Le quotidien du Montreux Jazz Festival The Montreux Jazz Festival daily newspaper
Vendredi, 5 juillet 2013 Friday, July 5th 2013
n°1
mONTreUx jAzz 2013
CHrONiCLe LOST AND FOUND rODrigUez | mONTreUx jAzz LAb | 04.07
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TonIGhT
ZooM
Leonard Cohen
What a Fest! : Un nouvel air a new vibe
F | Hallelujah! Leonard Cohen revient envelopper Montreux de sa voix grave implacable. Lui qui a fait pleurer les cœurs sensibles de plusieurs générations à coups d’écriture de génie, donnera deux dates consécutives à l’Auditorium Stravinski. « Il y a une faille dans toute chose, c’est par là que peut entrer la lumière ». Que la sienne nous enduise, nous en voulons encore ! A 78 ans, les remous intérieurs de cette icône folk des années 60 continuent leur va-et-vient sur les scènes du monde entier. Come on Lenny, dance us to the end of love… E | Hallelujah! Leonard Cohen is returning to envelop Montreux in his deep, powerful voice. This artist, whose poetic lyrics have been bringing sensitive souls to tears for generations, will perform on back-to-back dates at Auditorium Stravinski. “There’s a crack in everything, that’s how the light gets in.” We still want more of Cohen’s light! This 78-year-old folk icon is still sharing his innermost feelings with fans all over the world. Come on, Lenny, dance us to the end of love!
Interview : Lianne La havas Le Festival entre à l’UneSCo The Festival enters UneSCo
Leonard Cohen Auditorium Stravinski | 20:00 | 8pm
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Montreux Jazz Chronicle
Vendredi, 5 juillet 2013
GENEVA - LONDON - ZÜRICH - OPENING SOON: PARIS GARE DE LYON
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IMpreSSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C Grand-Rue 95 - 1820 Montreux - Suisse www.montreuxjazz.com Contact chronicle@mjf.ch Head of publishing Marine Dumas & Isabel Sánchez Editor-in-chief Charlotte Terrapon Project Coordinator Fumi Gomez Contributing Editors Antoine Bal, Sophia Bischoff, Camille Guignet, Salomé Kiner, Laurent Küng, Laura Leishman, Garance Zarn
Short Story Association des jeunes auteurs romands (AJAR) www.jeunesauteurs.ch Chronicle’s sketch Dora Formica - www.doraformica.com Translators Emilie Jane Armstrong, Manuelle Beurdeley, Julie Da Silva, Melissa DunLany, Wendy Savin Photographers - FFJM : Daniel Balmat, ArnaudDERIB, Marc Ducrest, Lionel Flusin - EMI, Musikvertrieb, Sony, Universal Music, Warner
Designed by eikonEMF Route Wilhelm Kaiser 13 1705 Fribourg - Suisse www.eikon.emf.ch/anthracite Art director Joackim Devaud Graphic designer Margaux Bielmann Layout composers Margaux Bielmann, Rebecca Bühler, Sara Hernandez
Printed by ImprimExpress Sàrl Printed in Villeneuve 5’000 exemplaires on FSC paper.
F | Le chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol. E | The chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.
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Montreux Jazz Chronicle
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WhaT a FeST !
Un noUveL aIr
Festival est une matière vive, qui n’a cessé de se mouvoir avec souplesse dans les octaves de l’audace. Récemment classé au patrimoine mondial de l’Unesco, cet héritage ne se fossilise pas. Pour rester en accord avec la traF | Nous nous étions quittés épuidition musicale qui fit sa renommée sés mais heureux, les poches pleines tout en offrant à son public le meilde musique. Nous vous retrouvons leur des scènes actuelles, le Festival flambants neufs, les bras chargés entame sa 47ème édition dans un d’offrandes. Une année a passé, et écrin rutilant. Les Alpes et le Léman quelle année ! n’ont rien perdu de leur superbe ; c’est Le 10 janvier 2013 disparaissait sur les rives du lac, dans les cuisines du Centre des Congrès de Montreux, Claude Nobs, fondateur du Montreux que s’est faite la cure de jou« Nous vous retrouvons flam- vence. Elle porte fièrement nom de Montreux Jazz bants neufs, les bras chargés le Lab et de Montreux Jazz Club, deux salles doubled’offrandes » face qui accueilleront la Jazz Festival. Le 8 février dernier, ses quintessence de la programmation amis, ses fidèles et le public du Fesdu Festival avant d’ouvrir leurs portes tival s’étaient donnés rendez-vous aux aftershows gratuits. Ce parfum pour une soirée hommage. On ne de fraîcheur enveloppe également pleurt ses morts qu’une seule fois : le l’atmosphère chaloupée des quais, reste du temps, on l’occupe à honorer méconnaissables dans leur tenue leur mémoire. Dans la droite ligne du de strip-parade. Véritable itinéraire génie de Claude Nobs, qui fit d’un ludique le jour ou boussole nyctalope modeste événement local l’un des dans la jungle musicale, ce parcours rendez-vous musicaux le plus presthématique guidera les festivaliers tigieux au monde, Mathieu Jaton et depuis les échos bigarrés de Music in son équipe reprennent un flambeau the Park jusqu’au cocon mémoriel du plus ardent que jamais. Chalet d’en bas. La recette n’a pas changé : dès Il y a eu l’hiver en deuil et le prinaujourd’hui et pour deux semaines, temps paresseux. Avec son affiche au la Riviera verra se cotoyer grandes zénith et sa tenue de gala, au terme légendes et jeunes prodiges. de deux semaines d’un minutieux Car l’empreinte du Montreux Jazz montage, il y a maintenant la 47ème
édition du Montreux Jazz Festival, qui portera aux nues la renaissance et le renouveau. Salomé Kiner
evolving and ever more bold. Recently granted UNESCO heritage status, this legacy lives on. Staying in tune with the musical tradition that has made its renown whilst still offering the public the best of the current music scene, the Festival launches its 47th edition E | We parted exhausted but happy, set against a magical backdrop. The our pockets full of music. We meet you Alps and Léman have lost none of once again with our batteries recharged their luster; but a new lease of life has and our arms full of goodies. A year been cooked up in the kitchens of the has gone by, and what a year! Montreux Convention Centre on the On the 10th January 2013, Claude shores of the lake. The Montreux Jazz Nobs, founder of the Montreux Jazz Lab and the Montreux Jazz Club are Festival, passed away. On the 8th the Festival’s proud new additions, two February his friends, colleagues and contrasting venues that will embrace Festival devotees gathered for an evethe quintessential sounds of this year’s ning of tribute. We mourn only once programme before opening their doors those we lose: thereafter we honour to the free aftershows. This breath of their memory. In line with the genius fresh air also extends to the groovy of Claude Nobs, who transformed a atmosphere of the quayside which is unrecognisable following its “ We meet you once again with street parade makeover. The are a truly fun walkway our batteries recharged and our quays by day and a compass that will guide you through the arms full of goodies. “ musical jungle by night. The modest local event into one of the thematic route will lead festival-goers most prestigious musical rendez-vous from the eclectic echoes of Music in in the world, Matthieu Jaton and his the Park to the melodic memories team have taken up the torch which housed in the Chalet d’en bas. shines brighter than ever. The recipe The sad winter and lazy spring have hasn’t changed: from today and for passed. After two weeks of painstaking the next two weeks, the Riviera will setup, the superb line-up and festive see great legends brush shoulders fixtures mean it is time for the 47th with young talent. edition of the Montreux Jazz Festival For the spirit of the Montreux that will beat the drum for rebirth Jazz Festival is very much alive, everand renewal.
a neW vIbe
FLaSh
ConCoUrS InSTaGraM !
GAGNEZ !
WIN !
voTre phoTo en 3ÈMe paGe dU MonTreUx JaZZ ChronICLe !
preneZ Une phoTo aU FeSTIvaL vIa InSTaGraM eT aJoUTeZ #MJCHRONICLE13 Toutes les photos prises au Montreux Jazz Festival 2013 puis taguées sont susceptibles d’être sélectionnées et publiées. Vous êtes responsables du contenu de chacune de vos photos partagées via le hashtag ci-dessus. La meilleure photo publiée dans un des numéros du Montreux Jazz Chronicle parmi les 15 sélectionnées sera récompensée par un appareil photo Leica X2.* *Aucune correspondance ne sera échangée à propos du règlement, de l’organisation ou du résultat de ce concours. Tout recours juridique est exclu. Le prix ne pourra pas être converti en espèces. Le gagnant sera avisé personnellement par e-mail.
InSTaGraM ConTeST! yoUr pICTUre on The 3rd paGe oF The MonTreUx JaZZ ChronICLe!...
Take a pICTUre on SITe vIa yoUr InSTaGraM aCCoUnT and TaG IT WITh #MJCHRONICLE13 Any image taken at the Montreux Jazz Festival 2013 then tagged is eligible to be selected and printed in the Chronicle. You are responsible of the content of any picture you share via the above hashtag. The best picture among the 15 published in the Montreux Jazz Chronicle will win a camera Leica X2.* *No correspondence will be entered on the regulation, organization or the outcome of this contest. Any legal action is excluded. The prize can not be converted into cash. The winner will be notified personally by e-mail.
MaIn parTnerS
Montreux Jazz Festival
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Montreux Jazz Chronicle
Vendredi, 5 juillet 2013
proGraMMe / proGraM
AUJOURD’HUI / TODAY 05.07.13 aUdITorIUM STravInSkI
payanT / GraTUIT
MonTreUx JaZZ Lab
payInG / Free
bar eL MUndo WeLCoMe parTy UnITed dJS oF TropICaL MUSIC DJ RUMBA STEREO SHE DJ LIVIA DE BAHIA SAM CORSO JAN MARRR DJ DON PEPE
14:00
MonTreUx JaZZ CoMpeTITIonS BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB DINOSAUR JR
Dès 20:30
MUSIC In The park
LEONARD COHEN
20:00
OUNDLE SCHOOL JAZZ ORCHESTRA (OSJO) REDWOOD JEAN SHY & THE SHY GUYS
18:30 21:30 23:30
ÄRTONWALL DJ SET MIKE MAYTAL
MonTreUx JaZZ Lab Dès 22:30
Dès 23:00
LEE VAN DOWSKI VALENTINO KANZYANI MIRKO LOKO
aCT nIGhT
INDIEPENDANCE (ABART-ZÜRICH)
F | DÈS LA FIN DES CONCERTS: JAM SESSIONS IMPROVISÉES ET TOURNEURS DE DISQUES | E | OPEN WHEN CONCERTS END! IMPROVISED JAM SESSIONS AND DJS
ChaLeT d’en baS
Dès 20:00
MICHAEL WOLLNY IIRO RANTALA LESZEK MOZDZER
0:00
aFTerShoWS MONTREUX JAZZ CLUB
The STUdIo CadenZa 10 yearS
ESPEN BERG FLORIAN FAVRE FABIO GIACHINO CHIHIRO HOSOKAWA ALEXEY IVANNIKOV JERRY LÉONIDE LOGAN EVAN THOMAS CLAUDIO VIGNALI
aFTerShoWS MONTREUX JAZZ LAB
The roCk Cave
MonTreUx JaZZ CLUb
MonTreUx paLaCe SoLo pIano CoMpeTITIon - SeMI-FInaL 16:00
SEIGEN ONO PLUS DADDY FRED BERNARD
18:00 19:00
DEMAIN / TOMORROW 06.07.13 aUdITorIUM STravInSkI BOBBY WOMACK WYCLEF JEAN & REFUGEE CAMP
The STUdIo Dès 20:00
Dès 20:00
MonTreUx JaZZ Lab GIRLS IN HAWAII CAT POWER
Dès 20:30
13:30 14:30 16:30 18:45 21:00 23:30
The roCk Cave MONOSKI DJ SET G0’S
Dès 22:30
MonTreUx JaZZ Lab 17:00
0:00
BTK OXSA (LIVE) KENHOBIZ
aFTerShoWS MONTREUX JAZZ CLUB 20:00
CUTO OLAYA SHE DJ LIVIA DE BAHIA
MonTreUx JaZZ WorkShopS peTIT paLaIS INITIATION GUITARE KOQA NEW SOUNDS FROM ARAB LANDS
16:00
aFTerShoWS MONTREUX JAZZ LAB
bar eL MUndo FIeSTa MIx LaTIno
MonTreUx paLaCe SOLO PIANO COMPETITION - FINAL
ChaLeT d’en baS KOQA DJ SET T-INA DARLING
MUSIC In The park OUNDLE SCHOOL WIND ORCHESTRA (OSWO) OUNDLE SCHOOL JAZZ ORCHESTRA (OSJO) BBR - BIG BAND DE ROANNE LES CASTAGNIERS TEMPO FORTE BOOOST
Dès 23:00
MATT KAY DEETRON TREMENDO
MonTreUx JaZZ CLUb TRIXIE WHITLEY PETER VON POEHL
MUSIC over MaTTer
MonTreUx JaZZ CoMpeTITIonS
13:00 15:00 17:00
F | DÈS LA FIN DES CONCERTS: JAM SESSIONS IMPROVISÉES ET TOURNEURS DE DISQUES | E | OPEN WHEN CONCERTS END! IMPROVISED JAM SESSIONS AND DJS
InForMaTIonS F | POUR TOUTES LES INFORMATIONS SUR LES PRIX ET MISES À JOUR DU PROGRAMME, VEUILLEZ TÉLÉCHARGER “MONTREUX JAZZ FESTIVAL APP“ E | FOR ALL THE INFORMATION ON THE PRICES(PRIZES) AND THE UPDATES OF THE PROGRAM, PLEASE DOWNLOAD “ MONTREUX JAZZ FESTIVAL APP “
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Montreux Jazz Chronicle
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hIGhLIGhT
LeS beaTS Se MêLenT aUx SoUvenIrS La red bULL MUSIC aCadeMy S’eST TenUe CeTTe année à neW york. L’événeMenT a LITTéraLeMenT pLonGé LeS SpeCTaTeUrS danS L’exTraordInaIre paSSé MUSICaL de La vILLe, eT pLUS enCore danS La CULTUre MUSICaLe aCTUeLLe. F | Voilà près de cinq semaines que la Red Bull Music Academy a fermé ses portes à Brooklyn à l’occasion d’une soirée dédiée aux rythmes effrénés de la house et de la musique électronique expérimentale. Mais les beats et les souvenirs de ces cinq semaines sont encore bien présents. La riche histoire culturelle de New York et ses nombreuses salles de concert de renommée internationale, toutes tailles confondues, en faisaient un lieu d’accueil évident pour l’Academy. A la fois conférence musicale et festival organisé dans toute une ville, la Red Bull Music Academy est organisée presque chaque année depuis 1998 dans une ville d’envergure internationale. Parmi les événements publics de cette année, le géant de la pop Brian Eno a présenté son œuvre graphique «77 Million Paintings». Le producteur Giorgio Moroder, pionnier de la musique disco, lui a succédé avec sa première performance de DJ aux Etats-Unis, qu’il a ouverte avec une voix de robot. L’Academy a accueilli un pléiade d’artistes invités lors de la soirée très animée United States of Bass, qui a présenté des pionniers de la bass music en Amérique et a «à la fois fait danser le public et donné une leçon d’histoire» (The New York Times) à l’occasion de la célébration du 12e anniversaire du label indépendant le plus influent des dix dernières années, DFA Records. Nombre d’artistes et musiciens uniques se sont succédés au micro pendant l’Academy. Les participants ont écouté les interventions d’artistes de gros calibre tels que Q-Tip, Debbie Harry (Blondie) et Chris Stein. James Murphy, patron de DFA Records et initiateur du projet LCD Soundsystem, s’est exprimé sur les règles de la piste de dance: «J’ai constaté que faire danser les gens n’avait rien d’artistique en soi, dans le sens le plus positif du terme. La musique électronique est comme la cuisine. Si le plat n’est pas bon, les gens ne mangent pas. S’ils ne dansent pas, c’est que tu as mal fait ton boulot», a-t-il lancé. Un complexe étincelant Au siège de l’Academy à Chelsea, trois étages ont été transformés en un univers merveilleux. L’ensemble d’espaces collectifs à la lumière étincelante et d’espaces de travail aux couleurs vives a été pensé pour nourrir la créativité et l’inspiration mutuelle. Maintenant que l’Academy a quitté la ville, l’espace conservera son héritage: la salle d’enregistrement, la salle de conférence et la cabine de radiodiffusion donneront naissance au Red Bull Studio New York, qui accueillera des pionniers et visionnaires de la musique au cours des prochaines années. Producteurs, chanteurs, DJ et musiciens originaires de 29 pays ont collaboré dans ces studios. La compilation Various Assets 2013 - les «annales sonores» de l’Academy en quelque sorte, qui réunira
les titres enregistrés pendant les deux sessions de deux semaines - sortira à la fin de l’été. L’extase sonore L’arrière petit-fils d’Alice Coltrane, l’artiste connu sous le nom de Flying Lotus, était lui aussi invité à l’Academy à New York. On pourrait presque avancer que Stephen Ellison est né pour conquérir les amateurs de jazz et de hip hop du monde entier. Mais il peut revendiquer un public plus vaste que celui auquel lui donnent droit ses origines. Sa conception unique de la musique électronique a donné naissance à un véritable sous-genre du hip hop instrumental électrifié, faisant de lui l’un des musiciens les plus influents du moment. Il a donné deux concerts fascinants au son vibrant de ses rythmes tortueux et pistes synthétiques tout droit venues de l’espace à New York. Le «Jimi Hendrix de notre génération» se produira en live le jeudi 18 juillet au Montreux Jazz Lab. Depuis 1998, la Red Bull Music Academy a changé de ville hôte chaque année, transformant sur son passage des édifices en histoires et sessions de musique house. L’événement crée un univers parallèle où se produisent inévitablement les rencontres spirituelles les plus improbables, un lieu qui redéfinit chaque jour et chaque nuit les innovations musicales du passé et du présent. La prochaine édition de l’Academy se tiendra dans une région du monde qui n’a pas encore accueilli l’événement. Les candidatures ouvriront en janvier 2014.
beaTS and MeMorIeS The red bULL MUSIC aCadeMy WaS heLd ThIS year In neW york. IT WaS a doWnrIGhT dIve InTo The CITy’S daZZLInG MUSICaL paST. bUT More So InTo The very noW oF advanCed MUSICaL CULTUre. E | It’s been almost five weeks since the 2013 Red Bull Music Academy came to a close in Brooklyn, with a night of bumping house and experimental electronic music. But the beats and memories of those five weeks are still fresh. New York felt like a natural home for the Academy, with its rich cultural history, and array of world-class music venues big and small. Both a musical symposium and a citywide festival at the same time, the Red Bull Music Academy has been held in a different international city nearly each year since 1998. The public events this year saw a pop-titan like Brian Eno presenting his visual art piece “77 Million Paintings”. Pioneering Disco producer Giorgio Moroder would ensue on his first DJ set in the United States with a robotic vocal intro. The Academy was an array from the thigh-quivering United States of Bass night which showcased America’s bass music pioneers and “offered both a tactile dance-floor experience and a history lesson” (The New York Times) to the spectacular celebration of 12 years of New York’s most influential indie label of the past decade, DFA Records. A plethora of very special artists and musicians graced the lecture couch during the Academy. The participants heard talks from such heavyweight artists as Q-Tip and Blondie’s Debbie Harry and Chris Stein. DFA Records and LCD Soundsystem head honcho James Murphy for one, spoke about
the rules of the dancefloor: “I realized that making people dance had a point that had nothing to do with art. I mean that in the most positive way. It’s like food — if they’re not eating it, you’ve screwed it up. And if they’re not dancing, you’re just not doing a good job.”. Glittering complex At the Academy’s HQ in Chelsea, three floors were remodelled as a musical wonderland – encapsulating a glittering complex of communal areas and brightly hued workspaces, all designed to nurture creativity and mutual inspiration. Now that the Academy has left town, the legacy of the space will carry on, as the recording room, lecture hall, and radio broadcast booth will all form the Red Bull Studio New York – hosting trailblazers of sound and vision for years to come. The studios saw collaborations between rising producers, vocalists, DJs, and instrumentalists from 29 countries. Later this summer, this year’s Various Assets compilation will be released – the Academy’s “audio yearbook”, featuring the best songs recorded during the two fortnight-long terms. Blissed-out soundtracks The grandnephew of Alice Coltrane, the artist known as Flying Lotus also was also a guest at the Academy in New York. Stephen Ellison was practically born into the hearts of jazz and hip hop lovers worldwide. But his claim to fame transcends his birthright. His singular approach to beat-making has spawned an entire sub-genre of electrified instrumental hip hop, making him one of today’s most influential music makers. He gave two riveting shows of pulsing hums, twisted beats and the blissed-out soundtracks of outer space computer vistas in New York. The «Jimi Hendrix of our generation” will be performing live at the Red Bull Music Academy Thursday on July 18th at the Montreux Jazz Lab. Since 1998, Red Bull Music Academy has visited a different city each year, transforming buildings to house musical stories and sessions. It’s a parallel universe, where the unlikeliest meetings of minds inevitably occur; a place where the musical innovations of past and present are re-defined every day and night. The next edition of the Academy will be held in a part of the world that has yet to host an Academy. Applications will open in January 2014. www.redbullmusicacademy.com www.redbull.ch/mjf
04.07.2013
PORTfOliO
leonard cohen auditorium stravinski
melody’s echo chamber montreux Jazz lab
Festival goers
Jazz strip ArnaudDERIB / Photographe
F| “clin d’oeil à Joan baez, il y a 40 ans, elle était arrivée à cheval p E| “a nod to Joan baez, who, 40 years ago, arrived riding a horse for
chalet d’en bas leo tardin chalet d’en bas
chalet d’en bas
lianne la havas montreux Jazz club
norma Jean martine montreux Jazz club
pour donner son concert au montreux Jazz Festival.“ r her concert at the montreux Jazz Festival.“
Jazz strip mathieu Jaton auditorium stravinski
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Montreux Jazz Chronicle
Vendredi, 5 juillet 2013
INTERVIEW
LIANNE LA HAVAs F | MJC : A ton âge, qu’est ce que ça fait de jouer dans des festivals renommés dans le monde entier? As-tu parfois le trac ? Lorsque l’heure du concert approche, j’ai l’estomac noué, je ne tiens pas en place. J’ai toujours voulu me produire au Montreux Jazz. C’est un grand privilège pour moi, un véritable honneur de jouer dans un festival aussi réputé et prestigieux. J’aime les festivals de Jazz, donc je suis très fière, mais je serai probablement moins détendue au moment d’entrer en scène. MJC : Connais-tu ce festival depuis longtemps ? Depuis plusieurs années, je regarde souvent les vidéos des concerts que mes artistes favoris ont donnés ici. Il y a de tout et ça me plaît. J’adore la musique du Montreux Jazz.
« Il y aura toujours une nouvelle chanson à écrire, une nouvelle chanson à interpréter.» MJC : Tu sais peut-être que Prince, Quincy Jones ou Wyclef Jean jouent cette année? As-tu l’impression de faire partie de leur héritage musical ? Eh bien, je me plais à le croire. Des gens qui jouent des instruments et qui composent leurs propres morceaux, comme ils le font : voilà une tradition qui mérite d’être perpétuée à l’infini. Il y aura toujours une nouvelle chanson à écrire, une nouvelle chanson à interpréter. MJC : Toi qui te reconnais dans la tradition de la Soul ou du R’n’B, penses-tu que ces genres musicaux devraient être protégés par l’UNESCO en tant que tradition musicale noire? D’après moi, la bonne musique devrait être protégée, peu importe le style! MJC : Tu joues souvent devant des milliers de gens, préfères-tu les grandes salles ou les scènes plus intimistes comme ici à Montreux ? Je pense que cela dépend de beaucoup de choses, mais en général j’adore les ambiances plus intimistes. Parfois, j’ai encore plus le trac dans les petites salles, c’est souvent un peu plus facile quand il y a beaucoup de monde. Au fond, c’est vrai que j’aime jouer devant un public restreint, mais je ne serais pas mécontente de voir encore plus de gens à mes concerts. E | MJC : You are pretty young and you play in famous festivals all around the world. How does it feel? Do you ever get nervous?
I feel butterflies when I get nearer to the stage time, I feel very excited. I’ve always wanted to play at Montreux Jazz. It feels like a very big privilege, it’s an honour to play in such a well-known, prestigious Jazz festiw val. I love Jazz festivals, so I feel very proud, but I’ll probably be a bit more nervous close to T-time. MJC : Have you known this Festival for a long time? I’ve been watching footage of many of my favourite artists who played here over the years. It’s pretty eclectic, and it’s my kind of thing. I love the music.
“There will always be a new song to write and a new song to perform.“ MJC : You know that Prince, Quincy Jones or Wyclef Jean will play this year. Do you feel part of the music heritage they embody?
Well, I like to think so. People playing instruments and writing their own music like they do should be a tradition that is carried on forever more. Because there will always be a new song to write and a new song to perform. MJC : Being a part of the tradition of Soul or R’n’B music, do you think it should be protected by UNESCO as a black tradition? I think if it’s good: protect it! But I don’t think it matters what kind of music it is. MJC : You normally play in front of thousands of people; do you prefer big venues or more intimate ones like here in Montreux? I think it depends upon a lot of factors, but in general, I love when it’s very intimate. Sometimes, I feel more nervous when it’s intimate; I generally find it a little bit easier when there are loads of people. My personal feeling is: I do like when there are very few but I’d like it if more people came to the shows in general. Laurent Küng
MONTREUX JAZZ TV
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Friday, July 5th 2013
Montreux Jazz Chronicle
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BEsT OF
LE FEsTIVAL DANs LA MéMOIRE DU MONDE F | Claude Nobs était un visionnaire. Depuis 1967, il a inscrit Montreux sur la carte des évènements d’excellence musicale. Les légendes y côtoient les révélations dans un effluve de blue note et ajoutent leurs croches swing à la portée de l’histoire de la musique. Dès la naissance du Montreux Jazz Festival, son jeune directeur eut la géniale intuition d’enregistrer et de filmer les concerts. Là où la musique noire américaine n’obtenait pas la reconnaissance culturelle qu’elle méritait, Claude Nobs la lui donne. Ses efforts ont porté leurs fruits et ont permis l’enregistrement de 5000 heures de poésie musicale naviguant entre Jazz, Blues et Rock, formant ainsi un pont culturel entre l’Europe et l’Amérique. Aujourd’hui, le Montreux Jazz possède une impressionnante collection audiovisuelle regroupant certains des plus précieux moments de l’histoire de la musique. On y trouve des concerts inoubliables comme ceux de Marvin Gaye, Nina Simone, David Bowie, Prince, Aretha Franklin ou encore la dernière performance scénique filmée de Miles Davis. Afin d’assurer la préservation de ces archives qui sont, pour certaines, uniquement disponibles sur des supports que le temps vaincra, le Festival s’est allié avec l’EPFL en 2008 pour créer le « Montreux Jazz Digital Project ». L’EPFL entame alors un long et minutieux travail de numérisation des enregistrements. En 2012, Claude Nobs fait un pas de plus vers l’histoire en entamant l’inscription du patrimoine audiovisuelle du Festival dans le Registre International de la Mémoire du Monde de l’UNESCO, institution spécialisée des Nations Unies en charge de l’éducation, de la science et de la culture.
Ce registre, créé en 1992, a pour but de préserver le patrimoine documentaire mondial de l’amnésie collective, des destructions volontaires et des ravages du temps et du climat par le biais d’un programme d’actions. Il permet de faciliter la conservation de ces biens grâce aux techniques les plus innovantes, d’assurer un accès universel à ces documents et de pousser les peuples à prendre conscience de lt’importance de ce patrimoine. Soutenu par des personnalités telles que Quincy Jones et Hillary Clinton, le projet d’inscription des archives du Montreux Jazz Festival à l’UNESCO se concrétise en 2013. Aujourd’hui, les archives du Montreux Jazz font partie de la Mémoire du Monde, équivalent documentaire du «Patrimoine Mondial », rejoignant ainsi l’autre unique contribution suisse : les manuscrits du philosophe et écrivain Jean-Jacques Rousseau. La Fondation Claude Nobs, créée par Thierry Amsallem en 2013 après la disparition du fondateur du Festival, veille à présent à assurer la pérennité de ce projet et à permettre à ce pan de l’histoire de déployer les ailes que Funky Claude lui a offertes. Sophia Bischoff
THE FEsTIVAL ENTERs UNEsCO’s MEMORy OF THE WORLD E | Claude Nobs was a visionary. Since the first edition of the Festival in 1967, Nobs worked to carve out a name for Montreux as a venue for world-renowned music. Here, legends perform on the same stage as freshly unearthed artists in a rush of blue notes, setting down their swing style quavers for the pages
of music history. Since the Festival’s birth, its young director had the brilliant foresight to record and film the concerts. In so doing, Claude Nobs gave a voice to African-American musicians who otherwise wouldn’t have received the cultural recognition they deserved. His efforts paid off—over 5,000 hours of pure music poetry were recorded, ranging from Jazz to Blues and Rock, forging a cultural bridge between Europe and America. Today, Montreux Jazz boasts an impressive audiovisual collection representing some of the most significant moments in music history. This musical treasure trove includes jewels like performances by Marvin Gaye, Nina Simone, David Bowie, Prince and Aretha Franklin, not to mention Miles Davis’ last public performance. In order to preserve this one-of-a-kind cultural heritage, in 2008 the Festival partnered with the Federal Institute of Technology in Lausanne (l’EPFL) and created the “Montreux Jazz Digital Project.” EPFL has embarked on the long and painstaking process of digitalizing and enhancing the collections. UNESCO’s Memory of the World Register was created in 1992. It aims to preserve the world’s documentary heritage from collective amnesia, willful destruction and the ravages of time and nature. The conservation of these cultural goods is made possible thanks to the latest innovative techniques. UNESCO’s program also seeks to enable universal access to documentary heritage and increase awareness of their existence and significance. Bolstered by the support of notable personalities such as Quincy Jones and Hillary Clinton, the inscription of Montreux Jazz Festival’s archives at UNESCO was made official in 2013. The Montreux Jazz archives are now part of the Memory of the World, the documentary equivalent to the World Heritage. Montreux’s collection joins company with the other unique Swiss contribution: manuscripts by philosopher and writer Jean-Jacques Rousseau. The Claude Nobs’ Foundation, created in 2013 by Thierry Amsallem after the passing of the Festival’s founder, seeks to ensure the longevity of Funky Claude’s project and allow it to take flight.
Ella Fitzgerald © 1969 FFJM - François Jaquenod
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Montreux Jazz Chronicle
Vendredi, 5 juillet 2013
sHORT sTORy
sUGAR MAN F | Je suis un canard parmi les canards. Je suis un cygne, un bout de sagex. La pâleur de ma peau jure sur les eaux noires du Léman ; je flotte dans une grande tasse de café. Un peu froid pour la saison, le café. Cette première trempette estivale se sera fait attendre, mais le soleil semble installé pour de bon dans le ciel de la Riviera, et va enfin rendre à cette eau ses senteurs de lac. Le cliquetis de quelques voiliers me parvient dans le vent doux, gémissement agréable, grincement bluesy qui berce ma sieste équilibriste. On dirait presque qu’à l’ombre de leurs coques, par soupirs délicats, quelqu’un joue de l’harmonica. Mu par cette impression, je relève la tête et manque boire la tasse. Je suis un canard plus qu’une planche, je ne flotte pas vraiment. J’ai comme la sensation que l’eau pénètre mon corps poreux grâce à ses petits couteaux gelés, que mes jambes deviennent translucides, s’effritent, et tomberont bientôt en neige légère au fond du lac. Il est temps de regagner la rive, et l’ombre, car le soleil a déjà fait des ravages. Je peux voir sur mon épaule un carré de peau tout roussi, comme caramélisé par les rayons trop généreux. « Tu devrais mettre de la crème, mon Roudoudou. » Oui, Maman. Mais mon café a un autre goût avec de la crème. Je sais bien, pourtant, que la blancheur de mon épiderme, qu’on croirait chimique, ne supporte pas la plus petite éclaircie. Mais ce bain sans protection UV avait pour moi le goût d’une bravade. Échapper aux mains de ma mère, qui par les miennes aujourd’hui encore me crèment, m’oignent, m’huilent, essuyer sur mes bras cette glu surprotectrice, cet écran total qui colmatant mes pores a tenu à l’écart toutes les chaleurs et toutes les brûlures de l’enfance. J’ai l’impression d’avoir grandi sous cellophane, dans un joli papier fermé d’un ruban. Pensez-vous : diabétique à six ans, fils unique, blanc à faire rougir un albinos, et fragile, si fragile… Maman m’avait acheté une vraie tenue de gardien de hockey pour jouer au foot dans E | I’m a duck amongst ducks. I’m a swan, a piece of polystyrene. The pallor of my skin clashes with the black waters of the Léman; I’m floating in a large cup of coffee. Rather cold for the time of year, this coffee. This first summer dip has been long-awaited, but the sun now seems firmly implanted in the sky above the Riviera, and will at last give the water its distinctive lake smell. I hear the creaking sound of a few sailboats carried by the gentle breeze, a soft moan, a bluesy rasp that soothes me as I snooze and sway. It almost seems like in the shadow of their hulls, with delicate sighs, someone is playing the harmonica. Moved by this impression, I lift my head and almost take a sip from the cup. I’m more like French “canard”, a dunking sugar cube, than a buoy. I’m not really floating. I feel as if the water is cutting me like little frozen blades, seeping into my porous body. I feel as if my legs are becoming translucent, are crumbling away and will soon fall in a snow powder to the bottom of the lake. It is time to head ashore and find some shade, for the sun has already wreaked havoc. I can see on my shoulder a patch of scorched skin, as if caramelised by the overly generous rays. “You should put some cream on, sweetie.” Yes, Mum. But my coffee doesn’t taste the same with cream. Yet I know very well that my skin, so white it looks chemical, doesn’t tolerate even the smallest ray of sunlight. But this dip without UV protection gave me a sense of bravado. As I rub in the sun cream with my hands, I can still see my mother’s hands smearing my arms with this overprotective gunk, this sunblock that clogged up my pores and kept sunstroke and sunburn at bay when I was little. I feel like I grew up wrapped in cellophane, in pretty paper tied with a bow. Well of course: diabetic at the age of 6, an only son, white enough to make an albino blush, and fragile, so fragile... Mum had bought me a real ice-hockey goalie’s outfit to play football in the yard, but it was no good: whether I stepped on the ball or suffered a bit of
le préau, mais rien à faire : que je marche sur le ballon ou subisse un tacle un peu vicieux, et mes os cassaient avec un petit bruit sec. Pour mieux oublier ces souvenirs en morceaux, j’ai donc guetté avec impatience les premiers signes de la puberté. J’ai cultivé sur mes joues une barbe qui me donnerait la même prestance que Papa. Quelques touffes irrégulières y forment maintenant un duvet aux étranges reflets roses que j’aime prendre dans ma main. Je sais bien qu’il est ridicule, mais peu m’importe depuis que Candice a dit qu’il allait bien avec mon teint d’aristocrate. « Raffiné », elle a même dit que ça me donnait un air raffiné, puis elle m’a longuement sucé le lobe de l’oreille. Elle a dit aussi que j’avais bon goût. Je ne sais pas si elle parlait de mon habillement, ou si c’est une manière de justifier cette curieuse manie. C’est la première fois qu’une fille suce mon lobe d’oreille en tout cas. À vrai dire, c’est la première fois qu’une fille s’intéresse à moi. Les autres préfèrent les garçons grands, larges, solides, comme ceux qui me bousculent maintenant dans la foule compacte de la Promenade. La soirée d’ouverture du Festival bat son plein, et je suis censé retrouver Candice dans cette cohue. « On se retrouve devant le Sunset ! » Je devine le bar entre deux épaules colossales, mais serai réduit en poudre avant de l’avoir touché. De loin, cette jeunesse dorée, abreuvée de cocktails aux fruits de la passion, baignée par les derniers rayons du soleil, me semble un éden inatteignable. Il faut que j’y arrive avant que Candice ne suce les lobes d’un autre, attirée par leur couleur de miel. Profitant de ma petite carrure, je me faufile entre les malabars. Tignasse blonde figée dans le gel, l’un d’eux me repère et décoche un coup de coude faussement involontaire. Crac, deux côtes cassées, c’est sûr. Plié en deux je crie, j’appelle Candice, j’appelle ma mère. Le type devant moi se retourne. « Eh, mec, t’es pas en sucre…» Nicolas Lambert Inspiré par “Sugar Man“ de Rodriguez tiré de l’album Cold Fact (1970)
rough and tumble, my bones broke with a little dry snap. To help forget being in pieces, I eagerly awaited the first signs of puberty. I tried to grow a beard on my cheeks that would allow me to look like Dad. A few irregular wisps now resemble a strange pink-tinged candyfloss-like fluff that I like to hold between my fingers. I know it’s silly but I don’t care ever since Candice said it suited my aristocratic complexion. “Refined”, she even said it made me look refined, and then she slowly sucked my earlobe. She also said I had good taste. I don’t know if she was talking about the way I dressed or whether it was a way of justifying her curious behaviour. It’s the first time a girl has sucked my earlobe in any case. To be honest, it’s the first time a girl has shown me any interest. The others prefer tall, stocky, robust guys like those who are jostling me now in the packed crowd of the Promenade. The opening night of the Festival is in full swing and I’m supposed to find Candice in this mob. “See you in front of the Sunset!” I can make out the bar between two colossal shoulders, but I’d be crushed to a powder before reaching it. From a distance, this golden youth, drinking passion fruit cocktails, bathed in the last rays of sunshine, seems an unattainable Eden. I must get there before Candice is seduced by another guy’s honey-coloured earlobes. Making the most of my small frame, I worm my way through the big blokes. One of them, sporting a blond gelled mop of hair, singles me out and unleashes a falsely unintentional elbow jab. Crack, two broken ribs for sure. Doubled up I scream, I call Candice, I call my mother. The guy in front of me turns around. “Come on sugar, don’t look so down beat...” Inspired by «Sugar Man» by Rodriguez from the album Cold Fact (1970)
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A toi Claude, nous pensons a toi.
Leonard Cohen au Stravinski, le grand frisson #Mjf13
Julianne
@SchadowOpenMind
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A nice interwiew with Montreux Channel and great to meet and play with Michael Wollny again. Leonard Cohen started the festival tonite. @liroRantala
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