Vol.9, no 1
Dépêches BULLETIN
MSF
CANADA
DANS CE NUMÉRO 2
Vivre dans la peur : le cercle de la violence en Colombie
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Habilah - Premier jour
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Poursuivre des activités humanitaires en toute impartialité
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Intervention d’urgence et solutions ingénieuses
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Pas un seul comprimé
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Point de vue du terrain : offrir des soins et témoigner
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Présentation de la nouvelle directrice générale de MSF Canada
Lauréat du prix Nobel de la paix 1999
COLOMBIE VIVRE DANS LA PEUR
© Jesus Abad Colorado
Colombie
VIVRE DANS LA PEUR LE CERCLE DE LA VIOLENCE
EN COLOMBIE a Colombie est un pays en pleine croissance. Doté d’une culture vivante, il affiche un progrès constant. Il possède des villes modernes, des centres scientifiques et éducatifs florissants, et une détermination à devenir un pays développé. Derrière cette image dynamique, un conflit interne extrêmement violent se poursuit sans relâche depuis quatre décennies. Alimentée par le trafic de narcotiques et une assistance militaire étrangère, la lutte que livrent la guérilla, les groupes paramilitaires et les forces gouvernementales pour le contrôle du territoire et des ressources continue de faire de terribles dégâts parmi la population civile. Le coût sur le plan humain est immense.
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Des massacres, des exécutions, l’intimidation et la peur intense qui en résulte font maintenant partie du quotidien des Colombiens qui habitent les zones ravagées par les conflits. Le taux de décès par homicide chez les hommes âgés de 15 à 44 ans est de 221 victimes pour 100 000 Colombiens, un chiffre ahurissant. La violence est maintenant la principale cause de décès chez les femmes de 15 à 39 ans (17 pour 100 000), un taux supérieur à la mortalité causée par les complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Mais les effets de la violence ne peuvent être réduits à un simple décompte de cadavres. Pour chaque personne tuée, une famille est
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brisée : des enfants sans parents; des parents sans enfants; une épouse sans époux; des familles sans revenu ni foyer. Pour chaque personne assassinée, de nombreuses autres luttent pour surmonter cette épreuve et doivent souvent vivre avec une pléiade de problèmes de santé physique ou mentale.
« MSF peut difficilement dénoncer cette situation en Colombie parce qu’il doit prendre en compte la sécurité de son personnel et les menaces potentielles pouvant peser sur lui, ou pire, sur les gens qu’il tente d’aider », déclare Paul McPhun, ancien chef de mission de MSF en Colombie et aujourd’hui directeur opérationnel pour MSF Canada. Nous pouvons soutenir que l’intégration de la violence dans tous les aspects de la vie sociale, une violence devenue la norme quotidienne, constitue l’aspect le plus inquiétant de ce conflit. Le poids et l’impact négatif de ce fardeau sur le bien-être et la qualité de vie des gens sont énormes. Les habitants des zones de conflits en Colombie rurale sont souvent perçus comme des sympathisants des acteurs armés qui sont actifs dans la région. Les citoyens ordinaires sont donc stigmatisés et associés aux combattants de toutes les factions du conflit. Cette conjoncture met non seulement leur vie en péril
mais aussi limite leur capacité de se déplacer de façon sécuritaire, même en situation d’urgence médicale. En raison du conflit, les services de santé dans ces communautés isolées sont presque inexistants. Les campagnes de vaccination ne peuvent étendre la couverture vaccinale dans les régions rurales du pays, et les taux de couverture pour certaines maladies (comme la polio) ne se chiffrent qu’à un pourcent. Par conséquent, le risque d’infection ou d’épidémie constitue un grave problème de santé publique pour les populations de certaines régions.
Les gens forcés de fuir leur communauté rurale à la suite d’actes violents s’installent fréquemment dans les bidonvilles urbains, où ils doivent affronter des conditions difficiles, l’absence d’opportunités et une criminalité omniprésente dans les favelas. Malheureusement, leur déracinement les marque à tout jamais d’une autre forme de stigmate, à tel point que nombre de déplacés refusent de s’inscrire à des programmes d’aide par peur d’être fustigés. Dans ces bidonvilles, la prestation de soins de santé aux personnes déplacées est inadéquate. La couverture de vaccination chez les populations déplacées est disproportionnellement inférieure à celle des moyennes nationales. De plus, le risque d’une flambée de maladies infectieuses est beaucoup plus présent chez ces populations qui vivent dans des conditions effroyables.
© Jesus Abad Colorado © Jesus Abad Colorado
© Stephan Vanfleteren
Les atteintes à la santé physique sont en soi isolées par le conflit, et plus récemment aux per- Dans la province de Cordoba, sur la côte nordun problème grave. Toutefois, l’impact le sonnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ouest, le personnel de MSF dispense des soins plus important que le conflit exerce chez les qui se sont réfugiées en zones urbaines. Plus de aux personnes des villages ruraux isolés par le déplacés concerne leur santé mentale. La 40 volontaires internationaux et 150 interbiais de cliniques ambulantes. Les équipes situation mine leur capacité de s’ajuster et venants colombiens portent assistance à des mil- offrent des soins de base, des soins prénataux, de faire face aux énormes problèmes assoliers de personnes touchées par le conflit qui per- des soins à la mère et à l’enfant, des soins denciés à la fuite, au déplacement et au retour. dure dans différentes régions du pays. taires et un soutien psychosocial. Les équipes Ironiquement, les autorités accordent très traitent aussi les personnes atteintes de palupeu d’importance aux soins de santé mentale « Il est difficile, pour les travailleurs de MSF, disme et de leishmaniose cutanée. dans ces régions, où les besoins sont si d’affronter l’énorme violence infligée à leurs grands, et dans certaines Dans la province de Sucre, au nordprovinces, le nombre de psychoest, MSF a mis sur pied une clinique logues pouvant offrir des soins clidans les bidonvilles de Sincelejo, afin Nous sommes ici depuis un an et nous sommes niques est très limité. de fournir des soins essentiels à la toujours inquiets. Quand les chiens jappent, mon population locale. Les équipes de époux se lève et s’assoit sur la terrasse pour surLe retour des personnes déplacées MSF travaillent également dans les veiller les environs. Nous passons plus de nuits dans leur communauté est souvent régions rurales et urbaines des blanches que de nuits à dormir. Comment pouvezperçu comme un événement provinces de Caqueta, Choco, Narino vous oublier les choses que vous avez vues, les heureux, la fin d’une période d’eret Tolima, ainsi qu’à Bogota. gens qu’ils ont tués ? Je ne dors que lorsque je vais rance et un retour à une « normalité » ailleurs. C’est un cauchemar ici. Les gens disent pour les familles touchées. Malgré « Par le biais de son travail, MSF que ces hommes reviendront. tout, pour certains, le retour s’avère s’investit beaucoup dans le suivi de la — Une femme qui habite une communauté souvent une expérience traumatisanté des Colombiens touchés par la de personnes retournées sante, associée à de nouvelles meviolence », affirme Paul McPhun. naces et à une instabilité continue « Nous devons œuvrer pour briser le qui provoquent des effets visibles sur la santé patients », témoigne Paul McPhun. « De temps silence qui entoure ce conflit. » mentale des gens. Finalement, le cercle de la en temps, il faut offrir au personnel des violence en Colombie transforme souvent le séances de consultation et de compte rendu bonheur du retour en une autre phase d’er- pour les aider à supporter ce qu’ils voient et ce rance temporaire. Les programmes qui sont qu’ils entendent ». Un rapport de MSF, lancés par le gouvernement et les organismes « Vivre dans la peur : le cercle indépendants et qui promeuvent le retour Dans le Norte de Santander, une province du de la violence en Colombie » doivent être examinés minutieusement pour nord-est, MSF dispense une aide médicale de s’assurer qu’ils tiennent compte, de façon proximité dans les régions rurales isolées, adéquate, de la complexité des problèmes. offrant des consultations générales, des proVeuillez visiter www.msf.ca pour lire la grammes de vaccination, des soins de santé version complète du rapport de MSF, MSF œuvre en Colombie depuis 1985, dispen- génésique, des soins psychologiques et des avec des photos et les témoignages de sant des soins médicaux aux populations civiles soins dentaires. Colombiens touchés par le conflit.
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Lettre du terrain
HABILAH PREMIER JOUR
rrivée hier en hélicoptère, j’ai fait ma première visite de Habilah aussi bien en vol, en débarquant, puis une fois sur terre. Le village est surréaliste, avec une beauté naturelle en dépit de son histoire et de sa pauvreté. Le paysage et les bâtiments qui y sont posés sont teintés de brun et de rouge, durcis par la poussière qui imprègne l'atmosphère.
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Les gens, en revanche, s'habillent de couleurs brillantes et vibrantes, contrastant incroyablement avec le décor. Des hommes en chapeaux blancs et aux longues robes blanches, assis sur
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le bord de la route, disent aux enfants qui nous suivent de nous laisser tranquilles. Les femmes marchent le long des « routes » portant d’énormes ballots de branches ou des pots sur la tête, les bébés attachés sur leur dos. Des enfants aux vêtements déchirés et sales courent pieds nus. S’ils n’entrent pas dans les critères de malnutrition, on ne peut pas non plus les considérer comme bien portants, ce qui risque de changer bientôt car le programme alimentaire mondial de l’ONU, le PAM, a coupé les rations de nourriture qu’il distribue de moitié, par manque de financements. Déjà, le
Photographies par Amy Osborne (ici, en haut à gauche) et MSF
nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë admis dans le centre de nutrition thérapeutique de MSF a augmenté. Chaque habitation est séparée des autres par des petites “barrières”, certaines faites de paille tissée, certaines de briques, d’autres de chaume sèche et drue. Chaque barrière délimite un parfait carré dans lequel sont placés les tukuls (ndlr : maisons) des gens. Certains sont d’assez bonne facture, alors que d’autres semblent construits de bric et de broc, avec les premiers matériaux que le vent a apportés. Le
village de Habilah, comptait autrefois 5 000 personnes. Aujourd’hui, avec l'afflux de personnes déplacées dans leur propre pays (« IDPs »), il compte 25 000 habitants. Plutôt que de vivre à l’écart des villageois, les déplacés sont intégrés dans le village, ce qui rend la distinction entre les uns et les autres difficile. Depuis deux ans et demi, les gens tentent de se reconstruire une vie.
L’hôpital MSF Notre petit hôpital est plaisant. Rencontrer le personnel soignant et voir les différentes sections de l'hôpital m’a permis de me faire une petite idée quant à ce que nous faisons ici à Habilah. Il y a des salles de consultation pour les patients externes qui viennent chaque jour pour des pathologies et des blessures mineures, et une salle d'hospitalisation pour les patients qui doivent rester quelques jours. Un des patients dans la salle d’hospitalisation est un bel enfant de 10 ans dont la main a été arrachée par une grenade avec laquelle il jouait. Il s’agit de la troisième victime de son village en peu de temps. Allongé dans son lit avec son moignon et ses trois membres restants encore enveloppés de gaze blanche, il nous a pourtant gratifiés d’un sourire éclatant. En arrivant au centre de santé des femmes, les soignantes avec qui je vais travailler sont sorties et se sont mises à danser et chanter. L’une d’entre elles a émis un son aigu comme un cri de guerre. Une autre a couru vers moi pour m'étreindre. Elles m’ont montré les petites étiquettes qu’elles avaient accrochées sur leurs vêtements. On pouvait y lire « Bien Venue Mme Amy ». Dans ce centre il y a une petite salle, avec 2 lits pour les femmes en travail, jouxtée par une petite pièce pour les accouchements. Derrière ces deux salles il y a une cour privée où les femmes en travail peuvent marcher, se rincer et avoir accès à une latrine privée.
un sac de nourriture pour la nuit. Une fois que l'enfant n’est plus en danger immédiat, on passe au centre de nutrition complémentaire, où la famille revient toutes les deux semaines pour recevoir une ration de nourriture de deux semaines. Nous nous sommes ensuite rendus dans une petite salle qui a été convertie en salle d’opération. Les cas chirurgicaux sont référés à l’hôpital de El Geneina (Ndlr: capitale provinciale du Darfour occidental) sauf s’il fait nuit et qu‘il est interdit de circuler, ou bien encore s’il s’agit d’une question de vie ou de mort. La dernière opération qui a eu lieu dans cette salle était une césarienne pour une femme dont le travail avait été difficile 2 jours durant. Quand elle est entrée en état de choc, l’équipe a installé une table d’opération et a opéré. C’était à ce sujet que j’ai eu ma première vraie conversation avec Andi, le logisticien. Il m’a raconté que lorsqu’il se tenait à côté de la table
d’opération, essayant d'accrocher une lampe pour que les médecins voient leur travail, son regard avait croisé celui de la patiente. Il m’a dit ce qu’il a ressenti quand le bébé est né, mort. Puis quand ils l’ont perdue, elle, trois heures plus tard. Un ancien homme d’affaires est rarement confronté à cela. Notre équipe ici est composée de Carmenza, Milena, Andi et moi. Carmenza est un médecin de Colombie, Milena est une infirmière suisse, et Andi est cet ancien homme d'affaires autrichien.
Amy Osborne Sage-femme, Habilah, Darfour, Soudan
Amy Osborne est une sage-femme de Vancouver, Colombie-Britannique. Elle a passé cinq mois au service de MSF au Darfour, en 2006.
Ensuite nous avons rejoint le centre de nutrition thérapeutique. Sous une vaste tente, dix enfants souffrant de malnutrition aiguë sont soignés, accompagnés de leur mère ou de leur grande sœur. Ils restent là toute la journée pour que les familles apprennent à prendre soins des enfants malnutris, et pour s’assurer que les mères ne divisent pas cette nourriture médicalisée entre leurs autres enfants, qui eux-aussi ont faim. A cinq heures du soir, elles rentrent chez elles avec
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Afghanistan © Carl De Keyzer/Magnum Photos
République démocratique du Congo © Francesco Zizola
Action humanitaire
POURSUIVRE DES ACTIVITÉS HUMA a volonté et la capacité de faire des choix en toute impartialité constituent les fondements de l’action humanitaire. Que signifie la notion d’impartialité? Tout comme le tri des patients, l’impartialité consiste à considérer d’abord les plus grandes souffrances humaines. Les décisions impartiales s’appuient sur l’importance des besoins plutôt que sur des facteurs comme l’appartenance ethnique, la religion, l’appartenance politique, le statut économique ou la nationalité. L’impartialité fait intégralement partie de l’éthique médicale et des principes humanitaires.
refusaient d’exercer des activités dans cette région par peur que cela ne profite au groupe rebelle notoire. Médecins Sans Frontières a choisi de mener une partie de ses opérations dans la zone rebelle, en raison de l’ampleur de la souffrance humaine dont nous avons été témoins dans ces lieux. Nous avons fait abstraction de la pression politique qui dictait d’éviter cette zone. La tâche d’instaurer la paix et la démocratie ou la protection à long terme peut s’avérer difficile sans sacrifices. L’action (humanitaire) impartiale, par définition, cherche à aider ceux qui sont sacrifiés.
Dans le contexte des urgences humanitaires, la volonté de faire des choix impartiaux est de plus en plus minée, et ce, de multiples façons.
Deuxièmement, la présence d’objectifs stratégiques liés à des intérêts politiques nationaux fait en sorte que les États et leurs forces armées peuvent difficilement faire des choix de façon impartiale. Les gouvernements occidentaux prônent de plus l’approche à trois volets pour les États défaillants, notamment dans les pays qui mènent simultanément les trois activités suivantes : une prestation d’aide aux civils (que l’on appelle parfois « action humanitaire »); des efforts diplomatiques pour favoriser la stabilisation; et des combats militaires ou des opérations de paix. Ce type de politique tente de mettre diverses machines gou-
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Premièrement, les choix impartiaux visant à soulager dans l’immédiat la souffrance humaine peuvent mettre en péril certains objectifs à long terme, comme la reconstruction, la paix, la saine gouvernance, la démocratie et la stabilité. Par exemple, pendant la guerre civile en Sierra Leone, la zone contrôlée par les rebelles n’était qu’un lieu de souffrances et de besoins non comblés. Nombre d’organisations d’aide, tout comme l’ONU,
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vernementales (la diplomatie, le développement, la défense) au service d’objectifs stratégiques généraux. Avec ce type d’approche, éliminer la souffrance humaine n’est pas considéré comme une priorité, à moins que cela ne favorise la réalisation des objectifs premiers. Troisièmement, la volonté de faire des choix de façon impartiale peut être minée par des dynamiques de plus en plus complexes auxquelles les humanitaires sont exposés dans leur travail. Il est facile de perdre de vue les priorités. L’équipe de MSF au Katanga, en République démocratique du Congo, a lancé une étude nutritionnelle en 2006 après avoir détecté un taux de malnutrition alarmant dans la province. Le groupe de coordination sanitaire de l’ONU a décidé de bloquer et de boycotter les résultats de l’étude pour des raisons de procédures bureaucratiques – MSF n’avait pas demandé son autorisation avant de procéder. Si les intervenants sur le terrain passaient la plus grande partie de leur temps à participer à des réunions de coordination ou à rédiger des rapports, les priorités évidentes – comme la distribution de nourriture et de médicaments pour sauver des vies – seraient reléguées au deuxième rang.
Soudan © Robert Maletta
NITAIRES EN TOUTE IMPARTIALITÉ La capacité même des humanitaires à poser des gestes de façon impartiale est aussi ébranlée. Des problèmes de sécurité peuvent rapidement compromettre la capacité de MSF d’atteindre les populations les plus nécessiteuses. La neutralité, tant réelle que perçue, est essentielle. Les acteurs locaux armés doivent accepter la présence de MSF. Par ailleurs, cette acceptation est vite fragilisée si l’un des acteurs du conflit veut s’approprier toute intervention humanitaire. Si tel est le cas, l’autre faction armée peut se sentir en droit de cibler tous les humanitaires. Au début de la guerre en Afghanistan par exemple, les forces de la coalition ont parachuté des feuillets dans les zones talibannes du sud. Les feuillets contenaient le message suivant : « Les attaques contre les forces alliées nuisent à la distribution d’aide humanitaire dans votre région. » Ce message signifiait que les locaux qui coopéreraient avec les forces de la coalition recevraient une assistance. L’aide ne peut être perçue comme impartiale si elle est conditionnelle à une coopération avec des forces armées. Ce type de stratégie qui brouille les rôles tue non seulement les humanitaires mais aussi la capacité de soulager la souffrance de manière impartiale.
Le conflit continu qui sévit dans la province du Darfour, au Soudan, offre un exemple des difficultés qui se dressent lorsque les groupes humanitaires tentent d’offrir une assistance impartiale. Le Conseil de sécurité de l’ONU a fait appel à une force de la paix (le 31 août 2006, résolution 1706) pour aider ou remplacer les forces de l’Union africaine au Darfour. Le gouvernement soudanais a rejeté la force onusienne. Les tensions résultantes se sont propagées sur le terrain, et certains groupes armés ont pris position en faveur de la mission onusienne, alors que d’autres l’ont rejetée. MSF et les autres organisations humanitaires sur les lieux sont maintenant pris entre deux. Ils ont malheureusement subi de plus en plus d’attaques ciblées et sont de moins en moins capables d’aider les populations en détresse. Les restrictions financières peuvent aussi nuire à la capacité d’agir de façon impartiale. Les organisations non gouvernementales qui dépendent des gouvernements (ou même des forces armées) pour mener à bien leurs actions peuvent facilement voir leur travail mis sous le contrôle ou l’influence d’autrui. Heureusement, MSF bénéficie d’un solide soutien de la part de ses donateurs et peut faire des choix de façon
autonome et impartiale, avec peu d’influence extérieure. En 2004, dans la région du Cachemire contrôlée par l’Inde, MSF a reçu des fonds institutionnels de la section humanitaire de l’Union européenne (UE). L’UE était perçue comme un acteur neutre dans le conflit. Lorsque l’UE s’est mise à faire des déclarations politiques concernant la situation au Cachemire, MSF a décidé de renoncer à ce financement. Grâce à ce geste, les équipes de MSF ont pu poursuivre un dialogue transparent avec les différents interlocuteurs du conflit sans subir l’impact négatif des partis pris perçus. Aujourd’hui, MSF doit poursuivre ses interventions humanitaires en toute impartialité. Pour ce faire, MSF doit continuer à exercer ses activités sans affiliation économique, politique ni religieuse. L’action humanitaire est et doit demeurer motivée par le principe selon lequel la souffrance humaine est inacceptable et par la volonté de poser des gestes pour l’éliminer.
Kevin Coppock Agent de programmes
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© Kadir van Lohuizen
Liban
Les problèmes liés au transport interne nécessitaient une autre solution ingénieuse. Puisque les camions et les minibus étaient ciblés et qu’il était impossible de trouver quelqu’un pour les conduire vers le Sud, MSF a mis sur pied un système de taxis. De petits convois composés de trois voitures ont été organisés pour transporter régulièrement du matériel, partant de Beirut vers les lieux où les équipes de MSF œuvraient. Pendant le conflit, les bombardements ont complètement détruit les ponts sur la rivière Litani, une division géographique qui sépare le Nord du Sud-Liban. Cette situation a entraîné un autre défi à résoudre pour aider les personnes dans le besoin.
Intervention d’urgence et solutions ingénieuses e 12 juillet 2006, la guerre a éclaté entre les forces armées d’Israël et celles du Hezbollah du Liban. La riposte sous forme de frappes aériennes et d’offensives terrestres menées contre le Liban a détruit les infrastructures, coupant le pays du monde extérieur. Une asistance a été offerte du côté israélien pour s’occuper des civils tués ou blessés par les attaques à la roquette ; toutefois, de par la nature du conflit, les besoins étaient plus grands au Liban, qui disposait en outre de moins d’aide.
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© Zohra Bensemra/REUTERS
Médecins Sans Frontières n’était plus présent au Liban et le redémarrage des opérations constituait un défi de taille. « Au début de la guerre, nous n’étions pas certains de la tournure des événements », déclare Jean de Cambry, chef de l’équipe d’intervention d’urgence de MSF pour le Liban.
Israël a imposé un blocus maritime et aérien dès le début de la guerre, qui a duré un mois. En même temps, des frappes aériennes ont touché plusieurs ponts et d’importantes routes; les camions, minibus, ambulances et voitures ont été ciblés à plusieurs reprises, rendant tout transport terrestre au Liban extrêmement difficile et dangereux. « L’aéroport international de Beirut, qui avait été bombardé plusieurs fois, était paralysé », raconte de Cambry. « Trouver un point sécuritaire où traverser la frontière syrienne n’était pas si facile, et les points de contrôle en mer rendaient toute traversée de Chypre vers le Liban très longue, parfois même impossible. » Bien que la première difficulté – trouver un moyen de faire entrer les gens au Liban – était partiellement et temporairement résolue, l’acheminement de l’aide humanitaire et l’organisation du transport interne se sont avérés extrêmement problématiques tout au long de la guerre. L’introduction d’énormes quantités de matériel médical et logistique dans le pays était le premier défi important à relever. Le seul moyen de le faire était d’entrer par bateau à partir de Chypre. Mais à la fin de juillet, plus de 100 tonnes de matériel étaient empilées sur l’île parce qu’il n’y avait plus de bateaux civils qui reliaient les deux pays. À cette étape, MSF a accepté l’offre de Greenpeace de transporter le matériel à bord du Rainbow Warrior, surmontant ainsi cet obstacle.
« Un jour, les bombardements ont cessé pendant 24 heures. Mon chauffeur George et moi avons donc roulé en direction ouest, le long de la rivière, à la recherche d’un point où nous pourrions traverser. Nous avons roulé pendant cinq heures, explorant toutes les routes principales et secondaires, mais nous nous heurtions à des cratères ou à des ponts détruits. Finalement, nous avons atteint la côte sans voir ni personne ni trace d’un endroit où traverser la rivière. Sur la côte, le pont principal était détruit depuis des jours et un pont de sable avait été temporairement érigé », se rappelle Adam Childs, chef de mission de MSF au Liban. Le 7 août 2006, MSF a mis sur pied une chaîne humaine d’une rive à l’autre de la rivière Litani. De mains en mains, le contenu de trois camions de fournitures médicales a été acheminé de l’autre côté du cours d’eau, où les équipes médicales de MSF l’attendaient. Pendant toute la durée du conflit, plus de 60 000 personnes déplacées à l’intérieur du Liban et 3 500 réfugiés en Syrie ont reçu des articles de secours comme des trousses pour cuisiner, des trousses d’hygiène, des matelas, des couvertures, des draps de lit, des formules pour bébés et des tentes. Plus de 300 tonnes de matériel ont été expédiées à Beirut, dont des articles de secours, des fournitures médicales (matériel de dialyse, médicaments, trousses chirurgicales) et du matériel logistique (équipement d’assainissement des eaux, réservoirs d’eaux souples).
Sergio Cecchini Attaché de presse de MSF pour les urgences
Toutes les activités de MSF au Liban ont été financées par des fonds privés.
© Spencer Platt/Getty Images
Accès aux médicaments essentiels
PAS UN SEUL COMPRIMÉ Pas un seul comprimé. Voilà ce que les grands titres déclaraient au Canada pendant le XVIe Congrès international sur le sida, à Toronto, en août 2006. Depuis l’entrée en vigueur de l’Engagement de Jean Chrétien envers l’Afrique (EJCA) en 2004, pas un seul comprimé n’a été exporté sous les auspices de cette législation. Ce constat a fait la manchette dans les médias canadiens pendant le Congrès sur le sida, ce qui a amené le gouvernement conservateur à s’engager à revoir « immédiatement » le contenu de la loi. omme l’a signalé Dépêches dans son numéro d’été 2005, Médecins Sans Frontières Canada exerce des pressions pour que les initiatives canadiennes en matière d’exportation de versions génériques de médicaments essentiels brevetés mènent à la livraison de médicaments aux patients des pays en développement. Cette livraison reposerait sur l’octroi de ce qu’on est convenu d’appeler une licence obligatoire aux pays en développement ciblés par l’EJCA. Une fois la procédure canadienne établie en 2004, MSF s’est engagé à placer une commande selon le protocole dicté par la loi. Malgré l’optimisme que générait cette loi, les efforts déployés au cours des dernières années n’ont pas porté de fruits.
C
Une réglementation internationale inapplicable dans les faits En avril 2005, Apotex, une entreprise générique canadienne, a mis au point une combinaison de médicaments contre le sida dont les pays en développement ont grand besoin. Toutefois, nous n’avons pas encore réussi à sortir ce médicament du Canada, en
raison de la complexité de la loi et des lourdes procédures bureaucratiques. La réglementation canadienne est fondée sur une décision internationale tortueuse. Notamment, cette décision (que l’on nomme la Décision du 30 août) impose une série de négociations entre le fabricant générique et la société pharmaceutique détentrice des brevets des médicaments. Dans les faits, cela entraîne d’interminables discussions empreintes de tiraillements légalistes qui perdurent pendant des mois. Pendant ce temps, des patients, qui pourraient être sauvés par le médicament qu’offre Apotex, meurent. Les négociations, combinées au risque de poursuites juridiques et à des mesures trop rigoureuses mises en place pour prévenir le détournement de médicaments vers les marchés développés (ce qui n’est pas pertinent puisque les marchés développés ne s’intéressent pas à ces produits), ont usé l’intérêt et l’optimisme d’Apotex. Cette situation décourage toute participation de la part des entreprises génériques canadiennes, déjà peu enthousiastes.
Le compromis canadien Comme si la procédure internationale n’était pas déjà assez compliquée, la réglementation canadienne ajoute des obstacles supplémentaires. Elle impose un cadre dictant quels médicaments peuvent être exportés sous la loi, elle exige que ceux-ci soient approuvés par Santé Canada, une obligation qui n’est pas imposée par la réglementation commerciale internationale, et elle dicte la quantité de médicaments pouvant être exportée. La loi canadienne incarne un compromis, dès le départ. Elle tente de trouver un terrain d’entente là où un terrain d’entente n’est pas possible. La tentative de forger un équilibre entre les intérêts de l’industrie pharmaceutique à but lucratif et les intérêts des patients dans les pays pauvres qui meurent à un taux catastrophique – le paludisme tue un enfant toutes les 30 secondes; le sida tue quotidiennement 8 000 personnes, et la liste est sans fin – est dès le départ vouée à l’échec.
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Un espoir de changement au CIS
• La Décision du 30 août a mené à un échec et devait être révisée d’urgence par les pays membres de l’OMC en tenant compte de l’expérience du Canada, qui a tenté de l’appliquer sur son territoire. • Le gouvernement du Canada doit revoir d’urgence la loi canadienne en vue d’assurer l’exportation des médicaments vers les pays en développement.
En mai 2006, MSF savait que la loi constituait une solution inefficace et inadéquate, une solution qui ne résoudrait pas la crise entraînée par le manque d’accès universel aux médicaments. Le Congrès international sur le sida à Toronto offrait à MSF et aux autres ONG canadiennes une occasion idéale de prouver l’inefficacité de la réglementation canadienne et internationale en matière d’accès aux médicaments.
Une nouvelle promesse du gouvernement canadien?
Pendant le congrès, MSF a publié un rapport intitulé « Ni solution rapide, ni même une solution : la Décision du 30 août de l’OMC est inapplicable », qui livrait deux messages :
Au troisième jour du Congrès sur le sida, le ministre canadien de la Santé, Tony Clement, a déclaré qu’il « déclencherait immédiatement un processus de révision visant à identifier les obstacles qui empêchent le Canada de
respecter son engagement et d’acheminer des médicaments anti-sida abordables vers les pays qui en ont besoin » (Toronto Star, le 16 août 2006, en première page). Au moment de la mise sous presse de cette publication, quatre mois après cette déclaration, toujours rien. Un document en vue d’une consultation, qui devait, selon les promesses, être émis pour lancer la révision « immédiate », n’avait pas encore vu le jour. Cette consultation risque d’aboutir à un autre compromis inacceptable, mettant sur l’un des plateaux de la balance la vie des patients, et sur l’autre les profits des entreprises.
La prochaine étape De toute évidence, le gouvernement canadien doit réviser l’EJCA (connu aussi sous le nom de « Régime canadien d’accès aux médicaments »). Par ailleurs, il doit faire plus que bricoler quelques clauses ici et là. La loi doit subir des transformations majeures et elle doit d’abord et avant tout répondre aux besoins urgents des patients dans les pays en développement. Il faut donc rechercher des solutions novatrices qui vont au-delà des règlements internationaux, lesquels, nous le savons, sont inapplicables. Il faut aussi éviter de faire des compromis en ce qui a trait aux objectifs et cesser de se prosterner devant les intérêts de l’industrie pharmaceutique.
© Kenneth Tong © Spencer Platt/Getty Images
La communauté économique internationale, qui s’est engagée avec beaucoup d’éclat à « assurer un accès universel aux médicaments » dans sa Déclaration de Doha en 2001, doit se pencher sur ce qui est arrivé au Canada. Elle doit considérer le fait que malgré la mise en vigueur de la loi dans cinq pays, pas un seul comprimé n’a été exporté sous ces dispositions. Elle a la responsabilité de remédier d’urgence à la situation. Pendant ce temps, MSF poursuit ses efforts pour faire de l’accès aux médicaments une réalité et pour exercer des pressions auprès du gouvernement canadien et des interlocuteurs mondiaux pour que ceux-ci mettent en place des règlements internationaux qui ont une portée réelle pour les patients dans les pays pauvres. L’époque des compromis est révolue. Il faut trouver de nouvelles solutions. Tout le monde comprend et admet qu’il y a un problème. L’État et l’industrie pharmaceutique ont le pouvoir de changer les choses, et c’est exactement ce qu’ils doivent faire.
Rachel Kiddell-Monroe Coordonnatrice de la Campagne pour l’accès aux médicaments essentiels Dépêches Vol.9, no 1
Tchad
POINT DE VUE DU TERRAIN OFFRIR DES SOINS ET TÉMOIGNER ’ai passé récemment neuf mois au Tchad en tant que logisticien pour Médecins Sans Frontières (MSF). Mon rôle consistait à apporter du soutien à des réfugiés se trouvant dans des camps ainsi qu’aux populations locales et en périphérie. J’ai ainsi passé du temps au projet Hadjer-Hadid à de MSF dans l’est du pays, notamment dans des camps de réfugiés situés à Breijing et Farchana.
J
Le projet Hadjer-Hadid de MSF vient en aide principalement à deux groupes : des réfugiés soudanais qui ont fui les événements tragiques qui frappent le Darfour et des Tchadiens déplacés à l’intérieur de leur pays dans la région de la frontière entre le Tchad et le Darfour, qui fuient la violence et les attaques des forces armées qui s’affrontent au Darfour.
Concrètement, MSF fournit des soins de santé de base par l’entremise de ses cliniques situées dans deux grands camps de réfugiés, Breijing et Farchana. MSF gère aussi des cliniques mobiles et mène d’autres interventions comme des campagnes de vaccination dans la région frontalière. Au moment de mon passage, environ 27 000 personnes vivaient dans le camp de Breijing, et plus ou moins 17 000 dans celui de Farchana. L’une des choses les plus bouleversantes pour un nouveau venu comme moi se révèle être la normalité des camps et la résilience très humble des réfugiés. Ce n’est pas que défaite écrasante et horreur désespérée, même si cela existe. Les gens
vivent aussi de la joie, de la tristesse, de la confusion et de la colère; il se marient et sont plein d’espoir. J’ai constaté que le travail humanitaire était autant un simple geste de solidarité que la mise en œuvre des objectifs d’un programme. Même pour une organisation médicale comme MSF, par exemple, l’acte d’être réellement et sincèrement « présente » et d’établir une proximité (plus facile à dire qu’à faire) est tout aussi important que de fournir des services de santé.
Texte et photographies par Omar Odeh
EN BAS À GAUCHE : Une infirmière soignante fait une injection à un patient dans l’unité d’observation du centre de santé du camp de réfugiés de Breijing. EN BAS À DROITE : Une mère et son enfant au pied du réservoir d’eau au camp de Breijing.
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EN HAUT À GAUCHE : L’infirmier Benoit Wullens soigne une blessure par balle vieille de trois jours, dans un village à environ 15 minutes d’Alacha. EN HAUT À DROITE : Brigitte une infirmière de MSF, effectue le triage à une clinique mobile à Alacha. EN BAS : Un enfant souffrant d’une conjonctivite aiguë attend de se faire traiter à une clinique mobile au village de Borota.
Dépêches Vol.9, no 1
EN HAUT : Abakar, un chauffeur de MSF, traduit à un patient qui se rétablit d’une blessure par balle à la jambe les instructions concernant le suivi des soins. EN BAS À GAUCHE : Vue du sud d’une partie du camp de Farchana. EN BAS À DROITE : Une mère et son enfant dans le centre de nutrition supervisé du camp de Breijing.
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MSF Canada
© MSF
© MSF
À propos de Marilyn… PRÉSENTATION DE LA NOUVELLE DIRECTRICE GÉNÉRALE DE MSF CANADA « Ils savaient dans quoi ils s’embarquaient quand ils m’ont embauchée. » ’est le type de phrase que Marilyn McHarg peut lancer, avec un sourire espiègle. Nul doute : Madame McHarg assume le poste de directrice générale de Médecins Sans Frontières Canada couronnée d’une formidable réputation internationale au sein du mouvement. Les neuf ans de travail sur le terrain combinés à plusieurs années d’expérience à des postes de leadership au sein de MSF – postes qu’elle a occupés dans des capitales européennes – lui ont conféré une certaine renommée. Maintes et maintes fois, ses collègues de tout le mouvement partagent ouvertement leur admiration pour cette femme. Une meneuse claire et calme, remplie de compassion.
C
Madame McHarg compte parmi les personnes qui ont fondé MSF au Canada en 1990, quand le Dr Richard Heinzl réussit à importer l’organisation – fondée à Paris – en sol canadien. Elle travaillait à l’époque comme infirmière aux soins intensifs, à Toronto. Toutefois, son statut de cofondatrice de la section canadienne ne suffisait pas à convaincre les recruteurs de MSF Hollande. Ils avaient alors rejeté sa première candidature pour un poste sur le terrain parce qu’elle n’avait jamais
Dépêches Vol.9, no 1
séjourné dans un pays en développement. Madame McHarg s’est alors procuré un sac à dos et un billet d’avion et a parcouru l’Afrique en solo pendant six mois, s’arrêtant dans les missions de MSF au fil de ses déplacements. Sa détermination a porté des fruits. En mai 1991, Marilyn McHarg a commencé un voyage à l’étranger qui allait durer 15 ans. Elle a commencé comme infirmière de terrain à Soroti, en Ouganda. Elle s’est ensuite rendue au Soudan, un pays qui a séduit son cœur. Elle a séjourné dans le nord soudanais, notamment au Darfour, formant des infirmières et travaillant comme coordonnatrice médicale de MSF à Khartoum. Puis, elle a occupé le poste de coordonnatrice médicale dans le sud du Soudan, ainsi qu’au Liberia, où elle a également œuvré comme chef de mission. Madame McHarg est retournée dans le sud du Soudan pendant plusieurs années, notamment en qualité de chef de mission, où elle a supervisé neuf sites cliniques chevauchant deux lignes adverses du conflit. Cette longévité a beaucoup servi à établir sa crédibilité auprès des sièges sociaux de MSF à Amsterdam et à Genève, où elle a tenu des postes de direction depuis l’an 2000. Plus récemment, à titre de directrice des opérations de MSF Suisse, elle était responsable des missions qui se déroulaient dans 20 pays ainsi que d’un budget de 50 millions $.
© Kenneth Tong
Elle est maintenant de retour au pays. La nouvelle directrice générale fait la navette entre le bureau national à Toronto et sa résidence à Hamilton. Elle est très sollicitée, tant par ses homologues des autres sections de MSF, partout dans monde, que par les membres de l’équipe qu’elle dirige, en poste à Toronto, Montréal, Ottawa et Vancouver. Sa renommée devrait lui faciliter la tâche. Marilyn McHarg gagne le respect de tous depuis sa première mission avec MSF, en Ouganda, où des hommes armés ont fait irruption dans l’enceinte de la clinique pour effectuer un pillage. Ces guerriers ont exprimé très clairement qu’ils n’étaient pas satisfaits du butin récolté. Ils en voulaient davantage. « Voulez-vous prendre les médicaments? » a-telle suggéré. Cette offre les choqua. « Nous ne pouvons pas prendre vos pilules. Ce sont nos propres familles que vous traitez! » MSF Canada bénéficiera assurément des qualités de Marilyn McHarg, qui a le sang froid des vétérans du terrain, la compassion d’une infirmière, le cran d’une grande randonneuse et l’expérience d’une directrice générale – tout cela en une seule personne.
Avril Benoît Directrice des communications de MSF
© Peter Casaer/MSF
LES CANADIENNES ET CANADIENS EN AFRIQUE DU SUD Cheryl McDermid ANGOLA Frank Boyce ARMÉNIE Robert Parker BURUNDI Fanny Morel CAMBODGE Carlo Testa
KENYA David Michalski Omar Odeh LIBÉRIA Don Chambers Alanna Shwetz MALAWI Eva Lam Chantal St-Arnaud MALAYSIE Adrienne Carter
CHINE Michelle Chouinard
MYANMAR Nadine Crossland Frédéric Dubé
COLOMBIE Tyler Fainstat
NIGER Marisa Cutrone
CÔTE D’IVOIRE Penny Bayfield Andrea Boysen Steve Dennis Beverly Winder
NIGERIA Michel Lacharité Luke Shankland
ÉTHIOPIE Jaroslava Belava Ivan Zenar INDE Indu Gambhir Gordon Hutton INDONÉSIE Jacques Caron Diane Rachiele JORDANIE Louisa Zebic
OUGANDA André Fortin Mathieu Léonard PAKISTAN Justin Armstrong Fahreen Dossa Dawn Keim PÉROU Yanik Delvigne RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Marie-Claude Ally Laura Archer Annie Desilets
Sylvain Deslippes Benoît Émond Ivan Gayton Sherri Grady Sylvain Groulx Jean-François Harvey Mélanie Marcotte
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Lindsay Bryson Matthew Calvert Erwan Cheneval Mario Fortin Gisèle Fournier Dolores Ladouceur Wendy Lai Joanne Liu Frédéric Manseau Daniel Nash Marlene Power Isabelle Rioux Leslie Shanks
RÉPUBLIQUE DU CONGO Ahmed Alas Brenda Holoboff Judy MacConnery Nicolas Verdy
SIERRA LEONE Concetta Buonaiuto Lara Sergovich Jennifer Yeo
MISSION SOMALIE Reshma Adatia José Godbout Audrey St-Arnaud Darryl Stellmach SRI LANKA Adam Childs SOUDAN Lori Beaulieu Steffen (Tom) De Kok Julia Payson Joli Shoker
Dépêches Médecins Sans Frontières 720, av. Spadina, bureau 402 Toronto, Ontario, M5S 2T9 Tél. : (416) 964-0619 Téléc. : (416) 963-8707 Numéro de téléphone sans frais : 1.800.982.7903 Courriel : msfcan@msf.ca Site Web : www.msf.ca
Directrice de la rédaction : Avril Benoît Rédactrice : linda o. nagy Traductrices : Lou Lamontagne, Corinne Cécilia
TANZANIE Mireille Roy TCHAD Isabelle Chotard Geneviève Côté Marise Denault Lori Huber Claudine Maari David Ponka James Squier Grace Tang
Réviseurs : Corinne Cécilia Daniel Ivorra Gregory Vandendaelen Collaborateurs : Avril Benoît, Sarah Burdeniuk, Sergio Cecchini, Kevin Coppock, Rachel Kiddell-Monroe, Omar Odeh, Amy Osborne Tirage : 80,000 Graphisme : Artshouse Communications Inc. Impression : Warren's Imaging and Dryography
Hiver 2007
ZAMBIE Ian Adair Chris Warren ZIMBABWE Joe Belliveau David Croft Cara Kosack
Crédit photo 1re de couverture : Stephan Vanfleteren ISSN 1484-9372
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AVOIR UN IMPACT râce à de fidèles souscripteurs comme vous, Médecins Sans Frontières (MSF) a pu fournir, en 2006, des soins médicaux à plus de 13 millions de personnes, dans plus de 71 pays et ce, en toute indépendance. Avec votre aide, nous avons traité 650 000 enfants souffrant de malnutrition et nous avons dispensé des soins en hôpital à plus d’un demi-million de personnes. L’un des aspects les plus gratifiants de mon rôle à MSF est de constater l’impact positif que des gens comme vous exercent sur la vie des populations les plus vulnérables au monde.
G
Par ailleurs, nous savons également à MSF que les besoins médicaux sur lesquels nos volontaires se penchent quotidiennement sur le terrain sont divers et nombreux. Les conflits armés, les désastres naturels, les épidémies et les crises nutritionnelles continueront de menacer la vie des gens, et MSF poursuivra ses efforts pour répondre à ces besoins.
la prochaine crise nutritionnelle, et de fournir de meilleurs médicaments aux enfants atteints de VIH/sida.
Si vous pensez nommer MSF comme bénéficiaire dans votre testament, je vous invite à communiquer avec moi au moment qui vous conviendra. J’aimerais beaucoup m’entretenir avec vous concernant les moyens que vous pouvez L’engagement à long terme de nos adopter pour aider MSF, à l’avenir, à bienfaiteurs permettra à nos équipes dispenser des soins là où les besoins d’offrir des abris et des fournitures de sont les plus criants. base aux victimes du prochain séisme, de mettre sur pied des centres de Nancy Forgrave Directrice du financement nutrition thérapeutique pour répondre à
Quelques mots dans votre testament suffisent... Constituez un patrimoine afin d’apporter des soins assurant la survie aux populations dans le besoin à travers le monde. Pour des renseignements sur la façon de faire un legs testamentaire à MSF, veuillez utiliser l’enveloppe ci-jointe ou communiquer avec : Nancy Forgrave Directrice du financement (416) 642-3466 / 1 800 982-7903 nforgrave@msf.ca Numéro d’enregistrement à titre d’organisme de bienfaisance : 13527 5857 RR0001
www.msf.ca 1470, rue Peel, bureau 220 Montréal, Québec, H3A 1T1
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