NOCTURN MAGAZINE #3

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nocturn

« La nuit, toute chose prend sa forme et son vrai aspect. De même qu’on ne distingue que la nuit les étoiles du ciel, on aperçoit alors sur la terre bien des choses qu’on ne voit pas le jour. » de Selma Lagerlof




SOMMAIRE Numéro 3


1

2

3

4

CALLING MARIAN BMX L’ANGE le bicross c’est chouette rock critic is dead

SFW porn

5

6

Obey la naissance d’un empire

blur ep

AL7 portfolio

end

7

8




CALLING MARIAN Je suis née deux semaines après la mort de Gainsbourg, dans une ville qui porte le nom d’une pièce d’échec. Dans la vie, je fais des études de musique à L’UM3 et en parallèle de ça, je fais une formation au conservatoire, dont le nom laisse rêveur : composition et informatique musicale ; on fait de la MAO et on écoute John Cage quoi. Vous allez dire, «ah la geek, elle doit vraiment être à fond». Oui un peu, j’aurais pu faire une licence d’info com, mais après deux ans de traîne scolaire, je me suis rendue compte que je savais faire que ça, où du moins que ça me plaisait suffisamment pour m’y atteler sérieusement.




Mon Top 2012: Tycho, Kollektiv Turmstrasse, Iamamiwhoami, oOoOO, Massive Attack, HEALTH, James Blake, Nicolas Jaar, We Have Band, Jamie xx. Quand on me questionne à propos de mes influences, je sais jamais quoi répondre. Il y a deux raisons à ça : 1. j’arrive pas à me concentrer quand on me pose une question, mais surtout : 2. J’ai beaucoup d’influences en fait, je crois que j’écoute vraiment de tout : Beaucoup (vraiment beaucoup) de classique avec la fac, Rihanna en soirée, The xx et Miles Davis avec papa, la musique de mes copains, witchhouse parce que c’est dark et stylé, dubstep parce que c’est cool et on se fait des potes, Nirvana et de la minimale avec mon frère, la liste est longue. J’ai le sentiment profond qu’il y a du très bon et du très mauvais dans tous les genres ou presque, et je pense sincèrement que la définition des goûts en fonction des styles, est très surannée. Je le crie et je fais une danse de la pluie, il faut écouter de tout, parce qu’il y a de tout dans tout. Bon tokay, sauf dans la chanson française, où il n’y a que de la chanson française. Je ne cherche pas à donner des leçons de goûts du haut de mon mètre soixante, bien sûr, et même si voulais en donner tu remarqueras que je prêche l’universalité.De toute façon, on sait que «chakunségou», alors je respecte. Si jamais tu te posais des questions sur ma musique (si si c’est possible), et bien je te répondrais que c’est jamais évident de parler de ce qu’on fait - sauf si on s’appelle Lou Doillon, (cf Loudoillonadit.tumblr.com) - mais je vais essayer d’argumenter un peu tout ça. Sur le plan harmonique, c’est du type relativement récent : Radiohead, Massive Attack, The xx, Kraftwerk, Bat For Lashes. En matière de rythme par contre, j’aime vraiment beaucoup les beats* à la fois rapides et highpass* du style witchhouse (Salem, Purity ring, †††), du hip hop, et évidemment ça s’entend vite, je suis assez marquée par les rythmes dub, dubstep twosteps, tout ce qui tourne autour de 140BPM* (ou 70, faites le calcul) et qui fait un gros poum tschak. Un mélange de vieux et de

neuf en somme, du mainstream et de la musique de cave, pour plaire à tout le monde. Mais pas que. J’écris le reste de mon auto interview sous forme de FAQ pour que ça aille vite si vous le voulez bien : La FAQ • Pourquoi tu fais pas des remix ? J’en fais pas beaucoup c’est vrai, parce que ça me botte moins, le live ne m’excite pas tellement pour l’instant, et j’aime tout créer dans la mesure du possible. Mais si quand même j’en fais, souvent de morceaux pop et/ ou nuls (cf Princess of China, Big Jet Plane) parce qu’ils ont une structure, un fond assez basique et qu’on peut s’intéresser aux arrangement et à la forme en toute tranquillité. • Pourquoi tu chantes pas en Français ? Parce que c’est nul • Est-ce que tu écris tes textes ? Oui, mais ils veulent rien dire la plupart du temps (mais pas toujours) • Pourquoi c’est toujours mou ce que tu fais ? Oui c’est toujours plus ou moins ambient*, parce que j’aime bien écrire de la jolie musique et aussi parce que c’est pas dans ma nature j’imagine, et parce que je suis une fille surement (ni pute ni soumise m’intente un procès pour cette phrase) • Tu joues quoi comme instrument ? j’ai commencé par la guitare dans des temps immémoriaux, puis se sont greffés autour basse et ukulele, j’ai commencé le piano en entrant à la fac. Et là tout de suite de débute le violon alto. Mais en vrai je passe plus de temps sur mon petit clavier midi que tout le reste. • Pourquoi on voit tes seins sur la photo ? Ben tiens, parce que ça fait vendre. * Dark : sombre. cf Gothique * Beats : temps en musique * highpass : passe-haut ; on coupe les basses * BPM : battement par minute, unité de mesure. cf Tempo * Covers : (ici) Reprises * Ambient : de l’Ambiance





BMX

LE BICROSS C’EST CHOUETTE

Il y a des découvertes bouleversantes dans la vie, sur une ligne continue; elle constituent l'incidence fatale qui vous pousse vers un diagramme inconnu, tortueux, vivant. Le BMX n'est pas un sport, c’est un mode d'expression, c'est une ligne de conduite, un sauf-conduit à la triste monotonie des jours qui passent, fades et incolores. Musique, art, culture, travail, autant de domaines où ma personnalité n’a pu s'exprimer qu’au travers du prisme du 20 pouces. Il m'a construit, façonné, il m’a doté de cet oeil qui voit au delà de ce que sont les apparences de notre société. Il m'a fait comprendre que le monde qui m'entoure, rue, trottoirs, bancs, ne sont finalement qu'un grand terrain de jeux ou je ne fais que poser une empreinte éphémère, et quelques

tricks. "Live to ride and ride to live" la vérité que je me suis faite inscrire dans ma peau, c’est une dynamique de vie, un bushido urbain. Il n'y a rien d'étonnant que cette marginalité culturelle soit l'antre de bon nombre d'artistes, créatifs et musiciens en tous genres, puisque le postulat de création s'exprime dès le moindre mouvement de nos corps évoluant dans cet espace si familier de nos rues. Ces mêmes mouvements qui sortent la poésie des choses, qui extirpent le fantastique à l'ordinaire. Le BMX est une assurance, un symbole, une fleur qui a poussé dans le bitume, la révélation que la poésie, la liberté, peuvent émerger de l'improbable marasme de notre société. Aujourd'hui il m'est d’une grande


Le BMX est une assurance, est un symbole, une fleur qui a poussé dans le bitume. Soyez bruts, imbéciles, impériaux, absolus, beaux.

peine de l'avouer mais le ridding que je connais...est mort. Et jours après jours, tous ces gosses décérébrés dont il ne sera pas possible de faire des hommes libres, viennent recouvrir, poignées de terre après poignées de terre, le cercueil de ce qui fût ma liberté. Bande de robots! Réveillez-vous! Arrêtez de croire que la seule satisfaction sportive est un moteur, arrêtez de consommer béatement pour vivre votre passion à grand renfort de Monster et autres Redbull, mais surtout, TUEZ vos aînés, ceux qui vous ont laissés croire que le BMX vous donnerez votre originalité, car votre vélo n'est que le reflet de vous même.

Soyez brutaux, imbéciles, impériaux, absolus, beaux, téméraires, inconscients, car là est la vérité de l'homme , car quelque part la au delà, se trouve sa liberté.





Rock critic is dead Pour ceux qui ne le savent pas encore, le monde est régi par le fric. L’industrie du disque n’échappe pas à cette règle, bien au contraire, seul un disque sur 10 est rentable. Vous en connaissez beaucoup des business comme ça ? C’est un peu comme si Renault ne vendait que des putains de Twingos. Du coup la pub est LE facteur majeur de cette machine. Bref ça ne nous apprend rien de nouveau. Le problème c’est la presse. C’est simple dans n’importe quel média, les notes ou appréciations sont tout simple-

ment liées à la régie pub ou au copinage. Premier cas : Tu paies, on te chronique bien, tu prends un quart de page, 6/10, Tu prends une demi-page, 8/10, tu prends la quatrième de couv ‘ = ALBUM DU MOIS. L’exemple le plus flagrant pour ma part fut la sortie de Saint Anger de Metallica, il faut avouer que c’est un album inaudible et pour n’importe qui. Pas forcément un connaisseur de musiques rock ou metal, non le moindre débile profond est capable de dire que cet album est pro-


duit comme de la merde, que les morceaux ne servent à rien, qu’ils sont trop longs, bref que c’est une daube. Pourtant TOUS les magazines de metal relativement mainstream (hard’n’heavy, rock hard, etc.) l’ont placé album du mois. Ca, c’est le cas extrême, Metallica est une multinationale. Ensuite il y a le copinage, je peux vous dire que Rock ‘n’ Folk fonctionne comme ça en grande partie. J’ai moi-même été attaché de presse pour des groupes de merde. Foutre 5 étoiles à un mauvais groupe de revival alterno (qui

était déjà un mouvement perrave) c’est presque une insulte aux gens qui se font chier à pondre des albums travaillés et intéressants (ou pas, mais au moins qui font un effort). En bref, si tu sors un album, t’as intérêt d’avoir des copains ou du fric. Herpes





SFW Porn

.

Du hard pour les gosses et déglingué sexuels.


La chronique cette semaine sera pornographique certes, mais nul besoin d’écarter vos enfants. Bien au contraire, seuls vous adultes et pécheurs qui connaissez le stupre et la luxure pourront rougir de ces clichés.

En effet, tout comme les contrepéteries dont le sens caché n'est visible que par des initiés, ce trouve les "Paint Porn" : des images pornographique mais détournées sous Paint. Elles sont aussi appellées "SFW Porn" (Safe For Work Porn) : autrement dit "les images pornographiques que vous pouvez regarder au boulot." Et ce qui est assez amusant c'est qu'il s'agit de la censure même que vient l'outrage (et la drolerie.) Prenons une image de pornographie censurée de façon "classique" (en haut). Ici les célébres bandes noires laissent suggérer mais ne montrent rien : ouf, la morale est sauve. Par contre, si à la place de ces bandes noires, on se mettait à mettre des dessins.... et mieux.... des dessins qui rhabilleraient ce qui est dénudé ?

Ainsi est le principe du MS Paint Porn : des images pornos à l'origine, qui sont détournées de façon simpliste par de la retouche mal faite, de sorte à ce qu'elles se transforment en image "saine". Le gag étant qu'une fois l'image vue, tout adultes que nous soyons (oui, je ne m'adresse qu'à un lectorat adulte) nous nous imaginons ce que l'image de base pouvait bien signifier.... et nous rougissons. Ce qui est assez marrant, c'est que c'est l'exact inverse de la "règle 34" qui visait à détourner en porno, tout ce qui ne l'était pas. Et tout y était passé. Ici c'est comme dire que la pire bestialité et les choses les plus choquantes peuvent retourner à la forme la plus innocente.




la naissance d’un empire


Ceci est l’histoire d’un homme. Un homme qui s’impose encore aujourd’hui comme l’un des acteurs majeurs de l’art commercial, et dont le nom est désormais connu de tous.

Le problème, ce n’est pas tant à propos de Shepard Fairey lui-même, car il est un exemple classique de la stabilité du marché de l’art : il produit des œuvres en abondances, il fait des milliers de ventes, il a fait ses preuves, et il semble bien engagé dans la vie de l’Art sur le long terme. Mais c’est plutôt à propos de ce qu’on ne dit pas, la phase cachée, celle d’un personnage qui a réussi à tromper tout le monde. Tout commence après ses études de design aux États Unis, en trainant au skateshop avec ses potes punks. En 1984, il commence à placer ses dessins sur des planches à roulettes et des T-shirts. Ensuite, en 1998, Shepard est menacé de poursuites par la firme Titan Sports4 pour l’utilisation de la marque déposée “André the Giant”, qu’il abandonne. Il décide de créer une image plus graphique de la


figure du lutteur et de l’associer à un nouveau label propulsé comme une marque de fabrique : OBEY GIANT (de l’impératif « OBEIS »). Une nouvelle firme est née, comme une parodie de propagande associée à une parodie de la marque capitaliste. L’anecdote dit qu’il a fait ce choix en référence au panneau OBEY qui apparaît dans They Live, film de John Carpenter de 1988 (sorti en France sous le titre Invasion Los Angeles). En plus des stickers, il se diversifie à travers les pochoirs, la peinture murale et collages (Wheatpaste), couvrants des espaces publics ou privés, murs, panneaux de signalisation, espaces publicitaires, arrêts de bus… sans compter les supports dérivés : vêtement, accessoires et décoration d’intérieur etc. exploités à des fins commerciales, gobé par une iconographie qui fait

allégeance aux médias et aux masses plus qu’à la contre-culture. L’histoire continue en 2008, quand il placarde la figure du président des Etats Unis en affiche pour sa campagne de 2008. Cette image a été reprise, des centaines, des millions de fois. Elle a fait la couverture du Times et le prix d’une seule affiche s’élève à $6,000.00. C’est peut dire que c’est exceptionnel. Mais c’est là que tout se complique. Shepard Fairey a été critiqué pour s’approprier les œuvres d’autres artistes tout en omettant l’affirmer : Le site www.boston.com postait en 2009 un article sur le scandale touchant l’artiste, avec en titre « Shepard Fairey: OBEY my lawyers » (en français : Sheipard Fairey : obeissez, mes avocats ). Il


s’aggit d’une affaire sombre et indélicate, en effet, Sheipard Fairey est accusé d’utiliser les œuvres des autres sans aucun droits, et dans son propre interet. Ainsi en 2006, Fairey imprimé une copie exacte d’une œuvre montrant un crâne, celui de la gestapo nazi (en haut à gauche). Dont Il a modifié la conception originale par le simple ajout des mots suivants : «obéir: Defiant Depuis 89 » originalement en anglais, of course) avec une petite étoile portant le visage d’André le Géant. L’image a été reproduite comme un T-shirt et ajouté à au site Obey.com. (en haut à droite) La critique la plus articulée et pointue se trouve sur le site d’un artiste de Los Angeles, Mark Vallen qui a posté un écrit intitulé, «Obéissez au Plagiaire Shepard Fairey.» (jeux de mots en anglais) Il s’approprie, sans attribution légale, les images et les dessins d’autres artistes, y compris les affiches du Printemps de Prague Czechoslvakian, les affiches cubaine des années 60... À l’inverse, le designer graphique Baxter Orr fit son propre usage de l’œuvre de Fairey : une œuvre intitulée Protect yourself - Giant, détournant le visage de l’icône « Obey Giant » dont le visage

est couvert d’un masque de protection respiratoire, mis en vente 25$ sur son site internet. Il reçut en avril 2008 une mise en demeure des avocats de Shepard Fairey, l’intimant de retirer de la vente car violant la propriété de marque. Celui-ci le menaça de poursuites. Aujourd’hui, Fairey s’en sort avec 2 ans de mise à l’épreuve, 300 heures d’intérêt général et 25 000 dollars d’amende après avoir été attaqué pour son affiche « Hope » de 2008. Fairey avait avoué avoir menti sur la photographie utilisée pour son oeuvre, et avoir falsifié les preuves données au juge dans le but de couvrir son erreur. Bravo.




« La musique [...] est la vapeur de l’art. Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l’océan des nuées est à l’océan des ondes. » de Victor Hugo



AL7 http://alseven.tumblr.com/








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merci :

jonathan martins, aurélien dumont, nicolas ainciburu, jérémy martin, laura d’amicot, axel l, terry Kochanowski, et les autres : de me faire des câlins gratuits.


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