Catalogue Les Insoumis de l'Art Moderne

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Les InsoumIs de L’art moderne Paris, les années 50

Musée Mendjisky écoles de Paris 12 octobre - 31 décembre 2016


Pollet, VanitÊ, 1956, huile sur toile, 81 x 130 cm, collection particulière


Les InsoumIs de L’art moderne Paris, les années 50

sommaIre

La jeune PeInture nous aPPeLLe... Par

sarah WILson

La jeune PeInture, une remIse en questIon de L’art moderne Par

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PIerre Basset

FIguratIon, Personnage, même comBat ? romaIn gary et Les InsoumIs du roman d’aPrès-guerre Par juLIen

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roumette

éLéments BIograPhIques Par

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FLorence condamIne et PIerre Basset

Œuvres exPosées

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rePères chronoLogIques

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séLectIon BIBLIograPhIque

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musée mendjIsky - écoLes de ParIs



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Les Insoumis de l’art moderne est une exposition importante du point de vue historique qui nous appelle depuis le passé. nous pouvons désormais jeter un regard neuf sur l'étendue de la production artistique de la Jeune Peinture qui vient compléter, de manière très riche, l'exposition parisienne de Bernard Buffet, une rétrospective trop longtemps attendue. La Jeune Peinture s'oppose aux avant-gardes artistiques parisiennes de l'après-guerre, au réalisme des aînés tels que Balthus ou Jean Hélion, ou aux artistes liés au réalisme socialiste. en tant que groupe, la Jeune Peinture exprime une communauté de pensée, de pratique et d'aspiration, qui était appréciée au niveau international dans les années 1950 et 1960, avant l'apparition du néo-Dada et du Pop art. Le caractère poignant de ce mouvement réside dans sa relation avec le temps : il était, en effet, humaniste, mais non pas à l’image de celui des grandes conférences ou des institutions internationales. Ce furent des hommes plus âgés, tels Jean Cassou et Henri Lefebvre, qui allaient débattre, à Genève, des problèmes de l'humanisme ayant trait à l'art contemporain, au milieu des années 1940 (1). et le nouveau siège de l'unesCo, ouvert en 1958, allait choisir des œuvres de Picasso, de Miro, de Matta et d'Henry Moore pour s’embellir (2). il semblerait que les jeunes artistes de la ruche, majoritairement français et issus de milieux modestes, ne se soient pas beaucoup exprimés sur le plan politique - leur travail ne traduisait guère "la reconstruction", telle qu'on l'a vue dans Les Constructeurs de Fernand Léger en 1950 : au contraire, leur fierté était de perpétuer une tradition qui était inscrite non seulement dans les maîtres du Louvre, redécouverts après la guerre, mais aussi dans la pratique en atelier elle-même. Plusieurs autodidactes ont rejoint le salon des moins de trente ans et celui de la Jeune Peinture. L'académie Julian et la Grande Chaumière (l'atelier d'Émile-othon Friesz) étaient considérées comme des terrains fertiles, au même titre que l'école des Beaux-

Les Insoumis de l’art moderne is a historically important show: a call to us from the past. We may now look with fresh eyes at the range of La Jeune Peinture’s artistic production — a rich complement to Paris’s Bernard Buffet show, a retrospective so long overdue. it contrasts with the accepted avant-gardes of postwar Paris, the réalisme des aînés such as Balthus or Jean Hélion, or those involved with socialist realism. La Jeune Peinture as a group demonstrates a community of thought, of practice and of aspiration, that was internationally appreciated in the 1950s and 1960s, prior to the advent of neo-Dada and Pop. it is the relationship with time that gives this movement poignancy: it was humanist indeed, but not on the grand scale of international conferences or institutions. it was the older men, from Jean Cassou to Henri Lefebvre, who would debate the problems of humanism in Geneva, involving contemporary art, in the mid-1940s.1 and unesCo’s new headquarters opening in 1958 would choose works by Picasso, Miro, Matta and Henry Moore to adorn its territory. 2 While the young artists of La ruche, mostly French and from modest backgrounds, seem to have had little political voice — and their work hardly signified ‘reconstruction’ as did Fernand Léger’s Constructeurs of 1950 — their pride was to continue a tradition which was enshrined not only by the Louvre masters rediscovered after the war, but in studio practice itself. several autodidacts joined the salon des Moins de trente ans and La Jeune Peinture; and we see the académie Julian and La Grand Chaumière (Émile-othon Friesz’s atelier) as nurturing grounds, along with the École des Beaux arts. these young artists susbcribed unquestioningly to the mystique of the atelier with its easel, the multiplication of bare chassis and pots of paint bristling with brushes, the traditions of the portrait, nude, landscape — the Paris quais, the suburbs, — and above all still lives, all honoured in this exhibition. art students

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Max Fourny, Jean-albert Cartier et une partie des peintres de la Biennale 57. Photo André Villers

arts... Ces jeunes artistes ont souscrit inconditionnellement à la mystique de l'atelier avec son chevalet, sa multiplication de châssis vides, ses pots de peinture bourrés de pinceaux, et simultanément aux traditions du portrait, du nu, du paysage - les quais de Paris, les banlieues -, et surtout aux natures mortes, thèmes qui ont pris une place d'honneur dans cette exposition. Les étudiants en art d'aujourd'hui pourraient trouver étrange l'idée de ramener à l'atelier la tête décapitée d'un bœuf, un lapin écorché, un poulet mort, une raie encore humide ou le crâne d'un mouton, afin de les copier, de les peindre, puis de nous les présenter… Le poulet anguleux, pendant de Bernard Buffet (ses ailes toujours en train de battre ?…) dans une harmonie de gris en est l’exemple le plus beau ; les natures mortes de Michel thompson, quant à elles, sont plus classiques, plus troublantes, avec des juxtapositions inattendues, tandis que la tête de vache de Lorjou, La Pâquerette, au regard fixe, les yeux écarquillés, sur un sol jaune, à côté de deux petits sabots, constitue peut-être l'exemple le plus autosarcastique. avec un grand souci du détail, Pierre Basset décrit ici la transmutation des salons, le dévouement des premiers critiques, la distribution des prix, l'ascension de la Jeune Peinture, qui

today might find it strange to bring the decapitated head of an ox, a skinned rabbit, a dead chicken, a wet ray fish or a sheep’s skull into the studio to copy, paint, then display… Bernard Buffet’s angular, suspended chicken (its wings still beating?), a harmony in grey, is the most elegant example; Michel thompson’s still lives are the most classical — if disconcerting with unexpected juxtapositions — while Lorjou’s cow head, La Pâquerette, staring wide-eyed on a yellow ground besides two small hooves, is perhaps the most self-reflexively ironic example. With superb attention to detail, Pierre Basset here describes the transmutation of salons, the devotion of early critics, the circulation of prizes, La Jeune Peinture’s ascension, resulting in a Vogue profile by 1950, and later developments. the baptism of La Nouvelle Vague, at the Galerie Framond in 1955, anticipating the cooption of the phrase in the novel and cinema, suggests that a certain selfconsciousness, if not irony, was beginning to pierce the norms of traditional genres as the 1950s progressed. Many years ago, i encountered Mme Virginie Bianchini-Ferrier in Paris while chasing raoul Dufy silk designs for London’s great

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andré Minaux, Femme à la table (Femme à la lampe de mineur), 1948, huile sur toile, 114 x 200 cm, collection particulière

retrospective.3 it was she who told me about the founding of the salon des Moins de trente ans during the occupation years and its importance for French art after the war. as Basset remarks, the exhibition Paris-Paris, Créations en France, 1937-1957, curated by Germain Viatte in 1981, did not mention this Jeune Peinture, though we showed an emblematic work by Bernard Buffet. in my Pompidou years, as a reader of Arts de France, i was well aware of Bernard Lorjou’s L’Âge atomique (the painting entered the national collections in 1989).4 i recall that Lorjou, wearing a darned green sweater in his Montmartre studio was the only artist — along with Maurice estève — who immediately offered me a tumbler of whisky on my first visit. Guy Vignoht’s La Jeune Peinture, 1941-1961, published in 1985 with its wealth of facsimile documents, press-cuttings and interviews, then became my bible.5 and of course at this time the work of Francis Gruber was not only well-known to me but encountered in frequent visits to the home of artist Boris taslitzky. Gruber’s closest friend, taslitzky attended the artist’s funeral and heard the speeches by aragon and tristan tzara at his graveside.6 Gruber’s untimely death preceded aggressive debates around Communism and socialist realism from which the members of

se sont traduits en 1950 par un article dans Vogue et bien d'autres développements. Le baptême de La Nouvelle Vague en 1955 à la galerie Framond, anticipant la cooptation du terme par le roman et le cinéma, suggère qu'une certaine forme de lucidité, si ce n’est de dérision, commençait à transpercer les normes des genres traditionnels, au fur et à mesure que l’on avançait dans les années 1950. il y a bien longtemps, j'ai rencontré Mme Virginie Bianchini-Ferrier à Paris, lorsque je recherchais des dessins sur soie de raoul Dufy pour la grande rétrospective de Londres (3). C'est elle qui m'a raconté la fondation du salon des moins de trente ans au cours des années d’occupation, et son importance dans l'art français de l'après-guerre. Comme l’a indiqué Pierre Basset, l'exposition Paris-Paris, Créations en France,1937-1957, dont le conservateur était Germain Viatte, en 1981, n'a pas mentionné la Jeune Peinture, bien qu’il ait été montré une œuvre importante de Bernard Buffet. Pendant mes années Pompidou, en tant que lectrice d'Arts de France, je connaissais bien L’Âge atomique de Bernard Lorjou (une peinture qui est entrée dans les collections nationales en 1989) (4). Je me rappelle que Lorjou, portant un pull vert reprisé, fut le seul artiste avec Maurice estève - qui m'ait tout de suite

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offert un verre de whisky lors de ma première visite à son atelier à Montmartre. La Jeune Peinture, 1941-1961, de Guy Vignoht, éditée en 1985, avec sa pléthore de documents fac-similés, de coupures de presse et d'interviews, est alors devenue ma bible (5). et, si à cette époque, je connaissais déjà le travail de Francis Gruber, j’ai aussi eu l’occasion de l’apprécier lors de mes visites fréquentes chez le peintre Boris taslitzky. Celui-ci, le plus proche ami de Gruber, a assisté aux obsèques de l'artiste et a entendu les discours prononcés par aragon et tristan tzara devant sa tombe. La mort prématurée de Gruber a précédé des débats agressifs sur le communisme et le réalisme socialiste, auxquels les membres de l’Homme témoin se tenaient à l'écart (7). il est important de souligner l'hommage spécial rendu à Gruber au salon de la jeune peinture organisé en 1954 au musée d’art moderne de la Ville de Paris. Gruber devait suivre vers Londres les artistes de la Jeune Peinture, déjà les outsiders des plus importantes galeries, dont la Marlborough, avec sa rétrospective à la tate en 1959 (8). Plus tard, j'ai eu le plaisir de parler de Lorjou avec un rare et enthousiaste collectionneur, JeanPierre Changeux (auteur de L’homme neuronal, 1983) (9). et à l'occasion de l'exposition La France en guerre d’Algérie, j'ai pris connaissance de l'immense format satyrique et épique de Lorjou, Renart à Sakiet, montré à l'exposition universelle de Bruxelles en 1958, provoquant un grand malaise du gouvernement français (10). J'ai retrouvé rebeyrolle dans le texte de Jean-Paul sartre, « Coexistences », et dans la transition des écritures de Michel Foucault sur l'art depuis les maîtres du Louvre, en passant par la troublante série Prison de rebeyrolle, avec ses chiens féroces et ses barbelés, jusqu'à la Figuration narrative (11). Le maître de la ruche a ressurgi comme un puissant artiste contemporain dans La Force de l’Art au Grand Palais, en 2006. on n'a plus besoin de présenter Buffet, Lorjou ou rebeyrolle. travaillant sur Lucio Fanti, j'ai finalement découvert, Passage Dantzig, la ruche elle-même, sa fascinante construction radiale, les mémoires d’artistes qui s’y entassent, ses perspectives, murs, toits et végétations qui ont conservé tout leur charme. C'est ici que l'on doit

L’Homme témoin held aloof.7 it is important to emphasise the special homage to Gruber at the salon de la Jeune Peinture held in 1954 at the Musée d’art Moderne de la Ville de Paris. Gruber would follow La Jeune Peinture artists, already the darlings of the most important galleries such as the Marlborough, to London with his tate retrospective in 1959.8 Later, i had the pleasure of talking about Lorjou to a rare enthusiast and collector, Jean-Pierre Changeux (author of L’homme neuronal, 1983).9 and with the show La France en guerre d’Algérie i discovered the huge scale of Lorjou’s epic satire, Renart à Sakiet, shown at the Brussels’ exposition universelle in 1958, to the discomfiture of the French government.10 rebeyrolle was re-encounterd in sartre’s text ‘Coexistences’ and the transitioning of Michel Foucault’s writing about art from the old masters, via rebeyrolle’s disturbing ‘Prison’ series with its ferocious dogs and wire enclosures, to narrative Figuration.11 the master of La ruche re-emerged as a strong contemporary artist at the Grand Palais in La Force de l’Art, 2006. Buffet, Lorjou and rebeyrolle need no further introduction. in search of Lucio Fanti, i finally discovered La ruche itself in the Passage Dantzig, with its fascinating radial construction, layers and layers of artistic memory and the perspectives, walls, roofs and plants which retain all their charm. it is here that one must imagine the Jeune Peinture community, so vividly evoked with the crisp diagonals and green shutters of Michel de Gallard’s Façade, (Vue de la Ruche), 1950. La ruche was out of time. Yet contemporary reality would finally penetrate the decorum of Jeune Peinture motifs: La Pompe Shell is just discernable through roger Lersy’s dark grids conveying a street scene, gleaming yellow and red, with its scallop-framed slogan — just as branded breakfast cereals would emerge into the still lives of London’s ‘kitchen sink’ painter John Bratby. the advent of eduardo arroyo, Fanti and robert Biras at La ruche would mark a change of era, just as the salon de la Jeune Peinture itself would change its nature with the figuration critique of the early 1960s.

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imaginer la communauté de la Jeune Peinture, si vivement évoquée par les diagonales strictes et les volets verts de la Façade (Vue de la Ruche), 1950, de Michel de Gallard. La ruche était un endroit hors du temps. néanmoins, la Jeune Peinture allait finalement pénétrer le décorum de ses motifs : La Pompe Shell est tout juste perceptible dans la rue, une lueur de jaune et de rouge, avec son logo en forme de coquille saint-Jacques, à travers les grilles sombres de roger Lersy, tout comme les céréales de marque de petit-déjeuner, qui allaient émerger dans les natures mortes de John Bratby, peintre londonien du Kitchen sink. L'arrivée à la ruche d'eduardo arroyo, de Fanti et de robert Biras a marqué un changement d'époque, tout comme le salon de la jeune peinture devait lui-même changer de nature avec la Figuration critique du début des années soixante. en 1951, à la galerie Drouant-David, les artistes ont été alignés autour de la périphérie de l'espace d'exposition pour la photographie 28 jeunes femmes par 28 jeunes peintres (voir p. 20). Des artistes masculins, se ressemblant tous, présentent avec fierté des toiles de même format, comportant des portraits de trois quarts, de femmes quasi-identiques. Deuxième à droite, Mick Micheyl (Paulette Michey) constitue l'anomalie : elle déguise son nom selon la noble tradition de George sand… et la photo de groupe des artistes de la Biennale 57, Jeune Peinture Jeune sculpture (musée des arts décoratifs, 1957), nous montre plus de trente hommes en train de poser du côté du quai... Ce métier, visiblement extrêmement masculin, est pourtant démenti par l'immense subtilité et tendresse de tant d'œuvres (Pieds de tomates et rosiers, 1955, une peinture laiteuse, presque décorative, de rebeyrolle). À l’opposé, une peinture tout en harmonie de noir et de gris de l’artiste mervillois Cara-Costea représentant le portrait de son épouse Claude est un vrai chef d'œuvre : affirmée, mais infiniment mélancolique, cette femme, presque masculine, avec sa frange qui attire l’œil, est le sombre contrepoint de la nouvelle femme joyeuse de saint-Germain-des-Prés. tout naturellement, c'est la découverte de femmes peintres qui m'enchante le plus : les histoires de Mick ou d'agnès nanquette, la

Francis Gruber, L’Homme nu, 1945, huile sur toile, 116 x 89 cm

in 1951 at the Galerie Drouant-David, artists were lined up around the exhibiting space’s periphery for the photograph 28 jeunes femmes par 28 jeunes peintres (see p. 20). almost identical male artists proudly hold identicallysized canvases, bearing almost identical threequarter length female portraits. second from the right, Mick Micheyl (Paulette Michey) is the anomaly: she disguises her name in the august tradition of George sand… and the group photograph of the artists of the ‘Biennale 57: Jeune Peinture, Jeune Sculpture’ (Musée des arts Décoratifs, 1957) shows over thirty men posing on the quai side… this extremely masculine métier, then, is belied by the immense subtlety and tendresse of so many works (rebeyrolle’s creamy, almost decorative Pieds de tomates et rosiers, 1954). alternatively Méréville Cara-Costea’s harmony in black and grey, the portrait of his wife Claude is a masterpiece: assertive, yet infinitely melancholic, this almost masculine woman with her striking fringe is the dark counterpoint of the joyous new woman of saint-Germain-des-Prés. of course it is the discovery of the women

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première femme de Buffet, de l'école des Beauxarts, de Claude autenheimer, de Ginette rapp, des natures mortes et paysages de Françoise sors, La Poule dodue et blanche d'Yvonne Mottet... Les personnages masculins de simone Dat, paysans ou travailleurs au dos voûté : quant à elle, elle posait en jean, une femme moderne avec sa frange devant sa toile, pour le photographe Cauvin, dans la ruche en 1954 (cet instant ne pouvait pas préfigurer l'ultime disparition du groupe de la ruche...) (12). Mais avant tout, je suis frappée par Jeune Fille à l’orange de Françoise adnet, qui casse le protocole obligé des tons gris avec l'érotisme délicat de sa coupe garçonne, sa dentelle noire, et l’orange lumineuse en contrepoint de la fleur du chapeau - ainsi que Le Mur rouge, qui emprunte à Gruber ses rouges intenses et ses fleurs au graphisme aigu : un autre portrait d'une femme mélancolique, assise de profil, son jupon relevé, des pieds revêtus de bas et un mystérieux et auto-réfléchissant miroir sur le mur. Ce portrait représente une enfance sans printemps, comme le dit Pierre Basset, le premier à me révéler son travail à l'occasion de l’exposition au musée estrine de saint-rémy, en 2010 (13).

painters that enchants me the most: the stories of Mick or of agnès nanquette, Buffet’s first wife from the Beaux-arts, of Claude autenheimer, Ginette rapp, Françoise sors’s still lives and landscapes, Yvonne Mottet’s plump white Poule… While simone Dat’s male figures are usually hunched peasants and workers, she posed in fringe and jeans, a modern woman, for the photographer Cauvin with her canvas in La ruche in 1954 (this moment could not anticipate the ruche community’s eventual demise...)12 above all, i am struck by Françoise adnet’s Jeune Fille à l’orange, which breaks the decorum of greys with the delicate eroticism of her gamine haircut, the black painted lace, and the bright orange and complementing the flower on her hat — and Le Mur rouge, which takes its brilliant reds and spiky flowers from Gruber: another melancholic portrait of a woman, seated in profile, with petticoat revealed, stockinged feet, the mysterious and self-referential framed mirror on the wall. it represents ‘a childhood without spring’ says Basset, who first revealed her work to me in his show at the Musée estrine, saint-rémy, in 2010.13

La découverte d’un nouvel artiste important est une grande joie, en découvrir plusieurs réveille nos consciences.

to discover one important new artist is a great joy; to discover many is a wake-up call.

sarah WiLson Professor at the Courtauld institute

see Débat sur l’art contemporain, 1948 (with Jean Cassou), and Karl Barth et al., Pour un nouvel humanisme, 1949 (with Henri Lefebvre) rencontres internationales de Genève (neuchâtel: Les Éditions de la Baconnière). (2) Chloé Morel, Histoire de l’Unesco, Les trente premières années, 1945-1974, Paris: L'Harmattan, 2010. (3) Bryan robertson with sarah Wilson, Raoul Dufy 1877-1953, Hayward Gallery London, 1983; Dufy designed silk for the Bianchini-Férier firm in Lyon. (4) anon. ‘Les expositions, Bernard Lorjou parle de l’Âge Atomique’, Arts de France, no 32, 1950, p 21; Lorjou, ‘Faits divers de l’âge atomique’, Les Letres françaises, no 363, 17 May 1951. (5) Guy Vignoht, La Jeune Peinture, 1941-1961, Paris, Édition terre des Peintres, 1985. (6) ‘Francis Gruber qui fut ‘l’un des plus grands peintres de ce temps’, Louis aragon, ‘L’enterrement à thomery’, Les Lettres Françaises, 237, 9 December, 1948. (7) see Wilson, Picasso/Marx and socialist realism in France, Liverpool university Press, 2013. (8) see ‘Painting easily exported to Britain in particular’, in Pierre Basset, Florence Condamine, The Rebels of Modern Art. La Jeune Peinture, Paris 1948-1958, Flassans-sur-issole, 2009, pp. 253-260, and Francis Gruber, 1912-1948, London, tate Gallery, 1959. (9) With Jean Clair (Gérard regnier) Jean-Pierre Changeux was co-curator of L’âme au corps, Arts et sciences, 1793-1993, Paris, Grand Palais, 1993 (i was on the honorary committee). (10) see Laurent Gervereau in La France en guerre d’Algérie, nanterre -Musée d’Histoire Contemporaine- BDiC, 1992. (11) Wilson, The Visual World of French Theory, i, Figurations, London and new Haven, Yale university Press, 2010, pp. 144-5 ff. (12) Basset, 2009, pp. 136-9. (13) see Basset, 2009, pp. 174-5 (adnet, Rosine, 1957) and La Réalité retrouvée. La Jeune Peinture, 1948-1958, saint–rémy, Musée estrine, 2010. (1)

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Michel de Gallard, Les Poules, 1955, huile sur bois, 65 x 46 cm, collection particulière

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Guerrier, Les Arbres noirs, 1958, huile sur toile, 114 x 162 cm, collection particulière

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La Jeune Peinture, une reMise en question De L’art MoDerne

Paris fut le principal foyer de création picturale dans les années cinquante. Pour mieux comprendre ce foyer si multiple et si fécond, il est nécessaire de s’arrêter plus particulièrement sur les initiatives prises par les jeunes peintres de l’époque et sur leur rapport avec la modernité. L’analyse de leurs propositions montre qu’elles ne sont pas plurielles mais formatées en deux camps que tout oppose. Le premier postulat est abstrait avec des peintres qui se regroupent au sein du salon des réalités nouvelles. Cette voie n’est pas novatrice puisque ce salon n’est que le prolongement du salon abstraction-création créé en 1931. Leurs tenants se placent de fait dans une conception de la modernité définie dès l’entre-deux-guerres et basée sur une systématique de progrès. Contrairement aux idées reçues, cette proposition reste très minoritaire chez les jeunes peintres. une majorité d’entre eux opte pour la figuration et pour une vision de permanence en art. Pour expliquer ce phénomène il faut se replonger dans le contexte de l’après-guerre et dans l’effet privationrévélation qu’il a induit. Les jeunes peintres sont pour la plupart originaires de province et se retrouvent à Paris avec une ferme intention de témoigner de leur temps à travers la peinture. avant guerre, ils n’étaient que des adolescents. La guerre les a privés de toute nourriture picturale. ils arrivent dans la capitale quasi vierges de connaissances. La découverte des œuvres des grands maîtres modernes aux cimaises des galeries est pour eux un premier choc. ils entrevoient la modernité. Mais ce choc ne dure guère. Le Louvre rouvre progressivement ses portes et les jeunes peintres, avides de savoir, s’y ruent. ils sont bouleversés. ils se rendent compte de leur L’Homme témoin : De gauche à droite : Michel thompson, Dat, Michel de Gallard, andré Minaux, Paul erreur. Les maîtres modernes, Picasso et Matisse en tête, simone rebeyrolle, Yvonne Mottet et Bernard Lorjou, 1949. qui les avaient dans un premier temps séduits, sont Photo Robert Randall. considérés comme des usurpateurs de l’art. « to them Picasso is old Hat (1) » titre Joseph a. Barry dans le New York Times. Leur admiration se porte alors sur leurs prestigieux aînés, titien, rembrandt, Goya, Vélasquez, Chardin, Delacroix… Dans l’esprit de ces jeunes peintres, la peinture s’est arrêtée à Courbet, à son humanisme. Leur volonté est de poursuivre le chemin avec un sentiment de grandeur et d’humanité oublié depuis Un Enterrement à Ornans. il ne s’agit pas de peindre comme les grands anciens mais avec le caractère humain de ces derniers tout en utilisant une facture de son époque. La modernité ne se traduit pas par une notion de progrès mais par une intemporalité et une universalité réincarnées. Ces peintres remettent totalement en question une histoire de l’art basée sur l’avant-garde. Ce que l’on appelle le progrès n’est pour eux qu’un système de recherche qui se doit de nourrir une permanence. si nous assimilons l’histoire de l’art à l’image d’un arbre, son tronc est sa base stable, sa constance, ce qui lui est immuable à travers son propre développement. Les branches représentent les différentes recherches picturales d’une époque donnée, recherches sur la perspective, sur la couleur, sur la forme, sur l’idée. Celles-ci, comme une sève, nourrissent le tronc mais en aucun cas elles ne sont un aboutissement si elles oublient l’homme, son intégralité. La Jeune Peinture nous le rappelle dans cet immédiat après-guerre. La Jeune , une reMise en question De L’art MoDerne La Jeune Peinture , unePeinture reMise en question De L’art MoDerne

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une Peinture HuMaine

Le terme Jeune Peinture s’applique donc à ces jeunes peintres qui remettent, dans les années cinquante, l’homme au centre de la peinture. À la sortie d’une époque bouleversée, ils se retrouvent dans une peinture au caractère expressionniste. Mais loin d’un expressionnisme slave tourmenté ou d’un expressionnisme allemand aux couleurs crues, leur expressionnisme est humain et mesuré, issu du siècle des Lumières. on parle d’expressionnisme à la française. La matière y est abondante, domptée par un dessin fort qui y véhicule la vie. quant à la palette, elle se cantonne à des noirs et des ocres pour éviter tout détournement décoratif de l’œil. ainsi, comme l’écrit Jean-Paul sartre à propos de l’art de rebeyrolle, leurs natures mortes ont « ce goût de paysage mangé » traduisant la « structure intime » du représenté (2). Car si les maîtres de la modernité ont éloigné l’homme de la peinture pour éviter toute lutte fratricide avec la photographie qu’ils jugeaient perdue, la Jeune Peinture reprend le sillage interrompu. elle andré Minaux, Portrait, 1948, fusain, 65 x 49 cm Collection particulière réaffirme le pouvoir de l’invisible en peinture. La figuration n’est ni décoration, ni anecdote, ni amusement. elle est la traduction de l’homme dans ce qu’il a de plus intemporel. elle s’inspire de la nature pour la retraduire dans un langage de son temps. L’art dit moderne a voulu s’émanciper du réel, chaque « isme » traduisant sa part d’émancipation. ainsi de l’impressionnisme qui délaisse la forme, le dessin, pour ne retenir que l’impression que lui procure le visible. À l’opposé, le surréalisme outrepasse la réalité, la considérant comme terne et indigne d’intérêt. La Jeune Peinture, tout au contraire, pense que la nature est source infinie de création. Le critique Jean-albert Cartier soutient cette idée : « À une époque où les arts plastiques ont suivi la course effrénée du progrès scientifique, où les tentatives les plus diverses ont déferlé avec une virulence exceptionnelle et où jamais la sincérité n’avait été autant mêlée au goût de plaire et de mystifier, reconnaissons le courage des jeunes peintres, qui n’ont pas craint de s’installer devant leur chevalet et de tout remettre en question avec une conscience neuve. ils auraient pourtant pu croire que tout avait été dit et essayé, le meilleur comme le pire. il fallait l’audace de la jeunesse, pour ne pas craindre d’être plagiaire et oser représenter l’aspect figuratif du monde que l’on imaginait définitivement renié (3). » La Jeune Peinture, dans cette soumission à la nature, voit une forme de liberté. elle considère qu’inversement, l’abstraction, forme moderne d’un impressionnisme poussé à l’excès, n’est qu‘enfermement. Comment être témoin de son époque, de la réalité qui nous entoure avec l’abstraction ? au vide, la Jeune Peinture répond par le tangible, le palpable. Cette réalité est aussi dans leur esprit synonyme de vrai. une figuration qui dispose, qui agence, qui enferme une nature reconstituée dans un tableau n’est pas envisageable. La Jeune Peinture se veut un regard vrai sur la nature, un regard d’hommes témoins. Certains l’ont qualifiée de « misérabiliste » et l’ont placée dans le sillage de l’œuvre de Francis Gruber. rien n’est plus inexact. Le maître lorrain magnifie la misère dans une figuration déchirée issue des peintres flamands et du graveur Jacques Callot alors que la Jeune Peinture témoigne du quotidien et fait preuve de générosité. D’ailleurs, si les pères fondateurs de la Jeune Peinture aiment l’homme pour sa quête en faveur de la grande peinture, ils jugent son travail intellectualisé et

La Jeune Peinture, une reMise en question De L’art MoDerne

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Michel thompson, Claudine à l'enfant, 1949, huile sur toile, 92 x 60 cm, collection particulière


Guerrier, L'Atelier, 1956, huile sur toile, 180 x 250 cm, collection particulière



suranné. De même, le terme « misérabilisme » créé à leur encontre par les tenants de l’abstraction pour dénigrer leurs œuvres, doit être fortement combattu. Giono y répond lors de la rétrospective consacrée à Bernard Buffet à la galerie Charpentier en 1958 : « C’est ici que je voudrais avoir une conversation avec ceux qui parlent de misérabilisme. il faudrait d’abord s’entendre sur le sens de ce néologisme. La misère étant, d’après M. Littré, un état malheureux, ils seraient renvoyés à leurs chères études. Car, voilà rassemblé ici presque tout ce qui compose le pays de ton esprit, et il n’est pas du tout question de malheur, au contraire : c’est peut-être moins divertissant qu’un spectacle des 28 jeunes femmes par 28 jeunes peintres, galerie Drouant-David, 1951. De gauche à droite : Michel Patrix, Maurice Verdier, aïzpiri, Gaëtan de rosnay, Cortot, rebeyrolle, Cara-Costea, Folies Bergère, mais c’est plus Michel de Gallard, Dany, Mick Micheyl, Michel thompson. Copyright D.R. exaltant. C’est un instrument à bonheur [...] J’ai une très grande confiance en sophocle. “Le malheur, dit-il, c’est la démesure”. Le voilà, leur misérabilisme ! La mesure c’est la forme ; la démesure, l’informe. on a donc bien fait d’inventer ce néologisme, mais qu’on l’applique à la peinture informelle, malgré ses “belles couleurs” (4). » Pierre Descargues, lui non plus, n’admet pas ce terme. s’exprimant sur l’art de rebeyrolle, il écrit : « Misérabiliste ? attachée à montrer la pauvreté et son drame, la peinture de rebeyrolle ? que non. elle nous semble, au contraire, dans ses harmonies sombres, d’une joie beaucoup plus grande, beaucoup plus profonde que tous les tableaux doués des plus éclatants artifices de la couleur. C’est même maintenant, après cette nourriture grave, que ces tourbillons de bleu, de rouge, de vert, nous paraissent d’un enthousiasme parfois suspect. tout se passe ici en résonances graves, en émotions bouleversantes parce que contenues, en plaisirs durables. Peu de peintures sont aussi réconfortantes que celles-là (5). » La Jeune Peinture, c’est aussi une rage de vivre, de peindre grand après des années d’occupation où l’on a manqué de tout. ainsi de La Peste en Beauce de 2,60 m sur 3,50 m que présente Bernard Lorjou à la galerie Charpentier en 1953 et de L’Atelier de la Ruche de 2,60 m sur 2 mètres que montre Paul rebeyrolle à la Biennale de Venise en 1952. Deux ans plus tôt, Lorjou l’avait d’ailleurs précédé avec son Miracle de Lourdes de 4,50 m sur 3 mètres et sa Chasse aux fauves de 3,35 m sur 4,25 m. et, que penser de la fameuse Noce d’andré Minaux de 3 mètres sur 5,60 m, exposée à la Maison de la pensée française en 1960 ou du Renart à Sakiet de 3 mètres sur près de 11 mètres, présenté en marge de l’exposition universelle de Bruxelles en 1958 par Lorjou ? quant à Bernard Buffet, désargenté, il n’hésite pas à coudre des morceaux de draps les uns aux autres pour réaliser sa grande Chambre de 1947. L’année suivante, il se fait remarquer avec sa Ramendeuse de filets de 2 mètres sur 3 mètres, au salon d’automne. nombre de ces compositions iront malheureusement remplir les caves de l’État français. tel est le cas de la Déposition de croix et de La Ramendeuse de filets de Bernard Buffet, de Femme et Homards d’andré Minaux, de L’Âge atomique et du Bal des folles de Bernard Lorjou.

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simone Dat, Paysan au marchÊ, 1954, huile sur bois, 122 x 90 cm, collection particulière


andrÊ Minaux, Baigneuse, 1957, huile sur toile, 183 x 66 cm, collection particulière


andré Minaux, Nature morte à la bouilloire, 1951, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection particulière

andré Minaux, Marée, 1951, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection particulière


une rÉaLitÉ qui s’iMPose

Cette Jeune Peinture est soutenue par le monde de l’art. À la sortie de la guerre, Paris en est la place incontournable. La presse défend particulièrement le mouvement à travers le journal Arts mais aussi Les Lettres françaises, Paris-Presse L’Intransigeant, le Journal de l’amateur d’Art, Combat, Le Peintre, Le Figaro littéraire, Le Monde, L’Humanité ou Libération. on y compte les plumes enthousiastes des critiques Michel d’alayer, Jean Bouret, raymond Charmet, raymond Cogniat, Michel Courtois, Pierre Descargues, Michel Florisoone, alain Jouffroy, Claude roger-Marx, andré Warnod, Guy Weelen, George Besson, roland Pietri, Henri Héraut, Jean-albert Cartier, Pierre imbourg, raymond Cazenave, Jean Chabanon, Pierre Mazars,

andré Minaux recevant le prix de la Critique des mains d’augustin rumeau à la galerie saint-Placide, 1949. À sa droite, Bernard Buffet et Jean Bouret. Copyright D.R.

Waldemar Georges, Marcel Zahar, George Charensol, Jean rollin ou encore Guy Dornand. Léon Degand, Charles estienne ou Pierre restany sont alors bien isolés dans leur défense de l’art abstrait. L’engouement du public est aussi fort. il achète en masse et élit en 1954, lors du référendum organisé par la galerie Charpentier, Bernard Lorjou comme meilleur peintre de l’époque. L’année suivante, ce plébiscite en faveur des peintres de la Jeune Peinture, est confirmé par l’enquête de Connaissance des arts réalisée auprès d’une centaine de personnalités de l’art. Bernard Buffet arrive en tête et Bernard Lorjou devance Manessier et de staël. Pratiquement aucune voix ne se porte sur singier, estève ou soulages. il en est de même pour les deux plus importants prix réservés aux jeunes peintres, le prix de la Critique et le prix de la Jeune Peinture. Le premier sacre, dès sa création en 1948, les peintres Bernard Buffet et Bernard Lorjou, puis l’année suivante andré Minaux. Le second, à l’apogée du combat figuration-abstraction, isole Bernard Dorival et ses

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Bernard Lorjou, La Pâquerette, 1952, huile sur bois, 100 x 81 cm, collection particulière

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soutiens en faisant triompher le camp figuratif. Paul rebeyrolle avec son Portrait de Simone Dat, représentant son épouse dans la pose de L’Homme au gant du titien, remporte le prix au détriment du peintre « nuagiste » Jean Messagier. on est en 1950. La figuration s’impose en France. sur la place londonienne, la Jeune Peinture est aussi très présente. La Marlborough Fine art crée son prix au salon de la jeune peinture et réalise des expositions cataloguées. L’influence de ces peintres est telle que John rothenstein, directeur de la tate Gallery, écrit en mai 1955 à andré Minaux pour lui faire part de l’admiration des jeunes artistes anglais pour son œuvre. nombre de ces peintres enseignent d’ailleurs à l’anglo French art Centre. À Venise, dès la réouverture de la Biennale en 1948, Bernard Lorjou est sélectionné. Lui succèderont Bernard Buffet, andré Minaux ou Paul rebeyrolle. De nombreuses expositions circulent dans le monde, telles Jeune Peinture française en allemagne en 1947, Pintura Francesa de Hoje au Portugal en 1948, Peinture française contemporain en Bulgarie et Paintings from France à Michel thompson, Le Bain, 1949, huile sur toile, 55 x 33 cm, collection particulière Memphis en 1949, De Manet a nuestros dias en amérique du sud en 1950 ou Réalistes de neuf pays au Pays-Bas et Pittori d’oggi Francia-Italia à turin en 1952. Cette même année, la Jeune Peinture est à l’honneur à rabat et à Varsovie. D’importantes manifestations ont aussi lieu au Japon. Bernard Buffet, Bernard Lorjou et andré Minaux y sont alors considérés comme les plus grands maîtres de la peinture contemporaine. en 1954, le musée d’art moderne de Kamakura présente une exposition LorjouMottet. en 1955, Jean-albert Cartier montre La Jeune Peinture en France en allemagne. L’exposition connaît un vif succès et effectue un circuit dans tout le pays jusqu’en 1956. C’est une époque où la Jeune Peinture bénéficie d’un fort soutien des instances officielles mais aussi de la presse. Cette dernière joue d’ailleurs un rôle primordial dans l’avènement du mouvement. La Jeune Peinture n’aurait pu exister sans l’implication particulière de deux jeunes critiques. ainsi de Jean Bouret qui, à trente-cinq ans, initie le Manifeste de l’homme témoin et de Pierre Descargues qui, à vingt-cinq ans, fonde le salon des jeunes peintres.

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Michel de Gallard, L'Arbre noir, 1956, huile sur bois, 246 x 123 cm, collection particulière


Bernard Lorjou, La Peste en Beauce, 1953, huile sur toile, 260 x 350 cm, collection particulière



L’HoMMe tÉMoin

De gauche à droite : Michel de Gallard, Yvonne Mottet, Michel thompson, andré Minaux, Paul rebeyrolle, simone Dat, Bernard Lorjou, 1949. Photo Robert Randall.

L’Homme témoin est à la fois un manifeste et une exposition. il est l’idée du critique Jean Bouret et du peintre Bernard Lorjou. Le premier manifeste a lieu en 1948, à la galerie du Bac. Cinq peintres y participent, Bernard Lorjou, Yvonne Mottet, Michel de Gallard, Paul rebeyrolle et Michel thompson. son intérêt tient avant tout dans l’écrit de Jean Bouret. Celui-ci pose en effet les premières pierres de la Jeune Peinture. il en est le texte fondateur, celui qui appelle la jeunesse à une remise en cause du progrès dans l’art et de sa désolidarisation de l’homme. Jean Bouret s’appuie sur le philosophe alain et la notion de « corps humain tombeau des Dieux » pour remettre l’homme au centre de la peinture. ses paroles sont empreintes de gravité : « tout art qui n’a pas une portée universelle est un amusement, et pour qu’il ait une portée universelle, il faut qu’il utilise un langage intelligible. on a presque honte d’écrire de telles évidences, honte de rappeler à ses semblables que l’universel c’est l’humain [...] (6) » il reprend la notion de permanence en art en s’appuyant sur Jean Guéhenno : « Le plus grand artiste n’a que peu de nouveau à dire. il n’est qu’une grande intuition, mais cette intuition au caractère d’éternité vaut en dehors de tous les temps (6). » il se révolte aussi contre l’abandon du métier par le peintre : « D’un métier noble entre tous, il a cherché à faire une grasse sinécure, il a voulu tout oublier, même le travail lent et patient, il a fermé pudiquement les yeux sur les testicules de Michel-ange et ne les a plus rouverts (6). » Cette invitation de Jean Bouret à retrouver un chemin d’artisans inspirés et à

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Bernard Buffet, Tête de mort, 1958, huile sur toile, 130 x 97 cm, collection particulière

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rebeyrolle, L’Agneau mort, 1954, huile sur toile, 54 x 81 cm, collection Mr et Mme Éric Bachelet

réhumaniser la peinture est accueillie avec ferveur par les jeunes peintres et la critique d’art. elle ouvre les portes au mythique Second Manifeste de l’homme témoin qui se déroule du 29 octobre au 15 novembre 1949, à la galerie Claude. aux cinq peintres précités se joignent Bernard Buffet, robert Charazac, Jean Couty, simone Dat et andré Minaux. Le critique d’art américain John Devoluy prend fait et cause pour ce manifeste et se fait le porte-voix de Jean Bouret outre-atlantique. Le deuxième manifeste s’inscrit dans une logique de combat et les propos de Jean Bouret se font plus violents : « Matisse et Picasso et leur escorte de poètes d’instituts de beauté ont encombré l’époque et nous ne faisons rien pour les renvoyer dans le musée d’ethnographie où ils ont leur place, entre les gris-gris et les tapis d’écorce, dans la vitrine bien imprégnée de paradichlorobenzène où ils croient pouvoir atteindre l’éternité en toute quiétude après avoir contaminé l’époque où ils vécurent (7). » Jean Bouret dénonce ainsi clairement les peintres qui ont créé la rupture avec la grande peinture. À cela s’ajoute le refus d’une logique de fragmentation, de dissection, attributs de la modernité : « tel peintre voit la couleur, l’autre la forme, un troisième voit le sentiment et aucun ne songe ou ne veut mettre la couleur dans une forme, la forme dans une architecture et avec le tout exprimer le sentiment qu’il a de la vie, de la lumière, de la beauté [...] (7) » Jean Bouret lance donc un appel solennel pour un retour à une peinture humaine et globale. D’un point de vue pictural, l’ensemble est fort. avec l’arrivée de simone Dat, le groupe de la ruche est maintenant au complet et prend toute son ampleur. Bernard Lorjou a aussi eu l’intelligence d’adjoindre au collectif initial les deux prix de la Critique, Bernard Buffet et andré Minaux. tous ces peintres réfutent par essence la peinture abstraite comme en témoigne la fameuse lithographie de Lorjou de 1951 où l’on peut lire : « La peinture abstraite fait se pâmer les poules, bailler les singes, braire les ânes » (p. 6). Mais plus encore, ils se retrouvent étonnamment avec le critique américain Clément Greenberg dans le dédain de la jolie petite peinture française que symbolisent les peintres de la réalité poétique. ils partagent une vision d’une peinture issue du réel, puissante et qui témoigne de son époque. tous vouent une grande admiration aux maîtres du passé, Bernard Lorjou à Delacroix, rebeyrolle et Bernard Buffet à Courbet, Michel de Gallard à Brueghel, Michel thompson à Chardin ou andré Minaux à La Jeune Peinture, une reMise en question De L’art MoDerne

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Yvonne Mottet, La Poule, circa 1948, huile sur toile, 100 x 73 cm, collection particulière

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roger Lersy, La Pompe Shell, 1953, huile sur toile, 195 x 130 cm, collection particulière


Michel de Gallard et Claude autenheimer dans l’atelier de La Borde, circa 1960. Photo Petitjean.

Vélasquez. Chacun garde cependant une individualité qui lui est propre. Bernard Buffet griffe sa toile dans une quête d’essentiel. andré Minaux l’organise de façon cistercienne. on y sent sérénité et paix. Michel thompson apporte une vision poétique au groupe. rebeyrolle hurle sa rage dans une matière terreuse. Bernard Lorjou lui fait écho mais dans une matière brûlante. simone Dat laboure ses toiles à la recherche d’un monde qui disparaît. Mais le mot qui unit leur peinture est humanité. C’est cette humanité qui bouleverse edmonde Charles-roux. en avril 1950, soit plusieurs mois après la fin du Second Manifeste de l’homme témoin, elle fait paraître un important article dans le journal Vogue accompagné d’une photographie de robert randall. Cette photographie a une importance telle que les peintres Jean Couty et robert Charazac absents de celle-ci disparaissent totalement de l’imaginaire du groupe. L’article s’intitule “La vie à Paris” et débute ainsi : « L’Homme témoin n’est pas, comme vous pourriez le croire, le dernier roman existentialiste, ni même une intrigue policière qu’un cinéaste aurait empruntée à Mac orlan, pour servir d’épilogue au Troisième Homme. C’est le nom d’un groupe de jeunes peintres dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, parce qu'ils désavouent idées et techniques au goût du jour et, ce faisant, désarçonnent la critique ; parce qu'ils réclament un art qui puisse exprimer la vie réelle sous tous ses aspects, et de ce fait, sèment l’angoisse parmi les marchands de tableaux. Ceux-ci, vous ne l’ignoriez pas, ont emmagasiné dans leurs réserves de quoi nous alimenter en peinture abstraite jusqu’à la fin de nos jours. Voilà un groupe qui, sans crier gare, se libère résolument d’une telle emprise, et ne craint pas de dire : “L’art abstrait est une impasse”. Cela n’est pas tout : les musées d’art moderne, tant à Paris qu’à new York, envisagent d’acquérir plusieurs de ces toiles. La presse française et étrangère se fait l’écho de ces tendances. Le groupe est soutenu par des critiques de valeur, tels Bouret dans Arts et Devoluy dans le New York Herald Tribune, qui l’un et l’autre sont à l’origine du mouvement (8). »

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Ci-dessus : andré Minaux, L'Homme dans la ville, 1949, huile sur bois, 130 x 80 cm, collection particulière Ci-contre : Bernard Lorjou, Tête de veau, 1949, huile sur bois, 200 x 93 cm, collection particulière


Le saLon De La Jeune Peinture

iVe salon des jeunes peintres, galerie des amériques, Paris, 1953. De gauche à droite : Pierre Descargues, Maurice Verdier, Paul aïzpiri, Paul rebeyrolle, Michel thompson, Michel de Gallard, Gaëtan de rosnay... Photo Cauvin.

Dans ce contexte d’ébullition artistique, le critique Pierre Descargues prend l’initiative de fédérer le mouvement. sous son impulsion l’homme témoin devient un ensemble massif, un cri de vie de la jeunesse picturale de l’époque. il fréquente les peintres de la ruche. il est aussi l’ami de Bernard Buffet. il veut fonder un salon consacré aux jeunes peintres pour remplacer le salon des moins de trente ans (1941-1948) qui vient de fermer ses portes. naît ainsi, le 26 janvier 1950, à la galerie des Beaux-arts, le salon des jeunes peintres qui prendra quatre années plus tard le nom de salon de la jeune peinture quand il s’installera au musée d’art moderne de la Ville de Paris. Cent huit peintres sont ainsi réunis. Contrairement au salon des moins de trente ans, sorte de salon d’automne pour jeunes sans fil conducteur, le salon des jeunes peintres se place immédiatement dans la continuité du Manifeste de l’homme témoin. il est en toute logique son prolongement car le jury de sélection est constitué des peintres de la ruche, Michel thompson et Paul rebeyrolle, assistés de quelques peintres dont Bernard Buffet et andré Minaux, ainsi que du critique Jean Bouret. tous imposent au salon un art figuratif fort et sans concession dans l’esprit de Courbet. Les jeunes peintres, pour être sélectionnés, ne peuvent guère s’écarter de cette ligne directrice. Les premiers salons sont donc d’une grande unité et salués par la critique. Guy Dornand y trouve un « sain retour à un humanisme, réaliste ou expressionniste qui rend à la peinture son caractère indispensable, éternel, universel, qui répudie les artifices d’un art mandarinal et peut-être névrosé [...] (9) ». quant à andré Warnod, il constate que « les exposants [...] échappent à l’influence directe des monstres sacrés, Matisse, Picasso, rouault, Fernand Léger, andré

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Guerrier, La Raie, 1955, huile sur toile, 116 x 89 cm, collection particulière

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Lhote, etc., ils n’usent pas non plus des recettes, des routines, des sauces, de toute la cuisine qui force les portes du salon des artistes français ou du salon d’automne, l’académisme abstrait ne les a pas touchés. ils ont l’air de vouloir se débrouiller tout seuls et cela leur réussit fort bien (10) ». La Jeune Peinture rompt ainsi toute attache avec les maîtres modernes. elle puise ses références uniquement dans la grande peinture. Le métier, l’apprentissage du dessin sont essentiels. Beaucoup de ces peintres reviennent à un esprit de compagnonnage, d’ouvrier. ainsi Bernard Buffet ne croit pas à l’inspiration et se qualifie de « besogneux (11) ». quant à andré Minaux, il est vu par George Besson comme « un ouvrier de l’espèce Courbet (12) ». ils seront plus d’un millier à suivre cette voie humaniste et thompson et rebeyrolle chargeant des toiles, 1948. Copyright D.R. attachée au réel. Parmi les plus marquants, nous pouvons citer, Françoise adnet, Bellias, Cara-Costea, Commère, Guerrier, Heaulmé, roger Lersy, Pollet, Gaëtan de rosnay ou Maurice Verdier. L’un d’entre eux, Guerrier, est sans aucun doute le plus représentatif. il ne fait pas partie des peintres fondateurs mais, à travers son œuvre, il synthétise toutes leurs recherches passées. il reprend ainsi la force du dessin de Bernard Buffet, l’austérité d’andré Minaux, la puissance de la matière de Bernard Lorjou et la palette terrienne des peintres de la ruche pour nous délivrer des tableaux dans le plus pur esprit du Manifeste de l’homme témoin. en quelques années, le salon des jeunes peintres acquiert une importance considérable. il devient un vivier pour la plupart des galeries parisiennes. Pierre Descargues décrit ainsi l’émancipation de ces jeunes peintres : « La génération qui s’affirme aujourd’hui, celle des rebeyrolle, des Buffet par exemple, celle des amis d’aïzpiri : Verdier, Gaëtan de rosnay, a rompu toutes attaches avec l’esprit qui anime les grands patrons de l’époque : Braque, Matisse, Picasso. Certes elle n’en ignore pas les découvertes audacieuses, mais le fossé qui les sépare se montre de jour en jour plus profond. Loin de nous l’idée de diminuer la grandeur de ces maîtres, loin de nous la volonté de prouver que leurs œuvres ne nous procurent pas des joies extraordinaires, mais il semble bien que les jeunes peintres de 1952 soient sur le point de sortir enfin de la nuit qui, dans l’esprit du public, noie tout ce qui n’est pas l’œuvre des grands aînés (13). » Pierre Descargues insiste aussi sur la beauté austère de cette peinture : « La tradition réaliste française n’est demeurée vivante qu’en ce qu’elle a de plus grave. Ce n’est pas Fragonard, ni l’école de Fontainebleau qui survivent en notre époque, c’est Le nain, c’est Callot, ce sont surtout Courbet et Delacroix. Je ne connais pas aujourd’hui de peintre valable de l’insouciance de vivre. Même chez ceux qui s’exaltent le plus devant un paysage, devant une scène paisible, une résonance grave se mêle à leurs plus lyriques sentiments comme si l’idée de leur précarité, la connaissance de la mort demeuraient présentes aux moments de plus grande confiance dans la vie et sa beauté. Je vois les jeunes peintres de maintenant, hantés par la recherche de sujets dignes d’eux, de thèmes de leur temps, et cette hantise a ceci de bouleversant qu’elle n’est pas un de ces faits esthétiques comme nous en avons vu beaucoup depuis trente ans [...] mais qu’elle est naturelle. L’avant-garde de la Jeune Peinture, quand elle réclame aujourd’hui des sujets, est aussi pure et aussi noble que celle qui, il y a cinquante ans ou plus, déjà se battait contre le conformisme de la peinture académique, et entendait tordre en poésie le cou de l’éloquence et, en peinture, celui de l’anecdote (13). »

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Paul rebeyrolle, Pieds de tomates et rosiers, 1955, huile sur toile, 199,5 x 204 cm, collection sylvie Baltazart-eon

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Ci-dessus : Michel de Gallard, Façade (Vue de la Ruche), 1950, huile sur toile, 116 x 89 cm, collection particulière Ci-contre : Michel thompson, Porte de Vanves, 1952, huile sur toile, 48 x 65 cm, collection particulière Michel thompson, Le Bar-Restaurant, 1957, huile sur toile, 191 x 237 cm, collection particulière


Ce salon s’impose comme le salon de la résonance humaine. il parle du quotidien, de chair. il oppose le cri du cœur à l’intellectualisme en art. il n’est pas divertissement mais leçon de vie. après s’être tenu dans des lieux de taille réduite, galerie des Beaux-arts (1950 et 1951), galerie de la Boétie (1952) et galerie des amériques (1953), il est accueilli en 1954 par le musée d’art moderne de la Ville de Paris. une association de la Jeune Peinture est créée, chargée de le gérer. il prend le nom de salon de la jeune peinture. Le salon connait alors son apogée. L’année suivante, le critique Marcel Zahar écrit à son propos : « il y a longtemps que je n’avais vu un ensemble aussi éloquent par la qualité et la signification. quant à la valeur de conséquence qu’un tel spectacle comporte, il nous faut pour l’établissement des comparaisons, remonter à des manifestations de jeunesse révoltée : les Fauves au salon d’automne, l’exposition de Monet, Degas, renoir et leurs amis en Bernard Buffet, Bretonne, 1950, huile sur isorel, 65 x 50 cm, collection particulière 1874 chez nadar, le salon des refusés de 1863 [...] Voici ce que leur peinture exprime : le rejet de l’art pour l’art ; le refus des commandements pseudo-intellectuels ; le déni de la confusion du tableau et de l’abstraction décorative ; l’ennui des expériences burlesques dont les produits encombrent une impasse ; le désir de sortir des ornières creusées par l’exercice de fausses maximes, depuis cinquante ans trop exploitées. il me parut que la jeunesse clamait par le truchement de ses œuvres rassemblées en foule : “nous en avons assez. assez de systèmes, de fallacieuses philosophies, de précaires réputations. où sont nos maîtres, nos guides ? nous avons les yeux trop bien ouverts pour qu’on nous abuse. stupéfiés par l’étendue du malentendu régnant, nous ne voulons pas nous y perdre. seuls nous nous élèverons, recommençant l’apprentissage de l’art afin de ne pas demeurer seuls. nous recontracterons le pacte superbe avec la nature ; ainsi ne serons-nous plus tant isolés, et bientôt le public, apprenant la nouvelle de cette association renouée, ne se détournera plus de l’art contemporain. Ce sera notre ouvrage (14). » La nouVeLLe VaGue

De même que Jean Bouret et Pierre Descargues, Marcel Zahar décide de s’investir à son tour dans la Jeune Peinture. en novembre 1955, il réunit les éléments les plus prometteurs à la galerie Framond sous le vocable Nouvelle Vague. Celui-ci sera d’ailleurs repris deux ans plus tard par Françoise Giroud dans l’Express pour qualifier les jeunes cinéastes français qui font alors écho aux peintres de la Jeune Peinture dans leur volonté de renouveau. Malheureusement cette Nouvelle Vague ne saura se montrer à la hauteur de l’espoir que Marcel Zahar lui portait. L’époque change. Le salon de la jeune peinture, en s’institutionnalisant et en ouvrant son jury de sélection à un grand

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Bernard Lorjou, Nature morte, étude pour l’Âge atomique, 1949, huile sur toile, 162 x 130 cm, collection particulière

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Ci-dessus : Guerrier, Quai de Paris, 1953, huile sur toile, 89 x 116 cm, collection particulière Ci-contre : Bernard Lorjou, L’Amour sacré et l’amour profane, 1949, huile sur toile, 194 x 155 cm, collection particulière

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nombre de peintres, perd de sa force et de sa densité. Le résultat ne se fait pas attendre et en quelques éditions, il devient l’ombre de lui-même, éclatant en clans qui s’entredéchirent. ses pères fondateurs, atteints par la limite d’âge, le quittent. une tendance décorative s’installe. Le critère de la jeunesse mis à part, on se retrouve au salon des artistes français ou au salon d’automne. La fin des années cinquante marque donc la fin du salon de la jeune peinture. Bien sûr, ce salon se poursuivra mais il n’aura plus rien à voir avec l’idée de grandeur et d’humanité pour laquelle il a été conçu. il n’en aura plus que le nom. Les grands peintres de ce mouvement s’en émanciperont. C’est le triomphe de l’individualité, la perte de la force commune, de l’esprit humaniste qui a fait la Jeune Peinture. Le monde est en mouvement. et même si John Willett dans The Manchester Guardian parle encore de « end of artistic Isms (15) » le combat est perdu. Les États-unis montent en puissance. Paris perd sa place de plaque tournante de l’art aux dépens de new York. À travers la Biennale Jeune Peinture – Jeune sculpture qui s’ouvre en mai 1957, Jean-albert Cartier cherche alors un équilibre entre abstraction et figuration. C’est un succès à la Pyrrhus. raymond Cogniat qui y voit une nouvelle source de rayonnement pour la France, la transforme en Biennale de Paris. L’étatisation de la manifestation supprime toute volonté de compromis et écarte la Jeune Peinture de ses cimaises. Claude roger-Marx s’indigne : « La Biennale des jeunes, catastrophe nécessaire, un académisme plus oppressif que l’ancien... » et poursuit : « L’abstrait, vulgarisé, triomphe universellement. soutenu par la presse, la radio, la finance, le commerce d’art, les administrations, il s’est emparé de presque tous les leviers de commande. La Biennale 59 est l’équivalent non pas des indépendants de la belle époque, où s’affrontaient les tendances les plus diverses, mais de ces désespérants salons des artistes français où tout à l’air de sortir de la même main (16). » Devant cette mainmise de l’état sur la création artistique, les jeunes peintres doivent se tourner vers l’informel pour exister. La figuration est en perte de vitesse. Le 19 mai 1958, lors du Festival de Cannes, andré Malraux prononce un discours au cours duquel il déclame la phrase suivante : « si le roman semble diminuer de force, si la grande peinture n’est plus figurative, c’est qu’il n’existe pas de puissance de rêve comparable au cinéma... » Le monde de l’art est stupéfait et interprète cette phrase comme une affirmation. Dans ce contexte, la Jeune Peinture n’a plus de raison d’être. Bernard Lorjou essaye bien de contre-attaquer. en 1959, il fait ainsi condamner Bernard Dorival pour diffamation. Dans son livre Les Peintres du XXe siècle, il avait écrit au sujet de Bernard Buffet : « ... un seul mérite ne souffre pas discussion : celui d’avoir disputé à la régie renault le record de la productivité française et élevé le tableau à la dignité d’objet industriel fabriqué en série. » quant à Bernard Lorjou, il le présentait comme un « tartarin de la peinture, pour qui faconde égale fécondité et “tempérament” talent, qui a commis une autre confusion et identifié expressionnisme et exhibitionnisme (17) ». Le résultat en est une mise à l’écart de la Jeune Peinture. La plupart de leurs œuvres sont décrochées des cimaises des musées et entreposées dans les caves. Dans cet environnement devenu très défavorable, le salut aurait pu venir de l’étranger dont les positions sont moins tranchées et où la peinture française conserve une certaine aura. Malheureusement les galeries parisiennes n’ont pas su partager à temps leurs contrats d’exclusivité avec les galeries étrangères et principalement celles outre-atlantique. Le brusque basculement du marché de l’art de Paris à new York est donc fatal. Le contexte de guerre froide impose aussi sa loi, aux États-unis la modernité, à l’urss l’art rétrograde. en 1964, rauschenberg obtient le premier prix de la Biennale de Venise. quel camp pour la France ? Évidemment celui de la nouvelle modernité qui s’impose. L’abstraction triomphe alors au détriment d’une figuration assimilée à un réalisme jugé passéiste. La Jeune Peinture, confinée à l’hexagone, privée de cimaises, disparaît de la scène artistique.

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Pollet, Nature morte à la raie, 1959, huile sur toile, 162 x 130 cm, collection particulière

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Ci-dessus : Françoise adnet, Le Mur rouge, huile sur bois, 1956, 170 x 153 cm, collection particulière Ci-contre : Bernard Buffet, Nature morte au poulet, 1948, huile sur toile, 54 x 65 cm, collection particulière roger Lersy, La Rue, 1951, huile sur toile, 81 x 100 cm, collection particulière



Vers un renouVeau

un demi-siècle plus tard, elle est complètement oubliée, évincée de l’histoire de l’art. tout au plus est-elle considérée comme une réaction figurative, un retour étriqué à une peinture de chevalet, à une peinture indigne d’intérêt de par son caractère « post avantgardiste ». La question est maintenant de savoir si les historiens peuvent encore cautionner une telle vision minimaliste et erronée, dictée par un système politique et financier. une remise à plat devient nécessaire comme le souligne Patrick Favardin : « il est temps de sortir des sentiers de la pensée officielle. nous savons que le système des avant-gardes consistant à créer sans arrêt des nouveautés n’est pas une vérité en soi. il participe d’une idéologie progressiste qui veut qu’à chaque moment Maurice Verdier, Nature morte aux raisins, 1952, huile sur toile, 46 x 38 cm Collection particulière historique corresponde une forme esthétique, à la fois reflet et matrice symbolique. Cette forme qui se veut coupure avec le passé crée les nouveaux référents d’un monde devenu subitement sans mémoire (18). » La Jeune Peinture s’inscrit donc dans une toute autre modernité que celle qui nous est actuellement imposée et qui se voudrait écrite à jamais. on sait que les vérités dogmatiques ne soutiennent que très rarement l’épreuve du temps. La position anachronique de la Jeune Peinture dans l’histoire de l’art est totalement liée à cette doctrine. quand ce dogme de pensée tombera, la Jeune Peinture deviendra une évidence. aucun mouvement d’une telle ampleur – il a regroupé plus de mille peintres – n’a existé au XXe siècle. il est assez étonnant de constater qu’il puisse être encore oublié comme ce fut le cas lors de l’exposition Paris-Paris, Créations en France 1937-1957, qui s’est déroulée de mai à novembre 1981, au Centre Pompidou. est-ce d’ailleurs un oubli ou une volonté de réduire la Jeune Peinture au silence tant elle remet en cause l’histoire de la création picturale à la sortie de la seconde Guerre mondiale ? La Jeune Peinture nous apparaît beaucoup plus jeune aujourd’hui que bien des mouvements qui se sont prétendus d’avant-garde au cours du XXe siècle. elle correspond au schéma humaniste qui se dessine dans la société actuelle. Dans cette logique où le progrès n’est pas considéré comme une fin en soi, la Jeune Peinture est une balise essentielle. La Biennale Au-delà du corps à aixe-sur-Vienne lui rendait ainsi un hommage vibrant en 2007 (19). Cette même année, à Clermont-Ferrand, le musée d’art roger-quilliot confiait ses cimaises au mouvement à travers l’exposition Années 1950, l’alternative figurative. en 2010, un autre musée de France, le musée estrine à saint-rémy-de-Provence poursuivait ce retour en grâce en montrant une quarantaine de pièces majeures de la Jeune Peinture lors de l’exposition La Réalité retrouvée, La Jeune Peinture, Paris, 1948-1958. Ces manifestations qui entrent dans une démarche de redéfinition de la modernité ont ouvert un immense pan de recherche aux historiens de l’art. À leur suite, l’université de toulouse ii - le Mirail a lancé des pistes importantes de réflexion sur le sujet à travers un colloque international réalisé en 2013, Autour des figurations : critiques d'art et artistes dans la France d'après-guerre. Débats esthétiques, enjeux politiques et sociaux.

La Jeune Peinture, une reMise en question De L’art MoDerne

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Michel thompson, La Nappe blanche, 1949, huile sur toile, 54 x 65 cm, collection particulière

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C’est aujourd’hui à un musée privé, le musée Mendjisky - Écoles de Paris, de poser de nouvelles pierres quant à cette réhabilitation en permettant un retour institutionnel de ces peintres dans la capitale aux côtés de Bernard Buffet présenté simultanément au musée d’art moderne de la Ville de Paris. on ne peut que saluer le courage de cette exposition voulue par Patricia et serge Mendjisky pour lesquels art signifie sincérité et vérité. À travers une soixantaine d’œuvres maîtresses exposées, ils réaffirment ainsi une vision de l’art faite de chair et de terre, une vision qui atteste que le XXe siècle n’a pas été le siècle du vide mais celui de la figure réinventée à travers de nombreuses individualités comme Francis Bacon, Balthus, Lucian Freud, edward Hopper ou Giorgio Morandi mais aussi par tous ces jeunes peintres humanistes qui, dans les années 50, se sont battus pour imposer une figuration que la modernité voulait à jamais dissoudre. Pierre Basset Historien de l’art

notes bibliographiques Joseph a. Barry, “to them Picasso is old Hat”, The New York Times, 8 janvier 1950. Jean-Paul sartre, « Coexistences », Derrière le Miroir, Maeght Éditeur, Paris, octobre 1970. (3) J.-a. Cartier, préface du catalogue de l’exposition La Jeune Peinture, galerie Moullot, Marseille, 1953. (4) Jean Giono, Cent tableaux de 1944 à 1958 par Bernard Buffet, galerie Charpentier, Paris, 1958. (5) Pierre Descargues, Rebeyrolle, coll. « artistes de ce temps », les Presses Littéraires de France, Paris, 1951. (6) Jean Bouret, préface du catalogue du premier Manifeste de l’homme témoin, galerie du Bac, Paris, 1948. (7) Jean Bouret, préface du catalogue du Second Manifeste de l’homme témoin, galerie Claude, Paris, 1949. (8) edmonde Charles-roux, « La vie à Paris », Vogue, avril 1950. (9) Guy Dornand, « Le salon des jeunes peintres », Libération, 27 janvier 1950. (10) andré Warnod, « Le salon des jeunes peintres », Le Figaro, 16 janvier 1951. (11) Maurice Druon, annabel Buffet, Bernard Buffet, Hachette, 1964. (12) George Besson, préface du catalogue de l’exposition André Minaux, galerie Bernier, Paris, 1957. (13) Pierre Descargues, Paul Aïzpiri, coll. « artistes de ce temps », les Presses Littéraires de France, Paris, 1952. (14) Marcel Zahar, « La nouvelle Vague », Arts, janvier 1955. (15) John Willett, “the end of artistic Isms?”, The Manchester Guardian, juin 1956. (16) Claude roger-Marx, Le Figaro littéraire, 10 octobre 1959. (17) Bernard Dorival, Les Peintres du XXe siècle, éditions Pierre tisné, Paris, 1957. (18) Patrick Favardin, « Le désir de permanence », La Réaction figurative, éditions Counord-alan, Paris, 1990. (19) Pierre Basset, « années 1950 : La Jeune Peinture et le Manifeste de l'homme témoin. », Artension, H.s. n° 2, 2007. (1)

(2)

Ci-contre : Bellias, Portrait de Claude, 1952, huile sur toile, 176 x 106 cm, collection particulière

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Paul rebeyrolle, Paysage d’Eymoutiers, 1953, huile sur bois, 53 x 97 cm, collection Mr et Mme Jean Bac

Bellias, Nature morte au bougeoir, 1951, huile sur toile, 54 x 81 cm, collection particulière


FiGuration, PersonnaGe, MêMe CoMBat ? roMain GarY et Les insouMis Du roMan D’aPrès-Guerre

Le débat sur la modernité traverse tous les arts dans l’après-guerre. il n’est peut-être pas inutile pour réfléchir sur la peinture de cette période de jeter quelques ponts avec l’histoire de la littérature. D’autant que la controverse sur l’abstraction et la figuration en peinture s’est invitée dans celle sur le roman, au début des années 1950. nathalie sarraute s’appuie sur l’abstraction en peinture pour défendre sa conception du roman. Dans L’Ère du soupçon (1956), elle présente la peinture moderne abstraite comme un modèle, faisant un parallèle entre la figuration en peinture et la psychologie dans le roman : « […] par une évolution analogue à celle de la peinture […] l’élément psychologique, comme l’élément pictural, se libère insensiblement de l’objet avec lequel il faisait corps. il tend à se suffire à lui-même et à se passer le plus possible de support (1) […]. » De même que la photographie a dégagé la peinture du rôle de représenter le réel, explique-t-elle, de même le cinéma a libéré le roman de cette fonction : « par un mouvement analogue à celui de la peinture, le roman que seul l’attachement obstiné à des techniques périmées fait passer pour un art mineur, poursuit avec des moyens qui ne sont qu’à lui une voie qui ne peut être que la sienne : il laisse à d’autres arts – et notamment au cinéma – ce qui ne lui appartient pas en propre. » alain robbe-Grillet affirme de même que ses romans « n’ont pas l’intention de copier le monde (2) ». Le parallèle entre représentation figurative et une représentation du personnage romanesque héritée du réalisme semble aller de soi. Les nouveaux romanciers en tirent argument pour plaider en faveur d’une écriture romanesque qui se suffirait à elle-même, où « l’élément psychologique » pourrait « se passer de tout support ». Ce parallèle – et peut-être surtout cette sorte d’ « évidence » avec laquelle il est posé – est révélateur de nos représentations de cette période, tant du point de vue de l’histoire littéraire que de l’histoire de l’art. À des fins polémiques, le débat a été simplifié, voire caricaturé, et s’est réduit le plus souvent dans les textes à une opposition entre modernité et conservatisme. en réalité, on a plutôt affaire à différentes formes de modernité, concurrentes entre elles, dont l’une a fini par occulter les autres. Ces débats esthétiques ont modelé nos représentations de la période, allant jusqu’à occulter le travail de certains artistes. Cela a abouti à des mises à l’écart, des silences et des effacements qui commencent seulement aujourd’hui à être remis en cause. L’historienne anne simonin identifie ainsi le début des années cinquante comme une sorte de « trou noir » de l’histoire littéraire de l’après-guerre (3). elle met à jour la sorte de « logique » implicite qui a fini par s’imposer : l’histoire du roman de cette période se résumerait au dépassement du débat entre existentialisme et réalisme dit « socialiste », autour de la question de l’engagement, par une troisième formule, radicalement différente, celle du nouveau roman. Cette image trop cohérente d’un mouvement à un autre, d’une modernité à une autre est en réalité construite en fonction d’un aboutissement qu’elle sert à légitimer – le nouveau roman –, aboutissement que les plus radicaux des théoriciens ont présenté comme une sorte de « fin de l’histoire » du roman. elle ne laisse de place, entre les deux, qu’à des œuvres « singulières », isolées, mal rattachées au fil narratif de l’histoire littéraire et que l’on écarte de la question de la modernité : celles, parmi d’autres, de Julien Gracq, Jean Giono ou Marguerite Yourcenar, par exemple. C’est cette construction, ce récit, cette trop « belle histoire » qu’il nous appartient aujourd’hui de remettre en cause.

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Le postulat sur lequel est fondée l’esthétique qui permet cette représentation est, qu’après la seconde Guerre mondiale, « raconter est devenu proprement impossible (4) » – de même qu’en peinture il serait devenu impossible de « représenter ». Pourtant, si la guerre pèse sur les écrivains et les œuvres de cette période, tous ne partagent pas ce constat. tous n’ont pas eu les mêmes expériences et sans doute aussi leurs tempéraments les distinguent. Ce qui a poussé les uns vers la pensée de l’absurde, ou plus radicalement, vers une tentation nihiliste, en Claude Venard, Portrait de Romain Gary, circa 1948, a conforté d’autres, au contraire, dans leur foi en la huile sur toile, 130 x 162 cm, collection particulière capacité de l’homme à faire face, à résister, quelles que soient les péripéties tragiques de l’histoire. Pour eux, l’art en général et la fiction littéraire en particulier, ont été de puissantes aides, des moyens de ne pas désespérer. Là où certains ont fait le constat d’une faillite du récit et du langage, d’autres ont senti confortés en eux les pouvoirs du langage et de la fiction. et cette conviction, éprouvée dans les circonstances les plus difficiles, n’était pas conservatrice par nature, mais souvent le point d’appui de nouvelles recherches pleinement inscrites dans la modernité. Le romancier romain Gary est représentatif de cette génération. son volumineux essai sur le roman, Pour Sganarelle (1965), paru deux ans après Pour un nouveau roman, est pensé – jusque dans le titre – comme une réponse à robbe-Grillet. Dans cette charge contre le porte-parole des nouveaux romanciers, il ne se cantonne pas – et c’est là l’essentiel – à la défense d’un art « traditionnel » du roman, quoi que l’on veuille faire dire à ce type de formule. Gary a combattu pendant toute la durée de la guerre, rejoignant l’angleterre et la France libre de de Gaulle dès l’été 1940. il a écrit son premier roman abouti (et publié) pendant les combats, entre les missions de bombardement. son expérience vécue a été que l’art, et la littérature en particulier, ne sont jamais plus nécessaires qu’au milieu de la catastrophe et de la tourmente. il en tire la conclusion non de la mort du roman, mais au contraire de son urgence, de l’extrême nécessité de raconter des histoires et de s’identifier à des personnages : « C’est un bijou […] c’est de M. robbeGrillet : et voici sa perle sans prix et sans valeur : On ne peut plus raconter, s’exclame ce désespéré. un cri du cœur ! Monsieur, on ne peut que cela (5) », lui répond-il. Pour Gary, renoncer aux histoires et aux personnages serait une forme de démission de l’écrivain face au monde : « notre roman se réfugie dans le fantastique, dans le bizarre, dans le maniérisme, dans le refus de voir, d’aborder, de se battre, d’affronter, il fuit dans le formalisme, dans l’informe, dans l’informel et dans l’informulé. » il dénonce ceux qui ne peuvent « se libérer de la terreur du réel » qu’en annonçant la mort du roman : « c’est tantôt “la mort du roman”, tantôt le “roman sans personnages”, rêve d’un lambeau de chair encore palpitant, encore vivant, d’une tête coupée encore rêveuse et qui se voudraient objets hors de tout “souffrir”, de tout “sentir”, à l’abri de l’angoisse de penser (6). » Gary plaide, lui, pour le maintien de l’Histoire au cœur du roman. il revendique une œuvre « nourrie de son siècle jusqu’à la rage », une œuvre multiple, protéiforme, ancrée dans la représentation du monde et dont les sujets sont presque toujours tirés de l’actualité contemporaine. Pour lui, défendre le personnage et l’histoire – comme du côté des peintres défendre la figuration – ne signifie pas s’en tenir à une conception « traditionnelle » du roman, ni rester enfermé dans un modèle. Bien au contraire, aux côtés de bien d’autres (comme Louis Guilloux, Jean Malaquais, Vercors même), Gary n’a cessé de chercher des structures narratives originales, en particulier dans la façon de projeter la conscience d’un personnage en plusieurs voix. Dans Les Racines du ciel

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(1956), par exemple, il est l’un des rares écrivains français à avoir adapté la technique narrative créée par Joseph Conrad pour Lord Jim et Cœur des ténèbres, à l’origine de toute la modernité romanesque anglo-saxonne, celle de Faulkner, notamment. il mène des expériences d’écriture romanesque beaucoup plus audacieuses encore dans La Danse de Gengis Cohn, Europa ou Pseudo. Mais Pour Sganarelle a été un échec total. Le livre s’est peu vendu. surtout, il n’a pas provoqué le débat escompté par Gary. Les nouveaux romanciers alors au faîte de leur fortune critique ont ignoré l’attaque. ils n’ont pas répondu, tuant la polémique par le silence. Le cas de Gary est révélateur d’une forme de confiscation de la notion de modernité au profit d’une seule définition, dont il est loin d’avoir été la seule victime, et qui est, en réalité, caractéristique d’une époque d’affrontement idéologique particulièrement tendu. Ce débat esthétique très clivant, qui a traversé tous les arts après-guerre sous différentes formes, s’est traduit par des amitiés artistiques et littéraires. une connivence s’était ainsi nouée dans les années d’immédiate après-guerre entre romain Gary et Claude Venard, proche de la Jeune Peinture. un grand portrait tourmenté de l’écrivain en témoigne (7). Longtemps, on a cru ce portrait perdu. symboliquement il réapparaît aujourd’hui, comme un signe qu’il est temps de revisiter cette histoire et de rendre justice à ces artistes effacés de la photo, mais dont les œuvres, avec entêtement, continuent à nous parler. Julien rouMette Maître de conférences Lettres modernes université de toulouse le Mirail – Jean Jaurès

notes bibliographiques nathalie sarraute, L’Ère du soupçon [1956], Gallimard, « nrF », « idées », 1964, p. 87 et 92-93. Catherine Bergeron, « Le nouveau roman n’est pas pour les intellectuels : entretien avec alain robbe-Grillet », Jardin des modes, n° 541, janvier 1967, p. 54. (3) anne simonin, Les Éditions de minuit ou le devoir d’insoumission [1995], Paris, iMeC, 2008, p. 7. (4) alain robbe-Grillet, Pour un nouveau roman, Paris, Les Éditions de Minuit, 1961, p. 31. (5) romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Gallimard, « Folio », 2003, p. 215. (6) Ibid., p. 30 et 31. (7) L’histoire mouvementée de ce tableau est retracée dans : Julien roumette, « règlement de comptes avec un double », dans Romain Gary, Europe, n° 1022-1023, juin-juillet 2014, p. 31-35. (1) (2)

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Michel thompson, Autoportait avec Claudine dans le mÊtro, 1950, huile sur toile, 46 x 38 cm, collection particulière


Les InsoumIs de L’art moderne Paris, les années 50

ÉlÉments biographiques


Françoise aDnet, Paris 1924 - 2014

Françoise adnet au piano, circa 1945. Copyright D.R.

Fille du décorateur Jacques adnet et filleule du prix nobel irène Joliot-Curie, Françoise adnet est douée pour la musique et devient l’élève de Marguerite Long et d’alfred Cortot. Malgré une carrière prometteuse de pianiste, elle abandonne brusquement la musique pour se consacrer entièrement à sa passion de toujours, la peinture. autodidacte, elle expose en 1942, 1943 et 1948 au salon des moins de trente ans puis en 1954 et 1958 au salon de la jeune peinture. elle participe à la décoration de paquebots et illustre de nombreux livres. son œuvre est éprise d’une grande mélancolie et exprime un regret du temps qui passe. Les galeries David et Garnier et reichenbach à Paris, Monique de Groote à Paris et Bruxelles, isy Brachot à Bruxelles, Dresdnere à Montréal et toronto ainsi que Findlay à Chicago et new York ont notamment soutenu son travail. ses œuvres sont présentes au musée Cantini de Marseille, au musée d’art moderne de la Ville de Paris, au Fonds national d’art contemporain et au musée d’art moderne de Liège.

nB : Dans un souci de simplification, le terme salon de la jeune peinture a été généralement utilisé, mais il est à noter que le salon est initialement dénommé salon des jeunes peintres et ce jusqu’en 1953.

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Françoise adnet, Jeune fille à l'orange, 1956, huile sur toile, 81 x 54 cm, collection particulière


Bellias, La Table de cuisine, 1952, huile sur toile, 116 x 89 cm, collection particulière

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BeLLias, Paris 1921 - 1974

Cocteau posant pour Bellias, 1956. Copyright D.R.

inscrit à l’école des arts appliqués, Bellias reçoit les conseils de robert Wlérick. il poursuit ses études à l’école nationale supérieure des Beaux-arts mais à cette dernière il préfère l’enseignement de l’académie de la Grande Chaumière qu’il juge plus libre. ses rencontres avec François Desnoyer puis Édouard Goerg seront déterminantes quant à sa vision de la peinture. il obtient le prix de la Jeune Peinture en 1951 et il expose au salon des tuileries en 1952. il figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il participe au salon de la jeune peinture, à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture de Paris et au Prix Greenshields, galerie Charpentier en 1957. il expose à l’École de Paris en 1956, 1957 et 1961. interprète de la réalité, il prend le plus souvent pour sujet des paysages ou des natures mortes qu’il traite avec robustesse dans une gamme chromatique souvent assourdie. il expose notamment aux galeries Monique de Groote, Cardo, Bellier et Pétridès à Paris. ses œuvres sont présentes aux musées des Beaux-arts de Lille, sainte-Croix de Poitiers et au Fonds national d’art contemporain où l’on y dénombre six tableaux. il meurt de sclérose en plaque en 1974.

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BernarD BuFFet, Paris 1928 - tourtour 1999

Bernard Buffet dans sa chambre-atelier, rue des Batignolles, Paris, 1948. Copyright D.R.

À l’âge de quinze ans, Bernard Buffet entre aux Beaux-arts dans l’atelier narbonne. il expose de 1946 à 1948 au salon des moins de trente ans et de 1950 à 1954 au salon de la jeune peinture. en 1948, à dix-neuf ans, il est co-lauréat du prix de la Critique avec Bernard Lorjou. en 1949, il participe au Second Manifeste de l’homme témoin. il expose aux côtés de Francis Bacon, Lucian Freud, andré Minaux et Paul rebeyrolle à Recent Trends in Realist Painting à Londres en 1952. À partir de cette année, il présente annuellement, en février, à la galerie Drouant-David puis aux galeries David et Garnier et Maurice Garnier, un grand thème et ce jusqu’à sa mort en 1999. son univers froid au graphisme aigu connaît un succès immédiat et fait de Bernard Buffet une vedette internationale. ses tableaux sont ainsi montrés dès 1950 à Bâle, Bruxelles, Copenhague, Genève ou new York. ami de Jean Giono, il s’installe en Provence en 1951. il expose à l’École de Paris de 1954 à 1959. en 1956, il présente 23 toiles à la Biennale de Venise. en 1958, une importante rétrospective a lieu à la galerie Charpentier. ses tableaux figurent dans les collections des plus grands musées du monde. en 1973 est inauguré un musée Bernard Buffet au pied du mont Fuji. atteint par la maladie de Parkinson il met fin à ses jours en 1999.

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Bernard Buffet, La Poissonnerie, 1951, huile sur toile, 195 x 294 cm, Fonds de Dotation Bernard Buffet

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Cara-Costea, MÉrÉViLLe 1925 - 2006

Cara-Costea, circa 1945. Copyright D.R.

après un court séjour aux Beaux-arts, Cara-Costea s’inscrit à l’académie de la Grande Chaumière dans l’atelier d’Émile-othon Friesz. il expose au Premier salon des jeunes peintres en 1950 dont il réalise l’affiche puis en 1951 et 1953 et au salon de la jeune peinture de 1954 à 1958 et en 1960. il crée en 1949 avec Philippe Lejeune la revue Sujet, recueils de sérigraphies auxquels participeront les plus importants peintres de la Jeune Peinture. son œuvre très réaliste aux tonalités sombres du début des années cinquante évoluera progressivement vers une peinture plus colorée que structure un graphisme exacerbé. sa première exposition personnelle a lieu à la galerie Paul Valloton à Lausanne en 1952. il participe à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il expose en 1956 à La Jeune Peinture de Paris à la Marlborough Fine art à Londres. en 1960, il entre en exclusivité à la galerie Jean-Claude Bellier à Paris. Les musées d’art moderne de la Ville de Paris, sainte-Croix de Poitiers et de Chicago ainsi que la Bibliothèque nationale de France et le Fonds national d’art contemporain possèdent des œuvres du peintre.

Ci-contre : Cara-Costea, Portrait de Claude, 1951, huile sur toile, 116 x 81 cm, collection particulière

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Jean CoMMère, Paris 1920 - anGers 1986

Jean Commère dans son atelier. Copyright D.R.

en 1938, Jean Commère entre aux Beaux-arts de Paris. en 1951, il réalise sa première exposition personnelle à la galerie Monique de Groote. en 1952, il obtient le prix othon Friesz avec Michel rodde. il figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il expose de 1952 à 1955 et en 1957 au salon de la jeune peinture. Cette même année, il réalise l’affiche pour la Biennale 57, Jeune Peinture, Jeune sculpture de Paris. il participe à l’École de Paris de 1955 à 1958 à la galerie Charpentier. son univers est marqué par un trait nerveux et une palette où les jaunes tiennent une place prépondérante. La Lefevre Gallery à Londres et la galerie Philippe reichenbach à new York soutiennent son travail. À Paris, après une longue collaboration avec la galerie Monique de Groote, les galeries reichenbach, David et Garnier puis Maurice Garnier prendront le relais. ses tableaux figurent dans les collections du musée d'art moderne de la Ville de Paris, du Fonds national d'art contemporain, du musée des Beaux-arts d'angers, du musée des Beaux-arts d'orléans, du musée du gemmail de tours, du musée de trouville, du musée Denys Puech de rodez, du musée des Beaux-arts de Houston et du musée du Vatican.

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Jean Commère, Les Faisans, circa 1964, huile sur toile, 97 x 130 cm, collection particulière

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simone Dat, Le Café, 1954, huile sur bois, 116 x 144 cm, collection particulière

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siMone Dat, Paris 1927

simone Dat dans la cour de la ruche, circa 1954. Photo Cauvin.

elle suit des cours de dessin à l’académie Julian aux côtés de Claude autenheimer, d’Élisabeth Dujarric et de Françoise sors puis fréquente les ateliers libres de la Grande Chaumière où elle rencontre Michel de Gallard, Michel thompson et Paul rebeyrolle. elle épouse ce dernier en 1949 et s’installe durablement à la ruche. Cette même année elle participe au Second Manifeste de l’homme témoin. elle expose au salon de la jeune peinture de 1950 à 1957 et de 1959 à 1960. elle y reçoit en 1954 le prix Fernand Léger et en 1956 le prix Marlborough. elle participe à l’École de Paris 1954 à la galerie Charpentier. elle expose en 1956 et 1957 à La Jeune Peinture de Paris à la Marlborough Fine art à Londres. elle participe à la Biennale de Paris en 1959 et 1961. Dans notre société où tout s’accélère, sa peinture est un arrêt sur le temps qui passe, une oraison à un monde rural en voie de disparition. ses œuvres, rigoureusement construites et dessinées, ont une robustesse toute paysanne. Les galeries Drouant-David à Paris, arcade Gallery et Marlborough Fine art à Londres ainsi que la galerie reichenbach à Houston présentent son travail.

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MiCHeL De GaLLarD, ViLLeFranCHe-D’aLLier 1921 - La BorDe 2007

Michel de Gallard à La Borde, circa 1960. Photo Petitjean.

il abandonne rapidement ses études de médecine puis se rend à Paris à la Libération bien décidé à être peintre. il s’inscrit à l’académie de la Grande Chaumière où il rencontre Michel thompson et Paul rebeyrolle. il s’installe à la ruche avec ces derniers. il participe aux deux expositions du Manifeste de l’homme témoin en 1948 et 1949. il expose de 1945 à 1948 au salon des moins de trente ans et de 1950 à 1956 au salon de la jeune peinture où il rencontrera sa future épouse, le peintre Claude autenheimer. il obtient le prix antral en 1952. il participe à l’École de Paris de 1954 à 1957 et en 1961 à la galerie Charpentier. il figure en 1956 à La Jeune Peinture de Paris à la Marlborough Fine art à Londres. il expose à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture de Paris. Dans les années cinquante son travail est défendu à Paris par la galerie Framond. avant tout paysagiste, il s’exprime dans des œuvres fortement dessinées et aux tonalités sourdes. Les musées des Beaux-arts de Blois, roger-quilliot de Clermont-Ferrand, sainte-Croix de Poitiers, le Fonds national d’art contemporain ainsi que les musées de Djakarta et de Yamagata possèdent des tableaux du peintre.

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Michel de Gallard, Paysage de l’Allier, 1953, huile sur toile, 73 x 60 cm, collection particulière

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Guerrier, Pierre Brasseur, 1956, huile sur toile, 195 x 114 cm, collection particulière


Guerrier, Guerrier, Paris Paris1920 1920- -ee YGaLières YGaLières2002 2002

Pierre Brasseur dans sa loge avec Guerrier, 1956. Copyright D.R.

autodidacte il fréquente les musées et se forme au contact des grands maîtres tout en exerçant le autodidacte il fréquente les musées et se forme au contact des grands maîtres tout en exerçant le métier de photograveur. il expose au salon des moins de trente ans en 1948 et au salon de la jeune métier de photograveur. il expose au salon des moins de trente ans en 1948 et au salon de la jeune peinture de 1953 à 1955. il obtient le prix de la rue de seine en 1952 et le prix de la Jeune Peinture peinture de 1953 à 1955. il obtient le prix de la rue de seine en 1952 et le prix de la Jeune Peinture en 1953. C’est en 1954 qu’il découvre le midi et rompt avec le milieu parisien pour s’installer à en 1953. C’est en 1954 qu’il découvre le midi et rompt avec le milieu parisien pour s’installer à eygalières en Provence. il travaille alors en solitaire. il figure à l’exposition itinérante Jeune eygalières en Provence. il travaille alors en solitaire. De 1952 à 1960, il présente annuellement Peinture en France qui circule en allemagne de 1955 à 1956 réalisée sous l’égide de Jean-albert un ensemble d’œuvres à la galerie stiébel à Paris. Durant cette période il expose aussi à la redfern Cartier. De 1952 à 1960, il présente annuellement un ensemble d’œuvres à la galerie stiébel à Gallery à Londres, à la Hammer Gallery à new York et à la galerie Motte à Genève. il participe à Paris. Durant cette période il expose aussi à la redfern Gallery à Londres, à la Hammer Gallery l’École de Paris en 1954, 1956, 1957, 1960 et 1961. il figure à l’exposition itinérante Jeune à new York et à la galerie Motte à Genève. il est présent à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il sculpture de Paris. il participe à l’École de Paris en 1954, 1956, 1957, 1960 et 1961. Dans une participe à la Biennale 57, Jeune Peinture, Jeune sculpture de Paris. Dans une peinture à la rigueur peinture à la rigueur cistercienne, il recherche l’essentiel. sa matière épurée puis onctueuse où cistercienne, il recherche l’essentiel. sa matière épurée puis onctueuse où dominent les gris, les dominent les gris, les ocres et les noirs, est sculptée et soutenue par un dessin puissant. son œuvre ocres et les noirs, est sculptée et soutenue par un dessin puissant. son œuvre est l’essence même est l’essence même de la Jeune Peinture. ses tableaux sont présents aux musées toulouse-Lautrec de la Jeune Peinture. ses tableaux sont présents au musée d’art moderne de la Ville de Paris, aux d’albi, réattu d’arles, des Beaux-arts de Calais, des Beaux-arts du Havre, Cantini de Marseille, musées toulouse-Lautrec d’albi, réattu d’arles, des Beaux-arts de Calais, des Beaux-arts du d’art et d’Histoire de Meudon, des Beaux-arts de Pau, sainte-Croix de Poitiers, d’art et Havre, Cantini de Marseille, d’art et d’Histoire de Meudon, des Beaux-arts de Pau, sainte-Croix d’Histoire de saint-Denis, au Fonds national d’art contemporain et aux musées de Caracas, d’art de Poitiers, d’art et d’Histoire de saint-Denis, au Fonds national d’art contemporain et aux musées et d’Histoire de Luxembourg et d’ueno de tokyo. de Caracas, d’art et d’Histoire de Luxembourg et d’ueno de tokyo.

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HeauLMÉ, saint-JorioZ 1927 - saint-CiriCe 2005

Heaulmé, circa 1959. Copyright D.R.

en 1945, François Heaulmé étudie la restauration de tableaux. De 1947 à 1948, il expose au salon des moins de trente ans puis au salon de la jeune peinture en 1951, 1953, 1954, 1955, 1957 et 1958. sa peinture est marquée par un esprit goyesque et une facture au clair-obscur rembranesque. en 1955, il participe à La Nouvelle Vague à la galerie Framond. il figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. en 1959, il figure à La Jeune Peinture Française au Coliseum de new York et à la Biennale de Paris. À Paris, la galerie Hervé odermatt soutient particulièrement son travail, lui offrant cinq expositions personnelles de 1961 à 1974. Le musée d’art et d’Histoire de la Ville de saint-Denis lui organise une rétrospective en 1986 et le musée Henri-Martin de Cahors en 2005. Parallèlement à son œuvre peint, il réalise de nombreux monotypes dont une importante série sur La Ballade de la geôle de Reading de oscar Wilde de 2002 à 2004. Le musée d’art et d’Histoire de la Ville de saint-Denis conserve trois de ses œuvres.

Ci-contre : Heaulmé, Suzanne et les vieillards, 1958, huile sur toile, 146 x 114 cm, collection particulière

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roger Lersy, Nature morte à la tête de lapin, 1954, huile sur toile, 81 x 65 cm, collection particulière

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roGer LersY, Paris 1920 - ForGes-Les-Bains 2004

roger Lersy. Copyright D.R.

Peintre, sculpteur et compositeur, roger Lersy recherche la vérité à travers différentes formes d’art où rythmes, mouvements, couleurs et sons s’entremêlent. il entre aux arts appliqués à l’âge de quatorze ans et en est diplômé en 1937. il expose au salon des moins de trente ans en 1944. il obtient en 1953 le prix des amateurs d’art et Collectionneurs et en 1954 le prix shell. il participe régulièrement à l’École de Paris de 1954 à 1957 et en 1961 à la galerie Charpentier. sa peinture, dans des tonalités chromatiques chaudes, est marquée par un dessin nerveux qui déchire la toile et emprisonne son sujet. Les galeries Bourdon, Drouand-David, Fricker, de seine à Paris, la galerie Motte à Genève, la redfern Gallery à Londres et les international Galleries à Chicago défendent particulièrement son travail. ses œuvres sont présentes au musée Cantini de Marseille, au musée d’art moderne de la Ville de Paris et au Fonds national d’art contemporain.

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BernarD LorJou, BLois 1908 - saint-Denis-sur-Loire 1986

Bernard Lorjou dans son atelier, 1948. Copyright D.R.

issu d’une famille modeste, il arrive très jeune à Paris où il gagne sa vie en exerçant de petits métiers avant de trouver un emploi stable à l’atelier de dessin du soyeux Francis Ducharne où il rencontrera sa future compagne Yvonne Mottet. il suit des cours du soir à Montparnasse et reçoit les conseils du peintre Georges Valmier. il réalise sa première exposition personnelle en 1945 à la galerie du Bac. en 1948, avec le critique Jean Bouret, il est l’initiateur du Manifeste de l’homme témoin. Cette même année, il est co-lauréat du prix de la Critique avec Bernard Buffet et participe à la Biennale de Venise. en 1949, il participe au Second Manifeste de l’homme témoin. soutenu par Domenica Walter et la galerie Wildenstein, il est considéré dans les années cinquante comme un des peintres les plus importants du moment. il participe à l’École de Paris en 1954 et 1955. ses œuvres à caractère événementiel, souvent de très grandes dimensions, attestent un dessin efficace et violent et une palette colorée souvent exacerbée. Lorjou est un artiste de combat, un agitateur de l’art qui n’hésite pas à défendre haut et fort la figuration même si cela passe par une critique virulente des instances officielles. ses tableaux sont présents dans de nombreux musées dont le musée national d’art moderne - Centre Pompidou, le musée d’art moderne de la Ville de Paris ainsi qu’au Fonds national d’art contemporain.

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Bernard Lorjou, Les Tournesols, 1954, huile sur toile, 92 x 73 cm, collection particulière

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anDrÉ MinauX, Paris 1923 - ProVins 1986

andré Minaux dans son atelier, rue de Flandre, 1950. Copyright D.R.

C’est à l’école des arts décoratifs qu’il apprend la rigueur du métier et l’importance du dessin. il expose au salon des moins de trente ans de 1946 à 1948 et au salon de la jeune peinture de 1950 à 1952 et en 1959. en 1949, il obtient le prix de la Critique, participe au Second Manifeste de l’homme témoin et le musée des Beaux-arts de Poitiers lui consacre une exposition personnelle. il est avec Bernard Buffet l’initiateur de la nouvelle figuration française. en 1952, il est sélectionné pour participer à la Biennale de Venise. Cette même année, il expose aux côtés de Bernard Buffet, Francis Bacon, Lucian Freud et Paul rebeyrolle à Recent Trends in Realist Painting à Londres. De 1954 à 1959, il est présent à l’École de Paris. en 1955, il participe à 4 French Realists à la tate Gallery à Londres. il figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. en 1957, il expose à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture. en 1960, il présente La Noce à la Maison de la pensée française. Peintre, mais aussi lithographe, graveur et illustrateur, il joue un rôle primordial dans les années cinquante. il impose en particulier la Jeune Peinture outre-manche. ses expositions à l’adams Gallery connaissent un fort succès et lui ouvrent les portes de la tate Gallery. À Paris, la galerie Bernier soutient son travail. son œuvre, qui va à l’essentiel, est éprise d’une grande sérénité. elle est repos, recueillement. ses créations figurent dans de nombreux musées dont le musée national d’art moderne - Centre Pompidou et le musée d’art moderne de la Ville de Paris en France et à l’étranger la tate Modern à Londres et l’art Gallery of new south Wales à sydney. Le Fonds national d’art contemporain possède une dizaine d’œuvres.

Ci-contre : andré Minaux, Femme au bord de l'eau, 1952, huile sur toile, 130 x 97 cm, collection particulière

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YVonne Mottet, LYon 1906 - saint-Denis-sur-Loire 1968

Yvonne Mottet dans son atelier, circa 1948. Copyright D.R.

Yvonne Mottet réalise sa première exposition personnelle en 1947 à la galerie du Bac à Paris. elle expose ensuite aux deux Manifeste de l’homme témoin en 1948 et 1949. sa peinture est marquée par une palette colorée et un dessin fort. une grande plénitude ressort de ses toiles. en 1953, elle obtient le prix de la Critique avec Gaston sebire. en 1954, le musée d’art moderne de Kamakura présente son œuvre avec celle de Bernard Lorjou au Japon. en 1955, l’adams Gallery l’expose à Londres. De 1954 à 1955, elle figure à l’École de Paris à la galerie Charpentier. La galerie Wildenstein soutient particulièrement son travail, lui offrant des expositions personnelles à Londres, Paris et new York. Le musée national d’art moderne - Centre Pompidou, le musée albert-andré de Bagnols-sur-Cèze et le musée de l’abbaye de saint-Claude possède des œuvres de l’artiste.

Ci-contre : Yvonne Mottet, Baigneuses, 1947, huile sur bois, 105 x 74 cm, collection particulière

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PoLLet, roManèCHe-tHorins 1929

Pollet dans son atelier, circa 1958. Copyright D.R.

très tôt doué pour le dessin, il entreprend d’abord des études d’architecture. en 1947, l’exposition Van Gogh à l’orangerie et la lecture de Van Gogh le suicidé de la société par antonin artaud le marquent profondément. en 1948, il expose au salon des moins de trente ans et en 1952, 1954 et 1955 au salon de la jeune peinture. il obtient le prix de la Jeune Peinture en 1954. il participe à l’École de Paris en 1954, 1957, 1958 et 1960. il réalise sa première exposition personnelle au musée sainte-Croix de Poitiers en 1955, participe cette même année à La Nouvelle Vague et figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il expose à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture ainsi qu’à la Biennale de Paris en 1959 et 1961. Les galeries Drouant-David, Drouant, David et Garnier puis Maurice Garnier soutiennent son travail. ses premiers tableaux au graphisme nerveux laissent place à la fin des années cinquante à une œuvre où la matière et le dessin se mêlent dans une alchimie qui appelle à la grande peinture. ses créations sont notamment présentes aux musées d’art roger-quilliot de Clermont-Ferrand, du gemmail de Lourdes, des Beaux-arts de Menton, d’art moderne de la Ville de Paris, sainte-Croix de Poitiers, d’art moderne de saint-Étienne, du gemmail de tours ainsi qu’au Fonds national d’art contemporain. À l’étranger, on retrouve ses œuvres dans les fondations Fleischmann à Cincinnati et Fisher à Marshalltown.

Ci-contre : Pollet, Femme entrant dans l’eau, 1961, huile sur toile, 195 x 97 cm, collection particulière

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PauL reBeYroLLe, eYMoutiers 1926 - BouDreViLLe 2005

rebeyrolle dans son atelier de la ruche, 1954. Copyright D.R.

originaire du Limousin, il rejoint Paris en 1944 et fréquente l’académie de la Grande Chaumière où il se lie d’amitié avec Michel thompson et Michel de Gallard. Ce dernier lui présente Bernard Lorjou qui le détourne des arts décoratifs et l’encourage à peindre grand. en 1946, il s’installe à la ruche. il figure aux deux expositions du Manifeste de l’homme témoin en 1948 et 1949. Cette année-là, il épouse simone Dat. il expose au salon de la jeune peinture de 1950 à 1959. il participe aux côtés de Bernard Buffet, Francis Bacon, Lucian Freud et andré Minaux à Recent Trends in Realist Painting à Londres en 1952. il est présent à l’École de Paris en l954, 1956, 1957, 1958 et 1960. il figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. ses premiers tableaux aux accents de terre travaillés dans une pâte expressionniste sont un hymne à la nature et à la vie simple. rebeyrolle en parle comme de sa période muséale et l’oppose à sa période violente et engagée qui prendra corps dans les années soixante. il obtient le prix de la Jeune Peinture en 1950 et le prix Fénéon en 1951. Les galeries Drouand-David à Paris et Marlborough Fine art à Londres défendent son travail. raymond Cogniat lui permet de participer à la Biennale de Venise en 1952. quant à la Maison de la pensée française, elle lui ouvre ses portes en 1956. en 1959, il obtient le Premier Prix de la Biennale de Paris. ses tableaux figurent dans de nombreux musées dont le musée d’art moderne de la Ville de Paris, le musée national d’art moderne - Centre Pompidou ainsi que la tate Modern à Londres. en 1995, un espace Paul rebeyrolle est inauguré à eymoutiers.

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Paul rebeyrolle, La Chienne endormie, 1953, huile sur bois, 89 x 123 cm, collection particulière

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Gaëtan De rosnaY, ÎLe MauriCe 1917 - ViLLeneuVe-sur-Yonne 1992

Gaëtan de rosnay dans son atelier. Copyright D.R.

À la fin des années trente, Gaëtan de rosnay vient étudier à Paris et entre dans l’atelier de l’affichiste Paul Colin. il fréquente alors le milieu de saint-Germain-des-Prés et forme avec les peintres Paul aïzpiri et Maurice Verdier le groupe de la rue de Berri. en 1946, il réalise sa première exposition personnelle à la galerie roux-Hentschel. en 1947, Guy Weelen les réunit avec Dérieux à la galerie roux-Hentschel et en 1951 le groupe devient réalité avec l’exposition Aïzpiri, de Rosnay, Verdier à la galerie Drouant-David. il expose au salon des moins de trente ans en 1941, 1942 et 1943 et au salon de la jeune peinture de 1950 à 1956. il obtient le prix antral en 1951. il participe à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il figure en 1956 à La Jeune Peinture de Paris à la Marlborough Fine art à Londres. en 1957, il expose au Prix Greenshields, galerie Charpentier et à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture de Paris. sa peinture est rude et terreuse. Chaque élément du tableau semble avoir été taillé à coups de serpe. Les galeries Drouand-David, Lorenceau, roux-Hentschel et suillerot à Paris ainsi que la galerie Bianchini à new York défendent son travail. ses œuvres sont présentes au Fonds national d’art contemporain et au musée sainte-Croix de Poitiers.

Ci-contre : Gaëtan de rosnay, Le Boucher, 1950, huile sur toile, 100 x 65 cm, collection particulière

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Françoise sors, PerPiGnan 1929 - Paris 1995

Françoise sors dans son atelier, circa 1958. Copyright D.R.

issue d’un milieu d’artistes, sa mère était peintre et son père architecte, Françoise sors se forme à l’académie Julian. elle participe au salon de la jeune peinture de 1954 à 1956 et en 1961. sa peinture est éprise de plénitude et d’équilibre, structurée par un dessin fort qui se fond dans une matière onctueuse. en 1955, elle est sélectionnée par raymond nacenta pour figurer à l’exposition Découvrir à la galerie Charpentier. Cette même année, elle expose à La Nouvelle Vague à la galerie Framond. en 1961, elle participe à la Biennale de Paris. La galerie Philippe reichenbach soutient particulièrement son travail. ses toiles sont présentes dans les collections du musée d’art moderne de la Ville de Paris et du Fonds national d’art contemporain.

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Françoise sors, Toits de Paris, 1958, huile sur toile, 114 x 151 cm, collection particulière

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Michel thompson, La Nappe à damier jaune et blanc, 1953, huile sur toile, 130 x 162 cm, collection particulière

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MiCHeL tHoMPson, FontenaY-auX-roses 1921 - Paris 2007

Michel thompson dans son atelier de la ruche, 1955. Photo Robert Doisneau (détail).

autodidacte, il participe dès 1946 à l’exposition Le Noir est une couleur avec Braque, Matisse, Picasso... à la galerie Maeght puis en 1947 aux Mains éblouies. avide de dessin, il fréquente les ateliers libres de la Grande Chaumière. il y rencontre Michel de Gallard et Paul rebeyrolle avec lesquels il se lie d’amitié. il s’installe à la ruche en 1947 et devient l’âme du groupe de la ruche. en effet sa vision réaliste et poétique de la peinture s’impose aux membres du groupe. il participe aux deux expositions du Manifeste de l’homme témoin en 1948 et 1949. il expose au salon des moins de trente ans en 1946 et 1947 et au salon de la jeune peinture de 1950 à 1961. il obtient une bourse au prix Fénéon en 1952 et le prix Benvéniste en 1954. il figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il est présent en 1956 et 1957 à La Jeune Peinture de Paris à la Marlborough Fine art à Londres. en 1957, il participe au Prix Greenshields et à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture de Paris. Les galeries Guénégaud et Monique de Groote à Paris ainsi que la galerie Bianchini à new York soutiennent son travail. Les musées des Beaux-arts de Blois, d’art moderne de la Ville de Paris, d’art et d’Histoire de la Ville de saint-Denis et de Villeneuve-sur-lot conservent des toiles du peintre.

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MauriCe VerDier, Paris 1919 - 2003

Maurice Verdier dans son atelier, 1948. Photo Léonid Cheremetewsky.

après des cours du soir à Montparnasse, il entre aux Beaux-arts en 1937. il expose au salon des moins de trente ans de 1944 à 1946 et au salon des jeunes peintres de 1950 à 1953. il reçoit le prix Fénéon en 1950. avec les peintres Paul aïzpiri et Gaëtan de rosnay il forme le groupe de la rue de Berri. en 1947, Guy Weelen les réunit avec Dérieux à la galerie roux-Hentschel et en 1951 le groupe devient réalité avec l’exposition Aïzpiri, de Rosnay, Verdier à la galerie Drouant-David. il participe régulièrement à l’École de Paris de 1954 à 1957. il figure à l’exposition itinérante Jeune Peinture en France qui se déplace dans de nombreuses villes en allemagne de 1955 à 1956. il expose à la Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture de Paris. ses tableaux où se mêlent des roses saumon, des jaunes paille, des bleus profonds et des verts terreux sont travaillés en pâte. un trait large cerne le motif. La galerie Lorenceau à Paris lui organise une exposition particulière en 1956 et la galerie Dresdnere à Montréal en 1960. Des œuvres du peintre figurent au Fonds national d’art contemporain.

Ci-contre : Maurice Verdier, Monique, 1951, huile sur toile, 100 x 73 cm, collection particulière

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Œuvres exposées Françoise adnet Le Mur rouge, huile sur bois, 1956, 170 x 153 cm Jeune fille à l'orange, 1956, huile sur toile, 81 x 54 cm

50 63

Bellias Nature morte au bougeoir, 1951, huile sur toile, 54 x 81 cm Portrait de Claude, 1952, huile sur toile, 176 x 106 cm La Table de cuisine, 1952, huile sur toile, 116 x 89 cm

56 55 64

Bernard Buffet Nature morte au poulet, 1948, huile sur toile, 54 x 65 cm Bretonne, 1950, huile sur isorel, 65 x 50 cm La Poissonnerie, 1951, huile sur toile, 195 x 294 cm Tête de mort, 1958, huile sur toile, 130 x 97 cm

51 44 67 31

Cara-Costea Portrait de Claude, 1951, huile sur toile, 116 x 81 cm

68

Jean Commère Les Faisans, circa 1964, huile sur toile, 97 x 130 cm

71

simone Dat Le Café, 1954, huile sur bois, 116 x 144 cm Paysan au marché, 1954, huile sur bois, 122 x 90 cm

72 21

Michel de Gallard Façade (Vue de la Ruche), 1950, huile sur toile, 116 x 89 cm Paysage de l’Allier, 1953, huile sur toile, 73 x 60 cm Les Poules, 1955, huile sur bois, 65 x 46 cm L'Arbre noir, 1956, huile sur bois, 246 x 123 cm

43 75 13 27

Guerrier Quai de Paris, 1953, huile sur toile, 89 x 116 cm La Raie, 1955, huile sur toile, 116 x 89 cm L'Atelier, 1956, huile sur toile, 180 x 250 cm Pierre Brasseur, 1956, huile sur toile, 195 x 114 cm Les Arbres noirs, 1958, huile sur toile, 114 x 162 cm

47 39 18 76 14

Heaulmé Suzanne et les vieillards, 1958, huile sur toile, 146 x 114 cm Les Vieilles, circa 1959, huile sur toile, 60 x 92 cm roger Lersy La Rue, 1951, huile sur toile, 81 x 100 cm La Pompe Shell, 1953, huile sur toile, 195 x 130 cm Nature morte à la tête de lapin, 1954, huile sur toile, 81 x 65 cm

100

79 103 51 34 80


Bernard Lorjou L’Amour sacré et l’amour profane, 1949, huile sur toile, 194 x 155 cm Nature morte, étude pour l’Âge atomique, 1949, huile sur toile, 162 x 130 cm Tête de veau, étude pour l’Âge atomique, 1949, huile sur bois, 200 x 93 cm La Pâquerette, 1952, huile sur bois, 100 x 81 cm La Peste en Beauce, 1953, huile sur toile, 260 x 350 cm Les Tournesols, 1954, huile sur toile, 92 x 73 cm

46 45 36 25 28 83

andré Minaux Portrait, 1948, fusain, 65 x 49 cm Femme à la table (Femme à la lampe de mineur), 1948, huile sur toile, 114 x 200 cm L'Homme dans la ville (Portrait de Bernard Buffet), 1949, huile sur bois, 130 x 80 cm Nature morte à la bouilloire, 1951, huile sur toile, 73 x 92 cm Marée, 1951, huile sur toile, 73 x 92 cm Femme au bord de l'eau, 1952, huile sur toile, 130 x 97 cm Baigneuse, 1957, huile sur toile, 183 x 66 cm

16 9 37 23 23 84 22

Yvonne Mottet Baigneuses, 1947, huile sur bois, 105 x 74 cm La Poule, circa 1948, huile sur toile, 100 x 73 cm

87 33

Pollet Vanité, 1956, huile sur toile, 81 x 130 cm Nature morte à la raie, 1959, huile sur toile, 162 x 130 cm Femme entrant dans l’eau, 1961, huile sur toile, 195 x 97 cm

4 49 88

Paul rebeyrolle La Chienne endormie, 1953, huile sur bois, 89 x 123 cm Paysage d’Eymoutiers, 1953, huile sur bois, 53 x 97 cm L’Agneau mort, 1954, huile sur toile, 54 x 81 cm Pieds de tomates et rosiers, 1955, huile sur toile, 199,5 x 204 cm

91 56 32 41

Gaëtan de rosnay Le Boucher, 1950, huile sur toile, 100 x 65 cm

92

Françoise sors Toits de Paris, 1958, huile sur toile, 114 x 151 cm

95

Michel thompson Claudine à l'enfant, 1949, huile sur toile, 92 x 60 cm La Nappe blanche, 1949, huile sur toile, 54 x 65 cm Le Bain, 1949, huile sur toile, 55 x 33 cm Autoportait avec Claudine dans le métro, 1950, huile sur toile, 46 x 38 cm Porte de Vanves, 1952, huile sur toile, 48 x 65 cm La Nappe à damier jaune et blanc, 1953, huile sur toile, 130 x 162 cm Le Bar-Restaurant, 1957, huile sur toile, 191 x 237 cm

17 53 26 60 42 96 42

Maurice Verdier Monique, 1951, huile sur toile, 100 x 73 cm Nature morte aux raisins, 1952, huile sur toile, 46 x 38 cm

99 52

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repères chronologiques

Le terme Jeune peinture apparaît pour la première fois avec la création du prix de la Jeune Peinture, galerie Drouant-David.

1946

Pallut, premier Lauréat du prix de la Jeune Peinture

La galerie saint-Placide ouvre ses portes rive gauche, au 41 de la rue saint-Placide.

1947

en décembre, 1ère exposition Bernard Buffet à la galerie Les impressions d’art.

en avril, 1ère exposition Minaux, galerie Les impressions d’art. Le 21 juin, 1er Manifeste de l’homme témoin, galerie du Bac. Le 23 juin, Buffet et Lorjou, co-lauréats du prix de la Critique. Lorjou présente Le Porte-Drapeau à la Biennale de Venise.

1948

au salon d’automne, La Ramendeuse de filets de Bernard Buffet et Le Raccommodeur de filets d’andré Minaux ouvrent les portes d’un nouveau réalisme. en décembre, une rétrospective Buffet, Lorjou, Minaux, galerie saint-Placide, atteste la montée en force de la Jeune Peinture.

en mai, Paul rebeyrolle épouse simone Dat. avec Michel de Gallard et Michel thompson, le groupe de la ruche devient réalité.

1949

Le 1er juillet, andré Minaux obtient le prix de la Critique. 1ères monographies consacrées à Buffet et Minaux aux P.L.F. Second Manifeste de l’homme témoin, galerie Claude.

Le 26 janvier, naissance du salon des jeunes peintres. en avril paraît l’article sur l’homme témoin dans Vogue.

1950

en mai, Paul rebeyrolle reçoit le prix de la Jeune Peinture. en juin, Lorjou présente quatre œuvres à la Biennale de Venise.

1ère monographie consacrée à Paul rebeyrolle aux P.L.F. exposition andré Minaux à la galerie Bernier. Bellias obtient le prix de la Jeune Peinture.

1951

Lorjou réalise la fameuse lithographie, La peinture abstraite fait se pâmer les poules, bayer les singes, braire les ânes.

Maurice rocher obtient le prix de la Jeune Peinture. L’i.C.a. à Londres présente Buffet, Minaux et rebeyrolle aux côtés de Francis Bacon et Lucian Freud. aïzpiri, Buffet, Minaux et rebeyrolle à la Biennale de Venise.

1952

Buffet inaugure le cycle annuel de ses expositions à la galerie Drouant-David avec La Passion du Christ. Guerrier entre à la galerie Barreiro-stiébel après avoir obtenu le prix de la rue de seine.

exposition Minaux à l’adams Gallery à Londres. Présentation de La Peste en Beauce à la galerie Charpentier.

1953

Guerrier obtient le prix de la Jeune Peinture et expose à la redfern Gallery à Londres.

Le terme Jeune Peinture est officialisé avec l’entrée du salon au musée d’art moderne de la Ville de Paris. exposition rebeyrolle à la Marlborough Fine art à Londres.

1954

Lorjou rencontre Domenica Walter et entre chez Wildenstein. Pollet obtient le prix de la Jeune Peinture. Première École de Paris à la galerie Charpentier.

Buffet, Lorjou, Minaux figurent parmi les dix maîtres de la jeune peinture contemporaine au référendum de Connaissance des arts.

1955

La Jeune Peinture en France circule en allemagne. Minaux expose à 4 French Realists à la tate Gallery. exposition La Nouvelle Vague, galerie Framond.

La Jeune Peinture de Paris, Marlborough Fine art à Londres. exposition rebeyrolle à la Maison de la pensée française.

1956

Vingt-trois toiles de Bernard Buffet à la Biennale de Venise. Le groupe de la ruche éclate.

La tate Gallery achète Truite de rebeyrolle.

1957

Biennale 57, Jeune Peinture - Jeune sculpture à Paris.

rétrospective Bernard Buffet, galerie Charpentier.

1958

Malraux sonne le glas de la Jeune Peinture à Cannes.

La Jeune Peinture française au Coliseum de new York. Première Biennale de Paris organisée par raymond Cogniat. Les artistes de l’école des Beaux-arts (atelier Legueult) prennent le contrôle du salon de la jeune peinture.

1959

Lorjou fait condamner Bernard Dorival pour diffamation.

1960

Minaux expose La Noce à la Maison de la pensée française.


sélection bibliographique

Heaulmé, Les Vieilles, circa 1959, huile sur toile, 60 x 92 cm, collection particulière

Denys Chevalier, André Minaux, coll. « artistes de ce temps », les Presses Littéraires de France, Paris, 1949 Jean Bouret, Bernard Lorjou, l’Âge atomique, coll. « artistes de ce temps », les Presses Littéraires de France, Paris, 1950 Pierre Descargues, Rebeyrolle, coll. « artistes de ce temps », les Presses Littéraires de France, Paris, 1951 Jean Bouret, Premier Bilan de l’art actuel 1937-1953, Le soleil noir, Positions, Paris, mai 1953 Christian-Gilbert stiébel, Mon ami Guerrier, édition galerie stiébel, Paris, 1954 raymond Cogniat, Bellias, coll. « La nouvelle École de Paris », Pierre Cailler Éditeur, Genève, 1960 raymond nacenta, École de Paris, éditions ides et Calendes, neuchâtel, 1961 roland Piétri, Pierre Gaudibert, Michel de Gallard, coll. « La nouvelle École de Paris », Pierre Cailler Éditeur, Genève, 1962 Marcel Zahar, Pollet, coll. « La nouvelle École de Paris », Pierre Cailler Éditeur, Genève, 1969 Pierre Descargues, Rebeyrolle, Maeght Éditeur, Paris, 1970 Jean Bouret, Minaux, Éditions andré sauret, Paris, 1977 emmanuel David, Le Métier de marchand de tableaux, éditions France-empire, Paris, 1978 C. Fabre, Cara-Costea, éditions arts Graphiques d’aquitaine, Libourne, 1983 Guy Vignoht, La Jeune Peinture, édition terre des Peintres, Paris, 1985 Jeanine Warnod, Les Artistes de Montparnasse, éditions Mayer-Van Wilder, Paris, 1988 alin-alexis avila, Bernard Buffet, nouvelles éditions françaises, Casterman, 1989 alan et Christine Counord, La Réaction figurative, éditions Counord-alan, Paris, 1990 Lydia Harambourg, L’École de Paris 1945-1965, éditions ides et Calendes, neuchâtel, 1993 Pierre Basset, Lydia Harambourg, Simone Dat, des gens de la campagne, stipa, Paris, 1997 Junko shibanuma, Lorjou, éditions Fus-art, 2000 Hélène Minaux, Un peintre témoin de son temps, Minaux 1923-1986, éditions Publibook, 2003 Caroline Benzaria, Michel Thompson, éditions altamira, Paris, 2006 Pierre Basset, Les Insoumis de l’art moderne, un Certain regard Éditions, Flassans-sur-issole, 2009 Philippe Latourelle, Pierre Basset, La Réalité retrouvée, association Présence Van Gogh musée estrine, 2010

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commissaires de l’exposition Florence Condamine et Pierre Basset

remerciements serge et Patricia MenDJisKY, au nom du Musée MenDJisKY - Écoles de Paris, souhaitent remercier chaleureusement tous ceux qui ont permis la réalisation de cette exposition et tout particulièrement Monsieur Mahir reiss, citoyen américain, mécène désintéressé, ainsi que Madame Ysabelle MaiLLarD propriétaire du 15 square de Vergennes, sans qui cette exposition n’aurait pu avoir lieu. Pour leur collaboration et leur aide précieuse : Les commissaires d’exposition et rédacteurs du catalogue : Pierre Basset et Florence Condamine et les auteurs des textes du catalogue : sarah Wilson, professeur au Courtauld institute de Londres, Chevalier des arts et des Lettres Julien roumette, maître de conférences Lettres modernes, université de toulouse le Mirail - Jean Jaurès Pour leurs prêts d’œuvres : Madame sylvie Baltazart-eon, Monsieur et Madame Jean Bac, Monsieur et Madame eric Bachelet, le Fonds de Dotation Bernard Buffet et sa directrice Céline Lévy, ainsi que tous les prêteurs restés anonymes et tous ceux qui ont participé à la réalisation, la promotion, et le montage de l’exposition. Conception graphique : Florence Condamine et Pierre Basset traduction : Jill Harry Coordination : Laurence Friconneau Communication et partenariats : nathalie Binoche relations avec la presse : Hermine Parmentier technique et régie : Zafar Youldashev Les stagiaires : Charlotte Vélarde, Gabrielle Versmée

crédits photographiques © Pierre Basset sauf p. 8 © andré Villers, p. 15 et 30 © robert randall, p. 35 et 74 © Petitjean, p. 38 et 73 © Gaston Cauvin, p. 41 © augustin de Valence, p. 67 © Maurice Garnier, p. 97 © robert Doisneau et p. 98 © Léonid Cheremetewsky

La loi du 11 mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’éditeur ou de ses ayants droit ou ayant cause, est illicite » (alinéa de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. © 2016 Fonds de Dotation Mendjisky - Écoles de Paris © Pour les textes et les biographies chez les auteurs © Droits de reproduction réservés, a.D.a.G.P., Paris, 2016 Première de couverture : Cara-Costea, Portrait de Claude, 1951, huile sur toile, 116 x 81 cm Quatrième de couverture : remise du prix de la Critique, galerie saint-Placide, 1948. Copyright D.R.



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