/ N°221 / Mars 2025 / 2€

/ N°221 / Mars 2025 / 2€
« Fin janvier, le groupe armé M23/AFC, soutenu par le Rwanda et contrôlant une large partie du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, est entré dans Goma, la capitale de la province.
Le groupe a pris le contrôle de la ville à la suite de plusieurs jours de combats très violents avec l’armée congolaise et ses alliés. Le bilan humain est dramatique : plus de 2 900 morts et des milliers de blessés, notamment pris en charge par le CICR et MSF. Les hôpitaux et les morgues se sont vite retrouvés débordés.
Les 650 000 personnes déplacées qui vivaient dans des camps insalubres autour de Goma après avoir fui l’insécurité dans la région depuis des années ont été pris au milieu des combats. Beaucoup ont fui dans diverses directions et à multiples reprises, terrifiés et ne sachant plus où trouver refuge. Aujourd’hui, les camps se sont tous vidés au gré des combats et d’ordres d’évacuation intimant aux déplacés de rentrer chez eux à la hâte.
Nos équipes se sont rendues sur les lieux de transit et de retour des populations, poussées une nouvelle fois sur les routes dans la plus grande incertitude. En parallèle, elles continuent à apporter des soins de santé aux déplacés qui ont décidé de rester à Goma et aux habitants de la ville, tout en prenant en charge les blessés de guerre et les victimes de violences sexuelles. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les affrontements armés se poursuivent au Sud-Kivu, où les déplacements de population sont encore nombreux. »
FOCUS Soudan : un pays dévasté par la guerre depuis deux ans GRAND ANGLE Malnutrition infantile : MSF sur tous les fronts REGARD Adior Manut, 26 ans, déplacée avec ses enfants au Soudan du Sud EN LUMIÈRE Texas, un mineur soudanais de 16 ans, nous livre son quotidien dans son campement de Calais EN APARTÉ Découvrez la collection gourmande spéciale Pâques de la boutique MSF EN QUESTION Palestine : témoigner de l’indescriptible
ENCART LEGS
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre civile qui oppose les Forces de soutien rapide (RSF) et les Forces armées soudanaises (SAF) entraînant une crise sans précédent : près de 11 millions de personnes, soit 20 % de la population est déplacée et 50 % des Soudanais n’ont pas accès à de la nourriture en quantité suffisante. Malgré l’insécurité, et les lourdes entraves à l’aide humanitaire imposées par les deux parties belligérantes, nos équipes font tout ce qu’elles peuvent pour maintenir des activités dans plusieurs États du pays depuis deux ans.
Plus de 91 600 consultations pédiatriques effectuées*
Près de 60 000 cas de malnutrition traités*
Près de 4 500 opérations chirurgicales pratiquées*
* Entre janvier 2024 et février 2025.
États dans lesquels nos équipes interviennent
Les structures médicales et le personnel de santé attaqués
Depuis le début du conflit, les hôpitaux et le personnel de santé sont régulièrement les cibles d’attaques, de menaces et de blocages. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), près de 80 % des établissements de santé sont aujourd’hui hors service, paralysant davantage un système de santé déjà fragile. Nos équipes sont également victimes de cette violence dans les structures où elles travaillent et ont dû interrompre leurs activités dans certaines d’entre elles. C’est notamment le cas à l’hôpital turc à Khartoum (1) où elles ont réussi à fournir des soins vitaux pendant près de 14 mois, malgré les nombreuses obstructions souvent délibérées des parties belligérantes, avant de devoir quitter la structure en juillet 2024.
Une guerre qui n’épargne pas les civils
La liste des frappes et bombardements de zones résidentielles densément peuplées et de lieux publics comme les marchés n’en finit pas de s’allonger, au mépris de toutes les conventions internationales de droit
humanitaire. En février 2025, nos équipes ont reçu des afflux massifs de blessés dans trois régions du Soudan - Khartoum (1), le Darfour du Nord (2) et le Darfour du Sud (3). Le 4 février 2025, par exemple, à Nyala, capitale de l’État du Darfour du Sud (3), 21 patients blessés ont été amenés à l’hôpital universitaire de la ville soutenu par nos équipes, après une frappe des forces armées soudanaises sur une usine d’huile d’arachide, qui aurait fait 25 morts. La veille, des frappes aériennes ont touché des quartiers résidentiels de la ville. 32 personnes auraient été tuées et des dizaines de blessés ont également été emmenés à l’hôpital.
> Rendez-vous en page 4 pour découvrir notre dossier consacré à la malnutrition au Soudan et au Nigéria.
La population menacée par les épidémies
En août 2024, les autorités soudanaises ont déclaré une épidémie de choléra, touchant les États de Kassala (4), Gedaref (5), Khartoum (1), d’Al-Jazirah et du Nil (6). Nos équipes se sont mobilisées pour aider le ministère de la Santé à répondre à l’épidémie, en mettant en
place et en gérant des centres et des unités de traitement du choléra, ainsi qu’en apportant un soutien aux structures médicales dans les zones les plus touchées ou les plus difficiles d’accès. Plus de 2 160 patients ont ainsi été pris en charge entre la fin du mois d’août et le 9 septembre 2024.
Au Darfour Central (7), à Rokero, une épidémie de rougeole a touché la région entre juin et octobre 2024, infectant plus de 1 000 personnes, pour la plupart des enfants de moins de cinq ans. Pour contrôler l’épidémie et protéger la population, nos équipes ont vacciné plus de 9 000 enfants.
Une réponse humanitaire qui doit être à la hauteur des besoins
Depuis le début du conflit, les organisations humanitaires internationales et les bailleurs ne parviennent pas à apporter une réponse adéquate à l’escalade des besoins médicaux dans le pays, allant de la malnutrition infantile aux épidémies généralisées. Les lourdes restrictions imposées par les deux parties belligérantes limitent en plus considérablement les capacités d’acheminement de l’aide, y compris celles de nos équipes. Une réponse significative et rapide est vitale.
Na’ima tient sa fille de deux ans pendant qu’une de nos employées mesure la circonférence moyenne de son bras au centre d’alimentation thérapeutique ambulatoire de
Alors que le sommet Nutrition for Growth s’est tenu les 27 et 28 mars dernier à Paris, nos équipes font face à des taux de malnutrition extrêmement alarmants sur plusieurs terrains d’intervention, dont le Soudan et le Nigéria. Que ce soit dans le cadre de conflits ou de crises dites “chroniques”, la lutte contre la malnutrition est loin d’être gagnée, et les avancées restent fragiles. Il est pourtant aujourd’hui essentiel de travailler sur une réponse pérenne, et ce d’autant plus que les contributions de certains bailleurs internationaux sont de plus en plus incertaines.
« La mobilisation humanitaire et diplomatique pour agir sur l’acheminement de l’aide au Soudan est loin d’être à la hauteur des besoins. Pour fournir des rations alimentaires uniquement aux personnes les plus à risque, il faudrait 2 500 camions d’aide par mois au Darfour, alors qu’en moyenne 230 seulement sont
entrés mensuellement entre août et décembre », explique Stéphane Doyon, responsable de programme au Soudan.
Depuis deux ans, le conflit qui oppose les Forces armées soudanaises (FAS) aux Forces armées de soutien rapide (RSF) a conduit à des niveaux sans précédent de déplacements forcés et de malnutrition dans l’histoire du pays. Selon le dernier rapport de l’IPC, institution chargée d’analyser
les crises alimentaires et nutritionnelles, paru en décembre 2024, la moitié de la population soudanaise, soit 24,6 millions de personnes, est menacée par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Parmi elles, 8,5 millions de personnes sont en situation d’urgence ou de famine. Cette crise, provoquée par le conflit, est exacerbée par l’obstruction continue de l’aide par les deux parties belligérantes au Soudan et par la paralysie des Nations unies et du système d’aide.
« Pour fournir des rations alimentaires uniquement aux personnes les plus à risque, il faudrait 2 500 camions d’aide par mois au Darfour, alors qu’en moyenne 230 seulement sont entrés mensuellement entre août et décembre »
Consultation pédiatrique à l’hôpital que nous soutenons à Tawila dans le Darfour du Nord au Soudan.
Au Darfour du Nord, le siège de la capitale El Fasher et du camp de déplacés de Zamzam par les RSF affame la population et la prive d’une assistance vitale. En décembre 2024, nos équipes ont examiné plus de 9 500 enfants de moins de cinq ans lors d’une distribution d’aliments thérapeutiques dans la localité de Tawila, où elles fournissent une aide médicale et nutritionnelle d’urgence depuis octobre 2024. Elles ont constaté un taux de malnutrition aiguë catastrophique, estimé à 35,5 %, dont 7 % d’enfants souffrant de malnutrition sévère. Dans le camp de Zamzam, qui abritait environ 450 000 personnes en septembre dernier, 34 % des 29 300 enfants examinés par nos équipes lors d’une campagne de vaccination souffraient de malnutrition a iguë. Depuis le début du mois de décembre, les bombardements répétés sur le camp de Zamzam les empêchent de maintenir l’ensemble de leurs activités médicales dans le camp et ont très probablement contribué à une augmentation des niveaux de malnutrition.
Nos équipes constatent également des taux de malnutrition préoccupants en dehors du Darfour, comme à Omdurman, dans l’État de Khartoum, une zone de combats actifs sous le contrôle des FAS, mais également dans des zones actuellement plus stables et éloignées des lignes de front, comme à Nyala, la capitale du Darfour du
Sud. En octobre 2024, 23 % des enfants de moins de cinq ans examinés dans les structures que nous soutenons à Nyala et dans les localités voisines souffraient de malnutrition aiguë sévère. Les distributions de nourriture du Programme alimentaire mondial étant insuffisantes, nos équipes ont organisé une distribution ciblée de nourriture au Darfour du Sud en décembre 2024, fournissant deux mois de nourriture à environ 30 000 personnes.
D’après l’IPC, la famine pourrait frapper de nouvelles zones du pays dans les mois qui viennent. La période de soudure qui va débuter en mai, accompagnée de la saison des pluies qui rendra impraticables certaines routes, risque d’aggraver la crise. Pour la survie de millions de personnes, une réponse humanitaire massive doit être apportée immédiatement.
« À Katsina, dans le nord du Nigéria, la situation nutritionnelle est catastrophique. Des études récentes m ontrent des taux de malnutrition extrêmement importants », explique Emmanuel Berbain, médecin et référent nutrition.
En effet, d’après une enquête menée par nos soins sur 2 066 enfants de trois zones de l’État de Katsina en 2024, les niveaux de malnutrition aiguë globale ont doublé depuis l’année dernière dans certaines zones, alors que la situation était déjà désastreuse. Nos équipes, qui gèrent quatre centres de prise en charge nutritionnelle thérapeutique pour les enfants malnutris dans l’État de Katsina, ont admis plus de 100 000 enfants malnutris en 2024, 20 % de plus qu’à la même période en 2023, et hospitalisé 18 000 enfants en urgence. « Je repense à un jeune patient d’un peu plus d’un an nommé Ibrahim et qui pesait seulement six kilos, ajoute Emmanuel Berbain. S on état clinique était terrible. Nous avons été le plus vite possible à l’hôpital mais nous avons eu très peur pendant le transport car le risque d’arrêt cardiaque d’Ibrahim était notable. Il a pu être sauvé par les équipes médicales, c’est le genre d’histoire qu’on n’oublie pas. Mais il reste encore de trop nombreux enfants qui ne sont pas pris en charge. »
Cette situation catastrophique au Nigéria résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs : une inflation très élevée, des rendements agricoles de plus en plus faibles, une insécurité qui persiste dans la région ainsi que des coupes budgétaires à l’échelle globale qui réduisent la capacité des organisations internationales et huma-
souffrant de malnutrition soignés par nos équipes dans sept États du nord du Nigéria entre janvier et septembre 2024, soit 43 % de plus qu’à la même période en 2023.
nos équipes gèrent 10 centres d’hospitalisation et plus de 30 centres ambulatoires dans les États de Borno, Bauchi, Katsina, Kano, Sokoto, Zamfara et Kebbi.
Que ce soit au Soudan ou au
la situation évolue sans cesse. Pour suivre les dernières actualités de nos missions, scannez ce QR code :
Nafisa Mutari et ses triplés de deux ans au centre d’alimentation thérapeutique ambulatoire de Kofar Marusa, dans l’État de Katsina au Nigéria.
SAIFULLAHI, LE FILS D’HAFSAT LAWALI, SOUFFRAIT DE MALNUTRITION. IL A ÉTÉ PRIS EN CHARGE PAR NOS ÉQUIPES DANS L’ÉTAT DE ZAMFARA DANS LE NORDOUEST DU NIGÉRIA. ELLE RACONTE :
“ Mon fils avait des selles liquides depuis quatre jours. Je l’ai emmené à l’hôpital où on lui a donné des médicaments. Mais il avait de plus en plus de fièvre alors nous avons été référés à l’hôpital général de Zurmi. À la maison, nous n’avons pas assez de nourriture. Nous souffrons aussi de l’insécurité.”
nitaires à répondre à la crise et soigner les enfants souffrant de malnutrition. Malgré une situation nutritionnelle alarmante, l’État de Katsina et la région nord-ouest du pays ne sont pas inclus dans le plan d’intervention humanitaire des Nations unies pour le N igéria. Pourtant, l’aggravation de ces différents facteurs fait craindre une situation encore plus meurtrière en 2025 si aucune aide supplémentaire n’est mise en place. « Nous avons besoin de plus d’aide, sans quoi nous verrons mourir un nombre sans précédent d’enfants » explique le Dr Raphael Kananga, coordinateur médical au Nigéria.
Dans une tribune parue dans Le Monde en octobre 2024, Isabelle Defourny, présidente de MSF, rappelait que « en 2023, 14 millions d’enfants* étaient menacés de mort par une forme sévère de malnutrition aiguë. Face aux
conflits, aux chocs climatiques et au creusement des inégalités, les crises nutritionnelles risquent de se prolonger et de se multiplier. Du fait des changements climatiques, on estime aujourd’hui que d’ici 2050, 40 millions d’enfants supplémentaires* pourraient souffrir d’un retard de croissance dû à la malnutrition. Quelles qu’en soient ses causes, ses premières victimes restent les femmes et les enfants ». Il existe pourtant des traitements contre la malnutrition et notamment les sachets d ’aliments thérapeutiques qui peuvent être pris à domicile et guérissent un enfant en un mois et demi. Mais en 2024, un nombre croissant de cliniques et de centres situés dans des zones de crises nutritionnelles au niveau mondial en étaient dépourvus, faute d’un financement pérenne pour contribuer à acheter et acheminer ces traitements.
Depuis 2017, le financement de la sécurité alimentaire et de la nutrition stagne alors que sur la même période, le nombre de
personnes menacées par la faim ne cesse d’augmenter. Il est vital que la communauté internationale garantisse une hausse des i nvestissements dans l’action humanitaire et dans le renforcement des systèmes alimentaires, de santé et de protection sociale, pour répondre aux urgences et réduire durablement les inégalités d’accès à l’alimentation et à la nutrition dans le monde. Ceci est d’autant plus important face à l’incertitude qui entoure l’avenir de l’aide internationale américaine, et alors que plusieurs bailleurs institutionnels - comme l’Union Européenne ou l’Allemagne - réduisent actuellement le urs contributions.
« Nous avons besoin de plus d’aide, sans quoi nous verrons mourir un nombre sans précédent d’enfants »
*Source : ONU
Suite à la chute du régime de Bachar Al-Assad, nos équipes ont pu se rendre à Damas pour la première fois en plus de dix ans. Dans la Ghouta orientale, en périphérie de la capitale, elles ont mis en place des cliniques mobiles pour fournir des soins médicaux à une population épuisée par des années de guerre. Elles prennent en charge différentes pathologies, comme les infections respiratoires ou les gastro-entérites liées à la contamination des aliments, mais aussi des maladies non transmissibles telles que le diabète, l’hypertension et d’autres maladies cardiovasculaires.
Plus de
À Port-au-Prince, la capitale, les viols et les agressions se sont généralisés au cours des dernières années marquées par les violences et l’insécurité. Alors que le nombre de victimes de violences sexuelles augmente dans la capitale haïtienne, les services essentiels tels que des lieux d’hébergement adaptés et sûrs, un soutien psychologique et des soins médicaux manquent cruellement. En 2024, nos équipes ont pris en charge 4 463 personnes survivantes de violences sexuelles dans la clinique de Pran Men’m, à la maternité de Carrefour, et dans le nouveau programme dédié à ces patients dans l’hôpital géré par nos équipes de Cité Soleil.
femmes ont accouché au sein de la maternité soutenue par nos équipes, à l’hôpital général de Mocha au Yémen entre juillet 2024 et janvier 2025.
À la suite du cyclone Chido qui a frappé l’archipel en décembre 2024, nos équipes ont rapidement déployé des activités médicales et logistiques. Elles sont intervenues dans le nord pour développer des activités médicales grâce à plusieurs cliniques mobiles, apporter un soutien psychologique et réhabiliter des points d’eau. Elles ont également procédé à des dépistages de la malnutrition parmi la population.
Nos équipes travaillent avec ARCI, une association de la société civile italienne, dans le cadre d’un partenariat qui lie le HCR en Libye et en Italie avec le gouvernement italien, pour permettre l’évacuation de personnes dans des situations d’extrême vulnérabilité de la Libye vers l’Italie via un couloir humanitaire. Entre 2023 et 2024, ce sont 200 personnes, dont 33 personnes suivies par nos équipes, qui ont pu quitter le pays sur deux vols différents. De nouveaux vols sont prévus pour l’année 2025.
La zone H2 administrée par Israël, située dans la vieille ville de Hébron, est l’une des plus contrôlées de Cisjordanie. Quelque 7 000 Palestiniens y vivent dans des zones fermées ou à l’accès restreint, entourés de plusieurs centaines de colons israéliens. Régi par des restrictions de mouvements, des bouclages systématiques et des violences quotidiennes, H2 est emblématique des conditions dans lesquelles vivent les Palestiniens sous l’occupation israélienne. Nos équipes y fournissent des soins de santé primaires et de santé mentale dans deux cliniques dont l’accès est régulièrement entravé.
« Lorsque la distribution des médicaments pour prévenir le paludisme a commencé, j’ai emmené mes cinq enfants pour qu’ils reçoivent les comprimés. Nous n’avons pas de moustiquaires et nous vivons dans la brousse sous des bâches en plastique déchirées. Depuis que mes enfants prennent ces médicaments, aucun d’entre eux n’est tombé malade. »
Adior Manut, 26 ans, déplacée avec ses enfants au Soudan du Sud
Depuis 2023, nos équipes fournissent un traitement préventif contre le paludisme aux enfants de moins de 15 ans à Mayen Abun dans le nord du pays.
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En septembre 2024, nos équipes ont donné à Texas, un mineur soudanais de 16 ans, un appareil photo jetable afin qu’il nous livre son quotidien dans son campement de Calais. Comme des centaines de mineurs, il y survit dans des conditions extrêmement précaires sous une tente, sous la pluie, dans la boue, dans une situation de grande vulnérabilité face aux dangers de la rue.
« La vie continue, que nous l’acceptions ou pas. Si nous l’acceptons, nous nous adaptons ; si nous la confrontons, nous apprenons. Le désespoir ne change rien. Laisse la vie faire ce qu’elle veut, et fais ce que tu veux. »
Texas est accompagné par nos équipes dans le cadre de l’accueil de jour ouvert à Calais depuis juillet 2023. L’équipe y fournit un accompagnement pluridisciplinaire et un lieu de répit, pour extraire les jeunes exilés, au moins pendant quelques heures, de la précarité de leur quotidien.
Pour ces jeunes exilés, ces moments sont importants pour casser leur solitude et partager leurs angoisses communes : les inquiétudes pour la famille restée au pays, les nombreux échecs de tentatives de traversées, le long parcours d’exil et les violences vécues à Calais ou avant, ainsi que le quotidien difficile et répétitif des journées à Calais.
Tenter de passer en Angleterre
Parce qu’elles n’ont pas de possibilité d’emprunter des voies sûres et légales en prenant le ferry ou le train, des milliers de personnes déterminées à se rendre au Royaume-Uni pour obtenir une protection, rejoindre leur famille ou demander l’asile, n’ont pas d’autre choix que de monter à bord d’embarcations de fortune ou de se cacher dans des camions pour traverser la Manche.
Texas
Souvent, ces parkings sont le théâtre de violences. Notre équipe médicale a pu constater à plusieurs reprises des traces de morsures de chien sur les jambes de jeunes exilés ou d’hommes adultes, qui, après avoir été découverts dans un camion, en sont descendus avant de se faire attaquer par le chien de garde. Les passages par camion sont devenus plus compliqués mais restent d’actualité, notamment pour ceux, désargentés, n’ayant pas la possibilité de rassembler les sommes exigées par les passeurs pour la traversée en bateau.
L’État français met en danger les rescapés en les livrant à eux-mêmes dans des conditions précaires. Après une tentative de traversée infructueuse, nombreuses sont les personnes qui se résolvent à effectuer des heures de marche pour rentrer sur les campements. Cela peut mener à des drames, comme en novembre 2023, quand une quinzaine d’exilés avaient été fauchés par un poids-lourd en pleine nuit sur l’autoroute, alors qu’ils rentraient à GrandeSynthe, après avoir été secourus en mer et abandonnés au port de Calais à minuit. Deux personnes sont décédées, et quatre ont été blessées, dont un mineur nonaccompagné.
« Dans ce parking, j’ai failli partir pour le Royaume-Uni, mais malheureusement je n’y suis pas parvenu. »
Texas.
Depuis le démantèlement en 2016 de la « grande Jungle » de Calais, des dizaines de petits campements éphémères ont surgi çà et là en périphérie de la ville, entre des bretelles d’autoroute, des zones industrielles, dans des bâtiments désaffectés. Les personnes vivent dans des petites tentes dont certaines sont rehaussées sur des palettes de chantier récupérées pour éviter de baigner dans les flaques d’eau, la boue et les détritus qui jonchent les alentours. Pas d’eau courante, pas de douches, ni de
toilettes. Les conditions de vie sont extrêmement précaires.
À Calais, la politique dite du « zéro point de fixation » instaurée par l’État après le déménagement de ladite « Jungle » en 2016 se traduit au quotidien par des interventions policières, toutes les 48 heures, de démantèlement des lieux de vie des personnes exilées. Les tentes sont alors souvent confisquées, abîmées, détruites et les personnes se retrouvent sans matériel de couchage, mais toujours à la rue.
« Ces violences physiques et psychiques répétées illustrent le coût humain que la France et le Royaume-Uni sont prêts à payer pour sécuriser leur frontière commune. Une normalisation généralisée de la violence s’est installée partout en Europe. Calais n’est qu’un des laboratoires, parmi d’autres, des politiques de dissuasion menées par l’Union européenne. » Feyrouz Lajili, coordinatrice du projet à Calais.
En tant que souscripteur d’une assurance-vie, vous pouvez choisir librement parmi vos proches ceux qui recevront les sommes que vous avez épargnées jusqu’à votre décès. Veillez à bien rédiger la clause bénéficiaire pour vous assurer à votre décès de la bonne transmission des fonds par votre assureur.
Est-ce obligatoire de désigner un bénéficiaire par son nom ?
Si vous ne désignez aucun bénéficiaire nommément, la clause bénéficiaire standard sera automatiquement appliquée « Mon conjoint, à défaut mes enfants, nés ou à naître, vivants ou représentés, par parts égales ; à défaut mes héritiers ».
Si vous souhaitez que le capital soit réparti différemment ou ajouter d’autres bénéficiaires (un.e ami.e, un parent éloigné ou encore une association telle que Médecins Sans Frontières), vous devrez les désigner avec soin : prénom, nom, date et lieu de naissance, adresse ; raison sociale et adresse pour une association comme MSF. Pourquoi désigner un bénéficiaire ?
En l’absence de désignation de bénéficiaire(s), le capital accumulé sera réintégré dans votre succession. Votre contrat ne bénéficiera donc plus des avantages fiscaux de l’assurance-vie. Il sera alors soumis aux droits de succession et réparti entre vos héritiers selon les règles du droit successoral, vous privant ainsi de la possibilité de privilégier l’un d’entre eux ou un tiers (ami.e ; parent.e éloigné.e ; association).
Peut-on modifier la clause bénéficiaire d’une assurance-vie ?
En tant que souscripteur du contrat, vous pouvez modifier la clause bénéficiaire de votre contrat d’assurance-vie à tout moment par simple courrier daté et signé en indiquant nommément le ou les bénéficiaires de votre choix à votre assureur. Demandez-lui de vous faire parvenir un avenant pour être certain que votre demande a bien été prise en compte.
À savoir : En consentant le bénéfice d’une assurance-vie à MSF, vous faites plus que transmettre un héritage, vous donnez vie à vos valeurs et inscrivez votre soutien dans le temps. Reconnue d’utilité publique, MSF n’est pas redevable des droits de succession sur votre assurance-vie.
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La Fondation MSF travaille en étroite collaboration avec les équipes de l’Association MSF pour développer des projets innovants ayant un impact considérable sur le quotidien et la guérison des patients. En voici quelques exemples :
Antibiogo, le dispositif médical de La Fondation MSF pensé pour lutter contre l’antibiorésistance, qui est maintenant utilisé dans plusieurs pays. Des dizaines de diagnostics sont posés chaque mois grâce à son utilisation permettant ainsi une amélioration des prescriptions médicales et des résultats positifs sur la santé d’innombrables personnes.
Le projet AI4CC au sein duquel est intégrée la plus grande étude internationale jamais réalisée sur le cancer du col de l’utérus et qui a eu lieu au sein du projet de MSF dans le district de Blantyre au Malawi. Pendant la mise en œuvre de l’étude, des milliers de femmes ont pu bénéficier de diagnostics plus précoces et plus précis, permettant de les prendre en charge plus rapidement et ainsi, d’augmenter considérablement leur chance de survie.
Le Programme 3D, dont l’objectif est d’équiper de prothèses et de masques compressifs un plus grand nombre de patients amputés ou brûlés, est en cours de déploiement en Syrie. Installé au sein de l’hôpital MSF d’Atmeh, seule structure de prise en charge de la brûlure dans tout le nordouest de la Syrie, il va permettre à des patients victimes de graves brûlures au visage et au cou de bénéficier de masques compressifs conçus grâce à la technologie 3D.
Si vous êtes assujetti.e à l’impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), vous avez la possibilité de déduire de cet impôt 75 % du montant de vos dons versés à La Fondation MSF dans la limite de 50 000 €. Vous contribuez ainsi à améliorer la prise en charge des patients sur les terrains de MSF tout en bénéficiant d’avantages fiscaux.
Monsieur D. D., donateur auprès de l’association MSF depuis plus de 30 ans, a décidé de soutenir également La Fondation MSF depuis maintenant quatre ans. Structure à taille humaine, la fondation permet notamment de suivre ses projets avec une proximité accrue.
« La Fondation MSF répond à un objectif très intéressant, elle a montré qu’elle était capable de développements techniques extrêmement utiles : outils de diagnostics, méthodes de réparation etc ». Pour Monsieur D., soutenir La Fondation MSF c’est aider à faire évoluer nos pratiques médicales humanitaires en donnant à la structure les moyens de mettre au point des outils innovants, adaptés aux conditions difficiles auxquelles MSF fait face, mais qui ouvrent également la voie à des techniques médicales nouvelles, applicables dans le monde entier. La participation de Monsieur D. auprès de La Fondation MSF ne se
résume pas uniquement au soutien financier. Appréciant l’agilité et le dynamisme de la fondation, ce donateur engagé encourage et réfléchit, lors des échanges avec la direction, aux évolutions possibles de nos approches. Son implication se traduit également par sa capacité à nous mettre en relation avec de nouveaux partenaires potentiels, nous permettant d’explorer de nouvelles opportunités.
La Fondation MSF est reconnue d’utilité publique. À ce titre, elle est habilitée à collecter des dons déductibles de l’Impôt sur la Fortune Immobilière et de l’Impôt sur le Revenu. Si vous êtes assujetti.e à l’Impôt sur la Fortune Immobilière, 75 % du montant de votre don est déductible de cet impôt dans la limite d’une réduction de 50 000 €.
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Dr Isabelle Defourny, Présidente de MSF
Depuis le 7 octobre 2023, MSF n’a eu de cesse de témoigner de l’ampleur de l’offensive israélienne sur Gaza et de ses conséquences dramatiques sur la population. Retour sur certaines prises de parole fortes au cours de l’année écoulée avec le Dr Isabelle Defourny.
En décembre dernier, MSF sortait un rapport intitulé « Gaza : survivre dans un piège mortel », quel en était le propos ?
I.D. : Pendant 15 mois, nos équipes ont été les témoins d’attaques répétées contre les civils, du démantèlement des infrastructures civiles vitales, notamment les structures de santé, et du blocage systématique de l’aide humanitaire. Jusqu’à l’instauration du cessez-le-feu, le 19 janvier dernier, ce qu’elles ont observé sur le terrain correspondait aux descriptions d’un nombre croissant d’experts juridiques et d’organisations qui ont conclu à un génocide de la population gazaouie. Bien que nous n’ayons pas l’autorité juridique pour établir l’intentionnalité, les signes de nettoyage ethnique et les destructions, incluant les massacres, les blessures physiques et psychologiques graves, les déplacements forcés et les conditions de vie impossibles pour les Palestiniens assiégés et bombardés étaient indéniables. À l’heure où nous imprimons ce journal, l’offensive israélienne est interrompue mais les conséquences de cette campagne de destruction massive sont sans précédent. Ce sont les conditions mêmes de la vie à Gaza qui ont été annihilées, et cela rend toute projection dans le futur extrêmement difficile.
Les équipes MSF sont également présentes en Cisjordanie où elles dénoncent régulièrement les attaques et les restrictions imposées par l’armée et les colons israéliens, pouvez-vous nous en dire plus ?
I.D. : Depuis un an et demi, et davantage depuis le cessez-le-feu à Gaza, les attaques menées par les colons, les incursions militaires et les frappes aériennes de l’armée israélienne se multiplient en Cisjordanie. Le blocage de l’accès aux soins fait partie intégrante de ces opérations militaires. Les routes sont fermées, les ambulances ne peuvent pas circuler, les membres du personnel de santé sont pris pour cible, harcelés et leurs actions sont entravées. Des
patients meurent parce qu’ils ne peuvent pas atteindre les hôpitaux. En février dernier, nous avons d’ailleurs publié un rapport intitulé « Inflicting harm and denying care » qui documente les attaques et les entraves à l’accès aux soins, sur une année, dans un contexte qualifié par la Cour internationale de justice (CIJ) de ségrégation et d’apartheid.
Vos équipes ont réalisé l’exposition « We did what we could » qui a été refusée par la mairie de Toulouse dans le cadre de sa présentation prévue au Festival Cinéma et Droits de l’Homme en janvier dernier. Pouvez-vous revenir sur son contenu ainsi que sur la réaction de MSF à la suite de cette décision ?
I.D. : Notre exposition raconte le siège, les bombardements, les attaques et l’horreur du quotidien à Gaza à travers l’expérience de ses soignants, en première ligne du conflit. Ce témoignage est d’autant plus précieux que la bande de Gaza est interdite d’accès aux médias étrangers et que les journalistes palestiniens ont été décimés par les attaques israéliennes pendant les 15 mois de guerre. En tant qu’acteurs humanitaires présents sur place, nous faisons donc partie des rares témoins internationaux de cette guerre. Nous avons été consternés par la décision de la mairie de Toulouse, communiquée à peine deux semaines avant l’ouverture de l’exposition, alors même que tous les documents et éléments avaient été mis à sa disposition dès le mois d’octobre, et évoquant un « risque évident de trouble à l’ordre public ». Pourtant, « We did what we could » a été présentée à Bayeux lors du Prix des Correspondants de Guerre en octobre 2024, sans qu’aucun trouble n’ait été rapporté. En privant le public du Festival d’accès à cette exposition, la décision de la mairie de Toulouse participe à la déshumanisation de la population palestinienne. Nous restons déterminés à présenter cette exposition à Toulouse, et ailleurs en France.
Tchad - Aisha, promotrice de santé, accompagne une femme âgée de 80 ans à la clinique MSF du camp de transit d’Adré, dans l’est du pays.