N°2
Samedi, 04 juillet 2015 Saturday, 04 July 2015
Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 4e édition The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 4th edition
MONTREUX JAZZ
GLORY
TONIGHT
SINÉAD O’CONNOR, FATALE
F Aussi changeante que les ciels de son Irlande natale, la voix de Sinéad O’Connor est une arme puissante. Elle sait affoler le baromètre émotionnel de son public en déployant toute son amplitude, du murmure au rugissement. Mais elle sait aussi glacer le sang du qu’en-dirat-on en exprimant publiquement ses opinions politiques, religieuses ou féministes. Il y a un peu des deux dans I‘m not Bossy, I’m the Boss, son dixième album inspiré
6 Best Of: John Legend
des origines du blues pour sonner plus rock. En plus d’avoir troqué son mythique crane rasé contre une panoplie de femme fatale, la tempétueuse Sinéad O’Connor y jure ne plus vouloir écrire de chansons d’amour…
SINÉAD O’CONNOR, FATAL
E As many-faceted as the skies in her native Ireland, Sinéad O’Connor is armed with a powerful voice. She has the gift of modulating the emotions of her audiences at will by simply altering the amplitude of her
voice, from a murmur to a roar. But she also knows how to make certain people’s blood run cold by publically expressing her political, feminist, and religious opinions. You will find some of each side of Sinéad in I‘m not Bossy, I’m the Boss, her tenth album, which has been inspired by blues roots to sound even more solidly rock-n-roll. In addition to having swapped her legendary shaven head for the severe raven locks of a pin-up, the tempestuous artist swears in this album that she no longer wants to write love songs…
8 Interview: The Staves
Sinéad O’Connor, Auditorium Stravinski, 20:00
9 On This Day: Quincy Jones & Sting
© UBS 2015. Tous droits réservés.
S’extasier ensemble Au Montreux Jazz Festival, un événement unique. ubs.com/montreuxjazzfestival
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TODAY’S SOUNDTRACK
EDITO F Dans True Detective, saison 1, il est cette scène où l’ex-flic Rust Cohle (Matthew McConaughey) est cuisiné par deux enquêteurs. Cohle s’envoie une bière après l’autre, discourant sans fin, jusqu’à finalement évoquer la «Théorie M» d’Edward Witten: une tentative d’unification des théories de la quantique des champs et de la gravité, selon laquelle «le temps est un cercle plat». En clair: «ce qu’on fait et fera, on le fera encore et encore», à d’infimes nuances près. Et c’est un peu ce que l’on éprouve ici. Sous ce soleil brûlant qui rappelle celui de l’été 2003. À exulter pour des artistes qui nous ont autrefois fiché le grand frisson en ce même lieu. Jackson Browne venu ce soir boucler un dialogue amorcé en… 1982! The Chemical Brothers invités demain à poursuivre le bain de sueur produit en 2007. Dianne Reeves conviée comme en rappel à une nuit d’hommage à Nina Simone (2009). Ou D’Angelo, revenu d’entre les ombres renouer avec un concert magique, offert il y a… déjà quinze ans! «Le temps est un cercle plat», alors. Les événements déjà vécus dans ce territoire se reproduisent immanquablement. Ce sont des rencontres, des itinéraires, des rituels nocturnes avec lesquels on renoue. Surtout des émotions autrefois éprouvées, qu’on croyait envolées, mais qui s’invitent soudain, exactement comme si le temps s’était bouclé. Comme si les passions engendrées ici, à Montreux, ne connaissaient pas de fin. David Brun-Lambert
E It’s the scene in the first series of True Detective where ex-cop Rust Cohle (Matthew McConaughey) is being grilled by two investigators. Cohle knocks back one beer after another and doesn’t stop talking. Eventually, he brings up Edward Witten’s ‘M Theory’ that attempts to combine quantum field theory with the theory of gravity and claims that “time is a flat circle.” In layman’s terms, “what we do and will do, we will do it over and over again”, with minuscule differences. And, that’s sort of what we’re experiencing here, beneath a burning sun like that of 2003; with the same stars who made our hairs stand on end back then. Tonight, Jackson Browne came back to finish an interview he started in…1982! The Chemical Brothers have been invited to sweat it out once more like in 2007. Dianne Reeves has been invited as a reminder of the tribute paid to Nina Simone (2009) and D’Angelo is back from the shadows with a magical comeback concert he’d proposed over…fifteen years ago. Therefore, “time is a flat circle.” Every show that you see in this place has at some point already been seen. It is encounters, stories and nightly traditions like these that keep the festival alive and fresh. Above all, those forgotten emotions we once felt suddenly come flooding back, as if time had stopped for a moment, as if the passions born here in Montreux could never die.
BUBBLE OF THE DAY BY
By
Paula Grande Montreux Jazz Club 04.07.2015 - 20:00
«Pare Meu» Silvia Pérez Cruz
11 de novembre, 2012, Universal
«La Sitiera» Omara Portuondo
La Sitiera, 2001, Nonesuch
«Coraçao Leviano» Djavan
Malásia, 1996, Sony Music
«Good Day Bad» Meshell Ndegeocello
Comet, Come to me, 2014, Naïve
«Betray y Heart» D’Angelo & The Vanguard
Black Messiah, 2014, RCA
«Strasbourg-St Denis» Roy Hargrove Earfood, 2008, Groovin’ High
48%
Du public du festival est féminin of the Festival's audience are women
42%
De l’audience a entre 25 et 44 ans Of the audience is between 25 and 44 years old
«Everything is Everything» Lauryn Hill
The Miseducation of Lauryn Hill, 1998, Ruffhouse, Columbia Record
«Storia Storia» Mayra Andrade
Audience
Stória, stória…, 2009, Sony Music
«Mauritius» Jérry Leonide
The Key, 2013, ACT
15%
Des festivaliers viennent de l’étranger Of the people coming to the Festival ar foreigner
Main Partners
44%
Des visiteurs reviennent au moins 5 fois pendant une édition of the visitors come back at least 5 times during an edition
Saturday, 04 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
3
PROGRAM 04.07
AUDITORIUM STRAVINSKI
20:00
PAYING
SINÉAD O’CONNOR
20:00
MONTREUX JAZZ ACADEMY PROJECT
JACKSON BROWNE
CREATIONS
MONTREUX JAZZ LAB
21:30
THYLACINE - LIVE DAVID AUGUST - LIVE
BUGGE WESSELTOFT
FRITZ KALKBRENNER MAYA JANE COLES ÂME - LIVE
MONTREUX JAZZ BOATS Pier CGN, Montreux 21:00
PAYING
Château de Chillon AROUND «DIFFERENT TRAINS», STEVE REICH
MONTREUX JAZZ CLUB
BRASIL BOAT 15:00 LANE CARDOSO, ANDRÉ RIO FEAT. DIANA MIRANDA, PAULO SARIGA, DISCOTECÁRIO DOCA, BATUCADA
MUSIC IN THE PARK
AFTERSHOWS
DENVER JAZZ CLUB YOUTH ALL-STARS 14:00 CHATSWOOD HIGH BIG BAND 16:00 UNICORN PARADOX 18:30 HOLIDAY STREET FLYING GIRAFFES PROFESSOR WOUASSA 21:00 ANDRÉ RIO FEAT.DIANA MIRANDA 23:30
F Dès la fin des concerts E Start when concerts end
THE ROCK CAVE
20:30
BRAZIL! CANTO CEGO FUMAÇA PRETA DISCOTECÀRIO DOCA
21:30 23:00 00:00
THE STUDIO
22:00
15:00
COULEUR BRASIL
Montreux Jazz Club F Jam Sessions improvisées et DJs. E Improvised Jam Sessions and DJs.
ZUMBA SESSION JUNIOR APERO JAZZ JANAINA MELLO DJ TESTAMIX & DJ RUMBA STEREO
WORKSHOPS Petit Palais LIFE, BRAINS AND THE ARTS
BAR EL MUNDO
16:00 18:00 20:00 22:00
15:00
Presented by Prof. Antonio Damasio (University of Southern California)
Petit Palais AROUND STEVE REICH’S DIFFERENT TRAINS, A PHILOSOPHY OF MUSIC POINT VIEW Presented by Constant Bonard
17:00
INFORMATION
F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App» E For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com
FREE
WE LOVE HOUSE ALDO KAPONE 22:00 ANTHIK 23:00 SONNY FODERA 01:00 MR MIKE 03:00
NO FREE AFTERSHOWS
RETROUVEZ TOUTES LES VIDEOS SUR FIND ALL VIDEOS ON MONTREUXJAZZ.COM YOUTUBE /MONTREUXJAZZVIDEOS
LE SON: BIENFAIT DU CERVEAU
F Des mariages de raison entre son, musique et science sont proposés en lien avec des institutions universitaires ou scientifiques. Ainsi de la conférence du fameux neurologue portugais Antonio Damasio, qui évoque l’impact des arts sur notre cerveau ou de Patrick Vuilleumier, directeur du Centre interfacultaire des sciences affectives (CISA) à Genève, se penchant sur «La musique et ses bienfaits pour le corps et le cerveau – à tout âge». Les chercheurs français Gérard Assayag, Georges Bloch et Jérôme Nika de l’Institut
de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM) détaillent pour leur part les liens étroits entre le musicien et la machine. Olivier Horner
THE SOUND THROUGH THE PRISM OF THE BRAIN
E We are bringing together sound, music, and science in cooperation with regional scientific and higher-education institutions. There will be a lecture by prominent Portuguese neurologist Antonio Damasio, who will discussthe impact of the arts on the human brain. Patrick Vuilleumier, director of Geneva’s Interfaculty
Saturday, 04 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
Center for Affective Sciences (ICAS), willaddress “Music and its benefits for the body and brain – at any age”. French researchers Gérard Assayag, Georges Bloch, and Jérôme Nika, from the Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM), will explain the close ties between musician and machine.
04.07.2015 - 15:00 Life, Brains and The Arts by Prof. Antonio Damasio (University of Southern California) Petit Palais
GAMBAS MARINÉES SALADE CAESAR FILET DE FÉRA POÊLÉ SUPRÊME DE VOLAILLE ONGLET DE BOEUF BROWNIE CARPACCIO DE FRUITS FRAIS …AND MANY MORE! OUVERT TOUS LES JOURS DÈS 16H
LIGHTS
HIGH–
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PORTFOLIO
03 JULY 2015
Oscar and Montreux
Emeli Sandé, Auditorium Stravinski
BEST OF JOHN LEGEND, LE SHOW
F On le comprend dès le premier morceau. Ca sera l’un de ces grands shows au Stravinski. Les cuivres, les choristes. Le guitariste en costard, sa Strato lustrée en bandouillère. John Legend en veste en cuir. Charmeur, crooner. Les cris des gonzesses à chacun de ses pas de danse. Si elles s’évanouissent ce soir, ce n’est pas la canicule. Et puis, une fois n’est pas coutume, le bassiste est au centre de la scène. Hé oui, ça sera groovy ce soir. John Legend nous fait danser sur Curtis Mayfield, nous charme avec Marvin Gaye et nous assène un «I Want You (She’s So Heavy)» des Beatles. C’est en live qu’on sent les racines qui ont bercé les artistes modernes et on aime ça, à Montreux. Bref, c’était bien l’un de ces grands shows au Stravinski. Steve Riesen
JOHN LEGEND, THE SHOW
E We understand him from the very first song. It’s going to be one of the Stravinski’s great moments. Just imagine the trumpets, the backing vocals, the suited up guitarist with his shiny guitar strap over his shoulder. The girls scream out with each dance step John Legend makes in his leather jacket, the crooner, the charmer ; if they faint it won’t be down to the heat. Then, in breaking with tradition, the bassist takes centre stage. Oh yeah, it’s hotting up tonight. John Legend gets us dancing to Curtis Mayfield, charms us with some Marvin Gaye and gives us his rendition of the Beatles’ ‘I Want You (She’s So Heavy).’ It’s the live performances that make us feel what touched and inspired the modern artists and that’s why we love Montreux. In a nutshell, it was one of the Stravinski’s greatest shows.
d the Wolf x Jazz Lab Lilly Wood & the Prick Montreux Jazz Lab
Ibeyi Montreux Jazz Lab
John Legend Auditorium Stravinski
BEST OF THE STAVES, L’APPEL DE LA FORÊT
The Staves Montreux Jazz Club
F Alors que la clim souffle un vent auroral sur mes jambes nues, trois jeunes filles surgissent sur scène et engagent un chant polyphonique, une musique flairant la résine d’une folk sylvestre, entre Simon & Garfunkel et les Fleet Foxes. Leurs voix, comme des mains invisibles, effleurent mon corps dans une danse sensuelle et m’appellent dans leur forêt. Les arpèges de la guitare dévalent les prairies pour se jeter dans les ruisseaux en contrebas. Ils m’éclaboussent. Vos voix sont belles, mais j’aurais aimé que vos mains me fessent parfois. Quelques cloches résonnent au loin, une église certainement. Ah non, c’est le carillon du synthé. Je reviens à Montreux, je finis les quelques gouttes de rivières que ma bouteille de PET contient et je retourne au bureau. Laurent Küng
THE STAVES, THE CALL OF THE WILD
E While the aircon blew a morning breeze upon my bare legs, three young girls appeared on stage and burst into polyphonic singing, smelling of forest folk resin, something between Simon & Garfunkel and the Fleet Foxes. As if they were invisible hands, their voices reached out to welcome me in their grove and brushed my body in a sensuous dance. The guitar’s arpeggios hurtled down the meadows, gliding into the streams beneath, splashing me with smears. Your voices were beautiful, but I would have liked your hands to spank me. Some bells rang, certainly from a church afar. Oh, no, it was the carillon of the synthesizer. And now I’m back in Montreux, finishing the last drop of river captured by my plastic bottle and I’m back in the office.
THE STAVES
Les sœurs Staveley-Taylor : trois voix, une harmonie et une folk so british pour laquelle le Club a chaviré hier soir. Propos recueillis par Eduardo Mendez F Pourquoi jouer de la folk plutôt qu’une musique plus contemporaine ? Quand on était encore jeunes (ce qui donne l’impression qu’on parle comme des vieilles), il y avait toute une scène qu’on appelait le UK garage. On a rapidement compris qu’on n’avait vraiment rien à voir avec ça. Les gens allaient danser en club, mais nous, on restait à la maison et on chantait les musiques que nos parents écoutaient: Neil Young, The Beatles ou Crosby, Stills & Nash.
Comment expliquez-vous l’étonnante symbiose entre vous? C’est juste que l’on sait. Il y a une telle osmose, une telle compréhension entre nous trois qu’on pressent quand l’une va jouer plus fort, quand on peut respirer, à quel moment exactement terminer une phrase musicale, si quelqu’un va faire un truc avec une pédale d’effet, et si on va le suivre ou non. C’est vraiment difficile à expliquer parce que je n’ai jamais vraiment joué avec d’autres musiciens, mais entre nous trois ça vient naturellement.
«Yeah ! Vous êtes super !»
Parmi tous les artistes qui ont joué à Montreux, avec qui aimeriez-vous jammer? Je crois que The War on Drugs jouent ici cette année. J’adorerais jammer avec eux. Il y aurait beaucoup de têtes qui remueraient en tous sens, et c’est le truc le plus important. Si on revient aux artistes qui se sont produits au Festival dans le passé, je crois qu’il aurait été dingue de faire les chœurs d’Aretha Franklin, vraiment. Ou ceux de Marvin Gaye. Cela, ça aurait été incroyable.
Moi, j’apprenais la guitare et tous nos amis faisaient partie de groupes, donc on vivait une sorte de double vie dans notre ville. Et je pense que bon nombre d’ados sont comme ça, en réalité. Il y a toujours la norme, le truc cool et populaire que tout le monde fait, et il y a ce qu’ils ont vraiment envie de faire, eux. Je pense que nous avons eu de la chance de trouver, dans notre villle, un groupe de gens qui aimait notre musique et qui faisait des choses similaires. Ça a été notre plateforme. On donnait des concerts dans le pub du coin, et tout un groupe de vieux barbus nous encourageait avec des «Yeah! Vous êtes super!» ; ils ont été notre fanbase, si j’ose dire.
The Staveley-Taylor sisters : three voices, harmony and folk have enchanted the Club yesterday evening… So British!
INTERVIEW
Samedi, 04 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle
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E Why playing folk instead of a more contemporary style of music ? Well, when we were growing up, which makes us sound really old, there was a whole scene of music called UK-garage and I think we definitely felt that we didn’t fit in with that. Others would go clubbing and, you know, dancing, but we were at home also singing Neil Young and to records our parents listened to, really, like The Beatles and Crosby, Stills & Nash.
“Yeah ! You’re great !“
I was learning guitar and all of our friends were in bands, so we were kind of living a bit of a double life, I guess, in our hometown. And I think a lot of teenagers are like that, really. There’s kind of the cool thing, or the popular thing, and then there’s what they actually wanna do. I think we just found a group of people where we were from who liked our music and were doing something similar. It was some kind of a platform for us, so we did gigs in our local pub and there were a lot of old guys with beards who were like “YEAH ! You’re great !“ and that was kind of our fanbase.
How do you explain the stunning harmony between all the members? I don’t know. There’s just like a knowing. Such a deep understanding of each other that it just comes through in knowing whenever something is gonna kick in, knowing when to breathe, or exactly when you’re gonna finish a sentence or a phrase or if someone’s gonna do a next trick or little treadle and if you’re gonna go with them on the end of it. So it’s hard to explain because I’ve never really sung that much with other people so to us it’s just natural. Of all the artists who have played at Montreux, with which one would you most jam? Can it be… Is just who’s playing this year or just of all? Definitely, this year, I think War on Drugs are playing and I would love to join them to jam. There’d be a lot of hair just going around everywhere, which is the most important thing. I think, historically, if we had been able to sing the backing vocals with Aretha Franklin, that would be pretty insane. Or I think Marvin Gaye though – THAT would have been amazing. It’s a too hard, too difficult question.
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©1991 FFJM-Philippe Dutoit
#OTD
Saturday, 04 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
ON THIS DAY
Quincy Jones & Sting – 4 July 1991 F «Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes ». Corneille aurait pu s’exprimer ainsi en découvrant Sting campé sur les genoux de Quincy Jones au regard d’une porte entrebâillée. Deux colosses de la musique dont on découvre l’humanité par une image volée dans l’arrière-scène. Nous sommes en 1991; le producteur de Thriller coproduit ce 25e Montreux Jazz Festival et invite Sting pour un concert acoustique. La nuit s’installe, les masques tombent et les deux complices fanfaronnent dans les backstages. Une main paternelle se pose sur l’épaule du chanteur, l’air de dire: «Viens petit, je vais te révéler les beautés du Festival. On va rigoler». Laurent Küng
E « As great as kings may be, they are what we are» is what Corneille may have said upon catching a glimpse of Sting nestled on Quincy Jones lap through a door left ajar. Two musical giants, humbled by a snapshot of backstage. It’s 1991 ; the producer of Thriller is coproducing the 25th edition of the Montreux Jazz Festival and has invited Sting to give an acoustic concert. As night falls and masks come off, the duo are heard boasting backstage. A fatherly hand is placed on the singer’s shoulder as if to say: come my boy, I’ll show you the Festival’s real gems. We’ll have some fun.
Retrouvez la rubrique #OTD sur Instagram et Twitter @montreuxjazzfestival @montreuxjazz
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«ELOGE DU DANCEFLOOR»
Danser ensemble dans un même espace: un mode d’expression qui a accompagné, sinon bouleversé, la culture populaire du XXe siècle. Par David Brun-Lambert
READ
Turn the Beat Around, Peter Shapiro, Editions Allia, 2008 F Essai monumental autour de l’essor, du règne, enfin de l’écroulement de la disco: non pas une musique en toc, comme l’histoire le rapporte à tort trop souvent, mais le véhicule de l’émancipation des minorités gays, blacks ou hispaniques dans un New York alors englué dans une crise financière sans précédent. Passionnant. E A monumental essay around the birth, the reign and the crumbling of disco: not the pointless music history likes to wrongly remember but the emancipation driving force of the gay, black or Hispanic communities in a New York ravaged by an unprecedented financial crisis. Thrilling.
Journey Into Paradise: The Larry Levan Story, Rhino Records, 2006 F Tout l’art de Larry Levan, «DJ des DJs» et maître à bord du mythique club new-yorkais Paradise Garage, consacré par ce document où la disco se pare de couleurs électroniques ou de dynamiques urbaines. En creux s’annonce l’élaboration d’un rythm’n’blues robotique, bientôt nommé «house music». E All of Larry Levan, «DJ of DJs» and maestro of the mythical New York nightclub called Paradise Garage, skills and craft consecrated by this disc in which disco dresses with electronic tones and with urban energy. In short, a robotic rhythm and blues, slyly named «house music», coming to age.
JULY 16 Nicolas Jaar
JULY 03 Moderat
2011
JULY 21 Underground Resistance
2007
JULY 06 The Chemical Brothers
LISTEN
2009
D’abord apparu sous la forme d’un cercle tracé au sol, son aspect a par la suite évolué, depuis les carrelages des cours royales aux parquets des salons aristocratiques allemands ou français, des lambris des salles paroissiales au gravier des bals populaires... Durant les années 1920, il changeait soudain de nature, quand une jeunesse issue de l’immigration européenne forgeait son identité américaine au creux des ballrooms. Deux décennies plus tard, les discothèques de Paris ou de Londres accéléraient la constitution des premiers courants culturels urbains. Dès lors, le dancefloor devenait un business. Une «club culture» s’y développait qui, jusqu’à la fin du siècle, devait bouleverser à la fois les mœurs, la mode, l’esthétique et les canons de la musique populaire occidentale. Ce soir, au Lab, Thylacine, Fritz Kalkbrenner ou Maya Jane Coles résumeront à eux seuls cette histoire.
2007
JULY 09 Laurent Garnier
1998
F On le connaît de tout temps, dans toutes les cultures et sur tous les continents. À travers lui, les hommes ont célébré la naissance, la joie, la liberté ou le sexe. Ils ont convoqué le plaisir, l’espoir et le divin. Au XXe siècle, ils ont également exprimé leur colère et leur frustration. Ce lieu, c’est le dancefloor. Pour exister, cet espace exige des préalables: d’abord, la réunion d’une communauté spécifique autour d’une musique spécifique. Ensuite, que ces individus s’expriment avec leur corps - librement ou selon des codes strictes. Là seulement, la piste de danse devient un lieu de vie à part entière. Un territoire où se mêlent le sacré et le profane, l’allégresse et la fureur, où s’articulent toutes les façons de dire «non» et «j’existe». Où chacun peut déclarer être… ce qu’il désire! Ainsi, le dancefloor n’est pas seulement affaire de jouissance. Il est aussi ce ciment communautaire et culturel essentiel.
GRAND ANGLE
Samedi, 04 juillet 2015 | Montreux Jazz Chronicle
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5 CONCERTS «TECHNO» QUI ONT MARQUÉ MONTREUX
«EULOGY OF THE DANCE FLOOR»
Dancing together in a same room: a mean of expression that came along the 20th century’s pop culture and probably changed it forever. E We know it from all times, all cultures and every continent. Through it, men have celebrated births, joy, freedom or sex. They summoned pleasure, hope or the divine. In the 20th century, they also shared on it their frustrations and anger. This place is the dance floor. To exist, this place has requirements: first, the gathering of a particular community to a specific kind of music. Second, that these people express themselves with their bodies – freely or following strict rules. Only then can the dance floor become a unique crib of life. A place where the secular and the sacred, the joy and the fury intertwine, where all the ways of saying «no» and «I exist» are shout out. Where each and every one of us can become… who he whishes to be! Thus, the dance floor isn’t only about pleasure. It’s also the community and the culture’s vital cement.
First appearing as a circle drawn on the ground, its shape then evolved from the tiles of the royal courts to the parquets of the French or German aristocracy’s living rooms, from the wainscoted parish rooms to the gravels of popular dances… During the 20’s, it changed suddenly when a youth, coming from the European immigration, created its American identity in ballrooms. Two decades later, Paris or London’s nightclubs speeded the creation of the first urban cultural movements. Since then, the dance floor became a business. A «club culture» developed there and until the century’s end, it shook mores, the fashion, the aesthetic and the western popular music’s models. Tonight at the Lab, Thylacine, Fritz Kalkbrenner or Maya Jane Coles will sum up through their music this story.
juillet
2015
Louis Favre hard Tunnel du Saint-Got 6487 Göschenen
Suisse
IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com
Contributing Editors David Brun-Lambert, Olivier Horner, Salomé Kiner, Laurent Küng, Thibaud Mégevand, Eduardo Mendez, Steve Riesen
Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez
Photographers FFJM : Vincent Bailly, Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Alain Betex, Marc Ducrest, Lionel Flusin, AnneLaure Lechat, Damien Richard GM Press : Georges Braunschweig, Edouard Curchod, Inès Galai, Lauren Pasche Maison de disques : EMI, Musikvertrieb, Phonag, Sony, Universal Music, Warner
Editor-in-chief David Brun-Lambert
Pictograms Thibaud Mégevand et Freepik (Creative Commons)
Project Assistant Thibaud Mégevand
Translators Sandra Casas, Marielle Jacquier, Louise Fudym John Powell, Emma Harwood, Tiago Brissaud
CEO Mathieu Jaton
Editorial Secretary Renata Vujica Contact chronicle@mjf.ch
Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens
F Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol. E The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.
Saturday, 04 July 2015 | Montreux Jazz Chronicle
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Switzerlan d
dé e, u ort, Je t’imag in qui te g uidait dans le de ta vie (et de ta m lors ? a z er a u ti g -t n à a is e a , le ch tend lamp ent du Gothard lein ouvrage). Qu’en s de rails? Le sifflem e ir a vi o rr p fe n en ço t: a n n o a er tr h ch s p lâ m r le ton cœur te g ulier des roues su siècle s’avançait, trio striel. ré e du Le tacatam locomotives ? Le XIX l’hymne du règ ne in it passé s it n siècle ava u », s crâneur de sique ferroviaire éta in ra erent T essin: u la petite m Reich composa « Diff cols verdoyants du T ix, déportées vo x ve s te au S ce s t d lu n n Q ua Ce so ient p ns ne rêva chau ou Auschw itz. re du minimalisme, e ît a et les wago qu a le de musi droit vers D le g rand m ils filaient mais rappelées par Chillon la Haute éco e h, Salome Kiner de la Shoa ce soir au Château d ra re lo xp qu’e ne. de Lausan olding and and h Favre, is u w ith one h a ze of galleries o rd L a e r b a r e u D ce king yo in the m d death sin uided you ine you stro I can imag er the gaslight that g work of your life (an en ? The rege th th w ith the o rd railway tunnel, th at were you hearing ful blow ing a h st a th W o o ). b G e rk e h o th T s: at w of s? on the rail as coming, victoriou blew while w your heart f the wheels beating en ry h tu W n . a ce er l o a 9th ular sound otives’ horn ? The 1 them of the industri past and the n m d of the loco way music was the a rain s », a century ha f the Tessin: o il T t ra ss a en le p er tt li iff en D e ese th lush g re posed « e m th f co z. It was th o it ch w re h ei o Steve R or Ausc the ing no m y au m b a ch t a h re D d ig s e n t rd er coaches w ading straight towa were summoned tha sity of Music he niver that U h e a o th h y S they were b e d ices of th enlivene deported vo of minimalism and lon. il er h st C a e d g reat m âteau e at the Ch n n sa au L of
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Advertising Mathilde Blandin, m.blandin@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.emf.ch/anthracite Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Lea Berchtold Layout Composers Emilie Renevey, Nicolas Nydegger Retrouvez tout nos numéro sur issuu.com/montreuxjazzchronicle Suivez nous sur les réseaux sociaux facebook.com/montreuxjazzfestival twitter.com/MontreuxJazz
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Parmigiani_HQ • Visual: Tonda 1950 MOP • Magazine: Chronicle Juillet_15 (CH) • Language: English • Doc size: 234 x 320 mm • Calitho #: 06-15-109423 • AOS #: PF_02006 • EB 08/06/2015