Montreux Jazz Chronicle 2016 - N°04

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№4

Lundi, 04 juillet 2016 Monday, 04 July 2016

Montreux Jazz Chronicle Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 5e édition

The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 5th edition

Flume, Montreux Jazz Lab, 03.07

TONIGHT

YOUNG THUG

F Second d’une fratrie de dix enfants, Young Thug, vingt-quatre ans, est le nouvel étendard du hip-hop d’Atlanta. Surnommé «rap weirdo», il distortionne habilement son flow d’une voix délivrée de toutes contraintes, excentrique, clairement distincte de ce que l’on a l’habitude d’entendre, même dans la trap actuelle peu avare d’Auto-Tune. Il a sorti une nouvelle mixtape, Slime Season 3, tout début 2016.

YOUNG THUG

E  Second of ten siblings, at twen-

ty-four Young Thug is a spell-binding standard-bearer for Atlanta hip-hop. Called a “rap weirdo” due to his unhinged flow, his intricate, eccentric, and unfettered vocals are quite distinct from what we typically hear, even in today’s world of auto-tuned trap. In early 2016 he released a new mixtape, Slime Season 3.

SHINE

9 Last Night: Scofield Mehldau Guiliana

10 50 Summers of Music: Randy Weston 11 Heroes: B.B. King

YOUNG THUG, Montreux Jazz Lab, 20:00


75 ANS DE LIBERTÉ. MAIS L’AVENTURE NE FAIT QUE COMMENCER.

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F Quand on est pré-ado et que la musique a

déjà commencé à remplir sa vie d’une passion indéfectible, avoir une cohorte d’artistes à sa porte chaque été est une aubaine qui mérite bien une bonne balade en vélo de La Tour-de-Peilz aux quais de Montreux… Tous les après-midis, grâce à Claude Nobs qui m’avait à la bonne ou aux chouettes producteurs de la Radio Suisse Romande de l’époque, Pierre Grandjean ou Bruno Durring, que j’avais rencontrés au gré des nombreux concerts auxquels j’assistais avec mes parents, je pouvais me glisser dans la salle pour écouter les soundchecks et répétitions des artistes dont les pochettes de disques recouvraient les murs de ma chambre! En 1973, l’affiche était pour moi parfaitement magique, avec un doux mélange de magnifiques bluesmen et de grands du jazz. Cela avait d’ailleurs commencé par une nuit historique, avec Freddie King, Memphis Slim & Mickey Baker, puis avec un duo d’une pureté absolue: Sonny Terry & Brownie McGhee, qui avaient vrillé les spectateurs à leur chaise au fil d’une émotion palpable. Mais étant déjà amoureux des grands ténors hard bop, «ma» soirée allait être celle du 7 juillet, avec la venue des géants Dexter Gordon et Gene Ammons! Avec une rythmique formée de Hampton Hawes et Bob Cranshaw et propulsée par le batteur Kenny Clarke, ce fut mémorable des répétitions du début de l’après-midi à… 2 heures du matin, quand les frères Nat et Cannonball Adderley ont débarqué sur scène pour un bœuf historique et «montreusiennement» inattendu! Le petit vélo dans le coffre de la voiture paternelle au bout de la nuit, je ne me souviens pas très bien de tous les virages du retour à la maison… Mais que de beaux rêves cette nuit-là!

YVAN ISCHER

SAXOPHONISTE, JOURNALISTE, PRODUCTEUR ET ANIMATEUR RADIO

TODAY'S GUEST MJF 1973

E When you’re a pre-teen music enthusiast with a whole hoard of A-listers on your doorstep every summer, it’s worth getting your bike out to ride from La Tour-de-Peilz to the Montreux lakeside. As I was in Claude Nobs’ good graces, and had met the cool Radio Suisse Romande producers, Pierre Grandjean and Bruno Durring, during one of the many concerts I went to with my parents, I was allowed to sneak into the hall to watch the sound checks and rehearsals of the artists whose LP’s covered the walls of my room. 1973 was my dream line-up, as it combined amazing blues players and jazz names. The Festival had opened with a memorable night of Freddie King, Memphis Slim & Mickey Baker, followed by Sonny Terry & Brownie McGhee. Emotions had run high that night, and left the crowd dazed. However, as I had already fallen for hard bop tenors, “my” Festival night would be the 7th of July with the great Dexter Gordon and Gene Ammons. The historical day started during an afternoon rehearsal with Hampton Hawes and Bob Cranshaw in a rhythm section led by drummer Kenny Clarke, and ended at 2am when the two Adderley brothers, Nat and Cannonball, stepped on stage for a memorable and unexpected Montreux jam. Other than putting my bike in the boot of my father’s car, I don’t remember much of the journey home that night because I had already started dreaming.

COUPS DE CŒUR MONTREUX JAZZ 1973

Freddie King

Memphis Slim & Mickey Baker

Sonny Terry & Brownie McGhee Dexter Gordon & Hampton Hawes Trio Gene Ammons and Hampton Hawes

CLAUDE'S COLLECTION

© Yann Gross

Main Partners

F  1972 n’est pas seulement l’année de l’adhésion du Royaume-Uni aux Communautés européennes. C’est aussi celle de la seizième édition du Montreux Jazz Festival, un excellent cru pour les amateurs de blues. Bo Diddley, Chuck Berry, Muddy Waters, T-Bone Walker, Bessie Griffin, Lightnin' Slim, Les McCann, Lafayette Leake et Koko Taylor, entre autres, se succédèrent pendant treize jours sur la scène du pavillon du Palace, incendie du Casino oblige. Déluges de cordes, cascades d’ivoire et refrains torrentiels: cette «blues avalanche» méritait bien un double LP. Mention spéciale à l’illustratrice Isadore Seltzer pour la pochette du disque: une belle brochette de bluesmen en fourrure, instruments en joue, dévalant joyeusement la poudreuse sur fond de sapins enneigés. Salomé Kiner

E  1972 was not just the year the UK joined the European communities. It was also the Montreux Jazz Festival’s sixteenth birthday and a great year for blues fans. Bo Diddley, Chuck Berry, Muddy Waters, T-Bone Walker, Bessie Griffin, Lightnin' Slim, Les McCann, Lafayette Leake and Koko Taylor, to name but a few, all took their turn on the Palace pavilion stage over 13 days. The Casino fire made sure of that. Their chord downpours, torrential choruses and ivory cascades sparked a “blues avalanche” worthy of a double LP. Illustrator Isadore Seltzer deserves a mention for the album sleeve that pictures a few blues players in fur playing their instruments while skiing among snow-capped trees.

Monday, July 4th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

EDITO MJF 1973

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PAYING

MONDAY 04.07

AUDITORIUM STRAVINSKI

MONTREUX JAZZ CLUB

SPECIAL GUEST: QUINN SULLIVAN

BASIA BULAT

MONTREUX JAZZ LAB

ZZ TOP

KEREN ANN

YOUNG THUG

MUSIC IN THE PARK

SPECIAL EVENTS

BAR EL MUNDO

AMOR KIZOMBA

FREE

BUDDY GUY

HEMU - UNIVERSITY OF MUSIC LAUSANNE, JAZZ

CASINO BARRIÈRE

DEPARTMENT, PRESENTS

11:00

14:00 HITS FROM THE VANG

EXPOSITION

MONTREUX MUSIC MEMORABILIA –

16:00 NEO SOUL EXPERIENCE 18:00 WE LIKE IT IN FAMILY – A TRIBUTE

TO SNARKY PUPPY En collaboration avec l'EPFL

22:30 EL GRAN COMBO CALIENTE

THE ROCK CAVE 21:30

22:00 DJ AL

MAIN ENTRANCE, 2M2C

16:00 BOOK BOX

WORKSHOPS

PETIT PALAIS

DJ RUMBA STEREO

COMPETITIONS SOCAR MONTREUX JAZZ ELECTRIC GUITAR COMPETITION

MONTREUX PALACE

15:00 MUSIC & FILMS

17:00 FINAL

par Prof. Patrizia Lombardo (UNIGE, CISA)

President of the Jury: John McLaughlin

VERENA VON HORSTEN

23:00 YAK 00:30 AFTERSHOW: GROOVESHAKE

STROBE KLUB DOWNTOWN BOOGIE - VJING JOCELYN DE LA PROVIDENCE 22:00 DOWNTOWN BOOGIE (COLEUR 3)

20:00 LAYONN

20:30 ZAPPA: THE BLACK PAGE EXPERIENCE

A$AP FERG TY DOLLA $IGN

GREEN GIANT, VINZ LEE, JIGGY JOHNS

JAM SESSIONS

MONTREUX JAZZ CLUB

F Jam Sessions improvisées après les concerts E Improvised Jam Sessions after the concerts

INFORMATION

F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App»

E  For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com


BIENVENUE SUR LA TERRASSE NESTLÉ !

F Comme chaque année durant le Montreux Jazz Festival, Nestlé Suisse vous accueille chaque jour sur sa spacieuse Terrasse en bois sur le lac. L’entrée est libre et ouverte à tous. Cette année, notre fameuse Terrasse fait peau neuve ! Nouvelle surface élargie et repensée, nouvelle offre de nourriture et boissons et horaires étendus. En famille ou entre amis, profitez de son cadre enchanteur et de l’air lacustre pour y boire un verre, y manger à midi ou le soir avant ou après les concerts ou y bruncher (les weeks-ends de 11h à 14h, réservation obligatoire). Nos marques se relayeront sur la Terrasse pour vous proposer des activités spéciales. Diverses animations artistiques sont aussi prévues, et des DJs et groupes seront présents chaque soir pour assurer l’ambiance musicale. Tous les jours, passez nous voir (dès midi et jusqu’à l’aube) pour boire un café, manger ou trinquer entre amis. Soyez prévoyants, réservez votre table au +41 79 933 78 71. Nous nous réjouissons de vous accueillir ! Votre équipe de la Terrasse Nestlé

LA TERRASSE NESTLÉ

HIGHLIGHTS

E Like every year during the Montreux Jazz Festival, Nestlé Suisse welcomes you every day on its spacious wooden Terrace, built directly on the lake. Entrance is free, for everyone. This year, our famous Terrace gets a makeover! A whole new surface (bigger and modified), a new food & beverage offer and extended hours. Come discover this beautiful setting, directly on the lake. Along with friends or family, take advantage of the enchanting decor and lake breeze. Come see us for drinks, for brunches (on weekends, 11:00 - 14:00, mandatory reservation), for dinner before or after the concerts. Our brands have put together an exciting program to entertain you with special activities. Numerous artistic animations are also planned, as well as DJs or live bands every night for your listening pleasure. Come see us, every day (from noon until dawn) for coffee, drinks or to share a meal with friends. Plan ahead, book your table now at +41 79 933 78 71. We look forward to welcoming you! Your Nestlé Terrace Team

TERRASSE NESTLÉ / NESTLÉ TERRACE OUVERT TOUS LES JOURS - 11:00 - 03:00 Quai

HEMU – LAUSANNE SCHOOL OF MUSIC, JAZZ DEPARTMENT, PRESENTS ZAPPA: THE BLACK PAGE EXPERIENCE

F En 1976, Frank Zappa présentait The Black Page au public

new-yorkais: une œuvre complexe et radicale composée d’une première partie dédiée à la batterie et une seconde aux rythmes disco-funk. Notoirement réputée difficile à interpréter, cette œuvre aujourd’hui culte a notamment participé à faire de la batterie un instrument de création à part entière. Aussi, elle a alimenté la légende de Zappa, créateur inclassable devenu l’une des voix artistiques parmi les plus originales du XXe siècle. Quarante ans après la création de The Black Page, la Haute École de Musique de Lausanne (HEMU) présente un projet spécial inspiré par ce concert. En soi, une sacrée victoire! Partitions longtemps traquées et arrangements réécrits: l’HEMU offre ce soir sous la direction de Cyril Regamey un programme concentré sur les années 1972-76 de Zappa. Parmi les plus riches! A l’honneur, rock progressif, musique expérimentale, batterie en liberté et multi-percussions dérangées – l’ensemble également agrémenté de subtils clins d’oeil à Deep Purple.

ZAPPA: THE BLACK PAGE EXPERIENCE

E In 1976, Frank Zappa brought The Black Page to the New York public. This famous, complex and radical composition, dedicated first to drums and then to disco-funk rhythms, is notoriously difficult to play and helped raise the status of drums to foreground instruments. It also enabled its legendary unclassifiable creator, Zappa, to become one of the most original 20th century artistic voices. Forty years after The Black Page was created, the Lausanne School of Music (HEMU) was inspired by the concert to present a special project. That alone is real feat! After searching far and wide for partitions and rewriting arrangements, the HEMU is proud to present a composition, directed by Cyril Regamey, summarising the life of Zappa from 1972-1976. One of the best, it is a tribute to progressive rock, experimental music, drum solos and challenging multi-percussion with an occasional hint of Deep Purple.

HEMU – LAUSANNE SCHOOL OF MUSIC, JAZZ DEPARTMENT, PRESENTS 04.07.2016 - 20:30 - FREE Music in the Park

Monday, July 4th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Flume Montreux Jazz Lab

Herbie Hancock Auditorium Stravinski

John McLaughlin & the 4th Dimension Auditorium Stravinski

Scofield Mehldau Guiliana Auditorium Stravinski

Al Jarreau Montreux Jazz Club


Alina Engibaryan Montreux Jazz Club

PORTFOLIO JULY 3RD 2016

Mura Masa Montreux Jazz Lab


Lundi, 4 juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Dans les loges du Lab, après son concert brûlant, Mura Masa saute d’impatience d’aller voir le show de son collègue Flume. Il a vingt ans, son propre label, une carrière qui prend l’ascenseur et hier soir il jouait sur la scène du Lab… Respect!

MURA MASA

INTERVIEW

Propos recueillis par Eduardo Mendez

Alors comment était le concert ce soir? C’était vraiment vraiment bien! C’est notre première fois en Suisse, le public était génial, l’endroit est dingue et le son était top. C’était un plaisir de partager la scène avec Petit Biscuit et Flume. Je suis épaté que Petit Biscuit n’ait que seize ans. J’admire ce qu’il arrive à faire à cet âge-là. Lorsque j’avais seize ans, ma musique était nulle! Et Flume évidemment est notre mentor à tous. J’ai un très grand respect pour ce qu’il fait et on n’attend plus que d’aller voir son concert maintenant. J’ai lu que, plus jeune, tu jouais dans plusieurs groupes de rock. Que t’ont apporté ces expériences dans ta musique d’aujourd’hui? J’imagine que ces différentes scènes que j’ai faites plus jeune m’ont aidé à gérer la pression du live. Ça fait du bien de jouer sur scène avec de vrais instruments. C’est important de vivre ces sensations de la musique live et de les comprendre. Ça fait aussi du bien de jouer avec d’autres personnes, c’est complètement différent. Bonzai m’accompagne sur la tournée pour assurer les voix et quand elle est sur scène le concert prend une autre dimension.

«Lorsque j’avais 16 ans, ma musique était nulle!» On te classe souvent comme un de ces artistes de la génération internet. Comment ce média a-t-il influencé ta façon d’écrire et de concevoir la musique? Oui, tout est beaucoup plus direct aujourd’hui. En deux clics, on a accès à toute la musique de n’importe qui. N’importe quel ado avec une connexion internet dans sa chambre peut uploader sa musique et peut-être arriver à se faire connaître. C’est une excellente opportunité pour des jeunes comme moi. Quelle était ta première rencontre avec le Montreux Jazz? La première fois que j’ai vu le nom de Montreux Jazz Festival c’était sur YouTube en tombant sur un live de Phil Collins. Mais je me suis vite rendu compte de toute la quantité incroyable d’artistes et de genres musicaux représentés ici, je trouve ça génial. Je suis très heureux d’avoir pu jouer ici, j’en avais très envie.

After setting the Lab alight with his concert, Mura Masa waits impatiently backstage for Flume’s concert to start. At twenty years old, he has his own record label, a career on the rise and he played at the Lab last night… Respect! Interview by Eduardo Mendez

So how did your gig go tonight? It was really really good! It’s our first time in Switzerland, the crowd were great, the room was amazing and the sound was perfect. It was a pleasure to share a stage with Petit Biscuit and Flume. I can’t believe Petit Biscuit is only sixteen. I’m amazed by what he can do at that age. When I was sixteen, my music was rubbish! And Flume is obviously our role model. I have great respect for what he does and I can’t wait to see him in concert now. I read somewhere that you were in a few rock bands as a kid. How have those experiences influenced your music? I guess playing on different stages when I was younger has helped me control my nerves during live performances. It feels good to be on stage playing real instruments. It’s important to feel and understand the feelings brought by live music. It also feels good and completely different to play with other people. Bonzai tours with me to cover all voices, and she takes the concert to a whole new level when she’s on stage.

“When I was sixteen, my music was rubbish! ” You’re often categorised as an artist of the Internet generation. How has this media tool affected the way you write and create music? Yes, everything is a lot more direct nowadays. In two clicks, you can access anyone’s music. Any teen with Internet in his/her room can upload his/her music and make him or herself known. It’s a great opportunity for young people like me. How did you find out about the Montreux Jazz Festival? I first saw the name Montreux Jazz Festival on YouTube when I came across a live Phil Collins performance. But I quickly found out that a huge quantity of incredible artists and musical genres are represented here. I’m telling you it’s great. I’m so glad to have played here. I really wanted to.


SCOFIELD MEHLDAU GUILIANA AUDITORIUM STRAVINSKI

F Attention, concentré de talents au Stravinski: trois maîtres instrumen-

tistes mettent leur science du jazz en commun. Le concert débute par trois compositions de Brad Mehldau, lequel navigue entre plusieurs claviers et un attirail de sonorités électroniques. Le pianiste nous invente tour à tour des textures magnétiques et des nappes psychédéliques. Le contraste est saisissant avec le jeu de guitare de John Scofield, organique et toujours clean. Le cadet du trio, Mark Guiliana, est à la hauteur de sa jeune réputation. Plutôt que d’exhiber ses prouesses techniques, le batteur de trente-cinq ans apporte des couleurs et des nuances inédites aux compositions de ses camarades. Dans le trio, pas de bassiste, donc. Mauvaise nouvelle? Pensez-vous! Mehldau et Scofield se partagent la ligne de basse: le premier frappe les touches d’un clavier analogique au son méchamment groovy quand le deuxième empoigne une basse électrique tout en gardant sa guitare en bandoulière. Cette performance de haut-vol se clôt par deux compositions de Scofield. Soudainement plus lyrique, le guitariste nous offre un petit phrasé en octaves à la Wes Montgomery, des bends atypiques et quelques glissés magiques. Un pur régal, sur lequel Mehldau improvise avec un sens mélodique renversant. Touché. Steve Riesen

PETIT BISCUIT MONTREUX JAZZ LAB

F On suit trois filles toutes guillerettes qui filent sur leurs escarpins vers un Lab bondé. Parfum d’été. Et Petit Biscuit apparaît, ado mort de trouille, filant droit vers une scène nue où l’attend une guitare, deux pads électroniques et une machine qu’il ne cessera plus de tripoter. Mais déjà, pourtant, on l’aime. Devenu LE buzz électro de ces derniers mois, Mehdi Benjelloun, seize ans (!), connaît les honneurs du Festival un beau premier EP sous le bras, mais sans aucun show clé en main à présenter. Rafraichissant! Ici, pas de projections diffusées afin de pallier le manque de spectacle inhérent au live électro. Pas non plus de posture grave arborée, comme si manipuler une bécane était affaire d’expert. Plutôt un garçon tout simple qui, dépassant bientôt son trac, offre ses grooves molletonnés et mélodies cristallines évoquant parfois M83 à ses débuts ou un Burial rangé des morosités. Là, le public poussant, Petit Biscuit bientôt de se lâcher, entamant une danse improvisée, qui à elle seule, traduit sa gratitude d'être invité ici. Une fois terminé, et avant l’arrivée des cadors Mura Masa et Flume, chacun de s’en retourner au soleil. Un kid nous a rappelé qu’il brillait. David Brun-Lambert

AUDITORIUM STRAVINSKI

F Attention all, the Stravinski is bursting with talent. Three master instrumentalists have brought together their knowledge of jazz. The concert starts with three pieces by Brad Mehldau, who switches between several keyboards and an artillery of electronic sounds. The contrast between the pianist’s magnetic textures and psychedelic layers, and John Scofield’s clean and pure guitar playing is gripping. The baby of the trio, Marc Guiliana, is as good as his reputation. Instead of showing off his skills, the 35-year-old drummer adds new colour and tone to his colleagues’ compositions. They are a trio with no bass player. Bad news, right? Wrong! Mehldau and Scofield are sharing the bass role. The first plays a brutally groovy analogue keyboard, whilst the second grabs an electric bass with the guitar still around his neck. This high-flying performance ends with two pieces by Scofield, who suddenly becomes more lyrical. He offers up a short Wes Montgomery style verse, a few atypical bends and some magical guitar slides. A delight that Mehldau adds to with an astounding, improvised melody. Touché.

E We’re following three hyper girls in high heels on their way to a crowded Lab with a summer vibe. Petit Biscuit, a nervous teenager, steps onto the bare stage and goes straight to his guitar, two electronic pads and a machine that his fingers will never leave until the end of the gig. We like Petit Biscuit already. He has become the latest electro hero over the last few months. At just sixteen, yes sixteen, Mehdi Benjelloun has released a first great LP and is making his Festival debut with a completely new performance. How refreshing! He doesn’t have the usual visual backdrop used to compensate for the lack of action during live electro performances, or the stern look worn by most DJs to show their expertise. Petit Biscuit is down to earth. As his stage fright slowly dissipates, he offers up cotton-soft grooves and crystalline melodies that remind us of M83’s beginnings and a refurbished upbeat Burial song. The crowd’s cheers push Petit Biscuit to loosen up, as he starts dancing to express his gratitude at being invited to Montreux. Once the show is over and before the arrival of his elders, Mura Masa and Flume, everyone goes out to the sun once more. A kid reminded us that it was out.

Monday, July 4th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

LAST NIGHT

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RANDY WESTON

50 SUMMERS OF MUSIC

«

LES AFRICAINS CHANTENT LE TONNERRE ET LE VENT

F J’ai grandi à Bedford Stuyvesant, Brooklyn, dans les années 1920. C’est mon père qui m’a parlé de l’Afrique. C’est ça, oui monsieur, mon père. Un homme merveilleux. Quand j’avais six ans, il m’a dit: «Fils, tu es un Africain né en Amérique. Tu dois donc étudier l’histoire de l’Afrique avant son invasion, tu dois connaître les empires africains». Pour le reste du monde, l’Afrique n’existait pas, ni dans les cinémas, ni dans les écoles. Mais mon père connaissait l’Égypte ancienne, la Nubie, le Ghana. Avec mes voisins, avec Max Roach notamment, on était fous d’histoire. Je crois en la prédestination. Vraiment. En 1967, je suis parti en tournée sur le continent grâce au département d’État. Quarante pays africains, avec Ed Blackwell, Ray Copeland, mon fils de quinze ans, Azzedin Weston. J’étais fasciné par la façon dont les peuples que je croisais abordaient la musique. Leurs rythmes étaient connectés aux éléments, aux galaxies, à l’univers. Ils entonnaient le chant du tonnerre, le chant du vent. J’ai décidé de vivre plusieurs années à Tanger, c’est là que j’ai écrit mon épopée avec la confrérie soufie des musiciens gnawas. Mais étrangement, c’est en me rapprochant de la Suisse, en m’installant à Annecy, que j’ai approfondi encore ma connaissance de la musique africaine. Genève, grâce aux Nations Unies, était une plaque tournante pour les cultures noires. J’ai parlé avec des diplomates, avec des artistes, avec ce musicien ghanéen, Papa Oye McKenzie, qui possédait un minibus sur lequel était inscrit: «Le rythme est le secret». Il possédait quelque chose comme trente-cinq instruments, il jouait de la trompette, de la flûte, tout un tas de percussions. On explorait ensemble le lien entre les civilisations africaines et le jazz. Montreux est entré rapidement dans mon champ de vision. C’était le 5 juillet 1974, quelques jours seulement après la mort de Duke Ellington.

...

THE SONG OF THE THUNDER,THE SONG OF THE WIND E I grew up in Bedford Stuyvesant, Brooklyn, in the 1920s. It was my

father who told me about Africa. Yes sir, my father. A wonderful man. When I was six, he said: “Son, you are an African born in America. You must study the history of Africa before it was invaded. You must know about the African empires.” For the rest of the world, Africa didn’t exist. Not in the cinemas, not at school. But my father knew Ancient Egypt, Nubia, Ghana. Like my neighbors, like Max Roach for example, we were crazy about history. I believe in destiny. Really. In 1967, I toured the continent, thanks to the State Department. Forty African countries with Ed Blackwell, Ray Copeland, and my fifteen year-old son, Azzedin Weston. I was fascinated by the way the people I met related to music. Their rhythms were connected to the elements, to the galaxies, to the universe. They sang the song of the thunder, the song of the wind. I decided to spend a few years in Tangier. That’s where I started my journey with the Sufi brotherhood of Gnawa musicians. Strangely, though, it was when I moved close to Switzerland and settled in Annecy that I went deeper into African music. Thanks to the United Nations, Geneva was a hub of Black cultures. I talked with diplomats, with artists, with that Ghanaian musician, Papa Oye McKenzie who had a minibus with the words “Rhythm is the secret” written across it. He owned about thirty-five instruments, he played trumpet, flute, a whole load of percussion. Together we explored the connections between African civilizations and jazz. It wasn’t long before Montreux came into view. It was July 5, 1974, only a few days after the death of Duke Ellington.

50 SUMMERS OF MUSIC

À LIRE →

Textes d'Arnaud Robert (en collaboration avec Salomé Kiner) Coédition Montreux Jazz Festival et Editions Textuel Texts by d’Arnaud Robert (in collaboration with Salomé Kiner) Co-published by the Editions Textuel and Montreux Jazz Festival

CHF 69.-

Disponible à la boutique Festival ou sur www.montreuxjazzshop.com

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IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com

B.B. KING - 1991

CEO Mathieu Jaton

HEROES

Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Thibaud Mégevand Editorial Secretary Lucie Gerber Contact chronicle@mjf.ch Contributing Editors David Brun-Lambert, Antoine Bal, Alexandre Caporal, Salomé Kiner, Eduardo Mendez, Steve Riesen, Arnaud Robert Photographers Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Marc Ducrest, Lionel Flusin, Emilien Itim, Anne-Laure Lechat Translators Bridget Black, Sandra Casas, Emma Harwood, Marielle Jacquier, Amandine Lauber Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens Advertising Kevin Donnet, k.donnet@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.ch

© 1991 Philippe Dutoit

F A l’orée de ses septante ans, B.B. King ne tient plus sur ses jambes comme hier. Pour autant, un gros demi-siècle de carrière au compteur, le gosse de Berclair, Mississippi, envoie toujours du lourd comme peu d’autres. 1991, alors: le «King of the Blues» remet ça pour la huitième fois au Festival. Plus qu’un habitué, l’auteur de «Lucille» est un ami des lieux. Intime de Claude Nobs, pour qui il compte parmi les héros personnels, le guitariste conçoit ses shows comme des marathons d’où l’on sort invariablement rincé. Ça commence gentiment ce soir-là, avec «Custom Made» et «Two I Shoot». Puis ça s’emballe sans qu’il ne soit plus question de freiner une machine rythmique à laquelle LaVern Baker prête ses octaves. Mordant, poisseux, dangereux: un concert du B.B. King Blues Band se vit un peu comme on irait trainer dans un honky tonk paumé où la gnole est distillée maison et les quinze gus sur scène là pour en découdre jusqu’à l’épuisement. Après une cavale terminale amorcée par le classique «Shake Rattle & Roll» pour lequel Claude Nobs, harmonica en main, vient prendre part à l’orage, «B.B. The Great» abandonne finalement son public à la nuit, achevant avec «Ain’t Nobody’s Business» de déminéraliser ce qui peut l’être encore. David Brun-Lambert

Director Nicolas Stevan Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Manuel Schaller Layout Composers Nadine Schneuwly, Nicolas Nydegger, Manuel Schaller

E B.B. King is nearly 70, and not quite as spry as

he used to be. This guy from Berclair, Mississippi, might already have worked for half a century, but he still puts on a good show. It’s 1991, and the King of the Blues is at the Festival for the eighth time. The man who penned “Lucille” isn’t just a regular; he’s a friend. This guitarist is Claude Nobs’ personal hero. His shows are marathons that leave you exhausted. He and LaVern Baker on vocals eased us in gently with “Custom Made” and “Two I Shoot” that night. Then they really took off and showed no signs of slowing down. Powerful, sweaty and dangerous, going to a B.B. King Blues Band concert is a bit like hanging out in a honky-tonk where the liquor is distilled on site. The 15 guys on stage are there to give it their all until they have no more to give. After the spectacular classic “Shake Rattle & Roll” that Claude Nobs joined in on with his harmonica, “B.B. The Great” finally left his audience to digest the experience with “Ain’t Nobody’s Business”.

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F  Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol.

E  The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.

Monday, July 4th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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