MSF Infos - Juin 2020

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N° 202 I Juin 2020 I 2€ I J202 I ISSN 1146-2930

GRAND ANGLE

Coronavirus : Comment protéger les plus vulnérables ?


ÉDITO

BURKINA FASO

Au nord du pays, près d’un million de personnes en danger

SOMMAIRE

1 Une situation inédite dans le pays

2 Des milliers de déplacés

3 Des besoins immenses difficiles à couvrir

Dr Mego Terzian Président de Médecins Sans Frontières

« Nous n’oublions pas les victimes de cette tragédie et nous honorons leur mémoire. » « Le 12 mai dernier, la maternité que nous gérons à Dasht-e-Barchi, à Kaboul en Afghanistan, a été victime d’une violente attaque qui a fait plusieurs blessés et a entraîné la mort de 15 mères dont trois étaient dans la salle d’accouchement sur le point de donner naissance à leur bébé. Parmi les personnes décédées figurent également deux jeunes garçons et une sage-femme afghane qui travaillait avec MSF. Nous sommes choqués de l’insupportable et odieuse violence aveugle commise contre des mères et leurs enfants. Lors de notre travail quotidien auprès de la population en Afghanistan, nous avons eu à souffrir la mort de nombreux de nos salariés et patients. En 2004, par exemple, lorsque cinq de nos membres ont été assassinés dans le nord-ouest du pays ou encore en 2015, à Kunduz, lorsque notre hôpital a été bombardé par l’armée américaine. Cette nouvelle attaque abjecte perpétrée contre la maternité de Dasht-e-Barchi a une nouvelle fois endeuillé notre association. Nous n’oublions pas les victimes de cette tragédie, ainsi que leurs familles, et nous honorons leur mémoire. »

BURKINA FASO

Au nord du pays, près d’un million de personnes en danger.

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GRAND ANGLE

Coronavirus : comment protéger les plus vulnérables  ?

Les premières attaques revendiquées au Burkina Faso par des groupes djihadistes ont débuté en 2015. Au cours des deux dernières années, la situation sécuritaire s’est dégradée de manière extrêmement rapide. Dans les zones les plus touchées, notamment les régions Nord, CentreNord et Sahel, les violences sont quasi quotidiennes. Aux combats s’ajoutent des exactions commises contre la population civile : pillages, assassinats ciblés, massacres.

Le dispositif d’aide reste aujourd’hui sous-dimensionné. La présence massive de personnes déplacées pèse sur les infrastructures locales des villes qui les accueillent. Depuis novembre 2019, les équipes travaillent sur des forages et approvisionnent en camions citernes mais le seuil de 5 litres d’eau par personne par jour n’est pas encore garanti. Elles ont également distribué 3 600 kits de biens de première nécessité à Titao et Ouindigui.

4 Un système de santé fragile

REGARD

Lurvy Elisa Ramírez, blessée alors qu’elle fuyait le Honduras.

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LE LAB

L’hôpital gonflable pour gagner en réactivité pendant les urgences.

« Nous devons trouver l’équilibre entre les réponses à la COVID-19 et aux autres problèmes auxquels la population fait face, pour éviter que d’autres maladies comme le paludisme, la rougeole, la méningite ou le choléra ne se propagent et que la malnutrition ne fasse des ravages. »

BURKINA FASO

Hassan Maïyaki, chef de mission au Burkina Faso.

EN APARTÉ

Découvrez les nouveaux podcasts de MSF.

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EN QUESTION

Retour sur les activités de sauvetage de MSF en mer Méditerranée.

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Encart Les VPCcoûts de création, production et envoi du journal MSF infos s’élèvent à 0,61 €.

Directeur de la publication : Dr Mego Terzian • Directeurs de la rédaction : Anne-Lise Sirvain, Claire Magone • Rédaction : Margaux Dugoujon • Création : Anne-Sophie et Caroline Bérard • Graphisme et Fabrication : tcgraphite • Imprimeur : SIB Imprimerie, Zone industrielle de la Liane, B.P. 343, 62 205 Boulogne-sur-Mer Cedex • Photos : Couverture : Olmo Calvo/MSF - P2 : Aurélie Baumel/MSF - Noelie Sawadogo - Diego Ibarra Sánchez - Léo Coulongeat/Hans Lucas - Didier Assal/MSF – Jean Mallard - Fabian Mondl/SOS MEDITERRANEE - P3 : Noelie Sawadogo/MSF - P4 : Diego Ibarra Sánchez P5 : Benjamin Matuszenski - Anna Pantelia/MSF - P6 : MSF - Agnes Varraine-Leca/MSF - P7 : Léo Coulongeat/Hans Lucas - P8 : Isabel Corthier P10 : Jean Mallard - Agnes Varraine-Leca/MSF - P11 : Adam Gibbs - Bruno Morandi - Michael Poliza - MSF - P12 : MSF/Solen Mourlon - 14-34 avenue Jean-Jaurès, 75 019 Paris - Tél. : 01 40 21 27 27 • N° de commission paritaire : 0623H83241.

Ouahigouya Titao Ouindigui NORD

SAHEL

NIGER

Barsalogho

CENTRE-NORD

Kaya Dedougou BOUCLE DU MOUHOUN

Ouagadougou

PLATEAU CENTRE CENTRAL

CENTRE-OUEST

Bobo-Dioulasso

CENTRE-SUD

EST

Gayeri Fada N'Gourma Pama CENTRE-EST

HAUTS-BASSINS

BÉNIN

SUD-OUEST

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Certifié PEFC

Le système de santé est très fragilisé, la majorité des établissements médicaux dans les régions Sahel, Centre-Nord et Nord ayant fermé ou ne fonctionnant qu’a minima. Les équipes apportent des soins médicaux dans plusieurs localités comme Barsalogho, Djibo, Ouahigouya, Titao ou Ouindigui. La sécurité étant incertaine dans cette zone, ces interventions sont souvent difficiles à mettre en place. Certaines des équipes sont cantonnées en ville faute d’accès.

5 Faire face à la COVID-19...

Dès la mi-avril, le Burkina Faso comptait plus de 500 cas confirmés, parmi lesquels près de 30 personnes sont décédées. En lien avec les autorités, les équipes ont rapidement aidé à identifier et à soigner les malades à Ouagadougou, ainsi qu’à Fada N’Gourma et Gayeri, deux villes de l’est du pays. Elles prennent également en charge des patients dans une structure dédiée, à Bobo-Dioulasso, deuxième foyer d’épidémie dans le pays.

Djibo

MALI

CASCADES

2 I MSF INFOS I Juin Juillet 2020 2017

L’évolution du nombre de personnes forcées de fuir leur domicile est révélatrice de l’escalade meurtrière qui touche toutes les communautés du pays. À la fin de l’année 2018, près de 48 000 personnes étaient déplacées à l’intérieur du pays. Fin 2019, elles étaient 560 000, aujourd’hui près de 850 000, et certaines projections indiquent que ce nombre pourrait atteindre un million dans quelques mois.

CÔTE D’IVOIRE

TOGO

6 … et aux pics saisonniers.

L’intervalle entre juin et octobre représente chaque année dans la bande sahélienne la période la plus critique pour les jeunes enfants car elle correspond aux pics saisonniers de paludisme et de malnutrition. Tandis que des campagnes préventives de distribution de médicaments antipaludiques sont organisées tous les ans, le conflit vient fortement perturber ces distributions rendant certaines zones inaccessibles. Là où elles le peuvent, les équipes tentent de fournir un accès en eau suffisant, des vivres comprenant des compléments nutritionnels, et des soins de santé pour tous. Projets médicaux en cours

pefc-france.org

Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 3


GRAND ANGLE

1 500

masques sont produits chaque jour à Bamako au Mali par des ateliers de tailleurs locaux et sont ensuite distribués à la population par nos équipes.

Une infirmière MSF prodigue des soins à un sans-abri lors d’une distribution de nourriture à Paris.

Une promotrice de la santé explique à une femme vivant dans le camp de déplacés de Bourj el-Barajneh, à Beyrouth au Liban, comment se protéger contre la COVID-19.

CORONAVIRUS

COMMENT PROTÉGER LES PLUS VULNÉRABLES ? Plusieurs catégories de personnes sont affectées par les conséquences directes et indirectes de la COVID-19 : les personnes dites « à risque », exposées aux formes graves de la COVID ; les personnes marginalisées et exclues de l’accès aux soins ; et les personnes fragilisées par les mesures prises au nom de la lutte contre le coronavirus, et notamment par le confinement. Dans quelles situations sont-elles ? Quelles stratégies adopter pour les atteindre et les protéger ?

LES PERSONNES DITES « À RISQUE » Parmi les populations à risque, on compte les personnes âgées ou celles qui ont des pathologies chroniques comme les diabétiques ou les personnes ayant de l’hypertension, qui sont exposées aux formes graves de la COVID-19 et qui risquent de mourir si elles la contractent. « On ignore cependant les risques encourus par celles qui sont immunodéprimées et qui souffrent par exemple du VIH, de la tuberculose ou d’un cancer », alerte le Dr Isabelle Defourny, directrice des opérations. Face à cette incertitude sur nos terrains d’intervention dans le monde entier, les équipes médicales tentent de réduire l’exposition au virus pour toutes les cohortes de patients qui pourraient être à risque sur leurs projets. « Pour les patients atteints du VIH, par exemple, nous avons réduit le nombre de consultations en direct et nous leur avons donné trois mois de traitements pour 4 I MSF INFOS I Juin 2020

qu’ils n’aient pas à se déplacer », explique le Dr Isabelle Defourny. Au Malawi ou encore dans la ville de Goma, en République démocratique du Congo, où 3 000 patients sont traités, les équipes ont développé un système de suivi par SMS. Tous les jours, ils reçoivent un message sur leur téléphone comportant plusieurs questions bien précises. « On sait que l’état d’une personne qui souffre de la COVID-19 peut se dégrader très rapidement, ajoute-t-elle. En seulement quelques heures, elle peut développer une forme sévère de la maladie. C’est pour pouvoir immédiatement diagnostiquer une infection au virus chez nos patients et agir en conséquence que nous avons mis en place ce système. Ce sont les seules choses qui sont actuellement faisables pour les protéger tout en intégrant leurs contraintes et permettre une prise en charge rapide avant que la situation ne dégénère ». Les équipes font également de la sensibilisation sur la prévention et les mesures de distanciation sociale sur de nombreux

« Il est impossible pour ces personnes (marginalisées) de respecter les mesures de distanciation sociale et de confinement. Pour elles, la priorité est d’augmenter un accès général aux soins et d’isoler les cas positifs à la COVID-19. » projets. « On insiste beaucoup sur la transmission du virus par les mains. Si on sort pour aller au marché, on met un masque en tissu et on se lave les mains en rentrant », explique le Dr Isabelle Defourny. Les équipes distribuent aussi des masques fabriqués localement, du savon et des solutions hydro-alcooliques à la population. Sur certains projets MSF, une équipe logistique s’est rendue chez les patients pour les aider à se confiner à la maison et pour leur montrer les gestes de protection.

POPULATIONS MARGINALISÉES ET EXCLUES DES SOINS Certaines personnes sont exposées à la transmission du virus en raison de leurs conditions de vie précaires. Particulièrement fragiles, elles sont déjà traditionnellement marginalisées dans la société et exclues des soins de santé. « Il est impossible

pour ces personnes de respecter les mesures de distanciation sociale et de confinement. Pour elles, notre priorité est d’augmenter un accès général aux soins et d’isoler les cas positifs à la COVID-19 », explique Corinne Torre, cheffe de mission France. En Ile-de-France et dans certains quartiers défavorisés de Marseille, plusieurs équipes se sont déplacées pour proposer des consultations médicales dans des lieux d’hébergements collectifs, des centres COVID+ et dans la rue au moment des distributions de nourriture effectuées par des associations. « On voit bien que le nombre de cas est plus élevé dans les quartiers où les conditions de vie sont plus compliquées. La pandémie de coronavirus a révélé des inégalités déjà flagrantes et mis en avant les failles des dispositifs actuels. »

LES POPULATIONS FRAGILISÉES PAR LE CONFINEMENT À toutes ces populations déjà particulièrement fragiles, s’ajoutent celles qui sont détenues comme en Libye ou encore dans des hotspots en Grèce où vivent des milliers de personnes dans des conditions très précaires. « C’est déjà une catastrophe humanitaire d’enfermer des gens mais au moment où cette épidémie se propage, c’est totalement absurde, ajoute le Dr Isabelle Defourny. C’est mettre des personnes en situation de surexposition et les rendre vulnérables alors qu’elles ne l’étaient pas au départ. » Malgré les difficultés d’intervention, les équipes MSF tentent au maximum de maintenir leur présence dans ces lieux et d’offrir des soins aux détenus « Quand on voit qu’en Libye, les jeunes sont une vingtaine par cellule, dorment les uns sur les autres et mangent dans le même plat, réduire la transmission est impossible. À part ouvrir les portes, je ne vois pas vraiment de solution » conclut-elle.

LORSQUE CELA EST POSSIBLE, MSF MET EN PLACE DES ZONES VERTES : DES ESPACES À L’ÉCART, DANS LES CAMPS DE RÉFUGIÉS, PERMETTANT D’ISOLER LES PERSONNES LES PLUS VULNÉRABLES AU VIRUS, ÂGÉES OU PRÉSENTANT DES FACTEURS AGGRAVANT COMME DES MALADIES CHRONIQUES ET AINSI DE LIMITER LE RISQUE DE CONTAGION.

 suite page 6

« Pour les patients atteints du VIH, par exemple, nous avons réduit le nombre de consultations en direct et nous leur avons donné trois mois de traitements pour qu’ils n’aient pas à se déplacer. »

Dr. Hilde Vochten, coordinatrice médicale MSF « Dans certaines parties du camp de Moria en Grèce, il n’y a qu’un seul point d’eau pour 1 300 personnes et pas de savon. Des familles de cinq ou six personnes doivent dormir dans des espaces ne dépassant pas 3 m2. Cela signifie que les mesures recommandées pour prévenir la propagation du virus sont tout simplement impossibles. » Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 5


GRAND ANGLE

REGARD

En France et en Europe, les personnes âgées résidant en institution ont la particularité d’être à la fois plus exposées à la surmortalité liée au virus et d’avoir été également fragilisées par les mesures prises pour lutter contre la COVID-19, voire négligées dans la réponse à l’épidémie. « L’isolement et l’absence de contact avec leurs familles ont plongé certaines personnes vivant dans des EHPAD (Établissements d’Hébergements pour Personnes Âgées Dépendantes) dans la dépression, et

elles se sont laissées mourir. C’est là où il faut trouver un équilibre pour ne pas les exposer au virus tout en maintenant un lien avec l’extérieur pour éviter un isolement total », explique Olivia Gayraud, responsable du projet d’appui aux EHPAD. Dans les établissements où elles sont intervenues à partir d’avril, les équipes ont constaté que les soignants, en sous-effectif, avaient manqué d’équipements de protection et de renfort médical et paramédical. Quant aux résidents malades, ils ont rarement eu accès aux transferts à l’hôpital où ils auraient pu recevoir de l’oxygène et des traitements associés ou des soins palliatifs. « En plus d’un soutien médical et psychologique, nos équipes ont fourni des soins palliatifs. On ne pouvait laisser mourir ces personnes seules en tête à tête avec le virus et sans traitement pour apaiser leurs souffrances », précise Olivia Gayraud.

JEAN-HERVÉ BRADOL, ANCIEN PRÉSIDENT DE MSF

Pour en savoir plus, abonnez-vous à l’éclairage « Coronavirus : les systèmes de santé à l’épreuve de la pandémie » sur www.msf.fr

« ll y a eu un déséquilibre majeur, aux conséquences catastrophiques, dans l’allocation des ressources disponibles pour répondre à la COVID-19. Elles ont été essentiellement dédiées au renforcement des services hospitaliers tandis que les résidents et les soignants des EHPAD ont été les grands oubliés.  »

EN BREF Yémen Du 30 avril au 31 mai dernier, 279 patients ont été admis au centre de traitement de la COVID-19 géré par MSF à Aden, au moins 143 d’entre eux sont décédés. En plus de nombreux patients dans un état critique, plusieurs éléments indiquent une situation alarmante à Aden : un grand nombre de soignants parmi les malades, y compris au sein du personnel de santé de MSF, et une augmentation très forte du nombre d’enterrements enregistrés par les autorités dans la communauté. 6 I MSF INFOS I Juin 2020

« L’isolement et l’absence de contact avec leurs familles ont plongé certaines personnes vivant dans des EHPAD dans la dépression, et elles se sont laissées mourir. »

Les équipes vont à la rencontre des personnes les plus vulnérables pour leur apporter un soutien médical.

CAMEROUN

Soudan du Sud Les 16 et 17 mai 2020, la ville de Pieri, située dans le nord-est du pays, a une nouvelle fois été le théâtre d’affrontements intercommunautaires d’une violence extrême. Parmi les victimes, MSF déplore un mort et deux blessés, membres de son personnel national. À la suite de cela, MSF a été contrainte de suspendre ses activités médicales, jusqu’à ce que la sécurité du personnel puisse être assurée et garantie.

Confrontées à un violent conflit depuis décembre 2018, de nombreuses personnes ont fui vers les zones rurales, où elles vivent dans des abris de fortune en forêt ou en brousse quand d’autres ont été forcées de se déplacer vers d’autres villes, où elles vivent à la rue ou parmi des familles d’accueil. MSF soutient 19 structures de santé dans les régions du nord-ouest et du sudouest du pays pour fournir des soins d’urgence. Nos équipes assurent également un service d’ambulance gratuit dans les villes de Bamenda, Widikum, Buéa et Kumba.

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enfants ont été vaccinés contre la rougeole dans le district de Beboto au Tchad.

République centrafricaine Lorsque les premiers cas de coronavirus ont été confirmés au mois de mars, le pays était déjà en proie à une urgence humanitaire et sanitaire majeure : une épidémie de rougeole à l’échelle nationale, la plus importante depuis près de deux décennies. En soutien aux autorités sanitaires, MSF a lancé une campagne de vaccination massive pour vacciner plus de 310 000 enfants contre la rougeole dans sept zones sanitaires du pays.

« Tout le monde a commencé à courir. J’ai essayé de m’accrocher au train mais je n’ai pas réussi. La minute d’après, j’étais allongée au sol, entourée de gens. Je ne voulais pas regarder mes jambes, mais la douleur était atroce. Je veux marcher à nouveau. »

Lurvy Elisa Ramírez, 44 ans Lurvy Elisa Ramírez a fui son pays, le Honduras. Elle a été percutée par un train alors qu’elle tentait d’échapper aux membres de la Garde nationale mexicaine. Elle a dû être amputée des deux jambes. Elle a pu être accompagnée par les équipes médicales tout au long de son traitement.

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LE LAB

À VOIX HAUTE « Quelle barbarie… C’est une horreur. Merci aux équipes MSF pour leur courage et leur dévouement. » Hervé

>> Attaque de la maternité de Dasht-e-Barchi à Kaboul, le 12 mai.

« UN POINT D’EAU POUR 1 300 PERSONNES. DANS CE CAMP IL Y A DES MILLIERS D’ÊTRES HUMAINS. » Christine

>> Lesbos, en Grèce, une prison à ciel ouvert.

« La première histoire me touche car elle me rappelle cette nuit où je travaillais pour MSF et où nous avons reçu une famille touchée par un missile. » Haithm

>> Yémen, de l’intérieur : récits d’humanitaires au cœur de la guerre.

« Bravo au photographe pour ce reportage qui nous laisse admiratifs devant le travail des médecins et le courage et la résilience des déplacés. » Annick

>> Dans les yeux d’Andrew Quilty :

en Afghanistan, avec les familles réfugiées dans le camp d’Hérat.

« Les vaccins devraient être gratuits pour les pays les plus pauvres, c’est une honte. » Hervé

>> République démocratique du Congo : face à l’épidémie de rougeole.

Cette rubrique est la vôtre ! Réagissez et partagez votre point de vue. Écrivez-nous : msfinfos@paris.msf.org Suivez-nous : 8 I MSF INFOS I Juin 2020

L’HÔPITAL GONFLABLE POUR GAGNER EN RÉACTIVITÉ PENDANT LES URGENCES Olivier Brandner, superviseur logistique

« C’est la première fois que MSF arrivait à développer une activité chirurgicale très importante après un tremblement de terre. » « La première utilisation de cette structure gonflable remonte à novembre 2005, après le tremblement de terre qui avait dévasté le Cachemire pakistanais. Dans les jours qui ont suivi, des milliers de blessés ont afflué de toute la région sinistrée vers Mansehra, alors que l’hôpital de district était fortement endommagé. MSF y a donc ouvert un hôpital temporaire de plus de 1 000 m², d’une capacité de 120 lits d’hospitalisation, installé sous neuf tentes gonflables. C’est la première fois que MSF arrivait ainsi à développer une activité chirurgicale très importante après un tremblement de terre. En 2010, l’hôpital a été envoyé à Port-au-Prince en Haïti où les besoins en chirurgie étaient très importants à la suite du séisme. Avec le traumatisme qu’avait connu nombre de patients à la suite de l’effondrement des structures en dur, la plupart craignait de se trouver à l’intérieur d’un hôpital normal. L’hôpital gonflable avec ses murs souples et légers était donc plus adapté. Par la suite, nous avons utilisé cette structure en Indonésie, au Soudan du Sud mais aussi au Yémen, dans la bande de Gaza, aux Philippines et au Népal. Plus récemment, nous avons installé l’une de nos tentes dans le CHU de Reims pour aider au renforcement de la capacité d’hospitalisation dans le cadre de la pandémie de la COVID-19 en France. »

Le concept

Ses avantages

L’hôpital gonflable est une structure facile et rapide à monter et à transporter. Elle est modulable et peut être déployée sous la forme d’une ou plusieurs tentes. Elle peut être utilisée en tant que structure d’hospitalisation et accueillir plus d’une centaine de personnes. Lorsqu’elle est transformée en unité chirurgicale, elle est composée de deux blocs opératoires et d’une salle de réveil. L’hôpital est accompagné de tout le matériel médical nécessaire, de générateurs pour l’électricité, de l’équipement hospitalier, d’une pharmacie et d’un système d’approvisionnement en eau.

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Pour un hôpital de 100 lits, il faut un grand espace d’environ 900 m2. L’hôpital comprend plusieurs tentes avec des salles opératoires, une unité de soins intensifs, un service d’urgences, des centres de réhabilitation et de récupération, une pharmacie, etc.

Des pompes mécaniques sont utilisées pour gonfler les neuf tentes. Avec des équipes qui travaillent 24 heures sur 24, tout l’hôpital peut être monté en seulement en trois jours.

L’hôpital gonflable peut être acheminé vers une zone de conflit ou vers une région touchée par une catastrophe naturelle en 48 à 72 heures. Son installation peut être faite en deux ou trois jours. Il permet donc une réactivité plus importante dans des contextes d’urgence, quand les structures existantes ne sont plus fonctionnelles et qu’il faut pouvoir agir rapidement pour prendre en charge un grand nombre de blessés ou de malades dans de bonnes conditions d’hygiène.

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Les électriciens installent des systèmes de chauffage et d’air conditionné. D’autres spécialistes installent l’approvisionnement en eau. Ensuite, l’équipement médical proprement-dit, comme des défibrillateurs et des électrocardiographes, est mis en place.

Quand tout est prêt, entre 80 et 100 membres du personnel médical (chirurgiens, médecins, infirmiers) peuvent commencer à traiter des centaines de patients. Il est possible de monter d’autres tentes pour des lits supplémentaires, si nécessaire.

STÉRILISATION HOSPITALISATION OBSERVATION

Cent litres d’eau par lit sont nécessaires chaque jour.

HOSPITALISATION

TRANSIT

PHARMACIE

Le stock de médicaments est réapprovisionné chaque semaine.

HOSPITALISATION

RÉCUPÉRATION

URGENCES

Les patients sont triés et les équipes médicales y prodiguent les premiers soins.

SOINS INTENSIFS

Les murs sont couverts d’un tissu facilement stérilisable.

BLOC OPÉRATOIRE

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EN APARTÉ

Legs Soutenir MSF Nouveauté et donations autrement Découvrez

Boutique MSF

EN QUESTION

Parole de testateur

Profitez des promotions estivales !

RETOUR SUR LES ACTIVITÉS DE SAUVETAGE EN MER MÉDITERRANÉE

Arnaud S., vit dans le nord de la France et a choisi de léguer une partie de son assurance-vie à MSF. Il nous raconte son histoire et explique les raisons de son choix… « J’ai 35 ans et je suis atteint d’une maladie neurodégénérative, appelée ataxie spino-cérébelleuse… J’ai perdu mes parents : mon papa en 2000, et ma maman en 2015 emportée par la même maladie que moi. En 2019, m’étant relevé de ces tragiques événements, et ayant souscrit un contrat d’assurance-vie sans avoir désigné de bénéficiaires, je me suis interrogé sur ce qu’allait devenir cet argent si je venais à partir. Les sommes que m’ont laissées mes parents m’ont permis d’acheter une maison. Même après cet achat, j’ai du mal à réaliser qu’il me reste encore une somme importante et je ne sais pas trop quoi en faire. J’ai donc choisi d’en faire bénéficier cinq associations humanitaires. Médecins Sans Frontières en fait partie. Les médecins sans frontières défendent des causes qui me touchent, en accord avec mes valeurs... On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Avec ce geste, j’honore la mémoire de ma maman, à qui j’ai fait la promesse de ne pas faire n’importe quoi avec cet argent. Ce legs permettra de venir en aide aux populations les plus vulnérables et de soutenir des personnes qui en ont le plus besoin. »

Merci à nos partenaires engagés dans la lutte contre la COVID-19 aux côtés de MSF Depuis la création de notre Fonds d’Urgence COVID-19 au début de l’épidémie, de nombreux partenaires ont répondu à notre appel de solidarité. Nous tenons à remercier chacun de nos partenaires ayant donné aux équipes MSF les moyens de participer activement à la lutte contre la COVID-19 et de poursuivre nos activités vitales dans le monde entier. • Ils nous ont soutenu financièrement et/ou ont relayé nos besoins auprès de leurs clients, de leurs salariés ou de leur réseau : Société Générale, Fondation Carrefour, HEC Alumni et Sciences Po Alumni, BNP Paribas et son Fonds Urgence et Développement, Crédit Industriel et Commercial (CIC), Maje, OuestFrance Solidarité, Ubisoft, Crédit Agricole Leasing & Factoring, Oddo BHF – Agir pour Demain, SAP France, Mazars, F5 Foundation, 2J Associés, Fondation Nexity, Warning. • Ils ont mis en place des opérations solidaires en ligne pour apporter leur soutien financier : Goodeed avec Jules et Crédit Agricole, Globe Trotoys – Les Déglingos. • Ils nous ont soutenu grâce à des dons en nature : Les Visières de l’Espoir, Maison Berger, Orveda, Suncoo, Chanel, SEAT & SKODA France.

Il existe de nombreuses formes de soutiens que nous recevons avec beaucoup de reconnaissance. L’équipe Relations testateurs est à votre disposition pour vous les présenter et vous accompagner si vous avez un projet de générosité.

Vous souhaitez en savoir plus ? Sandrine Silvestre service relations testateurs Tél. : 01 40 21 29 09 Relations.Testateurs@paris.msf.org 10 I MSF INFOS I Juin 2020

les podcasts MSF !

Laissez-vous embarquer sur nos terrains d’intervention et dans la tête de nos humanitaires, le temps d’un trajet ou d’une sieste. Bonne écoute !

NO FILTER saison 1

Dans les cinq épisodes de cette saison, Thierry Durand, coordinateur de projets pour MSF, vous emmène au cœur du Yémen en guerre, où il s’est rendu pour la première fois dans les années 90.

msf.fr/agir/soutenir-nos-actions/ agir-avec-votre-entreprise

Poster à colorier OMY, sac à dos recyclé, thé Mariage Frères, t-shirts adultes, cartes postales, accessoires, textiles enfants… le choix ne manque pas  ! En commandant nos produits sur la boutique MSF, vous soutenez directement nos actions sur le terrain auprès des plus démunis. Merci de votre solidarité.

Yémen, de l’intérieur : récits d’humanitaires au cœur de la guerre

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Michaël Neuman, Directeur d’études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (Crash)

En avril 2020, MSF met fin à son partenariat avec SOS Méditerranée dans le cadre de ses opérations de sauvetage à bord de l’Ocean Viking. Entre 2015 et avril 2020, les équipes ont porté assistance à plus de 81 000 personnes.

Quelles ont été les grandes étapes pour MSF depuis le début de ses activités de recherche et de sauvetage en mer Méditerranée ?

Portée par cinq voix d’humanitaires, cette expérience immersive livre un témoignage unique sur le conflit yéménite, qui se joue à huis clos depuis mars 2015 et dont les équipes de MSF sont les témoins directs.

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Le Centre du Monde

Cette série originale plonge l’auditeur au cœur du centre d’accueil de Pantin, ouvert en novembre 2017 par MSF pour proposer une aide médicale, administrative et juridique aux réfugiés mineurs non-accompagnés, en collaboration avec plusieurs associations et réseaux citoyens.

Plus d’informations sur les moyens de soutenir MSF avec votre entreprise :

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msf.fr/nos-podcasts

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MSF a démarré ses activités de sauvetage en avril 2015 à la suite de l’arrêt du programme européen et italien Mare Nostrum en 2014. Cet arrêt nous faisait craindre une catastrophe et c’est effectivement ce qui s’est passé puisqu’à ce moment-là ont eu lieu de manière consécutive deux naufrages qui ont fait 800 victimes. Jusqu’en 2017, nous avons pu intervenir en mer avec trois navires Argos, Dignity II et Phoenix sous la relative bienveillance des autorités européennes. Puis, la politique du gouvernement italien ainsi que celle des pays membres de l’Union européenne sur la question de la migration est devenue bien plus offensive. La tension est montée assez vite avec une campagne de presse contre les ONG de secours en mer et le début d’un harcèlement juridique et administratif. Le dispositif de secours est devenu plus fragile. Pendant cette période, les autorités italiennes ont progressivement délégué le secours en mer aux garde-côtes libyens en leur fournissant du matériel et en formant les équipages, ainsi qu’aux navires commerciaux, de manière plus pernicieuse. C’est cette conjonction des deux qui va réduire considérablement l’espace de travail des ONG. À présent, les navires qui partent de Libye sont interceptés par les gardecôtes libyens et ramenés en Libye. Pour ceux qui parviennent à approcher des côtes, la capacité de débarquement en Europe est très contrainte. Chaque sauvetage est suivi de plusieurs jours de négociations sans fin. Tardivement, les États européens vont finalement se mettre

d’accord sur un mécanisme de distribution des migrants débarqués. Malgré de gros incidents, le processus fonctionne de façon relative jusqu’au début de l’année 2020.

Que se passe-t-il ensuite ? En mars 2020, la pandémie de coronavirus est déclarée dans de nombreux pays et vient porter le coup de grâce aux activités de sauvetage en mer. Dans un contexte de travail déjà très compliqué, certains ports notamment en Italie et à Malte sont fermés sous prétexte sanitaire. C’est dans ce contexte que l’Ocean Viking, notre navire de sauvetage en partenariat avec SOS Méditerranée, repart à Marseille et n’en bougera finalement plus. SOS Méditerranée estime que les contraintes sont trop fortes alors que MSF souhaite retourner en mer, et se battre pour obtenir le débarquement des personnes secourues. Il n’y aucune raison que les migrants soient privés de débarquement alors qu’ils ne sont pas malades et que l’on peut mettre en place des quarantaines à terre. Ne s’entendant pas sur ce point crucial, les deux organisations annoncent la fin de leur partenariat le 17 avril.

Quelles sont les perspectives pour MSF ? Les opérations de sauvetage, dans un contexte d’intensification du conflit en Libye, restent un enjeu vital. Nous sommes donc très inquiets de l’interruption de ces opérations d’ONG en Méditerranée. Nous recherchons en ce moment des solution pour reprendre nos interventions, sans succès jusqu’à présent.

Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 11


République démocratique du Congo Une volontaire MSF prend la température d’une petite fille dans le camp de déplacés de Kambe dans la province d’Ituri.

OUI, JE VEUX FAIRE UN DON RÉGULIER DE : 7 EUROS PAR MOIS 10 EUROS PAR MOIS (2,5 euros par mois après réduction fiscale) 15 EUROS PAR MOIS 20 EUROS PAR MOIS .............. EUROS PAR MOIS (montant à votre convenance)

En 2020, si vous êtes assujetti(e) à l’impôt sur le revenu, tout don versé à Médecins Sans Frontières ouvre droit à une réduction d’impôt de 75 %, dans la limite de 1 000 euros de don, 66 % au-delà. Renvoyez ce bulletin daté et signé dans une enveloppe sans l’affranchir à Médecins Sans Frontières - 14-34 avenue Jean-Jaurès, 75 019 Paris

MANDAT DE PRÉLÈVEMENT SEPA EN FAVEUR DE MÉDECINS SANS FRONTIÈRES

Association reconnue d’utilité publique - 14-34 avenue Jean-Jaurès, 75 019 PARIS • ICS : FR32ZZZ193046 Objet du mandat : soutien régulier aux actions de Médecins Sans Frontières Type d’encaissement : récurrent • Référence Unique du Mandat*. * Celle-ci me sera communiquée dès l’enregistrement de mon mandat.

VOS COORDONNÉES J202CMXX Nom / Prénom : ....................................................................................................................................................................................................................................................................... N° : ........................ Rue : ................................................................................................................................................................................................................................................................. Code Postal : ................................................. Ville : ............................................................................................................................................................................................................ LES COORDONNÉES DE VOTRE COMPTE. IBAN (International Bank Account Number)

BIC (Bank Identifier Code)

Fait à : .........................................

Signature :

Le : ................................................

(obligatoire)

En signant ce formulaire de mandat, vous autorisez Médecins Sans Frontières à envoyer des instructions à votre banque pour débiter votre compte, et votre banque à débiter votre compte conformément aux instructions de Médecins Sans Frontières. Le premier versement pourra avoir lieu au plus tôt 5 jours après signature du présent document. Vous bénéficiez du droit d’être remboursé par votre banque selon les conditions décrites dans la convention que vous avez passée avec elle. Toute demande éventuelle de remboursement devra être présentée dans les 8 semaines suivant la date de débit de votre compte pour un prélèvement autorisé, sans tarder et au plus tard dans les 13 mois en cas de prélèvement non autorisé. Vos droits concernant le présent mandat sont expliqués dans un document que vous pouvez obtenir auprès de votre banque. Les informations recueillies dans ce formulaire sont destinées au département de la collecte de dons et aux tiers mandatés par MSF à des fins de gestion interne et pour faire appel à votre générosité. Elles ne sont conservées que pendant la durée strictement nécessaire à la réalisation de ces finalités. Ces données peuvent faire l’objet d’un transfert, notamment vers un pays en dehors de l’Union Européenne, qui sera encadré par les garanties appropriées requises par la règlementation sur la protection des données. Conformément au RGPD et à la Loi Informatique et Libertés, vous disposez de droits sur vos données (accès, rectification, suppression, limitation, portabilité, opposition) quant à leur traitement et à leur utilisation à des fins de prospection, que vous pouvez exercer en nous écrivant par mail à donateurs@paris.msf.org ou par courrier à 14-34 avenue Jean Jaurès - 75 019 PARIS. Pour plus d’information, vous pouvez consulter notre politique de confidentialité disponible sur notre site internet.


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