Soudan : au Darfour du Nord, les enfants pris au piège de la violence et de la faim
Dr Isabelle Defourny Présidente de Médecins Sans Frontières
« J’ai passé plusieurs jours à Gaza en septembre et voici ce que j’ai vu. »
À Gaza, plus de 80 % de la population est aujourd’hui déplacée. L’ampleur de la destruction est extrêmement choquante. Quasiment l’ensemble de notre personnel national a perdu sa maison. 1,5 à 1,6 million de personnes vivent dans une petite bande dans la zone humanitaire. Les gens sont entassés les uns sur les autres sans aucun espace entre les abris. Certains ont des tentes mais beaucoup ont simplement des morceaux de plastique. Ils ont réussi à faire des abris avec des couvertures mais cela sera insuffisant pour résister à l’hiver. L’accès à l’eau, à la nourriture et à l’hygiène constitue également un gros problème. Les distributions d’aides gratuites sont insuffisantes et les aliments vendus dans les marchés sont extrêmement chers. Quant à l’eau, on la trouve en quantité limitée. On voit régulièrement des longues files de personnes qui tentent de se procurer de l’eau.
D’un point de vue médical, il est très difficile de définir des priorités car tout est urgent. On estime à environ 90 000 le nombre de blessés de guerre qui ont besoin de soins. La pédiatrie est également une priorité avec l’arrivée de l’hiver. La médecine adulte en est une autre avec tous les patients atteints de pathologies chroniques dont les soins ont été interrompus en raison du conflit. Dans ce contexte, malgré les difficultés liées à l’acheminement de l’aide humanitaire, nos équipes restent mobilisées et font leur maximum pour fournir une assistance à la population.
SOMMAIRE
FOCUS Tuberculose : un projet pilote pour améliorer la détection, le diagnostic et la prise en charge des enfants
GRAND ANGLE Soudan : au Darfour du Nord, les enfants pris au piège de la violence et de la faim
REGARD Shahed, 16 ans, blessée dans la bande de Gaza puis prise en charge dans notre hôpital à Amman, en Jordanie EN LUMIÈRE Des hôpitaux de campagne pour répondre aux urgences EN APARTÉ Découvrez les cadeaux de fêtes de fin d’année de votre boutique MSF EN QUESTION Méditerranée : des entraves répétées sur les ONG de sauvetage en mer
UNE ANNÉE D’ACTIONS
Tuberculose : un projet pilote pour améliorer la détection, le diagnostic et la prise en charge des enfants
En 2023, un projet visant à augmenter le nombre d’enfants chez qui un diagnostic de tuberculose est posé, à améliorer leur suivi du traitement et à prévenir l’apparition de nouveaux cas a été lancé. Cette initiative innovante, déployée dans une douzaine de pays d’Afrique et d’Asie, se nomme « TACTiC » - “Test, Avoid, Cure Tuberculosis in Children” (« Dépister, éviter, guérir la tuberculose chez les enfants »).
Des chiffres frappants
Plus d’un million de cas de tuberculose estimés chaque année chez des enfants
60 % des cas de tuberculose chez les plus jeunes ne sont jamais diagnostiqués en particulier chez les moins de 5 ans
200 000 enfants meurent de la tuberculose chaque année* et 96 % d’entre eux n’ont jamais été mis sous traitement*
« Depuis que nous avons commencé à appliquer les recommandations de l’OMS dans le district de Bombali, nous avons commencé à détecter et à soigner beaucoup plus d’enfants atteints de tuberculose. Ces nouvelles recommandations nous ont aidés à éviter les erreurs de diagnostic : les médecins qui hésitaient à mettre les enfants sous traitement antituberculeux en l’absence de résultats positifs au test de dépistage se sentent désormais plus à l’aise pour diagnostiquer la tuberculose sur la base des seuls symptômes cliniques. J’ai remarqué une réduction significative du nombre de décès d’enfants atteints de tuberculose dans de nombreux centres de santé. »
Joseph Sesey, responsable clinique à Makeni, en Sierra Leone
La problématique
La tuberculose est une des maladies infectieuses les plus courantes à l’échelle mondiale, avec un peu plus de 10 millions de cas estimés par an. Les plus jeunes y sont particulièrement vulnérables. Leur système immunitaire n’est pas aussi bien développé que celui des adultes. Il sont donc plus susceptibles d’être infectés par la tuberculose, de tomber malade, et aussi de contracter des formes graves de la maladie.
Pourtant, trop d’enfants ne sont pas diagnostiqués notamment car la tuberculose peut ressembler à d’autres maladies. Les cliniciens sont réticents à commencer un
Le projet
long traitement tuberculeux sans un test confirmant que l’enfant est atteint de la tuberculose. Or, une faible quantité de bactéries suffit pour que les enfants tombent malades de la tuberculose et les tests actuellement disponibles ne sont alors pas en mesure de les détecter et de confirmer ainsi la présence de la maladie. De plus, ces tests ont été conçus pour des patients adultes et reposent souvent sur la collecte d’échantillons tels que les crachats, très difficiles à produire pour les enfants.
Le diagnostic est donc souvent retardé, mettant en danger la vie de ces jeunes patients.
En 2022, l’Organisation mondiale de la Santé a publié de nouvelles recommandations sur le diagnostic de la tuberculose chez les enfants. Ces dernières reposent sur un système de points attribués à partir de l’évaluation clinique des symptômes de l’enfant, sans dépendre de résultats de tests de laboratoire ou de radiographies. Au-delà d’un certain score obtenu par addition des points, il est recommandé d’initier un traitement approprié contre la tuberculose.
Nos équipes ont saisi cette opportunité en lançant le projet « TACTiC » - “Test, Avoid, Cure Tuberculosis in Children” (« Dépister, éviter, guérir la tuberculose chez les enfants »). Mis en place dans plus d’une douzaine de pays d’Afrique et d’Asie, ce projet aide nos équipes et leurs partenaires sur le terrain à mettre en œuvre ces nouvelles recommandations. Il poursuit également l’objectif d’améliorer la recherche et l’accès aux traitements préventifs pour les enfants de moins de cinq ans vivant en contact étroit avec des adultes atteints de tuberculose qui sont particulièrement susceptibles d’être contaminés.
« La mise en œuvre de ces recommandations peut aider à diagnostiquer les enfants plus tôt et à en traiter un plus grand nombre plus rapidement. Nos premières expériences dans des projets pilotes montrent que ce nombre peut être multiplié par cinq avec l’introduction de ces nouvelles mesures. Malheureusement, elles ne sont pas encore suffisamment mises en pratique et il reste donc beaucoup à faire. »
Cathy Hewison, responsable du groupe de travail sur la tuberculose
Soudan : au Darfour du Nord, les enfants pris au piège de la violence et de la faim
Depuis le 15 avril 2023 et le début des combats entre les Forces de soutien rapide (RSF) et les Forces armées soudanaises (SAF), le Soudan connaît une grave crise humanitaire avec le plus grand nombre de déplacés, de réfugiés et de personnes en insécurité alimentaire sévère au monde. Dans le camp de déplacés de Zamzam au Darfour du Nord, nos équipes constatent une situation nutritionnelle catastrophique, résultant notamment du blocage de l’acheminement de l’aide humanitaire par les forces armées, qui met la vie de centaines de milliers d’enfants en danger.
L«a situation nutritionnelle est désastreuse. Les prix sont très élevés, il y a peu d’aliments disponibles et la population ne trouve pas de quoi manger. Tout cela se passe dans un contexte de guerre. Ces facteurs sont extrêmement préoccupants pour la santé des enfants », alertait il y a quelques mois le Dr Alnazir Muhajir Abdallah, responsable des activités médicales au Soudan
Dans le camp de Zamzam, situé
dans le Darfour du Nord, à quelques dizaines de kilomètres de la ville d’El Fasher, 450 000 personnes vivent dans des conditions particulièrement précaires où elles manquent de nourriture, de soins et de biens essentiels. Au début du mois de septembre, les résultats d’un dépistage nutritionnel réalisé par les autorités sanitaires soudanaises indiquent une situation nutritionnelle désastreuse. Parmi les quelque 29 000 enfants de moins de cinq ans examinés, 10,1 % souffrent de malnutrition
aiguë sévère, une condition potentiellement mortelle, tandis que 34,8 % souffrent de malnutrition aiguë globale. « Ces taux de malnutrition sont parmi les plus élevés au monde, explique Emmanuel Berbain, médecin et référent nutrition . En février, lors d’une enquête de mortalité menée par nos équipes, on considérait qu’un enfant mourait toutes les deux heures en moyenne dans le camp de Zamzam. Depuis, les chiffres relatifs à la malnutrition n’ont fait que grimper. »
«Parmi les quelque 29 000 enfants de moins de cinq ans examinés, 10,1 % souffrent de malnutrition aiguë sévère, une condition potentiellement mortelle, tandis que 34,8 % souffrent de malnutrition aiguë globale. »
Muhab reçoit des aliments thérapeutiques dans notre clinique du camp de Zamzam.
« Deux camions affrétés par MSF et remplis de médicaments et d’aliments thérapeutiques ont été bloqués durant trois mois à une demi-journée de route d’El Fasher et Zamzam. ll y avait une volonté claire de la part des RSF de ne rien laisser passer. »
« Ces résultats confirment la catastrophe que nous dénonçons depuis des mois, avec d’autres organisations, mais ils indiquent surtout que la situation empire de jour en jour et que le temps presse, ajoute Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d’urgence pour MSF. Nous parlons de milliers d’enfants qui risquent de mourir s’ils ne reçoivent pas les soins nécessaires et si des solutions urgentes ne sont pas trouvées pour que l’aide humanitaire soit enfin autorisée à être acheminée en quantités massives au camp de Zamzam. »
L’ACHEMINEMENT BLOQUÉ PAR LES PARTIES AU CONFLIT
La plupart des voies d’approvisionnement vers le camp de Zamzam et la ville voisine d’El Fasher sont contrôlées par les Forces de soutien rapide (RSF) qui ont rendu quasiment impossible l’acheminement d’aliments thérapeutiques, de médicaments et de produits de première nécessité depuis l’intensification des combats autour d’El Fasher en mai dernier. Ainsi, la nourriture disponible provient majoritairement des stocks préexistants, qui sont insuffisants pour les habitants, et les prix des denrées alimentaires sont au moins trois fois plus élevés que dans le reste du Darfour. Nos équipes sur place rapportent que pour beaucoup, il est impossible de manger plus d’un repas par jour. Globalement, ce sont l’ensemble des parties au conflit qui empêchent l’acheminement d’une aide humanitaire d’urgence aussi bien au Darfour que dans le reste du Soudan.
« Deux camions affrétés par MSF et remplis de médicaments et d’aliments thérapeutiques ont été bloqués durant trois mois à une
demi-journée de route d’El Fasher et Zamzam. ll y avait une volonté claire de la part des RSF de ne rien laisser passer. Nous sommes dans un statu quo désespérant et nos stocks de médicaments et d’intrants nutritionnels s’épuisent très rapidement », explique Claudine Mayer, référente médicale pour MSF.
MSF CONTRAINTE D’ARRÊTER DE SOIGNER
5 000 ENFANTS
MALNUTRIS
PENDANT UN MOIS
Nos équipes gèrent deux cliniques au sein du camp où elles effectuent des consultations médicales, fournissent des aliments thérapeutiques aux enfants malnutris et mènent des activités de vaccination. Elles interviennent également dans un hôpital de 80 lits où elles prennent en charge les enfants sévèrement malnutris. Avec les blocages liés à l’acheminement, depuis fin août elles ne sont plus en mesure de poursuivre certaines activités. « Dans une situation aussi critique, nous devrions intensifier notre réponse. Au lieu de cela, à court de fournitures, nous atteignons un point de rupture
Un rapport publié par MSF met également en avant une situation désastreuse dans le Darfour du Sud. En août 2024, parmi les 30 000 enfants de moins de deux ans qui ont fait l’objet d’un dépistage de malnutrition, 32,5 % souffraient de malnutrition aiguë, bien au-delà du seuil d’urgence de 15 % fixé par Organisation mondiale de la Santé (OMS). En outre, 8,1 % des enfants dépistés souffraient de malnutrition aiguë sévère.
UNE SITUATION EN CONSTANTE ÉVOLUTION À l’heure où nous bouclons ce journal, le conflit au Soudan ne cesse d’évoluer. Pour suivre les dernières informations concernant la crise nutritionnelle dans le camp de Zamzam ainsi que les activités mises en place par nos équipes, rendez-vous sur msf.fr
Saadiah, avec sa fille, dans notre clinique du camp de Zamzam.
« MSF TENTE DE COMBLER CERTAINES LACUNES. DANS DE NOMBREUX ENDROITS OÙ NOUS TRAVAILLONS, NOUS SOMMES SOUVENT LA SEULE ORGANISATION INTERNATIONALE EN ACTIVITÉ, MAIS NOUS NE POUVONS PAS FAIRE FACE SEULS À CETTE CRISE GIGANTESQUE. C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT COMMENCER À APPORTER UNE RÉPONSE SIGNIFICATIVE ET À FAIRE PARVENIR L’AIDE AUX PERSONNES QUI EN ONT LE PLUS BESOIN. IL N’Y A PLUS DE TEMPS À PERDRE. »
Esperanza Santos, coordinatrice d’urgence de MSF à Port-Soudan.
et sommes contraints de réduire notre activité pour nous concentrer uniquement sur les enfants dont l’état est le plus sévère » explique Claudine Mayer. « Cela signifie que nous avons dû suspendre le traitement des formes moins sévères de malnutrition - comme la malnutrition modérée - et mettre fin aux consultations offertes aux adultes et aux enfants de plus de cinq ans, qui représentaient des milliers de consultations chaque mois. »
Pourtant, le risque pour un enfant qui souffre de malnutrition modérée est de tomber rapidement dans la malnutrition sévère et de décéder en 3 à 6 semaines. « Sur 100 enfants suivis en ambulatoire, 15 à 20 % seront hospitalisés pour une complication aiguë liée à la malnutrition telle qu’une méningite, un paludisme, une insuffisance respiratoire. Il est donc essentiel de maintenir un suivi pour ces enfants dont la vie peut être rapidement en danger », explique Emmanuel Berbain.
En septembre 2024, c’est l’épuisement des stocks et nos équipes sont dans l’obligation d’arrêter les soins ambulatoires qu’elles réussissaient encore à prodiguer. Ce sont en tout 5 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë qui sont concernés par l’arrêt de
ces activités. L’hôpital géré par MSF dans le camp fonctionne, lui, encore, pour soigner les enfants les plus menacés. « En raison des blocages inadmissibles [que nous subissons], nous avons l’impression d’abandonner un nombre croissant de patients qui n’ont déjà que très peu d’options pour obtenir des soins médicaux vitaux », explique Michel-Olivier Lacharité. Fin octobre, une fragile reprise du programme de prise en charge ambulatoire de la malnutrition aiguë s’amorce pour les enfants les plus gravement touchés. L’arrivée le 31 octobre de plusieurs de nos camions partis de l’est du Tchad permet de relancer cette activité vitale, du moins temporairement.
UN APPROVISIONNEMENT MASSIF EST VITAL
«Nous explorons toutes les options possibles pour venir en aide à la population de Zamzam et nous continuons de nous préparer, par exemple pour distribuer massivement des aliments thérapeutiques, explique Claudine Mayer. Nous réfléchissons également à la possibilité d’organiser des distributions de grande ampleur de nourriture même si nous avons
Dépistage nutritionnel dans le camp de Zamzam.
« Nous explorons toutes les options possibles pour venir en aide à la population de Zamzam et nous continuons de nous préparer, par exemple pour distribuer massivement des aliments thérapeutiques. »
conscience de la difficulté que cela représente. En effet, pour fournir un mois de rations alimentaires d’urgence, soit environ 500 calories par jour et par personne, aux 450 000 habitants de Zamzam, il faudrait près de 2 000 tonnes de nourriture et 100 camions pour les livrer. »
En parallèle, MSF continue d’appeler l’ensemble des acteurs diplomatiques, les Forces de Soutien Rapide (RSF), les Forces Armées Soudanaises (SAF) et leurs alliés respectifs, à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire vers le camp. « Le retarder, c’est provoquer des décès par milliers, parmi les plus vulnérables », conclut Michel-Olivier Lacharité.
Liban
L’opération militaire de grande envergure débutée par l’armée israélienne le 23 septembre au Liban a entraîné des déplacements massifs de population. En réponse à la situation désastreuse, nos équipes ont intensifié leur réponse d’urgence et envoyé des équipes médicales mobiles, comprenant des médecins, des infirmières, des psychologues, des conseillers et des promoteurs de santé, dans les écoles et autres abris à travers le pays. Elles ont effectué plus de 1 780 consultations médicales en une seule semaine et ont distribué des produits essentiels, des kits d’hygiène, des repas et de l’eau potable aux personnes et aux familles déplacées.
8 000,
PANORAMA
République démocratique du Congo
Dans un rapport publié fin septembre, MSF annonce avoir soigné, aux côtés du ministère de la Santé, 25 166 victimes de violences sexuelles en RDC en 2023 et au cours des premiers mois de 2024. Ce chiffre est de loin le plus élevé enregistré par nos équipes en RDC. À partir des besoins exprimés par les victimes, le rapport liste une vingtaine de mesures à mettre en place de toute urgence, adressées aux parties au conflit, aux autorités congolaises nationales, provinciales et locales ainsi qu’aux bailleurs de fonds internationaux et au secteur humanitaire dans son ensemble.
c’est le nombre de transferts de patients vers les hôpitaux de l’ouest de l’Ukraine, effectués par nos ambulances, entre le 1er janvier et le 31 juillet 2024. La majorité d’entre eux étaient des blessés de guerre.
Soudan du Sud
Le pays fait face à des inondations d’une ampleur rarement observée ces dernières décennies. À Old Fangak, seules des digues faites de boue protègent des milliers de personnes de la submersion. Présente dans la zone depuis 2014, nos équipes ont commencé à travailler dans l’hôpital d’Old Fangak puis ont mis en place des cliniques mobiles qui circulent en bateau le long de la rivière Phow et du Nil blanc. Malgré les inondations, l’hôpital continue de fonctionner et d’accueillir des patients souffrant principalement de malnutrition, de paludisme et de maladies d’origine hydrique.
Nigéria
Selon un dépistage de masse mené en juin par MSF et le ministère de la Santé, un enfant de moins de cinq ans sur quatre souffrait de malnutrition dans les zones de Shinkafi et Zurmi, dans l’État de Zamfara, au Nigéria. Sur les 97 149 enfants examinés dans 21 zones urbaines et rurales, 27 % souffraient de malnutrition aiguë, dont 5 % de malnutrition aiguë sévère. Ces chiffres dépassant largement le seuil d’alerte critique de prévalence de la malnutrition établi par l’OMS. MSF appelle les autorités sanitaires, les organisations internationales et les bailleurs de fonds à intensifier immédiatement leurs efforts pour lutter contre la crise nutritionnelle dans l’État de Zamfara et dans l’ensemble du nordouest du pays.
HONDURAS
POUR FAIRE FACE À L’AUGMENTATION DES CAS DE DENGUE EN JUIN, NOS ÉQUIPES ONT IMMÉDIATEMENT FOURNI DU PERSONNEL, DES MÉDICAMENTS ET DU MATÉRIEL MÉDICAL À DIFFÉRENTS CENTRES DE STABILISATION DANS LES MUNICIPALITÉS DE PUERTO CORTÉS, SANTA CRUZ DE YOJOA ET VILLANUEVA. L’OBJECTIF ÉTANT D’EMPÊCHER LES CAS LÉGERS DE DENGUE D’ÉVOLUER VERS DES CAS GRAVES NÉCESSITANT UNE HOSPITALISATION. NOS ÉQUIPES SOUTIENNENT LES ACTIVITÉS DE PRÉVENTION MISES EN PLACE DANS LES RÉGIONS DE CORTÉS ET DE SAN PEDRO SULA.
REGARD
« J’ai senti une forte pression et une odeur de fumée, puis je me souviens m’être réveillée dans l’ambulance. »
Le 9 décembre 2023, Shahed, 16 ans, originaire de Rafah, dans la bande de Gaza, dormait lorsqu’une frappe aérienne israélienne a détruit sa maison, tuant son père et sa sœur.
Shahed a été gravement blessée à la jambe et a failli être amputée. Après avoir été opérée à l’hôpital européen de Gaza, elle a finalement été évacuée vers notre hôpital de chirurgie reconstructive à Amman, en Jordanie, où elle reçoit un traitement incluant chirurgie, kinésithérapie et prise en charge psychologique.
Suivez-nous sur
Installation de l’hôpital de campagne d’Adré au Tchad
Qu’est-ce qu’un hôpital de campagne ?
Un hôpital de campagne est une structure de santé mobile, montée de façon temporaire pour apporter une réponse médicale rapide dans des contextes où les hôpitaux ne sont plus fonctionnels ou complètement saturés par une urgence. Il permet de proposer des activités médicales adaptées à la situation et aux besoins des patients, dans de bonnes conditions d’hygiène. C’est une structure complètement indépendante alimentée par des générateurs et une station d’eau potable.
Son acheminement et son déploiement
Des hôpitaux de campagne pour répondre aux urgences
Depuis 2005, notre association met en place des hôpitaux de campagne sous tentes susceptibles d’être déployés en un temps minimum pour répondre aux besoins lors d’une intervention d’urgence.
Entre la prise de décision au siège et l’accueil du premier patient, pour déployer un hôpital de campagne, il faut compter entre 2 et 4 semaines de travail pour une équipe d’une dizaine de personnes, en fonction de la facilité d’accès au terrain et de la taille de la structure. L’acheminement se fait la plupart du temps par avion cargo pour plus de rapidité.
DE QUOI PEUT ÊTRE COMPOSÉ UN HÔPITAL DE CAMPAGNE ?
• Salle de triage : elle sert à effectuer un premier examen médical des patients, puis à transférer les cas graves ou complexes vers la salle d’urgence, tandis que les cas plus simples sont dirigés vers le service de consultations externes
• Salle de consultations : ce service assure les consultations ambulatoires générales (soins de santé primaire, gynéco-obstétrique, pédiatrie, pansements….)
• Urgences où sont reçus les cas complexes et graves issus de la salle de triage
• 2 blocs opératoires qui peuvent chacun être le lieu de 7 interventions chirurgicales majeures et 15 mineures par jour
• Maternité / Salle d’accouchement
• Service d’hospitalisation avec une capacité maximum de 120 lits
• Pharmacie centrale
• Stérilisation / buanderie
• Salle de radiologie
Laboratoire / banque de sang
• Morgue
« Développé en 2005, l’hôpital de campagne était avant tout pensé pour fournir une réponse chirurgicale rapide lors des catastrophes naturelles. Puis, au cours des dernières années, nous avons redéfini le concept. Notre hôpital de campagne d’aujourd’hui ressemble davantage à une boîte à outils à partir de laquelle il est possible de choisir le type d'activités médicales que l’on souhaite déployer en fonction des besoins. Il est conçu pour fournir les abris, l'eau et les systèmes énergétiques nécessaires à chaque activité médicale.»
Olivier Brandner, responsable logistique des programmes d’urgence
QUELQUES EXEMPLES D’INSTALLATION
2005 : Manshera au Pakistan à la suite d’un tremblement de terre 2010 : Port-au-Prince en Haïti à la suite d’un tremblement de terre
2013 : Tacloban aux Philippines à la suite d’un ouragan
2015 : Arughat au Népal à la suite d’un tremblement de terre 2023 : Adré au Tchad à la suite d’afflux massifs de personnes fuyant le conflit au Soudan. Les équipes ont installé un hôpital d’une capacité de 200 lits composé de deux blocs opératoires.
2024 : Deir Al Balah à Gaza pour pallier la destruction des hôpitaux par l’armée israélienne
Focus sur les hôpitaux de campagne de Deir Al Balah à Gaza
En septembre dernier, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), seuls 17 des 36 hôpitaux de Gaza étaient encore opérationnels. Pour faire face aux besoins médicaux immenses de la population, entre fin août et miseptembre nos équipes ont ouvert deux hôpitaux de campagne à Deir Al Balah dans le centre de Gaza. Fin octobre, ils accueillaient environ 60 lits d’hospitalisation. Celui ouvert mi-septembre, présenté dans les images, est notamment composé d’une salle de consultations, d’un service d’urgence et d’une maternité.
À Gaza, la décision d’installer de tels hôpitaux fait suite à la destruction du système de santé par les bombardements et les attaques de l’armée israélienne.
« Aucun hôpital de campagne ne peut remplacer un système de santé fonctionnel à Gaza. Il s’agit d’une solution de dernier recours pour fournir des soins médicaux urgents. Mais c’est vraiment une goutte d’eau dans l’océan », Dr Sohaib Safi, coordinateur médical adjoint à Gaza.
Hôpital de campagne de Deir Al Balah à Gaza
Hôpital de campagne d'Adré au Tchad
EN APARTÉ
Legs et successions La
donation temporaire d’usufruit pour
soutenir MSF dans la durée
La donation temporaire d’usufruit peut être envisagée pour soutenir une association, comme Médecins Sans Frontières, en lui octroyant des ressources pour mener à bien ses missions.
Elle consiste à céder, l’usufruit d’un bien productif de revenus à l’association qui les perçoit à votre place comme, par exemple, un portefeuille de valeurs mobilières ou un logement locatif.
Pendant la durée de l’usufruit, vous restez nu-propriétaire et à son terme, vous en recouvrez la pleine propriété.
Quels avantages ?
En tant que donateur, vous bénéficiez d’avantages fiscaux avec une diminution de votre Impôt sur le Revenu, les revenus étant perçus par MSF, et de votre Impôt sur la Fortune Immobilière si vous y êtes assujetti, le bien immobilier n’étant plus intégré à votre patrimoine imposable, dès lors que l’opération respecte les conditions suivantes :
• La donation temporaire d’usufruit est constatée par acte notarié
• Elle est consentie à une association ou une fondation reconnue d’utilité publique
• Elle est effectuée pour une période minimale de trois ans
• Elle porte sur des biens qui contribuent à la réalisation des missions de l’organisme gratifié.
• L’acte notarié de la donation temporaire d’usufruit fixe les modalités de gestion du bien donné pendant la durée du démembrement (en général, un mandat de gestion est confié au donateur ou à une tierce personne) et les aménagements dans la répartition des charges entre le donateur et le donataire.
Vous souhaitez en savoir plus ? N’hésitez pas à contacter notre équipe du lundi au vendredi de 9h00 à 18h00.
Tél. : 01 40 21 29 09
E-mail : relations.testateurs@paris.msf.org. Vous pouvez aussi scanner ce QR code :
Soutenir autrement
La Fondation Ramsay Santé et la lutte contre la tuberculose au Niger : le podomètre solidaire
Cette année, la Fondation Ramsay Santé a choisi de soutenir un projet de MSF à l’occasion de son challenge solidaire annuel « #1Pas,1Don/#IwalkIgive » via l’application Kiplin. En comptant leurs pas, les collaborateurs du groupe Ramsay Santé lèvent des fonds !
La Fondation d’entreprise Ramsay Santé (FRS) soutient, initie ou réalise des projets d’intérêt général en matière d’éducation à la prévention santé, en partenariat avec des associations, des organismes, ou encore d’autres fondations, avec l’appui ou en liaison avec les professionnels de santé du groupe.
Du 26 septembre au 7 octobre 2024, son challenge solidaire annuel « #1pas1 don/#IwalkIgive » a réuni l’ensemble des collaborateurs de Ramsay Santé en France, Danemark, Italie, Suède et Norvège pour lever des fonds par le biais de l’application mobile Kiplin, qui propose des parcours santé centrés sur l’activité physique : jeux connectés, séances d’activité physique en visio, quiz santé,
tests d’évaluation de la condition physique, bilans de santé.
Le projet choisi, le projet TACTiC (Test, Avoid, Cure Tuberculosis in Children) vise à réduire le nombre de décès dus à la tuberculose, en améliorant durablement le dépistage, la prise en charge et la prévention de cette maladie.
Actuellement, 96 % des enfants atteints meurent sans avoir reçu de traitement approprié. Il s’agit de transformer la façon dont la tuberculose est prise en charge chez les enfants dans les projets MSF et au-delà.
« Nous apprécions beaucoup pouvoir nous appuyer sur MSF pour aider les personnes en difficulté »
X. et C. C. sont un couple de donateurs engagés auprès de MSF depuis plus de quinze ans. Leur confiance renouvelée est notamment motivée par la transparence, l’éthique de travail et l’œil critique et analytique que l’association porte sur ses activités.
X. et C. C. se souviennent : c’était à l’occasion de leur première réunion donateurs que le couple a été convaincu de la pertinence de leur engagement auprès de MSF. « Cette réunion nous a permis d’apprécier le haut niveau de professionnalisme de l’organisation et des intervenants, la manière d’aborder les relations locales en toute neutralité, afin de rester libre de son intervention, et sans devoir faire de distinction entre les personnes aidées. », racontent-ils. Pour X. et C. C., l’envergure mondiale et la transparence des actions de
l’association sont des gages de confiance indéniables. « Toute aide est nécessaire et indispensable. Nous sommes très frappés par la violence dans le monde, en augmentation constante, par la perception généralement faussée des phénomènes de migration et les réactions sans humanité qui en résultent » À cette occasion, le couple souligne que la capacité de MSF à porter constamment un regard critique sur ses propres pratiques et de ce fait de les faire évoluer est une vraie force.
Boutique MSF
Pour Noël, offrez aux plus petits un jeu amusant et éducatif pour leur faire découvrir les missions de MSF !
À travers un puzzle et un jeu de mémoire, MSF plonge les enfants dans l’univers du soin médical. Ces jeux éco-responsables, à la fois ludiques et instructifs, leur permettront d’explorer le monde des missions humanitaires tout en les amusant avec des images colorées et captivantes !
EN QUESTION
Méditerranée
: des entraves répétées sur les ONG de sauvetage en mer
Michaël
Neuman, directeur d’études au Centre de Réflexion sur l’Action et les Savoirs Humanitaires (CRASH), abrité par La Fondation MSF.
MSF Infos : Qu’est-ce que le procès de Trapani dont les conclusions ont été rendues cette année ?
En mer Méditerranée, les organisations civiles de secours en mer ne cessent d’être contraintes dans leurs opérations par le gouvernement italien qui multiplie les obstacles. Ce sont ceux qui tentent la traversée en quête de protection qui payent le prix fort de ces mesures.
Michaël Neuman : L’exécutif italien lutte avec force depuis plusieurs années contre le débarquement des bateaux de sauvetage dans ses ports. En 2021, la justice a engagé des poursuites contre 21 personnes, dont du personnel de MSF pour aide et incitation à l’entrée irrégulière de personnes sur son territoire en 2016 et 2017. Les charges ont finalement été abandonnées en avril cette année. C’est un moment important qui s’inscrit dans une grande continuité car la justice italienne n’a jamais condamné d’organisations de secours en mer quelles que soient les charges retenues.
Pourtant ces derniers mois, le Geo Barents, notre navire de sauvetage, a été immobilisé plusieurs fois. Comment l’interpréter ?
Quels sont les enjeux de la coordination entre organisations de sauvetage en mer et garde-côtes libyens ?
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M.N : Le 26 août dernier, les autorités italiennes ont ordonné la détention du Geo Barents pour 60 jours, après le sauvetage de 191 personnes. En septembre 2024, l’ordre de séquestre a été suspendu par la justice, puis le navire a reçu deux nouveaux ordres de suspension distincts. Il s’agit de la poursuite de la stratégie du gouvernement italien qui consiste à décourager et dissuader tous les dispositifs de secours non libyens par différentes mesures : sanctions et procédures administratives découlant de manquements présumés aux règles de secours en mer (défaut de coordination avec les garde-côtes libyens, problèmes liés aux normes de sécurité sur les navires…) ou envoi des bateaux dans des ports lointains pour effectuer le débarquement des personnes secourues. L’ensemble de ces mesures a pour résultat une baisse des capacités de secours en Méditerranée, et donc, une augmentation des risques pour ceux qui tentent de la traverser.
M.N : Les garde-côtes libyens considèrent que dès lors qu’ils arrivent sur un lieu de sauvetage, ils prennent le contrôle de l’opération et que les sauveteurs présents doivent se retirer. Or ils interviennent souvent tard et parfois alors même qu’une opération de secours est déjà en cours. Leurs opérations d’interceptions sont menées de manière violente : ils intimident, menacent, vont parfois jusqu’à tirer sur les navires de sauvetage. Leur objectif est de ramener les personnes en Libye. Or, ce type de retour a été condamné par la justice italienne qui a décrété en février 2024 que la Libye ne pouvait pas être considérée comme un port d’accueil sûr. Selon elle, faciliter l’interception de migrants par les Libyens serait un crime d’abandon et une mise en danger de ces personnes. L’exécutif italien va à l’encontre de ce qu’a prononcé la justice italienne en apportant un soutien sans faille aux garde-côtes libyens.
Quelle est la position de l’Union européenne (UE) concernant ces attaques successives ?
M.N : La politique italienne s’imbrique entièrement dans celle de l’UE dont elle se fait le bras armé. La position européenne est assez paradoxale puisqu’en même temps que l’UE reconnaît la nature criminelle de certains acteurs libyens, elle continue de les soutenir à coup de dizaines de millions d’euros. En outre, l’UE encourage la dissuasion du dispositif de sauvetage mis en place par les ONG, qu’elle identifie comme facilitant l’arrivée des exilés, qui sont l’objet de violences, de tortures et d’abus de toutes sortes en Libye. Le nombre estimé de morts en Méditerranée en 2024 s’élève à un millier. Chaque jour de présence des secouristes en mer perdu représente un risque accru de disparition pour les personnes migrantes.
DE MÉDECINS SANS FRONTIÈRES
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