Kit de rééducation visuelle

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KIT DE RÉÉDUCATION VISUELLE



LA PENSÉE BOURGEOISE DIT TOUJOURS AU PEUPLE :

CROY-EZ MOI SUR PAROLE « CROYEZ-MOI SUR PAROLE ; CE QUE JE VOUS ANNONCE EST VRAI. TOUS LES PENSEURS QUE JE NOURRIS ONT TRAVAILLÉ POUR VOUS. NGMK F ¡L=K H9K =F L9L <= J=H=FK=J LGML=K D=MJK <A>>A;MDL K$ <= J=H9KK=J H9J D=MJK ;@=EAFK$ E9AK NGMK HGMN=R ;JGAJ= D=K J KMDL9LK <= ;=K @GEE=K < KAFL J=KK K =L HMJK& <= ;=K @GEE=K E9JIM K < MF ?J9F< KA?F=$ <= ;=K @GEE=K IMA < LA=FF=FL D ;9JL <M ;GEEMF$ POUR QUI ILS TRAVAILLENT LES SECRET <= D9 N JAL =L <= D9 BMKLA;=& H9MD FAR9F % D=K ;@A=FK <= ?9J<=


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POURQU UN KIT RÉÉDUC VISUELLE Pour rééduquer la vision que l’on a d’un bombardement médiatique incessant, pour donner au nombre d’aveugles le coup de pouce nécessaire pour comprendre que « la nuit tous les chats sont gris», qu’il faut savoir, et d’autant plus maintenant, faire la part des choses et se rendre compte que l’objectivité n’existe pas. Tout n’est pas noir ou blanc. Pour être plus clair, ce kit tente H´sXVI PI GSYT HI TSYGI E½R H´EGUYqrir ce recule, ce jugement critique quelles soient les informations que l’on nous donne. Dans la société actuelle, l’information est un produit de consommation comme un autre, alors qu’elle sert à nourrir notre organe principal, notre cerveau.


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UOI DE CATION E

Il n’y a pas de réponse à cela dans ce kit mais cela, je l’espère, ZSYW HSRRIVE GI VI¾I\ de recul et de jugement critique qui vous dit que tout ce que l’on entend ou voit n’est pas gravé en lettres d’or, n’est pas vérité absolue. Il existe plusieurs vérités, il faut s’en rendre compte. Le but n’est pas non plus de changer votre vie, ni de vous pousser à vous engager mais à comprendre qu’il existe de nombreuses façons de vous exprimer et que ce n’est pas réservé à certains journalistes des grandes chaînes. La surinformation nous donne un rythme d’informations rapide et comme l’alimentation... L BG?HKF>K OBM> ?:BM% < >LM F:E L BG?HKF>K'



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QUE LUI APPORTE LE JOURNAL. < K D= D=F<=E9AF KMJ?AL

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JACQUES ELLUL, Le système technicien

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VICTOR DEDAJ

IL EST TEMPS DE TOURNER LA PAGE


COMMENT ONT-ILS RÉUSSI À NOUS FAIRE ADMETTRE POUR NOTRE ESPRIT CE QUE NOUS F 9;;=HL=JAGFK B9E9AK HGMJ FGLJ= ;GJHK 7 D9 N JAL =PA?= <M L=EHK 9DGJK IM= D= E=FKGF?= K 9;;GEEG<= PARFAITEMENT AVEC LA VITESSE. » D9 N JAL =PA?= <M L=EHK 9DGJK IM= D= E=FKGF?= K 9;;GEEG<= H9J>9AL=E=FL 9N=; D9 NAL=KK=& AD K =FKMAL IM= HDMK D AF>GJE9LAGF N9 NAL= =L HDMK =DD= =KL >9MKK=& D= ;GFLJ9AJ= F L9FL H9K >GJ; E=FL NJ9A&

VITE FAIT = MAL

ETAT DES LIEUX :


Si un boucher nous empoisonnait en nous vendant de la viande avariée, les consommateurs que nous sommes n’accepteraient jamais l’idée que « les choses sont comme ça » et qu’il ne nous resterait plus qu’à trouver un autre fournisseur. Mais lorsqu’une journaliste du New York Times ment sciemment sur les armes de destruction massive en Irak (et participe à l’extermination d’un million et demi d’Irakiens innocents) elle se voit simplement « remerciée » et l’affaire est classée dans le casier « déontologie ». Ici, l’impunité est quasi-totale et même revendiquée par la profession journalistique au nom d’une « liberté » UY´IPPI WI KEVHI FMIR HI Hq½RMV EZIG TVqGMWMSR Pourtant, l’idée que « l’information est devenue un produit de consommation comme un autre » n’est pas nouvelle. Mais ce serait alors le seul produit de consommation pour lequel il n’existe aucune date de péremption, aucun suivi ni traçabilité imposés par des textes, aucune association de consommateurs représentative ni aucune réglementation sur la qualité ou sur les normes. Comment ont-ils réussi à nous faire admettre pour notre esprit ce que nous n’accepterions jamais pour notre corps ? 9R NSYV N´EM VIpY YR GSYT HI ½P H´YRI NSYVREPMWXI de France-Info, une certaine Sophie Parmentier, « grand reporter » est-il précisé sur le site de la radio, qui voulait m’interviewer sur un sujet précis concernant Cuba. Je me suis rapidement aperçu qu’elle ne connaissait pas le sujet et qu’elle cherchait à obtenir des réponses « attendues ». Lorsque je lui ai demandé depuis quand elle était sur le sujet et proposé quelques sources à consulter et de me rappeler plus tard, elle m’a répondu qu’elle avait commencé à étudier son sujet à 9h00 et qu’elle devait le rendre à 16h00. En clair : elle n’avait pas le temps. Faisons une expérience. Prenez au hasard un parterre d’inconnus. Examinez-les à tour de rôle et essayez d’énoncer une vérité sur chacun d’entre eux. A part de décrire quelques éléments physiques apparents, vous n’irez pas loin. Pour faire mieux, il faudrait poser des questions, éventuellement recouper des informations, etc. Bref, il vous faudra un élément essentiel à la recherche de la vérité : le temps. A présent, recommencez et, cette fois-ci, énoncez un mensonge. Facile : untel a marché sur la lune, un autre a traversé le PaGM½UYI k PE REKI 'IXXI WMQTPI qZMHIRXI


« LA VÉRITÉ EXIGE DU TEMPS ALORS QUE D= E=FKGF?= K 9;;GEEG<= H9J>9AL=E=FL 9N=; D9 NAL=KK=& AD K =FKMAL IM= HDMK D AF>GJE9LAGF N9 NAL= =L PLUS ELLE EST FAUSSE. » LE CONTRAIRE F L9FL H9K >GJ; E=FL NJ9A&

et incontournable contrainte du temps, contrainte physique, mécanique, induit le truisme suivant : « La vérité exige du temps alors que le mensonge s’accommode parfaitement avec la vitesse. » Demandez à un garagiste de faire la révision de votre voiture en une heure. Maintenant demandez-lui de la faire en 5 minutes. Demandez à un médecin de vous ausculter en une demi-heure. Maintenant demandez-lui de le faire en 2 minutes. Par quelle magie les journalistes échapperaient-ils à la dégradation générale et inéluctable du résultat de leur travail induite par la réduction du facteur « temps » ? Obnubilés par la technologie qui permet la circulation quasi-instantanée de « données », on en oublie d’analyser le délai, pourtant essentiel, entre un fait et la transmission quasi-instantanée de données présentées comme desinformations. Et plus ce délai est court, plus l’écart entre l’information et la réalité risque d’être – et même sera grande. C’est mécanique, c’est physique, c’est incontournable. L’absence du facteur temps dans un métier où la vitesse est de plus en plus un « critère » conduit inéluctablement à une dégradation continue de la qualité de l’information. Ceci est vrai même dans le cas de ce que nous appellerons un bon journaliste. Ce qui nous permet de compléter le truisme : « La vérité exige du temps alors que le mensonge s’accommode parfaitement avec la vitesse. Il s’ensuit que plus l’information va vite et plus elle est fausse. » Le contraire n’étant pas forcément vrai. 'I TLqRSQrRI HI HqKVEHEXMSR W´EQTPM½I EZIG la complexité du sujet. En effet, annoncer qu’un train a eu une panne à tel endroit à telle heure TIYX WI JEMVI EZIG YRI GIVXEMRI ½EFMPMXq Après tout, la quantité d’information à traiter est limitée. Pour annoncer les résultats d’un matche de foot, c’est encore plus simple. Ici, la vitesse de traitement n’a qu’un effet mineur sur la vérité. A l’inverse, dans le cas d’un événement complexe (comme la Syrie par exemple), la vitesse de traitement produit inévitablement une dégradation de la qualité de l’information. Puisqu’il faut aller vite, et parce que l’événement est complexe, le résultat est prévisible : ce n’est pas la vitesse de traitement qui sera ralentie, QEMW P´qZqRIQIRX UYM WIVE WMQTPM½q TSYV TSYZSMV sXVI traité dans les délais impartis. Et parce que la vitesse de traitement est relativement constante, tous les événements se verront donc compressés jusqu’à un niveau de « compatibilité » avec les formats de transmission. Plus un sujet est complexe et plus PE HqKVEHEXMSR HY WMKRM½GEXMJ WIVE JSVXI % ZMXIWWI constante, la dégradation de la qualité de l’information est donc proportionnelle à la complexité du sujet traité.



D= FAN=9M <= ;GMN=JLMJ= E <A9LAIM= < MF N F=E=FL F= ?9J9FLAL AUCUNEMENT LA FIABILITÉ DES INFORMATIONS.

ENJEU, COMPLEXITÉ ET VITESSE

LE TRIO PERDANT


Nous avons vu que le vitesse de traitement était relativement constante. Relativement, parce qu’il lui arrive de s’accélérer encore plus, notamment dans le cas d’événements exceptionnellement spectaculaires. Alors que la vitesse habituelle ne permet pratiquement aucun recul, aucune analyse sérieuse, il s’avère que dans les cas d’événements exceptionnels, la notion même de recul, de réserves, disparaît, pour céder la place à une débauche de « savoir-faire » de pure forme. Or, dans le cas du train en panne, l’enjeu politique est faible pour ne pas dire inexistant. Après tout, ça arrive. Dans le cas de la Syrie, pour garder cet exemple, l’enjeu politique est extrêmement élevé. Si l’enjeu politique d’un événement est faible, la volonté de le manipuler sera faible. A l’inverse, plus un événement présentera un enjeu politique et plus une manipulation par les parties intéressées (notion plus large que les « parties concernées ») sera tentée - et plus la prudence et la réserve des grands médias devraient être de rigueur. C’est pourtant le contraire qui se produit. Ainsi, la probabilité d’une manipulation d’un événement est directement proportionnelle à l’importance des enjeux politiques qui l’entourent alors que dans le même temps, la prudence des médias est inversement proportionnelle aux enjeux politiques. Leur prudence est donc – paradoxalement - inversement proportionnelle à la probabilité de manipulation. Conclusion : plus le risque de manipulation est grand, moins les médias jouent leur rôle. Moins les médias jouent leur rôle, plus la manipulation sera facilitée et par conséquence tentée, augmentant ainsi sa probabilité de manière exponentielle jusqu’à devenir « quasi certaine ». Notons au passage que l’attitude standard d’un « consommateur de l’information » est de considérer que plus un événement est couvert par les médias, plus les risques de manipulation sont faibles et mieux nous sommes informés. Erreur classique et aux conséquences tragiques, ne serait-ce que parce que la multiplicité des médias n’a aucun rapport avec la multiplicité des sources et des opinions.


En résumé :

RAMENÉ EN UNE SEULE PHRASE : PLUS UN ÉVÉNEMENT EST COMPLEXE ET PRÉSENTE UN ENJEU POLITIQUE, MOINS NOUS SOMMES RÉELLEMENT INFORMÉS - ET CE, QUEL QUE SOIT SON NIVEAU DE COUVERTURE MÉDIATIQUE.

LA MANIPULATION (LA PARTIE « VOLONTAIRE ») EST PROPORTIONNELLE AUX ENJEUX POLITIQUES MULTIPLIÉS PAR D 9:K=F;= <= J K=JN= <=K E <A9K&

0I RMZIEY HI GSYZIVXYVI QqHMEXMUYI H´YR qZqRIQIRX RI KEVERXMX EYGYRIQIRX PE ½EFMPMXq des informations. 0E QEP MRJSVQEXMSR PE TEVXMI « involontaire ») est proportionnelle à la complexité d’un événement multipliée par sa vitesse de traitement. Plus un événement est complexe et plus son traitement est rapide, plus nous serons mal informés. 0E QERMTYPEXMSR PE TEVXMI « volontaire ») est proportionnelle aux enjeux politiques multipliés par l’absence de réserve des médias. Plus les enjeux politiques d’un événement sont grands, moins les médias feront leur travail, et plus nous serons désinformés. 0SVWUY´YR qZqRIQIRX TVqWIRXI à la fois une complexité et un enjeu, la probabilité que nous soyons à la fois malinformés et désinformés est quasi certaine. Nos chances de connaître la vérité s’inversent donc et deviennent quasi nulles. Ramené en une seule phrase : Plus un événement est complexe et présente un enjeu politique, moins nous sommes réellement informés - et ce, quel que soit son niveau de couverture médiatique.



LA MAL-INFORMATION EST LE RÉSULTAT DE CONDITIONS IMPOSÉES PAR LES FORCES ÉCONOMIQUES MAIS AUSSI LE RÉSULTAT DE NOS PROPRES HABITUDES DE CONSOMMATION. EGA$ 9 N9$ B= H9KK= :=9M;GMH <= L=EHK E AF>GJE=J & KGMN=FL =FL=F<M=$ ;=LL= H@J9K= F= >9AL IM =PHJAE=J D9 E¡E= ;GF>MKAGF IM =FLJ= E9F?=J =L K= FGMJJAJ&

MAL-INFORMATION

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BNF MA A l’instar de la malbouffe qui désigne à la fois les productions d’une industrie agroalimentaire et nos propres habitudes alimentaires, la mal-information désigne à la fois les produits de l’industrie de l’information et aussi nos propres habitudes de consommation. Ce n’est pas le hamburger consommé de temps à autre qui nous bouche les artères pas plus que le sandwich occasionnel avalé à la hâte au coin d’une table de bistrot qui nous déglingue... C’est le train-train quotidien, ce petit morceau de sucre après l’autre, ce fruit chargé de pesticides ou signé Monsanto, le lent empoisonnement via nos assiettes et/ou nos propres habitudes qui se conjuguent pour nous tirer inexorablement vers le mal-être. (I QsQI GI R´IWX TEW PI ½PQ EQqVMGEMR GSRWSQQq de temps à autre qui nous bouche les neurones, ce n’est pas une désinformation occasionnelle avalée au coin d’une table du salon qui déglingue notre capacité d’analyse... C’est le train-train quotidien, ce petit mensonge après l’autre, cette information chargée de contre-vérités ou signée TF1, le lent empoisonnement via nos média et/ou nos propres habitudes qui se conjuguent pour nous tirer inexorablement vers le mal-savoir. Et comme la malbouffe, la mal-information est le résultat de conditions imposées par les forces économiques mais aussi le résultat de nos propres habitudes de consommation.


D= K <=FL9JAKE= ;MDLMJ=D 9FFA@AD= D9 ;9H9;AL <= K= HJGB=L=J <9FK D 9MLJ= $ < 9NGAJ MF 9ML@=FLAIM= J=;MD KMJ KGA =L KGF =FNAJGFF=E=FL$ < HJGMN=J MF= =EH9L@A= J =DD= HGMJ IM=DIM MF IMA F= >9AL H9K H9JLA= DE SON ENVIRONNEMENT IMMÉDIAT.

"INGURGITER DES INFORMATIONS" =L K AF>GJE=J&

LA CONFUSION ENTRE :

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K HG « Moi, ça va, je passe beaucoup de temps à m’informer ». Souvent entendue, cette phrase ne fait qu’exprimer la même confusion qu’entre manger et se nourrir. Dire « je suis informé parce que je m’informe » équivaut à dire « je me nourris parce que je mange ». Et si cette dernière expression vous paraît cohérente, relisez la IR VENSYXERX k PE ½R § TEVGI UYI NI QERKI des cailloux ». Absurde, n’est-ce pas ? La confusion entre, d’une part, le temps passé à ingurgiter des informations et, d’autre part, le temps consacré à la recherche de l’information est très répandue. L’action brute (comme rester planté toute la journée devant une chaîne d’information en continue ou même l’Internet) remplace, et généralement annule, l’objectif recherché. La mal-information est la lente et permanente distillation de « Amadinejad a dit qu’il voulait rayer Israël de la carte », de « Chavez, populiste – et antisémite », HI § /EHLE½ E JEMX FSQFEVHIV WE TSTYPEXMSR ¨ HI « l’OTAN est une ONG humanitaire », de « les 2 tours sont tombées toutes seules... Pardon ? Il y en avait trois ? », ainsi que toutes les variations de « il n’y a pas d’alternative ».

EST DEVENUE


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"SÉDENTARISME CULTUREL"

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PKH BM La mal-information est à la fois le résultat d’une information « institutionnelle » médiocre et de notre propre passivité – par manque de temps, de moyens ou de savoir-faire, peu importe. Mais pour produire un résultat optimum, la mal-information doit se conjuguer avec un autre élément indispensable : le sédentarisme culturel. Un des aspects les plus agaçants lorsqu’il m’arrive de débattre avec des connaissances, c’est leur évidente et totale incapacité à projeter leur pensée (ou imagination). On peut pourtant ne pas apprécier les Taliban et considérer que les enfants afghans n’ont pas à être massacrés par des cowboys surarmés. On peut ne pas ETTVqGMIV JIY /EHLE½ IX TIRWIV RI WIVEMX GI UYI penser, que le bombardement d’un pays ne fait pas avancer la cause de la « démocratie ». On devrait pouvoir conceptualiser que la vision de l’occident vue de l’extérieur n’est peut-être pas la même que celle de l’intérieur. Le sédentarisme culturel annihile la capacité de se « projeter dans l’autre », d’avoir un authentique recul sur soi et son environnement, d’éprouver une empathie réelle pour quelqu’un qui ne fait pas partie de son environnement immédiat. Par contre, le sédentarisme culturel renforce la capacité d’asséner des formules toutes faites comme des vérités premières et prétendument universelles. Après tout, comme disait l’autre, « Rien n’est plus dangereux qu’une idée lorsqu’on n’en a qu’une ». Se forger une vision du monde et de l’histoire à partir de son canapé et devant la télévision (ou Internet...), ou en lisant toujours le même journal, est une opération intellectuellement risquée. Le sédentarisme culturel induit une vision où son auteur se perçoit au « centre » de quelque chose et par conséquence le reste du monde et des peuples se voient relégués vers une « périphérie ». Demandez à n’importe qui comment s’appelle le président des Etats-Unis et vous obtiendrez probablement plus de 99% de bonnes réponses. Demandez qui est le président de la Chine et si vous obtenez plus de 1% de bonnes réponses (et je suis optimiste), je vous offre le champagne. Combien de noms de villes connaissez-vous en Chine à part les deux que tout le monde connaît ? Il ne s’agit pas ici d’un problème de mal-information stricto sensu car vous pourriez le savoir, si vous vouliez le savoir. Mais d’un autre côté, d’où nous vient cette absence de curiosité, cette absence de « sentiment d’igno-


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rance » ? Le sédentarisme culturel est donc à la fois le produit de la mal-information et son moteur. Notons au passage qu’être cultivé - au sens « accumulation de savoir » - n’empêche nullement le sédentarisme culturel. Le passage par la machine à formater du système éducatif – notamment le système éducatif occidental, totalement orienté centre/périphérie - est souvent l’un des meilleurs moyens d’y sombrer. Je ne suis pas le premier – Chomsky l’a bien expliqué et nombreux sommes-nous à l’avoir constaté – à dire que ce sont généralement les catégories les plus « éduquées » de la population en Occident qui sont les meilleurs piliers du système. Probablement parce que leur éducation a fortement produit une vision « centrée » du monde et que leur attitude peut se résumer à ceci : « Pourquoi diable chercher à savoir (ou comprendre) puisque je sais (ou comprend) déjà ? ».

Tous ceux qui ont déjà essayé d’expliquer quelque chose - n’importe quoi - à un enseignant, un journaliste, un diplômé d’une grande école ou un lecteur assidu du Monde savent de quoi je parle.


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OBÉSITÉ

« LA MAL-INFORMATION ASSOCIÉE AU SÉDENTARISME CULTUREL HJG<MAL D G: KAL AFL=DD=;LM=DD=& &

INTELLECTUELLE.

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A l’instar de la malbouffe qui, associée au sédentarisme physique, produit l’obésité physique, on peut prolonger le parallèle et énoncer un nouveau truisme : « La mal-information associée au sédentarisme culturel produit l’obésité intellectuelle. ». L’obésité intellectuelle, c’est l’incapacité à suivre une explication de plus de trois phrases ou à lire un long article en entier. C’est l’incapacité à suivre un raisonneQIRX HI TPYW H´YR RMZIEY ¯ IWWSYJ¾q HrW PIW TVIQMrVIW marches. C’est lire toujours le même journal. C’est regarder en boucle les chaînes dites d’information. C’est consulter toujours les mêmes sites sur Internet. C’est s’enfoncer dans l’univers ouaté de ses certitudes. C’est ne plus réagir au, et même accepter, le concept infâme de « guerre humanitaire ». C’est ne plus réagir, RM QsQI Vq¾qGLMV EY\ KYIVVIW QIRqIW IR RSXVI RSQ )X IR½R P´SFqWMXq MRXIPPIGXYIPPI IWX PE TVSTIRWMSR à ne vouloir lire que ce que l’on a (déjà) envie d’entendre et son corollaire : éviter l’effort de mettre ses certitudes à l’épreuve en les confrontant à des avis divergents.

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;GEE=FL K =F LGFF=J HMAKIM ADK KGFL D=K HJ=EA=JK HJG<M;L=MJK ET CONSOMMATEURS DE LA MAL-INFORMATION, D =PHJ=KKAGF%E¡E= <M K <=FL9JAKE= ;MDLMJ=D =L <GF; DG?AIM=E=FL D=K HDMK ?JGK G: K=K AFL=DD=;LM=DK 7

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JOURNALISTES : COMPLICES ET ACTEURS

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Un jour, je discutais avec un journaliste de TF1 qui devait se rendre à Cuba. Nous avons discuté un peu du pays et je ne sais plus exactement comment j’en suis arrivé à reprocher « le manque de sérieux des journalistes ». Il s’en est défendu, évidemment, en rétorquant que lui ferait son travail en (devinez...) « toute objectivité ». Je lui ai dit que non. Il m’a dit que si. Non. Si. « Faisons une expérience » que je lui dis. « Imaginez, vous êtes à La Havane, micro à la main, la caméra tourne. Vous commencez votre reportage par la phrase « à La Havane, le régime communiste de Castro a déclaré... », etc.Votre reportage passera à la télé ? » Il me répond « oui, bien sûr ». J’ai continué : « Et maintenant, imaginez, vous êtes devant la MWaison Blanche, micro à la main, la caméra tourne.Vous commencez votre reportage par la phrase « à Washington, le régime capitaliste d’Obama a déclaré... », etc. Et là, votre reportage, il passera à la télé ? ». Il a admis que non, mais il a aussitôt rajouté « Mais c’est pas pareil ». Et parce qu’il n’y pas de meilleur porte-parole d’un mensonge que celui qui y croit, énonçons le truisme suivant : « Les journalistes sont à la fois les premières victimes et les principaux vecteurs de la malinformation ». Car aussi étonnant que cela puisse paraître, la plupart des journalistes croient aux conneries qu’ils racontent. Comment s’en étonner puisqu’ils sont les premiers producteurs et consommateurs de la mal-information, l’expression-même du sédentarisme culturel et donc logiquement les plus gros obèses intellectuels ?

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LA TÂCHE ARDUE

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« Il est plus facile de tromper les gens que de les convaincre qu’ils ont été trompés. » Mark Twain Annoncer que la terre est ronde ou qu’elle tourne autour du soleil a failli mener plus d’un au bûcher. Aujourd’hui, ces anciennes croyances nous font sourire. Lesquelles de nos croyances modernes feront sourire les générations futures ? Si le résultat de la malbouffe est relativement simple à mesurer, celui de la malinformation présente un véritable casse-tête. Dans le premier cas, une balance IX YR HMEKRSWXMG WYJ½WIRX (ERW PI HIY\MrQI PI WIYP outil à notre disposition est notre propre intellect, celui qui est justement la victime et la cible de la malinformation... Ce qui reviendrait à tenter de mesurer la précision d’un outil en ayant recours à l’outil même que l’on veut mesurer. Opération compliquée, mais réalisable. Donc, comment savoir que l’on est victime de la mal-information ? Comment savoir que l’on ne sait pas ? Mieux encore : comment arriver à admettre qu’on s’est – ou qu’on a été - trompé ? Ce qui est certain, c’est que le réveil peut se révéler une expérience douloureuse car la victime de la mal-information est comme le cocu du village : le dernier à le savoir et le dernier à l’admettre. Mais le fait d’avoir constaté de visu une ou plusieurs manipulations médiatiques facilite le réveil – et provoque aussi une certaine habitude de « réserve » lorsque les médias aboient à l’unisson.

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AKBL En 1982 j’ai décidé de me rendre au Nicaragua qui avait connu trois ans auparavant une révolution. En juillet 1979, le Front de Sandiniste de Libération Nationale avait renversé la dictature de Somoza. Entre 1979 et 1982, la presse est passée (comme toujours) d’une attitude de « sympathie compréhensive » envers ces « poètes révolutionnaires, marxistes et chrétiens » à une franche hostilité. De la guerre menée par l’armée mercenaire des Etats-Unis, il était rarement question. En 1982, PI QEKE^MRI JVERpEMW P´)\TVIWW TYFPMEMX YR EVXMGPI UYEPM½ERX le pouvoir en place de « dictature marxiste-léniniste ». Brrr… De quoi annuler son voyage et demander le remboursement du billet.Toujours est-il qu’en arrivant à Managua, la capitale, ma première surprise fut de recevoir à la sortie de l’aéroport (de la capitale donc) un tract de... l’opposition. Ma deuxième surprise fut d’apercevoir tout le long de la route qui menait au centre-ville une série de panneaux publicitaires vantant les partis de … l’opposition. Ma troisième surprise fut de tenter d’acheter des journaux et de ne pouvoir trouver que La Prensa, un journal de... l’opposition. Ma quatrième surprise fut d’allumer la radio de ma chambre d’hôtel et de n’entendre que des voix de... l’opposition. Il m’aura fallu en tout et pour tout quatre heures environ pour m’apercevoir que la presse de chez moi me décrivait un pays où le ciel était vert et l’herbe bleue alors que c’était exactement le contraire. Alors, soit le journaliste de l’Express n’avait jamais mis les pieds au Nicaragua, soit il s’y est rendu mais n’est pas descendu de l’avion. Ou soit il est descendu de l’avion mais n’est pas sorti de l’aéroport. Et s’il est effectivement sorti de l’aéroport, alors il mentait. En février 1990, je suis retourné au Nicaragua pour suivre la campagne de l’élection présidentielle (car oui, il y avait des élections) qui opposait Daniel Ortega (FSLN au pouvoir) à Violeta Chamorro, candidate de la UNO, une coalition de 14 partis d’opposition créée ex-nihilo sous les auspices des Etats-Unis et où se côtoyaient à la fois l’extrême-droite et l’extrême-gauche (version trotskisme local). J’ai constaté que les journalistes « envoyés spéciaux » avaient un rayon d’action d’environ 300m autour de l’Hôtel Intercontinental, c’est-à-dire la distance des dernières boutiques de souvenirs qui entouraient le bâtiment. J’ai croisé une équipe de FR3 Guadeloupe qui était venue en reportage et qui ne savait pas que le pays était en guerre depuis 11 ans. J’ai fait connaissance avec le correspondant « Amérique centrale » de la chaîne états-unienne CBS qui m’a expliqué que l’invasion du Panama par l’armée américaine qui s’était produite quelques mois auparavant « n’avait pas fait beaucoup de victimes » (Comment le savait-il ? Eh

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bien, il s’y ĂŠtait rendu quelques semaines plus tard et ÂŤ Les gens dans la rue avaient l’air normaux Âť (sic). J’ai constatĂŠ comment leurs articles avaient comme ÂŤ sources Âť (ÂŤ sĂťres Âť, ÂŤ bien informĂŠes Âť, ÂŤ ayant requis l’anonymat Âť, etc.) un chauffeur de taxi, le barman de l’hĂ´tel ou un obscur ÂŤ chargĂŠ de presse Âť d’une ambassade occidentale. J’ai assistĂŠ aussi au dernier meeting de la candidate pro-US qui se tenait sur la Plaza de la Revolucion (ouPlaza de la Republica, selon votre humeur). La Place de la RĂŠvolution est situĂŠe sur la Primera Avenida IX IPPI E YRI JSVQI TVIWUYI GEVVqI %TVrW ZqVM½GEXMSR ZME +SSgle Maps (la mĂŠmoire peut se rĂŠvĂŠler dĂŠfaillante), cette place a des dimensions d’environ 70x80 mètres. Arrondissons Ă 100x100 et disons qu’elle a donc YRI WYTIV½GMI HI Q 6IXIRI^ FMIR GI GLMJJVI IX RSXI^ que la place est par ailleurs en partie occupĂŠe par la vieille cathĂŠdrale (abĂŽmĂŠe et dĂŠsaffectĂŠe depuis un tremblement HI XIVVI k PE ½R HIW ERRqIW ArrivĂŠs sur place, nous avons ĂŠtĂŠ bousculĂŠs et traitĂŠs de ÂŤ hijos de putas sandinistas Âť, probablement parce que j’avais eu la mauvaise idĂŠe – un geste involontaire - de suspendre mon appareil photo Ă une bride aux couleurs rouge et noir, les couleurs du Front Sandiniste.Toujours est-il que nous avons prĂŠfĂŠrĂŠ nous ĂŠloigner et nous poser Ă l’ombre en attendant l’arrivĂŠe de la candidate, comptant sur une certaine retenue de la part de la foule une fois les mĂŠdias prĂŠsents. %PSVW UYI RSYW qXMSRW IRGSVI IR XVEMR HI TVS½XIV HI P´SQFVI un haut-parleur a soudain annoncĂŠ que le meeting allait ½REPIQIRX WI XIRMV HERW PI TEVG 'EVPSW *SRWIGE YR KVERH terrain vague Ă l’Êpoque), qui se trouvait juste en face de nous, de l’autre cĂ´tĂŠ de l’avenue, et invitait donc la foule Ă s’y rendre. Une fois dans le parc, et au bout de quelques minutes, la foule a ĂŠtĂŠ invitĂŠe Ă retourner sur la place de la RĂŠvolution. Sur le moment, nous nous sommes HIQERHqW § UYI TEWE # ¨ 0E GERHMHEXI IWX ½REPIQIRX arrivĂŠe et pendant son discours, je me suis mĂŞlĂŠ Ă la foule qui n’avait d’yeux que pour elle et ne faisait plus attention Ă moi et Ă mes couleurs. Je suis montĂŠ en haut de la cathĂŠdrale et j’ai pris des photos de la foule prĂŠsente au moment du discours. La place ĂŠtait loin d’être pleine. Mon estimation Ă l’Êpoque me disait qu’il y avait environ 5000 personnes. La population totale du Nicaragua Ă l’Êpoque ĂŠtait d’environ 4 millions, dont un million dans la capitale. Le lendemain, dans le quotidien de l’opposition, La Prensa, un titre barrait la une en annonçant ÂŤ 100.000 personnes au meeting de Violeta Chamorro Âť. En appui, le titre ĂŠtait accompagnĂŠ de trois photos oĂš l’on voyait des gens sur la place de la RĂŠvolution, des gens sur l’avenue et des gens dans le parc en face, le tout destinĂŠ ĂŠvidemment Ă faire croire que la place de la RĂŠvolution avait littĂŠralement ÂŤ dĂŠbordĂŠ Âť Ă travers l’avenue et jusqu’au parc.


HB BM¡ Evidemment, nous avons bien rigolé en voyant cette manipulation maladroite, au vu et au su de tous, notamment de la presse internationale qui était présente. Nous avons par contre moins rigolé en constatant que Le Monde annonçait le même chiffre. Et c’est ainsi que j’ai assisté à une manipulation en bonne et due forme – et plutôt artisanale. Une manipulation à laquelle le Monde (et toute la presse en fait), a participé apparemment sans le moindre état d’âme. Auparavant, Le Monde avait déjà lancé, via son « spécialiste de l’Amérique latine » de l’époque, Bertrand de PE +VERKI YRI GEQTEKRI WYV ¯ VIXIRI^ ZSXVI WSYJ¾I § 0I génocide des indiens Miskitos » par le gouvernement sandiniste, sous la forme d’un article occupant pas moins de quatre pages entières du quotidien. )X IR½R GI JYX PI *MKEVS 1EKE^MRI UYM IRJSRpE PI GPSY en publiant une photo d’un tas de « cadavres d’indiens Miskitos » qu’on faisait brûler et qui avait été supposément massacrés par les sandinistes. La supercherie du magazine fut révélée un peu par hasard lorsque l’auteur reconnut sa photo et porta plainte pour violation du droit d’auteur. En réalité, la photo avait été prise après le tremblement de terre susmentionné. Sur la photo originale, on voyait à l’arrière-plan des gens portant des brassards de la CroixRouge. Sur la photo publiée, ces derniers avaient disparu grâce à des retouches photos effectuées par le Figaro Magazine. C’est pourtant ce magazine-là et cette photo-là qui furent brandis aux Nations-Unies par la représentante des Etats-Unis, Jeanne Kirkpatrick, comme « preuve » des « crimes commis » par le gouvernement sandiniste . Et toute ressemblance avec une scène similaire devant les mêmes Nations Unies peu avant l’invasion de l’Irak n’est probablement pas fortuite. Il y a des méthodes éprouvées et tellement simples qu’il faudrait être fou pour ne pas les réutiliser. Le Figaro Magazine fut condamné à 3500 frs d’amende et le Nicaragua à une « guerre de libération » sanglante menée par une armée de mercenaires – les « combattants de la liberté », selon Ronald Reagan. Et nous, nous fûmes condamnés à la désinformation, la propagande et à l’ignorance, du moins pour la grande majorité d’entre nous. Reste que Bertrand de la Grange a pris sa retraite et le Figaro Magazine a survécu à l’amende. Restent aussi les innombrables croix bleues plantées le long des routes au Nicaragua pour marquer l’emplacement des camarades tombés. Restent encore et toujours la sempiternelle arrogance, incompétence et malhonnêteté de la profession.

La morale de cette histoire : ce n’est pas une sympathie a priori (et très hypothétique) envers le gouvernement syrien - par exemple - qui provoque le doute sur les événements décrits là-bas par les grands médias, mais l’expérience vécue (et un certain entraînement par la suite) qui permet de reconnaître les signes de la malinformation en général et de la désinformation en particulier. C’est donc fort de ces expériences-là, et de bien d’autres - réelles et concrètes, pas virtuelles - et cet air de « déjà vu » que nous évitons de crier au loup lorsque les médias chassent en meute.


ET À UN DEGRÉ OU UN AUTRE, NOUS SOMMES TOUS DES TRUMAN BURBANK.

TRUMAN BURBANK

NOUS SOMMES TOUS DES

BGM


(ERW PI ½PQ § 8LI 8VYQER 7LS[ ¨ PI NIYRI 8VYQER Burbank mène une vie tranquille et pépère dans un environnement cliché du « rêve américain ». Seulement voilà : à son insu,Truman est le personnage d’une émission de télé-réalité. Depuis sa naissance, ses faits et gestes sont relayés par des caméras astucieusement cachées un peu partout ; sa femme, ses collègues de travail, ses voisins sont des acteurs ; PIW TEWWERXW HI WMQTPIW ½KYVERXW IX WSR IRZMVSRRIment un gigantesque décor intérieur de cinéma où il fait presque toujours beau et le ciel n’est qu’un très haut plafond peint.Tout est faux et Truman ne le sait pas. Mais un jour, un projecteur se décroche du faux ciel et tombe à ses pieds. Panique à la régie et sur le plateau.Truman commence à « remarquer des choses » et à « se poser des questions ». Il décide pour la première fois de sa vie de partir – où ça ? N’importe où, donnez-moi un billet pour une destination quelconque. Mais il y a « toujours un problème », le vol est annulé, les pilotes en grève, et puis pourquoi veut-il partir alors qu’on est « si bien chez soi ? ».Truman ne l’entend pas de cette oreille et s’empare d’une embarcation pour traverser GI UY´MP GVSMX sXVI PE QIV IX ½RMX TEV W´qGVEWIV GSRXVI le faux horizon qui n’est qu’un mur de studio. Le tout avec des larmes et des violons parce qu’on est à Hollywood, malgré tout.

M>E& Et à un degré ou un autre, nous sommes tous des Truman Burbank.

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IL FAUT PARLER DES TRAINS QUI DÉRAILLENT ET PAS DES TRAINS QUI ARRIVENT À D @=MJ= =L K9FK =F;GE:J=&

LES RUPTURES NARRATIVES ET LES COMPORTEMENTS ATYPIQUES.

INDICATEURS DE LA MALINFORMATION :

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A EB KM¡ Toute la profession vous le dira : il faut parler des trains qui déraillent et pas des trains qui arrivent à l’heure et sans encombre. C’est pratiquement leur raison d’être, PIYV Hq½RMXMSR VqWYQqI HI P´MRJSVQEXMSR -P ] E H´EYXVIW exemples, tout aussi « incontournables » : l’équité dans le temps de parole lors des débats, la neutralité du journaliste, etc. Autant de leitmotivs répétés en boucle dans toutes les rédactions et dans toutes leurs réponses aux lecteurs en colère. La profession serait donc guidée par des « lois du métier », des « comportements types » qui s’appliqueraient « en toutes circonstances » et en dehors de toute considération personnelle, partisane ou idéologique. Admettons. 1EMW XSYX QIRWSRKI ½RMX k PE PSRKYI TEV WI LIYVXIV au mur de la vérité. Pour maintenir le cours du mensonge, il faut donc effectuer un détour, une entorse aux « lois du métier » susmentionnés car WM IPPIW qXEMIRX VqIPPIQIRX ETTPMUYqIW IPPIW ½RMVEMIRX par révéler la supercherie, forcément. Et nous avons vu qu’un mensonge est plus facile à énoncer qu’une vérité. Il se trouve aussi qu’il est plus facile de détecter un mensonge que de trouver la vérité. Prenons l’exemple des astrophysiciens qui ne peuvent pas voir les trous noirs dans l’univers mais détectent leur présence par le comportement « inhabituel » des corps célestes environnants. Les « trous noirs » de la mal-information sont généralement invisibles - à moins d’être soi-même bien informé sur le sujet traité - mais sont néanmoins signalés par un comportement « anormal » du corps médiatique. Et ces anomalies sont comme les ennuis et les trous noirs : plus on en cherche et plus on en trouve. J’ai assez empiriquement classé ces « anomalies » en deux catégories : les comportements atypiques et les ruptures narratives.


Comportements atypiques :

LES COMPORTEMENTS ATYPIQUES DÉSIGNENT LES VIOLATIONS DES « LOIS DU MÉLA=J H9J D= E LA=J DMA%E¡E=&

Les comportements atypiques désignent les violations des « lois du métier » par le métier lui-même. Violations qui ne s’expliqueraient pas sans une volonté, consciente ou non, de manoeuvrer pour éviter le fameux mur des réalités. Les comportements atypiques se détectent en se posant une question relativement simple : « Si j’étais réellement un journaliste mû par la volonté d’informer, à la recherche des trains qui déraillent et de l’exceptionnel, guidé par mon seul souci d’objectivité et ma déontologie, comment procéderais-je ? ». A chaque fois, je suis sidéré par l’écart entre les professions de foi et certaines réalités. Voici quelques exemples de comportements atypiques : 7M ZSYW JEMXIW VqJqVIRGI k YRI WSYVGI H´MRJSVQEtion telle que la radio/télévision iranienne, ou syrienne (en fait n’importe quelle source située en périphérie), la réaction systématique IWX HI QIXXVI IR HSYXI PE ½EFMPMXq SY P´SFNIGXMZMXq de la source. Une mise en doute qui sera accompagnée par une « explication » de qui est derrière la source en question - mise en doute et questionnement qui ne sont jamais formulés lorsqu’il s’agit d’un média dominant. Alors, voici en guise de petite illustration une question simple à tous les lecteurs : comment s’appelle le rédacteur en chef du journal télévisé de la première chaîne française ?

7M SR ZSYW QIRXMSRREMX PI TVSGrW PI TPYW PSRK de toute l’histoire des Etats-Unis, un procès qui a mobilisé un casting digne d’un blockbuster hollywoodien (des amiraux, des généraux, des dignitaires, accompagné de motions adoptées par des Assemblées nationales de plusieurs pays, des interventions de chefs d’état, des ténors du barreau US, et même des prix Nobel...), on serait en droit de penser qu’il aurait fait ad minima l’objet de nombreux articles et commentaires « par simple curiosité ». Ce fut exactement le contraire. Le procès est celui des cinq cubains condamnés aux Etats-Unis à d’absurdes peines (double peine de prison à vie « plus » 15 ans....) pour avoir combattu le terrorisme.


Absurde et révoltant. Le comportement atypique ici consiste à éviter une information « à sensation » alors que la tendance naturelle des médias est de se tourner vers le sensationnel. Le fait qu’ils ne suivent plus leur comportement habituel signale la présence d’un trou noir informationnel. 5YM E HqNk IRXIRHY TEVPIV YR VITVqWIRXERX de la résistance Irakienne ? Les médias ont pris totalement fait et cause pour les envahisseurs, jetant par-dessus bord le moindre semblant de l’objectivité dont ils se gaussent. Le comportement atypique ici IWX WMQTPIQIRX PE ZMSPEXMSR ¾EKVERXI IX SYZIVXI HI PIYV soi-disant « neutralité de journaliste ».

0I TPYW KVERH EXXIRXEX HI l’histoire a été moins enquêté que les frasques de DSK. Le comportement atypique ici est de traiter en mode « mineur » un événement « majeur » et inversement.

ALORS, VOICI EN GUISE DE PETITE ILLUSTRATION UNE QUESTION SIMPLE À TOUS LES LECTEURS : ;GEE=FL K 9HH=DD= D= J <9;TEUR EN CHEF DU JOURNAL TÉLÉVISÉ DE LA PREMIÈRE CHAÎNE >J9F 9AK= 7

7M P´SR ZSYW HMWEMX UYI PI TVqWMHIRX HIW )XEXW 9RMW en exercice à l’époque avait fait un discours sur la nécessité de combattre sans pitié le terrorisme, et que sur le podium des personnalités invités se trouvait un personnage justement condamné par la justice US pour actes de terrorisme, on serait en droit de penser que les médias relèveraient l’étrange contradiction. Mais pas un mot. Le président en question était George W. Bush et le terroriste s’appelait Aquino.

CE JN> ;HG E>NK L>F;E>" 0I GIRXVI HI XSVXYVI 97 de Guantanamo. Ici, l’horreur de la situation est traitée avec une décontraction inouïe, en totale contradiction avec les supposés attachements aux droits de l’homme. Est-il réellement nécessaire de s’étendre ? Ah... si ce centre avait été Russe, Chinois, Iranien ou Cubain...


Ruptures narratives :

LES RUPTURES NARRATIVES SONT DES CONTRADICTIONS, DES ABSURDITÉS, DES CHANGEMENTS BRUTAUX DE LIGNE SANS EXPLICATION...

Les ruptures narratives sont des contradictions, des absurdités, des changements brutaux de ligne sans explication... Comme un navire qui changerait subtilement de cap en faisant s emblant de suivre la même route. 0IW VYTXYVIW REVVEXMZIW WSRX TPYX|X HMJ½GMPIW à détecter lorsqu’on est « accroché aux infos », avec l’esprit sans cesse bombardé par de nouvelles informations qui chassent les précédentes – et dont la plupart sont totalement inutiles à notre compréhension, ou totalement incompréhensibles, ce qui revient presque au même. Sans surprise, c’est lorsqu’on se désintoxique des médias, en prenant une sérieuse distance que les ruptures narratives deviennent cruellement évidentes. Eteignez la télévision pendant un mois ou deux puis revenez-y, vous comprendrez... Voici quelques exemples de ruptures narratives : 3 IWX TEWWq PI JEQIY\ XVSY HERW la couche d’ozone ? Vous savez, celui qui ERRSRpEMX PE ½R HY QSRHI (MWTEVY VqWSVFq SY ½REPIQIRX SR W´IR ½GLI #

%TVrW YR ER H´MRJSVQEXMSRW WYV le printemps de jasmin en Tunisie, les médias nous ont appris la victoire d’un parti dont on n’avait jamais entendu parler auparavant. C’est vous dire si leurs analyses avaient du sens. Le consommateur inattentif pensera simplement qu’il en avait entendu parler mais ne s’en souvenait plus. La rupture narrative ici consiste à ne pas feindre la surprise et de mentionner le parti vainqueur des élections comme si de rien n’était... 0IW 8EPMFER IR %JKLERMWXER k P´qTSUYI de l’occupation soviétique, étaient décrits comme des combattants de la liberté (décidément un terme très en vogue). Les mêmes sont désormais présentés comme des abominations. Une rupture narrative des plus classiques.


0SVW HI P´ERRSRGI IR k 'YFE du « licenciement » de « centaines de milliers de travailleurs » du secteur public, les médias SRX XVSQTIXq PE § ½R H´YR QSHrPI ¨ (IY\ ERW TPYW XEVH on attend toujours les images de foules en guenilles abandonnées à leur sort et errant dans les rues de La Havane. Les ruptures narratives et les comportements atypiques partagent les caractéristiques suivantes, ce qui permet aussi de les reconnaître : – Ils font l’objet d’un non-dit, même lorsqu’ils sont évidents. C’est pour cela qu’on ne les confondra pas avec « un changement de version » ou un démenti qui sera toujours intégré (récupéré) dans la narrative standard (par exemple lorsqu’ils disent : « Nous nous sommes trompés, nous le reconnaissons, vous pouvez donc encore nous faire GSR½ERGI ¨ 0IW ZqVMXEFPIW VYTXYVIW narratives et comportements atypiques ne sont jamais annoncés. – Ils ne sont jamais reconnus comme tels. Si vous en pointez un du doigt, ils préféreront hausser les épaules ou faire semblant de ne pas comprendre. D’ailleurs, souvent ils ne comprennent pas. Au mieux, vous aurez comme réponse un « Ah, mais, c’est pas pareil ». Les véritables ruptures narratives et comportements atypiques ne sont jamais reconnus. – Ils sont partagés par l’ensemble HI PE TVSJIWWMSR VqZqPERX EMRWM HIW EJ½RMXqW idéologiques profondes. – Ils sont indispensables pour préserver la construction narrative qui, sans eux, s’effondrerait.


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MÉDIAS ALTERNATIFS ET INTERNET : MF= @AKLGAJ= < 9EGMJ

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HMKE HBM L’assimilation entre Internet et média alternatif est courante. Probablement parce qu’effectivement, pour de simples raisons de moyens matériels, la plupart des médias alternatifs se trouvent sur Internet. Mais cette assimilation est trompeuse et confond le fond et la forme. Il existe des médias réellement alternatifs sur papier (Fakir, Le Sarkophage) comme il existe des médias dominants sur Internet

6YI GSQ TEV I\IQTPI Alors à quoi reconnaît-on un « média alternatif » ? Le premier signe de reconnaissance d’un média authentiquement alternatif est sa capacité à déceler et dénoncer les comportements atypiques et les ruptures narratives dominants, pour tenter de rétablir une courbe de raisonnement ininterrompue et cohérente. Le deuxième est un rapport à l’information qui, contrairement à la propagande véhiculée par les « grands » médias, est quasi-sacré. Un troisième pourrait être le refus du « deux poids deux mesures ».

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Panacée pour les uns, malédiction pour les autres. Oui, je sais, le printemps arabe, Facebook,Twitter. Je n’en crois pas un mot. Dans l’exemple de l’Egype, je me suis demandé combien de gens avaient Facebook,Twitter. Les chiffres trouvés sur des services spécialisés sont de l’ordre de grandeur suivants : 20 000 comptes Twitter et 1 million de comptes Facebook. Et « comptes » ne veut pas dire « utilisateurs actifs ». Et « utilisateurs actifs » ne veut pas dire « opposants ». Et « opposants » ne veut pas dire « militants actifs ». Alors, que reste-t-il TSYV YR TE]W HI TPYW HI QMPPMSRW H´LEFMXERXW # Pas grand chose en réalité, sinon un autre fantasme de geek et une nouvelle légende urbaine. Lors d’une interview, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, avait abordé ce thème. Il avait expliqué comment les mots d’ordre de la révolution égyptienne avaient été consignés dans un livret qui circulait sous le manteau via le réseau des clubs de football. En première et dernière page de ce manuel, on pouvait lire l’avertissement de ne pas utiliser Facebook SY 8[MXXIV XVST JEGMPIQIRX MR½PXVEFPIW IX QERMTYPEFPIW J’ai observé des nuits entières le déroulement des événements place Tahrir. J’ai été très attentif à certains détails. Comment, par exemple, les groupes


= ¢M BN? qui défendaient la place et les immeubles IRZMVSRRERXW VqYWWMWWEMIRX k WI TVSXqKIV HIW MR½PXVEXMSRW et provocations.Tout simplement parce qu’ils se connaissaient entre eux. Ou parce qu’untel connaissait untel qui connaissait untel. Pas vraiment un système à toute épreuve, j’en conviens, mais on en reparlera le jour où votre vie dépendra HI PE GSR½ERGI EGGSVHqI k YR TWIYHS VIRGSRXVq WYV Facebook. Et, dernière puce à l’oreille : l’hommage appuyé d’un personnage aussi grotesque que Hillary Clinton à Facebook,Twitter et leurs « cyber-révolutions ». Lorsque quelqu’un comme Hillary Clinton m’indique un chemin à suivre, j’ai tendance à faire demi-tour. Si l’Internet avait réellement l’importance que d’aucuns semblent lui accorder, il me paraît évident que George Bush,Tony Blair et même Obama seraient en prison, que Guantanamo serait fermé, que Gaza serait libéré, que Sarkozy serait en fuite, que les banques seraient nationalisées, que le Parti Socialiste français serait redevenu un groupuscule. Car les camarades semblent avoir oublié un détail : si l’Internet nous aurait bien WIVZM ½KYVI^ ZSYW UYI P´IRRIQM W´IR WIVX EYWWM FMIR sinon mieux. Où est le progrès ? Je veux dire, concrètement ? Il me semble que l’Internet n’a de sens que pour ceux qui ont déjà une expérience en dehors de celui-ci, c’est-à-dire dans les cas où l’Internet n’est qu’un outil complémentaire, un facilitateur, et non une source en elle-même. La cacophonie ambiante, la multiplicité des blogs, du chacun pour soi et chacun son site, la diffusion d’une chose et son contraire, la multiplication des faux-nez, de pseudos-ci et des pseudos-ça, les trolls dans les forums (genre « J’ai vécu 10 ans en Syrie, et je peux vous dire que... » Signé : Blanche Neige), les lectures en diagonale, l’impatience devant un article trop long, le click trop facile et le butinage incessant... Le zapping à l’état pur. Le fait est que la grande majorité de la population continue de « s’informer » via les médias dominants, y compris dans leurs versions internet où l’on retrouve les mêmes « ennemis de l’information », tout sourires et pas gênés plus que ça par notre présence. On me rétorque souvent « sans Internet... ». Oui, mais sans Internet, nous aurions peut-être, et même probablement, mené d’autres combats, d’autres Vq¾I\MSRW WYV PIW QqHMEW 2SYW EYVMSRW TVqWIRXq d’autres exigences au lieu de déserter le champ de bataille et nous retrancher dans le virtuel. Et je me demande même si, à force de trop de « révélations », parfois contradictoires, l’Internet n’aurait pas eu un effet démobilisateur, provoquant un sentiment de tâche insurmontable, une attitude de « à quoi bon ? ».


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¡S' Tous les responsables de médias alternatifs vous le diront : les journalistes sont grosso modo des ignares, à quelques exceptions près. Lorsqu’on a soi-même subi la contrainte du temps qu’il a fallu pour connaître véritablement un sujet et qui leur fait justement défaut (alors même qu’ils sont censés intervenir sur tout et n’importe quoi, sautant du coq à l’âne), comment s’en étonner ? Mais à les voir et les entendre, ils savent XSYX WYV XSYX IX ½RMWWIRX QsQI TEV PI GVSMVI Les médias alternatifs ont un sacré avantage sur eux :

1) Ils ont le temps. Le temps de choisir leurs sujets, de les étudier en profondeur, 2) Ils n’ont pas de comptes à rendre, pas de pressions à subir, pas de conformisme à suivre...

Ces avantages sont contrebalancés par l’absence de moyens. Et cette absence de moyens pose le problème des sources de l’information. En effet, nombre de médias alternatifs se cantonnent à « décortiquer » les informations véhiculées par les grands médias, à analyser leurs comportements atypiques et pointer du doigt les ruptures narratives. Un travail utile mais qui a ses limites car ils se retrouvent, malgré toute leur bonne volonté, à travailler sur un produit qui a déjà fait P´SFNIX H´YR ½PXVEKI TEV PIW KVERHW QqHMEW 3R TIYX toujours analyser le contenu d’une bouteille d’eau, MP IWX TPYW HMJ½GMPI HI VIQSRXIV k PE WSYVGI Pk S P´IEY jaillit...« Oui, mais sur place, il y aura un autre média alternatif qui... » Voire. Car comment savoir WM GI QqHME EPXIVREXMJ IWX TPYW ½EFPI UY´YR EVXMGPI de Libération ? Le coup de la fausse blogueuse syrienne et des faux-nez « anars et antifas » des réseaux Indymedia sont là pour nous rappeler tous les jours la fragilité de tout ce réseau « alternatif » informel IX MR½PXVEFPI k WSYLEMX La liberté de la presse (de faire ce que bon lui semble) contre notre droit d’être informés

« Seule la vérité est révolutionnaire » Notre comportement vis-à-vis de l’information est déterminé par notre rapport à celle-ci. Pour certains, peut-être la majorité, ce rapport se résume à considérer l’information comme un « supermarché de faits » où l’on viendrait puiser des certitudes, ce qui en retour


ET AUCUN MÉDIA NE SAURAIT ME CONVAINCRE IM AD >9ML >9AJ= 9N=; ;= IM= D GF 9$ H9K HDMK IM MF :GM;@=J AF< DA;9L F= E= ;GFN9AF;J9 IM AD E= KM>>AL <= ;@9F?=J <= :GMLAIM=& <= IM=D <JGAL 7 =L ;GEE=FL K= SONT-ILS ARRANGÉS POUR NOUS FAIRE NOUS RÉSI?F=J ;=L L9L <= ;@GK=K 7

VqXVqGMX PI GLEQT HI Vq¾I\MSR Petit à petit, le nombre « d’articles prélevés » diminue pour ne plus se résumer qu’à l’indispensable kit de survie. D’autres ont un rapport boulimique. L’un comme l’autre participent à la malinformation. Mais s’entendre dire qu’il faut réviser notre rapport à l’information, c’est comme s’entendre dire qu’il faudrait faire de la gym : on y pense, on se le promet, et les mois et les années passent tandis que dans les périphéries de notre perception, les dangers et les dégâts s’accumulent. Personnellement, je ne reconnais aucun droit à aucun journaliste HI § ½PXVIV ¨ P´MRJSVQEXMSR et l’argument qui consiste à rétorquer «Allez consulter d’autres sources » ne me convient nullement. D’abord parce que les sources en question, si elles se multiplient HERW PE JSVQI WI VEVq½IRX WYV PI JSRH Ensuite parce que c’est faire peu de cas de mon « Droit à l’information ». Ce droit, je le revendique, je l’exige. Et aucun média ne saurait me convaincre qu’il faut faire avec ce que l’on a, pas plus qu’un boucher indélicat ne me convaincra qu’il me WYJ½X HI GLERKIV HI FSYXMUYI (I UYIP HVSMX # Et comment se sont-ils arrangés pour nous faire nous résigner à cet état de choses ?

Im]dd] ]kl dY _jYnal­ \] dY kalmYlagf 7 Je vois partout et tous les jours des formes d’indécence s’étaler, des charlatanismes s’exprimer, des horreurs se banaliser. Je vois des tas de magazines « sérieux » publier régulièrement une rubrique qui annonce votre avenir selon votre date de naissance. Je connais des ministres condamnés pour propos racistes. Je vis dans un pays qui voue un culte à Napoléon Bonaparte. Je vois les journalistes se montrer révérencieux envers George Bush et Tony Blair. J’entends des gens « cultivés » et « intelligents » prôner des « guerres humanitaires » et je me demande ce qu’ils penseraient d’un nouveau concept de mon invention, celui de « torture thérapeutique »...Voir couler plus d’encre sur une femme portant un voile que sur une bombe larguée sur elle au nom de la société succinctement décrite plus haut me donne envie de vomir. L’absurdité de la situation et la pauvreté de notre perception sont telles que des lois sur les médias récemment adoptées en Amérique latine (toujours une longueur d’avance sur nous) visant


FORTS DU LEURRE QUE CONSTITUE UNE CERTAINE FACILITÉ SUR INTERNET, NOUS AVONS DE FACTO ABANDONNÉ AVEC ARMES ET BAGAGES LE CHAMP DE BATAILLE DES MÉDIAS. CHAMP À PARTIR DUQUEL D 9<N=JK9AJ= FGMK :GE:9J<= =F LGML=&&& DA:=JL &

à élargir les espaces de liberté, à donner de la substance à la liberté d’expression, sont fréquemQIRX UYEPM½qIW MGM ¯ ] GSQTVMW TEV HIW QMPMXERXW de gauche – de lois « liberticides ». Est-il possible d’être plus « à côté de la plaque » que ça ? Le combat des médias n’est pas un combat annexe : il est devenu Le combat. Certains l’ont bien compris et n’hésitent pas à acheter un journal qui perd des millions d’euros par an. Se pose-t-on assez souvent la question de savoir pourquoi un capitaliste investirait des millions d’euros dans une affaire qui perd de l’argent alors que dans le même temps il n’hésitera pas à fermer une usine qui en gagne, mais pas assez ? Par amour de la démocratie et du pluralisme de la presse, peut-être ? L’information est une forme d’éducation, elle forge notre vision du monde. Mais accepterions-nous que nos enfants à l’école soient éduqués par des enseignants sortis d’on ne sait où, formés dans des « écoles de journalisme » privées et indépendantes de toute tutelle, même mineure, indéboulonnables quel que soit leur degré d’incompétence ? Est-il normal d’exiger le non-cumul des mandats d’un élu (qui, après tout, est élu) tout en acceptant sans broncher l’ubiquité des journalistes ? Est-il normal de limiter le nombre de réélections d’un élu (qui, après tout, est élu) tout en acceptant sans broncher de voir les mêmes têtes partout sur toutes les chaînes et radios pendant vingt ans et plus ? Est-il normal que le premier abruti venu muni d’une GEVXI HI TVIWWI TYMWWI UYEPM½IV 'LEZI^ de dictateur dans un journal distribué gratuitement à des dizaines de milliers d’exemplaires ou sur un site Internet pseudo-alternatif ? N’y aurait-il point de nom pour désigner un système où un pouvoir avant tout économique et commercial et non-élu supplanterait celui des représentants du peuple ? Forts du leurre que constitue une certaine facilité sur Internet, nous avons de facto abandonné avec armes et bagages le champ de bataille des médias. Champ à partir duquel l’adversaire nous bombarde en toute... liberté. Alors, si combat pour le pouvoir il doit y avoir, autant viser le véritable pouvoir. Car ce ne sera qu’à partir de ce moment-là, et de ce moment-là seulement, que nous pourrons HMVI UYI RSYW EZSRW IR½R XSYVRq PE TEKI Viktor Dedaj




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ALAIN ACCARDO, information et mouvement social

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IGNACIO RAMONET

LE CINQUIÈME POUVOIR


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Contre les abus des pouvoirs, la presse et les médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens. En effet, les trois pouvoirs traditionnels - législatif, exécutif et judiciaire - peuvent faillir, se méprendre et commettre des erreurs. Beaucoup plus fréquemment, bien sûr, dans les Etats autoritaires et dictatoriaux, où le pouvoir politique demeure le responsable central de toutes les violations des droits humains et de toutes les censures contre les libertés. Mais, dans les pays démocratiques aussi, de graves abus peuvent être commis, bien que les lois soient votées démocratiquement, que les gouvernements résultent du suffrage universel, et que la justice - en théorie - soit indépendante de l’exécutif. Par exemple, il arrive que celle-ci condamne un innocent (comment oublier l’affaire Dreyfus en France ?) ; que le Parlement vote des lois discriminatoires à l’égard de certaines catégories de la population (ce fut le cas aux Etats-Unis, durant plus d’un siècle, à l’encontre des Afro-Américains, et cela l’est aujourd’hui contre les ressortissants des pays musulmans en vertu du « Patriot Act ») ; que les gouvernements conduisent des politiques dont les conséquences se révéleront funestes pour tout un secteur de la société (c’est le cas à l’heure actuelle, dans de nombreux pays européens, à l’encontre des immigrés « sans papiers »). Dans un tel contexte démocratique, les journalistes et les médias ont souvent considéré comme un devoir majeur de dénoncer ces violations des droits. Ils l’ont parfois payé très cher : attentats, « disparitions », assassinats, comme on le constate encore en Colombie, au Guatemala, en Turquie, au Pakistan, aux Philippines et ailleurs. C’est pour cette raison que l’on a longtemps parlé du « quatrième pouvoir ». 'I § UYEXVMrQI TSYZSMV ¨ qXEMX IR Hq½RMXMZI KVlGI au sens civique des médias et au courage de journalistes audacieux, celui dont disposaient les citoyens pour critiquer, repousser, contrecarrer, démocratiquement, des décisions illégales pouvant être iniques, injustes, et même criminelles, contre des personnes innocentes. C’était, on l’a souvent dit, la voix des sans-voix. Depuis une quinzaine d’années, à mesure que s’accélérait la mondialisation libérale, ce « quatrième pouvoir »

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a été vidé de son sens, il a perdu peu à peu sa fonction essentielle de contre-pouvoir. Cette choquante évidence s’impose en étudiant de près le fonctionnement de la globalisation, en observant comment un nouveau type de capitalisme a pris son essor, non plus simplement MRHYWXVMIP QEMW WYVXSYX ½RERGMIV FVIJ YR GETMXEPMWQI de la spéculation. En cette phase de la mondialisation, nous assistons à un brutal affrontement entre le marché et l’Etat, le secteur privé et les services publics, l’individu et la société, l’intime et le collectif, l’égoïsme et la solidarité. Le pouvoir véritable est désormais détenu par un faisceau de groupes économiques planétaires et d’entreprises globales dont le poids dans les affaires du monde apparaît parfois plus important que celui des gouvernements et des Etats. Ce sont eux les « nouveaux maîtres du monde » qui se rassemblent chaque année à Davos, dans le cadre du Forum économique mondial, et qui inspirent les politiques de la grande Trinité globalisatrice : Fonds monétaire international, Banque mondiale et Organisation mondiale du commerce. C’est dans ce cadre géoéconomique que s’est produite une métamorphose décisive dans le champ de médias de masse, au coeur même de leur texture industrielle.

LLEC Les moyens de communication de masse (stations de radio, presse écrite, chaînes de télévision, Internet) se regroupent de plus en plus au sein d’architectures foisonnantes pour constituer des groupes médiatiques à vocation mondiale. Des entreprises géantes comme News Corps,Viacom, AOL Time Warner, General Electric, Microsoft, Bertelsmann, United Global Com, Disney, Telefónica, RTL Group, France Télécom, etc., ont désormais de nouvelles possibilités d’expansion en raison des bouleversements technologiques. La « révolution numérique » a brisé les frontières qui séparaient auparavant les trois formes traditionnelles de la communication : son, écrit, image. Elle a permis l’apparition et l’essor d’Internet, qui représente un quatrième mode de communiquer, une nouvelle façon de s’exprimer, de s’informer, de se distraire. Depuis, les entreprises médiatiques sont tentées de se constituer en « groupes » pour rassembler en leur


sein tous les médias classiques (presse, radio, télévision), mais également toutes les activités de ce que nous pourrions appeler les secteurs de la culture de masse, de la communication et de l’information. Ces trois sphères étaient naguère autonomes : d’un côté, la culture de masse, avec sa logique commerciale, ses créations populaires, ses objectifs essentiellement mercantiles ; de l’autre, la communication, au sens publicitaire, le marketing, la propagande, la rhétorique HI PE TIVWYEWMSR IX IR½R P´MRJSVQEXMSR EZIG WIW EKIRGIW de nouvelles, les bulletins radiodiffusés ou télévisés, la presse, les chaînes d’information en continu, bref, l’univers de tous les journalismes. Ces trois sphères, avant si différentes, se sont peu à peu imbriquées pour constituer une seule et unique sphère cyclopéenne EY WIMR HI PEUYIPPI MP HIZMIRX HI TPYW IR TPYW HMJ½GMPI de distinguer les activités relevant de la culture de masse, de la communication ou de l’information. De surcroît, ces entreprises médiatiques géantes, ces producteurs à la chaîne de symboles multiplient la diffusion de messages de tout type, où s’entremêlent télévision, dessins animés, cinéma, jeux vidéo, CD musicaux, DVD, édition, villages à thème genre Disneyland, sport spectacle, etc. En d’autres termes, les groupes médiatiques possèdent désormais deux caractéristiques nouvelles : premièrement, ils s’occupent de tout ce qui relève de l’écrit, de tout ce qui relève de l’image, de tout ce qui relève du son, et diffusent cela au moyen des canaux les plus divers (presse écrite, radios, télévisions LIVX^MIRRIW GlFPI SY WEXIPPMXI ZME -RXIVRIX IX TEV XSYXIW sortes de réseaux numériques). Seconde caractéristique : ces groupes sont mondiaux, planétaires, globaux, et pas seulement nationaux ou locaux. )R HERW YR GqPrFVI ½PQ 3VWSR ;IPPIW W´IR TVIREMX au « super-pouvoir » de « Citizen Kane » (en réalité, le magnat de la presse du début du XXe siècle William Randolph Hearst). Pourtant, comparé à celui des grands groupes mondiaux d’aujourd’hui, le pouvoir de Kane qXEMX MRWMKRM½ERX 4VSTVMqXEMVI HI UYIPUYIW NSYVREY\ de presse écrite dans un seul pays, Kane disposait d’un pouvoir nain (sans être pour autant dépourvu H´IJ½GEGMXq k P´qGLIPPI PSGEPI SY REXMSREPI JEGI

CTIVE


aux archipouvoirs des mégagroupes médiatiques de notre temps. Ces hyperentreprises contemporaines, par des mécanismes de concentration, s’emparent des secteurs médiatiques les plus divers dans de nombreux pays, dans tous les continents, et deviennent de la sorte, par leur poids économique et par leur importance idéologique, des acteurs centraux de la mondialisation libérale. La communication (étendue à l’informatique, l’électronique et la téléphonie) étant devenue l’industrie lourde de notre temps, ces grands groupes cherchent à élargir leur taille par d’incessantes acquisitions et font pression sur les gouvernements pour briser les lois limitant les concentrations ou empêchant la constitution de monopoles ou de duopoles. La mondialisation, c’est donc aussi la mondialisation des médias de masse, de la communication et de l’information. Préoccupés surtout par la poursuite de leur gigantisme, qui les contraint à courtiser les autres pouvoirs, ces grands groupes ne se proposent plus, comme objectif civique, d’être un « quatrième pouvoir » ni de dénoncer les abus contre le droit, ni de corriger les dysfonctionnements de la démocratie pour polir et perfectionner le système politique. Ils ne souhaitent même plus s’ériger en « quatrième pouvoir », et encore moins agir comme un contre-pouvoir. Quand, le cas échéant, ils peuvent constituer un « quatrième pouvoir », celui-ci s’ajoute aux autres pouvoirs existants - politique et économique - pour écraser à son tour, comme pouvoir supplémentaire, comme pouvoir médiatique, les citoyens. La question civique qui nous est donc désormais posée est celle-ci : comment réagir ? Comment se défendre ? Comment résister à l’offensive de ce nouveau pouvoir qui a, en quelque sorte, trahi les citoyens et est passé avec armes et bagages à l’ennemi ?

DÉB


BAT ET


CITOYENNE

UNE FORCE CIVIQUE


= AC Il faut, tout simplement, créer un « cinquième pouvoir ». Un « cinquième pouvoir » qui nous permette d’opposer une force civique citoyenne à la nouvelle coalition des dominants. Un « cinquième pouvoir » dont la fonction serait de dénoncer le superpouvoir des médias, des grands groupes médiatiques, complices et diffuseurs de la globalisation libérale. Ces médias qui, dans certaines circonstances, ont non seulement cessé de défendre les citoyens, mais qui agissent parfois contre le peuple dans son ensemble. Comme nous le constatons au Venezuela. Dans ce pays latino-américain où l’opposition politique fut balayée en 1998 lors d’élections libres, plurielles et démocratiques, les principaux groupes de presse, radio et télévision ont déclenché une véritable guerre médiatique contre la légitimité du président Hugo Chávez. Alors que celui-ci et son gouvernement demeurent respectueux du cadre démocratique, les médias, aux mains d’une poignée de privilégiés, continuent d’utiliser toute l’artillerie des manipulaXMSRW HIW QIRWSRKIW IX HY FSYVVEKI HI GVlRI TSYV tenter d’intoxiquer l’esprit des gens. Dans cette guerre idéologique, ils ont totalement abandonné la fonction d’un quelconque « quatrième pouvoir », ils cherchent désespérément à défendre les privilèges d’une caste et s’opposent à toute réforme sociale et à toute distribution un peu plus juste de l’immense richesse nationale. Le cas vénézuélien est exemplaire de la nouvelle situation internationale dans laquelle des groupes médiatiques rendus furieux assument ouvertement leur nouvelle fonction de chiens de garde de l’ordre


CTION économique établi, et leur nouveau statut de pouvoir antipopulaire et anticitoyen. Ces grands groupes ne s’assument pas seulement comme pouvoir médiatique, ils constituent surtout le bras idéologique de la mondialisation, et leur fonction est de contenir les revendications populaires tout en essayant de s’emparer du pouvoir politique (comme est parvenu à le faire, démocratiquement, en Italie, M. Silvio Berlusconi, patron du principal groupe de communication transalpin). La « guerre sale médiatique » conduite au Venezuela contre le président Hugo Chavez est la réplique exacte de ce qu’avait fait, de 1970 à 1973, le quotidien El Mercurio au Chili contre le gouvernement démocratique du président Salvador Allende, jusqu’à pousser les militaires au coup d’Etat. De telles campagnes, où les médias cherchent à abattre la démocratie, pourraient se reproduire demain en Equateur, au Brésil ou en Argentine GSRXVI XSYXI VqJSVQI PqKEPI XIRXERX HI QSHM½IV PE LMqrarchie sociale et l’inégalité de la richesse. Aux pouvoirs de l’oligarchie traditionnelle et à ceux de la réaction classique s’ajoutent désormais les pouvoirs médiatiques. Ensemble - et au nom de la liberté d’expression ! -, ils s’attaquent aux programmes qui défendent les intérêts de la majorité de la population.Telle est la façade médiatique de la globalisation. Elle révèle de la façon la plus claire, la plus évidente, et la plus caricaturale l’idéologie de la mondialisation libérale. Médias de masse et mondialisation libérale sont intimement liés. C’est pourquoi il semble urgent de développer YRI Vq¾I\MSR WYV PE QERMrVI HSRX PIW GMXS]IRW TIYZIRX exiger des grands médias davantage d’éthique, de vérité, de respect d’une déontologie qui permette aux journalistes d’agir en fonction de leur conscience, et non en fonction des intérêts des groupes, des entreprises et des patrons qui les emploient. Dans la nouvelle guerre idéologique qu’impose la mondialisation, les médias sont utilisés comme une arme de combat. L’information, en raison de son explosion, de sa multiplication, de sa surabondance, se trouve littéralement contaminée, empoisonnée par toute sorte de mensonges, polluée par les rumeurs, par les déformations, les distorsions, les manipulations. Il se produit dans ce domaine ce qui s’est passé avec l’alimentation. Pendant très longtemps, la nourriture


N

a été rare, et elle l’est toujours dans de nombreux endroits du monde. Mais lorsque les campagnes commencèrent à produire en surabondance, en particulier dans les pays d’Europe de l’Ouest ou d’Amérique du 2SVH KVlGI EY\ VqZSPYXMSRW EKVMGSPIW SR W´ETIVpYX UYI de nombreux aliments étaient contaminés, empoisonnés par des pesticides, qu’ils provoquaient des maladies, causaient des infections, entraînaient des cancers et toutes sortes de problèmes de santé, allant jusqu’à produire des paniques de masse comme la peste de la « vache folle ». Bref, avant on pouvait mourir de faim, maintenant on peut mourir pour avoir mangé des aliments contaminés... Avec l’information, c’est la même chose. Historiquement, elle a été très rare. Encore aujourd’hui, dans les pays HMGXEXSVMEY\ MP R´] E TEW H´MRJSVQEXMSR ½EFPI GSQTPrXI de qualité. En revanche, dans les Etats démocratiques, elle déborde de toutes parts. Elle nous asphyxie. Empédocle disait que le monde était constitué de la combinaison de quatre éléments : air, eau, terre, feu. L’information est devenue tellement abondante qu’elle constitue, en quelque sorte, le cinquième élément de notre monde globalisé. Mais, en même temps, chacun constate que, comme la nourriture, l’information est contaminée. Elle nous empoisonne l’esprit, nous pollue le cerveau, nous manipule, nous intoxique, elle tente d’instiller dans notre inconscient des idées qui ne sont pas les nôtres. C’est pourquoi il est nécessaire d’élaborer ce qu’on pourrait appeler une « écologie de l’information ». %½R HI RIXXS]IV HI HqGVEWWIV P´MRJSVQEXMSR de la « marée noire » des mensonges. Dont on a pu, une fois encore, mesurer l’énormité a l’occasion de la récente invasion de l’Irak. Il faut décontaminer l’information. De même qu’on a pu obtenir des aliments « bio », a priori moins contaminés que les autres, il faudrait obtenir une sorte d’information « bio ». Les citoyens doivent se mobiliser pour exiger que les médias appartenant aux grands groupes globaux respectent la vérité, parce que seule la recherche HI PE ZqVMXq GSRWXMXYI IR Hq½RMXMZI PE PqKMXMQMXq de l’information.


DÉMO C’est pourquoi nous avons proposé la création de l’Observatoire international des médias (en anglais : 1IHME ;EXGL +PSFEP 4SYV HMWTSWIV IR½R H´YRI EVQI GMZMUYI TEGM½UYI HSRX TSYVVSRX WI WIVZMV PIW GMXS]IRW E½R HI W´STTSWIV EY RSYZIEY WYTIVTSYZSMV HIW KVERHW médias de masse. Cet observatoire est une expression du mouvement social planétaire rassemblé à Porto Alegre (Brésil). En pleine offensive de la globalisation libérale, il exprime la préoccupation de tous les citoyens devant la nouvelle arrogance des industries géantes de la communication. Les grands médias privilégient leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général et confondent leur propre liberté avec la liberté d’entreprise, considérée comme la première des libertés. Mais la liberté d’entreprise ne peut, en aucun cas, prévaloir sur le droit HIW GMXS]IRW k YRI MRJSVQEXMSR VMKSYVIYWI IX ZqVM½qI ni servir de prétexte à la diffusion consciente de fausses nouvelles ou de diffamations. La liberté des médias n’est que l’extension de la liberté collective d’expression, fondement de la démocratie. )R XERX UYI XIPPI IPPI RI TIYX sXVI GSR½WUYqI TEV un groupe de puissants. Elle implique de surcroît une « responsabilité sociale », et, par conséquent, son exercice doit demeurer, en dernière instance, sous le contrôle responsable de la société. C’est cette conviction qui nous a conduits à proposer la création de l’Observatoire international des médias / Media Watch Global. Parce que les médias sont aujourd’hui le seul pouvoir sans contre-pouvoir, et qu’il s’est créé ainsi un déséquilibre dommageable pour la démocratie. La force de cette association est avant tout morale : elle réprimande en se fondant sur l’éthique et sanctionne les fautes d’honnêteté médiatique au moyen de rapports et d’études qu’elle élabore, publie et diffuse. L’Observatoire international des médias constitue un indispensable contrepoids à l’excès de pouvoir des grands groupes médiatiques qui imposent, en matière d’information, une seule logique - celle du marché - et une unique idéologie - la pensée néolibérale. Cette association internationale souhaite exercer une responsabilité collective, au nom de l’intérêt supérieur de la société et du droit des citoyens à être bien informés. A ce titre, elle estime d’une importance


OCR ATIQ capitale les enjeux du prochain Sommet mondial sur l’information qui se tiendra en décembre prochain à Genève. Elle se propose également de prévenir la société contre les manipulations médiatiques qui, comme des épidémies, se sont multipliées ces dernières années. L’Observatoire rassemble trois sortes de membres, disposant de droits identiques : – Des journalistes professionnels ou occasionnels, actifs ou retraités, de tous les médias, centraux ou alternatifs.

– Des universitaires et chercheurs de toutes disciplines, et plus particulièrement des spécialistes des médias, car l’Université, dans le contexte actuel, demeure l’un des rares lieux encore partiellement protégés contre les ambitions totalitaires du marché. – Des usagers des médias, citoyens ordinaires et personnalités connues pour leur stature morale...


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QUE. Les systèmes actuels de régulation des médias sont partout insatisfaisants. L’information étant un bien commun, sa qualité ne saurait être garantie par des organisations composées exclusivement de journalistes, souvent attachés à des intérêts corporatistes. Les codes déontologiques de chaque entreprise médiatique - lorsqu’ils existent - se révèlent souvent peu aptes à sanctionner et à corriger les dérives, les occultations et les censures. Il est indispensable que la déontologie et l’éthique de l’information soient Hq½RMIW IX HqJIRHYIW TEV YRI MRWXERGI MQTEVXMEPI crédible, indépendante et objective, au sein de laquelle les universitaires aient un rôle décisif. La fonction des ombudsmen ou médiateurs, qui fut utile dans les années 1980 et 1990, est actuellement mercantilisée, dévalorisée et dégradée. Elle est souvent instrumentalisée par les entreprises, répond à des impératifs d’image et constitue un alibi bon marché TSYV VIRJSVGIV EVXM½GMIPPIQIRX PE GVqHMFMPMXq HY QqHME L’un des droits les plus précieux de l’être humain est celui de communiquer librement sa pensée et ses opinions. Nulle loi ne doit restreindre arbitrairement la liberté de parole ou de presse. Mais celle-ci ne peut être exercée par des entreprises médiatiques qu’à condition de ne pas enfreindre d’autres droits tout aussi sacrés comme celui, pour chaque citoyen, de pouvoir accéder à une information non contaminée. A l’abri de la liberté d’expression, les entreprises médiatiques ne doivent pas pouvoir diffuser des informations fausses, ni conduire des campagnes de propagande idéologique, ou autres manipulations. L’Observatoire international des médias considère que la liberté absolue des médias, réclamée à cor et à cri par les patrons des grands groupes de communication mondiaux, ne saurait s’exercer aux dépens de la liberté de tous les citoyens. Ces grands groupes doivent savoir désormais qu’un contre-pouvoir vient de naître et qu’il a vocation à rassembler tous ceux qui se reconnaissent dans le mouvement social TPERqXEMVI IX UYM PYXXIRX GSRXVI PE GSR½WGEXMSR du droit d’expression. Journalistes, universitaires, militants associatifs, lecteurs de journaux, auditeurs de radios, téléspectateurs, usagers d’Internet, tous s’unissent pour forger une arme collective de débat et d’action démocratique. Les globalisateurs avaient déclaré que le XXIe siècle serait celui des entreprises KPSFEPIW P´EWWSGMEXMSR 1IHME ;EXGL +PSFEP EJ½VQI que ce sera le siècle où la communication IX P´MRJSVQEXMSR ETTEVXMIRHVSRX IR½R à tous les citoyens. Ignacio RAMONET Directeur du Monde diplomatique de 1990 à 2008




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LES RENSEIGNEMENTS GÉNÉREUX

RÉINVENTER LES MÉDIAS


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Dès l’enfance, nous sommes habitué-e-s à considérer PIW QqHMEW GSQQI YRI WSYVGI ½EFPI H´MRJSVQEXMSRW les journalistes comme des personnes libres. Puis, les années TEWWERX TSYV TIY UYI RSXVI VIKEVH GVMXMUYI W´EJ½RI GIVXEMRW paradoxes nous interpellent : les médias sont censés être neutres, mais ils soutiennent la plupart du temps les pouvoirs politiques et économiques ; les médias sont censés être les miroirs de la réalité, mais certains sujets sont marginalisés voire occultés ; les médias sont de plus en plus nombreux, QEMW PIYV YRMJSVQMXq IWX WSYZIRX ¾EKVERXI 5YIPPIW WSRX PIW GEYWIW IX PIW GSRWqUYIRGIW de cette situation ? 5YIPPIW WSRX PIW EPXIVREXMZIW TSWWMFPIW # Fidèles à notre démarche, nous nous sommes efforcés de rédiger une synthèse concise et limpide sur les médias, en rassemblant un maximum de citations et de chiffres marquants. Notre exposé n’est pas exhaustif, mais il présente de nombreuses pistes d’approfondissement. )R½R § TEVGI UYI PI PERKEKI ZqLMGYPI HIW ZMWMSRW HY QSRHI parce que les règles de grammaire méritent d’être questionnées et parfois transgressées, notamment quand elles rayent de la surface d’un papier la moitié des sujets, en faisant prédominer le masculin sur le féminin », cette brochure a été presque entièrement féminisée.

ÉDIA


D 9M<A=F;= DES MÉDIAS

PRÉAMBULE :

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PLU PLU Pour débuter notre exposé, voici quelques repères sur les principales sources d’information des Français-es. La télévision est de loin le média le plus consulté. Les Français-es la regardent en moyenne 3h30 par jour. Chaque soir, environ dix millions de personnes s’informent au journal télévisé de TF1, cinq millions à celui de France 2. A titre de comparaison, le total des ventes des quotidiens nationaux ne dépassait pas les 3 millions par jour en 2003, 6 millions pour l’ensemble des quotidiens régionaux. Si dans les années 70, plus de la moitié des Français-es lisait un journal tous les jours, ils/elles ne représentent désormais qu’un tiers environ. Quant à la radio, son audience reste relativement forte (par exemple, France Info rassemble près de 5 millions d’auditeur/rices), mais elle est également en déclin.

VENTES

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360 000 / jour

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CO N Dans un régime totalitaire, les médias sont contrôlés par le pouvoir politique ; la censure et la propagande se devinent aisément. Dans les démocraties représentatives occidentales, les médias sont censés être libres et animés par une exigence de vérité. Dans ces conditions, pourquoi présentent-ils la réalité d’une manière qui favorise les pouvoirs politiques et économiques ? Par quels mécanismes certains sujets sont-ils éliminés, certaines opinions marginalisées ? Noam Chomsky et Edward Herman proposent quelques réponses dans La fabrique de l’opinion publique. Selon cette analyse portant sur trente ans de traitement médiatique aux Etats-Unis, le conformisme des médias n’est pas le résultat d’un ‘’complot organisé’’, mais avant tout la conséquence d’une logique économique. Les médias sont devenus des industries GETMXEPMWXIW HSRX PIW GSRXVEMRXIW ½RERGMrVIW MR¾YIRX sur le contenu et la qualité des informations. La fabrique de l’opinion publique décrit cinq facteurs structurels de l’industrie médiatique, comme autant HI ³´½PXVIW´´ UYM WqPIGXMSRRIRX TEVQM PE VqEPMXq les nouvelles publiables, les critiques à marginaliser ou à taire. Ces cinq facteurs structurels sont : la propriété capitaliste des médias, la prédominance HIW ½RERGIQIRXW TYFPMGMXEMVIW PE GSRGIRXVEXMSR des sources d’information, la puissance des lobbys conservateurs et l’idéologie anticommuniste. Ces deux derniers facteurs constituant à nos yeux une particularité des Etats-Unis, nous ne présenterons ici que les trois premiers, en les illustrant par des exemples français. 2SYW ENSYXIVSRW IR½R YR UYEXVMrQI JEGXIYV WXVYGXYVIP P´MR¾YIRGI HI P´)XEX


HJGHJA L =L ;GF;=FLJ9LAGF DES MÉDIAS

CEN RÉS


NTR , En France comme aux États-Unis, la quasi-totalité des médias sont aux mains de multinationales dont les actionnaires sont principalement préoccupés TEV PE VIGLIVGLI HI TVS½XW qGSRSQMUYIW 7SYZIRX G|XqIW en bourse, les industries médiatiques sont sous la pression de propriétaires qui ont l’œil sur les résultats et exigent des retours sur investissement de l’ordre de 10, 25 voire 50%. Depuis les années 90, ce contrôle capitaliste des médias se double d’une dynamique de concentration. En France, la plus grande partie des médias sont détenus par cinq multinationales : Bouygues, Dassault, Lagardère, Bertelsmann, :MZIRHM 9RMZIVWEP IQTMVIW ½RERGMIVW HSRX PI GLMJJVI d’affaire oscille entre 10 et 25 milliards d’euros. Voici le niveau de concentration dans quelques secteurs de l’industrie médiatique française :

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4 groupes contrôlent la quasi-totalité des chaînes privées : Bouygues, Bertelsmann,Vivendi-Universal et Lagardère. A elles seules,TF1 (Bouygues) et M6 (Bertelsmann) représentaient 45% de l’audience totale et plus de 75% des recettes publicitaires de la télévision en 2002.

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(IY\ ½VQIW EY\ EGXMZMXqW QMPMXEMVIW (EWWEYPX IX Lagardère, contrôlaient près de 70% de la presse écrite en 2004 (en chiffre d’affaires). Edition. Deux groupes, Lagardère et Wendel-investissement, possédaient environ 60% de l’édition française en 2005 (en chiffre d’affaires). Ils produisent à eux seuls 60% des livres de poche, 80% des manuels scolaires, 90% des dictionnaires.

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En 1947, pour contrer le monopole du groupe Hachette dans la distribution de la presse écrite, la Loi Bichet TIVQMX HI GSR½IV PE HMWXVMFYXMSR k HIW GSSTqVEXMZIW Les plus importantes sont les NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne), et, dans une moindre mesure, les MLP (Messageries Lyonnaises de presse). Cependant, les NMPP sont toujours GSRXV|PqIW HI JEMX TEV ,EGLIXXI HqWSVQEMW ½PMEPI de Lagardère. Concernant les livres, Lagardère est le second libraire de France (réseau Relay magasins Virgin) après la FNAC. On estime qu’il ne reste que 300 librairies indépendantes en France, contre un millier environ en 1970.


J URN La concentration capitaliste des médias est elle-même liée à celle des richesses. En France, une quinzaine de familles* contrôlait environ 35% de la capitalisation de la Bourse de Paris en 2004. Plus de la moitié des dix familles les plus riches de France se sont lancées dans l’industrie médiatique et publicitaire : Arnault, Dassault, Pinault, Decaux, Bouygues, Bolloré, autant d’acteurs évidemment intéressés par la perpétuation et l’épanouissement du capitalisme. Mais l’attrait des multinationales pour les médias n’est pas seulement ½RERGMIV -P IWX qKEPIQIRX TSPMXMUYI &84 EVQIQIRX distribution de l’eau, automobile, électronique... Ces grands secteurs d’activités industrielles dépendent fortement de l’État et des marchés publics pour leur développement. Dans ce contexte, la possession d’outils médiatiques constitue de redoutables instruments H´MR¾YIRGI HI PE GPEWWI TSPMXMUYI )PPI VIRJSVGI HIW PMIRW pourtant déjà étroits entre le monde industriel et le pouvoir politique.**

*Le terme famille est approprié dans la mesure où ces groupes se transmettent généralement de manière héréditaire. **0IW TEWWIVIPPIW IRXVI PIW QMPMIY\ QqHMEXMUYIW IX TSPMXMUYIW WSRX JVqUYIRXIW 5YIPUYIW I\IQTPIW : les anciens ministres Michel Roussin (UMP) et Jean Glavany (PS) ont rejoint Bolloré, Anne-Marie Couderc (UMP) et Frédérique Bredin (PS) ont rejoint Hachette, Hubert Védrine (PS) a rejoint LVMH. Pour de nombreux autres exemples, cf. Les nouveaux chiensde garde, Serge Halimi, Raisons d’agir, 2005.

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Si, au sein de Bouygues,TF1 représente moins de 15% du chiffre d’affaires du groupe, l’activité média peut en revanche être utilisée pour favoriser les autres activités HY KVSYTI &84 XqPqTLSRMI 'SQQI P´EJ½VQEMX *VERGMW Bouygues au moment de la privatisation de TF1 : « Il y a des intérêts secondaires découlant de la possession d’un tel outil » (cité dans TF1, Un Pouvoir, P. Péan et C. Nick). «Un groupe de presse, vous verrez, c’est capital pour décrocher des commandes. », renchérissait Jean-Luc Lagardère quelques années plus tard (Le Canard Enchaîné, 06/11/96). Par le jeu des participations croisées, la concentration des médias s’accompagne d’un enchevêtrement des intérêts. Par exemple, si Bouygues est le premier actionnaire de TF1, les groupes Pinault (FNAC, Printemps, Le Point, Radio BFM...) et Arnault (La Tribune, Investir, LVMH...) en sont également actionnaires. De manière générale, les magnats de l’industrie médiatique partagent souvent les mêmes conseils d’administration et savent nouer des alliances fructueuses. En témoigne la relation entre Dassaut et Lagardère, qui contrôlaient ensemble 70% de la presse en 2005 : « Il faut que nous arrivions à une entente et même une coopération étroite avec Dassault. » (Arnaud Lagardère, Les Echos, 13/06/03).


OU NAL Dans quelle mesure la propriété capitaliste des médias MR¾YI X IPPI WYV PI GSRXIRY IX PE UYEPMXq HIW MRJSVQEXMSRW ? Citons trois exemples parmi bien d’autres, sélectionnés dans les nombreux ouvrages sur la question*.

Edouard de Rothschild contrôle 39% du journal 0MFqVEXMSR )R MP EJ½VQE § .I GVSMW UYI G´IWX YR TIY une vue utopique de vouloir différencier rédaction et actionnaire. » (France 2, 30/09/2005). En 2000, lors de l’acquisition de 20% du journal par le fonds d’investissement britannique, il exigeait « un droit de veto sur les principales décisions stratégiques de l’entreprise » ainsi qu’ « une rentabilité annuelle moyenne sur cinq ans de 22%, ce serait très bien. » (Figaro économie, 14/03/2001 et Correspondance de la presse, 01/03/2001). Un message parfaitement assimilé par Serge July, longtemps rédacteur en chef du NSYVREP IX ½REPIQIRX PMQSKq TEV 6SXWGLMPH IR NYMR « L’indépendance, c’est très simple : il faut que ça marche, il faut gagner de l’argent. » (Lignes de mire, FR 3, 18/06/1996)**

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)R PI HMVIGXIYV HI PE VqHEGXMSR EJ½VQE UYI « l’intérêt de l’actionnaire ne doit pas être remis en cause par un journal qu’il contrôle. » même si cette censure opère « au détriment du lecteur. » (Libération, 06/05/1998).

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Le 24 juillet 1993,TF1 ouvre son journal sur le décès de Francis Bouygues et y consacre 25 minutes H´ETSPSKMI § QEKRM½UYI TEXVSR ¨ § FlXMWWIYV MRJEXMKEFPI », « carrière sans précédent »). « Bouygues construit la mosquée de Casablanca et l’aéroport d’Agadir : le roi du Maroc s’installe au journal télévisé de TF1. Et le monarque enchaîne avec l’émission de Jean-Pierre Foucault, la trop bien nommée Sacrée soirée. Bouygues aimerait s’occuper de plate-formes offshores en Angola : Jonas Savimbi [président angolais] fait irruption au journal de la Une. Bouygues aimerait bien obtenir un contrat de forage de gaz en Côte-d’ivoire (où son groupe contrôle déjà la distribvution de l’eau et de l’électricité) : le président ivoirien surgit au journal de 20 heures. [...] Et les téléspectateurs en savent tout EYXERX WYV PI TSRX HI P´wPI HI 6q HIW FlXMQIRXW prestigieux à Hongkong, le pont de Normandie, le Grand Stade de Saint-Denis, le pont de Tanger. Ce dernier projet, dirigé lui aussi [...] par la société Bouygues, permettra de ‘’désenclaver le Rif de quarante ans de sous-développement, de drogue et de contrebande’’ nous apprit un reportage du 10 août 2005. »*** En revanche,TF1 passa sous silence la garde à vue de son PDG Patrick Le Lay en 1995, dans une affaire de pot-de-vin, où ne consacra que 13 secondes à la mise en examen pour abus de bien sociaux du PDG de Bouygues, Martin Bouygues, dans l’affaire des comptes en suisse de Pierre Botton.

*Les nouveaux chiens de garde, Serge Halimi (déjà cité) ; Sur la concentration dans les médias, Observatoire français des médias, Liris, 2005 ; Almanach critique des médias, ouvrage collectif, Les arènes, 2005 ; Pas vu pas pris, documentaire, Pierre Carles, 1995 ; etc. **Sur les évolutions de Libération, journal aux origines révolutionnaires devenu chantre du libéralisme, lire l’excellent livre de Pierre Rimbert, Libération, De Sartre à Rotschild, Raisons d’agir, 2005. ***Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, déjà cité.

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LISTE IM=DIM=K ?J9F<=K AF<MKLJA=K E <A9LAIM=K EN 2005


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N°1 français de la télévision (TF1, LCI, Odyssée, Eurosport, Histoire, Cinéstar,Télétoon,TPS, 6 chaînes de la TNT...) ; n°1 français de l’édition vidéo ; participations dans la presse (une partie de l’Humanité, de Métro...)

DASSAULT LAGARDÈRE

N°1 français de la presse en 2005. Depuis, Dassault a revendu la plupart de ses titres de presse, et conserve essentiellement Le Figaro.

BARTELSMANN

N°1 mondial de l’édition ; troisième libraire de France (librairies Privat) ; télévision (M6,TPS, 5 chaînes de la TNT...) ; radios (RTL, RTL2, Fun Radio...) ; presse (Capital) ; N°1 français des clubs de livres (France Loisirs, 3,8 millions d’abonnés).

VIVENDI UNIVERSAL

CanalPlus (5 millions d’abonnés), Canalsatellite (260 chaînes, 3 millions d’abonnés), 5 chaînes de la TNT...

WENDEL-INVESTISSEMENT

2 JVERpEMW HI P´qHMXMSR k XVEZIVW PE ½PMEPI )HMXMW (Plon, La découverte, Robert- Laffont, Presses de la renaissance, Nathan, Le Robert, Retz, Bordas, 10-18, Pocket, Presses de la cité...)

N°1 mondial de la presse magazine (Paris-Match, Elle, Le Journal du dimanche,Télé 7 Jours, une partie de Marie Claire et de Psychologies magazine...) ; N°1 français de l’édition (Hachette, Fayard, Grasset, Larousse, Hatier, Marabout, Pluriel, Stock, Le Livre de Poche, Armand Colin, Dalloz, Dunod, Mille et une nuits, Calmann-Lévy...) ; N°1 français de la régie publicitaire (presse, télévision, radio); N°2 français de la distribution après la FNAC (Virgin Megastore, Relay...) ; radios (RFM, Europe 1, Europe 2...) ; télévision (MCM, Première, Canal J, Canal Satellite, émissions pour Arte, 3 chaînes de la TNT...) ; quotidiens régionaux (La Provence, Nice-Matin...) ; une partie du groupe Le Monde (Le Monde, Le Monde Diplomatique, La Vie,Télérama, Courrier international, ...) ; une partie de l’Humanité.


D= >AF9F;=E=FL HM:DA;AL9AJ= DES MÉDIAS

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OCIL 0IW WSYVGIW HI ½RERGIQIRX H´YR QqHME WSRX HI QSMRW en moins le public (ventes, redevance audiovisuelle...) et de plus en plus la publicité. Comme l’a expliqué avec sincérité le directeur de TF1 cité en tête de ce chapitre, le but capitaliste d’un média industriel est de vendre l’attention du public aux annonceurs publicitaires. Voici quelques recettes sans cesse utilisées :

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(pouvoir d’achat, modes de vie...) par des instituts de sondage et s’en servir pour attirer les annonceurs (voir encadré page 11).Variante : vanter la crédibilité de ses informations, comme Claude Perdriel, propriétaire du Nouvel Observateur : « Si je crois à la qualité de l’information d’un journal, je crois et j’accepte plus facilement les pages de publicité que je lis. De plus, comme les articles sont plutôt longs chez nous, le temps d’exposition à la page de publicité est plus grand. » (Stragégies, magazine principalement destiné aux publicitaires, 16/12/2004).

Par des abonnements à tarifs cassés, des cadeaux, des promotions, etc. D’une certaine façon, certains journaux ‘’achètent’’ des lecteur/rices pour ensuite attirer PIW TYFPMGMXEMVIW IX EMRWM ½RERGIV PI NSYVREP*.

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Éloges de la consommation : ‘’Les choses de la vie’’ (Le Nouvel Observateur), ‘’Art de vivre’’ (Le Figaro), ‘’Tendances’’ (L’Express), ‘’Aujourd’hui’’ (Le Monde)... Ne pas lésiner sur les suppléments high tech, montres, luxe, voyage, mode, immobilier, cadeaux. Un conseil : éviter au maximum les dossiers ‘’manger bio et local’’, ³´WI HqFEVVEWWIV HY WYTIV¾Y´´ ³´qZMXIV PE ZSMXYVI´´ ‘’vivre sans exploiter la planète’’, etc.

,& 9m_e]fl]j dY lYadd] gm dY \mj­] \]k j­[dYe]k$ 'SQQI EY\ )XEXW 9RMW S PIW XqPq½PQW WSRX GSYTqW XSYXIW PIW QMRYXIW %Y ½REP RSYW WYFMWWSRW TPYWMIYVW centaines de publicités par jour, plusieurs millions en l’espace d’une vie.*** Conquérir de nouveaux espaces publicitaires est désormais le leitmotiv des reponsables médiatiques. Un seul exemple : « Quand Le Monde lance Le Monde 2 et y consacre 3 millions d’euros de publicité, le responsable de l’hebdomadaire résume ainsi son objectif : ‘’Conquérir de nouveaux marchés publicitaires. Le Monde 2 souhaite conquérir à terme trois mille pages supplémentaires’’ de publicité » (Le Nouvel économiste, 30/01/04). Notons que le journal Le Monde est client de l’institut Impact Mémoire, un « cabinet-conseil en IJ½GEGMXq TYFPMGMXEMVI ¨ GVqq TEV YR RIYVSPSKYI IX HIW publicitaires.****

*La publicité ayant permis à la presse de se vendre bien au-dessous du prix de revient de chaque numéro, les journaux n’entrant pas dans la logique publicitaire sont défavorisés. **publicités adoptant le style d’un article de journal. ***Sur les impacts politiques et intimes de la publicité, cf. brochure Pub : la conquête de notre imaginaire, les r. généreux. **** cf. Almanach critique des médias (déjà cité) et revue Casseurs De Pub de novembre 2005.

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LES *'I UYI 4MIVVI &SYVHMIY ETTIPPEMX PIW JEMXW SQRMFYW PIW § JEMXW HMZIVW UYM JSRX HMZIVWMSR ¨ GJ 7YV PE Télévision, Pierre Bourdieu, Raisons d’agir, 1997. **Dans tous ces domaines, qu’importe la vérité de l’information, l’important est son caractère WTIGXEGYPEMVI )R XqQSMKRI TEV I\IQTPI § P´EJJEMVI HY 6)6 ( ¨ GJ %PQEREGL GVMXMUYI HIW QqHMEW (déjà cité). ***7YV P´EVXM½GI HIW qZrRIQIRXW IX PIYV GSRWXVYGXMSR NSYVREPMWXMUYI GJ P´I\GIPPIRX XI\XI HI François Brune, Ces évènements qui n’existent pas, disponible sur le site des renseignements genereux.

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Dans la course à l’audimat, l’information est un ‘’produit H´ETTIP´´ GSRpY TSYV KqRqVIV YR QE\MQYQ HI TVS½X Il doit être consensuel pour intéresser le plus de monde possible* qPMQMRIV GI UYM TIYX ³´JlGLIV´´ IX JEMVI TIVHVI de l’audience. Il doit être minuté pour ne pas lasser, rythmé dans une chaîne d’évènements pour empêcher le public de ‘’décrocher’’, faire appel aux émotions plutôt qu’à la raison. Il doit toujours être nouveau ou en avoir l’air : surprendre, ébahir, consterner. Mais les guerres, tsunamis, morts de pape et de princesses, référendums, attentats et autres évènements ‘’spectaculaires’’ ne sont pas quotidiens. Il faut alors créer l’évènement : sondage choc, fausse nouvelle suivie de vrais démentis ; ou encore ressortir les ‘’marronniers’’, ces sujets de prédilection de l’industrie médiatique : personnalités publiant un livre, célébration d’une date (mort d’un artiste, commémoration, etc.), dossiers sur la drogue, le salaire des cadres, la rentrée sociale, les enfants de la télé, la prostitution, l’insécurité, les moeurs et pratiques sexuelles, les querelles internes des partis politiques, les maladies bizarres, les faits divers sanglants**, la crise de ceci ou de cela, etc. Dernière solution, corser l’évènement, c’est-à-dire focaliser sur les moyens techniques qui rendent un événement TSWWMFPI WSVXMI H´YR ½PQ WEYZIXEKI WTIGXEGYPEMVI WYMZM d’une éclipse de soleil par des avions, etc.***

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0IW EKIRGIW TYFPMGMXEMVIW RI ½RERGIVSRX TEW HIW QqHMEW mettant sérieusement en cause les activités des grandes ½VQIW HI P´EYXSQSFMPI HI PE KVERHI HMWXVMFYXMSR de la téléphonie... Eviter également les contenus complexes qui bouleversent les idées reçues de la population, les controverses dérangeantes UYM VMWUYIRX HI KlGLIV P´IRZMI H´EGLIXIV IX HI WI HMZIVXMV - ou alors les traiter sur un mode caricatural ou confus. Sont concernés : les mouvements squat ou féministes, les collectifs de soutien aux détenu-e-s, les collectifs contre la torture ou la répression policière, la situation dans les prisons, les hôpitaux psychiatriques ou les maisons de retraite, les détournements de fonds publics, le commerce d’armes de la France, la destination ½REPI HI P´EMHI TYFPMUYI JVERpEMWI EY HqZIPSTTIQIRX la situation des droits de l’homme dans les pays alliés aux grandes puissances occidentales, les conséquences sociales des politiques de la Banque Mondiale, l es nuisances de l’agriculture intensive, la Françafrique, etc. %Y ½REP GIW TVEXMUYIW IRXVEwRIRX YRI YRMJSVQMWEXMSR des informations, quel que soit le grand nombre de titres de presse écrite, de chaînes de télévision ou d’éditeurs de livres.


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source : Stratégies, 10/02/2005

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INF RM )RUYsXIV VIGSYTIV IX ZqVM½IV HIW MRJSVQEXMSRW Le journalisme d’investigation nécessite du temps et de l’argent. Dans une logique capitaliste, il est plus rentable de privilégier l’information ‘’clé en main’’, mobilisant moins de journalistes. Cette situation privilégie :

0IW KVSYTIW GETEFPIW HI VqEPMWIV HIW HSWWMIVW HI TVIWWI ou des sujets prêt-à- diffuser, car disposant de cabinets de communication aux budgets parfois colossaux : multinationales, institutions publiques ou privées, l obbys, etc. 0IW EKIRGIW HI TVIWWI %Y RMZIEY QSRHMEP XVSMW EKIRGIW fournissent l’essentiel des informations : l’Associated Press (Etats-Unis), Reuters (Angleterre) et l’Agence France Presse (AFP)*. 5YIPUYIW QqHMEW ³´HI VqJqVIRGI´´ HMWTSWERX HI moyens d’enquête : les journaux Le Monde, Le Figaro, Les échos, etc.

De nombreux médias se contentent de puiser dans ce type de sources et de les mettre en forme. Les journaux gratuits grand public constituent sans doute le cas extrême de cette démarche. Ainsi, les journaux 20 minutes et Métro, diffusés ensemble à plus d’un million d’exemplaires, totalisent une centaine de journalistes, contre 100 à 250 journalistes par journal dans des quotidiens comme Libération ou Le Monde, beaucoup moins diffusés. Le succès des journaux gratuits renforce les pires tendances de l’industrie médiatique : une information simpliste, consensuelle, commerciale.


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ATIO


ON 0´fXEX E qKEPIQIRX YRI MRžYIRGI WYV P´%*4 TVMRGMTEPI source française d’informations, et le Conseil SupĂŠrieur de l’Audiovisuel (CSA), organisme de contrĂ´le des mĂŠdias. Bien que l’AFP soit thĂŠoriquement indĂŠpendante des pouvoirs publics, l’État français constitue sa principale source de revenu et peut faire des pressions sur les nominations. MĂŞme situation pour le CSA, dont les 9 membres sont nommĂŠs par le SĂŠnat, l’AssemblĂŠe nationale et le prĂŠsident de la RĂŠpublique. Actuellement, les 9 membres appartiennent Ă l’UMP : Dominique Baudis (maire de Toulouse), Sylvie Genevoix (ex responsable Ă Madame Figaro*), Marie-Laure Denis (ex cabinet du maire de Paris Jean TibĂŠri), Agnès Vincent (rĂŠalisatrice pour France 3 de l’Êlogieux documentaire Bernadette Chirac, première dame de France), etc.** )R½R P´)XEX FPSUYI P´EGGrW k GIVXEMRIW MRJSVQEXMSRW documents classĂŠs secret- dĂŠfense, archives non publiques, zones interdites... Est ĂŠgalement dĂŠnoncĂŠ PI ½GLEKI HIW NSYVREPMWXIW TEV PIW WIVZMGIW WIGVIXW On trouve notamment dans les mĂŠmoires d’anciens des services, comme Yves Bonnet, des explications sur la nĂŠcessitĂŠ de ÂŤ ÂŤsĂŠlectionnerÂť quelques relais ½EFPIW IX VIGSRRYW TSYV HMJJYWIV EY FSR QSQIRX les informations qui conviennent. C’est une sorte de ÂŤjournalisme sur commandeÂť. [...] Le journaliste HI GSR½ERGI ? A TSYV TVM\ HI WE FMIRZIMPPERGI VIGYIMPPIVE HIW GSR½HIRGIW UYM HIZMIRHVSRX des ÂŤscoopsÂť Âť. Et de citer quelques interlocuteurs ‘’sympathiques’’ (qui contesteront sans doute) : Pierre PĂŠan, Charles Villeneuve, Edwy Plenel, etc.*** De lĂ Ă voir dans les relations opaques de l’Etat et des mĂŠdias l’une des raisons pour lesquelles certains ouvrages hautement subversifs ont subi une censure mĂŠdiatique, tels Affaires atomiques de Dominique Lorentz ou La Françafrique de François-Xavier Verschave, il n’y a qu’un pas.**** Serge Dassault est le dirigeant du groupe Dassault, prĂŠsent dans l’aĂŠronautique civile et militaire, la fabrication de logiciels, l’immobilier et les mĂŠdias. En 2004, Dassault a rachetĂŠ le groupe Socpresse, devenant ainsi le n°1 de la presse ĂŠcrite en France, puis revendant en 2005 la plupart de ses journaux rĂŠgionaux. Serge Dassault est ĂŠgalement sĂŠnateur depuis 2004, ĂŠlu maire de Corbeil Essonnes en 1995 EZIG PIW ZSM\ HY *VSRX 2EXMSREP IX IR½R PE XVSMWMrQI fortune de France (10 milliards d’euros en 2003).

*Auteure en 2003 de La prochaine fois, je le tue !, livre vengeur contre un jeune qui lui a volĂŠ son sac Ă main dans la rue. **GJ '5*( R„ SGXSFVI 7YV PI QERUYI H´MRHqTIRHERGI HI P´%*4 IX HY '7% GJ [[[ EGVMQIH SVK *** Contre-espionnage, MĂŠmoires d’un patron de la DST,Yves Bonnet, Calmann-LĂŠvy, 2000. Lire ĂŠgalement d’autresmĂŠmoires d’anciens des services secrets. Par exemple : MĂŠmoires de l’ombre, Un homme dans les secrets de l’Etat, Pierre Marion, Flammarion, 1999 ou Au coeur du secret, 1500 jours aux commandes de la DGSE, Claude Silberzahn, Fayard, 1995 . **** franchi dans le texte Françafrique, les mĂŠdias complices ?, FX Verschave, disponible sur le site des rens. genereux.

L’État français peut ĂŞtre considĂŠrĂŠ comme un quatrième facteur structurel de l’industrie mĂŠdiatique. Au niveau national, plusieurs chaĂŽnes de tĂŠlĂŠvision et de radio lui appartiennent. Leurs dirigeants sont gĂŠnĂŠralement nommĂŠs sur des critères politiques. Ainsi, l’actuel PDG de France TĂŠlĂŠvision, Patrick de Carolis, est un proche de Jacques Chirac.Tout comme l’actuel PDG de Radio France, Jean- Paul Cluzel, est un intime d’Alain JuppĂŠ et proche de Nicolas Sarkozy (il ne cache d’ailleurs pas ses ÂŤ idĂŠes de droite, catholiques et libĂŠrales Âť). Au niveau local, les mairies, communautĂŠs de communes, conseils gĂŠnĂŠraux et rĂŠgionaux possèdent de nombreux journaux d’informations. Ils exercent HI TPYW YRI MRžYIRGI WYV PIW QqHMEW PSGEY\ par les subventions qu’ils leur allouent.


LES IDÉES SAINES DE SERGE DASSAULT

INTERLUDE :

MÉ OCR


sources : Almanach critique des médias, Les arènes, 2005

ÉDIO RE. A propos de son rachat du groupe Socpresse, Serge Dassault a déclaré qu’il devait « avoir un journal ou un hebdomadaire pour exprimer son opinion [...]. J’en ai assez de me faire insulter dans un certain nombre de journaux parce qu’il y a des gens qui sont incompétents et qui ne connaissent pas les vrais problèmes. Donc, je veux pouvoir répondre. Je souhaite peut-être un jour faire un journal libéral » (LCI, 21/11/1997) Lors de son rachat du journal Le Figaro, Serge Dassault commentait : « J’ai changé de directeur, j’ai changé la direction, j’ai changé le rédacteur en chef. Donc tout va bien... [Mais] c’est pas terminé, parce que là aussi il faut changer les choses. [...] Il faut que [Le Figaro] soit plus agressif. Il faut qu’on parle de libéralisme, il faut qu’on parle HI ¾I\MFMPMXq -P JEYX UY´MP HMWI P´qXEX H´IWTVMX UYM est à gauche. [...] Mais si on n’est pas ultralibéral, si on n’est pas libéral on ne crée pas d’emplois, et si on ne crée pas d’emplois il y a des chômeurs, et s’il y a des chômeurs c’est la pauvreté. » (RTL, 29/11/2004) Cette référence au libéralisme ne manque pas de saveur quand on connaît la dépendance du groupe Dassault vis-à- vis des marchés publics, notamment en matière d’armement. Rien qu’en 2004, le gouvernement de Jacques Chirac a signé pour plus de 3 milliards d’euros de contrat avec Dassault. Terminons ce petit interlude par cet extrait d’un interview donné à France Inter, le 10/12/2004 :

- Serge Dassault : « C’est quoi des idées saines ? Ben c’est les idées qui font que ça marche. Euh, vous savez, par exemple, les idées de gauche sont des idées pas saines. Aujourd’hui, nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche qui continuent... » - Pierre Weill : « Nous sommes en train de crever ? »

- SD : « Ben oui, oui, on y va tout droit : faut pas travailler, euh, il faut pas gagner beaucoup d’argent, faut partir en vacances... et après ? Eh ben on fabrique plus de produits qui se vendent, ils sont trop chers... » - PW : « Mais vous prenez des vacances, vous.Vous gagnez de l’argent. »

- SD : « Oh, j’en prends assez peu, j’en prends assez peu. Le problème, c’est pas moi. Moi, vous savez, je travaille 70 heures ou plus par semaine, alors j’en suis loin des 35 heures. Euh... quand je dis des idées pas saines, c’est des idées qui trompent le monde... en leur disant, en leur trompant la vérité (sic). Qu’est-ce que c’est que la vérité ? La vérité, c’est la vie. Et la vie, c’est ce qui marche. »


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Si nous abordons la question du journalisme après avoir décrit quelques facteurs structurels de l’industrie médiatique, c’est qu’il nous semblait important de dresser au préalable le ‘’décor’’ dans lequel évoluent les ‘’professionnel-le-s de l’information’’. Il est ainsi plus aisé de comprendre pourquoi nous mettons sérieusement en cause les grands mythes du journalisme, l’indépendance ou l’intérêt général alors que les médias sont aux mains de multinationales ; l’exigence de vérité alors que l’information est au service d’une logique commerciale ; la neutralité alors que s’accumulent les preuves de la complaisance de l’industrie médiatique envers l’ordre établi*. Mais pour mieux expliquer notre Hq½ERGI ZMW k ZMW HY QMPMIY NSYVREPMWXMUYI VqWYQSRW quelques éléments de sa sociologie.**

* Le parti pris des médias concernant le référendum de mai 2005 pour la constitution européenne constitue sans doute le dernier grand exemple en date. Cf Almanach critique des médias, déjà cité.. ** Inspirés des ouvrages Journalistes précaires, Alain Accardo, Le mascaret, ; Sociologie du journalisme, Eric Neveu.

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Les 35 000 journalistes français-es ne constituent pas un groupe social homogène. Entre un-e présentateur/rice de Journal Télévisé, un-e journaliste de la presse régionale, un-e pigiste de magazine ou un-e éditorialiste renommé-e, les points communs sont faibles, excepté peut-être le milieu social. La grande majorité des journalistes appartient en effet aux couches sociales moyennes et supérieures. Ils/elles sont en général très diplômé-e-s (bac + 5, école de journalisme, Sciences Po ou Université). La sélection sociale à l’entrée de la profession est forte. Un autre point commun de la majorité des journalistes est leur idéologie : « Pour résumer leur croyance fondamentale, on pourrait dire qu’ils croient WMRGrVIQIRX EY FMPER ½REPIQIRX TSWMXMJ H´YR GETMXEPMWQI à visage humain, et ils croient que cette croyance n’a rien d’idéologique ni de dépassé. Ils voient bien, par exemple, les innombrables manifestations d’inhumanité de l’ordre capitaliste partout où il a libre cours ; mais ils se refusent à y voir un trait consubstantiel, inhérent à l’essence même du capitalisme, pour en faire un simple accident. Ils parlent de ‘’dysfonctionnements’’, de ‘’dérives’’, de ‘’bavures’’, de ‘’brebis galeuses’’, condamnables certes, mais qui ne compromettent pas le principe même du système qu’ils sont spontanément enclins à défendre. »

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OCIA Au-delà de ces points communs, le milieu journalistique est très contrasté, marqué par une opposition entre :

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qui rassemble les responsables de l’industrie médiatique, éditorialistes, présentateurs et journalistes renommés. Ils sont généralement sélectionnés par les propriétaires des journaux et partagent avec les milieux économiques et politiques non seulement des intérêts communs**, mais surtout l’idéologie dominante. Les journalistes PIW TPYW MR¾YIRXW WSRX SYZIVXIQIRX JEZSVEFPIW aux guerres des puissances occidentales, à la croissance, aux privatisations, aux choix politiques du pouvoir IR TPEGI § 0IW ½RERGMIVW IX PIW QEVGLERHW UYM SRX JEMX main basse sur l’essentiel des médias n’ont pas besoin de dicter aux journalistes ce qu’ils ont à dire ou à montrer. Ils n’ont pas besoin de violenter leur conscience ni de les transformer en propagandistes. Une fois les postes supérieurs d’encadrement occupés TEV HIW TVSJIWWMSRRIPW MHqSPSKMUYIQIRX ½EFPIW il n’y a plus qu’à laisser jouer le mécanisme de la cooptation, qui assure, là comme ailleurs, un recrutement évitant, dans la plupart des cas, de faire entrer des renards au poulailler et des hérétiques à la messe. [...] Ainsi les médias sont-ils solidement tenus IR QEMR TEV YR VqWIEY k UYM MP WYJ½X HI XVEZEMPPIV ³´GSQQI il sent’’ pour travailler ‘’comme il doit’’, c’est-à-dire pour défendre les normes et les valeurs du modèle dominant ».*

% mf] eYkk] \] bgmjfYdakl]k \] hdmk ]f hdmk hj­[Yaj]k$ employé-e-s pour produire de l’information le plus vite et le moins cher possible, souvent sous- payé-e-s et pigistes. Leur travail est en général routinier, peu créatif, marqué par la compétition interne et le carriérisme. Les contraintes de temps qui pèsent sur eux/elles sont favorables au recyclage de pensées toutes faites, de préjugés, de lieux communs. Cette situation est renforcée par le conformisme des écoles de journalisme.***


RÉSISTE

*Alain Accardo, Derrière la subjectivité des journalistes, Monde Diplomatique, mai 2000. **La présentratice Claire Chazal (TF1) est proche du ministre de la culture Donnedieu de Vabres (UMP) ; la présentratice Béatrice Schönberg (France 2) est l’épouse de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Emploi (UMP) ; Alain Minc, président du conseil de surveillance du journal Le Monde, est un proche du ministre HI P´MRXqVMIYV 2MGSPEW 7EVOS^] 914 'I HIVRMIV E H´EMPPIYVW EJ½VQq IR § .´EM XSYW PIW patrons de presse avec moi » (cité par Le Canard Enchaîné, 18/05/05). On pourrait également citer les liens entre Bernard Kouchner et Christine Ockrent, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair, etc. Pour de nombreux autres exemples, cf. Les nouveaux chiens de garde, Serge Halimi, déjà cité. ***GJ 0IW TIXMXW WSPHEXW HY NSYVREPMWQI *VERpSMW 6YJ½R 0IW EVrRIW

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D= EQL@= DE LA NEUTRALITÉ

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0E QMWI IR TEKI H´YRI MRJSVQEXMSR MR¾YIRGI l’importance qui lui sera accordée : son emplacement dans le journal (les premières pages et les pages impaires sont les pages privilégiées), sa position dans la page (les angles supérieurs, surtout ceux de droite, constituent la meilleure position), la taille de l’article, la rubrique où l’information apparaît (la meilleure rubrique étant l’éditorial), le choix de la photo associée. L’environnement où l’information apparaît (les articles qui l’entourent, avec leurs titres et photos) peut également devenir un mécanisme très subtil jouant sur l’association plus ou moins consciente d’idées.

% D] ng[YZmdYaj] Le vocabulaire utilisé est d’une grande importance. Certains termes permettent d’imprégner une information d’une connotation positive (développement, progrès, croissance, démocratie, liberté, Europe, modéré, emploi) ou négative (radical, illégal, anarchiste, fondamentaliste, protectionniste, violent). Par exemple, pour présenter les privatisations sous un jour favorable, on parlera de compétitivité ou de croissance. D’une manière générale, l’idéologie capitaliste qui domine l’industrie médiatique se traduit TEV P´IQTPSM H´YR ZSGEFYPEMVI WTqGM½UYI %MRWM GIVXEMRW termes tendent à être remplacés par d’autres : grève par arrêt de travail ; armée par forces de sécurité ; autorités par gouvernance ; chômeurs par demandeurs d’emploi ; opprimés par exclus ; peuple par consommateurs, usagers, électeurs ou contribuables ; patron par entrepreneur ; travailleurs par ressources humaines, etc.** Pour toutes ces raisons, et même si ces mécanismes sont généralement utilisés par les journalistes de manière inconsciente, une information est toujours une construction idéologique. « Tout l’art de la propagande et de la manipulation est de donner l’apparence de la neutralité tout en privilégiant un des camps en présence. »***

*Pour un exposé clair et précis de ces facteurs, cf.Techniques de désinformation, manuel pour une lecture critique de la presse, brochure disponible sur http://infokiosques.net. Sur la manipulation, lire aussi Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Normand Baillargeon, Agone, 2006 ; La soumission à l’autorité, Stanley Milgram, Calmann-Lévy, 1994 ; De l’idéologie aujourd’hui, François Brune, Parangon, 2005. **4SYV YR TERSVEQE HI GIXXI ³´RSZPERKYI´´ GJ 056 PE TVSTEKERHI HY UYSXMHMIR )VMG ,E^ER 6EMWSRW H´EKMV ***Alain Accardo, Le Monde Diplomatique, déjà cité.

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Les journalistes se présentent souvent comme TSPMXMUYIQIRX RIYXVIW 'IXXI MQTSWXYVI IWX ¾EKVERXI WM P´SR I\EQMRI PE TVSTVMqXq IX PE ½REPMXq HI P´MRHYWXVMI médiatique. Nous avons par exemple décrit dans les pages précédentes combien le choix des informations est structuré par une logique commerciale qui privilégie une vision évenementialiste, spectaculaire et consensuelle de la réalité. D’une manière plus générale, l’esprit HI XSYX sXVI LYQEMR IWX JSVXIQIRX MR¾YIRGq par son histoire personnelle, sa position sociale, le fait d’être homme ou femme, blanc, noir SY EWMEXMUYI IXG )R½R YRI MRJSVQEXMSR R´IWX NEQEMW neutre, ne serait-ce que par le choix de sa présentation, c’est-à-dire de tous les facteurs qui inf luencent la perception d’une information, privilégiant certaines nouvelles et en marginalisant d’autres. Citons quelques-uns de ces facteurs dans le cas de la presse écrite* :


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Les informations que nous recevons façonnent nos imaginaires, nos représentations du monde, nos désirs.Voici quelques-uns des effets politiques de l’industrie médiatique :

4IRWIV RqGIWWMXI HY XIQTW IX HY GEPQI -P WYJ½X H´EPPYQIV la télévision pour constater la rapidité d’enchaînement des images et du son. Le cinéaste Peter Watkins a nommé ce style de structure narrative la §QSRSJSVQI¨ GIXXI § QERMrVI HI HqGSYTIV PIW ½PQW IR minuscules petits bouts : cut cut cut toutes les 3 à 5 cinq secondes avec un bombardement incessant de sons, une caméra en perpétuel mouvement. Cette chose, la monoforme, est devenue LE format obligé structurant XSYW PIW ½PQW XqPq IX UYEWMQIRX P´IRWIQFPI de la production du cinéma commercial. Cut, mouvement, secousse, Bing, Bang, cut, cut, cut. Et le montage est de plus en plus rapide, c’est presque comme les clips sur MTV.Vous êtes entraînés à travers cette structure narrative mono- linéaire par ce formatage frénétique et manipulateur [...] Les coupures (à peu près toutes les trois secondes) maintiennent le suspense, et empêchent l’installation H´IWTEGIW HI Vq¾I\MSR ¨*. A ce titre, le jounal télévisé constitue une caricature. Comment approfondir les informations présentées quand plus de vingt sujets sont traités en trente minutes ? L’impératif de concision et de sensation sont favorables à la pensée stéréotypée, aux lieux communs, aux pulsions plutôt qu’à la pensée critique.

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Les catastrophes, les guerres, les attentats, les massacres et les faits divers sanglants constituent des sujets de prédilection pour l’industrie médiatique. Ces évènements sont généralement présentés sous un jour arbitraire et imprévisible. Leurs causes sont peu explicitées, l’information étant focalisée sur son caractère spectaculaire. Cette situation alimente le fatalisme de la population. Convaincue que ses gestes quotidiens auront peu d’impact, elle ne voit pas comment elle pourrait, à son niveau, changer le cours des choses. A moins d’espérer un régime politique autoritaire et sécuritaire, thème de prédilection des campagnes électorales depuis 15 ans.

*Peter Watkins, cinéaste engagé (Punishment Park, La Commune, La bombe...), Entretien sur la monoforme, texte disponible sur le site des renseignements généreux.

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RÉIN % D] j]f^gj[]e]fl \] d gj\j] ­lYZda ]l \] kgf a\­gdg_a] Tout cela à travers l’apologie du capitalisme, du progrès technique, du bonheur individuel par la consommation. Les alternatives sont marginalisées ou occultées. La vie politique est réduite aux querelles des partis et aux élections. Si la masse d’informations quotidiennes donne à la population l’illusion d’une participation collective, elle renforce en réalité sa passivité. La communication de masse est conçue à sens unique, du producteur vers le spectateur. Les médias nous parlent, mais nous ne pouvons pas répondre.

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« Que savoure-t-on exactement dans la consommation d’évènements ? Souvent ces mêmes émotions troubles UYI P´SR VIGLIVGLI HERW PIW ½GXMSRW PE GEXEWXVSTLI (qui m’épargne), la révolte (qui m’honore), la grandeur

HY LqVSW IQFPqQEXMUYI EYUYIP NI Q´MHIRXM½I le suspense (qui va gagner la guerre d’Irak ?), PE GSQTEWWMSR TVSZMWSMVI PI WEHMWQI UYM QI ¾EXXI et que je dénonce aussitôt), bref tout un imaginaire lié à une complaisante dégustation de soi. »*

Ajoutons à ces effets le mélange incohérent des informations (en quelques secondes, des sujets graves -guerres, catastrophes...- font place à des sujets HMZIVXMWWERXW XIRRMW ½PQW IX RSYW EFSYXMWWSRW EY k PE téléspectateur/rice d’aujourd’hui : distrait-e, conformiste, fataliste, propagateur/rice quotidien-ne de ce que *VERpSMW &VYRI UYEPM½I HI § TIRWqI ERSR]QI ¨ Chacun-e se fait le relais, dans ses discussions quotidiennes, des informations reçues la veille, la plupart du temps déconnectées de son quotidien.**


*Ces évènements qui n’existent pas, déjà cité. Sur le narcissisme, cf. également La culture du narcissisme, brochure des renseignements généreux. **cf. Les médias pensent comme moi, François Brune, L’Harmattan, 1996.

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IV. MÉDIAS ET MILITANTISME

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TON La médiatisation exerce une fascination indéniable, notamment sur les mouvements contestataires naissants. Une tribune médiatique nourrit l’espoir d’informer une large partie de la population, susceptible par la suite de rejoindre le mouvement. C’est également la perspective de s’adresser à des groupes sociaux apparemment peu réceptifs aux autres formes H´MRXIVTIPPEXMSR TSPMXMUYI VqYRMSRW TYFPMUYIW EJ½GLIW tracts, presse alternative...). Cependant, peut-on se servir des grands moyens de communication sans s’y asservir ? Jouer le jeu de l’industrie médiatique, c’est en effet accepter :

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Utilisant l’information comme un ‘’produit d’appel’’, l’industrie médiatique cherche à faire d’un mouvement social un spectacle ‘’vendeur’’ : mises en scène, slogans, images chocs... Corollaire de cette spectacularisation, les explications sur les causes et les objectifs des luttes sociales sont généralement simplistes. Reportages courts, citations tronquées, amalgames grossiers et analyses à l’emporte-pièce constituent souvent le lot commun du traitement médiatique de la contestation. Et ce d’autant plus qu’il est quasiment impossible pour un mouvement social de maîtriser la manière dont leurs prises de parole et leurs actions seront reprises par les médias.

% dY h]jkgffaÚ[Ylagf& Les médias dominants se focalisent systématiquement sur les leaders et les représentant-e-s de la contestation. Pour peu que ces dernier- e- s soient télégéniques, ils/ elles sont invité-e-s dans des émissions où leur vie personnelle (parcours, goûts...) sera davantage questionnée que les objectifs et la pensée des mouvements collectifs qu’ils/elles sont censé-e-s représenter. Cette tendance à occulter la dimension collective des mouvements ne fait que renforcer la dépolitisation de la population, la politique étant réduite à un affrontement entre des personnalités contrastées.

*Toutes ces analyses sont extraites de deux textes : Le comportement des militant-e-s face aux médias de Serge Halimi, et Crédibilité quand tu nous tiens de Sortidserre, tous deux disponibles sur le site des rens. généreux.

Nous avons jusqu’ici décrit l’importance de l’industrie médiatique dans la préservation de l’ordre existant. Dans ces conditions, que peuvent espérer les mouvements de transformation sociale de leur rapport avec les médias ? Quel est l’intérêt politique pour des militant-e-s d’accepter des interviews, des reportages, des émissions de radio ou de télévision ? %½R H´EPMQIRXIV GI ZEWXI HqFEX ZSMGM UYIPUYIW qPqQIRXW HI Vq¾I\MSR *


% dY k­d][lagf& Les journalistes choisissent spontanément des interlocuteur/rices qui leur ressemblent, qui s’expriment avec leurs mots et leurs idées reçues. Conformément à leur idéologie dominante, ils/elles sélectionnent les mouvements qui se montrent disposés à accepter des réformes, surtout si leurs représentant-e-s sont prêt-e-s à en débattre dans une émission. En revanche, les mouvements qui visent une transformation plus profonde de la société (anticapitalistes, révolutionnaires, anarchistes...) WSRX UYEPM½qW H´I\XVqQMWXIW H´MVVIWTSRWEFPIW HI HSY\ rêveurs. Ou, comme la plupart des mouvements sociaux classiques, ils sont peu à peu banalisés et tus.

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% d Ymlg[]fkmj]& Dans l’espoir d’être médiatisé-e-s, les contestataires sont tenté- e-s de choisir une forme d’action non pas en fonction de ses effets attendus sur l’issue HY GSR¾MX QEMW IR MQEKMRERX UY´IPPI MRXqVIWWIVE davantage les journalistes (actions spectaculaires, inédites...). Les actions médiatiques deviennent ainsi des actions pour les médias. Cette dynamique s’accompagne souvent d’efforts pour ne pas ‘’choquer l’opinion publique’’, espérant ainsi être rejoints par le plus grand nombre de personnes possibles. )R½R HERW GIXXI XIRXEXMZI H´EGGqHIV k P´IWTEGI médiatique tout en essayant de conserver une image publique valorisante et d’échapper à l’image stéréotypée véhiculée par les journalistes, les contestataires s’interdisent toute critique radicale de l’industrie médiatique, du rôle des journalistes, etc.

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%Y ½REP IX GI UYIPW UYI WSMIRX PIW IJJSVXW HqTPS]qW les mouvements sociaux sont généralement associés à une image dépréciative qui les présente comme des luttes corporatistes, folkloriques, immatures ou extrêmistes. « Les médias ne sont pas de notre côté. De par leur fonctionnement, leurs présupposés et leurs messages, ils sont toujours plus proches du statu quo que d’une sensibilité au changement social. On peut choisir de les utiliser, à pas de loup et de façon exclusivement stratégique, comme on se saisit d’une partie de l’appareil dominant pour la retourner contre une autre, comme on fait jouer entre elles des rivalités politiciennes, comme on lance un recours en « justice » pour retarder un projet ou une expulsion. Un « coup » médiatique, selon les cas, peut être un moyen de pression très circonstanciel sur les hauts placés, évidemment préoccupés par leur image. Mais attention à ne pas gaspiller trop H´EXXIRXIW IX HI JSVGIW WYV GI XIVVEMR QMRq 1q½ERGI ¨ Reste une autre voie à explorer :

RÉINVENTER LES MÉDIAS

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WILLIAM GRIGSBY

DES MÉDIAS ALTERNATIFS POUR UNE GRANDE CAUSE


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UAN IL « Les médias de communication sont avant tout des entreprises, des corporations, qui cherchent à générer HY TVS½X )X k PE HMJJqVIRGI HY TSYZSMV TSPMXMUYI GIPYM HIW QqHMEW R´IWX TEW WSYQMW k HIW PMQMXIW RM EY\ VrKPIW WXVMGXIW HI XVERWTEVIRGI UYM WSRX I\MKqIW TSYV PIW TSPMXMUYIW -P IWX YVKIRX UYI RSYW GSQTVIRMSRW UYI RSYW HIZSRW sXVI XVrW TVYHIRXW UYERX k PE TVqXIRXMSR HI GIVXEMRW QqHMEW HI W´EVVSKIV PE VITVqWIRXEXMSR HI P´MRXqVsX TYFPMG IX HI WI WYFWXMXYIV HERW GIXXI JSRGXMSR EY\ VITVqWIRXERXW HqQSGVEXMUYIQIRX qPYW ¨

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LE FACTEUR PEUR

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USE (ITYMW UYI PE WSGMqXq IWX HMZMWqI IR GPEWWIW WSGMEPIW PI TVMRGMTEP JEGXIYV HI HSQMREXMSR HIW YRIW WYV PIW EYXVIW E XSYNSYVW qXq PE TIYV 0I TW]GLMEXVI IX qGVMZEMR EVKIRXMR 4EGLS 3´(SRRIP HERW WSR PMZVI § 0E WSGMIHEH HI PSW QIHMSW ¨ HqGVMX GI WIRXMQIRX UYM TEVEP]WI IX VqHYMX PIW QqGERMWQIW LYQEMRW HI HqJIRWI REXYVIPPI GSQQI § PI TPYW TYMWWERX HIW QqGERMWQIW TSYV MR¾YIV WYV PE GSRHYMXI HIW TIVWSRRIW 4SYV GIPE PIW TIYVW WSRX JEFVMUYqIW EY JYV IX k QIWYVI HIW RqGIWWMXqW TSPMXMUYIW IX qGSRSQMUYIW HIW qPMXIW UYM KSYZIVRIRX 0E TIYV HI PE QSVX IWX PE FEWI HI XSYXIW PIW EYXVIW 1EMW MP ] IR E H´EYXVIW )X IPPIW WIQFPIRX PMqIW PIW YRIW EY\ EYXVIW )PPIW HqTIRHIRX PIW YRIW HIW EYXVIW IX WI VIRJSVGIRX P´YRI P´EYXVI PE TIYV H´sXVI HMJJqVIRX HI TIVHVI GI UYI P´SR E HY JYXYV HI RI TEW sXVI EMQq HI P´qGLIG HI PE WSYJJVERGI HI PE JSPMI HI P´MRWqGYVMXq YVFEMRI HI PE ZMIMPPIWWI HI PE WSPMXYHI ¨

3´(SRRIP EJ½VQI UYI PI JEGXIYV TIYV E WEMWM TVEXMUYIQIRX XSYXI PE TPERrXI HITYMW P´LqKqQSRMI HI P´MQTqVMEPMWQI RSVH EQqVMGEMR IX HI WIW EJ½PMqW § IX PI HqZIPSTpement des techniques modernes de communication QEWWMZI UYM SRX TIVQMW H´MR½PXVIV PIW qPqQIRXW HY GSGOXEMP § QIREGIW IX HERKIVW ¨ HERW GLEUYI JS]IV HY QSRHI 0E KVMTTI % GSQQI XERX H´EYXVIW § QIREGIW ¨ JEMX TEVXMI HI GI TERIP HI TIYVW JEFVMUYqIW HI JEpSR MRHYWXVMIPPI HI JEpSR W]WXqQEXMUYI TEV PIW QEwXVIW HY QSRHI ¨ 8SPIHERS WI HIQERHI § 5YIP GSRXVI TSYZSMV MRJSVQEXMJ TIYX KEVERXMV PE UYEPMXq IX PE ZqVEGMXq HIW MRJSVQEXMSRW HMJJYWqIW WM GIY\ IR UYM RSYW EZSRW HqTSWq RSXVI GSR½ERGI QIRXIRX # ¨ 0qRMRI GVS]EMX UYI PE TVIWWI WSGMEPMWXI HIZEMX sXVI § YR QS]IR H´qHYGEXMSR IX HI GSLqWMSR IRXVI PIW GPEWWIW VqIPPIQIRX EZERGqIW ¨ IX UYI § UYERH PIW QEWWIW GSRREMWWIRX XSYX IPPIW TIYZIRX qQIXXVI HIW NYKIQIRXW WYV XSYX IX WI VqWSYHVI GSRWGMIQQIRX k XSYX ¨ 0´YVYKYE]S ZqRq^YqPMIR %VEQ %LSVSRMER YR HIW JSRHEXIYVW HI XIPI796 QIX IR KEVHI GITIRHERX GSRXVI YR HIW TPYW KVEZIW HERKIVW HIW QqHMEW EPXIVREXMJW § MP RI WIVX k VMIR H´EZSMV HI RSYZIEY\ QqHMEW HI RSYZIPPIW XqPqW WM RSYW R´EZSRW TEW HI RSYZIEY\ GSRXIRYW WM RSYW GSRXMRYSRW k GSTMIV PIW JSVQIW HSQMRERXIW -P RI WIVX k VMIR H´EZSMV HI RSYZIEY\ QqHMEW WM RSYW RI GVS]SRW TEW k PE RqGIWWMXq HI RSYW ZSMV EZIG RSW TVSTVIW ]IY\ 4EVGI UYI PERGIV HIW QqHMEW RSYZIEY\ TSYV VqTqXIV PI QIWWEKI HI P´IRRIQM G´IWX sXVI GSQTPMGI HI P´IRRIQM ¨


CRÉDIBILITÉ COMPROMIS CRITIQUE

BEA COU


AUC UP %Y 2MGEVEKYE PIW QqHMEW EPXIVREXMJW EY TSYZSMV GSVTSVEXMJ SRX ERW H´LMWXSMVI MPW WSRX PI JVYMX HI PE 6qZSPYXMSR &MIR UYI HERW PE TVIWWI qGVMXI UYSXMHMIRRI RI WYFWMWXI TPYW EYGYR SVKERI WERHMRMWXI HIW HM^EMRIW HI VEHMSW HI XSYXIW TYMWWERGIW IX HI XSYW PIW QMPMIY\ WSYW HMZIVW VqKMQIW HI TVSTVMqXq TIYTPIRX PI WTIGXVI VEHMSTLSRMUYI IX W´IJJSVGIRX GLEUYI NSYV H´STqVIV HITYMW P´MHqSPSKMI WERHMRMWXI GSQQI TSVXI ZSM\ EYXLIRXMUYIW HIW GMXS]IRW -P I\MWXI EYWWM FIEYGSYT HI TIXMXW GEREY\ HI XqPqZMWMSR TE]ERXI GlFPI IX PI W]WXrQI MRJSVQEXMJ 1YPXMZMWMSR UYM qQIX ZME PI GEREP HI PE XqPqZMWMSR SYZIVXI IX E YRI GSYZIVXYVI REXMSREPI

% PE HMJJqVIRGI HI GI UYM WI TEWWI HERW H´EYXVIW VqEPMXqW HY 2SVH SY HY 7YH EY 2MGEVEKYE PIW QqHMEW EPXIVREXMJW S PE QENSVMXq IWX WERHMRMWXI WI WSRX PERGqW HERW PE FEXEMPPI TSYV GSRUYqVMV P´LqKqQSRMI TEVQM PIW GMXS]IRW sXVI PIW TPYW qGSYXqW PIW TPYW ZYW IX HERW FIEYGSYT HI GEW MPW ] WSRX TEVZIRYW 1EMW P´MR¾YIRGI WYV P´STMRMSR TYFPMUYI TVMZEXMWqI TEV PIW SPMKSTSPIW QqHMEXMUYIW SY PE HMZYPKEXMSR HI JEMXW MRJSVQEXMJW RI WI GSRWXVYMX TEW WIYPIQIRX EZIG PI PIEHIVWLMT HI P´EYHMIRGI QEMW EZIG PE GVqHMFMPMXq PEUYIPPI TVSZMIRX HI PE GSR½ERGI P´EZMW UYM WYVKMX HI PE GSRREMWWERGI IX SJJVI PE TSWWMFMPMXq H´I\IVGIV PE GVMXMUYI IX P´EREP]WI TSYV VIRJSVGIV PIW TVSGIWWYW TSPMXMUYIW HI GLERKIQIRX UYERH WSRX ETTPMUYqIW PIW XIGLRMUYIW MRLqVIRXIW EZIG YRI UYEPMXq IX YRI HI\XqVMXq WYJ½WERXI GSLqVIRGI IRXVI GI UY´MPW HMWIRX IX GI UY´MPW JSRX k YR RMZIEY TIVWSRRIP GSQQI NSYVREPMWXIW IX GSQQI QS]IR HI GSQQYRMGEXMSR ETTVSGLI GSRWqUYIRXI TSYV GSRJVSRXIV GI UYM IWX TVsGLq EZIG PIW JEMXW XIPW UYI HqQSRXVqW IX IRKEKIQIRX ZSPSRXEMVI IX I\TPMGMXI EZIG PIW GEYWIW UY´MPW HqJIRHIRX EZIG PIW GMXS]IRW EZIG PIWUYIPW MPW ZMZIRX P´LYQERMXq HI PEUYIPPI RSYW WSQQIW YRI TEVXMI IX HI PE TPERrXI WYV PEUYIPPI RSYW LEFMXSRW


DE ENS a) Engagement

0I NSYVREPMWQI MQTPMUYI P´IRKEKIQIRX IX RSR PI GSRXVEMVI 'I HSRX MP IWX UYIWXMSR G´IWX HI Hq½RMV EZIG UYM IX XVEZEMPPIV IR GSRWqUYIRGI 'IY\ UYM XVEZEMPPIRX TSYV YR QqHME GSVTSVEXMJ WSRX IRKEKqW UY´MPW IR WSMIRX GSRWGMIRXW SY RSR IRZIVW PIW MRXqVsXW HI PIYVW TEXVSRW -PW TIYZIRX sXVI WYV PE QsQI PSRKYIYV H´SRHI UY´IY\ SY WMQTPIQIRX sXVI PIYVW SYZVMIVW EPMqRqW SY QEVMSRRIXXIW 'IY\ UYM XVEZEMPPIRX TSYV YR QqHME HI GSQQYRMGEXMSR EPXIVREXMJ EWWYQIRX GSRWGMIQQIRX GSQQI PIYV qXERX TVSTVI YR IRKEKIQIRX EZIG PIW SFNIGXMJW HY QqHME IX WI QIXXIRX EY WIVZMGI HI PIYV TYFPMG 0IW YRW IX PIW EYXVIW I\IVGIRX YRI GSQQYRMGEXMSR WSGMEPI HITYMW YRI TSWMXMSR HI GPEWWI 0IW YRW YXMPMWIRX PI HqKYMWIQIRX TEXVSREP HI § P´SFNIGXMZMXq ¨ § P´MQTEVXMEPMXq ¨ § P´ETSPMXMUYI ¨ IX § PI RSR PMq EY\ TEVXMW ¨ 0IW EYXVIW EWWYQIRX EZIG WMRGqVMXq PIYV V|PI HI XVEZEMPPIYVW MHqSPSKMUYIW EY WIVZMGI HIW GPEWWIW TEYZVIW IX STTVMQqIW HITYMW HIW WMrGPIW TEV PI GETMXEPMWQI IX PI GSPSRMEPMWQI GYPXYVIP 0I NSYVREPMWXI GLMPMIR 'EQMPS 8EY½G HERW WE QSRYQIRXEPI SIYZVI § 4IVMSHMWQS ] 0YGLE HI GPEWIW ¨ WSYXMIRX UYI § GI UYM HqXIVQMRI P´IWWIRGI HI PE GSQQYRMGEXMSR LYQEMRI MRHMZMHYIPPI IX GSPPIGXMZI IWX P´MRXIRXMSR HI P´qQIXXIYV IX PIW GEVEGXqVMWXMUYIW HY VqGITXIYV EYUYIP MP W´EHVIWWI WSR MRXIRXMSR WIVE HMJJqVIRXI W´MP W´EHVIWWI k HIW EQMW SY k HIW IRRIQMW WIPSR UY´MP WI TVSNIXXI LSVM^SRXEPIQIRX ZIVW WE TVSTVI GPEWWI SY ZIVXMGEPIQIRX ZIVW PIW EYXVIW GPEWWIW HI PE WSGMqXq 1EMW IR XSYX GEW NEQEMW PE GSQQYRMGEXMSR RI ¾SXXI § IRXVI GMIP IX XIVVI ¨ MRHqTIRHERXI HI GIY\ UYM ] TEVXMGMTIRX HI WIW MRXqVsXW HI WSR MHqSPSKMI 7IPSR GIXXI TIVWTIGXMZI PE GSQQYRMGEXMSR WI VqZrPI sXVI YRI JSVGI UYM TIYX EYWWM FMIR WIVZMV k PE PMFqVEXMSR HI P´LSQQI UY´k WSR STTVIWWMSR IX HERW PIW JEMXW PE VqZSPYXMSR GSRXIQTSVEMRI HIW modes de communication, dans de vastes régions du QSRHI R´E TEW WIVZM k PE VqZSPYXMSR QEMW k PE VqEGXMSR 'I RI WSRX HSRG TEW PIW MRWXVYQIRXW UYM GLERKIVSRX PE REXYVI HI P´MRJSVQEXMSR GSPPIGXMZI QEMW PIW TIVWSRRIW 4SYV TIVJIGXMSRRIV SY WMQTPIQIRX EWWEMRMV PE GSQQYRMGEXMSR HI QEWWI MP JEYX GSQQIRGIV TEV XVERWJSVQIV PE WSGMqXq ¨ 8EY½G VENSYXI UY´ § IR MRJSVQERX IX IR HSRRERX WSR MRXIVTVqXEXMSR IX WSR STMRMSR WYV PIW RSYZIPPIW PI NSYVREPMWQI IWX IR QsQI XIQTW YRI JSVGI TSPMXMUYI EGXMZI YR MRWXVYQIRX HI PYXXI HIW GPEWWIW UYM EKMX EY WIMR QsQI HI PE WSGMqXq -P MR¾YIRGI HMVIGXIQIRX PE VqEPMXq UYSXMHMIRRI GSRXVMFYERX k SVKERMWIV PI QSRHI QEXqVMIP WIPSR PIW GSRXIRYW HI GPEWWI UY´MP XVERWQIX IX NYWUY´EY TSMRX S GIY\ GM VIRGSRXVIRX YRI VqWMWXERGI WYJ½WERXI TSYV sXVI ERRYPqW '´IWX YRI EVQI TYMWWERXI VIGSYZIVXI TEV YR GEQSY¾EKI H´ § MRHqTIRHERGI ¨ UYERH MP WIVX PIW GETMXEPMWXIW SY YR EGXIYV k HqGSYZIVX UYM TVSGPEQI WSR GEVEGXrVI HI GPEWWI PSVWUY´MP WIVX PIW XVEZEMPPIYVW ¨


GEN S, b) Connaissance

0E GSQQYRMGEXMSR WSGMEPI MQTPMUYI HIW XIGLRMUYIW WTqGMEPMWqIW 'I R´IWX TEW YRI EGXMZMXq IQTMVMUYI QEMW YRI ZVEMI HMWGMTPMRI XLqSVMUYI IX TVEXMUYI UYM MQTPMUYI YRI EGXYEPMWEXMSR TIVQERIRXI )PPI WMKRM½I EYWWM W´MQTPMUYIV HERW PE VqEPMXq WYV PEUYIPPI RSYW MRJSVQSRW IX WYV PEUYIPPI RSYW TVqXIRHSRW MR¾YIV GSRREMWWERX TIVWSRRIPPIQIRX ses contradictions, étudiant ses antécédents, ses circonsXERGIW IX PIW JEGXIYVW UYM PE HqXIVQMRIRX 0I WEZSMV XIGLRMUYI WIVX k TIY HI GLSWIW WM GIY\ UYM GSQQYRMUYIRX RI WI PMIRX TEW EY\ KIRW IX k PIYVW VqEPMXqW WTqGM½UYIW IX KqRqVEPIW 0E JEQIYWI VrKPI HI GSRWXEXEXMSR HIW JEMXW TSYV IRWYMXI PIW VETTSVXIV R´IWX TSWWMFPI UYI W´MP ] E YR PMIR qXVSMX EZIG PE WSGMqXq HITYMW WE TVSTVI VqEPMXq PIW KIRW PI XIVVMXSMVI 4SYV TSYZSMV GSQTVIRHVI GIXXI VqEPMXq GSQTPI\I IX GSRXVEHMGXSMVI PI NSYVREPMWQI RqGIWWMXI TPYW UYI XSYXI EYXVI TVSJIWWMSR HI GSRREwXVI GI UYI GIVXEMRW EYXIYVW ETTIPPIRX P´lQI HY TIYTPI XVEHMXMSRW WIRXMQIRXW HqWMVW GVS]ERGIW GYPXYVI LMWXSMVI QSHIW HI GSRHYMXI TEVGI UYI G´IWX WIYPIQIRX HI GIXXI QERMrVI UY´MP TIYX GSQTVIRHVI PI TYFPMG UY´MP WIVX

c) Avis

'SQQI SR P´E ZY PI NSYVREPMWQI RI TIYX WI PMQMXIV EY\ XIGLRMUYIW TVSTVIW MP HSMX WEZSMV YR TIY HI XSYX TSYV Hq½RMV WSR EZMW TVSTVI 'IPYM UYM IR XERX UYI NSYVREPMWXI EWTMVI k MRXIVTVqXIV GSVVIGXIQIRX PIW VqEPMXqW IX PIW EWTMVEXMSRW HIW GMXS]IRW TSYV MR¾YIV WYV PIW TVSGIWWYW HI UYIPUYI REXYVI E FIWSMR H´YRI GSRREMWWERGI IX H´YR PMIR HMVIGX IX MRJSVQq HI GIXXI QsQI VqEPMXq 1EMW HERW PI NSYVREPMWQI P´MRKVqHMIRX JSRHEQIRXEP TSYV HqXIVQMRIV P´EZMW IWX PE TSWMXMSR HI GPEWWI HI GIPYM UYM P´I\IVGI 3Y GSQQI HMX 'EQMPS 8EY½G § PI NSYVREPMWQI HSRRI HIW MRJSVQEXMSRW UYM TIVQIXXIRX HI KYMHIV PIW EGXMZMXqW HIW TEVXMW TSPMXMUYIW HIW SVKERMWEXMSRW WSGMEPIW IX QsQI HIW MRHMZMHYW IX GSQQI GIXXI MRJSVQEXMSR UYSXMHMIRRI VqTqXqI TEV HMJJqVIRXW GEREY\ TVIWWI VEHMS XqPqZMWMSR IXG IR ZMIRX k MR¾YIRGIV HI JEpSR HqGMWMZI P´SVMIRXEXMSR QsQI HI PE WSGMqXq PIW GPEWWIW PIW TEVXMW IX P´)XEX W´IJJSVGIRX HI PI XIRMV WSYW GSRXV|PI TSYV EZIG WSR WIGSYVW GSR½KYVIV PI QSRHI WIPSR WIW MRXqVsXW 0´MRJSVQEXMSR TSYV P´MRJSVQEXMSR R´I\MWXI TEW SR MRJSVQI TSYV SVMIRXIV HERW YR WIRW HqXIVQMRq PIW HMZIVWIW GPEWWIW IX PIW GSYGLIW HI PE WSGMqXq IX EZIG P´MRXIRXMSR UYI GIXXI SVMIRXEXMSR EVVMZI k W´I\TVMQIV IR EGXMSRW HqXIVQMRqIW 'I UYM ZIYX HMVI UY´SR MRJSVQI TSYV HMVMKIV )R GI WIRW PI QMQqXMWQI IRXVI NSYVREPMWQI IX TSPMXMUYI IWX XSXEP )X HERW GI KIRVI HI XVSQTIVMI PIW GSQQYRMGEXIYVW FSYVKISMW ZIYPIRX ETTEVEwXVI MRRSGIRXW ETSPMXMUYIW IX RIYXVIW 9RI XIPPI MRRSGIRGI YR XIP ETSPMXMWQI YRI XIPPI RIYXVEPMXq R´I\MWXIRX TEW 0I JEMX UYI PIW TVMRGMTEY\ QqHMEW HI GSQQYRMGEXMSR WSRX IRXVI PIW QEMRW H´YR


PRE UE RSQFVI PMQMXq HI TVSTVMqXEMVIW © ENSYXI PE HMQIRWMSR HI PYXXI HIW GPEWWIW k PE VIPEXMSR IRXVI PIW QqHMEW IX PI GSVTW WSGMEP S PIW RSYZIPPIW UYM WSRX GLSMWMIW TSYV TYFPMGEXMSR WSRX GIPPIW UYM GSRZMIRRIRX EY\ MRXqVsXW HI PE GPEWWI HSQMRERXI ¨

d) Qualité

0´IWWIRGI IWX HERW PI HSQEMRI HY PERKEKI IX HIW GSHIW PMRKYMWXMUYIW IX GYPXYVIPW )X EYWWM HERW PI HqGSHEKI HIW QIWWEKIW QEVXIPqW TEV PIW QqHMEW GSVTSVEXMWXIW (ERW GI GLEQTW PMRKYMWXMUYI WI PMZVI EYWWM YRI EYXLIRXMUYI FEXEMPPI HI GPEWWI 3R TIYX XVSYZIV HI RSQFVIY\ I\IQTPIW HI GSQQIRX P´IQTMVI QqHMEXMUYI HqJSVQI PIW GSRGITXW HqQSGVEXMI GSQQI W]RSR]QI HI GETMXEPMWQI IR GSRWqUYIRGI HI UYSM PIW HqQSGVEXIW WSRX GIY\ UYM HqJIRHIRX GI W]WXrQI 'IY\ UYM VqWMWXIRX k YR KSYZIVRIQIRX TVSKVIWWMWXI WSRX Hq½RMW GSQQI GMXS]IRW GSRWGMIRXW GIY\ UYM P´ETTYMIRX GSQQI HIW QEWWIW MKRSVERXIW IX HqWSVHSRRqIW 0IW VqWMWXERXW GSRXVI P´SGGYTEXMSR MQTqVMEPMWXI IYVSTqIRRI IX RSVH EQqVMGEMRI IR %JKLERMWXER SY IR -VEO WSRX Hq½RMW GSQQI XEPMFERW IX XIVVSVMWXIW PIW IRRIQMW HI 'YFE GSQQI PI GVMQMRIP 4SWEHE 'EVVMPIW GSQQI HIW ERXMGEWXVMWXIW IX HIW WSPHEXW HI PE PMFIVXq 7M ,YKS 'LEZI^ )ZS 1SVEPIW 6EJEIP 'SVVIE SY (ERMIP 3VXqKE WSRX VqqPYW IX VqJSVQIRX PE 'SRWXMXYXMSR G´IWX TEVGI UY´MPW HMVMKIRX YRI HMGXEXYVI IX W´EGGVSGLIRX EY TSYZSMV WM %PZEVS 9VMFI SY 3WGEV %VMEW JSRX HI QsQI GI WSRX PIW PIEHIVW MVVIQTPEpEFPIW H´YR TIYTPI PMFVI 0E UYEPMXq I\MKI P´YWEKI ETTVSTVMq HIW XIGLRMUYIW HI GSQQYRMGEXMSR WSGMEPI IR KqRqVEP QEMW TEV HIWWYW XSYX P´EHqUYEXMSR HY PERKEKI EY WIRW GSQQYR IX PE GETEGMXq HI GSRRIGXIV PIW QIWWEKIW EY HMWGIVRIQIRX P´IWTVMX IX EY\ WIRXMQIRXW PI GSIYV HY TYFPMG 0IW QqHMEW EPXIVREXMJW WSRX I\TIVXW HERW P´EVX HI HMWWqUYIV WEKIQIRX PIW qZrRIQIRXW QEMW MPW R´SRX TEW qXq EWWI^ GETEFPIW H´SFXIRMV P´IQTEXLMI EZIG P´qQSXMSR HIW KIRW

e) Crédibilité

0E GVqHMFMPMXq REwX HI PE GSR½ERGI HY TYFPMG HERW PI NSYVREPMWQI IX PIW QS]IRW HI GSQQYRMGEXMSR EY XVEZIVW HIWUYIPW MP W´I\IVGI 0E GSR½ERGI WI FlXMX HERW PE ZqVEGMXq HIW JEMXW XVERWQMW IX HERW P´EZMW qQMW GPEMVIQIRX WERW HYTPMGMXq RM SQMWWMSRW HI GIY\ UYM MRJSVQIRX VIRHIRX YRI STMRMSR IX EREP]WIRX 'SRXVEMVIQIRX k GI UY´EJ½VQIRX PIW XLqSVMIW HIW GSVTSVEXMSRW QqHMEXMUYIW GI R´IWX TEW PE TSWMXMSR TSPMXMUYI HIW NSYVREPMWXIW UYM HqJSVQI PIYV ETTVSGLI HIW JEMXW QEMW P´L]TSGVMWMI IX PIW XVSQTIVMIW § 0E WSGMqXq HI P´MRJSVQEXMSR EGXYIPPI IWX YRI HIW TPYW MKRSVERXIW HI P´LMWXSMVI ¨ HMWEMX P´MXEPMIR +MSZERRM %VVMKLM 0E FEWI HI GIXXI MKRSVERGI MRJSVQqI IWX P´I\IVGMGI HqPMFqVq HI P´MRJSVQEXMSR HI XSYX X]TI PE W]RXLrWI MRXqVIWWqI


ESQ 0I PMRKYMWXI RSVH EQqVMGEMR 2SEQ 'LSQWO] GSRWMHrVI UYI § PI XEFPIEY HY QSRHI TVqWIRXq EY\ KIRW R´E TEW PE TPYW TIXMXI VIPEXMSR EZIG PE VqEPMXq GEV PE ZqVMXq WYV PE QSMRHVI EJJEMVI IWX IRXIVVqI WSYW HIW QSRXEKRIW HI QIRWSRKIW ¨

8SPIHERS I\TPMUYI § P´MHqI IWX WMQTPI 1SMRW RSYW IR WEZSRW G´IWX P´YRMUYI JSRGXMSR HIW QEWW QIHME IX TPYW IR WEZIRX WYV XSYXIW PIW QEXMrVIW GIY\ UYM IQTVYRXIRX PIW EYXSVSYXIW IX PIW GSYPSMVW JIYXVqW HY TSYZSMV TPYW HMJ½GMPI WIVE PE GVMXMUYI TPYW HYVI WIVE PE FEXEMPPI IX MQTSWWMFPI UYEWM P´qVEHMGEXMSR HI PIYVW QqXLSHIW IX TVSGIWWYW H´I\TPSMXEXMSR IX H´ETTVSTVMEXMSR 0IW GMXS]IRW HqXVSYWWqW IX WERW KYrVI TPYW HI XIQTW UYI PI § XIQTW HI PSMWMVW ¨ TVSQY TEV PE H]REQMUYI GSRWYQqVMWXI WSRX MRGETEFPIW HI VqEKMV IX PIW TMPYPIW SY PIW QIWWEKIW UYI P´SR ETTIPPI § MRJSVQEXMSR ¨ TEWWIRX XIPPI JEpSR UY´MP HIZMIRX MQTSWWMFPI H´qXEFPMV YR HMEPSKYI WIRWq TSYV RI TEW HMVI GVMXMUYI EZIG UYMGSRUYI XERX UYI PIW WSYVGIW WSRX YRMUYIQIRX PIW QqHMEW QENSVMXEMVIW 0´SFNIGXMJ IWX EXXIMRX (´YR G|Xq PE WSGMqXq P´IRWIQFPI HIW GMXS]IRW PMFVIW IX qKEY\ PqKMXMQI WSR EGGITXEXMSR UYSXMHMIRRI WSR MRGETEGMXq GSPPIGXMZI k HqWMVIV YRI EYXVI JEpSR HI VIKEVHIV H´I\MKIV IX HI GSQTVIRHVI IWX HVEQEXMUYI PIW QqHMEW HI QEWWI IX PE ZqVEGMXq HIW RSYZIPPIW IX HIW EREP]WIW MP R´] E HqNk TPYW HI HMJJqVIRGI IX HI P´EYXVI IPPI HqWEZSYI H´MRWXMRGX WERW EPXIVREXMZI GSQQI P´I\MKIRX PIW GIVFrVIW HI PE HMJJYWMSR XSYXIW EYXVIW MRJSVQEXMSRW EYWWM GSRXVEWXqIW UY´IPPIW WSMIRX UYM RI TVSZMIRRIRX TEW HIW SVKERIW H´qQMWWMSR EYXSVMWqW ¨ § 2SYW ZMZSRW XIREMPPqW IJJVE]qW TEV PI FVYMX MRJSVQEXMJ 0I FSQFEVHIQIRX TIVQERIRX HI HSRRqIW TVSZSUYI YR HqWEVVSM EXVSGI -P RI W´EKMX QsQI TPYW HY JEMX UYI PIW NSYVREPMWXIW QERMTYPIRX PIW JEMXW PIYV WEPEMVI HqTIRH HI PIYV ½HqPMXq MHqSPSKMUYI k PIYV IRXVITVMWI PI TVSFPrQI FIEYGSYT TPYW KVEZI GSRWMWXI IR PE WYVEFSRHERGI IX HERW P´MQTSWWMFMPMXq HI VIXIRMV HI HMWGVMQMRIV IX H´EREP]WIV YRI JSRGXMSR NSYVREPMWXMUYI SYFPMqI GI UYM IWX VIPEXq 0IW GEREY\ HI XVERWQMWWMSR WI WSRX QYPXMTPMqW PIW IRXVITVMWIW SRX GVqq YR W]WXrQI IR VqWIEY UYM HMJJYWI PI QsQI QIWWEKI TEV YRI MR½RMXq HI QS]IRW GVqERX P´ETTEVIRGI H´YRI PMFIVXq EFWSPYI IX XVERWTEVIRXI 0E WEGVS WEMRXI § PMFIVXq H´I\TVIWWMSR ¨ E qXq EWWMQMPqI k PE TVSPMJqVEXMSR HIW QS]IRW HSRRERX TSYV WIRXMQIRX YRI WYTIVGLIVMI HI TPYW UY´YR TPYW KVERH RSQFVI HI VEHMSW HI XqPqZMWMSRW HI VIZYIW IX HI TqVMSHMUYIW KEVERXMX PE TPYVEPMXq ¨


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(ERW PE GSQQYRMGEXMSR GI R´IWX TEW P´IVVIYV UYM VYMRI PE GSR½ERGI HIW KIRW QEMW PE QERMTYPEXMSR IX PI QIRWSRKI § 0E QEVUYI HI PE ZqVMXq HI JEMX IWX GEVEGXqVMWqI TEV PI JEMX UYI WSR GSRXVEMVI R´IWX RM P´IVVIYV RM P´MPPYWMSR RM P´STMRMSR HERW PIWUYIPPIW TIVWSRRI RI QIX IR HSYXI PE FSRRI JSM TIVWSRRIPPI QEMW PE JEPWM½GEXMSR HqPMFqVqI IX PE Q]WXM½GEXMSR 0´IVVIYV REXYVIPPIQIRX IWX TSWWMFPI IX QsQI GSYVERXI IR VIPEXMSR EZIG PE ZqVMXq HIW JEMXW IX HERW GI GEW GI X]TI HI ZqVMXq R´IWX RYPPIQIRX HMJJqVIRXI HI PE ZqVMXq WGMIRXM½UYI SY VEXMSRRIPPI 1EMW GI UYM IWX MQTSVXERX G´IWX UYI IR GI UYM GSRGIVRI PIW JEMXW MP I\MWXI YRI EYXVI TSWWMFMPMXq IX UYI GIXXI TSWWMFMPMXq PE JEPWM½GEXMSR HqPMFqVqI R´ETTEVXMIRX TEW k PE QsQI IWTrGI UYI PIW propositions qui, justes ou équivoques, prétendent seuPIQIRX HMVI GI UYM IWX SY GSQQIRX Q´ETTEVEMWWIRX PIW GLSWIW ¨ qGVMX PE XLqSVMGMIRRI TSPMXMUYI ,ERREL %VIRHX

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« Ce qui me touche le plus, ce n’est pas le discours calibré du speaker à l’écran, mais la conversation avec un-e proche, le débat public où j’ai pu prendre la parole, le texte étonnant qu’une connaissance m’a conseillé, les polémiques qui secouent ma bande de potes, l’échange avec un individu en chair et en os, avec ses expressions, ses attitudes et ses mystères, que je découvre autour d’une activité commune. »

4SYV GSRXVIV P´MRHYWXVMI QqHMEXMUYI RSYW TSYZSRW GSQQIRGIV TEV HMJJYWIV IX JEMVI GSRREwXVI PIW QqHMEW EPXIVREXMJW IX MRHqTIRHERXW PIW TVqWIRXIV k RSXVI IRXSYVEKI GSQQERHIV HIW NSYVREY\ EPXIVREXMJW TEV WqVMI HI HM\ XEVMJW HqKVIWWMJW IX PIW ZIRHVI k PE GVMqI GSPPIV HIW EJ½GLIW 4SYV TEVXEKIV RSW MHqIW RSYW TSYZSRW EYWWM GVqIV HIW WMXIW MRXIVRIX XIRMV HIW XEFPIW HI TVIWWI VqEPMWIV HIW JVIWUYIW WYV PIW QYVW SVKERMWIV HIW HqFEXW HIW TVSNIGXMSRW HI ½PQW QEMW EYWWM XSYX WMQTPIQIRX TEVPIV EZIG WIW ZSMWMR I W HIW MRGSRRY I W PSVW HIW QERMJIWXEXMSRW IR QEVKI HIW GSVXrKIW EFSVHIV PIW TIVWSRRIW § qGSYXIV EVKYQIRXIV MP TIYX ] EZSMV HY VqKEP Pk HIHERW IX HIW PMIRW MREXXIRHYW ¨ )R QEXMrVI HI HMJJYWMSR H´MHqIW GMXSRW IR½R UYIPUYIW VMGLIW MRMXMEXMZIW PE GSSTqVEXMZI HI HMJJYWMSR EPXIVREXMZI 'S IVVERGIW [[[ GS IVVERGIW SVK PIW MRJSOMSWUYIW IX PIW PMFVEMVMIW MRHqTIRHERXIW LXXT MRJSOMSWUYIW RIX P´%KIRGI HI 4VIWWI 0MFqVEXMSR %40 UYM HERW PIW ERRqIW GSRGYVVIRpEMX PIW EKIRGIW HI TVIWWI SJ½GMIPPI >EPIE 8: [[[ ^EPIE SVK XqPqZMWMSR EWWSGMEXMZI UYM VqEPMWI TEVXMIPPIQIRX PI VsZI HY GMRqEWXI 4IXIV ;EXOMRW GIPYM H´YRI XqPqZMWMSR § GSQTPI\I GEPQI RSR PMRqEMVI TVSPSRKqI IX MRXVSWTIGXMZI ¨ % RSYW H´MRZIRXIV HI RSYZIPPIW JSVQIW H´I\TVIWWMSR HI WSYXIRMV PIW MRMXMEXMZIW I\MWXERXIW HI JEMVI VE]SRRIV RSW MHqIW


À LIRE ...

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ALMANACH, CRITIQUE DES MÉDIAS GmnjY_] [gdd][la^$ D]k Yj®f]k 2010

LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE K]j_] @Ydaea$ JYakgf \ Y_aj$ 2005 (1997)

LES MÉDIAS PENSENT COMME MOI >jYf¬gak :jmf]$ d @YjeYllYf$ 1996

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D9 >9:JAIM= <= D GHAFAGF HM:DAIM= Noam Chomsky, Edwaer Herman, le serpend à plumes, 2003

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LES MÉDIAS PENSENT COMME MOI >jYf¬gak :jmf]$ d @YjeYllYf$ 1996

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David Bohm, 1977 CE QUE NOUS PRENONS HGMJ ¡LJ= NJ9A =KL FGLJ= J 9DAL &


Projet réalisé dans le cadre de la licence professionnelle F®mb^k ]^ e ®]bmbhg% \hg\^imbhg `kZiabjn^ ^m fnembf®]bZ' Ngbo^klbm® K^gg^l +' :gg®^ +)*+(+)*, Imprimé au Lycée Coetlogon iZib^k3 Hebg **)` mrih`kZiabl^ 3 ?nmnkZ% _nmnkZ \hg]^gl^]% @bee lZgl <k®Zmbhg `kZiabjn^3 Gb\heZl <hllhg


TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR COMMENCER À COMPRENDRE.

CRITIQUE DES MÉDIAS ? OBJECTIVITÉ DE LA PRESSE ? INFOBÉSITÉ ?


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