N°14
Jeudi, 16 juillet 2015 Thursday, 16 July 2015
Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 4e édition The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 4th edition
Anna Calvi, Montreux Jazz Club, 15.07
MONTREUX JAZZ
TONIGHT AL JARREAU
DESIRE
F C’est pour honorer une amitié née à San Francisco en 1965 qu’Al Jarreau avait repris, en 2014, le chemin des studios. Enregistré avec, entre autres, Dianne Reeves ou Marcus Miller, My Old Friend est un disque en mémoire de George Duke, génie des claviers et grande figure du jazz, disparu en 2013. C’est sous les mêmes auspices intimistes que s’annonce son dix-huitième concert au Montreux Jazz Festival. Habitué à déployer les acrobaties virevoltantes de sa voix sous le haut plafond de l’Auditorium
Stravinski ou du Casino, Al Jarreau se produit cette année dans l’écrin plus confidentiel du Club. Une occasion rare de succomber de plus près aux charmes et aux prouesses de son jeu vocal.
AL JARREAU
E Al Jarreau headed back to the studio in 2014 in order to honor a friendship born in San Francisco in 1965. Recorded with, among others, Dianne Reeves and Marcus Miller, My Old Friend is a record in the memory of George Duke, keyboard genius and major jazz figure, who passed
3 Today’s Soundtrack: Al Jarreau
on in 2013. His 18th concert at the Montreux Jazz Festival willbe under the same auspices. Accustomed to deploying the energetic acrobatics of his voice under the high ceilings of the Auditorium Stravinski and the Casino, this year Al Jarreau will perform in the more comfortable surroundings of the Club. This promises to be a rare opportunity to succumb even more intimately to the charms and prowess of his vocal stylings.
6 Best Of: Caetano Veloso & Gilberto Gil
Al Jarreau, Montreux Jazz Club, 20:00
8 Interview: alt-J
Š UBS 2015. All rights reserved.
Listening together At the unique Montreux Jazz Festival. ubs.com/montreuxjazzfestival
5K_0010_UBS_MJF_Chronicle_210x296_EN-US_v1.indd 2
16.06.15 17:49
EDITO
F Bouc de biker. Tatouages de taulard. Casquette de routier sur chevelure crade. Un roadie. Un vrai. Le type s’appelle James McEvans. «Tout le monde m’appelle Dee», ditil, de cette voix polie au bourbon. L’âge? Dans la soixantaine, dont un demi-siècle passé sur les routes. Montreux, Dee connaît bien. C’est «au moins la dixième fois» qu’il vient ici. Il n’a jamais rien vu d’autre que le 2m2c. N’a jamais nagé dans le lac. L’a-t-il jamais remarqué? La dernière fois qu’il a poussé jusqu’au Festival, c’était lors d’une tournée avec… «Ça va me revenir », il rit. Et on rit aussi quand Dee rit. Question d’autorité. Chef des roadies de Pearl Jam ou Neil Young, Dee pourrait s’asseoir sur le premier flight case et conter des décennies de rock par le biais le plus souhaité: les misères ordinaires d’une vie passée à l’arrièrescène. Il a «beaucoup vu», il insiste, et ça le fait marrer. Et on rit encore parce que ce bloc de graisse intimide à cette heure où le Festival ferme ses portes. Où le ballet des trucks remplace celui des berlines. Où le public s’est depuis longtemps déjà dissipé, ne laissant en ces murs que des types chargés de transporter le matos qui permit ce soir à Carlos Santana d’envoyer du lourd. Tonnes de caisses acheminées dans des camions longs comme des parkings. Parade de «technars» usés. «Bougez vos culs, ladies!», il commande. Et tandis qu’autour les lumières du 2m2c s’éteignent, on le laisse diriger son armée, retournant à nos vies qui, dans leur vacuité, valent ce soir bien la sienne. David Brun-Lambert
BUBBLE OF THE DAY BY
TODAY’S SOUNDTRACK E He’s a real roadie, complete with biker’s goatee, prison tattoos and biker’s helmet covering his grey hair. His name is James McEvans, or as he said in his bourbon-buffed voice “just plain old Dee”. His age, you say? He’s probably in his sixties with half a century on the road. This being “at least his tenth visit”, Dee knows Montreux well despite having only ever seen the 2m2c or ever having dipped a toe in the lake. Has he even seen it, I wonder? The last time he’d got as far as Montreux, he’d been on tour with… he couldn’t remember who. As he laughed off his senior moment with an “it’ll come back to me”, so did we because that’s just what you do when the mighty Dee laughs. The leader of Pearl Jam and Neil Young roadies’, Dee, could perch himself on the nearest flight case and recount decades of rock history from the most unusual but privileged perspective of someone who has led a backstage life. He insists he’s “seen a lot”, which makes him laugh, and therefore us too. It was funny to bump into this intimidating hulk at the very end of a festival night, when the to-ing and fro-ing of vans replaces that of saloon cars, and the only ones left are the “techies” putting away the artists’ equipment, like the stuff Santana used during his concert. We watched as Dee calmly smoked his fag, one eye fixed on his “protégés” as he liked to call them, “get a move on you bunch of girls!” when things were moving too slow for his liking. As darkness slowly engulfed the 2m2c, we left him to direct his army and return to the life in the shadows that he values.
By
Al Jarreau
Montreux Jazz Club 16.07.15 - 20:00
«Midnight Sun» Lionel Hampton 1947, Decca
«Cloudburst» John Hendricks
Lambert, Hendricks, Ross, 1960, Columbia
«Smile» Charlie Chaplin 1937
«Sicilienne» Gabriel Fauré 1898
«Air On A G String» Johann Sebastian Bach 1720
«New World Symphony» Antonin Dvorak 1893
«Evening In Paris» Quincy Jones
This How I Feel About Jazz, 1957, ABC Paramount
«Bitches Brew» Miles Davis Bitches Brew, 1970, Columbia Records
«Love’s In Need Of Love Today» Stevie Wonder Songs In The Key Of Life, 1976, Tamla (Motown)
«The Spirit Of Christmas Future: To You Who Are Yet unborn» Ken Darby White Christmas, 1942, Decca
Main Partners
Thursday, 16 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
3
PAYING
PROGRAM 16.07
AUDITORIUM STRAVINSKI
20:00
MONTREUX JAZZ CLUB
20:00
MONTREUX JAZZ LAB
JACOB COLLIER CHICK COREA & HERBIE HANCOCK
ALITA MOSES
JOKE
MELODY GARDOT
AL JARREAU
A$AP ROCKY
MUSIC IN THE PARK
AFTERSHOWS
BAR EL MUNDO
SUSSEX UNIVERSITIES BIG BAND MOUNTBATTEN BIG BAND EGEMANN & QUERBEAT FEAT. ADRIAN MIRA ANTUN OPIC BAND THE PENNY BLACK REMEDY
F Dès la fin des concerts E Start when concerts end
14:00 16:00 18:30 21:00 23:30
Montreux Jazz Lab DOWNTOWN BOOGIE (COULEUR 3) VJing GERTRUDE TUNING
23:30
Montreux Jazz Club
THE ROCK CAVE
20:30
F Jam Sessions improvisées et DJs. E Improvised Jam Sessions and DJs.
EVELINN TROUBLE BIRTH OF JOY
21:30 23:00
WORKSHOPS
THE STUDIO
22:00
Petit Palais HISTOIRE DES INSTRUMENTS ÉLECTRONIQUES
15:00
SURPRISE NIGHT RUTH ZUMBA 16:00 APERO JAZZ 18:00 CONCERT 20:00 DJ RUMBA STEREO 22:00
COMPETITIONS SHURE MONTREUX JAZZ VOICE COMPETITION 15:00
Présenté par Raphaël Parisod (VR School)
STIL VOR TALENT
20:30
President of the Jury: Al Jarreau
Montreux Palace FINAL
17:00
NATA B2B ENRICO STELLA 22:00 MÖWE 00:00 KELLERKIND 02:00 OLIVER KOLETZKI 03:30
INFORMATION
FREE
F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App» E For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com
#LIVETHELAB JOKE 16.07 - 20h30 Retrouvez le live streaming sur
www.montreuxjazzfestival.com
VOICE COMPETITION
F Découvrir les voix de demain, les aider à amorcer leur carrière et les accompagner dans leurs premiers pas professionnels. Depuis sa création en 2003, la Shure Montreux Jazz Voice Competition est reconnue comme un tremplin international consacré aux jeunes talents. Après Quincy Jones et Patti Austin, notamment, Al Jarreau préside cette année une compétition qui verra s’affronter en finale dix artistes prometteurs réunis dans l’écrin du Petit Théâtre du Montreux Palace. Aujourd’hui, les noms de la chanteuse bolognaise Chiara Pancaldi ou du prodige
sud-africain Vuyo Sotashe ne vous disent rien? Demain, à l’issue d’une compétition devenue un véritable accélérateur de carrière, leur nom sera probablement sur toutes les lèvres.
VOICE COMPETITION
E If discovering new voices, kick-starting careers and guiding new acts through the initial stages of stardom is the game, then Shure Montreux Jazz Voice Competition is the name. Since its creation in 2003, the competition has boosted the careers of many talented young international artists. This year, in the footsteps
Thursday, 16 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
LIGHTS
HIGH–
5
of Quincy Jones and Patti Austin, Al Jarreau will watch as ten promising artists battle it out in the Montreux Palace’s Petit-Théâtre. While names like Chiara Pancaldi, the Bolognesi singer, and Vuyo Sotashe, the South African prodigy, may mean nothing today, tomorrow they could be on everyone’s lips.
16.07.2015 - 16:00 Shure Montreux Jazz Voice Competition - Finale Petit Théâtre (Montreux Palace)
PORTFOLIO
15 JULY 2015
BEST OF CAETANO VELOSO & GILBERTO GIL «DEUX SUR SCÈNE: DEUX DANS LA FOULE»
F SR. Venant d’une soirée brésilienne, on aurait pu s’attendre à un festival de sonorités dansantes. Pas du tout. Gilberto Gil et Caetano Veloso, deux totems des musiques brésiliennes contemporaines, arrivent seuls, simples - Gil en tongs -, uniquement munis de guitares acoustiques et d’immenses sourires. L’intimité entre ces deux artistes est saisissante. Rappelons qu’ils ont tout connu ensemble, la fondation du mouvement «tropicaliste», la prison, l’exil. LK. Une table basse au milieu de la scène, deux verres de vin posés au sommet. Caetano à gauche, Gil à droite, l’air de deux grandspères assis sur le perron, regardant s’agiter une rue de leur enfance. En face, un public de fans, euh, pardon… De dévots! Pas une paire d’yeux qui ne soit rivée sur la scène. Moi, je cherche cette blonde crinière qui m’a fait venir ce soir au concert. «Onde ela está»?! SR. La force tranquille incarnée. Gil et Veloso se répondent en harmonie, avec douceur, délicatesse. Quand l’un s’arrête de jouer, il s’émerveille du jeu de l’autre. Parfois, Gilberto fait rire le public. On ne comprend pas tout, mais on se marre aussi. LK. On entre dans cette douce fête comme dans un bain tiède. Je cherche la fille. UneBrésilienne a les yeux clos, récitant chaque texte de chanson comme on dirait une prière. Elle ouvre les yeux, me regarde, l’air lubrique. Non! SR. Le concert s’est mué en ode au Brésilet à l’amour universel. Sur les écrans: des visages de femmes qui fondent en larmes, bouleversées. Toute une gamme d’émotions humaines délivrées par deux musiciens sereins. LK. «Ela não veio»! Pour me consoler, j’entre en communion avec les deux guitaristes. Gil fait chanter le public, alors je hurle! Allez les gars, prenez-moi avec vous, je serai votre joueur de guiro. Moi aussi, je connais cette saudade d’une chose qui nous a été ravie. SR. Veloso et Gil se retirent aussi tranquillement qu’ils s’étaient présentés. Le public chante encore. Et il faut l’intervention du manager du duo qui, venant sur scène, supplie les fans de se retirer: les héros sont fatigués. Laurent Küng & Steve Riesen
CAETANO VELOSO & GILBERTO GIL “A DUO PLAYING AND A DUO WATCHING”
E SR. Brazil usually conjures up a myriad of festival lights, sounds and dancing, but not this time. Gilberto Gil and Caetano Veloso, the big names in modern Brazilian music, came on stage humbly and alone, with only their acoustic guitars and wide smiles. The chemistry between the two artists was striking. Let’s not forget that they’ve lived through everything together from the creation of Tropicalia, to prison and exile. LK. Two glasses of wine stood on a coffee table in the middle of the stage. Caetano on the left and Gil on the right, they sat, like two grandfathers, contemplating one of their childhood streets from a porch. A crowd of fans, erm sorry, fanatics stood before them. All eyes were glued to the stage, except for mine as I was looking for the head of blonde hair that had convinced me go to the concert. Onde ela está?! SK. Gil and Veloso harmonised softly and perfectly together like two serene souls. When one stopped playing, he watched the other in awe. Gilberto sometimes made the crowd laugh, and despite not understanding everything, we laughed too. LK. We stepped into this peaceful party as if into a warm bath. I was still looking for the girl. A Brazilian woman sang the lyrics to all songs with her eyes closed as if in worship. When she opened her eyes, she looked at me lustfully. No! SR. As the faces of distraught tearful women appeared on the screens, the concert turned into an ode to Brazil and universal love. The calm musicians had liberated an array of human emotions. LK. Ela não veio! I therefore looked to the two guitarists to cheer me up. When Gil got the crowd singing, I screamed! Come on guys, take me with you. I’ll be your guiro player, as I also know the saudade of something that was stolen from us. SR. Veloso and Gil left as quietly as they had come. However, the crowd sang on until the duo’s manager came on stage and begged them to leave, as their heroes were tired.
Caetano Veloso & Gilberto Gil Auditorium Stravinski
Fakear Montreux Jazz Lab
Anna Calvi Montreux Jazz Club
alt-J Montreux Jazz Lab
Rae Morris Montreux Jazz Club
ALT-J
Comptant parmi les groupes rock indé les plus excitants du moment, alt-J a offert un concert en apesanteur à Montreux. Rencontre avec Joe Newman, son leader. Propos recueillis par Margaux Reguin F Existe-t-il des thèmes de chanson que vous jugez tabous? Je pense qu’on a tout envisagé, mais qu’il nous reste toujours à trouver un sujet tabou. Il se peut que des choses existent, mais on ne les a pas encore trouvées.
«Mais tais-toi!» Si on prend notre chanson «Fitzpleasure», et qu’on en décortique le sens, on pourrait le considérer tabou. Mais on pourrait s’intéresser à n’importe quel sujet, au racisme ou aussi aux abus sexuels. Tu n’écrirais pas sur le côté positif de ces sujets, mais tu pourrais les inclure dans une chanson. Comment se déroule la création de chansons chez alt-J? Est-ce l’anarchie? Ce n’est pas l’anarchie, il y a une sorte d’organisation. D’une certaine façon, c’est comme une dictature organisée. Tout le monde est conscient de sa position dans la répartition du travail. On sait que, la démocratie fonctionne jusqu’à un certain point dans l’écriture des chansons. Jusqu’à ce qu’on parvienne à une impasse. Là quelqu’un doit dire: «Je prends une décision».
alt-J, one of the most exciting indie rock bands of the last few years, gave Montreux a concert that was out of this world. Here’s what their leader, Joe Newman had to say.
INTERVIEW
Jeudi, 16 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle
8
Joe, d’où vient votre chant si particulier? Probablement de la façon de chanter de mon père. J’ai grandi en l’écoutant. J’essayais de regarder la télévision et il était dans la cuisine en train de chanter à pleins poumons et je me disais: «Mais tais-toi!». Mais bien évidemment, je ne le lui disais pas. James Taylor est une de ses grandes influences dans sa façon de chanter et il a une voix naturellement nasillarde, je m’en suis probablement inspiré. Ensuite quand j’ai commencé à chanter publiquement à l’université, j’ai réalisé où je pouvais aller avec ce type de voix et l’ai légèrement adaptée.
Vos vidéos sont très élaborées. Estce vous qui proposez les idées? L’idée avec les vidéo-clips, c’est d’en faire des mini-films. Nos idées sont généralement simples: une image forte, sans fil narratif qui l’accompagne. Il n’y a pas forcement d’intrigue, de développement. C’est souvent un arrêt sur image qui te marque, puis tu le transformes en film. L’image d’un homme ou d’un matador transpercé de flèches serait un bon exemple.
E Do you steer clear of any taboo themes when writing your songs? I think we’ve considered everything, but we’ve yet to find a taboo subject. Maybe there are some out there but we haven’t found any yet. Take “Fitzpleasure” for example, and dissect what it’s about, you may consider it a taboo subject, but you know you can probably make any subject taboo. You can deal with any subject, whether racism or sexual abuse. You wouldn’t write a song that would say those things are good, but you could talk about them in a song.
«So shut up!» How do you go about writing a song? Is it anarchy? It’s not anarchy, it’s kind of ordered. In a way, it’s like an ordered dictatorship. I think everyone knows where they stand regarding the division of labour. Democracy works in writing up to a point, but when you reach an impasse someone has to say, “I’m making a decision”.
Joe, where did your singing voice come from? Probably from the way my dad sang. I grew up listening to him sing. I’d have been trying to watch TV and he’d have been in the kitchen belting out a tune and I’d have been like shut up. Obviously I never said it out loud. James Taylor’s voice was one of his influences and therefore he’s got a naturally twangy voice, which I probably picked up. And then when I started singing publicly at university I realised where I could go with it and so I adapted it slightly. There is a lot going on in your music videos. Do you come with the ideas? Our video clips are intended to look like mini films. Our ideas are usually quite simple. We take a strong image and make it into a video without a specific plot. They’re not necessarily plots with twists at the end. There’s often something in a still image that stays with you and turns it into a good video, whether that’s a guy being shot full of arrows or a bullfighter.
9
© 2003-Edward Richardson
#OTD
Thursday, 16 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
ON THIS DAY
Jamiroquai (Jay Kay) – 16 July 2003 F Et c’est un magnifique one foot side slide raised leg que nous offre Jay Kay dans cette compétition d’Air Skateboarding. La figure est tenue, elle va valoir des points au leader de l’équipe Jamiroquai. Et dire que l’Anglais pensait faire de la musique au départ. Oui, d’accord, ça n’a pas trop mal marché, son histoire, il a vendu des millions d’albums, il a pu s’acheter une trentaine de voitures de sport. Mais là, on touche au grand art. Jay Kay n’est jamais aussi beau que quand il danse sur son skate imaginaire, ce sport qui nous révèle son âme intime. Laurent Küng
E What an amazing “one foot side slide raised leg” Jay Kay gave us at the Air Skateboarding competition. The Jamiroquai leader’s execution was spot on, and would definitely earn the team some points. Despite the Brit initially wanting a music career, he hasn’t done too badly, having sold thousands of albums and bought about thirty sport cars. His skateboarding, however, is in a league of its own. Jay Kay is never more handsome than when he’s dancing on his imaginary board. It’s a sport that reveals his inner most soul.
GAMBAS MARINÉES SALADE CAESAR FILET DE FÉRA POÊLÉ SUPRÊME DE VOLAILLE ONGLET DE BOEUF BROWNIE CARPACCIO DE FRUITS FRAIS …AND MANY MORE! OUVERT TOUS LES JOURS DÈS 16H
Retrouvez la rubrique #OTD sur Instagram et Twitter @montreuxjazzfestival @montreuxjazz
«GANGSTA POUR DE VRAI»
Le hip-hop, seulement une affaire de masque et de frime? Pas vraiment. Depuis 2Pac et «Biggie Smalls», A$AP Rocky et consorts savent que jouer au dur peut parfois mal tourner. Par David Brun-Lambert
READ
Can’t Stop, Won’t Stop (nouvelle édition), Jeff Chang, Editions Allia, 2013 F À la loupe, fort de centaines d’entretiens et de recherches minutieuses, Jeff Chang examine les quatre phénomènes principaux qui fondent le hip-hop: les MC’s (Masters of Ceremony), les DJ’s, la breakdance et l’art du graffiti. LE livre de référence sur le sujet. E Jeff Chang puts the four pillars of hiphop, MCs, DJs, breakdance and graffiti, under the microscope with a range of heavily dissected interviews and research. It’s THE reference book on hip-hop history.
LISTEN
Straight Outta Compton (Original Recording Reissued, Original Recording Remastered), N.W.A, Priority records, 1988 F L’album qui fonda le genre gangsta rap et un instantané d’un quartier sinistre de Los Angeles ici décrit comme un Fort Apache hors de tout contrôle. A l’œuvre d’un disque aussi tétanisant dans son propos que funky dans son essence, un certain Andre Young, dit «Dr. Dre».
TOMMY BOY 30TH ANNIVERSARY CONCERT The History of Hip Hop Auditorium Stravinski
2011
BEASTIE BOYS (HIP HOP SHOW) Auditorium Stravinski
E It’s the album that defined gangsta rap and gave us an insight into the ominous Los Angeles district described here as a chaotic Fort Apache. The aims of Andre Young’s CD (or as he’s better known, ‘Dr. Dre’) are as captivating as his music is funky.
2007
2006
RUN-DMC Auditorium Stravinski
JAY DEE AKA J DILLA Celebration Tour, Miles Davis Hall
figure cruciale du gangsta rap californien. Au physique, «Biggi» était son opposé. Obèse, élevé dans le quartier de Bedford Stuyvesant à Brooklyn, Christopher Wallace, pour l’Etat civil, possédait néanmoins ce flow molletonné, absolument savoureux et qui devait le consacrer comme l’un des MC les plus jouissifs jamais apparus sur la scène rap mondiale. Quatre millions de disques écoulés plus tard, «Biggie» était rattrapé par la violence qu’il avait tutoyée, adolescent. En cause, la guerre déclarée par un type archi limite: Suge Knight, truand notoire, patron du label Death Row. Sa plate-forme avait signé Shakur. Ce dernier avait été victime d’une agression à New York. On disait que Notorious B.I.G. était dans le coup. Le ton monta. Jusqu’à ce que 2Pac et «Biggie» tombent sous les balles. Un gâchis. Pas pour la mythologie hip-hop, toutefois, qui se nourrit toujours de ses deux prophètes sacrifiés au nom d’un «empire business». Une preuve: dans «Multiply», le jeune A$AP Rocky rappe «Real niggas live / fuck niggas won’t multiply».
2001
MOZ DEF Miles Davis Hall
2000
F Printemps 1997. Tandis que fans et médias spéculent passionnément sur l’avenir des Spice Girls, qu’on hisse aux sommets des charts Britney Spears, et que Blink 182 ou Green Day singent ce qui, hier encore, se nommait punk rock, le hip-hop soigne une vilaine gueule de bois. Peu auparavant, un 13 décembre 1996 à Las Vegas, Tupac Shakur («2Pac») prenait une balle dans la peau. Trois mois plus tard, son seul challenger valable, Notorious B.I.G., était liquidé à L.A. Avant ça, tout le monde dans le «rap game» avait jusqu’à oublié que derrière les poses de gangsta, la violence, la vraie, demeurait toujours une composante essentielle du hip-hop. Que malgré une petite décennie de «bling bling» et de parades en décapotables boloss, le rap US n’était pas seulement une affaire de bluff, mais de luttes féroces pour le contrôle d’un marché juteux fondé sur l’argent de poche de teenagers blancs. Dans ce jeu, Shakur et «Biggie Smalls» («P’tit gros») dominaient la concurrence haut la main. Le premier, un éphèbe noir, tatoué, fils d’une ex-Black Panther, était devenu une
GRAND ANGLE
Jeudi, 16 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle
10
LE HIP-HOP AMÉRICAIN À MONTREUX “REAL LIFE GANGSTA”
Hip-hop, it’s all about being the tough guy, right? Wrong. As 2Pac, ‘Biggie Smalls’, A$AP Rocky and co know only too well, playing the gangster can backfire. E Back in the spring of 1997, as fans and media mused over the Spice Girls’ future, Britney Spears reached the top of the charts and Blink 182 and Greenday imitated something called punk rock, hip-hop licked its wounds. On December 13th 1996, Tupac Shakur (‘2Pac’) died from a gunshot wound he’d sustained a week before. Three months later his rival, Notorious B.I.G, met the same fate. Before that, everyone in the ‘rap game’ had forgotten that real violence still lurked behind hip-hop’s gangster image. Even a decade of ‘bling bling’ and extravagant opentopped convertibles wasn’t enough to cover up the US rap scene’s bloody core. Artists fought a brutal war to gain control of a fruitful market sustained by white kids’ pockets. Shakur and Biggie, however, were always kings of the hill. The inked-up black youth and son of an ex-Black Panther activist, Shakur went on to become a prominent figure in Californian
gangsta rap. Physically, ‘Biggie’ was his opposite. He was born Christopher Wallace and began life in Brooklyn’s Bedford-Stuyvesant neighbourhood. This tubby guy’s exceedingly warm and charming flow, earned him the reputation as one of hip-hop’s most delicious MCs. However, 4 million CDs later, Biggie’s violent past caught up with him. It’s speculated that war was declared by Suge Knight, head of Death Row Records, notorious gangster and probably the last person you’d want to offend. He had signed a record deal with Shakur, who later survived a shooting allegedly linked to Biggie. Tensions escalated until both 2Pac and Biggie succumbed to shootings. What a waste of life, just not for hip-hop mythology, which uses the tragic deaths of its two maestros to fuel its ‘business empire.’ You can see for yourself by listening to A$AP Rocky’s ‘Multiply’, “Real niggas live / fuck niggas won’t multiply”.
Switzerlan d
Quin c y J on e s r # 1-2, D d n la ol lh u M 5 3 144 91403 L os Ange le s, C A,
t ile I was sa
wh r last night, cy, es to Dear Quin dinner at Funky Claude’tos bpainch myself several tiedmin a
A fait hfull a dmire
2015
ric e Une fidele a dmirat
aving d had absorb You were h ble having a drink. I’ blue seersucker suit, t to you, the ta a ex t N in . ex u n n a e yo m y th ll at l the young mes Blake, was rea at ur youthfu sth yo re p u su make ou soaking vi n with Ja b n io a (o at c m si rs ld u ve o m n spirited co ig y looked like a wise d on three passions: ed g n a ch d ave se London pro med up your life ba revelr y). How times h at Seattle m th (a su in d y u o o il fo Y m . d w fa n r a lo g with essity), feed you ec n to of playing (a id s k ay en a d s m e a th ts ra ce ly), wo iece n p se si l a a u’ve had sed to ch s one fin since you u od. What a journey yo s you left, you gave u e ’r u yo ay o A med neighbourh racist Seattle clubs! your last because so in e er es as if it w Ray Charl ive ever yday of advice, “L ght”. ri going to be
juillet
POSTCARD
M
3 - 18
Fu fo une Tu dînais au e suis pincée plusieurs cloqué, plongé dans ait l’air d’un u av m s le Je b re e d e. n m in o u L is vo me en cost côtés, le prodige de Tu résumais ta vie à m o h e n u À tes nile. lant je , et la ta sève juvé mes Blake? e nécessité tion avec Ja naissant au nectar de ence, les femmes, un chassait les ui re id vieux sage s: la musique, une év le gamin de Seattle q is l’expéu , n in ep io d lo ss , t a in p es l is ’i em o iu tr ! Quel ch plaisir. Q le il n tu te produ u ù m , o fa re le u sa tt it ir ea S rr u e nourr o d n n s ’o r b u nseil, q rtier pou ns les clu rats du qua ienne du racisme da lançais un dernier co ait le dernier, d ét tu ti c’ o t, u n si a q e rt mm rience En pa aque jour co ay Charles! sais avec R me un viatique: «vis ch m gardera co n par avoir raison». ie tu finiras b
l tiva es
e à la table
is un verr cy, ir et je buva ent toi, le sémilCher Quin nky Claude’s Bar hier so im a vr conversais: était-ce
xJ treu azz F on
Et at s-Unis r
IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com CEO Mathieu Jaton Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Thibaud Mégevand Editorial Secretary Renata Vujica Contact chronicle@mjf.ch
Contributing Editors David Brun-Lambert, Margaux Reguin, Salomé Kiner, Laurent Küng, Thibaud Mégevand, Steve Riesen Photographers FFJM : Vincent Bailly, Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Alain Betex, Marc Ducrest, Lionel Flusin, AnneLaure Lechat, Damien Richard GM Press : Georges Braunschweig, Edouard Curchod, Inès Galai, Lauren Pasche Maison de disques : EMI, Musikvertrieb, Phonag, Sony, Universal Music, Warner Infography Thibaud Mégevand et Freepik (Creative Commons) Translators Sandra Casas, Marielle Jacquier, Louise Fudym John Powell, Emma Harwood, Tiago Brissaud, Rachel Bolle Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens
F Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol. E The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.
Thursday, 16 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
11
Advertising Mathilde Blandin, m.blandin@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.ch Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Lea Berchtold Layout Composers Emilie Renevey, Alexandre Cuennet Retrouvez tous nos numéros sur issuu.com/montreuxjazzchronicle Suivez nous sur les réseaux sociaux facebook.com/montreuxjazzfestival twitter.com/MontreuxJazz
M ESUR E ET D ÉMESUR E *
TONDA 1950
Or blanc serti de diamants Mouvement automatique extra-plat Bracelet alligator Hermès White gold set with diamonds Ultra-thin automatic movement Hermès alligator strap Made in Switzerland
GLOBAL PARTNER
www.parmigiani.ch
Parmigiani_HQ • Visual: Tonda 1950 MOP • Magazine: Chronicle Juillet_15 (CH) • Language: English • Doc size: 234 x 320 mm • Calitho #: 06-15-109423 • AOS #: PF_02006 • EB 08/06/2015