FRENCHMAN XXL - Récit by Nico35

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« Après treize heures, quarante-quatre minutes et cinquante-cinq secondes, j’arrête enfin mon chrono, le cœur lourd, le corps rempli d’émotion, à la limite des larmes en entendant le public et les amis m’applaudir et me féliciter sur cette finish-line… j’ai désormais 7 triathlon Ironmans à mon compteur !»

Vous êtes prêts à me lire ?

Vous êtes prêts à passer de longues minutes à « vivre » ce qui depuis 3 ans m’a traversé l’esprit pour enfin accrocher autour de mon cou cette belle médaille ?

Ok, alors c’est parti… retour dans les couloirs du temps…

Nous sommes le 12 janvier 2020… je viens de fêter mon 47ème anniversaire après une semaine passée dans cette station de ski des Saisies… quelle idée saugrenue me traverse l’esprit, je l’ignore, mais après avoir réalisé une saison 2019 de folie : Ecotrail de Paris (80k), Troursn’man (Triathlon XXL de Tours), 333Hermine Race (Ultra Triathlon de 333km au profit des P’tits Doudous), il faut croire que je n’en n’ai pas encore assez…

Le triathlon XXL c’est 3800m de natation, 180 kms de vélo et 42.195 kms de course à pieds… bref un marathon Toutes ces épreuves associées donnent un effort sportif assez complexe, j’en conviens, surtout quand il faut réaliser les 3 à la suite, le même jour

Revenons ce 12 janvier 2020…

Un pari de fou, encore un de plus me direz-vous puisqu’à 4 mois de l’échéance il n’est plus l’heure de se reposer mais de s’entrainer sérieusement !

Pourquoi le Frenchman ?

J’ai eu beau faire et terminer l’Ironman de Nice en 2008, l’Embrunman en 2009, je n’aime pas les « côtes » pour ne pas dire les cols ou les montagnes. A l’Ironcorsair de St-Malo en 2016 comme à Tours en 2019, j’ai compris les circuits plus « plats » étaient mieux pour moi… Le vélo est ma discipline préférée, ou du moins celle sur laquelle je me sens mieux ; je n’irai pas jusqu’à dire que je préfère rouler 6H que courir 4H mais je suis plus à l’aise sur mon deux roues.

Histoire d’avoir une « base » de travail, je me lance dès le 19 janvier sur le 10k de St-Grégoire. 46’06, bof, ce n’est pas top, mais c’est déjà un bon début. Je suis classé 897 / 2258 ; ça va je ne suis pas non plus à la ramasse, lol.

Inscrit au semi-marathon de St-Gilles le 29 février, je continue avec un peu, mais pas trop, lol, d’acharnement les entrainements en nat et en CAP. Le vélo… avec le temps froid et humide me fait souvent renoncer à sortir. Mais en Chine… une épidémie commence à se propager…

Le 29 février, après 1H39, je boucle le semi de St-Gilles… pas facile en raison du vent et des faux-plats, sans oublier la grêle des 2 premiers kilomètres… à entrainement difficile, compétition facile parait-il !

Je suis dans les clous là, non ???

Mais c’était une bien courte satisfaction, quelques jours plus tard, le couperet tombe !

Annulation de toutes les courses sportives jusque nouvel ordre, en raison du COVID 19 !!!

Inscrit sur le marathon de Cheverny en avril, le tri du Lévézou en août, celui de Deauville, les 2 trails du Sancy en septembre et le marathon du Loch Ness en octobre, en Ecosse ainsi que sur la Red Bull Neptune Steps de Hédé en octobre… je prends un coup de massue derrière les oreilles.

Les semaines se suivent et se ressemblent… comme beaucoup je crois encore à un espoir, mais l’entrainement sans compétitions devient fade…

Pour ne rien arranger, le 7 mars… tous mes espoirs s’effondrent en quittant mon service à 6H du mat…

Très alcoolisée, une jeune femme au volant de son véhicule vient percuter le mien alors que je démarre tranquillou derrière deux collègues au feu qui vient de passer au vert.

En plus de ma main qui n’a pas aimé le choc, mon oreille est fortement altérée.

A l’issue des nombreux examens et mises au point qui ont suivi jusqu’à 2021, le bilan de la perte de mon audition à gauche sera de 35%.

Il m’aura fallu 4 mois d’arrêt avant de pouvoir reprendre le boulot, appareillé « comme un vieux », je suis dégoûté !

La saison est désormais bien pliée… d’autant que le gouvernement nous annonce le Confinement… plus de sorties, sauf pour aller faire quelques courses alimentaires

La motivation baisse et comme beaucoup de « sportifs » elle est presque éteinte… ce ne sont pas les sorties d’une heure dans un rayon d’un kilomètre qui relèveront le niveau…

Malgré tout, je retrouve petit à petit une once de motivation pour ne pas rester cloitré en quatre murs. Je reprends photoshop et m’amuse à refaire des GPS drawing pour allier l’utile à l’agréable…

Je bouffe des heures de home trainer dans mon salon en regardant des films de triathlon, des courses de vélo… avant de passer à l’acquisition d’un HT connecté et d’enfin avoir le bonheur de rouler en mode « ROUVY »…

Le confinent se termine… et certaines épreuves refont un coup de comm pour faire resurgir en nous un peu d’espoir et finir l’année en beauté.

Seuls les Trails 12.4 k et 19.6 k (avec Olivia) du Sancy verront le jour sur mon planning… mais c’était tellement beau sous la neige de faire ces trails « d’été » en ce début septembre !!!

L’année 2020 prend fin sous fond de « couvre-feu » mais du côté sportif pour 2021, les feux semblent repasser au vert…

Malheureusement, le « virus » plane encore et le marathon de Cheverny, comme le Frenchman sont reportés à 2022… je suis dépité mais je ne lâche rien… Au fur et à mesure de l’avancée dans l’année certaines orgas revoient le jour.

Je m’inscris sur le 35 k de l’Ecotrail de Paris… pas trop préparé malgré tout je décide de chercher un triathlon aux distances Ironman à faire….

Copenhague, le 22 août sera le bon… il est quasi plat, comme le Frenchman et les restrictions sont levées là-bas. Entre temps je bâche sur le M de Feins… pas de jus ni de motiv… mais bon annoncer qu’un tri passe en drafting quelques jours avant le départ, pfff… je suis ANTI-DRAFTING !!!

Mais je suis remonté à tout défoncer le mois suivant, au pays des Vikings. A 600 euros le dossard, il y a plutôt de quoi ne pas se décourager ! Le 22 août je deviens pour la 5ème fois « an IRONMAN » !!! après 13H19 de course. (Merci David)

Dans la foulée (3 semaines seulement après), je tape le Half de Dinard en 5H49, puis le M du Tri-sud Vendée en 2H13.

Pour terminer l’année en « beauté » avec beaucoup de difficulté j’en conviens, je boucle mon 24ème Marathon, à Helsinki en… 4H53. Il faut dire que je ne pouvais pas courir suite à des blessures au mollet.

2022… je vais enfin pouvoir faire mon Frenchman !

Après 6 mois de travaux fatigants, stressants, dans notre nouvelle maison, raison ou pas, conséquence ou pas , le 7 mars, il est tard, dans mon lit, je sens que ça ne va pas… la tête tourne, j’ai des pertes d’équilibre quand je marche et les vomissements surviennent. J’appelle le 15 qui, une fois les symptômes exposés me demande de m’orienter le plus vite possible vers les Urgences du CHU… Olivia me dépose illico pour y être pris en charge par les infirmiers qui, après quelques minutes et la venue de 3 toubibs m’orientent vers l’IRM.

30 minutes plus tard, le verdict tombe… cette dame avec sa doudoune longue à capuche qui, de mémoire me dit être la chef de service, m’indique que je viens de faire un AVC ; je vais être pris en charge dans le service adapté pendant une bonne semaine minimum pour en déterminer la cause et éviter que cela ne se reproduise !

La nuit passe, je ne dors pas « des masses » même si je suis vraiment HS…

Quand le toubib vient me voir en fin de matinée, ma seule question, celle qui m’inquiète le plus c’est :

« quand est-ce que je sors docteur, j’ai un marathon dans 3 semaines, il faut que je m’entraine !

- Euh… M. VERDES… vous avez fait un Accident Vasculaire cérébral… c’est très grave, pour le moment il va falloir penser à votre santé, plus qu’au sport !

- Oui mais… j’ai aussi un Ironman dans 2 mois et demi, c’est bon celui-là alors si je fais l’impasse sur le marathon ?

- Bon… je crois que vous ne comprenez pas M. VERDES, le sport, le travail, pour l’instant n’y pensez même pas. Vous allez être très fatigué pendant quelques semaines et petit à petit, au mieux, vous vous remettrez à marcher puis à trottiner mais les compétitions cette année, sincèrement n’y croyez pas trop ! »

Là… je sens en moi que quelque chose me fait monter les larmes aux yeux, c’est plus fort que moi, je ne peux pas lutter…

Cette semaine d’observation et de rééducation me permets de me remettre sur mon 3ème roman, celui que j’avais délaissé, faute d’idées, de temps et d’inspiration ! Un « mal » pour un bien…

Le petit ami de Florine sortira enfin, 7 mois plus tard grâce à l’aide et la confiance de Jacques NAIN, le « boss » et ami des Editions des Auteurs d’Aujourd’hui : ED2A.

Les semaines passent, les entrainements reviennent malgré une grosse fatigue pendant près de 15 jours voire même 3 semaines. Je reprends la course à pieds cool, le home trainer, ça va… doucement mais ça va, je n’ai visiblement pas de séquelles, ouf !

3 jours avant le départ du triathlon S de Trémelin, sur lequel Olivia était inscrite, je décide de m’inscrire comme il reste des places. Après 1H23, je passe la finishline de ce triathlon S (750/20/5)… ça fait du bien même si le fait d’avoir marché sur un silex ou un tesson de bouteille à ma sortie d’eau me coutera 3 points de suture, le soir, au CHU !

Alors c’est reparti pour 2 semaines OFF’sport…

Mais les jours passent vite… je retrouve les séances de HT, de CAP et je retourne à la piscine quand même faire quelques longueurs.

Le 19 juin, à Rapperswill Jona, en Suisse, l’occasion d’aller faire un coucou à mon grand garçon Clément, je prends le départ du Half Ironman que je termine après 6H19. Une « grosse » victoire pour moi !

La course est finie et avec elle mes nerfs lâchent quelques larmes coulent en repensant à tous ces derniers mois, toutes ces paroles que l’on m’a dites comme "il faut que tu arrêtes le sport", "tu vas devoir te poser maintenant", "avec ce que tu as eu il va falloir faire très attention"... tous ces mots et tous ces maux qui défilent très vite dans ma tête mais qui font désormais partie du passé... Je reviens de loin comme me disait le toubib, tout le monde n'a pas cette chance... moi je l'ai eue, ouf !

Je sens bien que je n’ai plus la force ni les jambes des années passées mais il me faut le temps que tout ça se remette en place, que l’organisme reconsidère qu’avec l’implant du « holter » la vie ne sera plus comme avant… comme ma tête aussi, pas mal affectée par cette épreuve, il faut lui redonner du goût et de l’envie.

Je repense alors à Top Gun, quand Viper s’adressait à Jester au sujet de Maverick après l’accident Goose, en disant : « qu’il reparte en mission, sans tarder ! », je me suis dit, reprends le tri, ne lâche pas maintenant sinon après, tu n’auras plus la force !

Avec Patoche, j’apprends la création du Bayman, un tri XXL au pied du Mont St-Michel le 1er octobre. Je m’lance, je m’inscris… maint’nant y’a plus qu’à s’entrainer…

Les semaines passent, les mois… je pense être « prêt ». J’ai fait de longues sorties bike (180k) avec Patrice jusqu’au Mont St-Michel, avec Gérald jusqu’au Cap Fréhel (190k) et en solo jusqu’au Puy du Fou (215 k). Malgré une eau à 14.5°, très fraiche à 7H du mat, un bike avec 3 belles « patates » et un marathon plein de moustiques, je boucle mon 6ème « Ironman » en 13H26.

Pour quelqu’un qui a eu un accident tel que le mien en mars, j’avoue pouvoir être fier d’être « aussi bien remis ». Je retrouve pas mal d’envie, je reprends la pêche, bref je remets ma vie sportive sur les rails du « long », enfin au goût du jour !

Il ne me reste plus que le marathon de la Rochelle pour finir la boucle… et l’année sera « sauvée »…

C’est ce qui se vérifié après 3H54, deux mois plus tard… en bouclant mon 25ème marathon ! La saison avait mal commencé, mais elle s’est bien terminée… ouf, ça fait du bien parfois ce genre de choses !

2023… l’année de tous les « impossibles »…

Début janvier, je dévoile mon programme sportif pour l’année à venir…

10 k run de St-Grégoire

10 k run de Noyal Chatillon sur Seiche

5 k du Marathon de Cheverny

Marathon de Cheverny

Frenchman XXL de Carcans

750 Orphéo Tri

Marathon de New York

Beau programme, non ?

Les deux premiers 10k me permettent de me donner une « base de travail » pour les événements plus longs qui suivent et notamment le marathon de Cheverny, le 26ème de mon palmarès ;)

J’enchaine les séances de nat, de bike sur Home Trainer et de CAP, mais bizarrement je ne ressens pas cette envie, cette niaque qui m’a toujours entrenu et boosté…

En fait, cela fait trois ans que ce marathon de Cheverny se reporte, tout comme ce Frenchman… je pense que c’est aussi l’une des causes de ce manque de motiv, non ? Quand quelque chose me « botte », j’aime que ce soit fait sans tarder, mais là, ça fait trois ans que je les attends ces courses. J’ai peut-être perdu cette motivation, cette envie est peut-être passée…

Mais je tente de rebondir en me disant que ces courses me permettront de rajouter des « bâtons » intéressants à mon palmarès.

Le 10k de St-Greg reste malgré tout intéressant en terme de « base » avec mes 47’51, moi qui visait 50’, j’avoue, je suis même très satisfait. Un peu moins peut-être à Noyal-Chatillon un mois plus tard puisque le chrono est moins rapide… « seulement » 48’22. J’étais bien séché par des soucis de bronchite… une cause aussi sans doute de cette méforme !

Pour des raisons tant techniques que logistiques et financières, j'ai décidé de tirer un trait sur mon projet de défi Ultra-Triathlon en septembre au profit d'Orphéopolis, l'asso qui aide et soutien les orphelins de la police. On ne peut malheureusement pas toujours tout diriger, tout décider et tout "commander", c'est triste mais c'est ainsi. Je n'enterre pas le projet, je le garde dans un dossier de mon PC pour 2025 (2024 n'étant pas possible en raison des J.O) ou plus tard) ; l'avenir me le dira, ou pas.

Il me reste 2 mois pour préparer mon marathon… je n’ai pas de blessure apparente mais j’ai du mal à suivre ce programme téléchargé sur le net. J’ai du mal aussi à trouver du temps et de l’envie pour faire des sorties longues, séances plutôt indispensables pour faire un marathon… et pour ne rien arranger mes bronches ont encore du mal et m’empêchent de m’entrainer pendant près de 15 jours, pour ne pas dire 3 semaines. Le plan est comme qui dirait bien mal engagé…

Les jours passent vite, très vite, trop vite…

Nous sommes le 1er avril et ce n’est pas un poisson quand je dis que je suis préparé pour un semi, mais surement pas pour un marathon… je m’inscris au 5k de la veille autour du château de Cheverny, avec mon déguisement de radar… ce s’rait dommage de se priver de ce côté « fun », non ?

Je ne vise aucun chrono, juste faire tourner les pattes, cool. Bien que l’orage et les grêlons nous aient assassinés pendant près de 15 minutes, je boucle ce 5k en « seulement » 24’11, m’offrant par la même, la 19ème place sur 45 au départ… c’est malin de « taper dedans » une veille de marathon, non ? Olivia faisait le 10, c’était pour moi l’occasion de ne pas rester « sans rien faire », lol

Après une nuit dans le van, le lendemain matin, je discute avec Gilbert le célèbre « Jésus » qui a plus de 300 marathons à son compteur, puis direction la cour du château pour tenter de boucler au mieux mon 26ème marathon, déguisé en Tintin sur l’île noire ; logique au pays du Château de Moulinsart !

Malgré ma bonne volonté, mais sans de bonnes jambes, je n’ai pu faire de miracles. La course fut très sympa, le public, le tracé, les changements de revêtement, les chemins dans la forêt, les routes, les passages dans les caves à vin, les orchestres et le château… une belle course quoi.

Bon j’avoue, déguisé en Tintin, j’ai eu du succès, des applauz plus que certains, notamment en franchissant la ligne accompagné de mon « milou » du jour, le célèbre et adorable Gizmo !

4H06, ouais, bon, ben ça aurait pu, ça aurait dû être mieux, mais c’est comme ça. Quand on est préparé pour un s’mi on n’peut pas faire des miracles sur un full.

Il ne faut regarder dans la gamelle des autres, se dire qu’ils étaient mieux, qu’ils ont fait pire… dans la vie on doit tirer profit de tout, bon ou mauvais, il faut que ça puisse nous servir de leçon. Un marathon se termine, même sans vrai training, la preuve, mais j’ai fait pire, mieux aussi. Je garde le bon… j’ai maintenant 26 marathons « secs » à mon tableau, j’ai le sourire, maintenant objectif Frenchman…

Frenchman : M – 1 :

A un mois du tri, j’ai toujours les jambes lourdes, entamées depuis le marathon et difficiles à remotiver sans douleurs. Certaines séances sont difficiles à courir, le souffle a du mal à monter dans les tours, les jambes ont aussi des soucis à trouver les allures. Les séances de home trainer s’enchaînent quant à elles, avec les challenges sur Rouvy, les sorties sont plus ou moins longues mais pas « très » longues contrairement au Bayman. Dur dur de s’y mettre, le Frenchman s’est 3.8 de nat, 180 de bike et 42.2 à pieds…

En nat, je me cale sur une séance par semaine ; de toute façon je n’ai aucune envie de « progresser », je veux juste « ne pas me noyer », lol. Je ne cesse de « radoter » en me disant que c’est (pour moi), plus facile de gagner 10 minutes en vélo qu’en natation, je préfère axer mes entrainements sur l’épreuve principale du triathlon, celle qui est la plus longue, le vélo. Le temps n’est pas génial dehors, alors j’enchaine en home trainer dans le grenier. Comme je le disais un peu avant, je n’ai pas cette niaque pour mon 7ème Iron, c’est con. J’avoue que le fait d’avoir fait l’Ironman de Copenhague m’a « calmé » sur les triathlons plats à vélo. Je pensais que ce serait mieux mais finalement, passer 6 heures sur le prolongateur c’est long, c’est dur, ça casse le dos et il faut le dire c’est chiant par moments ! Je ne vais pas dire que c’est plus facile de faire Embrun et de

monter le col de l’Izoard, mais le Bayman par exemple, avec ses bosses et ses faux-plats, ça permet de changer plus souvent de position, de ne pas rester rivé sur le prolongateur et de ne pas contracter les muscles trop longtemps. Je pense que c’est aussi une des raisons qui me fait manquer de motiv. Il y en a aussi surement une autre… celle-là, elle est con, mais quand je vois que je m’entraine de moins en moins mais que je finis quand même les courses, et pas avec des chronos tellement plus « pourris » que les précédents, je pense que je deviens fainéant et me repose sur mes lauriers. J’avoue que quand je parle avec des amis je leur dis que je fais ça « pour m’amuser »… et qu’ils me répondent « comment tu te la joues, tu fais un Ironman pour t’amuser ». Non je ne dis pas ça pour minimiser quoi que ce soit ou rabaisser les personnes qui font des distances « moindres ». En fait, que ce soit un XS, un S, un M, un L ou tout autre course, à partir du moment où la fait en prenant du plaisir, à son niveau, c’est très bien ! Ce n’est pas parce que tu fais un Ironman que tu es mieux que quelqu’un qui fait un S… si tu le fais c’est que tu peux le faire et surtout que tu veux le faire, on ne t’y oblige pas.

Quand je dis que je fais un Ironman pour m’amuser c’est simplement parce que je ne me prends pas ou plus la tête avec des histoires de chrono (même si je regarde toujours ma Garmin), de place ou de « standing ». Je veux, ou plutôt, j’aime faire ces trips pour moi, pour profiter du décor, de l’ambiance aussi, même si j’avoue que le Full-Tri a des moments difficiles. Oui je prends du plaisir sur un Ironman et quand je passe la finish-line, là… c’est TOP !

Plus c’est long… plus c’est long ! Et y’a de quoi en être fier !

Certains diront, « faire un Ironman en nageant en plus d’une heure, ou en marchant sur le marathon » ce n’est pas vraiment un Ironman ! Ah bon ?... ben chacun son truc. Si tu prends ton trip en allant vite, ben c’est cool, c’est top, mais ça ne peut pas s’appliquer à tout l’monde. Certains s’entrainent 10, d’autres 15 voire 20 ou 25 heures par semaine, avec ou sans coach, s’appliquent, suivent leur cardio, font des éducatifs, moi, je n’ai plus envie de tout ça … Ma phrase « fétiche », celle que j’aime dire c’est celle-là : « comme je ne peux pas être premier, être 2ème ça m’f’rait chier alors je préfère rester dans la fin du paquet », lol

Frenchman : J – 15 :

Toujours pas de « vraies sorties longues à vélo… à part peut-être celle-là, qui m’a fait partir à 6H du mat, pour tenter de rejoindre Pleubian, près de Lannion, sur la côte, soit 145 km. Mais le vent et cette merdouille de GPS en ont décidé autrement ; j’ai dû arrêter au km 129 pour ne pas être en retard à mon RDV. Aussi, j’ai fait une séance de 3H en HT… bref pas grand-chose de bien dans le panier…

En CAP… bof, pas de sortie de plus de 1H20/30, pas mal de sorties en endu fonda, quelques fractionnés, mais rien de bien intéressant.

Côté piscine, ma séance la plus longue a été de 4000m, avec 800m d’échauffement en dos/brasse/crawl, 2 x 500m de crawl avec améo power brush, plaquettes et pull buoy, 500m de crawl avec améo power brush et pull buoy ainsi que 500m de crawl avec plaquettes et pull buoy, pour terminer par 200m de récup en Dos/Brasse/Crawl. Pour rester positif, je vais dire que le pull buoy « remplace » la combi, mais comme vous le constatez pas de réelle distance sans accessoires. Faire 4000m à 2’ au 100m c’est bien mais si c’était sans rien ce s’rait top… mais malheureusement…

Pour mon marathon, j’étais préparé pour un semi… le marathon est passé… pour le Frenchman, je suis préparé pour un Half, au mieux… on va dire que ça devrait passer, non ?

Frenchman : J – 4 :

Arrivés sur site, avec Olivia qui est inscrite sur le M du lendemain, nous filons récupérer nos dossards dans une nuée de moucherons ! pppfff grrrr… Maintenant, plus questions de reculer, lol On est dans l’ambiance, le temps est un peu frais, il y a un peu de vent… on verra demain sur le M…

Direction Lacanau où nous retrouvons Erwan (XXL) et Karine, Pilou (L) et David (L) dans la loc, à 15 minutes de Carcans. Un p’tit repas rapide en mode pizzas pour faire simple et convivial et direction le dodo.

Sur le M, Olivia part en 2nde vague pour les 1500m… ils sont 1300 au départ.

Pas mal de clapot sur le lac mais l’ambiance commence à monter, emmenée par Frenchman depuis le haut de son perchoir pour une p’tite chorée La détonation du pistolet ouvre le bal pour 1500m de nat, 40 k de bike et 10 de CAP à travers la forêt de Carcans.

Doucement, avec les départs par vagues, je me remets dans le trip, mais je commence à psychoter en me disant que dans deux jours ce sera mon tour… J’assiste la course, j’encourage les grégos et quelques connaissances qui ont pris le départ dès leur sortie d’eau. Une fois hors de l’eau Olivia récupère son bike et s’élance sur le circuit des 2 roues. Je ne la reverrai qu’un peu plus d’une heure plus tard. J’en profite pour aller m’acheter un dérive chaine et un gonfleur de cartouche CO2, oubliés ou « perdus » pendant le transport… Je vais me positionner dans la forêt pour encourager la miss qui enchaine sur la CAP.

Une fois la boucle faite, je la revois sur le retour avant de filer sur la ligne d’arrivée pour l’applaudir après à peine 3H de course, battant ainsi son chrono de l’année passée, contrairement aux autres grégos… le vent leur aura été fatal en bike.

Bravo m’dame… Le coaching de Mariane a payé… prochain objectif : Le Half Ironman du Luxembourg le 17 juin !

De retour à la loc, Pilou et David terminent de préparer leur monture avant d’aller la déposer au parc. Avec Erwan et les filles, on retrouve Arnaud, sa tribu et Bertrand pour une bouffe riche en sucres lents. Comme si nos compétitions n’étaient pas assez compliquées, Wawan avait lancé l’idée de se « déguiser » en mode Brice de Nice… lol. L’occasion, tous réunis, d’immortaliser notre tenue !

La soirée s’étire un peu mais les « stars » du lendemain filent au dodo. Au programme, un demi-Ironman : 1.9km de nat, 90 à vélo et 21.1 à pieds.

Avec Olivia nous regagnons le site pour aller encourager nos champions. La pression monte d’un cran… toujours du « clapot » sur le lac et un peu de vent. Et dire que demain j’aurai ses distances x 2 à boucler !

Une fois la nat et le bike terminés par nos champions, nous nous installons à l’ombre du soleil et à l’abri du vent pour les encourager, ainsi que tous les autres participants ! Heureusement qu’il y a les prénoms sur les dossards, ça aide, lol.

Pilou, David et Arnaud, nos trois Brice du jour sont finishers !!! Bravoooosss…

Dernière soirée avant le Jour J :

Le vélo est prêt, je vérifie une dernière fois l’équipement et je file avec Wawan vers le parc pour y déposer le Specialized et les sacs de transition.

Le soleil est trompeur, le vent est frais au bord de l’eau, avec quelques vagues par très encourageantes… on verra demain !

Dossard 253… que dire… 3 comme les trois disciplines et 2 + 5 = 7 comme mon 7ème Ironman… on s’raccroche à ce qu’on peut, lol ! J’en profite pour bien re-re-re-vérifier le contenu de mes sacs, l’état des pneus du bike, bref, je psychote un peu…

Je pense que la plus chiante des « excuses » de ne pas pouvoir terminer un Ironman, ce serait de ne pas avoir la chambre à air de répa, d’avoir oublié le démonte pneu ou le dérive-chaine… casser son cadre sur une chute, avoir une fracture, c’est dur mais on s’y résignerait, pas une crevaison ou un oubli à 2 balles !

Tout semble bon… je jette un dernier œil sur les bouées, mais p’t’1… qu’est-ce qu’elle est loin la bouée rouge du demi-tour… pas celle du M ni celle du L… celle du XXL, là-bas à 1.8 km !!! J’en ai la chair de poule !

Retour au « campement », recharge en pâtes et autres nourritures gustatives, plus pour le palet que pour le côté diététique et go to dodo… demain, debout 5H !

Frenchman, le D-Day !

Déjà 10 pages de lectures, tout ça en guise d’intro… j’ai peur pour la longueur du récit…

Samedi 20 mai… il est 5H… si à cette heure Paris s’éveille, Wawan et moi-même en font de même. Un p’tit déj comme d’hab : pain de mie au beurre demi-sel, jus d’orange et brassé Hi-pro, sans oublier mon Kardégic et mon Attorvastatine. Un p’tit détour vers la case popo’land pour réveiller Pilou, lol et j’enfile ma trisuit Myrock. Je re-re-vérifie mon sac avec ma combi, mes lunettes, mon bonnet et ma serviette, sans oublier ma bouteille pour charger mon bidon de bike.

Tout est OK, on est partis.

Il fait encore sombre sur la route. On papote un peu avec Erwan dans le van mais je sens bien que le stress nous a tous les deux envahi. On est dans notre bulle. Je trouve une place près de la poste, à 300m du départ.

Direction le parc… on n’est pas les premiers mais pour l’instant ce n’est pas la foule.

Un p’tit selfie avec Virginie que je n’avais pas revue depuis… ou la la… au moins tout ce temps… et Mélanie avant d’aller enfiler le bas de ma combi.

Doucement la pression commence à monter, l’ambiance reste feutrée dans le parc… ça manque un peu de musique et de booster !

Je vérifie une dernière fois le vélo, tout semble opérationnel… une p’tite tape sur la selle en guise de « à d’t’à l’heure » et je marche vers la plage.

Le soleil brille à l’horizon… à défaut d’apercevoir la bouée rouge, ça me fera un cap à tenir pour ne pas trop zigzaguer !

3800m c’est déjà long alors je vais essayer de ne pas rajouter des longueurs inutiles ! Il y a assez déjà des vagues pour endurcir le trip…

Je mouille un peu mes lunettes avant d’aller « piquer une tête » dans le bain. J’entrouvre la combi pour laisser rentrer un peu d’eau avant de me relever pour la faire glisser et lisser les plis du néoprène. Je retourne dans l’eau et avec difficulté je mets la tête sous l’eau. Elle parait fraiche… J’entame quelques longueurs pour… « faire comme tout le monde » et tenter de m’échauffer un peu.

Je reviens petit à petit vers le sable pour marcher un peu en regardant le public venu nombreux. Pas mal d’athlètes sont restés dans l’eau alors que le speaker les rappelle. Je viens me placer dans le SAS de départ… pas de vagues pour nous, nous sommes près de 600, on aura juste un « mass-start »… comprenez ici un départ tous ensemble.

La musique s’élève et Benjamin Samson, alias Frenchman se lance dans ses chorées et tel un indien du groupe YMCA, nous entraine avec lui pour le X-X-L… XX-L… X-X-L, dessiné avec nos bras.

C’est la 10ème édition de cet Ironman… toutes ces têtes ornées du fabuleux bonnet noir et or rend l’atmosphère majestueuse ! Tout le monde est concentré, le public nous encourage et au coup de pistolet, la meute est lâchée, lancée pour une journée longue…

Ayant réussi à me glisser sur la gauche, dans les 5 premières rangées, je m’écarte aussitôt l’arche passée, à gauche pour ne pas me faire tabasser par les furieux. Certains courent, d’autres se la jouent en mode dauphins pour arriver au plus vite dans la zone du « j’ai plus pieds » et entamer les rotations de bras.

Je me glisse sans trop m’épuiser dans l’eau… mais je ne le sens pas. Je m’écarte à gauche, encore, encore et encore pour éviter le flot incessant de nageurs et nageuses qui me suivent. Les premiers enroulages de bras sont compliqués, je ne trouve pas ma nage au milieu de cette « machine à laver ». Je m’écarte encore à gauche pour retrouver un peu de calme. Le fond de l’eau est clair mais je le touche encore des pieds avant de me fixer en objectif cette première bouée jaune. Je ne vois pas la rouge, elle est trop petite et le « clapot » est trop important pour que je puisse l’apercevoir d’un hochement de tête.

Le peloton s’étire doucement mais je ne cesse d’être dépassé. Parfois j’ai l’impression d’avoir une bonne allure, parfois j’ai l’impression d’être sur place. Le vent qui vient de la gauche n’est pas des plus

sympas… je prends de belles baffes avec les vagues en respirant du côté gauche. Je tente une respi à droite tous les deux temps mais c’est compliqué, je dérive. Tant pis, je vais continuer à prendre des tartes pour garder le cap !

Déjà 11’54 que je suis dans l’eau et la Garmin m’annonce en vibrant que je n’ai fait « que » 500 mètres… Ôh putain que ça va être long !

Je me fixe la seconde bouée en objectif, puis la troisième mais déjà la distance me parait interminable… toujours pas de bouée rouge en vue alors que les crampes aux cuisses commencent à se réveiller.

1000 mètres de parcourus en 24’48, soit 12’55 pour la deuxième portion de 500m… 13’40 pour la troisième et j’aperçois la bouée rouge, à 300 mètres devant.

J’ai comme l’impression de zigzaguer de droite à gauche, surement à cause de toutes ces vagues, un peu plus intenses à l’approche du virage, qui me font mal au crâne. J’ai hâte de tourner pour avoir le vent dans le dos et « surfer » à la manière de Brice de Nice sur les « rouleaux » !

Enfin la bouée rouge…

Virage à droite pour 200m qui au final ne sont pas plus rapides que ce que j’aurais imaginé. Après 15’09 pour cette 4ème portion de 500m, le chrono affiche 53’53 ! Ouch… ça va être long… très long ! J’ai à peine dépassé la moitié de la distance… et dire que les premiers doivent déjà être sortis ! Bande veinards… (t’avais qu’à mieux nager à la piscine… faignasse !)

La seconde bouée rouge arrive, on tourne encore à droite et maintenant on aperçoit, soleil dans le dos, l’arche de départ… très loin certes et donc très petite. De temps en temps je dois étirer comme je peux les jambes… les cuisses sont crampées et parfois c’est douloureux au point de ne pouvoir même pas les plier pour essayer un peu de brasse. Je bats des pieds, ça passe un peu…

Je regarde la Garmin, 2500m de parcourus après 1H06’26, soit 12’48 pour cette 5ème partie de 500m… j’ai accéléré un peu c’est positif et ça fait du bien au mental. Par contre j’ai beau me caler sur les bouées, je dérive sans cesse vers la gauche, comme emporté par le courant, c’est usant ! 12’39 et je progresse encore un peu en allure pour arriver aux 3000m, le chrono est déjà de 1H19’05.

Le stress du début est parti, j’ai toujours des crampes mais il ne reste plus que 800m, je « retrouve » le sourire. J’aperçois, en levant de temps en temps la tête pour garder le cap, l’arche d’arrivée qui grossit. Ça rajoute un peu de plaisir à cette nage longue et compliquée. Régulièrement je dois re-caler mon cap, je dérive, encore et encore. Je sens que la force diminue dans mes bras… 13’41 pour cette avant dernière portion, 1H32’47 pour les 3500m… il est temps que j’arrive, je suis fatigué.

Après 3898m de nage (mes dérives m’ont fait rajouter près de 100m) je touche enfin le sable. Je jette un œil sur le chrono pour « laper » l’épreuve, ça fout quand même un coup au mental de voir 1H42’53. Je ne suis ni un dauphin, ni une sirène, mais maintenant la course va pouvoir commencer !

Je me relève et je dégrafe le haut de la combi. Je lève les bras au ciel pour inciter le public à hausser le ton pour m’encourage et là… badaboum… je me ratatine pare-terre et m’explose devant tout le monde… belle photo que l’orga n’a pas manqué de mitrailler.

Malgré tout… je garde le sourire ! Je suis là pour m’amuser aussi…

Ça aurait du être mieux, mais ça aurait pu être pire aussi… vu mon entrainement en nat, je suis déjà très fier d’avoir bouclé sans trop d’encombres mon périple aquatique.

Direction la « T1 »… première transition pour passer du mode « nageur de combat » à « cyclo du dimanche matin ».

Je ne sens pas trop le bitume sous les pieds, encore groguis d’avoir passé plus d’une heure quarante dans l’eau fraiche. Je file vers le portique pour récupérer mon sac de T1 mais la tête encore embrouillée, je cherche le sac 253 dans la rangée des 400… Heureusement, le sympathique bénévole m’aide à me repérer.

Il m’aide aussi çà décrocher mon sésame, masqué par ceux des concurrents déjà partis avant moi, mais qui n’ont pas pris le soin de ranger correctement leur sac, grrrrrr.

Je vide la totalité de mon sac au sol. Je vire le bas de combi, pleine de sable, pour me sécher un peu avec ma serviette avant de la ranger dans le sac avec le bonnet et les lunettes. J’enfile mes chaussettes, je remplis mes poches avec les gels et les sachets de Hydrenergy 4, avec quelques barres… parce que j’ai la dalle !!! J’y mets aussi mon Samsung, au cas où !

J’ingurgite une pastille de Sporténine pour essayer de faire partir les crampes avant de boire le fond de ma bouteille d’eau. Je fixe la jugulaire de mon casque, j’ajoute les lunettes et j’enfile mes chaussures.

Je termine par le dossard et je noue les ficelles du sac pour aller le ranger dans le rack.

Direction le bike sur lequel je fixe le compteur Garmin. Je l’enlève de son perchoir et je trottine en le tenant par la selle via la main droite. Je passe entre les arbitres et, encouragé par le public encore présent, je passe la ligne de montée pour sauter et enfourcher ma monture. Je lance le chrono après 8’32 de transition

Allez Nico, dans 180 kms… tu seras de retour !

En bike, je compte bien « redorer » mon blason… le bike c’est ma partie préférée et comme beaucoup de grégos m’ont dit que le circuit était propice à un chrono… j’ai hâte de le tester ! Peut-être ma première au-dessus des 30 de moyenne sur un Ironman ? I hope so… j’ai pris du retard en nat…

Je clipse les chaussures sur les pédales. Je me rends compte que je n’avais pas démarré le compteur Garmin de vélo, je le mets en route, mais j’aurai bien perdu 800m avant de pouvoir le démarrer... tant pis c’est juste anecdotique.

Le début est en faux-plat, puis une petite bosse qui me permets de me mettre en danseuse pour essayer d’évacuer les lactates des gambettes, encore douloureuses de la nat. Première descente, ouf… ça fait déjà du bien. J’aperçois à droite, loin sous les arbres, le photographe de l’orga… j’en profite pour « poser » tant que j’ai le sourire et je relance.

En bas je bifurque à droite et j’aperçois les bénévoles qui s’affairent à la mise en place du ravito 90 k, celui que je verrai dans… 3 heures je pense. La route est en léger faux-plat montant avec le vent qui donne l’impression de venir du 3/4 face gauche. Déjà je sens que je vais avoir du mal… j’ai du mal à appuyer sur les pédales, je n’ai pas les sensations habituelles. Je profite de cette partie calme pour manger une première barre.

Ouahhh, c’est trop bon et ça fait du bien ! Le p’tit déj doit être déjà bien digéré, il était temps de remettre un peu de bois dans la ch’minée !

Je rattrape quelques triathlètes, hommes et femmes mais le vent m’emm…de de plus en plus au point de faire une fixette dessus ; grrrrr ! Quelques rares fusées me déposent, au point de croire un instant qu’il s’agissait de la tête de course, mais en refaisant mes calculs je me rassure en me rendant compte que c’était impossible de sitôt, ouf !

Les spectateurs à cet endroit sont inexistants, mais la route est calme. Quelques cyclos nous croisent, quelques unités aussi en famille mais rien de bien important. Pour le moment la moyenne est stable, entre 29 et 31 km/h, il faut que la machine se mette en route, passer de 1H40 allongé à 6H assis, l’organisme a le droit de prendre son temps.

Les kilomètres ne semblent pas passer vite, pour ne pas dire qu’ils sont lents… Pilouuuuu, il est où le circuit rapide et roulant de ce triathlon !!!!! J’arrive au premier tapis de chronométrage qui marque la fin de la zone interdite aux voitures et là… oh P’T’1 !!! C’est quoi cette bosse à droite ??? Je monte les pignons un à un, comme scotché dans cette ascension qui m’a cueilli à froid… la gueule du circuit plat !

Je me fais reprendre encore par des moins bons que moi en nat mais aussi par quelques-uns que j’avais précédemment dépassés. Décidément ce n’est pas mon jour si dans ma partie préférée je ne suis pas à l’aise !

En haut de la montée, un ravito en eau et iso, le mien a à peine baissé, on verra au prochain. Les crampes aux cuissots ressortent, M…. Je chope une pastille de Sporténine, faut que ça passe sinon ça va être très long cette portion !

Je suis aux alentours du km 25 et je reprends de la vitesse dans la descente mais je ne peux toujours pas appuyer trop sous peine d’avoir les quadris qui se raidissent ! Après quelques hectos de plat vent de dos, o, tourne à gauche à Cartignac pour aller vers St-Isidore, histoire de remettre le vent de face, ou presque. Cette longue ligne droite semble interminable. J’ai le nez dans le prolongateur pour appuyer sur les pédales sans donner trop de prise au vent, mais bon, pour le moment le circuit vélo n’est pas des mieux.

40 kils sont passé, la moyenne est légèrement supérieure à 30, mais de peu et j’ai lâché trop de jus je pense. Heureusement, on tourne à droite pour retrouver le vent dans le dos… enfin logiquement. Je passe Naujac sur Mer, les jambes semblent mieux répondre, la Sporténine doit enfin faire effet.

Avant St-Laurent du Médoc, on roule sur une portion dont le bitume ne rend rien ; 2, 5, 10 kms ? Je n’en sais fichtre rien mais elle me parait très très longue. J’en profite pour avaler une barre de céréales (une barre rescapée du Half Ironman de Rapperswill l’an dernier !

Je passe le panneau 60 km… plus « que » 30 et ce sera la deuxième boucle… Je discute de temps en temps avec quelques triathlètes que je double ou qui me doublent, ce qui me rassure c’est que nous sommes tous dans le même état, on a les mêmes sensations sur ce parcours ! Je profite du ravito pour recharger en eau mon bidon en glissant un sachet de H4 pour avoir un peu d’énergie et de sel.

On a repris le vent de 3/4, mais à droite cette fois, la vitesse en prend un coup même si jusque-là la moyenne est toujours au-dessus des 30km/h. Je crains que la deuxième boucle ne soit plus compliquée, j’ai l’impression d’être déjà entamé physiquement et il reste près des 2/3 du circuit à faire.

A l’approche de Carcans, fait psychologique ou simple coïncidence, j’ai l’impression d’être mieux, pour preuve les entités que je récupère assez rapidement. Voilà près de 80 kilomètres maintenant que je suis parti, avec un chrono qui avoisine les 2H35/40. Je reste dans les clous mais pour combien de temps ? Je passe Carcans avec un peu de difficulté, la circulation est dense et il me faut slalomer entre les voitures et les camping-cars, bloqués par les bénévoles de la circulation ; chapeau les gars, un sacré boulot que vous faites là… et longtemps ! Bravo à vous !

Pour avoir pris plusieurs fois en voiture et deux fois en vélo l’an dernier cette portion de route, j’envoie les watts malgré le vent qui persiste. J’approche de carcans-Plage et là, alors que j’avais enlevé mes lunettes, je me dépêche de les repositionner ; ce n’est pas pour passer inconnu, lol, mais parce que je prends des nuages de moucherons, ils ne sont partis ces salopards ! J’en bouffe autant en respirant par le nez que par la bouche, c’est usant… en plus mes lunettes sont pleines de traces de doigts, la visu est très nettement approximative. 87, 88, 89… ça y est la moitié du circuit est passée après 2H57’57…

J’ai hâte d’arriver au ravito perso pour récupérer mes casse-dalle ! Je me délecte déjà de ces tranches de pain de mie, cheddar et jambon, un peu de salé ça ne fera pas de mal !

Oh ! Surprise, Olivia et Karine sont sur le bord de la route. Je m’arrête quelques secondes leur glisser un p’tit mot, un bisou. Je s’rais bien resté plus longtemps mais, il me reste encore 90 kms à faire !

Olivia immortalise l’instant, j’en profite pour reprendre une pastille de Sporténine et je me remets en selle.

Dans la descente je revois le photographe de tout à l’heure. Courage mon gars, il ne doit plus en avoir beaucoup derrière, lol.

J’arrive au carrefour et je bifurque à droite avant d’arriver au ravito perso. Je prends le temps de récupérer mon sac et de me remplir les poches arrière et le devant de ma trisuit avant de repartir. Comme je n’avais pas apporté de papier alu pour mettre mes sandwichs, je les avais mis dans des « sacs à crotte » des toutous… on s’débrouille comme on peut pour conserver un emballage hermétique facile à enlever, lol.

Je reprends la route et sur une petite portion plate je mange le premier de mes 2 sandwichs. Qu’estce que ça fait du bien ! Je s’rais surement mieux dans un « siège de chouff » avec un coca frais dans l’autre main pour manger ce « dwich » mais accessoirement je suis en course, même si je me fous un peu du chrono, je ne veux pas non plus y passer trop de temps quand même !

Cette partie est encore plus « déserte » qu’au premier passage et le vent semble par contre s’être accentué. La moyenne passe sous les 30. C’est un peu logique aussi, je prends aussi le temps de manger donc que lève un peu le pied, machinalement, ce qui fait aussi du bien aux quadris.

Je me sens lourd, et les canes ont du mal à repartir, comme si le corps trouvait une excuse pour arrêter de pédaler. Je me « venge » alors en attaquant le second sandwich qui fait autant de bien mais reste difficile à manger quand le dénivelé se positive.

En arrivant au niveau du tapis de chronométrage, je me rappelle qu’à droite ça monte sévère… je chope un gel coup de fout dans ma poche pour tenter de palier aux carences physiques mais aussi mentales. J’ai un gros coup de moins bien, les canes sont raides et même en danseuse je n’arrive pas à évacuer les crampes qui ne sont réellement jamais parties depuis la nat.

Voilà près de 4 heures que je suis sur le bike et, comme à Copenhague je commence à être mal à l’aise. Je ne sais plus trop comment me mettre sans avoir des douleurs dans le dos et des fourmis dans les mains. Je profite de cette bosse pour jouer à la danseuse sans appuyer trop fort ; ça me fait du bien, mais la vitesse est autour des 14/15 km/h… c’est pour dire si le moment n’est pas le meilleur !

Re-voilà le virage de Cartignac et son interminable ligne droite.

Depuis l’entame du second tour, je remercie individuellement chaque bénévole par un mot comme « merci », ou « bravo à vous »… la course ne serait rien sans eux !

Comme au premier tour, cette ligne droite est donc interminable, comme Tintin au Pays de l’or noir, je vois tous les 200m le carrefour qui nous fera tourner à droite, mais en vain. Avec quatre ou cinq triathlètes on se double ou se redouble toutes les 5, 10 ou 15 minutes ; chacun a son coup de bien ou son coup de mou je pense, ce qui influe sur la vitesse.

Houraaa… enfin la bifurcation de l’Animalia Parc ! Mais aussi la route qui ne rend rien… je suis usé et j’ai de plus en plus de mal à trouver ma position. J’essaie de compenser en regardant le paysage, les quelques animaux dans les champs mais ça reste éphémère.

Au ravito du 150 je récupère un beau bidon noir et or, un collector qui me fera un superbe souvenir pour ma collection ! A l’intérieur c’est de l’iso de chez Décath… finalement ce n’est pas trop mal, ça change de goût, ça passe bien, j’espère juste que les mélanges ne seront pas trop explosifs pour l’intestin.

160, 170… ça commence à sentir bon la fin du parcours même s’il faut encore appuyer sur les cuisses pour contrer le vent qui depuis quelques kilomètres est revenu de côté, mais en face. Il est temps que je passe de cette position à la position debout, même si je sais que le marathon va piquer…

Je profite du dernier ravito pour choper un second bidon en « or » et faire une pause double pi sur le bord de la route. Dur dur de laisser le flot s’écouler quand depuis 5 H la vessie est compressée, lol. Une dizaine de vélos me doublent mais une fois remis en selle mes jambes m’aident à reprendre ce retard et à revenir sur eux.

Km 175, les nuées de moucherons n’ont pas bougé… je remarque aussi où se trouve le demi-tour de la boucle de course à pieds quand un bénévole que je remercie me crie : « allez bravo, plus que 4 kilomètres et t’as fini mon gars ! »

Je savoure ces derniers kilomètres malgré les mouches avant d’apercevoir le rond-point de l’entrée du parc… enfin !

Je décroche le système de serrage BOA et pose mes pieds sur les chaussures. Il est temps, j’ai les orteils anesthésiés de n’avoir pas bougé pendant plus de 6H !!!

Au bout de cette ligne droite j’aperçois les arbitres et la ligne de descente. Je passe ma jambe droite par-dessus la selle et viens mettre mon pied derrière le droit. Je freine au dernier moment et saute au sol pour passer cette ligne à côté du vélo. J’entends les encouragements des copains et des copines qui m’attendaient depuis quelques longues minutes quand même. Je jette un œil sur ma montre en enclenchant la T2. J’ai mis 6H15’07 pour cette partie vélo soit quelque chose comme 28.6 km/h de moyenne. Je ne m’en rends pas bien compte mais je pense que j’ai limité la casse. Cette deuxième boucle a été douloureuse et fatigante, même si j’ai presque 1 km de moins que ce qui était prévu.

Je trottine jusqu’à mon emplacement de vélo. Je l’accroche par la selle et enlève les chaussures, le bidon en « or » et le compteur Garmin. Je file vers le sac de T2.

Une fois le sac en mains, je marche vers le banc de la tente. Je m’assois pour le vider au sol et demande à un bénévole de m’aider à enlever le haut de ma trisuit, j’ai les épaules trop cramées pour y arriver

tout seul. Je récupère mon short et file derrière le paravent pour me changer. Je reviens vers le banc pour enfiler mon tee-shirt de Brice, mettre ma perruque et ma visière Ironman sans oublier mes manchons et ma ceinture pour y insérer mon portable. Je croise Hugo, le pote de Wawan qui, comme moi, vient d’en finir avec le vélo.

On entend alors au micro que le vainqueur de la course est en train de terminer… Il a « juste » un marathon d’avance sur nous… lol

Je range les affaires de vélo dans le sac et je file le rattacher au rack une fois les pieds dans mes Noosa Tri. Un bénévole m’oriente vers la sortie, je passe le tapis chrono et je déclenche, après 9’41 de transition, le début du marathon !

Je suis alors sur le « tarmac », affublé de ma belle tunique qui fait rire ou sourire certains spectateurs, en applaudir d’autres et m’encourager en criant « allez Brice » ou « allez Nico » quand ils prennent le temps de lire le prénom floqué que mon torse !

Lee premiers 400 mètres sont « faciles ». J’ai, je pense, encore les jambes anesthésiées du vélo ou reposées de la transition, le public est là, en masse à m’encourager, faire la ola à mon passage, c’est génial, mais… dès la sortie du « bourg » le dénivelé monte légèrement et me cisaille les cuisses… Aaaa-iiii-llll-eeee, ça fait mal, ça brûle les cuisses !

Je trottine parce qu’il y a du monde mais je n’ai qu’une envie, celle de marcher pour éviter la douleur !

Allez courage Nico, y’a plus qu’un marathon, lol !

Les « allez Nico » me boostent » et me permettent de résister à la tentation. Je passe devant le ciné, ça redescend un peu, puis c’est le ravito. Je m’arrête prendre un verre d’eau et un de coca, ainsi que quelques raisins, ça fait du bien de changer de goût et de texture…

Je repars mais ça pique, d’autant plus que ça remonte. Quelques mètres plus loin j’entends les amis scander en cœur : Ni-co, Ni-co, Ni-co… ah je ne vais pas les décevoir, il ne faut pas que je marche… Je trottine mais c’est difficile, je ne connais pas la suite du circuit, heureusement peut-être me direz-vous, il ne faut pas tuer le poussin dans l’œuf mais lui laisser croire que la vie qui l’attend va être joyeuse…

Je m’arrête l’espace d’une seconde faire un bisou à Olivia et je repars.

Je continue à trottiner, et je croise pas mal de monde, dont Virginie (12H16 / 268ème / 3ème Féminine de sa caté) qui a une allure vraiment légère, comme beaucoup d’ailleurs qui doivent avoir au moins un, deux ou trois tours d’avance. Le circuit oscille entre plat, légère descente et légère montée ; je dirais plat si je n’avais pas fait deux disciplines avant mais là, tout est important, mdr.

Je passe le carrefour qui m’oriente vars la gauche alors qu’à droite, dans cette belle « descente » ce sont celles et ceux qui ont fini le demi-tour, plus loin qui reviennent. Je descends donc vers la gauche avant de retrouver une portion plane puis le « Ventoux », que dis-je… « L’Himalaya », non « l’Everest » qui se dresse devant moi !!! Enfin une vraie excuse pour marche. J’envoie les bras en balancement pour aider les gambettes à marcher vite pour ne pas non plus m’endormir. Le bosse est longue mais

une fois en haut je retrouve un peu de jus pour re-trottiner. Le circuit est à nouveau vallonné avant de retrouver une nouvelle bosse… deuxième excuse pour marcher ! Derrière, au bout de la descente, le ravito ! J’en profite pour m’envoyer un gel « coup de fouet ». Au ravito je suis accueilli par des jeunes au sourire dont l’une déguisée. J’avale un peu d’eau pour faire descendre le gel, mais aussi du coca et je grignote un peu en papotant.

Je repars pour passer sur le tapis du chrono et au bout de cette ligne plate, la « dernière » montée du circuit, mais pas des moindres non plus. Comme les deux précédentes, je la monte en marchant, boosté par quelques spectateurs mais aussi d’autres coureurs, soit comme moi qui marchent, soit des « stars » qui courent. La descente est meilleure, les jambes semblent mieux répondre. Je passe le carrefour et continue à trottiner après la pose pour le photographe officiel…

Nota : désolé pour les photos flockées du nom du photographe, mais je ne les ai pas achetées (contrairement à d’habitude) parce qu’il n’y avait pas de « package », là pas de promo de groupe, chaque photo était à 6.99 € et comme j’en ai trouvé 79 avec ma bouille, vous pouvez remarquer ci-dessous que le prix était… très élevé ! Ça change des packs à 29 ou 49 €…

Bref… de toute façon les amis m’ont pas mal mitraillé, les photos sont très bien, c’est largement suffisant ! Merciiiiiii les amis !!!

En parlant d’amis, me voici de retour devant Olivia, Pilou, Karine, David, Arnaud et Karine… j’ai le droit à une ovation, ça fait du bien. Merciiiii

Tout le long du circuit j’ai le droit à ces « allez Brice », « Allez Nico »… qui me boostent même si les canes sont dures, ça fait du bien. Je redescends vers le ravito : coca + eau + raisin et je repars en marchant dans cette petite pente avant de trottiner pour revenir vers le ciné et le bord de plage. Le

public est dense… beaucoup applaudissent les arrivées qui se suivent sans cesse, mais beaucoup aussi nous applaudissent aussi, c’est top.

Sur ce bord de plage, je croise Wawan, il n’est pas loin (enfin juste un tour d’avance, mdr), on se check et chacun continue son marathon. Le vent est rafraichissant au bord de l’eau, on respire mieux même si les moucherons ont décidé de nous faire ch… tout le WE ! La plage parait si longue…

Je profite du ravito pour m’hydrater en eau mais aussi me « sucrer » l’estomac au coca, en ajoutant quelques « grignoteries ». Je suis dans un état de : je ne sais pas ce que je bouffe ni bois mais ça fait tellement de bien que je ne fais pas gaffe aux quantités ! Je repars et bascule à droite puis à gauche pour longer la route au bout de laquelle le tapis chrono nous indique que c’est le demi-tour… Retour vers la ligne d’arrivée mais là, le vent est frais, un peu trop à mon goût, surtout dans les courants d’air. Un arrêt au ravito et c’est reparti.

A 300m de l’arrivée, je dois emprunter la partie de droite et retourner faire les 3 dernières boucles alors que celles et ceux qui continuent tout droit en terminent ; ça fait bizarre mais bon, c’est juste logique… j’ai signé pour un marathon de fin de course, pas pour un 10 k, lol…

Le speaker annonce les arrivées et, parce qu’il a dû m’apercevoir sur la parallèle, annonce « et Nico Brice qui passe et entame sa nouvelle boucle »… c’est cool, y’en n’a pas que pour les finisher, lol ! Merci…

Je suis mieux sans cette seconde boucle, même si les jambes sont loin d’être celles d’un 10 k à l’échauffement, je pense que l’organisme s’est habitué à cette nouvelle et dernière discipline du jour.

J’avoue aussi que les encouragements sans cesse sur le circuit, du fait de mon déguisement puisque les « autres » triathlètes dans leur belle tenue ne suscitent pas autant de voix, font du bien et me permettent aussi de ne pas me mettre dans ma bulle pour ne penser qu’aux difficultés...

Je repasse devant mon kop de supporters, avec le sourire, avant de continuer. Je croise encore pas mal de monde, si certains ont fini, pour beaucoup il reste 10, 20 ou 30 bornes à faire. Il y a un max de public et quand j’arrive au pied de la première bosse, mon « Everest », j’essaie de trottiner mais vu l’allure, je préfère marcher, c’est plus sérieux et surtout moins traumatisant pour les articulations et les muscles. J’en profite pour taper la discute avec un concurrent qui en est au même point que moi ; on se doublera sans cesse jusque la fin de course. La descente se fait en trottinant avant de remonter derrière en marchant pour savourer le ravito du tapis de course. Quelques mots avec les bénévoles et c’est reparti pour quelques mètres de plat, le long du terrain de pelote basque et je marche dans la bosse. J’ai de plus en plus mal au bide mais pas de toilettes à l’horizon. J’alterne marche et run mais pas top. L’allure est plus proche des 7’ au kilo que des 5’30…

Le retour vers le kop de supporters est un peu plus difficile mais c’est l’jeu ma pauv’lucette, avec un entrainement complètement sous-maitrisé, on ne peut pas faire d’un âne un cheval de course. Je savais que ce serait dur et compliqué… ce qui n’enlève pas le plaisir ; oui je vous entends dire : « comment tu peux prendre du plaisir dans la souffrance ? ». C’est difficile à expliquer… un Ironman c’est long et difficile, c’est physique, ça demande de piocher dans ses ressources, mais c’est justement aussi parce que c’est compliqué et difficile, aussi parce que tout le monde ne peut pas le faire que j’ai du plaisir et de la fierté de faire ce genre de défi. C’est mon 7ème tri XXL… certains triathlètes n’en feront peut-être même jamais un seul de toute leur vie parce que leur corps ne l’acceptera pas, parce qu’ils

ne se sentiront pas capable ou par ce qu’ils n’en n’auront pas envie tout simplement. Pour moi c’est la distance reine, comme le marathon en course à pieds, c’est con à dire mais j’ai du plaisir à me « casser » le physique (une forme de masochisme sportif, lol). Est-ce une façon de se prouver quelque chose ? Une façon de se faire remarquer ? Une satisfaction personnelle ? Une envie de ne pas rester à ne rien faire ? Surement un petit peu de tout ça, bref une façon de pimenter un peu sa vie en faisant des trucs que tout le monde ne fait pas ou ne peut pas faire, de casser la routine.

Bref…

Je repasse sur le front de plage toujours encouragé et photographié (même par des personnes que je ne connais pas hormis les officiels de la course). J’aperçois des toilettes à droite à une cinquantaine de mètre mais il y a une dizaine de personnes qui sont dans la file d’attente… je verrai plus loin, plus tard, pour le moment je tiens le coup.

Un rafraichissement au ravito… mais un de trop !

Je repars avec la panse remplie d’eau… je me rends compte qu’à chaque foulée un bruit de « flic-floc » émane de mon bidon… gros dilemme à présent ; j’ai soif mais je ne peux pas boire, visiblement l’organisme en a trop pris d’un coup et il ne peut pas éliminer le trop plein. Je fais tant bien que mal en alternant marche et run le demi-tour au pays des moucherons et je reviens vers ce ravito. Un bénévole me tend un verre que je décline mais je chope cette banane qu’il a dans l’autre main. Je m’arrête pour enlever la peau et la mettre dans la poubelle.

NOTA pour l’orga : ce s’rait bien de mettre des poubelles un peu plus loin qu’au niveau du ravito, ça nous oblige à nous arrêter (même si ça m’arrange parfois, lol) pour mettre les gobelets et les emballages dans les poubelles pour ne faire comme ces crasseux qui balancent tout parterre 50 mètres plus loin… obligeant les bénévoles à jouer la boniche. Dommage qu’il n’y avait pas d’arbitres pour cartonner un peu ces irrespectueux !

Je continue en repassant devant les WC mais la file est toujours similaire, tant pis on verra plus loin.

Je passe le semi… plus « que » 21 kils à courir pour devenir finisher… ça va l’faire !

Je garde encore un peu de force pour trottiner en passant devant mon kop de supporters mais quelques hectos plus loin je lève le pied et passe en position marche après avoir croisé Wawan. Je n’ai qu’une hâte, je dois être honnête, celle d’arriver au pied de la bosse pour m‘excuser de marcher. J’ai beau reprendre une barre d’énergie, ça ne fait rien.

L’Everest, enfin… mais avec ce mal de bide qui s’accroit, je cherche un coin « caché », loin des yeux, mais je fais chou blanc, tout est exposé ici. Tant pis !

La descente est douloureuse mais la seconde bosse derrière, doublé par l’ambulance avec sa sirène me fait me reprendre un peu le mental. Je descends vers le ravito et là, je prends un verre de coca avant de m’asseoir sur un banc de l’orga. Un béné vient prendre des nouvelles, inquiet : « ça va, vous avez besoin de quelque chose ? » Je le rassure en lui faisant comprendre que j’ai besoin d’une vraie pause cool, mais que tout va bien et que si j’ai « signé » c’est aussi pour en ch… lol

A propos de… une fois reparti en marchant sur la ligne droite avant la 3ème côte je comprends que le temps ne me permettra pas d’atteindre des toilettes officielles… heureusement, dame nature est sympathique et bienveillante, malgré les crampes des quadris qui ne feront pas rester en position « chaise » très longtemps, lol. Mais ouf, je suis mieux, moins ballonné et moins contracté.

Je trottine dans la descente, je marche un peu sur le plat puis je retrouve mon kop favori. J’explique à Olivia que vu l’allure actuelle qui ne risque plus d’augmenter, je ne vais pas passer la finish-line avant beaucoup de temps… J’ajoute quand même à Pilou qu’après il faut qu’on se retrouve au Macumba !... je n’ai pas perdu mon sens de l’humour, lol

Je repars vers le ravito sur lequel je récupère mon perso avec mon paquet de chips… ahhhh un délice ce salé !!! C’est trop bon ! J’en profite même pour en refiler à mes complices de course qui comme mo, sont dans le dur.

3ème passage sur le front de plage… le public est moins important, mais pas les moucherons que j’avale à chaque passage : il parait qu’ils sont chargés de protéine, c’est bon ça, non ? lol

La ligne droite est longue et j’alterne là encore marche et run… cette troisième boucle est difficile comme à Copenhague elle l’était aussi d’ailleurs ; Je dois reconnaitre que ce n’est pas « Brice » qui casse… mais la course qui me casse. Mais il m’en faut plus pour m’empêcher de continuer !

Je reprends « juste » un coca au ravito de la plage avant de filer faire mon demi-tour, toujours en marche puis run très souple. En repassant au ravito je prends un peu d’eau mais pas trop pour ingérer au mieux le gel coup de fouet que j’ai avalé quelques mètres avant.

Devant la bifurcation de chemins, je demande au bénévole s’il ne ferait pas une promo pour moi : « pour 3 tours faits, vous n’offrez pas le 4ème en cadeau par hasard ? ». Il sourit, comme moi, et me dit « t’inquiète au prochain je te laisse passer ! »

Quelques mètres plus loin je croise mon kop qui s’est rapproché de la ligne dans l’attente de Wawan qui ne tardera pas… je le croise d’ailleurs dans la montée du ciné ; une accolade et je le félicite avant de la laisser partir savourer son final (12H38 / 314ème place) mais aussi pour que je puisse continuer ma dernière boucle.

Bizarrement, la fatigue qui s’accumule ne me rends pas moins « fort » que sur la 3ème boucle, j’ai l’impression d’être mieux, plus à l’aise. Je marche moins, donc je trottine mieux. Par contre la bosse « Everest » reste marchée mais en discutant avec un autre concurrent, elle passe mieux, celle qui suit aussi.

Le ravito est court et je remercie les bénévoles avant de passer le tapis de chrono et trottiner avant la dernière bosse. Une fois en haut je reprends la course, même si les quadris piquent dans la descente, je sais que c’est la dernière fois que je passe là, ça fait aussi du bien !

Un p’tit salut aux bénés du croisement et, toujours encore encouragé par les quelques spectateurs encore présents, je regagne le front de plage. Au passage près de la ligne je sais que dans quelques minutes ce sera mon tour…

Je croise Mélanie qui en termine (13 H18 / 370ème) … je la félicite et passe le ravito de la plage sans m’arrêter. Je file au demi-tour, un signe de la main aux chronométreurs qui me disent « bravo, bon courage pour ton final tu y es presque !»

Plus de demi-tours désormais, plus de changements de direction, maintenant c’est tout droit. Je revois les bénévoles du ravito de la plage : « merci et bravo à vous », ils me félicitent, je continue sans m’arrêter, j’ai hâte de savourer mon finish… dans 1 kilomètre… 500 mètres… 400...

Plus que 300… désormais…

Le gars du croisement me reconnait et me fait signe en me disant « vas-y, bravo, maintenant c’est tout droit »

Je suis fier de moi, heureux de voir que je vais boucler mon 7ème Ironman, 1 an à peine après mon AVC…

A 100 mètres de l’arrivée, je regarde le panneau du chrono et je vois que je mettrai largement moins de 14 heures !

Je m’arrête de courir et sous les encouragements du public, je marche pour savourer d’avantage le passage de cette finishline ! Mon kop de supporters qui ne m’a pas délaissé est là, c’est génial ! Merciiiii

J’arrive sous l’arche … voilà… c’est fait…

Après treize heures, quarante-quatre minutes et cinquante-cinq secondes, j’arrête enfin mon chrono, le cœur lourd, le corps rempli d’émotion, à la limite des larmes en entendant le public et les amis m’applaudir et me féliciter sur cette finish-line… j’ai désormais 7 triathlons Ironman à mon compteur !

Depuis plusieurs heures, je m’étais préparé à ce final et face au Frenchman… j’entame sa chorée, en sa compagnie pour mettre un point humoristique à ce trip déguisé…

Et bien évidemment… impossible de terminer sans le « casser » façon Brice de Nice, lol !

Dommage, mon tel n’a plus de batterie… je ne peux pas faire ce selfie avec Benjamin… tant pis, je garde l’accolade et les félicitations de ce champion bien ancrées ! « Merci pour cette course, bravo Monsieur Frenchman !»

Je prends quelques courtes secondes pour me relâcher avant d’aller remercier mon kop de supporters, fidèles jusqu’au bout.

J’avoue j’ai une tête un peu carbonisée mais bon, n’est-ce pas un peu logique après 13H45 d’efforts ? lol

Quelques photos plus tard, je commence à avoir froid, le vent pique toujours, et encore plus depuis que je suis arrêté. Je file vers le ravito de fin de course, que dis-je… le BANQUET de fin de course… mais je n’ai pas réellement faim, j’ai le palet et la bouche un peu over-dosés… tant pis, il y en aura plus pour celles et ceux qui termineront après moi…

En passant devant la table des bénévoles, l’une d’elle me tend ma médaille et me demande quelle taille de tee-shirt je préfère, M ou XL ? Je saisis le M… mais faute d’étiquette je me rendrai compte plus tard qu’elle m’a donnée un XL, pour ne pas dire un XXL. J’ai de la marge pour quelques années, lol.

Je file directement vers mon sac de vêtements pour enfiler mon sweat après avoir changé mes vêtements mouillés, pour ainsi me réchauffer. Je récupère mes sacs de T1 et T2 et regagne, avec mon bike la sortie.

Olivia et mes amis sont là, ça me fait bien plaisir.

Quelques photos encore et voilà… on est prêts pour aller au Macumba, hein Pilou ?

Pour les adeptes des stats et des chronos, voici le récap via Breizhchrono de cette course dans laquelle je me classe 394ème sur 532 partants et 464 finishers.

Epilogue…

Malgré une préparation en demi-teinte, pour ne pas dire trop peu suffisante, j’ai fait et bouclé mon 7éme triathlon XXL, j’en suis heureux et très fier.

Après toutes ces étapes compliquées de santé, le confinement et tous ses àcôtés, cette course boucle là encore un périple sans nom, l’aboutissement d’un acharnement et d’une volonté de ne jamais rien lâcher, de ne jamais rien oublier non plus, mais de rester « dans la partie ». Certes j’ai eu mon diplôme des 50 ans en janvier dernier, mais je ne suis pas pour autant « vieux », surtout quand je vois les jeunes de maintenant, lol, je me dis que le quinqua n’est pas encore prêt à être mis à la casse et qu’il lui reste encore de belles courses à faire.

Belles courses oui, mais il faut que j’arrête de minimiser les trips de ce genre que je fais sur des acquis et de l’expérience… des courses comme celle-là ne sont pas sans laisser de traces et je le vois bien aujourd’hui, près de 3 semaines après l’événement, mes jambes sont encore bien altérées, le souffle aussi… il faut plus de temps pour récupérer.

Alors pour répondre à votre question « c’est quand ton prochain Ironman ? », je dirai qu’aujourd’hui il est trop tôt pour en parler… Il faut que je récupère, en plus j’ai le Half IM du Luxembourg le 18 juin…

7 c’est un bon chiffre… pour des Ironmans, non ? Si je décide d’en faire un, 8 ça ne me plaira pas, il faudra que je monte à 10… ça veut dire qu’au rythme de un par an, j’en ai encore pour 3 ans… sincèrement je ne sais pas. J’aimerais bien quelque part mais ça demande du temps si on veut faire ça bien, de l’argent aussi et beaucoup de volonté et d’envie. Pour le moment tous ces critères ne sont pas réunis…

Ma saison sportive 2023 est déjà bien entamée avec un marathon et un Ironman. Dans l’ordre il me reste un Half Ironman, un semi-marathon et un 27ème marathon « sec » à faire cette année. C’est pas mal déjà pour un quinqua… J’ignore de quoi 2024 sera fait, je n’ai encore rien planifié, j’ai encore le temps.

J’essaie de me faire plaisir en faisant des courses originales, même si elles sont longues et parfois difficiles, je ne me prends plus la tête avec des hygiènes

alimentaires compliquées et pas forcément vérifiées, je m’déguise comme si ce n’était pas encore assez compliqué, bref, je profite d’autant plus que depuis mon AVC je sais que parfois on peut très vite passer de tout à rien parce que là-haut quelqu’un l’a décidé.

Je terminerai en vous remerciant toutes et tous pour m’encourager à faire ce que je fais, même si en plus je paye pour ces « conneries » et que je le fais parce que je le veux bien, sans que l’on m’y contraigne ! Que vous soyez sur le bord des circuits de course ou plus près de moi dans ma vie de chaque jour, au boulot, mais aussi avec moi durant mes séances de sport, sachez que même si je ne vous le dis pas, surement parce que je suis pas très expressif, je sais et reconnais ce que vous faites pour moi ; je vous suis très reconnaissant, je vous en remercie, sincèrement. Ma fille Florine a obtenu sa licence cette année et mon fils Clément son Master. Même si je ne suis pas souvent avec eux ou derrière eux je suis fier de mes enfants, de leur réussite, ça m’aide aussi à ne pas m’arrêter….

Je ne dirais pas que sans vous je n’y arriverais pas parce qu’au fond, ce sont mes bras qui nagent et me jambes qui appuient sur les pédales et trottinent sur le tarmac, lol, mais ça m’aide beaucoup à continuer, à avancer…

Je suis H24 surbooké, je fais plein de choses dans plein de domaines, reconnus ou pas, utiles ou pas. Le sport qui l’année de l’Embrunman m’a pris jusque 25 H par semaine est désormais moins présent mais toujours aussi important. Le 18 juin prochain, un mois seulement après ce Frenchman, je serai avec Olivia au départ du Half Ironman du Luxembourg, son 1er sur cette distance, je lui souhaite de prendre autant de plaisir pour savourer sa finish-line, récompense de son investissement de plus de 10 mois de prépa !

Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais quand je rentre chez moi et que je jette un œil sur mon tableau de médailles, je me dis parfois : « tu vois, tout le temps que tu as passé et que tu passes encore à t’user, à t’abimer, mais aussi et surtout à sourire, à pleurer parfois, ce n’est pas seulement pour toutes ces breloques… tu as pris et prends encore du plaisir, tu peux en être fier, tu as donné et donne toujours autant de soleil à ta vie, mais aussi à celle de beaucoup d’autres »

Echangez, partagez, profitez de chaque instant, de chaque moment, mais soyez égoïste, faites-vous plaisir à vous en premier, le reste suivra !

Merci d’avoir eu le courage de me lire

A très vite !

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