite as formidable as Gilberto Gil and Caetano Veloso. Baiano to the bone, they were avid disciples of the radical Brazilian poet, Oswald de Andrade’s Cannibal Manifesto. Even thirty years before the 1964 coup d’état, Oswald had

pushed for ‘appropriating’ and assimilating foreign cultures” (albeit primarily European) into Brazilian culture. In 1967, Tropicália was a buzzing underground movement that transformed national cinema, visual arts, literature and music. The movement took off in 1968, but, in 1969, Gil and Veloso found themselves in the firing line when legislation was passed restricting political free speech. Nevertheless, the duo didn’t back down. They resisted the junta and came back with a vengeance, which got them thrown in prison and later exiled to London. More than heroes, the two guys playing at the Stravinski tonight are freedom fighters.


’s probably f festival, it

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ecca, o orried e France ple go to M bs’ chalet. We both w the Tour d eo p at e d n m o u S ro . o like the last for the walk of my life ilgrimage is Claude N otin”, a rustic p t ic e en “P th w e I s, side th zz fan mind, lcocrushed in d. But for ja noramic ba to Gracelan of musical history are , “Grillon”, with a pa ster Staln ve rs Fifteen yea or in the bigger versio ercury’s kimono, Syl tion of toy M , llec ie se d u co o d a h re ss ll F a ro n ac ee sm a oxes… It is itar, I came eman. Betw ny on the L ves and Santana’s gu nd even vintage jukeb ocuments flirt a d lo , g e om. lone’s box ow pinball machines osities, where archiv putation fr b ri trains, rain h-tech cabinet of cu he got this childish re e hig kitsch and ens. Now I know wher re sc at fl with

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juillet

2015

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IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com CEO Mathieu Jaton Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Thibaud Mégevand Editorial Secretary Renata Vujica Contact chronicle@mjf.ch

Contributing Editors David Brun-Lambert, Margaux Reguin, Salomé Kiner, Laurent Küng, Thibaud Mégevand, Steve Riesen Photographers FFJM : Vincent Bailly, Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Alain Betex, Marc Ducrest, Lionel Flusin, AnneLaure Lechat, Damien Richard GM Press : Georges Braunschweig, Edouard Curchod, Inès Galai, Lauren Pasche Maison de disques : EMI, Musikvertrieb, Phonag, Sony, Universal Music, Warner Infography Thibaud Mégevand et Freepik (Creative Commons) Translators Sandra Casas, Marielle Jacquier, Louise Fudym John Powell, Emma Harwood, Tiago Brissaud, Rachel Bolle Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens

F  Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol. E  The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.

Wednesday, 15 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle

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Advertising Mathilde Blandin, m.blandin@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.ch Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Lea Berchtold Layout Composers Emilie Renevey, Alexandre Cuennet Retrouvez tous nos numéros sur issuu.com/montreuxjazzchronicle Suivez nous sur les réseaux sociaux facebook.com/montreuxjazzfestival twitter.com/MontreuxJazz


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