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Avant-propos | Pragmatisme et « Stop au béton »
La diminution de l’étalement urbain est un enjeu quotidien dans le petit monde de l’aménagement du territoire wallon. Et ce, depuis plus de vingt ans. Sensibiliser, éduquer et former, inlassablement. Cet enjeu semble aujourd’hui être enfin bien intégré dans la tête de la plupart des politiques et promoteurs. De même que dans celle de nombreux Wallons. Les derniers chiffres démontrent d’ailleurs une tendance à la baisse : l’artificialisation du sol s’étendait sur 18 km 2 /an entre 1990 et 2000 en Wallonie, pour ne plus atteindre que 11,3 km 2 /an entre 2016 et 2019. Et l’ambition du Schéma de Développement du territoire (SDT) était d’encore réduire cette urbanisation du sol à 6 km 2 /an en 2025 et d’arriver à un « Stop au béton » en 2050.
Un agenda qui a toujours laissé de nombreux observateurs perplexes, tant l’opérationnalisation de ces mesures paraissait difficile à mettre en œuvre à court terme. Et qu’il y a, encore aujourd’hui, davantage d’interrogations que de certitudes sur la marche à suivre. Qu’en est-il par exemple du dédommagement financier destiné aux propriétaires d’un foncier qui verraient le statut de leur terrain à bâtir évoluer ? Ou encore sur base de quels critères pourra-t-on dire à un bourgmestre du Brabant wallon que le quota de terrains constructibles le concernant est épuisé ? Au final, les incertitudes sont encore bien trop nombreuses pour passer à l’action.
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Résultat : le ministre de l’Aménagement du territoire, Willy Borsus, a décidé de revoir la copie wallonne. Première décision : modifier l’agenda du « Stop au béton ». L’idée d’atteindre un certain plafond en 2025 passe à la trappe. Tous les regards sont dorénavant tournés vers 2050. « Ne pas déterminer clairement la manière dont on peut atteindre la réduction à 6 km 2 /an est un objectif théorique qui ne sera pas réalisé », tranche-t-il. Et d’ajouter : « L’ambition de la Déclaration de politique régionale est de fixer d’ici 2025 la trajectoire de la diminution de l’artificialisation de notre territoire. » Pour y parvenir, un comité d’experts a été mis en place. Il devra déterminer la marche à suivre. Ce qui ne sera pas une mince affaire tant les questions en suspens sont nombreuses. Une marche arrière teintée de pragmatisme qui vise à ne pas se casser les dents comme le nord du pays l’expérimente avec le Bouwshift (nouvelle sémantique pour le Betonstop), où les dédommagements financiers avoisineraient les 12 milliards selon les premières estimations.
Reste que si de nombreuses mesures visant à enrayer l’étalement urbain existent déjà dans le Code du Développement territorial, passer à la vitesse supérieure semble compliqué à mettre en œuvre. Il n’y a plus qu’à attendre 2025 pour en savoir plus…
Xavier Attout