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Ernst & Young
Rencontre avec
Pascal Deisges et Alexander Flassak Ernst & Young fait partie des leaders mondiaux de services professionnels, comptant plus de 140.000 personnes de par le monde. Le bureau de Luxembourg regroupe à ce jour 930 professionnels. Il bénéficie à la fois d'un apport méthodologique d'envergure mondiale et d'une compétence locale solide, permettant d'offrir une prestation de services complète. Audit, conseil fiscal, conseil en gestion d'entreprises, conseil en transactions sont les offres de services proposées, et ce dans l'ensemble des secteurs d'activité suivants: banque, assurance et réassurance, fonds d'investissement, industrie et commerce, gouvernement et institutions européennes.
Echo: Pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs? Pascal Deisges: Economiste et réviseur d'entreprises de formation, je dirige, en tant qu'associé, l'ensemble des activités de conseil d'Ernst & Young tant pour le secteur public que pour l'industrie et le commerce, ce depuis juillet 2005. Actuellement, 50 professionnels sont dédiés à nos clients dans ces secteurs d'activité,
dont 25% interviennent principalement dans le secteur public. Alexander Flassak: Après avoir obtenu mon diplôme d'ingénieur en génie civil, j'ai effectué un troisième cycle d'économie dédié au secteur immobilier. Je fais partie de l'équipe Real Estate Advisory Services qui s'occupe des services touchant à l'immobilier, quels que soient les secteurs d'activité.
Echo: Quels sont les services offerts par Ernst & Young Luxembourg? Pascal Deisges: A Luxembourg, nos prestations s'inscrivent dans les quatre mêmes lignes de services, à savoir la certification des comptes, la fiscalité, les transactions et le conseil en management. Au niveau du conseil en management, nous abordons trois volets principaux: la Finance, les Opérations/le Supply Chain Management et le volet Clients (CRM: Customer Relationship Management, soit Gestion de la Relation Client). Tous les services que nous offrons à nos mandataires ont pour but d'amener des améliorations continues et durables. 94
Echo: Sur quels leviers jouez-vous pour apporter ces améliorations durables? Pascal Deisges: Nous intervenons sur 6 leviers: 1- la stratégie: après avoir assisté nos clients dans la formulation de leurs visions et de leur stratégie d'entreprise, nous intervenons principalement sur sa déclinaison en stratégies opérationnelles. Notre mission est de mettre en place ces transformations sur le terrain; 2- les structures organisationnelles et les processus, 3- l'informatique, 4- la mesure de la performance, 5- la gestion des risques, 6-la gestion du changement, outil indispensable pour assurer que les hommes et femmes adhèrent au changement et que les projets de transformation aboutissent, produisant les effets attendus. Tous ces leviers sont interdépendants, on peut donc parler d'une gestion intégrée dans le cadre d'une vision globale, l'objectif étant d'accompagner les entreprises au changement, d'améliorer leur performance tout en maîtrisant les risques.
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ne permet absolument pas aux élus “ Lede PPP se soustraire à leurs responsabilités de gestion des finances publiques
Echo: De quels risques parlez-vous? Pascal Deisges: Il s'agit de tous les risques possibles et inhérents à l'organisation, au secteur d'activité, à l'environnement particulier, etc. Aujourd'hui, tout le monde est convaincu qu'il faut avoir une stratégie visant à augmenter la performance, mais peu de dirigeants se donnent les moyens d'apprécier de manière systématique et rigoureuse la question de savoir ce qui pourrait mettre cette stratégie en péril. Notre rôle, au niveau de la gestion des risques, est donc d'amener le dirigeant et son équipe à réfléchir à ce qui pourrait mettre leur société en péril. Nous avons une approche globale dont la finalité est la pérennité des entreprises que nous conseillons. Il faut à chaque fois trouver une réponse adaptée à l'entreprise car si la nature des problèmes est souvent identique, leur envergure et les enjeux sont à chaque fois différents.
Echo: En quoi votre expertise peutelle être utile aux communes et plus largement au secteur public? Alexander Flassak: Notre objectif est d'aider les communes dans leurs projets de développement, de transformation ou d'optimisation, à prendre des décisions en apportant un éclairage complet sur la situation. Agissant sur les 6 leviers indiqués précédemment, nous avons aidé à présent plus particulièrement des communes dans la préparation
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de leur plan quinquennaux, du financement de leurs projets d'infrastructures (ex. PPP: Public Private Partnership), dans l'analyse des coûts des services publics, par exemple dans le cadre de la directive des eaux 2010.
Echo: Que pensez-vous des PPP? Pascal Deisges: Le PPP n'est pas un concept nouveau à l'échelle européenne. Le PPP est établi dans beaucoup de pays en Europe, notamment en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Belgique et en Suisse. Le recours au PPP est récent à Luxembourg. Avec la recherche de modes alternatifs de financement des infrastructures publics, le gouvernement a lancé un projet pilote du campus scolaire à Mersch. Je félicite le gouvernement pour cette initiative, non seulement pour avoir lancé le PPP en tant que tel, mais aussi pour sa conviction et son courage de donner une chance à l'innovation dans la réalisation et le financement de ces projets d'infrastructures publics. A l'heure actuelle, deux projets ont été initiés au niveau communal dans un même état d'esprit. Souvent nous devons faire face à des critiques à l'encontre du PPP qui permettrait notamment aux communes qui n'en ont pas les moyens d'investir dans des infrastructures en endettant les générations futures. Au contraire, le Partenariat Public Privé est une alternative per95
tinente, selon les cas, pour financer des infrastructures publiques. Indépendamment du mode de financement, la réalisation des projets d'infrastructures d'envergure devra se faire dans les limites de la capacité financière des communes à pouvoir honorer leurs engagements aujourd'hui et à l'avenir. Est-il acceptable d’épuiser les moyens financiers disponibles aujourd'hui en ignorant les conséquences de ces investissement à l'avenir? Le PPP ne permet absolument pas aux élus de se soustraire à leurs responsabilités de gestionnaire des finances publiques.
Echo: Quelle est votre définition du PPP? Alexander Flassak: Le PPP est un partenariat à long terme, 15, 20 ou 25 ans, entre le secteur public et le secteur privé. Dès le départ, il doit être initié dans l'état d'esprit d'un mariage afin de produire les résultats souhaités. Le PPP est conçu autour du cycle de vie de l'infrastructure. Il comprend autant les aspects préparatoires à la construction, à savoir la conception et la planification, que la construction en elle-même puis l'exploitation, l'entretien et la maintenance de l'infrastructure, sans oublier son financement.
Echo: Quels sont, concrètement les avantages du PPP? Pascal Deisges: Il est évident qu'un PPP permet à une commune le cas .../
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/... échéant de se doter d'une infrastructure sans augmenter son endettement immédiat. Mais le PPP présente bien d'autres avantages, en commençant par la transparence au moment de la prise de décision du coût total de l'infrastructure, incluant les coûts futurs de son exploitation. Notamment ces derniers font encore trop souvent défaut à Luxembourg au moment où les responsables publics prennent leur décision. D'autre part, la stabilité des remboursements réguliers par la commune sur la durée du contrat PPP permet une planification budgétaire sans grande surprise. De plus, le fait de réunir dès le lancement tous les acteurs privés et d'intégrer toutes les composantes du projet permet de réaliser de nombreuses synergies en termes de coût et de délai.
Echo: Quelle est la procédure à suivre pour s'assurer que le partenariat soit heureux à long terme? Alexander Flassak: Il faut d'abord aider la commune à définir exactement ce qu'elle veut. Ernst & Young accompagne ses mandataires tout au long de leurs projets des études de faisabilité techniques et financières jusqu'à la signature des contrats. Au niveau des options de financement, il n'y a pas de solution type. Il faut analyser l'ensemble des options, puis élaborer un cahier des charges orienté «output» ou «résultat», avant de le confier à un cabinet d'avocats spécialisé qui s'occupera des contrats de partenariat. Alors que l'objectif premier est naturellement la construction et l'exploitation d'une infrastructure, il est très important d'impliquer dès le départ des avocats qui aient la compétence des aspects juridiques en matière de marchés publics et de PPP. La solidité des contrats est un gage d'union durable et heureuse de part et d'autre.
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Echo: Et que se passe-t-il en cas de faillite de l'entreprise privée? Alexander Flassak: Aujourd'hui, dans un PPP, le mandataire public ne paie un loyer qu'à partir du moment où l'infrastructure est prête et conforme. Il n'a donc aucun flux financier pendant la construction. Les niveaux de qualité des infrastructures et des services en exploitation sont définis dans les contrats par la commune et le prestataire privé est lié par ceux-ci. La commune règle le coût total réparti sur la durée du contrat et tout nonrespect des engagements du contrat par le prestataire privé entraîne des pénalités, voire des déductions sur ses rémunérations à recevoir. Les garanties sont nombreuses et si le partenaire privé fait faillite, le mandataire public pourra faire valoir les surcoûts sur les rémunérations restant dues. Un PPP engage la responsabilité de chaque acteur. Jusqu'à présent, l'expérience européenne montre que la plupart des projets réalisés en PPP ont été des réussites. Les revers des projets qui n'ont pas eu le succès espéré sont directement imputables au manque de rigueur des mandataires et à l'absence de contrats solides.
Echo: Les détracteurs du PPP disent qu'il est préjudiciable aux PME... Pascal Deisges: Les plus grands chantiers, quels qu'ils soient, sont souvent 96
déjà pris en règle générale par les grandes entreprises ayant la capacité financière, technique et humaine nécessaire pour la maîtrise de tels projets, mais qui elles-mêmes font ensuite travailler les PME en soustraitance. Je ne vois pas ce que le PPP viendrait changer là-dedans. En Allemagne, des études récentes sur des cas concrets ont démontré que la plus grande partie des prestations en PPP ont été effectuées par des PME. Mon conseil aux PME est de considérer le PPP commune une opportunité réelle, mais il faudra suivre le sujet, s'informer et se préparer.
Echo: Disposez-vous de quelques chiffres précis concernant les PPP en Europe? Pascal Deisges: En UK, le PPP occupe à peu près 10 à 15% des investissements communaux et en Allemagne 300 projets PPP communaux ont été réalisés les dernières années pour un montant d'investissement de 7 milliards €. Selon une enquête réalisée en 2007, sur 300 communes de plus de 20.000 habitants qui ont financé des projets via un PPP, 80% sont très satisfaites. Au niveau de leur motivation, 53 % des communes disent avoir opté pour le PPP pour des motifs financiers et 41% ont constaté des gains d'efficacité. Les PPP concernent toutes sortes de projets, aussi bien au niveau scolaire, culturel, que dans tout ce qui touche au social et à la santé.
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Echo: Participez-vous à des projets de PPP au Luxembourg et quel rôle assurez-vous exactement? Pascal Deisges: Nous sommes actifs sur 3 projets de PPP au Luxembourg: le campus scolaire de Mersch, la piscine régionale de Mondorf-les-Bains, et le parc des sports à Differdange. Notre rôle sur ces projets consiste à donner un conseil professionnel à nos mandataires, à sécuriser le processus en réfléchissant à tous les aspects du projet, dans le but d’atteindre le résultat espéré par chaque partie. Notre travail est d'accompagner nos mandataires pour avoir un projet cohérent, par la rédaction des cahiers de charges, l'étude de marché, l'assistance à l'évaluation des offres et aux procédures de négociation. Nos services vont jusqu'à la signature des contrats, même s'il nous arrive d'offrir d'autres services par la suite à notre mandataire. Vu l'importance du volet juridique, sur tous ces projets, nous travaillons de pair avec des avocats réputés en marchés publics et PPP.
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cera ou durcira les conditions d'octroi de financement et donc, en toute logique devraient affecter les projets PPP, au moins dans le cadre du refinancement du partenaire privé via le système bancaire. Ceci est à tempérer par le fait que l'on a pu compter sur un interventionnisme massif à l'échelle mondiale. De plus, face aux craintes de récession, le secteur public, comme dans le passé, se voit assumer, en fonction de ses moyens, un rôle de tremplin ou de stimulateur de l'activité économique, y compris dans des projets d'investissements d'envergure dans les infrastructures publiques. Au Luxembourg, il y a des besoins importants d'investissements reconnus et définis par le gouvernement. Dans tous les cas, ce n'est que par le biais de partenariat entre le secteur public et privé, au travers d'une coresponsabilité que nous pourrons sortir de cette situation difficile et retrouver un équilibre dans lequel chacun a
sa place en fonction de ses moyens et capacités. En conséquence, d'autres modèles ou acteurs de financement pourraient s'établir, de manière transitoire ou comme alternative permanente. Au vu de ses nombreux avantages, je suis convaincu de l'utilité et de l'avenir du PPP.
Echo: Si on devait résumer en quelques mots? Pascal Deisges: Pour qu'un projet soit réussi, il faut avoir une vision à long terme et se donner les moyens d'anticiper tous les enjeux et risques possibles. Ceci impose une grande rigueur au mandataire. Travail, rigueur, anticipation et responsabilisation des acteurs publics et privés vers un même objectif sont les maîtres mots d'un projet réussi. En ce qui concerne le financement d'un projet, de nombreuses solutions existent, y compris le PPP, mais il n'y a pas de recette miracle, il faut simplement choisir le financement le mieux adapté. La solvabilité de l'Etat luxembourgeois est toujours telle que le Luxembourg reste très attractif pour l'obtention de financement.
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Echo: Quel avenir pour les PPP? Pascal Deisges: Depuis les 3 derniers mois, nous avons pu apprécier à l'échelle globale les conséquences de la crise financière et économique. L'ampleur, la rapidité et la globalité des répercussions (aur)ont naturellement des effets sur les facilités de (re)financement par le secteur privé auprès du secteur bancaire. A la fois, la mise en oeuvre de Bâle II et l'experience de cette crise bancaire renfor-
Ernst & Young Business Advisory Services S.à r.l. 7, Parc d'Activité Syrdall • L-5365 Munsbach Pascal Deisges Tél.: 42 124 8330 • Fax: 42 124 58330 BP 780 • L-2017 Luxembourg
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