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Vendredi, 01 juillet 2016 Friday, 01 July 2016
Montreux Jazz Chronicle Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 5e édition
The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 5th edition
TONIGHT
Charles Lloyd, Casino Barrière Montreux, 30.06
AIR
F Formé en 1995 par le duo Nico-
las Godin et Jean-Benoît Dunckel, Air croise électro-élégante et pop mélodique. Une synthèse audacieuse qui a fait d’eux les stars mondiales de la «French Touch». Auteur de la BO du film Virgin Suicides pour Sofia Coppola, le groupe a également collaboré avec Charlotte Gainsbourg, Beck ou Jarvis Cocker de Pulp. Depuis Moon Safari, sorti en 1998, les Versaillais ont réalisé sept albums studios et assurés plusieurs tournées internationales sold out. Revenus de leurs projets solo respectifs, les deux musiciens retrouvent le Festival pour de nouvelles expérimentations tout en apesanteur.
AIR
E Air was formed in 1995 by Nico-
HAPPY B!
las Godin and Jean-Benoît Dunckel from Versailles. Their sound is a synthetic mix – elegant, melodic electro-pop. Their music has made them into international stars. Air composed the Virgin Suicides soundtrack for Sofia Coppola, and they have worked with Charlotte Gainsbourg, Beck and Pulp’s Jarvis Cocker. Since Moon Safari, released in 1998, Air has released seven studio albums. Their numerous world tours have systematically been sold out. The duo is meeting back up at the Festival after working on solo projects which promises to be full of high-flying experimentation.
6-7 Portfolio: 50 Years of Live Music
8 Interview: Mathieu Jaton
9 Best Of: Charles Lloyd
AIR, Auditorium Stravinski, 20:00
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FREE TO IMPROVISE. QUAND 50 ANS D’HISTOIRE MUSICALE RENCONTRENT 75 ANS DE LIBERTÉ ET D’AVENTURE. Découvrez nos offres spéciales pendant le Montreux Jazz Festival, du 1er au 16 juillet 2016, au Temporary Store situé Quai de la Rouvenaz à Montreux. Essayez les modèles Jeep®!
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F D’une formule usée jusqu’à la chanterelle, mais
bien pratique, ceci: de quoi le MJF est-il le nom? Du Jazz? Depuis la 2e édition du MJF, tout un petit clergé nerveux, pleurniche à date fixe: il n’y aurait plus de jazz à Montreux. Ou plus assez. Avec sa gaieté très réglo, Claude Nobs, le fondateur du MJF proposa, à deux ou trois reprises, de biffer le mot «jazz». Eh bien, figurez-vous, personne n’accepta: ni les artistes, ni les partenaires, ni les techniciens, ni le public. Claude réintégra le mot de «jazz». Montreux est une plaque sensible, l’état des choses, le miroir des musiques. Alors? Le Montreux Jazz Festival, serait-il l’autre nom de Montreux? Avec son incroyable graphisme en style de paraphe, le MJF est le nom de blues, de pop, de variété, de Brésil et d’Afrique, de Montreux. C’est comme le jazz. Il n’est nulle part, mais il est un peu partout, notamment dans le Off qui ferait la joie de bien des festivals. Et si le MJF était l’autre nom de Claude Nobs? Cela me fait tout drôle, ce soir, d’apprendre que nombre d’acteurs du MJF ne l’ont pas connu. Mais si! Son esprit si brillant, si disponible, si malin, si amoureux, est partout… Cette joie de vivre et de partager. Il court comme un furet. Et si c’était l’autre nom de l’amour? Je sais, ça fait un peu nigaud et moins romantique que Byron emprisonné à Chillon, là-bas, dans le château qui figure sur l’album emblématique, Bill Evans at The Montreux Jazz Festival (1968). Quant on naît à Montreux en 1974 (Buddy Guy, Muddy Waters, The Stars of Faith, Van Morrison, Helen Humes, Cecil Taylor... J’en oublie) et qu’on y connaît l’amour, plus aucune question ne se pose. Dansez maintenant.
FRANCIS MARMANDE
CRITIQUE AU MONDE, UNIVERSITAIRE, CONTREBASSISTE À L’AMIABLE, PILOTE DE PLANEUR
TODAY'S GUEST MJF, WHAT DOES IT MEAN?
E MJF, what do these three very practical letters on everyone’s mind mean? Jazz? Worried fans feared there would be less, or even no jazz in Montreux after the second MJF event. The spirited MJF founder, Claude Nobs, suggested two times getting rid of the word jazz, but guess what, no-one agreed with him. The artists, partners, technicians and fans all refused, so Claude was forced to reinstate the word jazz. Could Montreux Jazz Festival be another name for Montreux then? Its amazing MJF calligraphy represents blues, pop music and Montreux. Like jazz, it’s nowhere and everywhere at the same time, especially in minds. And what if MJF was Claude Nobs’ nickname? It was strange to hear tonight that many MJF staff say they’d never met him. Of course they have! His exceptionally brilliant, open, cunning and amorous mind darts here and there like a ferret, spreading his love of life and sharing. And what if it was another name for love? I know, that sounds corny and less romantic than Byron being locked up over there in Chillon Castle, which appears on the cover of the iconic 1968 ‘Bill Evans at the Montreux Jazz Festival’ album. If Montreux gave you life in 1974, like it did to Buddy Guy, Muddy Waters, The Stars of Faith, Van Morrison, Helen Humes, Cecil Taylor - to name a few - as well as love, then there is only one thing left to do. Dance.
COUPS DE CŒUR MONTREUX JAZZ '74 Muddy Waters
Cecil Taylor
Art Ensemble of Chicago Sonny Rollins
Gil Evans
CLAUDE'S COLLECTION F Dans chaque valise, au fond des
boîtes à gants et dispersés aux quatre coins de sa maison. Claude Nobs avait toujours un harmonica à portée de main. Simon Lepêtre, son assistant, y veillait personnellement: «Il en avait des dizaines, voire des centaines. Il ne ratait jamais une occasion de jouer». Ses performances, elles, l’étaient parfois, bien qu’il prenne soin de toujours tremper son instrument dans un verre de whisky avant de jouer. Ian Anderson, de Jethro Tull, se souvient comment, après avoir répété au Montreux Palace, Claude Nobs était venu le rejoindre sur scène. A peine entame-t-il sa partition que le flûtiste comprend qu’il a changé d’harmonica: il ne joue plus sur la bonne clé. Pirouettes et rondes d’acrobatie tonales limiteront la casse. Salomé Kiner © Yann Gross
Main Partners
E In every single piece of luggage, at the bottom of glove compartments, and spread all around his house, Claude Nobs always had a harmonica at his fingertips. His assistant, Simon Lepêtre, made this a personal priority: “There were dozens, hundreds of them. He would never miss an opportunity to play”. In spite of dipping his instrument in a glass of whisky before playing, his performances were sometimes less successful. Jethro Tull’s Ian Anderson remembers Claude Nobs joining him on stage after rehearsing at the Montreux Palace. As soon as the first note came out, the flautist understood that Claude Nobs had switched harmonicas: he was no longer playing in the proper key. Tonal acrobatics and trickery limited the damage.
Friday, July 1st 2016 | Montreux Jazz Chronicle
EDITO DE QUOI LE MJF EST-IL LE NOM ?
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FREE
PAYING
FRIDAY 01.07 AUDITORIUM STRAVINSKI
MONTREUX JAZZ CLUB
ANOHNI: HOPELESSNESS AIR
STEPS AHEAD
WORLD REUNION TOUR MIKE MAINIERI, ELIANE ELIAS, DONNY MCCASLIN, MARC JOHNSON, BILLY KILSON
GRAMATIK
MUSIC IN THE PARK
SPECIAL EVENTS
BAR EL MUNDO
UNITED COLORS OF FIESTA
18:00 BIG BAND DE L'EJMA-VALAIS
GOGO PENGUIN
MAIN ENTRANCE, 2M2C
MONTREUX JAZZ LAB
FKJ DJ SHADOW
BASTIAN BAKER AND FRIENDS
16:00 BOOK BOX
20:00 DEALERSALSA TEAM
20:00 JEREMY LOOPS
22:00 DJ RUMBA STEREO
21:30 BASTIAN BAKER 00:00 THE DEAF
THE ROCK CAVE 21:30 THE MONDRIANS 23:00 HEYMOONSHAKER 00:30 AFTERSHOW:
LES DIPLOMATES
STROBE KLUB
Collaboration Festival Images Vevey - Montreux Jazz Festival
CINÉMA HOLLYWOOD, MONTREUX
18:30 PROJECTION "CHARLES LLOYD –
DREAMER IN SOUND"
DJ KAY-C
INFORMATION
F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App»
WORKSHOPS
PETIT PALAIS
E For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com
15:00 MONTY ALEXANDER presents Montreux Alexander 1976's album
PETIT PALAIS
PROJECT K PARTY – VJING LA LOUTRE
17:00
CHARLES LLOYD
22:00 JIMI JULES
ERIC HARLAND
01:00 ANDREA OLIVA
REUBEN ROGERS
F Partagez ce concert avec l'app CUTS
E Share this concert with the app CUTS
03:00 YVAN GENKINS
DISPONIBLE CE SOIR ! AVAILABLE TONIGHT!
F Un lien fort unit l’enfant prodige de la région et Montreux. Alors, pour les 50 ans du Festival, Bastian Baker remet les pieds dehors en proposant, non sans élégance, de venir ouvrir la grande scène gratuite qui a contribué à lui faire rencontrer son public. Aujourd’hui, Music in the Park sera donc consacrée à «Bastian Baker & friends»: une soirée entièrement orchestrée par les soins du jeune vaudois, qui a décidé d’inviter deux de ses coups de cœur du moment: Le Sud-Africain Jeremy Loops d’abord, singer-songwriter rencontré lors d’une tournée à Singapour en mai 2015. Amateurs de pop-folk et de grands espaces, ce jeune artiste né en 1986 a sorti son premier album Trading Change en 2014. Enfin, après son propre show anniversaire, Bastian Baker laissera le soin de clôturer la soirée à un groupe néerlandais qui lui avait tapé dans l’oeil au Festival Eurosonic de Groningue. Les quatre de The Deaf n’auront pas de peine à ranimer les sixties avec leur rock garage et leur énergie communicative.
BASTIAN BAKER AND FRIENDS
HIGHLIGHTS
E Bastian Baker, a prodigious young artist from our region, is offering a magnificent tribute to the Montreux Jazz Festival for the jubilee. For the opening of Music in the Park, he will honor with his presence—and that of his guests—the stage where he got his start. "B.B." has strong ties to the Festival. So for the 50th anniversary of the Festival, Bastian Baker is heading back outdoors, proposing with his inimitable elegance to kick things off at the free venue which contributed to bringing him to the attention of the public. On July 1st, Music in the Park will be dedicated to Bastian Baker & Friends, an evening completely organized by the young artist from Vaud, who has decided to bring with him some of his favorite artists of the moment: First off, South Africa’s Jeremy Loops, a singer-songwriter he met in Singapore. Passionate about pop-folk and wide open spaces, this young artist born in 1986 released his first album Trading Change in 2014. And then, after his own anniversary performance, Bastian Baker’s choice for closing out the evening is a group from the Netherland: the raging foursome of The Deaf will bring back the Sixties with their garage rock and an exceptionally communicative energy. BASTIAN BAKER AND FRIENDS 01.07.2016 - 20:00 Music in the Park
Vous aimez chanter à tue-tête mais pas seul sous votre douche ? Le Montreux Jazz Choir est fait pour vous !
MONTREUX JAZZ
CHO R
Le concept : réunir tous les chanteurs en herbe du Festival pour créer une chorale éphémère le temps d’un hit. Samedi 2 juillet
MUSE « TIME IS RUNNING OUT » 14h — 16h The Rock Cave Gratuit
Friday, July 1st 2016 | Montreux Jazz Chronicle
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Bjรถrk 1998
Radiohead 2003
Dav 200
Stevie Wonder 2014
Randy Crawford 1986
Sade 1986
Miles Davis 1973
vid Bowie 02
PORTFOLIO
50 YEARS OF LIVE MUSIC
Prince 2013
Vendredi, 1er juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle
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Le directeur du Montreux Jazz défend l'audace et la passion toujours intacte d'un festival devenu légende. F Vous travaillez pour le Festival depuis plus de quinze ans, comment l’avez-vous vu évoluer ? J’ai commencé comme staff en 1995. Quand je suis arrivé en tant que responsable sponsoring/ marketing en 1999, nous n’étions que dix au bureau permanent, pour un budget total de 10 millions. Dix-sept ans plus tard, nous sommes plus de trente permanents pour un budget avoisinant les 30 millions. Au delà de ces chiffres, durant vingt-deux éditions, j’ai vu ce festival évoluer au rythme d’un marché de la musique en pleine mutation, contre vents et marées. C’est certainement l’une des forces principales de Montreux, à l’image de son créateur Claude Nobs: savoir se réinventer en permanence, se remettre en question, faire preuve d’audace et d’abnégation avec la même passion inaliénable pour la musique.
Comment se présente cette 50ème édition ? En septembre dernier, nous nous sommes enfermés pendant deux jours avec toute l’équipe du Festival pour imaginer cette édition exceptionnelle. Chacun a pu imaginer, créer, inventer son cinquantième Festival. Cette édition est donc pour moi le fruit du travail en commun de trente personnes, chacune apportant à sa manière une pierre à l’édifice. Cette 50ème édition est la célébration de cinquante ans de musique à Montreux pour, et par ceux, qui l’ont fait vivre et la feront vivre encore longtemps.
"Chacun a pu imaginer, créer, inventer son 50ème Festival" Comment envisagez-vous la suite ? Je suis de nature assez intuitive et créative. Ma fascination pour ce festival vient notamment de sa faculté à casser les barrières. Nous avons beaucoup de défis devant nous, dans un marché de la musique impitoyable. Mais si nous continuons à ne pas nous laisser enfermer dans un cadre, à surprendre, alors nous saurons préserver l’esprit unique de cette manifestation. Un souvenir insolite ? Ma rencontre avec Michael Stipe (R.E.M.). Je me suis retrouvé avec Claude dans la maison de leur manager près d’Atlanta pour un barbecue. Michael est arrivé, radieux, charmant, il s’est assis à côté de moi et nous avons parlé philosophie pendant deux heures.
MATHIEU JATON
INTERVIEW
E You’ve been part of the Festival for more than fifteen
years, how has it changed? I first worked as a volunteer staff member from 1995 to 1999, before becoming head of marketing/sponsoring. There were only ten permanent staff members in the office at that time, with a budget of 10 million francs. Now, seventeen years later, both those numbers have tripled. I have watched the Festival grow in time with the ever-changing world of music over twenty-two challenging years. Just like its founder, Claude Nobs, Montreux’s never-ending love for music causes it to constantly question and rebuild itself against all odds.
What does the 50th event have in store for us? We locked ourselves away for two whole days last September to plan this exceptional event. The thirty of us each imagined, created and invented our own 50th Festival, which we then combined to make up the one you are currently enjoying. This 50th anniversary celebrates 50 years of music in Montreux for those and by those who have and will make the Festival stand the test of time.
“Each of us imagined, created and invented our own 50th Festival” How do you see the future? I am naturally intuitive and creative. I admire this Festival because of the way it breaks down barriers. Today’s unforgiving music business has given us even more challenges, but as long as we continue to think outside the box and surprise, this event will continue to be unique. An unusual memory? I met Michael Stipe (R.E.M.). Their manager invited Claude and I to a barbecue at his house near Atlanta. When Michael arrived in high spirits, he sat down next to me and we discussed philosophy for two hours.
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BEST OF
Friday, July 1st 2016 | Montreux Jazz Chronicle
CHARLES LLOYD 50 ÉDITIONS PLUS TARD
F C’était l’une de ces soirées chargées d’histoire au Casino de Mon-
treux. Quarante-neuf ans plus tôt, Charles Lloyd se trouvait déjà au même endroit. «Ce n’était encore qu’un village et je n’étais qu’un gamin», plaisante-t-il. Le revoilà donc sur scène, accompagné de musiciens qui n’étaient même pas nés lors de son premier passage. A son arrivée, un «We love you» s’échappe du public. Puis les premières notes de saxo résonnent dans l’écrin du Casino. Claires, lumineuses, fragiles et puissantes à la fois. A l’arrière de la salle, un quinqua mime la contrebasse et tape la grosse caisse du pied. Il faut dire que le groove est contagieux. Charles se balance comme si son corps tout entier battait la mesure. Son instrument flirte passionnément avec le micro, tantôt proche, tantôt éloigné. Ses musiciens s’amusent et tentent de surprendre leur mentor. De temps en temps, il s’arrête et recule dans l’ombre pour les admirer. Il danse, lâche des «Yeah», des «Alright» et s’approche lentement de son pianiste, comme un passant intrigué par un artiste de rue. Puis il revient dans la lumière avec cette note parfaite dont il a le secret. Celle que tout le monde attend sans même le savoir. Etait-ce une tierce? Une septième? Qu’importe, c’était la note. Le public ne s’y trompe pas au moment de saluer l’artiste: la performance valait bien deux standing ovations. Grandiose. Steve Riesen
50 YEARS LATER
E Tonight was another blast from the past at the Montreux Casino.
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Charles Lloyd had been in the exact same spot 49 years ago. “Montreux was still only a village and I was still only a boy” were Charles’ words as he stepped on stage with musicians who hadn’t even been born then. “We love you!” was yelled from the crowd, just before the saxophone’s first delicate but strong notes filled the heart of the casino. At the back of the room, a fiftyish man pretended to play the double bass as he tapped away on a drum with his foot. The groove was definitely contagious. Charles swayed to the beat pulsing through his body, and played with sound by moving his saxophone closer or further away from the microphone. His musicians enjoyed themselves attempting to surprise their tutor, who sometimes stopped and hid in the darkness to admire them. He danced, sung a few ‘yeah’ and ‘alright’, and slowly approached his pianist like a passer-by sneaking a glance at a street artist. Then the special note that only he understands was heard. The one everyone was waiting for without knowing it. Was it a third? Was it a seventh? All people knew was that it was the note. The crowd did not fail the artist by rewarding him with not one, but two standing ovations. Amazing!
Vendredi, 1er juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle
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CHARLES LLOYD
«
CE PETIT SOUFFLE PROVINCIAL
F C’était la voiture de James Bond, une Aston Martin. Claude Nobs était au volant, il avait glissé dans l’autoradio une cassette de Howlin’ Wolf. « But I said I have spent more money than a millionaire ’Cause if I had kept all the money then I had already spent /I would’ve been a millionaire a long time ago /And women, great googly-moogly! » Je viens du Sud. J’ai joué avec des bluesmen de grand tempérament comme B.B. King. Ils étaient tous hyper-doués avec les femmes. Quand ils se mettaient à chanter, les fans jetaient leur petite culotte sur la scène. Je n’étais qu’un gamin et j’étais subjugué par leur magnétisme. Aucune fille n’avait jamais rien jeté sur moi. Nous avions cette blues connection, avec Claude. Quand je suis arrivé à Montreux, pour la première édition du festival en 1967, j’ai perçu ce petit souffle provincial. Une seule rue principale, le petit hôtel sur le lac, l’impression de me retrouver chez moi. Je scrutais le Léman. Je suis « Poissons ». J’ai toujours vécu au bord de l’eau. Je suis comme un ancien marine. J’ai vogué sur les sept mers, tu vois. Après ce concert où Keith Jarrett, Ron McClure et Jack DeJohnette m’accompagnaient, je suis revenu dans la région. J’avais besoin d’une retraite, il fallait que je saute du bus. Je n’avais qu’un désir : boire du jus de citron et me cacher dans une grotte pour me remettre à flot. J’avais chargé mon corps de substances. Mike Love, l’un des Beach Boys, revenait d’Inde. Il est « Poissons », lui aussi. Il est né le même jour que moi, une autre année. Il m’a parlé d’un cours de méditation avec Maharishi sur les hauteurs de Montreux, à Leysin. Claude Nobs nous a retrouvés là-bas. Il nous a sortis du centre, il nous a conduits dans son chalet, il a préparé une sublime salade avec des cèpes. Il essayait de me convaincre de revenir à la scène.
50 SUMMERS OF MUSIC
...
À LIRE →
50 SUMMERS OF
THIS PROVINCIAL VIBE
E It was James Bond’s car, an Aston Martin. Claude Nobs was at the wheel. He was playing a tape by Howlin’ Wolf on the radio. But I said I have spent more money than a millionaire’Cause if I had kept all the money that I had already spentI would’ve been a millionaire a long time ago, And women, great googly-moogly! I come from the South. I have played with charismatic bluesmen like B.B. King. They all had an incredible way with women. When they started singing, the fans threw their panties on the stage. I was just a kid and I was spellbound by their magnetism. No girl had ever thrown anything at me. Claude and I had this blues connection. When I came to Montreux, for the first edition of the festival in 1967, I sensed this provincial vibe. Just one main street, a little hotel on the lake, it felt like coming home. I looked out over Lake Geneva. I’m a Pisces. I’ve always lived beside the water. I’m like an Ancient Mariner. I’ve sailed the seven seas. After that concert when Keith Jarrett, Ron McClure and Jack DeJohnette played with me, I came back to the region. I needed a retreat, I had to get off the bus: drink lemon juice and hide in a cave to find my feet again. I had filled my body with substances. Mike Love, one of the Beach Boys, had just got back from India. He’s a Pisces, too. He was born on the same day as me, in another year. He told me about a meditation course with Maharishi on the hills above Montreux, at Leysin. Claude Nobs met us there. He took us out of the center and up to his chalet and he made a fantastic salad with porcini: perfect. He tried to persuade MUSIC me to come back on stage.
Textes d'Arnaud Robert (en collaboration avec Salomé Kiner) Coédition Montreux Jazz Festival et Editions Textuel Texts by d’Arnaud Robert (in collaboration with Salomé Kiner) Co-published by the Editions Textuel and Montreux Jazz Festival
CHF 69.-
Disponible à la boutique Festival ou sur www.montreuxjazzshop.com
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IMPRESSUM
CLAUDE NOBS & QUINCY JONES – 1991
HEROES
Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com CEO Mathieu Jaton Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Thibaud Mégevand Editorial Secretary Lucie Gerber Contact chronicle@mjf.ch Contributing Editors David Brun-Lambert, Antoine Bal, Alexandre Caporal, Salomé Kiner, Eduardo Mendez, Steve Riesen, Arnaud Robert Photographers Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Marc Ducrest, Lionel Flusin, Emilien Itim, Anne-Laure Lechat Translators Bridget Black, Sandra Casas, Emma Harwood, Marielle Jacquier, Amandine Lauber Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens Advertising Kevin Donnet, k.donnet@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.ch
© 1991 Claude Nobs' Archives
F «Nous sommes frères, nés de mères différentes.» D’abord lancée comme une boutade, la formule de Quincy Jones est devenu vérité, à la manière d’un mythe finissant par débouter de ses droits la réalité. En vrai, qui croisait à la ville Claude Nobs et «Q» ne pouvait douter qu’entre eux était bien plus qu’une amitié: une admiration mutuelle sublimée en amour fraternel, et ce dès les sixties quand le kid de Territet était venu trouver le trompettiste à l’issue d’un concert lausannois. Claude n’était alors personne, sinon un fou de musique grandi dans un bout de Riviera assoupi, mais caressant un rêve: contribuer à transfigurer cette région dont il est demeuré jusqu’au bout follement épris. Passé le refus de reprendre la boulangerie paternelle et un diplôme de «meilleur apprenti cuisinier de Suisse» décroché à Bâle, Nobs entrait à l’Office du tourisme de Montreux où débutait son épopée. Ou comment un jeune homme déterminé parvint à convaincre des musiciens parmi les plus décisifs de leur temps à édifier avec lui une aventure artistique sans équivalent. Ce Festival dont Quincy fut le coproducteur (1991-1993), imaginant alors avec Claude les contours d’un événement entré dans l’éternité. David Brun-Lambert
Director Nicolas Stevan Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Manuel Schaller Layout Composers Nadine Schneuwly, Nicolas Nydegger, Manuel Schaller
E “We’re brothers from different mothers”.
Although initially used in jest, Quincy’s motto became reality in the same way as some myths become fact. It was obvious to anyone who crossed Claude Nobs and “Q” in the street that theirs was more than a simple friendship. Theirs was mutual admiration enhanced by a brotherly love that began in the sixties, when the Territet kid went in search of the trumpeter after a Lausanne gig. Claude was a nobody then, other than a music fanatic who dreamed of making something of the sleepy Riviera region that he’d loved until the day he died. He rejected his father’s offer to run the family bakery and the award he’d earned in Bâle for “best apprentice chef in Switzerland” to start his epic journey in the Montreux tourist office. He was a determined young man who successfully convinced the key musicians of his time to help him create the largest tribute to music ever imagined. As co-producer of this festival from 1991 – 1993, Quincy Jones joined Claude in paving the way for an event that would stand the test of time.
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F Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol.
E The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.
Friday, July 1st 2016 | Montreux Jazz Chronicle
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