Miroir du temps

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Publics Musée des Beaux-Arts de Rouen

Miroir du temps Chefs-d’œuvre des musées de Florence

19 mai – 3 septembre 2006

Dossier d’accompagnement à la visite réalisé par le service des publics et le service éducatif des musées de la ville de Rouen

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / Direction des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État. Le ministère de la Culture et de la Communication/Direction régionale des Affaires culturelles de Haute-Normandie, la région HauteNormandie et le conseil général de la Seine-Maritime lui ont également apporté leur concours. L’exposition a bénéficié du mécénat exceptionnel de la Banque CIN ainsi que du soutien du groupe Suez et de Eiffage, en partenariat avec TCAR, la Fnac, Télérama, France Bleu et France Info.


Cette exposition s’adresse aux élèves de tous niveaux d’enseignement général, technique et technologique et parcourt un grand champ de disciplines (histoire, géographie, histoire des arts, arts plastiques, lettres, philosophie…). Ce dossier propose des pistes pédagogiques adaptables pour les primaires, collèges et lycées.

I. Présentation de l’exposition

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II. Présentation des différentes salles 1. Plan de l’exposition 2. Textes de présentation des différentes salles

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III. Quelques pistes pédagogiques 1. Pistes pédagogiques en histoire 1.1 Les caractéristiques de la Renaissance 1.2 Florence et les Médicis 1.3 La figure du prince 1.4 Réaliser un questionnaire à partir d’une œuvre exposée 2. Pistes pédagogiques en lettres 2.1 Tentative de définition 2.2 Quelques grands noms 2.3 L'humanisme en littérature 2.4 L'évolution de l'humanisme jusqu'au XXIe siècle 2.5 Un exemple autour de Rabelais 2.6 Gros plan sur Hercule du Guerchin 3. Piste en arts plastiques : le portrait 3.1 Le contexte artistique 3.2 Analyse d’œuvre 4. Autres pistes pédagogiques

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IV. Ressources complémentaires 1. Chronologie 1.1. Histoire 1.2 Arts 1.3 Lettres et sciences 2. Bibliographie 3. Sites Internet

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V. Visiter l’exposition avec sa classe

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VI. Renseignements pratiques

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I. Présentation de l’exposition Miroir du temps, chefs-d’œuvre des musées de Florence Le regard humaniste, du XIVe au XIXe siècle C’est un événement exceptionnel qui a lieu à Rouen en 2006 : des œuvres particulièrement importantes, souvent très célèbres, des musées de Florence et en particulier de la galerie des Offices, ont été choisies pour illustrer le fabuleux essor artistique engendré par la pensée humaniste depuis la fin du Moyen Âge. L’exposition est composée d’un ensemble de 80 peintures, sculptures et objets d’art, avec pour fil conducteur la représentation de l’homme et de sa place dans le monde. Le portrait y occupe une place centrale, avec un ensemble éblouissant de chefs-d’œuvre de la Renaissance. L’emblématique Portrait de femme de Pollaiolo côtoie des tableaux tout aussi célèbres de Mantegna, Raphaël, Andrea del Sarto, Bronzino (Jeune fille tenant un livre de prières), Titien et Tintoret, mettant en évidence la nouvelle exploration psychologique et spirituelle rendue possible par les progrès fulgurants de la technique picturale au XVe et au XVIe siècles. L’humanisme instaure un équilibre entre l’art religieux totalement renouvelé (Masaccio, Fra Angelico, Uccello, Filippino Lippi, Corrège) et l’art profane, avec ses effigies d’hommes illustres (le Pippo Spano d’Andrea del Castagno), de princes (Cosme II de Médicis et Marie-Madeleine d’Autriche par Allori) ou de particuliers. La redécouverte de l’Antiquité est également évoquée, à travers ses figures historiques (la pathétique Lucrèce d’Antonio Bazzi dit le Sodoma, l’une des œuvres inédites restaurées à l’occasion de l’exposition) et bien sûr sa mythologie. Celle-ci, désormais indissociable de l’art européen, sera traduite tour à tour dans une grâce sublime (Pallas et le centaure de Botticelli, Vénus de Lorenzo di Credi), un maniérisme exubérant (L’Âge d’Or de Jacopo Zucchi) ou un héroïsme profondément humanisé (l’Hercule du Guerchin). Au XVIIe siècle, scènes antiques et bibliques se teintent de réalisme et de ténébrisme (Furini, Dandini, Langetti). L’artiste lui-même affirme à partir du XVIIIe siècle son rôle éminent dans la société, comme en témoignent quelques magnifiques autoportraits (Solimena, Pompeo Batoni). L’exposition se clôt sur le néoclassicisme, qui parachève cette épopée humaniste avec son idéal de « noble simplicité et calme grandeur » illustré par le buste en marbre de Léopold II de Lorraine, dernier grand-duc de Toscane par Benedtto Mori ou l’autoportrait d’Angelica Kauffmann, l’une des fiertés de la galerie du palais Mozzi Bardini. C’est tout le réseau des musées d’État de Florence qui a permis cette exposition : à côté des musées déjà cités, la galerie palatine et le Museo degli Argenti du Palais Pitti, le Palazzo Vecchio, le musée du Bargello, la galerie de l’Académie, le musée de San Marco pour Fra Angelico. Enfin, deux objets précieux figurant dans des portraits sont prêtés par le musée archéologique de Naples et par une collection privée.

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II. présentation des différentes salles 1. Plan de l’exposition

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2. Textes de présentation des différentes salles Images sacrées et réalité terrestre (salle 1) La peinture du Moyen Âge en Italie, longtemps dépendante de l’art codifié et symbolique de Byzance, subit un profond renouvellement lorsque l’Église dirige l’attention des fidèles vers de nouvelles figures de saints et de bienheureux qui sont des personnages pratiquement contemporains. L’exposition s’ouvre avec l’une des plus anciennes représentations de saint François recevant les stigmates, un panneau florentin du milieu du XIIIe siècle dû au Maître de la Croix, très novateur par l’implantation de la scène dans le paysage et le traitement de la figure humaine. Au cours du XIVe siècle, les écoles picturales d’avant-garde, Florence et Sienne en premier lieu, diffusent des images où se reconnaissent des éléments contemporains : ainsi la dalmatique du saint Étienne de Luca di Tommè ou les portraits de laïcs regroupés sous le manteau de la Vierge, qui porte d’ailleurs une couronne séculière comme une reine terrestre, chez le Maître de la Miséricorde. Le monde céleste s’incarne dans des images de plus en plus réalistes et proches des fidèles, comme l’Enfant Jésus emmailloté du Maître de la Madone de Saint-Augustin. Même les formes architecturées des reliquaires renvoient au monde réel. Après l’impulsion donnée par Giotto au tournant du XIVe siècle, la peinture s’efforce de restituer toujours plus efficacement la troisième dimension. C’est au XVe siècle (Quattrocento), que les scènes de l’histoire sainte deviennent totalement crédibles et naturelles, grâce à la maîtrise de la perspective, du volume et de la représentation de la figure humaine. Fra Angelico et Paolo Uccello, qui ouvrent sur la salle suivante, sont parmi les pionniers de cette Renaissance.

Le Quattrocento et l’essor de l’humanisme (salle 2) Le tournant humaniste de la première Renaissance remet en vogue les portraits en pied de grands hommes, exemples de vertu civique et militaire (Pippo Spano par Andrea del Castagno), destinés à un usage public, avec une vraisemblance de la figure qui manquait aux cycles de héros et héroïnes du Moyen Âge. L’effigie privée, le plus souvent de profil, suivant l’exemple des « médailles » (en réalité monnaies) antiques, connaît un grand essor et les accessoires vestimentaires, obéissant à une logique symbolique dans le choix des matières et des couleurs, se chargent de significations et d’intentions politiques et morales. Dans le domaine religieux, les niches qu’occupent les saints dans les tableaux d’autel deviennent de véritables morceaux de bravoure, l’artiste tenant compte de l’environnement où est installé le retable pour accentuer l’effet illusionniste du volume et de la lumière, créant une présence presque physique du personnage (Filippino Lippi, Francesco Botticini). Les artistes donnent une consistance nouvelle à l’individu maître de son destin. La redécouverte de la statuaire antique influence aussi bien la sculpture (Donatello) que la peinture (Vénus de Lorenzo di Credi). L’arrivée au pouvoir des Médicis ouvre un des chapitres les plus fascinants de l’histoire européenne. Avec Laurent le Magnifique (mort en 1492), la pensée néoplatonicienne triomphe, et sa quête éperdue d’idéal et de vertu trouve en Botticelli son plus grand interprète. Pallas et le Centaure, en réalité une allégorie de la Chasteté, est probablement une commande du Magnifique offerte à son cousin pour ses noces.

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Portraits de l’âme (salle 3) L’art de la seconde Renaissance développe une technique extrêmement raffinée qui permet de rechercher l’expression des mouvements de l’âme, que ce soit dans la sculpture (Christ de Tullio Lombardo) ou la peinture désormais héritière de Léonard et de Raphaël, comme en témoigne brillamment la petite Vierge en gloire de Corrège. Le peintre met en avant la singularité formelle de l’individu, le transposant toujours dans l’idéal, mais avec une dimension que l’on qualifierait aujourd’hui de psychologique. En ce début du XVIe siècle, le concept même de psychologie n’existe évidemment pas, mais la hauteur de la pensée humaine, profane ou religieuse, s’exprime en termes très sophistiqués, culminant dans la pureté cristalline du tableau de Bronzino (Jeune fille tenant un livre de prières) ou le chromatisme enveloppant du Titien (L’Homme malade). La gravité du regard suscite un dialogue avec le spectateur, aussi bien dans les portraits veloutés des dames florentines que dans les tableaux vénitiens qui leur font face dans cette salle, ou dans le chef-d’œuvre du Bergamasque Giovanni Battista Moroni. Avec Titien et Tintoret, c’est tout l’art du portrait européen des siècles à venir qui se met en place. À Bologne, Lavinia Fontana (dont le musée de Rouen conserve l’admirable Vénus et l’Amour) incarne le nouveau statut de l’artiste humaniste, intellectuel et indépendant : c’est ainsi qu’elle se représente dans son Autoportrait en miniature dans son atelier.

Le grand-duché de Toscane et les arts (salle 4) Cosme Ier de Médicis obtient en 1569 du pape Pie V le titre de grand-duc lui donnant la suprématie sur les autres cités-états de la péninsule. Son buste colossal posthume montre la couronne approuvée par le pape, tandis que son portrait officiel en armure par Alessandro Allori, que l’on peut admirer à côté d’éléments réels de cette armure, obéit à une symbolique précise des détails. L’art a désormais une fonction politique. Le mécénat artistique des grands-ducs est sans limite : urbanisme, commande de décors d’un raffinement inouï (le fameux studiolo de François Ier au Palazzo Vecchio), création de manufactures. Agnolo Bronzino, peintre officiel de Cosme Ier, fournit les modèles pour les somptueuses productions de la manufacture de tapisseries. Ces nouvelles exigences de la cour jouent un rôle essentiel dans le développement de ce que l’on appelle le maniérisme, terme moderne qui désigne notamment un rendu complexe et sophistiqué de la figure humaine. On en trouve la parfaite expression dans le bronze d’Ammannati provenant du studiolo de François Ier, La Déesse Opi, et dans le tableau foisonnant de Jacopo Zucchi, L’Âge d’or, œuvres qui rappellent la référence mythologique devenue indissociable de la pensée et de l’exercice du pouvoir.

Le portrait, de la Renaissance à l’âge baroque (salle 5) La description de l’homme et de sa dignité se fait de plus en plus à travers des catégories précises : le lettré (Poppi), la dame de qualité (Casolani), l’homme de pouvoir (Domenico Tintoretto) avec, naturellement, dans chaque sphère culturelle des accents et des traits formels caractéristiques. L’importance de la famille et des relations personnelles, des sentiments, s’affirme dans le portrait vers la fin du XVIe siècle. Le merveilleux tableau de Véronèse donne à la fois l’image imposante d’un homme puissant et celle du rapport affectueux entre un père et son fils. Federico Barocci, artiste charnière entre deux siècles, donne avec le Portrait en armure de Francesco Maria della Rovere avant la Bataille de Lépante un chef-d’œuvre, mêlant grandeur épique, exaltation juvénile, fraîcheur exquise. Son rendu savant issu du réalisme du Corrège, sa technique tirant profit des 7


théories de la perception de Léonard de Vinci, peuvent être appréciés tout particulièrement grâce à la présentation conjointe d’un fragment de l’armure portée par le jeune homme dans le tableau. Les deux extrémités de la galerie montrent deux aspects contrastés mais complémentaires du Seicento : d’un côté l’évolution du portrait officiel avec son style de plus en plus protocolaire, la splendide fraise de Cosme II remplaçant l’armure de Cosme Ier ; de l’autre la peinture d’histoire avec deux images de la force, vertu essentielle de la pensée humaniste. Deux exemples à méditer pour leurs commanditaires, l’Hercule paisible et humain du Guerchin, et le Samson déchaîné de Langetti.

Sous l’œil du cardinal Léopold (salle 6) Cette salle est dominée par un chef-d’œuvre absolu, le portrait par Baciccio du cardinal Léopold de Médicis. Dernier fils de Cosme II, élève de Galilée, grand amateur d’art, Léopold a joué un rôle décisif dans l’enrichissement et la conservation des collections médicéennes. C’est lui qui a acquis les tableaux de Titien et Tintoret présentés dans l’exposition, lui encore qui a initié la fameuse collection d’autoportraits d’artistes qui est aujourd’hui l’une des originalités de la galerie des Offices. Avec ce portrait, ce n’est plus seulement une introspection à laquelle se livre le peintre. Le modèle lui-même affirme sa vision du monde, sa pensée. La disgrâce physique s’efface devant l’élévation de l’esprit. L’univers esthétique du Seicento, complexe et divers, se caractérise toutefois par ses figures idéalisées et moralisantes, volontiers mises en scène dans une atmosphère ténébriste. Les toiles de Francesco Furini et de Vincenzo Dandini, restaurées à l’occasion de l’exposition, sont deux magnifiques découvertes, montrant de nobles héroïnes de la Bible ou de l’Antiquité au moment où se cristallisent leur courage et leur grandeur d’âme. Même les musiciens de la cour du grand-prince Ferdinand de Médicis semblent partager cette gravité et cette réflexion profonde sur le sens de l’existence qui constitue désormais une vocation primordiale de l’art.

À l’aube du monde contemporain (salle 7) Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la représentation des femmes n’est plus liée exclusivement à l’étiquette et à leur condition sociale. Exprimant plus librement leur féminité, elles deviennent un nouvel objet d’étude pour les peintres qui les associent parfois à d’illustres précédents : ainsi le Florentin Bezzuoli qui cite, dans l’un de ses meilleurs portraits, la Dame à la licorne de Raphaël, tandis qu’Alessandro Longhi ajoute à la célébration de l’élégance vénitienne, qui a fait la célébrité de son père, une touche intime et sensible. Autre catégorie en pleine libération, les artistes, avec un temps de retard, parviennent à imposer leur propre image sociale, se mettant orgueilleusement à la place de ceux qu’ils ont toujours servis, conscients de l’extraordinaire chemin parcouru par l’art italien au gré du renouvellement moral et civique de la société. Ils choisissent d’emprunter la pompe aristocratique (Francesco Solimena) ou la simplicité décontractée de l’artiste qui a vu défiler devant son chevalet tous les grands d’Europe et porte sur le monde un regard de philosophe (Pompeo Batoni). Quant à Angelica Kauffmann qui conclut l’exposition avec un raffinement tout antique, elle donne dans son autoportrait peint pour le grand-duc de Toscane un témoignage de l’héritage humaniste à la veille de la Révolution française : le goût de l’antique, de la philosophie et de la liberté, le culte de la beauté et de l’art, et un clin d’œil sur le rapport de force entre hommes et femmes, dissimulé dans le fameux camée qu’elle a représenté à sa ceinture : célèbre pierre ayant appartenu aux collections médicéennes, qui relate la victoire d’Athéna sur Poséidon dans leur querelle pour le contrôle de l’Attique. 8


III. Quelques pistes pédagogiques 1. Pistes pédagogiques en histoire Les œuvres présentées dans l’exposition nous plongent au cœur de la Renaissance italienne et soulignent le rôle essentiel de Florence dans cette révolution artistique et intellectuelle. C’est l’occasion, avec les élèves, après avoir rappelé les principaux aspects de cet art nouveau et de cette notion, d’approfondir le contexte territorial et politique de la Renaissance florentine ainsi que ses acteurs. 1.1 Les caractéristiques de la Renaissance Renaissance : « Renouveau des arts » selon Vasari, la Renaissance est un phénomène global, conscient et volontaire, de l’histoire de la pensée et des pratiques. Notion historiographique complexe et débattue, elle recouvre une large période allant de la fin du XIVe siècle au XVIIe siècle (selon P. Burke, La Renaissance européenne, 2000), pendant laquelle : - les arts, les lettres et les sciences sont transformés par une redécouverte de l’Antiquité classique (naissance de la pensée humaniste) ; - une place nouvelle est accordée à l’homme ; - le rapport à Dieu est transformé (les réformes) ; - la pensée politique est renouvelée (figure du prince, gestation de l’État moderne) ; - la pensée économique est en expansion (notion du temps, de l’argent) ; - et l’artiste voit son rôle évoluer dans la société. Caractéristiques artistiques - redécouverte de l’Antiquité gréco-latine - expression de la sensibilité - réalisme (corps humains, proportions, observation) - goût de la nature - mouvements (courbe) - symétrie et perspective => construction soignée - clair-obscur - larges palettes de couleurs - thèmes religieux non exclusifs /art profane - art du portrait - signature ou représentation de l’artiste (fin de l’anonymat de l’auteur).

Vocabulaire à acquérir (par les élèves) humanisme – érudition philologie – imprimerie réformes renaissance – maniérisme mécène (pape - archevêque - prince duc) - château – palais – hôtel – villa - artiste – artisan - cour - références bibliques - église - temple - tableau – fresque – miniature – retable - statue – buste - médaillon -

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1.2 Florence et les Médicis Quelques rappels sur l’Italie au XVe siècle

D’après A. Chastel, L’art italien, Flammarion, coll. « Tout l’art Histoire », 1995.

Au XVe siècle, la péninsule italienne est composée d’une mosaïque d’États rivaux aux constitutions très diverses. Au nord se trouvent des duchés (Savoie, Ferrare), des principautés tenues par des condottieri (Mantoue, Milan, Urbino, Rimini, Bologne), des seigneuries (comme Florence), des républiques aristocratiques (Venise, Gênes, Lucques et Sienne). Au sud les royaumes de Naples, de Sicile et de Sardaigne sont aux mains des Aragonais. En 1454 la paix de Lodi établit un équilibre fragile entre les grandes puissances locales, Milan, Florence, les États pontificaux, Venise et Naples, dans l’espoir d’empêcher l’interventionnisme de la France ou de l’Empire et de faire barrage à la menace turque. Cette paix est cependant constamment menacée par les attaques extérieures mais également par les rivalités intérieures car chacun cherche à consolider sa position en faisant appel aux alliés extérieurs comme la France, la Bourgogne et l’Aragon. Le système vole en éclat lorsque le pape Innocent III (1484-1492) fait appel à Charles VIII contre le royaume napolitain, fournissant aux Français l’occasion qu’ils attendaient pour envahir la péninsule.

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Chronologie politique sommaire de Florence e

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- XI -XIII siècles e . Fin XII : autonomie communale atteinte. . Gouvernement par deux consuls ou plus et deux conseils de citadins. Rivalités entre les familles florentines qui s’allient (par consorteries ou par sociétés). . 1185 : Institution d’un podestat et formation de deux partis, les Guelfes (fidèles au pape et opposés à l’empereur) et les Gibelins. Conflits chroniques entre ces deux partis. . 1250 : organisation d’une seigneurie (Podestat surveillé par un capitaine du peuple et deux conseils). e

- XIV siècle . Réforme du gouvernement républicain avec l’ajout d’un gonfalonier de justice. . 1313 : fin de la lutte conte l’empire après l’échec du siège mené par l’empereur Henri II. e

À la Renaissance, le régime politique de Florence est composé: - d’une seigneurie (composée de plusieurs magistrats et de plusieurs conseils représentants les quartiers de la ville) qui représente l’exécutif ; - d’une administration urbaine confiée à d’autres magistrats ; - de deux assemblées exerçant le législatif.

- XV siècle . Domination des grandes familles qui administrent la banque du commerce (Strozzi, Pitti, Albizi, Antinori, Peruzzi, Sassetti, Tornabuoni, Médicis, Rucellai). . 1389-1464 : Cosme de Médicis (« l’ancien ») est très puissant et joue, pourtant sans aucun titre officiel, un rôle diplomatique et économique considérable. Considéré comme un danger pour la République florentine, il est exilé de 1433 à 1434. . 1458 : Conseil des 200. . 1464-1469 : Domination de Florence par Pierre le Goutteux. . 1469-1492 : Domination de Florence par Laurent le Magnifique, lettré, mécène. . 1478 : conjuration des Pazzi et mort de Julien, frère de Laurent. Celui-ci poursuit la politique de Cosme. . 1480 : Conseil des 70 aux ordres médicéens. . 1492 : Pierre le Fat : Florence cède deux forteresses lorsque Charles VIII occupe le nord de l’Italie. Révolte de Savonarole et restauration de la République sans les Médicis. 1494 : création d’un grand conseil sur le modèle de Venise. . 1498 : mort de Savonarole. . 1502 : création du gonfalonier à vie, sorte de doge. . Dès lors, moindre rôle de Florence en Europe. e

- XVI siècle . 1512 : retour de Médicis : Jean, devenu pape, fait nommer son neveu Laurent capitaine des Milices et son cousin archevêque (futur pape Clément VII). er . 1527 : les Médicis sont chassés et alliance avec François 1 . . 1529-1530 : Siège de Florence par l’Empire et l‘Espagne et retour des Médicis avec le titre de ducs sous la coupe de Charles Quint. er . 1537-1574 : Sous Cosme 1 , soumission de Sienne, domination sur toute la Toscane. er . 1587-1609 : Sous Ferdinand 1 , développement d’Académie ; il se retire au palais Pitti. e

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- XVII et XVIII siècles . Les derniers Médicis protègent beaucoup les arts, les académies. Anne-Marie Louise, qui épouse l’électeur Palatin, lègue toutes ses œuvres à la ville. . 1737 : Florence passe aux mains des ducs de Lorraine. Voyage pédagogique à Florence, CRDP Champagne-Ardenne, 1994

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La Florence des Médicis Au XVe siècle, Florence est la ville la plus riche de Toscane et abrite les prestigieuses banques internationales. Les Médicis sont une grande famille de banquiers qui comptent déjà parmi les plus puissantes de la ville dès le XIIIe siècle. Au début du XVe siècle, ils contrôlent la moitié de l’activité tertiaire de la ville, réussissent à s’imposer sur le plan politique et font de Florence un immense chantier artistique et la capitale de l’humanisme. Connaître…. Les fondateurs : Giovanni Médicis (1360-1429), Cosme l’Ancien (1389-1464) La figure emblématique : Laurent le Magnifique (14491492) Les papes : Léon X (Jean de Médicis 1475-1521), Clément VII (Jules de Médicis 1478- 1534) er

Les ducs de Toscane : Cosme 1 (1519-1574), er François 1 (1541-1587), Cosme II (1590-1609) Faire écrire des biographies de ces personnages par les élèves. Questions… 1) Quelles sont les différentes activités des Médicis à Florence ? 2) Pourquoi y a-t-il internationale ?

à

Florence

une

banque

3) Que signifie « succursale » ? Dans quels pays la compagnie Médicis a-t-elle une succursale ? 4) Quelle conclusion peut-on tirer du schéma sur le e rôle joué par les Médicis au XV siècle ?

Arbre généalogique simplifié des Médicis

Voyage pédagogique à Florence, CRDP Champagne-Ardenne, 1994

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1.3 La figure du prince Les nombreux portraits de représentation / d’apparat présentés dans l’exposition rappellent que le prince est un des archétypes essentiels de la Renaissance. Est prince celui qui devient et/ou se comporte comme tel, autrement dit qui accède au pouvoir. Une fois le pouvoir conquis, le prince, manquant de légitimité, doit tout faire pour le conserver et le consolider. Dans le contexte politique italien fragmenté, qui multiplie les prises violentes du pouvoir, les factions et les conspirations, les ambitions personnelles trouvent un terrain favorable. Le triomphe des Signori engage les auteurs à écrire pour les maîtres du jeu, c’est-à-dire les princes. En 1513, à l’inverse des Miroirs des princes médiévaux qui commandent de cultiver les vertus chrétiennes, le Prince de Machiavel défend une virtu entendue comme la faculté de s’imposer par tous les moyens, y compris la brutalité. Cependant le prince doit donner le change aux hommes en mettant en scène son pouvoir. Son rôle de mécène contribue ainsi à répandre son image et sa gloire, à travers son palais, dans la ville même et par la protection des philosophes, des poètes et des artistes. Le prince de l’Italie de la Renaissance mêle trois idéaux que l’on retrouve dans les œuvres florentines : - le prince chrétien, détenteur de la foi dont le modèle est Constantin (exemple des Médicis se faisant représenter en rois mages dans la fresque de Gozzoli (1460) dans leur palais, statue de Léon X au Palazzo Vecchio, écussons avec les tiares papales dans les rues de Florence) ; - le seigneur de guerre (exemple des œuvres d’Alessandro Allori représentant Cosme 1er de Médicis en armure de cavalerie légère ou le portrait officiel de Cosme II de Cristofano Allori ) ; - le modèle impérial de gouvernement à l’antique. Avec les élèves, il s’agit d’évoquer cette figure du prince et la réflexion qu’il mène sur son pouvoir : sa conception théorique, son exercice, sa représentation. Travailler sur un extrait du Prince ou tout autre écrit politique de Machiavel.

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1.4 Réaliser un questionnaire à partir d’une œuvre exposée Alessandro Allori Cosme 1er de Médicis en armure de cavalerie légère Florence, 1555-1560 Huile sur bois ; 105 x 81 cm ; Florence, palais Pitti, Museo degli Argenti. -

Une œuvre : il s’agit d’un portrait du duc Cosme 1er de Toscane en armure, celle commandée à Innsbruck vers 1530-1535. L’œuvre provient du couvent florentin des Emmurées et c’est l’une des nombreuses versions grand format du portrait officiel plus petit d’Agnolo Bronzino réalisé sur commande du duc. L’œuvre présentée est certainement une réélaboration à visée officielle de ce premier portrait du duc.

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Un artiste : Alessandro Allori (1535-1607) fut l'élève du célèbre artiste florentin Bronzino, puis partit pour Rome en 1554 où il étudia surtout Michel-Ange. De retour à Florence en 1556, d'importants travaux lui furent confiés par les Médicis, dans les églises et autres monuments publics. Il réalisa ainsi la Pêche des perles et Le dîner de Cléopâtre pour le studiolo de François 1er au Palazzo Vecchio (1570-1571). Il devint le peintre officiel des Médicis et exécuta pour eux de nombreux portraits qui connurent un vif succès. En 1590, il publia son Dialogo sopra l'arte del designare le figure, traité de l'art du dessin.

- Petit questionnaire indicatif : • Une œuvre : - Donne le titre, l’auteur, la date de l’œuvre. - Quels sont le support, la technique employée et le format de l’œuvre ? - Présente l’auteur en quelques lignes. • Sa description: - Quel est le genre pictural de l’œuvre ? - Quel personnage est représenté ? Quelle est son attitude ? - Décris son costume et les accessoires qu’il porte. - Observe son visage : quel âge donnes-tu au personnage ? - La composition : quel est le cadrage choisi par l’artiste ? - Quelles sont les couleurs dominantes ? - Comment qualifier l’espace du tableau ? • Le contexte historique et artistique : - un personnage politique de premier plan . Présente en quelques lignes le 1er duc de Toscane : sa famille, son rôle à Florence, son titre, son pouvoir. . D’où vient son costume ? Fais quelques recherches sur la cité d’Innsbruck et ses armuriers réputés au XVIe siècle. (Voir aussi le bouclier d’apparat pour Cosme II de Madriono Gambacurta) . À quelle armée appartient-il ? . Quels sont les principaux succès militaires du duc de Toscane ? - Un portrait de la Renaissance . À quel courant artistique appartient cette œuvre ? . Ce portrait te semble t-il réaliste ? . En quoi l’art du portrait est-il caractéristique de ce mouvement artistique ? • La figure du prince : - Qui a commandité cette œuvre ? À qui est-elle destinée ? - Quelle image veut-il donner de lui ? - À quelles références souhaite s’identifier le prince de la Renaissance ? - As-tu remarqué d’autres œuvres de l’exposition qui se rapprochent de ce tableau ?

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Voir aussi d’autres portraits de cour ou d’apparat… Andrea del Castagno, Pippo Spano ; (salle 2) Mantegna, Portrait de Charles de Médicis ; (salle 2) Raphaël, Portrait de Francesco Maria della Rovere ; (salle 2) Francesco da Sangallo, Buste de Jean de Médicis ; (salle 4) Tadda, Buste colossal de Cosme 1er de Médicis ; (salle 4) Poppi, Portrait d’Antonio de' Ricci ; (salle 5) Véronèse, Portrait d’Iseppo da Porto et de son fils Adriano ; (salle 5) Domenico Tintoretto, Portrait du gouverneur d’une place forte (Candie ?) ; (salle 5) Tadda, Buste de Cosme II ; (salle 5) Cristofano Allori, Portrait officiel de Marie Madeleine d’Autriche ; (salle 5) Cristofano Allori, Portrait officiel de Cosme II ; (salle 5) Suttermans, Portrait de Waldemar Christian du Danemark ; (salle 5) Baciccio, Portrait du Cardinal Léopold de Médicis ; (salle 6) Foggini, Le Cardinal Francesco Maria de Médicis (salle 6). 2. Pistes pédagogiques en lettres L’exposition Miroir du temps peut être un bon complément à l’étude de l’humanisme en littérature. Au programme du lycée, ce courant qui va de Rabelais à Montaigne en passant par les poètes de La Pléiade, pour ne parler que des plus connus et en limitant le champ d’étude aux siècles où il s’est installé, ne peut être envisagé sans le recours aux œuvres d’art. On pourra aussi illustrer, en visitant cette exposition, tout ce que les arts et la culture doivent à l’Antiquité, et en quoi le développement des études gréco-latines s’inscrivent dans cette logique qu’illustre parfaitement l’avènement de l’humanisme.

2.1 Tentative de définition Le dictionnaire donne plusieurs définitions du mot humanisme : 1. Philosophie qui met l'homme et les valeurs humaines au dessus de tout. 2. Mouvement intellectuel de la Renaissance, né en Italie au XIVe siècle, qui s'étendit progressivement en Europe s'épanouissant au XVIe siècle. Il est marqué par le retour aux textes antiques qui servirent de modèle de vie, d'écriture et de pensée. Pétrarque, Ficin, Pic de la Mirandole, Érasme en furent les principaux représentants. 3. Méthode de formation intellectuelle basée sur les humanités. 4. Conception philosophique pour laquelle l'homme constitue la valeur suprême ou encore une fin et non un moyen. Chez les Romains, humanitas désigne toute chose élevant l'homme à une place à part des autres êtres vivants. Durant le Moyen Âge, on parle de humaniores litterae ou lettres humaines. Elles représentent l'ensemble des connaissances profanes enseignées dans les facultés des arts, contrairement aux diviniores litterae ou lettres divines qui commentent la Bible et qui sont le support de la religion chrétienne révélée par les facultés de théologie. Au XVIe siècle, l’humaniste est celui qui maîtrise les humaniores litterae : intégré à la culture chrétienne du Moyen Âge, le cycle des études antiques (trivium, grammaire, rhétorique, logique, et quadrivium, arithmétique, géométrique, astronomie, musique), études « humaines » est conçu comme une propédeutique (enseignement préparant à des études plus approfondies) aux études divines, où la philosophie n’est que la servante de la théologie. À l’origine simples professeurs de grammaire latine, les humanistes se trouvent naturellement amenés à traiter du style, parfois aux 15


dépens du contenu : du milieu du XVe au milieu du XVIe siècle une querelle fait rage entre « cicéroniens », partisans d’une norme rhétorique strictement classique, et les « anticicéroniens » comme Érasme dont le Ciceronianus (1528) met en scène un prédicateur qui ne sait faire mieux que comparer le Christ à un héros antique… C’est que la langue véhicule la culture, et c’est tout naturellement que, dans son Pantagruel (1532), Rabelais associe « les lettres de l’humanité et [la] congnoissance des antiquitez et histoire » (chap 10) : ce sont les futures humanités, base des études classiques jusqu’à ce que ces dernières soient détrônées par les études modernes au cours du XXe siècle. La connaissance de l’Antiquité, de ses monuments et documents stimule à partir de la Renaissance les activités érudites. Les humanistes remettent en honneur des valeurs anciennes, comme le « je suis un homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger » de Térence (Heautontimoroumenos, v. 77). Mais ces valeurs ne vont pas de soi, et c’est en ce sens que l’on peut devenir « plus humain » (humanior) : « Un professeur d’humanités est humain. Or que sont les humanités si ce n’est l’érudition et l’instruction dans les beaux-arts ? Et, comme l’écrit Aulu-Gelle, ceux qui les désirent et les recherchent avec sincérité, ceux-là sont les plus humains. » écrivait en 1485 l’humaniste italien Filippo Beroaldo à Pic de la Mirandole.

2.2 Quelques grands noms François Rabelais (1494-1553) a été homme d'Église et médecin ; ses romans comme Pantagruel puis Gargantua (père de Pantagruel) allient truculence et érudition, et développe un humanisme optimiste qui croit en l'homme et en son libre arbitre sans cesser de croire en Dieu. Les premiers poèmes de Clément Marot (1496-1544) s'inspirent de la tradition du Moyen Âge, puis il développe un art plus personnel, plus sentimental et plus lyrique. Les poèmes de Maurice Scève (1501?-1564?) et Louise Labé (1524-1566) chantent les sentiments amoureux avec beaucoup de sensibilité et de sincérité. Les poètes Joachim du Bellay (1522-1560) et Pierre de Ronsard (1524-1585) — qui est par ailleurs l'auteur de nombreux poèmes amoureux — travaillent à développer le vocabulaire et la grammaire française ; le français moderne leur doit beaucoup. Par ailleurs, ils sont à l’origine de la création de La Pléiade. En effet, à Paris, pendant la seconde moitié du siècle, apparaît un groupe de poètes humanistes qui veulent égaler les auteurs latins en versifiant en français. Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay décident, durant leurs études au collège de Coqueret, de créer leur propre groupe, appelé la brigade. En fin de compte, le groupe s'agrandit à sept personnes : Ronsard, Du Bellay, Jean Dorat (leur professeur de grec), Rémi Belleau (lequel remplaça, en 1554, Jean de la Péruse, décédé), Étienne Jodelle, Pontus de Thyard et Jean Antoine de Baïf. Finalement, leur groupe prend le nom de Pléiade, en hommage à un groupe de sept poètes grecs du IIIe siècle av. J.-C., ayant eux-mêmes tiré leur nom du mythe des Pléiades (les sept filles du titan Atlas). À la cour du roi, Marguerite de Navarre (1492-1549) a pris soin de soutenir les hommes de lettres auprès de François Ier, son frère ; elle est aussi auteur d'un recueil de courtes histoires sur les mœurs de son temps. Les guerres de religion (1562-1598) ternissent la fin du siècle. La philosophie de Michel Eyquem, seigneur de Montaigne (1533-1592), traduit ces troubles. Elle est humaniste, mais sans l'optimisme associé au progrès qui était présent au début du siècle. Sa philosophie, comme celle d'Étienne de La Boétie (1530-1563) dont il est l'ami, consiste à accepter la faiblesse de la condition humaine, rechercher le bien de l'homme et combattre l'intolérance. Sa manière de vivre, ses expériences et les réflexions qu'elles entraînent est l'objet de son œuvre principale, appelée pour cette raison Les Essais. Les écrits de Théodore Agrippa d'Aubigné (1552-1630) et les pièces de théâtre de Robert Garnier (1545-1590) sont tragiques et morbides, en accord avec la barbarie de l'époque. Tous les deux, le 16


premier protestant militant et le second catholique, s'accordent sur l'espérance d'un réconfort divin venant après ces temps de fureur. 2.3 L'humanisme en littérature Dans ce contexte de bouleversement, un hollandais appelé Érasme va inventer une nouvelle sorte de littérature, l'humanisme... L'idéologie humaniste est représentée par sept points : 1°) Libre pensée et libre interprétation des textes antiques et sacrés. En effet, à l'époque, l'Église était la seule à traduire ces textes et les modifiait… (par exemple les passages païens chez les écrivains grecs) De nombreux humanistes (comme Rabelais) deviendront moines pour pouvoir avoir accès à ces textes librement, et en publier une libre interprétation, parfois sous un pseudonyme. De la même manière, l'apprentissage du latin, du grec, de l'hébreu et des langues européennes étaient essentiels pour pouvoir avoir accès aux textes en langue originale. Toutefois, à l'époque, cela était mal vu par l'Église qui assimilait ces traductions à la Réforme protestante de Martin Luther et Jean Calvin… (Les textes de Rabelais étaient souvent censurés). 2°) Retour aux sources antiques. De nombreux humanistes reprenaient les œuvres grecques ou romaines (voir Littérature antique). Dans la même optique, ils rejetaient le Moyen Âge et son « obscurantisme » (« Le brouillard épais et presque cimmérien de l'époque gothique » (Rabelais) 3°) L'apologie du savoir considéré comme extrêmemen t important. La plupart des humanistes ont fait beaucoup d'études, à l'image de Rabelais, qui a fait des études de droit, de littérature, de théologie, de langues et de médecine. 4°) L'importance de la bonté et de l'humanité et la croyance en un monde bon et généreux. « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. » (Pantagruel, de Rabelais) 5°) Un mouvement européen où Paris, Londres, Madrid , Rome et le nord de l'Italie, la Hollande, et l'Allemagne sont les grands centres de l'humanisme. De plus, l'humanisme prône l'importance des voyages qui ouvrent l'esprit, permettent les rencontres et accroissent la culture. 6°) La prise de position. Si beaucoup ne prenaient position que dans leurs livres, certains, comme Thomas More le firent ouvertement (conseiller du roi d'Angleterre, lequel le fit décapiter). 7°) Une nouvelle forme de religion. L'homme croit toujours en Dieu et le respecte, mais n'a plus besoin de lui pour exister. 2.4. L'évolution de l'humanisme jusqu'au XXIe siècle L'humanisme, né pendant la Renaissance, continue de s'exprimer, à travers Kant par exemple. Au XVIIIe siècle, les penseurs des Lumières affirment que l'humanité de l'homme est universelle en chacun d'entre eux, quelques soient ses différences (origine, milieu) ou ses particularismes (nationaux, ethniques). Cette vision est attaquée au XIXe siècle car jugée abstraite. Et à cette époque, la nation désigne la seule réalité. D'où il est affirmé que chaque homme fait partie d'une humanité particulière. Au XXe siècle, les représentants du nationalisme et du fascisme reprennent cette idée de « esprit du peuple » ou « issu d'une terre ». Mais là nous atteignons l'anti-humanisme. Aussi l'humanisme moderne, issu des Lumières, s'exprime dans la nécessité de s'émanciper et non dans l'idée d'enracinement ou de fidélité, concepts horriblement exploités. 17


Après la Seconde Guerre mondiale, l'humanisme s'exprime à travers le mouvement existentialiste. Par la suite, parler d'humanisme revient à savoir conserver une vision de l'homme, libre et autonome, sans l'enfermer dans son appartenance (ethnie, religion) ou le limiter à son inconscient ou d'en faire le produit de facteurs socio-économiques. L'humanisme, né au XVIe siècle, est toujours un concept d'actualité.

2.5 Un exemple autour de Rabelais François Rabelais est un grand humaniste français. D’abord moine, il devient médecin à Lyon et donne des leçons d’anatomie. Passionné par l’Antiquité, il traduit les traités de médecine grecs, échange des lettres avec Érasme, voyage en France et en Italie. De 1532 à 1552, Rabelais fait paraître quatre livres, écrits en français, qui racontent les aventures du géant Gargantua et de son fils Pantagruel, dans un style comique et parfois grossier. Mais à travers ces histoires, Rabelais expose ses idées humanistes et critique la justice, l’éducation et l’Église de son temps. Ses œuvres : 1532 : Pantagruel. Le livre raconte l’enfance de Pantagruel, ses études à Paris (ce qui permet à Rabelais de se moquer de l’enseignement au Moyen Âge) sa rencontre avec son mai Panurge et la guerre contre le peuple des Dipsodes. 1534 : Gargantua. Le livre raconte l’enfance et l’éducation de Gargantua, sous la conduite de son maître Ponocratès ; la guerre contre le voisin Pichrocole, et la fondation de l’abbaye de Thélème où les hommes vivent selon les idées des humanistes. 1546 : Le Tiers Livre et 1552 : Le Quart Livre. Panurge et Pantagruel font un long voyage et interrogent différents personnages pour savoir quel est le secret du bonheur. 1554 : Le Cinquième Livre, fin des voyages de Pantagruel et de Panurge, dont une partie seulement a peut-être été écrite par Rabelais. - Document 1 : Des héros géants, toujours affamés et assoiffés « Hercule, qui au berceau tua deux serpents, n’était rien à côté de Pantagruel : ces serpents étaient bien petits et fragiles. Pantagruel, au berceau lui aussi, fit des choses plus épouvantables. À chacun de ses repas, il buvait le lait de quatre mille six cents vaches, et pour faire la poêle nécessaire à sa bouillie, il fallut tous les fabricants de poêle de Saumur en Anjou, de Villedieu en Normandie, de Bramont en Lorraine. Un matin qu’on voulait lui faire téter une de ces vaches, il se défit des liens qui l’attachaient à son berceau, prit la vache, lui mangea les deux tétons et la moitié du ventre, avec le foie et les rognons ; il l’eût toute dévorée si elle n’avait crié horriblement. À ce cri, tout le monde arriva ; on ôta la vache des mains de Pantagruel, mais de telle manière que le jarret lui demeura. Il le mangea comme vous le feriez d’une saucisse ; quand on voulut lui enlever l’os, il l’avala d’un coup comme le ferait un cormoran d’un petit poisson. » D’après Rabelais, Pantagruel, chapitre IV. - Document 2 : Des héros qui ont aussi faim et soif de connaissances Gargantua écrit à son fils Pantagruel qui est parti étudier à Paris : « Je te recommande d’employer ta jeunesse à bien profiter de tes études et à fortifier tes vertus. Je veux donc que tu apprennes parfaitement les langues, d’abord le grec, et ensuite le latin, puis l’hébreu pour la Bible, et même l’arabe ; que tu formes ton style, pour le grec, à l’imitation de Platon, et pour le latin, à celle de Cicéron. 18


La géométrie, l’arithmétique, la musique, je t’en ai donné le goût quand tu étais encore petit ; apprends le reste, et toutes les lois de l’astronomie. Laisse l’astrologie, mais je veux que tu saches par cœur les beaux textes de droit. Quant à la connaissance des choses de la nature, je veux que tu t’y adonnes avec curiosité, qu’il n’y ait aucune mer, rivière ou fontaine dont tu ne connaisses les poissons, que tu saches tous les arbustes et arbres des forêts, tous les oiseaux de l’air, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au plus profond des abîmes, que rien enfin ne te soit inconnu. Puis, soigneusement, consulte les livres des médecins grecs, arabes et latins, et, par des leçons fréquentes d’anatomie, acquiers une parfaite connaissance de l’homme. « D’après Rabelais, Pantagruel, chapitre VIII - Document 3 : Des aventures qui font rire Les sujets de roi Pichrocole attaquent une abbaye du royaume de Grangousier, père de Gargantua, et volent le raisin : « Dans l’abbaye, il y avait un moine nommé frère Jean des Entommeures. Lorsqu’il entendit le bruit que faisaient les ennemis dans la vigne, il sortit de l’église. Il vit alors qu’ils vendangeaient les raisins sur lesquels les moines fondaient leurs plus belles espérances ; il retourna au chœur de l’église où étaient les autres frères. Les entendant chanter, il s’écria : « Vertudieu, les ennemis sont dans notre clos, coupant ceps et raisins, tant et si bien qu’il n’y aura plus rien à récolter avant quatre ans. « Un moine dit alors : « Que fait ici cet ivrogne ? Venir ainsi troubler le service divin ! » Frère Jean répondit : « Et le service du vin ? Faisons en sorte qu’il ne soit pas troublé, car vous aimez à en boire, et du meilleur. » Frère Jean enleva son grand habit, se saisit du bâton de croix et se jeta sur les ennemis. Il tapait si dur, sans crier gare, qu’il les jetait à terre comme des porcs. Aux uns, il écrabouillait la cervelle, aux autres il rompait bras et jambes, à quelques-uns il disloquait les vertèbres du cou, à d’autres il fracassait les reins, aplatissait le nez, fendait la mâchoire, enfonçait les dents dans la gueule, défonçait les omoplates, meurtrissait les jambes, déboîtait les hanches. C’est ainsi que furent défaits tous ceux qui étaient entrés dans le clos au nombre de treize mille six cent vingt-deux sans compter les femmes et les enfants. » D’après Rabelais, Gargantua, chapitre XXVII Questions 1. À quels ouvrages appartiennent les extraits cités ? 2. En quelle année ont-ils été écrits? 3. Rechercher dans les textes un exemple d’exagération et un exemple de jeu de mots. 4. Relever les noms de deux écrivains de l’Antiquité et d’un héros de la mythologie grecque cités dans les documents. 5. Quelles sont les matières que Gargantua veut voir figurer dans l’éducation ? 6. À partir des réponses aux questions, montrer que Rabelais est un humaniste. 7. Rechercher le sens de ces expressions tirées des œuvres de Rabelais : • • •

« repas pantagruélique » « mouton de Panurge » « substantifique moelle »

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2.6 Gros plan sur Hercule du Guerchin - Le peintre et le contexte de l’œuvre Guerchin, (Giovanni Francesco Barbiéri da Cento, dit le) né à Cento près de Bologne en 1590, mort en 1666. Le surnom de Guercino ou de Guerchin lui fut donné parce qu'il était louche. L'école des Carraches, la vue des ouvrages des grands maîtres, et son génie, le firent marcher dans le chemin de la renommée. Ses premières œuvres comme, Et in Arcadia ego (v. 1618),ou le Martyre de saint Pierre (1619), ont un caractère lyrique et dramatique prononcé. En 1621, il fut appelé à Rome par le pape Grégoire XV. Sous l'influence des théories classiques et de l'œuvre de Guido Reni, son style devint plus calme et gracieux (cf. La Mort de Didon, 1630). Il est également l'auteur de paysages et de dessins à la plume. L’œuvre Hercule date de 1645 la notice indique : « Le 20 septembre 1645 il est fait état d’un paiement pour un « Hercule à mi-corps » destiné au cardinal doyen Jean-Charles de Médicis. L’exécution de l’œuvre remonte aux mois d'été, moment où l'on en retrouve trace dans la correspondance échangée entre le cardinal et le noble bolonais Vitale de Buoi, agent du peintre. » Elle poursuit ainsi : « Quant au sujet, bien que Guerchin l’ait traité à plusieurs reprises, comme le prouvent les références documentaires et l’existence d'une toile proche de notre exemplaire (aujourd'hui à Modène), on peut dans le cas de la version exposée ici, y voir une allusion à Florence et à la dynastie médicéenne, en hommage au commanditaire. L’image du héros grec Héraclès, fils de Zeus et d'Alcmène, que Guerchin représente avec la peau du lion de Némée vaincu dans un duel mythique, exploit figurant au nombre de ses douze travaux, revêt en effet dans la Florence du Quattrocento une valeur emblématique. Considéré comme le guerrier valeureux vainqueur des tyrans injustes, le héros grec est devenu le symbole de la vertu politique dans le gouvernement de la ville et, dans cette acception, surtout dans le cercle de Laurent le Magnifique, sert à glorifier la famille médicéenne ». Le nombre de ses ouvrages répandus dans toute l'Italie, est presque incroyable ; personne n'a travaillé avec plus de facilité et de promptitude ; il a peint beaucoup à fresque ; il a fait aussi une quantité prodigieuse de dessins, qui sont à la vérité de simples esquisses, mais pleines de feu et d'esprit. CF. web gallery of Art qui offre la possibilité de voir de nombreuses œuvres du même peintre. Notez que le musée des Beaux-Arts de Rouen possède une toile qui correspond plutôt à la dernière période de création avec la Visitation (1666). - On pourra travailler avec les élèves sur un questionnaire de ce type 1. Identifier l’auteur, son époque, le support et la dimension du portrait (127 x 105 cm), la technique utilisée (ici huile sur toile) 2. Le sujet : a. Qui est décrit ? Dans quelle posture ? Quelle est la direction du regard ? b. Que fait le personnage ? Est-il intégré à une scène ? c. Quels vêtements portent-ils ? Y-a-t-il des accessoires ? d. S’agit-il ou non d’un portrait officiel ? 3. Analyser la composition en traçant les lignes qui structurent l’image (droites, diagonales, obliques, parallèle) et qui déterminent la trajectoire du regard du spectateur. 4. Analyser l’organisation de l’espace : quel est le cadrage (plan moyen, en pied…) Y-a-t-il un fond ? un décor ? (intérieur, extérieur) ? 5. Analyser les couleurs, les formes et les effets de lumière : y-a-t-il des contrastes ? Les couleurs sont-elles chaudes ou froides ? Les formes sont-elles arrondies, cubiques ?

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6. Analyser le rapport au réel : s’agit-il d’un portrait qui reproduit fidèlement ou non la réalité ? Quelle est l’école (hollandaise, italienne, impressionniste, cubiste…) ? 7. Déterminer la visée en vous appuyant sur l’ensemble de votre analyse : quelle image est donnée du personnage représenté ? Quelles émotions produit-il sur le destinataire (spectateur de l’époque, vous-même) ? On pourra comparer cette représentation très humaine d’un Hercule « solennel et posé, inspiré de la redécouverte des modèles sculptés classiques » (voir notice du catalogue) avec l’immense sculpture d’Hercule de Puget du musée des Beaux-Arts. On verra ainsi un traitement bien différent de ce héros de l’Antiquité ; l’un imposant par sa taille et l’évocation éclatante de sa force, l’autre presque fragile dans sa peau d’une éclatante blancheur, les traits quelque peu vieillis, le regard où s’exprime toute l’indulgence d’une vraie humanité, et pourtant une posture presque royale où la dignité respire avec la peau du lion reposant sur le bras nu comme une veste sur une chemise. Les références à l’Antiquité sont donc visibles (le titre, le lion de Némée, la colonne antique qui borde le côté gauche du tableau, la toge qui habille délicatement les reins) mais Hercule se pare ici d’une solennité emprunte aux grands de ce monde.

3. Piste en arts plastiques : le portrait 3.1 Le contexte artistique La Renaissance va bien au delà d’un simple « retour aux formes et aux thèmes de l’art antique ». L’idéal humaniste a mené les artistes bien plus loin, et l’art du Quattrocento peut être vu comme une tentative de ramener le monde à la mesure de l’homme. Cette volonté de connaissance et d’ouverture intellectuelle prend en compte l’aspect visible des choses. Les artistes vont tenter à travers une démarche rationnelle de traduire le monde sensible. Simultanément, l’art évolue cependant vers une recherche théorique de règles abstraites de la beauté. Cette dialectique entre rationalisme et idéalisation sera sans doute à l’origine des formidables innovations et des avancées artistiques de la Renaissance. Pensons, par exemple, à l’apparition de la perspective linéaire, à la fois traduction du monde sensible, et pure spéculation théorique. Cette ouverture dans le champ du tableau met symboliquement l’homme au cœur du monde. Autre innovation importante, le perfectionnement du modelé, permettant de densifier la présence plastique des corps, jusqu’à établir un dialogue direct avec le spectateur. L’art du portrait subit ainsi une évolution significative, donnant progressivement corps à l’idéal humaniste. Il cesse d’être un élément anonyme ou secondaire, pour devenir un sujet autonome. L’individu peut maintenant être représenté seul, pour lui-même. Les effigies privées sont d’abord réalisées de profil en référence aux médailles antiques (Piero del Pollaiolo, Portrait de femme). pistes : travail à partir de la silhouette, relation au fond. La figure se tourne peu à peu vers le spectateur, développant un registre spatial de plus en plus raffiné. Nombre de figures sont représentées de trois quarts (Andrea Mantegna, Portrait de Charles de Médicis). pistes : les différents points de vue sur le visage, travail en photo numérique, ouverture vers la possibilité d’associer les points de vue La dimension sociale et politique du portrait donne une importance considérable à la symbolique des vêtements, des matières et des textures suggérées par le peintre. Les tissus sont représentés avec un grand raffinement (Piero del Pollaiolo, Portrait de femme ; Agnolo Bronzino, Jeune fille tenant un livre de prière). Chez Federico Barocci, on remarquera toute l’importance accordée à l’armure, symbole de force, suggérant par sa richesse la position sociale du personnage (Portrait en armure de Francesco Maria II della Rovere). 21


pistes : explorer le rapport symbolique entre le corps et le vêtement, variations autour d’une même posture, travail sur l’ornementation (idée de recouvrement) ou l’idée de protection. Explorer plus largement le rapport signifiant, signifié à propos du vêtement dans le champ du tableau, exemple : traduire un certain caractère psychologique... On pourra de la même manière s’intéresser à la présence des objets dans le champ du tableau (par exemple le livre de prière dans l'œuvre de Bronzino). pistes : aborder tout le dispositif spatial et le contenu symbolique des éléments visuels. Il s’agit ici de mise en scène (cf. : travail parodique de Cindy Sherman à partir des œuvres du passé) Le cadrage resserré de certains portraits permet à l’artiste de mettre en avant l’individu dans sa singularité, l’aspect psychologique de la représentation humaine devient à la Renaissance une notion importante. Les traits du visage, mais aussi les regards, permettent d’aller au delà de la simple transposition d’une apparence physique. Comparons le regard fier et décidé de Charles de Médicis, avec la mélancolie qui semble poindre dans celui de la jeune fille de Bronzino. pistes : aborder le visage sous son aspect changeant, expressions, états psychologiques, ou bien relation au temps, la pérennité des apparences Les portraits de grands hommes, les portraits de cour se développent de façon significative à la Renaissance. L’aspect social et politique de ce type de représentation est évident. Malgré les codifications qui s’installent, ce type d’œuvre sera l’occasion de voir émerger de nombreux chefsd'œuvre. Parmi eux, un genre bien particulier, le portrait en pied dont nous proposons un exemple plus tardif, puisqu’il s’agit d’une œuvre du XVIe siècle. 3.2 Analyse d’œuvre Le tableau présenté est analysé de manière à faciliter une réutilisation éventuelle en classe. Paolo Veronèse Portrait d’Iseppo da Porto et de son fils Adriano Huile sur toile, 247 x 133 cm Florence, galerie des Offices Né en 1528, et mort en 1588, Veronèse, tient son nom d’artiste de son lieu de naissance : Vérone. Il s’installe à Venise en 1553 et deviendra l’un des plus grands peintres de la cité des Doges. Le Cinquecento marque une évolution certaine par rapport aux peintres de la Renaissance. On rattache parfois Véronèse au maniérisme, mais l’indépendance artistique du peintre en fait surtout un créateur singulier puisant à de nombreuses sources d’inspiration. La peinture florentine, basée sur le dessin est souvent opposée à la peinture vénitienne qui privilégie la couleur. Véronèse tentera de concilier les deux approches. Son travail sur la matière picturale, et les recherches de texture, est également caractéristique des recherches plastiques menées par le peintre. Connu pour ses grandes compositions (Les Noces de Cana, musée du Louvre), Véronèse a réalisé également de nombreux portraits de la société vénitienne. analyse : L'œuvre, de grand format, offre une représentation quasiment à l’échelle des personnages. Ce type de format, associé à un portrait en pied vise à imposer fortement la présence du personnage. L’œuvre cherche à se rapprocher de l’expérience réelle, comme si les personnages étaient physiquement présents. Véronèse utilise très sobrement ici un élément important de son vocabulaire plastique : l’architecture. Il représente les deux personnages dans une sorte de niche, dont seuls des fragments de murs latéraux suggèrent la profondeur. La perspective créée en bas, 22


au pied du mur, vise à évoquer un prolongement possible dans l’espace du spectateur. Là aussi, il s’agit de renforcer l’illusion d’une présence réelle. Les deux figures se présentent à nous directement, sans premier plan, elles sont « là », devant nous. La posture des personnages est extrêmement fluide. Ceux-ci s’inscrivent parfaitement dans l’espace créé. Les pieds, traités en raccourcis, renforcent eux-mêmes la spatialité de l'œuvre. Cependant la composition reste naturelle et vivante. Il s’agit d’une œuvre d’une grande maîtrise plastique. Malgré la taille de l'œuvre, Veronèse introduit un sentiment d’intimité. Le peintre traite avec beaucoup d’acuité de la relation père-fils. Le comte Isepo da Porto adopte une pose droite et pleine de dignité. L’une de ses mains est posée symboliquement sur le pommeau de l’épée, celleci est gantée. L’autre main en revanche, non gantée, repose avec douceur sur les épaules de son fils, lui même accroché délicatement au bras de son père. Filiation, amour et fierté paternelle sont ainsi exprimés. On remarquera le jeu maniériste des mains de l’enfant qui encadrent celle du père. C’est une zone de transition dans le tableau. Un moment ou l’on passe de l’attitude digne et sereine du père à l’agitation bouillonnante de l’enfant. La posture de celui-ci exprime l’impatience, le désir de mouvement. Le regard d’Adriano est porté hors-champ, à gauche, vers un point inconnu dans l’espace. Contrairement au père qui regarde le spectateur, il semble vouloir jouer et sortir du tableau... L’éclairage subtil de la scène, provenant de la gauche, semble symboliquement attirer l’enfant, prêt à « découvrir le monde » .Pourtant, la figure protectrice du père reste très présente, canalisant le trop plein d’énergie de l’enfant. Veronèse accorde une grande importance au rendu des matières et textures. Le noir domine, mais il est prétexte à tout un jeu de reflets qui nuancent la lumière de façon très riche (voir le vêtement du comte). Le peintre joue aussi avec maîtrise de l’opposition opaque / brillant. Par contraste, avec les vêtements sombres, la carnation est traitée avec des tons très doux et lumineux, où l’on perçoit tout l’art coloriste de Véronèse. L’apparente monochromie du tableau n’est qu’une vision première de l'œuvre. On retrouve ici la volonté du peintre de réaliser, malgré la taille de l'œuvre, un tableau intimiste, qui livre progressivement toute sa richesse... et affirme avec finesse toute l’humanité des personnages. 4. Autres pistes pédagogiques L’exposition est très riche. D’autres thématiques peuvent être abordées : - la perspective ; - l’évolution de la mode (costume, bijoux, parures) ; - la mythologie ; - les animaux ; - le maniérisme ; - le baroque ; - l’iconographie religieuse ; - art et pouvoir.

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IV. Ressources complémentaires

1. Chronologie 1.1. Histoire 1260 Bataille de Montaperti : avec le soutien de Manfred, les Gibelins toscans et les Siennois battent les Guelfes de Florence qui se font expulser de la cité. 1261 Prise de Constantinople par l’empereur byzantin de Nicée, Michel VIII Paléologue (1259-1282). Restauration de l’empire byzantin. Fin de l’empire latin d’Occident. 1270 Septième et dernière croisade. Mort de Saint-Louis (1214-1270) devant Tunis. 1289 Bataille de Campaldino : la cité gibeline d’Arezzo est vaincue par la ligue guelfe de Florence. 1302 Bulle Unam sanctam conférant au pape la suprématie sur le pouvoir temporel. 1442 Fin de la guerre de succession au royaume de Naples, la Maison d’Aragon succède à la Maison d’Anjou et le royaume de Naples est rattaché à la Sicile. 1453 Constantinople tombe aux mains des Turcs. Fin de l’empire latin d’Orient. 1469 La seigneurie de Florence échoit à Laurent de Médicis, le Magnifique (1449-1492). 1475 Guerre opposant Venise aux Turcs. 1478 La famille des Pazzi prend la tête d’une conjuration contre les Médicis ; Julien, frère du Magnifique est tué mais il s’ensuit une révolte populaire qui aboutit au massacre des conspirateurs. 1492 Mort de Laurent le Magnifique à Florence. 1494 Expulsion des Médicis. République du moine Savonarole (1494-1498) qui sera pendu et brûlé comme hérétique. 1513 Jean de Médicis (1475-1521), fils du Magnifique, est élu pape et prend le nom de Léon X. 1515 Bataille de Marignan : François Ier bat les troupes suisses et occupe Milan. 1519 Charles Quint (1500-1558) se fait proclamer empereur du Saint Empire romain germanique. 24


1525 Bataille de Pavie : François Ier défait par les troupes impériales est fait prisonnier : « Tout est perdu fors l’honneur. » 1527 Sac de Rome par l’armée de Charles Quint. 1530 Charles Quint couronné empereur par Clément VII, pape de 1523 à 1534. 1545 Début du concile de Trente réuni par Paul III, pape de 1534 à 1549, pour régler le problème de la Réforme protestante et affermir l’unité de l’Eglise. Début de la Contre Réforme ou Réforme catholique. 1571 Bataille de Lépante : les Turcs sont défaits par les États chrétiens, Venise, Gênes, l’Espagne et la Papauté. Coup d’arrêt donné à l’avancée ottomane en Occident. 1572 Massacre de la Saint-Barthélémy, ordonné par le roi de France Charles IX à l’instigation de sa mère Catherine de Médicis (1519-1589). 1610 Assassinat d’Henri IV. Son fils Louis XIII, âgé de neuf ans lui succède. La Régence est assurée par sa mère, Marie de Médicis jusqu’en 1615. 1630 Peste de Milan qui touche la partie septentrionale de l’Italie. 1701-1713 Guerre de succession d’Espagne. La Quadruple Alliance, réunissant l’Angleterre, la Hollande, le Portugal et les princes allemands, soutient les prétentions de Charles de Habsbourg au trône d’Espagne contre les Français. 1714 Paix de Rastadt : l’Empire obtient les Pays-Bas espagnols et la France reconnaît les nouvelles possessions autrichiennes en Italie, la Lombardie, la Sardaigne et le Royaume de Naples. 1735 Charles de Bourbon (1716-1788), couronné roi de Naples et de Sicile, prend le nom de Charles III. 1786 Léopold de Toscane (1765-1790) instaure un nouveau code pénal abolissant la torture et la peine de mort. 1796 Début de la Campagne d’Italie de Napoléon Bonaparte (1769-1821). 1804 Sacre de l’empereur Napoléon à Notre-Dame de Paris par Pie VII, pape de 1800 à 1823. 1805 Napoléon transforme la République italienne en royaume d’Italie et se fait couronner roi d’Italie. 1815 Waterloo, défaite de Napoléon. Congrès de Vienne. La France doit restituer à l’Italie une partie des 25


œuvres d’art pillées par les troupes napoléoniennes. 1848 Marche de Radetzski ; à Milan insurrection populaire menée par Carlo Cattaneo. Défaite des Autrichiens. Charles-Albert (1798-1849) déclare la guerre à l’Autriche. C’est la première guerre d’Indépendance en Italie, alors que des mouvements révolutionnaires agitent l’Europe entière. 1.2 Arts 1260 Nicola Pisano (vers 1215 /1220- vers 1278 :1284) : chaire du Baptistère de Pise. 1296-1300 Assise : fresques de Giotto pour la Basilique majeure. Florence : début de la construction du Palais de la seigneurie (Palazzo Vecchio) sur les plans d’Arnolfo di Cambio. 1311 Sienne : Duccio di Buoninsegna termine sa Maestá (Sienne, Musée de l’œuvre de la cathédrale). 1333 Sienne : Simone Martini (vers 1284-1344), pala du Dôme, L’Annonciation (Florence, Galerie des Offices). 1401-1428 Concours pour la seconde porte de bronze du baptistère de Florence. Les panneaux de Lorenzo Ghiberti (1378-1455) et ceux de Filippo Brunelleschi sont jugés d’égal mérite. Ce dernier se désiste. 1418 Donatello, Saint Georges (marbre, Florence musée du Bargello). 1420 Florence : Brunelleschi remporte le concours pour la coupole de la cathédrale Sainte-Marie-desFleurs (terminée en 1436). 1424 Florence, église des Carmes, chapelle Brancacci, fresques de Masaccio et de Masolino. Lorenzo Ghiberti, panneaux de bronze doré pour la porte Est du baptistère (« porte du Paradis »), achevés en 1452. 1438 Florence : couvent de Saint-Marc, fresques de Fra Angelico (achèvement). Luca Della Robbia achève sa tribune (cantoria) pour la cathédrale (Florence, Musée de l’œuvre). 1452 Arezzo, église San Francesco, Piero della Francesca, fresque de l’Histoire de la Croix. 1465-1474 Mantoue, palais ducal, Mantegna, fresques de la « chambre des époux ». 1478 Castello, villa Médicis : Botticelli, Le Printemps (Florence, galerie des Offices). 1482 Ludovic le More appelle Léonard à Milan. Botticelli, La Naissance de Vénus (Florence, galerie des Offices). 26


1501 Michel-Ange, David (Florence, galerie de l’Académie). 1503 Florence, Palazzo Vecchio : Léonard, Bataille d’Anghiari, Bataille de Cascina, carton (œuvres perdues), La Joconde (Paris, musée du Louvre). 1505 Séjour d’Albrecht Dürer à Venise, Madone du Rosaire (Prague, galerie nationale). 1506 Rome : plan en croix grecque pour la basilique Saint-Pierre ; découverte du groupe Laocoon et ses fils sur l’Esquilin. 1508 Rome : Raphaël est appelé par Jules II pour décorer les chambres des appartements pontificaux du Vatican ; fresques de Michel-Ange pour la voûte de la chapelle Sixtine. 1521 Rosso Fiorentino, Déposition (Volterra, musée). 1534 Clement VII commande à Michel-Ange le Jugement dernier pour compléter le décor de la Chapelle Sixtine. 1597 Rome, galerie Farnèse : fresques d’Annibal Carrache (voûte achevée en 1601). 1600 Rome, Saint-Louis des Français, chapelle Cantarelli : Caravage, Histoire de saint Matthieu. 1621 Séjour en Italie d’Anton van Dyck (1599-1641). Rubens commence la série du Triomphe de Marie de Médicis (Paris, musée du Louvre), commandé à l’occasion de son mariage avec Henri IV. 1624/1633 Rome, basilique Saint-Pierre : Bernin commence le baldaquin. Poussin s’établit à Rome. 1633 Rome, palais Barberini : fresque de Pierre de Cortone pour la voûte du salon. 1634 Rome, Saint-Charles aux Quatre Fontaines : plan de Francesco Borromini. 1642 Rembrandt (1606-1669), La Ronde de nuit (Amsterdam, Rijksmuseum). 1645 Rome, Sainte-Marie de la Victoire, chapelle Cornaro: Bernin, Extase de sainte Thérèse (achevée en 1652). 1672/1673 Rome, église du Gesú : Baciccio, Triomphe du nom de Jésus (décor à fresque de la coupole). 1735 27


Canaletto (1697-1768) : série de vedute de Venise pour le consul anglais Joseph Smith. 1750 Bavière, château de Würzburg : Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770) début du décor du salon de l’Empereur, du salon de l’Impératrice et du grand escalier. 1756 Giovanni Paolo Pannini (1691-1675), Galeries imaginaires avec des vues de la Rome antique. 1784 Jacques-Louis David (1748-1855), Le Serment des Horaces (Paris, musée du Louvre). 1793 Antonio Canova (1757-1822), L’Amour et Psyché (Paris, musée du Louvre). 1806 Ingres (1780-1867) séjourne à Rome. 1807 David, Le Sacre. 1817 Théodore Géricault peint à Rome la série des Courses de chevaux libres 1820 Francesco Hayez (1791-1882), Pietro Rossi, prisonnier des Scaligeri, œuvre considérée comme l’acte de naissance du romantisme historique italien.

1.3 Lettres et sciences 1250 Apparition en Europe de la poudre de salpêtre à l’usage de l’artillerie. 1276 Mort du poète bolonais Guido Guinizelli (vers 1235-1276) auteur de la canzone « Al cor gentil rempeira sempre amore », manifeste du Dolce stil novo. 1306-1320 Dante, Divine comédie. 1335 :1374 Pétrarque, Sonnets (en langue vulgaire) inspirés par la vie et la mort de Laure. 1398 Cennino Cennini, Le Livre de la peinture, manuel technique à l’usage des peintres. 1414 Mont-Cassin, découverte par l’humaniste Poggio Bracciolini (1380-1459) du De Architectura de Vitruve (27A. D.), source majeure des théories architecturales et urbanistiques de la Renaissance (publié en 1514). 1436 Leon Battista Alberti, De Pictura, ouvrage théorique énonçant les principes de la perspective. 1449 28


Gutenberg, invention de l’imprimerie. 1484 Marcile Ficin publie les œuvres complètes de Platon. 1509 Luca Pacioli, De divina proportione, idéal esthétique reposant sur des principes géométriques tels que la Section d’or. 1513 Machiavel (1469-1527), Le Prince, ouvrage fondateur de la pensée politique moderne. 1516 L’Arioste (1474-1533) Roland furieux. 1528 Baldassar Castiglione, Le Livre du courtisan, manuel d’éducation à l’usage de l’homme de cour qui substitue le modèle du gentilhomme cultivé à l’idéal guerrier et qui est à l’origine de l’honnête homme du XVIIe siècle. 1531 Academia Fiorentina, modèle de toutes les académies européennes. Elle s’inspire des assemblées libres de beaux esprits réunies par Marsile Ficin, à l’imitation de Platon, dans la villa de Laurent le Magnifique à Careggi. 1543 Copernic (1473-1543), De Rivolutionibus orbium caelestium, exposé de sa doctrine héliocentrique (publication posthume). 1550 Vasari (1411-1574), Vies des plus illustres architectes, peintres et sculpteurs italiens de Cimabue à nos jours. 1581 Le Tasse (1544-1595), La Jérusalem délivrée. 1610 Galilée (1564-1642), Sidereus nuntius, compte-rendu de ses découvertes à la lunette astronomique des satellites de Jupiter, des taches de la lune et des phases de Vénus. 1633 Rome, procès et condamnation de Galilée par le Tribunal de l’Inquisition. 1643 Mort de Frescobaldi (1583-1643). 1711 Florence, Bartolomeo Cristofori met au point le pianoforte. 1725 Vivaldi (1678-1782), il cimento dell’armonia, recueil de concerti comprenant la suite des Quatre saisons. 1752 Diderot et d’Alembert, L’Encyclopédie. 1774 29


Goethe, Les Souffrances du jeune Werther. 1781 Kant, Critique de la raison pure. 1802 /1804 Chateaubriand nommé secrétaire d’ambassade à Rome par Bonaparte. 1804 Première locomotive à vapeur. 1805 Apparition de l’éclairage au gaz. 1807 Premier service régulier de bateaux à vapeur. 1819 Leopardi (1798-1837), L’infini. 1840 Manzoni, Les Fiancés. 1848 Marx (1818-1883) et Engels (1820-1895), Manifeste du parti communiste.

2. Bibliographie Les ouvrages marqués * sont consultables à la documentation du service des publics sur rendezvous.

* Miroir du temps, chefs-d’œuvre des musées de Florence, catalogue de l’exposition, musée des Beaux-Arts de Rouen, SilvanaEditoriale, 2006 ; En histoire de l’art : Sur le mouvement artistique de la Renaissance : * S. Beguin, La Renaissance en Europe 1, éditions Rencontre Lausanne, 1965 ; * S. Beguin, La Renaissance en Europe 2, éditions Rencontre Lausanne, 1965 ; * E. Capretti, Les grands maîtres de l'art italien, Hazan, 2004 ; * A. Chastel , Renaissance italienne 1460 – 1500, Gallimard, 1999 ; A. Chastel, L’art italien, coll. Tout l’art –Histoire, Flammarion, 1995 ; L. Campbell, Portraits de la Renaissance, Hazan, 1991 ; * E. De Halleux, Iconographie de la Renaissance italienne, Flammarion, 2004 ; * P. Fortini Brown, La Renaissance à Venise, Flammarion, 1997 ; * M. Hochmann, Abcdaire de la Renaissance italienne, Flammarion, 2001 ; * B. Jestaz, La Renaissance de l'architecture : de Brunelleschi à Palladio, Découvertes Gallimard, 1995 ; * M. Lacas, Artistes à la Renaissance, De la Martinière jeunesse, 2005 ; * G. Legrand, L’art de la Renaissance, coll. Comprendre et Reconnaître, Larousse, 2004 ; * B. de Mongolfier, La Renaissance en Italie 2, éditions Rencontre Lausanne, 1965 ; * B. de Mongolfier, Bernard, La Renaissance en Italie 3, éditions Rencontre Lausanne, 1965 ; * C. Michon, La Renaissance, Les essentiels Milan, 2004 ; * C. Michon, La peinture de la Renaissance, Les essentiels Milan, 2005 ; 30


N. Schneider, L’art du portrait, Taschen, 1994 ; * R. Turner, La Renaissance à Florence, Flammarion, 1997 ; * S. Zuffi, L'Art au XVe siècle, Hazan, 2004 ; Sur L’Italie et Florence : A. J. Lemaître, E Lessing, Florence et la Renaissance. Le quattrocento, Terrail, 1992 ; R. Turner, La Renaissance à Florence, coll. Tout l’art- Contexte, 1997 ; Sur la perspective : * H. Damisch, Histoire de la perspective, Champs / Flammarion, 1987 ; * A. Cole, La perspective, profondeur et illusion, Gallimard, 1993 ; * P. Comar, La perspective en jeu, les dessous de l'image, Gallimard, 1992. Pour les élèves : * Dada n°69, Le portrait, Mango presse, 2000 ; * Dada n°70, Léonard de Vinci, Mango presse, 2000 ; * Le Petit Léonard n°12, dossier Giotto, éditions Faton, 1998 ; * Le Petit Léonard n°21, dossier Raphaël, éditions Faton, 1998 ; * Le Petit Léonard n°52, dossier Raphaël, éditions Faton, 2001 ; * Le Petit Léonard n°54, dossier Fra Angelico, éditions Faton, 2001 ; * Le Petit Léonard n°60, dossier Botticelli, éditions Faton, 2002 ; * Le Petit Léonard n°65, dossier Véronèse, éditions Faton, 2002 ; * Le Petit Léonard n°99, dossier Venise, éditions Faton, 2006 ; En histoire : Sur le contexte de la Renaissance : P. Burke, la Renaissance européenne, Paris, 2000 ; J. Delumeau, La civilisation de la Renaissance, coll. « les grandes civilisations », Arthaud, 1967 ; E. Garin, L’homme de la Renaissance, coll. Point Histoire, Seuil, 1990 ; T. Wanegleffen (dir), La Renaissance, coll. Universités Histoire, Ellipses, 2003 ; Ouvrages pour les élèves : * L. Bender, Inventeurs et inventions, coll « les yeux de la découverte », Gallimard, 1991 ; F. Romei, illustré par A et S Ricciardi, Léonard de Vinci : génie de la Renaissance, coll. « Terre de Sienne », Hatier, 1994 ; Renaissance et Humanisme, coll. Découverte Junior Gallimard Larousse, 1992 ; Sur l’Italie et Florence : I. Cloulas (dir), l’Italie de la Renaissance, Un monde en mutation, Fayard, 1990 ; En littérature : Marot Clément, Epître au roi pour avoir été dérobé (1531) ; L’enfer (1542), Psaumes (1543) ; Rabelais François, Gargantua (1535), Le Tiers livre (1546), Le quart livre (1552) ; Du Bellay Joachim, Défense et illustration de la langue française (1549), Les Antiquités de Rome (1558), Les regrets (1558) ; Ronsard Pierre de, Les Amours (1552), Hymnes (1555), Discours sur les misères de ce temps (1562) ; Aubigné Agrippa d’, Les tragiques (1577-1616) ; Montaigne, Michel Eyquem de, Essais (1680, 1688, 1695) ; XVIe siècle, collection Lagarde et Michard, Bordas, 1969 offre une bonne compilation de textes qui s’inscrivent dans cette période humaniste ;

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Outils pédagogiques: L’Anamorphose, CNDP, 1994 ; * La révolution humaniste, TDC N°730, février 1997 ; Voyage pédagogique à Florence, CRDP Champagne - Ardennes, 1994 ; Cédéroms du CRDP de Bourgogne, 2002 : - Botticelli : la vie et l’œuvre du grand maître de Florence, Emme, 1997 ; - Léonard de Vinci :La Joconde et autres chefs-d’œuvre, Vilo, 1999 ; - Les Médicis : Florence, la Renaissance et les Médicis, Emme, 1997 ; La Renaissance italienne, émission TV, Galilée, CNDP, 1999.

3. Sites Internet www.expomiroirdutemps.com site de présentation de l’exposition Miroir du temps www.memo.fr/dossier.asp?ID=65 un dossier complet sur la Renaissance www.musee-renaissance.fr le site du musée national de la Renaissance du château d’Écouen www.webcndp.cndp.fr/archivage/Valid/Videos/742/742-56-63.pdf document présentant l’émission sur la Renaissance italienne réalisée par le cndp www.polomuseale.firenze.it : site de la galerie des Offices

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V. Visiter l’exposition avec sa classe Le service des publics et le service éducatif (sur rendez-vous le mercredi de 14h30 à 16h30) sont à votre disposition pour tout projet spécifique, toute demande particulière. N’hésitez pas à prendre contact au 02 35 52 00 62. Pour le confort et la bonne organisation de la venue des groupes, il est nécessaire de réserver auprès du service des publics au 02 35 52 00 62 au moins trois semaines à l’avance. • Visites et ateliers autour de l’exposition * Une visite découverte de l’exposition Miroir du temps en lien avec les collections permanentes du musée est proposée aux groupes scolaires qui le souhaitent. Elle est adaptable aux différents niveaux scolaires. Visite libre de l’exposition (durée à définir) L’enseignant ou l’accompagnateur des enfants conduit lui-même la visite de l’exposition. 30 enfants maximum Entrée gratuite « Qui suis-je ? » Sur simple demande, un jeu est à disposition des enfants. Il est constitué de dix-huit reproductions de tableaux (deux exemplaires différents de six portraits en buste et six personnages en pied), découpées en bandes horizontales, que les enfants ont à reconstituer afin de retrouver l’original dans l’exposition. « Portrais de famille » Sur simple demande, les enfants auront à choisir parmi une dizaine de silhouettes de portraits et auront à les compléter avec des crayons de couleur. Visite commentée avec un conférencier des musées (1h) 30 enfants maximum Tarif : 30,50 € Entrée gratuite * Une visite dans l’exposition peut être prolongée par un atelier de pratique artistique. Ateliers visites Durée 2h : 1h de visite et 1h d’atelier Tarif pour 15 enfants maximum : 68,65 € (matériel fourni) Entrée gratuite Tarif pour une classe de 30 enfants maximum : 137,30 € (matériel fourni) Entrée gratuite Ateliers (1h) « Au travers du miroir : questions de dessins » Les élèves auront à se focaliser sur un détail d’un portrait (œil, lèvre, nez, etc) afin de comprendre comment le peintre a procédé pour donner vie à la peinture et rendre l’aspect psychologique du personnage. Sera aussi mis en avant le côté atemporel de ces portraits, miroirs du temps. Primaire, collège, lycée

Un groupe (maximum 15 enfants) suit la visite de l’exposition pendant que l’autre est en atelier et inversement. 33


Autour de l’exposition Midi-musées (45 minutes) Les jeudis 15 et 22 juin à 12h15 et 13 h Visite commentée de l’exposition Tarif : 3,80 € (entrée gratuite) ; gratuit pour les moins de 18 ans Musées en famille (1 heure 15) Dimanche 11 juin à 16h et 16h30 À couper le souffle… Miroir du temps Tarif : 3,80 € + entrée à tarif réduit ; gratuit pour les enfants Visites commentées (1 heure) Jeudi 1er, 8 15, 22 et 29 juin, 6, 13, 20 et 27 juillet, 3, 10, 17, 24 et 31 août à 19h et Dimanche 28 mai, 4, 11, 18, 25 juin, 2, 9, 16, 23 et 30 juillet, 6, 13, 20 et 27 août, 3 septembre à 11h Tarif : 3,80 € + entrée à tarif réduit ; gratuit pour les moins de 18 ans Visite commentée en langue des signes (1 heure) Dimanche 18 juin à 11h, interprétée par une interprète de l’association Liesse Concert Samedi 17 juin à 20h30 – entrée libre Autour de la musique italienne, concert organisé par le CEFEDEM, le centre de formation des enseignants de la danse et de la musique Cycle de trois conférences le jeudi à 19h - auditorium du musée des Beaux-Arts Entrée libre Jeudi 8 juin à 19h L’invention du portrait en Italie par Laurent Salomé, directeur des musées de Rouen Jeudi 15 juin à 19h L’influence de la Renaissance italienne en France de Fontainebleau à Marie de Médicis par Thierry Crépin-Leblond, directeur du musée national de la Renaissance Jeudi 22 juin à 19h La Renaissance à Rouen par Salima Hellal, conservateur au musée départemental des Antiquités de Rouen * Vacances au musée Stage Trois stages de trois jours sont proposés pendant les vacances scolaires pour les enfants de 6 à 12 ans. Du 5 au 7 juillet, 10h - 12h et 14h – 16h ; du 10 au 12 juillet, 10h - 12h Ateliers ponctuels Des ateliers ponctuels de deux heures sont aussi organisés pendant les vacances pour les enfants de 6 à 12 ans. Le lundi 10 juillet, 14h - 16h Planète vacances Les musées s’associent à la direction de la Jeunesse et des Sports de la ville en proposant un stage pendant les vacances pour les enfants de 9 à 15 ans. Du 28 août au 1er septembre, 14h – 17h 34


VI. Renseignements pratiques * Musée des Beaux-Arts Esplanade Marcel Duchamp 76000 Rouen Tél. : 02 35 71 28 40 - Fax : 02 35 15 43 23 Heures d’ouverture Exposition ouverte du 19 mai au 3 septembre 2006 de 9h à 19h sauf mardi et jours fériés nocturne le jeudi jusqu’à 22h Tarifs scolaires Exposition Entrée libre Visite libre Durée à préciser (30 élèves maximum) Entrée gratuite - Réservation obligatoire Visite commentée Durée : 1h (30 élèves maximum). Participation : 30,50 € - Entrée gratuite Ateliers-visites Durée 2h : 1h de visite et 1h d’atelier Tarif pour 15 enfants maximum : 68,65 € (matériel fourni)- Entrée gratuite Tarif pour une classe de 30 enfants maximum : 137,30 € (matériel fourni)- Entrée gratuite Atelier Durée : 1 h Tarif pour 15 enfants maximum : 38,15 € (matériel fourni) Durée : 2 h Tarif pour 15 enfants maximum : 76,30 € (matériel fourni) • Réservations et renseignements Pour le confort et la bonne organisation de la venue des groupes, il est nécessaire de réserver auprès du service des publics au 02 32 76 70 89 au moins trois semaines à l’avance. Service des publics Esplanade Marcel Duchamp - 76000 Rouen Tél. : 02 35 52 00 62 - fax : 02 32 76 70 90 - mail : publicsmusees@rouen.fr Service éducatif N’hésitez pas à contacter Alain Boudet, professeur d’arts plastiques, Marion Laude, professeur d’histoire géographie et Sabine Morel, professeur de lettres pour tout projet pédagogique au 02 35 52 00 62 (sur rendez-vous le mercredi de 14h30 à 16h30). Esplanade Marcel Duchamp - 76000 Rouen Tél : 02 35 52 00 62 Mail : a-boudet@wanadoo.fr ; laude-montchalin@wanadoo.fr ; sabinemorel@wanadoo.fr Actualité sur le site : http/ac-rouen.fr chapitre ressource pédagogique rubrique action culturelle

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