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Congoville sur le site du Middelheim
« La ville d’Anvers et le site du Middelheim en L’exposition part de Congoville sur le site particulier, offrent un prisme puissant à travers du Middelheim (le terrain connu sous la lequel on peut voir les contours d’une ville dénomination de Middelheim est plus invisible et à nouveau les représenter. Longtemps, vaste que le site du musée). Quelles la ville portuaire d’Anvers était la porte belge vers traces coloniales y trouve-t-on ? le Congo. Les bateaux partaient d’ici chargés de convictions impérialistes, de colons et Le lien le plus frappant se dresse juste d’armes. […] Mais les bateaux revenaient aussi. à côté du musée du Middelheim : […] Ils débarquaient d’incroyables quantités l’ancienne École coloniale supérieure, de matériaux, de matières premières, d’objets fondée en 1920, qui formait les précieux, de propagande sous forme de paroles fonctionnaires coloniaux. L’acte fondateur et d’images, et d’expériences. » de l’École coloniale supérieure a été Sandrine Colard, commissaire de l’exposition Congoville signé au château du Middelheim. Ce château a en outre servi de lieu de réception pour des hôtes éminents. Et sur les terrains de l’actuel musée, l’école organisait des activités sportives. Mais l’existence de l’école et ce qu’elle incarnait est tombée dans l’oubli. La première étude scientifique à ce sujet vient à peine d’être effectuée, à l’initiative du musée du Middelheim. Il aura donc fallu une soixantaine d’années depuis l’indépendance du Congo,
du Rwanda et du Burundi pour que la Belgique se penche sérieusement sur un pan important de son héritage colonial.
Un deuxième lien est le parc dans lequel le musée du Middelheim a été fondé en 1950. La Ville d’Anvers a acheté le domaine en 1910 et l’a ouvert au public en 1912. Ces dates ne sont pas insignifiantes. Depuis 1908, la Belgique est une puissance coloniale et cela irradie sur le développement urbain : larges avenues, monuments, parcs et places publiques. L’aménagement du domaine du Middelheim en parc du même nom est concomitant à la naissance de la Belgique coloniale, nous fait remarquer Sandrine Colard. La colonisation belge en cinq dates :
1885 Reconnaissance internationale de la colonie privée du roi Léopold II : l’État indépendant du Congo. 1908 Sous la pression internationale à mettre un terme aux abus, l’État belge reprend la colonie qui devient le Congo belge. 1916 La Belgique acquiert deux colonies allemandes, le Ruanda et l’Urundi, administrées et exploitées comme un seul territoire. 1960 Fin officielle de la colonisation et indépendance du Congo. 1962 Fin officielle de la colonisation et indépendance du Ruanda-Urundi. Les deux pays deviennent deux États autonomes : le Rwanda et le Burundi.
« La grande ambition de l’exposition est d’emmener le visiteur le long d’un parcours qui l’invite à prendre distance du récit impérialiste encore et toujours glorifié sans esprit critique dans cette ville. En même temps, l’exposition montre aux diverses communautés noires à quel point l’espace public est aussi “le leur”. » Sandrine Colard, commissaire de l’exposition Congoville
Un troisième lien se situe dans l’histoire du musée lui-même. Le musée du Middelheim collectionne et expose, selon la mission établie en 1950, un panorama international de sculptures contemporaines. Toutefois, par « international » nous entendons aujourd’hui autre chose qu’à l’époque. Le profil de la collection et des expositions est encore fort orienté sur l’Europe à l’heure actuelle, mais nous souhaitons adopter une approche différente à l’avenir. Congoville s’inscrit dans cette nouvelle perspective sur la programmation et la politique de collection.
Avec Congoville, le musée du Middelheim analyse à qui les récits que nous racontons sur notre culture et notre société donnent voix au chapitre. Le musée du Middelheim s’engage à dorénavant veiller à une pluralité de voix et plus spécifiquement à associer des personnes d’origine congolaise et africaine. L’objectif est d’explorer de nouvelles relations à long terme pour le musée, d’étendre le réseau et le centre de connaissance du musée et de prendre conscience, en tant qu’institution, de nos angles morts. Le concept de notre commissaire invitée a engendré la recherche de partenaires avec lesquels nous avons entamé le dialogue. Concrètement, cela n’a pas seulement abouti à une exposition et à de nouvelles œuvres, mais également à un programme très riche pour le public.
L’exposition, la publication et le programme pour le public ont pu voir le jour grâce à l’enthousiasme, l’assiduité et le soutien de nombreux collaborateurs et collègues.
L’équipe du musée souhaite explicitement témoigner sa reconnaissance et sa gratitude à tous nos interlocuteurs et interlocutrices : ils et elles ont pris le temps et fait l’effort de nous informer, de nous accompagner, de nous mettre en garde, de nous interroger, de nous examiner et de nous défier. Avec leur aide et leurs contributions, le musée du Middelheim désire réunir le parc, la collection et le public dans un espace ouvert où différentes perspectives peuvent être partagées en toute sécurité.
Nos remerciements particuliers aux prêteurs d’œuvres, à SB BOF Decor Atelier, à Groendienst, à l’équipe de conversation et de gestion des musées et institutions patrimoniales de la Ville d’Anvers, à l’Université d’Anvers et en particulier à Linda Schools, au MAS (Museum aan de stroom) – Els De Palmenaer, Nadia Nsayi Madjedjo et Tammy Wille, Pascale Obolo, Louis Van Broekhoven et tous les collaborateurs au programme pour le public : Yao Issifou, Sarah Agyemang, Omar Ba, Lies Busselen, Judith Elseviers, Ruth Felter, Billy Kalonji, Stef Mabo, Bénédicte Moussa, Steve Nzitunga, Souleymane Ouattara, Acces NGO, Mirandolo, Sérine Mekoun, Bitshilualua Kabeya, Primrose Ntumba. Pour une meilleure compréhension des concepts, des toiles de fond et des contextes de l’exposition, y compris la recherche sur l’École coloniale supérieure et pour plus d’informations sur les artistes et les œuvres, en plus de quelques interviews : voir la publication Congoville éditée par Leuven University Press (2021), en vente à la boutique du musée. Vous pouvez consulter la publication sur le site internet du musée : www.middelheimmuseum.be.
Colophon :
Rédaction des textes : Marijke Van Eeckhaut Traduction : Isabelle Grynberg Équipe de remarques et commentaires : Pieter Boons, Sandrine Colard, Yao Issifou, Ama Koranteng-Kumi, Serine Mekoun, Greet Stappaerts, Sara Weyns. Photos des œuvres d’art : Léonard Pongo Photographies d’archives : collection privée Bob Vermerght, photographe inconnu Dépôt légal : D / 2021/0306 / numéro d’ordre 50
É.R. : Sara Weyns, Middelheimmuseum 61, 2020 Antwerpen | 2021 | 17834499