Le Grand O - extrait français - Nicola Andreani & Sarah Bouillaud

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TU NE PENSES VRAIMENT JAMAIS À MOI ? ET QUAND TU PENSES ME LE DIS-TU ? ET SI TU LE DIS, QUE SENS-TU ? ET TOUS CES SENTIMENTS QUI DÉSERTENT LES ÉMOIS SUFFISENT-ILS À REMPLACER CES COEURS LENTS PAR DEUX FEUX QUI NE S’ÉTEINDRONT PAS ?


IL PENSAIT CELA PENDANT QU’IL REVOYAIT LES BARQUES MUETTES, LA TERRE FERME, EUX SEULS, LIÉS DANS UNE ULTIME ÉTREINTE, PUIS UN LONG SIFFLEMENT QUI LACÈRE LES ENTRAILLES.



NOUS PORTONS LE POIDS DES VIVANTS, DIT-ELLE, COMME ELLES SONT BELLES TES BLESSURES, TES DOULEURS, TES RIDES, TA VIE QUI PASSE EN MOI.



LES MAINS DOULOUREUSES TAILLENT L’AIR, UNE MÉLODIE LÉGÈRE, SYNCOPÉE, UNE TROMPETTE, UN ROULEMENT DE TAMBOUR, LA FUMÉE ÂCRE, LES CRIS, LES TOUT DERNIERS. LA FOULE. ELLE DISPARAÎT.



LES JOURS PASSENT. EXPLOSIONS LOINTAINES, SILENCIEUSES, INHUMAINES, DES ÉTOILES DE FEU.

ON NE LE VIT PLUS PAS MÊME DANS LA VIEILLE VILLE PROTÉGÉE PAR LES ENCHANTEURS IL N’ÉTAIT PLUS DANS LES BOIS PROTÉGÉS PAR LES TALISMANS



PUIS UNE LETTRE, CE SEUL MOT :

RETOUR




le grand O



IL ME SEMBLAIT AVOIR RÉUSSI, ÊTRE PARVENUE À COMPRENDRE SES RAISONS

MAIS SON ÉTAT A EMPIRÉ


IL NE DORMAIT PLUS, NOCTAMBULE IL VIVAIT LA NUIT ET IL OUBLIAIT

CAUCHEMARS TERRIFIANTS, INCONTRÔLABLES, EN FORME D’OISEAUX


DES IMAGES LUI EMPLISSAIENT LA TÊTE ET L’APPELAIENT AILLEURS

IL NE PARVENAIT PLUS À RACONTER, IL EST PERDU.


REGARDES-TU LE MÊME CIEL?


M’ENTENDS-TU?




CETTE NUIT J’AI SONGÉ

J’AI ENFIN RÊVÉ


ET JE ME SUIS SOUVENU

JE ME SUIS SOUVENU DE TOI




DE TERRE À L’ÂME NOIRE

J’AI ÉCHANGÉ LE PRÉSENT POUR UNE COURSE À L’INCERTAIN


JE PAYE POUR CE QUI NE M’APPARTIENT PAS

UN COUTEAU ENTRE LES FLANCS


TOI, REMPART CONTRE MA CHUTE

PERCEMENT DE MES PLEURS


NE M’ABANDONNE PAS




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