LA GOUVERNANCE PAR LES PREMIÈRES NATIONS, POUR LES PREMIÈRES NATIONS Dre Shannon McDonald, médecin hygiéniste en chef intérimaire de la régie de la santé des Premières Nations de la Colombie-Britannique
Le colonialisme, le patriarcat et la santé autochtone Avant l’arrivée des colons, les Premières Nations qui habitaient ce qu’on appelle maintenant le Canada disposaient de systèmes de gouvernance complexes constitués d’un ensemble complet de lois, de valeurs et de modèles de conduite, en vertu desquels ils exerçaient la pleine autorité sur leurs territoires traditionnels. Quand les Européens se sont installés au Canada, un système de gouvernement a été imposé aux Premières Nations qui visait à les exclure de leurs territoires, à perturber leurs façons de faire, à les assimiler, à détruire leurs cultures et à anéantir leurs systèmes de gouvernance. Les Autochtones ont été privés de leurs droits et de leurs titres, et des traités à portée très limitée ont été signés en ColombieBritannique (First Nations Education Steering Committee & First Nations Schools Association, 2019).
Les Premières Nations ont fait et font l’objet de préjugés pour les modes de vie qui ont été les leurs pendant des millénaires, étant perçus comme inférieurs dans tous les aspects de leur existence. La pauvreté, l’isolement, la famine et les maladies infectieuses que les colons ont importés sur leurs territoires ont ravagé des communautés entières; face à la colonisation massive, les pratiques traditionnelles n’ont pu protéger pleinement les familles et les communautés. Ce fut, aux yeux des forces colonisatrices, une preuve de plus que les Premières Nations se montraient incapables de subvenir à leurs propres besoins – une perception fausse aux conséquences tragiques. Le gouvernement colonial s’est attribué la responsabilité de les « civiliser », prenant ainsi le contrôle des services (notamment des soins de santé) offerts aux Premières Nations, avec les conséquences néfastes qu’on connaît. Les structures et systèmes imposés aux Premières Nations et issus de conceptions racistes et colonialistes ont compromis la santé et le bienêtre des Autochtones jusqu’à ce jour.
L’autodétermination et la gouvernance de la santé des Premières Nations : une source de conflit structurel dans la prise de décisions et la prestation de services? Selon l’article 23 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, « les peuples autochtones ont le droit de définir et d’élaborer des priorités et des stratégies en vue d’exercer leur droit au développement. En particulier, ils ont le droit d’être activement associés à l’élaboration et à la définition des programmes de santé, de logement et d’autres programmes économiques et sociaux les concernant, et, autant que possible, de les administrer par l’intermédiaire de leurs propres institutions » (UN General Assembly, 2007, p. 18).
Vers un avenir meilleur : santé publique et populationnelle chez les Premières Nations, les Inuits et les Métis
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