L’art du détail: du premier coup de crayon à la concrétisation Ou comment défendre la plus-value de l’architecte au sein d’une mégastructure
Nina D’Amico Habilitation à la Maitrise d’Oeuvre en son Nom Propre ENSAG Session 2016/2017
Membres du jury Julie MARTIN Nabil BEN SALEM Christophe MIGOZZI Patrick ARRIGHETTI Thierry GRAILLAT Grégoire CHELKOFF Sophie GUIGUE
Habilitation à la Maitrise d’Oeuvre en son Nom Propre 27 Septembre 2017 Nina D’Amico Directeur d’étude ENSAG: Grégoire Chelkoff Tuteur Patriarche: Sophie Guigue
Je tenais tout d’abord à remercier Jean-Loup et Damien Patriarche de m’avoir offert la chance d’intégrer une nouvelle fois l’agence Patriarche afin de réaliser cette ultime année dans mon cursus en architecture. Un grand merci à Bernard Maillet, associé chez Patriarche et mon chef de pôle durant ces huit mois de MSP, merci pour sa confiance et tous ces très bons conseils. Merci à Sophie Guigue, ma tutrice de stage qui a su me donner confiance en mon travail et m’ouvrir aux responsabilités tout en me laissant évoluer vers plus d’autonomie. Merci à toute l’équipe du Pôle Sud pour un soutien sans faille durant des périodes intenses de travail, des conseils avisés mais aussi une ambiance de travail idyllique. Merci à Grégoire Chelkoff, mon directeur d’étude pour son investissement ainsi que les nombreuses leçons d’architecture et d’ambiance qui ont forgées mes ambitions et qui ont indéniablement fait de l’étudiante la jeune architecte que je m’apprête à devenir. Un grand merci à mes proches enfin qui ont su m’épauler dans les moments de doutes et porter avec moi ces six années d’études.
REMERCIEMENTS
CURRICULUM VITAE p. 8-11 PROTOCOLE DE FORMATION p.12-13 PREAMBULE p.14-15 INTRODUCTION p.16-35 PARTIE I/ la structure d’accueil a. Philosophie de l’agence b. Les associés c. Les projets directeurs p.36-47 PARTIE II/ la plus-value de l’architecte au sein d’une mégastructure a. Discipline_adaptation à un système normalisé b. Pluridisciplinarité_cohabitation avec l’ensemble de la maîtrise d’oeuvre p.48-57 PARTIE III/ La plus-value de l’architecte face aux décisionnaires externes a. Ecoute_la maîtrise d’ouvrage, ce rapport délicat b. Echange_ces acteurs externes comme compléments essentiels p.58-61 RETOUR D’EXPERIENCE p.62 BIBLIOGRAPHIE
SOMMAIRE
D’AMICO NINA - ARCHITECTE DO M AINES DE COMPÉTENCE
CONCEPTION_imaginer le projet à travers un prisme de facteurs à prendre inévitablement en compte et parmi lesquels: le contexte historique et environnemental, le programme et l’histoire que ce dernier raconte, le dimensionnement, le ou les types de publics visés, le coût annoncé etc... PRODUCTION_créer rapidement et efficacement les pièces nécessaires au projet, sur un panel très varié de logiciels, que ce soit du dessin de plans, de la modélisation 3D, ou encore l’écriture de scripts concernant l’architecture paramétrique. COMMUNICATION_traduire un concept, un système grâce à des éléments graphiques clairs, transmettre de façon synthétique tout l’essence du projet à travers des visuels précis ainsi qu’un discours pointu et assuré. RELATION_Informer et sensibiliser le public à l’acte architectural, comprendre la demande afin d’offrir la meilleure réponse possible à la conception d’un projet, privé ou public, écouter et partager au sein de l’équipe de travail pour optimiser au maximum l’échange et le bon fonctionnement du groupe de projet.
Franco-italienne Née le 27 Octobre 1992
FORMATION
2016-2017 Habilitation à la Maîtrise d’Ouvrage en son Nom Propre ENSAG - agence Patriarche_BOURGET DU LAC (73230) 2016 Master en architecture AA&CN «Architecture, Ambiances et Cultures Numériques» ENSAG_GRENOBLE (38 036) 2014 Licence en architecture_ENSAG_GRENOBLE (38 036) 2011 Mise à niveau en Arts appliqués_UNIVERIA_GRENOBLE (38 000) 2010 Baccalauréat Littéraire option Arts Appliqués Lycée Elie Cartan_LA TOUR DU PIN(38 110)
CURRICULUM VITAE EMP LOIS DEPUIS JUIN 2017 Embauchée chez Patriarche. 2015 Architecte stagiaire_dessin plans, façades, coupes; modélisation 3D; suivi de projet en réunions; suivis de chantiers; relevés sur site; travail sur concours ( façades) PATRIARCHE&CO_LE BOURGET DU LAC (73 375)
LANGUES anglais_lu, parlé et écrit italien_lu, parlé et écrit
été
2012-2013 Architecte stagiaire_dessin de plans et façades; conception de l’espace de réunions de l’agence; création du logo de l’agence Frederic Lely Architectes_MEYLAN (38 240) année scolaire
2012 Architecte stagiaire_dessin de plans, recherche design pour une infrastructure publique (revêtement façades) Arcane Architecture_GRENOBLE (38 100) été
E MP LOIS (AUTRES) 2013-2016 Pilote de machines et responsable de ligne de production Brioches Pasquier_ CHARANCIEU ( 38 490)
LOGICIELS Allplan Suite Adobe Autocad Rhinocéros/ Grasshopper Archicad Sketchup 3DsMax Artlantis AUTRE Peinture Dessin Sculpture Gravure
été 2012
Stagiaire en maçonnerie_découverte du milieu de la construction Entreprise Meunier-Curtinet_ROMAGNIEU (38 480) été 2011 - été 2012
Service en restauration Planètalis, la Caserne de Bonne_Grenoble (38 000) 2006 - 2012 Bénévolat en association (vente/ service) Entraide & Amitié_ST MARTIN DE VAULSERRE (38 480)
CENTRES D’INTERET Arts Moto Mécanique Sports en extérieur
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PROTOCOLE DE FORMATION
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L’Habilitation de la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre représente le cadre au sein duquel les acquis de la formation initiale en architecture sont mis en pratique professionnellement. Cette année permet au jeune architecte diplômé de prolonger le cursus licence/master afin de mettre en place un projet personnel, dans le but de s’engager dans la maîtrise d’œuvre en toute responsabilité. Et de ce fait, pouvoir s’installer à son compte. Il me semble qu’il est encore trop tôt pour en débattre ; Je considère en effet l’architecte DE sortant de sa formation inapte à gérer une agence et ses équipes en plus de son rôle de concepteur. C’est du moins le sentiment que j’éprouve aujourd’hui en tant que jeune diplômé. L’accès à la formation HMO est une mise en situation concrète de ce que seront mes missions tout au long de ma carrière. Cela représente les responsabilités que je m’apprête à prendre ainsi que les choix que j’aurai à faire. On me demande souvent en quoi constitue mon travail, ce n’est donc pas si évident aux yeux de la société. Et je me suis rendue compte qu’il est difficile d’exprimer clairement et simplement la multitude de facteurs qui régissent notre profession. L’architecte est à la fois concepteur, créateur, mais se doit également de gérer tout un panel de connaissances gravitant autour du projet : techniques, économiques, sociales et même politiques. J’ai pu, durant mes études d’architecture, déplorer certaines failles, notamment en ce qui concerne les temps de stage ou encore la mise en pratique. Les deux stages en agence reflètent relativement bien mes propos. Le premier de un mois permet seulement de survoler les habitudes et projets dans l’agence d’accueil. Le second de deux mois est également à peine suffisant et ne permet pas de suivre correctement les projets sur lesquels on travaille. J’ai ainsi dû suivre par mail le résultat du concours pour lequel j’avais contribué par exemple. J’ai pu également dénoté un manque certain de concrétisation, de mise en situation à l’école, malgré tout un ensemble de cours théoriques très divers et des échanges avec les professionnels concernés. Il semblerait en effet judicieux de responsabiliser le jeune architecte aux choix qu’il va devoir faire et aux décisions qui devront être prises plus ou moins difficilement. En le dirigeant peut-être plus vers la technique. Je pense que l’on maîtrise son sujet lorsque l’on dispose de technique et de discipline dans le domaine choisi, lorsque l ‘on acquière une logique de compréhension et de mise en œuvre, que ce soit de la construction, de l’art ou de la technologie. J’ai personnellement eu la chance d’acquérir des connaissances dans la mécanique ou encore le travail du bois via mes proches, et je puis affirmer que tant qu’il n’y a pas mise en situation, on ne peut pas jouir pleinement de la théorie.
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Ces cinq années de formation, aussi riches soient-elles, m’ont avant tout permis de maîtriser une logique d’apprentissage mais aussi d’appréhension de l’information. Lors des divers contacts avec les corps de métiers gravitant autour de la construction, j’ai essuyé certaines remarques concernant les architectes, notamment un manque d’écoute, des connaissances insuffisantes en technique, peu d’ingéniosité dans les choix effectués etc... Ce sont ces échos sur la profession qui ont dirigé mon regard vers une approche sociale du métier d’architecte, d’avoir un regard critique sur le cursus que j’ai choisi et a fortiori la carrière dans laquelle je me lance aujourd’hui. L’angle social est devenu peu à peu le facteur le plus important de cette profession à mes yeux. Hormis la conception d’espaces et un sens affûté de l’esthétisme architecturale, il est à la base de toute construction un besoin précis. Que ce soit un hôpital ou des logements sociaux, un centre de loisir ou des bureaux, chaque espace se conçoit à partir d’une demande. La communication entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage est primordiale. J’attends donc de cette formation qu’elle me donne les outils pour acquérir toutes les subtilités propres aux échanges entre les différents acteurs de l’architecture. Ce qui me permettrait de naviguer aisément entre toutes les problématiques posées autour de la construction. Ces problématiques sont apparues à moi lors de mon stage de mise en situation que j’ai réalisé l’été dernier au sein de l’agence Patriarche & Co au Bourget du lac. L’agence d’architecture, d’urbanisme et d’ingénierie PATRIARCHE&CO est basée sur le site de Savoie-Technolac, pôle d’excellence ÉNERGIES ET RÉSEAUX accueillant notamment des universités scientifiques et diverses entreprises d’ingénierie. Créée en 1960 par Bernard PATRIARCHE architecte DESA (1931-1985), l’agence a sous sa conduite pris le parti de la fonctionnalité et de la modernité que ce soit pour le développement du logement social ou pour les lieux d’enseignement. Patriarche & Co n’est pas seulement une agence d’architecture, mais regroupe en son sein l’ensemble des compétences attendues pour réaliser un projet. Économistes, ingénieurs structures, designers etc... Ce rapport de proximité entre les connaissances permet un échange rapide et direct entre les différents pôles. M’étant familiarisée avec l’équipe et les mœurs de l’agence durant deux mois, je peux aisément témoigner de l’efficacité et de la communication d’un tel réseau de connaissances. Cette structure semblait parfaitement adaptée à mes attentes, notamment grâce à une équipe très à l’écoute, une philosophie de travail et de réflexion tourné vers une harmonie entre tous les champs disciplinaires du projet et enfin une réelle entraide au sein de l’équipe.
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« Un seul homme ne peut à lui seul, résoudre tous les problèmes qui s’empilent sur la table d’un architecte. […] Architectes et ingénieurs travaillent ensemble au service de projets raisonnés mais remarquables, fonctionnels mais élégants. Les métiers sont décloisonnés et interviennent de manière simultanée et cohérente dans le développement du projet et ce, à toutes ses étapes. [...]Cette notion « d’équipage », favorisant le dialogue et l’échange, enrichit forcément le projet dans sa cohérence technique, économique et architecturale, dans un souci de durabilité et de pérennité. » Mon travail durant cette année de HMO consistera à assister le chef de projet de la phase esquisse jusqu’au chantier, soit le dessin, la rencontre des clients ainsi que les réunions d’équipes projets, le suivi de chantier en compagnie de l’ingénieur travaux etc... Il me sera alors donné de travailler sur plusieurs fronts à la fois tout en engrangeant un grand nombre d’informations afin d’affûter mon esprit à un monde où l’architecture est en perpétuel renouveau, en continuelles renégociations de conditions et de normes plus ou moins drastiques. Pour conclure, cette ultime année de formation sera pour moi le moyen d’apprendre à mettre d’une part la conception et les rapports humains en pratique autour du fil conducteur qu’est le projet architectural, mais également à faire vibrer ces deux cordes à l’unisson afin de concevoir et livrer un projet au plus juste, en minimisant les contraintes et limites que peuvent engendrer les dysfonctionnements de communication pour laisser à l’architecture la possibilité de devenir des espaces accessibles et beaux répondant à un besoin originellement humain.
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Comment devient-on architecte? Qu’est-ce qui détermine le geste, l’empreinte que laisse un bon architecte sur un ouvrage? Ce mémoire est un retour d’expérience, une réflexion personnelle sur le métier d’architecte aujourd’hui, ainsi que les premiers pas d’une jeune diplômée au sein d’une méga-structure d’accueil. Je ne suis pas de ceux nés avec la fibre architecturale. Mais ayant baigné dans des univers tantôt littéraires par ma mère, tantôt artistiques par mon père, la création, le goût de faire m’ont été rapidement transmis et ce sont ces derniers qui m’ont conduit à l’architecture. Durant ma formation j’ai bien entendu acquis les bases disons matérielles, physiques,de la profession: dessin, les bases de la construction, l’histoire des arts divers et de l’architecture. Cependant j’emporte dans mes bagages un apprentissage qui, selon moi, fait sens à l’architecture. Et ce savoir réside dans l’immatériel, l’antimatière que crée l’édifice: l’espace, l’usage, l’ambiance. Laissez-moi éclaircir mon propos. Durant un voyage à Bielle dans le Nord de l’Italie en été 2014, nous avons pu visiter la maison d’architecte de nos hôtes. Ayant pris connaissance de ma formation, ils étaient plus que fiers de me faire visiter dans les moindres recoins leur maison qui avait été rénovée quelques années auparavant. Escaliers hélicoïdale monumentale menant à un dernier niveau suspendu, plancher de verre dans la bibliothèque, matériaux nobles et anciens mariés à d’autres très contemporains etc... Et puis, en redescendant dans l’entrée, notre hôte nous dirige dans un corridor étroit. Là, un filet de lumière très subtil nous mène vers une salle d’eau coquette, toute tapissée de mosaïques. C’était un petit espace très poétique et doux, intime et fort. Elle m’expliqua alors qu’elle avait demandé au jeune architecte de faire quelque chose qui la ramènerait toujours au bord de la mer, car c’est là-bas qu’elle avait vécu et qu’elle avait élevé son fils. L’architecte avait alors pour ce petit espace joué habilement avec des matériaux traditionnels et de la lumière afin d’offrir à sa cliente plus qu’une salle d’eau, plus que de l’espace, mais bien un moment, une évasion vers un souvenir. C’est à cet instant que j’ai su pourquoi l’on devenait architecte.
13 « Trop souvent ramenée à la seule perception visuelle et à la dimension du « beau » optique, il s’agit de réinvestir la discipline esthétique selon toutes les dimensions impliquées dans l’expérience : sensorimotrices, sociales, instrumentales. »1
C’est donc très naturellement que je me suis tournée vers un apprentissage du sensible, de la poétique du projet, en rejoignant le studio de master «Architecture, Ambiances et Cultures Numériques». La particularité de ce master est de former les jeunes architectes en devenir à la recherche architecturale à partir de la production d’artefacts dont le protocole de production, d’analyse et la mise en perspective est réalisée à partir de la production d’un article. Il s’agit de se familiariser à une méthodologie de recherche basée sur l’expérimentation et l’expérience, de prendre connaissance et de s’approprier (voire inaugurer) de nouvelles pratiques de recherche et de projet face aux enjeux contemporains et futurs de l’architecture en développant notre approche des ambiances et paysages confrontée aux préoccupations économiques, écologiques, sociétales, politiques. De ce fait, matières premières et logiciels de programmation s’entremêlent afin de créer une nouvelle expression architecturale partant d’une réflexion qui gravite autour de la morphogénèse, du processus de conception et de réalisation du projet. En manipulant les différents artefacts à l’échelle de la maquette puis à l’échelle 1:1, les raisonnements de conception sont nourris par les problématiques que pose ensuite la réalisation. Il ne s’agit plus de concevoir pour le résultat mais de monter un scénario complet, du premier coup de crayon à la «livraison» de nos structures, généralement des sections d’espaces de déambulation à traverser et expérimenter avec tous les sens. « La mobilisation de l’équipement du laboratoire de fabrication digitale – digital RDL, la manipulation de la matière permet de réintroduire la technicité et la matérialité tout autant que l’expérience sensible d’une production dans le champ de la recherche architecturale.»2
Ces deux années au sein d’une équipe de praticiens et chercheurs ont permis une large ouverture de mon regard sur la conception, et même l’analyse de l’architecture vécue. La matière «sensible» d’un projet, ses ambiances, sa lumière, les sons qu’il crée et reçoit, toutes ses caractéristiques immatérielles et non mesurables qui font sens dès lors que l’espace est vécu m’apparait aujourd’hui comme le moteur essentiel de l’architecture juste. 1: Grégoire Chelkoff, seminaire «esthétique et poïetique de l’architecture» 2: Philippe Liveneau, responsable du studio AA&CN, Research by design
PREAMBULE
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“La différence se mesure parfois dans les plus infimes détails.”
John Pawson, architecte & designer
Tout au long de ces huit mois de formation à la maîtrise d’ouvrage en son nom propre, il m’a été donné à rencontrer un panel très varié de praticiens, professeurs et conseillers qui ont pu partagé à travers les différentes sessions de cours ainsi que pendant la mise en situation leurs expériences et ce qu’est à leurs yeux la profession d’architecte. Durant la mise en situation professionnelle, j’ai rejoint une équipe d’architectes dans l’agence internationale d’architecture et d’ingénierie Patriarche qui rassemble en son sein l’ensemble des acteurs rattachés à la construction, de l’architecte jusqu’à l’ingénieur fluide en passant par l’économiste. Et c’est de là que part le postulat suivant: Tout d’abord, il me semble clair que l’architecte ne peut plus exister seul aujourd’hui. De par la complexité des règlements et normes qui fleurissent continuellement dans la construction mais aussi dans l’administration toujours plus lourde. Les lois sont faites pour protéger tous les acteurs de l’architecture, du coté de la maîtrise d’ouvrage comme de la maîtrise d’oeuvre;Tout comme les normes sont appliquées afin de construire au plus juste et ce en prenant compte des changements écologiques, économiques, sociaux, politiques qui s’opèrent dans les sociétés actuelles. Et il est de notre devoir, en tant que maîtrise d’oeuvre, de respecter et de faire respecter ces décisions qui mènent la profession vers plus de maîtrise et de justesse dans la construction et la manière de penser le projet. Or il est de ce fait de plus en plus difficile de surmonter cette vague permanente d’informations nouvelles et de l’appliquer convenablement aux idées qui éclosent dans la tête des architectes. L’enjeu est d’autant plus de taille lorsqu’il s’agit de répondre à des attentes de plus en plus pointues à l’heure où l’information est immédiate et les délais toujours plus courts.
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Ensuite, Une agence d’architecture reste une entreprise comme les autres, qui souhaite évoluer et prospérer. Et pour se faire elle a besoin de quitter sa zone de confort et gagner en technicité, en originalité pour garder sa place, aujourd’hui très convoitée par les grandes entreprises et les constructeurs. Il est en effet réellement complexe de défendre le statut d’architecte auprès des non-sachants, donc des clients qui ont des besoins très précis et qui voient le projet principalement à travers l’enveloppe budgétaire qui le porte. Et ce facteur reste bien entendu louable, car pour certains clients c’est le projet d’une vie qui nous est confié. Mais il est alarmant de voir aussi à quels prix beaucoup de nos confrères bradent leurs services par manque de reconnaissance de notre travail et par un désir obsessionnel de construire des édifices de plus en plus performants à des prix de plus en plus bas. Ce raisonnement m’amène à penser qu’il faille a fortiori réveiller la conscience collective afin de rendre à l’architecte sa vraie place dans la société, et pour se faire il est indispensable de renforcer la notion de pédagogie dans notre travail, informer au mieux la maîtrise d’ouvrage des conséquences qu’entraînent chacun de ses choix afin de pouvoir le guider au mieux vers de bons projets. Et c’est dans cette optique qu’il est d’autant plus essentiel que l’architecte soit entouré par l’ensemble des acteurs de la construction afin qu’il soit lui-même guidé et conseillé et qu’ils puissent ensemble défendre leurs valeurs et mener à terme des ouvrages réalisés dans les règles de l’art et répondant au mieux aux grands enjeux contemporains qui régissent nos professions et notre manière de vivre en général. Je me suis donc posée la question suivante: si selon moi l’architecture réside dans le détail, qu’il soit technique ou de l’ordre du ressenti, de l’émotion, comment arriver à le porter à travers l’éventail toujours plus grands de nos interlocuteurs. A l’aube de l’agence d’architecture “ubbérisé”, comment est-il possible de défendre cette plus-value que peut apporter l’architecte au sein d’une mégastructure telle que l’agence Patriarche.? J’orienterai ce questionnement d’abord du coté de l’équipe de maîtrise d’oeuvre puis vers les interlocuteurs extérieurs tels que la maîtrise d’ouvrage et les entreprises.
INTRODUCTION
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image entière
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L’AGENCE D’ACCUEIL_PATRIARCHE
PA R TIE I
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a.
Philosophie de l’agence
L’agence d’architecture, d’urbanisme et d’ingénierie Patriarche est basée au Bourget du Lac, sur le site de Savoie-Technolac, pôle d’excellence ÉNERGIES ET RÉSEAUX accueillant notamment des universités scientifiques et diverses entreprises d’ingénierie. Créée en 1960 par Bernard Patriarche, architecte DESA (1931-1985), l’agence Patriarche, nommée alors Patriarche&co, a sous sa conduite pris le parti de la fonctionnalité et de la modernité que ce soit pour le développement du logement social ou pour les lieux d’enseignement. Il a été également précurseur dans le domaine de l’architecture bioclimatique. Après sa disparition en 1985, son fils Jean-Loup, architecte lui aussi formé à l’École Spéciale d’Architecture, élève de Paul Virilio, prend les rênes de l’agence en multipliant les concours : seul moyen d’accéder à la commande publique. Les succès magnétisés sur ces deux décennies ont donné de l’autorité à cette agence en lui conférant un statut national et international fort. “Le lien, c’est le cadre du projet, nous nous efforçons à chaque fois d’en trouver le génie, le genius loci. Sa géographie, son climat, sa morphologie, son urbanité ou sa non urbanité seront autant de guides essentiels qui justifieront et pérenniseront le projet. “1 Les équipes de conception de l’agence ont l’habitude de dire qu’avant de définir ce qu’ils vont construire, ils commencent par définir ce qu’ils ne vont pas construire. Le vide définit le plein et non pas le contraire. C’est pour cela que souvent leurs références montrent des rues, des patios, des atriums, des interstices organisant le projet autour de ses vides. Ces principes procurent respiration, éclairage matinal, clarté des fonctions et clarté des flux. Le projet ainsi organisé se vit du dehors autant que du dedans. « Le plan organise, la coupe donne le volume, la façade l’harmonise. L’ensemble doit au final procurer l’émotion d’une architecture toujours franche et moderne ou ultramoderne, en osmose avec un site. »2
1,2: Jean-Loup Patriarche
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Patriarche n’est pas seulement une agence d’architecture, mais regroupe en son sein l’ensemble des compétences attendues pour réaliser un projet. Économistes, ingénieurs structures, designers... Chaque pôle est réparti sur le site dans des bâtiments appelés «House Boat*», des espaces de travail pensés comme une dizaine de navires similaires amarrés autour d’un port symbolisé par Taxiway, le noyau central de l’agence Patriarche. Ce point essentiel de l’agence sera développé plus loin. Patriarche est avant tout une agence d’architecture attachée à un style sobre et contemporain. L’image de la philosophie de leur travail se résume dans ces deux devises : « Less is more » de Mies van der Rohe et « Form follows Function » de Louis Sullivan. La fonctionnalité devient la base du projet qui s’enrichit de la poésie et du savoir-faire des architectes de l’agence. Une grande attention est apportée au choix des matériaux et à l’influence de la lumière pour une architecture qui se voit de l’extérieur et se vit de l’intérieur.
Chef de projet
Pôle Projet
architecture dessin modélisation 3D maquette
Pôle Structure bois métal béton
Pôle Urbanisme urbanisme paysage VRD
MC+
salles blanches contamination ultrapropreté ...
Pôle Énergies
énergies renouvelables électricité efficacité énergétique
Pôle Design
architecture intérieure signalétique scénographie ...
Pôle Qualité Environnementale écoquartier bâtiment santé formation
Pôle Economiste estimatif descriptif coût global
Les HB ont été conçus sur pilotis afin de prévenir les inondations, dues à la proximité du lac du Bourget et donc de nombreux réseaux sous-terrains.
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b.
Les associés
L’agence d’architecture Patriarche construit depuis plusieurs années un réseau d’associés externes autour de Taxiway, son noyau central, dans un désir d’évolution continue des marchés, des demandes et donc de la prospérité de ses projets. Patriarche._ Agence d’architecture et d’ingénierie. PATRIARCHE DB_ Entreprise générale en extension de Patriarche. SUNDAY_ Graphisme. Identité de l’agence. Rendus architecturaux. Supports de communication internes/externes BART_ Portage de projet. Programmation. Ingénierie juridique et financière. Commercialisation investisseur et locataire. Recherche foncière HANK_ Analyse et valorisation des nouveaux usages. Rapport de besoins et de potentiels des différents sites de projet. Marketing et innovation
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c.
Les projets directeurs
La notion de détail peut, comme annoncé plus haut, prendre diverses formes: il peut résider dans un détail technique mais aussi dans la manière de penser les vides comme s’emploie à le faire l’équipe de Patriarche. La plus-value de l’architecte se doit, du mieux que faire se peut, de régner sur chacune de ses interventions, chacun de ses traits et décisions et ce quelque soit son niveau d’intervention sur une mission de maîtrise d’œuvre. Durant ces huit mois passés chez Patriarche, je suis intervenue sur des missions majoritairement en phase étude. Comme signalé en effet un peu plus tôt, l’agence porte une attention particulière aux concours et cela est d’autant plus vrai dans le pôle Sud auquel j’appartenais. Nous étions d’ailleurs l’équipe prépondérante à a réception de concours importants, notamment en matière de centres de recherches ou de logements montagnes. Il fallait alors répondre très vite à une demande particulière, voire très complexes, et lancer instantanément le travail des différentes équipes qui allaient graviter autour du projet pendant la durée du concours. La phase du concours, qui se rapporte à la phase Esquisse, définit le mode d’implantation du projet sur le terrain, l’organisation générale des espaces, l’articulation des pièces entre elles. Des croquis et images de synthèse présentent les principes de volumétrie et d’insertion dans le site. Cette étude permet de valider les choix d’usages et de mieux projeter l’équipe de maîtrise d’ouvrage dans le projet. À ce stade, l’architecte confirme la compatibilité de l’enveloppe financière avec la concrétisation des attentes. J’ai eu la chance durant cette MSP de travailler sur des projets extrêmement divers, grâce au fait que le concours prenne une place de choix au sein de l’agence. Afin alors d’étayer mon propos, je vais m’appuyer sur trois projets, trois programmes singuliers, trois regards sur l’architecture et sa manière de la concevoir. Cela me permettra de faire des liens entre la réflexion que porte ce mémoire et les mises en situation que j’ai pu rencontrer durant cette formation, que ce soit en sessions théoriques que pendant ces huit mois de stage.
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Le bâtiment de recherche M8 a été le projet pour lequel j’ai effectué ma première mission chez Patriarche. Il s’agissait de lancer la phase APD et rencontrer les entreprises spécialisées afin d’amorcer le PRO ainsi que les détails techniques des façades et de la serre en toiture.
Le M8 se situe dans l’enceinte de L’ENS, intégré au Biopôle de Lyon, un pôle de compétitivité dans les domaines de la santé et plus particulièrement des maladies infectieuses. Le visiteur découvre un bâtiment sobre et élégant marqué par une modénature qui reflète les principes constructifs en mettant en valeur des matériaux pérennes et naturels, le verre, l’inox qui jouent de brillance et de reflets. Ce vocabulaire insert clairement le M8 dans le site historique de Gerland marqué par l’architecture de Tony Garnier. On devine l’héritage architectural sans artifices de la grande Halle : marquage des poteaux de structure, des rives de dalle, composition structurée des pleins et des vides, recherche de légèreté par l’utilisation du verre. Cette relation aux matériaux verriers mises en œuvre en volumes verticaux, dans un vocabulaire qui rappelle l’architecture industrielle et d’autant plus signifiante et adaptée que le programme concerne notamment l’implantation d’une serre horticole de recherche. Le bâtiment se présente comme un volume parallélépipédique posé sur un socle de pierre dorée typique de l’architecture lyonnaise qui se prolonge en enceinte du site le long de la rue du Vercors habillant ainsi le Pôle Energie jusqu’alors disgracieux. Le soubassement abrite le laboratoire de Géologie qui nécessite une stabilité vibratoire importante. Deux niveaux de laboratoires et de bureaux forment ensuite le corps de bâtiment principal. Un jeu de panneaux verticaux en verre ou en inox poli posés « aléatoirement » génère une vibration qui anime le volume. L’angle Sud-Est au niveau 2 est traité en « loge » projetée sur la rue qui contient la salle de convivialité. Les baies sont protégées du soleil par des brise-soleils en aluminium. Enfin, le couronnement est occupé par la serre de recherche. Le vocabulaire général du bâtiment est en harmonie avec elle afin qu’elle n’apparaisse pas comme sur ajoutée. Cette dernière, habillée de verre et d’une structure acier la plus subtile possible, trône légère en toiture de l’édifice.
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Missions principales: montage du dossier APD dessin modélisation application des normes
Bâtiment de recherche de 2280m² Concours gagné en 2015 Dépôt de PC: Mai 2017 Estimation en APD: 10 870 000 €
Laboratoire de recherche M8, ENS(Lyon)
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Le concours du Praz a nécessité une réflexion intéressante quant à son programme: un parking sur deux niveaux enterrés surplombé par un stade multi-sport, le départ de la remontée mécanique du Praz ainsi que le garage des cabines, et enfin un ensemble de services liés aux sports d’hiver et à la vie de SaintBon. La maîtrise d’œuvre a eu six ans de réflexion sur ce dossier et il ont donc lancé un concours restreint au cours duquel nous étions trois équipes à concourir. L’implantation d’un parking de 500 places et d’équipements communaux en front de lac, entre le village du Praz et la zone des tremplins, présente un véritable enjeu environnemental. Il s’agit de s’intégrer pour conserver au maximum le caractère naturel de la zone sans nuire aux vues dégagées sur la vallée. Nous avons choisi de concevoir un bâtiment-paysage, qui donne le sentiment d’incisions dans le sol et de failles horizontales. L’écriture architecturale est sobre et sans ostentation, ce qui renforce d’autant plus la force du lieu. L’alliance de l’architecture et du paysage fait sens. Le volume général reste affleurant avec la route au point le plus haut coté tremplins puis se délite en deux plaques tectoniques comme si l’écorce terrestre se soulevait à l’angle. La plaque supérieure abrite le hall de la gare de la remontée mécanique et supporte un plateau sportif, la plaque inférieure couvre une salle polyvalente et des locaux communaux à l’usage des riverains. La rive de chaque plaque est constituée d’un parement en granit qui joue de facettes fractales déstructurées. Nous puisons dans le répertoire des formes minérales, des cristaux de roches, des plaques glacière. Entre chaque strate, les fonctions s’organisent, revêtues de bois et de verre pour créer des ambiances chaleureuses et accueillantes. L’esplanade forme la continuité paysagère de l’architecture du parking et se développe jusqu’au lac. A la manière des plaques du projet, elle se déploie en strates pour cette fois devenir un emmarchement très ample, créant ainsi une succession de terrasses régulées par une même hauteur de 12cm, ce qui permet une descente très douce et confortable vers le lac. L’ensemble reste humble et à échelle humaine dans le grand paysage tout en affirmant son côté contemporain.
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Missions principales: modĂŠlisation approche au terrain conception
parking du Praz (500 places) MarchĂŠ public Concours perdu
Parking le Praz, Saint-Bon (Courchevel)
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L’opération d’aménagement du Grand Clos à Barby est la dernière grande mission qui m’a été confié durant ma MSP. C’est d’ailleurs sur ce projet que je travaille encore aujourd’hui, en tant que salariée. C’est une mission au demeurant classique qui s’est révélée être un véritable casse-tête en matière d’approche à la pente et d’accessibilité, d’équilibre entre l’espace public et privé, le partage et l’intimité. La ZAC du Grand Clos est l’occasion de développer une offre de lieux de vie différente qui contribue à l’épanouissement d’individus confiants de vivre en société avec leurs voisins grâce à une architecture plus ouverte offrant des espaces intérieurs et extérieurs confortables. Aller vers d’autres plutôt que se protéger, défendre une société équilibrée contribuent à constituer une vie de quartier qu’il s’agit de stimuler par des dispositions architecturales et des dispositions paysagères de qualité. Le contexte bâti est constitué d’un tissu diffus de maisons individuelles accompagnées d’une végétation importante. Les qualités paysagères du lieu sont liées à son caractère boisé et naturel et à sa relation au grand paysage. Le parti vise à constituer un hameau de 14 constructions sous formes d’habitat intermédiaire. Ces 14 ouvrages sont conçus à partir de 5 modèles de bâtiments composés de T2, T3 et T4. Ce gabarit permet d’insérer le projet dans la continuité du hameau existant en conservant une échelle proche de la maison individuelle. De nombreuses percées visuelles favorisent les vues sur la vallée ou sur les massifs alentours. Depuis les voies principales, le piéton peut admirer le paysage au Sud Ouest sachant que la hauteur perçue de chaque maison aval n’excède pas un niveau. Le stationnement est très intégré et aucun effet d’alignement de véhicules ne vient perturber la qualité visuelle du quartier. Il en résulte une vision pittoresque, un ensemble harmonieux, un lieu où il fait bon vivre et où la vie sociale peut s’épanouir. Les détours sont minimisés et les bâtiments s’écartent et laissent passer. Une architecture qui se marie avec le monde végétal, avec le bâti environnant et qui s’ouvre sur le ciel et sur le vaste panorama qui s’offre à voir à 360 degrés. Le site du Grand Clos étant très contraint par la topographie, avec une pente moyenne de l’ordre de 25%, optimiser l’intégration à la pente est essentielle. Elle devient un atout pour profiter du paysage, où s’inscrire sans gêner la vue des voisins ou des passants est essentiel. La relation avec l’extérieur de l’habitat, les espaces verts, les cheminements pour se rendre à chaque logement est privilégiée. Tout est conçu pour se sentir en harmonie la nature.
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Missions principales
dessin modélisation aménagement paysager approche au terrain
Aménagement de la ZAC du Grand Clos 57 logements répartis sur 2 lots Marché privé Concours gagné fin 2016 Dépôt de PC le 28/07/2017 Estimation en APD: 10 870 000 €
ZAC du Grand Clos(Barby)
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M8 Lyon
PC-APD 1
APD finale
Le Praz Courchevel CREM Fayat Bordeaux Grand Clos Barby
Croix Rouge St Alban-Leysse suivi de chantier (en observatrice)
ESQ
concours perdu
ESQ_offre initiale
APD
PC
JUIN
MAI
AVRIL
MARS
FÉVRIER
JANVIER
DÉCEMBRE
NOVEMBRE
OCTOBRE
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D’autres missions m’ont été confiées en parallèle de ces trois ci-dessus, elles auront été néanmoins tout aussi importantes durant ma MSP et ont à différents niveaux nourris mes propos. Ce panel très divers d’expériences a permis une véritable croisée des pensées et j’ai pu tout au long de cette formation lier clairement les informations acquises lors des sessions théoriques avec les différentes situations que je traversais, seule ou en équipe. Toutes ces missions m’ont aidé à me forger une solide réflexion sur l’architecture et sa complexe mise en œuvre. A divers moments j’ai pu voir l’avancée de ce que j’appelle ici le détail, cette plus-valus qu’apporte l’architecte à un projet. Et j’ai pu mesurer à quels facteurs du projet ces plus-values allaient être confrontées, qu’est ce qui engendrait qu’il faille redoubler d’effort sur un projet, ré-estimer ses interventions suite à des décisions ultérieures, défendre ses positions quant à des choix d’organisation spatiale, de l’essence d’un matériau ou de l’ambiance d’un lieu. J’ai pu observé la prise de position de chacun face à ses moments, ces étapes où les idées sont remises en question. Car il y aura toujours remise en question, qu’elle vienne de la maîtrise d’ouvrage ou bien de l’architecte lui-même. Et j’ai également appris à camper sur mes positions quand il est nécessaire de le faire, à savoir m’entourer des sachants afin de trouver l’information la plus juste et efficace possible, ainsi qu’aux différentes manières d’aborder un sujet avec l’ensemble des voix qui portent le projet. Cette ultime année dans mon cursus supérieur aura semble-t-il été l’une des plus riches que j’ai vécu, car c’est pendant ces huit mois que j’ai entrepris de devenir l’architecte que je voulais réellement être.
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LA PLUS-VALUE DE L’ARCHITECTE AU SEIN D’UNE MÉGASTRUCTURE
PARTIE II
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a. Discipline_adaptation à un système normalisé «Dans ma vision du monde la discipline s’apparente à la pureté.[...]Une fois le geste maîtrisé,il libère l’émotion et la laisse s’exprimer» Daniel Werthel
Les pôles de travail de l’agence sont composés d’une équipe d’architectes et de dessinateurs-projeteurs répartis selon les projets en cours et les concours. Un architecte, le chef de projet, gère généralement un dessinateur ou un autre architecte qui s’adapte aux méthodes de travail du chef de projet. Le chef de pôle quant à lui pilote les différents projets à travers les réunions et les moments d’échanges avec ses équipes. Tel un chef d’orchestre, il doit prendre connaissance des grandes évolutions des diverses missions afin d’être le plus juste possible et valider les avancées ou au contraire apporter les compléments nécessaires. Il est alors essentiel pour l’équipe de projet d’optimiser un maximum le temps de ces échanges et d’apporter au chef de pôle les éléments qui justifient d’une modification ou de l’évolution d’un choix de conception.
Études de cas_les cheminements piétons de la ZAC du Grand Clos (Barby) La phase APD est le moment où le projet se fige, les dernières grandes évolutions ont lieu et permettent de vérifier l’économie proposée en phases antérieures. Elle permet de préparer les documents du permis de construire et par ce fait ajuster le projet aux règlements d’urbanisme du site ainsi qu’aux normes en vigueur pour la Zone d’Aménagement Concertée. En tant que jeune architecte, j’ai assisté l’architecte chef de projet sur les logements de Barby en phase APD et le montage du PC. La mission a consisté à modéliser l’ensemble des cheminements et du terrassement des parcelles du projet afin de recaler l’implantation des 14 bâtiments et ainsi mettre à jour toute la promenade piétonne qui court entre et le long des ouvrages. Ce processus a permis de soulever des problèmes d’intimité liés au passage devant les différents logements.
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C
D B
D
D
A
F
E
J
F
J H F
±0.00
±0.00
TN
F
G -2.70
-2.70
A TN
L -5.40
TN
-5.40
TN
FACADE NORD-OUEST
FACADE SUD-OUEST
D C D
E
D F
A
E
B F
J
H
±0.00
±0.00 TN
TN TN
-2.70
-2.70
-5.40
-5.40
TN
FACADE SUD-EST
FACADE NORD-EST
Façades de principe du bâtiment_modèle 1
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La plus-value mise en lumière par cette mission se trouvait dans l’adaptation de toute la promenade, les accès aux entrées et les artères entre les bâtiments. Les variances des altimétries créant des zones délicates de passages, notamment devant les fenêtres des usagers ont été entièrement repensées afin de créer des flux moins importants, voire exclusivement réservés aux personnes habitant les logements desservis. Ainsi, ces derniers n’étaient pas dérangés et n’étaient pas obligés d’occulter leurs ouvertures. Ce projet vise à réinterprêter la vie du hameau dans une architecture de petit collectif ne dépassant jamais le R+2. Cette promenade vient avant tout solidifier la communauté, tout en protégeant subtilement chaque habitant en leur conférant une vraie intimité. Ce qu’apporte l’architecte au projet ne réside pas seulement dans une volumétrie, un choix de couleur, mais aussi dans une réelle volonté d’offrir les espaces vrais du quotidien. La manipulation et l’expérimentation des éléments immatériels qui nous entourent et qui indubitablement façonnent le projet continuellement -lumière, son, climat, flux d’usagers- m’ont permis de développer des méthodes d’analyse et de réflexion qui englobent et répondent à des besoins allant au-delà du programme et qui se rapprochent plus de l’expérience, de comment vivre le projet et ses espaces très variés. Une des méthodes les plus simples et pourtant très efficace que j’essaye d’adopter à chaque moment de conception et d’amélioration du projet est la série de scenarii. A la manière du scientifique il s’agit d’identifier et de vérifier les différentes expériences qui seront vécues dans un espace, de la plus simple à la plus éprouvante. De cette manière aucune subtilité d’appropriation n’est négligée et l’espace trouve son équilibre parmi tous les usages qu’il reçoit en son sein. A travers un travail commun résidant sur la confiance, j’ai pu, à travers les conseils de ma chef de projet, porter un morceau de la construction en lui incombant mes choix, mes réflexions propres tout en respectant les grandes thématiques primaires qui faisaient le projet.
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Dans une structure importante telle que Patriarche, il est essentiel de sauvegarder une méthodologie de travail commune afin d’optimiser au mieux les ressources intellectuelles et temporelles. L’agence est une entreprise à part entière, elle fonctionne telle une chaîne et si l‘un des engrenages s’enraye il faut savoir réagir dans l’immédiateté afin de rétablir l’ordre au plus vite. C’est dans ce but que nous travaillons tous sous une charte graphique et un système d’échanges et de rendus similaires. L’adaptation reste à mon sens le point fort d’un tel système. Cela permettra de gérer les équipes de manière à ne jamais laisser qui que ce soit sombrer sous le poids des responsabilités mais au contraire de savoir rebondir et rendre disponible d’autres architectes ou dessinateurs afin de soutenir ensemble ce poids. La limite de l’exercice Nous arrivons alors à nous demander: sommes-nous tombés dans l’équipe de travail parfaite. Malheureusement non, car nos atteignons parfois la limite de l’exercice. En effet, les pôles et leurs «équipages» -architectes, dessinateurs-, en se perfectionnant dans une partie de la profession (laboratoires, montagne etc...) deviennent spécialistes et non plus généralistes. Or si un projet est lancé et que les employés spécialisés sont occupés sur d’autres, il est évident qu’il faille en faire intervenir d’autres, peut-être plus qualifiés pour d’autres missions. C’est là que se trouve le point faible d’un tel système. D’où l’importance de «se diversifier en qualité, pour s’adapter au mieux à chaque situation»1 Sans quoi, la valeur que l’on souhaite donner à un projet sera balayée par une opinion divergente sur une manière de dessiner ou de concevoir une architecture particulière. Ce qui permet également de ne pas laisser s’estomper la plus-value apportée à un ouvrage est la dynamique des flux qui règne aux seins des pôles. Car nous arrivons finalement à tous travailler un jour ensemble sur un projet, ce qui permet premièrement de reconnaître «la patte» d’un concepteur ou d’un dessinateur, et de pouvoir donc accorder nos violons sur nos missions communes, et d’autre part de se nourrir de l’expérience et de la technicité de nos collègues afin de se forger à notre tour une solide réflexion architecturale.
1_Bernard Maillet, chef du pôle Sud lors d’une réunion de planning
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b. Pluridisciplinarité_cohabitation avec l’ensemble de la maîtrise d’oeuvre «Les croisements provoqués par la pluridisciplinarité ouvrent les territoires de la créativité.»
Claire Eliot
L’agence d’architecture et d’ingénierie Patriarche porte en son sein une équipe reconnue de professions gravitant autour de la construction. Représenté par un meneur, le chef de pôle, chaque métier inscrit son savoir-faire dans le projet et ainsi porte au plus juste les réponses parfois complexes des architectes. Nous ne parlons pas d’un «bureau d’étude au service de», mais bien d’une équipe aux voix équivalentes. Les projets qui voient le jour reflètent clairement une entente solide au coeur des équipes de conception et de recherche. Travaillant sur le site de Taxiway, l’agence-noyau de Patriarche, j’ai pu découvrir et travailler auprès de ces différents pôles,et ainsi mesurer la place essentielle qu’ils prennent dans le travail des architectes.
Organigramme des grands pôles
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Etude de cas_Le programme du Praz (Courchevel) La demande de la maîtrise d’ouvrage concernant le parking du Praz a été analysé et pensé par l’équipe communale de Saint-Bon-en-Tarantaise pendant près de six ans. Face à ce programme très riche et diversifié (loisir, sport, équipements techniques de remontées mécaniques) il a fallu regrouper rapidement nos équipes et leurs réseaux afin d’apporter une proposition. Devant une telle charge de travail, le MOA a laissé aux trois équipes en compétition deux mois et demi pour répondre. Il ne s’agissait pas seulement de faire émerger de terre un projet paysager qui allierait tous les éléments du programme à l’échelle d’une petite commune de montagne, mais également rassembler un maximum d’informations et de réponses techniques potentiels de satisfaire la demande. la temporalité du projet - Le Ma Le Ma signifie l’intervalle, l’espace, la durée, la distance. Non pas celle qui sépare, mais celle qui unit. Cette notion d’espace, ou d’espace-temps qui relie les choses et leur donne leur sens est enraciné dans la culture asiatique, comme l’illustre ce poème de Lao Tseu, philosophe chinois du VIe siècle av. J.-C. : L’utilité de l’argile dans la fabrication des pots Vient du creux laissé par son absence. Ce terme est employé comme concept d’esthétique, il fait référence aux variations subjectives du vide (silence, espace, durée, etc.) qui relie deux objets, deux phénomènes séparés. L’usager fait l’expérience du projet par la dynamique des corps le long d’un parcours pensé selon les flux potentiels qu’il devra accueillir. Les différents scenarii sont décrits de manière à optimiser la morphologie des différentes plaques ainsi que leur superposition. Les garde-corps le long de ces plateaux sont formés par des plaques de pierres triangulées, morcellement longitudinale conçu comme un rythme donné à la déambulation sur les différents niveaux.
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Le Ma a pour ce projet une traduction à double tranchant. C’est une notion de temps à plusieurs échelle: celle de l’homme dans la déambulation, l’expérience du flux qui est prédominante dans cette architecture, mais aussi à l’échelle des saisons, et de l’adaptation des usages selon les besoins et le climat, qui peut se montrer très rude en haute montagne. Front de neige l’hiver, le projet du parking devait faire office en 2018 d’arrivée pour la compétition mondiale de descente en ski alpin, ainsi qu’accueillir les divers espaces destinés à l’événement. De lourds moyens techniques en terme de raccord électriques ainsi que de sécurité au public étaient envisagés. Il fallait également protéger l’intégralité du terrain synthétique de l’écrasement et rendre les mâts d’éclairage démontables malgré des hauteurs conformes aux normes d’éclairement des terrains sportifs. Terrain multisport l’été, le complexe sportif, doté d’un pare-ballons, devait le moins possible briser le panorama donnant sur les montagnes et le saut à ski olympique se trouvant sur la parcelle limitrophe à celle du projet. Nous avons fait le choix d’apporter une réponse forte, par une architecture tectonique dialoguant avec un réel soin pris au choix de l’équipement et à sa maintenance. Car le geste de l’architecte réside aussi dans cet effort, ce soin pris en toute chose.
Elévation Nord depuis la rue des Tremplins
Coupe longitudinale
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Au-delà du fait que nous travaillons sur un système d’échange de données similaires, les attentes en terme de niveaux de détails, de délais «internes» (le temps pris à vérifier les documents avant envoi en externe) sont mieux maîtrisées, on sait de suite vers quelle méthode aller afin d’apporter aux ingénieurs et techniciens les informations nécessaires à leur travail.
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Cependant, cette gestion presque toujours exclusivement en interne recèle sa part de défauts non négligeable. Il est par exemple tentant de trop se reposer sur certaines de nos références en matière de technique, de mise en oeuvre d’un matériau ou la morphologie d’un équipement au lieu de pousser plus loin la réflexion. Ou il est possible parfois de tirer un peu sur la corde en ce qui concerne les délais, ce qui n’est pas permis avec des équipes externes. Ce dernier point est un facteur délicat à prendre en compte dans une agence pluridisciplinaire. Travaillant aux cotés de nos équipes, nous n’ignorons pas les autres missions sur lesquels nos ingénieurs travaillent. Et il arrive qu’ils soient pris de cours sur des affaires bien plus urgentes ou complexes que les nôtres. Il est alors primordial de savoir gérer le facteur temps d’une mission afin de ne pas perdre pieds à courir après les informations et les documents, sans quoi le mécanisme ne fonctionnerait plus.
Etude de cas_les études thermiques de Barby Afin de certifier du meilleur choix possible en matière d’énergie, et sous la pression du maître d’ouvrage, notre ingénieur thermicien a décidé, durant la phase APS et sans en informer le chef de pôle, de réaliser une étude complète, la Simulation Thermique Dynamique. La simulation thermique dynamique simule au pas de temps horaire le métabolisme du bâtiment en fonction de la météo, de l’occupation des locaux. La STD permet de prendre en compte l’inertie thermique du bâtiment, les ponts thermiques, le comportement des usagers, la stratégie de régulation et de mener les études de sensibilités afférentes. La STD permet donc d’identifier et de quantifier l’impact des différentes fuites énergétiques afin de valider les concepts et solutions techniques retenues.
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Une pensée multiple «Les études deviennent énergétiques, car nous sommes trop nombreux, et les informations passent aux travers des mailles du filet». Il est difficile de maîtriser toutes les facettes du projet. Chaque individu à sa propre manière de raisonner et de faire, indépendamment de la conscience collective. Certains camperont sur leur position en décidant que le travail est fait quand d’autres estimeront qu’il est possible d’aller encore plus loin et de donner plus. Et cette vision du travail abouti, du soin pris en chaque chose est essentiel dans la construction, car un choix pris en conception peut précipiter un projet à la catastrophe, notamment aujourd’hui en matière d’énergie et de soutenabilité. Nous faisons donc face à un dilemme. Effectivement, le choix de notre ingénieur était bon, regardé sous le prisme du scientifique, du technicien qui avance une hypothèse et la prouve grâce au calcul. Mais si l’on regarde cette situation sous le prisme de l’équipe, de la machination qui nous permet de tous avancer sans s’essouffler cette décision était mauvaise, par le facteur temps/argent que cela nous a coûté. Chez Patriarche la rémunération est généralement répartie sur les différentes phases du projet. Une phase terminée et purgée entraîne le paiement de celle-ci. Une phase qui dépasse la période qui lui est prévue nous rend déficitaire sur l’affaire et ampute les phases suivantes d’un temps très précieux. La notion d’équipage, de chaîne, doit impérativement guider les décisions de chaque intervenant au cours des nombreux temps du projet. Sans quoi, il serait impossible de tenir une entreprise de près de cent cinquante personnes à flot.
Bernard Maillet, chef de pôle
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LA PLUS-VALUE DE L’ARCHITECTE FACE AUX DÉCISIONNAIRES EXTERNES
PARTIE III
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a. Ecoute_la maîtrise d’ouvrage, ce rapport délicat «Être à l’écoute de l’époque, d’une identité, d’un lieu à un moment donné.»
Sébastien De Hutten
La maîtrise d’ouvrage (MOA) est à l’origine de l’idée de base du projet et représente, à ce titre, les utilisateurs finaux à qui l’ouvrage est destiné. Il en est le commanditaire, et définit de ce fait un cahier des charges et par conséquent les besoins, le budget et le calendrier prévisionnel des travaux. Lorsque le maître d’ouvrage a fixé le programme et l’enveloppe budgétaire, il choisit les maîtres d’œuvre et les entreprises. Une fois les contrats conclus (études, devis…), il est en charge de financer les travaux et d’en contrôler l’avancement. L’échelle des besoins des clients est proportionnelle à la taille et aux capacités de l’agence. Il m’a été donné de côtoyer des maîtrises d’ouvrage «sachantes», des personnes morales représentant une commune, un site universitaire ou encore une future Zone à Aménagement Concertée. L’agence Patriarche a, depuis 1960, amassé un ensemble de références tournées principalement vers le logement, mais également le laboratoire. Ces choix de développement ont conduit les équipes à travailler avec un type de maîtrise d’ouvrage particulier, qui bien souvent n’en ai pas à son premier chantier et qui connaît, relativement, les rouages de la construction et des différentes missions qu’il va devoir porter.
Les principaux marchés chez Patriarche - Architecte-promoteur_ réalisé à partir du contrat travaux neufs de l’Ordre des Architectes
le maître d’ouvrage est un professionnel s’assurant de la faisabilité et de l’opportunité de l’opération envisagée, en déterminant la localisation, en définissant le programme, en arrêtant l’enveloppe financière prévisionnelle, en assurant le financement et concluant les contrats nécessaires aux études et à l’exécution des travaux.
- Marchés publics_loi MOP
Organise les rapports entre maîtrise d’ouvrage publique et maîtrise d’œuvre privée. La loi MOP concerne le cas où le maître de l’ouvrage public (donc l’État ou une collectivité territoriale), fait appel aux services d’une personne morale privée, en qualité de maître d’œuvre, pour conduire ses travaux.
Répartition des marchés
- CREM_Conception-Réalisation-Exploitation-Maintenance
marchés publics globaux confiés à un seul titulaire en vue de l’atteinte d’objectifs chiffrés de performance sur lesquels ce dernier s’engage et qui peuvent être liés par exemple au niveau d’activité, à la qualité de service, à l’efficacité énergétique ou à l’incidence écologique.
- PPP_Partenariat Public-Privé
Le contrat de partenariat public privé (PPP) est un contrat par lequel l’Etat ou une autorité publique confie à un prestataire privé la gestion et le financement d’équipements, d’ouvrages ou leur construction permettant d’assurer un service public. Le contrat de partenariat public privé fixe les missions du prestataire privé qui peuvent être : la construction, la transformation, l’entretien, la maintenance, la gestion d’ouvrages, d’équipements ou de construction.
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Etude de cas_les divers besoins des futurs utilisateurs du M8 Le programme d’un projet se divise en trois catégories: le besoin, l’attente et l’usage. Le besoin est l’obligation du programme, ce sont les attentes qui permettent d’assurer la fonction de l’ouvrage. L’attente ne doit en aucun cas compromettre l’activité du bâtiment, et est à voir plutôt comme un plus. L’usage apporte une part plus sensible, immatérielle au programme. Il répond à un désir de qualité spatiale indescriptible dans un programme de base. A partir de l’expérience des utilisateurs, des ressentis face à un futur lieu de vie, de travail, de partage, les usages se fixent et viennent à leur tour modeler le projet afin de concevoir des espaces agréables et fonctionnels. Les diverses rencontres avec la maîtrise d’ouvrage du bâtiment de recherche M8 se faisaient généralement avec tous les représentants des futurs utilisateurs: scientifiques, responsables de secteurs spécifiques, mais aussi professeurs et techniciens. Destiné à la recherche sur OGM et donc à la manipulation chimique, le bâtiment entier a été pensé comme une forteresse impénétrable par de l’air souillé et donc pouvant polluer et détruire des mois de travail. De plus, chaque local, bureau et salle de recherches a été pensé et décrit dans le moindre détail par les futurs utilisateurs, jusqu’à la largeur exacte du mobilier ou encore du sens d’ouverture des portes. Ces renseignements sont répertoriés dans un document, sous forme de «fiches espaces», en annexe du programme et définissent chaque facteur qui, s’il ne sont pas respectés, pourraient aller à l’encontre des recherches effectuées dans lesdits espaces. S’appuyant sur un cahier des charges et un programme de plus de cent pages chacun, les équipes de maîtrise d’oeuvre ont dû dans un premier temps prendre un temps long pour éplucher, analyser, et faire coïncider toutes ces demandes entre elles afin de pouvoir entamer la conception d’un tel ouvrage. Aux vues d’une demande très fournie et stricte, les réunions avec la maîtrise d’ouvrage et les utilisateurs étaient primordiales et consistaient tout d’abord à écouter les remarques de ces derniers sur l’avancement du projet.
Une relation sur le fil du rasoir L’enjeu du bâtiment technique est pour un architecte de trouver sa place, face à une demande très complexe qui remplit déjà presque totalement le cahier des charges. Au départ, il y a très peu de place pour la spatialité, l’esthétique, l’émotion. Les conversations délaissent généralement les questions d’usage pour se tourner principalement vers le budget et le planning. Or pour ce projet, la difficulté étaient ailleurs, nous faisions face à une source de conflit qu’il ne m’était pas encore donné à voir jusqu’ici. En effet, chaque représentant des divers «pôles de recherches» étant présents, leur attention était forcément tournée vers leurs futurs lieux de travail, les différents espaces qui allaient émerger de terre pour leurs besoins. De ce fait, l’équipe de maîtrise d’oeuvre se retrouvaient constamment face à des incompréhensions des utilisateurs, qui avaient peut-être du mal à concevoir leurs futur espaces en contingence avec ceux qui ne leur étaient pas destinés. A leur manière, chacun apportait durant ces réunions des subtilités indéfinissables dans un cahier des charges, mais qui allaient permettre une meilleure compréhension pour la maîtrise d’oeuvre et donc une réponse plus juste à une demande complexe. A mon sens, ces moments d’écoute ont permis de véritablement cerner les attentes cette fois-ci des usagers et de ce fait harmoniser peu à peu les différents plateaux de recherches pour pousser l’architecture vers un équilibre entre les différentes fonctions qu’allait accueillir l’ouvrage. De plus, ces discussions ont permis de nous plonger complètement dans un monde très spécifique qu’est la recherche, et de comprendre les tenants et aboutissants des différents travaux qu’allaient mener les différents utilisateurs du M8. Ce qui a su a fortiori renforcer les choix techniques de l’édifice et donc amener l’architecture vers plus de justesse. Finalement, le rôle de pédagogue est partagé entre celui qui conçoit l’espace et celui qui le vivra. La relation entre le MOA et le MOE est tout aussi importante que l’architecture qui en découlera; Elle assure le bon fonctionnement des diverses missions jusqu’à la livraison de l’ouvrage. Les attentes des utilisateurs doivent avant tout être prises comme un réel moteur du projet et non comme une contrainte à la créativité. Elles sont l’essence même de l’architecture et forment autour du projet un véritable challenge à relever quelque soit la difficulté du programme. Car avant de livrer des laboratoires, des logements ou encore des commerces, l’architecte offre à vivre des espaces, des fonctionnalités ajustées aux besoins qui permettront une utilisation sains de ces lieux aussi divers que riches.
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b. Echange_ces acteurs externes comme compléments essentiels «Le trésor, c’est la créativité partagée avec l’Autre, les créativités qui se heurtent ou s’embrassent, se complètent ou s’augmentent.» Sébastien De Hutten La maîtrise d’oeuvre englobe un processus tel qu’il est impossible pour une agence d’en contenir toute la connaissance et l’expérience nécessaire à sa mise en oeuvre. Comme nous l’avons vu sur des projets très spécifiques comme les laboratoires, mais cela est tout aussi vrai pour les écoles, les logements ou bien les centres culturels, chaque projet porte son lot de particularités, ses besoins et enjeux précis. Ces derniers se mêlent alors à une réflexion sensible et ensemble ils vont former de l’architecture. Ma réflexion se tourne ici vers les entreprises de la construction, qui possèdent de plus en plus souvent leurs propres ingénieurs et techniciens qui, à la manière de l’agence, allient l’analyse et le processus de fabrication, l’étude et la réalisation. Nous ne faisons plus face à un auditoire qu’il faut convaincre, rassurer comme cela peut être le cas avec une maîtrise d’ouvrage non sachante, mais à des équipes professionnelles spécialisées dans des domaines de compétences très précis et stricts. Nous entrons alors dans une phase que l’on pourrait appeler la passation de l’idée, de la réflexion portée à l’architecture.
Etude de cas_Des serristes aux concepteurs de façades du M8 A plusieurs reprises j’ai participé aux rencontres avec des entreprises spécialisées pour les laboratoires de Lyon. Il s’agissait d’instaurer un premier contact avec des entreprises entre autre spécialisées dans la structure verre-acier. Chacune se présentait et s’exprimait sur ses compétences propres et le savoir faire-acquis avec leurs références à l’appui. Il s’agit là de montrer à l’équipe de maîtrise d’oeuvre de quoi elle est capable et ainsi créer un véritable rapport de confiance s’il venait à travailler ensemble. Une bonne entreprise est très facilement «fidélisée», car c’est l’assurance du travail bien fait et d’un résultat reconnue. L’équipe de maîtrise d’oeuvre analyse alors leurs compétences afin de choisir l’associé qui réussira à répondre à ses attentes tout en respectant un objectif budgétaire. Page de droite: détails des façades vitrées clameaux; proposition de l’entreprise WICONA
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Performance thermique, grandes structures, sont des éléments à p contemporaine. avec cette façade « répond à l’ensemble de ces exige breveté fait de la façade SG une so système WicTEc 50, cette façade Technique Européen, équipée de la m option.
WicTEc 50SG avec ouvrant WicLinE 90SG
WicTEc 50SG
Résultats d’essais suivant la norme produits NF EN 13380 Perméabilité à l’air :
classe aE (a*aE)
Étanchéité à l’eau :
classe RE750 (E* RE750)
Résistance au vent :
2000 Pa, sécurité +/–3000 Pa
Résistance aux chocs :
classe E5 / i5
approbation :
aTE : 12/0551 (agrément Technique Européen) WicTEc 50SG avec certifié iSo 9001 ouvrant WicLinE 90SG certifié iSo 14001
assurance qualité : Gestion environnementale :
T E C H N I K
F Ü R
Résultats d’essais suivant la norm
I D E E N
WicTEc 50SG Façade vitrage structurel www.wicona.com
Perméabilité à l’air :
cla
Étanchéité à l’eau :
cla
Résistance au vent :
20
Résistance aux chocs :
cla
approbation :
aT Te
assurance qualité :
ce
Gestion environnementale :
ce
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L’échange entre l’architecte et les entreprises est extrêmement important et demande une certaine expérience de la profession. Il est en effet essentiel pour nous, maîtrise d’oeuvre, de savoir exprimer une idée mais surtout utiliser un vocabulaire adéquat de la construction et des matériaux afin de rendre possible l’ouvrage dans le niveau de détail que l’on souhaite réaliser. L’avantage d’une mégastructure comme Patriarche est la collecte très riche de connaissances et de techniques que chacun fait peu à peu sur le serveur interne et qui permet à tous de pouvoir réutiliser cette documentation au moment opportun. Ainsi, pour les «juniors» comme moi, l’information est très accessible et est même complétée par les équipes d’ingénierie en cas de doute. Il est important de noter que les entreprises seront les entités véritablement touchées par la viabilité d’un projet. Prenons simplement les trois grandes garanties de désordre qui suit le projet: -La Garantie de Parfait Achèvement est lancée une fois le procès verbal signé et le bâtiment livré. Elle dure un an et permettra durant cette période la levée des réserves, donc des défauts relevés sur le projet à la livraison et durant cette année entière. La moindre réserve équivaut à faire revenir l’entreprise sur l’ouvrage et à refaire le travail jusqu’à sa réalisation «dans les règles de l’art». C’est une perte de temps considérable et une mise en péril des rapports entretenues avec l’entreprise. -La garantie biennale est affectée aux désordres concernant un équipement dissociable de l’ouvrage, et donc qui ne nuit pas à la solidité de ce dernier. Elle dure deux ans et prend également effet à la réception. -La garantie décennale s’applique aux dommages matériels qui atteignent la construction, compromettent sa solidité et le rendent impropres à sa destination, après réception et pendant dix ans. Elle est un délai d’épreuve car le bâtiment va vivre à travers le temps, les saisons et les usages et va donc se transformer peu à peu. Cette dernière concerne surtout les entreprises et les fabricants d’éléments préfabriqués. Les équipes de construction et de fabrication sont un point majoritaire dans le projet, car ils vont certifier que l’idée, le détail technique que l’on veut apporter à un espace fonctionne et sera réalisable.
Afin de répondre aux mieux aux attentes du projet, les entreprises ont besoin de détails, de documents précis pour pouvoir apporter à l’architecture les choix techniques adéquats. L’architecte fournit donc aux entreprises les documents préparés pour la phase PRO. Cette mission est la dernière de la phase étude et introduit concrètement la phase réalisation. Dans cette dernière l’équipe de maîtrise d’oeuvre précise au 1/50ème les documents graphiques (plans, coupes, façades), les matériaux ainsi que leurs caractéristiques, mais aussi les plans d’alimentations et d’évacuations de tous les fluides. Il sera aussi question d’établir un coût prévisionnel des travaux par lots et ainsi arrêter le prix de la réalisation de l’ouvrage, ainsi que de son exploitation. Patriarche est une agence reconnue pour la précision de ses documents, jugés très complets en phase PRO. Travaillant aux cotés d’ingénieurs et de techniciens les équipes sont formées à l’échange permanent avec ces derniers. Les entreprises «fidélisées» peuvent d’ores et déjà orienter leurs travaux de manière très précise dès la réception des documents de l’agence sans avoir généralement à demander de pièces complémentaires.
La gestion de l’information L’efficacité d’une équipe ne réside pas seulement dans sa capacité à créer et produire, mais aussi dans sa faculté à gérer le flux de documents et d’informations qui sortent de ses murs. Chaque mission comporte un facteur financier géré par phase comme nous avons pu le voir. Ces phases sont calculées de sorte à obtenir un ratio d’hommes/jour requis pour chacune d’entre elles. C’est-à-dire que nous savons au lancement d’un projet le temps optimum à passer sur chaque mission pour que l’affaire soit menée de la meilleure façon possible à travers les mois, voire les années. Aussi l’agence à adopté un système numérique de reporting, qui permet à tous les employés de rentrer le temps passé sur une affaire. Ce système permet à chacun d’évaluer le temps qu’il a à passer sur une phase et ainsi hiérarchiser les informations à transmettre dans les documents. Il est donc essentiel de ne pas trop en dire et trop en faire trop tôt, mais plutôt de travailler au rythme du projet en laissant les différents éléments apparaître au moment adéquat. Chaque phase définit les besoins d’un projet architectural. Apporter des informations prématurées à un ouvrage est un risque qui pourrait amener les équipes de conception et d’études à s’appuyer sur des fondations bancales et risquer un remaniement urgent des grands principes constructifs ou spatiaux, pour fatalement prendre un retard considérable sur les phases à venir.
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Cette ultime année de formation aura été un concentré d’informations et de mises en situation, rendues possible grâce à une équipe à l’écoute et prête à soutenir de jeunes arrivants. Ces diverses expériences ont rendu mes choix plus assurés et mes interventions plus franches. J’ai pu découvrir à travers ces huit mois de formations professionnelles le monde de l’architecture au-delà de la théorie pour me lancer peu à peu vers de véritables défis à relever. La rédaction de ce mémoire m’a permis de prendre le recul nécessaire pour faire le bilan de ces six années de cursus, recul qui ne s’est pas avéré simple à prendre du fait qu’il faillait emmagasiner énormément d’informations et de pratiques en très peu de temps face à des responsabilités de plus en plus importantes. De ma réflexion de départ j’ai pu synthétiser de grands objectifs pour la suite de ma carrière et mon entrée à l’Ordre qui se fera, je l’espère, d’ici quelques années, le temps de pouvoir relever ces défis et continuer à accroître mes connaissances dans la maîtrise d’oeuvre.
RETOUR D’EXPERIENCE
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Faire ces armes Le métier d’architecte, et de la maîtrise d’œuvre en générale, évolue perpétuellement et se complexifie davantage à chaque nouvelle étude technique, chaque nouveau décret pour la construction voté. Il m’apparaît donc essentiel d’aller vers plus de connaissances techniques afin de maîtriser au maximum ma profession et ne pas seulement subir le choix des sachants. Je pense trouver ces réponses en m’attelant à une part titanesque du projet: le chantier. En tant qu’observatrice durant cette formation, j’a pu assister les architectes et ingénieurs travaux de l’agence, et ainsi suivre l’évolution de projets pour lesquels j’avais travaillé lorsque j’étais en stage en 2015. La fierté du travail passé, mais aussi la frustration de ne pas pouvoir intervenir par manque d’assurance en mes propos ou de connaissance technique n’ont fait qu’accroître ce désir d’en apprendre plus et de pouvoir finalement embrasser la profession toute entière. Il n’est pas question ici de calquer ma direction sur celle de l’architecte-ingénieur contemporain, mais commencer à me rapprocher de la profession d’architecte originelle: celui qui construit, celui qui sait. Ainsi, la technique liée à la matière sensible du projet que j’ai étudié au cours de ma formation me permettront, je l’espère, d’ouvrir mon esprit à un champ de conception et de réalisation infiniment riche qui me correspondrait vraiment et qui finalement dictera mes choix dans la maitrise d’œuvre. Je souhaite donc faire de mes choix des conséquences sensées pour les futurs projets que je mènerai. Je souhaite porter l’architecture dans son détail le plus infime afin d’en extraire le plus bel effet possible. Enfin je souhaite apporter à mon tour cette connaissances aux prochains, comme je l’ai reçu de mes pairs, afin de conserver la richesse de la profession intacte.
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Consolider les liens La pluridisciplinarité d’une équipe peut entraîner les projets vers trop de routine, de répétition. Un style d’architecture, une prédominance notable dans les choix de volumétrie ou de mise en oeuvre ne doit pas enfermer le projet dans une standardisation de l’architecture, mais au contraire créer un désir d’aller plus loin, de pousser la réflexion vers d’autres directions. De plus, tout rapport ne peut être durable et sain que s’il est basé sur une confiance mutuelle. L’agence est une immense machinerie qui doit savoir réagir à chaque nouvelle épreuve et non sombrer dans la panique ou l’indifférence. C’est dans cette optique que j’ai souhaité continuer chez Patriarche et ainsi faire réellement partie intégrante de cet engrenage. Je sens qu’il reste encore beaucoup de choses à appréhender en tant que jeune diplômée, et cette méthode d’apprentissage et de travail me met en confiance et m’apporte les réponses que je viens chercher dans une structure importante. Je souhaite donc continuer le chemin entrepris il y a huit mois au sein d’une équipe qui est mienne aujourd’hui, et évoluer au rang de chef de projet. Prendre ce rôle me permettrait de copiloter intégralement les projets sur lesquels je serai lancée. Je souhaite créer une atmosphère d’échange et de respect autour de mon travail afin de nourrir continuellement mes propos du savoir des sachants, et maîtriser les choix pris par ces différents acteurs gravitant autour des futurs ouvrages afin d’ajuster mes propres décisions. Enfin je souhaite en retour enrichir la réflexion des ingénieurs et des techniciens afin de les faire entrer pleinement dans l’âme du projet et faire naître ensemble l’équilibre entre la technique et l’émotion.
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Nourrir l’émotion du projet L’un de mes professeurs de projet de licence nous a enseigné que la meilleure base de données que nous avions pour nourrir le projet était le souvenir. Il nous donna alors un exercice: se remémorer une vingtaine de souvenirs heureux et les retrancrire en dessin. cela pouvait être un lieu, mais aussi une expérience, une émotion. Nous devion salors nous accaparer le plus fort de ces souvenirs et concevoir un projet de «cabin» à partir de lui. Cela restera sans doute le projet le plus fort que j’ai eu à penser. Car il n’était pas parfait, et ne répondait à aucune norme. Ce projet appartenait à quelque chose de plus vrai, et en même temps de plus impalpable et abstrait. Les sentiments que chacun avait apporté à ces petites habitations qui ne sortiront jamais de l’école valent à mes yeux tous les ensignements du monde. Car le souvenir, la mémoire, personne ne peut nous les dicter, c’est un travail inconscient que chacun fait depuis son plus jeune âge, quand le cerveau commence à emmagasiner la bande originale de notre vie. C’est un phénomène naturel, primitif qui nous offre cette banque de données intarrissable et que nous utilisons dans la conception. Ce projet a développé dans ma réflexion un automatisme de recherche dans un panel très varié de références, d’expériences et de souvenirs. «l’érudition c’est la mémoire, la mémoire c’est l’imagination»1 les affinités à l’art, l’architecture, la science ou tout domaine que l’on souhaite maîtriser nécessitent un entretien strict, il faut toujours nourrir l’imagination par l’ouverture sur les différents univers qui nous inspirent. Comme nous l’avons vu plu tôt, la référence permet de perfectionner le regard du concepteur et garde son esprit en éveil pour ne pas tomber dans une routine créative. Je souhaite donc ouvrir chaque jour un peu plus mon esprit à toute forme de création, qu’elle soit artistique, mécanique ou bien philosophique, car dans une profession comme celle-ci l’apprentissage est éternel, qu’importe les années d’expérience et les directions que nous prenons. Je souhaite être assez forte pour apporter à l’architecture une évolution, même minime, même singulière. Alvar Allto a dit: « Le but ultime de l’architecte est de créer un paradis». En continuelle admiration pour le grand architecte, designer et romantique qu’il était, je partirai de ces quelques mots afin qu’ils puissent guider mes premiers pas dans ma carrière d’architecte, et souhaite finalement pouvoir rester indéfiniment fidèle à moi-même. 1:Max Jacob, poête moderniste et romancier de la première moitié du XXe siècle, précurseur du mouvement Dada.
Ouvrages papier Respirations. L. Becdelièvre. Archibooks+Sautereau Editeur, 2015 Les 101 mots de la CREATIVITE. Collectif. Archibooks+Sautereau Editeur. 2016 Le petit discobat. J. De Vigan . Le moniteur. 2013 L’open space m’a tuer. A. Des Isnards, T. Zuber. Hachette Littératures. 2008 Faut-il pendre les architectes? P. Trétiack. Editions du Seuil. 2011
Revues papier
«Peut-on inventer en apprenant?» In d’architecture. Déc. 2016/Fév. 2017 «Des maisons oui, mais groupées» In d’architecture. Juillet-Aoùt 2016
Conférences
The emotional impact of architecture. Kevin Kennon, architecte. TED. 2002
Sites
http://www.architectes.org http://www.darchitectures.com http://www.miqcp.gouv.fr
BIBLIOGRAPHIE