Vol. 6, nº 2
Dépêches B U L L E T I N
M S F
C A N A D A
DANS CE NUMÉRO
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La lutte contre la maladie de Chagas
4
La violence sexuelle comme arme de guerre
6
Lettre du terrain : Haïti
8
Nouveau programme de traitement antirétroviral en Éthiopie
LA LUTTE CONTRE UNE MALADIE NÉGLIGÉE :
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L’introduction de la TCA dans la lutte contre la malaria en Afrique
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Arjan Erkel est libéré après 607 jours de captivité
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MSF au Canada
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Le livre : Hope in Hell
Lauréat du prix Nobel de la paix 1999
LA MALADIE DE CHAGAS
Chagas l’insecte mortel. Les enfants les suivent partout. « Ce sont nos assistants », déclare Félix. Félix et Raúl, ainsi qu’un troisième membre, Jesús, sont en charge d’inscrire le nombre d’enfants âgés de moins de 15 ans vivant dans chaque maison. C’est l’une des tâches qui leur incombe dans le cadre du volet « rechercher et tuer » du programme de prévention et de traitement mis sur pied par MSF il y a un an à Entre Ríos, dans la région d’O’Connor, au sud de la Bolivie. Dans cette région, la maladie touche 30 pour cent des enfants âgés de moins de 14 ans. Le traitement de la maladie constitue l’autre volet du programme de MSF. Un membre de l’équipe locale de MSF pulvérise un insecticide afin d’éliminer les vinchucas, les insectes qui transmettent la maladie de Chagas.
LA LUTTE CONTRE LA MALADIE DE
CHAGAS Deux jeunes hommes, équipés d’une lampe de poche et d’une tige de fer, cherchent des insectes dans chacune des 72 maisons de la communauté de San Simón. Dans ce village, ces jeunes sont appelés les vinchuqueros – un jeu de mots avec rancheros (cow-boys) et vinchucas, le nom local donné aux insectes qui transmettent la maladie de Chagas. Les chasseurs travaillent pour Médecins Sans Frontières (MSF) dans le cadre de la lutte contre l’une des maladies les plus mortelles de la Bolivie. La vinchuca fait environ cinq centimètres de long à maturité. L’insecte grimpe jusqu’au sommet des murs à l’intérieur des maisons puis saute et plane jusqu’à ce qu’il atterrisse sur le bras exposé d’un enfant endormi. La maladie se transmet lorsque l’insecte pique et dépose sur la peau des excréments et que la victime, sans le savoir, transmet en se grattant de minuscules parasites à son système sanguin. Il faut parfois de 10 à 15 ans avant que des symptômes de la maladie n’apparaissent. Les deux vinchuqueros sont Félix et Raúl, et ils doivent parfois marcher pendant plus de sept heures avant d’atteindre une maison qu’ils fouilleront de fond en comble afin de dépister
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La recherche et l’élimination des insectes se fait de façon méthodique. L’équipe pulvérise d’insecticide les toits, les murs, le plancher, et inspectent les denrées alimentaires, les lits, les fissures et les recoins des murs de boue. Il s’agit d’une inspection complète visant à trouver tous les insectes et leurs nids. L’équipe fait la pulvérisation afin de tuer tous les insectes que l’inspection ne permet pas de déceler.
« Les enfants ont entre 60 et 80 pour cent de chance de guérir. Mais plus les enfants vieillissent, et plus les effets secondaires des médicaments augmentent tandis que leur efficacité diminue. » DR FERNANDO PARREÑO, PÉDIATRE ASSOCIÉ AU PROJET
L’éradication est essentielle à l’efficacité du traitement. Car même si on réussit à éliminer l’insecte dans ce lieu, s’il revient, les gens ayant reçu un traitement contre la maladie peuvent être réinfectés. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de traitement efficace contre la maladie de Chagas. L’éradication et le traitement doivent être constants. « Il n’existe pas de vaccin, explique Francisco Román, coordonnateur régional dans la municipalité d’Entre Ríos. Les enfants peuvent être infectés de nouveau le soir même à la maison, pendant qu’ils dorment. C’est pourquoi il est capital d’être sur le qui-vive quant à la présence du vecteur (l’insecte) et d’administrer le traitement approprié. » « Les enfants ont entre 60 et 80 pour cent de chance de guérir. Mais plus les enfants vieillissent, et plus les effets secondaires des médicaments augmentent tandis que leur efficacité diminue », explique le docteur Fernando Parreño, le pédiatre associé au projet. La Bolivie détient malheureusement le record des infections de la maladie de Chagas en Amérique latine. La maladie est endémique dans 60 pour cent du pays. La moitié de la population – environ 3,5 millions de personnes – est à risque. La maladie de Chagas est
la quatrième maladie en importance et elle est responsable de 13 pour cent des décès au pays. Dans les pays occidentaux développés, ces chiffres auraient depuis bien longtemps motivé les sociétés pharmaceutiques à trouver une cure, ou du moins un traitement ou un vaccin efficace. Mais la maladie de Chagas est aussi connue comme une maladie touchant les pauvres et, par conséquent, depuis 30 ans maintenant, il n’existe qu’un seul traitement, déjà désuet, pour lequel on ne connaît que certains des effets secondaires et de la résistance. Au début, les symptômes ne sont pas très inquiétants. La personne se sent fatiguée et souffre de maux de ventre. Mais la fatigue devient éventuellement tellement grande que la personne ne peut plus aller travailler ou effectuer la moindre petite tâche. Une insuffisance cardiaque est généralement la cause du décès. Quand MSF est arrivé à Entre Ríos il y a un an, le taux d’infestation de la maladie de Chagas atteignait 19 pour cent. La situation était alors tellement critique que le besoin le plus urgent était d’éradiquer l’insecte. « Il était hors de question de commencer le traitement, a affirmé Román. La fumigation et la réparation de chaque maison dans le cadre du programme gouvernemental ont grandement diminué le risque d’infection. » MSF a déjà visité six des communautés les plus populeuses entourant Entre Ríos, et compte traiter 2000 enfants en trois ans et visiter les 103 communautés de la région d’O’Connor. Le projet, qui a commencé en septembre 2003, devrait se terminer en septembre 2005. MSF est actuellement le seul organisme à offrir un traitement aux enfants âgés de moins de 14 ans, le groupe d’âge pour lequel le traitement est le plus efficace.
La Bolivie détient malheureusement le record des infections de la maladie de Chagas en Amérique latine
La procédure de traitement est longue. Tout d’abord, on fait des prises de sang aux enfants et on les analyse. Après avoir reçu les résultats du laboratoire, l’équipe de MSF visite les parents des enfants infectés – il y en a eu 606 jusqu’à présent dans cette seule communauté – et offre le traitement gratuitement. Si MSF ne payait pas le coût des médicaments, les familles touchées devraient débourser 50 $US par enfant, un montant prohibitif dans leur situation. À l’école Buenavista, plusieurs enfants attendent déjà le véhicule de MSF. Le Dr Fernando Parreño serre la main de chaque patient et,
MSF est actuellement le seul organisme à offrir un traitement aux enfants âgés de moins de 14 ans, le groupe d’âge pour lequel le traitement est le plus efficace.
après avoir vérifié le nom sur la liste, lui remet un sachet contenant des comprimés coupés en quatre. La méthode consiste à prendre deux quarts par jour pendant une semaine complète. Cela signifie que le Dr Parreño doit lui-même couper les comprimés. « Le traitement est compliqué et, pour couronner le tout, ceux qui le suivent sont surtout des enfants et aucune formule adaptée à eux, comme un sirop, n’a été mise au point, se plaint-il. MSF administre du benzinadol (Roche), un médicament qui a commencé à être utilisé sur le bétail dans les années 1970. Bien que la maladie de Chagas ait été découverte au début du siècle dernier, nous ne savons presque rien sur elle. » L’équipe de MSF prend bien soin de ses jeunes patients et est attentive à toute réaction indésirable possible. Il y a quelques jours, le véhicule de MSF a fait trois heures de route entre Entre Ríos et Tarija pour amener une enfant guaranie, Grecia, à l’hôpital. La peau de Grecia présentait une brûlure chimique, une réaction indésirable au traitement. Le personnel de MSF n’avait jamais vu ça. « Elle va mieux maintenant. Mais c’était la première fois que nous voyions une réaction comme celle-la; nous devons donc faire très attention », explique le Dr Parreño. MSF essaie de conscientiser davantage la communauté à la maladie de Chagas. Elle a fait passer une série de messages publicitaires, ayant la forme de courtes pièces de théâtre pour la radio, afin de renseigner les gens sur la maladie et sur les moyens de la prévenir et de la traiter. Les enfants sont les plus susceptibles d’assimiler l’information. Señor Reinaldo, de la communauté San Simón, dit que les enfants jouent leur rôle dans l’éradication de la vinchuca. « Ils attrapent l’insecte, séparent la tête du corps et les jettent aux poules. » Mais il admet également qu’il ne savait pas que ces insectes étaient aussi dangereux : « Mon père est mort à cause de la maladie de Chagas, je crois. Il a fait une crise cardiaque. » — Olga Ruiz
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La violence sexuelle
ÇA SUFFIT! NON À LA VIOLENCE SEXUELLE COMME ARME DE GUERRE «Avant hier, je suis allée dans la brousse pour chercher du bois. J’y ai rencontré trois soldats du gouvernement, ils étaient armés. L’un d’entre eux m’a vu et m’a demandé où j’allais. Je lui ai répondu que j’étais venue chercher du bois. Il m’a alors dit que pendant le reste de la journée, je serais à lui. J’étais effrayée. Il m’a forcée à le suivre dans la brousse et m’a déshabillée. Puis il m’a violée. Quand je me suis rhabillée, il m’a volé 50 dollars libériens que j’avais sur moi. Je suis rentrée au camp et hier, je me suis sentie très mal. Mon estomac me fait beaucoup souffrir mais je n’ai pas d’argent pour me faire soigner. » Jeune femme de 27 ans vivant dans un camp de personnes déplacées à Monrovia, Libéria, juin 2003. (La photo représente une autre jeune femme.)
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Le viol, une arme de guerre Les guerres rendent les femmes et les jeunes filles particulièrement vulnérables. Femmes, jeunes filles et même parfois de jeunes enfants sont trop souvent violés, enlevés et contraints à un esclavage sexuel. La détérioration des structures économiques et sociales crée un nid propice à la multiplication de ces violences. Quand elles sont forcées de quitter leur maison, les femmes et les jeunes filles sont séparées de leur famille et donc exposées à diverses agressions. Elles peuvent alors être contraintes de faire commerce de leur corps pour s’assurer une protection ou simplement pour avoir un abri ou se nourrir. Dans ces situations, les viols et violences sexuelles ont non seulement tendance à augmenter mais tendent même à devenir systématiques : le viol devient une arme de guerre dont les femmes et les jeunes filles sont la cible. L'ennemi choisit de s'en prendre à elles car l'humiliation et le mal qu'il leur inflige les affectent profondément, mais touchent et humilient aussi leur famille et souvent toute la communauté.
Mettre fin à l'impunité Malheureusement, l'impunité est souvent la règle. Malgré les progrès réalisés dans la reconnaissance du viol et d'autres actes de violence sexuelle comme crimes de guerre (le Statut de la Cour pénale internationale fait désormais spécifiquement référence au viol), les mesures prises au niveau international et national sont peu claires et restent inadéquates. Les acteurs locaux, nationaux et internationaux doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour aborder la question de l’impunité et aider à prévenir de tels actes de violence. Les séances de suivi psychologique avec les survivantes ont également mis en lumière l’importance, dans le processus curatif, d’une reconnaissance du viol comme un crime punissable, même dans une législation internationale.
Des silhouettes de bois placées le long des rues de Brazzaville en République du Congo dans le cadre d’une campagne mise sur pied par MSF, symbolisent le traumatisme subi par les victimes de viol.
La réponse de MSF La prise en charge de la violence sexuelle est une tâche difficile et les obstacles, y compris culturels, sont nombreux pour soigner et soutenir les victimes de manière adéquate. Cela est encore plus vrai dans des contextes d'urgence ou de semi-urgence où l'accès aux soins de santé de base est parfois inexistant et l’espace privé pour les soins et le conseil, tout à fait utopique! Malgré tout, nous avons la responsabilité de soigner les victimes. MSF s’efforce de fournir des soins complets et de qualité aux victimes de violence sexuelle de manière confidentielle. Nous soignons les blessures physiques des victimes, offrons une contraception d'urgence et fournissons un traitement pour la prévention des maladies transmises sexuellement. Cela inclus le VIH pour lequel nous administrons des médicaments antirétroviraux qui permettent de prévenir la transmission du virus. Pour être efficaces, ces médicaments doivent être pris dans les 72 heures après le viol; la prise en charge médicale immédiate est donc vitale.
Des femmes et des jeunes filles marquées à vie Les violences sexuelles ont des conséquences médicales désastreuses. Le traumatisme physique peut être d'une grande gravité et de nombreuses victimes contractent aussi des maladies transmises sexuellement, dont le VIH/sida. Un viol provoque chez la victime des traumatismes psychologiques et des souffrances durables. Chez certaines femmes, le traumatisme se manifestera par un sentiment de honte, de la culpabilité et une tendance à l’isolement. En plus des traumatismes physiques et psychologiques, les femmes qui ont été violées sont souvent stigmatisées par leur communauté. Certaines sont même parfois rejetées par leur mari. Ces femmes sont alors contraintes de se débrouiller toutes seules et de vivre dans la pauvreté. Il est donc impératif que le viol ne soit plus stigmatisé pour que ces femmes puissent à nouveau exister et retrouver toute leur place dans la société.
La violence sexuelle étant bien souvent un sujet tabou, il est également important de mener des activités éducatives à cette problématique et expliquer aux femmes que des traitements médicaux sont disponibles. Dans le cadre de certains projets, MSF organise également des séances de conseils psychosociaux.
Les programmes de MSF MSF apporte des soins médicaux et un soutien aux victimes de violences sexuelles dans différents pays tels la République démocratique du Congo, le Burundi, la République du Congo et le Libéria. La prédominance d’États africains ne signifie pas pour autant que les autres pays soient épargnés par ces violences. Cela reflète combien il est difficile de venir en aide aux victimes de violences sexuelles dans des pays comme la Tchétchénie, le Pakistan ou l'Afghanistan où les tabous et la stigmatisation sont parfois plus importants et où les femmes risquent d'être répudiées ou même tuées, lorsque leur famille découvre ce qu’elles ont subi.
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Lettre du terrain
HAÏTI
Les nouvelles télévisées nous ont livré un sombre portrait de la situation en Haïti. Deux cent ans après s’être libérée du joug de ses maîtres coloniaux, Haïti a plongé une fois de plus dans le chaos. En début février, un groupe armé a pris Gonaïves, la quatrième plus grande ville d’Haïti. Un effet domino a été amorcé, provoquant, moins d’un mois plus tard, l’exil du président.
Je suis arrivé dans la capitale de Port-au-Prince avec une infirmière en fin février. L’objectif de notre mission était de fournir des soins de santé de base dans le nord et le nord-est du pays. Nous voulions aussi nous assurer que les hôpitaux puissent faire face à un possible afflux de victimes frappées par la violence. Sur la route nous menant de l’aéroport au bureau de MSF, les rues vides de gens et de circulation indiquaient un état d’insécurité. Le pays était paralysé et une tension régnait dans la capitale. Apprenant que la sécurité était stable dans le nord, notre équipe a décidé de s’envoler vers la République dominicaine pour revenir en Haïti par le nord. L’aéroport était fermé mais nous avons obtenu la permission d’utiliser un avion affrété. Nous
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avons été les derniers à décoller de l’aéroport avant l’arrivée des troupes internationales, quelques jours plus tard. De Santo Domingo en République dominicaine, nous avons pris un autobus jusqu’à la frontière. Nous avons traversé à pied et loué un vieux véhicule. Cinq heures de route cahoteuse plus tard, nous sommes arrivés à Cap-Haïtien, la deuxième plus grande ville d’Haïti. Nous avons visité autant de régions qu’il nous a été possible de couvrir pour bien cerner la situation. J’ai été agréablement surpris de constater que la plupart des infrastructures de santé fonctionnaient, malgré quelques petits problèmes, comme des difficultés d’approvisionnement en médicaments et une diminution du personnel. La plupart des problèmes étaient dus à la pénurie d’essence. Ce produit était devenu rare et la situation
influait sur le prix du transport, empêchant les gens de se déplacer pour consulter. Heureusement, avec le départ du président et l’arrivée des troupes internationales, les routes ont été réouvertes et la situation s’est rapidement améliorée. MSF a mis en place des mesures logistiques pour régler les problèmes d’approvisionnement en médicaments et en d’autres nécessités, comme le propane, l’oxygène et l’essence, mais comme telle, notre intervention s’est avérée limitée.
été malade récemment. Elle avait d’abord pris une potion locale, une sorte de tisane. Son état ne s’améliorant pas, elle a consulté un guérisseur. Lorsque cette dernière solution s’est avérée inefficace, elle s’est rendue à l’hôpital. Les frais de consultation et de médicaments s’élevaient à 23 $US, une somme importante pour une famille qui n’a presque aucun revenu. « Comment avez-vous pu payer? » lui ai-je demandé. Elle m’a répondu : « Des amis et la famille ». C’est là une situation courante. La famille immédiate, la communauté et la diaspora aident souvent les gens lorsqu’ils sont dans le besoin.
Mes expériences passées dans les pays en développement m’avaient démontré que les systèmes de santé peuvent parfois
Je ne dis pas que le système est parfait. Le personnel de santé publique est mal rémunéré, ce qui entraîne souvent un manque
être vraiment inefficaces en l’absence d’une infrastructure. Dans des situations d’urgence passées, j’avais vu des systèmes de santé complètement paralysés à cause du pillage intensif perpétré par des groupes armés. J’avais vu aussi du personnel médical prendre la fuite en raison de l’insécurité qui régnait. Ces scénarios ne s’appliquaient pas dans le cas d’Haïti. Les difficultés d’approvisionnement étaient minimes, la plupart du personnel médical était encore au poste et l’infrastructure de santé publique fonctionnait.
de motivation. Presque tous les médecins publics comblent le manque à gagner en ayant leur propre clinique privée. Le système de santé ici est fondé sur le rétablissement des coûts. Par ailleurs, il existe un système d’exonération pour les pauvres. Les mesures sont appliquées en fonction de chaque cas et habituellement selon la discrétion des administrateurs. Le pourcentage de personnes qui reçoivent des soins de santé gratuits ou partiellement gratuits varie de 10 à 20 pour cent. Nombre de personnes qui n’ont pas les moyens de payer pour des soins de santé attendent jusqu’à ce qu’il y ait des complications, ce qui augmente le coût éventuel d’un traitement.
Nous avons rencontré du personnel très compétent dans la plupart des établissements de santé. Nombre de dispensaires ruraux bénéficient d’un programme de coopération avec le gouvernement de Cuba. De plus, Haïti est un pays géographiquement petit, qui comporte de nombreux hôpitaux, centres de santé et dispensaires. La population ne semble donc pas avoir des difficultés d’accès aux soins de base. Alors que les rapports officiels que nous avions lu affirmaient que 50 pour cent des Haïtiens n’avaient pas accès à des soins de base, nous avons parcouru diverses régions dans les deux départements et nul ne nous a dit qu’il était impossible d’obtenir des soins.
L’introduction d’un programme contre le VIH/sida constitue un besoin criant que nous avons identifié au sein de la population. Ces programmes sont rares au pays. Au moment même où j’écris ces lignes, deux nouveaux membres ce sont joints à notre équipe afin d’analyser davantage les possibilités. — Sylvain Groulx
Sylvain Groulx, originaire de Montréal, est logisticien. Il a travaillé en tant que volontaire avec MSF en Haïti
J’ai parlé avec une femme, Gabrielle, âgée de 54 ans, qui vivait avec quatre enfants et son conjoint handicapé. Le seul revenu que la famille touchait provenait d’un petit kiosque. Lorsque je me suis informé de son état de santé, elle m’a dit qu’elle avait
durant sept semaines plutôt cette année. C’était sa 5 e mission avec MSF.
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Éthiopie
UN PEU D’ESPOIR EN ÉTHIOPIE : UN NOUVEAU PROGRAMME ARV Humera, le 14 février 2004 La semaine a commencé par une marche dans la ville pour annoncer l'arrivée des antirétroviraux (ARV). Partout, des ballons, des enfants. Un haut-parleur diffusait de l’information sur les tests de dépistage, le suivi du VIH et le traitement antirétroviral. Toute une histoire, ici, à Humera! C'est aussi un événement dans toute l’Éthiopie, car il s’agit de l’unique programme qui permet aux personnes démunies d’avoir accès aux antirétroviraux. Toutefois, ce sont les patients que nous voyons qui représentent le véritable défi. Ils arrivent ici avec une sérologie (la preuve de la maladie) qui, en Occident, les classerait dans la catégorie des personnes décédées. Les malades sont émaciés, couverts de mouches, de véritables squelettes vivants. La tuberculose, le kala-azar, la malaria, la pauvreté, la famine, le fait d'être sansabri, les préjugés, des températures atteignant 45 degrés et
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le VIH les assaillent. Comment un être humain peut-il endurer de telles épreuves? Pourtant je suis venu ici pour parler d'un avenir meilleur, de responsabilités, et je suis bien résolu à changer cette image. Comment nous y prenons-nous? Tout d’abord nous leur donnons une raison de faire le test. En effectuant un test de dépistage anonyme dans un centre où ils peuvent recevoir des conseils, ils ont déjà franchi la première étape du programme. Cette démarche permet déjà aux femmes d’accoucher de bébés sains et non contaminés si celles-ci sont séropositives. Notre programme de suivi du VIH a pour objectif de conseiller les malades sur les mesures qu’ils peuvent prendre afin d’endiguer la progression de la maladie et de leur offrir les analyses de laboratoire nécessaires à l’accès aux traitements préventifs de même qu’aux traitements thérapeutiques.
Les patients qui répondent aux critères de sélection peuvent alors participer à notre programme de traitement antirétroviral. Ces petites pilules, à prendre deux fois par jour, peuvent réduire la charge virale des malades et permettre à leur système immunitaire de récupérer afin que ceux-ci puissent reprendre du poids, retrouver leur énergie et envisager un avenir. La réduction de leur charge virale diminue également leur état contagieux ainsi que leur propension à la maladie. L’alimentation des malades est un autre élément fondamental. L’aspect nutritionnel est un point encore faible dans notre programme mais qui est rapidement corrigé afin de permettre aux patients d’obtenir le meilleur de cette initiative. Même avec tous les soins médicaux, une mauvaise alimentation immobilise le processus de guérison. MSF est conscient de ce faible maillon et concentre ses efforts pour y remédier. Un autre élément est l'attitude des patients. Comment expliquer aux malades d’avoir une attitude positive alors qu’ils ne sont que de simples ouvriers immigrants sans aucune famille ou foyer? Pour ces personnes, mourir est leur destin, car tel est le destin des pauvres. Ils se sont réfugiés dans différents pays selon les troubles du moment. Pour quelque temps, ils sont en Érythrée, puis au Soudan, et maintenant ici, en Éthiopie. Ils portent les cicatrices de ces migrations dans une région encline aux sécheresses, aux maladies et à la misère. Nous commençons par construire des abris. Puis nous essayons de répondre aux besoins les plus élémentaires comme l'accès à l’eau, les latrines et la cuisine. Ces abris ne ressemblent en rien à nos maisons, mais c'est un endroit sûr qui leur permet d’avoir une certaine stabilité et de s’installer de façon plus permanente. Nous avons également un programme de rapatriement pour ceux qui veulent rentrer chez eux. Les malades qui optent pour le programme de rapatriement ne peuvent participer au programme des antirétroviraux, étant donné qu’ils doivent être à Humera pour se procurer les médicaments.
cette semaine. Qu'est-il arrivé? Mercredi, nous avons donné une présentation sur la santé, ce qui a permis aux personnes de prendre conscience de la situation, d’être informées et de faire confiance aux tests de dépistage. Pour les personnes qui ont effectué le test et qui ont déjà des symptômes, recourir à nos services est plutôt facile. Pour celles dont le test, effectué dans le cadre des préparatifs de leur mariage, s’avère positif, mais sont asymptomatiques, elles ont plus de mal à accepter la nouvelle, car elles associent le VIH avec le sida. L’un ne va pas sans l’autre. C’est là où ma participation est importante. Je leur montre la face asymptomatique de la maladie en effectuant des tests devant eux afin de leur montrer le visage du VIH. Il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les préjugés, et nous avons formé une équipe d'éducateurs en matière de santé qui doit être déployée lundi. Une autre équipe de conseillers en VIH se rendra sur les lieux à la mi-février. Tous ces efforts contribuent à créer une communauté plus informée et plus saine. Ces travaux permettent également d’accepter la maladie et d’aider ces personnes à retourner à la vie active comme membres productifs. Ils peuvent y arriver et ils y arriveront s'ils collaborent. Tout ce que nous leur demandons, c’est de prendre leurs médicaments conformément aux prescriptions, de faire un effort pour manger des aliments sains et cuits, de consommer des protéines et boire de l’eau potable et, de garder une attitude positive. Lorsque vous voyez dans l’état où ils arrivent, il n'est pas difficile de croire en des jours meilleurs. — Carlos Cordero conseiller en adhésion au traitement
Leurs besoins de base satisfaits, les malades peuvent commencer à s'organiser grâce à deux groupes de soutien. Ces groupes peuvent changer le sort des patients et leur permettre d’envisager une vie nouvelle en dépit de la maladie, la même qui, autrefois, les décimait. Mon rôle est de leur prouver que la mort n’est pas inéluctable à moins de croire le contraire. En dépit de ce contexte, je crois que je peux les y convaincre, moi et l’imposante équipe de chauffeurs, de cuisiniers, de personnel médical, de conseillers, de techniciens de laboratoire, de pharmaciens, d’éducateurs en matière de santé et de dirigeants communautaires, qui consacrent leur temps, leur énergie et leur vision à ce projet. Rien que ce mois-ci, nous avons effectué des tests de dépistage sur 11 personnes. Huit ont été testés entre mercredi et vendredi de
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La
malaria
Au Nigéria, MSF offre des tests de dépistage et des traitements aux enfants de moins de cinq ans et aux femmes enceintes dans le cadre d’un programme contre la malaria.
UN MÉDICAMENT OFFRANT D’EXCELLENTS RÉSULTATS : L’INTRODUCTION DE LA TCA DANS LA LUTTE CONTRE LA MALARIA EN AFRIQUE
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La malaria, ou paludisme, tue plus d’un million de personnes chaque année, la majorité en Afrique, la majorité ayant moins de cinq ans. La malaria est la première cause de décès chez les enfants africains. Les faits sont accablants. Des années 1955 à 1969, sous Le programme mondial de l’éradication du paludisme lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les taux de mortalité liés à cette maladie ont chuté de façon significative. Toutefois, la tendance a par la suite changé en Afrique subsaharienne. De 1970 à 1997, le taux de mortalité a grimpé de plus de 50 pour cent. Le nombre et la gravité des épidémies ont énormément augmenté. Les médicaments d’usage sont maintenant moins efficaces dans de nombreux cas puisque le parasite a développé une résistance. Cependant, un traitement beaucoup plus efficace est disponible depuis quelques années. Des dérivés de l’artémisinine, un extrait de plante d’abord utilisé en Chine il y a plus de 2000 ans, combinés à certains autres médicaments, donnent d’excellents résultats dans la plupart des cas de lutte contre P. falciparum, la plus répandue et la plus mortelle des souches de malaria. Le problème qui se pose maintenant est l’opposition des gouvernements. Ceux-ci refusent d’ajuster les protocoles de traitement nationaux de sorte à adopter la thérapie combinée à base d’artémisinine, ou TCA, comme traitement de première intention. Selon MSF, de nombreuses vies seront épargnées si ce traitement est adopté.
l’artésunate) à plus de 2 $US (pour le médicament de marque Coartem, qui combine l’artéméther et la luméfantrine). À long terme, l’adoption de la TCA est une voie sensée, même en termes purement économiques, mais le prix est intimidant et même prohibitif pour de nombreux gouvernements africains à court d’argent. Au Burundi, le gouvernement, jusqu’à dernièrement, a rejeté les appels l’enjoignant d’introduire la TCA malgré les taux catastrophiques de malaria et une résistance extrêmement élevée aux médicaments de première et de seconde intention (SP et chloroquine). En 2001, MSF a réalisé, conjointement avec le ministère de la Santé, une série d’études sur la résistance et a relevé, dans trois provinces, une résistance à la chloroquine allant de 64 à 93 pour cent, ainsi qu’une résistance à la SP de 33 à 67 pour cent. Une étude subséquente a démontré qu’il n’y avait aucune résistance à la TCA. MSF, qui ne pouvait plus justifier le respect des protocoles nationaux,
DONNÉES SUR LA MALARIA • La malaria frappe 300 à 500 millions de personnes chaque année, dont plus de 90 pour cent en Afrique subsaharienne.
Dans le cadre de son travail auprès de patients atteints de malaria, MSF a constaté les résultats extraordinaires de la TCA dans les cliniques, les hôpitaux et les camps de réfugiés partout dans le monde. La TCA agit rapidement, comporte peu d’effets secondaires, soulage les symptômes cliniques et réduit le taux de parasites plus rapidement que ne le fait tout autre médicament. Cela signifie également que le parasite est moins exposé à des doses préventives du médicament (présentes dans le corps mais qui ne combattent pas activement la maladie) et a peu de possibilités de développer une résistance. En fait, aucun cas de résistance n’a été documenté. Par contre, la résistance à la chloroquine, l’un des principaux médicaments antipaludéens de première intention actuellement utilisé en Afrique, a atteint un taux de 80 pour cent à certains endroits.
• Cette maladie sévit dans plus de 100 pays et menace 40 pour cent de la population mondiale. • La malaria est transmis par le moustique anophèle et causé par le parasite Plasmodium. Des quatre espèces de Plasmodium, le falciparum est responsable de la majorité des infections et le plus mortel. • Le parasite cause une fièvre, des maux de tête et des douleurs articulaires. Une infection au falciparum non
Un autre médicament fréquemment utilisé, la sulfadoxinepyriméthamine (SP), dont le nom commercial est Fansidar, n’est pas efficace dans le tiers des cas, dans nombre de régions du continent. L’OMS recommande l’adoption d’un traitement plus efficace lorsque la résistance atteint les 15 pour cent ou plus, et plus spécifiquement, l’adoption de polythérapies, de préférence celles qui utilisent des dérivés d’artémisinine, pour traiter la malaria à P. falciparum, en réponse à une résistance croissante.
traitée peut dégénérer en une malaria grave, suivi d’un coma et éventuellement d’un décès. • La malaria frappe les communautés pauvres et rurales plus que toute autre maladie. • Dans certaines régions, la malaria a pris des pro-
Pourquoi donc les gouvernements ne s’empressent-ils pas de changer leurs protocoles de traitement antipaludéen? À part les raisons politiques, la réponse est simple : la TCA coûte trop cher. La chloroquine ne coûte que quelques cents par patient, et les autres thérapies combinées sans dérivés d’artémisinine, comme l’amodiaquine avec la SP, coûte à peine un peu plus, soit 0,25 $US. Les TCA sont beaucoup plus coûteuses, allant de 1,30 $US (pour l’amodiaquine et
portions épidémiques. Cette situation est causée par les conflits armés, les déplacements massifs de populations, les crises économiques et les changements climatiques.
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a commencé à utiliser, illégalement mais ouvertement, la TCA. Faisant face à des données probantes et encouragé par des promesses de dons de la part de donateurs importants, le gouvernement a finalement annoncé qu’il introduirait la TCA comme traitement de première intention au plus tard en juillet 2003. À la fin de 2003, MSF, avait œuvré à l’introduction de la TCA dans tous les établissements de santé du pays. Malheureusement, des 41 autres pays africains où la malaria est endémique, seulement cinq ont modifié leur protocole. Plusieurs se sont engagés à le faire, mais étant donné les enjeux, le changement est trop lent. En Éthiopie, où une épidémie a récemment frappé 10 à 15 millions de personnes, le gouvernement, épousant la logique actuelle de donateurs importants comme UNICEF, traîne des pieds pendant que des millions de personnes reçoivent des médicaments moins efficaces. MSF est témoin des conséquences – des enfants malades et mourants – et exerce des pressions en faveur de l’adoption de la TCA. Malgré cela, le gouvernement éthiopien n’a pas permis à MSF d’utiliser la TCA pour combattre la récente épidémie – même si les taux de mortalité ont grimpé bien au-delà de l’état d’urgence – et n’est nullement intéressé à changer son protocole national. La malaria tue quotidiennement 3000 personnes. Nombre d’elles pourraient vivre si elles avaient accès à la TCA. Les gouvernements nationaux et les partenaires financiers doivent s’engager à faire de la TCA le traitement antipaludéen de première intention. Il n’existe aucune autre option humanitaire. Chaque jour, des gens souffrent et meurent à cause de ces protocoles désuets qui prescrivent des médicaments de moindre efficacité. — Joseph Leberer
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DONNÉES SUR LA MALARIA • Au Burundi, au cours d’une année normale (sans épidémie), près d’un tiers de la population est atteinte de malaria. • Entre 1997 et 2002, de graves flambées de malaria ont éclaté dans 358 régions de l’Afrique. • Des résultats préliminaires d’une étude sur la résistance menée en Éthiopie affichent un taux de résistance à la SP de 40 à 70 pour cent, et un taux d’efficacité de 100 pour cent pour ce qui est du médicament combiné Coartem. • Selon MSF, si la demande augmente de façon importante, le prix du médicament combiné amodiaquine et artésunate pourrait chuter à 0,60 $US d’ici la fin de 2004. • Selon l’OMS, la malaria coûte à l’Afrique la somme estimée de 12 milliards de dollars US par année. Le coût économique qu’entraîne cette maladie est énorme en termes de perte de revenus et de fardeau financier imposé aux services de santé. • Selon une estimation de MSF, l’introduction de la TCA au Burundi, au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda combinés coûterait seulement 19,1 millions de dollars US de plus qu’il en coûte actuellement.
Mise
à
jour
Arjan Erkel, au centre, s’adresse aux médias à Moscou peu après sa libération.
ARJAN ERKEL EST LIBÉRÉ APRÈS 607 JOURS DE CAPTIVITÉ SA SÉQUESTRATION MET EN ÉVIDENCE DES PROBLÈMES RÉGIONAUX Arjan Erkel a été libéré. Il est maintenant en sécurité chez lui, aux Pays-Bas, auprès de sa famille. Le volontaire et chef de mission de MSF au Daguestan a été pris en otage le 12 août 2002 et est demeuré séquestré pendant 607 jours. Le 11 avril à Moscou, Arjan a retrouvé son père, Dick Erkel. Ce dernier avait pris place à bord d’un avion militaire néerlandais, envoyé en mission spéciale pour ramener Arjan. Père et fils furent réunis et se sont ensuite envolés pour les Pays-Bas. MSF a été informé de la libération d’Arjan lorsque ses représentants ont reçu un appel à 3 h 00 heure locale, le dimanche 11 avril, d’un groupe nommé les Vétérans des renseignements extérieurs (VFA). La famille Erkel a été immédiatement informée. Bien que la libération d’Arjan soit un immense soulagement pour l’organisation, MSF a souligné l’ampleur des conséquences que cette détention prolongée a provoqué sur la capacité de dispenser une aide aux civils victimes de la guerre dans la région. « MSF est extrêmement heureux de voir Arjan de retour parmi les siens », a déclaré le Dr Rowan Gillies, président du Conseil international de MSF, « mais nous devons nous rappeler qu’un prix énorme a été payé, non seulement par Arjan mais aussi par d’innombrables personnes. L’enlèvement d’Arjan a mené à une diminution importante des programmes d’aide aux personnes déplacées et touchées par la guerre, partout dans la région. Il a renforcé le climat d’intimidation à l’endroit des intervenants humanitaires, qui existe dans cette zone depuis des années. » Le fait qu’Erkel ait été gardé en détention prolongée pendant 20 mois et que MSF ait dû embaucher une entreprise de sécurité privée russe
pour gérer le processus de libération révèle que le gouvernement de la Fédération russe, ses alliés et ses partenaires acceptent le climat de violence dans la région. Des actes de violence et des menaces à l’endroit des organisations humanitaires constituent un phénomène qui perdure dans la région depuis plus d’une décennie. Depuis 1995, plus de 50 travailleurs d’aide humanitaire internationale ont été séquestrés. Aujourd’hui, la violence continue et la prestation d’aide humanitaire demeure difficile. « Cette situation ne peut plus durer. Le pays hôte a la responsabilité de corriger la situation dès maintenant », a affirmé le Dr Gillies. Le Dr Gillies a exprimé l’appréciation de MSF face à la mobilisation qui a eu lieu concernant le cas d’Arjan. « MSF remercie de tout cœur tous ceux qui ont démontré leur solidarité envers Arjan, des centaines de milliers de gens en Russie, au Daguestan et partout dans le monde qui ont signé notre pétition, aux nombreux représentants des organisations nationales et internationales et aux représentants gouvernementaux qui ont manifesté leur appui. » Durant la durée de la captivité d’Arjan, soit près de 20 mois, les Canadiennes et les Canadiens se sont joints au monde entier pour manifester leur appui aux efforts déployés pour assurer sa libération. En 2003, plus de 450 000 personnes de tous les coins du globe ont signé une pétition exigeant sa libération immédiate. Le journal Globe and Mail a fourni gratuitement de l’espace publicitaire pour la publication d’avis enjoignant la population de signer la pétition, qu’ont appuyée des auteurs comme Margaret Atwood, Michael Ondaatje, Karen Connelly et Ronald Wright.
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MSF
au
Canada
PROJET DE LOI C-9 : LE CANADA NE RESPECTE PAS SES ENGAGEMENTS FACE À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE C-9, le projet de loi très vanté ayant pour but à l’origine de favoriser l’accès aux médicaments pour les pays en développement, établit un dangereux précédent. Concrètement, le projet de loi ne permettra pas d’améliorer la situation des gens dans les pays en développement qui ont désespérément besoin d’obtenir des médicaments à prix abordables. En introduisant un projet de loi inadéquat à la Chambre des communes en mai 2004, le gouvernement canadien a renoncé à ses engagements internationaux. Le projet de loi contient plusieurs failles critiques qui rendront difficile la production de médicaments génériques et leur exportation vers les pays en développement, voire impossible dans certains cas. Notamment, l’inclusion d’une liste de médicaments, qui n’inclut même pas les médicaments combinés à doses fixes de première intention pour combattre le sida, et d’une clause qui pourrait empêcher les ONG d’importer des médicaments dans ces régions, figurent parmi ces failles. Le projet de loi C-9 est au centre de la controverse depuis septembre 2003, date à laquelle le gouvernement canadien a annoncé l’introduction d’une loi permettant de mettre en œuvre la décision prise par l’organisation mondiale du commerce (OMC) le 30 août 2003. La décision avait pour but de régler les problèmes soulevés
« Après des années de négociations ardues au sein de l’OMC, les pays en développement avaient reçu pour message qu’ils avaient remporté une victoire quand tous les pays membres de l’OMC ont entériné la décision le 30 août. » DAVID MORLEY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE MSF
par les ADPIC concernant l’exportation de médicaments génériques produits sous licences obligatoires vers les pays pauvres dépourvus d’une capacité de les produire sur leur territoire. Le Canada est le premier pays du G8 à tenter de mettre en œuvre cette décision en présentant un projet de loi national. Toutefois, le résultat final de cette démarche n’est rien de plus qu’un exemple illustrant
la volonté ultime du gouvernement canadien de protéger les droits des détenteurs de brevets plutôt que ceux des patients. « Après des années de négociations ardues au sein de l’OMC, les pays en développement avaient reçu pour message qu’ils avaient remporté une victoire quand tous les pays membres de l’OMC ont entériné la décision le 30 août », a déclaré David Morley, directeur général de MSF. « L’engagement du Canada concernant la mise en œuvre de cette décision aurait dû être directe. Au lieu de cela, après huit mois de négociations intenses, nous avons en fin de compte rien de plus qu’un projet de loi qui offre aux pauvres une solution superficielle. » Les maladies transmissibles tuent plus de 14 millions de personnes chaque année. Une personne sur trois dans le monde n’a pas accès aux médicaments essentiels et plus de la moitié d’entre elles vivent en Afrique et en Asie. MSF continue d’exhorter le gouvernement canadien de respecter l’engagement qu’il a pris à Doha, celui de protéger la santé publique plutôt que les intérêts commerciaux. MSF s’engage à tester la viabilité de la nouvelle loi canadienne en toute bonne foi mais demeure profondément inquiet quant à sa capacité d’améliorer l’accès à tous les médicaments requis dans les pays en développement et quant au dangereux précédent qu’elle établit à l’échelle internationale. — Isabelle Jeanson
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Lecture suggérée
LE LIVRE : HOPE IN HELL Les médecins volontaires qui risquent leur vie pour opérer les gens, mettre sur pied ou rétablir des hôpitaux et des cliniques, gérer des programmes de nutrition et de santé et former du personnel médical local, voilà ceux qui sont aux premières lignes de Médecins Sans Frontières. Ce livre suit ces médecins volontaires au cours d’activités qui les amènent à risquer leur santé et leur vie pour traiter des patients désespérément dans le besoin. Combinant des écrits touchants à des photos couleur dramatiques de partout dans le monde, Hope in Hell examine la vie des professionnels médicaux oeuvrant avec MSF. Les sujets suivants figurent parmi les thèmes traités : • les opérations chirurgicales d’urgence réalisées dans des régions ravagées par la guerre en Afrique et en Asie; • la prestation de soins auprès des personnes sans abri en Europe; • la compréhension des coutumes culturelles et des différences sociétales qui influent sur les soins de santé; • les témoignages et le signalement d’atrocités génocidaires.
De plus, le livre explore les événements mondiaux les plus récents et présente la réaction de MSF face à ceux-ci. Il parle notamment des défis liés à la prestation d’aide pendant le massacre au Rwanda et de la décision controversée de critiquer les É.-U. pour avoir livré de l’aide humanitaire aux citoyens afghans tout en faisant la guerre. Le livre traite également de la fondation tumultueuse de MSF en 1971 en tant que première organisation non gouvernementale vouée à la prestation d’une assistance médicale d’urgence ainsi qu’à des activités de témoignage dénonçant publiquement les souffrances des populations qu’elle dessert. Le livre Hope in Hell est écrit par Dan Bortolotti et publié par Firefly Books. Il sera disponible à l’automne 2004.
Steve Cornish Gabriele Pahl
Sierra Leone
Dépêches Médecins Sans Frontières
Catherine Wright
Somalie Sylvain Deslippes Mario Fortin Sheila Stam
Soudan
Missions de MSF
LES CANADIENNES ET CANADIENS EN MISSION Afghanistan
Côte d’Ivoire
Kenya
Ronald Henbest Suaad Mohammad
Adèle Leblanc Shelina Musaji Brigitte Robichaud Vanessa Van Schoor
Christina Cepuch Françoise Goutier Denis Guzzi
Afrique du Sud
Libéria
Peter Saranchuk
Éthiopie Angola Maryse Bonnel
Arménie Marise Denault Sonya Jacques
Isabelle Aubry Alexandra Conseil Cara Kosack Joseph Leberer Rik Nagelkerke
Josée Pepin
Mauritanie Jacinthe Pressé
Mozambique Dolores Ladouceur
Géorgie Bangladesh
Robert Parker
Myanmar
Guinée
Marilyn Abraham Stephanie Faubert
Alnaaze Nathoo Michel Paradis
Nigéria
Haïti
Nicole Fulton Nayana Somaiah
Violet Baron
Burundi Rachelle Brière Ivan Gayton Tara Neville Jason Peat Dominique Proteau Claude Trépanier
Cathy Huser
Ouganda Inde Kevin Coppock
Lynne Chobotar
Isabel Batten Lia Copeland Nancy Dale Steve Dennis Claudine Maari David Michalski Tiffany Moore Leslie Shanks
Pakistan Ronald Henbest
République démocratique du Congo
Sri Lanka Adam Childs Doug Kittle
Tchad
Berthier Bourque Heather Culbert Julie Doldersum Vincent Echavé Jean-Francois Harvey Véronique Mogé Lynda Moore Richard Poitras Katiana Rivette Heather Thomson
Hélène Genest Clea Kahn Christine Nadori Patrick Robitaille Jean Sander Sophie Villemaire
République du Congo
Turkménistan
720, av. Spadina, bureau 402 Toronto, Ontario M5S 2T9 Tél. : (416) 964.0619 Téléc. : (416) 963.8707 Numéro de téléphone sans frais : 1.800.982.7903 Courriel : msfcan@msf.ca Site Web : www.msf.ca Rédactrices : linda o. nagy Dominique Desrochers Directeur de la rédaction : Tommi Laulajainen Collaborateurs : Carlos Cordero, Sylvain Groulx, Isabelle Jeanson, Joseph Leberer, Olga Ruiz Tirage : 65 000 Graphisme : Company B Communications Impression : Warren's Imaging and Dryography Été 2004
Territoires palestiniens Johana Amar ISSN 1484-9410
Frédéric Beaudoin Lindsay Bryson Mario Cusson Mike Fark Judy McConnery François Riffaud
Russie Nicole Aubé
Christine Hwang
Zambie Tim Christie Paige Davies
Zimbabwe Chentale de Montigny
Crédit photos : Remco Bohle, Alixandra Fento, Alain Fredaigue, Erwin van der Landt, Isabel Leal, Simon Lourie, Olga Ruiz, Sven Torfinn, Linda Van Weyenberg
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Quelques mots dans votre testament suffisent… Constituer un patrimoine durable afin d’apporter des soins assurant la survie aux populations en détresse à travers le monde.
Photo © Gilles Saussier
Pour des renseignements sur la façon de faire un legs testamentaire à MSF, veuillez utiliser l’enveloppe ci-jointe ou communiquer avec : Nancy Forgrave Responsable des dons planifiés (416) 642-3466 / 1 800 982-7903 nforgrave@msf.ca Numéro d’enregistrement d’organisme de bienfaisance : 13527 5857 RR0001
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