MSF Rapport D'activités 2007

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MSF Rapport d’activités 06|07


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2 | LES MISSIONS DE MSF À TRAVERS LE MONDE 4 | Bilan de l’année

D r Christophe Fournier Président, Conseil International de MSF

7|A perçu des opérations de MSF Album Photo 8 | Motifs d’intervention

t exte par Emmanuel Tronc, Coordinateur – Politique et témoignage, MSF International

Articles 18 | L’humanitaire… en attendant

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Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

SOMMAIRE 27 | Glossaire médical Les projets de MSF à travers le monde 29 | Afrique 57 | Asie et Caucase 71 | Les Amériques 77 | Europe et Moyen-Orient 85 | L es fermetures de programmes nationaux 86 | M SF en chiffres après audit 88 | Contacter MSF

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29

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85

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C hristopher Stokes, Secrétaire général, MSF International

21 | La chirurgie à MSF : quelles frontières ?

Caroline Veldhuis, Editrice internationale

24 | Déplacés au Darfour

B runo Jochum, Directeur des Opérations, MSF Suisse

© Monica Rull


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LES MISSIONS DE MSF à TRAVERS LE MONDE Chaque année, MSF lance ou clôt un certain nombre de projets individuels, répondant aux situations de crises aiguës, transférant des projets, surveillant l’évolution des besoins des patients et s’adaptant à celle-ci en tout lieu. Plusieurs projets peuvent être en cours simultanément dans un même pays si nécessaire. Belgique FRANCE

Suisse

Italie

Maroc

Haïti

Mali

GUATEMALA HONDURAS GUINÉE Sierra Leone Libéria Colombie

Niger

Tchad

Burkina Faso Nigeria Côte d’Ivoire CAMEROUN

République centrafricaine

République du Congo

ÉQUATEUR

République démocratique du Congo

Pérou Angola Zambie BOLIVIE

Afrique du sud


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FéDéRATION de RUSSIe

Moldavie

Ouzbékistan

Géorgie Arménie

Kirghizstan

Turkménistan

Chine Territoires palestiniens

Irak

IRAN PAKISTAN

NéPAL

BANGLADESH MYANMAR

Inde

LAOS Thaïlande

Soudan

Cambodge ÉTHIOPIE

SRi LANKA

Somalie Ouganda

Kenya

Rwanda Burundi

Malawi

Zimbabwe Mozambique

Lesotho

Indonésie

51 31 59 60 79 73 32 32 60 32 61 73 40 74 38 82

| | | | | | | | | | | | | | | |

79 62 74 39 75 76 62 63 80 80 81 40 64 64 42 42

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Afrique du Sud Angola Arménie Bangladesh Belgique Bolivie Burkina Faso Burundi Cambodge Cameroun Chine Colombie Côte d’Ivoire équateur éthiopie Fédération de Russie France Géorgie Guatemala Guinée Haïti Honduras Inde Indonésie Irak Iran Italie Kenya Kirghizstan Laos Lesotho Libéria

43 44 44 82 45 65 66 46 48 54 70 66 76 34

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36 |

35 | 48 49 50 52 67 84 34 82

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68 70 55 56

| | | |

Malawi Mali Maroc Moldavie Mozambique Myanmar Népal Niger Nigeria Ouganda Ouzbékistan Pakistan Pérou R épublique centrafricaine R épublique démocratique du Congo R épublique du Congo Rwanda Sierra Leone Somalie Soudan Sri Lanka Suisse Tchad T erritoires palestiniens Thaïlande Turkménistan Zambie Zimbabwe


Bilan de l’année

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© Dieter Telemans, Kenya

© Sven Torfinn, Soudan


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La médecine que nous pratiquons n’a, et ne peut avoir de double standard. En tant que professionnels de la santé, nous tentons donc toujours de soigner le plus efficacement possible nos patients. Ce n’est pas facile, et même si nous marquons constamment de nouveaux progrès, il reste encore beaucoup à faire. MSF a traité presque 2 millions de patients atteints de paludisme en 2006. Encore très courant dans les zones tropicales pauvres, il continue de causer de véritables hécatombes, en particulier parmi les jeunes enfants. En mars 2007, nous nous sommes félicités du lancement d’un nouveau médicament combinant dans le même comprimé deux des principes actifs les plus efficaces pour traiter cette maladie. Baptisée ASAQ, car elle associe Artésunate et Amodiaquine, cette formule est le fruit du travail de la DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative) dont MSF est un des cofondateurs*. Grâce à la DNDi, nous devrions disposer dans les prochains mois d’un autre médicament réunissant cette fois Artésunate et Méfloquine, une combinaison nécessaire dans de nombreuses régions où le parasite de la forme la plus grave du paludisme est devenu hautement résistant depuis plusieurs années. Nous traitons à présent 100.000 patients atteints du sida par antirétroviraux (ARV) dans plus de 30 pays. Ceci est évidemment insuffisant au regard des besoins croissants générés par la pandémie. Le sida requiert actuellement un traitement à vie. La résistance du virus au traitement après quelques années est donc une complication grave pour nos malades et notre capacité à les soigner. Ceci est déjà manifeste en Afrique du Sud, où 17% de nos patients ont besoin d’une seconde ligne de médicaments après 5 ans de traitement antirétroviral. Nous avons besoin de nouveaux médicaments abordables, qu’il s’agisse de thérapies de seconde ligne ou de produits de première ligne efficaces plus longtemps. D’où notre mobilisation chaque fois qu’il nous semble que l’accès à de tels médicaments est menacé - comme ce fut le cas cette année lorsque le laboratoire Novartis a intenté un procès au gouvernement indien pour tenter de renforcer les règles de propriété intellectuelle et réduire la capacité de production de génériques. Nous achetons 80% de nos ARV à des producteurs indiens de génériques et ne pourrions pas trouver une source aussi abordable dans un futur immédiat. Dans le champ de la médecine que nous pratiquons quotidiennement sur le terrain, la santé materno-infantile est un domaine particulier qui requiert d’importants efforts d’innovation. La nutrition thérapeutique en est un bon exemple. Notre rapport d’activités l’an dernier mentionnait que l’emploi de nouveaux aliments thérapeutiques prêts à l’emploi à base de pâte de

cacahuètes et de lait, riches en nutriments, nous avait permis d’augmenter le nombre de cas de malnutrition traités en période d’urgence. Grâce à ces produits, nous avons pu mettre en place une stratégie de traitement ambulatoire pour la majorité des enfants souffrant de malnutrition sévère dans une zone du Niger. Nous savons désormais que le nombre d’enfants traités a été multiplié par dix, avec un taux de guérison meilleur que celui des stratégies antérieures, qui recouraient à l’hospitalisation systématique et à l’emploi de lait thérapeutique ou de farines enrichies. Nous appliquons désormais cette stratégie partout, depuis l’Afrique de l’Ouest où la malnutrition sévère infantile est récurrente dans des pays comme le Niger, jusqu’au Darfour ou au Tchad parmi les populations déplacées ou réfugiées. Il reste beaucoup à faire pour étendre l’utilisation de tels aliments thérapeutiques, réduire le prix des matières premières à partir desquelles ils sont élaborés (surtout le lait), et obtenir de nouvelles préparations spécifiques pour les femmes enceintes et les malades chroniques. L’existence d’un tel produit pourrait révolutionner la nutrition dans les contextes de ressources limitées.

« Nous savons désormais que le nombre d’enfants traités a été multiplié par dix » Ce succès dans le domaine de la nutrition ne doit pas masquer les retards accumulés en matière de médecine préventive. En voici deux exemples. En premier lieu, les vaccins qui pourraient prévenir des maladies mortelles telles que la méningite demeurent trop onéreux, ou sont développés à partir de souches pathogènes différentes de celles qui sévissent dans les pays les plus pauvres. La prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant relève quant à elle d’une problématique différente : le protocole thérapeutique est difficile à appliquer du fait du manque de suivi prénatal dans les pays ayant une infrastructure sanitaire limitée. Ceci est un défi que Médecins Sans Frontières se doit de relever, car à ce jour nous avons réussi à mettre en place cette prévention dans seulement 15% des missions où nous effectuons plus de 500 accouchements par an. En dehors de la pédiatrie et la gynécologie-obstétrique, nous nous efforçons d’explorer ou de mieux utiliser les avancées techniques d’autres disciplines médicales, comme la chirurgie. Comme le montre un article de ce rapport, nous sommes passés en quelques années d’une chirurgie un peu basique, dite de guerre et d’urgence,

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Bilan de l’année


Bilan de l’année

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© Francesco Zizola / Noor , Sierra Leone

à des actes chirurgicaux plus programmés, à visée reconstructrice, particulièrement intéressants dans le cas de graves traumatismes orthopédiques ou maxillo-faciaux, ou de fistules d’origine obstétricale. Le domaine de l’infectiologie, part considérable de notre pratique en milieu tropical, requiert aussi une révision de nos outils thérapeutiques. L’antibiothérapie courante doit être revue, pour offrir le maximum d’efficacité. Le recours à des antibio­ grammes doit être facilité, que ce soit pour nous permettre de réviser nos protocoles ou pour avoir un impact plus spécifique sur des souches émergentes et particulièrement résistantes aux médicaments, comme dans le cas de la tuberculose. Nous ne guérissons pour l’heure qu’un tiers des patients traités pour ces formes de tuberculose résistante. Il s’agit d’une véritable urgence, y compris pour nos patients co-infectés par le VIH. Quels que soient les progrès de notre médecine, ils ne servent à rien si nous ne parvenons pas à avoir accès aux populations qui les nécessitent. Contraints de nous adapter sans cesse aux contextes dans lesquels nous travaillons, surtout dans les cas de conflits armés, nous sommes trop peu présents voire absents de certaines crises contemporaines majeures, comme l’Irak, l’Afghanistan et la Tchétchénie. Les problèmes d’accès aux victimes de conflits ne sont pas nouveaux pour nous, mais ce qu’il est convenu d’appeler la « guerre contre le terrorisme » et le lancement, notamment par l’ONU, d’interventions intégrées militaro-humanitaires, entravent l’indépendance de l’action humanitaire. Ce constat ne nous paraît pas définitif, mais nous devons le prendre en compte pour la sécurité de nos équipes et pour son impact sur notre capacité à aider les victimes. L’assistance aux populations piégées par les combats reste au cœur de notre mission et nous continuerons à tout mettre en œuvre pour les atteindre, comme l’explique Christopher Stokes dans les pages qui suivent. Le Darfour demeure incontestablement une des crises où nos possibilités de déploiement sont limitées, malgré les 2.000 personnes travaillant dans nos différents programmes sur place. Nous avons dû cette année évacuer certaines de nos missions, et nombre de routes où nous avons été victimes d’attaques ciblées ne sont plus praticables, surtout depuis que la signature partielle d’un accord de paix en mai 2006 a accru le nombre de belligérants. Certes, nous couvrons encore les besoins de santé d’environ 500.000 personnes déplacées dans la région, et les camps de cette zone n’ont pas connu d’épidémie majeure en

© Brendan Bannon, Kenya

raison d’un déploiement sans précédent de l’aide humanitaire. Toutefois, comme l’explique Bruno Jochum dans les pages suivantes, la plupart de ces déplacés internes demeurent totalement dépendants de l’aide extérieure et vivent sous la menace constante de violences, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des camps. De plus, nous n’avons qu’un accès limité aux populations dispersées ou restées dans leur village. C’est là une de nos principales préoccupations. Nos interventions continueront à viser principalement les pays sortant d’une guerre ou en situation d’urgence, même s’il n’est pas aisé de maintenir une capacité de réaction maximale dans de tels contextes. Nos capacités ont augmenté mais restent limitées. Spécialisés dans les interventions d’urgence et désireux d’atteindre avant tout les populations victimes de crises, nous transférons nos activités à d’autres acteurs lorsque ceux-ci sont capables de reprendre le flambeau. Nos actions et interventions sont par essence temporaires. Nous avons ainsi quitté plusieurs pays cette année, ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont plus besoin d’aide ; mais nous considérons que le temps est venu de transmettre notre responsabilité à l’égard de certaines populations à d’autres acteurs, qu’il s’agisse de services publics ou d’organisations humanitaires privées. Lorsque notre organisation a été fortement et longuement présente dans un pays, comme en Angola, ces départs requièrent une importante planification, que nous comptons également améliorer. En 2006, Médecins Sans Frontières a assuré plus de 9 millions de consultations médicales et hospitalisé près d’un demi-million de patients. Pour que ce travail et cet engagement restent constants, le soutien massif que nous recevons de donateurs individuels dans le monde entier demeure crucial. Il nous permet de préserver notre identité humanitaire et de continuer à décider en toute indépendance où et comment nous allons travailler, sur la base des besoins de nos patients et indépendamment de tout pouvoir autre que l’impératif médico-humanitaire. Grâce à lui, nous menons nos actions de secours dans plus de 60 pays. Nous travaillons avec un dévouement total, mais restons toujours conscients de nos propres limites et cherchons constamment à les repousser. Dr Christophe Fournier Président, Conseil International de MSF * a vec l’Institut Pasteur, l’Institut kenyan de Recherche médicale, le Conseil indien de Recherche médicale, la Fondation Oswaldo Cruz au Brésil et le Ministère de la Santé en Malaisie.


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Interventions les plus importantes en fonction des dépenses 1 République démocratique du Congo 2 Nord-Soudan 3 Sud-Soudan 4 Niger 5 Libéria 6 Angola 7 Kenya 8 Tchad 9 Somalie 10 Côte d’Ivoire

Zones d’intervention Afrique | 66% Asie | 21% Amérique | 5.5% Europe | 7%

Contexte des interventions Stable | 46% Conflit armé | 29% Instabilité interne | 16% Situation post-conflit | 9%

activitéS PRINCIPALES (Liste non exhaustive comprenant uniquement les activités (diagnostic, traitement, suivi) avec prise en charge directe par MSF.)

ACTIVITÉ

DEFINITION

TOTAL

Patients externes

Nombre total de consultations externes

9.665.241

Patients hospitalisés Nombre total de patients hospitalisés Paludisme

Nombre total de cas confirmés et traités

Nutrition

Nombre d’enfants admis en centre de nutrition

thérapeutique

thérapeutique ou hospitalisés pour malnutrition

Nutrition

Nombre d’admissions en centre de nutrition

complémentaire

complémentaire ou enfants malnutris

en traitement ambulatoire

Accouchements

Nombre total de femmes ayant accouché

(césariennes comprises)

Violence sexuelle

Nombre total de cas de violence sexuelle ayant

donné lieu à un traitement médical

Interventions

Nombre total d’opérations chirurgicales

chirurgicales

(dont traumas de guerre et césariennes)

Traumas de guerre

Nombre total de traumas de guerre –

toutes blessures soignées

VIH

Nombre total de patients séropositifs

recensés et en traitement à la fin de 2006

ARV

Nombre total de patients sous antirétroviraux

de première ligne à la fin de 2006

ARV – traitement

Nombre total de patients sous ARV de seconde

de seconde ligne

ligne à la fin de 2006 suite à l’échec des

traitements de première ligne

Tuberculose

Nombre total de nouvelles admissions pour

traitement de première ligne en 2006

Tuberculose –

Nombre total de nouvelles admissions pour

seconde ligne

traitement de seconde ligne en 2006

Santé mentale –

Nombre total de consultations individuelles

459.580 1.873.212 52.229

135.990 99.793 11.126 64.416 9.325 178.211 88.547

853 28.904 241 93.066

Thérapie individuelle

Événements à l’origine des interventions Conflit armé | 37% Endémie/épidémie | 41% Catastrophe naturelle | 5% Violence sociale/exclusion des soins de santé | 17%

Santé mentale –

Nombre total de sessions d’assistance et

Thérapie de groupe

de soutien psychologique en groupe

Choléra

Nombre total de patients admis en centre

de traitement du choléra ou traités par

solution orale de réhydratation

Vaccinations –

Nombre total de personnes vaccinées contre

rougeole

la rougeole en réponse à une épidémie

Traitement

Nombre total de personnes traitées pour

de la rougeole

la rougeole en réponse à une épidémie

Vaccinations –

Nombre total de personnes vaccinées contre

méningite

la méningite en réponse à une épidémie

Traitement

Nombre total de personnes traitées pour

de la méningite

la méningite en réponse à une épidémie

12.665

88.732 764.314 7.985 1.845.541 5.337

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

APERÇU DES OPÉRATIONS DE MSF


A lbu m P h oto | M otifs d ’ intervention

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Motifs d’intervention Texte par Emmanuel Tronc

© Kadir Van Lohuizen / Noor , Tchad


9 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

L’action humanitaire d’urgence vise essentiellement à sauver des vies, à soulager la souffrance aiguë et à contribuer à restaurer le potentiel de ceux dont la vie est menacée. Chacun des pays où MSF apporte une aide médico-humanitaire et fait entendre sa voix pour aider les personnes dans le besoin connaît au moins l’une des quatre situations exposées ci-après. Cette description ne signifie pas que les réalités soient simples et stéréotypées, ou que MSF opère de façon aveugle et systématique. L’aide humanitaire recèle des limites intrinsèques et MSF n’intervient ni dans tous les conflits, ni dans toutes les catastrophes naturelles ou d’origine humaine. Nos actions reposent toujours sur une analyse de leur valeur ajoutée potentielle, et nous réévaluons régulièrement la pertinence de notre présence ou de notre absence dans un contexte donné.


A lbu m P h oto | M otifs d ’ intervention

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Conflit armé

Les populations touchées par un conflit armé ont besoin d’une aide médicale et humanitaire globale. Il s’agit de victimes de violences, de populations civiles harcelées et affectées directement ou indirectement par des attaques, des viols et des massacres, affaiblies, instrumentalisées, parfois déplacées de force, à la recherche d’un refuge dans ou en dehors de leur pays d’origine. Des soins médicaux, chirurgicaux ou psychologiques sont nécessaires au quotidien dans un environnement de destructions massives et de perturbation des systèmes de santé. La souffrance résulte également des effets indirects du conflit et de l’instabilité, notamment l’effondrement de l’économie et des infrastructures générales. Les populations sont de facto exclues des soins et services médicaux essentiels et peuvent être décimées par des épidémies de sida, de tuberculose ou de paludisme mais aussi par des maladies moins connues, telles que la maladie du sommeil. S’appuyant sur des équipes médicales travaillant au sein de structures de santé/hôpitaux, les opérations de MSF entendent offrir des services médicaux et couvrir l’ensemble des crises médicales associées à un conflit, dont la malnutrition et la santé mentale. Si nécessaire, MSF creuse aussi des puits, distribue de l’eau potable et offre du matériel pour construire des abris.


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Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

© Magnus Hallgren, Somalie


A lbu m P h oto | M otifs d ’ intervention

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Endémie | épidémie

© Donald Weber / Atlas Press , Ouzbékistan


13 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Les épidémies/endémies apparaissent dans des contextes variables de stabilité ou de conflit. Une capacité d’intervention d’urgence et des actions médicales novatrices sont indispensables pour garantir une réponse viable dans des environnements complexes. Les populations concernées vivent dans des régions précaires, éloignées et/ou peu développées, dans les banlieues des villes, dans des camps ou bidonvilles, et ne reçoivent pas de soutien significatif des autorités locales et internationales. Il s’agit souvent de minorités, de réfugiés ou de nomades, parfois confrontés à une dépendance économique et sociale. Femmes et enfants sont les plus à risque. Exposées à des maladies infectieuses et contagieuses, immunodéprimées pendant la grossesse, les femmes, disposant traditionnellement d’un espace de parole et d’écoute très limité, voient leur réalité ignorée dans de nombreux pays. L’état de dépendance des nourrissons et des jeunes enfants accroît leur vulnérabilité. MSF travaille dans les structures médicales existantes et en crée ou en réhabilite si nécessaire. Les actions de formation, de prévention et de sensibilisation aux risques d’épidémies sont essentielles. La collaboration avec les pouvoirs publics locaux et les ministères concernés est indispensable pour mettre en œuvre les programmes et améliorer rapidement la situation. Les activités de témoignage en appui de l’action médicale, comme dans le cas du VIH/sida, sont clés pour déterminer les responsabilités et limites, comprendre les intentions politiques et mettre sur pied des réponses efficaces.


A lbu m P h oto | M otifs d ’ intervention

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Violence sociale | exclusion des soins de santé

© Christian Sinibaldi , Italie


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Vivant dans des environnements où leurs conditions de vie et leurs droits sont limités ou inexistants, ils ne peuvent espérer un soutien adéquat des pouvoirs locaux et souffrent des limites de l’aide internationale. MSF propose une aide directe à la fois médicale, psychologique et sociale pour soulager la souffrance quotidienne de ces victimes. L’identité de MSF comprend une activité de témoignage qui, en association avec les soins aux patients, constitue un engagement à dénoncer les causes de souffrances, les problèmes d’accès aux soins et les obstacles auxquels se heurte l’offre d’une assistance efficace, et à informer les pouvoirs nationaux et internationaux des préoccupations et réalités de nos patients.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Les populations victimes de violence sociale et d’exclusion des soins de santé souffrent de leur identité de groupe et des caractéristiques qui la constituent. Ce type d’exclusion touche les minorités, groupes ethniques, migrants, personnes déplacées ou réfugiées, mais aussi les personnes victimes d’exclusion sociale (comme les prisonniers et les chômeurs) ou médicale (comme les toxicomanes et les personnes atteintes de troubles mentaux), ou encore les prostituées, les enfants des rues et de simples patients contagieux, atteints de tuberculose ou du sida.


A lbu m P h oto | M otifs d ’ intervention

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Catastrophes naturelles

© David Levene, Pérou


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Les plus pauvres sont les plus touchés, étant donné la précarité de leur habitat et de leurs conditions de vie. MSF propose une large gamme de programmes médicaux de chirurgie, de nutrition et d’aide psychosociale au sein des structures de santé existantes ou de bâtiments temporaires, ainsi que des actions de prévention des risques d’épidémies. Une aide matérielle (couvertures, tentes et huile de friture) peut également être distribuée. Ces opérations sont menées en étroite collaboration avec les acteurs nationaux, en tenant compte de l’importance des stratégies et efforts locaux et des limites d’une intervention internationale en termes de temps, de quantité et de pertinence.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Les populations touchées par des catastrophes naturelles ont besoin d’une assistance médico-humanitaire et sociale immédiate. Elles se trouvent dans des situations désespérées, ayant soudain perdu leur logement et leurs biens ainsi que des membres de leur famille. Traumatisées, elles ont besoin d’un soutien médical et social rapide et varié. L’accès au lieu de la catastrophe et aux victimes est souvent compliqué, et exige une identifi­ cation rapide des besoins multiples.


A rti c les | L’ h u manitaire… en attendant

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© Jehad Nga / Corbis, Somalie

L’humanitaire… en attendant Par Christopher Stokes, Secrétaire général, MSF International L’aide humanitaire s’attache non pas à reconstruire des vies mais à en sauver, dans l’immédiat, en attendant une paix, une reconstruction, un développement éventuels. Ancrée dans le présent, elle doit être jugée sur sa capacité à être aux côtés des victimes au moment où elles en ont besoin, et à aider celles-ci à survivre à une crise, à une guerre ou à une épidémie - pour éviter une « paix des cimetières ». Sur ce point, l’Irak, plus que tout autre conflit actuel, révèle les limites de l’assistance humanitaire. Le conflit est au centre du mandat que MSF s’est donné, et nous devons constamment évaluer l’efficacité de notre aide, nos méthodes d’intervention et les progrès à réaliser. Cette année a été marquée, pour MSF, par l’amorce d’une forme de retour en Irak avec des équipes de plusieurs sections. Après les attaques contre les bâtiments du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de l’ONU, l’assassinat de la travailleuse humanitaire

britannique Margaret Hassan, et un nombre croissant d’incidents de sécurité à Bagdad, nous avions retiré notre personnel inter­ national fin 2004, tout en aidant certains de nos collègues irakiens les plus menacés à quitter le pays. L’idée de poursuivre un minimum d’activités à partir de pays voisins plus sûrs a rapidement été abandonnée, malgré un intense débat interne entre les tenants du maintien d’une aide « extérieure », et les partisans d’un arrêt total, motivé par l’insécurité manifeste. L’Irak a déclenché un débat plus large sur les risques que le mouvement MSF était prêt à prendre. Bien que la prise de risque soit reconnue comme partie intégrante du travail humanitaire vu les contextes dans lesquels MSF opère, il s’est dessiné une volonté de fixer une limite : la mort de membres du personnel de MSF est inacceptable, ce n’est pas un sacrifice – au nom d’une présumée nécessité supérieure de sauver des vies dans une situation extrême de conflit – que le mouvement est prêt à accepter. Etant donné la nature associative de MSF, ce n’est peut-être pas surprenant :


19 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

© Geert Van Kesteren, Irak

chaque partie du mouvement est responsable devant une série d’associations nationales distinctes, fondamentalement égalitaires dans leur adhésion au mouvement et leurs modes de délibération et de prise de décisions. Ces trois dernières années, et en particulier depuis 2006, le conflit s’est étendu dans le centre et le sud de l’Irak, et a gagné du terrain dans le nord, autour de Kirkouk et de Mossoul. D’un point de vue purement statistique (le nombre de morts directement liées au conflit armé), l’Irak est le conflit le plus meurtrier au monde aujourd’hui, même en tenant compte du Darfour. Ayant rencontré cet été des réfugiés irakiens en Jordanie, au Liban et en Syrie pour évaluer les besoins sanitaires, j’ai été frappé de constater à quel point la guerre avait éparpillé et décimé leurs familles. Les reportages internationaux sur les attentats suicides masquent les lourdes pertes dues aux assassinats quotidiens, les exécutions quasi sommaires aux éphémères points de contrôle dans de nombreuses parties du pays, les enlèvements incessants et les disparitions de proches. Même les patients des hôpitaux n’échappent pas à ces crimes. En Irak, il n’y a pas de refuge pour les civils. Fait marquant, dans cette guerre, aucune aide humanitaire efficace n’est offerte sur le terrain. MSF aussi est absent, ce en raison de l’insécurité. Le fondement de la sécurité des équipes de terrain de MSF est leur acceptation par la population et les autorités locales. Certes, il serait possible de délivrer une

aide malgré tout, en recourant à des mesures de protection : gilets pare-balles, voitures blindées, voire escortes armées à titre dissuasif. L’option de la dissuasion exigerait que MSF travaille sous la protection rapprochée lourdement armée des forces de la coalition, par exemple. Or cette voie, choisie par certains il y a quelques années, est aujourd’hui abandonnée par presque tous. Elle nous paraît difficilement conciliable avec les principes fondamentaux de l’aide humanitaire, tels que la neutralité et l’indépendance. De plus, une force dissuasive sape la capacité de fournir une aide à long terme en aliénant les communautés et les autorités locales.

« Les reportages internationaux sur les attentats suicides masquent les lourdes pertes dues aux assassinats quotidiens » L’autre solution, basée sur une acceptation large de notre assistance médicale, est très difficile à mettre en œuvre (et à maintenir) dans cette guerre. Pour que l’aide humanitaire indépendante opère, il faut un niveau minimum d’acceptation, que les objectifs de base soient soutenus par la population sur le terrain, et que ceux qui détiennent le monopole public de la violence s’engagent


A rti c les | L’ h u manitaire… en attendant

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à garantir la sécurité. Dans des guerres sans lignes de front claires, où aucune force n’instaure un monopole public de la violence sur un territoire donné, la circulation négociée de l’aide et des humanitaires est compromise. L’absence d’organisations d’aide visibles et efficaces travaillant aux côtés des Irakiens aggrave encore la situation, en renforçant la méfiance vis-à-vis des étrangers et des organisations occidentales en général. La multiplicité des niveaux de violence en Irak empêche d’apporter une assistance efficace aux civils. À l’inverse, en Somalie, où les conditions ne sont pas non plus optimales pour assurer un réel espace humanitaire, MSF a pu déployer de nombreuses équipes médicales ces dix dernières années pour apporter une assistance vitale dans de vastes parties du pays. Bien que divisée entre clans et alliances, la Somalie offre, dans chaque zone contrôlée par les clans, un espace précaire qui permet l’organisation et la mise en œuvre prudentes de programmes d’aide. « L’espace humanitaire » – l’espace requis pour évaluer les besoins, délivrer l’aide et contrôler son utilisation – n’est jamais garanti. Nous avons appris à le négocier et à le maintenir, parfois péniblement, dans des zones peu sûres, que ce soit en Palestine, au Libéria, en Côte d’Ivoire ou en Colombie. Des niveaux de violence multiples et mouvants requièrent des stratégies différentes. Nous devrons veiller à ce que nos atouts ne se muent pas en faiblesses. Le taux élevé de rotation parmi le personnel international dévoué - ces médecins, infirmiers et logisticiens qui remettent en question et façonnent de nouvelles interventions dans les nombreuses opérations d’urgence que MSF lance de par le monde - ne devrait pas empêcher la création de forts réseaux locaux d’Irakiens dans les zones de guerre. Sans eux, une assistance en Irak est impossible car il faut y travailler sans visibilité, sans que le personnel de MSF ne se déplace sur le terrain pour discuter avec les bénéficiaires, évaluer les besoins et adapter l’organisation de l’aide. De fait, la reprise de l’aide doit commencer avec des opérations « contrôlées à distance » par des équipes de MSF basées dans les pays voisins. Ce n’est que plus tard, dans le meilleur des cas, que des missions d’évaluation puis le déploiement effectif d’équipes seront possibles. Les importantes capacités logistiques et organisationnelles de MSF sont aussi moins utiles dans un environnement où l’aide doit être fournie au compte-goutte et souvent en secret, en utilisant des compagnies de transport locales qui peuvent passer les nombreux points de contrôle officiels, officieux, des insurgés et des quartiers. La fourniture clandestine d’aide est demandée par des homologues locaux, tels que des directeurs d’hôpitaux et des équipes chirurgicales, qui risquent de se faire assassiner si un moindre lien avec une entité étrangère, telle qu’une organisation humanitaire internationale, était révélé. Sauver des vies est une activité mortelle aussi bien pour les Irakiens que pour les travailleurs humanitaires étrangers. Des centaines de médecins ont été tués dans ce conflit. Dans ce contexte, force est de constater que l’indépendance, un principe fondamental de MSF, n’est pas un atout opérationnel évident. Certains pays de la région, où nous tentons d’assister les réfugiés fuyant les combats, marquent leur préférence pour des organisations d’aide très liées à certains États par le biais de leur financement, et bénéficiant d’un soutien étroit de leur gouvernement. Un pays isolé par l’étiquette « axe du mal » peut très bien considérer qu’une ONG soutenue par un État étranger joue le rôle de pont vers ce pays. De plus, des liens étroits avec

un État, même étranger, sont perçus comme un signe que la prétendue organisation non gouvernementale peut être contrôlée, surtout dans des pays où le concept d’organisme non gouvernemental réellement indépendant est étranger et suspect. Il ne peut être question de diluer les principes de base, si profondément ancrés dans l’identité de MSF, ni de les renégocier. En pratique, les avantages à long terme d’un attachement fort aux principes d’indépendance, d’impartialité et de neutralité pourraient dépasser les gains immédiats à tirer d’un compromis. MSF devra s’en tenir aux principes qui ont guidé le mouvement et appliquer des stratégies opérationnelles adaptées et novatrices.

« Sauver des vies est une activité mortelle aussi bien pour les Irakiens que pour les travailleurs humanitaires étrangers » Les équipes de MSF ont réussi à intervenir en Irak par le biais d’opérations contrôlées à distance, fournissant, via la Jordanie ou le Kurdistan, du matériel médical indispensable aux hôpitaux des provinces déchirées par la guerre. En outre, des patients requérant de la chirurgie reconstructive et orthopédique, souvent à la suite de bombardements, sont péniblement acheminés grâce à des réseaux de médecins irakiens vers un centre de chirurgie de MSF en Jordanie, où ils peuvent recevoir les soins médicaux spécialisés non disponibles en Irak. Une stratégie similaire sera mise en place au Kurdistan. Ces acheminements et évacuations de patients sont utiles en et pour eux-mêmes, mais sont aussi des étapes nécessaires avant l’envoi d’équipes sur le terrain et plus près des zones où les besoins sont les plus aigus. La nécessité d’envoyer des équipes s’est renforcée l’année dernière, quand les médecins des services d’urgence débordés ont décrit l’impact de l’exode croissant des professionnels de santé et la persistance d’un nombre élevé de patients en raison des combats. Cette détérioration de la situation nous a amenés à revoir notre décision de 2005 de ne pas tenter d’opérations contrôlées à distance en Irak. L’aide internationale est absente du principal théâtre de guerre de ce nouveau siècle. Le contraste entre le déploiement – fût-il fragile et souvent menacé – de plus de cent travailleurs humanitaires internationaux par MSF au Darfour et l’absence d’aide internationale dans le centre et le sud de l’Irak, où la guerre fait rage, rappelle douloureusement l’impuissance des organisations d’aide humanitaire. MSF ne peut renoncer à se battre pour aider les victimes de conflits, mais la lutte sera longue et difficile pour obtenir un réel espace opérationnel en Irak. Là, l’action humanitaire ne sauve pas de vies aujourd’hui, en attendant la paix, le développement ; elle se déploie en périphérie, en marge des besoins principaux, en attendant que de nouvelles stratégies rouvrent la voie vers les zones de guerre.


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© Michael Goldfarb, Irak

La chirurgie à MSF : quelles frontières? Par Caroline Veldhuis, Editrice internationale Pour beaucoup, le concept de chirurgie humanitaire de terrain évoque des scènes de série télévisée où des médecins pratiquent des opérations sommaires dans le chaos qui règne sur les lignes de fronts. Si de telles images illustrent indiscutablement la chirurgie pratiquée par MSF depuis 30 ans, l’assistance chirurgicale continue d’évoluer, s’adaptant aux réalités de terrain et intégrant le renforcement des normes de pratique médicale. Seule réponse appropriée à certains besoins médicaux, la chirurgie est devenue une composante indissociable de l’aide médicale de MSF. En 2006, des chirurgiens ont participé à environ 125 missions et plus de 64.000 interventions chirurgicales* ont été effectuées dans quelque 20 pays. MSF poursuit ses activités chirurgicales dans les zones de conflit où un espace humanitaire peut être obtenu, notamment dans des pays aussi instables que la République démocratique du Congo et la Somalie. Affecté à un projet ouvert en 2007 à Kismayo, dans le sud de la Somalie, le chirurgien Paul McMaster déclare soigner

beaucoup de blessures par balles à l’abdomen. « Je viens, dit-il, de voir un patient dont le bras a été déchiqueté par un tir de kalachnikov. Jusqu’à présent, le jour le plus chargé a été celui où une bombe a explosé pendant que j’effectuais une greffe de peau sur un enfant brûlé. Il y a eu environ 15 victimes. Il a fallu une heure et demie pour trier les gens et les stabiliser, puis j’ai travaillé jusque dans la nuit sur plusieurs opérations allant de blessures faciales graves à des sutures. » Dans les contextes de guerre, il est établi que jusqu’à 96% des décès dus à un trauma se produisent dans les quatre heures**. Le Dr Ritsuro Usui, chirurgien et président de MSF Japon, souligne l’importance de la proximité du médecin par rapport au patient, car les types de blessures soumis aux chirurgiens dépendent du temps et de la distance qui les séparent des lieux de conflit. « Vingt-quatre heures après un trauma, dit-il, on voit beaucoup de blessures aux membres, parce que la plupart des personnes blessées au thorax et à l’abdomen sont déjà mortes. »


Artic les | La c h iru rgie à M SF : qu elles fronti ères ?

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« On nous a signalé par radio qu’un camion était arrivé à l’hôpital avec une dizaine de civils blessés. Les patients ont été triés et la première personne que j’ai opérée était une mère de deux enfants, âgée de 25 ans. Elle était blessée par balles de part et d’autre du thorax. Elle était inconsciente et sa respiration était très faible. J’ai placé deux drains thoraciques, des actes chirurgicaux très simples qui ont drainé une grande quantité de sang. La respiration s’est améliorée mais nous avons dû lui retirer l’oxygène parce que nous n’avions qu’un réservoir. Elle n’a repris connaissance qu’une semaine plus tard. On m’a dit qu’elle était dans un camion militaire qui s’était fait attaquer alors qu’il transportait des civils qui avaient payé leur trajet. » – Dr. Ritsuro Usui, Makamba, Burundi, 2001

© Julie Rémy, Haïti

Etant donné les énormes besoins en chirurgie, MSF a créé des centres de traumatologie bien équipés dans les hôpitaux de Port Harcourt, au Nigeria, et de Port-au-Prince, en Haïti, deux épicentres de violences où plus de 3.000 actes chirurgicaux ont été effectués en 2006, souvent à la suite de tirs et coups de couteaux, de violences physiques, d’accidents de la route ou de brûlures. Des services de rééducation y proposent physiothérapie, assistance psychologique et recommandations pour prothèses. En Irak en revanche, si les soldats bénéficient peut-être de soins médicaux et chirurgicaux satisfaisants et d’évacuations rapides, il est très difficile pour les organisations médico-humanitaires d’obtenir la proximité nécessaire pour sauver les civils blessés : l’estompement des lignes de front dans certaines zones engendre d’énormes risques, les transports sont incertains et les infrastructures sanitaires sont souvent détruites. Chirurgie réparatrice d’après-guerre En l’absence de proximité, des opérations peuvent être pratiquées pour aider les patients n’ayant pas bénéficié de soins appropriés au moment de leur accident. Pour les blessés d’Irak, MSF a mis sur pied un projet de chirurgie plastique, maxillo-faciale et orthopédique à l’Hôpital du Croissant-Rouge à Amman, en Jordanie, où sont traités les graves traumas faciaux et les infections des os et de blessures. Cet hôpital équipé de matériel moderne permet à MSF d’utiliser des techniques de pointe telles que les fixations internes et l’intubation à l’aide d’appareils à fibres optiques, nécessaire pour administrer des anesthésiques lorsque l’anatomie faciale d’un patient est détruite. Parmi les patients d’Amman figure Zeinab, 36 ans, seule rescapée d’un minibus pris dans des

échanges de tirs en 2004 sur la route de Nadjaf. Elle a non seulement perdu son fils de deux ans et son enfant à naître mais a aussi eu les deux jambes, un bras et la mâchoire fracturés. Les chirurgiens irakiens lui ont placé des fixations internes dans les jambes mais la plaque de la jambe droite s’est cassée en raison d’une grave infection de l’os. En 2007, Zeinab a été transportée à Amman, où les médecins ont soigné l’infection et replacé des fixations internes afin qu’elle puisse à nouveau marcher. Un programme de chirurgie réparatrice a aussi été établi en 2005 pour les graves blessés de guerre en Tchétchénie. Certains ont bénéficié, au moment du trauma, des meilleurs soins médicaux et chirurgicaux disponibles – bien qu’insuffisants. Comme dans tous ses projets, MSF a aussi promu des mesures générales pour réduire le risque d’infection et pratiquer une chirurgie plus sûre, notamment en fournissant un concentrateur d’oxygène pour remplacer l’oxygène industriel instable employé auparavant. Ailleurs, des services itinérants de chirurgie soignent les blessés de guerre. En Ouganda, des violences généralisées infligées non par des bombes ou des balles, mais par des machettes, ont causé nombre de mutilations faciales au niveau du nez, des oreilles et des lèvres. En 2005 et 2006, MSF s’est associé au groupe chirurgical Interplast Holland pour offrir, à Kitgum, une chirurgie réparatrice à 24 personnes souffrant de blessures de guerre, de brûlures et de fentes labiopalatines. Soigner les séquelles de complications obstétriques Les urgences obstétriques représentent environ un tiers du volume de chirurgie de MSF, même dans certains contextes de


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Rares dans les pays développés, les fistules requièrent une chirurgie spécialisée qui doit être apprise en Afrique. Des chirurgiens de MSF maîtrisent à présent ces techniques et forment leurs collègues via MSF. MSF a pratiqué ces opérations dans de nombreux pays, dont le Libéria, la République du Congo, la Côte d’Ivoire et le Tchad, et envisage des interventions en d’autres lieux. Au Népal, où un projet à Khotang a ciblé les besoins sanitaires des femmes, MSF s’est associé à une ONG chirurgicale népalaise pour organiser et gérer un « camp de prolapsus utéro-vaginal ». 82 femmes ont été opérées et une nouvelle collaboration est planifiée pour 2008. « L’opération s’est bien passée, mais le patient est mort » Le développement de la chirurgie en tant que réponse médicohumanitaire exige un examen minutieux des facteurs connexes à la chirurgie qui assurent aux patients le meilleur résultat possible en quelque lieu que ce soit. Dans ses projets, MSF s’emploie à appliquer les normes les plus exigeantes et les protocoles actualisés pour améliorer l’hygiène et la stérilité des lieux, garantir une gamme de médicaments et d’équipements adéquats, et fournir et/ou former les ressources humaines nécessaires, notamment des infirmiers-anesthésistes. Suivant les pratiques médicales occidentales, MSF a amélioré la prise en charge, par une gestion individualisée, de l’anesthésie et de la douleur. Le Dr Matthew Mackenzie, anesthésiste, a constaté que dans les hôpitaux de Côte d’Ivoire et de République centrafricaine où il a travaillé, les gens ne protestaient pas, même lorsque à l’évidence ils devaient souffrir atrocement. Mieux tolérée, la douleur y semble moins traitée. Nombre de projets de MSF s’attachent désormais au traitement de la douleur, et utilisent des échelles de douleur permettant aux infirmiers d’adapter les médicaments selon les besoins. Membres essentiels des équipes chirurgicales dans les pays développés, anesthésistes et infirmiers-anesthésistes ont acquis une reconnaissance dans les équipes chirurgicales de MSF, alors que les anciens projets étaient parfois dépourvus d’anesthésiste attitré. Ils déterminent le type d’anesthésique le plus sûr et le plus approprié à un patient et à une opération, mais sont aussi très bien formés à la gestion de l’assistance respiratoire et aux intraveineuses, et peuvent être indispensables en dehors des salles d’opérations. MSF forme des infirmiers locaux à l’anesthésie dans certains projets.

L’écart des compétences se creuse En dehors des missions chirurgicales spécialisées et itinérantes, MSF opère en général dans des hôpitaux de district, où se pratiquent un vaste éventail d’actes chirurgicaux élémentaires. Selon le Dr Gary Myers, un des chirurgiens référents au siège de MSF, dans une unité de chirurgie pour une population négligée, « sur 100 patients, 50 souffrent de blessures des tissus mous qui résultent de traumas et/ou d’infections, 25 présentent des complications de grossesse ou d’accouchement, 12, diverses blessures ou fractures osseuses, et le reste doit subir des laparotomies ou des interventions majeures pour des pathologies telles que des brûlures ou des infections. » Les compétences requises pour répondre à ces besoins correspondent bien à celles du chirurgien généraliste traditionnel ayant quelque expérience des interventions orthopédiques, obstétriques et viscérales. Or, dans les pays développés, la nouvelle génération de chirurgiens est formée aux nouvelles technologies endoscopiques, et de plus en plus spécialisée. L’écart va donc se creuser entre les besoins chirurgicaux dans les contextes isolés, et la capacité de ces nouveaux chirurgiens à fournir une assistance pertinente. D’après le Dr Nathalie Civet, chirurgien référent des programmes de MSF Belgique, dans dix ans, il sera difficile de trouver un chirurgien sachant ouvrir un abdomen. Des organisations telles que MSF devront relever ce défi supplémentaire : tenter de combler les déficiences des ressources humaines dans des pays souffrant d’une pénurie de personnel médical qualifié. Où fixer la limite ? Dans les zones de conflit en particulier, où les besoins médicaux et chirurgicaux sont vastes et exigeants, il faut se demander au quotidien ce que permet une salle d’opération de terrain. Le lieu et le contexte sont les facteurs déterminants. Etant donné les nombreuses conditions à remplir pour assurer la sécurité et l’efficacité d’une intervention, certaines techniques sophistiquées telles que les fixations internes, par exemple, ne pourront être appliquées partout. Toutefois, MSF continue à aller de l’avant. Au niveau logistique, MSF teste les hôpitaux gonflables, conçus et utilisés pour la première fois après le séisme de 2005 au Cachemire, et qui ont été modifiés pour accueillir une capacité chirurgicale suffisante. Des kits chirurgicaux gigantesques, véritables « salles d’opérations à emporter », peuvent être préparés rapidement. Ils comprennent tout l’équipement et les médicaments nécessaires pour pratiquer une chirurgie efficace et vitale. Encore faut-il disposer de l’espace humanitaire dans lequel opérer. Par ailleurs, la persistance d’un mauvais accès aux soins en maints endroits du monde alimentera le besoin de chirurgie pour soigner des complications. Des débats intenses continueront d’influencer les choix faits par MSF en matière de chirurgie. Ceux-ci tenteront de trouver un juste équilibre entre l’affectation des ressources et une atténuation nécessairement sélective de la souffrance, en soi la forme de triage la plus difficile. * Définies comme des interventions menées dans une salle d’opération, césariennes comprises ** CLASPER Jon, REW David, “Trauma life support in conflict (Editorial)”, BMJ, 2003, volume 327, pp.1178-1179

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conflit. La chirurgie réparatrice est de plus en plus proposée aux femmes qui, n’ayant pu bénéficier d’une césarienne ou de soins prénatals adéquats, souffrent de traumatismes obstétriques tels que le prolapsus utéro-vaginal et des fistules. Ceux-ci causent des dommages et douleurs physiques, mais aussi un ostracisme social. Les femmes chez qui ils entraînent une incontinence sont rejetées par leur mari, leur famille et leur communauté. D’après le Dr McMaster, les fistules sont fréquentes : « Nous avons ici une femme arrivée il y a deux semaines en arrêt de progression du travail, avec un utérus déchiré. Le bébé est mort et nous avons dû procéder à l’ablation de l’utérus pour la sauver. Puis nous avons constaté qu’elle perdait de l’urine en raison d’un grand trou dans la vessie. Ceci durait depuis la naissance de son premier enfant il y a quatre ans. Vu ses pertes d’urine et l’odeur, elle était confinée à la maison. »


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Déplacés au Darfour Par Bruno Jochum, Directeur des Opérations, MSF Suisse

© Jehad Nga / Corbis


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© Sven Torfinn

En 2006/2007, la crise au Darfour est restée l’une des pires au monde : plus de deux millions de déplacés y sont totalement dépendants de l’aide extérieure, et les affrontements réguliers dans certaines zones entraînent de nouveaux épisodes de violences et de déplacements. L’accord de paix signé en mai 2005 entre le Gouvernement du Soudan et l’une des factions rebelles a paradoxalement réactivé la guerre après un an d’accalmie, et a fortement réduit la capacité des travailleurs humanitaires à apporter une aide effective dans les zones rurales isolées. De plus, le conflit est devenu régional, gagnant le Tchad et la République centrafricaine, où il pousse des centaines de milliers de civils à quitter leurs villages brûlés. Les populations civiles du Darfour sont maintenues dans une vulnérabilité extrême et nos équipes médicales de terrain se heurtent à des limitations sévères en termes d’accès aux populations et de sécurité. Sur la scène politique internationale, la crise au Darfour (et sa représentation dans les médias) est devenue un enjeu en soi et risque d’être instrumentalisée par les différentes parties. En 2003/2004, un épisode de violence aussi extrême que soudain a provoqué le déplacement massif d’habitants du Darfour vers les abords des centres urbains et de petites villes. Il s’agissait d’une offensive planifiée par le gouvernement contre les insurgés, en vue de s’assurer le contrôle du territoire et de punir diverses tribus pour leurs liens présumés avec les rebelles. La désertification a amené éleveurs nomades et fermiers sédentaires à se livrer une âpre concurrence pour la terre. Dans le contexte de cette lutte, utilisée politiquement par le gouvernement central, des

centaines de villages ont été réduits en cendres et toute trace d’habitation a parfois été effacée. Des techniques de terreur impliquant meurtres et viols ont été employées pour dissuader toute résistance et garantir la fuite des populations ciblées. Après une phase d’urgence durant la première moitié de 2004, la mortalité et la morbidité se sont stabilisées dans les camps de déplacés, grâce à la mise en œuvre d’une assistance humanitaire de grande ampleur qui est parvenue à produire des résultats tangibles. En février 2004, une fois les principaux objectifs de l’offensive atteints, le Gouvernement du Soudan, sous la pression internationale, a autorisé le déploiement d’un grand nombre de travailleurs humanitaires. Avec 900 expatriés et 12.000 humanitaires soudanais présents au Darfour en 2006, cette opération humanitaire a été la plus vaste jamais mise sur pied. Les grandes villes sont les centres névralgiques d’où l’aide est acheminée. Les épidémies et crises de malnutrition ont été évitées dans la plupart des camps grâce à un meilleur accès aux soins. En 2006, MSF comptait 19 projets au Darfour, employant environ 1.700 locaux et 100 expatriés et représentant un budget de 16,95 millions d’euros. Les activités – soins hospitaliers, chirurgie, soins primaires et centres de nutrition – ont principalement ciblé les camps et ont été au départ complétées par des cliniques mobiles pour atteindre les populations des zones rurales. En 2006, nous nous sommes retirés de certains sites pour permettre à nos équipes de réagir plus vite à l’évolution constante des besoins dans une situation de conflit.


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Mais la crise revêt aussi une autre dimension : les familles de déplacés, ayant perdu leurs moyens de subsistance, n’ont d’autre avenir que de rester piégées dans les camps où elles dépendent totalement de l’assistance. La plupart ont perdu des proches et assisté à la destruction de leurs maisons et de leurs biens. En dehors des camps, les routes et la circulation sont souvent contrôlées par des milices armées et des forces de défense locale. Les femmes, qui n’ont d’autre choix que d’aller chercher du bois en bordure des camps, se font souvent agresser et violer. En 2006, raids et combats armés ont forcé 250.000 civils de plus à rejoindre les camps, qui ne cessent de s’agrandir. Il est difficile de déterminer si les camps sont des « havres de paix » pour des populations en fuite ou le fruit d’une « politique de regroupement forcé en camps » : la réalité couvre probablement ces deux dimensions. Autour des camps, la distribution d’armes par le gouvernement à des milices alliées et la fragmentation des forces rebelles ont exacerbé l’insécurité sur les principales voies d’accès. Comme beaucoup d’autres ONG, MSF a été victime d’un grave incident près de Niertiti en septembre, et a dû, ailleurs, réévaluer puis suspendre ses cliniques mobiles en raison des risques. Plusieurs projets ont été évacués, notamment à Sarif Omra, Kebkabiya et Seleia, près de Jebel Moon. Les frontières entre le banditisme, l’économie de guerre (avec son lot de prédateurs en 4x4 équipés de téléphones satellites) et les groupes armés sont très floues. Nos équipes médicales ont souvent souligné la nécessité d’éviter les clichés simplistes : au sein de l’administration gouvernementale, des fonctionnaires tels que des policiers et des collaborateurs des ministères ont été régulièrement victimes des « janjaweeds », tandis que des rebelles se sont pillés mutuellement et ont mené certaines des attaques contre des véhicules humanitaires. Les alliances tribales locales changent parfois, et les tensions entre autorités publiques locales et milices utilisées par le gouvernement central sont fréquentes. Cependant, cette image de chaos au niveau local ne doit pas occulter un schéma récurrent au Darfour. Pour les travailleurs humanitaires, l’insécurité sur les routes tend à augmenter avant et pendant les campagnes militaires, coupant les populations civiles de toute forme de témoignage international ou d’assistance immédiate. Ainsi, lors des événements de 2006 au nord d’El-Geneina, les embuscades étaient systématiques sur les routes menant à Seleia et Jebel Moon. Un représentant de MSF et son équipe sont allés évaluer les conditions de vie et la situation médicale de nouveaux déplacés qui fuyaient les raids armés dans le village de Tanjeke. Ces déplacés avaient gravement besoin de matériel de base tel que des jerrycans, des couvertures et des bâches en plastique pour leurs abris ; ils vivaient dans la peur en raison de la proximité des milices pro-gouvernementales. Au retour, le véhicule de MSF a été arrêté par des hommes armés et un grave incident a été évité de peu grâce aux compétences de notre personnel national en matière de négociation. Mettre sur pied une assistance efficace dans ces conditions reste extrêmement périlleux. Comme dans beaucoup de situations de guerre, nos équipes au Darfour atteignent leurs limites pour aider efficacement les civils

des zones isolées, qui affirment régulièrement leur besoin de protection. Bien que les violences massives de 2003/2004 soient passées, certaines zones sont encore exposées à des tactiques militaires similaires : raids soudains, incendies de villages, viols de femmes et mesures de rétorsion contre les hommes. Un aspect notoire de la crise au Darfour a été la production d’images concurrentes par les parties au conflit. Le Gouvernement soudanais ne cesse bien sûr de nier sa responsabilité directe, blâmant les forces rebelles pour leur comportement et les divisions. En revanche, dans leurs descriptions de la réalité sur le terrain, les médias n’ont pas vraiment intégré la stabilisation des camps ni le fait qu’en 2006 la mortalité due aux violences directes était nettement inférieure à celle de 2003 et 2004 (d’après les données de l’ONU). Certains appels à une intervention militaire de l’OTAN, susceptible d’ajouter un autre niveau au conflit, ont menacé l’acceptation du travail humanitaire sur le terrain par les différentes parties, et mis en péril les principes d’indépendance et de neutralité.

« Les familles de déplacés n’ont d’autre avenir que de rester piégées dans les camps » Par le passé, MSF a maintes fois critiqué le lien établi entre assistance humanitaire et objectifs de politique internationale, tels que la paix et la justice, ou la façon dont les gouvernements utilisent l’aide humanitaire comme un argument pour intervenir, ou s’en abstenir. En 2003/2004, alors que d’intenses massacres avaient lieu au Darfour, la communauté internationale a délibérément choisi de ne pas faire pression sur le Gouvernement de Khartoum afin d’assurer la signature d’un accord de paix global, négocié avec le SPLA. Comme d’autres pays, les États-Unis et la Chine, en tant que membres du Conseil de sécurité, ont des enjeux stratégiques au Soudan, allant de la coopération en matière de renseignements au développement de la production pétrolière. Dans ce contexte et malgré la rhétorique, il était clair dès le départ qu’il faudrait obtenir le consentement de Khartoum pour toute initiative au Darfour. Le déploiement d’une force onusienne de maintien de la paix pourrait dès lors avoir lieu près de quatre ans après le pic de violence. Les propositions d’ouvrir des « couloirs humanitaires » en 2007 sont presque hors de propos puisque ces couloirs existent déjà. En fin de compte, bien que l’accès au Darfour reste très réglementé par la volonté des groupes armés et des autorités, l’assistance humanitaire a été vitale pour les millions de personnes qui en dépendent. Pour MSF, être présent implique la responsabilité d’obtenir l’accès aux zones coupées de toute assistance et, en cas d’obstacles, de témoigner sur ce que vivent nos équipes. L’impartialité et l’indépendance sont des nécessités absolues pour réaliser notre mission sociale.


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Maladie de Chagas Décrite pour la première fois par le médecin brésilien Carlos Chagas, cette maladie parasitaire se rencontre presque uniquement sur le continent américain, même si des cas ont été signalés aux États-Unis et en Europe en raison de l’expansion des voyages au niveau mondial. Cette maladie potentiellement mortelle atteint le cœur et les systèmes nerveux et digestifs. Elle est transmise par des insectes hémato­ phages vivant dans les fissures des murs et des toits des maisons en torchis, courantes dans les zones rurales et dans les bidonvilles urbains d’Amérique latine. Les symptômes de l’infection mettent parfois des années à se manifester. Se développant progressivement, elle cause des dommages irréversibles au cœur, à l’œsophage et au côlon, réduisant l’espérance de vie de dix ans en moyenne. Chez l’adulte, cette maladie est une cause fréquente de décès par insuffisance cardiaque. Le traitement, qui doit être administré aux premiers stades de l’infection, n’est efficace que dans la phase aiguë et asymptomatique de la maladie chez les enfants. Le diagnostic, difficile à établir, nécessite deux ou trois prises de sang. Peu de médicaments ont été développés pour traiter cette maladie et le protocole actuel, qui s’étend sur un ou deux mois, peut être toxique. Chez les adultes présentant une forme chronique de la maladie, il n’existe d’autre traitement que la prise en charge des symptômes. Les programmes MSF consacrés à la maladie de Chagas en Bolivie et au Guatemala se concentrent sur l’éducation, la prévention, le dépistage et le traitement des enfants. Par sa Campagne pour l’Accès aux Médicaments Essentiels, MSF réclame un accroissement de la recherche-développement sur cette maladie. MSF a traité 556 patients atteints de la maladie de Chagas en 2006.

Choléra Le choléra, du grec signifiant diarrhée, est une infection gastro-intestinale aiguë d’origine hydrique, causée par la bactérie Vibrio cholerae et transmise par l’eau et les aliments contaminés. L’infection peut se propager rapidement et causer des épidémies soudaines de grande ampleur.

Si cette maladie n’entraîne qu’une légère infection chez la plupart des personnes infectées, elle peut revêtir une forme très sévère, causant de fortes diarrhées et vomissements, et menant à une déshydratation sévère et à la mort en l’absence de traitement rapide. Le traitement préconisé vise à remplacer les fluides et les sels avec une solution de réhydratation administrée oralement ou par intra­ veineuse. MSF a élaboré des kits de traitement du choléra pour des interventions rapides et crée des centres de traitement du choléra (CTC) dans les zones touchées par des épidémies. Les mesures de prévention et de contrôle incluent un approvisionnement adéquat en eau potable et des pratiques d’hygiène strictes. MSF a traité 88.732 patients atteints du choléra en 2006.

VIH/SIDA Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) se transmet via le sang et les fluides corporels et affaiblit graduellement le système immunitaire – généralement sur une période de trois à dix ans – causant le syndrome d’immunodéficience acquise, ou sida. Le système immunitaire étant affaibli, plusieurs infections opportunistes (candidose, pneumonie et diverses formes de tumeurs) peuvent se développer. Certaines peuvent être traitées mais d’autres, telle la tuberculose, sont mortelles. Beaucoup de gens restent des porteurs sains pendant des années et peuvent ignorer leur séropositivité. Un simple test sanguin suffit à confirmer le statut VIH. Les antirétroviraux, des associations de médicaments, aident à combattre le virus et permettent de vivre plus longtemps en meilleure santé. Leur présentation en cachets uniques (combinaisons à doses fixes ou CDF) facilite le respect du traitement. Les programmes complets de MSF pour le VIH/sida comportent généralement des activités d’éducation et de sensibilisation pour prévenir la propagation du virus, des distributions de préservatifs, des dépistages du VIH couplés à du counseling avant et après le test, le traitement et la prévention des infections opportunistes, la prévention de la transmission mère-enfant et des

traitements antirétroviraux pour les patients à un stade avancé de la maladie. En 2006, MSF a traité plus de 178.000 patients atteints du VIH/sida, et fourni des antirétroviraux à plus de 88.000 personnes.

Trypanosomiase africaine (maladie du sommeil) Cette maladie parasitaire se rencontre en Afrique sub-saharienne et se transmet par la piqûre de certaines espèces de mouches tsé-tsé tropicales. Responsable de plus de 90% des cas signalés, le parasite Trypanosoma brucei gambiense (T.b.g) attaque le système nerveux central, provoquant de graves troubles neurologiques, mortels en l’absence de traitement. Au premier stade, la maladie est, par ses symptômes non spécifiques (fièvre et atonie), difficile à diagnostiquer mais relativement aisée à soigner. Au deuxième stade, le parasite envahit le système nerveux central, déclenchant des symptômes neurologiques ou psychiatriques, tels qu’une mauvaise coordi­ nation, une confusion mentale ou des convulsions. Les personnes infectées peuvent souffrir d’insomnie la nuit mais de somnolence incoercible le jour. A ce stade, l’établissement d’un diagnostic précis nécessite une ponction lombaire. Le traitement, douloureux, requiert des injections quotidiennes. Le médicament le plus courant, le Mélarsoprol, mis au point en 1949, est un dérivé de l’arsenic, hautement toxique et inefficace dans plus de 30% des cas dans certaines zones d’Afrique, qui tue jusqu’à 5% des malades. Dans ses projets, MSF utilise l’Eflornithine, une solution plus sûre, plus récente, bien qu’assez difficile à administrer parce qu’elle requiert une intraveineuse et un protocole de traitement compliqué. Par le biais de sa Campagne pour l’Accès aux Médicaments Essentiels, MSF s’emploie à assurer la production et la fourniture d’Eflornithine, et demande instamment une recherche-développement orientée vers l’élaboration de tests de diagnostic précis et de médicaments faciles à utiliser. MSF a admis 1.348 patients en traitement pour la trypanosomiase africaine humaine en 2006.

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Glossaire médical


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Leishmaniose (kala-azar) Pratiquement inconnue dans les pays déve­ loppés, cette maladie parasitaire tropicale est provoquée par une des 20 variétés de Leishmania et transmise par les piqûres de certains phlébotomes. Sa forme la plus sévère est la leishmaniose viscérale, ou kala-azar (signifiant fièvre noire en hindi). Plus de 90% des cas se rencontrent au Bangladesh, au Brésil, en Inde, au Népal et au Soudan. Non traitée, elle est presque toujours mortelle. Le kala-azar attaque le système immunitaire, causant fièvres, perte de poids, anémie et dilatation de la rate. Les tests de diagnostic actuels posent problème : invasifs ou potentiellement dangereux, ils requièrent des laboratoires et des spécialistes, difficilement disponibles dans les régions pauvres. Le traitement, d’une durée de 30 jours, repose sur des injections quotidiennes douloureuses, le plus souvent de stibogluconate de sodium (SSG), un médicament assez cher, découvert dans les années 1930, qui cause une réaction toxique chez certains patients. La co-infection par la leishmaniose et le VIH devient une menace croissante. Ces deux maladies attaquent et affaiblissent le système immunitaire, chacune rendant le sujet moins résistant à l’autre, et le traitement, moins efficace.

personnes présentant de la fièvre et traitées pour le paludisme n’est peut-être pas infectée par le parasite. Pour établir un diagnostic précis, MSF pratique un comptage des parasites au microscope ou un test rapide sur bandelette réactive. Des médicaments antipaludiques existent. Du fait de son prix, son efficacité et ses effets secondaires limités, la chloroquine a jadis été le traitement idéal contre le plasmodium falciparum ; toutefois, elle a beaucoup perdu de son efficacité ces dernières décennies. MSF a prouvé, par ses recherches sur le terrain, que la polythérapie à base d’artémisinine (ACT) constitue aujourd’hui le traitement le plus efficace contre ce type de paludisme, et demande aux gouvernements africains de changer les protocoles de traitement pour passer à l’ ACT. Si beaucoup de pays ont adopté cette modification sur le papier, dans bien des cas le médicament n’est toujours pas disponible pour les patients. MSF a traité 1,8 million de personnes atteintes de paludisme en 2006.

Méningite

Paludisme

La méningite à méningocoque, causée par la bactérie Neisseria meningitidis, est une infection bactérienne contagieuse et potentiellement mortelle des méninges, la fine membrane qui entoure le cerveau et la moelle épinière. Certaines personnes peuvent être infectées sans manifester de symptômes, et transmettre la bactérie à d’autres par des gouttelettes de secrétions respiratoires ou pharyngées, par exemple lorsqu’elles toussent ou éternuent. L’infection peut causer des accès soudains de maux de tête, de la fièvre, des nausées, des vomissements, une sensibilité à la lumière et une raideur du cou. La mort peut intervenir dans les heures suivant l’apparition des symptômes.

Causé par quatre espèces du parasite Plasmodium, le paludisme est transmis par des moustiques infectés, surtout pendant la saison des pluies, et frappe essentiellement les communautés pauvres et rurales, les habitants des bidonvilles et les réfugiés. Il provoque de la fièvre, des douleurs articulaires, des céphalées, des vomissements répétés, des convulsions et le coma. Non traité, le paludisme causé par le plasmodium falciparum peut être mortel.

Sans traitement adéquat, la méningite bactérienne est mortelle dans 50% des cas. L’examen d’un échantillon de liquide céphalorachidien permet d’établir un diagnostic correct ; mais même avec un traitement antibiotique adéquat, cinq à dix pour cent des personnes infectées mourront, et un cinquième des survivants souffriront de séquelles allant de la perte d’audition à des difficultés d’apprentissage.

Le diagnostic est souvent établi sur la seule base de symptômes cliniques, tels que la fièvre et des maux de tête. En Afrique, la moitié des

La méningite apparaît sporadiquement dans le monde entier, mais la majorité des cas et des décès se produisent en Afrique, en particulier

MSF, par le biais de sa Campagne pour l’Accès aux Médicaments Essentiels, demande un renforcement des recherches pour des techniques appropriées de diagnostic, et des médicaments abordables pour traiter cette maladie négligée. MSF a traité 5.010 patients atteints de la leishmaniose en 2006.

dans une bande s’étendant géographiquement du Sénégal à l’Éthiopie, appelée la « ceinture de la méningite », où des épidémies se produisent régulièrement. La vaccination est le mode de protection reconnu contre cette maladie. MSF a traité 5.337 cas et vacciné 1,8 million de personnes contre la méningite en 2006.

Tuberculose Un tiers de la population mondiale est actuellement porteuse du bacille de la tuberculose (TB). Chaque année, neuf millions de personnes développent la forme active de la maladie et deux millions en meurent. 95% des cas se rencontrent dans les pays pauvres. Cette maladie attaque les poumons et se transmet par l’air lorsque les personnes infectées toussent, éternuent ou parlent. L’infection n’entraîne pas nécessairement la maladie, et 10% des personnes (séronégatives) infectées développeront la forme active de la tuberculose à un moment de leur vie, présentant une toux persistante, de la fièvre, une perte de poids, des douleurs thoraciques et des difficultés respiratoires menant à la mort. La tuberculose est une infection opportuniste courante, et la cause principale de décès chez les séropositifs. Les médicaments utilisés pour traiter la tuberculose datent des années 1950. La durée de traitement est de six mois. Une gestion et un respect inadéquats du traitement expliquent l’apparition de nouvelles souches du bacille, résistantes aux médicaments habituellement prescrits. La tuberculose multirésistante n’est pas incurable, mais son traitement entraîne de nombreux effets secondaires et peut durer jusqu’à deux ans. MSF a traité 29.000 personnes atteintes de tuberculose en 2006.


29 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Les projets de MSF à travers le monde Afrique

© Gaël Turine, Niger


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Afrique Maroc

Mali Niger

Tchad Soudan

Burkina Faso

GUINÉE Sierra Côte Leone d’Ivoire Libéria

Nigeria

ÉTHIOPIE

CAMEROUN

République centrafricaine Ouganda

31 | Angola

43 | Malawi

32 | Burkina Faso

44 | Mali

32 | Burundi

44 | Maroc

32 | CAMEROUN

45 | Mozambique

34 | République

46 | Niger

centrafricaine

48 | Rwanda

35 | R épublique

49 | Sierra Leone

36 | République

50 | Somalie 52 | Soudan

du Congo

54 | Ouganda

38 | ÉTHIOPIE

55 | Zambie

39 | GUINÉE

56 | Zimbabwe

40 | Kenya 42 | Lesotho 42 | Libéria

Kenya

Malawi Zambie Zimbabwe

51 | Afrique du sud

démocratique

40 | Côte d’Ivoire

Angola

48 | Nigeria

34 | Tchad du Congo

République République du Congo démocratique Rwanda du Congo Burundi

Somalie

Mozambique

Lesotho Afrique du sud


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ANGOLA Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 878

Arrivé en Angola en 1983 pour répondre aux urgences médicales liées au conflit, MSF a étendu ses activités sur les plans géographique et médical en fonction des besoins détectés. MSF a renforcé l’offre de soins de base, notamment pour la tuberculose, le VIH/sida et la trypanosomiase africaine (maladie du sommeil) mais a aussi régulièrement fait face à des épidémies de méningite, rougeole, choléra et fièvre hémorragique et à d’autres problèmes de santé, dont des crises nutritionnelles. L’accord de paix signé il y a cinq ans a mis fin à 27 ans de guerre civile en Angola. L’État poursuivant la remise en état du système de santé et développant une infrastructure de soins adéquate, MSF a, en 2006 et 2007, graduellement transféré ses activités à des ONG de développement gouvernementales, locales et internationales. Avant son retrait définitif, MSF s’est employé à combattre des épidémies de choléra. S’ajoutant à l’urbanisation rapide, aux lacunes des systèmes de distribution d’eau et d’assainissement, et à la désorganisation du système de santé publique, des pluies torrentielles ont, en février 2006, précipité la plus grave épidémie de choléra qu’ait connue le pays. MSF a soigné plus de 26.000 personnes pendant cette intervention, achevée en septembre. En novembre 2006, l’épidémie sévissait à Lubango, dans la province de Huila ; MSF y a lancé une intervention qui a duré jusqu’en janvier 2007, et traité environ 6.000 patients.

MSF transfère ses derniers projets en 2006/2007 • À Kuito (province de Bié), MSF s’est désengagé du programme tuberculose de l’hôpital provincial, qui traitait environ 500 patients. Précédemment soutenue par MSF, la gestion générale de l’hôpital a été transférée aux autorités angolaises fin 2003.

© Claude Mahoudeau

Environ 200 personnes ont bénéficié de ce projet, qui a été repris par le ministère de la Santé fin 2006.

En 2006, MSF a traité près de 20.000 paludéens, réalisé 9.766 tests du VIH, et admis 181 séropositifs dans un programme de traitement.

• À Cuemba (province de Bié), MSF a transformé un dispensaire en hôpital municipal proposant des soins primaires et secondaires de qualité aux résidents et aux réfugiés rentrant au pays, soit une population cible de 84.000 personnes. Le projet de Cuemba a été transféré au ministère de la Santé fin 2006.

• Entre janvier 2006 et avril 2007, MSF a aidé en moyenne 270 femmes enceintes par mois dans la clinique de Xa-Muteba (province de Lunda Norte). Ce projet a été transféré au ministère de la Santé en mai 2007.

• Un centre de traitement du paludisme à Kuito a été transféré aux autorités locales. Suite à plusieurs études sur la résistance à divers antipaludiques, de nouveaux protocoles de traitement reposant sur la polythérapie à base d’artésunate ont été introduits à l’hôpital de Kuito ainsi que dans les dispensaires.

• Le projet de Mavinga (province de Cuando Cubango), a été transféré au ministère de la Santé. Depuis le cessez-le-feu de 2002, MSF soutenait l’hôpital local de cette zone très isolée de l’Angola où vivent environ 80.000 personnes.

• MSF a aidé l’hôpital de 80 lits de Camacupa et quatre dispensaires à prendre en charge la tuberculose, le paludisme et la malnutrition.

• Repris en mai 2007 par les autorités sani­ taires, le projet de Malanje ciblait depuis 2003 le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.

En août 2007, MSF s’est totalement retiré de l’Angola. MSF a travaillé en Angola de 1983 à 2007.


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BURKINA FASO

BURUNDI

Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 111

Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 364

À la mi-février 2007, une épidémie de méningite s’est déclarée au Burkina Faso. La semaine suivante MSF a commencé à soutenir les autorités sanitaires et à soigner les malades. À la fin de cette intervention d’urgence, MSF avait traité 1.500 personnes à Ouagadougou, la capitale.

Deux ans après l’élection de Pierre Nkurunziza à la Présidence en 2005, les derniers groupes rebelles ont signé des trêves avec le gouvernement et, en février 2007, les casques bleus de l’ONU ont pu mettre fin à leur mission. La phase d’urgence critique passée, MSF s’est consacré à combler les lacunes des services de santé, surtout dans le domaine de la santé des femmes. En novembre 2006, MSF a lancé un nouveau projet dans la vaste province de Bujumbura Rural (780.000 habitants), jouxtant la capitale. Il utilise la radio, des ambulances et du personnel qualifié pour transférer les femmes présentant des problèmes obstétriques depuis une dizaine de dispensaires vers des cliniques de qualité à Bujumbura, où MSF

CAMEROUN © Anthony Jacopucci

MSF a vacciné environ un million de personnes contre la méningite

Décentraliser les traitements contre le VIH/sida

la distribution de traitements contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le VIH/sida, des soins gynécologiques et obstétriques, un soutien psychologique aux victimes de violences sexuelles et une aide juridique. Le projet a aidé environ 300 filles depuis ses débuts en 2005. Près de la moitié de ces patientes ont ou ont eu un enfant. Le projet vise à améliorer la santé de ces enfants en éduquant les mères à la santé infantile, et en les orientant vers des centres de santé.

En 2006/2007, MSF a poursuivi son projet contre le VIH/sida à Pissy, où 1.600 consultations en moyenne sont assurées chaque mois. Depuis le début du projet en 2003, 2.556 patients ont reçu un traitement antirétroviral (ARV). MSF s’efforce de décentraliser les soins afin que les malades les reçoivent près de chez eux, et de promouvoir l’autonomie des patients grâce au soutien communautaire.

Initialement, MSF se limitait à orienter et à accompagner ces jeunes filles dans les structures sanitaires publiques pour éviter qu’elles ne soient stigmatisées et pour améliorer la qualité des soins dispensés par les équipes médicales. Depuis 2007, MSF s’efforce de fournir plus directement des services médicaux aux adolescentes des rues.

Aide aux adolescentes de Ouagadougou

MSF travaille au Burkina Faso depuis 1995.

En mars, MSF a pris en charge la vaccination contre la méningite de quelque 540.000 personnes vivant dans le district de santé de Pissy, le plus peuplé de Ouagadougou. Le mois suivant MSF a vacciné environ un million de personnes dans quatre régions rurales : Manga, Po, Zabre dans le sud et Gorom-Gorom dans le nord.

A Ouagadougou, MSF gère un programme pour filles des rues de 9 à 20 ans, comprenant

Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 90

L’ulcère de Buruli, une infection due au mycobacterium ulcerans, est une maladie émergente en Afrique centrale et occidentale. Apparenté à la tuberculose et à la lèpre, il entraîne une ulcération de la peau, princi­ palement des bras et des jambes, et une destruction des tissus et os sousjacents. Non traité, il peut causer une invalidité permanente, et l’amputation des membres infectés. Au Cameroun, cette maladie atteint les habitants de plusieurs provinces de la zone de la Forêt équatoriale, avec des « nids » de haute prévalence le long des fleuves à courant lent. Les districts d’Akonolinga et d’Ayos (province du Centre), figurent parmi les plus touchés. Ces deux villes sont au cœur de la zone d’épidémie, à moins d’une heure l’une de l’autre. En 2002, MSF a établi le « Pavillon Buruli » à l’Hôpital de district d’Akonolinga. Devenu centre de référence pour le traitement gratuit de la maladie via des médicaments et des


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Ailleurs, MSF s’emploie depuis 1995 à améliorer l’accès aux soins dans la province de Karuzi en soutenant 12 dispensaires et l’hôpital provincial. Des activités visent aussi la pré-

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

paie les coûts de leur traitement. Fin juin 2007, ce projet avait pris en charge 481 femmes, avec un nombre accru de transferts. Ce système temporaire garantit un accès gratuit à de bons soins obstétriques d’urgence, durant la construction, dans la région de Kabezi, d’une clinique de MSF équipée pour traiter les accouchements compliqués. À Bujumbura même, le Centre Seruka, une clinique pour les femmes ouverte par MSF en 2003, continue d’offrir des soins médicaux et psychologiques, des traitements des maladies sexuellement transmissibles et des services de planning familial aux survivantes de violences sexuelles. Il assure en moyenne 300 consultations par mois et a aidé plus de 4.720 victimes de violences sexuelles depuis sa création. Malgré la fin du conflit ouvert, les viols restent nombreux : la clinique de MSF soigne environ 120 nouvelles patientes par mois, dont 15% ont moins de cinq ans.

vention du paludisme. Vu l’amélioration de la situation sanitaire dans la région et la participation accrue des donateurs à des initiatives de santé, MSF transférera le projet de Karuzi au ministère de la Santé fin 2007. Dans le district de Ruyigi, MSF offre des soins primaires via 11 dispensaires et soutient deux hôpitaux. MSF a transféré au ministère de la Santé quatre cliniques et un hôpital à Musema (province de Kayanza) à la fin mai 2007, puis sept cliniques et un hôpital à Kininya, en juillet. Au total, MSF a assuré 370.000 consultations, traité 108.000 paludéens et pris en charge les soins aux patients hospitalisés, dont 4.300 femmes ayant accouché. En outre, MSF a réalisé 600 tests du VIH et adressé de nombreux cas positifs au ministère de la Santé pour traitement anti­ rétroviral (ARV). MSF continue à presser le gouvernement burundais d’améliorer l’accès à des soins bon marché car le système actuel de recouvrement des coûts exclut beaucoup de patients.

© Jennifer Warren

MSF s’est consacré à combler les lacunes des services de santé

MSF travaille au Burundi depuis 1992.

traitement antirétroviral, et permettre à MSF de se retirer progressivement de Yaoundé. MSF cherche également à décentra­ liser les soins administrés à Douala vers les structures sanitaires du district de New Bell et de l’Église catholique.

Aide aux réfugiés centrafricains

© Jean-Pierre Amigo

interventions chirurgicales, le Pavillon a traité plus de 500 patients depuis sa création. On ignore encore comment la maladie se transmet et se développe. La prévention, le diagnostic et le traitement sont complexes, et ce d’autant plus que beaucoup attribuent cette maladie à une cause « mystique », à une malédiction. Il est urgent de mettre au point un test de dépistage précoce qui soit abordable, rapide et non invasif, ainsi que de nouveaux antibiotiques qui puissent remplacer les traitements antituberculeux administrés actuellement.

Traiter les patients atteints du VIH/sida En 2000, MSF a lancé un projet pilote de lutte contre le VIH/sida ; MSF suit quelque 6.000 malades du sida à l’hôpital du district de Nylon, à Douala, et plus de 800 à l’hôpital de Djoungolo, à Yaoundé. MSF s’efforce de simplifier la gestion du VIH/ sida pour garantir la prise en charge des patients, dans un pays où le traitement est gratuit mais qui souffre d’un manque cruel de personnel médical. Cette simplification devrait contribuer à assurer la continuité du

En juillet 2007, plus de 26.000 personnes (parmi les 78.000 ayant fui la guerre civile qui sévissait depuis trois ans en République centrafricaine) avaient trouvé refuge dans une dizaine de sites le long de la frontière est du Cameroun. Le manque de protection et d’assistance et la forte détérioration de la situation médicale et nutritionnelle ont poussé MSF, en juillet, à presser d’autres acteurs humanitaires d’intervenir. MSF a distribué des rations alimentaires complémentaires dans la province de l’Est où plus de 12 tonnes de nourriture ont été fournies à 2.398 mères et enfants. Ceci s’est accompagné d’une stratégie de prise en charge médiconutrition­ nelle des cas les plus urgents, en collaboration avec le ministère de la Santé publique. MSF travaille au Cameroun depuis 2000.


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République centrafricaine

Tchad

Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie Personnel de terrain 448

Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 802

L’insécurité chronique, alimentée par les rebelles et les forces gouvernementales, a fréquemment perturbé l’aide médicale de MSF en République centrafricaine en 2006/2007. Le 11 juin 2007, toutes les activités ont été brutalement suspendues après la mort par balle d’Elsa Serfass, une volontaire de MSF. Un mois plus tard, à l’issue de discussions avec toutes les parties au conflit et d’une évaluation attentive de l’espace humanitaire, MSF n’avait repris que certaines activités. Les combats opposant le gouvernement et diverses factions rebelles dans le nord du pays depuis fin 2005 ont entraîné des déplacements massifs de populations. Soupçonnés de soutenir l’un ou l’autre belligérant, les civils sont les cibles systématiques de groupes armés ou victimes d’échanges de tirs. De nombreux villages ont été pillés ou brûlés, forçant leurs habitants à fuir. Ceux-ci se font aussi attaquer ou voler par des bandits profitant de l’état général de non-droit. À la mi-2007, quelque 70.000 personnes s’étaient réfugiées au Cameroun et au Tchad voisins mais 200.000 restaient cachées dans la brousse, exposées aux intempéries, vivant dans des abris de fortune, sans couvertures ni moustiquaires, et manquant de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux.

humanitaires n’ont pu évaluer les besoins de la population civile de ces zones. Lorsque, mi-décembre, l’accès à la province de Vakaga a enfin été obtenu, MSF a offert les seuls soins médicaux disponibles dans la région. L’insécurité a perduré, avec des attaques disséminées et de constantes intimidations dans le nord-ouest. Pendant les cinq premiers mois de 2007, MSF a traité plus de 95.000 patients, dont plus d’un tiers dans des cliniques mobiles. Vu les menaces et la violence – dont des attaques ciblées contre les travailleurs humanitaires – il demeure extrêmement difficile d’atteindre la population. MSF travaille en République centrafricaine depuis 1997.

Les déplacés, notamment, courent de graves risques sanitaires : infections respiratoires, maladies diarrhéiques, morsures de serpents,... Apeurés, ils n’osent se rendre dans des centres de santé, pour la plupart abandonnés depuis longtemps. En 2006/2007, MSF s’est attaché à fournir une assistance médicale aux populations touchées par le conflit via un réseau de cliniques mobiles, d’hôpitaux et de centres de santé répartis dans le nord-ouest à Kabo, Batangafo, Kaga Bandoro, Markounda, Paoua, Boguila, ainsi que dans le nord-est, à Birao et Gordil. En 2006, MSF a assuré plus de 145.000 consultations médicales ambulatoires, réalisé des opérations chirurgicales urgentes et traité des patients atteints notamment de tuberculose, du VIH/sida et de la maladie du sommeil. MSF est l’une des seules organisations humanitaires présentes en maints endroits ; mais en 2006/2007, nombre d’activités ont été suspendues en raison de l’insécurité. Fin octobre 2006, un groupe rebelle (UFDR) a attaqué Birao, dans le nord-est du pays, se dirigeant rapidement vers le sud. Pendant plus d’un mois, MSF et d’autres organisations

© Harald Henden

Le besoin d’aide humanitaire s’est fortement accru dans l’est du Tchad depuis juillet 2006. Les affrontements entre forces gouvernementales et rebelles, combinés aux incursions militaires depuis le Darfour voisin, ont alimenté une crise civile locale qui a fait de nombreux morts et blessés et des milliers de déplacés parmi les Tchadiens. Malgré les conditions de sécurité, MSF a pu intensifier son assistance envers les déplacés internes tchadiens, sans restreindre l’aide aux réfugiés du Darfour. Dans le sudouest du pays, MSF aide les réfugiés de République centrafricaine et lutte contre le paludisme depuis 2003. Assistance soutenue aux réfugiés du Darfour Depuis 2003, quelque 200.000 réfugiés du Darfour vivent dans des camps dans l’est du Tchad. Traumatisés par les événements vécus au Darfour, beaucoup continuent à craindre des attaques en dehors des camps ou un retour forcé au Soudan. Leur situation reste critique car ils dépendent totalement de l’aide internationale, qui peut varier en fonction de la sécurité ou du financement.

© Lena Westerberg

La population vit dans des abris de fortune, sans couvertures ni moustiquaires

MSF dispense des soins médicaux, notamment maternels et pédiatriques, ainsi qu’un soutien psychologique à plus de 100.000 réfugiés dans les camps d’Iridimi, Touloum, Farchana et Breidjing et à la population tchadienne des environs. MSF traite les conséquences des violences sexuelles et la malnutrition, fournit une éducation à la santé et


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RÉPUBLIQUE DU CONGO (CONGOBRAZZAVILLE) Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 191

Après plus d’une décennie de troubles et de guerre, un traité de paix a été signé entre les rebelles et le gouvernement congolais en 2003. Certaines franges des milices (les Ninjas) demeurent actives dans la région du Pool (sud), mais la situation n’est plus considérée comme une urgence et MSF a commencé à transférer ses projets. participe à la lutte contre les maladies contagieuses. Dans les hôpitaux d’Adré et d’Iriba, les équipes chirurgicales de MSF pratiquent des opérations électives et urgentes pour les réfugiés, les résidents et les déplacés tchadiens.

Assurer des soins face aux flambées de violence Dans l’est du Tchad, les violences civiles persistantes ont porté le nombre de déplacés internes de 40.000 en mai 2006 à 170.000 en juin 2007, les habitants de la région ralliant les camps et les sites pour déplacés internes autour de Goz Beïda, Koukou, Am Timan, Am Dam et Dogdoré, où MSF est présent depuis juillet 2007 (ainsi qu’à Adé et Arkoum). Les déplacés sont particulièrement traumatisés. Mal logés, manquant de nourriture, d’eau potable et d’un véritable accès aux soins, ils ont longtemps été négligés par l’aide inter­ nationale – d’où une situation d’urgence sanitaire, en particulier sur le plan de la malnutrition. Malgré les mauvaises conditions de sécurité, MSF a fourni des soins primaires et secon­ daires, de l’eau potable, de la nourriture et une aide matérielle pour améliorer les abris, tout en essayant de suivre les populations dans leur déplacement. Entre avril et juin, vu les taux croissants de malnutrition, MSF a mis sur pied des projets nutritionnels et accru sa capacité d’hospitalisation.

Soutenir les réfugiés de République centrafricaine Depuis juin 2005, des dizaines de milliers de villageois ont fui l’intensification de la vio-

lence en République centrafricaine. Beaucoup se cachent encore dans la brousse et plus de 45.000 se sont rassemblés dans le sud du Tchad, autour de la ville de Goré. MSF a aidé les camps, fournissant eau, installations d’assainissement et soins jusqu’en avril 2007, et continue à soutenir tous les services de l’hôpital de district de Goré pour offrir des soins secondaires et chirurgicaux aux réfugiés et résidents locaux.

Combattre le paludisme avec des stratégies novatrices Le paludisme est préoccupant dans le district méridional de Bongor : en 2004, une enquête de MSF a révélé une mortalité parmi les enfants de moins de cinq ans proche du niveau d’urgence. Lors du lancement du projet de prévention et de traitement du paludisme en 2003, MSF s’est heurté à un grave manque de personnel soignant local et à une forte résistance au traitement habituel. De plus, la zone est souvent inondée et partiellement inaccessible à l’aide médicale pendant de longues périodes. Pour vaincre ces obstacles, MSF a introduit une stratégie thérapeutique utilisant une polythérapie à base d’artémisinine (ACT) et a décentralisé les soins en autonomisant la population locale. Entre juillet 2006 et juin 2007, 88.000 personnes ont bénéficié de ce projet, soit 20% du nombre total de paludéens traités dans le pays. MSF travaille au Tchad depuis 1981.

MSF a continué à soutenir les hôpitaux et cliniques communautaires dans les districts de Kindamba, Mindouli et Vindza. Les services médicaux incluent les soins pré- et postanatals, les soins obstétriques d’urgence, l’éducation à la santé, le counseling et traitement et des patients séropositifs, paludéens et tuberculeux, et le soutien psychologique. En 2006, plus de 75.000 patients ont bénéficié de traitements ambulatoires, et plus de 4.300 patients ont été hospitalisés.

Maladie du sommeil en régression En 2006/2007, une clinique mobile de MSF a soigné les patients affectés par la trypanosomiase africaine (maladie du sommeil). Dans les districts de Cuvette, Pool et Bouenza, 220 des 22.059 personnes ayant subi un dépistage étaient positives. Le programme a été évalué en 2007, la maladie ayant été éradiquée dans de nombreuses régions et moins de personnes la contractant. Début 2008, MSF continuera à soigner ces personnes.

Épidémie de choléra Début 2007, MSF a réagi en urgence à une épidémie de choléra à Pointe-Noire et Brazzaville, et aidé le ministère de la Santé à traiter les patients en fournissant des unités de traitement du choléra et des points de réhydratation orale. En avril, MSF avait traité environ 4.000 personnes et formé le personnel du ministère à la gestion d’un centre de traitement du choléra. En 2008, MSF continuera autant que possible à transférer ses programmes au ministère de la Santé et à d’autres fournisseurs de services. MSF travaille au Congo-Brazzaville depuis 1997.

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La zone est souvent inondée et partiellement inaccessible à l’aide médicale pendant de longues périodes


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République démocratique du Congo Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 3.084

La violence étant un problème majeur dans cette zone, MSF offre des soins médicaux et psychologiques intégrés © Ryo Kameyama

Le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC) a atteint son apogée en novembre 2006, avec l’élection de Joseph Kabila à la Présidence. Malgré le retour d’une certaine stabilité politique, le pays est épuisé après 50 années d’effusions de sang, et les besoins sanitaires y sont énormes. L’accès aux soins est limité voire inexistant pour la grande majorité de la population, des épidémies sévissent régulièrement et la violence continue, surtout dans l’est du pays. Plusieurs années après la fin officielle de la guerre, MSF conserve plus de 3.000 collaborateurs sur le terrain et maintient son Pool d’Urgence Congo dans toute la RDC. À partir de leurs bases à Lubumbashi, Kisangani et Kinshasa, les équipes peuvent se rendre presque partout et répondre à environ dix alertes médicales par mois.

MSF reste présent au Katanga, avec des projets de grande ampleur notamment à Kilwa, Shamwana, Dubie et Pweto, dans l’est de la région. La série d’épidémies de 2006/2007 a clairement souligné le dénuement de cette zone. En août 2006, MSF a ouvert deux centres et 14 unités de traitement du choléra à Kikondja. De janvier à mai 2007, MSF est intervenu pour le choléra et la rougeole à Kabundo, Dianga, et a vacciné 120.000 enfants dans la zone de Bukama et 37.000 à Nyunzu après une épidémie de rougeole en mai et juin. En juin, MSF a aussi commencé à soigner des enfants atteints de la rougeole à Mukanga et Kasenga.

La stabilité permet à des organisations plus axées sur le développement de s’installer, et MSF a pu réduire certaines de ses activités. MSF est intervenu dès 2002 à Ankoro (au Katanga, dans le sud-est), où passait alors la ligne de front, afin d’apporter des soins médicaux aux victimes de violences et d’épidémies. Après le bombardement de la ville, MSF a rénové l’hôpital pour en faire un centre de référence fonctionnel. En juin 2007, la situation s’était suffisamment améliorée pour que MSF se retire.

En janvier 2007, une épidémie de méningite a été confirmée dans la zone d’Adi, dans l’est de la RDC. En sept jours, une équipe de 52 personnes a vacciné tous les individus âgés de 2 à 30 ans, couvrant 18 zones sanitaires et 80.000 habitants.

Alors que la flambée de violence entre rebelles et soldats gouvernementaux qui s’est produite fin 2005 et début 2006 a pratiquement cessé,

Les brèves épidémies ne sont pas les seules menaces sérieuses pour la santé. Face à la propagation du sida, MSF continue à dispenser

des soins globaux dans la capitale, Kinshasa, ainsi qu’à Kilwa, dans le Katanga, et Bukavu et Dungu, dans l’est du pays. En juillet 2007, plus de 3.000 patients recevaient des antirétroviraux. D’autres maladies, telles que la maladie parasitaire mortelle appelée « maladie du sommeil » ou trypanosomiase africaine humaine (TAH), continuent de tuer. En juin 2007, MSF a lancé un nouveau programme de lutte contre la TAH dans les districts fortement affectés de Haut Uélé et Bas Uélé (Province Orientale, dans l’extrême nord du pays). Depuis 2004, MSF a réussi à nettement réduire la prévalence de la TAH dans la zone d’Isangi, ce qui a permis la fermeture du programme en 2007. En novembre 2006, MSF a lancé un nouveau projet à Lubutu, dans le nord de la Province du Maniema, où une enquête menée fin 2005 a révélé des taux de mortalité très élevés. Cette région, qui reste très isolée, subit les effets indirects des conflits et des déplacements de populations dans l’est. Dans les provinces du Nord- et Sud-Kivu, dans l’est de la RDC, la violence persiste. En 2006, MSF a ouvert trois nouveaux programmes d’urgence à Linzo, Kanyabayonga et Nyanzale, et a continué à offrir des soins chirurgicaux et secondaires et à soigner les survivantes de violences sexuelles dans les hôpitaux de réfé-


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À Bunia, capitale provinciale de l’Ituri, MSF a accru la capacité de l’hôpital Bon Marché grâce à sept pavillons construits en 2006 en vue d’accueillir les patients dans de vrais bâtiments, plutôt que sous tentes. Le Bon Marché est axé sur les urgences et les soins aux enfants de moins de cinq ans - plus de 24.000 ont été examinés en 2006. Près de 12.000 patients ont été admis à l’hôpital, et environ 10.000 interventions chirurgicales ont été effectuées. La violence étant un problème majeur dans cette zone, MSF offre des soins médicaux et psychologiques intégrés. Sur ce seul site, MSF a traité 2.041 victimes de violences sexuelles en 2006.

MSF travaille dans toute la ceinture de la méningite Les épidémies de méningite sont courantes dans une zone de l’Afrique sub-saharienne connue sous le nom de ceinture de la méningite, peuplée de quelque 300 millions d’habitants, et qui s’étend du Sénégal, à l’ouest, à l’Éthiopie, à l’est. Elles se produisent durant la saison sèche (de décembre à juin), souvent de façon cyclique dans toute cette ceinture. La méningite à méningocoque est une infection des méninges, la membrane entourant le cerveau et la moelle épinière, causée par la bactérie Neisseria meningitidis. Il en existe plusieurs groupes (A, B, C, X et W135) ; certains sont responsables des épidémies. Etant donné que la bactérie se transmet via des gouttelettes dans l’air, la promiscuité et l’exiguïté des logements facilitent la contamination. La plupart des individus seront des porteurs sains de la bactérie ; toutefois, si celle-ci traverse la barrière des muqueuses, des symptômes de la maladie apparaîtront, à savoir, en général, de la fièvre, des maux de tête et une raideur du cou ainsi qu’une éruption cutanée, des convulsions et une perte de connaissance.

La méningite à méningocoque est une infection des méninges, la membrane entourant le cerveau et la moelle épinière, causée par la bactérie Neisseria menin­ gitidis

MSF travaille en République démocratique du Congo depuis 1981. En l’absence de traitement, 80% des patients peuvent mourir, mais un diagnostic et un traitement précoces peuvent réduire le taux de mortalité à 5-10%. Un cinquième des survivants garderont des séquelles neurologiques, ou une perte d’audition. Le seuil de l’épidémie est atteint lorsque l’on détecte 15 cas pour 100.000 habitants par semaine dans une région (10 cas pour 100.000 habitants dans certaines circonstances). Une fois l’épidémie détectée, le personnel soignant s’appuie sur un diagnostic clinique et un traitement simple et rapide, dans une structure proche du patient. Le traitement consiste en une injection intramusculaire unique de chloramphénicol huileux ou de céftriaxone. Le plus souvent, une seule dose assurera la guérison totale; une deuxième dose est administrée en l’absence d’amélioration après 24 heures. Les enfants de deux mois à deux ans se voient administrer une injection quotidienne de céftriaxone pendant cinq jours, vu la possibilité que d’autres bactéries provoquent la méningite. Pendant la saison épidémique de 2006, une nette recrudescence de la maladie a été constatée dans toute la ceinture de la méningite après plusieurs années de faible incidence, ce qui pourrait signaler le début d’une nouvelle vague d’épidémies dans les prochaines années. En 2006/2007, le nombre total de cas recensés a dépassé les 50.000, contre 35.000 l’année précédente.

© Carl De Keyzer / Magnum Photos

Les brèves épidémies ne sont pas les seules menaces sérieuses pour la santé

Durant la saison épidémique de 2006/2007, MSF a contribué à enrayer 14 épidémies de méningite dans cinq pays: le Burkina Faso, le Tchad, le Soudan, l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC). Après une évaluation initiale, MSF a identifié le type de méningite et soutenu la prise en charge des cas pour assurer un traitement rapide des patients. MSF a aussi participé aux campagnes de vaccination de masse pour prévenir la propagation de cette maladie mortelle. Au total, MSF a contribué à vacciner 2,5 millions de personnes contre la méningite et a traité 10.500 patients affectés.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06|07 06 | 07

rence de Kayna et Rutshuru. En collaboration avec le ministère de la Santé, les équipes de MSF ont procédé en 2006 à 12.200 admissions en urgence, 2.971 interventions chirurgicales et au traitement de plus de 3.500 victimes de violences sexuelles. À l’hôpital de Rutshuru, les chirurgiens de MSF ont effectué environ 120 opérations par mois, dont sept pour cent liées directement à la violence, telles que des blessures par balles et des séquelles physiques de tortures.


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ÉTHIOPIE Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 828

Le paludisme, le VIH/ sida, la tuberculose et la malnutrition chronique aiguë sont les principaux problèmes © Javier Roldan

Avec plus de 80% de ses quelque 79 millions d’habitants vivant en zone rurale, l’Éthiopie, deuxième pays d’Afrique le plus peuplé, peine à fournir des services de santé. Le paludisme, le VIH/sida, la tuberculose et la malnutrition chronique aiguë sont les principaux problèmes sanitaires, auxquels s’ajoutent de fréquentes épidémies de méningite et de rougeole et des endémies, telles que le kala-azar, dans certaines zones. À Cherrati, dans la région Somali, une zone semi-désertique vivant de l’élevage à la frontière somalienne, MSF a ouvert en 2004 un centre de soins primaires. Il assure consultations générales, soins maternels, soins aux hospitalisés, nutrition thérapeutique, pansements de plaies, vaccinations et distributions de médicaments. Plus de 18.000 consultations y ont eu lieu en 2006. Un autre centre à Itang (région de Gambella) s’emploie à traiter le paludisme, le VIH/sida et la tuberculose.

Enrayer les épidémies de choléra et de rougeole Entre août et octobre 2006, MSF a fait face à une épidémie de diarrhées aiguës dans les régions d’Oromyia et d’Amhara, et à AddisAbeba. Début août 2006, MSF a soutenu l’action des autorités sanitaires régionales de la SNNPR (Région des nations, nationalités et

peuples du Sud). Malgré l’absence d’équipe permanente dans la région, MSF a établi des centres de traitement du choléra, fourni du matériel (tentes, solutions salines pour la réhydratation et chlore pour la désinfection) et envoyé des équipes mobiles en fonction des besoins. Plus de 9.000 patients se sont présentés aux consultations. En novembre et décembre 2006, MSF a aidé les victimes des inondations et fait face à une épidémie de diarrhées aiguës dans la région Somali. En juin 2007, dans la région d’Amhara, dans les sites de réinstallation d’Awi Zone (district de Jawi), MSF a lancé un programme d’urgence pour faire face à une épidémie de rougeole et préparer la saison de paludisme. MSF a lancé une campagne de vaccination et établi des cliniques mobiles pour traiter les cas de rougeole, de paludisme et d’autres pathologies mortelles. Un soutien nutritionnel a aussi été fourni. A l’approche de la saison des pluies, qui allait rendre maintes zones inaccessibles, les équipes de MSF ont préparé les services de santé en fournissant des formations, du matériel et des médicaments.

de 100%. Un traitement adéquat permet de guérir 92% des personnes infectées. MSF soigne le kala-azar dans ses centres à Tigray et dans la région d’Amhara, où 657 patients ont été traités en 2006. Bien que le kala-azar soit une maladie reconnue, le système de santé y affecte peu de ressources.

Transfert des programmes consacrés à la tuberculose et au VIH/sida MSF a clôturé son projet contre la tuberculose à Galaha et transféré ses patients dans le programme national, mais maintient son programme de traitement au centre de santé de MSF à Cherrati. Fin 2006, plus de 400 personnes avaient été traitées et un service d’hospitalisation pour patients tuberculeux avait été construit, ainsi qu’un « village tuberculose » où les patients vivent sous étroite surveillance médicale. À Humera (région de Tigray), MSF a transféré au ministère de la Santé son projet VIH/sida, qui traitait 750 patients par antirétroviraux. Le gouvernement était disposé à continuer à soigner ces patients et à fournir gratuitement les médicaments nécessaires.

Soigner une maladie négligée Le kala-azar (leishmaniose viscérale), ou « fièvre noire », est endémique dans certaines parties de l’Éthiopie et semble s’étendre. Cette maladie parasitaire tropicale affecte le système immunitaire et a un taux de mortalité proche

MSF travaille en Éthiopie depuis 1984.


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Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie Personnel de terrain 306

Début 2007, la dégradation du niveau de vie a déclenché des protestations, faisant une centaine de morts et renforçant les craintes que la Guinée ne soit le prochain état d’Afrique à basculer dans le chaos. Durant cette période, l’équipe d’urgence de MSF a aidé, depuis la capitale Conakry, à soigner les centaines de blessés admis à l’hôpital de Donka et dans plusieurs dispensaires urbains.

a amélioré la prise en charge dans la capitale en formant du personnel médical, en améliorant le dépistage et le traitement, et en fournissant des médicaments. MSF se consacre désormais exclusivement aux co-infections VIHtuberculose, traitées en consultations externes. Endémique en Guinée, le paludisme représente 35% des consultations médicales du pays. Bien que le gouvernement ait accepté en 2005

© Benjamin Béchet

Les décès survenus en Guinée en 2006/2007 ne sont pas dus uniquement à l’agitation sociale, mais également à un manque généralisé de soins. En raison des failles de son système de santé, le pays ne dispose que de traitements inadaptés pour le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida. MSF a multiplié ses efforts pour combattre ces maladies et, fort de l’expérience acquise dans ses programmes, presse le gouvernement d’améliorer l’offre de traitements.

Soigner le paludisme, la tuberculose et le VIH Pour plus de 98% des quelque 127.500 Guinéens infectés par le VIH/sida, cette maladie gérable sera probablement mortelle. Malgré l’élaboration d’une réponse nationale officielle et de projets visant à placer 25.000 patients sous antirétroviraux (ARV), ces

traitements vitaux sont en réalité inabordables pour la plupart des patients. MSF a commencé à traiter des patients sidéens en août 2003 via deux projets : l’un à Conakry et l’autre à Guéckédou, à la frontière libérienne. MSF y propose des services de counseling et de dépistage volontaires – très utiles dans un pays où seul un pour cent de la population a accès à de tels tests – et des consultations régulières pour tous les séro­ positifs. Des antirétroviraux sont administrés depuis 2004 ; fin novembre 2006, plus de 1.200 patients de MSF en bénéficiaient, soit près de la moitié des patients recevant ce type de traitement dans le pays. La tuberculose est une des infections opportunistes les plus fréquentes et mortelles pour les personnes atteintes du VIH/sida. MSF en

l’utilisation de l’ACT (polythérapie à base d’artémisinine), bien plus efficace, ce médicament est rarement disponible pour le Guinéen moyen. Tout en pressant les autorités de remédier à cette situation, MSF fournit des traitements ACT dans la province de Dabola, depuis l’hôpital et les structures sanitaires environnantes. En 2006, plus de 13.000 patients ont été traités par ACT dans cette région.

Les réfugiés quittent la Guinée Ces 15 dernières années, MSF a également traité en Guinée les réfugiés ayant fui les combats en Sierra Leone et au Libéria voisins. À la mi-2007, la plupart de ces réfugiés avaient choisi de retourner chez eux ; leur départ signifie la clôture du dernier projet de MSF, pour les réfugiés libériens en Guinée forestière. MSF travaille en Guinée depuis 1984.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

GUINÉE


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Côte D’IVOIRE Motif d’intervention • Conflit armé Personnel de terrain 1.100

En mars 2007, les anciens rebelles du nord, et le sud de la Côte d’Ivoire, contrôlé par le gouvernement, ont signé un accord de paix permettant de nombreuses améliorations dans ce pays déchiré par la guerre civile. Une fois le gouvernement d’union nationale formé, beaucoup de fonctionnaires, notamment le personnel médical, ont regagné leur lieu de travail dans le nord. L’accès aux soins s’est amélioré dans plusieurs régions. La violence et le banditisme persistent cependant dans l’ouest. En avril 2007, le retrait des soldats onusiens et français de la zone tampon a laissé un vide politique, et les civils sont rapidement devenus des cibles. Bangolo, une ville à la frontière libérienne, est au cœur de cette région. A partir du 16 avril, une équipe de MSF, traitant des patients dans des centres de soins et des cliniques mobiles, a signalé des agressions presque quotidiennes contre les civils. Attaques de véhicules, vols, meurtres et viols ont considérablement augmenté. MSF a fourni une aide médicale mais a également dénoncé la situation le 25 avril et publié un recueil de témoignages, attirant l’attention sur la souffrance des civils, qui continue

malgré les progrès politiques associés au processus de paix. MSF est présent dans la région depuis 2004, assurant quelque 4.300 consultations mensuelles à l’hôpital de Bangolo et dans les cliniques mobiles des villages avoisinants. Durant le conflit, MSF a géré des hôpitaux, centres médicaux et cliniques mobiles dans les régions contrôlées par les rebelles ou le gouvernement, et dans la zone tampon. Des projets novateurs ont été établis dans les hôpitaux de Man et Danané, où les patients VIH/sida de la région ont reçu pour la première fois un traitement antirétroviral (ARV). Fin 2006, plus de 1.100 patients en bénéficiaient. L’hôpital de Man a lancé un programme pilote destiné aux femmes souffrant de lésions gynécologiques douloureuses et débilitantes (les fistules obstétricales). Les projets de Man et Danané ont assuré plus de 200.000 consultations ambulatoires en 2006. Alors que certains projets de MSF se poursuivent, en particulier ceux des régions touchées par la violence ou comptant un grand nombre de déplacés, comme à Guiglo (48.000 consultations en 2006), d’autres ont été transférés, notamment celui de l’hôpital de Bouaké, deuxième capitale du pays. MSF prévoit de se retirer du pays si la stabilité et l’accès aux soins continuent de s’améliorer. MSF travaille en Côte d’Ivoire depuis 1990.

MSF est présent dans la région depuis 2004, assurant quelque 4.300 consultations mensuelles

KENYA Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 517

Au Kenya, MSF se concentre sur le traitement des patients atteints du VIH/ sida. Dans les bidonvilles de Nairobi et les régions rurales de Busia et Homa Bay, MSF procure des antirétroviraux (ARV) à plus de 12.000 personnes, et porte une attention croissante à une nouvelle forme de tuberculose résistante aux médicaments. Le premier projet de MSF contre le sida au Kenya a été lancé en 1996 à Homa Bay, dans la province occidentale de Nyanza. Avec une prévalence du VIH d’environ 35%, la rive densément peuplée du lac Victoria est une des régions les plus affectées du pays. MSF s’est au départ attaché à la tuberculose (TB) et à la réduction de la transmission du VIH, dans des infrastructures sanitaires ; depuis 2001, MSF prodigue également des traitements ARV. En juillet 2007, 4.741 patients étaient sous traitement, dont 3.567 sous ARV. Ces chiffres augmenteront encore grâce à la fusion des activités de MSF et du ministère de la Santé, et à l’ouverture de trois nouveaux centres VIH dans la périphérie de Homa Bay. MSF fournit également une aide logistique et technique pour la gestion d’un service à guichet unique pour les patients co-infectés VIH-TB, et le développement du troisième laboratoire axé sur la TB dans le pays. MSF mène un projet contre le sida dans neuf centres de santé ruraux et dans le principal hôpital du district de Busia, à la frontière avec l’Ouganda. MSF y dispense des services cliniques et a établi un système de soins à domicile avec l’aide de 140 volontaires locaux, ainsi qu’un programme d’information et d’éducation ciblant les malades atteints du VIH/sida et les groupes communautaires. 10.000 patients auraient besoin d’un traitement urgent dans ce district. Les traitements ARV ont débuté en juillet 2003 ; 1.850 patients en bénéficient, dont 140 enfants.

© Thierry Dricot

En 2007, MSF a transféré trois sites ARV à un partenaire de développement et a soutenu le ministère de la Santé en établissant deux centres sanitaires supplémentaires, facilitant l’accès aux soins et la prévention de la


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© Brendan Bannon

transmission mère-enfant du virus dans les régions les plus éloignées de Busia, où la prévalence du VIH est la plus forte. A Nairobi, MSF dispense aussi des soins VIH/ sida complets à l’hôpital de district de Mbagathi. Début 2005, MSF a construit une clinique sur le domaine de l’hôpital, permettant l’intégration de l’ensemble des activités VIH/sida de MSF et du ministère de la Santé. A présent, plus de 3.314 patients bénéficient d’ARV et 811 autres font l’objet d’un suivi. MSF transmet graduellement ce projet au ministère de la Santé.

Le nombre de patients affectés par la tuber­ culose multirésistante continue de croître En lien étroit avec l’hôpital de Mbagathi dans le bidonville tentaculaire de Kibera, MSF gère un projet intégrant la TB et le VIH/sida dans les soins primaires de trois cliniques. Un des objectifs est de responsabiliser les personnes et les communautés cohabitant avec le virus. Dans l’hôpital et le bidonville qui compte plus de 600.000 personnes, MSF traite 4.744

malades par ARV et a assuré environ 103.000 consultations en 2006/2007. A Mathare, un deuxième bidonville de 300.000 personnes dans la périphérie est de Nairobi, MSF gère le projet « Blue House » dans un vieil hôtel rénové. Il offre des soins complets et gratuits pour le VIH/sida et, vu le taux de co-infection d’environ 70%, traite la tuberculose. Fin 2006, une extension a été ajoutée pour soigner un nombre croissant de patients atteints de tuberculose multirésistante, une forme émergente de la maladie incurable avec les médicaments de première ligne. Le nombre de malades ne cesse d’augmenter en raison de la promiscuité des bidonvilles, favorisant la contagion. Près de 2.750 malades porteurs du VIH/sida sont sous traitement et la clinique dépiste quelque 300 personnes par mois pour le VIH. MSF administre également des compléments nutritionnels essentiels à de nombreux patients.

Inondations, fièvres et aide aux réfugiés MSF continue d’intervenir dans les situations d’urgence au Kenya. Fin 2006, MSF a soigné les résidents et les réfugiés somaliens lors des inondations des camps dans la région frontalière de Dadaab. Début 2007, MSF est intervenu pour combattre une épidémie de fièvre de la vallée du Rift, et en avril des cliniques ont été installées de part et d’autre de la ligne de combat, après des affrontements entre deux groupes ethniques dans la région du Mont Elgon, dans l’ouest du Kenya. MSF travaille au Kenya depuis 1987.

Nouveau projet à Kacheliba Fin 2006, dans la petite ville de Kacheliba (région du West Pokot), MSF a lancé un programme de traitement de la leishmaniose viscérale, aussi connue sous le nom de kalaazar (en sanscrit), ou « fièvre noire ». Maladie parasitaire, elle affecte principalement les communautés pauvres des régions isolées, souvent lors de graves épidémies.

© Brendan Bannon


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LESOTHO Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 13

Avec 23,2% de sa population adulte séropositive, le Lesotho a le troisième taux de prévalence du VIH au monde, après le Swaziland et le Botswana. Environ 23.000 personnes y meurent chaque année des effets du sida. La tuberculose (TB) est la première cause de mortalité parmi ces patients ; plus de 90% des patients tuberculeux sont aussi séropositifs. 18 mois après son arrivée dans le pays, MSF a traité environ 1.500 personnes par antirétroviraux (ARV) dans le district de santé de l’hôpital Scott, une région rurale où un hôpital et 14 cliniques de soins primaires desservent une population de 220.000 personnes, dont 35.000 seraient atteints du VIH/sida. MSF et le per­ sonnel de l’hôpital y prodiguent des soins complets : counseling et dépistage du VIH

(13.323 personnes testées en juin 2007), prévention de la transmission mère-enfant, et traitement des infections opportunistes et co-infections, particulièrement la TB. Ce programme a obtenu des résultats rapidement, en formant et en donnant des responsabilités aux infirmières ; en organisant des visites hebdomadaires dans les hôpitaux par des équipes mobiles assurant soins cliniques directs, formation continue, et soutien du personnel; en créant un cadre de travailleurs médicaux communautaires (dont la plupart sont séropositifs et inscrits dans le programme) pour prendre en charge le counseling et dépistage du sida, la préparation des ARV et d’autres tâches médicales en vue d’alléger la charge des infirmières ; en renforçant l’efficacité du laboratoire et de la pharmacie de l’hôpital régional ; et en promouvant l’ouverture d’esprit face au sida, et les services communautaires. Le manque de personnel soignant menace de freiner cet élan et accroît la difficulté à assurer, notamment, le dépistage et le traitement

de la tuberculose (parfois multirésistante). Le pays compte moins de 100 médecins. La plupart sont originaires d’autres pays africains et attendent d’être habilités à passer en Afrique du Sud où les salaires sont plus élevés. En juin 2007, plus de 50% des postes d’infirmières professionnelles étaient vacants dans les 14 cliniques soutenues par MSF, et 30% à l’hôpital du district.

La tuberculose est la première cause de mortalité chez les patients atteints du VIH/sida MSF a pris la décision exceptionnelle de présenter ce problème aux niveaux national et international : le personnel de santé qualifié est essentiel pour améliorer la qualité des soins et du traitement VIH-TB pour des milliers de personnes. MSF travaille au Lesotho depuis 2006.

Libéria Motif d’intervention • Endémie/ épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 1.634

Quatre ans après la fin de la guerre civile qui a dévasté le pays, le Libéria se redresse lentement mais les services de base, notamment de santé, font encore cruellement défaut. MSF s’attache à améliorer la santé des mères et des enfants dans le pays. Chaque mois, plus de 1.500 enfants sont traités dans les hôpitaux Island et Benson de la capitale, Monrovia. L’hôpital Benson propose également des soins materno-infantiles et de la chirurgie obsté­ trique, et gère un centre de santé pour femmes qui offre des soins pré- et postnatals et un service de planning familial. Toujours à Monrovia, deux cliniques soutenues par MSF assurent mensuellement 12.000 consultations curatives. La plupart des patients sont des femmes enceintes, des jeunes mères et des enfants. A Saclapea (comté de Nimba), MSF dirige une unité spéciale dédiée à la santé des femmes en collaboration avec un centre de santé plus grand fournissant des soins ambulatoires et hospitaliers. Une nouvelle

© Sofie Stevens

structure de santé de 30 lits était en phase d’achèvement fin 2007.

Graves violences sexuelles Les violences sexuelles demeurent un grave problème au Libéria. Entre janvier et avril 2007, MSF a traité environ 135 victimes chaque mois ; plus d’un tiers n’avaient pas 12 ans. Un certificat médical, nécessaire pour porter plainte, leur est fourni.

Lutte contre le choléra Le choléra est fréquent au Libéria, surtout à Monrovia, et chaque année le pays connaît des épidémies. MSF soutient le centre de traitement de Monrovia durant les épidémies, et lui a réaffirmé son soutien en mars 2007, lors de l’accroissement du nombre de cas de choléra. Au plus fort de l’épidémie de 2006, MSF y traitait 120 patients par semaine. MSF a aussi enrayé une épidémie de choléra à Buchanan


43 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06|07 06 | 07

MALAWI Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 466

© Julie Rémy

en août 2006, traitant des centaines de personnes.

De l’aide au développement Le Libéria se dirigeant vers plus de stabilité, les organisations humanitaires comme MSF, dont la vocation est d’apporter une aide d’urgence, commencent à quitter le pays. Cependant, l’assistance logistique et technique reste essentielle pour les services publics de santé et il est impératif de trouver une alternative aux organisations humanitaires. Quelques jours avant une conférence internationale de donateurs en février 2007 à Washington, MSF a diffusé un rapport décrivant la situation des soins dans le pays et soulignant les défis futurs. Entre décembre 2006 et juillet 2007, MSF a progressivement cessé ses activités dans les structures de santé des comtés de River Cess, Grand Bassa, Nimba et Lofa, les transférant en majorité aux autorités ou à d’autres ONG. Un programme de traitement des patients séropositifs du comté de Nimba a été transmis aux auto­rités sanitaires locales en avril 2007. MSF s’est également retiré de l’hôpital Mamba Point à Monrovia. MSF travaille au Libéria depuis 1990.

Au Malawi, MSF se consacre aux personnes atteintes du VIH/sida. L’administration des traitements constitue un réel défi en raison du manque cruel de professionnels de santé et de la dispersion des populations rurales. MSF soutient la mise en œuvre du plan national pour le sida et s’efforce, par des méthodes novatrices, d’accroître les capacités de soins. L’intervention de MSF repose sur la partici­ pation de la communauté et des personnes séropositives, formées spécialement pour assumer certaines des tâches des infirmières, telles que le dépistage, le counseling, et l’aide au respect du traitement. Cet engagement permet aux infirmières de se concentrer sur l’aspect médical et de pallier le manque d’effectifs dans le secteur de la santé au Malawi. Dans les régions rurales de Chiradzulu et Thyolo, MSF s’emploie à former les infirmières. Elles peuvent désormais prescrire des traitements, tâche jusqu’alors réservée aux médecins. Grâce à cette répartition du travail et à une formation accélérée des soignants, les patients bénéficient d’un suivi de proximité : ils peuvent se faire examiner et obtenir des médicaments dans des dispensaires ou à domicile, sans devoir se rendre à l’hôpital. MSF s’attache également à déceler et à soigner la tuberculose et la malnutrition chez les séropositifs. Ces deux pathologies compromet-

tent l’efficacité du traitement et, à terme, la vie des patients. En 2006, MSF a traité 400 personnes souffrant de tuberculose. Dans le district central de Dowa, les équipes MSF proposent des services VIH/sida complets à l’hôpital local et dans deux centres de santé. Cinq autres centres du district mènent des actions préventives. En outre, dans un camp à Dzaleka, MSF prodigue des soins de base aux réfugiés atteints du VIH/sida venant de différents pays d’Afrique. Des cellules de soutien ont également été créées pour les enfants et les adultes séropositifs, et leur taux de fréquentation est élevé. En juillet 2007, MSF procurait un traitement antirétroviral à quelque 15.000 personnes à travers le pays. Près de 700 personnes entament chaque mois un traitement dans une structure de MSF. MSF travaille au Malawi depuis 1986.


Afri c A | Asi a an d t he Cauc asus Les |proj Th eets A m er d e i MSF c a s |à Eturrav oper e sa n led mon t h e dMei d| dAle fr Ea i qust e

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MALI

Maroc

Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 69

Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 18

En juillet 2005, MSF a lancé un projet d’aide aux personnes atteintes de palu­ disme à Kangaba, dans le sud du Mali, après avoir constaté, en 2004, des taux élevés de mortalité et de résistance aux antipaludiques à base de chloroquine. Le gouvernement avait introduit en 2004 l’utilisation d’une polythérapie à base de dérivés d’artémisinine (ACT) plus efficace, mais le coût de ces médicaments et les quantités disponibles n’en permettaient pas un usage généralisé. MSF a concentré ses efforts sur huit centres de soins à Kangaba. La combinaison de l’ACT avec un test de dépistage rapide a offert une réponse technique au traitement du paludisme et à la résistance à la chloroquine. 7.784 malades ont été soignés en 2006 dans le cadre de ce projet, qui s’est néanmoins heurté à deux problèmes majeurs : la qualité des soins et l’accès au traitement. MSF a fait de ces problèmes sa priorité en décembre 2006. Dans sept dispensaires de Kangaba, MSF a obtenu la gratuité des soins (y compris le diagnostic et le traitement du paludisme) pour les enfants de moins de cinq ans, ainsi que pour les femmes enceintes atteintes du paludisme. En outre, en décembre 2006, le système de recouvrement des coûts a été remplacé, dans trois dispensaires, par un forfait pour le traitement des maladies fébriles (paludisme et autres) ; cette politique est appliquée dans les sept dispensaires depuis juillet dernier. Enfin, du personnel supplémentaire a été

affecté à la supervision et à l’amélioration de la qualité des diagnostics et des soins. Depuis juillet 2007, MSF confie à des groupes commu­ nautaires, équipés de tests de dépistage rapide et d’ACT, la prise en charge gratuite du palu­ disme chez les enfants de moins de dix ans, dans des lieux situés à plus de cinq kilomètres du dispensaire. Au nord du Mali, dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou, MSF a fait face en 2006/2007 aux taux élevés de mortalité mater­ nelle en lançant un programme de soins pour les femmes enceintes et leurs bébés. Après avoir pris en charge les interventions chirurgi­ cales obstétriques, amélioré les infrastructures et fourni une formation à la santé maternelle à des groupes de soignants et à la population, MSF s’est retiré du projet en janvier 2007, le transférant aux autorités sanitaires. MSF travaille au Mali depuis 1992.

© Rachel Corner

Couloir de passage entre l’Afrique et l’Europe, le Maroc reçoit chaque année des milliers de demandeurs d’asile et de clandestins. En 2006/2007, cette population, vivant autrefois dans des conditions précaires en brousse, s’est progressivement rapprochée des villes, en quête de sécurité. Les centres urbains se prêtent à des stratégies de subsistance, telles que la mendicité ou la prostitution, susceptibles d’améliorer la survie des migrants ; mais leur installation dans des zones peuplées de Rabat et Casablanca génère aussi de nouveaux problèmes sanitaires et sociaux, et accroît la violence.

© Mickael Therer

Un régime forfaitaire a été mis en place pour le traitement des maladies fébriles

MSF fournit des soins médicaux aux immi­ grants sub-sahariens, principalement dans les régions de Tanger-Tétouan et Nador-Oujda. Quelque 300 consultations ont lieu chaque mois dans des cliniques et lors de visites de terrain, suivies d’éventuels renvois de patients vers d’autres structures, en collaboration avec les centres de santé publics et les autorités sanitaires. MSF assure un système d’approvi­ sionnement en médicaments pour couvrir les besoins des patients, et la fourniture de maté­ riel de premier secours et de kits d’hygiène dans les zones tant suburbaines qu’isolées.


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Motif d’intervention • Endémie/ épidémie • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 539

Le Maroc reçoit chaque année des milliers de demandeurs d’asile et de clandestins L’évolution des conditions de vie des migrants se reflète dans leurs problèmes de santé : à Tanger, par exemple, MSF constate moins de lésions et blessures (6% des consultations en 2006, contre 26% en 2005), mais une hausse des pathologies gynéco-obstétriques (11% en 2006, 8% en 2005). Les maladies fréquemment traitées, telles les infections respiratoires et dermatoses, sont liées à la précarité, tout comme les nombreux problèmes non spécifi­ ques, souvent dénommés « maux corporels ».

Début 2007, les pluies torrentielles sur le Mozambique et les inondations dans la vallée du Zambèze ont contraint 250.000 personnes à évacuer leurs habitations. Les fortes pluies sont un phénomène saisonnier dans le pays, mais le cyclone Favio a aggravé ces inondations, les plus fortes depuis 2000/2001. Déjà actif au Mozambique avec des projets VIH/sida de long terme, MSF a lancé une intervention d’urgence en février pour aider les populations dans les provinces de Zambézie et Tete. MSF a notamment apporté une assistance de base à 50.000 personnes évacuées des zones inondées. La priorité était de fournir de l’eau potable, des latrines et des bâches en plastique pour les abris provisoires. Afin de garantir un minimum d’hygiène dans les camps tempo­ raires, du savon, des moustiquaires, des jerry­ cans et des couvertures ont été distribués. MSF a aussi soutenu les autorités sanitaires en dispensant des soins dans des centres d’hébergement, et a contribué à établir un système de surveillance aux postes sanitaires pour détecter les cas de malnutrition et les épidémies potentielles de rougeole ou de maladies diarrhéiques, notamment le choléra. MSF a fourni son aide durant deux mois.

conséquence de l’émigration et des effets du VIH sur la main d’œuvre, pose un problème majeur. MSF propose une formation accélérée au personnel médical local, et simplifie les traitements dispensés aux patients séroposi­ tifs co-infectés par la tuberculose. MSF fait également pression sur les autorités pour qu’elles autorisent le personnel paramédical qualifié et convenablement formé à prescrire des ARV, et qu’elles permettent le recours à des conseillers non professionnels pour alléger le travail des infirmières. MSF travaille au Mozambique depuis 1984.

La priorité était de fournir de l’eau potable, des latrines et des bâches en plastique pour les abris provi­ soires

Programmes VIH/sida Les besoins médicaux des femmes sont couverts par l’offre de soins prénatals, de tests volon­ taires de dépistage du VIH, et de médicaments pour prévenir la transmission mère-enfant en cas de séropositivité. Des activités de sensibilisation et des traitements sont aussi proposés pour les maladies sexuellement transmissibles. En 2006, MSF a observé une amélioration de l’accès des immigrants sub-sahariens aux soins et au personnel qualifié du système de santé public marocain, particulièrement dans les régions de Tanger-Tétouan et de Nador-Oujda et, dans une moindre mesure, à Rabat, Casablanca et dans la région de Layoune. MSF travaille au Maroc depuis 1997.

MSF a établi des projets à long terme pour aider les autorités mozambicaines à faire face à l’épidémie de sida ; 16,2% de la population serait séropositive. Ces programmes, établis à Maputo, la capi­ tale, et dans les provinces de Tete (nord-ouest) et de Niassa (nord), procuraient des anti­ rétroviraux (ARV) à plus de 11.000 patients en juillet 2007. Ils comprennent aussi éducation à la santé, counseling, dépistage et prévention de la transmission mère-enfant. En 2006/2007, MSF s’est attaché à décentraliser les soins des hôpitaux vers les dispensaires, plus proches des communautés. Ceci facilite l’accès aux soins pour le VIH, notamment aux ARV, et permet d’éviter que les hôpitaux ne soient submergés par le nombre de patients. Le manque de professionnels de santé,

© Claude Briade

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

MOZAMBIQUE


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NIGER Motif d’intervention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion Personnel de terrain 1.546

Si en 2005, la crise nutritionnelle au Niger a provoqué une réponse internatio­ nale, la malnutrition y est une menace récurrente pour les populations. Bien que certaines régions du pays produisent un surplus de céréales, les réserves familiales s’épuisent pendant la saison de disette (de mai à octobre), et l’écono­ mie de marché rend la nourriture inabordable pour les plus pauvres. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est très élevé, comparable à celui de pays en guerre.

En 2006, MSF a continué à utiliser les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF), relativement récents, pour traiter les enfants malnutris. Constitué de pâte de lait et d’ara­ chide, riche en nutriments et emballé sous vide, ce produit a permis de décupler le nombre d’enfants traités puisque les cas de malnutrition sévère non compliqués sont désormais soignés en ambulatoire. Les mères peuvent administrer elles-mêmes ce produit à leurs enfants à domicile. MSF a également démontré l’efficacité de la stratégie RUTF pour traiter les enfants souffrant de mal­ nutrition modérée, qui peuvent être soignés en moins d’un mois, en moyenne. Le seul obstacle est le coût, mais MSF use de son influence pour faire baisser le prix des RUTF et en généraliser l’utilisation par le gouverne­ ment et d’autres ONG. Fin 2006, MSF avait traité, dans deux districts de la région de Maradi (Guidan Roumdji et Madarounfa), plus de 73.000 enfants de moins de trois ans souffrant de malnutrition aiguë sévère ou modérée, avec un taux de guérison supérieur à 90%. Plus de 17.000 enfants ont été traités à Zinder. MSF a également mené des projets nutritionnels à Dakoro et Aguié (district de Maradi) et à Madoua et Bouza (district de Tahoua). Au total, MSF a dirigé ou soutenu plus de 30 centres nutritionnels pendant la disette saisonnière au Niger et traité environ 100.000 enfants malnutris. Les carences alimentaires affaiblissent le système immunitaire et accroissent le risque de maladies. MSF traite gratuitement les enfants dans de nombreuses structures. En collaboration avec le ministère de la Santé, dans les districts de Guidan Roumdji et de Madarounfa, MSF a assuré près de 130.000 consultations pour de jeunes enfants ; 4.500 enfants gravement malades ont été hospitalisés dans des unités pédiatriques à Maradi, Dan Issa et Tibiri. Entre août

© Marta Cazorla

MSF intègre désormais régulièrement la nutrition (dépistage, traitement et suivi de la malnutrition) dans ses soins pédiatriques courants et décembre, environ 7.260 nouveaux cas ont été pris en charge chaque mois dans des structures médicales soutenues par MSF à Tahoua. En 2006, MSF a également secondé le service pédiatrique de l’hôpital du district de Tahoua en traitant 400 patients, et a soigné gratuitement 9.600 patients dans quatre centres de santé du district d’Aguié (province de Maradi). Depuis mars 2007, MSF soutient l’hôpital et les cinq centres de santé de Dakoro. MSF intègre désormais régulièrement la nutrition (dépis­ tage, traitement et suivi de la malnutrition) dans ses soins pédiatriques courants. Les

enfants malnutris sont ainsi identifiés plus tôt et peuvent être suivis toute l’année. MSF a aussi répondu à des épidémies. En septembre 2006, en réponse à une épidémie de choléra dans plusieurs régions du pays, MSF a ouvert plusieurs centres de traitement à Maradi. En 2007, MSF a collaboré avec le ministère de la Santé lors de campagnes de vaccination dans le district de Tahoua à la suite d’une épidémie de méningite en février, et de rougeole en mars. MSF travaille au Niger de manière intermittente depuis 1985.


47 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06|07 06 | 07

Traiter les enfants à un stade plus précoce de malnutrition La malnutrition aiguë entraîne chez les enfants un tel affaiblisse­ ment du système immunitaire que le risque de décès s’en trouve fortement accru. Une maladie infantile banale, telle qu’une infection respiratoire ou une gastro-entérite, peut très vite causer des compli­ cations et la mort. Selon l’UNICEF, la malnutrition joue un rôle dans la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans, soit cinq millions d’enfants par an. La malnutrition aiguë sévère se définit par un poids très faible par rapport à la taille, une maigreur visible ou la présence d’œdèmes (accumulation excessive de fluides dans les tissus corporels). Chez les enfants de 6 à 59 mois, elle se traduit par un périmètre brachial inférieur à 110 mm. En 2005, des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF) se sont révélés très efficaces pour traiter des milliers d’enfants souffrant de malnutrition sévère. Ils ont permis d’envisager une meilleure prise en charge nutritionnelle de tous les enfants risquant la mort, et pas uniquement des cas les plus graves. En 2006, leur administration à des enfants atteints de « malnutrition modérée » (une urgence médicale également) dans deux districts de la région de Maradi, au Niger, a abouti à un taux de guérison de plus de 95% et un taux de mortalité de 0,4%. Ces résultats dépassent largement ceux des programmes classiques de nutrition utilisant des farines enrichies. La prise en charge de la malnutrition aiguë à un

Il est devenu possible d’envisager une meilleure prise en charge nutri­ tionnelle de tous les enfants risquant la mort, et pas uniquement des cas les plus graves stade plus précoce a réduit les admissions pour malnutrition aiguë sévère, et limité la hausse habituelle des cas sévères pendant la saison de disette, entre mai et octobre. Dans un district, jusqu’à la moitié des enfants de moins de trois ans ont été traités. D’autres souffrent de formes différentes de malnutrition : leur taille ou leur poids est trop faible pour leur âge en raison d’une alimentation insuf­ fisante. Dans un tel contexte, donner un produit nutritionnel à tous les enfants à risque peut être plus efficace que de cibler indivi­ duellement les cas de malnutrition modérée. La malnutrition aiguë frappe surtout les enfants âgés de 6 mois à deux ans, une tranche d’âge correspondant au sevrage, donc une période cruciale où les enfants commencent à consommer autre chose que le lait de leur mère. Les enfants restent fragiles jusqu’à l’âge de cinq ans, lorsqu’ils achèvent une période de croissance rapide. En 2007, dans le département de Gouidan-Roumdji, au Niger, MSF a mis en œuvre une stratégie préventive, adaptée aux besoins de ces

© Rossen Jekov, Côte d’Ivoire

enfants : une fois par mois pendant la saison de disette, MSF a distri­ bué un nouveau produit consistant en une pâte de lait et cacahuètes enrichie, que les mères peuvent donner à leurs enfants en complé­ ment de l’alimentation habituelle. Trois cuillerées par jour apportent aux enfants les nutriments essentiels, absents de la nourriture dispo­ nible dans leur famille. Les distributions se poursuivront jusqu’à la période des récoltes pour environ 63.000 enfants. En août 2007, les résultats semblaient prometteurs : dans les zones où ce supplément avait été distribué, les admissions d’enfants dans les centres nutritionnels étaient en baisse, tout comme les complications médicales requérant une hospitalisation. L’usage d’aliments prêts à l’emploi comme compléments alimentaires efficaces pour tous les enfants à risque et comme traitement nutri­ tionnel en cas de malnutrition aiguë pourrait avoir un impact majeur sur la mortalité des jeunes enfants dans les populations les plus pauvres du monde. En octobre 2007, MSF a lancé une campagne en faveur de l’utilisation des RUTF dans tous les programmes nutri­ tionnels du monde. MSF souligne aussi la nécessité de renforcer la recherche-développement sur les produits thérapeutiques riches en nutriments, y compris sans lait, car celui-ci est l’ingrédient qui coûte le plus cher dans la fabrication des RUTF.

Définitions Malnutrition aiguë modérée lorsque le ratio entre le poids et la taille d’un enfant se situe entre 70 et 80% de la normale. Malnutrition aiguë sévère lorsque le ratio entre le poids et la taille d’un enfant est inférieur à 70% de la normale.


Afri c A | Asi a an d t he Cauc asus | Th e A m er i c a s | E u r op e a n d t h e M i d d le Ea st

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NIGERIA Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 291

un programme de rééducation aide les patients à retrouver une mobilité maximale après l’opération. Au total, 1.064 opérations ont été effectuées à Port Harcourt en 2006, dont plus de 40% en orthopédie.

RWANDA Motif d’intervention • Endémie/ épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 109

Choléra et inondations Etant donné la multiplication des affrontements armés entre groupes politiques et criminels dans le Delta du Niger, MSF a considérablement étendu ses activités au centre de trau­ matologie de Port Harcourt. En 2006, le nombre de lits est passé de 17 à 70 et MSF a pris en charge 3.058 urgences médicales, dont 188 blessures par balles.

MSF a traité une épidémie de choléra dans l’État de Borno au dernier trimestre de 2006, et a aidé le ministère de la Santé à créer des camps d’isolement en fournissant des services d’eau et d’assainissement, des formations et du matériel médical. Après les inondations à Zamfara, MSF a également organisé des distributions directes de médicaments et d’équipements d’eau et d’assainissement pour 1.000 personnes.

Ouvert en 2005 à l’hôpital Teme de Port Harcourt, le centre vise à offrir des soins médicaux d’urgence gratuits à la population de Port Harcourt et des environs. Il s’y pratique jusqu’à 200 interventions chirurgicales par mois, en majorité pour des traumatismes graves.

Projet VIH/sida de Lagos

Depuis juillet 2006, MSF procure des soins médicaux et psychologiques aux victimes de violences sexuelles et s’efforce de faire connaî­ tre ce programme. Le soutien psychologique a été étendu à toutes les victimes de trauma­ tismes hospitalisées qui en ont besoin.

Nouvelle technique chirurgicale En décembre 2006, MSF a introduit, au centre de Teme, une technique de chirurgie orthopé­ dique appelée « fixation interne ». Employée pour réparer les fractures, elle réduit la durée moyenne du séjour à l’hôpital et permet une reprise d’activité plus rapide qu’avec des méthodes de « fixation externe ». De plus,

Fin 2006, le projet VIH/sida de MSF à Lagos comptait 1.335 patients inscrits pour traite­ ment à l’Hôpital général de Lagos (LGH). MSF négocie avec le LGH et le projet Global HIV/AIDS Initiative Nigeria pour transférer les patients sans complications qui suivent un traitement de première ligne (standard). En outre, MSF collabore avec plusieurs groupes civils plaidant pour que le gouvernement fournisse gratuitement des traitements contre le VIH/sida. En 2006, cette campagne a contri­ bué à l’adoption d’un décret présidentiel annonçant des traitements antirétroviraux gratuits pour tous les Nigérians. Ce décret a amélioré l’investissement local dans les soins aux patients, et étendu la capacité locale de prise en charge par des traitements de première et de deuxième ligne. MSF travaille au Nigeria depuis 1996.

© Julie Rémy

Au Rwanda, MSF se concentre depuis 2002 sur l’aide aux patients atteints du VIH/sida. Dans les dispensaires de Kimironko et Kinyinya (tous deux à Kigali, la capitale), MSF propose du counseling et des dépistages volon­ taires ainsi que des traitements pour prévenir le développement du sida, combattre les infections opportunistes, et prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant. En juin 2007, 6.200 patients bénéficiaient de ce programme et 2.723 recevaient des antirétroviraux (ARV). MSF soutient la mise en œuvre du protocole national contre le sida et promeut l’accès aux ARV génériques, moins chers que les produits brevetés. Transfert de projet dans la Province du Nord Pendant quatre ans, MSF a géré un programme de santé reproductive dans la Province du Nord, basé à la maternité de l’hôpital provincial et dans six dispensaires du district de Burera. Fin 2006, la capacité de la maternité de l’hôpital avait été portée à 104 lits et environ 450 femmes y étaient admises chaque mois.

© Vanessa Vick

Dans ce même district, les différents dispen­ saires soutenus par MSF, visant l’ensemble


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Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 505

Six années de maintien de la paix et de reconstruction ont redonné à la Sierra Leone une relative stabilité politique. Si les téléphones portables ont en grande partie remplacé les Kalachnikovs et les mitraillettes, omniprésentes pendant la décennie de guerre civile, l’après-guerre reste un combat pour la survie, cette fois surtout contre la malnutrition, le paludisme et les problèmes de santé des femmes. MSF continue à offrir des soins de qualité gratuits dans la ville de Bo, au sud. Le Centre de référence de Gondama, près de Bo, abrite une unité de soins intensifs, une unité pédia­ trique et un centre de nutrition thérapeutique (CNT) pour enfants souffrant de malnutrition. MSF admet environ 600 patients par mois au Centre et quelque 150 enfants au CNT. MSF soutient également cinq cliniques publiques dans les environs, assurant en moyenne 26.000 consultations curatives par mois.

Mise en œuvre de la prévention et du traitement du paludisme

de la population, ont effectué près de 179.000 consultations en 2006 et plus de 1.700 patients adressés à l’hôpital ont été transportés par des ambulances de MSF. La participation de soignants locaux, notamment de sages-femmes traditionnelles, a contribué à améliorer la qualité des soins. Le nombre d’accouchements dans les struc­ tures de santé a augmenté au cours de 2006, tout comme les consultations prénatales et de planning familial. En décembre, plus de 4.000 naissances avaient eu lieu. Ce projet a été transféré au ministère de la Santé en décembre.

Très endémique en Sierra Leone, le paludisme y est la première cause de mortalité. Il affecte surtout les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, ces derniers constituant 75% des admissions au Centre de référence de Gondama. 92% d’entre eux souffrent du paludisme ou de ses conséquences. Chaque mois, en moyenne 7.000 cas confirmés sont traités ; ce chiffre peut atteindre 10.000 en période critique. MSF a collaboré étroitement avec le ministère de la Santé pour adapter le protocole de traitement du paludisme, et intégrer les combinaisons thérapeutiques

à base de dérivés d’artémisinine (ACT). Ce processus est lent : après trois ans, beau­ coup de patients n’y ont toujours pas accès. Maintenir un approvisionnement continu en ACT dans toutes les cliniques du pays demeure un défi. La mortalité infantile restant très élevée, MSF a décidé de se rapprocher des malades en créant des cliniques mobiles. Auparavant, les patients devaient parcourir de longues distances à pied pour atteindre un dispensaire ; beaucoup mourraient ou attei­ gnaient un état critique avant d’être soignés. MSF a conçu un pro­gramme de santé commu­ nautaire ciblant la malnutrition, le paludisme et la maternité, qui fournit des informations, des mousti­quaires et des soins médicaux. Entre juin 2006 et avril 2007, les équipes de MSF ont testé 17.000 personnes avec le Paracheck – un test de dépistage rapide du paludisme – et distribué près de 40.000 moustiquaires. Les cas graves de paludisme sont orientés vers Gondama.

Développer les cliniques pour femmes

Le nombre d’organisations actuellement présentes dans le pays garantit une capacité suffisante pour répondre aux épidémies majeures et aux catastrophes naturelles. L’épidémie de sida semble sous contrôle grâce aux importants investissements consentis par les autorités locales et au soutien de nombreux acteurs internationaux. MSF cessera ses activi­ tés dans le pays à la fin de 2007, et transférera son projet VIH/sida au ministère de la Santé et à sa nouvelle organisation partenaire.

La Sierra Leone a l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde. Dans sa clinique des femmes de Gondama, MSF traite gratuitement toutes les femmes. Les cliniques offrent des soins primaires complets et comprennent une petite structure séparée consacrée à la santé reproductive, appelée clinique des femmes. Ce concept, développé avec succès en Sierra Leone, pour­ rait servir de modèle. Chaque clinique propose des soins prénatals, postnatals et obstétriques, du planning familial, des traitements pour les maladies sexuellement transmissibles, et des soins aux victimes de violences sexuelles. MSF a aussi soutenu les hôpitaux locaux et plusieurs cliniques des districts de Kambia et Tonkolili, en se concentrant sur la santé maternelle et les enfants de moins de cinq ans. En juillet 2007, MSF a pu transférer ces activi­ tés au ministère de la Santé.

MSF travaille au Rwanda depuis 1991.

MSF travaille en Sierra Leone depuis 1986.

© Francesco Zizola / Noor

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

SIERRA LEONE


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Somalie Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 654

En 2006/2007, le climat politique en Somalie a été très agité : la présence des troupes éthiopiennes et les com­ bats entre l’Union des tribunaux isla­ miques et le Gouvernement fédéral de transition ont plongé le pays dans l’insécurité. Le conflit a aggravé la situation du pays, où l’aide médico-humanitaire est limitée malgré des besoins immenses. Depuis 1991, les Somaliens sont privés de gouvernement central fonctionnel et de services publics de santé. MSF a dû à plusieurs reprises témoigner de la détérioration de la situation humanitaire en Somalie. Miné par les famines, sécheresses, inondations, conflits incessants entre factions armées et armées étrangères, et dépourvu de services publics de santé, le pays ne peut faire face aux énormes besoins sanitaires de base de ses 11,5 millions d’habitants. Les femmes et les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables : une femme sur dix meurt en couches et plus d’un enfant sur cinq meurt avant son cinquième anniversaire. Le peu d’aide médicale disponible est privé et coûteux, donc inabordable pour la plupart des Somaliens. Beaucoup souffrent de maladies faciles à soigner (diarrhées, infections respira­ toires) mais pouvant être fatales en l’absence de soins. La Somalie a l’une des prévalences les plus élevées au monde de tuberculose. Le kalaazar, maladie tropicale négligée, emporte des milliers de vies. S’y ajoutent de régulières épidémies de rougeole, de choléra et d’autres maladies. Depuis 1991, MSF prodigue des soins primaires et secondaires, des traitements pour les mala­ dies négligées et de la chirurgie d’urgence. En 2006/2007, MSF a étendu ses activités, en ouvrant de nouveaux projets à Jamaame, Galgadud et Belet Weyne. Durant les deux premiers mois d’activité de l’hôpital de Belet Weyne, début 2007, le personnel de MSF a effectué 95 interventions chirurgicales majeures et 33 interventions mineures. Les projets plus anciens ont aussi enregistré une forte progression : à Huddur, un grand

© Marcus Bleasdale

centre de santé dans la région de Bakool, les consultations pour le kala-azar ont augmenté de 530% entre 2004 et 2006, et les consultations ambulatoires de 58%.

Si une partie des déplacés ayant fui à Afgooye sont retournés à Mogadiscio, le manque de ressources et les vols ou destructions de maisons ont rendu le retour impossible pour beaucoup d’autres.

Civils déplacés de Mogadiscio L’insécurité plane sur toutes les activités de MSF en Somalie. Début 2007, des combats dans Mogadiscio ont fait plus de 300.000 déplacés. Si beaucoup ont été hébergés par des proches dans des villes voisines, MSF a trouvé des milliers de personnes vivant dehors, sans nourriture, eau ou soins médicaux. MSF a lancé une opération d’urgence à Afgooye, à environ 30 kilomètres à l’ouest de Mogadiscio, et à Balad, à quelque deux heures de Jowhar sur la route de Mogadiscio. À Afgooye, le personnel somalien de MSF a fourni des médicaments aux structures sanitaires existantes et du matériel tel que des bâches en plastique à plus de 3.500 familles. Devant la menace d’une épidémie de choléra, MSF a fourni 72.000 litres d’eau potable par jour aux déplacés. À Balad, MSF a distribué de la nourriture et vacciné 1.300 enfants contre la rougeole. Un dispensaire temporaire a été créé, assurant environ 80 consultations par jour. MSF a aussi mené une campagne de vaccination à Al Ma’an, un petit port au nord de Mogadiscio.

Durant les combats, le personnel somalien de MSF a maintenu une clinique de soins primaires dans le quartier Yaqshid de Mogadiscio, malgré l’insécurité. Les combats ont détruit nombre de bâtiments publics, et les rares hôpitaux publics fonctionnels ont

L’insécurité persiste, et l’accès aux cliniques reste très difficile pour les habitants de Mogadiscio été fermés. Devant la menace du choléra, MSF a créé en mars, à Forlanini, au sud de Yaqshid, un centre de traitement du choléra qui a reçu plus de 1.300 patients. Début mai, MSF a pu ouvrir un autre centre, plus petit, à Mogadiscio. Le nombre de patients diminuant, ce centre a été converti en un dispensaire pour les enfants de moins de cinq ans, qui traite 90 patients par jour. L’insécurité


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Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 50

L’Afrique du Sud compterait 19% de séropositifs dans sa population, soit environ 5,5 millions de personnes. Toutefois, seul un quart du million de personnes ayant besoin d’un traitement en reçoit un. Depuis 1999, MSF traite les séropositifs des régions pauvres où la prévalence du VIH est élevée. Les difficultés majeures sont l’augmentation des co-infections VIH-tuberculose et le manque de soignants pour faire face à la croissance du nombre de patients. Depuis fin 2006, MSF propose une prise en charge globale du VIH – y compris des traite­ ments antirétroviraux (ARV) – dans deux cliniques supplémentaires de Khayelitsha, le plus grand bidonville près du Cap. MSF a transféré l’essentiel de ce programme aux autorités provinciales et locales, mais continue de faciliter la décentralisation des soins, d’assurer le respect à long terme des traite­ ments ARV, et d’intégrer les services pour patients séropositifs et tuberculeux. Depuis mai 2001, en partenariat avec le département de la Santé du Cap occidental, MSF prodigue les traitements contre le sida au niveau des soins primaires. persiste, et l’accès aux cliniques reste très difficile pour les habitants de Mogadiscio.

Continuer à travailler malgré l’insécurité L’insécurité dans la capitale n’est pas inhabi­ tuelle. MSF est parfois forcé de suspendre ses activités à cause de la violence ou de menaces à l’encontre du personnel et des patients. Le personnel international doit parfois être évacué et les projets continuent alors sous la direction du personnel somalien, principal acteur de l’aide de MSF en Somalie. Après les combats de la fin 2006, au moins 250 blessés ont été soignés dans les diverses structures médicales de Dinsor. Le 27 décembre 2006, des représentants des forces militaires ont pénétré dans une structure médicale de MSF, fait pression sur le personnel médical somalien employé par MSF, et confisqué les dossiers médicaux confidentiels des patients hospitalisés. MSF a publiquement exprimé sa vive préoccupation pour la sécurité de son personnel et de ses patients.

La décentralisation vise à répondre à la forte demande qui a saturé les cliniques existantes, et à pouvoir prendre en charge les 15.000 patients qui auront besoin d’un traitement d’ici 2010. Aujourd’hui, le programme de Khayelitsha procure des ARV à plus de 6.000 personnes et admet plus de 200 patients en traitement ARV chaque mois ; mais ce rythme est menacé par le manque de personnel soi­ gnant. C’est pourquoi l’organisation des cli­ niques, le tri des patients, la définition des rôles du personnel et la formation sont revus en profondeur.

Nelson Mandela, décentralisent les soins VIH, y compris les thérapies ARV, dans une des zones rurales les plus démunies du pays. Grâce aux intenses efforts consentis pour promouvoir le counseling et le dépistage volontaires du VIH, et à la mise en œuvre de services médi­ caux, plus de 40% de la population adulte de Lusikisiki connaît maintenant son statut VIH. Au moment de la passation, plus de 80% des patients requérant des ARV recevaient le traite­ ment dont ils avaient besoin.

Offrir des soins complets aux victimes de viols Vu la fréquence des violences sexuelles à l’encontre des femmes et des enfants à Khayelitsha, MSF y maintient son centre Simelela, qui fournit à la fois soins médicaux, soutien psychologique, examens médico-légaux et assistance policière aux victimes de viols. MSF travaille en Afrique du Sud depuis 1999.

Intégrer les traitements de la tuber­ culose et du VIH Vu l’incidence très élevée de la tuberculose (TB) à Khayelitsha, le taux élevé de co-infection VIH-TB (environ 70%) et les manifestations différentes de la TB chez les séropositifs, une réponse intégrée à l’épidémie de VIH-TB a été mise en place en 2003 à la clinique Ubuntu, qui est devenue la plus fréquentée de la pro­ vince ; ceci indique une bonne acceptation de ce modèle par les patients.

MSF travaille en Somalie depuis 1991. En octobre 2006, après quatre ans de colla­ boration, MSF a transféré la totalité de son programme VIH à Lusikisiki au Gouvernement provincial du Cap oriental. Depuis le début de 2003, MSF et son partenaire, la Fondation

© Gideon Mendel

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Afrique du sud


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Soudan Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain : 4.590

En janvier 2005, la signature d’un accord de paix global entre le Nord et le Sud du Soudan a mis fin à des décennies de guerre civile. Des accords de paix ont été signés au Darfour en mai 2006, et dans l’est du pays en octobre 2006, étouffant le conflit qui y couvait. Cependant, l’insécurité et les déplacements continuent au Darfour, et l’accès aux soins les plus élémentaires reste très lacunaire dans le pays. Dans le Sud, il faut presque reconstruire tout le système de santé, et le ministère de la Santé n’est pas en mesure de juguler les grandes épidémies qui ravagent la région. MSF a traité de nombreuses épidémies de choléra, de rougeole et de méningite, et a vacciné, en mars et avril 2007, environ 700.000 enfants contre la méningite. Dans l’État du Haut-Nil (sud du Soudan), MSF poursuit plusieurs projets de soins primaires. Le manque criant d’infrastructures rend la plupart des déplacements dans cette région très onéreux, surtout à la saison des pluies, de sorte que peu d’ONG sont présentes sur le terrain. Dans la ville de Ler (Haut-Nil occiden­ tal), une ancienne ligne de front où l’exploita­ tion du pétrole s’intensifie, l’hôpital de MSF assure hospitalisations, soins ambulatoires, soins prénatals, chirurgie, traitements contre la tuberculose et programmes nutritionnels. Depuis décembre 2006, MSF fournit aussi des antirétroviraux (ARV) contre le VIH/sida.

MSF gère un hôpital dans l’ancienne ville de garnison de Nasir, sur les rives de la Sobat, et quatre dispensaires dans le nord du Haut-Nil, accessible uniquement par bateau ou avion. Dans le Jongleï et l’est du Haut-Nil, des zones rurales isolées dépourvues d’accès routier, MSF offre, dans ses cliniques des villes de Lankien et Pieri, des soins de base aux hospitalisés et aux patients externes, des soins prénatals, ainsi que des traitements contre la tuberculose et le kala-azar. La malnutrition est également prise en charge, à l’hôpital ou en ambulatoire. Des équipes mobiles couvrent quatre dispen­ saires des environs. Dans l’État de Jongleï, MSF assure en moyenne 4.500 consultations par mois à l’hôpital civil de référence de Bor, une structure de soins « de niveau secondaire », proposant chirurgie, hospitalisations, services ambulatoires et maternité, tandis qu’à Pibor, MSF gère un centre de santé départemental et deux postes avancés.

© Sven Torfinn

MSF a traité de nombreuses épidémies de choléra, de rougeole et de méningite

© Sven Torfinn

À l’hôpital provincial de Yambio (province de l’Equatoria Occidental), MSF a ouvert, en octobre 2006, une unité de traitement de la maladie du sommeil, centrée sur la sensibi­ lisation et le dépistage, qui a déjà testé 2.500 patients et en a soigné 78.

Transferts de Projets À Bentiu, dans l’État de l’Unité riche en pétrole, des équipes de MSF soignent les patients co-infectés par le VIH/sida et la tuber­ culose et parfois le kala-azar, une maladie parasitaire potentiellement mortelle. Vu la diminution du nombre de patients en 2007, MSF se prépare à transférer ses activités à la fin de l’année. Dans l’est du pays, MSF continue à soutenir l’hôpital de Port-Soudan, tandis qu’à Khartoum, la capitale, MSF a pu fermer l’orphelinat de Mygoma en décembre 2006. Dans le Bahr El Ghazal, MSF s’est retiré en mars 2007 d’un hôpital à Akuem, installé sept ans plus tôt pendant la guerre civile, lorsque les gens ne pouvaient atteindre d’autre struc­ ture de santé. Il offrait des soins primaires et secondaires, soignait la malnutrition et la tuberculose. En 2006, il a recensé près de 60.000 consultations et 345 admissions pour traitement standard, rien que pour la tuberculose. Le projet de Marial Lou a aussi été clôturé à la mi-2007.


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Darfour La situation au Darfour ne s’est guère amélio­ rée en 2006/2007. Après quatre ans de conflit, plus de deux millions de déplacés vivent encore dans des camps, la violence continue et certaines parties de la région demeurent inaccessibles aux humanitaires. Plus d’un an après la signature des accords de paix du Darfour, en mai 2006, diverses factions armées – tant rebelles que pro-gouvernementales – se sont fragmentées. L’insécurité croissante a poussé MSF à réduire temporairement certaines de ses activités, voire à les suspendre à plusieurs reprises, en raison d’attaques de locaux ou de dangers sur les routes. Les équi­ pes sont parfois forcées d’évacuer, et MSF dépend totalement du transport aérien dans de nombreuses zones. MSF compte plus de 2.000 collaborateurs dans cette région. Dans le Jebel Marra, zone montagneuse du Darfour contrôlée par les rebelles, la violence à l’égard des ONG et le manque de sécurité ont rendu l’envoi d’aide humanitaire très problé­ matique. MSF assure en moyenne 4.500 consul­ tations et 200 hospitalisations par mois à Niertiti, une ville au pied du Jebel Marra. Les urgences sont renvoyées à l’hôpital de Zalingei, qui bénéficie du soutien technique de MSF et accueille en moyenne 600 hospitali­ sations par mois. À Kutrum, le centre de santé de MSF est une des seules structures médicales

servant toute la partie occidentale du Jebel Marra. Il assure environ 1.400 consultations par mois. Malgré de fréquentes évacuations temporaires du personnel international, MSF maintient ses projets dans la région, à Kaguro, Killin et Gorni. Seleia a été le théâtre de com­ bats permanents en 2006/2007. Début 2007, une équipe de quatre personnes, qui soutient le centre de santé, a installé une unité de chirurgie pour soigner les blessés et prendre en charge les urgences obstétriques. Une clinique mobile est en projet. À El Geneina, la capitale du Darfour occiden­ tal, MSF fournit médicaments, matériel médical et assistance technique à l’unité d’urgence et de chirurgie de l’hôpital général. Les combats dans le nord d’El Geneina ont fait plusieurs milliers de déplacés en décembre 2006, dont 5.000 sont arrivés dans les camps d’Aradamata et Dorti, tout proches. Dans le camp d’Aradamata, en bordure de la ville, MSF a créé une unité médicale mobile pour les nouveaux arrivants, qui a traité plus de 500 personnes en moins d’une semaine. En 2006, dans la ville de Muhajariya, MSF a opéré 574 victimes de violences. La flambée de violence à la fin de 2006 a déplacé quelque 50.000 personnes, dont 20.000 se sont réfu­ giées à Saleah, où une équipe de MSF leur a fourni nourriture et soins ambulatoires. MSF a pu fermer ses projets de Shariya en avril 2007, mais a ouvert un nouveau projet dans

À Um Dukhum (Darfour occidental), également proche du Tchad, MSF a transmis son hôpital proposant de la chirurgie aux populations touchées par le conflit. En 2006, MSF a distribué des bâches en plastique et des couvertures aux nouveaux déplacés arrivant dans cette zone. En juin 2007, après trois ans d’aide d’urgence dans le camp de Mornay, MSF a remis ses activités médicales au ministère de la Santé et à d’autres organisations déjà présentes dans le camp, où vivent 68.000 déplacés. En 2007, des équipes ont commencé à travailler dans le camp de Kass, situé entre Zalingei et Nyala, qui regroupe 75.000 personnes. Dans le nord du Darfour, MSF est la seule organisation humani­ taire à fournir des soins de santé aux 25.000 déplacés vivant dans les camps de Shangil et Shadat et aux habitants du village de Shangil Tobaya. MSF assure des soins hospitaliers et ambulatoires, des programmes de santé des femmes et de nutrition thérapeutique, et aide les victimes de violences. Environ 200 consul­ tations ambulatoires ont lieu chaque jour. Comptant plus de 90.000 résidents, Kalma reste un des plus grands camps de déplacés au monde. MSF poursuit son aide médicale cen­ trée sur les soins materno-infantiles via une clinique consacrée aux femmes, qui accueille quelque 120 accouchements par mois. Un programme de santé mentale a aussi été établi pour aider les gens à faire face au stress psy­ chologique dû la violence et au déplacement. MSF travaille au Soudan depuis 1979.

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le sud du Darfour pour soigner les milliers de déplacés à Feina. À Sherif Al Umra, dans le nord du Darfour, MSF continue d’offrir des soins aux 40.000 déplacés malgré de nombreuses évacuations. MSF demeure présent dans les grands camps de déplacés. À Habila, un camp proche de la frontière tchadienne, sa clinique de 30 lits offre des soins prénatals, un programme de nutrition thérapeutique pour les enfants atteints de malnutrition sévère, et assiste en moyenne 35 accouchements par mois. Des équipes mobiles sensibilisent à la santé et orientent des patients vers la clinique. En 2006, 25.000 consultations ambulatoires y ont eu lieu et 750 patients ont été hospitalisés. Après une vague d’insécurité au Tchad début 2007, des milliers de personnes ont fui vers la zone de Foro Baranga, au sud de Habila. MSF a mis sur pied un système de cliniques mobiles fournissant des soins de base en cinq endroits, ciblant environ 35.000 personnes.


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Ouganda Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie Personnel de terrain 1.159

En août 2006, le gouvernement ougandais et l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) ont signé une fragile trêve. Depuis, les 1,6 million de déplacés, virtuellement empri­ sonnés dans quelque 200 camps, ont commencé à retourner chez eux. Les négociations de paix et le départ des com­ battants de la LRA du nord de l’Ouganda se sont poursuivis en 2007, tout comme le proces­ sus de retour des déplacés dans leurs villages ou dans des « camps de décongestion » situés sur leur route. Ce processus est toutefois hété­ rogène : à la mi-2007, on estimait le nombre de déplacés restés dans leur camp d’origine à 11% seulement à Lira, contre 79% à Kitgum. Au plus fort de la présence de la LRA, MSF a fourni des services d’eau et d’assainissement et des soins dans plus de 20 camps misérables de déplacés. Les activités sont réduites avec leur départ. À Kitgum, où MSF travaille depuis août 2004, la situation reste précaire mais l’amélioration de la sécurité et la réduction des besoins sanitaires ont permis à MSF de transférer quatre dispensaires et de projeter de se retirer de deux autres, à Orom et Lukung, d’ici fin 2007. La réduction des activités a donné à MSF la capacité et la souplesse nécessaires pour aider d’autres zones du nord de l’Ouganda, où les besoins en chirurgie, nutrition, soins contre la tuberculose et le VIH ne sont pas couverts. Dans le camp de Lalogi, à Gulu, MSF propose désormais, outre des soins de base, des soins obstétriques d’urgence et le traitement du VIH/ sida. En juin 2007, 405 séropositifs avaient été identifiés, dont 75 ont été placés sous antirétro­ viraux. En mai 2007, MSF a lancé un deuxième projet consacré aux co-infections VIHtuberculose à Madi Opei (Kitgum). À Arua (nord-ouest de l’Ouganda), un pro­ gramme consacré au sida continue de se renforcer : il a admis plus de 10.000 patients depuis son lancement en 2003. Fin avril 2007, il comptait 3.323 patients en traitement de première ligne et 75 en traitement de deuxiè­ me ligne - dont 634 enfants. Dans le cadre d’un projet pilote lancé début 2006 pour les co-infections VIH-tuberculose, chaque mois,

© Vanessa Vick

en moyenne 90 nouveaux patients tuberculeux (dont environ 50% de co-infectés) débutent un traitement. MSF soutient dix dispensaires dans les environs, dans le cadre d’un plan de décentralisation visant à améliorer l’accès des populations aux soins, en rapprochant les traitements VIH/sida des domiciles des patients. En 2006/2007, MSF a collaboré étroitement avec le ministère ougandais de la Santé et l’Organi­ sation mondiale de la Santé pour combattre une épidémie de méningite bactérienne. Dans deux districts de la région du Nil occidental, MSF a vacciné 333.000 personnes et supervisé

291.000 vaccinations. Parallèlement, alors que la trêve commence à porter ses fruits dans le nord, le gouvernement ougandais a accéléré ses tentatives de désarmement dans la province pauvre et souvent anarchique de Karamoja, dans l’est. Suite aux résultats de l’enquête nutritionnelle menée par le Programme ali­ mentaire mondial dans le district de Kaabong, MSF a créé, en juin 2007, quatre centres nutri­ tionnels ambulatoires et un centre pour les enfants souffrant de malnutrition sévère. À la mi-juillet, 2.000 enfants avaient été dépistés et 445 étaient en traitement. MSF travaille en Ouganda depuis 1980.


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Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 165

En juillet 2005, le Gouvernement zambien a instauré la gratuité des traitements pour le VIH/sida et, en 2006, il a aboli le système national de partage des coûts des soins de santé, sans toutefois mettre en œuvre un système de remplacement viable, ni adapter l’approvisionnement en médicaments. Il en résulte des ruptures de stocks occasionnelles et les patients doivent parfois payer les médicaments, ce qui crée une charge supplémentaire pour les personnes atteintes de maladies chro­ niques et affaiblissantes.

l’intégrer dans les soins primaires ; et pour associer la communauté à la prévention, au traitement et au soutien des personnes atteintes du VIH/sida. Ce projet sera transféré au ministère de la Santé fin 2007.

Fréquentes épidémies de choléra Le choléra est endémique en Zambie, sévissant surtout à la saison des pluies, de novembre à avril. En mars 2007, en réponse à une épidé­ mie, MSF a établi un centre de traitement du choléra à Mateo, dans le nord-ouest de Lusaka, et y a soigné 1.227 patients. 800 autres patients

© Juan Carlos Tomasi

MSF gère des projets VIH/sida en Zambie depuis plusieurs années, en particulier dans les « zones de transit » isolées, telles que Kapiri M’Poshi, une ville à la croissance rapide et un important nœud ferroviaire. Un cinquième des habitants y seraient séropositifs. L’accès aux soins en général et aux traitements du VIH en particulier est très limité pour les habitants du district rural de Kapiri, pauvre en routes et en moyens de transport. Bien que récemment devenu hôpital de district, l’hôpital de Kapiri est dépourvu d’installations essentielles, notamment de radiologie et de chirurgie. MSF gère une clinique dans l’hôpital et travaille dans 12 dispensaires ruraux. Fin juillet 2007,

MSF avait placé 6.500 patients sous traitement pour le VIH, dont 3.008 sous antirétroviraux (ARV). Les équipes assurent plus de 3.000 consultations par mois. Dans le district rural de Nchelenge, une autre zone de transit au nord de la Zambie, MSF a ouvert un projet VIH/sida en 2001 visant à intégrer les soins dans les services médicaux réguliers. MSF suit au total 4.195 séropositifs et fournit des ARV à 786 patients. Les patients sont aussi soumis au dépistage de la tubercu­ lose. MSF collabore avec les autorités sanitaires pour assurer un traitement aux patients co-infectés par le VIH et la tuberculose, et

ont été traités de janvier à avril dans le district de Nchelenge, où MSF a créé des centres et unités de traitement à la suite d’une épidémie. Un soutien logistique et du matériel médical ont été offerts dans le district de Chienge pour répondre à une épidémie. En janvier-février 2007, des inondations ont touché 1,4 million de personnes dans 41 districts de Zambie. MSF a évalué la situation médicale dans la province du Nord-Ouest et fourni des médicaments. MSF travaille en Zambie depuis 1999.

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Zambie


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ZIMBABWE Motif d’intervention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 267

En juillet 2007, trois millions de personnes avaient fui le Zimbabwe, en raison de l’hyperinflation, des troubles politiques et de la détérioration de l’économie, illustrée par les pénuries alimentaires généralisées. Dans ce contexte, l’accès aux soins devient de plus en plus difficile alors que les menaces pour la santé se multiplient.

MSF traite gratuitement 33.000 séropositifs au Zimbabwe, dont 11.000 par antirétroviraux

© Michael Nielsen

Le pays connaît une crise persistante due au VIH/sida : un adulte sur cinq est séropositif, et moins d’un quart de ceux qui ont un besoin urgent d’antirétroviraux (ARV) reçoivent ce traitement vital. L’effondrement du système de santé compromet les légers progrès dans l’accès au traitement. Le personnel médical qualifié quitte le pays et le programme gouver­ nemental de traitement du VIH/sida, submergé, connaît des ruptures de stocks de médicaments. Le coût des carburants empêche la plupart des habitants des zones rurales de se rendre dans les centres de traitement pour recevoir des

soins. Vu la piètre réputation du Zimbabwe sur la scène internationale, beaucoup de donateurs internationaux refusent de soutenir les programmes dans ce pays. Le projet du gouvernement de mettre en œuvre une répon­ se multisectorielle globale pour le VIH/sida a échoué, alors qu’environ 3.500 personnes meurent de maladies liées au sida chaque semaine. MSF traite gratuitement 33.000 séropositifs au Zimbabwe, dont 11.000 par antirétroviraux (soit un cinquième de l’offre d’ARV dans le pays), via un système décentralisé appliqué

à Bulawayo, Tshlotshlo, Gweru, Epworth et dans divers lieux de la province du Manicaland. La capacité de MSF de soigner plus de patients pourrait être entravée car seuls les médecins et les cliniciens sont autorisés à prescrire des ARV. Le fait d’investir infirmiers et autres soignants compétents de la responsabilité de fournir les médicaments s’est révélé un moyen efficace d’accroître l’offre de traitements dans d’autres contextes. MSF travaille au Zimbabwe depuis 2000.


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Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Asie et Caucase

© Joanne Wong


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Asie et Caucase

Ouzbékistan

Géorgie Arménie

Kirghizstan

Turkménistan Chine

PAKISTAN

59 | Arménie 60 | BANGLADESH

NéPAL BANGLADESH INDE

MYANMAR

LAOS

60 | Cambodge Thaïlande

61 | CHINE 62 | Géorgie

Cambodge

62 | INDE 63 | Indonésie 64 | Kirghizstan

SRi LANKA

64 | LAOS 65 | MYANMAR 66 | NéPAL 66 | PAKISTAN 67 | SRI LANKA 68 | Thaïlande 70 | Turkménistan 70 | Ouzbékistan

Indonésie


59 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Arménie Motif d’intervention • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 134

Dans cette ex-république d’URSS du sud du Caucase, appauvrie et enclavée, les habitants souffrent du sous-financement chronique du système de santé. Alors que la tuberculose gagne du terrain, les traitements appropriés ne sont pas disponibles largement, et le taux précis d’infection est inconnu.

Les formes résistantes de la tuberculose nécessitent un traitement compliqué, coûteux, long et souvent pénible pour les patients en raison de ses impor­ tants effets secondaires

© Jun Aoki

Epaulant le ministère de la Santé et la munici­ palité d’Erevan dans la lutte contre la tuber­ culose à Erevan, la capitale du pays, les équipes de MSF ont diagnostiqué des cas de tuberculose résistante chez certains patients. Cette forme de la maladie n’est traitée qu’à Abovian, près d’Erevan, par le ministère de la Santé et MSF, qui a rénové une unité de 36 lits au Sanatorium de la République.

18 à 21 mois dans des cliniques de deux dis­ tricts d’Erevan. Pour faciliter ce traitement lourd, MSF a adopté une approche centrée sur le patient et propose un soutien social et une aide individualisée au respect du traitement. MSF évalue le niveau de couverture des traite­ ments contre la tuberculose résistante dans ces deux districts pour continuer à développer ce programme.

Les formes résistantes de la tuberculose néces­ sitent un traitement compliqué, coûteux, long et souvent pénible pour les patients en raison de ses importants effets secondaires. En juin 2007, MSF traitait un total de 70 cas de tuber­ culose résistante. Ces patients doivent prendre jusqu’à 25 médicaments par jour pendant plusieurs mois d’hospitalisation à Abovian, puis suivre un traitement ambulatoire de

Transfert de programmes de santé mentale, soins primaires et traitement des MST Après avoir fourni une assistance à la popula­ tion pendant de nombreuses années, MSF a réduit ses projets en Arménie l’an dernier, et transféré plusieurs projets soutenus de longue date. Fin 2006, MSF a confié son projet de soins ambulatoires en santé mentale à Gegharkunik

Marz (nord-est du pays) au ministère de la Santé et à une ONG locale, « Mission Arménie ». Luttant contre la stigmatisation traditionnelle des maladies mentales, MSF essayait de réduire les hospitalisations inutiles grâce à un système de soins alternatifs pour ce groupe très vulné­ rable. En janvier 2007, dans le même district, le ministère de la Santé a repris les rênes d’un autre projet de MSF destiné à fournir des soins primaires aux plus nécessiteux. Dans le district de Shirak, au nord, MSF avait instauré des services anonymes gratuits de dépistage et de traitement des maladies sexuellement trans­ missibles (MST), y compris du VIH/sida. Ce projet a aussi sensibilisé à la prévention des MST et se poursuit dans le cadre des structures sanitaires locales depuis mars 2007. MSF travaille en Arménie depuis 1988.


Afri c A | Asi a an d t heLes Cauc pro asus j ets |de ThMSF e A màertircav a ser | sE u le r op m on e adned| tAhsi e eMet i d dCau le c Ea ase st

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BANGLADESH Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 229

Les Rohingyas, apatrides, traversent la frontière entre le Myanmar et le Bangladesh depuis des décennies. Minorité musulmane au Myanmar, qui ne les reconnaît pas comme citoyens, ils ont un accès aux soins limité et trouvent peu de protection au Bangladesh. Depuis des années, MSF offre des soins médi­ caux aux Rohingyas au Bangladesh, plaide leur cause auprès des autorités et sensibilise la population à leurs conditions de vie par le biais de communications publiques. Au printemps 2006, MSF a rouvert un projet à Teknaf après avoir découvert, dans le camp de fortune de Tal, accueillant les réfugiés, des conditions déplorables de surpeuplement, un manque d’accès à la nourriture et à l’eau potable, et un accès très limité aux soins de santé. Dans les mois suivants, MSF s’est

CAMBODGE Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 361

MSF est arrivé en 1979 au Cambodge pour fournir une aide médicale aux réfugiés des camps situés le long de la frontière thaïlandaise. Dix ans plus tard, une fois les réfugiés rapatriés, MSF s’est avancé dans le pays pour participer à la remise en état du système de santé, effondré après des décennies de guerre. À mesure que la capacité du système de santé s’amé­ liore, MSF réduit sa présence au Cambodge mais y conserve son plus important programme contre le sida en Asie. 7.900 patients y recevaient des antirétroviraux (ARV) en avril 2007. MSF a adopté une approche novatrice au Cambodge, traitant le VIH/sida comme une maladie chronique au même titre que le dia­ bète et l’hypertension, dont la prévalence est également élevée. MSF transfère progressive­ ment ces programmes au ministère de la Santé mais 44% des patients du pays reçoivent encore

MSF a aussi soigné les Rohingyas vivant sur la plage de Shamlapur © Eddy Van Wessel

employé à améliorer l’accès aux soins, surtout pour les 7.500 habitants du camp de Tal, en installant une clinique et un centre de nutri­ tion thérapeutique près du camp. MSF a aussi soigné, via une clinique mobile hebdomadaire, les Rohingyas vivant sur la

leurs ARV via les cliniques soutenues par MSF. À Siem Reap, Phnom Penh, Takeo, Kompong Cham et, depuis peu, Otdar Mean Cheay, MSF procure des ARV notamment de deuxième ligne à ceux qui ne répondent pas bien aux traitements standards (de première ligne), ainsi que du counseling, des informations sur le VIH/ sida et des traitements contre les infections opportunistes. MSF offre une assistance techni­ que au gouvernement pour soutenir le plan national visant à placer plus de patients sous ARV. Son projet pédiatrique consacré au VIH/ sida a nettement amélioré le système immuni­ taire, la croissance, le développement et la qualité de vie des quelque 750 enfants sous traitement en juillet 2007. Une attention particulière a été accordée aux populations négligées, et MSF soigne des détenus séropositifs dans deux prisons princi­ pales de Phnom Penh. En 2007, à Takeo, Siem Reap et Phnom Penh, MSF s’est employé à développer le traitement des patients atteints de tuberculose (y compris multirésistante), quel que soit leur statut VIH. Dans ce cadre, MSF a formé le personnel de santé national à la prise en charge de la tuberculose, et rénové des services pour

plage de Shamlapur. Les infections respiratoi­ res et cutanées sont les affections les plus fréquentes. Dans les camps de Kutupalong et Nayapara, les deux derniers camps datant de l’époque de l’exode des Rohingyas du Myanmar en 1992,

tuberculeux à Takeo. D’autres rénovations sont planifiées à Siem Reap et Kompong Cham, pour mieux isoler les patients. MSF aide les autorités sanitaires locales à faire face aux épidémies saisonnières. Durant l’été 2007, MSF a mis à disposition du matériel


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Début mai 2007, MSF a fermé le projet des collines de Chittagong et l’a transféré en partie aux autorités sanitaires régionales bangladaises. Lancé il y a huit ans, alors que la région sortait de vingt ans de conflit armé entre le gouvernement central et les popula­ tions autochtones victimes de discriminations et de marginalisation, ce projet de MSF a fourni des soins de base à la population tant tribale que bangladaise des villages isolés, où les soins étaient quasi inexistants. MSF s’est surtout concentré sur le traitement du palu­ disme, endémique dans cette région. Aujourd’hui, la situation humanitaire s’est améliorée : si l’accès aux dépistages et aux traitements reste difficile dans certaines zones, les collines de Chittagong bénéficient d’une meilleure infrastructure routière, et un plus grand nombre d’acteurs humanitaires y est présent. MSF travaille au Bangladesh depuis 1985.

médical et du personnel pour juguler une épidémie de dengue, une maladie transmise par des moustiques, et endémique dans la région. MSF travaille au Cambodge depuis 1979.

CHINE Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 53

En Chine, seuls 31.000 sidéens, dont 600 enfants, ont reçu un traitement antirétroviral vital dans le cadre du programme national gratuit, malgré les efforts consentis depuis 2002 et une expansion probable (en l’absence de chiffres actualisés) de l’épidémie. En juillet 2007, 1.300 séropositifs bénéficiaient des projets de MSF à Nanning, dans la Région autonome de Guangxi Zhuang, et à Xiangfan, dans la province de Hubei. MSF traitait près de la moitié d’entre eux par antirétroviraux (ARV). MSF offre gratuitement une prise en charge globale ainsi que des dépistages confi­ dentiels et volontaires du VIH, un traitement des infections opportunistes et un soutien psychosocial. La gratuité de ces services est importante pour les patients atteints du VIH/ sida, confrontés à des coûts de traitement élevés et à une forte stigmatisation, deux lourds obstacles pouvant les dissuader de chercher à obtenir des soins. La politique du gouvernement chinois ne prévoit la gratuité du counseling, des dépistages, des ARV et de la scolarité que pour les enfants orphelins du sida.

férer le projet VIH/sida de Xiangfan aux autori­ tés sanitaires locales, en prévision de la clôture de ce programme de cinq ans en mars 2008. MSF continue à soutenir financièrement un programme pour les enfants des rues à Baoji, dans la province de Shaanxi. En 2006, la gestion de ce centre de crise et d’hébergement, ouvert en 2000, a été transmise à une ONG locale. MSF travaille en Chine depuis 1988.

MSF plaide auprès du gouvernement en faveur de médicaments génériques abordables et de qualité

Au niveau national, MSF plaide auprès du gouvernement en faveur de médicaments génériques abordables et de qualité, vu l’aug­ mentation rapide du besoin de médicaments de deuxième ligne (nécessaires pour les patients qui ne répondent pas aux médica­ ments standards ou « de première ligne ») et l’absence de combinaisons à dose fixe (CDF). Ces CDF, recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé mais non encore disponi­ bles en Chine, simplifient les traitements et permettent aux patients de s’y conformer plus facilement. Comme le VIH, la tuberculose multirésistante, qui affecterait 150.000 patients dans le pays, exige une réponse médico-humanitaire urgen­ te. En juillet 2007, MSF attendait l’accord des autorités sanitaires centrales pour lancer un programme contre cette maladie à Yanji, dans la province de Jilin, visant à placer 100 patients sous traitement la première année.

© John Vink / Magnum Photos

Transferts de projets En novembre 2006, MSF a commencé à trans­

© Marcella Marr

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

MSF a ouvert, en avril 2007, deux unités d’hos­ pitalisation de 20 lits, qui ont admis 650 patients durant leurs deux premiers mois de fonctionnement.


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Géorgie

INDE

Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 351

Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 350

Des conflits séparatistes latents ont engendré des doutes quant à la capa­ cité du ministère géorgien de la Santé à gérer le traitement de la tuberculose multirésistante en Abkhazie. Après avoir aidé les victimes de ces conflits au début des années 1990, MSF a été une des rares ONG à continuer à tra­ vailler dans cette république non re­ connue mais indépendante de facto, où MSF avait constaté un grave man­ que d’accès aux soins. L’Abkhazie ne reçoit pas de soutien international.

Bien que l’Inde poursuive sa croissance économique phénoménale, pauvreté, conflits et maladies tropicales négli­ gées compromettent la santé de cen­ taines de milliers de personnes dans maintes régions du pays.

À l’hôpital de Gulripsh, près de Sukhumi (capitale de l’Abkhazie), MSF se concentre désormais sur le traitement des patients tuberculeux porteurs de souches résistantes aux principaux médicaments contre la tuber­ culose (rifampicine et izoniazide), qui doivent prendre au quotidien une série de médica­ ments hautement toxiques. Ce traitement, aux pénibles effets secondaires, peut durer jusqu’à 24 mois, et est très dur à terminer. MSF offre un soutien psychologique aux patients mais tente aussi de réduire la période d’hospitalisa­ tion, et de développer les soins ambulatoires et à domicile. Le projet compte huit dispensaires répartis dans sept districts de l’Abkhazie, où les patients suivent la seconde phase du traite­ ment. Mi-2007, MSF avait diagnostiqué 195 cas de tuberculose multirésistante et admis 126 patients en traitement. 29% d’entre eux ont achevé leur traitement avec succès, 7,9% sont morts, 22,2% ont abandonné et 34% sont toujours en traitement. MSF gère un projet similaire à Zugdidi, dans la région de Samegrelo, dans le centre de la Géorgie. Dans un autre programme en Abkhazie, MSF essaie de fournir un libre accès à des soins de qualité aux exclus du système, et en particu­ lier aux personnes âgées isolées. Médecins, infirmiers et assistants sociaux de MSF se rendent au domicile de ces patients, qui sortent peu. MSF travaille en Géorgie depuis 1993.

Dans l’État du Chhattisgarh, un conflit oppo­ sant les rebelles maoïstes aux paramilitaires soutenus par le gouvernement a déplacé quelque 30.000 personnes, qui vivent dans des camps gérés par le gouvernement dans l’Andhra Pradesh, ou dans des conditions difficiles à l’intérieur de l’État. En juillet 2007, MSF a fourni une assistance médicale compre­ nant des soins primaires et un programme de nutrition thérapeutique ambulatoire pour les enfants souffrant de malnutrition modérée à sévère dans trois camps de déplacés internes. Les cliniques mobiles de MSF offrent aussi des soins primaires dans le district de Khammam, dans l’État d’Andhra Pradesh.

Traiter le VIH, le kala-azar et le paludisme Dans le Manipur, en proie à des conflits, MSF a commencé à traiter les séropositifs par antirétroviraux (ARV) dans ses cinq dispensai­ res. En décembre 2006, MSF avait assuré 32.139 consultations, traité 800 patients atteints du VIH/sida, et placé 344 personnes sous ARV. MSF entend coopérer plus étroitement avec les autorités sanitaires du Manipur et transférer certaines de ses activités au Programme natio­ nal indien de contrôle du sida. En 2006, MSF a lancé à Bombay un projet VIH centré sur les co-infections VIH-tuberculose et les personnes marginalisées, exclues du programme de santé national. Ce projet offre du counseling, un traitement des infections opportunistes et des ARV aux transsexuels et prostituées. En juillet 2007, plus de 400 patients étaient inscrits à la clinique, dont la moitié recevait des ARV. MSF a récemment conclu un partenariat avec le ministère indien de la Santé pour lutter contre le kala-azar dans l’État du Bihar. L’Inde compte 80% des cas de kala-azar recensés dans le monde, et l’État du Bihar concentre 90% des cas indiens. MSF a participé à la rénovation de

l’unité du kala-azar au Laboratoire du Rajendra Memorial Institute of Research (RMRI) à Patna, un institut public destiné à soigner les complications du kala-azar. Diagnostic et traitement des patients débu­ teront en 2007. Dans l’Assam, au nord-est du pays, MSF conti­ nue à fournir des soins primaires aux déplacés ayant fui les violences ethniques. Le paludisme demeure une grave menace sanitaire. En 2006, MSF a distribué 33.500 moustiquaires, soigné 55.259 paludéens et plaidé en faveur de l’intro­ duction généralisée de la polythérapie à base d’artémisinine (ACT), l’antipaludique le plus efficace. Dans le sud de l’Assam, MSF a assuré un total de 177.392 consultations de santé de base. Les violences dans l’Assam s’étant apai­ sées en 2006, MSF projette de transférer ses activités aux autorités en 2007.

Veiller à la santé mentale Après le séisme de 2005, MSF a lancé un projet dans l’État de Jammu-et-Cachemire, que se disputent depuis longtemps l’Inde et le Pakistan. À Srinagar et Kupwara, MSF offre des soins en santé mentale ; 7.900 patients victi­ mes de violences en avaient bénéficié en juillet 2007. MSF presse le gouvernement indien de créer des centres de santé mentale au Cachemire. Des soins de base et en santé mentale sont proposés aux habitants des villages proches de la Ligne de contrôle entre


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Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 396

Une équipe mobile d’urgence de MSF basée à Jakarta procure une assistance médicale aux Indonésiens affectés par les épidémies, séismes et inondations. Début 2007, MSF a fourni des bâches en plastique, des couvertures et des kits d’hygiène aux victimes d’inondations à Jakarta et a assuré 1.310 consul­ tations dans ses cliniques mobiles. MSF a aussi offert de l’assistance et un soutien psychologique à 11.726 victimes du séisme qui a secoué Sumatra en mars 2007. A Mamuju, capitale de la province de Sulawesi occidentale, MSF s’est associé au Bureau de santé du district (DHO) pour enrayer une épidémie de rougeole en février 2007. Dans l’archipel des Moluques (sud d’Halmahera et île de Buano), MSF a aidé le DHO à faire face au paludisme, en offrant des consultations médicales, des antipaludiques, du matériel médical et des moustiquaires.

se concentrant sur les soins en santé mentale via une assistance psychologique et des ses­ sions d’éducation. MSF a progressivement recentré son intervention sur les communau­ tés insulaires dont l’accès aux soins, notam­ ment en santé mentale, a été restreint par des années de guerre civile. Vu l’amélioration de la situation médicale, les autorités sanitaires locales ont repris ces activités en décembre 2006.

© Catherine Vincent

les forces indiennes et pakistanaises. À l’été 2007, MSF y avait assuré 12.281 consultations. En juin 2007, MSF a clôturé son dernier projet, en santé mentale, pour les survivants du tsunami dans le Tamil Nadu et l’a transféré à l’ONG indienne « Centre for Social Reconstruction ».

Pharmacie du monde en développement En 2007, la société pharmaceutique Novartis a intenté un procès au gouvernement indien au sujet de sa loi de 2005 sur les brevets, parce qu’elle voulait un brevet plus large pour la production de ses produits que ce que la loi lui offrait. Novartis estimait que la loi indienne ne respectait pas les règles de l’Organisation mondiale du Commerce et violait la constitu­ tion indienne. La plainte de Novartis a été rejetée par la Haute Cour de Chennai le 6 août 2007. Un arrêt en faveur de Novartis aurait grave­ ment restreint la production de médicaments abordables en Inde, cruciaux pour le traite­ ment des maladies dans les pays en développe­ ment. Début 2007, la Campagne de MSF pour l’Accès aux Médicaments Essentiels a demandé que Novartis retire sa plainte et lancé une pétition, qui a recueilli plus de 420.000 signa­ tures de par le monde. MSF travaille en Inde depuis 1999.

© MSF

MSF a recentré son intervention sur les communau­ tés insulaires privées de soins par la guerre civile Nouveau programme de soins primaires en Papouasie À Asmat (sud de la Papouasie), MSF a lancé en 2006, avec le ministère de la Santé, un pro­ gramme de soins primaires centré sur les soins materno-infantiles et l’accès aux soins de base et d’urgence pour les communautés isolées.

Transfert de projets aux autorités locales A la suite du tsunami de décembre 2004, MSF a travaillé à Banda Aceh (province d’Aceh),

En juin 2007, MSF a transféré aux autorités locales ses activités de lutte contre la tubercu­ lose à Ambon (province des Moluques). Ce projet pilote, axé sur le patient, a fourni des combinaisons à dose fixe, qui améliorent le respect du traitement, et a renforcé les compétences en soutien psychologique du personnel soignant local. MSF travaille en Indonésie depuis 1995.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

INDONESIE


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KIRGHIZSTAN Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 30

La tuberculose est un fardeau pour le système de santé asphyxié de cette petite république enclavée d’Asie centrale, dont le taux de population carcérale est l’un des plus élevés au monde. Dans le système pénitentiaire précaire du Kirghizstan, MSF a décou­ vert une prévalence de la tuberculose 25 fois supérieure à celle du secteur civil. La prolifération des cas de tuber­ culose résistante, très difficile et très chère à traiter, est source d’inquiétude. Le système pénitentiaire ne peut assurer un diagnostic rapide et fiable ni une séparation adéquate des patients tuberculeux. Le surpeu­ plement des cellules, le manque de lumière et d’air frais et les maigres rations favorisent la propagation de la tuberculose. En collabora­ tion avec les autorités locales, MSF traite cette

LAOS Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 25

Il y a à peine six ans, certaines autori­ tés niaient encore la présence du VIH/ sida au Laos et les personnes qui en souffraient n’avaient aucun moyen d’obtenir un traitement antirétroviral (ARV). Afin de répondre aux besoins en matière de soins, MSF a lancé un projet VIH/sida en 2001 à Savannakhet, dans le sud du pays.

maladie dans un centre pour prisonniers tuberculeux et dans deux centres de détention préventive (un pour hommes, l’autre pour femmes) près de la capitale Bichkek, où MSF a rénové des laboratoires, des salles de consulta­ tion et les cellules des patients sous traitement intensif. En juin 2007, plus de 800 patients avaient été admis dans le programme DOTS (Directly Observed Treatment, Short course) de MSF, qui comprend un important volet d’information et d’éducation à la santé. MSF donne aussi aux patients du lait thérapeutique pour accélérer leur guérison. Un projet d’élevage fournit des œufs et de la viande. MSF se concentre sur le dépistage précoce de la tuberculose dans les 35 institutions pénitenti­ aires du pays : plus la prise en charge se fait tôt, meilleurs sont les résultats, avec moins de risques de contagion. Vu l’insuffisance des services de suivi pour les anciens détenus tuberculeux, MSF veille, avec d’autres ONG, à ce que les patients libérés puissent poursuivre leur traitement dans le système de santé civil.

du soutien croissant des donateurs, MSF prévoit de se retirer fin 2008, et a déjà commencé le transfert de ses activités aux acteurs nationaux. MSF se concentre désormais sur l’amélioration des capacités de gestion de ses partenaires des services de santé, et sur leur capacité à assurer le suivi des commandes et des stocks de médi­ caments. Ce processus de transfert prévoit également un partenariat avec les représen­

Le traitement ARV est maintenant disponible au Laos, mais il reste limité aux services ouverts par MSF dans deux hôpitaux publics : à Savannakhet et à l’hôpital Setthathirat de Vientiane, la capitale. En mai 2007, 800 patients y bénéficiaient d’un suivi, dont 540 recevaient des ARV. Les actions de sensibilisation, menées auprès des autorités et de partenaires concernant ces patients et leur besoin urgent de soins, ont facilité la reconnaissance de la réalité du VIH/ sida au Laos. L’accès aux ARV a finalement été inscrit dans la stratégie nationale de lutte contre la maladie en 2006. Fort de ce succès et

© Bruno Stevens

© Claude Mahoudeau

MSF a diagnostiqué des premiers cas de tuber­ culose multirésistante et polyrésistante ; leur traitement débutera avant la fin de 2007. MSF travaille au Kirghizstan depuis 2005.

tants d’organisations qui soutiennent les personnes atteintes du VIH/sida. MSF partage aussi les enseignements tirés de ses projets dans le pays, et insiste sur l’importance du rôle de surveillance que peuvent jouer les patients pour identifier tout problème dans le système pouvant les empêcher de recevoir un traite­ ment adéquat. MSF travaille au Laos depuis 1989.


65 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

MYANMAR Motif d’intervention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 1.083

Au Myanmar, la détresse de millions d’habitants continue de passer inaperçue. Contrôlé par une junte militaire depuis 1962 et sous le coup de sanctions internationales, le pays est isolé depuis des décennies. La population n’a pas accès aux soins de santé et ne peut s’offrir ces services, même lorsqu’ils existent. Le paludisme, la malnutrition, la tuberculose et les maladies sexuellement transmissibles (MST) causent de nombreux décès et maladies. Dans ce contexte difficile, MSF négocie conti­ nuellement pour obtenir l’accès aux patients, et a réalisé plus d’un million de consultations en 2006. En 2006/2007, des projets étaient en cours à Rangoon, dans la division de Thanintharyi, et dans les États de Kayah, Kachin, Shan et Rakhine. MSF gère divers projets axés sur la prévention et le traitement des MST et du VIH/sida dans les régions regroupant un nombre élevé de prostituées, de toxicomanes et de migrants. En 2006, plus de 9.500 personnes bénéficiaient de ces programmes.

La population n’a pas accès aux soins de santé et ne peut s’offrir ces services, même lorsqu’ils existent Les personnes atteintes du VIH/sida étant souvent co-infectées par la tuberculose, MSF s’attache à les identifier et à les traiter dans ses cliniques. Dans le programme VIH/sida de Rangoon, plus de 11.422 personnes ont été dépistées pour la tuberculose et 4.397 admises en traitement en 2006. Le projet vise aussi les prostituées et personnes atteintes de MST. MSF gère également un programme VIH/sida comportant un volet tuberculose à Dawei, dans la division de Thanintharyi, où 884 patients tuberculeux ont été soignés en 2006. De tels programmes existent dans les États de Kachin, Shan et Rakhine. Le paludisme sévit dans tout le pays. À Myeik, MSF gère trois cliniques et un système de surveillance par bateau pour atteindre les habitants des zones les plus reculées de l’archi­ pel. MSF a ainsi traité 17.462 patients en 2006.

© Chris de Bode / Panos

Les paludéens sont aussi soignés dans l’État de Kayah, négligé à cause de son relief accidenté et de la guerre civile qui s’aggrave. MSF y gère un programme de soins primaires à l’intention des victimes directes et indirectes du conflit, dans des cliniques fixes et mobiles. Dans l’État de Rakhine, en 2006, plus de 450.000 personnes ont subi un dépistage et 210.000 ont été traitées dans ce qui est le plus vaste programme antipaludique de MSF ; il soutient 30 cliniques et gère sept cliniques mobiles, qui se concentrent sur le diagnostic et le traitement de la maladie.

Dans cet Etat, MSF combat la discrimination envers les Rohingyas – une minorité musul­ mane à la citoyenneté controversée – en leur offrant un accès gratuit aux soins, et en trai­ tant chaque année environ 50.000 patients et 3.000 enfants malnutris dans son programme de nutrition. MSF plaide auprès du gouverne­ ment pour un meilleur accès aux soins pour les Rohingyas et s’efforce, par le biais de communications publiques, de sensibiliser la population aux difficultés rencontrées par cette minorité. MSF travaille au Myanmar depuis 1992.


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NÉPAL Motif d’intervention • Conflit armé Personnel de terrain 333

MSF a établi des projets au Népal durant le violent conflit qui a opposé, pendant plus d’une décennie, les rebelles maoïstes et l’armée du gou­ vernement royal. Suite à la signature d’un accord de paix en novembre 2006, les maoïstes sont entrés dans un gouvernement transitoire, constitué début 2007. Malgré la fin officielle du conflit, l’accès aux soins de santé demeure difficile et la santé des femmes, préoccupante. Dans les villes de Kalikot et Khotang, MSF poursuit ses projets centrés sur la santé des femmes et la santé reproductive. Des soins et médicaments gra­ tuits sont offerts à tous les patients. Au total, 26.094 consultations y ont eu lieu en 2006.

Après un dépistage des femmes par le minis­ tère népalais de la Santé, une ONG chirurgi­ cale népalaise, Public Health Concern Trust Nepal, a fourni le matériel médical et des chirurgiens. Durant deux mois, MSF a organisé et supervisé ce projet, construit des abris et des structures temporaires supplémentaires pour faciliter le volume des opérations, logé les patientes et leur entourage, et assuré le suivi postopératoire. Toutes les opérations ont été réalisées avec succès.

PAKISTAN Motif d’intervention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 475

Transferts de Projets Dans le cadre d’un partenariat avec le ministère népalais de la Santé à l’hôpital de référence de Salle, dans le district de Rukum, MSF a assuré, en 2006, 27.300 consultations externes, le plus souvent pour des infections respiratoires et des diarrhées ; 1.728 consultations gynécologiques et obstétriques ; le suivi de 79 patients atteints de tuberculose ; la gestion de la pharmacie, une hygiène convenable, et l’élimination des dé­ chets. MSF s’est maintenant retiré de ce projet.

Des inondations causées par les fortes pluies de mousson et le passage du cyclone Yemyin sur le sud du pays en juin 2007 ont déplacé des milliers de personnes dans la province occidentale du Balouchistan. MSF est intervenu en urgence pour assister le ministère de la Santé. MSF a traité plus de 1.000 cas de diarrhées et infections cutanées dans les semaines qui ont suivi les inondations, et a créé deux centres de traitement des diarrhées à Turbat et Jhal Magsi, ainsi qu’une unité de traitement de l’eau à Ormara et un poste de chloration à Pasni, pour fournir de l’eau potable. À Jaffarabad, Jhal Magsi, Nasiribad et Turbat, MSF a apporté du matériel médical et de secours, envoyé des médecins et des infirmiers en renfort et des cliniques mobiles dans les communautés isolées.

Nouveau projet dans la province de la Frontière du Nord-Ouest

© Julia Wensche

En mai 2007, MSF a supervisé un projet de six jours visant à opérer, à Khotang, 83 femmes présentant un prolapsus utéro-vaginal, c’est-àdire une descente de l’utérus dans le canal vaginal, due à l’affaiblissement des tissus soutenant l’utérus dans la cavité pelvienne. Cette affection résulte souvent d’un trauma­ tisme obstétrique pendant l’accouchement. Douleurs, pertes et infections de la vessie sont autant de symptômes difficiles et affaiblissants qui affectent gravement la qualité de vie, et voient certaines femmes être abandonnées par leur mari.

En 2006/2007, MSF a continué à gérer deux hôpitaux, situés dans les zones anciennement « maoïstes » de Rukumkot et Arviskot. 37.500 consultations y ont eu lieu en 2006. La signa­ ture de l’accord de paix entre le gouvernement et les maoïstes a rendu les déplacements plus sûrs dans ces régions, permettant désormais aux patients d’atteindre les structures de santé, et rendant l’intervention médicale de MSF moins nécessaire. Ces projets ont donc été transférés à des ONG locales en juin 2007. MSF travaille au Népal depuis 2002.

Depuis octobre 2006, MSF soutient l’offre de soins primaires et surtout maternels à l’hôpi­ tal d’Agra et dans une série de dispensaires du district de Malakand Agency (province de la Frontière du Nord-Ouest). En juillet 2007, MSF avait assuré environ 2.000 consultations à l’hôpital d’Agra, et admis 104 patients en traitement, surtout pour des infections respi­ ratoires, traumas et maladies chroniques.

Fournir des soins dans les zones tribales sous administration fédérale Depuis mars 2006, MSF assure environ 1.000 consultations pédiatriques par mois à l’hôpital d’Alizai (district de Kurram). Désormais MSF couvre aussi la santé reproductive (chirurgie obstétrique d’urgence et services de néonatalo­ gie) dans les hôpitaux d’Alizai et Sadda.


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Motif d’intervention • Conflit armé Personnel de terrain 30

Après vingt ans d’une guerre civile qui a fait plus de 60.000 morts, le Gouvernement sri-lankais et les Tigres tamouls (LTTE) ont finalement conclu un cessez-le-feu en 2002, permettant le retour à une vie civile relativement normale. Toutefois, le pays est resté le théâtre de maints incidents violents. Fin 2005, la reprise des affrontements à grande échelle a rapidement mis fin de facto au cessez-le-feu, ceci étant lourd de conséquences pour les civils.

© Paolo Pellegrin / Magnum Photos

Pendant la flambée de violences sectaires de mars 2007, les équipes de MSF ont offert un soutien médical d’urgence et du matériel de chirurgie, ainsi que des biens de première nécessité, aux familles déplacées.

Aide aux Afghans dans la province du Balouchistan MSF assure plus de 5.000 consultations médi­ cales par mois dans un dispensaire rural et soutient les soins materno-infantiles à Kuchlak, un camp de réfugiés en majorité afghans, juste au nord de Quetta, au Balouchistan. Depuis mai 2007, MSF soutient l’hôpital de la ville frontalière de Chaman (Balouchistan) via un projet en santé reproductive. Les services gouvernementaux sont mis à rude épreuve pour répondre aux besoins des habitants de la ville, de la population rurale, des réfugiés afghans et des patients venant de l’Afghanistan voisin. En mai 2007, MSF a lancé un program­ me communautaire pour enfants souffrant de malnutrition dans les districts de Nasiribad et Jaffarabad ; plus de 150 enfants y étaient traités en juillet.

Les combats dans le nord et l’est ont déplacé plus de 300.000 personnes, et en ont fait fuir 10.000 autres en Inde. Les chiffres officiels recensent plus de 3.000 morts en 2006. Les habitants des zones de conflit vivent dans la peur, victimes des combats, de meurtres et d’enlèvements. Les organisations humanitaires aussi ont été affectées ; le plus grave incident a vu 17 membres nationaux d’Action Contre la Faim (ACF) être tués à Muttur, en août 2006. Le conflit a isolé de larges pans de la popula­ tion civile. La circulation est limitée, les routes sont coupées et l’approvisionnement en biens essentiels est très difficile. Cet isolement a un grave impact économique, entraînant une hausse spectaculaire des prix et des limitations de la pêche et du commerce. Les services sanitaires sont très affectés : de nombreux spécialistes médicaux ont fui, privant la population d’accès aux soins. MSF a travaillé au Sri Lanka dès 1986, durant toute la guerre, et a progressivement fermé ses programmes après le cessez-le-feu de 2002. En mai 2006, vu la reprise des hostilités, MSF a décidé de retourner aider la population des zones de conflit. Malgré les demandes d’aide du ministère de la Santé, des obstacles bureau­ cratiques ont empêché les équipes de poursuivre le travail commencé à l’été 2006 à l’hôpital de Point Pedro, sur la Péninsule de Jaffna.

Fin de l’aide aux victimes du séisme En octobre 2005, un séisme, survenu environ 100 kilomètres au nord de la capitale Islamabad, a causé beaucoup de dégâts et fait environ 73.000 morts, 128.000 blessés et plus de trois millions de sans-abri. MSF a étendu ses activités dans cette région pour fournir des services d’eau et d’assainissement, des soins primaires et un soutien en santé mentale. MSF a clôturé la plupart de ces programmes fin 2006 ; le dernier, un hôpital temporaire construit par MSF à Bagh, doit être confié aux autorités locales fin 2007. MSF travaille au Pakistan depuis 2000.

Il a fallu attendre janvier 2007 pour obtenir les autorisations nécessaires et reprendre les activités. MSF a ouvert trois programmes à Point Pedro, Vavuniya et Mannar, dans les zones de conflit contrôlées par le gouverne­ ment ; les habitants y sont très vulnérables vu la proximité de la ligne de front et les restrictions à la circulation. MSF soutient les unités de chirurgie des hôpitaux publics, qui manquent surtout de personnel spécialisé. Depuis le début de 2007, les équipes ont réalisé en moyenne 450 opérations par mois.

© Henk Braam

Une fois les trois premiers projets lancés, l’expansion des programmes médicaux dans les zones de conflit contrôlées par les LTTE a été possible. Les structures de santé y man­ quent cruellement de personnel et de maté­ riel, et la population reste souvent bloquée par les combats. En mai, MSF a entamé un nou­ veau programme dans le district de Batticaloa, dans l’est, où des milliers de personnes ont été déplacées. Ses cliniques mobiles ont offert des soins primaires aux déplacés vivant dans des camps, et les ont approvisionnés en matériel de secours et en eau. Un soutien gynécologique est aussi fourni à l’hôpital de Valachenai. Un autre programme dans la ville de Killinochchi, contrôlée par les LTTE, soutient les unités de pédiatrie et d’obstétrique d’urgence à l’hôpital général. En juillet 2007, MSF attendait l’autorisation du gouvernement pour lancer un projet à Adampan, une zone du district de Mannar contrôlée par les LTTE. MSF travaille au Sri Lanka depuis 2007.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

SRI LANKA


Afri c A | Asi a an d t heLes Cauc pro asus j ets |de ThMSF e A màertircav a ser | sE u le r op m on e adned| tAhsi e eMet i d dCau le c Ea ase st

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THAÏLANDE

et à la distribution de nourriture, en veillant à ce que les familles ne soient pas séparées.

Motif d’intervention • Endémie/épidémie • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 161

C’est en Thaïlande que MSF a utilisé en 2000 ses premiers antirétroviraux (ARV), des génériques, pour traiter le VIH. Depuis, MSF travaille en collabora­ tion avec les autorités sanitaires et des partenaires locaux pour améliorer la prise en charge du VIH/sida. En juillet 2007, 100.000 patients recevaient gratuitement, via le système de santé national, des ARV de première ligne, en majorité des génériques produits localement. Toutefois, des groupes vulné­ rables restent exclus, et le besoin croissant de médicaments de deuxième ligne – pour les cas ne répondant pas aux traitements de première ligne – pose de nouveaux défis. La Campagne de MSF pour l’Accès aux Médicaments Essentiels continue de promouvoir une production à grande échelle d’ARV génériques, et soutient l’utilisation par le ministère de la Santé de licences obligatoires pour accroître l’accès aux génériques contre le sida.

Le gouvernement thaïlandais expulse désor­ mais les Hmongs dès leur entrée dans le pays. MSF a appelé le gouvernement à cesser ces expulsions et à assurer la sécurité des Hmongs. MSF a aussi pressé la communauté internatio­ nale d’adopter une position claire sur ces réfugiés. A Mae Sot (à la frontière birmano-thaïe), MSF traite depuis 1999 la tuberculose parmi les travailleurs clandestins venus du Myanmar. Entre 2005 et 2006, le nombre de cas traités a doublé, atteignant un total de 799, dont 70% ont achevé leur traitement. En 2006, le minis­ tère de la Santé a autorisé l’importation de traitements contre la tuberculose multi­ résistante. Depuis la mi-2007, MSF propose des diagnostics et traitements précoces du paludisme dans l’État Mon (autonome), au Myanmar, situé dans la zone de cessez-le-feu à la frontière thaïlandaise. Basé à Sangklaburi, dans la province de Kanchanaburi, MSF fournit aux structures de santé locales des médicaments, du matériel de laboratoire et des formations. Dans les hôpitaux de Chiang Saen et Mai Sai, dans la province de Chiang Rai, à la frontière avec le Laos, MSF offre une prise en charge transfrontalière du VIH/sida aux minorités non enregistrées originaires du Myanmar et du Laos. MSF a renforcé les capacités de trois hôpitaux laotiens, afin que les Laotiens puissent être soignés dans leur pays.

© Greg Constantine

Le gouvernement thaïlandais expulse désormais les Hmongs dès leur entrée dans le pays Dans la province de Kalasin (nord-est), MSF collabore avec l’hôpital du district de Kuchinarai et des groupes communautaires pour renforcer et maintenir les thérapies antirétrovirales de première ligne par une surveillance de la charge virale et des activités communautaires. En juillet 2007, 180 patients recevaient des ARV de première ligne et cinq bénéficiaient du seul projet pilote à offrir des ARV de deuxième ligne au niveau du district.

Soigner les migrants et les minorités En Thaïlande, seuls les Thaïlandais enregistrés ont accès à l’assurance-maladie. MSF a exprimé son inquiétude quant à la santé des groupes

marginalisés et presse les autorités de répondre à leurs besoins. Dans le nord, à Petchabun, MSF assiste depuis 2005 les Hmongs laotiens en assurant des soins médicaux adéquats, l’approvisionnement en eau et l’assainissement dans le camp de Huai Nam Khao. Les 24.000 consultations de 2006 concernaient surtout des infections respira­toires et des diarrhées. MSF a sensibilisé les chefs du camp et les autorités sanitaires au risque d’épidémies dans ce camp surpeuplé. Fin juin 2007, les 7.900 réfugiés ont commencé à être relogés dans un camp de transit plus grand. MSF a contribué aux soins médicaux

À Phang Nga, des milliers de clandestins birmans continuent à traverser la frontière, à la recherche de travail en Thaïlande. La barrière de la langue, la peur d’être arrêté et le manque d’information les empêchent d’obtenir les soins nécessaires. Grâce à des cliniques mobiles, des centres de santé et du personnel médical parlant birman, MSF offre des soins primaires, notamment maternoinfantiles, et traite les maladies contagieuses, dont le VIH/sida. MSF a recensé 3.600 consulta­ tions à Phang Nga en 2006. Dans la communauté musulmane du sud de la Thaïlande, les violences et le sentiment de suspicion du gouvernement et des communau­ tés locales vis-à-vis des personnes extérieures limitent les activités de MSF, qui y maintient néanmoins un projet de sensibilisation au VIH/sida.


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En 2006, l’apparition d’une forme extrêmement mortelle de la tuberculose en Afrique du Sud a alarmé le monde entier. Des études menées par l’Université de Kwazulu-Natal ont révélé que 52 des 53 patients n’ayant pas réagi au traitement contre la tuberculose multi­ résistante étaient morts de tuberculose ultrarésistante (XDR-TB), mettant en lumière l’escalade d’une crise sanitaire que MSF s’efforce d’endiguer depuis plus de sept ans. La capacité à traiter les patients revêt aujourd’hui une dimension critique face à l’émer­ gence de souches résistantes et à la propagation rapide de la maladie parmi les personnes atteintes du VIH/sida. Les outils actuels – diagnostics, vaccins, médicaments – sont insuffisants : selon une enquête de MSF, sur un groupe de 168 patients ayant suivi un traitement contre la tuber­ culose multirésistante dans les projets de MSF de par le monde, seuls 55% l’ont achevé avec succès. Les médicaments utilisés pour traiter la tuberculose multirésistante ne sont pas efficaces et provoquent de graves effets secondaires. Un peu plus d’un cinquième des patients ont interrompu leur traitement d’une durée de 18 à 24 mois, et 13% sont morts malgré des traitements optimaux. Certains ont développé la forme ultrarésistante de la maladie, encore plus mortelle.

© Michael Heine

Soigner les utilisateurs de drogues injectables et les prisonniers Les utilisateurs de drogues injectables (UDI) en Thaïlande sont le groupe à plus haut risque d’infection par le VIH. Les discriminations à leur égard les privent souvent de soins adé­ quats. MSF dispense une fois par semaine des soins généraux et des traitements contre les maladies infectieuses, comme le VIH/sida, dans deux centres d’UDI. MSF accompagne les UDI dans les procédures hospitalières, et les suit pour veiller au respect du traitement et détec­ ter des complications. MSF assure aussi la prévention et le traitement du VIH dans deux prisons de Bangkok, en partenariat avec le gouvernement. Les prisons thaïlandaises ont des taux élevés d’infection par le VIH et souffrent d’un manque de res­ sources humaines et financières. MSF a admis 67 patients dans son programme ARV depuis 2003. MSF traite les infections opportunistes, forme du personnel médical, couvre les coûts de laboratoire, et en collaboration avec les autorités, élabore un programme de forma­ tion, qui permettra d’étendre ces services à toutes les prisons thaïlandaises. MSF travaille en Thaïlande depuis 1983.

L’Afrique australe, au cœur de la pandémie de sida, révèle les limites des outils médi­ caux actuels. La plupart des séropositifs sont également touchés par la tuberculose L’Afrique australe, au cœur de la pandémie de sida, révèle les limites des outils médicaux actuels. La plupart des séropositifs sont également touchés par la tuberculose, leur système immunitaire étant particulièrement vulnérable à la contagion par cette maladie: dans un projet MSF au Lesotho, 92% des patients tuberculeux étaient co-infectés par le VIH. Or il est très difficile de diagnostiquer la tuberculose chez les patients séropositifs dans des zones rurales isolées ne disposant pas des équipements sophistiqués nécessaires. Malgré l’urgence, il n’existe aucun médicament valable pour traiter la tuberculose multiré­ sistante et les co-infections par le VIH, et aucun test de dépistage adéquat. Sans ces outils, il sera probablement impossible d’endiguer la propagation de la maladie. Pour stimuler et accélérer le développement de nouveaux outils, la Campagne de MSF pour l’Accès aux Médicaments Essentiels (CAME) a réalisé une étude critique des recherches pharmaceutiques en cours, et a relevé de nombreuses lacunes. Après 40 ans d’inertie, de nouveaux médicaments sont en voie d’élaboration, mais aucune avancée majeure ne se profile pour le traitement ou le diagnostic de la tuberculose. En janvier 2007, un symposium international organisé à New York par MSF avec les laboratoires pharmaceutiques, les spécialistes en recherche clinique, les professionnels de la santé, les décideurs politiques, les donateurs et des militants a formulé une série de propositions pour stimuler le développement de meilleurs médicaments et tests pour la tuberculose. Ces propositions comprennent un appel à réaliser des essais cliniques de tous les nouveaux produits sur les souches multirésistantes. Actuellement, seule une société pharmaceutique teste l’usage de ses médicaments contre les souches multirésis­ tantes, et MSF appelle d’autres acteurs à suivre son exemple.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06|07 06 | 07

La tuberculose évolue plus vite que les médicaments et les diagnostics


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TURKMÉNISTAN OUZBÉKISTAN Motif d’intervention • Violence sociale/ exclusion des soins de santé Personnel de terrain 73

MSF s’efforce d’améliorer la qualité des soins pédiatriques et obstétriques à Magdanly, une zone pauvre à majorité ouzbèque, située à la frontière est du pays, loin de la capitale. Malgré les revenus que l’État tire du gaz, la misère règne dans de nombreuses provinces de cette ex-république soviétique d’Asie centrale. MSF se bat avec un système de santé qui risque d’entraver le progrès de ses programmes, mais constitue la base de sa présence au Turkménistan. MSF assiste les unités de pédiatrie, maladies infectieuses, soins intensifs et maternité de l’hôpital de la ville de Magdanly en fournissant du matériel médical et des médicaments, et en soutenant les laboratoires. Le projet y a créé une unité de soins intensifs néonatals et un centre d’examen pédiatrique, et effectue des visites régulières aux dispensaires proches de Magdanly. MSF traite les complications néonatales et se concentre sur le soutien vital aux prématurés. Une large formation du personnel local, et une éducation des communautés à la santé sont également proposées. En 2006, dans les projets de MSF, 40.000 consultations ambulatoires et 3.000 consultations de patients hospitalisés ont été directement soutenues par le personnel médical de MSF, de même que 1.000 accouche­ ments.

Blocage de l’introduction du traitement de la tuberculose En 2006, MSF a continué à préconiser l’insertion du programme DOTS (Directly Observed Treatment, Short course) dans le système public de santé du district. Après des mois de pression, MSF a reçu, à l’été 2006, un avis favorable du ministère de la Santé, mais les préparatifs pour intégrer le dépis­ tage et le traitement des patients sont à l’arrêt depuis septembre 2006 en raison d’objections au concept de services intégrés pour la tuberculose. Bien que le Turkménistan ait adopté un program­ me national de traitement de la tuberculose conforme aux stratégies DOTS de l’Organisation mondiale de la Santé, beaucoup de patients restent privés d’accès à des soins de qualité. MSF travaille au Turkménistan depuis 1999.

Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 84

L’assèchement de la Mer d’Aral a eu des effets désastreux sur la santé des populations et l’économie régionale © Donald Weber / Atlas Press

L’Ouzbékistan enregistre l’un des taux les plus élevés au monde de tuberculose (TB) multirésistante (MDR-TB), c’est-à-dire résistant aux principaux médi­ caments antituberculeux, la rifampicine et l’isoniazide. Elle se retrouve chez 40% des patients suivant un traitement antituberculeux pour la seconde fois et 13% des patients tuberculeux nouvellement diagnostiqués. MSF a également diagnostiqué des cas de TB ultrarésistante (XDR-TB), pour laquelle la proba­ bilité de guérison est plus faible encore. Le manque de soins adéquats et les conditions socio-économiques défavorables rendent la situation des patients particulièrement difficile dans la région autonome du Karakalpakstan, où la catastrophe écologique que constitue l’assèchement de la Mer d’Aral a eu des effets désastreux et tenaces sur la santé des popula­ tions, et sur l’économie régionale fortement dépendante de la pêche. La MDR-TB nécessite un traitement long (pou­ vant atteindre 24 mois) comprenant un cock­ tail quotidien de médicaments de deuxième ligne, onéreux et hautement toxiques. En juin 2007, 468 patients étaient enregistrés au Karakalpakstan et 260 traités dans le cadre du premier programme « DOTS-Plus » de lutte contre la tuberculose en Ouzbékistan, géré par MSF et le ministère de la Santé. Ce projet est le prolongement du premier programme DOTS (Directly Observed Treatment, Short course) de lutte contre la tuberculose ordinaire, lancé par MSF en 1998. MSF a réhabilité un hôpital de 75 lits et un laboratoire d’analyse myco­ bactériologique à Nukus, capitale de la région, et fourni 40 lits supplémentaires pour la MDR-TB au principal sanatorium du ministère de la Santé.

Malgré les efforts déployés pour prendre en charge davantage de patients, la liste d’attente s’allonge, témoignant des besoins restant à satisfaire dans cette région. Les patients sont traités au sanatorium tant qu’ils sont conta­ gieux, ce qui peut durer 2 à 4 mois, puis poursuivent un traitement ambulatoire dans les postes DOTS-Plus de centres de santé plus petits, à Nukus et dans le district voisin de Chimbay. Outre des soins cliniques de qualité, l’équipe multidisciplinaire de MSF assure prévention et éducation sanitaire et apporte un soutien psychologique aux patients, à leurs familles et à la communauté. Ce projet inclut de la recherche opérationnelle de pointe qui permettra de mieux comprendre la MDR-TB. Durant les quatre années du projet pilote DOTS-Plus, MSF a plaidé auprès du ministère de la Santé, du Green Light Committee des Nations Unies et du Fonds mondial pour pouvoir éten­ dre le projet dans la région, ce qui permettra à MSF de le transférer prochainement au minis­ tère de la Santé. MSF travaille en Ouzbékistan depuis 1997.


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Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Les Amériques

© Cristina De Middel, Haïti


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Les Amériques

Haïti Guatemala HONDURAS

Colombie

Équateur

Pérou

Bolivie

73 | Bolivie 73 | Colombie 74 | Équateur 74 | Guatemala 75 | Haïti 76 | Honduras 76 | Pérou


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COLOMBIE

Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 76

Motif d’intervention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 267

Peu connue hors des Amériques, la maladie de Chagas est une infection parasitaire qui touche actuellement quelque huit millions de personnes en Amérique Latine ; la Bolivie est la plus affectée. Transmise par des insectes hématophages que l’on trouve communément dans les régions rurales pauvres, la maladie de Chagas peut être fatale, affaiblissant le cœur et/ou le sys­ tème intestinal. Seuls deux médicaments, relativement anciens, traitent cette maladie, et présentent un risque d’effets secondaires ; le suivi des patients est une nécessité. Jusqu’à présent, le traitement des adultes s’est avéré inefficace, et les enfants sont la cible princi­ pale des interventions médicales. MSF a entrepris de nombreux projets de prévention et de traitement de la maladie de Chagas en Bolivie, et dépiste et traite à présent les jeunes de moins de 18 ans dans la ville de Sucre (département de Chuquisaca). Le Programme national de Chagas ayant commencé, en 2006, à diagnostiquer et traiter les patients de moins de 15 ans dans plusieurs municipalités, MSF a réduit ses activités. A la fin de l’année, MSF a fermé un projet de cinq ans centré sur les moins de 15 ans à Tarija (province d’O’Connor), un contexte rural complexe. Il s’était concentré sur la sensibilisa­ tion et le dépistage, couvrant quelque 95% de la population ciblée, et traitant 1.400 enfants. Durant la seconde moitié de 2007, MSF mettra en œuvre un nouveau projet visant les adultes de la région urbaine de Cochabamba. Afin de sensibiliser le public à la maladie de Chagas, MSF coopère avec les organisations nationales et internationales et encourage la recherche et le développement de médica­ ments et diagnostics efficaces. MSF est parte­ naire de l’Organisation panaméricaine de la Santé et fait partie du réseau mondial de lutte contre la maladie de Chagas lancé par l’Organisation mondiale de la Santé en juillet 2007. MSF travaille en Bolivie depuis 1986.

Un conflit ouvert ravage certaines parties de la Colombie depuis plus de 40 ans, opposant des guérilleros aux forces gouvernementales, à la police et aux paramilitaires soutenus par le gouvernement. En 2007, on estimait à 3,8 millions le nombre de déplacés internes ayant fui massacres, assassi­ nats et intimidations. Ce climat de peur peut avoir des conséquences psychosociales et un impact durable pour de nombreux Colombiens. L’aide en santé mentale est donc centrale dans la plupart des projets de MSF en Colombie. En 2007, MSF a lancé à Tame (département d’Arauca) un projet visant à combler les lacunes de la couverture médicale des nou­ veaux déplacés internes, dues à des retards dans l’octroi d’allocations sociales. MSF assure des consultations en santé mentale, mais forme et soutient aussi les institutions locales. MSF tente de créer un réseau de soutien aux déplacés, associant toutes les institutions proposant des services médicaux, psychologi­ ques, économiques et de recherche de parents. MSF dispense aussi des soins médicaux et psychologiques dans les zones rurales d’Arauca. Dans les départements ruraux de Tolima et Huila, MSF a assuré 11.074 consultations médicales et 4.700 consultations individuelles et collectives en 2006. À Algeciras, Casa Blanca, affectées par le conflit, MSF propose une aide psychologique et à Ibagué, la capitale de Tolima, des soins primaires aux déplacés qui attendent leur certificat de déplacement pour accéder aux services publics de santé. Dans le district de Soacha, près de Bogotá, MSF procure des soins médicaux et un soutien en santé mentale aux nouveaux déplacés et aux exclus du système de santé publique. MSF informe en outre les familles déplacées sur leur droit à la santé et sur la manière d’accéder au système de santé compliqué. À Florencia, Caquetá, ses services psychosociaux reçoivent environ 700 patients par mois, surtout pour dépression et stress post-traumatique.

Dans la région de Barbacoas (province de Nariño), MSF fournit des équipes mobiles mais aussi un soutien aux structures sanitaires, en formant le personnel soignant, en aidant à rénover les structures rurales et en établis­ sant des systèmes d’assainissement et de gestion des déchets. À Uraba, Antioquia, une clinique fixe traite les maladies courantes, comme la tuberculose, le paludisme et la leishmaniose. Les équipes mobiles assurent les soins de base (vaccinations et soins dentaires, gestion de l’eau, évacuation des eaux usées et des déchets, distribution de moustiquaires et soins de santé mentale). De plus, une clinique de santé reproductive globale prend en charge les cas de VIH/sida et les victimes de violences sexuelles. Un projet similaire existe à la clinique de Tibu, dans la province de Norte de Santander, dans le nord-est. Sincelejo, un bidonville urbain de la province de Sucré (nord-ouest), accueille beaucoup de déplacés. MSF y assure soins de base et en santé mentale, et traite aussi le VIH/sida, la tuberculose, les maladies sexuellement trans­ missibles et les victimes de violences sexuelles. Des projets de gestion de l’eau et des déchets améliorent l’hygiène dans les barrios de déplacés. À Riosucio et Quibdo (département de Chocó), MSF cible la santé sexuelle et reproductive et propose des soins médicaux et psychologiques aux survivantes de violences sexuelles. MSF forme aussi du personnel et des institutions locales à l’utilisation d’un kit prophylactique post-exposition, susceptible de réduire le risque d’infection après une exposition acci­ dentelle au VIH. Dans les zones rurales d’Istmina et de Río San Juan, dans le même département, des équipes mobiles assurent des soins primaires et en santé sexuelle et reproductive. MSF offre des services médicaux de base aux communau­ tés de Río San Juan et une aide technique aux dispensaires le long de la rivière. MSF gère à Andagoya/Istmina un centre de santé centré sur les besoins des femmes, et loge à Andagoya les femmes en fin de grossesse venant des zones très isolées. MSF travaille en Colombie depuis 1985.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

BOLIVIE


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éQUATEUR

GUATEMALA

Motif d’intervention • Endémie/ épidémie • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 28

Motif d’intervention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 111

En Équateur, l’éruption du volcan Tungurahua en juillet puis août 2006 a nécessité l’évacuation des habitants de la ville touristique de Banos et des alentours. A chaque fois, MSF a assisté les populations déplacées via les struc­ tures de santé locales, et a procuré une aide médicale et matérielle, notamment des abris et kits d’hygiène, à plus de 3000 personnes. Malgré l’activité intermittente du Tungur en 2006 et 2007, le personnel médical était suffisant et l’envoi de ressources humaines par MSF n’a pas été néces­ saire. MSF a fourni du matériel médi­ cal afin de rééquiper les hôpitaux et les centres de santé de la région.

MSF observe une montée des violences urbaines au Guatemala et s’efforce de mieux en comprendre les causes et l’étendue pour y apporter une solution efficace. En 2007, une équipe a entamé la mise en place de services médicaux et psychologiques pour aider les victimes de violences sociales et domestiques à Guatemala City. Transfert de projets Le soutien croissant des donateurs internatio­ naux et les améliorations progressives des soins médicaux financés et assurés par les structures étatiques guatémaltèques ont conduit MSF à transférer de nombreux projets en 2006/2007.

cliniques du ministère de la Santé a permis à MSF de transmettre deux programmes VIH/ sida, dont bénéficiaient 1.500 patients au total, à Coatepeque en décembre 2006, puis à la clinique Yaloc dans la capitale en août 2007.

En 2004, MSF a lancé un projet intégral pour le VIH/sida dans trois quartiers de Guayaquil Projet VIH/sida à Guayaquil En 2004, MSF a lancé un projet intégral pour le VIH/sida dans trois quartiers de Guayaquil, où le taux de prévalence du VIH est le plus élevé de l’Equateur. Guayaquil ne compte qu’un hôpital de référence et une « unité de contrôle de santé ». MSF a ouvert une nouvelle unité d’observation et de traitement à l’hôpi­ tal, ainsi que trois maternités et huit centres de santé, offrant gratuitement dépistage, counseling, traitements antirétroviraux (ARV), suivi pharmacologique et éducation à la santé. En juin 2007 MSF avait traité 1.770 patients et placé 530 d’entre eux sous ARV. MSF finalise le processus de transfert du projet de Guayaquil au ministère de la Santé, prévu officiellement pour décembre 2007. MSF travaille en Équateur depuis 1996.

© Juan Carlos Tomasi

En 2006, dans la capitale, le programme d’as­ sistance aux enfants des rues basé à la clinique Tzité a été transféré à une ONG locale après 6 ans d’activité. MSF y a assuré 2.393 consulta­ tions externes, 206 consultations prénatales, des soins psychologiques pour 125 patients et a aidé 1.243 enfants des rues. A Olopa, où MSF s’efforce de faciliter l’accès aux soins et aux traitements pour la maladie de Chagas, les activités ont été transférées aux autorités locales en décembre 2006. Depuis juillet 2007, les autorités locales de Puerto Barrios et de Livingstone assurent l’assistance aux personnes atteintes du VIH/sida. Depuis 2005, l’augmentation des investisse­ ments étrangers et des services offerts par les

Fournir des médicaments VIH/sida lors de ruptures de stock En 2006/2007, MSF a fourni des antirétroviraux (ARV) à plusieurs centres confrontés à des pénu­ ries répétées de médicaments. Sans ces ARV, les personnes séropositives risquent des disfonction­ nements du système immunitaire et toute infection opportuniste peut leur être fatale. MSF a plaidé pour la cause de ces patients, exhortant le Fonds mondial à user de son influence pour faire baisser le prix des médica­ ments, et pressant le gouvernement guatémal­ tèque de profiter des mécanismes de l’Organisa­ tion mondiale du Commerce pour acheter les médicaments les plus efficaces aux meilleurs prix. MSF travaille au Guatemala depuis 1984.


75 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

HAÏTI Motif d’intervention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 627

Violence et insécurité ont été omniprésentes à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, en 2006/2007. L’installation d’un nouveau gouver­ nement élu n’a mis fin ni aux affron­ tements entre groupes armés, police nationale haïtienne et Mission de stabilisation de l’ONU en Haïti (MINUSTAH), ni aux enlèvements et violences sexuelles. En juillet 2006 seulement, MSF a soigné plus de 200 blessés par balles dans ses trois installa­ tions de Port-au-Prince : le Centre de trauma­ tologie de Saint-Joseph, l’hôpital SainteCatherine de Cité Soleil et l’hôpital Jude Anne. En décembre 2006, MSF a lancé un nouveau projet à Martissant, un bidonville de Port-auPrince dépourvu de soins de santé et où les groupes armés se battent régulièrement. Durant les six premiers mois d’activité, MSF a traité environ 5.000 patients dans le service des urgences. Si nécessaire, les patients sont transférés vers d’autres structures de MSF. À Cité Soleil, un quartier de 200.000 habitants de Port-au-Prince, miné par la pauvreté et la violence, MSF a traité, depuis 2005, 15.900 patients à l’hôpital Sainte-Catherine, dont 20% à la suite de violences. À l’hôpital Jude Anne, qui compte 55 lits, MSF offre des soins obstétriques d’urgence depuis mars 2006. Les activités ont atteint un pic de 1.300 accouchements en septembre 2006, soit environ 20% des naissances à Port-au-Prince. Plus de 12.000 bébés étaient nés dans cet hôpital en juin 2007. Depuis mai 2007, MSF offre aussi des soins prénatals dans trois bidonvilles de Port-au-Prince.

Améliorer la prise en charge des victimes de violences En novembre 2006, MSF a déplacé son centre de traumatologie de l’hôpital Saint-Joseph à l’hôpital de La Trinité qui, plus grand, per­ mettait d’augmenter la capacité du service des urgences et d’améliorer les soins en chirurgie orthopédique. Depuis son ouverture en décembre 2004, MSF a soigné 6.400 victimes de violences, dont près de 3.000 blessés par balles.

© Pep Bonet / Noor

Violence et insécurité ont été omniprésentes à Port-au-Prince en 2006/2007 Viennent ensuite les cas de coups de couteaux (environ 1.600), de brutalités (700), de viols (500) et de violences familiales (500).

toires spécialisés ont accès à la physiothérapie et aux soins psychologiques.

Fermeture d’un projet Depuis juin 2007, MSF a accru sa capacité de prise en charge des victimes de violences sexuelles dans la capitale, leur proposant un traitement médical et psychologique global. Ce programme avait déjà traité 220 victimes de violences sexuelles entre juillet 2006 et juin 2007. MSF gère aussi un centre de rééducation où les patients nécessitant des soins postopéra­

Fin juin 2007, un projet de MSF à Petite Rivière de l’Artibonite a été transféré au ministère de la Santé, soutenu par une organisation locale, Zanmi Lasante. Ce projet était centré sur la santé maternelle et infantile. MSF travaille en Haïti depuis 1991.


Afri c A | Asi a an d t he Les Caucpro asus j ets | Th dee MSF A m er à itcraav s |erEsu rle opme on a ndde t| hLeesM iAdmér d lei qu Ea es st

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HONDURAS

Pérou

Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 37

Motif d’intervention • Endémie/épidémie Personnel de terrain 56

Tegucigalpa, capitale du Honduras, compte environ un million d’habitants. Dans cet environnement urbain, ce sont les enfants et adolescents des rues qui souffrent le plus d’une expo­ sition récurrente à la violence. MSF estime qu’ils seraient au minimum 400 à tenter de survivre, de manière précaire, dans les rues. Le plus souvent, ils ont fui leur foyer pour échapper aux conséquences de la dislocation de leur famille ou à la violence. La drogue – surtout la colle – augmente leur marginalisation et leur impression de rejet.

Au Pérou, MSF s’est concentré sur le traitement des maladies sexuellement transmissibles, surtout le VIH/sida. En 2006/2007, MSF a appliqué une nouvelle méthodologie (Dynabeads) de numération manuelle des CD4, un indicateur de fonctionnement du système immunitaire utilisé pour suivre les malades. MSF forme les soignants du ministère de la Santé à cette technologie, employée dans cinq provinces.

Des violences répétées, physiques comme psychologiques, leur sont infligées par un large éventail d’acteurs, dont les autres jeunes, les institutions, les commerçants, les milices et la police. En 2005, MSF a ouvert un centre thérapeutique de jour pour soigner ces jeunes à Comayaguela, un quartier marchand qui, par ses taux de criminalité, se classe parmi les districts les plus violents. MSF y propose des soins médi­ caux, des soins en santé mentale et des activi­ tés sociales et éducatives visant à introduire un élément de normalité dans le quotidien de ces jeunes, marqué par la toxicomanie et un stress permanent. Une attention particulière est accordée à la santé sexuelle et reproductive car ces jeunes sont exposés aux risques de grossesses multi­ ples, aux conséquences de la prostitution, aux violences sexuelles et aux maladies sexuel­ lement transmissibles. Le centre propose une série de services multi­ disciplinaires soutenus par un travail de rue visant à amener les jeunes au centre et/ou dans d’autres structures. En 2006, plus de 800 consultations en santé mentale et 1.200 consultations médicales ont eu lieu dans le cadre de ce programme. MSF travaille au Honduras depuis 1998.

© Larry Towell / Magnum Photos

Au Pérou, MSF s’est concentré sur le traitement des maladies sexuellement transmissibles, surtout le VIH/sida Dans le bidonville Villa El Salvador de Lima, MSF a poursuivi son projet pilote offrant des soins décentralisés aux patients atteints du VIH/sida, via plusieurs sites répartis dans le district de santé, plutôt qu’à partir d’une structure de santé unique. L’objectif est d’éla­ borer un modèle viable pouvant être reproduit à l’échelon national. En juin 2007, MSF avait placé 289 patients sous antirétroviraux (ARV) et offrait du counseling et des dépistages volontaires du VIH à environ 1.100 personnes par mois.

Fermeture du projet prison En juin 2007, MSF a clos un projet sur les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le VIH/sida à la prison d’État de Lurigancho, la plus grande du Pérou, située à Lima. Elle abrite environ 8.500 détenus dans un espace prévu pour 1.500, et le risque de contracter

le VIH y est cinq à sept fois plus élevé qu’à l’extérieur. Une approche multidisciplinaire des soins y a été instaurée en 2000, associant des médecins, un psychologue et des assistants sociaux. Ce projet a prouvé qu’il est possible d’offrir des soins adéquats en temps voulu pour les MST et le VIH/sida dans un environnement complexe. À la demande des autorités pénitentiaires, il a été reproduit avec succès dans trois autres prisons péruviennes : Chorillos Common, Chincha et Huaral. MSF a fait partager son expérience en publiant Lessons Learned : a multidisciplinary work experience in STI and HIV/AIDS in Lurigancho prison in Lima, Peru, en 2006. MSF travaille au Pérou depuis 1985 et y clôturera toutes ses activités fin 2007.


77 Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Europe et Moyen-Orient

© Benoit Marquet, Palestinian Territories


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Europe et Moyen-Orient

Fédération de Russie

Belgique FRANCE

Moldavie

Suisse

ITALie

79 | Belgique 79 | FRaNCE 80 | IRAN 80 | IRAk 81 | ITALie 82 | Moldavie 82 | Territoires palestiniens 82 | Fédération de Russie 84 | Suisse

Territoires palestiniens

IRAk

IRAN


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FRANCE

Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 16

Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 17

Bien que la loi belge leur accorde le droit aux soins de santé, les sans-papiers et demandeurs d’asile voient leur accès aux services sanitaires entravé par nombre d’obstacles administratifs. MSF assiste les migrants en leur offrant des soins médicaux et plaide pour que les services sociaux publics assument leurs responsabilités. En 2006/2007, des équipes se sont aussi attachées à aider les migrants placés en détention.

En mars 2007, MSF a ouvert à Paris un projet d’aide psychologique et médi­ cale pour les réfugiés, en particulier les sans-papiers, souffrant de troubles psychiques. En deux ans de soins dispensés à cette popula­ tion dans les centres médico-sociaux de Paris et de Marseille, les équipes de MSF ont consta­ té que, même avec une couverture médicale, ces personnes n’ont pas accès à un psycholo­ gue ou un psychiatre. Les difficultés associées à leurs affections en l’absence de soins, et à leur contexte de fragilité sociale, aggravent leur état psychologique.

© Dieter Telemans

MSF a constaté le coût humain de la détention chez les patients gravement malades MSF assure des consultations psychologiques et médicales régulières dans cinq centres fermés (Vottem, Melsbroek, Steenokkerzeel, Merksplas et Bruges), où des clandestins et des deman­ deurs d’asile sont détenus dans l’attente de leur expulsion. La plupart des 206 consultations effectuées depuis mai 2006 ont concerné des troubles psychosomatiques liés au stress, no­ tamment des maux de tête, des insomnies et un manque d’appétit. MSF a aussi constaté le coût humain de la détention chez des patients gravement mala­ des, souvent détenus durant plusieurs mois, dont des femmes connaissant des complica­ tions de grossesse, des séropositifs, des diabéti­ ques et des patients atteints de troubles psy­ chiatriques aigus. En mai 2007, MSF a publié les données recueillies en un an de visites dans ces centres ; le rapport montre que les détenus souffrant de problèmes de santé mentale ne reçoivent pas les soins nécessaires, et que les

patients gravement malades et les cas psychia­ triques sont enfermés. MSF a demandé une révision majeure et une adaptation des politi­ ques de détention des clandestins en Belgique.

Le programme mis au point à Paris est destiné à aider les patients en situation de détresse psychologique, ou souffrant de maux liés à leurs conditions de vie précaires pouvant mettre leur vie en danger. Les patients ayant besoin de l’assistance des services sociaux ou atteints d’une maladie grave ou chronique sont guidés vers des structures appropriées. MSF prévoit 2.000 consultations psychologi­ ques et 1.000 consultations médicales par an.

Fermeture de centres médicaux En 2006, MSF a fermé ses deux centres médicosociaux à Paris et Marseille. L’expansion des Permanences d’Accès aux Soins de Santé (PASS) bénéficiera aux personnes qui ne reçoivent pas d’allocations sociales. En 2006, jusqu’à l’arrêt de ces projets, l’équipe de Paris avait effectué plus de 13.000 consultations médicales et celle de Marseille 1.800.

Soigner les exclus du système À Bruxelles et Anvers, MSF continue à offrir des consultations médicales et psychosociales aux exclus du système normal, en majorité des clandestins et des demandeurs d’asile. En 2006, MSF a assuré plus de 8.000 consultations.

MSF travaille en France depuis 1987.

MSF fournit également des informations aux personnes menacées d’expulsion qui n’auront pas accès au traitement dont elles ont besoin dans leur pays d’origine. Un site Internet, www. ithaca-eu.org, a été lancé afin que ces informa­ tions soient facilement accessibles aux avocats et aux organisations qui tentent de contester les expulsions sur la base de motifs médicaux. MSF travaille en Belgique depuis 1987.

© Julie Lévèque

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

BELGIQUE


Afri c A | Asi a an d t he Cauc asus | Th e A m er i c a s | E u r op e a n d t h e M i d d le Ea st

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IRAN

IRAK

Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 106

Motif d’intervention • Conflit armé Personnel de terrain 28

Depuis la fin de la guerre en Afghanistan en 2002, un accord tripartite entre le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et les gou­ vernements d’Iran et d’Afghanistan a encouragé les réfugiés afghans à ren­ trer dans leur pays. Ce processus de « rapatriement volontaire », organisé par le HCR, a cependant cessé en 2006. Les autorités iraniennes ont repris les expulsions de clandestins en avril 2007, renvoyant 150.000 Afghans du pays. L’Iran abrite officiellement 1,2 million d’Afghans en situation légale et environ autant de sans-papiers. Les autorités iraniennes consi­ dèrent la majorité de ces Afghans comme des migrants économiques qui n’ont donc droit ni à un statut légal, ni à l’accès gratuit aux soins de santé. Beaucoup d’entre eux se refusent à rentrer au pays, préférant rester en Iran. Certains reviennent même après avoir été expulsés. Les conditions de vie en Iran restent meilleures qu’en Afghanistan, malgré les restrictions imposées à l’accès au travail, à l’éducation et aux soins. À Zahedan, la capitale du Sistan-Balouchistan, province proche des frontières avec l’Afghanis­ tan et le Pakistan, MSF offre des soins primai­ res et secondaires aux réfugiés afghans ayant un accès très limité au système de santé ira­ nien. Trois cliniques proposent des consulta­ tions ainsi qu’un programme nutritionnel pour les enfants. En 2006, 55.520 consultations y ont été recensées, et 3.522 patients ont été adressés par les médecins de MSF à des spécia­ listes ou transférés dans d’autres structures pour y faire des examens.

Nouveau projet à Mehran Etant donné l’extrême difficulté à accéder aux patients et à fournir des soins en Irak, MSF lancera, fin 2007, un projet de soins chirurgi­ caux à Mehran, près de la frontière irakienne, pour les victimes de violences venant d’Irak. MSF travaille en Iran depuis 1995.

L’Iran abrite officielle­ ment 1,2 million d’Afghans en situation légale et environ autant de sans-papiers

Des assistants sociaux s’emploient à détecter, dans la communauté des réfugiés, les person­ nes ayant besoin d’assistance médicale et leur assurent un accès aux consultations. Ils distri­ buent également des couvertures et des chauf­ fages, en fonction des besoins.

Fermeture du projet de Mashhad Fin 2006, MSF a clos un programme similaire d’aide aux réfugiés afghans à Mashhad, dans la province de Khorasan, une enquête épidémio­ logique ayant révélé que la plupart de ces personnes avaient accès à un emploi et aux soins médicaux. 25.000 consultations y avaient eu lieu en 2006. MSF a aussi pressé le gouver­ nement et les ONG locales d’accorder une plus grande attention à cette population.

© Siavash Maghsoudi

La situation en Irak continue à se dété­ riorer, avec de lourdes conséquences humanitaires pour la population civile : en juin 2007, on estimait à plus de deux millions le nombre de déplacés internes et à deux autres millions le nombre de réfugiés dans les pays voi­ sins. Le nombre de victimes civiles demeure immense et l’accès aux soins, limité. Les structures médicales n’ont pas assez de lits ni de personnel pour prendre en charge le grand nombre de blessés. Médecins et personnel paramédical ont fui le pays en raison de l’insé­ curité et d’assassinats ciblés. Les hôpitaux font régulièrement état de manques de matériel médical et médicaments de base. Après avoir été présent en Irak d’avril 2003 à novembre 2004, MSF a décidé de fermer ses projets et de retirer son personnel face au danger croissant que couraient les organisations humanitaires internationales dans le pays. Cherchant un moyen d’aider les Irakiens, MSF a conclu, mi-2006, un partenariat avec l’hôpital du Croissant-Rouge à Amman, en Jordanie, afin d’offrir des soins de chirurgie réparatrice maxillo-faciale, plastique et orthopédique aux Irakiens. Beaucoup de patients souffrent de blessures de guerre qui n’ont pas été correcte­ ment traitées au moment de l’accident et re­ quièrent plusieurs opérations pour rectifier et/ ou restaurer une fonctionnalité et une qualité de vie minimum. En août 2007, MSF avait traité 236 patients à Amman, la majorité (57%) présen­ tant une affection d’un ou plusieurs membres, 25% ayant besoin de chirurgie plastique et 17% de reconstruction faciale. Ce projet pourrait prendre en charge plus de patients mais les procédures administratives compliquées et le refus des forces de sécurité de Jordanie rendent le passage de la frontière difficile pour les patients. En août 2007, plus de 100 patients attendaient de pouvoir rejoindre Amman pour y subir une opération.


81

Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 31

© Michael Goldfarb

Fin 2006, MSF a également commencé à appro­ visionner certains hôpitaux irakiens en fourni­ tures médicales d’urgence, et à organiser depuis Amman des cours de « formation de forma­ teurs » destinés au personnel paramédical. MSF fournit des anesthésiques, des analgésiques et du matériel chirurgical aux services d’urgence d’hôpitaux des provinces de Bagdad et Anbar, épicentres des combats. Le premier hôpital à rejoindre le programme a signalé 2.882 opéra­ tions chirurgicales sur trois mois, dont 1.871 interventions d’urgence et 1.482 liées aux violences. Début 2007, MSF a décidé de travailler dans le nord de l’Irak (Kurdistan irakien), pour fournir une assistance médicale et chirurgicale d’ur­ gence aux populations irakiennes vivant dans des zones accessibles depuis le nord. MSF en­ tend ainsi offrir une prise en charge aux victi­ mes civiles du conflit qui ont subi des blessures de guerre telles que de graves brûlures et des traumatismes orthopédiques. Des équipes chirurgicales spécialisées dans le traitement de tels cas interviennent directement dans trois hôpitaux situés dans le nord de l’Irak (Dohuk, Erbil et Suleymaniya). MSF met aussi en œuvre dans les zones de combat (provinces de Ninewa, Tameem et Diyala) un programme d’orientation des blessés de guerre vers ces hôpitaux. Quatre des hôpitaux soutenus par MSF propo­ sent des soins en santé mentale. MSF évalue également la situation des déplacés et des personnes rentrées dans le nord de l’Irak afin de répondre à leurs besoins médicaux. Entre janvier et juin 2007, MSF a traité 75 blessés de guerre par mois à Erbil et 30 à Dohuk. Le nombre d’interventions chirurgica­ les a atteint 690 et celui des patients admis dans le service des grands brûlés de l’hôpital d’Erbil, 242. À l’hôpital de Dohuk, 2.767 opéra­ tions ont été recensées. MSF travaille en Irak depuis 2006.

Des milliers de migrants continuent d’affluer en Italie, risquant leur vie pour atteindre l’Europe en traversant la Méditerranée par bateau. En 2006 et 2007, plusieurs “drames de la mer” ont fait un nombre inconnu de morts. Beaucoup de réfugiés présentent des symptômes liés à leur voyage difficile: déshydratation, infections cutanées causées par une surexposition au soleil et au sel, brûlures dues à l’essence utilisée comme carburant pour les embarcations, et infections respira­ toires.

contraint d’informer la presse que les autorités de Lampedusa l’empêchaient d’accéder à un bateau transportant 43 migrants, dont deux au moins nécessitaient des soins immédiats. MSF soigne en outre les migrants dans des cliniques situées dans les Pouilles, en Campanie, en Calabre et à Agrigente, où les motifs de consultation (infections dermatolo­ giques, respiratoires et gastro-intestinales) sont souvent liés aux mauvaises conditions de vie et de travail. En 2006, MSF a accru sa présence en Campanie, et ouvert de nouvelles cliniques dans la région de Caserta, ciblant les quartiers pauvres en expansion, qui abritent surtout des migrants. MSF a aussi ajouté à ses programmes un volet spécifique pour les immigrées employées comme prostituées : MSF mène des actions sur le terrain et offre des soins médicaux centrés principalement

© Sebastian Bolesch

Des milliers de migrants continuent d’affluer en Italie, risquant leur vie pour atteindre l’Europe Ils ont besoin d’une aide médicale immédiate. MSF est donc présent à l’une des principales portes d’entrée de l’Europe, l’île de Lampedusa. En 2006, MSF y a aidé plus de 18.000 migrants, la majorité venant d’Afrique, et certains arri­ vant même d’Asie. Bien que les migrations soient devenues un phénomène structurel en Italie, les conditions d’accueil de ces réfugiés ne se sont guère améliorées et les conditions de vie des sanspapiers sont en général extrêmement difficiles. Malgré l’afflux constant de clandestins, l’accès aux soins reste pour eux un mirage dans diver­ ses parties du pays. En juin 2007, MSF a été

sur les maladies sexuellement transmissibles (MST) et la prévention du VIH/sida. MSF a poursuivi ses activités médicales en Calabre, où des milliers de migrants sont employés comme travailleurs agricoles saisonniers. Une fois au point, ce projet a été transféré au ministère de la Santé en mars 2007. En 2006, MSF a assuré des consultations pour plus de 13.000 migrants dans toutes ses cliniques du sud de l’Italie. MSF travaille en Italie depuis 1999.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

ITALIE


Afri c A | Asi aLES an pro d t he j ets Cauc de asus msf à| tTh rav e A er mserle ica mson | dEeu r| op E uera op ned et t h eM oy M ien d d-O lerEa i enst t

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Moldavie

TERRITOIRES PALESTINIENS

Motif d’intervention • Endémie/ épidémie Personnel de terrain 33

Motif d’intervention • Conflit armé Personnel de terrain 68

En mai 2007, MSF a commencé à traiter par antirétroviraux ses cinq premiers patients séropositifs en Transnistrie, une république séces­ sionniste de Moldavie. MSF projette de placer 150 patients sous antirétrovi­ raux (ARV) d’ici la fin de 2007.

La vie des habitants des Territoires palestiniens demeure perturbée par des événements violents : affronte­ ments entre Palestiniens, incursions et destructions de maisons par les forces de défense israéliennes, et assassinats ciblés de leaders de groupes armés, connus ou suspectés. L’occupation continue de la Cisjordanie maintient la population sous pression, par le biais des points de contrôle toujours plus nombreux, des colonies et de l’exigen­ ce de permis, limitant sérieusement les déplacements.

MSF est la première ONG internationale à établir une base opérationnelle en Transnistrie, un pays non reconnu par la communauté internationale et donc exclu de l’assistance normalement fournie par les organisations internationales et intergouver­ nementales. La République de Moldavie reçoit de la part des institutions financières mondia­ les en charge de la lutte contre l’épidémie de VIH/sida une aide importante ; mais l’essentiel de ces ressources n’atteint pas la Transnistrie, où la prévalence du VIH/sida est, selon les statistiques officielles, quatre fois plus élevée que dans le reste du pays. Depuis sa déclaration d’indépendance et une guerre brève et violente au début des années 1990, la Transnistrie, majoritairement russo­ phone, vit dans un vide politique. Le système de santé est paralysé, et l’accès des séropositifs à des soins de qualité est entravé par la quasiabsence de services ou le financement insuffi­ sant des services existants. Le VIH/sida est fortement stigmatisé, et le respect de la confi­ dentialité des résultats des tests a parfois posé problème.

Cette situation déjà précaire n’a fait que s’aggraver au lendemain de la victoire du Hamas aux élections de janvier 2006, les donateurs internationaux ayant décrété un embargo financier. A Gaza, les restrictions concernent tous les biens de nature nonhumanitaire. Malgré les donations directes

consenties par quelques agences, la suspension des fonds internationaux et la désorganisation croissante du système de santé palestinien ont provoqué une pénurie grave de médicaments et de matériel médical. Au 3e trimestre de 2006, les difficultés budgétaires et le nonpaiement des salaires ont entraîné une grève des professionnels de santé, principalement en Cisjordanie. MSF a suivi la situation et réguliè­ rement fait des donations aux hôpitaux de la bande de Gaza et de Hébron. En juillet 2006, MSF a mis sur pied un projet temporaire d’urgence médicale à Hébron, prévoyant une donation mensuelle à l’hôpital de district d’Alia et l’ouverture d’une clinique à Hébron pour les patients souffrant de cer­ taines maladies chroniques graves. En 2006, quelque 2.750 consultations ont été effectuées. Une grève du personnel du ministère de la Santé a débuté juste après l’ouverture de la clinique d’Hébron ; MSF a alors établi une seconde clinique à Yatta et des cliniques mobi­ les pour assurer des soins prénatals. Les deux cliniques ont fonctionné jusqu’au début de 2007.

FÉDÉRATION DE RUSSIE Motif d’intervention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 331

Après s’être déclarée indépendante de la Russie il y a 12 ans, la République de Tchétchénie a vécu deux guerres successives, causes de destructions physiques mais aussi d’un profond traumatisme psychologique. L’assistance psychologique y est un élément important de la plupart des activités de MSF.

En juin 2007, après un important projet de réhabilitation, MSF a ouvert la première unité ambulatoire dans le principal hôpital de la capitale, Tiraspol, où le traitement des séropo­ sitifs doit être intégré dans le système de soins primaires. À cette fin, MSF a formé le person­ nel médical local, dont la majorité connaissait peu le VIH et son impact. Tout en poursuivant les admissions dans son programme, MSF projette de plaider aux niveaux national et international pour que les séropositifs de Transnistrie aient accès aux mêmes soins de qualité que leurs homologues moldaves. MSF a commencé à travailler en Moldavie en 2007.

© Misha Galustov


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Évacuation du personnel pour cause d’insécurité

© Benoit Marquet

Besoin de soutien en santé mentale A Hébron, Naplouse et Gaza, MSF poursuit son programme global d’assistance médicale, psychologique et sociale. Essentiellement axé sur la psychothérapie, il présente une appro­ che intégrale faisant intervenir un assistant social et un médecin pour aider les personnes n’ayant pas accès aux services médicaux et sociaux. Ces projets se concentrent en premier

Malgré le rétablissement formel du pouvoir et les rapports officiels sur la stabilisation de la situation, la sécurité demeure précaire et des sursauts de violence secouent la Tchétchénie et les républiques voisines du Nord-Caucase. MSF a constaté beaucoup de carences, y com­ pris dans les soins médicaux. À Grozny, la capitale tchétchène, les équipes médicales mobiles de MSF fournissent des soins de base aux résidents de six centres d’accueil provisoires, les « foyers » des réfugiés revenus d’Ingouchie dont les maisons ont été détruites, et qui n’ont presque aucun moyen de subsistance. MSF a aussi remis en état deux cliniques et gère des pharmacies gratuites à Grozny. Les médicaments sont prescrits et distribués sous le contrôle d’un médecin de MSF. Les médecins tchétchènes de MSF assu­ rent environ 3.000 consultations par mois en pédiatrie, gynécologie, santé reproductive et planning familial. Dans le district éloigné et sinistré de Chelkovskoï, MSF reçoit environ 1.000 patients par mois dans son dispensaire et soutient les hôpitaux de district à Chatoï, Charoï et Itum-Kale.

lieu sur les besoins psychologiques des person­ nes vivant dans un climat de violence et dans des conditions extrêmes de stress. Les psycho­ logues aident les patients souffrant d’anxiété, de dépression, de stress post-traumatique et d’autres syndromes psychologiques, par une thérapie à court terme – individuelle, fami­ liale ou de groupe. 100 à 150 personnes sont ainsi reçues chaque mois. En 2006, plus de

La Tchétchénie n’a ni plan général, ni finance­ ment pour prendre en charge les soins aux patients atteints de tuberculose, et ne compte que cinq dispensaires actifs. MSF développe son programme de traitement DOTS (Directly Observed Treatment, Short course) dans quatre dispensaires couvrant 300.000 habitants, et distribue aux patients des suppléments nutri­ tionnels à haute énergie pour favoriser leur guérison. Les taux de succès sont élevés ; ceci est renforcé par le travail des éducateurs à la santé de MSF, qui veillent au respect de ce traitement long et difficile. En juillet 2006, MSF a lancé un projet de chirurgie reconstructrice à l’hôpital N°9 de Grozny pour les patients handicapés du fait de la guerre, et soignés de manière inadéquate. En mai 2007, plus de 200 opérations avaient été réalisées. MSF soutient les services de neurochirurgie et de traumatologie de cet hôpital, principale unité de traumatologie de Tchétchénie, où se pratiquent des opérations vitales pour les victimes de violences.

Réduction et fermeture de programmes Début 2007, MSF a fermé la plupart de ses

En 2006/2007, MSF a dû à plusieurs reprises interrompre brièvement ses programmes à Naplouse (Cisjordanie), et Gaza. En mai 2007 le personnel international a été évacué de la bande de Gaza en raison d’affrontements entre factions et de la prise de contrôle armée par le Hamas en juin. MSF a continué à travailler par intermittence. Les consultations par le person­ nel national ont été effectuées à domicile ou dans des endroits déterminés, et les médica­ ments essentiels ont été donnés aux structures de santé secondaires. En juillet, les activités de psychothérapie sont revenues à la normale. MSF a parallèlement lancé un projet de 3 mois axé sur les soins postopératoires et la physio­ thérapie à l’adresse des centaines de blessés, victimes de violence durant les combats. MSF tente également de transférer les Palestiniens gravement blessés dans son unité de chirurgie à Amman, en Jordanie. MSF travaille dans les territoires palestiniens depuis 1988.

projets (consultations pédiatriques et prénata­ les, cliniques mobiles offrant des soins primai­ res) en Ingouchie, en bordure de la Tchétchénie, en raison du retour massif des réfugiés tchétchènes, population cible de ces programmes. La clinique de MSF dans la capi­ tale Nazran continue à servir les déplacés restés dans des campements spontanés, et les assistants psychosociaux de MSF poursuivent leur travail en Ingouchie. En mars 2007, MSF a transféré le projet pour enfants et adolescents des rues de Moscou à une autre ONG. Un projet pilote a été élaboré pour resocialiser ces enfants, associant le travail de terrain quotidien à un suivi par des médecins, des psychologues, des éducateurs et des assistants sociaux dans le centre de jour. Un rapport intitulé Building a Bridge Between the Street and Society : MSF’s Experience and Analysis of Assistance to Street Children in Moscow (2003-2006) a été publié en 2007. MSF travaille en Fédération de Russie depuis 1988 et dans le Nord du Caucase depuis 1999.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

2.000 consultations en santé mentale ont été assurées rien qu’à Gaza. Le nombre de patients a augmenté en 2007.


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SUISSE Motif d’intervention • Violence sociale/exclusion des soins de santé Personnel de terrain 2

Lancé en janvier 2006, le projet « Meditrina » propose des consultations gratuites à tous les Suisses et étrangers de Zurich qui ne sont pas couverts par une assurance médicale et ne disposent pas des moyens financiers nécessaires pour payer leurs consultations et leur traitement médicaux. En juillet 2007, MSF effectuait environ 60 consultations chaque mois.

© Susanna Simoes

De nombreux patients sont des étrangers dans l’incapacité d’obtenir une aide médicale Une grande partie des patients du centre sont des étrangers vivant dans des conditions instables et n’ayant pas accès aux soins médi­ caux via le système de santé suisse. L’augmentation du nombre de patients est due à l’intégration de six « médiateurs » commu­ nautaires de différentes nationalités dans le tissu social des immigrés vivant et travaillant à Zurich. Ces médiateurs se chargent d’infor­ mer les différentes communautés de l’exis­ tence de ce service gratuit.

Le service Meditrina propose désormais un dépistage volontaire et du counseling pour le VIH. Lorsque le dépistage et le traitement d’autres pathologies nécessitent des soins plus spécialisés, les patients sont dirigés vers des structures médicales locales après leur exa­ men initial. Afin de permettre de telles réo­ rientations, Meditrina travaille avec un réseau de médecins, de pharmaciens, d’hôpitaux et de laboratoires nationaux. MSF travaille en Suisse depuis 2003.


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Bénin

Malaisie

Tanzanie

Dans le département rural de Mono-Couffo, le plus sévèrement touché par le VIH, MSF a lancé en 2002 un programme VIH/sida pro­ posant éducation, counseling, dépistage et traitements ; MSF a commencé à fournir des antirétroviraux deux ans plus tard. Fin 2006, ce projet a été transféré aux autorités sanitai­ res locales et à des partenaires, qui fournissent désormais des antirétroviraux gratuitement. Au total, MSF a soigné 968 patients séropositifs pendant la durée de son projet.

MSF a débuté ses activités en Malaisie en 2004, afin d’améliorer l’accès aux soins médicaux et psychologiques pour les réfugiés et deman­ deurs d’asile dans et autour de Kuala Lumpur ; souvent dépourvus de statut officiel, ceux-ci rencontrent de grandes difficultés lorsqu’ils ont besoin de soins. En 2006, MSF a ouvert trois cliniques mobiles qui, travaillant en étroite collaboration avec des partenaires locaux, ont assuré soins primaires, consulta­ tions en santé mentale et renvois vers d’autres structures. MSF a aussi organisé une éducation communautaire à la santé, une éducation psychosociale et une formation en santé mentale pour les ONG, les groupes commu­ nautaires et les volontaires des communautés de réfugiés et de demandeurs d’asile.

Présent dans le pays pour aider des commu­ nautés de réfugiés, MSF a lancé en 2004 un projet VIH/sida à Makete, dans la région d’Iringa, un district rural et isolé très touché par le sida. Ce projet soutenait la prise en charge du VIH/sida dans l’hôpital de district et dans deux hôpitaux privés, principalement en assurant la fourniture de traitements antirétro­ viraux, des soins à domicile et des activités de formation et de prévention. Le projet a été transféré aux autorités sanitaires locales et MSF s’est retiré en janvier 2007.

Depuis juin 2005, MSF proposait en outre des soins médicaux aux 8.000 réfugiés togolais d’un camp à Agamé, dans le sud du Bénin. Fin 2006, MSF a transféré la responsabilité de ces activités médicales à la Croix-Rouge nationale.

Japon Bien qu’au Japon le système d’aide sociale cible les défavorisés, il impose une multitude de restrictions et des procédures complexes, qui privent la majorité des sans-abri d’accès à des soins médicaux appropriés. C’est pourquoi MSF a lancé en 2004, à Osaka, où vit la plus grande communauté de sans-abri du Japon, un programme visant à offrir des soins médicaux dans une clinique fixe, et à mieux comprendre le mécanisme d’exclusion sociale. En 14 mois, les cliniques mobiles de MSF ont assuré 1.351 consultations médicales, traitant 296 patients atteints notamment d’hypertension, de dia­ bète et de douleurs articulaires. Les diverses tentatives de MSF en vue d’installer une clini­ que fixe se sont heurtées à des discriminations et à l’opposition de la communauté et des autorités locales. Après avoir élaboré des stratégies et remis en question le bien-fondé et l’importance de ce projet dans le contexte socio-­poli­tique d’Osaka, MSF a décidé de fermer ce programme et a orienté les patients vers d’autres infrastructures sanitaires début 2007.

En avril 2007, MSF a transféré ce projet aux partenaires locaux, dont il avait développé les capacités par la formation et un soutien direct aux services cliniques. Les services offerts par les ONG, bien que vitaux, sont perçus comme des solutions temporaires pour soulager certains problèmes de santé des réfugiés et demandeurs d’asile. En 2006 seul, MSF a assuré 8.159 consultations médicales. Une solution permanente doit être trouvée pour remédier aux causes sous-jacentes de ce manque d’accès aux soins.

Pologne Lorsque les demandeurs d’asile entrent dans l’UE via la Pologne, ils sont enregistrés et envoyés dans l’un des 16 camps de transit où ils attendent de recevoir le statut de réfugié. Ayant travaillé intensivement dans le Caucase, et constaté qu’environ 40% de ces personnes souffraient de détresse psychologique et de symptômes post-traumatiques tels que des souvenirs récurrents, des cauchemars et des insomnies, MSF a lancé un programme de soins psychologiques pour les demandeurs d’asile tchétchènes en août 2005. Les autorités polonaises reconnaissent maintenant l’utilité de ces soins dans les centres d’accueil, et ont décidé de les prendre en charge en les inté­ grant désormais dans leur propre assistance médicale. MSF s’est retiré de ce projet en 2006 après avoir traité 638 patients au cours de 2.507 consultations individuelles.

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Les fermetures de programmes nationaux


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MSF en chiffres après audit Médecins Sans Frontières (MSF) est une organisation privée, sans but lucratif, à vocation humanitaire et médicale opérant au niveau inter­ national. Elle est actuellement représentée par 19 sections nationales en Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Pays-Bas, Hong Kong, Italie, Japon, Luxembourg, Norvège, Suède, Suisse et Royaume-Uni et par un bureau international à Genève. Par souci d’efficacité, MSF a créé des organisations spécialisées, dites « satellites », auxquelles sont assignées des missions spécifiques telles que la fourniture d’aide humanitaire, les études en matière de recherche épidémiologique et médicale, et la recherche sur les actions sociales et humanitaires. Citons : Épicentre, État d’Urgence Production, Fondation MSF, MSF Assistance, MSF Enterprises Limited, Médecins Sans Frontières - Établissement d’Utilité Publique, MSF Foundation Kikin, MSF-Logistique, SCI MSF, SCI Sabin et MSF Supply. Ces organisations étant gérées par MSF, leurs activités sont prises en compte dans le rapport financier ci-dessous. Les comptes présentés ci-dessous donnent un état consolidé des finances de MSF à l’échelle internationale. Ces chiffres consolidés pour 2006 ont été établis conformément aux normes comptables internationales appliquées par MSF, qui respectent la plupart des normes internationales d’information financière (International Financial Reporting Standards - IFRS). Ces chiffres ont été audités par les firmes KPMG et Ernst & Young dans le respect des normes internationales régissant la vérification des comptes. Un exemplaire du rapport financier complet de 2006 peut être obtenu en adressant une demande au Bureau international. En outre, chaque section de MSF publie un rapport financier annuel ayant fait l’objet d’un audit conformément à la législation et aux règles de compta­ bilité et d’audit nationales. Une copie de ces rapports peut être obtenue en s’adressant aux sections respectives. Les chiffres présentés ci-dessous couvrent l’année civile 2006, bien que le rapport d’activités se rapporte à la période allant de mi-2006 à mi-2007. Tous les chiffres sont exprimés en millions d’euros (ME).

Dépenses totales par pays/région Pays/Régions

en Me

Afrique Soudan République démocratique du Congo Niger Angola Libéria Tchad Kenya Somalie Côte d’Ivoire Éthiopie Ouganda Zimbabwe Malawi Burundi République centrafricaine Mozambique Sierra Leone Nigeria Zambie Guinée République du Congo Rwanda Afrique du Sud Burkina Faso Cameroun Mali Autres pays* Total

Dépenses totales* selon leur nature Personnel national | 28.0% Personnel international | 24.5% Frais médicaux et nutrition | 19.5% Transport, fret et stockage | 13.7% Logistique et infrastructures sanitaires | 6.5% Dépenses courantes de fonctionnement | 5.5% Dépenses diverses | 1.2% Formation et soutien local | 1.0%

en Me

Asie/Moyen-Orient 49.3 41.4 16.2 14.8 14.7 14.0 13.5 12.7 10.2 9.4 9.1 7.5 7.4 7.1 6.7 6.7 5.8 5.3 4.3 3.3 2.7 2.7 2.7 2.6 1.6 1.3 2.2 275.2

NB : Dans les tableaux ci-dessous, les chiffres sont arrondis ce qui peut donner lieu à de légères différences dans les additions.

Où l’argent a-t-il été dépensé ?

Pays/Régions

* Le poste “Autres pays” regroupe tous les pays pour lesquels les dépenses totales d’exécution de projets étaient inférieures à 1 million d’euros.

Pakistan Myanmar Indonésie Cambodge Inde Liban Arménie Thaïlande Géorgie Népal Chine Iran Irak Territoires palestiniens Ouzbékistan Bangladesh Autres pays* Total

9.3 7.3 7.2 4.8 4.5 4.0 3.0 3.0 2.0 2.0 1.8 1.8 1.8 1.8 1.7 1.6 3.3 60.9

Amériques Haïti Colombie Guatemala Pérou Autres pays* Total

9.7 5.8 3.2 1.2 2.4 22.3

Europe Tchétchénie / Ingouchie / Daghestan Russie Italie Belgique Autres pays* Total

Dépenses totales* par continent Afrique | 73.3% Asie | 16.2% Amériques | 5.9% Europe | 3.7% Disponible | 0.9%

* dépenses des équipes de coordination et d’exécution de projets dans les pays

6.7 2.5 1.2 1.1 2.3 13.8


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Recettes

2006

2005

En Me

En %

En Me

En %

Fonds privés 488.4 Fonds institutionnels ECHO*, UE et DFID** 20.2 Autres fonds institutionnels 41.6 Autres recettes 18.5

85.9% 3.6% 7.3% 3.2%

543.0 44.8 45.5 15.7

83.7% 6.9% 7.0% 2.4%

100.0%

649.0

100.0%

Total des recettes

568.7

Afin de garantir son indépendance et de resserrer ses liens avec la société, MSF s’efforce d’obtenir la majeure partie de ses recettes de sources privées. En 2006, 89,1% des recettes de MSF provenaient de financements privés. Ce sont plus de 3,3 millions de bailleurs de fonds privés et de particuliers de par le monde qui ont permis cette collecte de fonds. Parmi les bailleurs de fonds institution­ nels, il faut citer, entre autres, ECHO, les gouvernements de la Belgique, du Canada, du Danemark, de l’Espagne, de l’Irlande, du Luxembourg, de la Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède, et de la Suisse.

Les dépenses sont réparties en fonction des activités * Office humanitaire de la Commission européenne ** Département pour le Développement International, Royaume-Uni

Comment l’argent a-t-il été dépensé ? Opérations 431.2 Témoignage 18.0 Autres activités humanitaires 7.9 Total pour la mission sociale 457.1 Recherche de fonds 71.8 Frais généraux, de gestion et d’administration 30.9 Total des dépenses Profits et pertes nets sur change (réalisés ou non) Surplus/(déficit)

77.0% 3.2% 1.4% 81.6% 12.8% 5.5%

397.4 15.9 8.0 421.3 59.8 28.2

78.0% 3.1% 1.6% 82.7% 11.8% 5.5%

100.0%

509.3

100.0%

-4.5 4.3

4.1 143.7

559.9

Médecins Sans Frontières Rapport d’activités 06 | 07

Sources des recettes

principales de MSF. Le poste « Opérations » regroupe les dépenses liées aux programmes ainsi que les coûts de soutien pris en charge par les sièges pour les opérations. Toutes les catégories de dépenses comprennent les salai­ res, les frais directs et les frais généraux répartis.

Les fonds affectés pour investissement représen­ tent soit des capitaux investis, les actifs étant conservés pour une utilisation spécifique plutôt que dépensés dans l’immédiat conformément à la demande des donateurs, soit un niveau légal minimum de fonds non répartis que doivent conserver certaines sections de MSF.

Les fonds non affectés sont des fonds non encore utilisés qui ne sont destinés à aucun projet particulier et qui peuvent être dépensés à la discrétion des administra­ teurs de MSF dans le cadre de notre mission sociale. Les autres fonds propres représentent le capital des

Situation financière

En Me

(Situation financière en fin d’exercice) : Actifs long terme Actifs court terme Trésorerie et valeurs assimilables

35.8 66.2 347.5

Total actif Fonds affectés pour investissement Fonds non affectés Autres fonds propres Total fonds propres Passif long terme Passif court terme Fonds affectés non dépensés

449.5 2.5 389.4 -7.1 384.7 3.7 55.5 5.6

Total passif

449.5

Ressources humaines

fondations ainsi que les comptes techniques liés au processus de combinaison des comptes, écarts de conver­ En Me sion compris. Les fonds propres de MSF ont été constitués au cours des années par l’accumulation d’excédents de recettes par rapport aux dépenses. Au terme de l’année 35.5 2006, leur part disponible (les fonds non affectés, déduc­ 66.6 tion faite des écarts de conversion) représentait 8,2 mois 352.1 d’activité. Le but de conserver des fonds propres est de pouvoir faire face aux besoins suivants : des urgences 454.2 humanitaires majeures pour lesquelles il n’est pas possi­ 2.8 ble d’obtenir les fonds nécessaires à leur financement, 384.6 une baisse soudaine des recettes privées et/ou institution­ nelles, le maintien de programmes à long terme (par ex. 1.5 les programmes de traitement ARV) ainsi que le préfinan­ 388.9 cement d’opérations devant être couvertes par des futures 5.0 campagnes de collecte de fonds auprès du public et/ou 53.5 par des bailleurs de fonds institutionnels.

6.8

454.2

Les fonds affectés non dépensés sont des fonds non encore utilisés mais affectés à des fins particulières à la demande des donateurs (par exemple pour un pays ou un type d’intervention précis). Ces fonds seront utilisés par MSF en conformité avec la volonté des donateurs lorsque les besoins surviendront.

Départs internationaux (année complète) : 4.623 100% 4.768 100% Informations complémentaires : Tsunami Fin 2004, en Asie, le tsunami a suscité une réaction de Médecins et spécialistes 1.292 28% 1.276 27% soutien énorme du grand public dans le monde entier. Infirmiers et autre personnel paramédical 1.500 32% 1.558 33% En 2004 et 2005, le total des recettes s’élevait à 111 mil­ Personnel non médical 1.831 40% 1.934 40% lions d’euros. 24,5 millions ont été dépensés pour faire Premiers départs (année complète) : 1.332 ( *) 29% 1.466 (*) 31% face à la crise provoquée par le tsunami. En 2006, le reste (*) en % des départs internationaux des fonds réservés aux victimes du tsunami, soit 2,3 Postes sur le terrain 26.981 100% 28.083 100% millions, a été dépensé. L’augmentation de nos autres Personnel international 2.022 7% 2.227 8% programmes d’activités en 2005 (50 millions d’euros) et 2006 (45 millions) a absorbé le reste des fonds collectés à Personnel national 24.959 93% 25.855 92% la suite du tsunami et ensuite « libérés » avec l’autorisa­ tion des donateurs.


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Contacter MSF Allemagne Médecins Sans Frontières /

France Médecins Sans Frontières

Royaume-Uni Médecins Sans Frontières

Ärzte Ohne Grenzen

8 rue Saint Sabin | 75011 Paris | France

67-74 Saffron Hill | Londres EC1N 8QX |

Am Köllnischen Park 1 | 10179 Berlin | Allemagne

T 33 (0) 1 40 21 29 29 | F 33 (0) 1 48 06 68 68

Royaume-Uni

T 49 (30) 22 33 77 00 | F 49 (30) 22 33 77 88

office@paris.msf.org | www.msf.fr

T 44 207 404 6600 | F 44 207 404 4466

office@berlin.msf.org |

Pr Dr Jean-Hervé Bradol | DG Pierre Salignon

office-ldn@london.msf.org | www.uk.msf.org

www.aerzte-ohne-grenzen.de Pr Dr Tankred Stoebe | DG Adrio Bacchetta

Grèce Médecins Sans Frontières

Pr Dr Christa Hook | DG Jean-Michel Piedagnel

Xenias St. 15 | GR-11527 Athènes | Grèce

Suède Médecins Sans Frontières /

Australie Médecins Sans Frontières

T 30 210 5 200 500 | F 30 210 5 200 503

Läkare Utan Gränser

Suite C, Level 1 | 263 Broadway Glebe NSW 2037

info@msf.gr | www.msf.gr

Högbergsgatan 59 B | Box 4262 |

PO BOX 847 | Broadway NSW 2007 | Australie

Pr Ioanna Papaki | DG Fabrice Ressicaud

102 66 Stockholm | Suède

T 61 (0)2 9552 4933 | F 61 (0)2 9552 6539

(ad interim)

T 46 8 55 60 98 00 | F 46 8 55 60 98 01

office@sydney.msf.org | www.msf.org.au Pr Dr Nick Wood | DG Philippe Couturier

Hong Kong Médecins Sans Frontières 22 F Pacific Plaza | 410-418 Des Voeux Road West |

office-sto@msf.org | www.lakareutangranser.se Pr Anneli Eriksson | DG Dan Sermand

Autriche Médecins Sans Frontières /

Hong Kong

Suisse Médecins Sans Frontières /

Ärzte Ohne Grenzen

T 852 2959 4229 | F 852 2337 5442

Ärzte Ohne Grenzen

Taborstrasse 10 | A - 1020 Vienne | Autriche

office@msf.org.hk | www.msf.org.hk

Rue de Lausanne 78 | Case Postale 116 |

T 43 1 409 7276 | F 43 1 409 7276/40

Pr Carmen Lee | DG Dick van der Tak

1211 Genève 21 | Suisse

office@aerzte-ohne-grenzen.at | www.aerzte-ohne-grenzen.at Pr Dr Reinhard Doerflinger | DG Franz Neunteufl

Italie Medici Senza Frontiere Via Volturno 58 | 00185 Rome | Italie T 39 0644 86 921 | F 39 0644 86 9220

Belgique Médecins Sans Frontières /

msf@msf.it | www.msf.it

Artsen Zonder Grenzen

Pr Raffaella Ravinetto | DG Kostas Moschochoritis

rue Dupré 94 | 1090 Bruxelles | Belgique T 32 (0) 2 474 74 74 | F 32 (0) 2 474 75 75 info@msf.be ou info@azg.be | www.msf.be or www.azg.be Pr Dr Jean-Marie Kindermans | DG Gorik Ooms

Canada Médecins Sans Frontières / Doctors Without Borders 720 Spadina Avenue, Suite 402 | Toronto | Ontario M5S 2T9 | Canada T 1 416 964 0619 | F 1 416 963 8707 msfcan@msf.ca | www.msf.ca Pr Dr Joanne Liu | DG Marilyn McHarg

Danemark Médecins Sans Frontières / Laeger uden Graenser Kristianiagade 8 | 2100 Copenhague E | Danemark T 45 39 77 56 00 | F 45 39 77 56 01 info@msf.dk | www.msf.dk Pr Dr Søren Brix Christensen | DG Michael G. Nielsen

Espagne Médicos Sin Fronteras Nou de la Rambla 26 | 08001 Barcelone | Espagne T 34 93 304 6100 | F 34 93 304 6102 oficina@barcelona.msf.org | www.msf.es Pr Dr Paula Farias | DG Aitor Zabalgogeazkoa

Japon Médecins Sans Frontières 3-3-13 Takadanobaba | Shinjuku | Tokyo | 169-0075 | Japon T 81 (0)3 5337 1490 | F 81 (0)3 5337 1491 office@tokyo.msf.org | www.msf.or.jp Pr Dr Ritsuro Usui | DG Eric Ouannes

T 41 22 849 84 84 | F 41 22 849 84 88 office-gva@geneva.msf.org | www.msf.ch Pr Isabelle Segui-Bitz | DG Christian Captier

Autres bureaux Médecins Sans Frontières - Bureau international et Bureau de liaison auprès de l’ONU – Genève Rue de Lausanne 78 | Case Postale 116 | 1211 Genève 21 | Suisse office-intl@bi.msf.org | www.msf.org T 41 22 849 8400 | F 41 22 849 8404 Coordinateur – Politique et Témoignage:

Luxembourg Médecins Sans Frontières

Emmanuel Tronc | emmanuel.tronc@msf.org

68, rue de Gasperich | L-1617 Luxembourg

Pr Dr Christophe Fournier | SG Marine

T 352 33 2515 | F 352 33 51 33

Buissonnière SG à partir du 1er septembre 2007

info@msf.org | www.msf.lu

Christopher Stokes

Pr Dr Gérard Schockmel | DG François Delfosse

MSF Campagne pour l’Accès aux Médicaments

Norvège Médecins Sans Frontières /

Essentiels

Leger Uten Grenser

Rue de Lausanne 78 | Case Postale 116 | 1211

Postbox 8813 Youngstorget | NO-0028 Oslo |

Genève 21 | Suisse

Norvège | Youngstorget 1 | O181 Oslo | Norvège

T 41 22 849 8403 | F 41 22 849 8404

T 47 23 31 66 00 | F 47 23 31 66 01

www.accessmed-msf.org

epost@legerutengrenser.no

Directeur: Dr Tido von Schoen-Angerer

www.legerutengrenser.no Pr Dr Kristian Tonby | DG Patrice Vastel

Bureau de liaison MSF auprès de l’ONU – New York 333 7th Avenue | 2nd Floor | New York

Pays-Bas Médecins Sans Frontières /

NY 10001-5004 | États-Unis

Artsen Zonder Grenzen

T 212 655 3777 | F 212 679 7016

Plantage Middenlaan 14 | 1018 DD Amsterdam

Agent de liaison auprès de l’ONU : Fabien Dubuet

PO Box 10014 | 1001 EA Amsterdam | Pays-Bas

fabien.dubuet@newyork.msf.org

T 31 20 520 8700 | F 31 20 620 5170

États-Unis Médecins Sans Frontières /

info@amsterdam.msf.org

Doctors Without Borders

www.artsenzondergrenzen.nl

333 7th Avenue | 2nd Floor | New York, NY 10001 | Pr Albertien van der Veen | DG Geoffrey Prescott États-Unis T 1 212 679 6800 | F 1 212 679 7016 doctors@newyork.msf.org

Pr Président

www.doctorswithoutborders.org

DG Directeur Général

Pr Dr Darin Portnoy | DG Nicolas de Torrente

SG Secrétaire Général


La Charte de Médecins Sans Frontières

Médecins Sans Frontières est une association privée à vocation internationale. L’association rassemble majoritairement des médecins et des membres des corps de santé et est ouverte aux autres professions utiles à sa mission. Tous souscrivent sur l’honneur aux principes suivants: Les Médecins Sans Frontières apportent leurs secours aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, de situation de belligérance, sans aucune discrimination de race, de religion, philosophique ou politique. Œuvrant dans la neutralité et l’impartialité, les Médecins Sans Frontières revendiquent, au nom de l’éthique médicale universelle et du droit à l’assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l’exercice de leur fonction. Ils s’engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l’égard de tout pouvoir, ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse. Volontaires, ils mesurent les risques et périls des missions qu’ils accomplissent et ne réclameront pour eux ou leurs ayants droit aucune compensation autre que celle que l’association sera en mesure de leur fournir.

Photo de couverture © Michael Zumstein/L’Oeil Public, Soudan


A propos de cette édition Résumés par pays et encadrés latéraux rédigés par Sylviane Bachy, Claude Briade, Gloria Chan, Petrana Ford, Jean-Marc Jacobs, Anthony Jacopucci, Alois Hug, Frida Lagerholm, James Lorenz, Laura McCullagh, Anna-Karin Modin, Alessandra Oglino, Susan Sandars, Natalia Sheletova, Véronique Terrasse, Bas Tielens, Elena Torta, Erwin van ’t Land

Remerciements à : Laure Bonnevie, Natacha Buhler, Tobias Buhrer, Christophe Fournier, Tory Godsal, Michael Goldfarb, Myriam Henkens, Cathy Hewison, Eva Kongs, Jordi Passola, Barry Sandland, Miriam Schlick, Emmanuel Tronc, ainsi qu’à tous les collaborateurs des différentes sections MSF sur le terrain et dans les départements des opérations et de la communication, qui ont vérifié le matériel qui a servi à rédiger le présent rapport.

Édition Caroline Veldhuis Édition photos Bruno de Cock, Sofie Stevens Réviseure Melissa Franco Version arabe Coordination Mohamed Naji Traduction Marouane El-Fakiri Édition Mohamed Naji Version française Coordination Hélène Ponpon Traduction Translate 4 U sàrl (Aliette Chaput, Emmanuel Pons, Philippe Delahaut)

Édition Hélène Ponpon Version italienne Coordination Barbara Galmuzzi Traduction Selig S.a.S. Édition Barbara Galmuzzi Version espagnole Coordination Mar Padilla Traduction Pilar Petit Édition Eulalia Sanabra Graphisme et mise en page Studio Roozen, Amsterdam, Pays-Bas

Impression Imprimerie Mercurius, Westzaan, Pays-Bas Les résumés par pays présentés dans ce rapport donnent une description des activités de MSF à travers le monde entre juillet 2006 et juillet 2007. Les statistiques relatives au personnel font état du total des effectifs équivalent plein temps par pays en 2006. Les motifs d’intervention indiquent le ou les événements à l’origine des actions médico-humanitaires de MSF telles que renseignées dans l’étude typologique de 2006. Les résumés des activités spécifiques pour chaque pays se veulent représentatifs et pour des raisons évidentes de manque de place, sont loin d’être exhaustifs.


MSF Rapport d’activités 06|07

Médecins Sans Frontières (MSF) a été fondé en 1971 par un petit groupe de médecins et de journalistes dont l’idée était que toute personne doit avoir accès à une aide d’urgence. MSF est une des premières organisations non gouvernementales à fournir une assistance médicale d’urgence et à témoigner publiquement de la détresse des personnes aidées.

Aujourd’hui, MSF est un mouvement international médico-humanitaire, ayant des sections dans 19 pays. En 2006, plus de 27.000 médecins, infirmières, autres professions médicales, experts en logistique, ingénieurs spécialisés dans les systèmes sanitaires et d’approvisionnement en eau et administrateurs ont apporté une aide médicale dans plus de 60 pays.

Bureau International de MSF 78 Rue de Lausanne, Case Postale 116, CH-1211 Genève 21, Suisse T (+41-22) 8498 400, F (+41-22) 8498 404, Courriel office-intl@bi.msf.org, www.msf.org


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