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Découvrir | Quand l'entreprise redécouvre la nature
À Nivelles, le bureau d’architectes helium3 a mis en application son approche novatrice des bâtiments industriels. Celle de la biophilie, qui vise à reconnecter architecture et nature. Un projet qui fait la part belle au vivant, grâce notamment à une large toiture végétale intensive qui attend les premières floraisons de son pré fleuri.
Texte : Xavier Attout Photo : Valentin Bianchi
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Les plants sont désormais visibles depuis la rue. Ils sortent doucement de terre, laissant apparaitre les premiers effets de la toiture végétale qui recouvre une partie du toit de ce bâtiment industriel situé dans le Parc d’activité économique de Nivelles-Sud. D’ici quelques semaines, le résultat devrait être encore plus probant, les essences indigènes s’étant davantage développées. De quoi permettre aux insectes de se régaler. « Il s’agit d’une toiture végétale intensive et non d’une toiture extensive, explique l’architecte Cédric Ballarati, associé-fondateur du bureau helium3. La différence, c’est qu’il s’agit ici d’un véritable petit jardin de vie et que la couche de substrat de la toiture végétale intensive est beaucoup plus épaisse ( jusqu’à 50 centimètres). Nous y avons semé des prés fleuris qu'on laissera pousser à 80 cm de haut pour que cette végétation soit visible des environs et puisse servir d’exemple. Elle permet également de ralentir les infiltrations d’eau dans le sol et de ne pas tout renvoyer vers le collecteur. Une manière aussi de recréer des habitats pour qu'insectes et oiseaux fréquentent les lieux. »
Cette toiture est l’un des éléments marquants d’un nouveau projet architectural développé par ce bureau d’architecture liégeois. Il s’agit d’un bâtiment de 1 200 m 2 destiné à l’entreprise Pro Safety, spécialisée dans les équipements de protection individuelle, à l’étroit dans ses précédents locaux. « Nous ne voulions pas ériger un bâtiment industriel classique, sorte de grande boite sans âme, explique Serge Cabay, directeur général de Pro Safety, qui a investi ses nouveaux locaux fin 2019. On en retrouve tellement dans les zonings. L’idée de faire appel à ce bureau d’architectes était donc de donner une identité au bâtiment et, par conséquent, à l’entreprise. Nous avons été beaucoup plus loin que ce qui était imaginé au départ, en ajoutant un important volet nature et biodiversité. Nous n’avions aucune obligation de franchir ce pas mais il y a une satisfaction à participer à quelque chose qui est bon pour l’environnement. Et cela améliore encore davantage la qualité de vie dans nos bureaux. »
Cédric Ballarati, architecte-associé chez helium3.
Des matériaux écosourcés
Contrairement aux prescrits urbanistiques de l’intercommunale in BW, qui gère le parc d’activité économique, le hall de stockage a été installé à front de rue tandis que les bureaux ont pris place à l’arrière, de manière à pouvoir profiter de la magnifique vue sur les champs avoisinants. La teinte rouge du béton qui enveloppe le bâtiment fait écho à l'activité de l'entreprise et contraste avec le bois teinté de noir. « Nous avons souhaité développer un projet qui avait du sens, qui permet de favoriser la vie animale et végétale dans un contexte industriel, détaille Cédric Ballarati. Les matériaux utilisés pourront être réutilisés dans 50 ans. Il y a une démarche Cradle to Cradle (ndlr : du berceau au berceau). Nous avons également amené de la biodiversité et de la nature dans le bâtiment. On retrouve des murs en argile, de larges baies vitrées donnant sur la campagne. L’attrait pour la nature a été décliné par l’utilisation de matériaux écosourcés à l'intérieur, comme l’argile pour la salle de réunion et le bois pour les châssis ou les supports de présentation des produits. Cela amène une sensation de bien-être pour les occupants. » Outre la toiture végétale, l’élément phare du projet est cet arbre planté au beau milieu du showroom, qui fait office de lien entre les bureaux et la zone de stockage. Il doit donner un sentiment d’apaisement et une touche de nature à cet espace. « Nous devions choisir une espèce qui pouvait survivre à une température ambiante de 20°, se rappelle Serge Canay. Il s’agit d’un bucida, planté habituellement en Floride. »
Tout ce travail de reconnexion de l’architecture et de la nature se nomme en fait la biophilie. Un concept qui n’en est encore qu’à ses balbutiements et que le bureau helium3 compte encore développer à l’avenir. « Ce projet est déjà très abouti mais nous espérons qu’il ne s’agisse que d’un tremplin pour aller encore plus loin, lance Cédric Ballarati, qui s’est formé ces dernières années à cette architecture écologique au sein de la faculté Agro-Bio Tech de Gembloux. Les possibilités sont en tout cas énormes. »

L'architecture du batiment a été dessinée autour de ce bucida.