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DES VÊTEMENTS QUI FONT PARLER

Photographie: Marc Aitken HMUA House of Bendy Photographed on Location at Lesley Hampton’s high school Alma mater, ACS Hillingdon International School, London England

DES VÊTEMENTS QUI FONT PARLERÀ

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travers ses créations, la designer de mode Lesley Hampton, nous fait part de ses opinions culturelles et sociales

PAR SUSAN KELLY

ANNA WINTOUR, RÉDACTRICE EN CHEF DU MAGAZINE VOGUE, a écrit: « Le contenu de la mode ne se matérialise pas spontanément mais émerge du tissu de notre époque. » La designer de mode canadienne émergente Lesley Hampton incorpore délibérément dans ses créations des thèmes d’actualité socialement pertinents.

« Je débute toujours par un concept, quelque chose qui, à mon avis, se doit d’être expliqué », dit Hampton. « Je veux que les gens qui assistent à mes défilés vivent, ressentent et réfléchissent. »

Pour sa collection printemps-été 2018, baptisée Sticks and Stones, Hampton a présenté des mannequins de différentes cultures, portant des tailles allant de 2 à 24, sur le podium de la Fashion Week de Toronto. Parmi eux se trouvait Adrianne Haslet, une survivante de l’attentat du marathon de Boston, qui a défilé avec une prothèse. Non seulement il s’agissait de démontrer la ténacité d’une survivante, mais le journaliste du magazine Flare a déclaré que la designer avait « établi un nouveau niveau à atteindre en ce qui concerne la diversité sur les podiums ».

La collection automne-hiver 2018 qui a suivi, intitulée Lithium, avait pour but de sensibiliser le public à la santé mentale dans le secteur de la mode et de la communauté. La créatrice s’intéressait tout particulièrement au trouble bipolaire, qui touche certains de ses amis et collègues. Elle a utilisé un mélange de couleurs vives et excentriques pour faire référence à son aspect déséquilibré opposé au noir absolu. Elle a achevé ses créations avec des matériaux réfléchissants en argent pour représenter équilibre et espoir.

Les thèmes qui font réfléchir Hampton rendent souvent les autres inconfortables. Pourtant, ses vêtements sont tout sauf inconfortables. « Je veux que les gens se sentent bien dans leur peau dans chaque pièce que je crée, cela les rend plus confiants en eux-mêmes », dit-elle. « Se sentir bien dans sa peau et se mettre en valeur peut être transformateur, en particulier pour les femmes ayant des problèmes d’image corporelle. »

Les vêtements de soirée et les tenues de ville sont vendus sur le site www.lesleyhampton.com. Ils sont taillés de manière à rehausser les courbes naturelles de toute femme. La designer accepte les commandes personnalisées. Il existe également des pièces passe-partout, telles qu’une version de la petite robe noire classique en pull matelassé et une ligne Athleisure, appelée Robust, allant de la taille XS à la taille 5XL.

« J’utilise ma mode pour encourager la diversité et permettre à chacun de se sentir bien accueilli et inclus. »

À l›âge de 24 ans, Hampton a déjà organisé six défilés de mode et recueilli des critiques élogieuses à leur égard. Parmi les célébrités qui ont porté sa marque, on peut citer l’animatrice d’ET Canada, Cheryl Hickey, qui a arboré ses robes de soirée rehaussant les courbes féminines à plusieurs occasions sur le tapis rouge. Des personnalités aussi diverses que Roxy Earle de l’émission de téléréalité Real Housewives of Toronto, la nageuse de compétition Penny Oleksiak, le groupe de musique électronique torontois Dragonette et Margaret Trudeau.

À travers ses créations, Hampton prône l’inclusion afin que chacun s’y sente accueilli et accepté. « Nos déplacements fréquents pendant mon enfance ont aussi ouvert mon esprit en ce qui concerne les différences culturelles », dit-elle. La designer, née à Terre-Neuve estime que sa famille a changé de pays tous les quatre ans environ. Son père travaillait dans l›industrie minière et était en poste dans des endroits aussi éloignés que les Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Calédonie, l’Australie, l’Indonésie et l’Angleterre.

Photographie: Ted Belton Modèles: Ellyn Jade KLA Management / Industrie NY et Karyn Inder BNM Modèles Coiffure et Maquillage: Michelle Silverstein

C’est sa mère, une passionnée de courtepointes, qui lui a montré comment utiliser une machine à coudre dès l’âge de quatre ans. Ses premiers efforts n’ont pas tous été couronnés de succès, comme celui du « plus fabuleux ours en peluche de tous les temps » qu’elle a essayé de créer pour son frère aîné et qui a fini par ressembler à « un canard brun et plat ». Mais ses compétences en couture se sont améliorées progressivement. Sa mère continue de fournir un soutien moral et sert également de chauffeur et de comptable lorsque la vie devient stressante.

Hampton a étudié l’art à l’Université de Toronto. Avant de terminer sa première année, elle réalisa qu’elle voulait vraiment étudier la mode. Elle a rapidement obtenu son baccalauréat des arts avec spécialisation afin de perfectionner ses compétences techniques au George Brown College, notamment la fabrication de modèles et le drapage. Cette période a également marqué une étape importante dans sa vie car elle a renoué avec une partie de son héritage, sa mère étant originaire de la Première nation Temagami du nord de l’Ontario.

Hampton s’identifie fièrement en tant que designer des Premières Nations. Même avant d’avoir obtenu son diplôme, elle a produit sa première collection, City Warriors. Celle-ci avait été acceptée dans le cadre d’un défilé de mode de 2016 appelé Fashion Art Toronto, une première étape pour de nombreux nouveaux designers. Elle a travaillé fébrilement pendant quatre mois, la nuit après ses cours, pour assembler 13 pièces originales. « Cette collection était basée sur la robe à jingles amérindienne », dit-elle. « Elle est portée pendant les cérémonies de pow-wow pour inspirer la foule et lui donner un sentiment de puissance. Je voulais réinterpréter ce sentiment pour toute femme des temps modernes. » •

Photographie: Che Rosales Commanditaire de la chaussure: Tanya Heath Paris Accessoires: dessins Helen Oro

« Le fait que tant de personnes s’identifient à mon message se reflète dans la communauté que je suis en train de créer. »

Au cours de la dernière année, Hampton a travaillé dans un studio du Toronto Fashion Incubator, le centre à but non lucratif qui a donné naissance à un grand nombre de vedettes en devenir de l’industrie canadienne, dont Sid Neigum. « J’aime bien avoir mon propre espace qui me permet de passer une journée complète de 10 heures entourée de gens créatifs dont le but ultime est similaire au mien », dit-elle.

En septembre, elle a réuni sa collection printemps-été 2019, appelée Foyer de la Vice, et a traversé l’océan. Sa collection a été présentée dans le cadre d’un défilé de la Fashion Week de Londres, réunissant les designers de la Toronto Fashion Incubator à la Maison du Canada. Elle est ensuite retournée à Toronto pour participer à CES Presents, un gala de la mode canadienne ayant lieu en octobre et qui appuie Boost for Kids. Elle présentera également ses créations « grandes tailles » au défilé de mode Toronto Plus Size Fashion en novembre.

Photographie: Ted Belton Modèles: Ellyn Jade KLA Management / The Industry NY Coiffure et Maquillage: Michelle Silverstein

La collection Foyer de la Vice a été inspirée par l’œuvre du peintre impressionniste français Edgar Degas et par ses illustrations du ballet. « De manière conceptuelle, cette collection est inspirée des notions de perfectionnisme et ce que représente la perfection », dit Hampton. Les compositions du vêtement incarnent l’essence d’un déshabillé et d’une tenue de scène unifiée pour exprimer le conflit de la ballerine entre son for intérieur et les pressions extérieures. La poursuite implacable du perfectionnisme précède souvent la descente aux enfers, soit pour atteindre la perfection ou pour faire face aux pressions de ce qui ne peut être obtenu. »

Hampton s’est forgé une communauté d’amis qu’elle appelle affectueusement son Wolf Pack. Elle ne se souvient pas exactement comment le nom lui est venu à l’idée, mais elle voulait simplement s’entourer de gens qui s’encouragent les uns les autres. Ce groupe est apparenté au milieu de la mode, mais elle encourage toute personne de même opinion à s’y joindre via son site Web. « J’utilise ma mode pour encourager la diversité et permettre à chacun de se sentir bien accueilli et inclus », dit-elle. « Le fait que tant de personnes s’identifient à mon message se reflète dans la communauté que je suis en train de créer. » •

Lesley Hampton www.lesleyhampton.com 647-225-1373

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