Chemin de fer du Nord, Boulogne-sur-mer Henri Gray (1858-1924) 1905 Affiche 110 x 73 cm Acquisition 2009 MnM 2009.34.1
L’avènement du chemin de fer marque une date dans l’adoption de la mode marine par les femmes. Grâce aux villégiatures des bords de mer, elles découvrent un vêtement jusqu’ici inconnu : le costume de bain. Cette pièce longue et lourde est conçue initialement pour rester sur la plage ou toucher l’eau du bout du pied. Les couturières la confectionnent avec un col marin, des rayures, une ancre : autant de références à l’univers marin. Cette affiche est autant une publicité pour le moyen de locomotion que pour le lieu de séjour, les côtes du nord de la France, de Normandie et de Bretagne se livrant une véritable guerre publicitaire avant d’être détrônées par la French Riviera après la Première Guerre mondiale. DA
L’Armistice
Alexandre Brun (1853-1941) Vers 1920 Huile sur toile 64,7 x 80,8 cm Acquisition 2002 MnM 2002.7.189
Devant Ker Brun, la villa familiale de la presqu’île de Quiberon, la famille Brun fête à sa manière la fin de la Grande Guerre. Les petits-enfants du peintre déambulent sur la plage, brandissant les drapeaux alliés. Ils ont revêtu leurs habits du dimanche, Élise sa jaquette rouge, Albert son costume marin. Quant à leur cousin Georges, le plus petit, il est vêtu d’une robe d’enfant en broderie anglaise, selon une ancienne coutume devenue désuète au début du xxe siècle mais apparemment encore en usage dans certaines circonstances. L’âge des enfants nous laisse à penser que la scène se déroule vers 1919 ou 1920, au moment où les commémorations de l’armistice commencent à prendre une résonance civique. MM
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Le « Hohenzollern », bateau jouet
Bing (fondé en 1863), fabricant Allemagne, entre 1899 et 1909 Métal 40,5 x 65 x 14 cm Acquisition 2005, ancienne collection Jac Remise MnM 2005.25.2
En 1899, le fabricant de jouets Bing propose au jeune public un magnifique yacht princier de soixante-cinq centimètres de long. Le Hohenzollern est la réplique du navire luxueux et ultramoderne de l’empereur Guillaume II, long de cent vingt mètres et armé de trois cents hommes. Acteur du développement de la puissance navale allemande, l’empereur est également passionné de régate. Le Hohenzollern devient l’une de ses résidences favorites. Ce jouet, équipé au choix d’un mécanisme d’horlogerie ou d’une machine à vapeur, est commercialisé au prix de 16,50 marks, soit le salaire mensuel d’une ouvrière. Pour l’exportation, ce modèle est débaptisé et apparaît dans les catalogues français sous le nom de France. JYB
Ferry-boat mécanique, bateau jouet à mouvement d’horlogerie Fleischmann (fondé en 1887), fabricant
Allemagne, 1908 Métal 13,5 x 24 x 8 cm Acquisition 2005, ancienne collection Jac Remise MnM 2005.25.152
Ce petit ferry-boat mécanique en métal concentre à lui seul les grandes tendances de son époque. Il est fabriqué en Allemagne, pays qui domine alors le marché, et plus précisément à Nuremberg, capitale européenne du jouet. Sa silhouette, qui imite la ligne d’un ferry, témoigne de la domination du transport maritime. Enfin, comme l’indique sa clé, il est équipé d’un moteur à mouvement d’horlogerie qui devient au cours de la première moitié du xxe siècle le mode de propulsion principal des bateaux jouets. Solide, efficace, économique et rapide à mettre en œuvre, ce type de moteur est le plus recherché par les enfants et devient la véritable star des bassins. LLL
Spinnaker du trimaran de compétition « Groupe Pierre Ier »
Fabriqué par la voilerie Incidences de La Rochelle, peint par Nicole Brillouet et Clodine Lataud. 1988 Tissu Bainbridge, Nylon ripstop, encres sérigraphiques 300 m2 Acquisition 1992 MnM 3 PL 21
SÉrie de cartes postales Éditeur PC et ARC
Le spinnaker est une voile d’avant très légère hissée aux allures portantes, grand largue ou vent arrière. Ce spi flamboyant provient de l’armement du second trimaran jaune de soixante pieds Groupe Pierre Ier avec lequel, en 1989, Florence Arthaud court en double la transat Lorient – Saint-Barthélemy, et en équipage le Tour de l’Europe. Peinte à la main, la voile arbore, sous forme d’un même dessin décliné à l’infini, le symbole du groupe Pierre Ier, le lion. C’est sous les couleurs de ce même sponsor que la navigatrice acquiert en 1990 son titre de gloire : première femme à remporter la Route du Rhum – en 14 jours, 10 heures et 10 minutes – sur le multicoque Pierre Ier. SDR
Vers 1950 13,8 x 8,9 cm Acquisition 1999 MnM 2008.4.30 à 2008.4.35
Un couple gentiment enlacé, un bouquet de fleurs, un navire militaire et une petite ritournelle du type Petit pompon et grand amour, ton marin à toi pour toujours ou bien Dessus la mer immense c’est à toi que je pense sont les éléments récurrents d’une série de cartes postales à la fois joyeuses et mièvres. Grossièrement mises en scène avec des figurants interchangeables, ces cartes illustrent le cliché d’une gent féminine tombée sous le charme d’un marin de la Royale, pendant d’un autre stéréotype largement véhiculé, celui du marin ayant une femme dans chaque port. AM
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Livre des signaux généraux de Monseigneur le Conte de Toulouse, Admiral de France. Fait à Malgue par François Gouzien. L’an 1704 François Gouzien (xvie siècle–xviie siècle)
Manuscrit, 32 p. de pl. Encre brune, aquarelle ; parchemin (reliure) 23 x 17,5 cm Acquisition 1976, ancienne collection J.-J. Mérillau MnM R8332
Le ravitaillement de l’île de Ré par Claude de Rasilly Claude Vignon (1593-1670) 1642 Huile sur toile Signé en bas à droite 162 x 202 cm Acquisition 1981 MnM 1 OA 20
En 1704, Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, part de Brest, au commandement des forces du Ponant, pour reprendre Gibraltar que les Anglais viennent d’annexer. S’il ne parvient pas à reprendre la presqu’île, cette expédition lui donne toutefois l’occasion d’améliorer le système de communication entre les navires. À cet effet, il demande à François Gouzien d’établir à bord un code de signaux pour la tactique navale. Ce manuscrit richement coloré répertorie chaque pavillon avec les instructions pour leur utilisation de jour, de nuit et par temps de brume. La planche 13 représente un vaisseau à trois ponts qui arbore quatre pavillons rouges, indiquant, selon les coutumes de la mer, un navire au combat. MHT
Claude Vignon a peint ce tableau quelques années après l’événement qu’il représente. Louis XIII lui en passe commande pour l’offrir à Claude de Rasilly au moment où il élève ce dernier au grade de vice-amiral. Ce remarquable fait d’armes avait eu lieu le 9 octobre 1627 : sur ordre de Richelieu, Rasilly était parvenu à ravitailler et à libérer l’île de Ré qui était sur le point de tomber entre les mains des Anglais. La composition du tableau est très originale, tenant à la fois de la peinture votive et du frontispice. Claude de Rasilly et sa femme, Perrine Gaultier, y sont représentés sous les traits de Neptune et d’Amphitrite ; ils voguent sur une conque menée par deux dauphins, tandis qu’une Renommée, embouchant sa trompette, soutient de la main droite les armes de la famille Rasilly. MM
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Canon de 36 livres
Fondu par Jean Baubé (vers 1600-1681) 1680 Bronze 3,27 m ; 3,076 t Acquisition 2012 MnM 2012.105.1
Le maître fondeur Jean Baubé dirigea la fonderie de Toulon, avec titre de fondeur général de l’artillerie et marine de France, de 1669 à 1681. Cette pièce d’artillerie est un des plus beaux canons de marine connus à ce jour, tant par la qualité du bronze employé que par l’originalité de son ornementation. Son bouton de culasse, présentant le visage d’un esclave enchaîné et ses anses en forme de sirène en font une œuvre exceptionnelle. Le calibre de 36 livres, encore peu répandu en 1680, n’est présent que sur les plus gros bâtiments de la flotte royale : les vaisseaux de premier rang, de plus de 100 canons. Ce canon témoigne donc d’une artillerie de prestige qui provient probablement du vaisseau Le Royal Louis, construit à Toulon en 1692. FC
Astrolabe planisphérique Anonyme
Allemagne, entre 1551 et 1582 Laiton 39 x 39 x 4 cm Acquisition 1951 MnM 11 NA 56
Bien plus complexe que l’astrolabe de mer, l’astrolabe planisphérique est un instrument de calcul astronomique. La « mère », partie fixe, est le support des autres éléments. On y superpose les tympans, disques interchangeables représentant la sphère céleste en fonction des latitudes, et l’ « araignée », qui figure les principales étoiles et dont la rotation permet la lecture de la carte du ciel. Ici l’unique tympan est gradué pour une utilisation entre Vienne et Berlin. Tenu à la verticale par un anneau, cet objet servait à résoudre des problèmes d’astronomie locale, comme la durée des jours et des nuits, ou à déterminer la hauteur des astres. Objet d’art et de science, il s’agit d’une merveille technique qui permet de tenir l’univers au creux de la main. EL
Jonque du Fou-kien de 92 ‘ / 93 ‘ hors tout Étienne Sigaut (1887-1983)
Chine, entre le deuxième et le troisième quart du xxe siècle Planche manuscrite recto-verso Aquarelle, gouache blanche, encre sur papier vergé 32,8 x 30,4 cm Acquisition 2009 MnM 2009.41.133
Jonque de haute mer du Fou-Kien Maquette à l’échelle 1/25 Shanghai, 1938 Bois peint, fibres végétales 174 x 50 x 208 cm Acquisition 1945 MnM 19 EX 35
Autre « héritier intellectuel » de l’amiral Pâris, Étienne Sigaut a séjourné longuement en Chine et plus particulièrement à Shanghai. Il est l’auteur, entre les années 1935-1945 principalement, d’un ensemble unique de « cahiers manuscrits » composant un corpus de centaines de dessins, d’aquarelles, de plans, de notes, dont l’unique sujet sont les jonques chinoises. Chaque « cahier » constitue un document ethnographique remarquable sur l’architecture navale chinoise des derniers temps de la voile. Un exemple caractéristique de cette documentation est cette page consacrée aux jonques du Fujian où trois aquarelles, dont celle représentant une jonque de quatre-vingt-douze à quatre-vingt-treize pieds de longueur hors-tout, au mouillage, faisant sécher ses voiles, sont accompagnées d’un long commentaire. ER
Ce modèle à grande échelle d’une jonque de haute mer de la province chinoise du Fujian met en évidence certaines des caractéristiques architecturales de ces bâtiments, comme la construction sur quille, la proue en forme de grande marotte (tableau avant), ou encore la série de préceintes renforçant la carène à la flottaison. La maquette rend bien compte, aussi, de l’importance accordée au décor peint à la proue et à la poupe des jonques de cette partie du littoral chinois. Au-delà de son intérêt propre, ce modèle constitue également une sorte de traduction en trois dimensions des dessins et des peintures des « cahiers manuscrits » d’Étienne Sigaut qui datent de la même décennie. ER
154 Rêves d’ailleurs
Rêves d’ailleurs 155
LES QUATRE PARTIES DU MONDE Victor Aimone (1860-1922)
1896 Rondes-bosses en tilleul, traces de dorure Signé sur chaque sculpture 114 x 77 x 82 cm ; 117 x 117 x 90 cm 116 x 112 x 83 cm ; 118 x 116 x 99 cm Acquisition 1896 MnM 41 OA 262 à 41 OA 265
Ces figures allégoriques représentant l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique n’étaient pas destinées à soulever la sphère céleste, telles que le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux les a représentées vers 1872, mais à servir d’entablement pour une immense vitrine de présentation contenant les modèles du musée de la Marine au Louvre. Les quatre sculptures féminines étaient accompagnées de quatre dauphins enroulés sur des végétaux aquatiques, de deux tritons et de deux sirènes soufflant dans une conque. Dépassant ici la vision européenne passéiste qui réduisait le monde à un quart du globe,Victor Aimone y adjoint l’univers fantasmagorique de la mer, comme un lien universel entre tous les peuples, une invitation au voyage. MM
L’Europe
L’Asie
L’Afrique L’Amérique