Dépêches (Hiver 2004)

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Dépêches B U L L E T I N

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C A N A D A

DANS CE NUMÉRO

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Le Rwanda : on se souvient

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ZLEA : le marchandage de la santé

6

Lettre du Libéria

8

Népal : un hôpital sur le toit du monde

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Introduction à la malnutrition

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Mises à jour

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MSF au Canada

16

Les Canadiennes et les Canadiens en mission

Lauréat du prix Nobel de la paix 1999

LE RWANDA : ON SE SOUVIENT Le génocide du Rwanda en 1994 a été un événement horrible qui a provoqué la mort de quelque 800 000 Tutsis et Hutus modérés. Au fil des années, les articles publiés sur le sujet continuent de réduire le nombre de morts estimés, comme si le monde tentait d’oublier cette période de l’histoire qui est survenue peu de temps après qu’il ait dit « plus jamais » à la suite de l’Holocauste. Médecins Sans Frontières a travaillé au Rwanda avant, pendant et après le génocide et l’ampleur de cette violence a personnellement

touché tous les expatriés qui ont travaillé dans la zone des « Grands Lacs », un point chaud de l’Afrique centrale. Le mois d’avril prochain marquera le 10e anniversaire du début du génocide et j’aimerais, à cette occasion, rendre hommage à un travailleur rwandais de MSF, qui a été parmi les nombreuses personnes tuées cette année-là, parce qu’elles étaient considérées comme des « inyenzi », un terme kinyarwandais utilisé par les Hutus extrémistes qui signifie « coquerelles ». (suite à la page 2)


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Rwanda

Jean Nyiligira traduit et négocie pour Pierre LaPlante

Au printemps de 1992, je me préparais à visiter pour la première fois des projets de MSF sur le terrain. C’était une occasion de voir les travailleurs de terrain à l’œuvre avec leurs homologues locaux et d’être témoin de leurs efforts pour répondre aux besoins sanitaires des populations en danger. Je devais visiter Pierre LaPlante, un infirmier de Vancouver qui travaillait au Rwanda, un minuscule pays de l’Afrique centrale où la guerre avait laissé des milliers de personnes provenant des régions près de l’Ouganda en état de survie, dans des camps pour personnes déplacées dans leur propre pays. Pierre m’a demandé de lui apporter certains objets, dont une montre Timex. La riche beauté du Rwanda était bien celle décrite dans les publicités touristiques. C’était en effet le « pays des mille collines ». Je me suis rendu au bureau de Kigali et j’ai rencontré l’équipe. Je me souviens avoir rencontré plusieurs membres du personnel tutsi, dont Jean Nyiligira, son épouse Odette (qui travaillait aussi pour MSF) et leurs cinq enfants. Jean était le chauffeur de Pierre. Au cours de la semaine qui a suivi, j’ai visité le nord-est du pays et j’ai constaté que Jean était beaucoup plus qu’un chauffeur. Il parlait couramment trois langues et il était mécanicien de métier. Le chauffeur de MSF joue aussi d’autres rôles : il Dépêches

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assure la sécurité de l’expatrié en évaluant des situations souvent complexes sur le plan de la sécurité; il agit en tant qu’interprète, sans lequel la plupart des travailleurs internationaux de MSF ne pourraient fonctionner. Bien que MSF envoie chaque année quelque 3 000 travailleurs internationaux dans plus de 80 pays, le travail ne peut être accompli de façon efficace sur le terrain que grâce à 15 000 autres personnes, les effectifs nationaux. C’était impressionnant de voir Jean, cet homme à la voix douce, arpenter les camps peuplés de dizaines de milliers de personnes – pour la plupart des Hutus déplacés par une incursion rebelle de Tutsis, et s’assurer que Pierre puisse répondre à leurs besoins sanitaires de base.

« La santé définit une façon humaine de vivre et est, sans l’ombre d’un doute, le droit de l’homme fondamental. » Dr James Orbinski, ancien président de MSF International, octobre 1994


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La montre Timex était un cadeau pour Jean, que Pierre lui a remis en reconnaissance de son travail exceptionnel. Pierre avait décrit Jean comme étant son ange gardien. Grâce à lui, il avait pu navigué dans des situations tendues. J’ai fait l’expérience d’une telle situation. Peu après la tombé de la nuit, nous approchions un barrage routier, près de Byumba, une communauté qui avait été la cible de 18 roquettes rebelles quelques heures auparavant. Deux soldats ivres sont sortis en titubant et, malgré le fait que nous avions avec nous un représentant du ministère de la Santé, ils pointèrent sur nous un fusil lance-grenades propulsées par fusées et une mitraillette et exigèrent un pot-de-vin. Jean négocia avec eux et ils nous laissèrent passer. Je n’oublierai jamais cette nuit. La tension croissante à Kigali était palpable. J’ai demandé à Jean : « Que ferez-vous si ce pays explose? » Il a répondu calmement : « Je chercherai refuge auprès d’un expatrié et je tenterai de survivre. » Moins de deux ans après cette rencontre, l’avion qui transportait le président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais a été abattue et le génocide a commencé. Pendant ces mois d’horreur et de démence, j’ai souvent pensé à ces travailleurs rwandais de MSF, surtout à Jean. Il n’y avait aucun moyen de savoir ce qui leur était arrivé. Jean avait-il trouvé un expatrié pour le protéger? Qu’est-il advenu d’Odette et des enfants?

« Lorsque nous sommes arrivés à Kigali, l’aéroport semblait très moderne, mais toutes les vitres étaient brisées... L’endroit avait une apparence moderne, mais personne n’était là, personne dans les rues, pas de voitures, c’était la ligne de front, et il n’y avait personne. » Sidné Maddison, infirmière de MSF et

Jean, Odette et 4 de leurs 5 enfants dans la cour de la maison de MSF à Kigali

C’est étrange comment nous pouvons nous détacher des souffrances qui nous entourent. Par contre, Jean était l’un des premiers travailleurs de MSF que j’ai connus et je me souviendrai toujours de lui. Pour moi, le génocide ne se réduira jamais à des statistiques abstraites. Toutefois, une pensée des plus étranges a traversé mon esprit : quelque part, parmi les innombrables Hutus qui attendent d’être jugés, un homme porte probablement à son poignet une montre Timex, qui a été offerte en signe d’amitié mais qui a été retirée après un acte d’une violence incommensurable. Ben Chapman, Membre du conseil de MSF

membre de l’équipe du Dr Orbinski. En 1996, j’ai eu l’occasion de retourner à Kigali, puisque les centaines de milliers d’Hutus qui s’étaient réfugiés au Zaïre pendant deux ans commençaient à rentrer au pays. Ce qui avait été une ville tranquille où œuvraient une poignée d’organisations d’aide était devenu une zone sillonnée par d’innombrables Land Cruisers blanches appartenant à des agences humanitaires. Nous avons roulé sur des rues fantomatiques où s’élevaient jadis les barrages routiers des milices d’Interhamwe et où des milliers de personnes avaient été tuées à coup de machette. Arrivé au bureau de MSF, j’ai été surpris de voir le visage familier d’Odette. Elle m’expliqua qu’elle et ses enfants s’étaient réfugiés au stade et avaient attendu que la violence prenne fin. Toutefois, elle était veuve maintenant. Jean avait été pris dans les rues et personne ne l’avait revu.

« En 1994, je travaillais comme docteur à Kigali, la capitale du Rwanda. J’y ai vu se dérouler un des plus importants massacres du siècle. J’ai aussi vu l’apathie de la communauté politique internationale et son désintérêt face à une réponse adéquate. Au nom de MSF, j’ai exhorté la communauté internationale et les membres du Conseil de sécurité de mettre fin au génocide – un génocide ne peut être arrêté par des médecins. » Dr James Orbinski, septembre 2003

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Amériques

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DES MÉDICAMENTS POUR TOUS :

UN PAS EN AVANT, UN PAS EN ARRIÈRE. LE MARCHANDAGE

DE LA SANTÉ. SE FERA-T-IL

AUSSI DANS LES AMÉRIQUES Dépêches

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Il manque encore trop de médicaments dans nos trousses Lorsque MSF a été créé en 1970, nos médecins volontaires manquaient de certains médicaments pour traiter les patients. Aujourd’hui, malgré les percées de la médecine, la situation n’a pas beaucoup changé. Les coûts des antirétroviraux essentiels à la survie ont chuté de façon importante grâce à la concurrence générique, mais d’autres maladies demeurent oubliées, comme la maladie de Chagas, qui touche 25 % de la population des Amériques. Il n’y a toujours pas de médicaments pour soigner de cette maladie au stade chronique. Le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, certaines maladies comme la malaria résistent aux médicaments, et autrefois les médecins de MSF avaient dans leurs trousses des antipaludiques qui étaient dans la plupart des cas inefficaces. Aujourd’hui, des traitements antipaludiques efficaces sont disponibles, comme la polythérapie à base de dérivés d’artéminisine (ACT), et appliqués dans plusieurs pays. Toutefois, les gouvernements de certains pays, comme le Soudan et l’Inde, refusent d’adopter l’ACT comme norme nationale. En tant que travailleurs humanitaires et professionnels de la santé, nous vivons un dilemme déontologique lorsque nous n’utilisons pas les médicaments que nous savons efficaces. Malgré certaines pressions qui nous interdisent d’avoir recours à l’ACT dans certains pays, nous l’utilisons quand même ou nous menons des campagnes pour changer les protocoles et en assurer l’adoption. Au Burundi, où les épidémies de malaria sont très fréquentes, le gouvernement a procédé cette année à un important changement de protocole national à la suite des pressions exercées par MSF, les ONG et les travailleurs de la santé du pays et a ainsi adopté l’ACT. Pour les maladies traitables comme le VIH/sida, les médicaments étaient jusqu’à récemment totalement inaccessibles pour nos patients, en raison des prix exorbitants. Aujourd’hui, seulement six pour cent des six millions de personnes qui pourraient bénéficier immédiatement des antirétroviraux pour combattre le VIH/sida ont accès à ces médicaments. C’est inacceptable que des gens soient encore « trop pauvres pour être soignés ».

La Déclaration monumentale de Doha : « Des médicaments pour tous » En 1999, MSF a lancé la campagne Accès aux médicaments, dont l’un des objectifs était de se pencher sur les lois commerciales et la propriété intellectuelle et d’identifier comment celles-ci pouvaient faciliter ou bloquer l’accès aux médicaments. Nous faisons constamment référence à la Déclaration de Doha, un jalon qui a été posé lors de la rencontre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. À Qatar, 142 pays de l’OMC ont reconnu que la protection de la santé publique avait préséance sur celle des intérêts commerciaux privés et qu’il fallait multiplier les mesures d’assouplissement contenues dans les accords commerciaux pour aider les pays pauvres à se procurer les médicaments dont ils ont besoin. La Déclaration appuie le droit souverain d’un pays de décider des mesures qu’il doit prendre, lorsque nécessaire, pour neutraliser les brevets afin de protéger la santé publique.

Marchander la santé Depuis la Déclaration historique de Doha, MSF a tristement assisté aux efforts déployés par les pays développés pour miner ses principes. Graduellement, ces pays introduisent des lois commerciales bilatérales et régionales qui intègrent des règles de protection de brevets encore plus contraignantes que celles de l’OMC. L’accès aux médicaments essentiels est possible grâce en partie aux mesures d’assouplissement contenues dans les lois commerciales.

La Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), une proposition d’entente commerciale régionale qui regroupe 34 pays de l’hémisphère occidental, y compris la totalité de l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes, à l’exception de Cuba, est un projet qui préoccupe MSF. Si cette entente est adoptée telle que prévue en 2005, elle mettra en place la plus grande « zone de libre-échange » au monde et imposera les dispositions sur la propriété intellectuelle les plus contraignantes au monde à plus de 800 millions de personnes. L’introduction d’une ébauche de dispositions sur la propriété intellectuelle dans l’entente portant sur la ZLEA menace la concurrence positive qui influe sur les prix ainsi que la production de médicaments génériques à prix abordables.

« On ne négocie pas la santé dans la ZLEA. Les médicaments ne doivent pas être traités comme une marchandise quelconque… C’est une question de vie ou de mort pour les populations d'Amérique latine. » – Dr Luis Villa, chef de mission pour MSF, Guatemala. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 1,9 million de personnes vivent avec le VIH/sida en Amérique latine et dans les Caraïbes – la deuxième région la plus touchée au monde après l’Afrique subsaharienne. MSF invite vivement les pays des Amériques à rejeter toute disposition relative à la propriété intellectuelle (PI) de l’entente sur la ZLEA. Nous sommes d’avis que l’introduction de règlements plus stricts en matière de propriété intellectuelle dans la ZLEA sera néfaste pour la santé des populations des Amériques et de tous les pays du monde. Le Canada a déclaré qu’il « n’irait pas au-delà de Doha » dans les négociations sur la ZLEA, ce qui signifie qu’il permettra la mise en place d’un accord commercial régional qui comprendra des dispositions sur la propriété intellectuelle plus contraignantes que celles auxquelles il a donné son accord à l’échelle internationale. Dans une pétition signée par nombre de nos donateurs et par des groupes de sensibilisation et de proximité, nous avons exhorté le Canada à tenir sa promesse et à faire preuve de cohérence à l’échelle nationale, régionale et internationale en ce qui a trait à la préséance des droits des patients sur les droits commerciaux. Les maladies non plus ne connaissent pas de frontières. En novembre 2003, lors de la VIIIe rencontre ministérielle de la ZLEA à Miami, MSF a rencontré des représentants du commerce et d’autres ONG des Amériques. Les négociateurs de l’Amérique latine soutenaient la position de MSF mais soulignaient qu’ils subissent de fortes pressions de la part des États-Unis lors des négociations, afin d’inclure des clauses portant sur la propriété intellectuelle malgré de nombreux efforts de les exclure. MSF continuera de faire pression sur les gouvernements des Amériques afin d’éviter toute clause sur la PI dans la ZLEA. Une troisième ébauche des propositions contenues dans le texte sur la ZLEA est disponible en anglais seulement à http://www.ictsd.org/issarea/Americas/FTAA_ministerial/miami/ FTAADraft_Text_191103.pdf Carol Devine, responsable de la campagne Accès aux médicaments essentiels, MSF-Canada Page 5


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Lettre du terrain

LETTRE DU LIBÉRIA

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Le Dr Wei Cheng partage ses souvenirs de Monrovia, capitale du Libéria. Voici des extraits de courriels adressés à son épouse, Karin Moorhouse

Le 7 septembre 2003

Le 17 septembre 2003

Comme je m’y attendais, la situation dans les environs est beaucoup plus calme que ne le laissent entendre les actualités. L’avion [est] piloté par trois pilotes qui me semblent ivres. Le jeune homme assis à côté de moi travaille pour une sorte de fournisseur aux ONG et il tire profit de cette crise humanitaire. Nous avons atterri ici, au Libéria. Pas de problème. Le comité d’accueil à l’aéroport était composé de 16 camions de soldats (ils étaient environ 500), armés de AK47. Je n’étais pas inquiet mais je n’aime pas voir ces armes.

Je quitterai Monrovia dans un peu plus d’une semaine. Incroyable! D’une part, j’acquiers une solide expérience. D’autre part, les soins de santé ici sont très rudimentaires. Les gens tombent comme des mouches mais nous ne savons pas de quoi ils meurent. Il n’y a pas de matériel de base pour effectuer des tests biochimiques ou microbiologiques. L’appareil à rayons X fonctionne mais produit des images de très mauvaise qualité. On ne sait tout simplement pas de quoi souffrent les gens. J’ai fait toutes les chirurgies d’urgence hier. C’était comme du travail à la chaîne. On ne peut pas faire d’intervention chirurgicale non urgente si on est seul. On ne peut qu’éteindre les feux. Les cas déboulent en catastrophe dans la salle d’opération.

Les quartiers des volontaires sont en fait l’ancien hôpital; les chambres sont grandes. Certaines ont une vue sur la mer. Du petit balcon du bureau, on peut voir la mer et trois navires de guerre américains. De temps en temps, un hélicoptère vole à basse altitude; des hélicoptères armés patrouillent la côte pour montrer qu’ils contrôlent la situation.

Le 14 septembre 2003 Je suis ici depuis plus d’une semaine déjà et la charge de travail est écrasante. Aujourd’hui, c’est la première fois que je peux m’arrêter et écrire, ce qui est important puisque j’ai l’impression de devenir rapidement insensible à la vie autour de moi. L’hôpital local a été pillé mais il fonctionne toujours malgré le fait que le personnel n’a pas été rémunéré depuis deux ans. L’école de médecine de la région est fermée depuis plus d’un an, mais nous avons un étudiant en médecine de troisième année nommé Fallah qui, jour après jour, se rend à la salle d’opération pour offrir de porter les patients et de les préparer pour les chirurgies. [Il] fait tout, du nettoyage des planchers aux points de sutures. Puis, il rentre chez lui et lit sur tout ce qu’il a vu. On peut très facilement perdre courage et se sentir désespéré dans de telles circonstances, mais il refuse d’abandonner la partie. Pour moi, c’est une véritable source d’inspiration!

Le 18 septembre 2003 La patiente opérée par Juanita hier est morte. Personne ne connaît la cause. Nous avons attendu Steve pendant un certain temps, puisqu’il finissait de travailler vers six heures. Nous avons su qu’il avait traité une fillette de huit ans qui avait été violée à maintes reprises. Pauvre petite. C’est complètement dégoûtant!

Le Dr Wei Cheng, spécialiste en chirurgie infantile, a été envoyé en mission d’urgence au Libéria pour trois semaines. Il est actuellement à Toronto, en Ontario, où il poursuit des recherches médicales à l’Hôpital pour enfants.

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Népal

« Du matériel cassé, des instruments chirurgicaux hors d’usage s’entassaient dans plusieurs pièces. Il a fallu vider tout ça! »

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RUKUM : UN HÔPITAL SUR LE TOIT DU MONDE Niché dans une vallée au pied des montagnes népalaises, l’hôpital de Rukum avait grand

besoin

d’un

soutien

logistique

et

médical.

Kathryn

Roberts,

une

jeune

pédiatre, nous raconte sa mission sur le toit du monde. « C’était ma première mission avec MSF », sourit Dre Roberts, une jeune médecin qui a passé cinq mois à l’hôpital de Rukum, à Rukum au Népal. À l’ouest du pays, dans une région à la frontière d’une zone gouvernementale et de montagnes sous contrôle de la guérilla maoïste, le district de Rukum compte près de 200 000 habitants. « C’est une région rurale, avec des villages très isolés. Souvent, les patients doivent marcher deux jours pour arriver jusqu’à l’hôpital. » Autre spécificité du projet : au pied de l’Himalaya, les maladies ne sont pas les mêmes que dans les régions tropicales. « On a de la chance, c’est trop haut pour les moustiques! Il n’y a donc pas de malaria. Par contre, nous avons dû traiter beaucoup de cas de pneumonies chez les enfants. »

Des ambulances… à dos d’homme Dans ce paysage très escarpé, les chutes sont fréquentes. Un petit garçon est arrivé à l’hôpital après être tombé d’un arbre, puis dans les rochers – au total, une chute de huit mètres. Transporté à dos d’homme, dans un grand panier, l’enfant est arrivé à l’hôpital après avoir perdu beaucoup de sang. « Il s’était complètement cassé le nez et il avait un trou dans le palais. Il fallait le stabiliser avant de le transférer de toute urgence vers un hôpital de pointe, à Katmandou, la capitale », raconte Dre Roberts. Quelques semaines plus tard, l’enfant est revenu, complètement guéri. « Je revois encore sa mère, ses trois petites sœurs et lui, dans leurs plus beaux habits, tellement heureux, tellement reconnaissants. Je crois que cela restera l’un de mes plus beaux souvenirs. »

fenêtres. Jusqu’à notre arrivée, il n’y avait que des volets en bois. Vous imaginez l’hiver, à 1 800 mètres d’altitude? C’était soit geler, soit vivre dans le noir. Quand on est malade, aucune de ces solutions n’est vraiment satisfaisante! ». D’autres travaux, plus coûteux, ont permis de remettre sur pied la pharmacie et la salle de radiographie. Ensuite, il a fallu organiser les équipes de nettoyage pour respecter les règles d’hygiène essentielles. Au cours de ses cinq mois de mission, Dre Roberts a vu beaucoup de changements, même sur le plan politique. « Je suis arrivée le 30 janvier dernier, le jour où le cessez-le-feu entre le gouvernement et les rebelles maoïstes a été signé. La situation militaire est restée calme jusqu’à mon départ, fin juin, alors que de nouvelles tensions sont apparues. » À cause de la reprise des troubles politiques, MSF a décidé d’attendre un peu avant d’aller déterminer, dans les montagnes autour de Rukum, quels dispensaires ont le plus besoin d’un soutien médical et logistique. C’est en effet le prochain objectif de la nouvelle équipe au Népal malgré les tensions entre le gouvernement et les rebelles. Dre Roberts, quant à elle, travaille présentement en Sierra Leone. Laurence Hughes

En avril 2003, MSF a mis sur pied un deuxième projet dans le district de Jumla au Népal afin d’offrir des soins de santé primaires et psychosociaux aux 100 000 personnes vivant dans le sud-ouest du district où les soins

Pas de vitres à 1 800 mètres d’altitude En parallèle des activités médicales, des travaux logistiques ont permis de rénover complètement l’hôpital, qui avait d’abord besoin d’un bon coup de balai. « Du matériel cassé, des instruments chirurgicaux hors d’usage s’entassaient dans plusieurs pièces. Il a fallu vider tout ça! », dit Dre Roberts. Ensuite, l’équipe s’est attaquée à des travaux plus importants. « Nous avons fait mettre des vitres aux

sanitaires sont de piètre qualité et souvent dispendieux. Plusieurs personnes ont été traumatisées par les combats en novembre 2002 lorsque 10 000 rebelles maoïstes ont attaqué la ville et tué près de 400 personnes.

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Angola

INTRODUCTION À LA MALNUTRITION

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Comment meurt-on de faim? Être malnutri, dénutri, mourir de faim… Autant d’expressions qui restent bien éloignées de notre réalité quotidienne. Un régime draconien, une journée de jeûne sont les seules expériences auxquelles nous pouvons nous référer mentalement pour tenter de comprendre ce que ces mots veulent vraiment dire, mais ce n’est qu’un très faible aperçu de la réalité.

Ce qui se passe dans le corps Une sorte de cercle vicieux s’installe quand on n’a plus suffisamment, ou plus du tout à manger. Le manque d’aliments entraîne une perte importante d’énergie, une grande fatigue. Petit à petit, la personne devient apathique, a de moins en moins de relations avec l’extérieur. Elle n’a plus la force de bouger, de parler comme de manger. De plus, à force de privation, l’estomac s’atrophie et n’accepte plus de grande quantité de nourriture. Tous les mécanismes régulateurs de la faim comme l’envie de manger ou, au contraire, l’impression de satiété, qui sont gérés par le volume gastrique, vont s’émousser. On n’a plus faim, on n’a plus soif non plus. Les enfants malnutris sont si faibles qu’ils ne ressentent plus la sensation de soif et sont très souvent déshydratés.

Souffrance et faiblesse Si l’extrême faiblesse provoquée par la malnutrition entraîne une inappétence et une apathie, elle n’anesthésie pas pour autant la capacité de souffrir. Les enfants et les adultes souffrent du moindre mouvement car leurs muscles sont atrophiés. La douleur est également liée à la peau qui se craquelle sous l’effet de l’intense déshydratation des tissus. Davantage fragilisées, les personnes souffrant de malnutrition sont susceptibles d’attraper toutes sortes de maladies, sources de souffrances supplémentaires. Des champignons, par exemple, se développent très souvent sur les parois du tube digestif. Déglutir devient alors une épreuve extrêmement douloureuse qui équivaudrait à vouloir manger du citron avec la bouche pleine d’aphtes.

La « renutrition », une question médicale Réalimenter un enfant malnutri est un acte qui doit se faire avec beaucoup de précautions car s’il est mal fait, il peut entraîner la mort. L’enjeu est d’apporter à l’organisme un maximum d’éléments énergétiques dans un minimum de volume, car l’estomac atrophié ne supporte presque plus rien. La malnutrition entraîne une fragilisation de tous les systèmes du corps humain : digestif, rénal, hépatique, cardiaque… Il faut donc réhabituer progressivement le corps à reprendre ses fonctions normales. Un apport trop important ou trop rapide de nourriture peut saturer les systèmes déjà fragilisés, et conduire à une rupture comme une crise cardiaque. En parallèle, il faut réhydrater l’enfant, soigner les maladies opportunistes de la malnutrition et le vacciner si nécessaire très rapidement.

Des résultats immédiats Les centres de nutrition thérapeutique accueillent les enfants modérément malnutris alors que les enfants sévèrement malnutris sont soignés dans des centres de nutrition intensive. « Un enfant reprend très vite du poids. Rapidement, ils sont à nouveau plein de vie, se remettent à jouer, à chanter comme si de rien était. C’est magique! », explique un médecin qui a travaillé dans plusieurs centres de nutrition.

Les formes de la malnutrition Les deux formes principales de malnutrition, le marasme et le kwashiorkor, sont toute aussi dangereuses, douloureuses et mortelles, l’une que l’autre. Le marasme : les personnes souffrant de marasme sont extrêmement maigres. En l’absence de nourriture, pour pouvoir maintenir ses fonctions vitales comme la respiration et l’activité cardiaque, le corps est obligé d’aller chercher l’énergie dans ses réserves de muscles et de graisse. Cela touche d’abord les enfants car leur masse musculaire et de graisse est largement inférieure à celle d’un adulte. Le kwashiorkor : les personnes souffrant de kwashiorkor sont au contraire couvertes d’œdèmes. Dans ce cas, parce que le corps consomme ses propres ressources, toutes les fonctions corporelles sont modifiées, notamment l’équilibre cellulaire. L’eau, contenue dans les cellules, migre de façon différente dans le corps et crée des œdèmes, des poches d’eau. La peau qui est extrêmement déshydratée chez tous les malnutris, éclate sous la pression, et forme des ulcères caractéristiques. On ne sait pas pourquoi certaines régions sont plus propices au kwashiorkor et d’autres au marasme. En Angola, le kwashiorkor est dominant.

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ARJAN EST TOUJOURS VIVANT

APRÈS 16 MOIS

DE CAPTIVITÉ Arjan Erkel, chef de mission pour MSF au Daguestan, a été enlevé le 12 août 2002. Les dernières preuves que les autorités russes ont fournies à MSF attestant qu’Arjan est toujours vivant remontent au 30 juillet 2003. Le Dr Morten Rostrup, président du Conseil international de MSF, a fait appel au Parlement européen pour que celui-ci exhorte les autorités russes à augmenter leurs efforts pour retrouver Arjan et tienne le président Vladimir Putin responsable des démarches qui assureront sa libération, après plus d’un an de « captivité insupportable ». Arjan Erkel est aujourd’hui le seul travailleur humanitaire étranger tenu en otage dans le Caucase. Dans cette région instable où règne l’insécurité, une zone déchirée par un conflit qui perdure depuis plus d’une décennie, les organismes humanitaires indépendants sont dans une impasse, freinés dans leurs tentatives de dispenser une aide efficace aux milliers de personnes qui en ont besoin. Plusieurs auteurs canadiens et américains dont John Irving, Michael Ondaatje, Margaret Atwood, Graeme Gibson, Karen Connelly et Ronald Wright ont signé notre pétition pour la libération d'Arjan. Dépêches

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LE SYSTÈME DE SANTÉ EN TCHÉTCHÉNIE : VICTIME DE LA GUERRE La réduction dramatique des possibilités de dispenser de l’aide humanitaire dans le Caucase du Nord n’a pas été suivie d’une réduction des besoins, qui eux, demeurent pressants. Les activités de MSF dans la région portent maintenant sur deux points : assurer la libération d’Arjan Erkel, membre du personnel de MSF, qui a été séquestré au Daguestan en août 2002; et l’aide aux Tchétchènes touchés par le conflit continu qui sévit en Tchétchénie. Face à la pression officielle de plus en plus grande exercée sur les Tchétchènes d’Ingouchie pour qu’ils retournent en Tchétchénie, MSF continue de dénoncer les conditions de vie pénibles dans lesquelles vivent les déplacés et de réclamer l’arrêt de ces pressions tant que le conflit perdure en Tchétchénie. Malgré les entraves du gouvernement, MSF continue de se pencher sur les conditions de vie de base des Tchétchènes d’Ingouchie et sur la situation sanitaire, notamment en fournissant et en réparant des abris, en distribuant, de façon ciblée, des produits de base essentiels, en assurant une provision d’eau potable et en améliorant les installations sanitaires. Au cours de cette année difficile, MSF a néanmoins continué à appuyer les structures médicales régionales, dépassées par l’intensification de la violence et affaiblies par le manque de fonds adéquats. À Ingouchie, MSF gère des cliniques prénatales et gynécologiques ainsi que des cliniques de soins pédiatriques et généraux. De plus, MSF donne du matériel médical, des équipements et des médicaments à la plupart des établissements de santé gouvernementaux. En Tchétchénie, MSF fournit des médicaments, du matériel et des équipements médicaux à 30 établissements et répond aux urgences provoquées par le conflit continu.

LES RÉFUGIÉS SOUDANAIS AFFLUENT VERS LE TCHAD Les réfugiés fuient le Soudan occidental pour se rendre au Tchad par dizaines de milliers. Ils fuient les confrontations qui sont responsables de la mort et du déplacement de milliers de civils et qui ont forcé les gens à rechercher la sécurité au Tchad, un pays voisin. En août 2003, MSF a lancé une intervention d’urgence dans deux petites villes frontalières, Tine-Tchad et Birak, où beaucoup de Soudanais se sont réfugiés. La guerre se déroule très près des lieux où ils vivent, et ils sont dans des conditions extrêmes, en grande détresse, tourmentés par des souvenirs bouleversants. Les réfugiés à Tine-Tchad ont raconté aux travailleurs de l’aide des scènes de bombardements continus, d’avions qui sillonnent le ciel à toute heure du jour; il y a eu également des témoignages de torture.

Les réfugiés soudanais qui sont au Tchad doivent maintenant vivre dans des conditions de sécheresse. Au début, les réfugiés pouvaient compter sur l’aide de communautés locales au Tchad, mais la région a des ressources limitées et celles-ci sont insuffisantes, même pour la population locale. MSF a expédié une équipe de 12 personnes et 40 tonnes de matériel d’aide. À Birak, la malaria est présentement le problème de santé le plus pressant. MSF a ouvert un centre de santé à Tine-Tchad et un centre de nutrition thérapeutique pour les enfants malnutris. À part la malnutrition, la diarrhée et les infections respiratoires sont les problèmes de santé les plus répandus à Tine-Tchad.

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Canada

Des employés de MSF ont sensibilisé le public au Projet de loi C-56 en présentant une joute de hockey dans la rue.

LE PROJET DE LOI C-56 : L’AMENDEMENT DU « ON VERRA BIEN » En septembre 2003, le Canadien Stephen Lewis, envoyé spécial des Nations Unies en Afrique pour le VIH/sida, a exhorté le gouvernement canadien à se positionner en tant que chef de file sur la scène internationale en introduisant une loi qui permet la production de médicaments génériques pour combattre le VIH/sida. Un projet de loi a été présenté à la Chambre des communes en novembre 2003 mais il comportait quatre lacunes importantes.

1. Une clause de « droit de premier refus » Le projet de loi inclut une clause conférant aux fabricants de produits pharmaceutiques brevetés le droit de s’approprier les contrats qui, à l’origine, avaient été négociés entre un fabricant de produits génériques et un gouvernement de pays en développement. Cette mesure assurerait encore la vente d’un médicament spécifique au pays concerné à prix réduit. Cependant cette procédure aura vite fait de décourager les fabricants de produits génériques quant à la négociation de futurs contrats puisque les fabricants de produits brevetés pourraient constamment les mettre en échec. Cette lacune est la plus importante et pourrait annuler tous les autres aspects positifs de l’amendement proposé à la Loi sur les brevets. La baisse remarquable du prix des médicaments provoquée par la présence d’une concurrence générique a contribué à sauver des vies.

2. Une liste limitée de produits pharmaceutiques Le projet de loi inclut une liste de médicaments canadiens brevetés qui peuvent être produits en tant que génériques. MSF est préoccupé par l’existence d’une telle liste puisque aucun système n’est prévu pour en faire une mise à jour efficace. Par conséquent, un médicament requis pour traiter une maladie infectieuse affligeant les gens d’un pays en développement mais exclus de la liste, ne peut être produit de façon générique au Canada.

3. Une liste limitée de pays ayant le droit d’importer des médicaments génériques Le Projet de loi C-56 comporte une liste de pays reconnus par les Nations Unies comme « les pays les moins développés » et ayant accès aux médicaments génériques exportés par le Canada. Toutefois, d’autres pays en développement n’ont pas été inclus dans cette liste (comme le Vietnam et le Turkménistan) et ne peuvent donc importer de produits génériques du Canada, même s’ils en ont clairement exprimé le besoin.

4. Une clause interdisant aux interlocuteurs non gouvernementaux le droit d’acheter des médicaments génériques Selon la formulation actuelle du Projet de loi C-56, seul un gouvernement d’un pays en développement ou un agent de ce gouvernement ont le droit d’émettre un contrat à un fabricant canadien de produits génériques. Les organismes non gouvernementaux, comme MSF, n’étant pas des « agents » gouvernementaux, ils n’ont pas, par définition, le droit d’émettre aux fabricants de produits génériques un contrat à des fins d’importation de tels médicaments. Pour MSF, cette clause signifie que nous devons encore dépendre de la bonne volonté des gouvernements pour obtenir des médicaments génériques à moindre prix.

Le Projet de loi C-56 a été renvoyé au comité évaluateur pour faire l’objet d’une étude plus approfondie. Il devrait être adopté, avec corrections, en tant que loi avec le nouveau gouvernement de Paul Martin. Cette nouvelle loi profitera vraiment aux personnes qui en ont le plus besoin : nos patients des pays en développement. Dépêches

Vol. 6, nº 1

Isabelle Jeanson


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LE RECRUTEMENT EN 2003 : UNE RÉUSSITE En novembre 2003, le nombre de volontaires de MSF-Canada sur le terrain se chiffrait à 137, surpassant le nombre total pour 2002 qui, en fin d’année, était de 116. Bien que cette augmentation excède de beaucoup les chiffres prévus, la hausse peut être attribuée au nombre croissant d’urgences enregistrées partout dans le monde. Le Moyen-Orient et l’Afrique sont les régions où la plupart des volontaires canadiens sont envoyés; des endroits touchés par des urgences graves comme la crise en Irak et des urgences chroniques comme la famine en Éthiopie. Nos volontaires sont souvent bilingues et capables de se rendre sur le terrain rapidement. Plusieurs sont affectés à des postes de gestion sur le terrain et ceux qui parlent français sont en demande surtout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale : République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Burundi et Congo-Brazzaville.

Lectures

MSF-Canada a transformé sa structure; le service des Ressources humaines a été réorganisé et les efforts sont concentrés sur le recrutement d’un bout à l’autre du pays. Le nombre de volontaires en mission pour la première fois a augmenté; ils proviennent de tout le Canada, notamment de l’Ouest, du Centre et du Québec, en nombres égaux. Grâce à ses activités au sein de la communauté médicale – écoles de médecine, conférences professionnelles – MSF recrute plus de médecins. Le recrutement paramédical de techniciens de laboratoire, de sages-femmes et d’infirmières se poursuit mais il y a un besoin urgent de médecins spécialistes du VIH, de la tuberculose et des maladies infectieuses. De plus, il faut recruter des spécialistes en santé mentale pour traiter les personnes touchées par la guerre, victimes d’actes violents et d’abus. Reshmi Kutty

suggérées

CIVILIANS UNDER FIRE MSF se penche sur ses interventions au Congo-Brazzaville MSF a récemment publié une collection d’articles, Civilians Under Fire, qui portent un regard introspectif et autocritique sur les interventions de MSF entre 1998 et 2000, une phase aiguë de la guerre civile qui a dévasté la République du Congo (mieux connue sous le nom de Congo-Brazzaville). La publication met en lumière quelques-unes des importantes considérations d’ordre éthique, médical et pratique qui sont soulevées lorsque des organismes comme MSF décide de fournir une assistance aux victimes de viol, une catégorie de victimes qui sont souvent délaissées par les organisations humanitaires. Les auteurs posent aussi la question suivante : « Qu’est-ce qu’une opération d’aide humanitaire efficace? » Pour y répondre, ils se penchent sur la qualité de l’aide, ses complexités et l’importance vitale qu’elle a pour les personnes touchées par les conflits et les crises. Ce sont les civils, plus que les soldats et les combattants de la guérilla, qui ont porté le poids d’un écrasant bilan de morts, de pertes et de souffrances. Les actes de violence perpétrés contre eux – les déplacements forcés, les exécutions sommaires, les viols, le pillage, le refus d’accès à la nourriture et l’utilisation de « boucliers humains » – sont innombrables. Ce livre décrit l’urgence médicale et nutritionnelle absolument renversante avec laquelle les équipes de MSF ont dû composer et l’attitude des médias internationaux, qui ont fermé les yeux sur la catastrophe, alors que la lutte pour le pouvoir politique se jouait selon les ethnies et les territoires et que le contrôle des populations civiles était devenu le principal enjeu.

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LES CANADIENNES ET LES CANADIENS EN MISSION Afghanistan Alexandra Conseil Anu Sharma David Croft Judy McConnery Kathleen Bochsler Mike Fark Angola Danielle Morin Gabriela Pahl Hélène Poliquin Philippe Blackburn Bangladesh Violet Baron Burundi Bruce Lampard Christopher Carter Claude Trépanier Clive Strauss Dominique Proteau Erin Culley Francine Belisle Jason Peat Kyra Abbott Michelle Milne Yves Cantin Congo-Brazzaville Claudette Chayer Frédéric Beaudoin Jennifer Weterings Lindsay Bryson Serena Kasparian Tammy Hinsche

Côte d’Ivoire Alain Calame Jangh Bhadur Rai Jon Soehl Julia Puttergill Vanessa Van Schoor Éthiopie Anders Lonnqvist Cheryl McDermid Isabelle Aubry Michel Plouffe Rik Nagelkerke Selig Wilansky Guinée Michel Paradis Inde James Squier Iran Yvan Marquis Jordanie Theo Murphy Kenya Christina Cepuch Denis Guzzi Françoise Goutier Libéria J-Sébastien Matte Marie Skinnider Maya Harari Sylvain Groulx Mauritanie Marisa Cutrone

Myanmar (Birmanie) Stéphanie Faubert Paul Mathers Népal Robert Parker Nigéria Joanne Liu Nicole Fulton Pakistan Patrick Robitaille République démocratique du Congo David Tu Heather Thomson Josée Pepin Julienne Turcotte Patricia Simpson Reine Lebel Sophie-G. Gagnon Thomas Kelley Russie Ben Reentovich Éric Tremblay Sierra Leone Darryl Stellmach Kevin Coppock Somalie Jody Thomas Mario Fortin Nicola Woolley Sharon Janzen Sylvain Deslippes

Soudan du Nord Missions de MSF Lia Copeland Soudan du Sud Dépêches David Michalski Médecins Sans Frontières Janice Kopinak 720 av. Spadina, bureau 402 Marie-H. Mayrand Toronto, Ontario, M5S 2T9 Nancy Dale Tél. : 416.964.0619 Télec. : 416.963.8707 Steve Dennis Numéro de téléphone sans frais : Tiffany Moore 1 800 982.7903 Sri Lanka Courriel : msfcan@msf.ca Site Web : www.msf.ca Adam Childs Bree Lenz Directeur de la rédaction : Tommi Laulajainen Doug Kittle Tchad Rédactrices : André Fortin Reshmi Kutty Dominique Desrochers Caroline Tourigny Clea Kahn Collaborateurs : Dolores Ladouceur Ben Chapman, Carol Devine, Laurence Hughes, Isabelle Jeanson, Reshmi Kutty Patrice Richard Philipe Mougeot Tirage : 65 000 Randy Bareham Graphisme : One Company Territoires palestiniens Impression : Warren’s Imaging and Lynne Chobotar Dryography

Crédit photos : Remco Bohle, Alain Frilet, Roger Job, Olivier Jobard/SIPA Press, Jim Lavery,

Jehad Nga/Corbis, John Reardon, Andrew Schechtman, Stephan Vanfleteren

(c) Hiver 2004

ISSN 1484-9410


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