Vol.10, no 2
Dépêches BULLETIN
MSF
CANADA
DANS CE NUMÉRO Numéro spécial consacré aux déplacés Les réfugiés et les PDIP
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Faire accepter les soins de santé mentale au Darfour
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Lettre du terrain : République centrafricaine
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Cycle du déplacement
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Opérations de secours en Chine
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Journal du Myanmar
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Le journal de bord d'Ollie : une histoire d'Afrique presque heureuse
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Les canadiennes et canadiens en mission
Lauréat du prix Nobel de la paix 1999
LA 42VIE EN FUITE MILLIONS DE PERSONNES SE BATTENT POUR SURVIVRE
© Roger Turesson
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entier, mais surtout celles des personnes déplacées par des conflits, car c'est la majorité des gens à qui Médecins Sans Frontières (MSF) vient en aide. En situations de conflits, les organisations humanitaires jouent un rôle essentiel, non seulement parce qu'elles répondent aux besoins immédiats et vitaux en assurant l'accès à l'eau, la nourriture, un abri et des soins médicaux, mais aussi en étant tout simplement sur les lieux. Une présence internationale peut constituer une protection pour les personnes à risque, mais d'abord et avant tout, elle indique aux personnes qui ont subi d'énormes pertes que leurs souffrances n'ont pas été oubliées. Pour les millions de réfugiés et de PDIP vivant dans des situations qui se prolongent, la peur d'être oubliés est très réelle. Peu importe qu'ils soient bien approvisionnés en nourriture et en eau et qu'ils reçoivent des soins de santé, les camps sont toujours un refuge temporaire. Par ailleurs, dans nombre de pays, les conflits ne semblent pas s'atténuer, et les camps temporaires sont devenus des pièges permanents. Aux frontières du Soudan, de la Somalie, du Myanmar et de l'Afghanistan, par exemple, les réfugiés vivent dans des camps depuis plusieurs générations, en attendant la résolution des conflits qui leur permettra de retourner dans leur communauté. Nombre de personnes déplacées en Colombie vivent dans la violence depuis 45 ans. Cinq ans après le début du conflit au Darfour, des millions de personnes sont toujours déplacées, et la situation ne s'améliore pas; en 2007
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ne colonne humaine dispersée apparaît à l'horizon. Les gens marchent lentement, en traînant des pieds. Leurs plus jeunes enfants juchés sur les épaules ou le dos, ils se cramponnent à de petits baluchons contenant leurs possessions. Des enfants plus âgés marchent péniblement à leurs côtés, la peau tendue par des os saillants. Ils semblent à bout de force, comme si vivant dans la terreur, ils avaient sombré dans un état second, avides de repos et d'un endroit sûr.
chiffre colossal. C'est près de 10 millions de plus que toute la population du Canada.
Le paysage et la nature de la crise diffèrent, mais les images sont les mêmes. Le nombre de personnes qui ont été forcées à fuir leur foyer en raison de conflits, de violences ou de désastres continue de croître chaque année. Aujourd'hui, on parle de plus de 42 millions de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDIP) dans le monde. Un
Les personnes qui ont été contraintes à quitter leur foyer n'ont généralement pas été avisées à l'avance. Elles n'ont pas eu le temps de faire leurs bagages ou de se préparer. Elles n'ont pas de destination précise. Des camps sont érigés pour leur offrir un endroit où elles peuvent se poser temporairement et bénéficier d'un abri, recevoir de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux, en toute sécurité. Souvent, elles arrivent dans un état de grande vulnérabilité, après des jours de marche. Elles sont parfois hantées par la violence qu'elles ont subie, bien avant leur fuite. Certains enfants souffrent de malnutrition ou de maladies diarrhéiques. D'autres personnes sont atteintes de maladies tropicales endémiques, comme le paludisme, qui peuvent entraîner la
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mort si elles ne sont pas traitées. Dans les camps, la promiscuité et l'absence d'installations sanitaires adéquates peuvent être mortelles et provoquer des flambées de maladies graves comme la rougeole et le choléra.
© Sven Torfinn
PERSONNE NE CHOISIT D'ÊTRE UN RÉFUGIÉ
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE UN RÉFUGIÉ ET UNE PDIP?
seulement, 300 000 personnes ont fui leur communauté. Actuellement dans le monde, la question qui se pose pour nombre de déplacés n'est pas de savoir quand se fera le retour, mais bien s'il sera possible. Il y a de l'espoir. En mars 2007, une entente de paix signée en Côte d'Ivoire a permis aux gens de retourner dans leurs foyers. En Ouganda, un nombre important de PDIP ont pu reprendre la route vers leur communauté, après des années de conflits armés. Le processus de reconstruction sera long et difficile, mais pour certains, il est enfin amorcé. Bien que l'assistance ait été un élément important, la décision des gouvernements et des institutions de prendre la responsabilité du bien-être de leur population est un point tournant dans toutes ces situations. L'un ne pourra jamais remplacer l'autre.
Un réfugié est une personne qui a fui son foyer et ce faisant, a traversé une frontière internationale. Dans une situation de déplacement à grande échelle, d'importants groupes de personnes peuvent se voir octroyé le statut de réfugiés. La situation des personnes qui fuient la persécution doit être évaluée afin de déterminer si elles ont droit à la protection. Le droit international des réfugiés protège les personnes dans cette situation et le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCNUR) a la responsabilité d'assurer leur protection1. Les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDIP) ne traversent aucune frontière internationale et ne reçoivent aucune protection spéciale. Elles demeurent sous la protection de leur gouvernement, ce qui peut s'avérer problématique dans les situations où le gouvernement participe au conflit ou commet les violations des droits de la personne qui ont causé leur déplacement. Les protections auxquelles les PDIP ont droit sont énoncées dans Les Principes directeurs des Nations Unies concernant les personnes déplacées à l'intérieur de leurs frontières.
Clea Kahn Agente des affaires humanitaires
Clea Kahn a travaillé pour MSF au Sri Lanka, au Bangladesh et au Tchad. Actuellement elle est agente des affaires humanitaires pour des projets que mène MSF en République démocratique du Congo.
Les réfugiés palestiniens constituent l'exception. Un organisme spécial est responsable de leur protection, en vertu du droit international.
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© Eyal Warshawski
© Spencer Platt/Getty Images
Les réfugiés et les PDIP
Les réfugiés et les PDIP ont souvent été traumatisés par ce qu'ils ont vécu. Certains ont vu mourir un membre de leur famille, d'autres ont vu un être cher brutalisé. La violence sexuelle est un acte particulièrement brutal et très courant, qui est souvent utilisé comme une arme contre les civils. Même s'ils n'ont pas été la cible d'actes violents, les gens qui ont vécu un désastre naturel doivent composer avec la perte de leurs proches et de leur foyer, une expérience dévastatrice lourde à porter. Ce numéro de Dépêches porte sur les souffrances des réfugiés et des PDIP du monde
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© Avril Benoît
Soudan
papier, qu'il mettait dans un verre d'eau. Musa buvait ensuite l'eau noircie par l'encre. Chaque fois, ce traitement échouait. Un membre de la famille de Musa connaissait le programme de santé mentale de MSF et avait été impressionné par ses résultats positifs. Il leur a demandé d'aider le jeune homme toujours enchaîné aux confins de l'immense camp. « Il était comme un animal », raconte Amal en frissonnant, se rappelant ce dont elle a été témoin. Ses mains et ses pieds étaient enchaînés à une souche et depuis des années, une odeur nauséabonde d'excréments et d'urine régnait. « Il était agressif, frappant ses parents quand ils s'approchaient. » Les intervenants de MSF ont insisté pour que les parents de Musa le libèrent et leur confient leur fils. Le père doutait de leurs méthodes et voulait consulter un autre fakhi, guérisseur traditionnel. Après cinq consultations avec la famille, la psychologue a finalement obtenu la permission de parler à Musa. Cela a duré des mois. L'équipe revenait jour après jour, remplie de tristesse à la vue de ce jeune
Faire accepter les soins de santé mentale
AU DARFOUR
Pour la famille de Musa et les quelque 90 000 personnes vivant à Kalma (l'un des plus importants camps pour personnes déplacées à l'intérieur de leur pays [PDIP] du Darfour), qui devaient survivre à une crise humanitaire d'une ampleur colossale, cela n'a pas aidé. Pendant cinq ans, ils ont dû supporter incendies criminels, assassinats, viols, pillage et terreur. Ils vivent dans l'espoir incertain d'un retour à la paix, attendant le moment où ils pourront retourner dans leur village, travailler leur terre. Loin d'être un
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Au cours des années, Médecins Sans Frontières (MSF) a élargi sa notion de soins complets en zones de conflits pour y inclure des interventions psychosociales. Consultations, soutien clinique et programmes d'éducation communautaire destinés aux personnes souffrant des conséquences de la guerre et des déplacements font partie de ces soins, essentiels pour les survivants au Darfour. « La violence blesse le corps, mais aussi le cœur, explique Kaz de Jong, conseiller en santé mentale de MSF. La survie en situation de crise ne dépend pas seulement de la condition physique, mais aussi de la condition mentale. Nous avons vu par exemple, dans des centres de nutrition thérapeutique, des personnes qui refusaient de s'alimenter parce qu'elles ne trouvaient plus la motivation de vivre. » MSF a commencé à dispenser des soins primaires au camp Kalma au début 2004, et en 2006, un programme de soins en santé men-
« Nous avons même pleuré, admet-elle. Tous ceux qui ont vu Musa ont pleuré, même les chauffeurs de MSF. » Pendant sept mois, l'équipe a persévéré. Les parents de Musa ont consenti trois fois à lui retirer ses chaînes. Chaque fois, il devenait extrêmement violent, et l'expérience se soldait par un échec. En janvier 2007, MSF a décidé d'essayer une pharmacothérapie, et tout a changé pour Musa. Après un mois de traitement neuroleptique, le jeune homme a été libéré. Les consultations ont finalement commencé à faire leur effet. « Il est redevenu un homme, se rappelle-t-elle. Il est intelligent et il parvient à fonctionner grâce aux médicaments. » Maintenant âgé de 33 ans, Musa travaille avec son père. Il tisse des nattes de paille qui sont vendues à Nyala, capitale du Darfour méridional, à 15 kilomètres de chez lui. Grâce à l'ajout de la pharmacothérapie, Musa a fini par bien réagir aux visites à domicile et aux consultations individuelles et familiales prodiguées par MSF.
La psychologue Amal Hashim Algack discute avec Musa.
tale était lancé pour aider les personnes souffrant de stress post-traumatique, de psychose, d'anxiété et d'autres traumatismes. Amal Hashim Algack, psychologue formée à Khartoum, a participé depuis le début à la formation d'une douzaine de déplacés du camp, devenus agents de sensibilisation et intervenants en soins psychosociaux. Le principal objectif est d'offrir des ateliers permettant aux gens de reconnaître les symptômes du stress psychologique. Le second objectif est d'offrir un soutien aux familles, pour renforcer leurs capacités d'adaptation. Les personnes les plus profondément atteintes peuvent avoir accès à des traitements à la clinique de MSF.
MSF considère que les soins de santé mentale sont un élément essentiel de son programme de soins primaires dispensés au camp Kalma. Le but est de permettre aux gens de maîtriser leurs émotions, leur comportement et le stress et de pouvoir fonctionner malgré la précarité de la vie dans le camp. La plupart des gens parviennent à faire face aux traumatismes qu'ils subissent au quotidien dans un camp pour PDIP grâce aux ateliers d'éducation communautaire. Ici, les familles sont totalement dépendantes des efforts humanitaires massifs déployés pour stabiliser leur santé physique et leur état nutritionnel. Certes, leur survie biologique est importante. Beaucoup bénéficient aujourd'hui de services auxquels ils n'avaient pas accès avant la guerre, comme des cliniques et des écoles. Mais au-delà des indicateurs de santé de base, il y a beaucoup de souffrance à Kalma, et MSF est déterminée à la soulager.
Avril Benoît Directrice des communications
Les chaînes dont Musa a été libéré après cinq ans.
« Ce fût un réel défi de changer la mentalité de ces gens, pour qu'ils reconnaissent les bienfaits des traitements de santé mentale, témoigne Amal. La plupart croient que l'esprit des personnes atteintes est habité par des démons. » C'est ce que croyaient les parents de Musa. Ils l'ont d'abord amené voir un guérisseur traditionnel, qui a tenté d'extirper les démons en écrivant des versets du Coran sur un bout de © Avril Benoît
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refuge et un havre de paix, attaques et violences interethniques rendent le quotidien encore plus difficile.
© Avril Benoît
AMP KALMA, DARFOUR – Musa est resté enchaîné, nu, à une souche d'arbre pendant cinq ans. Dans la région du Darfour (Soudan), comme dans de nombreuses régions du monde où le traitement des maladies psychiatriques est rarement compris ou disponible, protéger une communauté ou une personne contre elle-même peut pousser certaines familles à prendre des mesures extrêmes, par amour. En le maintenant attaché, les parents de Musa pouvaient le nourrir, lui donner de l'eau, le maintenir en vie. Le conflit au Darfour n'est pas à l'origine de sa maladie mentale, mais il a ajouté au fardeau de sa famille.
homme luttant contre ses chaînes. Il souffrait de délires et il était dangereux. Atteint d'un trouble psychotique grave, il vivait une expérience inhumaine.
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© Ton Koene
© Spencer Platt/Getty Images
© Spencer Platt/Getty Images
Lettre du terrain
Lettre de la République centrafricaine 'ai pensé vous donner quelques nouvelles de mon travail avec MSF, ici en République centrafricaine (RCA). En gros, cette expérience est vraiment incroyable. Sur le plan médical, je ne peux demander mieux. Notre travail est tout à fait vital pour la communauté. Chaque semaine, nous traitons plus de 100 patients contre le paludisme, la plus grande cause de décès en Afrique. La semaine dernière, nous avons administré des transfusions à cinq enfants gravement atteints d'anémie, causée par le paludisme. Dans quatre cas de transfusions, nous avons dû utiliser la « banque vivante de sang », un projet que j'affectionne particulièrement. Les gens de la communauté sont invités à donner bénévolement leur sang, après avoir subi, entre autres, un test de dépistage de maladies transmissibles par le sang et un test d'identification de groupe sanguin. Lorsque nous avons besoin d'eux, nous nous rendons à leur domicile, nous leur faisons passer un autre test de dépistage, puis ils peuvent donner leur sang. C'est un système très efficace, qui ne
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nécessite aucune réfrigération. La semaine dernière, nous avons aussi effectué une césarienne d'urgence, à 2 heures du matin. Le bébé est né en bonne santé et pesait 4,4 kilos. Je sais que si MSF n'avait pas été présente, la mère et l'enfant seraient morts. De tels cas surviennent tous les jours, ce qui me motive à poursuivre mon travail, même dans les moments difficiles. Cette semaine a été exceptionnellement éprouvante pour MSF, ici en RCA. Lundi, un tireur solitaire a fait feu sur l'un de nos véhicules alors que nous étions en route pour une clinique mobile offerte dans le cadre de l'un de nos projets dans la région. Il visait pour tuer. Il a fait feu trois fois, manquant le chauffeur de justesse, mais il a atteint une infirmière à la tête. La malheureuse raccompagnait son enfant à son village et laisse dans le deuil cinq autres enfants. Cette attaque est insensée et restera probablement impunie, puisque partout en RCA, les forces de l'ordre sont pratiquement inexistantes. Le pays est trop pauvre pour se permettre un
service de police. Même si nous avons des policiers et des militaires bien armés à Boguila, ils n'ont aucuns véhicules, pas même une moto. Sans personne pour faire régner la loi, toute la population est à la merci de bandits qui commettent des vols et des actes de violence (comme les nombreux « coupeurs de route » qui volent régulièrement les villageois ou les passants dans la région). Il y a aussi les mercenaires tchadiens (comme ceux qui ont incendié quatre villages la semaine dernière, à seulement 80 kilomètres d'ici). Par ailleurs, le terrible incident qui a eu lieu dans la province de Vakaga lundi dernier entraîne des conséquences qui vont au-delà de la mort insensée d'une jeune mère de six enfants. À cause de cette attaque, MSF devra ralentir ses activités dans la région et sera peut-être même forcée à mettre fin au projet. Combien de personnes seront perdues après le départ de MSF? Il est difficile d'en évaluer le nombre. Toutefois, ce qui est certain, c'est que cette attaque causera beaucoup de souffrances chez la population de cette province.
J'ai aussi fait la connaissance cette semaine de Marguerite, une adolescente de 16 ans qui a été violée par un homme de son village. L'incident remonte à quatre mois, mais comme c'est le cas chez la plupart des femmes qui subissent de la violence sexuelle, elle sentait qu'elle ne pouvait se confier à qui que ce soit. Elle avait trop peur des conséquences, notamment d'être blâmée pour cette agression, d'être mise en marge et jugée inadéquate pour le mariage. Par contre, le traumatisme physique qu'elle a subi est devenu de plus en plus évident au fil du temps, et elle pouvait à peine marcher sans aide au moment où elle s'est présentée ici pour recevoir des soins. Elle avait subi de graves lacérations au vagin, suivies d'ulcères, et l'infection s'était installée. Par chance, elle n'a pas contracté le VIH ni l'hépatite B, qui sont souvent transmis dans les cas d'agression sexuelle. Nous avons vraiment une très bonne équipe ici, et je suis fier de dire qu'elle a reçu d'excellents soins sur tous les plans. De plus, nous lui avons offert des soins en santé mentale qui l'ont aidée à gérer sa situation, du moins en première phase.
Ce matin, je viens tout juste de quitter Édith, qui est assise toute seule, dans le dortoir pour tuberculeux que nous venons de construire. Perchée sur son lit artisanal en bambou, elle avait à peine assez de forces pour s'asseoir et manger son bol de popoto, ou gruau de maïs. Édith est tenace et elle doit l'être. Elle est aux prises avec ce que nous appelons une coinfection. En d'autres termes, elle est atteinte de VIH et de tuberculose. La semaine dernière, nous l'avons vue dans le cadre de l'une de nos cliniques mobiles, et elle était presque morte. Âgée de 25 ans, elle est de taille moyenne, mais ne pèse que 26,3 kilos. Après de longues discussions avec sa mère, nous avons décidé de la transférer ici, accompagnée de sa mère et de son bébé de huit mois. Le jour suivant, la mère d'Édith est partie avec sa petite-fille en pleine nuit, sans avertir qui que ce soit. J'étais tellement en colère lorsque j'ai appris la nouvelle, que j'en avais les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas croire qu'une mère puisse faire une telle chose à sa fille. J'ai longuement réfléchi, puis j'en suis venu à la conclusion que la mère
d'Édith avait décidé de prendre soin de ses autres enfants et petits-enfants, qui avaient besoin d'elle. Quel choix impossible et difficile a-t-elle dû faire - laisser une fillette mourante pour prendre soin de ceux qui ont encore besoin d'elle. Malheureusement, nombre de gens ici sont forcés à prendre une décision similaire. Parfois, tout cela devient trop difficile à supporter. Alors quand la première pluie est tombée cet après-midi, au lieu de me mettre à l'abri, j'ai couru dans notre jardin. Je suis demeuré debout là, les yeux levés vers le ciel, et j'ai crié, espérant que la pluie laverait tout cela. Peu après, le soleil est apparu, séchant toute trace de ce déluge. Poussant un grand soupir, je me suis séché et je suis retourné à l'hôpital, prêt à faire face à un autre assaut de patients.
D'Arcy Gagnon Médecin
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© f.z. pour MSF
Colombie
Cycle du déplacement « Sortir le poisson de l'eau. » e sont les termes que Carlos Castaño a utilisés pour décrire sa campagne paramilitaire contre les communautés rurales de la Colombie, à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
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Les paramilitaires d'extrême droite savaient que ce serait difficile de s'attaquer aux guérilleros sur leur propre territoire – les montagnes, les marais et les forêts. Ils ont donc adopté une autre approche, présumant que les communautés rurales soutenaient des groupes comme les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de libération nationale (ELN). Ils se sont fixés comme objectif de déplacer ces collectivités et, par le fait même, de couper le « cordage de sécurité » de la guérilla. Les paramilitaires exécutent et torturent avec des méthodes conçues pour traumatiser à jamais les témoins et semer la terreur. Ils sont connus pour leur utilisation de la scie mécanique. Ils rassemblaient les gens et les forçaient à assister aux exécutions des personnes qu'ils considéraient être des collaborateurs. De simples commerçants étaient étiquetés comme tels. Partout en Colombie, des centaines de milliers de personnes ont fui leur foyer, à la recherche d'un lieu sûr. Les assassinats ciblés, les massacres et les conflits provoquent le premier stade du cycle de déplacement. Les gens quittent les communautés rurales pour s'installer, généralement,
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dans les milieux urbains, où ils sont souvent stigmatisés et peinent à se trouver un emploi et un logement adéquat. Nombre d'entre eux décident de retourner et de s'installer à nouveau dans leur communauté. De nombreuses collectivités se retrouvent ainsi à nouveau coincées entre des groupes belligérants qui les accusent de soutenir l'ennemi. D'autres assassinats ciblés ont lieu et le cycle se répète, entraînant de nouveaux déplacements. « Ils [les groupes armés] viennent acheter des choses. Ils vous parlent, vous posent des questions, témoigne un commerçant. En fait, lorsqu'ils voient que vous peinez à survivre, ils vous laissent tranquille. Mais s'ils voient que la situation des gens s'améliore, ils reviennent et vous tombent dessus une fois de plus. Quand ils reviennent, nous prions que ce ne soit que pour nous demander quelques victuailles. Que peut-on faire? » Les déplacements ne sont pas uniquement causés par la violence. La prétendue guerre contre la drogue contribue aussi à ce phénomène. L'arrosage des récoltes aux pesticides constitue la principale tactique utilisée pour enrayer la production de cocaïne, mais cette méthode tue tout. Nombre de paysans qui possédaient de petites fermes ont vu leur source de nourriture détruite et n'arrivent plus à nourrir leur famille. Certains choisissent d'aller s'installer dans les villes, d'autres partent à la recherche de terres fertiles et recommencent à zéro, les yeux rivés sur le ciel.
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Nous avons récemment visité un petit groupe de déplacés, dans une région éloignée d'Antioquia. Dix-sept familles ont quitté leur village après que les FARC eurent tué trois personnes dans leur village. Elles vivaient
En tant que psychologue, mon plus grand défi est d'aider les gens à se rétablir d'un tel traumatisme, alors qu'ils souffrent de l'absence de stabilité et de sécurité dans leur vie. C'est un travail extrêmement difficile, sinon impossible, dans un contexte de déplacements multiples. Par contre, les gens de ce village étaient tous enclin à nous parler et nous étions là pour les écouter. Ces multiples déplacements cycliques sont la conséquence d'un conflit complexe, et dans cette lutte, nul ne sait d'où surgira la prochaine menace. Les paramilitaires se démobilisent, mais se regroupent tout aussi rapidement sous de nouveaux noms, avec de nouvelles inten-
tions. Les groupes de guérilleros de gauche abondent et tous ces groupes armés protègent leurs investissements dans le commerce de la drogue. Dans un contexte où il est difficile de se tenir au fait de toutes ces dynamiques et de cerner les sources de danger, MSF éprouve de la difficulté à gérer l'aspect sécurité, et il en va de même pour les populations qui vivent dans ces régions.
© Kris Torgeson/MSF
alors ensemble, sous le même toit. Le déplacement et leurs conditions de vie actuelles avaient des conséquences déplorables sur leur santé. Cette communauté en était à son deuxième déplacement. Certains disaient être décidés à ne plus jamais retourner, d'autres réfléchissaient à la possibilité de retourner et un petit nombre avait commencé à se rendre au village pour prendre soin des récoltes et de leurs biens. Les déplacements multiples projettent les gens dans un vide. Leur corps se trouve à un endroit, mais leur esprit est ailleurs.
© Kris Torgeson/MSF
Médecins Sans Frontières (MSF) est présente et travaille auprès des communautés à tous les stades du cycle de déplacement. Nous leurs offrons des services dans les centres urbains et nous soutenons les groupes qui retournent dans les zones rurales. Nombre de nos patients ont déjà vécu ce cycle à deux ou trois reprises. Un père de quatre enfants, qui a fui son village et y est retourné par la suite, raconte : « Lorsque la violence a frappé, nous n'avons pas eu d'autres choix que de tout laisser derrière nous et partir pour la ville. Nous ne pouvions nous imaginer alors que le déplacement serait une fuite sans fin, sans aucun point d'arrivée. Nous bougeons, mais nous n'avançons pas. En rétrospective, nous avons séjourné dans trois « endroits » au cours de ce périple : la violence dans notre village, avant que nous le quittions; la misère dans les bidonvilles, après notre fuite; et la difficulté à dormir, maintenant que nous sommes revenus dans ce que nous appelions notre village. On ne cesse jamais d'être un déplacé; c'est un stigmate, un mode de vie. »
En sirotant un café dans un des chics bistros des grandes villes colombiennes, on peut facilement oublier que ce pays compte trois millions de personnes déplacées à l'intérieur de ses frontières. Seuls l'Irak, le Soudan et la République démocratique du Congo rivalisent avec la Colombie quant au nombre de personnes qui décident de quitter leur foyer, à la recherche de sécurité dans leur propre pays. Il s'agit d'un conflit caché et désastreux, et nul doute que les grands perdants sont les pauvres des régions rurales. Il semble qu'on ne puisse sortir le poisson de l'eau.
OPÉRATIONS DE SECOURS EN CHINE Aperçu : 23 mai
Simon Midgley Psychologue clinicien
elon les estimations du gouvernement chinois, plus de 5 millions de personnes auraient perdu leur logement dans le séisme de magnitude 8,0 sur l'échelle de Richter, qui a dévasté plusieurs régions de la province du Sichuan le 12 mai dernier. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) formées de 34 personnes dans la région touchée, mènent actuellement des évaluations, fournissent des soins chirurgicaux et médicaux de base ainsi que des services de santé mentale et offrent des tentes et des médicaments lors des efforts d'urgence. Aujourd'hui, un convoi de dix camions chargés de 2050 grandes tentes familiales est arrivé à Deyang et s'est dirigé, en étroite collaboration avec la Croix Rouge chinoise, vers Mianzhu et les autres régions les plus touchées par le séisme. Jusqu'à présent, MSF a donné 3800 grandes tentes familiales aux opérations de secours, pour une valeur d'environ 1,7 million de dollars, transport compris. Deux avions-cargo transportant 1750 tentes sont arrivés la fin de semaine dernière; celles-ci ont été distribuées dans les régions touchées et aux infrastructures médicales endommagées de Guanghan et Hanwang avec l'aide de la © f.z. pour MSF
© Patricia Rincon Mautner
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Chine
Croix Rouge du Sichuan et plusieurs douzaines de volontaires. Le gouvernement chinois estime les besoins à environ 3,3 millions de tentes pour loger tous ceux qui ont perdu leur logement dans le séisme. « Le besoin d'abris est énorme, explique Nicolas Tocqué, coordonnateur de la logistique d'urgence de MSF. Je me suis déjà trouvé dans des situations où il était accablant d'apporter du secours à 80 000 personnes réunies au même endroit, mais cela n'est rien en comparaison des millions de personnes sans logement en Chine après ce tremblement de terre. Les tentes ne doivent pas seulement être en quantité suffisante, mais aussi de bonne qualité, pour que des familles puissent y vivre pendant les nombreux mois que durera la construction de logements et d'autres infrastructures adéquates. » Le 22 mai, MSF a clôturé sa semaine de soutien clinique et chirurgical dans un hôpital central de triage à Guanghan, car la majorité des patients ont été transférés vers d'autres installations et le reste partira au cours des jours à venir. Tout au long de la semaine dernière, MSF a fourni des soins chirurgicaux et postopératoires à environ 70
patients blessés, qui avaient été transportés vers le centre de triage, souvent par hélicoptère, depuis plusieurs des zones les plus touchées de la région. MSF a fait un don de médicaments et de fournitures médicales à l'hôpital et continuera son travail en santé mentale dans cet établissement jusqu'au transfert des derniers patients blessés par le séisme. La demande d'aide psychologique subsiste dans les hôpitaux qui soignent les blessés, ainsi que dans les villages habités par des survivants du séisme dans toute la région, et le besoin d'y répondre est clairement reconnu. Outre les soins de santé mentale de MSF au centre de triage de Guanghan, MSF collabore avec l'hôpital Huaxi à Chengdu pour apporter de l'aide et de la formation en santé mentale. Nous analysons aussi la possibilité d'étendre le volet psychologique de notre programme. Au moment du séisme, le personnel de MSF travaillait à Nanning, une région autonome du Guangxi Zhuang où l'organisation gère un programme de traitement du VIH/sida depuis 2003 en collaboration avec le bureau de la santé publique de Guangxi et le Center for Disease Control de Nanning. MSF œuvre en Chine depuis 1988.
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besoin d'équipes médicales et de matériel; en grande quantité et le plus rapidement possible. Quelques heures plus tard, je me retrouve dans un véhicule avec deux équipes. Nous montons ensuite à bord d'une embarcation qui nous mène dans la zone sinistrée. Nous arriverons demain matin. MARDI, 7 MAI 5 h. Alors que nous accostons à Heyngyi, nous apercevons les premiers habitants. Je remarque que plusieurs d'entre eux ont le regard vide. C'est comme s'ils regardaient à travers moi sans me voir réellement.
1250 tonnes de riz 410 tonnes de fèves 190 000 litres d'huile de cuisson 70 tonnes de poisson en conserve 1400 kilos de sel 125 000 paquets de biscuits énergétiques et d'aliments thérapeutiques 120 000 bâches de plastique 20 000 moustiquaires 48 000 bidons 3000 couvertures 16 500 pains de savon
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r Khine Myae, originaire du Myanmar, a été parmi les premiers médecins de MSF envoyé dans le Delta de l'Irrawaddy pour porter secours à la population après le passage dévastateur du cyclone Nargis en mai dernier. Il se souvient des jours qui ont suivi le cyclone.
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SAMEDI, 4 MAI 2008 La nuit dernière, un cyclone a frappé Yangon. J'ai entendu la nouvelle par radio alors que je visitais un dispensaire traitant les victimes du VIH à Lashio (Myanmar oriental). Tout au long de la journée, nous avons reçu d'autres nouvelles sur l'ampleur des dégâts. Je m'inquiétais pour ma famille. Je suis ici avec deux collègues de Yangon, mais nous ne pouvons pas joindre nos proches. Le réseau téléphonique est hors service. Nous avons essayé de réserver un billet d'avion, mais l'aéroport de Yangon a subi de graves dommages, et aucun avion ne peut atterrir pour l'instant. Nous avons donc décidé de prendre l'autobus demain. Il nous faudra 24 heures, en espérant que l'autobus puisse se rendre jusqu'à Yangon.
8 h. Nous approchons de Yangon et mon téléphone cellulaire fonctionne enfin. Ma petite amie, ses parents et les enfants sont sains et saufs. Quel soulagement! À Yangon, nous sommes témoins des dommages. Aucun poteau électrique ni panneau publicitaire ne semble avoir tenu le coup. Même de vieux arbres ont été déracinés. Voitures et bâtiments ont été ensevelis sous les branchages et les troncs d'arbres. Notre autobus ne peut plus avancer, et nous devons faire le reste du chemin à pied. Quand je suis arrivé à la maison, ma petite amie était là. Elle travaille également pour MSF. « Il faut aller au bureau, dit-elle immédiatement, c'est terrible dans le Delta de l'Irrawaddy. » J'ai eu plus de détails une fois au bureau. Des villages entiers ont été rayés de la carte par une violente tempête. Des dizaines de milliers de personnes sont sans abri et des milliers ont été tués. Le coordonnateur médical et un médecin sont partis vers le Delta hier soir et ils demandent du renfort. Ils ont
Khine Myae Médecin
PROBLÈME D'ACCÈS Au cours d'une opération de secours comme celle-ci, où le désastre est comparable au tsunami de 2004, MSF envoie généralement sur le terrain un grand nombre d'experts internationaux (médecins, coordonnateurs d'urgences, expert en approvisionnement et assainissement de l'eau). Par contre, les autorités du Myanmar ayant d'abord restreint l'accès des experts étrangers dans le Delta, personne n'a pu intervenir pendant les trois semaines qui ont suivi le cyclone. Par exemple, le personnel international de MSF a été toléré dans la ville de Bogale, mais ne pouvait travailler en périphérie. Le personnel national pouvait s'y rendre, mais MSF a insisté sur le fait que les équipes sur le terrain avaient besoin du personnel international. Le 23 mai, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, s'est rendu à Yangon pour y annoncer l'acceptation du gouvernement birman de donner accès au Delta aux travailleurs humanitaires internationaux. En fait, quelques jours auparavant, MSF avait reçu une autorisation officielle permettant à huit membres du personnel international d'aller dans le Delta.
LUNDI, 6 MAI
© Eyal Warshawski
AU MYANMAR, ENTRE LE 5 MAI ET LE 4 JUIN, MSF A DISTRIBUÉ :
© Eyal Warshawski
Journal du Myanmar
© Eyal Warshawski
Quelques personnes qui nous aident à décharger le matériel nous demandent qui nous sommes. Nous leur expliquons que nous sommes de MSF et que nous sommes là pour leur offrir des soins médicaux et du matériel. Avec les hommes, nous partons à la recherche d'un endroit où nous pourrions travailler. Même si 80 % des bâtiments ont été détruits, la population de Heyngyi a été
chanceuse. Les gens et les animaux ont pu se réfugier dans un quartier situé en hauteur quand l'eau s'est engloutie dans la ville. Cela explique le peu de décès dans la région. Toutefois, de nombreuses personnes ont été blessées lors de la tempête, et beaucoup ont perdu leur maison. Une école sans toit sert de refuge à quelques centaines de familles. Nous pouvons nous installer dans un édifice à moitié détruit appartenant à un groupe de femmes. Les habitants m'aident à nettoyer la boue, et quelques hommes réparent le toit au moyen de bâches de plastique. Le travail terminé, nous accueillons les premiers patients. Notre premier bateau transportait de la nourriture et des bâches de plastique. Le reste du ravitaillement arrive quelques heures plus tard. Aujourd'hui, première journée, j'ai examiné plus de 200 patients.
© Eyal Warshawski
Myanmar
« C'était un début, mais c'était insuffisant », déclarait alors Frank Smithuis, chef de mission pour MSF au Myanmar. « Vu l'ampleur de la catastrophe, nous avons besoin de plus d'experts sur le terrain. Notre personnel national est très compétent, mais n'a pas d'expérience en situation de crise. Malgré l'énorme travail qu'ils ont accompli, ils ont besoin d'experts pour les guider. » La présence du personnel international garantit également une aide indépendante et distribuée objectivement. Un mois après la catastrophe, MSF a reçu l'autorisation d'envoyer davantage d'expatriés.
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© Dustin Delfs/Laughing Dog Photography
Compte rendu de livre Une fillette mange dans un centre de nutrition de MSF au Niger.
Les canadiennes et canadiens en mission AFRIQUE DU SUD Adrienne Carter Victoria, BC Spécialiste en santé mentale Médecin Cheryl McDermid Vancouver, BC
BANGLADESH Shannon Lee Frédéricton, NB Coordonnatrice de projet Julia Payson Vernon, BC Coordonnatrice des finances
BURUNDI Joel Montanez Moncton, NB
Spécialiste en santé mentale
CAMEROUN Serge Kaboré Québec, QC
Coordonnateur médical
CÔTE D’IVOIRE
OUGANDA
Diane Rachiele Montréal, QC
David Johnston Surrey, BC Kerri Ramstead Winnipeg, MB
Coordonnatrice des finances
CHINE
PAKISTAN
Yvan Marquis Québec, QC Coordonnateur de projet Médecin Peter Saranchuk St. Catharines, ON
Darryl Stellmach Calgary, AB
COLOMBIE
Lindsay Bryson Montréal, QC Coordonnatrice médicale Carol Frenette St-Charles-de-Bellechasse, QC Chef de mission Médecin D'Arcy Gagnon Toronto, ON Mélanie Lachance Poisson Québec, QC Infirmière Médecin Luella Smith Waterside, NB
Martin Girard Montréal, QC Esther Hsieh Vancouver, BC
Coordonnateur de projet Logisticienne
ÉTHIOPIE Vanessa Bailey Victoria, BC Infirmière Coordonnateur de projet Dave Croft Vancouver, BC Médecin Richard Currie Vancouver, BC Infirmière Rachelle Seguin Greenfield Parc, QC Infirmière Joli Shoker Prince George, BC Logisticien Daniel Nash Ottawa, ON
LE JOURNAL DE BORD D'OLLIE :
HAÏTI Annie Dallaire Montréal, QC Kevin Tokar Ottawa, ON
une histoire d'Afrique presque heureuse artout dans le monde, plus de cinq millions d'enfants meurent de malnutrition chaque année. Ollie's Field Journal: A 9/10ths Happy Story From Africa, livre signé Patti McIntosh, cherche à expliquer aux jeunes Canadiens comment faire pour changer cette situation et allumer chez eux le désir d'agir.
P
Patti McIntosh a passé trois semaines au Niger, pour y visiter Niamey, Zinder et Gouchi, où une équipe de terrain de Médecins Sans Frontières (MSF) lui a montré les vertus du Plumpy'nut, aliment thérapeutique prêt à l'emploi qu'elle nomme également dans son livre l'« ordonnance de pâte d'arachide ». Au Niger, où le taux de malnutrition infantile chronique et aiguë est l'un des plus élevés au monde, cet aliment est devenu vital. Le produit, étonnamment simple, contient de la pâte d'arachide, du lait en poudre, du sucre, de l'huile végétale et du lactosérum sec, et il est enrichi de vitamines et de minéraux. Les enfants semblent aimer son goût sucré. Cet aliment devient un médicament essentiel qui leur donne les éléments nutritifs dont ils ont besoin et assure leur survie.
Dépêches Vol.10, no 2
« Cet aliment a sauvé tant de bébés et je voulais écrire un livre pour enfants qui démontrait comment cette solution si simple pouvait avec autant de succès régler cet énorme problème », explique Mme McIntosh. Le traitement traditionnel contre la malnutrition nécessite un séjour à l'hôpital pendant lequel l'enfant est mis sous perfusion et reçoit des éléments nutritifs. Ensuite, l'enfant et la famille rentrent chez eux avec du lait en poudre qui doit être mélangé à de l'eau. Au Niger, ainsi que dans de nombreuses autres régions où l'eau potable est rare, le mélange de lait en poudre rendait les enfants malades à cause de l'eau contaminée. Avec cet aliment tout simple et prêt-àl'emploi, offert dans un petit emballage, nombre de mères ne sont plus obligées de laisser leurs enfants malnutris à l'hôpital. Elles peuvent les traiter à la maison, avec un approvisionnement de pâte d'arachide d'une semaine. « Je voulais une histoire positive de l'Afrique, déclare Mme McIntosh, un récit rempli d'espoir, de bonheur et de succès ». L'auteure raconte cette histoire par l'entremise du personnage
Coordonnatrice des finances Logisticien
INDE d'Ophélie, âgée de 10 ans, que son entourage surnomme Ollie. Le voyage d'Ollie au Niger s'inspire du travail fructueux que sa mère accomplit dans ce pays pour venir en aide aux enfants malnutris. Pendant son séjour, Ollie se lie d'amitié avec d'autres enfants. Elle voit aussi une girafe et apprend même quelques mots de Hausa, un dialecte régional. Elle tient un journal de voyage sous la forme d'un album de découpage. Les photos aux couleurs vives de mères avec leurs bébés souriants et bien portants, donnent un vrai visage à cette histoire véridique. L'auteure transforme le sujet de la nutrition, une problématique complexe, en une histoire à laquelle les enfants peuvent s'identifier. « J'espère qu'Ollie sera pour eux une source d'inspiration et qu'elle leur donnera envie de devenir des citoyens du monde et de travailler pour les droits et le bien-être des autres », précise Mme McIntosh. Pour commander un exemplaire du livre et pour plus d'information, visitez le site www.juniorglobalcitizen.org.
Caroline Kowal Winnipeg, MB
Médecin
IRAN Susan Trotter St. Albert, AB
Infirmière
JORDANIE Maryse Bonel Morin Heights, QC
Infirmière
KENYA Lori Beaulieu Prince George, BC Logisticienne Coordonnateur médical Indu Gambhir Ottawa, ON Maguil Gouja Montréal, QC Coordonnatrice des finances
LAOS Richard Poitras Noyan, QC
Logisticien
MOZAMBIQUE Isabelle Casavant Montréal, QC
Infirmière
MYANMAR Rink De Lange Ste-Cécile-de-Masham, QC Spécialiste en eau et assainissement Logisticien Frédéric Dubé Québec, QC Infirmière Robert Genest Montréal, QC Logisticien Mathieu Léonard Sherbrooke, QC
NÉPAL Isabelle Chotard Québec, QC
Médecin
NIGER Matthew Calvert Ottawa, ON Logisticien Infirmière Marisa Cutrone Montréal, QC Infirmière José Godbout Blainville, QC Frédérik Matte Montréal, QC Agent de communication Infirmière Joséphine Millet Montréal, QC Logisticienne Nicole Parker Stellarton, NS Infirmière Audrey St-Arnaud Blainville, QC
NIGERIA April Sutton
Michael White Toronto, ON Logisticien Infirmière
Miriam Berchuk Calgary, AB Anesthésiste Marilyn Hurrell Winnipeg, MB Coordonnatrice médicale
Coordonnateur de projet
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Eva Adomako Montréal, QC Administratrice Rachida Aouameur Montréal, QC Ressources humaines Logisticien Daniel Arnold Port Coquitlam, BC Agente de liaison Mélanie Bergeron Sherbrooke, QC Formatrice Marie Éve Bilodeau Ottawa, ON Logisticien Owen Campbell Montréal, QC Logisticien Steffen De Kok Sydenham, ON Médecin Christo Kouame Toronto, ON Logisticienne Miriam Lindsay Irlande, QC Oonagh Skye Marie-Curry Montréal, QC Logisticienne Logisticienne Alphonsine Mukakigeri Québec, QC Coordonnatrice de projet Tara Newell London, ON Infirmière Nadia Perreault Mascouches, QC Infirmière Dominique Proteau Québec, QC Heather Thomson Ottawa, ON Coordonnatrice médicale
RÉPUBLIQUE DU CONGO Ahmed Alas Edmonton, AB Médecin Duncan Coady Toronto, ON Coordonnateur des finances Chef de mission Lai-Ling Lee Ottawa, ON Logisticien Jake Wadland Ottawa, ON
SOMALIE Lori Beaulieu Prince George, BC Coordonnatrice Coordonnatrice médicale Luis Neira Montréal, QC
SRI LANKA Reshma Adatia Richmond, BC Coordonnatrice de projet Logisticien John Crosbie Toronto, ON Médecin Susan O'Toole Barrie, ON Coordonnateur de projet Ivan Zenar Brampton, ON
Logisticien
SWAZILAND Paul Mathers Winnipeg, MB
Médecin
TCHAD Michelle Chouinard St-Quentin, NB Coordonnatrice de projet Steven Cohen Ottawa, ON Spécialiste en santé mentale Logisticienne Edith Fortier Montréal, QC Infirmière Andrée-Anne Gauthier La Malbaie, QC Coordonnateur de projet Ivan Gayton Vancouver, BC Chef de mission Sylvain Groulx Montréal, QC Logisticien Guylaine Houle Montréal, QC Infirmière Elizabeth Kavouris Vancouver, BC Médecin Paule Kemgni Québec, QC Logisticien Jean Marc Kuyper Montréal, QC Logisticien Catee Lalonde Montréal, QC Pierre Langlois Ste-Catherine-de-Hatley, QC Logisticien Infirmière Elisabeth Martel St-Pie-de-Guire, QC Sage-femme Nathalie Pambrun Winnipeg, MB Logisticien Luke Shankland Montréal, QC
YÉMEN Peter Mak Toronto, ON
Anesthésiste
ZIMBABWE Harry MacNeil Toronto, ON
Spécialiste en eau et assainissement
Dépêches Médecins Sans Frontières 720, av. Spadina, bureau 402 Toronto, Ontario, M5S 2T9 Tél. : (416) 964-0619 Téléc. : (416) 963-8707 Sans frais : 1 800 982-7903 Courriel : msfcan@msf.ca www.msf.ca Rédactrice : linda o. nagy Directrice de la rédaction : Avril Benoît Coordonnatrice de la traduction : Julie Rémy
Collaborateurs : Avril Benoît D'Arcy Gagnon Clea Kahn Simon Midgley April Sutton
SOUDAN Kevin Berchuk Toronto, ON Infirmière Ressources humaines Charmaine Brett Ottawa, ON Infirmière Nadine Crossland Spiritwood, SK Logisticien Peter Heikemp Montréal, QC Logisticienne Leanna Hutchins Canmore, AB Brenda Holoboff Advent Bay, AB Coordonnatrice des finances Infirmière Kylah Jackson Unionville, ON Logisticienne Sarah Lamb Toronto, ON Médecin Lauralee Morris Brampton, ON Infirmière Wendy Rhymer Winnipeg, MB Coordonnatrice de projet Grace Tang Toronto, ON
Tirage : 104 500 Graphisme : Tenzing Communications Impression : Warren’s Imaging and Dryography Été 2008
Procédé d’impression à sec ISSN 1484-9372
page 15
© Guillaume Binet / M.Y.O.P.
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