Le 21 septembre 2015 j’ai reçu un mail du groupe KERMARREC, m’informant qu’un jeu-concours « 30 ans l’âge de rêve » venait d’être mis en place, avec à la clé 1500 € à gagner. Ce jeu, établi pour les 30 ans de l’entreprise, comme tous les autres « jeux », fut dans un premier temps synonyme pour moi de « qui tente, perd ». Malgré tout, avant de mettre dans la corbeille ce mail, j’ai cliqué sur lien et j’ai commencé à remplir les cases du formulaire de participation en y ajoutant les « délires » d’un rêve sportif... et j’ai validé ma participation à ce jeu... avant de l’oublier complètement.
Et pourtant...
Quelques semaines plus tard, j’étais contacté par Mme CHESNEL de cette société qui m’annonçait que j’étais le vainqueur de ce jeu, à ma grande satisfaction ! Le projet présenté, de dimension un peu surhumaine il faut l’avouer, avait conquis le « conseil de direction ». Il n’était désormais plus possible de faire marche arrière, il me fallait tenir mes engagements et aller au bout du projet pour remercier de sa confiance le Groupe KERMARREC et tous(tes) ses collaborateurs(trices). Rapidement j’ai commencé à tirer des « plans sur la comète » en ressortant mon plan d’entrainement made in KINOU, de mon Ironman France, à Nice en 2008. J’en ai bien fait 2 déjà, et des coriaces pour ne citer que l’Embrunman... alors L’ironcorsair, les doigts dans l’nez ! Euh... les doigts dans le nez oui, mais pour quelqu’un qui n’a pas lâché le triathlon depuis 7 ans, pour quelqu’un qui a toujours une forme exemplaire, pour quelqu’un qui a la niaque de ces courses longues et difficiles, pour quelqu’un qui est motivé à 300%... bref, pour quelqu’un que je suis loin d’être... ou tout au moins loin d’être resté ! Suis-je encore capable d’aligner plus de 4000 bornes en vélo, 1000 à pieds et 100 en nat ? Suis-je encore capable, avec mes horaires de nuit, d’aligner des entrainements quotidiens usants, fatigants, physiques, qu’il fasse beau, froid ou qu’il pleuve ? Suis-je capable de garder la tête haute, de ne pas baisser les bras à la moindre difficulté ?
Crédit photo : Sophie ALUN
Le secret de la réussite est sûrement là... mais sincèrement, « loin des caméras », le « célèbre Nico35 » ne sait pas, ou ne sais plus ce qui l’attend !
n arathonie m il t n e g oto : Un Crédit ph
Le mois de décembre est terne, humide, pluvieux, froid... bref normal, mais le moral s’en ressent. La saison
Le 6 décembre, malgré la fraicheur du dernier mois de l’année, je boucle mon troisième marathon de l’année 2016, « pour le FUN », loin de tout et de tout le monde, avec mon célèbre déguisement d’Ironflash. Le chrono reste anecdotique, ce jour aussi, même si c’est celui de la Saint-Nicolas... Je voulais juste terminer la saison sur une note positive après ces hauts et ces bas sportivement difficiles à gérer : accumulation de blessures, moral et motivation trop souvent dans le négatif, bref, de la vie ! Une année difficile physiquement : 4 ultra-trails dont un bâché après 17 kms seulement, 2 petits triathlons dont un en relais, 2 courses nature dont une bâchée pour cause de blessure et 3 marathons, le tout alternant avec les blessures. Pas de réel entrainement mais plutôt du repos entre les courses pour récupérer. L’année fut aussi difficile psychologiquement... mais ça c’est une autre « histoire »... il faut désormais avancer et ne plus ressasser le passé, c’est la vie, il faut l’accepter ! Une année difficile donc mais qui se termine plutôt bien avec cet « exploit sportif » à Sully. De l’humour, du plaisir pendant 4 H 17 pour me dire, j’ai désormais 19 marathons « secs » dans ma musette ! Je décide alors de m’accorder 3 semaines de « repos » complet pour effacer les blessures, avant de mettre le cap sur l’objectif 2016 que sera l’IRONCORSAIR, ce triathlon aux distances considérées comme « haut de gamme » ! 3.8 kms de natation, 180 kms de vélo et un marathon, soit 42.195 kms de course à pieds... rien que ça !
La fin de l’année approche, je commence à « stresser » en repensant à cette
idée de me remettre à l’entrainement, d’autant plus pour faire un Ironman... Quelques jours avant de célébrer le nouvel an, je persiste et signe malgré tout en inscrivant mon nom sur le site de Klikégo dans la rubrique Inscription/Triathlon... au profit de l’Ironcorsair. Maintenant les dés sont jetés, plus question de faire marche arrière, l’avenir se joue dans 6 mois... 6 mois, c’est à dire une prépa tronquée de 2 mois déjà pour commencer. L’idéal pour un Ironman reste pour moi 8 bons mois pour tenir la cadence, s’accrocher et faire des bornes, suffisamment de bornes pour ne pas flancher le jour J. Tant pis, ce sera une formation « accélérée » ; l’Ironcorsair ce n’est pas Nice du point de vue dénivelé, et encore moins Embrun, de toute façon je n’ai pas le choix. Si les premiers entrainements sont sympathiques, je constate très vite que je n’ai pas, ou plus, la caisse d’il y a 7 ans. Je m’essouffle très vite, je manque de jus, d’endurance, de patate, de watts et la « surcharge kilo-grammique » est indéniable, mais réelle. UNE COURSE PAR MOIS... Une course par mois, voilà ce que je me fixe en ce début d’année, pas plus. Une course par mois pour voir un peu l’évolution, tester la forme, la motiv, titiller les pelotons, jouer un peu des coudes, sentir la sueur et faire cracher un peu les poumons pour se remettre dans le bain. L’année commencera donc avec la Grégorienne, cette course locale de 10 kils, à ma porte, histoire de voir ce que je vaux désormais sur une courte distance... 43, 44, 45 minutes ? Très vite, le difficile chrono de 46’21 me fait tomber de haut et me remets en question... de toute façon, je ne pourrai pas faire pire, si ?
Sous le vent, la pluie, les éclaircies aussi, même quand les températures sont froides j’essaie de trouver le bon rythme, j’essaie de suivre mon plan d’entrainement, en solo. Dur, dur parfois de rester motivé dans ces conditions, je s’rais tellement mieux devant un bon film à manger une boite de pim’s à la framboise !!! Chaque semaine j’annonce la couleur des « hostilités » sur mon site, avec le bilan de la semaine passée, une façon aussi de m’obliger à garder la tête haute et à continuer. J’ai beau me dire que je fais ça « parce que je le veux bien », il faut être honnête, je le fais aussi pour garder un peu la « face » devant celles et ceux que je connais, qui suivent mon blog. Si une course de cette envergure reste très égoïstement personnelle, j’aime aussi partager ce que je vis, ce que je ressens, l’envie de donner l’envie d’en faire autant, et au travers de cette extériorisation la satisfaction et la joie de réussir mes projets... En février, je décide de prendre la direction d’Etampes pour un 10 bornes réputé. Un seul objectif, passer sous les 46’00... Ce sera chose faite avec un chrono salvateur de 45’23. Je savoure cette progression d’une minute en un mois avant de m’inscrire sur le Trail de la Belle Etoile, à St-Senoux dans le 35, qui a lieu le 12 mars. 11 kils 500 en pleine nature que je boucle après 1 H 03, plutôt satisfait. Le training reste difficile et l’allongement des distances en bike reste pénible et compliqué à gérer... ma vie tourne autour de ça : boulot, dodo, sporto ! Il me manque des sorties en équipe, des roues à sucer parfois ou des jambes à fouler. Les séances de piscine avec le mp3 dans les oreilles sont ch... mais restent faites, sans fractionné, juste de l’endurance et de la distance. Je commence, alors qu’il me reste encore 3 mois à gérer, à me dire « vivement la fin, c’est ch... l’entrainement » !
Si en avril « je ne me découvre pas d’un fil », je vois, avec cette P’T’1 de corrida à St-Jouan une partie de ma motivation se « casser la gueule »... 45’54 que j’arrache avec beaucoup de difficulté pour un 10 kils somme toute assez plat et sans difficulté réelle. Je suis dégoûté, les efforts semblent vains ! La déconvenue me fait, une fois de plus, me remettre en question et je décide d’annuler ma participation au triathlon de St-Grégoire, en mai... Le risque de me reprendre un nouveau coup derrière les oreilles me fait peur, au risque de me démotiver complètement pour l’Iron... Iron qui chaque jour semble insurmontable. Je dois l’avouer aujourd’hui, sans cette « obligation de respect » vis à vis de mon principal partenaire, j’aurais lâché... c’est con mais bon, il ne faut parfois pas grand-chose pour y arriver. J’essaie de retrouver une once de motivation, l’envie de courir et de m’y remettre sereinement, sans cette épée sur la tête. Au dernier moment, je m’inscris sur ce 10 kils, le 14 mai, un 10 kils sur une île dans le Morbihan, celle d’Arz ! Après ma nuit de taf, je prends la moto et j’enquille 2 heures de roulade pour monter dans l’embarcadère près de Vannes. Le soleil est de la partie, aujourd’hui j’ai l’envie et le plaisir de courir, malgré la fatigue, c’est ça qu’il me faut, du plaisir... 45 minutes tout rond, ce sera le chrono au passage de la finish-line, une aubaine inespérée malgré le circuit alternant bitume, sentier, herbe ou rocaille et la chaleur parfois étouffante. J’ai la banane, je retrouve un peu de fierté et ça me motive à continuer. Le training se poursuit et grâce à Ronan, le « Triphon » Pacéen, via la page facebook de la prépa Ironcorsair je fais quelques sorties avec des Iron-killers : Triphon, Bruno, Briz, Mickaël et j’en passe. Les sorties longues et à plusieurs ou simplement en duo ça aide à garder l’allure. Les kilomètres s’enchainent mais le constat reste à minimiser... il va me manquer des heures, des kils pour être au point... j’ai beau tourner et retourner les calculs chaque jour inscrits dans ma « google’sheet », je suis loin de la prépa idéale...
Que faire ? Pas grand chose malheureusement, les journées ne sont pas extensibles et avec des horaires de taf nocturne la fatigue s’accumule encore plus quand on se lève à 9H30 pour aller rouler, alors qu’on s’est couché à 6H00... mais bon le corps est là aussi pour ne pas se laisser bercer par les train-train quotidiens, il faut lui bouger un peu le c... si on ne veut pas qu’il s’endorme et que l’on devienne un gros fainéant ! Malgré tout le dernier mois reste long et pénible. Je n’ai plus trop envie de faire de sortie longue en bike, ni de courir des semis, il est temps qu’on y arrive à cette P’t’1 d’course, je sature. J’ai quand même l’envie de la faire et de venir décrocher mon troisième « graal » ; j’aurai toujours en tête et en travers de la gorge l’Embrunman 2007, et ce moment difficile, assis sur cette falaise qui surplombait de la ville d’Embrun. Je ne veux pas, je ne veux plus revivre ça. Tirer les enseignements des défaites et du passé c’est tout ce qui compte, c’est aussi ça l’expérience...
Quelques jours avant la compétition, je déchire ma combi... et à l’arrach’ je réussis à m’en trouver une belle via le web, une Orca aux couleurs flashies, après avoir testé la décath (pas mal aussi pour 129 €uros). Après quelques tests en milieu réel, ma Orca est adoptée.
Un « malheur » n’arrive jamais seul dit-on ?
On est à 10 jours seulement de la course et là, c’est ma Garmin 910 qu plus de ma voûte plantaire « gauche » qui est de plus en plus douloureuse, dé Après quelques coups de fil, je négocie avec Garmin le retour de ma 910 pour une centaine d’euros. Juste l’occasion d’aller faire quelques sorties pour la « pre tri-fonction, le vendredi, in-extrémis. Merci au Team Myrock pour son aide. Av mon design très particulier j’ai pu courir sous mes couleurs. Toutes ces bonnes n et me déstressent un peu. Mais bon, demain déjà, il faudra aller déposer le vélo Mike pour son gros coup de main ; sans lui il m’aurait été difficile d’emmener m portant vélo sur la moto pour rejoindre St-Malo ! mdr...
ui rend l’âme... j’ai la poisse, en écidemment le sort s’acharne !!! un échange avec une 920 pour endre en mains » et je reçois ma vec son assistance technique et nouvelles me relancent la motiv o au parc ! Merci au passage à mon bike, à moins de mettre le
CrĂŠdit photo : Une gentille passante
Il est 5H00. Après 45’ de route j’arrive sur St-Malo. Je me stationne à trois cent mètres du départ et me dirige tranquillou à pieds vers le parc dans lequel j’ai déposé mon Myrock Mataï la veille. Petit à petit les athlètes arrivent et on se rend vite compte qu’un peu d’espace supplémentaire n’aurait pas été un luxe, mais bon on s’en accommode, on n’est pas des chochottes ! Je remets un coup de gonflage aux roues, j’installe mes bidons et deux/trois accessoires sur le destrier puis je commence à me préparer. J’en profite pour aller me promener dans le parc et aux alentours pour aller saluer de nombreuses connaissances comme Gérald et Nath, Soizic tout droit sortie de boite, Gaël, Sophie et son mari, Ronan, Laurent et Bébert, Jean-Claude aussi mon arbitre préféré, Fred le coordinateur de la sécu de la partie nat, bref... j’en oublie mais j’étais concentré sur ma journée, je n’avais plus trop la tête ailleurs, désolé.
n gentil triathlète Crédit photo : U
Je retourne près de mon bike vérifier que je n’ai rien oublié, j’enfile ma combi et je pars sur la plage « goûter » l’eau...
Après quelques longueurs un peu fraîches, je pars me positionner sur la ligne de départ. Je sais je ne suis pas nageur, mais bon, je décide de me mettre devant, tout au moins pour prendre un départ digne d’une course à pieds... Chose promise, chose dûe ! Malgré un retard d’une quinzaine de minutes, le chrono est lancé dix minutes après celui des femmes et la meute de plus de 450 furieux s’envole au sprint avant de mettre les orteils dans l’eau salée. C’est parti pour 3800 mètres de... de bonheur ? Oui, même si je n’aime pas l’eau, j’y prends du plaisir... je réussis à nager « loin » des coups de pieds ou des baffes, à mon rythme. Je jette régulièrement un oeil sur ma 920 pour voir mon avancée et le chrono. Tout semble bien. La respi se cale bien, les premières bouées se passent sans encombre ni « bouchon ». Le banc de bonnets jaunes s’effile au fur et à mesure des hectomètres. Déjà les premiers poissons s’extirpent au niveau des thermes pour la sortie à l’australienne. Je sais que j’ai encore le temps, il ne faut pas se cramer, la journée va être longue. Je modère mes efforts et je reste bien. Même si l’eau peut sembler un peu fraîche elle n’en reste pas moins agréable pour un effort de ce style. Mine de rien on transpire aussi en nageant et le petit courant frais fait bien. Mon allure semble régulière et fluide, c’est bon signe !
Après seulement 29 minutes je suis à mon tour sur la sortie à l’australienne à ma grande surprise. J’ai beau tenter de calculer et recalculer (oui, je dis tenter parce que sincèrement quand on nage et qu’on court il nous faut plus de temps pour réussir à faire des calculs... lol), le constat est évident : la distance est conforme à quelques mètres près, donc je suis trop rapide, ou alors des nageoires m’ont poussé dans la nuit !
Peu importe, ce qui est pris n’est plus à prendre !
Le temps d’un p’tit coucou à Soizic et Seb ainsi qu’aux autres supporters qui m’encouragent et je repique la tête dans l’eau pour la seconde partie. Après 2500m je commence à ressentir des crampes au mollet droit, avant que le gauche ne se manifeste à son tour. Un peu de dos crawlé pour aider à les faire passer et je reprends ma positon et mon allure de croisière. Le retour semble plus long... l’accumulation de ces petites bouées que je confonds parfois avec des bonnets d’autres nageurs semble interminable... et pourtant...
On s’approche doucement du fort, lieu de départ et de fin de cette discipline et le chrono semble plus lent ! Les secondes me paraissent des minutes d’autant plus que les crampes sont de plus en plus répétées ; je me dois de les aider à partir... ce s’rait trop con de se claquer en nat sur un Ironman ! Le fort parait désormais tout près mais un truc cloche... le Garmin vient seulement de passer les 3000 mètres. C’est impossible, il ne reste pas 800 mètres jusque la sortie ? Le chrono me confirme à son tour qu’il y a un bug, bref, on va dire que c’est à cause de la marée... Après 3300 mètres de nage, l’épopée aquatique touche à sa fin. Encore quelques coups de bras avant de passer en position verticale pour enlever le haut de la combi et trotter jusqu’au parc... 57’30, voilà mon chrono nat... ça laisser rêveur, moi qui visait 1H30. Même avec 500m de plus j’aurai battu toutes mes espérances... c’est de bonne augure pour le reste des hostilités tout ça... Yesssssss
Crédit photo : Soizic GAUTIER
Crédit photo : Soizic GAUTIER
La brume se lève doucement sur la côte et le vent « dans l’dos » est une véritable aubaine pour ce circuit, enfin tout au moins l’aller jusqu’à Vildé la Marine. J’ai mes jambes de 20 ans, le chrono s’affole et je remonte pas mal de triathlètes ; Je sais que c’est le début et qu’il ne faut pas s’enflammer mais je n’y peux rien j’ai envie de prendre du plaisir, sans restriction, sans me dire « et après »... Et après ? Après on verra, tant pis si je n’ai plus de jambes pour le marathon, je marcherai « et pis C tout ! ». Le temps semble parfois s’assombrir mais tant qu’il ne pleut pas, ce n’est pas grave. Dans le cas contraire il faudra restreindre la vitesse, être plus prudent dans les virages ou sur les ronds point, et on aura froid... de toute façon il parait qu’en Bretagne il ne pleut que sur les cons... A la Pointe du Grouin je bifurque à droite vers Cancale. Quelques piétons « isolés » nous encouragent mais sans savoir je pense, pour la plupart, quelle course se joue dans le coin. Quelques virages dans le centre-ville et à ce carrefour, cette P’T’1 de twingo qui accélère devant le bénévole pour lui friser les moustaches et m’obliger à « piler » les deux mains sur les freins pour éviter la collision ! « Enculé d’assassin » désolé, je n’ai pas pu m’empêcher... Je poursuis, encore un peu tremblant mais confiant sur mon état d’esprit. La descente vers St-Benoit des Ondes est transcendante, le garmin a des fourmis et la vitesse est à plus de 54 km/h. La moyenne est à plus de 32, même si je sais que ça ne va pas durer, c’est trop bon, ça me donne des ailes ! Gérald en profite malgré tout pour me doubler, mais bon il est en forme le garçon et surtout mieux préparé.
Petit à petit les kils s’accumulent, les bidons se vident et déjà la première boucle est validée après 2H02 pour les 67.6 kms, soit plus de 33 km/h de moyenne. Je ne prends pas le temps de m’arrêter au ravito, j’ai ce qu’il faut sur moi, on verra au prochain passage. La succession de bosses depuis Châteauneuf m’a fait mal aux canes, moi le cycliste du dimanche dans les côtes. Le public semble plus présent sur cette portion notamment au carrefour de la clinique où les olas sont très encourageantes. Raphaël, un très bon kiné de St-Malo est là et comme beaucoup, il n’est pas avare de ses claquements de mains. C’est parti pour deux boucles identiques mais déjà je sens qu’elles vont être moins rapides, ne serait-ce que parce que l’accumulation des rythmes changeants depuis les bosses m’a cassé un peu les pattes. Le bitume est pourtant nickel et je continue à envoyer sur la plaque, comme à l’entrainement. A St-Méloir on se refait le passage au bord de l’eau avec vue sur le Mont St-Michel vers Vildé avec le vent de dos et là je remets encore des watts pour optimiser au mieux cette portion « facile ». La Fresnais, St-Guinoux et ses portions de faux-plats qui suivent commencent à me calmer un peu. Derrière je sais qu’il y aura la succession Châteauneuf/La Ville Es/StSu/St-Jouan, alors je lève un peu le pied même si je pense que le mal est déjà fait.
Tant pis, je me suis fait plaisir, c’est l’essentiel...
A Chateauneuf je « deviens » prudent en passant sur le petit plateau pour enchaîner les vallons. Mais ils piquent, sans doute un peu trop. Les supporters du club de Dinan (mes débuts) m’encouragent dans la dernière côte d’avant ravito, avant de faire une pause pour prendre, sous les encouragements de Baaaatrick, les réserves qui m’aideront à terminer cette dernière boucle. La moyenne est désormais sous les 32 km/h et maintenant elle va continuer à tomber. Dès la reprise je sens que je vais en ch... pour les 60 derniers kils. Les crampes commencent à se sentir au niveau des quadris et plus particulièrement le droit. Dès que j’appuie un peu fort sur la plaque la douleur s’intensifie sur le quadri... P’T’1 de M.... et dire qu’il me reste encore plus de 60 bornes, nom de Dieu, ils vont être longs. « Si t’avais moins envoyé au début aussi du-con ! » Ben ouais, je sais mais moi, on ne me changera pas, c’est triste mais bon, c’est moi. A la clinique le public a considérablement diminué mais il en reste et j’en profite pour les applaudir à mon tour, ils le méritent bien ! Mes canes n’en veulent plus, la moindre intensité me bloque la cuisse... je m’arrête à la voiture/ambulance des secouristes et leur demande une poche de glace. Aussitôt dit, aussitôt fait. Je repars avec ce froid qui me fait presque oublier la douleur. St-Benoit sous la bruine temporaire puis une dernière fois j’envoie les watts jusque Vildé. La moyenne a bien baissé mais peu importe, le but est désormais de boucler le bike sans blessure. Entre St-Guinoux et Miniac une petite pluie fine me rafraichît bien... vu l’état de la route, j’ai l’impression d’être passé juste après une belle drache, tant mieux, c’est déjà ça de pris. Désormais, à chaque point de « secours » je prends quelques minutes pour demander des poches de glace... maintenant les deux quadris sont pris au piège des crampes et je pense déjà à la succession de bosses de Châteauneuf. Le moral en a pris un coup, et ce n’est que le début !
iste DELEPINE Crédit photo : Bapt
J’en profite malgré tout pour remercier les supporters(trices) comme Baptiste qui immortalisera le moment, les bras en l’air sous les applauz d’Oliv et Karine. A propos... vous en connaissez beaucoup des triathlètes qui s’amusent autant sur des épreuves de cette taille-là ? Désormais, à l’approche du pont de la Brizardière qui enjambe la RD137 je sais que ma moyenne de vélo ne sera pas supérieure à 30... je suis obligé de poser pied à terre dans la bosse, j’ai super mal au quadri droit ; je le masse mais c’est quasi-inefficace. J’ai tout mis à gauche devant mais aussi derrière. Je repars tant bien que mal en forçant plus sur la jambe gauche que sur la droite mais c’est douloureux... pour ne pas dire « très ». Une poche de glace par-ci, une poche de glace par-là, je continue mais c’est dur. Jusque St-Su ça semble mieux mais le sourire n’y est plus en voyant St-Jouan se dessiner. J’en profite pour papoter un peu avec mes compagnons de « galère » dont Nico le Mexicain, un pote de mon ami Rod. Visiblement c’est dur pour tout le monde. Je ne dis pas que ça me rassure mais bon quelque part ça me conforte dans l’idée que l’Ironcorsair n’est pas une course faite pour les triathlètes mal préparés. La Bretagne c’est trop plat comme j’aime le dire en trail, mais l’accumulation de ces petites portions vallonnées font très mal... aujourd’hui je sais qu’en bike c’est confirmé.
J’essaie de gérer au mieux le finish qui nous ramène sur le sillon, mais la moindre tentative d’effort est très vite corrigée par les douleurs des quadris, tant pis, j’aurai essayé. Même si la foule sur le sillon est encourageante et motivante, je prends le temps de savourer mon « exploit », puisqu’avec une moyenne de 29,6 km/h je boucle en 5H56 les 175.5 kms d’un circuit difficile physiquement. Comme un triathlète pressé par le temps je m’octroie le luxe de déchausser en roulant pour gagner quelques secondes dans la transition. Allez... plus qu’un marathon et la journée sera terminée !
Crédit photo : Anne PLISSON
La première de ces 3 bosses est atroce, mais passe avant d’être obligé, dans la seconde, de déclencher le pied droit pour laisser pendre la jambe archi-contractée et ne pédaler qu’avec la gauche. Dans la descente qui précède la longue ascension vers St-Jouan je mouline autant que je le peux et j’attaque plus sereinement le D+, tranquille, en moulinant cool et sans forcer. Je me fais doubler par un cyclotouriste, mais refuse de prendre la roue qu’il me propose... je suis un triathlète « no doping/no drafting » moi... Qui va doucement va surement mais les réserves hydriques sont épuisées. J’en profite au ravito pour les recharger en complétant avec un de mes gels Apurna.
Dans la transi je retrouve Sophie, dans l’attente imminente de son homme qui faisant la partie vélo après sa prestation aquatique. Sympa aussi ce relais de couple. Terminer dans la joie et dans la bonne humeur, voilà la clé de mon marathon... facile à dire, mais ce sera aussi facile à faire ? L’avenir me le dira. J’ai décidé de mettre de l’ambiance, peut-être pour extérioriser mon mal ou simplement évacuer les démons qui depuis quelques mois m’envahissent la tête. Il était temps que cette course arrive, je n’en voulais plus mais aujourd’hui je la délecte... Le public se rappellera longtemps de ce p’tit bonhomme « rose » qui n’a cessé de hurler « y’a du monde à St-Malo ? » ou encore « si t’es fier d’être un malouin, tape dans tes mains ». Cédric, Soizic, Jeanne, David, Béa, Loïc, et j’en oublie, sont tous là à voir le « pimpin rose faire le show ». Mais très vite le sillon (qui paraissait plus court au premier tour, lol) se termine et Sophie me rejoins avec une foulée de « star ». Bon avec 175 kils de bike en moins dans les pattes ça aide, lol.
Quelques hectos plus loin je la laisserai s’envoler ; mon allure ne sera pas capable de la suivre aujourd’hui. Vu le chrono de fin de bike je sais que même en marchant toute l’épreuve de C.A.P je bouclerai mon IM, alors je décide de me fixer une directive : quand c’est plat ou descendant, je cours et quand ça monte, je marche, vite en grandes enjambées, mais je marche. Sans doute l’une des clefs de la réussite du jour... le palpitant ne monte pas dans les tours, les crampes du bike semblent effacées, bref « je vais bien, tout va bien »... Au septième kil, à mi-parcours de ces trois boucles, je prends le temps de bien me restaurer en « solide » et en coca, en complément de mon bidon d’H4. Mon allure reste correcte et plutôt souple et régulière avant de revenir vers le sillon, faire le show en croisant Gégé et Sophie qui sont repartis pour la seconde boucle. Les rennais, les dinannais, les malouins, tous ces triathlètes que je connais je les croise... certains semblent bien d’autres moins... Je n’ai jamais été aussi souriant pendant une épreuve de cette envergure. Le public répond à mes encouragements et même si les canes commencent à se raidir je continue jusqu’au demi-tour, près de la ligne et c’est reparti pour le deuxième tiers de 14 kils. 1H22 pour faire les 14 premiers kilomètres, soit 10.2 km/h (5’52 au kil), c’est cool, non ? Mais ce n’est pas fini...
Et ce P’T’1 de sillon qui me semble beaucoup plus long que le premier, beaucoup trop long d’ailleurs. Malgré l’averse qui nous trempe jusqu’aux os j’enchaîne les kilos avec toujours autant de sympathie et de remerciements envers les bénévoles qui sous leur parapluie ou leur capuche gardent leur point sans défaillir, bravo et merci !
Crédit photo : Cristelle MESNAGE
Crédit photo : Une
Merci à cette gentille bénévole qui a immortalisé l’instant... merci Rod et Oliv pour ces couleurs flashys qui égaient le peloton et font sourire le public !
gentille bénévole
Je continue, sous cette bruine chaude qui fait du bien. J’alterne marche et trot jusqu’au ravito du s’mi ! Alleeeezzz, la moitié de fait !
Je repars tranquillou en marchant dans cette bosse avant de reprendre une allure souple et détendue pour revenir vers le sillon. La première féminine me double, tant pis je ne serai pas sur le podium... hahaha...
Crédit photo : Mickaël MEUNIER
C’est reparti pour un aller-retour sur le sillon, sillon qui à chaque passage semble avoir été rallongé, c’est dingue ça... quel est le « con » qui s’est amusé à ce jeu ? hein... c’est pô drôle... Après quelques « olas » de bras pour faire le public se bouger un peu je m’arrête quelques instants au ravito, histoire de manger 2 quartiers de bananes assaisonnés au coca et je repars. Je ne dirai pas de plus belle même si la seconde boucle a été presque aussi rapide que la première, en seulement 1H24. Je sais il ne reste plus « que » 14 kils... 14 kils c’est quoi, un entrainement basique du dimanche alors pas besoin de se plaindre...
Malgré tout, les cuissots commencent à saturer, je sais c’est normal mais ça pique un peu, d’autant que sur le circuit nous sommes de moins en moins. La plupart des athlètes que je croise ont déjà leurs 3 tours de cou, moi il m’en manque un. Les côtes sont de plus en plus longues et les moindres fauxplats sont une excuse pour marcher. J’ai beau boire mon H4 et manger mes barres sur-protéinées de gerlinéa, la fin qui se rapproche à chaque enjambée semble encore loin. Le passage près de la mer, dans les chemins sableux est désormais dangereux ; je n’ai plus toute ma lucidité et mes appuis sont parfois approximatifs. Malgré l’accroche de mes Kalenji race 3 (je sais c’est une paire de trail court, mais bon maintenant ils pourront dire que c’est aussi une chaussure de marathonien !) je manque à plusieurs reprises de choir au sol. Quelques hectos avant le ravito du 35ème je retrouve le bitume, ce sera mieux pour en finir. Au ravito, je sais que je vais boucler mon 3ème Ironman alors je prends le temps de m’asseoir et de profiter des victuailles pendant que Francky le dinannais me passe sur le chemin. Peu m’importe, je n’ai pas d’objectif de place ou de chrono, je veux juste finir avec le sourire !
Encore 7 kilomètres et je pourrai savourer ma journée.
Après les encouragements d’Oliv et Karine près de Rothéneuf je repasse une dernière fois dans le lotissement « monotone et sans vie » avant de redescendre vers le bord de mer. Un dernier verre de coca et maintenant, je termine sans plus jamais marcher...
Plus que 3 kils, ça sent bon...
Plus que 2, même si le sillon s’est un peu vidé il reste de nombreux supporters qui sont heureux de m’applaudir. J’essaie au mieux de leur rendre comme je le peux un remerciement avec la « banane », malgré les cuisses douloureuses et gonflées de lactates. Je sors du sillon et j’emprunte une dernière fois la portion de bitume qui voit se dessiner au loin l’arche d’arrivée... je lève les bras pour faire le public se soulever d’applaudissements ; je tapote les mains des amis(es) venus assister au finish et des gamins fiers de pouvoir « toucher » un triathlète.
Crédit photo : Soizic GAUTIER
Crédit photo : Patrick CERLES
Je suis heureux d’en finir mais je n’ai pas envie que la joie s’arrête si « tôt »... alors je m’arrête pour marcher et en criant je donne le décompte... 10, 9, 8, 7, 6... devant un public et des arbitres stupéfaits de voir une telle arrivée. 5, 4, 3, 2 et unnnnnnnnnnn !!! Merci à vous ! Après 12 H 11 de course... je boucle mon 3ème Ironman et j’en suis fier ! Merci à toutes celles et ceux qui m’ont aidé à préparer cette course, m’ont encouragé toute cette journée, de près ou de loin sur cette course parfois difficile, en direct ou en « LIVE ». Merci aussi à l’orga et ses dizaines de bénévoles.
Mon mental a suivi ma volonté... même si les jambes ont pu couiner, elles ne m’ont pas empêché de réaliser ce « rêve » ! Et comme dans l’cochon tout est bon, rien de tel qu’une galette saucisse pour se régénérer... lol
Crédit photo : BOURNICHE
Crédit photo : Eric CHAUFFAUT
Merci aux photographes, officiels ou non, pour tous les clichés qui ornent ce récit... ainsi qu’aux bloggueurs(euses), notamment Oli et Bruno, qui ont permis au LIVE facebook de vous tenir en haleine et de me laisser un souvenir inoubliable. La course fut éprouvante mais tellement belle... mais c’est normal on est en Bretagne !