FRANCESCA FERRETTI DE BLONAY BERNAT VELO
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NEW-YORK À New-York, phare de la créativité mondiale, l’art descend dans la rue et devient un produit que tout le monde peut acheter.
OÙ ?
Les artistes du monde entier se rassemblent dans l’East Village, au sud-est de Manhattan, qui devient le centre artistique de l’underground1 new-yorkais.
LA CULTURE POP
Désormais, l’art n’est plus seulement réservé aux élites, mais concerne tout le monde. L’art se POPularise et devient même un style de vie.
POP ART
Son idée est d’utiliser les images de la culture populaire, par exemple la publicité pour en faire de l’art. Andy Warhol en est son plus grand représentant.
STREET ART
Place aux émotions ! Une nouvelle forme d’expression, à base d’improvisation, se développe. Au rythme du Hip-Hop, les graffeurs, comme Jean-Michel Basquiat, s’emparent de la rue.
QUAND ?
Près de 30 ans séparent Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol. Les années 80 marquent le point de jonction de leur parcours.
Culture alternative, qui va a l’encontre de la culture dominante.
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ANNÉES 80
LE MONDE BOUGE ! John Lennon fondateur des Beatles, connu pour ses positions en faveur de la paix, est assassiné le 8 décembre 1980, à New-York. En 1963, Martin Luther King prononce son célèbre discours « I have a dream » en faveur des droits civiques de la population noire. Explosion du RAP. Issu des quartiers pauvres, le rap dénonce les injustices de la société. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl, survenu en Ukraine, le 26 avril 1986 est la première prise de conscience de la nécessité de la sauvegarde de la planète. Internet devient le nom officiel du réseau informatique mondial. Il fut inventé pour évincer une éventuelle guerre nucléaire entre l’URSS et les Etats-Unis. Macintosh, le premier ordinateur personnel, lancé par Apple le 24 janvier 1984, inaugure le dialogue homme-machine sous forme de dessin. La chute du mur de Berlin, en novembre 1989, marque la fin de la guerre froide entre les deux blocs est-ouest. Lancement du premier Walkman en 1979, au japon. Il permet d’écouter de la musique, n’importe où, sous forme de cassettes.
JEAN-MICHEL Jean-Michel naît le 22 décembre 1960, à Brooklyn. Sa vie est confortable, mais l’ambiance familiale est un peu agitée. Alors sa mère Matilda l’emmène souvent au musée et l’initie à l’art. Enfant précoce, il passe son temps à dessiner.
Le mot graffiti désigne un texte ou un dessin réalisé dans un espace public.
Devenu un adolescent rebelle, il est envoyé dans une école pour surdoués, mais à 18 ans, il part de chez lui et se met à dessiner des graffitis2 sur les murs de Manhattan. Signé de son nom d’artiste SAMO, ses graffitis sont comme un cri de guerre provocateur, adressé à l’élite intellectuelle. Un an après, SAMO alias Jean-Michel Basquiat, se met à peindre.
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SAMO ©
L’ACCIDENT
Puis un jour c’est le drame! Jean-Michel se fait renverser par une voiture, juste devant chez lui, il n’a que 7 ans ! Son bras est arraché et il souffre de nombreuses blessures. Pendant sa convalescence, il apprend à dessiner le corps humain.
AMBIANCE
Basquiat peint en costume Dior, pieds nus. Un air de jazz traîne dans l’atelier improvisé d’une galerie. Il n’a pas oublié que la vie ne dure qu’un instant. Lorsqu’il n’a plus de toiles, il peint sur les robes de sa petite amie ou les meubles de la maison.
UNIVERS ARTISTIQUE : son âme, le corps
Depuis son accident Jean-Michel a été marqué par le corps humain, mais aussi par des génies comme Léonard de Vinci ou Twombly. Son œuvre, composée de symboles, de mots et de collages, provoque des émotions intenses. Ses idoles, comme le boxeur Cassius Clay y ont une place de choix, rappelant que Basquiat est né dans une Amérique raciste, qu’il ne cessera de le dénoncer.
UNE ÉTOILE EST NÉE
Bourré de talent, Basquiat peint, tourne des films, joue dans un groupe de jazz. L’artiste fascine ! Ses expositions ont du succès, il n’a pas le temps de finir ses tableaux, qu’ils sont déjà vendus. Il laisse une œuvre spectaculaire, composée de 800 tableaux et 1500 dessins.
THÈMES
Basquiat peint partout : cartes postales, t-shirts, cadres de portes ou de fenêtres, sur les murs des maisons qui l’accueillent, ou encore sur ce qu’il trouve dans la rue. Il aborde plusieurs thèmes, en couches multiples, dans une même toile. Il s’intéresse à l’histoire de la population afroaméricaine et parle ouvertement de la mort. C’est pourquoi on retrouve dans ses dessins des
squelettes, des têtes de morts et de nombreux détails du corps humain. Il aime représenter la rue, c’est l’un de ses décors préférés ou encore ses idoles noires : poètes, musiciens ou sportifs qu’il aimait dessiner de façon victorieuse, en saint auréolé ou en roi couronné. Il exprime souvent sa rage et son mécontentement envers le racisme et les injustices sociales.
ANDY
Andy Warhol, naît le 6 août 1928 à Forest City, Pennsylvanie. Fils d’émigrés slovaques, il est porté par « le rêve américain » du laveur de vaisselle qui devient millionnaire. Après son baccalauréat en beaux-arts, il devient dessinateur publicitaire et s’installe à St Mark’s Place, où vivent les graffeurs du moment.
PRÉCURSEUR
LA FACTORY
Très vite, il comprend que l’art est un « business » et que posséder une œuvre d’art permet d’avoir une position sociale. Il s’intéresse à la production d’images qui symbolisent l’Amérique et transforme les produits de la vie courante en œuvres d’art. La sérigraphie, avec ses images répétées, devient sa signature.
En 1964, Andy Warhol crée la Factory, un atelier d’artistes qui sert à la fois de galerie d’exposition, de studio de production et de salle de concert. On y célèbre des fêtes géantes qui rassemblent le gratin new-yorkais, les célébrités, comme de jeunes artistes inconnus. Il a fait de ce lieu à la mode, un melting-pot culturel !
THÈMES Dans les années 60 ‘, Andy Warhol commence par photographier des célébrités, et aussi, des produits de consommation américains de son époque, comme par exemple le Coca-Cola ou encore la soupe Campbell. Marylin Monroe, les conserves Campbell, Mick Jagger, deviennent alors des symboles qui racontent la société
américaine. Les produits de la vie courante que tout le monde achète se transforment en de véritables œuvres d’art. Andy reproduit sur une même toile des objets ou des portraits avec des jeux de répétition. C’était un artiste et un grand professionnel qui savait dépasser la matière et offrir du rêve.
ACCORD PARFAIT
Basquiat et Warhol se promènent ensemble, ils visitent des expositions et fréquentent les mêmes clubs. Ils apprennent à se connaître. À cette époque, Jean-Michel Basquiat participe à de nombreux projets avec d’autres artistes. Il a du succès et gagne de l’argent. Malgré cela, il se sent seul et trouve en Warhol un confident, voire son alter-ego ! Trente ans les séparent, mais la chimie est parfaite. Une grande complicité s’établit entre les deux hommes, sur le plan personnel et artistique.
COLLABORATION
Entre 1984 et 1985 les deux artistes collaborent à la création d’une série d’œuvres qui combinent leurs deux styles. Ils peignent, à tour de rôle sur la même toile. Un dialogue improvisé commence. L’un passe derrière l’autre, déchire, ajuste, puis l’autre revient. Le résultat est une œuvre commune aux multiples couches, où le partage entre générations, laisse parfois entrevoir une rivalité de bon ton, entre « père et fils ».
100 TOILES À 4 MAINS
Les deux artistes se sont beaucoup apportés. Ils ont partagé et complété leur univers artistique, pourtant bien différent. Grâce à Basquiat, Warhol s’est remis à peindre. Quant à Basquiat, il a appris beaucoup sur la technique de la sérigraphie. Ensemble, ce grand duo a réalisé plus de 100 toiles, à quatre mains.
UN DUO SÉDUISANT D’ARTISTES UNDERGROUND
La collaboration entre les deux artistes a fait beaucoup parler d’eux. En 1985, ils exposent leurs toiles dans différentes galeries à New-York, Zurich, puis Tokyo. Malheureusement, le succès tant attendu des deux génies du POP ART et du STREET, n’est pas au rendez-vous.
RÉACTION DE LA PRESSE
Malgré une collaboration originale, la presse est sans pitié. Elle accuse Warhol de manipuler Basquiat, et ce dernier, de le laisser faire. Leur relation fait scandale! Un article dévastateur mettra fin à leur travail en commun, mais pas à leur admiration réciproque.
Le verdict des milieux culturels est sans appel. Les œuvres réalisées à quatre mains ne valent pas, ce que chacun des deux artistes est capable de réaliser, à lui seul. Les deux artistes reprennent leur chemin artistique, en solitaire. Andy Warhol poursuit son travail, en fin observateur des tendances de son temps. Puis, il meurt subitement des suites d’une opération de la vésicule biliaire, le 22 février 1987. Basquiat, quant à lui, se trouve dans une mauvaise passe. Sa fiancée l’a quitté et l’annonce de la mort de Warhol le plonge dans une profonde dépression. Il ne se remettra jamais de la mort de son ami. En 1987, il réalise le tableau Gravestone (pierre tombale) en l’honneur de Andy Warhol. Après une cure de désintoxication à Hawaï, il revient à New-York, où il ne tarde pas à retomber dans ses travers. Puis, le 12 août 1988, il est retrouvé sans vie dans son appartement. Il était âgé de seulement 27 ans !
SEPARATION
ET FIN
INSPIRATION
Les deux artistes de l’underground new-yorkais ont marqué leur époque de façon profonde, en rapprochant l’art du quotidien. Ils sont devenus des icônes. À tel point, qu’ils continuent d’être une source d’inspiration pour tout artiste. Avec le temps, l’histoire leur a donné raison et l’œuvre conjointe « Basquiat & Warhol » peut être considérée comme un cadeau qu’ils nous ont laissé. Ils ont su faire de leur rencontre un événement important dans leur vie et pour de l’art en général.
IMMORTELS
Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que l’on reparle de Basquiat et Warhol. Leur collaboration est évoquée dans tous les livres d’art. Lorsqu’on parle de l’un, on tombe sur l’autre. Leur travail est exposé dans les musées d’art moderne et contemporain, un peu partout dans le monde : Bilbao, New-York, Pittsburg, Paris, Milan ou Haïti. Sans compter les designers et les stylistes qui s’amusent à représenter leurs œuvres sur une chaise, un sweet-shirt ou un pantalon.
LIVRE D’OR Jean-Michel Basquiat
« Je ne sais jamais comment le décrire vraiment, si ce n’est peut-être, je ne sais pas, je ne sais pas comment décrire mon travail, parce que ce n’est pas toujours la même chose. »
« Le bonheur te trouvera, lorsque tu arrêteras de te cacher. »
« Je ne pense pas à l’art, lorsque je travaille, je pense à la vie »
« L’homme noir est présent dans la plupart de mes tableaux. Je me suis aperçu que je ne voyais pas beaucoup de tableaux mettant en scène des Noirs. »
« J’aimerai devenir une star et non un toutou de galerie. »
« Je ne suis pas un artiste noir, je suis un artiste. »
« L’Amérique a inauguré une tradition où les plus riches consommateurs achètent en fait les mêmes choses que les plus pauvres.»
« Quand on y songe, les grands magasins sont un peu comme des musées. »
« L’art, c’est déjà de la publicité. La Joconde aurait pu servir de support à une marque de chocolat, à Coca-Cola ou à tout autre chose. »
« Faire de bonnes affaires est le plus grand des arts »
« La notoriété, c’est comme manger des cacahuètes : quand on commence, on de peut plus s’arrêter. »
LIVRE D’OR Andy Warhol
SKULL
UNE ŒUVRE DE BASQUIAT Basquiat a 20 ans, lorsqu’il peint Skull, « le crâne ». Derrière ce crâne se cache un univers complexe. Sa passion pour l’anatomie cède le pas au jeu entre l’extérieur et l’intérieur de la tête. La mâchoire est celle d’un crâne, mais avec des yeux, un nez, des oreilles et même des cheveux. Une peau noire recouvre la partie droite de la tête. Le coin de la bouche est replié, les yeux exorbités, les dents crispées. C’est un être décomposé qui donne à voir ses cicatrices et peut-être la profonde de détresse que vivait l’artiste. Skull est une œuvre émouvante qui garde sa part de mystère.
Thèmes : La mort, la vie, la douleur, la condition du peuple noir, la place de l’artiste dans la société, l’être dans toutes ses dimensions. Technique : peinture acrylique, ajout de crayon qui donne de la précision au trait et permet de dessiner en détail.
LA SOUPE UNE ŒUVRE DE WARHOL
En 1962, Andy Warhol crée une œuvre composée de 32 posters représentant chacun le même produit : une conserve de soupe de la marque Campbell. Les 32 posters sont exposés dans une galerie d’art de New-York. C’est un événement médiatisé ! Le premier du genre en Amérique, qui ne connaît pas encore le POP ART. Les sérigraphies, qui au premier coup d’œil paraissent identiques, en réalité sont différentes, chaque soupe à un goût distinct : bœuf, oignon… Petite anecdote, Andy Warhol disait à tout le monde qu’il mangeait une conserve de soupe Campbell tous les jours. Sacré coup de pub !
CAMPBELL
Thèmes : La société de consommation, les modes de vie de l’Amérique, l’enfance, la marque qui se transforme en symbole et en œuvre d’art. Technique : sérigraphie, dont le produit a été peint à la main. Le motif est reproduit sur sérigraphie et répété en série, plus tard en séries de plusieurs couleurs.
AL DIAZ
Artiste portoricain et co-auteur de SAMO. Les deux artistes graffeurs recouvraient les murs de Manhattan de messages poétiques et de revendications. Al Diaz continue à faire des graffitis.
MADONNA
Amie de Jean-Michel Basquiat, Madonna est arrivée à New-York à la fin des années 70’, pour danser. Elle signe son premier contrat avec une compagnie discographique et commence sa carrière de chanteuse.
KEITH HARING
Artiste, dessinateur et sculpteur américain, installé dans l’East Village à New York, où il découvre la culture underground des années 80. Il se lie d’amitié avec Madonna et Jean-Michel Basquiat, avec qui, il s’expose.
ARTISTES ET
GERARD MALANGA
Poète et photographe, Malanga est l’assistant principal d’ Andy Warhol à partir des années 60. Il a notamment fondé avec lui le magazine L’entretien en 1969 ainsi que plusieurs film : Divan, Vinyl ou encore Chelsea Girls.
GRACE JONES
Chanteuse, autrice-compositrice et mannequin, née en Jamaïque, elle part vivre avec ses parents à New-york, puis à Paris, où elle devient une icône de la mode. C’est là, qu’elle rencontre Andy Warhol et qu’elle devient son inspiratrice.
AMIS
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Libros infantiles, o no...
Derrière l’astre qui brille se cache parfois une étoile qui scintille dans l’obscurité. La collection des GRANDS DUOS souhaite rendre hommage à la complémentarité des talents, à ces femmes et à ces hommes d’exception qui ensemble ont atteint l’excellence, pour faire de leur rencontre, la clé de voûte de leur trajectoire. New-York, les années 80 ‘. Le monde est en ébullition. Un air de changement souffle sur les milieux de la culture : l’art descend dans la rue. Deux étoiles du POP et du STREET se rencontrent, pour créer un mariage improbable. Plus de 30 ans les séparent ! Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol entremêlent leurs univers, offrant au monde une œuvre de 100 tableaux réalisés à 4 mains.
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